Quoy que ce foit une chofe
fort extraordinaire de voir
des Ambaffadeurs de Siam
enFrance,on n'a pas dû neanmoins
en eftre furpris , puis
que fous un Regne auffi merveilleux
que celuy du Roy ,
on ne voit que des chofes furprenantes
. Quelques honneurs
que l'on ait rendus à
ces Ambaffadeurs , on n'a
rien fait au delà de ceux que
l'uſage a établis , mais eſtant
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venus de fort loin , on ne
doit pas s'étonner s'rls ont
fouhaité de voir ce qui ne
fçauroit eftre inconnu à la
pluſpart des Princes de l'Europe
, & des Souverains meſ
me . Vous fçavez , Madame ,
que l'ufage s'y est étably de
venir voirla Cour de France,
& faire fes exercices à Paris,
Ainfi il fe trouve rarement
qu'il y ait quelque chofe qui
n'ait pas efté veu par des
Ambaffadeurs
d'Europe
. Il
n'en eftoit pas de mefme de
ceux de Siam , à qui tout ce
qu'il y a de rare & de curieux
GALANT. 227
en France devoit eftre nouveau
. C'est ce qui les a portez
à demander à le voir ; &
comme en l'examinant , ils
ont fait paroiftre beaucoup
d'efprit & de bon gouſt , on
leur a montré avec grand
foin tout ce qui meritoit d'aftre
veu. Ce foin qu'on a cu
de fatisfaire leur curiofité , a
donné lieu à mes quatre Volumes
de leur Amhaffade , où
tout ce qu'ils ont vû eft exactement
décrit , & tout ce
qu'ils ont dit , marqué juſqu'à
la moindre parole . S'ils
ont charmé tout le monde
228 MERCURE
par leur efprit & par leur
honnefteté pendant le fejour
qu'ils ont fait en France , l'éloignement
des lieux ne leur
a rien fait oublier de leurs
engageantes manieres . On le
peut voir par
la Lettre qui
fuit , écrite à M' Torf , du
Cap de Bonne Efperance . En
voi y la traduction tres - fidelle
.