AUTRE ENIGME .
Jaylamesme Mere que l' Homme;
Chez mille Autheurs l'on me compare
à luys
Mon ufage merendfi commun aujourd'huy,
Qu'on me voit au "apon comme on -
me voit à Rome.
Se
Si je tombe, au moment qu'on me
donne le jour,
Mon Perepar un heureux tour,
Des débris de mon Corps fait une
Creature,
Qu'on peut dire mon Frere ; admirez
mon amour!
Pour purger les defauts de mapauvre
Nature,
GALANT 295
A peine fuis-je fait, qu'on me met
dans le feu;
I'y fouffre , j'y rougis , &je wy
plains unpeu,
Mais ma vie en devient & plusforte,
&pluspurc.
$2
Malgré mesfoins pour plaire en diverfesfaçons
,
Et malgré lesfecours que je donne
à la vie,
L'Homme jamais n'a l'ame plus
ravie,
Qu'en me voyantpres des tifons.
S&
Pour vous montrer combien j'aime
mon Perc,
Te le nourris quand il m'afait;
Pour le produire, helas , il entr'ouvre
ma Mere,
า .
Bb iiij
296 MERCURE
Etplus en me faifantfa main paroift
fevere,
Etplusjefuisparfait.
S&
Icfuis en bonne odeur felon qui je
fréquentes
Quelquefoisje fens bon , fouventje
fens mauvais;
Ie donne du dégonft, je donne des
attraits ,
Selon que le casfe préfente.
$2
L'onde & le feu , qui font élemens
oppofez,
Par mon moyen apprivoifez,
Pareiffent l'un & l'autre eftre d'accord
ensemble,
Quand dans mon corps j'affemble
Un Tout deplufieurs compofez.
GALANT 297
$2
Mais enfin , comme l'Homme , &
mortel, & fragile,
Selon quej'ayfouffert pendant que
jayvécu
Un soufle bienfouvent, ou le mindre
feftu,
Me tüe, & me rend inutile.