A MADEMOISELLE
C
Stances irregulieres.
C^Uel cft mon trisse fort,
Ciel! quel astre malin
De mes plus doux plaisirs
emprisonnela source?
Quoy
,
je ne puis plus voir
l'aimableC. Ch. dans mes maux mon
unique ressource:
Ah quelle perte, & dans
quel temps,
Lorsque j'ay plus besoin
d' exemples éclatans.
Et de sagesse
,
& de confl
tance:
Ah, faut-ilque le fort m'envie un si grand,bien!
Mais puirque je ne puis
jouir de sa presence
,
Joüissons de son entretien.
Muse autrefois si favorable..
Fais couler tes feux dans
mes sens:
Prestes
- moy cet artad mirable
Qui sçait rapprocher les
absens,
C'en estfait je fuis exaucée;
.Qüy desjaCh presente
a ma pensée,
Perce de mes ennuis le
voile le plus noir,
Et desjade sa voixqui
frappe mon oreille,
L'agréable son me reveille,
Je luy parle, je crois la voir.
Cess donc vous, genereuseamie,
Qui venez pour me fecourir,
Qu'à vostre seul aspect mon
ame est affermie
Dans les maux qu'elle doit
souffrir;
Aimable illusion je vous
voit, je vous touche
Sur vos mains j'attache ma
bouche,
Vous m'embrasez vousmesme,ôdouK,6c tendre
foin,
Que sur mon cceur il a
d'empire!
S'il ne me guérit pas, je
sens bien qu'il m'infpire
La confiance dont j'ay besoin.
Lorsque je vousvois sans
murmure,
Souffrir l'injustice du fort
Surmonter par un noble
effort,
Les foiblesses de la nature.
Que ne peut sur mon mal
un exemple sibeau!
Je crois sentir en moy renaistre un cœur nouveau.
Je ccflfe d'accuser ma nifH*
destinée
,
C'est vous qui m'en faites
la loy
Avec plus de vertu que moy
Estes vous moins infortunée.
A ces justes reflexions
Mafoible raison le ranime,
Et surmontant mes paisions
, D'un soupir qui m'échappe elle me fait un crime;
Regarde
; me dit-elle, admireCh.
N'a-t-elle àregretrercomme toy qu'une main.
Sur le chemin qu'elle te.
trace,
Et ton mal deust-il redoubler,
Console
-
toy de ta dit
grâce
Par l'honneur de luy refsembler.
Que dis-je, que je vous ressemble,
Helas!quej'en fuis encor
loin:
De toutes les vertus qu'en
vous le Ciel rassemble
, C'est peu gJe destre le tcimoin
Quand ilfaut que l'on vous
imite ;
Mais qu'estce que je sèns,
éperduë, interdite,
Le jour qu'à peine j'entrevoy )
Se dérobé à mes sens par
un sombre nuage,
Et pour comble de maux
voitre charmante image,
A mes yeux enchantez,di£1
paroist malgré moy