Nouvelles d'Espagne.
Le Roy a donné l'Ordre
de la Toison d'Or au Maré,
chal de Villars, en consideration
des services qu'il a
rendus aux deux Couronnes.
On a déja parlé de la
Maison de Villars, & de
l'institution de laToison;
on renvoye le lecteur à ce
qu'on en a dit dans les Mercures
precedens.
On mande de Catalogne
, que le Marquis de
Ledeayantété détaché
avec un corps de cinq mrle
hommes ôc quatre pieces
de canon, pour punir la seconde
revolte des habitans
de Manresa, en avoit fait
raser les murailles & brûler
huit cent maisons
; que la
ville de Cardone s'étoit soûmise
à l'obeïssance du Roy:
mais que Don Manuel Desvais,
Gouverneur du Château,
avoit refusé de deferer
aux ordres du General
Valles Allemand, d'évacuer
la place conformément
au traité;que le Lieutenant
général Zerezeda
avoit defait un parti de volontaires
à cheval, dont
8. furent tuez & n, faits
prisonniers
; & qu'il avoit
châtié les habitans du lieu
de saint Clement,au- deçà
de Llobregat, sur le che- 1
min de Tarragonne, qui
couroient sur cent cavaliers
qui passoient
; que le
9. Août on avoir vu sortir
du port de Barcelone quatorze
bâtimens & plusieurs
chaloupes, qui avoient pris
la route du Levant.Croyant
qu'ils avoient quelque dessein
sur la ville de Mataro,
qui s'est soûmise, on yenvoya
le Colonel du régimentdes
Asturiesavec cent
cavaliers & cent fantassins.
Le lendemain il fut suivi
par un gros detachement
de troupes Françoises. On
a appris depuis que ces bâtimens
sortis de Barcelone
avoient débarqué à Masnou,
au- deçà de Mataro
y des troupes des regimens
de la Foy & de Nebot, la
plûpart à cheval, commandées
par les deputez militaires
des rebeles. Don Antonio
Berenguer, natif de
Lerida, accompagné de
Don Salvador de Tamarit,
de Don Philippe de Aguilar,
avec Sebastien Dalmau,&
Philippe Marti,
l'un des chefs de la révolté
de Vvich
; que leur dessein
étoit de faire soûlever les
peuples. Pendant leur marche
quelques miquelets &
volontaires s'approcherent
des fauxbourgs de Mataro,
& menacerent la ville:
mais ils ne purent rien entreprendre.
Ils tenterent
d'attaquer un convoy qui
venoit de Mataro à l'armée
: mais ils furent contraints
de se retirer, voyant
qu'il étoit escorté par un
corps de troupes Françoises.
On
On écrit d'Ostalric, que
les Allemans en sortirent
le 17. Août, & que Don
Melchior Cano y étoit entré
avec les troupes Valones
; que les Allemans qui
restoient en Catalogne
acheverent de s'embarquer
le 19. D'autres lettres d'Q£:
talric portent que quatre
mille miquelets & huit cent
chevaux, commandez par
Nebot, avoient occupé les
passages autour de cette
ville: mais que Don Tiberio
Carafa, Lieutenant general,
ayant marché à eux
avec des troupes du Lampourdan
,
les attaqua, &
les défit avec peu de resistance
; qu'il leur avoit tué
plus de soixante hommes,
sans autre perte que de trois
soldats
; que le Marquis
d'Arpajon étoit parti pour
retourner à l'armée, qui
attendoit l'arrivée des troupes
d'Estramadure & de
France, des munitions &
de l'artillerie;que le Comte
de Fiennes avoit chassé les
rebeles des portesqu'ils occupoientaux
environs d'Ostalric
;
qu'il avoit acheté la
plûpart des chevaux des Allemans,
dont les rebeles
croyoient profiter; & qu'il
avoit fait entrer dans Ostalric
Don Tiberio Carafa
avec les troupes du Roy;
que l'armée était abondamment
pourvue de vivres,
qui lui viennent par mer,
& que fournissent les peuples
qui ont prêté au Roy
le ferment de fidelité
; que
le Comte de Fiennes étoit
en campagne avec un corps
de six mille hommes, pour
soûmettre les peuples à lobeïssance
de Sa Majesté.On
mande de Madrid, qu'on
ne fera pas le siege de Barcelone
, jusqu'à ce que le
Duc de Popoli air été joint
par les croupes Espagnoles
& Françoises
)
& qu'il ait
reçu l'artillerie qu'il attend
de Valence, de Tortose &
de Tarragone, au nombre
de quarante pieces de canon
de baterie & de vingt
mortiers.