AUTRE.
ON me voit dans les camps , on me voit dans
les villes ,
Remuant , agiſſant à pas lents & tranquilles ;
Par tout on merefpecte , & par tout on me craint
Je vas , je viens , je change & ma courſe & mon
train ;
Je repofe fouvent ; mais quand on dort je veille ,
Et prête au moindre bruit une attentive oreille .
Veux-tu me combiner ? dans mes renverſemens ,
Je t'offre , cher Lecteur , deux des quatre élémens.
Des plantes , des monnoies , des outils , des ma
chines ;
Ce métal qui fait tout , qui naît en pluſieurs mi◄
C nes .:
Des infectes , des fruits beaux & délicieux ,
Doux, amers, & piquans, plus ou moins précieux
Des animaux privés , fauvages , domestiques ;
Des inftrumens nouveaux , fi tu le veux antiques ,
Qu'importe on les a faits pour enchanter nos
fens ,
Et pour les animer par de tendres accens.
Je te préfente encore un poiffon à coquille ,
Peu connu parmi nous , à trouver difficile ;
Plufieurs noms d'Ecrivains , celui d'un bon Au
tcur ,
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Ami de fes cliens , & jamais leur flateur ;
La Bruyere , Boileau , lui rendirent juftice ;
L'honneur fut fa vertu , la pauvreté fon vice.
Un Poëte fameux fe trouve dans mon fein :
la (difoit Varon ) l'agréable & le fin .
Horace lui reproche un comique affez fade ,
Des vers mal cadencés , un enjoument mauflade.
Je te promets bien mieux , un Poëte étonnant::
Il vit , déja fon nom.vole au - delà du tems.
Combines - moi toujours , je te montre des villes ,
Des drogues , des oifeaux , des monts, des champs
fertiles ,
Un os du corps humain qui s'emboîte au femur,
S'attache au tibia , rend le marché plus fûr.
J'occupe tes regards d'un ornement d'Eglife ,
Qui dépeint d'un Seigneur les armes , la devife
Les fuppôts , les émaux , marques de vanité ,
De faſte , de grandeur , & de mortalité.
Par M. L. B. de B. B. D. A. D. R. E.
C. A. G. S.