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Incipit

Les Chevaliers, Commandeurs & Officiers de l'Ordre du Saint-Esprit,

Texte
Les Chevaliers , Commandeurs & Officiers de
l'Ordre du Saint -Efprit , tous en Manteau de
deuil , s'étant affemblés le a de Janvier , vers les
dix heures du matin dans le Cabinet du Roi , Sa
Majefté fortit de fon appartement pour aller à la
Chapelle. Le Roi , devant qui les deux Huiffiers
de la Chambre portoient leurs Maffes , étoit en
Manteau violet ,le Collier de l'Ordre par- deffus ,
ainfi que celui de l'Ordre de la Toifon d'Or. Sa
FEVRI E R. 1756. 223
Majefté étoit précédée de Monfeigneur le Dauphin
, du Duc d'Orléans , du Prince de Condé ,
du Comte de Clermont , du Prince de Conty , du
Comte de la Marche , du Comte d'Eu , du Duc
de Penthiévre , & des Chevaliers , Commandeurs
& Officiers de l'Ordre . Elle affifta à la Meffe de
Requiem , que l'Archevêque de Narbonne , Prélat
Commandeur de l'Ordre du Saint - Esprit , célébra
pour le repos des ames des Chevaliers morts pendant
le cours de l'année derniere. Enfuite Sa Ma
jefté fut reconduite à fon appartement , ains
qu'Elle étoit venue à la Chapelle.
Le 3 , les Députés des Etats de Bretagne eurent
audience du Roi . Ils furent préfentés à Sa Majesté
par M. le Duc de Penthievre , Gouverneur de la
Province , & par M. le Comte de Saint Florentin ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat , & conduits par M.
le Marquis de Dreux , Grand Maître des Cérémonies.
La Députation étoit compofée pour le Cler.
gé , de M. l'Evêque de Nantes qui porta la parole ;
de M. le Comte de Polignac pour la Nobleffe , &
de M. Marion , Député du Commerce de Saint-
Malo , pour le Tiers- Etat.
Le 4, Madame la Marquife de Broglie fur
préfentée à Leurs Majeftés & à la Famille Royale.
M. de Machault , Garde des Sceaux de France ,
Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant le Département
de la Marine , préſenta le même jour au Roi M. le
Chevalier de Tourville , Officier des Vaiffeaux de
Sa Majesté.
Les Officiers Généraux qui feront employés
fur les côtes de l'Océan , depuis Dunkerque jufqu'à
la frontiere d'Efpagne , fous les ordres de M.
le Maréchal Duc de Belle-Ifle , font :
LIEUTENANS-GENERAUX , Meffieurs , le Mar
quis de Clermont Gallerande , fur les côtes de
Kiv
224 MERCURE DE FRANCE.
Saintonge , Païs d'Aunis & Poitou . Le Comte
d'Eftrées & le Duc d'Harcourt , côtes de Normandie
& du Gouvernement du Havre . Le Prince de
Soubize , côtes de Flandre. Le Duc de Chaulnes ,
côtes de Picardie & Calaifis. M. de Crémille , le
Marquis d'Hérouville , côtes de Guyenne , de
Bayonne & du Païs de Labour. Le Comte de Saint
Germain , côtes de Flandre.
t.
MARECHAUX DE CAMP . MM . le Duc d'Aiguillon
, côtes de Bretagne . Du Barail , côtes de
Flandre. Le Marquis de Dreux , côtes de Saintonge
, Païs d'Aunis & Poitou, Le Marquis de Puyfegur
, côtes de Normandie & du Gouvernement
du Havre. Le Marquis de Voyer , M. Lally , dans
le Boulonnois. Le Marquis de Narbonne , côtes
de Guyenne , de Bayonne & du Pais de Labour.
Le Marquis de Curfay , côtes de Bretagne. Le
Comte de Raymond , côtes de Normandie & du
Gouvernement du Havre .
T
Le Maréchal Duc de Richelieu , à qui le Roi a
donné le commandement général des côtes de la
Méditerranée depuis la frontiere d'Eſpagne jufqu'au
Var , aura fous fes ordres trois Lieutenans-
Généraux, & deux Maréchaux de Camp .
LIEUTENANS- GENERAUX employés fous les ordres
de ce Maréchal. Le Duc de Mirepoix , fur les côtes
de Languedoc. Le Comte de Graville , côtes
de Rouffillon . Le Marquis de Maillebois , côtes
de Provence.
MARECHAUX DE CAMP qui ferviront fous les
mêmes ordres. Le Comte de Moncan , côtes de
Languedoc. Le Comte de Lannion , côtes de Provence
.
On a annoncé l'année derniere , que l'Académie
de Pau avoit propofé pour le Sujet du Prix
qu'elle doit diftribuer en 1756 , L'utilité des déFEVRIER.
1756. 225
44
couvertesfaites dans les Sciences fous le Regne de
Louis XV. Une des Pieces de Poélies qui ont été
envoyées à cette Académie , a été adreffée par la
Pofte à l'Abbé de Sorberio , ci - devant Secrétaire
de la Compagnie , & on lit au bas cette Sentence ,
Eft aliquidfub Sole novum. L'Auteur n'a pas joine
à fon Poëme le billet cacheté qui devoit contenir
fon nom , & fur lequel devoit être répetée la
Sentence ci- deſſus mentionnée. Il eft averti qu'il
ne peut entrer en concours s'il ne répare cette
omiffion , en envoyant une autre copie de fon
ouvrage , accompagnée d'un Billet dans lequel i
obferve les deux formalités dont on vient de parler.
On a appris que le 21 du mois dernier il y avoit
eu un nouveau tremblement de terre à Lisbonne.
Plufieurs des maifons qui n'avoient été qu'ébranlées
, ont été détruites . Leur chûte a fait périt
encore plus de trois cens perfonnes. Nouvelle
incertaine .
Sur la démiſſion volontaire'de M. le Duc de
Bethune en faveur de M. le Duc de Charoft fon
petit- fils , le Roi a accordé à ce dernier la Lieurtenance
- Générale de Picardie & du Boulonnois ,
ainfi que le Gouvernement des Ville & Citadelle
de Calais.
On apprend de Luneville , que le Roi ayant
nommé Commandeur Honoraire de l'Ordre Royal
& Militaire de Saint Louis M. de Baye , Brigadier
de Cavalerie , Commandant les deux Compagnies
des Cadets Gentilshommes du Roi de Pologne
Duc de Lorraine & de Bar , Sa Majefté Polonoife
a fait l'honneur à cet Officier , de le revêtir lui-
-même du grand Cordon rouge.
La nuit du 26 au 27 de Décembre , on fentit
à Rocroy deux legeres fecouffes de tremblement
de terre , la premiere à onze heures cin-
K v
226 MERCURE DE FRANCE.
quante-fix minutes , la feconde à minuit douze
minutes . Elles s'annoncerent par un bruit fourd
de peu de durée , & le Ciel , au rapport des fentinelles
qui étoient pour lors en faction , parut tour
en feu.
M. Rouillé , Miniftre & Secrétaire d'Etat ayant
le Département des Affaires Etrangeres , écrivit
le 21 du même mois à Monfieur Fox , Secrétaire
d'Etat du Roi d'Angleterre , la Lettre fuivante.
·
Monfieur , c'est par ordre du Roi mon Maître ,
que j'ai l'honneur d'envoyer à votre Excellence le
Mémoire que je joins ici , &c.
« Il n'a pas tenu au Roi que les différends concernant
l'Amérique n'ayent été terminés par les
» voies de la conciliation , & Sa Majesté eft en
» état de le démontrer à l'Univers entier par des
preuves authentiques.
Le Roi , toujours animé du défir le plus fin-
» cere de maintenir le repos public & la plus parfaite
intelligence avec Sa Majefté Britannique
» a fuivi avec la bonne foi & la confiance la plus
entiere la négociation relative à cet objet.
» Les affurances que le Roi de la Grande Bre-
» tagne & fes Miniftres renouvelloient fans ceffe
» de vive voix & par écrit , étoient fi formelles
» & fi préciſes fur les difpofitions pacifiques de Sa
Majefté Britannique , que le Roi fe feroit re-
» proché le moindre doute fur la droiture des in-
» tentions de la Cour de Londres .
» Il n'eft guere poflible de concevoir com-
» ment ces affurances pouvoient fe concilier avec
ples ordres offenfifs , donnés en Novembre 1754
au Général Braddock , & au mois d'Avril 1755à
» P'Amiral Bofſcawen.
» L'attaque au mois de Juillet dernier , & la
prife de deux vaiffeaux du Roi en pleine mer &
7 FEVRIER. 1756. 227
D fans déclaration de guerre , étoient une infulte
publique au pavillon de Sa Majefté ; & elle auroit
témoigné fur le champ tout le jufte reffen-
» tinient que lui infpiroit une entrepriſe fi irrégu
liere & fi violente , fi elle avoit pu croire que
» P'Amiral Boscawen n'eût agi que par les ordres.
» de la Cour.
» Le même motif avoit d'abord fufpendu le
» jugement du Roi fur les pirateries que les vaiffeaux
de guerre Anglois exercent depuis plu
» fieurs mois contre la navigation & le commervce
des fujets de Sa Majefté , au mépris du droit
des gens , de la foi des traités , des ufages établis
parmi les nations policées , & des égards
» qu'elles fe doivent réciproquement.
Le Roi avoit lieu d'attendre des fentimens
de Sa Majefté Britannique , qu'à fon retour à
» Londres elle défavoueroit la conduite de fon
Amirauté & de fes Officiers de mer , & qu'elle
» donneroit à Sa Majefté une fatisfaction'
tionnée à l'injure & au dommage,
propor
» Mais le Roi voyant que le Roi d'Angleterre
» bien loin de punir les brigandages de la Marine
» Angloife , les encourage au contraire , en demandant
à fes Sujets de nouveaux fecours con
» tre la France , Sa Majesté manqueroit à ce qu'el
» le doit à fa propre gloire , à la dignité de ſa
» Couronne , & à la défenfe de fes peoples , fi
elle différoit plus long - tems d'exiger du Roi
» de la Grande Bretagne une réparation éclatante:
» de l'outrage fait au pavillon François , & des
dommages caufes aux Sujets du Roi,
Sa Majefté croit donc devoir s'adreffer direc
tement à Sa Majefté Britannique , & lui deman
der la rehitution prompte & entiere de tous les
» vaiffeaux Francois , tant de guerre que mar-
3Y
K vj
228 MERCURE DE FRANCE.
chands, qui, contre toutes les loix & contre tou
tes les bienséances , ont été pris par la Marine
» Angloife , & de tous les Officiers , Soldats , Ma-
» telots , Artillerie , Munitions , Marchandifes , &
genéralement de tout ce qui appartenoit à ces
>> vaiffeaux .
»
» Le Roi aimera toujours mieux devoir à l'équité
du Roi d'Angleterre qu'à tout autre moyen
»la fatisfaction que Sa Majeſté a droit de recla-
» mer & toutes les Puiffances verront fans dou
» te dans la démarche qu'elle s'eft déterminée à
» faire une nouvelle preuve bien ſenſible de cet
» amour conftant pour la paix , qui dirige fes
» confeils & fes réfolutions.
» Si Sa Majefté Britannique ordonne la refti-
» tution des vailleaux dont il s'agit , le Roi fera
» difpofé à entier en négociation fur les autres
fatisfactions qui lui font légitimement dues , &
» continuera de fe prêter , comme il a fait précé-
» demment à un accommodement équitable &
» folide fur les difcuffions qui concernent l'Amé
>> rique.
» Mais fi , contre toute efpérance , le Roi d'Angleterre
fe refufe à la réquifition que le Roi luí
» fait , Sa Majefté regardera će deni de jufticé
» comme la déclaration de guerre la plus authen-
» tique , & comme un deffein forme par la Cour
» de Londres , de troubler le repos de l'Europe .
M. Fox á fait à M. Rouillé la réponſe qui fuit
& qui eft datée de Whitehall , le 13 Janvier.
Monfieur , j'ai reçu le 3 de ce mois la lettre
dont votre Excellence m'a honoré , en date du zí
du mois paffé , avec le Mémoire dont elle étoit accompagnée
. Je n'ai pas tardé à les mettre devant
le Roi mon Maître, c'eft par fes ordres que j'ai
P'honneur d'informer votre Excellence que Sa Ma
FEVRIER. 1756. 229
jefté continue de fouhaiter la confervation de la
tranquillité publique ; mais quoique le Roi fe prê
tera volontiers à un accommodement équitable &
folide , Sa Majesté ne fçauroit accorder la deman
de qu'on fait de la reftitution prompte entiere
de tous les vaiffeaux François , & de tout ce qui y
appartenoit , comme une condition préliminaire à
toute négociation ; le Roi n'ayant rien fait dans
toutes fes démarches , que ce que les hoftilités com
mencées pas la France en tems de pleine paix ( dont
on a les preuves les plus authentiques ) , & ce que
Sa Majesté doit à fon honneur , à la défense des
droits & poffeffions de fa Couronne , & à la fureté
defes Royaumes, ont rendu jufte indifpenfable.
J'ai l'honneur d'être , &c.
Le 18 M. le Duc de Charoft prêta ferment
entre les mains du Roi , pour la Lieutenance- Générale
de Picardie & du Boulonnais , & pour le
Gouvernement
des Ville & Citadelle de Calais .
Monfeigneur le Dauphin & Madame la Dauphine
vinrent le 19 de Janvier à Paris , pour rendre
à Dieu leurs folemnelles actions de graces , à
l'occafion de la naiffance de Monfeigneur le Comte
de Provence. Ce Prince & cette Princeffe arriverent
fur les trois heures & demie après- midi à
PEglife Métropolitaine , & furent reçus à la porte
de l'Eglife par l'Abbé de Saint- xupery , Doyen
du Chapitre , à la tête des Chanoines . Ayant été
conduits dans le Choeur , ils affifterent au Te
Deum , auquel le Doyen officia . En fortant , ils
firent leur priere à la Chapelle de la Vierge . De
1'Eglife Métropolitaine , Monfeigneur le Dau
phin & Madame Pa Dauphine fe rendirent à celle
de Sainte Geneviévé . L'Abbé , à la tête de fa Communauté
, les reçut à la porte de l'Eglife . Lorfque
ce Prince & cette Princeffe furent entrés dans le
230 MERCURE DE FRANCE.
Choeur , on célebra le Salut. La Châffe de Sainte
Géneviéve étoit découverte. Monfeigneur le Dauphin
& Madame la Dauphine , en arrivant à l'Eglife
Métropolitaine & à celle de Sainte Géneviéve
, ont trouvé une Compagnie des Gardes Françoifes
& une des Gardes Suiffes fous les armes . Le
foir , ce Prince & cette Princeffe retournerent à
Verfailles. Le peuple eft accouru partout en foule
fur leur paffage , & a témoigné par fes acclamations
la joie que lui caufoit leur préfence.
Sa Majesté voulant qu'il foit pourvu au remplacement
des Soldats , qui manquent dans les
Bataillons de Milice , & en même- tems à la levée
de l'augmentation qu'Elle a réfolu de faire dans
ces Bataillons , a ordonné ce qui fuit . ARTICLE I.
Les Bataillons de Milice , qui font actuellement
compofés de cinq cens hommes en dix Compa
gnies , feront portés à cinq cens quatre-vingt-dix
hommes chacun , formant le même nombre de
dix Compagnies , dont une de Grenadiers de cinquante
hommes , une de Grenadiers Poftiches de
foixante , & huit de Fufiliers de pareil nombre ;
les neuf Compagnies , tant de Grenadiers Poftiches
que de Fusiliers , devant être augmentées
chacune de dix hommes. ART. II. Entend Sa Majefté
, que , conformément aux ordres qu'Elle
donnés pour fufpendre la délivrance des congés
d'ancienneté aux Cavaliers , Dragons & Soldats
de fes troupes , il ne foit également délivré aucun
congé d'ancienneté aux Soldats de fes Bataillons
de Milice pendant la préfente année ; fe réſervant
de régler ceux qui devront être expédiés dans la
fuite. ART. III. Veut Sa Majefté , qu'il foit incel
famment procédé par le fieur Berryer , Lieutenant-
Général de Police de la Ville de Paris , &
par les Intendans des Provinces & Généralités di
FEVRIER. 1756. 271
A
Royaume , ou leurs Subdélégués , à la levée tant
des remplacemens qu'il y a à faire pour completer
le fonds actuel des Bataillons de Milice de
leurs Départemens , que des quatre -vingt- dix
hommes d'augmentation par Bataillon , enforte
qu'ils puiffent être affemblés auffi- tôt que Sa Majesté
le preferira .
L'honneur qu'a la Provence , de voir porter fon
nom au troifiéme petit - Fils de France , faifoit à la
Ville d'Aix une loi de célébrer la naiffance de ce
Prince , par des réjouiffances éclatantes. La Fêtefut
annoncée le 12 de Décembre par plufieurs
troupes de Trompettes , de Tambours & de Tambourins
qui parcoururent la Ville . Le 14 , on
chanta le Te Deum dans l'Eglife Métropolitaine.
Un Bucher fut allumé dans la Place des Prêcheurs.
Devant l'Hôtel du Gouvernement , dont la façade
étoit illuminée avec autant de goût que de magnificence
, s'élevoit un Arc de Triomphe , fous lequel
le Duc de Villars fir diftribuer des viandes au
peuple pendant quatre heures confécutives . Toute
la nuit , il coula des quatre angles du Buffet quatre
Fontaines de vin. Une Cavalcade d'environ deux
cens Citoyens , divifés en quatre Compagnies
différemment habillées , fe promena dans les principales
rues. Trois de ces Compagnies , l'une de
Mafques de divers caracteres , l'autre de Cavaliers
Turcs , la troifiéme vêtue d'un riche uniforme
militaire , précédoient un Char orné de dorures
& d'emblêmes , & rempli de Symphonistes. Au
fond de ce Char , on voyoit deux perfonnes ,
dont l'une repréſentoit la Provence tenant dans fes
bras un Enfant , & l'autre le Roi René , qui regardoit
cet enfant avec complaifance . La quatriéme
Compagnie , habillée à la Chinoife ,fuivait
le Char. Chaque Compagnieavoit fes laftrumens,
232 MERCURE DE FRANCE.
*
fes Etendards & fes Officiers ; & la bride du cheval
de chaque Cavalier étoit tenue par un Valet
mafqué , lequel portoit un flambeau. Quinze Bergeres
& autant de Bergers fe rendirent chez M. le
Duc de Villars en chantant l'événement qui
caufoit l'allégreffe publique , & en exprimant la
leur d'une maniere d'autant plus tonchante
qu'elle étoit plus naïve . Il y eut au Gouvernement
un fouper fomptueux , & l'on y fervit huit tables,
compofant enfemble deux cens cinquante couverts.
M. le Duc de Villars donna le lendemain dans
la Salle de l'Hôtel de Ville un Bal , pendant lequel
on diftribua des rafraîchiffemens de toute
efpece Le 21 , ce Seigneur a la tête des Confuls
& du Corps de Ville , affifta à la Meffe , que la
Ville fit chanter dans l'Eghte des Dominicains . A
Pentrée de la nuit , on tira dans la Place de l'Hô .
tul de Ville , un feu d'artifice qui dura trois quarts
d'heure. La face de cet Hôtel étoit illuminée en
lampions & en pots à feu. Toutes les perfonnes
de diftinction y fouperent. Cette Fête , dans laquelle
la Nobleffe & le peuple ont fait éclater à
l'envi leur zele & leur joie , fera mémorable particuliérement
pour les pauvres . La Ville en a habillé
& diverſement fecouru un très- grand nombre,
& M. le Duc de Villars a répandu fes largeſſes
fur tous ceux qui le font préfentés.
Pendant le cours de l'année derniere , il eft
mort à Paris vingt mille vingt- une perſonnes :
il s'y eft fait dix-neuf mille quatre cens douze
baptêmes , & quatre mille cinq cens un mariages;
& il y a eu quatre mille deux cens foixantetreize
Enfans Trouvés.
Le 22 , les Actions de la Compagnie des Indes
étoient à quatorze cens livres : les Billets de la
premiere Loterie Royale , à huit cens vingt-cinq;
FEVRIER. 1756. 233
& ceux de la troifiéme Loterie , à fix cens dix- huit.
Ceux de la Seconde n'avoient point de prix fixe.
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Résumé
En janvier 1756, les Chevaliers de l'Ordre du Saint-Esprit se réunirent pour une messe de requiem en mémoire des membres décédés. Le roi, accompagné du Dauphin et divers princes, était vêtu d'un manteau violet et des colliers des ordres du Saint-Esprit et de la Toison d'Or. Le 3 janvier, les députés des États de Bretagne furent reçus par le roi, présentés par le duc de Penthièvre et le comte de Saint Florentin. Le 4 janvier, la marquise de Broglie fut présentée à la famille royale, et le chevalier de Tourville fut introduit au roi par Machault, Garde des Sceaux. Plusieurs officiers généraux furent nommés pour surveiller les côtes de l'Océan et de la Méditerranée sous les ordres du maréchal duc de Belle-Isle et du maréchal duc de Richelieu. L'Académie de Pau proposa un sujet pour le prix de poésie de 1756. Un nouveau tremblement de terre à Lisbonne causa davantage de victimes. Le duc de Charost reçut la lieutenance générale de Picardie et du Boulonnais et prêta serment pour sa nouvelle fonction. Le roi de Pologne honora un officier français, et des secousses sismiques furent ressenties à Rocroy. Le ministre Rouillé écrivit au secrétaire d'État britannique Fox concernant les différends en Amérique et les attaques navales. Fox répondit que le roi d'Angleterre ne pouvait accorder la restitution des vaisseaux français comme condition préliminaire à toute négociation. Le Dauphin et la Dauphine se rendirent à Paris pour des actions de grâce à l'occasion de la naissance du comte de Provence. Le roi ordonna l'augmentation du nombre de soldats dans les bataillons de milice. Le document mentionne également la composition des compagnies militaires, incluant une de Grenadiers de cinquante hommes, une de Grenadiers Postiches de soixante, et huit de Fusiliers de cinquante hommes. Les neuf compagnies de Grenadiers Postiches et de Fusiliers doivent être augmentées chacune de dix hommes. Les congés d'ancienneté pour les soldats des Bataillons de Milice sont suspendus pour l'année en cours. Des festivités furent organisées à Aix pour célébrer la naissance du troisième petit-fils de France. Ces réjouissances inclurent des annonces par des troupes de trompettes et tambours, un Te Deum chanté dans l'église métropolitaine, un bûcher allumé sur la Place des Prêcheurs, et un Arc de Triomphe devant l'Hôtel du Gouvernement. Des distributions de nourriture et de vin furent faites, et une cavalcade de citoyens parcourut les principales rues. La fête comprenait également des masques, des cavaliers turcs, et des uniformes militaires, ainsi qu'un char orné de dorures et d'emblèmes. Enfin, le texte fournit des statistiques sur les naissances, mariages, et décès à Paris au cours de l'année précédente, ainsi que les prix des actions de la Compagnie des Indes et des billets de loterie.
Soumis par conusm le