Titre
LETTRE sur une Machine pour élever l'eau, &c. écrite de Villeneuve-lès-Avignon, le 14. Août, par M. Soumille, Prêtre.
Titre d'après la table
Lettre sur une Machine pour élever l'eau,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
1935
Page de début dans la numérisation
44
Page de fin
1938
Page de fin dans la numérisation
47
Incipit
Ayant lû, Monsieur, dans votre dernier volume du Mercure de Juin,
Texte
LETTRE sur une Machine pour pour élever
l'eau , & c. écrite de Villeneuve - lès-
Avignon , le 14. Août , par M. Sou
mille , Prêtre..
Yant lû , Monsieur , dans votre
Aderniervolume du Mercure de Juin;
page 1418. un article d'un Particulier
qui croit rendre service au Public en
proposant de faire une Machine dans
Le goût des grosses Horloges , pour pouvoir
, au moyen de certains poids , faire
monter l'eau des Puits , &c. J'ai crû de
mon côté , rendre un meilleur service
à ce même Public , en lui conseillant de
ne rien essayer sur ces sortes d'Ouvrages.
Les plus parfaits et les mieux executez
seroient inutiles. Que seroit ce de ceux.
où la main de l'Ouvrier laisseroit quelque
imperfection ? mais pour qu'on ne croye
pas que j'avance cette proposition au
hazard ,
1937 MERCURE DE FRANCE
hazard , souffrez que j'aye l'honneur de
vous présenter les Refléxions suivantes ,
pour en faire l'usage que vous jugesez
à propos.
De quelle utilité pourroit être pour les
arrosages , &c. une Machine de cette espece
, laquelle après avoir coûté considérablement
, ne pourroit élever qu'une
quantité d'eau au - dessous de la pesanteur
de son poids ? Je m'explique ; supposons
pour un moment qu'un de ces
Ouvrages , executé dans sa derniere perfection
, puisse agir avec un poids de
100. livres , qu'il soit élevé au niveau
du bassin où l'on veut faire monter l'eau ;
il est très- certain que ce poids de 100 .
livres dans toute sa descente ne pourra
élever que moins de 100 liv. d'eau ; et
toutes les fois qu'on prendra la peine
de le remonter , il n'élevera jamais dans
sa descente que moins d'eau que ce qu'il
pese. Eh ! ne vaudroit - il pas mieux que
la personne destinée à remonter ce poids ,
employât ses forces à élever de l'eau
par les moyens usitez jusqu'aujourd'hui ,
et qu'elle n'usât point une Machine trèscouteuse
qui ne serviroit qu'à rendre
inutile une partie de ses forces, puisqu'au
lieu de remonter un poids de 100 liv.
elle pourroit puiser 100. livres d'eau , et
que
SEPTEMBRE . 1733. 1937
que le poids n'en sçauroit faire monter
autant ?
On ne peut pas douter un moment de
ce que je viens de dire , quand on examine
de près les loix immuables de l'équilibre.
La plus simple de toutes les Ma-
Achines , à mon sens , est celle qu'on voit
à tous les Puits , je veux dire deux sceaux
et une poulie ; mais si vous mettez 100 .
livres d'eau dans un des sceaux et 100 .
livres de poids dans l'autre , ils resteront
sans mouvement , et le poids n'emportera
l'eau qu'après en avoir ôté une partie
suffisante pour rompre l'équilibre . Or
comme cette Machine est la plus simple ,
elle est , sans contredit , la meilleure et
elle fournit un préjugé contre les Machines
composées de ce genre. On peut ,
si vous voulez , par une Machine composée
adoucir la peine de celui qui puise
l'eau , mais il faudra plus de temps pour
en puiser la même quantité. On peut
aussi faire une Machine à poids qui agira
pendant long-temps , mais l'eau qu'elle
fournira pendant cet espace de temps ,
quelque long qu'il soit , sera roujours
moindre que la pesanteur du poids de
la Machine.
Il est inutile de s'étendre davantage
sur une Machine en general , il suffit
d'avoir
1938 MERCURE DE FRANCE
touché le principe et montré l'inutilité
de pareils Ouvrages. Si quelqu'un à l'avenir
proposoit un modele , je m'offre
de démontrer en détail ce que je n'ay pû
dire qu'en general. J'ay l'honneur d'être
avec toute la consideration possible ,
Monsieur , &c.
l'eau , & c. écrite de Villeneuve - lès-
Avignon , le 14. Août , par M. Sou
mille , Prêtre..
Yant lû , Monsieur , dans votre
Aderniervolume du Mercure de Juin;
page 1418. un article d'un Particulier
qui croit rendre service au Public en
proposant de faire une Machine dans
Le goût des grosses Horloges , pour pouvoir
, au moyen de certains poids , faire
monter l'eau des Puits , &c. J'ai crû de
mon côté , rendre un meilleur service
à ce même Public , en lui conseillant de
ne rien essayer sur ces sortes d'Ouvrages.
Les plus parfaits et les mieux executez
seroient inutiles. Que seroit ce de ceux.
où la main de l'Ouvrier laisseroit quelque
imperfection ? mais pour qu'on ne croye
pas que j'avance cette proposition au
hazard ,
1937 MERCURE DE FRANCE
hazard , souffrez que j'aye l'honneur de
vous présenter les Refléxions suivantes ,
pour en faire l'usage que vous jugesez
à propos.
De quelle utilité pourroit être pour les
arrosages , &c. une Machine de cette espece
, laquelle après avoir coûté considérablement
, ne pourroit élever qu'une
quantité d'eau au - dessous de la pesanteur
de son poids ? Je m'explique ; supposons
pour un moment qu'un de ces
Ouvrages , executé dans sa derniere perfection
, puisse agir avec un poids de
100. livres , qu'il soit élevé au niveau
du bassin où l'on veut faire monter l'eau ;
il est très- certain que ce poids de 100 .
livres dans toute sa descente ne pourra
élever que moins de 100 liv. d'eau ; et
toutes les fois qu'on prendra la peine
de le remonter , il n'élevera jamais dans
sa descente que moins d'eau que ce qu'il
pese. Eh ! ne vaudroit - il pas mieux que
la personne destinée à remonter ce poids ,
employât ses forces à élever de l'eau
par les moyens usitez jusqu'aujourd'hui ,
et qu'elle n'usât point une Machine trèscouteuse
qui ne serviroit qu'à rendre
inutile une partie de ses forces, puisqu'au
lieu de remonter un poids de 100 liv.
elle pourroit puiser 100. livres d'eau , et
que
SEPTEMBRE . 1733. 1937
que le poids n'en sçauroit faire monter
autant ?
On ne peut pas douter un moment de
ce que je viens de dire , quand on examine
de près les loix immuables de l'équilibre.
La plus simple de toutes les Ma-
Achines , à mon sens , est celle qu'on voit
à tous les Puits , je veux dire deux sceaux
et une poulie ; mais si vous mettez 100 .
livres d'eau dans un des sceaux et 100 .
livres de poids dans l'autre , ils resteront
sans mouvement , et le poids n'emportera
l'eau qu'après en avoir ôté une partie
suffisante pour rompre l'équilibre . Or
comme cette Machine est la plus simple ,
elle est , sans contredit , la meilleure et
elle fournit un préjugé contre les Machines
composées de ce genre. On peut ,
si vous voulez , par une Machine composée
adoucir la peine de celui qui puise
l'eau , mais il faudra plus de temps pour
en puiser la même quantité. On peut
aussi faire une Machine à poids qui agira
pendant long-temps , mais l'eau qu'elle
fournira pendant cet espace de temps ,
quelque long qu'il soit , sera roujours
moindre que la pesanteur du poids de
la Machine.
Il est inutile de s'étendre davantage
sur une Machine en general , il suffit
d'avoir
1938 MERCURE DE FRANCE
touché le principe et montré l'inutilité
de pareils Ouvrages. Si quelqu'un à l'avenir
proposoit un modele , je m'offre
de démontrer en détail ce que je n'ay pû
dire qu'en general. J'ay l'honneur d'être
avec toute la consideration possible ,
Monsieur , &c.
Date, calendrier grégorien
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Domaine
Est rédigé par une personne
Provient d'un lieu