Titre
EPITHALAME, De Madlle de la Briffe, fille de M. l'Intendant de Bourgogne, et de M. le Comte de Morges, Chevalier d'Honneur au Parlement de Dauphiné.
Titre d'après la table
Epitalame,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
1705
Page de début dans la numérisation
258
Page de fin
1708
Page de fin dans la numérisation
261
Incipit
Pour ce beau jour, mon aimable Cousine,
Texte
EPITH ALAME,
De Madle de la Briffe , fille de M. l'Intendant de Bourgogne , et de M. le Comte
de Morges, Chevalier d'Honneur au Parlement de Dauphiné.
PourOur ce beau jour , mon aimable Cousine ,
Il faut des Vers , vous l'avez souhaité ,
Et le bonheur charmant , où l'hymen vous d'estine,
Merite bien d'être chanté ,
Mais ce sujet voudroit être traité ,
Par une main plus galante et plus fine ;
Car enfin quand je m'examine ,
Je n'ai point cette humeur badine ,
Qu'on voit briller dans les écrits ,
B v De
1706 MERCURE DE FRANCE
De ceux que l'aimable Cyprine ,
Bien mieux que Phoebus endoctrine
Et telles gens auront toujours leur prix.
A m'excuser plus ne m'obstine ,
Je vois bien que c'est vainement ,
Votre ordre enfin me détermine ,
Puisqu'il vous faut des Vers , sur la double Ce line ,
Je vais en chercher promptement,
Je vois Hymen , vers vous il s'achemine ;
Qu'il a bon air de Mirthes couronné ?
Vive allegresse en ses doux yeux domine ,
Et son flambeau de rares fleurs orné ,
Répand au loin une clarté divine ;
De cet Augure aisément je devine ,
Qu'aurez toujours parfait contentement ;
Amour le suit , la pudeur enfantine
Fait de son front le naïf ornement :
Mais que dit-il ? Car tout bas il rumine ,
C'est contre Hymen, au moins je l'imagine ,
Ces deux rivaux d'accord ne sont jamais ;
De lui ceder si gente Chérubine,
Il est dolent , voudroit que tels attraits.
Du Dieu goulu ne fussent la rapine ,
Desireroit en faire tous les frais.
Gentil
AOUST. 1732 1707
Gentil Amour , n'ayez l'ame chagrine ,
Rassurez-vous , hymen , avec vos traits ,
Prétend blesser la charmante Dorine ,
Et dans vos mains il met ses interêts ,
Amis , enfin soyez donc desormais ,
Et chassez loin toute haine intestine.
L'accord se fait , sous galante Courtine ,
Jà ces deux Dieux brillent de vous tenir ;
Or de ceci ne perdez souvenir,
Gardez-vous bien de faire la mutine ,
Quand ils voudront se servir de leurs droits
Depuis long temps on ne fait plus la mine ,
Qu'en pareil cas on faisoit autrefois ,
( D'où pouvez voir que sur tout on rafine. )
Ne la ferez , je crois ; de votre Epoux ,
L'air engageant , l'amour qu'il a pour vous,
M'en sont garants ; de tant bonne doctrine ,
Docilement profiter aimerez ,
Et plus que lui bien-tôt vous en sçaurezg
Car ce n'est rien enfin qu'une routine.
Que de plaisirs je lui vois préparez !
Il trouve en vous un maintien d'Héroïne ,
Esprit charmant , air doux et plein d'attraits
Pour tel Epoux , avec raison j'opine,
Que la nature aussi vous fit exprès ,
De m'y tromper bien-fort m'étonnerois ,
De licu trop bon , tirez votre origine.
B vi Que
1708 MERCURE DE FRANCE
Que de vertus vos illustres ayeux ,
N'ont-ils pas fait éclater en tous lieux !
De l'injustice ils furent la ruine ,
Pour en juger , n'en croions que nos yeux?
D'aimable Mere aussi la discipline,
Sçait vous former et les mœurs et l'esprit ;
Dans votre cœur vertus ont pris racine ,
De son exemple en vous on voit le fruit.
Pas ne me sens assez bonne poitrine ,
Pour dignement pouvoir chanter leur los
Quand même aurois l'éloquence de Pline ;
Or de m'en taire , il est plus à propos.
Qu'hymen pour vous , soit bonne Médecine
Jeune beauté , goutez un sort heureux.
Puissiez avoir rose , sans nulle épine ,
Puissiez enfin avant un an ou deux ,
Avoir besoin du secours de Lucine.
Mais ja l'hymen vous prenant par la main
Au benoit lit , veut vous mener soudain ;
Adieu vous dis , gentille pellerine ,
Vous m'en direz des nouvelles demain.
Par M. DE RUFFIX.
De Madle de la Briffe , fille de M. l'Intendant de Bourgogne , et de M. le Comte
de Morges, Chevalier d'Honneur au Parlement de Dauphiné.
PourOur ce beau jour , mon aimable Cousine ,
Il faut des Vers , vous l'avez souhaité ,
Et le bonheur charmant , où l'hymen vous d'estine,
Merite bien d'être chanté ,
Mais ce sujet voudroit être traité ,
Par une main plus galante et plus fine ;
Car enfin quand je m'examine ,
Je n'ai point cette humeur badine ,
Qu'on voit briller dans les écrits ,
B v De
1706 MERCURE DE FRANCE
De ceux que l'aimable Cyprine ,
Bien mieux que Phoebus endoctrine
Et telles gens auront toujours leur prix.
A m'excuser plus ne m'obstine ,
Je vois bien que c'est vainement ,
Votre ordre enfin me détermine ,
Puisqu'il vous faut des Vers , sur la double Ce line ,
Je vais en chercher promptement,
Je vois Hymen , vers vous il s'achemine ;
Qu'il a bon air de Mirthes couronné ?
Vive allegresse en ses doux yeux domine ,
Et son flambeau de rares fleurs orné ,
Répand au loin une clarté divine ;
De cet Augure aisément je devine ,
Qu'aurez toujours parfait contentement ;
Amour le suit , la pudeur enfantine
Fait de son front le naïf ornement :
Mais que dit-il ? Car tout bas il rumine ,
C'est contre Hymen, au moins je l'imagine ,
Ces deux rivaux d'accord ne sont jamais ;
De lui ceder si gente Chérubine,
Il est dolent , voudroit que tels attraits.
Du Dieu goulu ne fussent la rapine ,
Desireroit en faire tous les frais.
Gentil
AOUST. 1732 1707
Gentil Amour , n'ayez l'ame chagrine ,
Rassurez-vous , hymen , avec vos traits ,
Prétend blesser la charmante Dorine ,
Et dans vos mains il met ses interêts ,
Amis , enfin soyez donc desormais ,
Et chassez loin toute haine intestine.
L'accord se fait , sous galante Courtine ,
Jà ces deux Dieux brillent de vous tenir ;
Or de ceci ne perdez souvenir,
Gardez-vous bien de faire la mutine ,
Quand ils voudront se servir de leurs droits
Depuis long temps on ne fait plus la mine ,
Qu'en pareil cas on faisoit autrefois ,
( D'où pouvez voir que sur tout on rafine. )
Ne la ferez , je crois ; de votre Epoux ,
L'air engageant , l'amour qu'il a pour vous,
M'en sont garants ; de tant bonne doctrine ,
Docilement profiter aimerez ,
Et plus que lui bien-tôt vous en sçaurezg
Car ce n'est rien enfin qu'une routine.
Que de plaisirs je lui vois préparez !
Il trouve en vous un maintien d'Héroïne ,
Esprit charmant , air doux et plein d'attraits
Pour tel Epoux , avec raison j'opine,
Que la nature aussi vous fit exprès ,
De m'y tromper bien-fort m'étonnerois ,
De licu trop bon , tirez votre origine.
B vi Que
1708 MERCURE DE FRANCE
Que de vertus vos illustres ayeux ,
N'ont-ils pas fait éclater en tous lieux !
De l'injustice ils furent la ruine ,
Pour en juger , n'en croions que nos yeux?
D'aimable Mere aussi la discipline,
Sçait vous former et les mœurs et l'esprit ;
Dans votre cœur vertus ont pris racine ,
De son exemple en vous on voit le fruit.
Pas ne me sens assez bonne poitrine ,
Pour dignement pouvoir chanter leur los
Quand même aurois l'éloquence de Pline ;
Or de m'en taire , il est plus à propos.
Qu'hymen pour vous , soit bonne Médecine
Jeune beauté , goutez un sort heureux.
Puissiez avoir rose , sans nulle épine ,
Puissiez enfin avant un an ou deux ,
Avoir besoin du secours de Lucine.
Mais ja l'hymen vous prenant par la main
Au benoit lit , veut vous mener soudain ;
Adieu vous dis , gentille pellerine ,
Vous m'en direz des nouvelles demain.
Par M. DE RUFFIX.
Signature
Par M. DE RUFFEY.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Est probablement rédigé par une personne