Titre
ODE. A M. le Duc de Saint-Agnan, Ambassadeur de France à Rome, en lui envoyant une nouvelle Traduction des Eglogues de Virgile.
Titre d'après la table
Ode au Duc de S. Aignan,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
[1]
Page de début dans la numérisation
24
Page de fin
7
Page de fin dans la numérisation
30
Incipit
Quitte ces Bois, Muse Bergere,
Texte
OD E.
A M.le Duc de Saint- Agnan , Ambas
sadeurde France à Rome, en lui envoyant
une nouvelle Traduction des Eglogues
de Virgile.
Uitte ces Bois , Muse Bergere
Vole vers une aimable Cour ;
Tu n'y seras point étrangere
Tes Sœurs habitent ce séjour..
Déitez jadis adorées ,
L'Univers écoutoit leurs voix
DG
2 MERCURE DE FRANCE
De nos jours , Nymphes ignorées ,
Elles n'ont plus l'Encens des Rois.
L'Art des Vers , dans les doctes âges ,
Charma les plus fiers Conquerans :
Il est encor l'amour des Sages ,
Mais il n'est plus celui des Grands.
Art charmant, si Plutus t'exile ,
Si les Cours ignorent ton prix 3
Il te reste un Temple , un asile ;
Un Parnasse à tes Favoris.
De tes beautez arbitre juste ,,
Un Héros chérit tes Lauriers ;
Tel Pollion , aux jours d'Auguste ,
Joignoit le goût aux soins gueriers.
Des Chantres vantez d'Ausonie ,
Mécene fut le Protecteur :
Mais de leur sublime harmonie ,
Il ne fut point l'imitateur.
L'Ami des Chantres de la Seine
Unit dans un éclat égal ,
Au plaisir d'être leur Mécene ,
Le talent d'être leur Rival
Tu
JANVIER. 1732. 3
Tu sçais , Muse, de quelle grace ..
Sa Lyre anime une Chanson ;
On croit entendre encor Horace,
Ou l'élegant Anacréon.
Du Romain il a la finesse ,
Du Grec l'atticisme charmant ,
Comine eux , il prête à la Sagesse.
Tous les attraits de l'enjoûment.
Oseras-tu de ta Musette ,
Lui repeter les foibles Airs ?
Ose ; ton âge et ta houlette ,
Excusent tes humbles Concerts..
.
A ses yeux offre toi sans crainte
I n'a point ces dures froideurs ,
Cette fastuense contrainte
Eieres Compagnes dès grandeurs.
Rare vertu d'un rang illustre !
Ses yeux ne sont point éblouis,
Du nom brillant , du nouveau lustre
Qu'il doit aux faveurs de Louis.
Sous cet, auguste Caractere,
Le Tage autrefois l'admira ;
Au succès de son Ministere
Bien-tôt le Tibre applaudica..
>
Muse
MERCURE DE FRANCE
Muse , prens un essor plus libre ;
Parle toi même à ton Heros ;
Des applaudissemens du Tibre ,
Devenons les foibles Echos.
Dignefils d'un aimable Père,
Héritièr de ses agrémens :
Imitateur d'un sage Frere ,
Héritier de ses sentimens.
Chargé des Droits de la Couronne ,
'Allés , montrés dans cet Employ
Que sans être né sur le Trône ,
Onpeut penser et vivre en Roy.
Quand la Poësie ou la Prose
Occuperont vos doux loisirs :
Près des Murs que le Tibre arrose
Je vois quels seront vos plaisirs....
'Aux beaux Vers toûjours favorable ,
Toûjours épris du goût des Arts ;
Vous rétablirez l'ordre aimable ,
Du siecle des premiers Césars.
On n'y voit plus leur Cour antique ,
Théatre des Jeux de Phébus ; ·
C'est encor Rome magnifique ,
Mais Rome sçavante n'est plus.
De
JANVIER.
ร
1732.
·
De tant de sublimes Génies ,
Il ne reste chez leurs Neveux
Que les Champs où leurs Symphonies,
Charmerent l'oreille des Dieux.
Vous chérirez cette Contrée ,
Et les précieux Monumens ,
Où leur mémoire consacrée ,
Survit à la fuite des temps.
L'à de Menandre , autre Lélie,
Reprenant l'Attique Pinceau ,
Vous tracerez l'Art de Thalie,
A quelque Térence nouveau.
Vous aimerez ces doux asiles ,
Ces Bois , où le Chant renommé ,
Des Ovides et des Virgiles
Antiroit Auguste charmé.
Dans ces Solitudes chéries,
De la sçavante Antiquité ,
Des poëtiques rêveries ,
Yous chercherez la volupté.
De Tibur vous verrez les traces ,
Et sur ce Rivage charmant ,
A M.le Duc de Saint- Agnan , Ambas
sadeurde France à Rome, en lui envoyant
une nouvelle Traduction des Eglogues
de Virgile.
Uitte ces Bois , Muse Bergere
Vole vers une aimable Cour ;
Tu n'y seras point étrangere
Tes Sœurs habitent ce séjour..
Déitez jadis adorées ,
L'Univers écoutoit leurs voix
DG
2 MERCURE DE FRANCE
De nos jours , Nymphes ignorées ,
Elles n'ont plus l'Encens des Rois.
L'Art des Vers , dans les doctes âges ,
Charma les plus fiers Conquerans :
Il est encor l'amour des Sages ,
Mais il n'est plus celui des Grands.
Art charmant, si Plutus t'exile ,
Si les Cours ignorent ton prix 3
Il te reste un Temple , un asile ;
Un Parnasse à tes Favoris.
De tes beautez arbitre juste ,,
Un Héros chérit tes Lauriers ;
Tel Pollion , aux jours d'Auguste ,
Joignoit le goût aux soins gueriers.
Des Chantres vantez d'Ausonie ,
Mécene fut le Protecteur :
Mais de leur sublime harmonie ,
Il ne fut point l'imitateur.
L'Ami des Chantres de la Seine
Unit dans un éclat égal ,
Au plaisir d'être leur Mécene ,
Le talent d'être leur Rival
Tu
JANVIER. 1732. 3
Tu sçais , Muse, de quelle grace ..
Sa Lyre anime une Chanson ;
On croit entendre encor Horace,
Ou l'élegant Anacréon.
Du Romain il a la finesse ,
Du Grec l'atticisme charmant ,
Comine eux , il prête à la Sagesse.
Tous les attraits de l'enjoûment.
Oseras-tu de ta Musette ,
Lui repeter les foibles Airs ?
Ose ; ton âge et ta houlette ,
Excusent tes humbles Concerts..
.
A ses yeux offre toi sans crainte
I n'a point ces dures froideurs ,
Cette fastuense contrainte
Eieres Compagnes dès grandeurs.
Rare vertu d'un rang illustre !
Ses yeux ne sont point éblouis,
Du nom brillant , du nouveau lustre
Qu'il doit aux faveurs de Louis.
Sous cet, auguste Caractere,
Le Tage autrefois l'admira ;
Au succès de son Ministere
Bien-tôt le Tibre applaudica..
>
Muse
MERCURE DE FRANCE
Muse , prens un essor plus libre ;
Parle toi même à ton Heros ;
Des applaudissemens du Tibre ,
Devenons les foibles Echos.
Dignefils d'un aimable Père,
Héritièr de ses agrémens :
Imitateur d'un sage Frere ,
Héritier de ses sentimens.
Chargé des Droits de la Couronne ,
'Allés , montrés dans cet Employ
Que sans être né sur le Trône ,
Onpeut penser et vivre en Roy.
Quand la Poësie ou la Prose
Occuperont vos doux loisirs :
Près des Murs que le Tibre arrose
Je vois quels seront vos plaisirs....
'Aux beaux Vers toûjours favorable ,
Toûjours épris du goût des Arts ;
Vous rétablirez l'ordre aimable ,
Du siecle des premiers Césars.
On n'y voit plus leur Cour antique ,
Théatre des Jeux de Phébus ; ·
C'est encor Rome magnifique ,
Mais Rome sçavante n'est plus.
De
JANVIER.
ร
1732.
·
De tant de sublimes Génies ,
Il ne reste chez leurs Neveux
Que les Champs où leurs Symphonies,
Charmerent l'oreille des Dieux.
Vous chérirez cette Contrée ,
Et les précieux Monumens ,
Où leur mémoire consacrée ,
Survit à la fuite des temps.
L'à de Menandre , autre Lélie,
Reprenant l'Attique Pinceau ,
Vous tracerez l'Art de Thalie,
A quelque Térence nouveau.
Vous aimerez ces doux asiles ,
Ces Bois , où le Chant renommé ,
Des Ovides et des Virgiles
Antiroit Auguste charmé.
Dans ces Solitudes chéries,
De la sçavante Antiquité ,
Des poëtiques rêveries ,
Yous chercherez la volupté.
De Tibur vous verrez les traces ,
Et sur ce Rivage charmant ,
Signature
GRESSET
Lieu
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Domaine
Est adressé ou dédié à une personne
Est rédigé par une personne
Provient d'un lieu