Titre
PRÉFACE
Titre d'après la table
Préface
Fait partie d'une livraison
Page de début
s. p.
Page de début dans la numérisation
10
Page de fin
s. p.
Page de fin dans la numérisation
30
Incipit
Un de mes amis vint me dire l'autre jour que
Texte
PREFACE
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
Un de mes amis vint
me dire l'autre jour que
le nouveau Mercure de
Trévoux fe déchaînoit
contre moi . Vous plaiſantez
, lui répondis-je , ceux
qui fe font affeciez pour
cet ouvrage font trop
fenſez & trop habiles
pour
prétendre gagner
l'eftime du Public par un
début fatirique ; je fuis
a ij
PREFACE
perfuadé qu'ils auront
pris la voye la plus polie
& la plus feure pour détruire
mon Livre ; c'eft
de n'en rien dire du tout,
& d'en faire un meilleur.
Non, reprit brufquement
mon amy , ils ont fait
tout le contraire ; c'eſt
ce que je ne puis croire ,
luy repliquay -je , je connois
celuy qui a formé
cette Societé ; il eft d'un
caractere poli , prévenant
, doux , affable , &
"
H
PREFACE
de plus il m'a juré cent
fois qu'il étoit mon Ami ;
& l'autre jour encore ,
vous fûtes témoin qu'
il m'embraffa cordiale
ment. Je m'en fouviens ,
c'eftoit juftement dans
le temps qu'il travailloit
à cecy, me dit mon Ami ,
tirant de fa poche le Mercure
en queftion ; je l'ouvris
, je lûs la Preface , aprés
avoir tâché d'en débrouiller
le fens je refolus
de la prendre en bonne
•
A iij
PREFACE
part , heureuſement
le
ftile en eft obfcur & les
penſées louches
: on peut
les interpreter
comine on
voudra , je veux croire
qu'il n'y a nulle maligni .
té , & que les Auteurs
n'ont manqué que de
jufteffe d'efprit on eſt
plus excufable de ne pas
penſer juſte que de penfer
malignement ; tâ
chons donc de juſtifier
leur coeur au dépens mê→
me de leur jugement , &
PREFACE
faifons voir qu'ils diſent
fouvent tout le contraire
de ce qu'ils croyent dire.
Ils ont cru , par exemple,
faire l'éloge de Mr
Devizé en difant : Il
-
avoit des qualite plus
precienfes que l'efprit ; il
eftoit doux & flateur : il
n'eftimoitpas tout ce qu'il
loüoit . Mr Devizé eftoit
donc , felon eux , un flatteur
qui loüoit ce qu'-
il n'eftimoit pas. En
voyant qu'ils donnent
á iiij
PREFACE
cela pour des louanges ;
que fçay-je s'ils n'ont pas
crû me louer auffi en me
critiquant. Ne puis - je
pas , par exemple , interpreter
favorablement
leur affectation à ne critiquer
que mon premier
Mercure ; ils approuvent
donc les quatre derniers.
Ceux qui auront lû
mon premier Mercure ,
& leur critique feront
étonnez que dans un effay
où il m'eftoit échapé
PREFACE
plufieurs choſes tres - fujettes
à critique , ils ayent
choiſi juſtement le contraire
de ce qu'il falloit
critiquer. Ils difent de
moy dans ma Preface , il
craint que dans fon ftile
on ne reconnoiffel Auteur
des Amuſemens férieux
& comiques.
Je me fuis au contraire
trop déclaré pour eftre
l'Auteur de ce Livre , ils
auroient pû blâmer cette
affectation , s'ils connoil
PREFACE
foient ce qui eft à blâmer
dans un
ouvrage.
Ilfe défie defon naturel,
qui le porte au badin &
auplaifant , & où en effet
ilferamene toujours malgré
luy-même. Que veu
lent -ils dire ? je n'en fçay
rien ; car on fçait que
quand je plaifante c'eft de
bon coeur , ce n'eft point
malgré moy- mefme ,je ne
me défie point de mon naturel.
Ils parlent plus clairement
enfuite : il égaye
1
PREFACE
les nouvelles des Morts
jettefur les Mariages
une impreſſion de douleur
Je n'ay mis dans ces Arti
cles que des noms &des
dattes ; ils me le reprochent
eux-mêmes , les au
rois -je fait rire en difant
fimplement un tel jour
mourut un tel & une telle.
Mais la fuppofition la
plus fauffe eft excufable
dans des Auteurs férieux
quand elle leur produit
un trait badin, ils ne trou
PREFACE
vent pas fouvent occa
fion de badiner agreable
ment.
Aprés cela on doit leur
pardonner s'il leur échape
de pareilles imprudences
, ils n'ont eu que fix
mois pour travailler à
leur Preface , ils ont employé
tout ce temps à rechercher
, à farder , à faire
briller leur ftile , c'eſt à
quoy ils le font attachez
d'abord ; ils ont commencé
par les ornemens ,
a
PREFACE
is n'ont pas eu le loifir de
fönder folidement l'édice.
Ils continuent ainfi à
briller fur mon premier
volume :
Cet ouvrage fi defiré
fut long- temps a paroiftre,
le vol de Mercure ne fut
pas rapide , commefipour
parler dans l'expreffion de
l'Auteur , le grand Dieu
Jupiter luy cut rogné les
ailes ; ilfe montra fous des
des traits qui le déguifePREFACE
rent, & le publicne put
s'empecher de foûrire à ce
nouveau visage.
N'auroient - ils point
entendu fineſſe à ce nouveau
vifage ; Peut-eftre
bien , ce badinage équi
voque eft digne d'eux ;
mais ne perdons aucun
de leurs termes ils font
precieux & tres - precieux.
Le Mercure a uneforme
confacrée..... pour la
conftitution
d'un Mercu
PREFACE
re.... Ilfauty diftribuer
avec précaution des ou
vrages dans l'espece de
Litterature la plus riante-...
Ilfaut de la critique
dans les louanges &
des louanges dans la critique.
Je n'ofe ny louer ny
critiquer ces gentilleffes ,
car le public malin ne
trouveroit
que de la cri-,
tique dans mes louanges ,
& ne trouveroit point de
PREFACE
louanges dans ma critique.
Il doit eftre à peu prés
du Mercure comme des
Poemes
Dramatiques.
où l'Auteur doit toûjours
Le dérober.
ſe
a
Voila une vraye quef
tion fçavante à propofer.
Quel rapport y a - t-il entre
un Poëme Dramati
que & le Mercure Ga- :
lant , & quelles regles.
leurs font communes ?
Voicy par où ils finifPREFACE
fent. Nous esperons de
l'équité du Public qu'il
regardera nos Nouvell's
comme le correctif de celtes
du Mercure de Pa
rises
Je m'imagine
entendre
trier dans la Foire Saint
Laurent : Ce font icy les
veritables ; c'eft nous qui
diftribuons des louanges
& de l'encens delicat.....
& des illuftrations ......
Ils veulent fans doute at
tirer les meilleures prati-
Février 1711. B
PREFACE
1
ques , autre faute dejugement
: croyent-ils que
les perfonnes fenfées voudront
fe placer dans un
Mercure où l'on affiche
qu'on donnera des
louanges, & dont les Auteurs
difent que c'est une
qualité precieuse de louer
ceux qu'on n'eftime pas.
A mon égard j'ai affché
dans ma premiere
Préface , que je n'avois
point d'éloges à vendre
, car je ne prétend at-
"
PREFACE
tirer que ceux qui nefont
point affame de fauffes
louanges ; c'est-à-dire ceux
qui en méritent de veritables.
A propos de ceux qui
méritent de veritables
louanges,je crois que Mr
L.B. aura efté bien éton
né de fe trouver dans la
Préface de ces Meffieurs,
ils ont voulu prévenir le
Public pour leur ouvrage
, en lui faifant acroire
qu'ils font entre dans
A ij
PREFACE
Pidée de cet illuftre Abbé
qui eft à la tefte des Lettres
c qui faifit tôn
jours dans chaque chofe
le point de perfection ; il
ne faifira point une loüange
fi déplacée ; car on ne
lui a point communiqué
le plan du Mercure de
Trévoux , & l'on s'en a→
perçoit bien.
En parlant du Mercure
de Trévoux , j'ai tremblé
de peur qu'on ne me
crut affez injufte pour
PREFACE
confondre les Auteurs
du Journal de Trévoux anouveau
vec ceux du
Mercure; quelle difference?
les Auteurs du Journal
Igavent joindre la politeffe
& la moderation à
la force de leur critique.
C'est dans l'esprit de
cette Societé équitable
& fenfée que le Reve
rend Pere Porée , Profeffeur
d'Eloquence au
Colege de Louis le Grand
a compofé un difcours
*
PREFACE
fur la Satire ; il prononça
te Difcours Latin ,en
préſence de plufieurs illuftrés
de fa Societé; c'eſtà-
dire dans le centre de
la plus pure & de la plus
belle latinité ; il ne laiffa
pas de briller au mileu de
ces grands Connoiffeurs
& d'une Affemblée ſçavante
& nombreuſe, que
fa réputation y avoit attirée.
La modeftie du Reverend
Pere Porée , qui
PREFACE
n'a point voulu communiquer
fon Diſcours, m'a
réduit à en faire un Extrait
fur ce que m'en ont
raporté plufieurs perfon
nes qui eftoient à cette
Affemblée .
Langue
Genre paratextuel
Vers et prose
Courrier des lecteurs
Faux
Domaine
Est rédigé par une personne
Fait partie d'un dossier