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MERCURE
GALANT.
1 A PARIS,
-
M. DCCXI
- Avec Privilege du RU.
rjr £R"GTOTITE
'CAJLAJVX.
*"?'"T *"* 'f",r le Sieur DuF**#
deMJouis in
17 IL
Le prixest30.fols reliéen veau, 4a
15.fols, brochez
*$
A PARIS,
if "Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
, du côté du Palais.
PIERRE RIBOU,à l'Image S. Louis,
sur le Quay desAugustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la nri
SduaFoiinn, tdu côte de la rusr Jacques.
MERCU RE
GALANT.
I. PARTIE.
LITTERATURE.
fARALELLEKVRLESgVE
OuVijfertation, ouDiscours qu'-
on nommera, comme on voudra surHomère&Rabelais. ,
Crrrycz.
- vous en Toflre
foy
9
anonques Homère
écrivant C1Iliade&1'0..
dyj[ee>penja(l és allegories
lesquelles de luyont calefreté
Plutarque, Heraclides,&
c. Si lecroyez,
pourquoynecroirez-vous
lluJJi merveilles occultes
dans ces miennesjoyeuses
&nouvelles chroniques,
combienqu'en les dictant
ny pensasse non plus que
vous, qui par avantu
re beuvezcomme moy;
carà la composition de ce
Livrejeneperdis,n'employay
onquesplus ny autre
temps que celuy de ma
refection
,
sçavoir ep lnbeuvant
& mangeant;
aussi est-ce la jufle heure
décrire ces hautes matieres
&sciencesprofondes,
tomme bien jçarvoitfaire
Homeredont le /abeur
sentoit plus le vin
que l'huile. Autant en dira
quelque Turlupin de
mes livres, ce que prendray
àgloire: car, ocombien
l'odeur du vin est
Pli,içflriand,ri.,înt, priant,
plusceleste & delicieux
quel'huile.
C'cft à peu près dans ces
termes que Rabelais vers
l'an *55o. commença luimême
pour moy, sans le
sçavoirle paralelle que
je devais faire en iy(f.
d'Homere & de luy.
Ces deux Autheurs
ont premièrement cela
de commun j
qu'ils êtoient
nez pour la Poëlie
;ilne manque à Ra-
AI
belais pour estre grand
Poëre que d'avoir écrit
en Vers: son Livre efb
un Poëme en Prose,
quoy qu'il n'ait point dit
d'abord 3
Deesse chantez
Gargantua,&c.Ilprend
sa Lyre d'un air (Impte
comme Hbnlcre, ils
promettent peu l'un &:
l'autre, maisils donnent
beaucoup dans la suite ;
en commençant ce paralelle
,
je promets peu
ainsi qu'Homere^c^onne
beaucoup, ôc je ne
donneray presque rien;
il faut bien qu'il y ait
quelque difference entre
Homere & moy.
Avant que de comparer
les ouvrages de nos
deux Autheurs, comparons
la réputation de l'un
à celle de l'autre
, comparons-
les pourtant sans
comparaison, de peur
d'offenser quelqu'un;
respectons - les comme
-
comme s'ils estoient en:
J core en vie. Encomparant
deux Poëtes, deux
Avocats, deux Medercins,
même deux Magistrats
diray-je aussi
deuxHéros,Ton offen-
[e au moins l'un des
deux; toutparalelle ofsense
l'homme
, parce
que chaque homme se
« croit unique en son espece
: appellons donc cecy
braadinlagee pllultoest q.u-e pa- - Le ton sèrieuX' gâterait
tout: Homere Ô£
consors ic fâcheroient (I
j'empruntois la Lyre divine
pour chanrer Rabelais
; maisRabelais eil
bon Compagnon. Il me
prêtera bien son fiile,.
même pour mettre Homere
au-dessus de luy.
yy- Revenons à nos mou*
y, tons, diroiticy Maistre
y, François,paralellifons
yy
la haute & llliritlque;'
„ renommée Homerien-
»ne, à la renomméeRabc!
aiuenne., de son
temps &dunôtre
nonmoins grande en cf
dimention domina- c€
tion & tyranie, quoi- ee
que Picholine au gré
d'aucuns
, eu égard
aux pays&sujets qu'-
elle domine &tyranni- cc
se : car réputationHomerienne
regne & regna
és cerveaux heroï- e€
ques, scientifiques
, C,"
Philosophiques, Meta-,,,c
physiques
, Alchimi.
„ miques & Cabalis-
„tiques, & Rabelai-
„
sienne,manienerégné
s,
qu'és cerveaux joyeux
des Paht-igruel/fies>
)'
lequel mot de Pantagrueliste
seroit pour-
„ tant par - avanture
>,
mieux & plus sensé-
,', ment fignJÍlcatifJ que
„ nlll autre des grands
„ mots ci-dessussi l'on
5,
l'interpretoir à force
„ d'erudidonjSe de
„ han, han, comme on
faitaucuns jïiot grecs c<
Hoiperiens,inintcll ,,"
giblesaux
-
bonnesc<
gensnon-érudits.<c
Mais je m'amuseu
,,
trop à lanterner & cf
baguenauder endigrç(
fionsjdigressîons'f
Aulfm sont au Le<5teur
ce que font au Voya- «5
geur ,landes arides, u
sabloneuses
)
Se alte- ct
rantes, partant,vite, «
alerte de hait, de <f Jhait,doublons le pas,,
-,
s le pas-,
- - -' jk
-
yy courons aubut,allons
„ au fait,idest, buvons
,, fra is.
Aristote n'a peut-estre
pas dit avant moy que la
beauté de l'ouvrage fait
d'abord la réputation de
l'Auteur,& qu'ensuite la
réputation de l'Auteur
fait souvent la beauté de
l'ouvrage; les beautez réelles
qui sont dans Rabelais
lui ont sans doute d'abord
acquis sa réputation,
mais ensuite sa réputation
a fait trouver dans ses ouvrages
bien des beautez
qui n'y sont pas; je ivay
-garde de croirequ'il en
10it ainsi duPoëteGrec,
chut. laissons parler un
homme plus hardi que
moy ,
c'est Montagne. un Autheur, dit-il,
suissegagner cela d'attirer
,.& embesoignerapréssoy
la Posterité, ce que nonseulementl'habileté.
&
Jiijfifance>mais autantou
ylus lafaveurfortuite du
sijet & autres hasards
peuventgagner, qu'au demeurantun
Autheurse
presente ou par bètise ou
parfinese,unpeu obscurement,
&diversement>
ne luy chaille, nombre
d'esprits le belutant~tese-
(COUtint, en exprimeront
quantite de formes
9 ou
Jelcna ou à cosé , ou au
contraire de la sienne &
qui toutes luyferont honlicur;
c'tj.ce quiafait va"
loir plufteursebofes de
neant, qui a mis ericredirplusieurs
anciens eCrits) t'T,
les Ilchargez.,detoute/orle
de bautez, qu'on avoulu,
une même chose recevant
mille &mille
, &autant
qu'il nous plaist d'images
~& considerationsdiverses ; Est-ilpossiblequ'Homere
ait dit tout ce qu'on luy
fait dire, ~&c.
Est-il possible aussi que
Rabelais ait pensé tout ce
qu'on luy fait penser ?
Non sans doute
, on a
voulujustifier par des applications
fines & détournées,
plusieurs tirades inG..
pides où tombentnecessairement
ceux qui veulent
roûjours parler & toûjours
plaisanter ; quelque fond
de gayeté qu'on puisse
avoir,onn'est pas plaisant
toutes les fois qu'on plaifante
: il faut pardonner
au plus agreable convive
deux turlupinadespourun
bon mot, &C au plus
grand Poëte deux pensées
simplement communes ,
pour unesublimementsimple.
Je ne parle pas d'Homere
deà, diroit Rabe- tcf
lais, il est en les moindres
lanternages fubli- <€
mirifiquemententoufiafmé
; je le vois tout cc"
embrasé .& tout embrasant
d'un feu A- tcf
pollonien; mais après
tout il n'y a point de
feu sans fumée, comme
aussi n'y a-t-il point de
fumée sans feu: fumée
„ je nomme en ce dernier
„cas, réputationodoran-
„ te , comme fumée de
cassolette, ou comme
„ vapeur de musc&d'am-
„ bre- gris delectant les
„ bonnes & fortes testes,
„ mais entestans parfois
j, aucuns à teste-foible,si
„ aucunes y a.
„ Je voulois donc dire
J) par ce didon de fu-
~J
111ée làns feu , que ré-- putatioii ne va point
fê sans merite,laquelle
maxime les fabula- cc
teurs anciens eussent
ainsi allegorisée.
Réputation mariée à
Merite, a engendré Prévention
1 , & par aprés
Prévention,Fille née de,
Réputation,a engendré
sa Merebienplusgrande
& plus belle que n'estoit
naturellement, lors que
fut mariée à Merite. ; -
Homere a environ
: deux millesix cens ans
de réputation acquise ;'),
Rabelais n'en a qu'environ
cent soixante ;
Corneille n'en a qu'environ
cinquante:lequel
des trois doit l'emporter.
A juger seulement par
l'âge des réputations
, ,.
c'est peut-estre la plus
jeune; car plus une réputation
vieillit, plus elle
estabsorbée dans le vaste
fein de la Prévention.
.-j.Vingt ou trente ans
aprés la mort d'un Aut1
heur y c''e1s1t .à' peu pré1s -
là vraye distance ; c'est
le vray point de vûë
d'où , je voudrois juger
de sa réputation.
-
En voyant Homere
àtravers vingt-six siecles
- imaginez - vous
voir de loin une femme
à travers un brouillard
épais; quelqu'un qui en
feroit devenu amoureux
par ouirdire auroit beau
vous crier: voyez-vous
la délicatesse de ces
traits,la douce vivacité
de ces yeux, la nuance
imperceptible des lys &c
des roses de ce tein délicat
; mais sur tout remarquez
bien ce je ne
sçay quoy , ces graces.
Hé morbleu, répondriez-
vous à cet Amant
enthousiasmé,comment
voulez-vous que j'en juge
, à travers d'un tel
broüillard ; il faudroit
quejeusse les yeux d'un
Linx,ou ceux de l'Amour.
;
Voyez
Voyez au contraire un
Autheur de trop prés
,
c'est encore pis ; la réputation
d'un Autheur
vivant est offusquée par
la jalousie de ses contemporains
, par la cabale;
,
on estime mêmesesouvrages
selon le crédit qu'.
il a, selon sa qualité, ses
richesses , ses moeurs ;
que sçai - je moy, mille
autres sujets de prévention
: par exemple, nous
ne sçaurions nous imaginerqu'un
hommeque
nous voyons de si prés
soit si grand homme :
comment seroit-il divin,
nousle voyons boire &
manger avec nous, &c
nous luyentendons sou.
vent dire à tableplus
de sottises qu'à ce gros
yvrognesimple & pesant,
quiparlant& beu.
vant avec une égalité
merveilleuse ,soutient
beaucoup mieux ridée
q^Uon nousavoicdonnée
de luy, que cet Auteur ne
soutient celle que ses livres
nous avoient donnée
de l'élevarion de son genie.
Revenons à nostre
point deVue que je placerois
environ vingt ou
trente ans après la mort
d'un Autheur, afin que
dégagé des préventions
dont je viens de parler,
on puisse juger de toutes
les beautez del'ouvra,
par rapport au goust,aux
moeurs , aux usages, aux
proprietez de la langue,
& à cent autres circont
tances qu'il est essentiel
de bien sçavoir, pour
porter un jugement équitable
& de l'ouvrage
& de l'Auteur, maissur
tout de l'Auteur, car on
peut quelquefois juger
d'un ouvrage par l'ouvrage
seul, mais on ne
sçauroit juger du mérité
d'un Autheur que par
rapport au siecleoù il
a vécu.
, Mais lesujet que je
traiteme mène plus loin
que je n'avois crû ; je
voulois parler feulement
dans ce mois-cy de la ré.
putation, de nos deux
Autheurs,8cdelà préventionqu'on
a pour
eux Réputation ,Prévention;
c'estoù je m'étois
borné. Quelles borlies.,
grand Dieu! le chapitre
de la Prévention
feule rempliroit mille
volumes àne faire qu'un
petitarticle sur chacun
des préjugez qui entrent
dans la composition des
jugemens des hommes : il pourra donc encore
dans la suite m'échaper
quelques traits non-envenimez,
contre la prévention
qu'on a pour les
Anciens; & comme cette
prévention pourroit
allerjusqu'àm'accufer
d'estre prévenu pour
les Modernes, il faut
se dèclarer. Je croy
donc que tout confideré
tout compensé
Homme , pour Homme,
Auteur pour Auteur.
Teste pour Teste ,Ancien,
Moderne, tout est
à peu près égal; parce
que les coeurs & les cerveaux
sont à peu prés fabriquez
comme ils étoient
jadis. A l'égard
d'Homere & de Rabelais,
je les crois chacun
dans leur genre grands
& excellens Autheurs' ';
c'est assez dire pour Rabelais
, mais je crains
d'avoir trop peu dit
en l'honneur d'Homere.
Ceux qui le divinisent,
& qui sont dévoilez à
son culte voudroient-ils
me forcer à l'adorer comme
ils sont.
A ce propos ilme souvient
de ce que dit Rabelais,
non en ses livres
connus, mais en quelque
sien manuscrit. Croyezdonc
si voulez que c'est
baliverne posthume du
grand Balivernier Maître
François.
- Un jour Panurge dans
un Caveau du Temple
6 renommé de 14 dive
-
Bouteille buvoit debout,
-& buvant avaloit, &;,
avalant se déledoit, &. se
-
délectant chantoit : Hé
bon bon bon,que le Vin
- el bon, par mafoy j'en
-rueux boire: Or comme il
chantoit & beuvoit sur
ce ton, un Sacrificateur-
-zélé de l'antique & dive
Bouteille,s'avança tout
courroucé
, vers Panurge
3Ci qu'en son courroux
il l'appella buveur profane
; qu'est-ce à dire,
répliqua le Buveur moderne
: n'est point profane
qui bon Vin boit-, •
qui bon Vin aime, &
qui bon Vin chante.
Non certes,dit le Sacrificateur,
mais tu bois debout,
& c'est mal - fait
car il faut boire à genoux,
tu chante fimpiement
que le Vin est bon ;
il faut chanter qu'il est
divin,car c'est vin grec.
Hé, que m'importe,dit
Panurge, vin Grec ou
Bourguignon, ny celuy-
ci, ny celuy-là, ny
aucun Vin n'estchose
divine: non ce n'est: que
boisson humaine,& pour
ce j'en boiray tout ce
qu'humainen peut boire
humainement & ne la
boiray que debout, ou
assis à table,ouà che*
val
, car on boit aussi le
vin de cheval,mais à
genoux on ne but oncques,
& n'y boiray mie.
Alors le Sacrificateur
homme gravement colerique
n'enrendit point
railleriey & à grands,
coups de Tirfe voulut
faire agenouiller le bon
Panurge; mais luy s'obstinoit
à boire debout,
criant seulement, Bon,
bon,bon, vin pour moy
bon , bon me suffit,bon
veut tout dire. 0 tu diras
divin
3
crioit le Sacrificateur
, tu en viendras
à mon mot; divin,
divin, crioit l'un en battant
: bon bon,bon,
crioit l'autre en buvant
en forte qu'entre ces
deux obstinez ne pou.
voitavenir, non plus
qu'aux Ecoles Aristoteliciennes
aucune folotion
raisonnable. Devinez
qu'elle fut celle-cy,
A force de boire&;
d'avoir bû, le vin manqua
à Panurge, qui pour
lors cria commec'estoit
sa coûtume, des que [a
bouteilleestoit vuide, il
cria, dis-je, du vin, du
vin:enforce quele Sacrificateur
crut oiiir divin?
divin,cette équivoque
Panurgienne finit
ainsi le debat au Temple
de la dive Bouteille, sans
quoy ces deux obstinez y
croient encore, l'un à
battre &c l'autre à boire.
i,:
Autant en pend à
Foeit à quiconque voudra
crier en lisant Homere,
beau, beau beau,
admirable
,
sublime ce
n'est rien dire si l'on ne
crie divin, divin
Or apres ce conte bon
ou mauvais , selon le
Lecteur, adieu vous di-,
fent Homere & Rabelais
jusqu'aux Calendes
Mercuriales du prochain
mois. Si pour lors devriez
revoir Mercure paralelliisant
vous, après
avoir tousse un coup en
boirez trois ou quatre ;
ensuitebesicles pren- drez, si debesicles usez,
& alors lirez peut-estre
merveilles & peut-estre
billevezées
CALCVL
Astronomique.
L On imprime à present
à la Haye un petit Livret
intituleCalculAgronomiquesurladifiance
reciproque
de plusieurs Eclipses
: on m'en envoyc
un Extrait trop rempli
de calculs pour estre placé
dans un Mercure ga
lant ; il est toûjours bon
d'en avertir ceux qui
ont curieux de ces fortes
de sciences : on me
mande qu'on a fait de
ces calculs une application
utile qu'on en peut
faire à la quanticéde l'année
solaire, dont voicy
les Principes communs
marquez au commencement
de l'Extrait.
Le Calendrier Julien
a commencé avant l'alt
de grâce, &c. - L'ordre des Bissextes
y est observé de quatre
ans en quatre ans sans
exception.
Le Calendrier Grego
rien a reformé le Julien
en mil cinq cens quatre,.
vingt-deux.
La reformation a retranché
dix jours de cette
annéemil cinq cens
quatre-vingt-deux.
Elle a fixé la durée
de l'Année Solaire à trois
cens soixante-cinqjours
cinq heures quaranteneuf
minutes.
Elle a determiné qu'à
l'avenir toutes les centiémes
années ne feroienc
plus bissextiles, si ce n'est
de quatre cens ans à quatre
cens ans.
Elle a reconnu le défaut
de correspondance
qui se renconcroit dans
le calendrier Julien entre
les mouvemens du Soleil
&C de la Lune.
De ce petit nombre
Je principes il tire des
consèquences, pour les
calculs modernes par leC:
quels on a prétendu déterminer
l'espace moyen
du mois synodique lunaire
avec plus d'exacitude
que ne l'avoit fait
autrefois Meton l'Athénien
en inventant le
Nombre d'or.
OBSERVATIONS
sur lesFourmis,
Ceux qui obsèrvent h
nature dans Je dessein
d'écrire & de se faire
honneur de leurs découvertes
donnent souvent
le merveilleux pour le
vrây, & leurs imaginations
pour des observations
réelles
-
J'ay plus de confianct"
Cn ceux que la simple
curiositéengagé d'abord
à chercher le vray, & qui
frappez ensuite par le
merveilleux qu'ils y trouvent,
ne peuvent resister
au desir d'en- faire parc* Public,
'i Celuydequije tiens
les remarques suivantes
est encore plus digne de
foy que ces derniers:car
le hasard seul luy a fait
faire cesdécouvertes, &C
il n'avoit nulle envie de ;
les èCllre-;,CC'11CiL que :
par complaisance pour
moyqu'il a employé à
ce petit ouvrage des heutf
res qu'il employe ordinairement
à de plus hautes
études; & c'est une
choseétonnante qu'avec
tout le goût & toute la
vivacité d'esprit qu'on
puisse avoir, il ait eu la
patience de faire des observations
si exactes.
Les Fourmis.
Vous m'avez fait l'honneurde
m'écrire, Monsieur,
pour apprendre de
moy ce qu'un de mes amis
vous avoitdesja dit de
quelques observations
que j'ay faites sur un des
plus petits insectes de la
nature ,
je voudrois pouvoir
satisfaire entièrement
vostre curiosite par
une description exacte,&
pourainsi dire,parl'anatomie
de ce petit animal
vous parler de la maniéré
dont les fourmis s'engendrent,
leurs differentes especes,
comme elles font
rangées dans leurs fourmillieres
& mille autres
particularitez trés-curieuses,
dont je pourray un
jour vous faire part. Comme
je n'ay eu ni assez de
temps, ni d'assez bons microfcopes
pour considererexactementrout
cela,
vous vous contenterez
s'il vous plaist, de ce que
je puis en dire aujourd'huy
,
& dela promesse
que je vous fais de vous en
dire un jour davantage,
sij'ay assez de loisir pour
en faire des nouvelles experiences
, ausquelles je
feray moins engagé par
ma curiosité particuliere
que par l'envie que j'ay
de vous faire plaisir.
Je fis ces observations
à la campagne, où je
passay l'Estéfort solitairement
dans un lieu assez
triste pour moy,ilsemble
que Dieu voulut me susciter
lafourmy pour me réveiller
de la paresse
j compagne
inseparable del'ennuy
yôcme faire entendre
la voix delaSagesse qui
dît:nadeadformicamopiger
Allez à la fourmy, pares.
feux. En effet elle merite
bien quelque attention
parciculiere,puisque la Sagesse
en fait l'éloge
, &
que telle curiosité peut
sèrvirà nous rendre meilleurs
; c en: ainsiqu'en examinant
de prés les plus
petits ouvrages de la nature
on y découvre sans
cesse de nouveaux motifs
d'admirer & de louer
Dieu, & on voit plus d'ordre
dans leur conduire,&,
si je l'ose dire, de sujets
d'édification qu'on ne
trouve pas tousjours parmy
les hommes.
Dans une Chambre à
costé de la mienne que
personne n'occupoit de- rpuislongtemps,til y avoit
à la fenestre une caisse,
avancée de deux piedsde
profondeur, propre à entretenir
des fleurs. Comme
il y avoir long-temps
qu'on n'avoit point cultivé
cette espece de parterre
,
il s'estoit couvert de
platrars
,
& de plusieurs
autres immondices détachées
dutoit,& desmurailles;,
quitoutes reünies
ensemble avec cette terre
par l'eau qui y avoit esté,
formoient un terrain sterile
& sec; d'ailleurs l'exposition
au midy , l'abry
duvent,&dela pluie,&
sur tout le voiGnage d'un
grenier, rendoientcet endroit
un lieu de delice &
d'abondance à des fourniis,
c'estoit-là auni où
elles s'estoient establies en
trois ou quatre fourmillieres
différentes; sans
doute par la mesme raison
qui nous fait bastir
des Villes en des lieux
fertiles & commodes
prés des sources , & des
ruisseaux.
L'envie que j'avois de
cultiverquel que fleur, me
fit examiner cet endroit,
& je transplantay dans un
coin de cette caisse, où 11
terre estoit meilleure,une
tulipe du jardin; mais ayant
jetté les yeux sur les
fourmis que je vis occupées
sans relache à mille
petits soins difterens
, petits
par rapport ànous
mais tousjours tres-utiles,,
& de tres-grande importance
pour elles
,
je les
trouvay plus dignes de
ma curiosité que toutes
les fleurs du monde;j'ostay
bien-tost ma tulipe
pour estre l'admirateur&
le restaurateur de cetre
petite Republique ; voita
tout ce donc elles pouvoient
avoir besoin, car
pour leur police, & l'ordre
qui regne dans leur
societé, il est plus parfait
que celuy des Republiques
les mieux policées,
ainsi elles n'auroient à
craindre que quelque
nouveau Legislateur qui
en voulust changer la forme.
Je m'occupay à leur
procurer toutes leurs petites
commoditez,'ostay
de cette caisse ce qui pouvoit
leur nuire, & j'allois
souveut visitermes fourmis,
& estudier leurs
moindres actions. Comme
je me couchois fort
tard j'allois les voir travaillerau
clair dela Lune,
& je me fuis souvent levé
la nuit pour examiner
leurs travaux, j'envoyois
tousjours quelques unes
aller & venir ça & là, &
tousjours occupées,il semble
qu'il n'y ait point de
sommeil pourelles. Tout
le monde sçait que la fourmy
sort de sa fourmilliere,
& expose au Soleil le bled
qu'e lle tenoit enfermé la
nuit ; ceux qui ont veu des
fourmillieres ont peu remarquer
aisément ces petits
tas de bled autour de
leurs trous.Ce qui m'estonna
d'abord c'est que mes
fourmis ne sortoient leur
bled que la nuit au clair
de la lune, & qu'elles l'enfermoient
le jour, ce qui
estoit contraire à ce que
j'avois vu,&que jevoyois
faire aux Fourmis des au-
, tres endroits:J'en découvris
bien-tost la cause,
c'est qu'il y avoit assez
prez de la un pigeonier,
& que les pigeons, & les
oyseaux seroient venus
manger leur bled si elles
l'eurentexposépendant
le jour,apparam-mcntelles
avoient esté attrapées,&
j'en trouvois souvent lorsque
j'y allois le matin.
Je les delivray bien tost
decesvoleurs,enmetcanc
des morceaux de papier
aubouc d'un fil que le vent
faisoit jouer, & qui'cftoient
attachez audessus
de la fenestre, cela les
delivra des oiseaux; Pour
les pigeons comme ilsvivenr
en societé, dez que
je les eus chassez plusieurs
fois de cet endroit
,
&
qu'ils le virent plus frequente
qu'auparavant, Ils
furent tous bien-tost avertis
qu'il ny avoit pas de
seureté pour eux à y aller.
Aussi je ne les vis jamais
depuis se venir poser sur
cetre caisse: ce qu'il y a
d'admirable, &: que je
n'oserois avancer, ny
peut-estre mesme croire,
si je n'en avois fait l'experience
,c'est que les fourmis
connurent quelques
jours a prés qu'e lles n'avoient
plus à craindre.
Elles commencerent à
estaller leur bled pendant
le jour: je remarquay
pourtant bien qu'elles
n'estoient pas entierement
convaincuës de leur
delivrance, car elles n'oferent
avanturer leurs
biens tout à coup,mais
peu à peu, d'abord en petite
quantité, ôc sans
beaucoup d'ordre, pour
estre prestes à le rentrer
en cas de malheur, observant,
& faisant sentinelle
à l'entour; Enfin
persuadées qu'elles n'avoient
rien à craindre,
elles exposerent tout leur
bled au Soleil, presque
tous les jours avec ordre,
&le renfermoientlanuit
en la maniere que je vais
raconter.
Le trou de la fourmilliere
est percé d'abord en
droite ligne de la profondeur
environ d'un de-
,1llY pouce, ensuite cela
descend en ligne oblique
où elles ont sans doute
leur magazin que je croy
tout à fait distingué de
l'endroit où elles sereposent,
& où elles mangent,
caril n'est pas possible
que la fourmy qui est
propre, & rangée dans
son ménage, & qui jette
hors de sa fourmilliere
toutes les plus minces, &
les plus petites peaux qui
restent du bled dont elle
se nourrit, comme je l'ay
remarquémille sois;voulust
remplirson magazin,
& fouiller son bled de
toutes ces immondices.
Comme la Fourmi enferme
son bled dans la
terre , & que le bled ne
manqueroit pas d'y germer,
nier ,
puisque cela arrive
mesme dans les greniers
si l'on n'a foin de le remuer,
elle pourvoie àcet
inconvenient,& avant de
ferrer son bled dans la
fourmilliere , elle a soin
d'en couper le germe ainsi , tout le bled qui a
estédans unefourmilliere
ne scauroitrienproduire,
c'estuneexperience qu'on
peut faire aisément, il suffit
mesme de ses propres
yeux pour voir qu'il n'y
a plus de germe. Mais
quoyque ce germe soit
cou peil y a encore un autre
inconvénient ; comme
tout ce qui ne produit
pas se ramolit ou se corrompt
dans le sein de la
terre, & d'ailleurs la nature
d'elle mesme tend
toujours à l'accroissement
& à la propagation, le
bled sentant l'humidité se
gonfle
,
se remplit d'humeur,
& ne seroit plus bon
pour nourrir la fourmy
qui le veut sec, & bien
appresté de la mesme maniere
que nous ; la fourmy
par son industrie ,'&
son travail remedie à cet
inconvenient, & elle fait
tant par ses soins que le
bled le conserveaussi sec,
& aussi pur dans sa fourmilliere
que nous le conservons
dans nos greniers
voioy donc comme elle
si prend.
Elles rassemblent certaines
petites particules
de terre seche qu'elles
sortent tous les jours de
leur fourmilliere,& qu'elles
rangent tout autour
pour la faire cuire au Soleil,
chacune en porteun
petit fc\rïn avec lès
-
jtirpces,
la pose auprès de son
trou, & va ensuite en
chercher autant,ainsi à
force d'assiduité, detravaH-,
& d'ouvriers, en
moinsdun quart d'heure
vous voyez entasséautour
efe ce trou une infinitéde
petites parties de cette
terre sec he,quiest celle
sur laquelle elles- posent
Peur bîexi, & dont elles
le couvren-r dans leur Mkgazin;
j'aivû qu'elles faisoientce
manege presque
tous les jours, pendant
Fardeur du Soleil,&lorsque
sur les trois ou quatre
heures le Soleil ne
donnoic plus sur cette fenestre,
comme la cerreeproic
chaude & bruslante,
elles ne l'ostoient point
encore jusqu'à ceque l'humidité
de l'om bre, &de
la nuit commençoit tant
foit peu à se faire sentir,
pour lors elles renfermoient
leur bled & leurs
particules de terre cuire.
Comme rien nVft exempt
de censure, &que
quelqu'un pourroit bien
pouffer sa critiquejusques
sur les fourmis, je croy
qu'il est necessaire icy de
la justifier dans sa conduite,&
d'en faire voir la
sagesse
; on pourroit dir
qu'il paroist ridicule que
la fourmi se serve de cette
terre sèchequ'elle fait encore
cuire au Soleil avec
tant de peine; plustost
que de sable,ou des brins
de pierre ou de brique. A
cela je reponds
,
qu'en
cette occasion rien ne
peut mieux convenir à la
Fourmi, que cette terre
cuite au Soleil. Car outre
que le bled se gaste
sur le sable, & qu'un bled
dont le germe est coupé,
êc qui est entamé se rempliroit
de petites parties
graveleuses tres difficiles
àoster, & se gafteroit bien
davantage, c'est encore
que le sable eslansdivisé,
& se divisant toûjours en
des parties trop petites,
les pinces des fourmis ne
sont pas assez delicates
pour les rassembler ainsi
brin à brin, ce travail fèroit
bien plus pénible
pour elles; C'est pourquoi
on voit rarement des
Fourmis, auprès de rivieres,&
dans un rerrain fort
sablonneux,
Pour cequi est des petites
particules de brique ou
de pierre, la moindre humidité
ne manqueroit pas
de les joindre, d'en faire
une espece de mastic que
les fourmis ne pourroienc
diviser, ce feroit un ouvrage
trop embarrassant
pour elles, quand elles se
seroient ainsi colées dans
leur fourmilliere elles ne
pourroienc
pourroient plusen sortir , &cela en troubleroit l'arrangemeht.
Silapluspart
de ces petits autheurs qui
fourmillent aujourd'huy
se conduisoient , en tout ce
qu'ils font avec autant de
raison & de sagesse que les
fourmis, il seroit glorieux
pour eux que l'on critiquast
leurs ouvrages, ôc
jquu"onslets iofbliigeeastrà.les
Apres que la fourmy a
ainsi sorti de sa fourmilliere,
& exposé au Soleil
toutes ces particules de
terre seche, elle sort ensuite
son bled delamefme
maniéré grainagrain
elle le range à l'entour de
cette terre,ainsi l'on voit
deux tas en rond autour
de leur trou, l'un de cette
terre seche ; & l'autrede
bled;& apres qu'elles ont
forci & rangé toutleur
bled, elles sortent encore
un reiïe de cette terre seche
sur laquellesans doute
leur bled estoit estendu,
ce qui fait inferer tres-ju-.
stement de quellemaniére
tout cela doit estre ran-
-¡
gé dans leur lnagafin,
Au reste la rourmy ne
fait cette manoeuvre que
quand le temps elt ferain,
& le Soleil bien chaud
,
car personne ne se connoist
mieux au temps que
la fourmy. Je remarquay
qu'un jour les Fourmis
ayant expose leur bled au
Soleil à onze heures du
matin,elles l'osterent contre
leur ordinaire avant
une heure après midy
lorsque le Soleil estant,
encore ardent,&leCiel
fort serain,il ne paroissoit
aucune raisond'une telle
conduite;mais une demiheure
après le Cielsecouvrit
,
ôc je vis tomber une
petite pluie,que la Fourmy
avoit bien mieux prévûquel'Almanach
deMilan
qui avoit prédit qu'il
ne pleuvcroit pas jour-là.
, J'ay desja dit que ces
fourmis dont je prenois
soin, &qui avoient toute
mon attention, alloient
chercher du bled dans un
grenier à costé.duquel elles
s'estoientetfablies,;iil
n'y avoic pas
actuellement
du bled, mais
comme il yen avoit eu
autrefois
,
il y en avoit
encore assez pour qu'elles
trouvaient à glaner,
j'allois souvent les voir
faire dans ce grenier,
comme il y avoit de vieux
bled, & qu'il n'estoit pas
égalementbon, je remarquay
qu'elles ne prenoient
pas tout indifféremment,
& qu'elleschoisissoient
lemeilleur.
J'ay veu par plusieurs
experiences dont le détail
seroit trop long , que la
fourmy ne fait gueres
provision .que
-
defroment
quand elle en trouve,ôc
elle choisit toujours le
plus beau ; mais elle est
sage, & sçait s'accommoder
au temps, quand elle
n'a pas de froment,elle
prend du seigle, de l'avoijie,
du millet, & mesme
des miettes de croûte de
pain., mais rarement de
l'orge, il faut que la disette
foit grande, & qu'elle
n'ait pas trouve d'autre
grain lorsqu'elle enimporte
dans sa fourmilière.
Comme je voulois estre
de plus prez témoin de
leur prévoyance, & de
leurs travaux, je mis un
petit tas de bled dans un
coin de cette chambre où
elles estoient, qui n'estoit
habitée de personne, ë.;.
afinqu'elles n a llalîenc
plus en chercher dans ce
grenier j'en ferma y lafenedre,
6e en bouchay bien
les fentes
;
Cependant
comme rien ne pouvoit
les avertir du bled que
l'avois mis dans cette chambrer qu'elles n'en
pouvoient deviner l'endroit,
carquoyque je leur
connoisse beaucou p de
genie je ne croy pas qu'il
y ait des forciers parmy
elles;Je m'apperceus pendant
plusieurs jours de
leur embarras, & qu'elles
alloient chercherfortloin
leurs provisions, je les
laiffayquelque temps
dans cette peine, car je
voulois voir si à force de
chercher elles feroienc la
découverte.,du petit tresor
que j'avois caché pour
elles, &m'éclaircir si la
fourmy comme les autres
animaux pouvoir connoistre
par l'odorat ce qui
sert à sa nourriture,& si
sa veuë portoit assez loin
pour le voir; elles furent
ainsi quelque temps
moins à leur aise, elles se
donnoient bien de la peine,
je les voyoisvenir de
fort loin, & aller l'une
d'un costé,l'autre d'un
autre chercher quelque
grain qu'elles ne trouvoient
pas toujours, ou
qui ne se trouvoit pas à
leur gré aprèsdepenibles
&longues courses; ce
qu'il y a de merveilleux
dans ces petits animaux,
c'est que leurs courses
n'estoient jamais inutiles,
pas une ne revenoitau
giste sans apporter quelque
choce, quand ce n'auroic
esté qu'un brin de
terre seche pour l'entretien
de leur bled:lorsqu'elles
n'avoienc rien trouvé
de mieux
,
l'une portoit
un grain defroment, l'autre
de seigle
,
d'avoine,
enfin chacune ce qu'elle
avoir peu trouver, mais il
n'yen avoit presque jamais
aucune qui revint les
mains vuidesà la maison,
& qui eust fait absolumentun
voyage inutile.
La fenestre sur laquelle
estoient ces fourmis,
donnoit surun jardin, &
estoit au secondestage
les unes alloient jusqu'au
bout de ce jardin, les autres
au cinquiéme estage,
pour chercher à trouver
quelque grain;c'estoitun
penible voyage pour eltes
, sur tout quand il falloit
revenir chargée d'un
grain de bled assez gros,
qui doit estre une charge
bien pesance à une fourmy,
&tout autant qu'elle
en peut porter. Or pour
aille porter ce grain du
miiieu du jardinàsa fourmilliere
elle mettoit environ
quatre heures; ainsi
on peut sçavoir par là la
juste mesure de sa force,
& de son infatigable ardeur
pour le travail, &
asseurer quelle fait la
mesme chose qu'un hom-
Dle) qui presque tous les
jours feroit quatre lieuës
à pied, portant fils ses épaules
un fardeau des plus
pesans qu'il puisse porter;
Il est vray que la fourmy
traisne un peu son fardeau,
& se fatigue moins
quand elle est sur un terrain
plat. Mais aussi qu"elle
peine n'eil: ce pas pour
cette pauvre fourmy lors
qu'il faut monter ce grain
de bled au second estage,
grimpant tour le long
d'une muraille la teste en
bas & le derriereen haut,
il auroit fallu la voir pour
juger de son embarras,
& la penible situation où
elle est enmarchant ainsi
à reculons, les pauses
qu'elles font alors prefqu'à
tous les endroits
commodes qu'elles rencontrent,
font bien juger
de leur lassitude: j'en ay
veu ainsi detres-embarassées)
& qui ne pouvoient
absolument en venir
à bout; en ce cas elies
s'arrestent, & leurs compagnes
plus sortes, ou
moins fatiguées, après
avoir monté leur bled à
leur fou rmilliere, descent
-
dent ensuite pour les aider
: Ily en a que le poids
du fardeau entraifne
,
ôc
qui sur le point d'arriver
au but, tombent de fort
haut avec leur bled;quand
cela arrive elles ne laissent
gueres échapper leur
grain, & se trouvant en
bas avec luy le remontent
encore.
J'en ay veu un jour une
des plus petites,qui avec
plus d'ardeur ôc de courage
que de force, montoit
un grain de froment des
plus gros avec des efforts
incroyables; estant arrivée
enfin au bois de cette
caise avancéeoùestoit la
fourmilliere,& sur lepoint
de finir une coursesipenible,
pour trop se presser,
trébuchaavec son fardeau
: voila un contretem
ps bien fâcheux
,
qui
auroir fait pester un Philosophe.
Je vis à peu prés
l'endroit où elle estoit
tombée, j'y descendis,&
je la trouvay avec son met
me grain dans ses pinces,
qui alloit commencer à
grimper de nouveau comme
mé siderien n'estoit. Cela
luy arriva jusqu'à trois
fois, tantostelle tomboit
au milieu de la course,tantost
un peu plus haut, mais
ellene quittoit jamais prise,&
ne serebutoit poinr;
àla fin les forces luy man- quèrent elle s'arrefta en
unendroit, & une autre
fourmy luy aida à porter
son grain
,
qu'elle estoit
bien mortifiée de ne pouvoir
porter seu le
,
sans
doute pour se signaler par
quelque chose de grand ;
c'est peut-estre ce qui l'animoit
si fort, car c'estoit
un grain de fromenc des
plus beaux ôc des plus gros
qu'une fourmy puisse porter.
Il y en a à qui le bled
échappe des pinces lors
qu'elles le montent, pour
lors elles se précipitent
aprés leur proye & la reprennent
pour la remonter
; que si par malheur elles
ne trouvoient pas le
grain qui leur est ainsi échappé
,
elles en cherchent
un autre ou quelque
autre chose, honteuses
de retourner à leur
fourmilliere sans rien apporter
, c'est ce que j'ay
experimente en leur oc.
tant le bled qu'elles cherchoient.
Toutes ces experiences
sont aisées à faire;
si l'on a assez de patience,il
l'afaut bien moindre que
celle des fourmis, mais
peu de gens en font capables.
Elles furent ainsi reduites
à chercher leur vie à
l'aventure. depuis que
j'eus fermé rentrée de ce
grenier si commode & si
fertilepour elles ; enfin
comme sans mon secours
ellesn'eussent découvert
de long-temps les fonds
que j'avois establis pour
elles dam lachambre où
elles eftoienr,/:
Pour voir lufquou pouvoit
aller leur genie je me
servis d'un moyen qui me
reüssit, & qui pourra paroistre
incroyable à ceux
qui n'ont jamis fait attention
que les animaux de
mesme especes qui forment
une societé, sont
plus raisonnables que les
autres. Je pris donc une
des dlus grosses fourmis
que je jettaysurde J>eîk
tas defrom~n~
de sevoirprise,~ala ,.
qu'elle eut d'eftfS^rctàfi
chée
,
fit quelle ne songea
qu'à s'enfuir, & qu'elle
ne s'avisa pas de prendre
du bled, mais elle le
remarqua bien, car estant
retournée à sa fourmilliere,
une heure apréstoutes
mes fourmis furent
averties de cette provision,
& je les vis presque
toutes aller charierle bled
que j'avois mis en cet en:
droit: je laisse à penser 'si
l'on ne doit pas inferer de
là qu'elles ont une maniere
de se communiquer
entr'elles ce qu'elles veulent
s'apprendre; car il
n'est paspossible qu'une
heure ou deux aprés elles
çuflênt peu estre autrement
averties du bled que
j'avois mis en cet endroit;
elles n'allerent point enfuite
en chercher ailleurs,
JÔC elles l'épuiserent bientost
,desorte qu'il fallut
en remettre, ce que je
faisois en petite quantité,
pour connoistre la juste
mesure de leurappetitou
de leur avarice énorme ;
car je ne doute point qu
elles ne fassent des provisions
pour l'hiver & pour
les temps facheux
,
l'Ecriture
nous l'enseigne, mille
experiences le font
voir, & je ne crois pas
qu'on en ait jamis fait qui
montrent raifonnablement
le contraire. J'ay
desjaditqu'il y avoit ci-&
cet endroit trois fourmillieres
quiformoient corn*
me trois Villes differentes,
mais gouvernées fé-
Ion les mesmes loix, & où
l'on voyoir observer à peu
prés le mesme ordre, &
les mesmes coustumes ; il
y avoic pourtant cette difference
que les habitants
d'un endroit sembloient
avoir plus d'industrie &
de genie que ceux des au*,
tres : les fourmis paroissoient
mieux rangées dans
cette fourmilliere, leur
bled estoit plus beau,leurs
provisions plus abondantes
, leur fourmilliere
mieux peuplée, & les Citoyens
toyens en estoient plus
gros & plus forts, c'estoitlà
la principale&comme
la capitale des deux autres
} j'ay mesme remarque
que ceux de cet endroit
estoient distinguez
des autres, & avoient
mesme quelque prééminence
sur eux.
Quoyque cette caisse
où estoient les fourmis
fust ordinairement à l'abry,
il pleuvoit quelquefois
d'un certainvent qui
coup,car la fourmy craint
l'eau, & lorsqu'elles vont
loin chercher leur provision,
& que la pluye les
surprend
,
elles s'arrestent
ôc semettent à l'abry sous
quelque tuile ou ailleurs,
& ne sortent qu'aprés la
pluyepassée. Lesfourmis
de cette principale fourmilliere
se servoient d'un
expedient merveilleux
pour s'en garantir chez
elles; il y avoir un petit
morceau d'ardoise plat
qu'elles traisnoient sur le
trou de leur fourmilliere
lorsqu'elleprévoyoient la
pluye, & l'en couvroient
presque toutes les nuits,
elles se mettoient plus de
cinquante aprés ce morceau
d'ardoisesurtout les
plus grosses & les plus fortes
,& tiroient touteségalement
avec un ordre
merveilleux, elles lot
toient ensuite le matin, &
rien n'estoit plus curieux
que de voir cette petite
manoeuvre ,
elles avoient
rendule terrain raboteux
autour de leur trou, de
forte que ce morceau
d'ardoise n'appuïoit point
à prtat sur leur fourmilliere,&
leur laissoit un espace
libre pour aller 6c
venir par dessous; celles
des deux autres fourmillieres
ne reüssissoient pas
si bien à se garantir de
l'eau, elles mettoient sur
leurs trous plusieursplatrats
l'un sur l'autre, mais
la pluye les incommodoit
tousjours le lendemain
elles se donnoient des
loinsôe des peines incroyables
pour reparer le
dommage des eaux: c'est
ce qui fait qu'on trouve si
souvent des fourmis sous -
destuilesoù ellesestablissent
leur fourmilliercs
pour se mettre à l'abry de
la pluye,mais les tuiles
couvrent tousjours leur
fourmilliere de maniere
que cela ne les embarasse
en rien, & elles vont exposer
leur bled & leur
terre seche au Soleil au
dehors & à l'entour du
tuilé qui les couvre,
c'est ce qu'on peut voir
tous les jours:je couvrois
les deux fourmillieres qui
ne pouvoient peut-estre
se donner du secours d'elles
melmes,pour celles de
la fourmilliere principale
c'eust elleuncharité Inal
employée,elles estoient
assez grandes pour pouvoir
se mettreal'abry.
Mr.dela LoubereAinbassadeur
à Siam, dans la
Relation qu'il a donnée
au public, rapporte que
dans un canton de ce Royaume,
sujet à de grandes
inondations, toutes les
fourmies en cet endroit
ne s'establissent que sur
les arbres, on ne voit
point ailleurs de fourmillieres
, elles les placent
assez haut pour estre tousjours
au dessus des inondations.
Il seroit inutile
de rapporter icy tout ce
qu'en dit Mr. de la Loubere,
il n'y a qu'à lire la
Relation de Siam.
Voicy une experience
assez curieuse que je fis
sur le mesme terrain ou
estoient mes trois fourmillieres,
j'entrepris d'en
establir une quatrième, &
je le fis de cette maniere.
Dans le coin d'une espece
de terrasse assezéloigner
de là, je découvris une
fourmilliere nombreuse
en citoyens, & dont les
fourmis estoient beaucoup
plus grotesque toutes
celles que j'avois desja
veuës
,
mais il s'en falloit
bien qu'elles fussent si riches
en bled, & si bien
policées que mes fourmis;
je fis d'abord un trou sur
cette caisse qui avoit la
mesme forme qu'un trou
de fourmilliere. Je jerray
là, pour ainsi dire, les son
demens d'une nouvelle
Ville,je pris ensuite toutes
les fourmis que je pus
decette fourmilliere de la
terrasse
,
& les mis dans
une bouteille pour les verfer
à l'endroit où efioient.
mes trois,fourmillieres,&
où je leur avois trace le
plan d'une nouvelle maison.
Commeil m'estoit
impossible de prendre
toutes celles qui y eitoient,
& que je ne voulois
pas que celles que je prenoisyretournassent,
ceque
pavois lieu de craindre
je detruisis leur ancienne
demeure
,
j'y jerray de
l'eau boüillanre pour faire
mourir toutes celles qui
restoient, & je renversay
tout l'édifice, je répandis
ensuite toutes ces fourmis
dans le lieu où je voulois
les establir, mais pas une
ne voulut se tenir dans ce
nouveau trou , elles s'en
allerent & disparurent
toutes en moins de deux
heures
,
cela me fit perdre
esperance de faire une
quatrième fourmilliere en
cet endroit.
Deux ou trois jours apres
ayant paffé par halard
sur cette terrasse
,
je
fus rout surpris de voir la
fourmilliere que j'avois
renversée,restablie avec
autant ¿' d'arrangement
r> que s'il n'y estoit jamais
rien arrive; je m'obstinay
pour lors à les chasser
de cet endroit,&àles establir
au près de mes trois
fourmillieres
,
je reconimençay
donc ce que j'avois
desja fait,avec cette
différence que la seconde
fois je mis de la poudrer
& du souffre dans leur
trou, & fit jouer une petire
mine qui renversa
tout, ensuite ayant porte
toutes les fourmis que j'avois
prises,anprés de mes
trois fourmillieres dans
l'endroit destiné. Comme
il pleuvoit très-fort pour
lors, & qu'il plut toute la
nuit, elles s'y refugierent
pendant tout ce temps,&:
le matin lorsque la pluie
eut cesse, la moitié&metiés
trois quarts de mes
fourmis décampercnt
pour aller rétablir leur dsmeure
ruinée ; mais en
ayant trouve apparemment
le dommage irréparable
à cause de cetre odeur
de souffre& depou--
dre qu'elles detestent, ôc
qui leur est mortelle :elles
revinrent, & s'eftablirenc
à l'endroit que je leur a-"
voistracé qu'elles accomr
moderent à merveille, elles
eurent bien-tost fait
alliance avec leurs voifi- *
nes qui leur aiderent en
tout dans leurs travaux
exterieurs, car pour ceux
du dedans il n'y avoit qiiÓ'
7 jt.
elles qui s'en messassent
suivant les loix inviolables
establies entre elles. jà
, ,,
Jamais une fourmy
n'entre dans une fourmilliere
étrangerelles ne frequentent
d'autre maison
que la leur; si une d'entreelles
vouloit hazarder
d'y entrer,elle en (eroie
cha(Te'e& severement punie
;
j'en ay souvent pris
d'une fourmilliereque j'ai
fait entrer dans une autre
à costé
,
mais elle en sortoit
bien viste ayantà ses
rrousses deux ou trois
fourmis qui la poursui,
voient vivement, je voulus
faire plusieurs fois ce
manege avec la même
fourmy, mais à la fin les
autres s'impatienterent
&ladechirerent , par morceaux
; jay souvent fait
peur avec mes doigts à
une fourmy ,& l'ay poursuivie
jusqu'au prés d'une
autre fourmilliereque la
sienne, lui fermant tous
les passages par où elle
pouvoit aller à son gifle,
il estoit naturel qu'elle se
réfugiaitoùelles se trouvoie
alors, car il y a bien
des hommes qui ne raisonneroient
pastant êc
qui se jetteroient dans un
puics ou par une fenestre
pour éviter des assassins
qui les poursuivroient
mais pour la fourmy en
question elle se détour'w'
noit d'un trouqui n'estoit
pas le fien
,
& avoirtant
de peine à y entrer qu'elle
tentoit plustot toutes
fortes de moyens les plus
difficiles, &: ne le faisoit
que dans la derniere excremité
,&quelquefois
1
1
à mesme
mesme elles aimoient
mieux se laisser prendre,
c'estune experience que
jay souvent faire. Ainsi
c'estune couflume inviolable
parmy elles de n'entrer
jamais dans la maison
d'autruy : elles n'exercent
point l'hospitalité
., mais d'ailleurs elles sont
fort secourables les unes
envers les autres, & s'aident
dans tous leurs travaux
exterieurs, mais elles
posent les fardeaux à la
porte & les laissent entrer
à ceux de la maison.
Elles entretiennent entre
elles un petit commerce,
& l'on a tort de dire
que la fourmy n'est pas
presteuseycar j'ay veu que
les fourmis se preftoienc
du grain. Elles font des
éc hanges, se préviennent
par toutes sortes d'offices
mutuels; & je puisaneurer
que si j'avois eu assez
de loisir & de patience
j'aurois remarqué une infinité
de choses plus admirables&
plus curieuses
que tout ce que je viens
de dire ; par exemple la
maniere dont elles se prestent&
se rendent leurs
prests, si c'est en la mesme
quantité, ousi elles
n'exigent pas quelque usure,
si elles payent les
estrangeres qu'elles employent,&
qui les aident
dans leurstravaux.Je croy
qu'il n'estpointimpossible
d'examiner toutes ces
choses& il seroit ensuite
bien curieux de voir leurs
maximes de Droit, peutestre
en tirerions-nous de
grands avantages pour
nostre police, comme la
Sagesse nous les propose
pour modeles de nos
mou s.
Elles n'ont point d'ennemis
qui aillent les attaquer
en corps d'armée,-
comme on le dit desabeilles;
tout ce quilesinquiette
ce sont les oiseaux. qui
vont quelquefois manger
leur bled quand elles l'estallent.
au Soleil, mais elles
le tiennent enfermé
lorsqu'elles ont des voleurs
à craindre, on dit
mesme qu'il ya des oiseaux
qui lesmangent,
mais c'est ce que je n'ay
pas veu arriver en l'endroit
où estoient mes
fourmis; les petits vermisseaux
& les vers de
terre les inquiettent aussi,
mais pour ceux la elles en
viennentaisémentàbout,
& les chassent de leur
fourmilliere lorsqu'il sen
trouve ,,
les traisnent, Se.
les tuent. J'ay remarqué
qu'e lles se punissoient ,
& qu'elles chastioient.
cel es qui sans doute avoient
manqué à leur de-;
voir, ôc mesme elles en
tuoient quelquefois ,ce
qui se faisoit en Ce 111ec- quisefaisoitensemettant
trois ou quatre aprés
elles, l'une la tiroit d'un
costéavec les pinces, l'autred'un
autre, & elles la
déchiroient ainsi
: d'ailleurs
on ne remarque
point de differens parmy
elles, ce qui me fait croire.
qu'il faut, ou que leur
discipline soit bien severe
pour entretenir un tel ordre
, ou qu'elles ayent
bien l'esprit de l'ordre 8c
de societé pour n'avoir
pas besoin d'une discipline
severe.
Dans quelleRepublique
a-ton jamais remarque
plus d'union,tout est
commun parmy elles ce
qu'on n'a jamais vû nulle
part, les Abeilles dont on
raconte des choses si merveilleuses
ont chacune
leur petite celule dans
leur ruche, le miel qu'elles
y font leur est propre ,
chacune en p-articulers1eanourrit,&
a sa petite affaire
à part, tous les autres
animaux en font de
mesme,&: s'arrachent souvent
les uns aux autres
leur portion; chez les
fourmis il n'en eil: pas
ainsi
, parmy elles tous
les biens sont communs
ellesn'ontrien en propre,
ce grain de bled que la
fourmy apporte chez elle
,
se met dans une masse
commune, ce n'est
point pour elle en particulier
c'est pour route la
communauté , l'interest
commun ,
& particulier
n'y sont distingués en
rien; jamais une fourmy
netravaille pour elle feuîe,
elle travailletousjours
pour
pourla societé en tout ce
qu'ellefait.
Il ne sçauroit leurarriver
aucun facheux accident
que leur soin, & leur industrie
ne repare, rien ne
les décourage,rienneles
rebutte;on n a qu'adc~.
truire leur fourmilliere,
êc tout bouleverser chez
elles, deux jours aprés
tout est réparé, & rétably
dans le mesme ordre
sans qu'il y paroisse la
moindre c hose,c'e st ce que
chacun peust voir tous les
jours
, & experimenter
qu'il est tres difficile dé
leschasser de leur demeure
quo) qu'on fasse sans
en faire mourir les habitans;
car tant qu'il y en
restera un petit nombre
elles se restabliront tousjours.
J'oubliois de vous dire,
Monsieur,que jusques icy
le Mercure a esté pourelles
un poison mortel, &
que cest le meilleur moyen
de les détruire; jay
quelque ressource à leur
fournir sur cet Article:
encore quelque temps, &
vous entendrez peut-estre
dire que j'ai recommodé
le Mercure avec les fourmis.
: EXTRAIT.
Il nous est venu des Pays
Estrangersun Receüilqui
Comprend diffc'rentsE..
crirs sur les affaires d'Allemagne
que peu de gens
entendent bien, mais sur
lesquelles c'est la mode
aujourd'hui de raisonner
sans lesentendre;ce recuil
contient des reflexions
Politiques sur la fituatioii
presente dAllemagne,&
des avis dont lesEledeurs
& les autres Princes de
l'Empire pourront faire
usagesicet imprimé leur
tombe entre les mains.
Il y est parlé du Testament
d'un Ministre: de
l'Empereur Léopold lequel
y donnoit à son tnaiP.
tre pourassujettir l'Ailemagne
à sa Maison des
avis qui sontàla portée
de tout le monde~& qui
ne se ressentent pas des
1-. ..,J_.;
rafinemens de Machiavel.
On y voit beaucoup plus
d'intention de mal faire
que de capacité.Depuis
la publication du Telta.
ment Politique du Cardinal
de Richelieu qui s'est
acquis tant d'estime dans
le Public, bien des personnes
moins habiles que
luy ont voulu en composer
aussi.
UndesEcrits duRecuëil
dont je parle est une Lettretouchant
le Royaume
deBoheme, dans laquelle
on voit qu'elle a esté
la destinée de ce Royaume
fous les Rois de la
Maison de Luxembourg;
& des Jagellons, & d'Autriche.
Ses Princes ont
prétendu estre héreditaires
,
& les Bohemiens
ont prétenduqu'ils estoient
electifs. J'ay entendu
dire qu'on avoit des
Actes par lesquels il paroissoit
que rEmpereur
Rodolpheôcl'Empereur
Mathias Roy deBoheme
dela Maisond'Autriche
reconnoissoientlesprétentions
des Bohemiens pour
n'estre pas mal fondées,
mais la Lettre n'enparle
point. On y voit que les
Bohemiens pourroient
bien contester à l'Archiduc
le droit de prendre
seance dans le Collegé
Elecrotal en qualité de
Roy de Boheme.
L'autre Ecrit qui est le
fecond dans l'ordre de ce
Recuëil où on l' a renferméentre
les deux dont
jeviensde parler, paroist
tres -
solide & tres-sensé.
On y traite à fond la question
si l'Empereur peut
mettre au Ban un Eftàè
de l'Empire avec le concours
du seul College des
Electeurs,sansen consulter
le College des Princes
& le College des Villes
, sans faire l'application
de la question à aucun
; car l'article 28. de
laCapitulation Im periale
semble dire que l'Empereur
peut le faire avec le
consentement préalable
des Electeurs; mais l'Autheur
fait voir doctement
qu'elle ne peut estre entenduë
ainsi. La Capitulation
Imperiale qui n'est
dressée que par le College
des Electeurs,estunActe
subordonné à ceux qui
ont esté dressez par les
trois Colleges, c'est àdi*-
re, par l'Empire entier.
Telleestla PaixdeWestphalie
qui a esté mise par laDietede 1654.au nombre
des Constitutions de
l'Em pire. Or cette Paix
parle du Ban des Estars
de l'Empire comme d'une
matiere reservée aux Dietes.
Les Electeurs ne peuvent
doncen dressant la
Capitulation, s'arroger à
eux seu ls le droit d'authoriserun
Ban par leur
concours quand tout
l'Empire se l'est reservé.
Il cit facile de faire l'a pplication
de cette question
au cas où sont les
Electeurs de Cologne &
de Baviere. La proclamation
fulminée contre l'Electeur
de Cologne en
i-;o<. & le Ban publié en
mesme remps contre rE.
leétcur de Baviere furent
faits sans que l'Empereur
Joseph cuit consulté les
trois Colleges. L'affaire se
pouvoir se differer,& d'ailleurs
laDieteestoitactuel.
lement sceante à Ratisbonne.
La proclamation
contre l'Electeur de Cologne
,
ni la Sentence rendue
contre l'Electeur de
Baviere ne peut s'appeller
Ban, parce qu'il n'en a
point toutes les formes,
commeon la prouvé clairement
par un petit imprimé
qui paroist il y a
quelques années. Ce dernier
Ecrit dont j'ay parlé,
a paru aussi il y a deux
ans, or on donnera le
mois prochain d'autres
Remarques écrites sur
l'estat present de l'Allemagne.
MERCURE,
II. PARTIE.
AMUSEMENS.
,
2. Chansonsnouvelles.
Quise peuvent chanter
separément, mais
, elles font faites pour
estre placées entre
les trois Couplets
qu'on a donnez dans
le mois precedent.
Onamisicy en petit
caractere ces trois
Couplets avec les
deux Chansons nouvelles,
dans l'ordre
où Ce doitchanter le
tout ensemble.
1. Couplet.
LE vin nousfait parler le
vinnousfait tairey
Lesilence à longs traits s'avale
avec levin, .,
Et le caquetse trouve au fond do
verre,
'Dés qu'on le voit on jaz.e comme
une commere
De la voisine & du voisin,
De la cousine & du cousin,
Dugalant homme&dufaquin,
iEt d'Alexandre
De Jupiter& de Catin.
Adieupudeur,adieu mystere, *
Viste, viste, viste,pourmefaire
taire,
Remplissezmon verre,
On ne dit motpendant qu'on boit,
L6vin m'afaitparler & le vin
,
I. m'a faittaire. CHANSON. LEvin endortl'amour,&
levin
le reveille.
L-icidas agitéd'une, aï
moureuseardeur,
Ne pouvoit s'endormir
sans vuider la hou.
teille,
Fdu le rend heureux;
il dortsur son bonheur.
A boire à cet ingrat dor.
meure
Le vin endort l'amour
& le vin le réveille.
2. Couplet. L E vin nous faitparler,& le
vin nous fait taire.
Lorsqu'à table un sçavantlar
perçoit à propos
jQuun esprit naturel va le con-
,
fondre,
S'il
y répont par boire, il hy
peut mieux répondre.
Maissi,buvant plus qu'il ne
faut,
'Vlflt prouverpar de grands
mots
Que les modernes font des sots
, pue les anciens sont sans defjÛftt,
Que tous les secrets du tres- haut ;S(}nt developpez. dans Hemere,
Viste, viste,viste , pour le faire
taire
Rempli(seX^fion verre.
Qu'il a d'espritpendant qu'il
boit, - Levin l'afaitparler d- le vist
lefait taire.
2. CHANSON.
L'Amour noUl fait
aimer, & l'amour
nousfaitboire.
Quon ait vû boire des
amans,
C'efl ce qu'on ne sçauroit
croire
Quand on a lû des T~-
mans: Mais ceux qui liront
no(Ire hTifioire
Pourront chanter à la
gloire
DesTirsisdece temps,
Des Ftits de ce temps,
Levin les fait atmer,&
l'amour les fait boire.
e- 1 t. -
3.
Çouplct. -
LE vin nous fait parler, & le
vin nous fait taire.
En silence une prude à petits
coups boira:
Mais si vous remplissezsouvent
son verre , La charité bien-tost émeut fit
bile amere:
Par zele pur elle dira,
Qu'en mariage celie-la. àson mary
rienn'apporta,
Que cependant ce mari-là
Tient <£tlle tout - 1 lebienqu'il
Pusqueparelle ille tira
D'un riche nobledont lepere.
rifle) viste , viste,pour la faire
taire,
Rempliffez^[on verre,
On ne méditpointquandonboit,
Le vin l'a fait parler &- le vis
l'a fait taire
LE MARIAGE
PAR INTEREST,
ou
LA FILLE
A L'ENCHERE. UN Pereavare, qui
ne penloit qu'à
marier richement sa
fille, avoit déja rompu
plusieurs affaires, cro-
* yant toûjours trouver
un- nouveau Gendre
plus riche que lespremiers;
il retiroit fà"pàrole.
aussi facilement
qûTI l'avoit donnée,&
ce caractère luy avoit
attiré un ridicule,que
quelquesvoisines,jaloules
de la vertu desa
fille, faisoient retoixw
ber malignement sur
elle; elles l'appelloient
la Fille à revehere; Ce
Pere ridicule disoitluimême
: Ma fille est à
cent mil francs, elle ne
sortira pas de chez moy
à moins, mais je préférerai
celui qui en aura
cent cinquante. Il le
fit comme il le disoit,
car tout prêt à concl ure
avec un jeune Marquis
dont sa Fille étoit aimée
& qu'elle aimoit,
un Gentilhomme plus
riche vint mettre enchere
; & te pere luy
ad jugea la fille, ce qui
fit imaginer au Marquis
desesperé - un
moyen de retarder au
moins ce dernier mariage.
Persuadé qu'il ne
s'agissort que de faire
paroistreun nouvel en*
chenfïèur, il alla trouver
un de ses intimes
amis
, cet ami s'appelloit
Damon, il étoit
très riche, & on le
comoi(Toit- pour tel; le
Marquis le pria d'aller
faire des offresau pere
pour l'amuser & gagnerdutemps.
Damon
rebuta d'abord son ami,
cette feinte ne lui convenoit
point,c'étoit un
des plushonnêtes hommes
du monde: mais
l'autre étoit un des plus
vifs ,& des plus deraisonnables
Marquis de
la Ville : il presse, il
conjure,ilsedesespere.
Non,lui dit Damon
,
non, rien ne peut mengager
à faire une telle
démarche; cependant
s'il ne s'agissoit que de
faire connoissance avec
ta maistresse, on ditque
c'est une des plus aimables
personnesdu
monde, en luy disant
que je la trouve telle,
jenecommettroispoint
ma sincerité:en un mot
si le pere peut concevoir
quelque esperance
surmon assiduité auprés
de sa fille, je laverrai,
à cela ne tienne,que
je ne terende service:
mais je t'avertis que si
l'on me veut faire expliquer,
je parlerai sincerement.
Tout ce que
je puis faire pour toy,
c'est d'éviter l'explication.
Le Marquis se
contenta de ce qu'il
pouvoit exiger, & dés
le même jour Damon
fit connoissanceavecla
fille, & la vit ensuite
pédant quelques jours.
-
Lucie
,
c'étoit le
nom de cette charmante
persnne,Lucie étoit
dune delicaresse scrupuleuse
sur tous ses devoirs,
& quoyqu'elle
eust de l'inclination
pour le Marquis, elle
obéissoit aveuglement
à son pere ;cependant
elle avoit conçu
une aversioneffroyable
pour le Gentilhomme,
a quielle étoit promise
en dernier lieu: elle
eust beaucoup mieux
aimé Damon,si elleeust
pû
,
pû aimer quelqu'autre
que le Marquis
J.
&
Damon de soncôtéla
trouva si belle, si vertueuse
& si affligée,
qu'il sentit bientost
pourelleunepitié fort
tendre, & cette ten-
:
dresse augmentant de
jour en jour,il s'apper-
£ut enfinqu'il étoit le
rival de son amy. Je
croirois bien que malgré
sa probité, il ne
s'aperçut de cetamour
que le plustard qu'il
put: mais enfin se trouvant
à peu prés dans la
situation où l'auteur
de Don Quixote met
l'ami du Curieux Impertinent,
& ne pouvant
plus se cacher son
amour à uy-meme, il
crut ne devoir pas le
cacher à son ami. Je ne
veux plus voir Lucie,
lui dit-il un jour, je
fuis trop honnête homme
pour vouloirmen
faire aimera je n'ai pas lecouragedeservirson
amour en lavoyant. Le
Marquis, quoyqu'un
peu extravagant d'ailleurs,
ne [ç fut pas assez
pour exiger deson ami
unservice sidangèl'eux.
Damon cessa de
voir Lucie,& le pere
quiavoit déjà ses vues
sur lui, futallarmé de
ne le plus voir: mais
la destinée de ce pere
.avare vouloirqu'il luy
vînt coup sur coup des
offres toutes plus avantageuses
les unes que
les autres:Voicy un
nouvel encherisseur
plusriche que les precedens
,
c'étoitun Conseiller
de Province,qui
étoit devenu passionnement
amoureux de
Lucie, chez une parente
où ill'avoitvûë
plusieurs fois. Abregeons
le recit des poursuitesde
cet amant,&
des chagrins qu'en eut
Lucie ;le peresedétermina
absolument pour
celui-ci : voila les articles
dressez,& le Conseillerafifuré
qu'il possedera
bientôt la fille
du monde la plus aimable
, &C la plus sage
Icyetf ce qui letouchoit
davantage car il étoit
naturellement fort jaloux.
«
""1'11--', est bon de faire
ici attention surla
sagesse de Lucie, 6C
sur la jalousie du Conseiller,
pour mieux ccm.,
prendre la surprise où
fut ce jaloux en trouvant
sur la table de sa
maitresseune lettredécachetée:
cette lettre qu'-
il crut avoir déja droit
de lire luy parut être
: d'unCavalier fort amoureux
de Lucie, &:
qui lui écrivoit d'un
stile d'amant ajlné.Ah,
WÀ chere Lucie, disoit
la lettre
,
faut-ilquun
triste devoirnous separe!
Que jesuis à plaindrey
& que <voui Î, es aplaindre
vous-même d'être
sacrifiée par un pire injujle
à un homme que
- VOl« ne pourrez, jamais
aimer,à un incotïjmode,
,- à un fâcheux. en un
mot le Conseiller voit
qu'on parle de luicomme
s'il étoitdéja mari
»
&C qu'aparemment Lucie
estdemoitiédumér
pris que ce rival témoii
gne pour lui;imaginezvous
l'effet d'une pareille
avanrure sur un
jaloux.Ce n'est pas tout
la lettre marquait ques
le Cavalier ne manqueroit
pasde se trouver
onze heures du foir*
chez Lucie pour la.
consoler, & qu'il y seroit
reçupar la porte
d'un jardin, par où la
maison tenoit à une petite
rue écartée. Enfin
tout
tout étoit si bien circonstancié
dans la lettre,
que le Conseiller resolut
d'atendre l'heurede
ce rendezvous pousséclaircir
, avant que de
prend re la dessus un parti
violent digne d'un
homme tres - vindicatif
, Se qui n'avoit
d'autre merite que celuy
d'être riche & amoureux
d'une personne
qui meritoit d'être
aimée.
Après avoir attendu
l'heure du rendez vous
avec impudence, nôA -
tre jaloux se trouve dãs
la petite ruë, par où
devoit arriver le Marquis,
carc'étoirluyqui
avoit écrit la Lettre;
que vous diraije, l'heure
sonne, le Marquis
vient, on lui ouvre une
petite porte, on la referme,
& le ja loux restant
au guet ju hlu'an
matin, eut tout le loisir
de se convaincre que le
galandn'étoit pas entré
chez Lucie pour une
conversation passagere,
ce fut pendant ces heures
si cruelles à passer,
qu'ilmédira contre Lucie
une vengeance inoüie,
voicy comment
il s'y prit. irmn
,il On devoit signer le
contrat le lendemain
au soir, il fit préparer
un souper magnifique,
cC prit foin pendant le
jour de rassembler toute
la famille de Lucie,
qui étoit nombreuse;
il y joignit quantitéde
femmes qu'il choisir exprés
les plus médisantes
qu'il pût, sans compter
les hommes, qui
sont encore plus dangereux
que les femmes,
parce qu'on les croit
moins médifans.
Le soir venu le Conseiller
fit remettre la
signature du Contrat
a près le sou per,& les
deux concradas furent
placez solemnellement
au bout de la table, le
repas fut fort serieux,
parce qu'on voyoit les
époux futurs fort taciturnes,&
enfin quand
on fut prest à forcir de
table, le Conseiller addressa
la paroleau Pere.
Monsieur, luy dit-il,
enélevant lavoix,afin
que toute l'assemblée
pût l'entendre: Je n'ai
jamais manqné, de paro
l e a personne, c'efb
pourquay j'ay -voulu
avoir icy grand nom- bretémoins des justes
raisons qui m'en
sontmanquer pour la
premiere fois,
Ce debut parue singulier
à toute l'assemblée,
on fut curieux
d'entendre ce qu'alloit
prononcer ce grave Juge
de Province, tout le
monde scaitcoiità-luat-
il, que vous avez
manqué de parole à
trois ou quatre Gendres
de suite, vous m'en
manqueriez aussi sans
doute s' il s'en pre sentoit
un plus riche que
fmiloOyY>)vvoouussmmeenmlceppri1i--
feriez, ainsi je fuis en
droit demépriservôtre
fille"1puisque j'en trouve
une plus sage qu'-
elle.
A ce discours on crut
d'abord que le vin de
la Noce avoit troublé
le cerveau du Conseiller,
le profond si lence
où l'on étoit, lui donna
le laillr de lire aux
convives la Lettre du
Marquis, & de cjrcon..
stancier il bien le rendez-
vous nocturne
qu'alors on ne l'accusa
plus que d'avoirpoulsé
trop loin sa vengeance,
tous les parens de
cette fille de s- honorée
baissent les yeux ou
s'entre-regardent sans
oser ouvrir la bouche,
les uns s'affligent de
bonne 'foy;"les autres
n'osentrireencore de
ce qui réjouit leur malignité
, ceux-cy feignent
de douter, afin
qu'on-leur en aprenne
encor davantage, quelques-
uns excusent, la
plûpartblâment,mais
presque tous ont les
yeux sur Lucie, qui
devenue immobile, pâh?
& défaite estpreste
à tomber en foiblesse.
Cependant le Conseiller
est dé-ja bien
loin, il avoir médité
son départ pour la Province,
une Chaise de
poste l'attendoit, & il
étoit sorti de la Sale
sans que pcrfonne eut
eu le courage de le retenir.
On alloit se separer,
& quelques-uns commençoient
àdéfilerlors
qu'un nouveau su jet
d'attention les rassembla
tous: C'était le jeune
Marquis, aut heur
de la Lettre, il avoit
vu partirsonrival, &C
seroit sans doute entré
triomphant, del'avoir
fait fuir par un coup de
sa rêre
,
mais a y ant a ppris
l'éclat quecebrutalvenoit
de faire,il
accouroit pour reparer
l'honneur de sa Maîtresse,
pendant que l'assemblée
étoit encore-ntière
; il dit d'abord
pour justifier Lucie ce
qui étoit vray, c'est
que la connoissant trop
scrupuleuse pour entier
d^o-ns- foa projet il
savoit gagné sa femme
de chac3mbre pour luy
aider à donner tie violens
soupçons au Conseiller
jaloux; en un
mot la Femme de
chambre à l'insçû de sa
-
maistresseavoit joüé le
stratagême de la lettre,
& se doutant bien que
le Conseiller voudroit .- approfondir la circonstance
du rendezvous,
avoit introduit le Marquis
par la petite porte
du jardin, mais il en
étoic sorti à l'instant
par la grande.
Aprés cette explication
le jeune Marquis
t pour se justifierluymême,
s'écria, pardonnez,
belle Lucie, à 1amour,&
audesespoir,je
sçavois bien continuat-
il, que mon rival estoit
allez jaloux pour
rompre l'affaire: mais
jene lecroyoispasassez
vindicatifpour la rompre
a," c tclat.
Pendant tout cedifcours
Lucieavoir pa- ruagitée hors d'ellemême,&
sacolere fut
prête - d'éclater contre
ce Marquis extravagant,
quil'avoit sicruelI.
ment offensée : mais
tout à coup on la vit
redevenir tranquile
comme une personne
qui a pris son parry ;
les femmes seules sont
ca pa bles de prend re à
l'instant le bon pary
quand ellesont i'elpriC
bon ;celles qui prenent
de mauvais partis les
prennent avec la même
vivacité, & c'est
,.
encore un avantage
qu'elles ont surnous;
car leurs fautes estant
moins reflec hies que
celles des hommes,elles
font plus excusables.
Le Marquis après
avoir parlé à toute l'assemblée,
se jetta aux
pieds deLucie,bien
feur d'obtenir pardon
d'une personne qui luy
avoitavoüé qu'elle l'aimoit
; il lui representa
que la justification la
plus authentique qu'une
fille put desirer,C"étoit
toit que celui qui avoit
fait soupçonner sa ver- tuprouvât en épousant
qu'ilcroyoit cette vertu
horsdesoupçon.
• Un murmure d'approbation
qui s'éleva
dans toute l'assemblée ,marqua qu on jugeoit
ce mariage necessaire;
la familleàl'instant
exigea du pere qu'il y
consentit, & la joye
qu'il avoit de voir sa
fille justifiée, le rendit
en ce moment moins
avare qu'iln'avoit jamais
elté; il se tourna
vers safille, & luy dit
qu'illui laissoit le choix
de sadessinée.
Puisque vous avez
la bontéarépondit modestement
Lucie, de
remettre à mon choix
la maniere de me justifier,
je veux estre justifiée
le plusparfaitement
qu'il se pourra;
il est clair que le MarKjuisme
justifie en quelque
façon par ses offres;
car il est rare qu'un
homme épQufe volontiers
celle qu'il auroit
deshonorée : mais il cO:
encore plus rarequ'une
fille refuse de pareilles
offres de celui pour
qui elle auroit eu quelque
foiblesse, ainsi je
me crois plus parfaitement
justifïée en declarant
que je n'épouserasjamais
un homme
qui a esté capable de
sacrifîer ma réputation
à son caprice.
Le Marquis futconfondu
par la fermeté de
cette resolution, tout
le monde, & le pere
même la trouvant sensée,
approuvoic le parti
que Lucie venoit de
prendre, lorsqu'on vit
paroistre Damon, qui
avoit suivi le Marquis
pour voir comment sa
justification feroit receuë,
indigné de l'imprudence
de cet amy, voici comment il parla:
Puisque mon amy,
dit-il à Lucie, a perdu
par sa faute les droits
qu'il avoitsur vostre
coeur, je crois ne devoir
plus avoir d'égards
que pour vostre justifïcation,
vous avezdéclaré
que vous choisiriez la
plus parfaite de toutes,
daignez donc comparer
aux deux autres
celle que je vais vous
proposer.
Il est rare, comme
vous l'avez dit, qu'on
fasse des offres telles
qu'en a fait le Marquis;
il est rare aussiqu'en pareil
cas une fille à marier
refuse de pareilles
offres: mais il est sans
doute encore plus rare
qu'après l'éclat que
vient de faire ce Conseiller
, un homme
aussiriche que moy3
qui passe pour homme
sensé, & quise pique
de delicatesse sur l'honneur
,prouve en offrant
de vous époufer qu'il
est assez feur de vostre
vertu pour croire rneme
que vous oublierez
entièrement le Marquis.
Tout le monde fut
attentif à cette derniere
justification on attendoit
la decision de
Lucie, oui, Monsieur,
dit- elle à Damon
, me
croirecapable d'oublîer
par estime pour vous,
un homme que j'ai eu
la foiblesse d'aimer c'est
meriter mon coeur aussi-
bien que mon estime.
Aprés avoir ainsî
parlé, Lucie tourna les
yeux vers son pere qui
n'avoit garde d'oublier
en cette occasion que
Damon étoit le plus
riche de tous ceux qui
Scs'étoient
presenté, exceptéleConseiller
5,
one joyeunanimedécida
pour Damon, &C
les plaintes du Marquis
se perdirent parmi les
applaudissemens de
toute l'assemblée.
Ceux qui soupçonneront
cettehistoriette
d'avoir esté imaginée,
diront que l'amour en
devoit faire le dénoument,
on pourroit leur
répondre qu'undénoument
fait par la raison,
est encore plus beau
felon les moeurs ,d'autant
plus que le Marquis
a méritéd'estre
puni; il est vnry qu'il
peut rester à Lucie
quelque tendresse pour
luy : mais celle qui a
fçû sacrifiercette tendresse,
à l'estimesolide
qu'elle a pour Damon , sçaurabien acheverce
qu'elle a commencé;
en tout cas c'est l'affaire
de Lucie, si l'histoire
est veritable, & si
elle est feinte, c'est l'affaire
de l'auteur, de répondre
à la critique
qu'on pourroit faire de
ton dénoûment.
1
CONSEILS
; Demandez dans le moidi
dernier.
QueconfelUcriez^vons à un
maryqui aime "tropsa femme
''P°ur s'en separer, mais qui ne
Paimc pas ,ieei,- pour fiuffrif
toutes ses impertinences.
CONSEIL
DE DOM Brutal
SUSURRLl''AAIiRr
Réveillez-vous Belle endormie. sI femme impertinente
& belle
Tu veux garder dans ta
maison,
Deviens plus impertinent
quelle,
Tu la mettras à la raison.
CONSEIL,
Par Madame la Maiquifede.
sur le même Air.
M , ARY bizarre au
cerveau trouble,
Redoublant de mauvaise
humeur,
Il faut qu'une femme redouble
De patience & de dou- ceur.
—i Ces deux anonimes
mary &*ifemmeTrap-*
paremmentpuisqu'ils
m'ont envoyé les deux
Couplets sur le même
air me font souvenir
par les differens caracteres
de leurs Conseils
de travailler à une Apologie
des femmes contre
les maris, ô£j'y travai
llerai de bon coeur,
car j'ay toûjours esté
persuadé, que dans les
démêlez domestiques,
les maris ont ordinairement
plus de tort que IcsjEcmmes.
2. Conseil.;
Que conseilleriez-vous à ungou*
'tf!ftX quine trouve duplaisirqu à
boire,à* quimsouffre que quand
ila bû.
CONSEIL BACHIQUE.
Buvez & souffrez.
L'INDOLENT.
Passez-vous du plaisir
pour vous exempter de la
douleur., -,v
CONSEIL'
d'accommodement. -
-
Un peu devin, un peu
de goute, un peude bien,
un peu de mal,c'est le
mieux qu'on puisse avoir
encemoude.
L'YVROGNE.
Buvons tant que nous
ne sentions pas venir la
goute.
L'ANONYME
,',,"
Poliçon..,
Je vous conseilledé
boire
boire tout, car quand
tout vôtre vin fera bû vous
n'enaurez pas la goute,
, REFLEXIONS
duVoluptueux.
Pourquoy faut-il quela
douleur suive le plaisir
j'aimerois mieux , encore
quela goute me prit avant
que j'eusse bû, l'esperance
du plaisir m'aide à supporter
la douleur: maismon
plaisir est empoisonnépar
la crainte des douleurs qui
vont le suivre. -,
THESsi. ,,.K
; On doit dire, invin
-
mend^ium, plustost quein
fJ 'l}jnfJ <vcritd£ * ;r-j i?f-
PdrMonfieu, P.1
Lemensonge estdansle
vin, quandle vin cf^c^ns
Ja cave du Cabaretier,
qui vous donne levin
d'Orleans en jurant que
c'est du vin deChampagne.
Laverité est dans le
vin, lorsqu'un bon Gentilhomme
de Brie vous donne
le vin de son crû, &
vous le donne pour tel:
mais son vin de Brie produit
le mensonge, quanc le convive complaisant lui
dit que le vin de son crû
vaut du vin de Bourgogne.
IN VINO MENDACIUM.
.1
Lemensongeest dans
• le vin.
VOj ce menteurfouronois
t un noir souci
le ronge,
Il profane le jus divin,
il médite en buvant l'art
de faire unmenjonge,
Il le trouvera dans La
«vin. Ji
On ne m'a pas cnvoyé
les moindres petits
vers sur les rimes
en ique.& en ac, j'esperois
en recevoir au
moins de quelqueAuvergnac.
artic.l.^
-
des Enigmes.
»
<
., Parodie ou explication
., de l'Enigme dontle
motefi un Bouchon.
de Boureille ,par la
,.,ikluftnaissante.
-
Pourremplir un
goulot
t.
vuidc:,
Précaution. m'a posté .: Prés d'un réduit ou preside
L'agent .<dkUvolupté
Sans moy dans la Bouteille
UU le bon vin reside,
Son ennemy l'air entreroit,
Son plus pur esprit sortiroit,
Si je ne gardois bien la porte
Un yvrogne brutal, pourtant
industrieux,
De son tire-bouchon, usantavec
main forte,
Me chasse du goulot frais
& delicieux,
Son fer me fait une blessure;
Jecede, il faut enfin contenter
son desir
,
Alors si d'un grand vin le
petillant mumure.
Suit le bruit que je fais ; cc
bruit de bon augure,
Au fripon qui me forceanonce
du plaisir.
ENvay
Par Mx AnetAu.
Que l'esprit de Hommeest
plaisant,
Un rien l'endort, ou le
réveille,
Pour luy tout peut estreamusant,
Jusqu'au bouchon d'une
4bouteille.
,. ENVOY
Par Guillot le lJenftf
Bouteille en main Guillot
sous une treille,
L'e sprit bouché,longtems
te mot chercha; •
Mais son esprit enfinsedébaucha
,
Si tôt qu'il eut débouché sa bouteille.
ENIGME,
Par M"L
Effet de lasimple nantît>
Et quelquefois fils du bavard,
Nésouvent dans le sein de
l'art,
Adon pouvoir & mon prix
sonttous deuxsansmesure.
Parmoyl'oeil est séduit, l'esprit
est enchanté :
Parmoy plus d'un deffaut (si
un deffaut aimable:
Etplus bizarequ'équitable,
Je donne à la laideurlepassur
la beauté.
~m
Jesuis également à la Brune
àlaBlonde , :
Je fuis majestueux
,
délicat,
simple,admy
Jefuis dugoûtde toutlemonde:
Mais ne ma pas qui le voté*
droit.
pIlnl'esatpoinitsarnsemoyd.'a*rt de
mDee-steesplriitesm&.*ckSs coeurjesor-
Les grâcesriotot pointd'autre
pere :
\t;( i-amesrn'eut d'autres
traits quilesmiens.
Despassonsrie-con
Des pajjions,rtjjon bh-aabbiillee
je fais ,
craindre
rfperer j*e Je craindre ,* rfterer ; je
fais aimer,haïr:
Dela fortunenjray mobile,
jJeepuis combler vossvwtx O* puis les trahir.
Pourme definirmieuxqu'àjouterois-
je encore?
Mon nom ne m'explique pas
r htm: -('- {.,: v.
-
MonefirctflcetbnignotÇ)
Si me connoijjoh:> je nesef<
ei) plus.rien% -. VvENKI,GME.1
pcfznt oulegerdans
monindividu,
<. .,
Art ou nature mefabrique,
Pt/ant, cuit auqour, ou
-
fondu,
sefersau Bourgeois ma- gnifque,
Léger, coupesec&batu,
Jefers à mulet&bourrique9
CI * Pesant, rangé, biensustendu,
Je fers aux faiseurs de
MusiqueJ
Leger, taillé, noircy,
sendu,
Je sers & Finance &
Pratique. '•
-,
Pour donner le teins
*au3C AnonimesdesProvinces
-. de recevoir le
Mercure, de composer
SC d'envoyerdes repon-
Lès, il faut faire durer
pendant plusiëurs mois
les mêmesQuéstions,
Conseils, Thelês,Boutsrimez,
&c.Ony en
joindra toujours <juelxjue
nouvelle.
These nouvelle.
Jesoûtiens qu'il vaut
mieux aimer une laide
Femme qu'une belle.
ConseiL
Que conseilleriez-vous
àun Avare qui aimeroit
la bonne compagnie,
la bonne chère,
le bon vin , &C qui
auroit samaison pour
prison.
Noms
,
discours
, rébus
, &c. de ceux qui
ont deviné les deux Enigmes
du moisdernier
decelle-cy
?
l'Aml.
Le Chevalier Croc , l'ame attentive,a devine
l'ame ; l'ame de l'Enigme
,
c'estle mot, &
le mot cestlame, la jeune
Sorciere de la vieille
rue du Temple.
Bouchon de Bouteille.
Le cou cou verd ;
Chon Chon l'explique à
Chonchette l'Espagnelette
: deux moyens
d'empéchcr le vin de
s'éventer ou le boucher
ou le boire: la voix de
Bois flocé du grand
Chantier. -f
-
L'Ignorant, la Brupto
,
la Zinzolme.
ODE NOUVELLE
contre l'Esprit,
Source intarissable d'erreurs
Poison qui corrompt la
droiture,
Des sentïmens de la nature,
Et la vérité de nos coeurs. if
Feu fonlletuquiibrrillees p,our
Charme des mortels inCcn.
sez,
Esprit ; je viens icy détruire
Les Autels quel'on t'a dressez,
Et toy fatalePoësi,
C'est luy fous un nom specieux,
Qui nomma langage des
Dieux,
Les accès de ta frenesie
;
Luy dont te vint l'aurorité;
D'aller consacrant le mensonge,
© Et detraieter deverité,
La vainc illusiond'un songe.
Encor si telle qu'autrefois,
Suivant pas à pas la nature,
Dans une naïve peinture..
Tuchantois les prcz & les
bois,
Ou qu'au bonficclc de Catulle
Simple dans tes exprelfions
Et de Virgile, & de Tibulle
Tu foupirois les passions.
Mais non; de quelque rime
| rare, De pointes, derasinemens,
Tu cherches les vains ornemens
Dont une coquette Ce pare,
Et suivant les égaremens
D'une Muse , trop peu fcnsée,
Tu négliges les fcnrirncnsj
Pour faire briller la pensee.
is
Tel ne chantoitau bord des
caux)
Du Mincius l'heureux Titire
, Maissimplement faisoit redire
Le nom d'Amarille aux
échos,
Et les Naïades attentives-
Qmttoient leurs joncs &
leurs roseaux
Pour venir danser sur ses
rives,
Aux doux fons de ses Chalumeaux.
Esprit, tu séduis, on t'admire;
Mais rarement on t'aimera
Ce qui seurement touchera
C'est ce que le coeur nous
fait dire
C'cil ce langage de nos
coeurs
Qui saisit l'ame & qui l'agite
Etde faire couler nos pleurs
Tu n'auras jamais le merite.
Laissons ces frivoles sujets
Que tu nous donnes de
nous plaindre
Quand de toy l'on a tant à
craindre
Sur de plus importans objets.
Dans les choses les plus sacrees
Tu te plais à nous faire voir
Qoe plus elles sont révérées
Et plus y brille, ton pouvoir.
Dans la vérité simple & pure
D'une faince Religion,
: Est-ildesuperstition
Dont tu n'y glisse rimpofturc.
Ec moyen de te pardonner
Ce que tu veux tirer de gloire
De nous apprendre à raisonner
Quand il ne s'agit que de
croire.
Que de
vaincsdifHnétions"
Que de varierez frivoles
Ont tiré des mêmes paroles
-'
Les heretiques fictions -
Combien le subtil artifice
De Luther & de ses Docteurs
, Aux gens simples & sans
malice
A-cil fait adopter d'erreurs.
Ton rafinement empoifonne
Xes plus saines opinions
Jamais ru n'as gueri personne
De les cruelles passions
,,' Tu ne fais qu'augmenter
nos vices Enmultipliant nos desirs,
Et des plus innocens plaisirs
Tu nous fais souvent des
supplices.
Demande aux hôtes de ces
bois
Si chez eux la loy de nature
N'est pas plus prudente &
plus sûre
Pour leur faire faire un bon
choix;
Que tes penetrantes lumieres.
Non, les animaux amoureux
N'ont pas besoin dans leurs
tannieres
De ton beau feu pour cGrc:
heureux.
Sx
C'est toy d'où ftaifïent ces
caprices
Par où Venus soutient sa
Cour,
Et cet attirail d'artifices
*
Donc tu sophistiques rAmour.
Les Pigeons & les Tourterelles
Sçavent se plaire & s'enflammer,
En il quelque Ovide pour
elles
Qui fit jamais un Art d'aimer.
«s^s»
C'est dans ce livre detefiablc
Que paroist la corruption
Qui d'une simple passion
A fait unArc abominable.
Art dont nous vint en sa fureur
Cemonstre de Coquetterie
Et ce mêtier faux & tfoln.
peur,
Qu'on appelle Galanterie.
VFinissons
; insensiblement
Jecede au charme quim'entraîne,
Et j'oublicray toute ma haine
Si j'écris encoreun mOJncnr. Hipric que je hais,& qu'on
aime,
Avec douleur je m'apperçois
Pour écrire contre toy même,
QuV>n ne peut fc passer de
toy.
EPITRE EN VERS,
: Par M. V i
par tes conseils & ton
exemple
Ce que j'ay de vertus fut
trop bien cimenté,
CherP. dans la pureté
Des innocens banquets du
Temple
De raison & de fermeté.
Ja'aymfaitpunelemo,isson trop
Pourestrejamaisinfsetcte
D'une sordideavidité,
Quelle honte
,
bon Dieu,
quel scandalleenParnasse -
De voirundeses Candidats
Employerlaplume d'Horace
( A liquider
-un compte, à
dresser des estats !
J'ay vû, diroitMaror, en
faitanc la grimace,
J'ayvû l'Eleve de Clio
Sedentem in selonio;
Jelay vû calculer, flombrcrJ
chiffrer,rabattre,
Et d'un produit au denier
- quatre
Raisonner selon l'adgio.
Dure, dure plûtost; l'honorableindigence,
Dontj'ay si long-tems essaïé,
Je sçay quel est le prix d'une
honneste opulence
Que fuie la joyeuse innocence,
Et qu'un Philolophe étayé
Dans peu de richesse & d'aisance
,
Dans le chemin de sapience
Marche plus fermme de
moitié:
Mais j'aime mieux un sage
a, pié1
Content de son indépendance
Qu'un juste in,dignement
noyé
Dans une
servile abondan- ce,
Qiii facnfianccou[.)bonneurJ'
joye, amitié
Au foin d'augmenter sa
finance,
Est luy mêmesacrifié
A des biens donc il n'a jamais
la joüissance.
Nourri par Apollon, cultivé
par tes soins,
Cher P. ne crains pas que je
me timpanise
Par l'odieuse convoitise
D'un bien plus grand que
mesbesoins:
D'une ame libre&dégagée * De préjugez contagieux,
Une fortune un peu rangée,
Ua
Un corps sain
, un esprit
joyeux,
Et quelque Prose mélangée
De Vers badins & serieux,
Me feront trouver l'apogée
De la felicité des Dieux.
C'estpar ces maximes, qu'ignore
Tout Riche, Juif, Arabe,
ou More,
Que j'ay fçû plaire déslong
temps
A des Protecteursquej'honore,
Et c'est ainsi que je prétends
j. Trouver l'art de leur plaire encore.
Cest dans cc bon esprit
Gaulois,
Que le gentil Maistre François
Appelle Pantagruélisme,
Q~~ Neüilly L. * & * nin
Puisent cet enjouëment
benin,
Dont est formé leur Atti--
cisme.
EPIGRAMME.
Letraître Amour prità Venus
la Merc
Certain bouquet pour donnerà
Psiché,
Puis dans les yeux de celle
qui mest chere
S'enfuie tout droit se croïant
bien caché:
Lors je luy dis : Te voilà
mal niché,
Petit Garçon ,cherche une
autre retraitte,
Celle du coeur fera bien plus
secrette.
Vrrayment,ditil, Amy"ê
c'estm'obliger;
Et pour payer ton amitié
discrette,
C'e{t dans ton coeur que je
me veux loger.
ODE5
AMe D * ».
Sur les affaires de fl
Famille.
Espritné pour servir d'exemple
Aux coeurs dela vertu touchez
Quisans guideà pu de fom
Temple
Penetrer les sentiers cachez,
CherD. quelle inquiétude
Tç fait une-
Des chagrins & de la douleur
Et Ministre de ton fuplicc
,
Pourquoy par un sombre
caprice
Veux-tu secondcr ton mak
heur.
Chasse cet cnnuy volontaire
Qui tiens ton esprit dans les
fers
Et que dans une ame vulgaire
Jettel'épreuve des revers
Fais teste au malheur qui
t'opprime
Qu'une esperance légitime,
Te munisse contre le sort
L'air fisle,une horrible tempeste
Aujourd'huy gronde sur ta
teste
Demain tu feras dans le
port
f!)2
Toujours la Mer n'est pas
en bute
Aux ravage des Aquillons
Toujours les torrens par
leur chûte
Ne désolent pas nos Va
lonsLes
disgraces désesperées
Et de nul espoir tempcrées
Sont affreuses à soutenir
Mais leur charge en moins.
importune
Lorsqu'on gémit d'une infortune
Qu'onest au point de voir"
finir
Un jour le
trou
ble qui te*
ronge
En un doux repos transfor1
me
Ne sera plus pour toy qu'un
songe
Que le réveil aura calméEspere
donc aveccourage
Sile Pilote craint l'orage
Quand Neptune cnchainc
les flots
L'espoir du calme le raflurc
Quand les vents & la nuë
obscure
Glacent le coeur des Matelots.
c Jesçay que l'homme le plus
Cage
Par les disgraces combatu-
Peut fouhaitterpour apanage.
La Fortune après la Vertu
Mais dans un bonheur ùns
mélange Souvent
Souvent cettevertusechange
En une honteuse langeur
Autour de l'aveugle richesse
Marrchuentdl'oergesüils&e.\x
,Qtlcfuit la dureté du coeur.
Non que ça' fagcffccndor-,
mie yl
,
Au temps de tes prosperitez
Eut besoin d'eîke r'affermie
Par de dutes
-
fatalitez
Ny que ta gloire peu fidel- lev.;
Eut jamais choisi pour modelle
Ce fol superbe
, & ténébreux
Qui gonfléd'une fiertébafse
N'a jamais eu d'autres difgraccs
Que de n'estre point malheux.
Mais si les maux & la tristesse
Nous font des secours super
flus
Quand des bornes de la fagesse
Les biens ne nous sont point
exclus
Ils nous fonc trouver plus
charmante
Nostre felicité presente
Comparéeau malheur passé
Et leur influence tragique
Reveille un bonheur létargique
Que rien n'a jamais traversé.
.PA*- SK
Ainsi que le cours des années
Se forme des jours & des
nuits
Le cercle de nos destinées
Est marqué de joye,&de
d'ennuys
Le Ciel par un ordre équitable
Rend l'un à l'autre profitable
Et dans ces inégalitez
Souvent lasagesse supr ême
Sçait tirer nostre bonheur
même
Du fein de nos calamitez
•
Moymêmea qui l'horreur
*du vice
Jadis, non sans temerité
Chargea la main encore novice
Du flambeau dela verité
Si contre mes rimes sinceres
J'ay vû de honteux aversaires
Lancer tant de traits inoüis ;
Loin de gémir de cet ou-
Peutestrtargeeje dois à leur ra.
S~
Toutlerepos dont je joüis.
Ê~k
A force d'exciter ma bile
Eux-mêmes l'ont fçu corriger
J'ay veu qu'il estoit plus facile
De souffrir, que de (e vanger
Et tel donc ma verve orageuse
Pour prix de sa haine outrageuse
Eut fait un sujet de pitié
Puni par un mépris paisible
Me laisse seulement sensible
Aux charmes de ton amitié.
MALHEVR.S
de l'homme.
QUel'hommeest bien durant
savie
Uuparfait miroir de douleurs;
Dés qu'il respire, il pleure,
il crie,
Et semble prévoir ses malheurs.
Dans l'enfance toujours
des pleurs,
Un Pedant porteur de triste1fc;
Des Livres de toutes couleurs,
-
Des châtimens de toute
espece.
& .-
L'ardente & fo,ugueuic,
Jeulit sse
4càict encore en pire état;
Des Créanciers, une Mal*
treslij.
Le tiraillent comme unFor- !çat..
Dans l'âge mur autre*
combat, - 1
L'ambition le sollicite,
Richesses
,
honneur, faux
éclat,
Fcnlmc) famille, tout l'ag$
ite.,
Vieux, on le méprise
, on
lT,é1vVi.tei »,
Mauvaise humeur
,
infirmirés
pTouixt,guraivetlele, goutte,-
Assiégent sa caducité.
Il meurt enfinpeu regreté
S'il , n'attendoit unmeilleurEtre
Dans une heureuseEternité
Seroitcelapeinedenaître! ,
EPIGRAMME.
SOucis cuisans au partir
deCaliste
JJ. commençoient à me suplicier
Quand Cupidon me voyant
pâ!e&trifle
Medit: Amy, pourquoy
te soucier?
Lors m'envoyant, pour me
iolatier,
Tout son cortege,& celuy
de sa Mere,
Songes plaisans & joyeuse
chimere,
Qcuhi me'ernseignantà rapro- lestemps,
Me font joüirmalgré l'ab-
[ence amere
Des biens passez&deceux
que j'attends.
aPLACET M**
Ministreaussi sage qu'affable,
- Aussi genereux qu'équitable,
Par qui le Dieu Plutus, qu'-
onavoitexilé,
Va bien-tost estre rappellé :
Recevez ce Placet que ma
main vous presente,
Et d'une dextre bien-faisante
Mettez au bas ces mots exquis:
Soit fait ainsi qu'il est requis.
La Justicevous le conseille,
Par pme pour le supliant;
On sçait que vous sçavez
accorder à merveille
Et l'interest du Prince, &
celuy duClient;
Maispeut-êtem'allez-vous
dire,
Que j'en parle bien aisément,
Et que ces mots qu'icy je
je vous presse d'écrire,
Ne se prononcent pas toûjours
si promptement.
Sansdoute, jesçay bien moi
toute la premiere,
Qu'on me feroit telle priere,
Où je ne voudrois pas dite.
en terme precis :
Soit fait ainsi qu'il cit requis;
Au sexe feminin convientla
negative;
Et quoy qu'à dire vrai, plus
d'une Belle icy
Ne se serve pas trop de la
prérogative,
L'ordre veut neanmoinsque
cela soitainsi.
Mais chez vous c'cfttout*lc
contraire,
Ministre, tant qu'il vous
plaira,
Quand nostreSexe vous
-
à- priera,
L'ordre veut parmi nous que -
sans autre mystere
Le Ministreréponde ainsi
que le Marquis,
Soit fait ainsi qu'ilest requis.-
Epitaphesur la mort
de Mr le Duc d'Elbe.
Grand à'Espagne
,
aussi
gf"od par ma haute naislancc,
QJC par mon grand courage
& par mon ralc cfprir,
Sous ce marbre enfermé je
te paroispetit;
Lcdteur? vas t'informer de
mes grandeursenFrance,
Où le cruel destinquivouloitm'abaisser,
N'ypouvantreussir, me les
a fait laisser.
SUITEDE LABULLE
d'Or.
Onaesté bien-aise de voir le
commencement de la Bulle
d'Or dans le dernier Mercur,
.parce qu'alors elle ne couroit
pas encore la Ville; quelqu'.
un me blâmera sans douted'en
donner la fuite, quand onen eïf
déjà ennuyé, mais est-il plus
blâmable en certaineschoses en harangues , ,par exemple,
d'ennuyer en continuant que
cdeonempoinmt fineir nce cqué'on.a
On répondra, si l'onveut,ar
cecy comme à une questionde
Mercure.
ARTICLE X.
nela Monnoye. §iNOus ordonnons de
plus, que le Roy
de Boheme qui après nous
succedera à ce Royaume,
pourra pendant son Regne
faire battre Monnoye d'Or &
d'Argent en tous les endroits
&: lieux de son Royaume,ou
Terres en dépendantes qu'il
lui plaira &ordonnera dans
la forme & maniéré jusqu'à
present observée dans ledit
Royaume, ainsi que de tout
temps il a été loisible à
nos Predecesseurs Rois de
Boheme de faire, ftiiv-aiit la
poissession continuelle qu'ils
ont de ce Droit, voulons &:
ordonnons aussi par la présence
ConstitutionImpériale'
Grace perpetuelle, que les
Rois de Bohême poi/Icnt
acheter &: acquérir desautres
Princes, Seigneurs, Comtes
&: de toute autre Personne,"
des Chameaux., - ,Terres &
Terres héritages, dequelque nature
qu'ilspuissentêtre, en recevoir
en don&par engagement:
à condition qu'ils feront tenus
de les laisser en lamême nature
qu'ilstesauronttrouvez ies
comme Fiefs,Franc-aleu
comme, tel, &c. En sorte
toutes fois que les biens que
les rois de Boheme auront
ainsi acquis ou reçu, & qu'ils
auront jugé à propos- d'unir au
Royaume de Boheme, ils
feront obligez d'en payer les
redevances ordinaires&accoûruméesquienetoient
ducs
à FEmpirc.-
§. 2.. Laquelle presente
Construction &: Grâce, Nous
étendons aussi, en vertu de
nôtrepresente Loy impériale,
à tous les Princes Electeurs,
tant Ecclesiastques, que Séculiers
,
&: à leurs successeurs
&: légitimésHéritiers, aux
charges & conditions ci-denns
prescrites.
ARTICLE XI.
De l'Election des Princes
Electeurs.
§. I. ORdonnon*s aussî, que les ( omtes,
Barons,Nobles, Feudataires,
Vassaux,Officiers, Gens de
guerre,Citoyens, Bourgeois
& toutes autres Personnes, de
quelque Etat, Dignité&condition
qu'elles soient, qui
setons Sujets des Eglises de
Cologne,Mayence & Trêves,
ne devront ni ne pourront à
l'avenir, comme ilsn'ont pu
ni dû parle pasé, estre citer,
çÜ-ezJ ni trduits hors le
Territoire, ni les termes &:
limites de la Jurisdiction desdites
Eglises & leurs dépendances
,à l'inflance de quelque
Demandeur que ce soit; ni
obligez de comparoistre en
Justice pardevant d'autres
Tribunaux &: Juges, que
pardevant les Juges ordinaires
des A rehevêques de Mayence,
deTrêves &: de Cologne,
comme nous trouvons que de
tout tems il a été ainsi observé.
§. 2.. Et s'il arrivoit que
nonobstant nostre presente
Confticution, quelqu'un des
Sujets desEglises de Trêves,
de Mayence & de Cologne,
fût ajourné ou cité ( pour
quelque Cause que ce foit,
civile,criminelle ou mixte.
jdu autre Affaire, pardevant
quelqu'autre Juge hors des
Territoires,termes,&; limites
desdites Eglises ou d'aucunes
d'icelles, celui qui aura été
cité ne fera nullement, tenu
.de comparoiste ouderépondre
: décorantlaCitation,
les Procédures &: Sentences
interlottitoires ou définitivesrendues
ouàrendre contre le
Défaillant, par tels Juges qui
Tcjpnthors du Ressort desdites
Eglises,.&: tout ce qui s'en
feaeurtorfeitfaentteseunivttiapt.,anr uelxe&c:utdioennouul -:
j§. 3. A quoy nous ajoutons
éxpressement queles Comtes,
Barons,Feudataires,Nobles,
Vyailaux, Officiers, Gens deguerre
,Citoyens, Pailans &!
tous autres Sujets desdites
Fglifcs,de quelque Etait;
Dignité ou Condition qu'ils
soient, ne pourront pas appeller
des Procédures, Sentences
-
interlocutoires
définitives, ou Mandemens
desdits Archevesques& de
leurs Eglises ou de leurs
Officiaux ou Juges Séculiers,
nonplus que desexécutions
faitesouàfaire en conséquencecontr'eux,
dans la
Jurisdiction de l'Archeveique
ou desditsOfficiaux, à quelqu'autre
Tribunal que ce soit,
pendant-quelaJufticcrte fera
pointdéniéeaux Complaignans
dans les Tribunaux
cUldits- Archevesques& de
leurs Officiaux; Faisons désenses
à tous autres Juges de
recevoir semblables Appellations,
& les déclarations
,
nulles
&: sans effet.
§. 4. Mais en cas de déni
de Justice, Nous permettons
à tous les sus-nommez à qui
la Justice aura été déniée,
d'appeller, non pas indifferemment
à tout autre Juge
ordinaire ou subdelegué
mais immédiatement , au Tribunal
de la Cour Imperjale &
au Juge qui y présidera alors;
cassant & annullant toutes les
Procédures qui auront été faitesailleurs,
au préjudice de
cette Constitution.
§. 5. Laquelle en vertu de
nôtre preseuce Loi Imperiale,
Nous étendons aussi aux Illustres
Comte Palatin du
Rhin, Duc deSaxe&Marquis
de Brandebourg, Princes Electeurs
Seculiers ou Laïques,&
à leurs Successeurs
,
Heritiers
& Sujets,en la mêmeforme âc
maniereque dessus.
ARTICLE XII.
, De l'Assemblée des Princes
Electeurs.
Au nom de la sainte & in*
divisible Trinité& à no[Ire
plus grand bonheur. Ainjî
c(oit-il. HARLES IV. par la
grace de Dieu Empereur
des Romains, toujours Augure
& Roy de Bohême:à la
memaire perpetuelle de la
chose.
§.I. Parmi les divers soins
qui occupent continuellement
nostre esprit pour le bien
public, nostre Hautesse Impériale
a consideré que les
Princes Electeurs du saint Empire
qui en.foiiç les bazes
solides & les colonnes immobiles,
ne pouvant pas avoir
commodement communication
ensemble,àcause de leur
trop grand éloignement les uns
des autres, il estnecessaire
que pour le bien & le salut
de l'Empire ilss'assemblent
plus souvent que de coustume ;
afin que comme ils font j.~r~'
încz des abus & desordres qui
regnent dans les Provinces qui
leur sont connuës, ilspuissent
en faire rapport & en conferer
ensemble, &: aviser aux
moyens d'y apporter le remede
par leurs salutaires
conseils & leur fage prévoyance.
§. 2. C'est pourquoi dans
nostre Cour solemnelle tenuë
par nostreHautesse à Nuremberg",
avec les Venerables
Princes ElecteursEcclesiastiques
,& les Illustres Princes
Electeurs Séculiers; & plusieurs
autresPrinces &: grands
Seigneurs, aprèsune meure
déliberation avec les mesmes
Princes Electeurs,de leur
a?/is_,pour le bien &: le salut
commun? Nous avons jugé à
propos avec lesdits Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, d'ordonner
qu'à l'avenir les mesmes
Princes Electeurs s'assembleront
en Personne une fois l'an ;
en une de nos Villes Impériales,
quatre semainesconsécutives
après la Feste de
Pâques,& que pour la presente
année, au même temps
prochainement venant, il fera
célébré par Nous & les mêmes
Princes une Conférence,
Cour ou Assemblée de cette
forte en nostre Ville Impériale
de Metz; & lors, en l'un des
jours de la tenue de ladite
Assemblée, il fera par Nous
& de leur avis, nomme un
lieu auquel ils auront à s'assembler
l'année suivante: Et
cette presente Constitution ne
durera que tant qu'il plaira à
Nous &: à Eux; & pendant
quelle aura lieu, Nous
prenons en nostre Protection
&Sauvegarde lesdits Princes
Electeurs, tant en venant en
nostre Cour qu'en y séjournant
& s'en retonrnant.
§.3. Etafin que la négociation
& l'expédition des
Affaires communes concernant
le salut &le repos public,
ne soient point retardées par
les festins qui se font ordinairementen
semblables Assemblées
; Nous ordonnons aussi,
de leur consentement llna-.
aime, que pendant lesdites
Assemblées il ne fera loisible
à qui que ce soit de faire aucun
festins general aux Princes,
mais bien des repas particuliers
, qui n'apportent point
d'empêchement à l'expedition
des affaires; &: cela mesme
avec moderation.
*
ARTICLEXIII.
De la révocation du Privi/fgt.
L.
Tatuons &déclarons
aussi, par nonre present
Edit Impérial, perpetuel &
irrevocable, que tous les
Priviléges & toutes Lettres de
Concession que Nous ou les
Empereurs & Rois des Romains
nos Predécesseurs de
glorieuremémoire, aurions
octroyez de nostre propre
mouvement ou d'une autre
maniere, fous quelques termes
que ce pilt être, ou queNous
ou nos Successeurs Eir p-:.-rcurs
& Rois pourroient à l'avenir
accorder à qui que ce soit & de
quelque Etat, Préeminence,
ou Condition qu'ilsoit;même
aux Villes, Bourgs ou COHl"'
munautez de quelques lieux
que ce soit pour des Droits,
Graces, Inununitez,COlltumesou
autre choses, ne
pourront prejudicier nidéroger
aux Libertez, Jurisdictions,
Droits, Honneurs&
Seigneuries des l rinces Electeurs
du saint Empire, Ecolesiastiques
& Seculiers, ni
d'aucun d'eux, encore que
dans lesdits Priviléges&
lesdites Lettres accordées,
comme dit est, en faveur de
quelquesPersonnes que ce soit
& de quelque Prééminence,
Dignité & Etat qu'elles
soient, ou desdites Communautez,
il fût expressément
porté qu'elles nepourroient
estre revoquées, si ce n'est
qu'en cas qu'oneûtspécialement
& de mot à mot inseré
dans tout le corps & contenu
desdites Lettres cette clause
de non revocation; lesquels
Priviléges &: Lettres, entant
qu'ils préjudicient & dérogent
en quelques choses aux Liberiez,
Jurifdichons,Droits,
Honneurs &: Seigneuriesdesdits
Princes Electeurs ou
d'aucun, Nous avons, de
nostrecertaine Science, pleine
Puissance 6c Autorité Imperiale
revoquez & cassez,
revoquons & cassons,entendons
&: tenons pour revoquez
& cassez par ces Prefel-ices,
ARTICLE XIV.
De ceux IlllfqNels on ôte les
biens Féodaux comme en
étant indignes. ET dautant qu'en plusieurs
lieux de Tizinpire
les Vassaux & Feudataires font
à contre-tems & malicieusement
une resignation ou dcnrL
rementverbal des Fiefs qu'ils
tiennent de leurs Se,igncllrsj
pour avoir lieuaprès ladite
resignation de les défier, 6t
de leur déclarer la guerre ,- 8c
fous prétexted'unehostilité
ouverte pouvoir attaquer , envahir, occuper, & retenir
lesditsFiefs & Terres au préjudicedesmêmes
Seigneurs;
Nous ordonnons
, par cette
Constitution perpétuelle, que
telles 6c semblables resignations
ou renonciations seront
reputé es comme non faites, si
elles ne sontfaites librement
réellement, & si les Seigneurs
ne sont misenponcrsion
corporelle& réelle d:'[-
<lirsEiefs ; en forte que ces faiseurs
de défi..pe troublentjamais
ou par eux ou par d'autres
,
& ne donnent conseil ,
faveurcqz- assistenceàquelqu'-
tin, pour troubler ou inquiéter
leursSeigneurs dans les Fiefs
où Beneficesqu'ilsaurontre-,
signez: Voulons que ceux qui
feront le contraire & attaqueront
leurs Seigneurs dans
leurs Benefices&Fiefs refiç-•O
nez ou non resignez,en quelque
manièreque ce soit, ou,
les troubleront ou endommageronr
;ou préteront conseil,
afiitfa-nce oufaveur à ceux quicommettrontsemblables
attentats ,perdentenmêmetems&.
par cela même lesdits
Fkfs:.te Benefices >•te soient.
déeiartoiofmie^:v& mis aui1
Ban de l'Empire
,
sans qu'ils
puitfentlt jamais rentrer ,
fous
quelque prétexte que ce soit,
danslesdits Fiefs&Benefices,
& sans qu'on les leur puisse
de nouveau en aucune maniére
conferer; Déclarant que la
Concession ou l'Investiture
qu'on leur en pourroit avoir
donnéensuite,contre la presente
Constitution
,
soit sans
aucun effet. Ordonnons en
dernier lieu
, que ceux ou celui
qui oseront ou oseraagir
frauduleusement contre leur
Seigneur ou son Seigneur
,
.lx. les iront attaquer de desseinprémédité
,
sans avoir
fait ladite resignation ; foit
que le défi ait esté fait ou non
fait, encourent par cela mé-
melesditèspeines:,enverta
de la presente -San&ion,
ArtïCLE XV. :
Des Conspirations,
,
i§. 1.N 1 1 Ous defapprouvonsaussi,
couda nnons).
& de nostrecertaine Science
déclarons nulles toutes Gonfpirations,
Conventicules., SOr
cierez
-
Ulicices;détestées dC
défenduës par lesiLoixdans
& hors desVilles, entre Ville
&: Ville; entre Partic111ie.r&
Particulier, entre Ville &:
Particulier sous pretexte de
Parenté,de Bourgeoise, où
telle autre couleur. qu'elle
puisseestre; comme aussi tou*
tes Confédérations&Pactes,
& toutes Coustumes sur ce
introduites, que Nous tenons
plutost pour corruption, lesquelles
les Villes ou Personnes
de quelque Dignité,Condition
ou Etat qu'elles puissent
estre,
-
auroient fait jtl\£qu'à
present, ou présumeroient de
faire à l'avenir, -foieentr'eux,
soitavec d'autres
,
sans l'autoriré
des Seigneurs dont ils
font Sujets
,
Officiers ou Serviteurs
, ou demeurant dans
leur Détroit,ces mêmes Seigneurs
n'étant,pas nommément
exceptez, ainsiqu'elles
ont été deffenduës & cances
par les sacrées Loix des Divins
Empereurs nos Fiicdé«e£*
seurs ;
à l'exception toutefois
des Conféderations &: Ligues
que l'on sçait avoir été faites :
par lés Princes,les Villes & autres,
pour la conservation dela
Paix générale des Provinces
e4 Pays ente'eux ;
lesquelles
reservantspecialement par nôtreDéclaration, Nousordonnons
qu'elles demeurent
dans leur force &: vigueur,
jusques à ce qLw Nous trou.., ,
vions à propos d'en ordonner
autrement.
§.2. Nous ordonnons que
tout Particulier qui osera à
l'avenir faire des Ligues
5 : Conspirations & Pactes de
cette sorte,contre la disposition
de cet Edit& de nôtre
ancienne Lça sur cepubliée
, >
outre la peine portée par la
même Loi, encourrera deslors
la notte d'infamie &: la
peine de l'amende de dix Ji.
vres d'or; & que toute Ville
qui pareillement violera nostre
presente Loi, encourera
aussi la peine de l'amende de
cent livres d'or, avec la perte
& privation de ses Privilèges
Impériaux; desquelles amendes
pécuniaires la moitié en
fera applicable au Fisc Imperia1,
& l'autre au Seigneur du
Détroit,aupréjudice duquel
lesdits ligues auront été faites.
ARTICLE XVI.
Des Phalburgers ou Gens déchûs
de leurBourgoisie.
§. I.AU reste
,
il Nous
a esté souvent fait
plainte, que certains Bourgeois
& Sujets des Princes,
Barons & autres cherchans
à secoüer le joug de leur su-
1 jétion oriyiiiaire même
par une entreprise téméraire
,
n'en tenant aucun compte,se
font recevoir Bourgeois d'autres
Villes, comme ils l'ont
en persoune dans les Terres,
Villes, Bourgs, & Villages
de leurs premiers Seigneurs,
qu'ils ont osé Ôc osent abandonner
par cette fraude
,
ils
prétendent joüir des Libertez
des Villes où par ce moyen
ils ont acquis le Droit de
Bourgeoisie & estre par elles
protegez; lesquels Bourgeois
font vulgairement appelez en
Allemagne Phalburgers. Or
d'autant qu'il n'est pas juste
que quelqu'un profite de son
dol & de sa fraude; Nous,
après avoir sur ce pris l'avis des
Princes ElecteursEcclesiasti-.
ques & Séculiers,, &de nostre
certaine Science
,
pleine Puis
sance & Autorité Impériale
,
avons ordonné & ordonnons
par cette presente Loi perpétuelle&
irrevocable, que lesdits
Bourgeois &: Sujets qui se
mocqueront ainsi de ceux fous
la sujétion desquels ils sont,
ne pouront de ce jour à l'avenir
dans toutes les Terres,Lieux
& Provinces du saint Empire
, joüir en aucune façon
des Droits & libertez des Villes
où parune telle fraude ils
se feront ou se font fait recevoir
jusqu'àpresent Bourgeois:
si ce n'etf que se transferant
réellement en personne dans
lesdites Villes pour y établir
un domicile actuel & y faire
une residence continuelle
,
vraye & non feinte, ils y subissent
les Impositionsaccoûtumées&
les charges municipales;
& si quelques-uns y ont été
reçus ou le sont à l'avenir,leur
reception fera réputée pour
nulle ; &: les Reçus, de quelque
Dignité
,
Condition&
Etat qu'ils soient, ne joüiront
en aucun cas&: fous quelque
prétexté que ce foie
,
des
Droits & Libertez desdites
Villes ,ce nonobstant quelconques
Droits & Privilèges
obtenus, & Coutumes obfervées
en quelque temps que ce
foit ; lesquels entant qu'ils
font contraire à nôtrepresente
Loi, Nous de nostre certaine
Science, pleine Puissance Impériale
,
les revoquons par
ces Presentes,&: ordonnons
qu'ils soient privez de toute
force &: valeur.
j. 2. A la reserve & sans
préjudice à toujours, touchantce
que dessus) des
Droits que les Princes, Seigneurs
& autres Personnes
qui de cette maniéré ont esté
ou feront à l'avenir abandonnez
, ont sur les personnes ôc
les biens de leurs Sujets qui
les abandonnent ansi ; &:*
pour ceux qui contre la difporition
de nôtre presente
Loi, ont osé par le passé
, ou
oseront à l'avenir recevoir
lesdits Bourgeois èc Sujets
d'autrui , si ils ne les :ren,.;
voient absolument dans un
mois aprèslapublication, à,
eux faite des Presentes,Nous,
déclarons que toutes les fois;
qu'ils transgresserontnôçre
presente Loi. ils encoureront
la peine de l'amande de cent
marcs d'or pur, dont la moitié
fera apphquable irremissiblement
à nôtre Fisc Impérial,
& l'autre aux Seigneurs
de ceux qui auront été ainsi
reçus.
ARTICLE XVII.
Des Défis.
§. I.NOus déclarons en
outre, que ceux
qui seignent d'avoirjuste raison
de défier que lqu'un
,
l'auront
envoyé défier à contretems
, en des lieux ou il n'a
pas son domicile établi; &
où il ne demeure pas ordinairement
ne pourronr pas
avec honneur ravager ses
Terres, ni brûler ses Maisons,
ou par autres voyes endommager
ses Héritages.
§. 2. Etdautant qu'il n'est
pas juste que le dol &: la fraudesoientprofitables
à personne,
Nous voulons &: ordonnons
par cette presente
Constitution perpetuelle, que
lesdéfis faits ou à faireà l'avenir
de cette fotte
,
à quelquesSeigneurs
ouautres Gens
quecesoient, avec lesquels
on auroit été en societé, familiaritéouhonnête
amitié
soit de nulle valeur; &: qu'il
ne soit nullement permis fous
pretexte de tel défi, d'outrager
quelqu'un par incendies;
pillcrics.Sefa^cagetnens , à
moins que ledéfi n'eûtété
dénoncé publiquement, pendant
troisjours, naturels, àla
personne même,défiée, -ou
dansle lieu de son domicile
ordinaire & accoutumé
, &.
que. par Témoinssuffisans il
ne fût rendu témoignage de
cette dénonciation. Ordonnons
que quiconque osera
défier & attaquer quelqu'un
en la manière susdite
, encoure
dés lors la notte d'infaiiiie,
comme s'il n'avoit esté
fait aucun défi; & qu'il soit
chastié comme Traistre par
tous Juges,suivant la rigueur
des Loix.
§. 3. Défendons &condamnons
aussi toute forte de
guerres&dequerelles injustes
, &" pareillement, les
incendies, les - ravages & les
violences injustes
,
les Péages
&Importions illicites &Se non
usitées; comme aÚffi les exactions
que l'on a coutume de
faire pour les Sauf-conduits
&les Sauve-gardes que l'on
veutfaire prendre par force
aux Gens ; &ce sur les peines
dont les saintes Loix ordonnent
que ccfdits attentats
soient punis. r
ARTICLE XVIII.
Lettres d'Intimation. AVous ,
Illustre & Magnifique
Prince, Seigneur,
&c. Marquisde Bran*
hourg, Archichambellan du
saint Empire Romain, nostre
Co-électeur & très-iberAmi.
Nous vous intimons par ces
Presentes l'Election dit Roy des
Romains
, qui pour causes
raisonnables doit être faite incessamment
,
& vous appellons
selon le devoir de nostre charge
& la coutume à laditeElection ;
afin que dans trois mois consécutifs,
àcompter de teljour, &c.
Vous ayez, àvenirpar VOHS-
même
, ou par vos Ambassadeurs
ou Procureurs ,
soit un ou
plusieursayant Charge & Mandement
suffisànt
, au lieu du
selon la , forme des Loix sacréts
qui ont été jur cefaites, pour
déliberer
,
traiter & convenir
avec les autres Princes vos &
nos Co- électeurs
,
de l'Election
d'un Roi des Romains, quipar
la grace de Dieuferaaprèscréé
Empereur; & pour y demeurer
jusqu'ala confommatioa de cette
Election,& autrementfaire &
procéder comme il eflexprimé
dans les Loix sacrées sur ce
établies ; àfaute de quoi Nous
y procéderonsfinalement avec
les autres Princes vos& nos Coélectleurs
suivant que l'ordonnev
l'Autorité desdites Loix nuftobftant
vostre absence ou Ctllf
des roJlrel.
ARTICLE XIX.
forme de Procuration à donner
par le Prince Electeur
qui , envoyera, ses Ambassa-
, deurs à FElection. NOus N. par la grace de
Dieu, ÔCC. du saint Empire,
&c. Sçavoirfaisonsà tous
par ces Presentes, Jthte comme
pour des Causes raisonnables
L'on doit inceffimment procéder
à l'Election d'un Roi des Romains
,
ér que nous desirons ardemment,
ainsique nousy oblige
l'honneur& Etat du saint Em*
pire, qu'ilnesoit exposé à aucuns
eminens dangers;Nous ,
ayant une ferme presuasion &
une confiancesinguliere en la
fidelité
,
suffisance & prudence
de nos chers&bien
- aimez tels,
&c. lesavonsfait , conflitue^
& ordonnez comme nous les
faisons ,constituons & ordonnons
,avec tout droit
, maniére&
forme
, le mieux & le
plus efficacement que nous pouvons
, nos veritables & légitimes
Procureurs & Ambassatleurs
spéciaux,eux ou chacun
d'eux solidairement, en sorte
que la condition de celui Ifuioccupera
ne soit pas meilleure , mais que ce qui aura esté commencé
par l'unse puissefinir Ô*
duëment terminerparl'autre ,
&cepour traiterpar tout avec
les autres Princes nos Co -
électeurs,
tantEcclesiastiques que
Séculiers
, conveniravec eux&
concluresur le choix d'une Personne
qui ait les qualitez propres
à estre élû Roi des Romains
,
Ó" pour aijïfier aux
Traitez qui si ferontsur l'Election
d'une telle Personne, é*
y traiter& délibererpour Nous
en nostreplace (J- en nostre nom,
comme aufjt pour en nostre même
nom &place
, nommer la même
Personne & consentir qu'elle
soit éluë Roi des Romains, &
élevée au saint Empire
,
&
pourfairesur nostrepropre con->
science tout Serment qui sera
necessaire, convenable cf aciQutumé
jmêmepour en cequi
concerne les choses susdites ott
quelqu'unedesditeschoses,sub-
JHtuer&revoquersolidairement
un autre ou d'autres Procureurs,
&faire toutes& chacunes choses
queserontnecessaires à" utiles
à faire en ce qui concerne les
Affairessusdites,ju[qu'à la consommation
des Traitez, de cette
Nomination
,
Déliberation &
Election
, ou telles autressemblables,&
aul/i utiles& importantes
chosès
, encore qu'elles ou
quelquune d'icelles,demandassentun
Mandementplusspécial,
ou qu'ellesfussentdeplus grande
consequence & plus particulière
que les susdites ; le tout comme
nouspourrionsfaire nous -mêmes,//
nous étionspersonnellement
present aux Négociations
desdits Traitez, Délibération , Nomination df Election future,
ayant & voulant avoir, 6"A
promettant fermement d'avoir
perpétuellement agriable&pour
ratifiétoutce qui fera négocié,
traité ou fait, ou de quelque
Wanière ordonnédans les .Affaires
susdites, en quelqu'une
Quelles par nos susdits Pro..
cureurs ou Ambassadeurs; cçw
me anssipar leurs fubdeléguez*»
ou par ceux qui seront ftbjli.
tuez, par eux ou parquelqu'un
d'eux.
ARTICLE XX.
De. l'union des Pri(JCipIlMfez.,:
des Eleveurs&desDroits
-,
- yannexez,.
Ah Nom de Ufainie& indivi^
-
sible Trivit.éydranojlreplus*
grand bonheur.Ainjifiit-il* cHALRLES IV. parla
grace de Dieu, Empereur
des Romains, toujours Auguste
& Roi de Boheme
>
à la
perpétuellemémoire de la
chose.
Comme toutes & chacunes
les Principautez, en vertu
deiquelles l'on sçait que les
Princes Electeurs Seculiers
ont droit & voixenl'Election
du Roi des Romains futur
Empereur, font tellement attachées
& inséparablement
unies à ce Droit & aux Fonctions,
Dignitez & aut':es)
Droits y appartenant & en
dépendans
, que le Droit&
la Voix,l'Office &: la Dignité,
& les autres Droits qui
appartiennent à chacune desditesPrincipautez
, ne peuvent
échoir qu'à celui qui
posséde notoirement la Principauté
avec la Terre, les
Vasselages
,
Fiefs, Domaines
& ses appartenances; Nous
ordonnons par ce present Edit
Impérial, perpétuel & irrc-.
vocable, qu'.à. l'avenir chacune
desdits Principautez demeurera
& fera si étroitement
indivisiblement conjointe &
unies avec la Voix d'Election,
l'Office&toutes autres Dignitez,
Droits&appartenances.
concernant la DignitéElectorale
, que quiconque fera paisible
poIÏeneur d'unedesdites
Principautez ; joüiraaussi de
la libre &: paisible possession
du Droit, de la Voix, de
l'Office, de la Dignité &: de
toutes autres appartenances
qui la concernent, &: fera reputé
de tous vrai & legitme
Electeur; & comme tel on
fera tenu à l'inviter, & recevoir
& admettre
,
& non
autres, avec les autres Princes
Electeurs en tout tems
&: sans contradiction aucune ,
aux Elections des Rois des
Romains
,
& à toutes les Actions
qui concerneront l'honneur
& le bien du saint Empire,
sans qu'aucune deschoses
susdites
,
attendu qu'elles
font ou doivent être en aucun
tems divisée ou séparée l'une
„
l'autre, ou puisse en Jugement
ou dehors être reputéeséparément
ou évincée par Sentence
; voulant que toute Audience
soit refusée à celui qui
demandera l'une sans l'autre
& que si par surprise ou autrement
il l'obtenoit, & qu'ils
s'en ensuivist quelque Procédure
, Jugement, Sentence,
ou quelqu'autre semblable attentat
contre nostre presente
Constitution, le tout en tout,
ce qui en pourroit émaner ,
en Quelque façon que ce pufl:
estre
,
foit de nul effet annuellement
nul.
ARTICLE XXI.
De l'ordre de la marche entre
Us Archevêques.
$. I. OR dautant qli<?
Nous avons [llffi..
fammentexplique au - commencement
de nos presentes
Constitutions l'ordre de la
Séance que les Princes Electeurs
Ecclesiastiques devoient
tenir au Confcil
,
à la Table
& ailleurs, lorsque la Cour
Impériale se tiendra, ou que
les Princes Electeurs feront
ci-aprésobligez des'assembler
avec l'Empereur ou le
Roi des Romains, sur quoi
nous avons appris qu'il y avoir
eu par le paslé plusieurs disputes;
Nous avons aussi cru
qu'il étoit expédient de prescrire
l'ordre qui doit être par
euxobservé aux Procédions
&: Marches publiques.
§. 2. C'cll pourquoi Nous
ordonnons par ce present
Edit Impérial & perpétuel ,1
quetoutes les fois que dans
les Assembléesgénérales ou
feront l'Empereur ou le Roi
des Romains & lesdits Princes,
l'empereur ou le Roi des
Romains voudra sortir en public
& en cérémonie
,
& qu'il
fera porter devant lui les Ornemens
Imperiaux, l'Archevêquede
Trêves marchera
le premier & seul devant
l'Empereur ou le Roi en ligne
droite & diamétrale;ensorte
qu'entre l'Empereurou le Roi
,& lui, il n'y ait que les Prince
à qui il appartient de porter
le; Marques Impériales
ou Royales.
§. 3. Mais quand l'Empereur
ou le Roi marchera (ans
faireporterlesdits Marques,
alors le même Archevêque
précédera l'Empereur ou le
Roi en la manière susdite, en
forte qu'il n'y ait absolument
personne entr'eux; les deux
autres Archevêques Electeurs
gardant dans lesdites Processions
chacun la place qui luy
a esté ci
-
dessus assignée pour
la Séance, selon la Province
en laquelle ils se trouveront.
'MERCURE
IV. PARTIE.
N0WELLES.
; NouvellesduNord.
AfLes <
Lettres du Palatinde
Kiowie du 19. Mars
dernier portent qu'il s'etoit
avancé avec le fils
du Kan des Tartaresvers
Niemirow
,
& Braclaw
capitale de la Basse Podolie;
que ces deux Placer
s'étantrendues à l'approche
de leurs Troupes, ils
y avoient sejourné peri.
dant quelques jours;
qu'ayant envoyé un Party
dans la Haute Podolie,
il avoir fait quelques Prifonniers
par lesquels on
avoir appris qu'il y avoir
a Lisianka un Corps de
six mille Moscovites;que
3 s'étant misen marche
pour lesallerataquer, les
les Moscovites étoient venus
au devant d'eux;mais
qu'àpres quelqueresistan-
1
ce ils avoient esté entierement
défaits , que le
premier fruit de cette
Vi&oire avoit esté la réduction
de Lifianxa.
Ces Lettres ajoustent
que le fils du Kan en avoit
receuune de son Pere par
laquelle illui donnoit avis
qu'il s'estoit rendu maigre
des Villes de Solofka
,
de Luiny, & de Michaïlow
,
les deux premeres
suéessur lariviere
d'Occa,&la derniere
sur le Tanaïs entre Moscou
& Veronecz où est
l'Arcenal de Marine du
Czar, & qu'ils'estoitavance
jusqu'à huit lieueë de
de Moscou.
A l'égard du Grand-
Vizir il estoit encore campe
avec 15000. hommes
à Daoud Pacha d'où il devoie
partir le 27. d'Avril
pour se rendre a13ender
quiest le rendez-vous general
de cette Armée.Voicy
un estat des Troupes
donc elle doit cflre conposée.
Cavalerie.
Trou pes desBachas.
ioi70. hommes.
Zaïms&Timariots.
17873.
Les quatre Cornettes des
1- Spahis.. 17773.
Deli ou Enfants perdus.
2046.
Total57862.
Infanterie.
Jani (Taircs.. 20000.
Gebegis ouCuiraissiers.,
10000.
Topgis ou Canonniers.
7000.
Janissaires du Caire. 3403.
Bosniens & Albanois. ?
îoooo. Pionniers.. 1400- Total61803.
L'Artillerie fera de,oo.
piècesdecanon,&de30.
mortiers.-
Les Troupes pour la
garde des frontieres ne
sont point comprises dans
cetestatnon plus queles
Tartares, & les 40000.
hommes destinez pour
l'Armée Navale dont voi- cyaussiunestat.
Vaisseaux ou Sultanes
•
grandes &petites. 18
Galleres..• 21
Galliores à 24. rames. 40
Galliotes à 16.rames. 60
Felouques au. rames. 110
Bastiments plats. 100
Jotal359.
Les Galleres, le|.Gal liotes
,&lesautres petits
Bastiments,sortirent du
Port le 18. Avril pourse
mettre à larade..
On a apprispar des
Lettres posterieures.que Ig
Palatin de Kiovie ,ec le
filsdu Kan des Tartares,
a prés avoir défaitles 6000.
Moscovites dont on a parlé,
avoient avec latestede
leurs Troupes attaqué
BialaecrKiov
; mais qu'aprés
y avoir donné trois
assauts
.>
ils avoientesté
obligez de te retirer en
attendantl'arrivée
-
de
leur Artilerier
Nouvelles de Flandre.
)..
Le 11 Avrilles Ennemis
entreprirentencore
de s'emparer du Porte
d'Arleux;maisils furent
repoussez avec perte, ainft
qu'ilsl'avoient esté la premierefois,
quoyqu'il euC.
fent amené du canon.
Le 12.& le13. Mrle
Maréchal de Villars fit la
reveuë de l'Armée,& des
Troupes qui font aux environs
d'Arras.
A Ypres le 28. Mai.
Mr le Comte d'Harling
partitLundy ij. de ce mois"
à trois heures après Midi avec
huit cens Grenadiers,Mrs de
Me,noti &de Barbançon Colonels
y
deux Lieutenants Colonels
, un Lieutenant de
Mineurs, 24. Mineurs
Avecune Charette d'Infime
menspourse rendre à ÏEdufc
d3Ariebecjoutjnuè &gardée
par une Redoute cer un
Moulinretranché,à un
quart de lieue de Courtray ,
a deux de Menin, à six de
Gand & a quatre de Bruges,
ilyarriva le :6 vers
les 5.heures du matin>&
aprèsavoir fait toutes feh
dispositions il donna lesignal
pour aticfaer la Redoute &
le Moulin. Ces deux Postes
furent emportez aigres une
refijlancc denviron trois
quarts d'heure,sans cependant
avoir eu que sixsoldats
tuez.MrBernard Lien*
tenant Coloneldangereusement
blejjé, deux Capitainesblessezlegerement.
Du
cçjlédes Ennemis, leCommandant
aesté blejjé, & il
y a eu environ trente Soldats
tue'{ ou hlejje^.Aprèsavoir
assemblé les Prisonniers
,
les
Mineurs s'atachcrent aux Ecluses
,
à la Redoute & au
Moulin, ~e leurtravail
ayant este achevé vers lessept
heures duJoir , ils mirent le
feu aux Mines quifirent
tout l'effet qu'on en pouvoit
attendre. Mr le Comte de
Villars & Mr l'Intendant
en ont estétémoinsoculaires,
car pour couvrir la retraite de
Mrd'Harling l'onavoitfait
sortir le meme jour 2 5. ahuit
heures du foir seize cens Fuseliers
& trois cens Dragons.
commandez par Mrde Grimaldy
Maréchal de Camp , Mr de Crecy Brigadier.
Mrs de Pertuis & de Noga.
ret Colonels, & deux Lieutenants
Colonels dontjestois
du nombre.
Nousarrivâmes à Arle-,
bec vers les sept heures dit
matin, &' nous nous mimes
en marche pour revenir vers
les huit heures du foir
, &
marchasmes toute la nuit. En4
vironsMinuit
,
étant près
de Rouffelar par ou nous devions
passer nous fumes avertis
que quatre mille chevaux
& deux mille Grend•*
diers en croupe étoient venus
pour nous couper, 0* qu'il
étoit forty en même temps
plusieursBataillons des Places
voisines
;)
pour investir
Rousselar pendant, Iç temps
que nous devionsnousy reposer.
Sur cet avis nous quitlames
le chemin de Rousselar
en nous jettentsur la droiteé
Nous fimes tant de diligence
que nous arrivames icy sans
avoir esté ataquez.
Nouvelles. d'EJj?agne."
Extrait d'une Lettre de
Sarragosse du 3. May.
L
a Reine a toujours
quelques ressentimens de Fievres
le Roy & le Prince
des Asturies font en parfaite
santé.
Les préparatifs pour l'ouverture
de la Campagne feront
bien-tost achever
,
les
Magasins de Mequinença
de Lerida
, ee de Cervera
étant presque tout afait remplis,
& toute l'artillerie du
Royaume de Valence étant
arrivée à Tortoze. Alr le
Marquis de Valdecanas a é.
tendu les Qartiers des I"rou.
pes qu'il commande au dessus
de Balaguer, le long de la
Segre& de Bragosafin de
les fairesubsister plus commodement.
Deux mille Miqueletsfefontfournis
au Roy
&se font 'Vemts rendre avec
leurs armes.
- Les Lettres de Madrid
du 12. du mesme mois portent
que l'ArméedeCatalogne
devoit saUcmbler
le 17. au deçà de la Segre,
& que le 20. elle devoit
estre campée sous Lerida;
& que Mr le Marquis de
Bay avoir assemblé celle
d'Estremadure des le 25.
Avril ; que le 29. il avoit
passé la Xevora ;
quel'Artillerie
de cette Armée y
estoit arrivée,& que plusieursRegiments
avec un
grand
grand nombre de Soldats
de recruë estoient prests
dela joindre.
Celles du 18. assûrenc
qu'on en avoic receu de
Saragossequi marquoient
que la Reine estantentierement
délivrée de la fievre
en devoit partir au
pluslost pour revenir à
Madrid ou pour aller à
Logrono sur la frontière
de Navarre, où l'airefE
tres- bon, afinde restablir
sa santé, que le General
Stanhope. avoicrègleà
Saragosse avec Mr le
Marquis de Castellar
, un
Traitepourl'échangé des
Officiers prisonniers;que
celui pour l'échange des
Soldatsn'est pas encore
conclu ;que le Royaume
d'Arragon offroir de lever
à les dépends quatreRégiments
pour la garde des
frontières,& pour servir
d'escorte aux convois;
que t'Armée d'Efirama.
dure qui estoit desja forte
de vingt-trois bataillons , &dequarante-neufEscadrons,
estoit campée prés
du pont de Badajos ; que
Mr le Marquis de Bay s'estoitavec
la Cavalerie du
costé de la riviere de Caya,
ôc aux environs de Campo
Mayor où elle fourageoit
les grains, ce qui
estoit tres -
préjudiciable
aux Portugal à cause de
la disette qu'ilsen ont
que l'Armée Portugaise
estoit une partie à EHremoz,&
lereste dansd'autres
Places.
Lettre de Sarragosse
duzyAdai.
Mrs le Marquis d'Alto*
na, & le Comte d'Aguilar
ont estéfaitsCapitaines généraux.
Don Melchior dePor*t
tugal ayant este envoyé pouA
donner lachasse à une Trou*
pe de Volontairesquifaisoient
des courses du costé de Balbastro
, on a faitpendre un
grand nombre, & dissipé le
reste qui s'etsauvé dans les
Montagnes. Les Gardes du
Corps qui font en Quartier
dans le Royaume de Valence
avaient recu ordre dese mettre
en marche; mais cetordre a
* efléfufyendu3<& on croit qu'
ils escorteront les Vivres
y
les
Munitions & l'artillerie
quisontà Tortozeoùilestarrivé
24.pieces degros Canon.
Les Troupes Françoises qui
doiventjoindre les Espagnoles
sont entrées en Aragon, 0-
le Roy à nommésix bataillons
pouraller relever la garnison
de Girone. L'Armée. doit se
mettre enmarche le
5. du mois
prochain pour entrer en Catalogne.
Mrle Marquis de Boy
fourage les grains des environs
d Elvas & de Campo-
Mayor des deux cassé de la
Caïa sans que les Portugais
fassentaucun mouvementpour
sy oposer. Il doit arrivericyau
premier jour un convoy
considerable d'argentlm vient
de Cadiz. Lasanté de la
Reine devientmeilleure de
jour en jour, elle doit partir
A 7. du moisprochain à Corella
entre Calaharra& Tudc«•*
laou l'air 11fort bonO;
Nouvellesdeplusieurs endroits
Lettre de Marseille
du19.May.
Il a fait pendant deux
jours un vent de Sud-Ouest.
très violent. Léquipage d'unf'\
Barquede la Flotepartie de
rddopourBarcelone, qui eft1
échoüeé pres de Martigues ,
a raporte que cette Flotte.
près avoir mis à la voile le
26. Avril étant escortée par
Une Escadre de dix Vaisseaux
commandée par le Vice-AmiralNorris
avoitestéérepoussée
sur les Costes de Genes parun
gros vent} pendant lequel on
avoit estéobligée, de jetter
environ deux cens cinquante
chevaux dans la Mer; qu'
ayant ensuite remis à la Voile
,
elle avoit esté battu avant
hier d'une si rude Tempeste
que tous les Vaisseaux avoient
tfie contraintsdesi laisserallerau
gré du vent qui lès
foujfoit vers les Plages de
FoZ
y
qui sont tres dangereufis.
particulierement du cossé
rks. bouches du Rhosne.
D'autres
D'autres Lettres qu'on
a reçuës depuis portent
que cette Flote estoit de
quatre- vingt Bastimens
chargez de bled & de prés
de sept mille hommes de
Troupes; & qu'il est peri
un grand nombre de ces
Bastimens, Celan le raporc
des Equipages& des
Soldats de plusieurs Barques
qui ont abordé au
Porc de Cette & à quelques
autres delamesme
Code.
Celles deNaplesdu18.
Avril marquent qu'une
Tartane qui avoit demeuré
quelque tempsa- Cagliari,
avoit rapporté que
la pluspart des bastimens
de ce Convoy y avoient
relasché après avoir esté
fort maltraitez par une
tempeste qui les avoir ob- ez de jetteren mer dix-
- huit mille sepriersde
crains pour les allegir,
& qu'une Tartane chargée
de draps pour habil-
-
ler les trou pes, estoit allée
aborder à Palerme, quarante
soldats Napolitains
qu'il y avoit dessus ayant
forcé les Matelots de les
y conduire.
," On a publie à Vienne
un Traité conclu avec les
Députez des Confederez
de Hongrie le 29. Avril
au nom de l'Empereur
quoyqu'il fuit mort dés
le 17. Par ce Traité Sa
:'
Majesté Imperiale comme
Roy de Hongrie pardonne , au Prince Ra-
,
gotzi
,
le remet en possession
de tous ses biens,
luy accorde une retraite
pour luy, pour ses Enfans,
pour sa Cour, & pour tous
les Domeitiques en Hongrie,
en Tranfilvanie, ou
ailleurs, où bon luy rem.
bleray à condition que
dans un temps limité il
évacuera les Places qui
font en son pouvoir. Ce
Traité contient aussi une
Amnistie generale pour
tous les Hongrois & les
Transilvaniens de quelque
qualité & condition
qu'ils loient,avec une restitution
generale de tous
leurs biens, foit qu'ils
ayent esté consisquez,
vendus, donnez, ou demembrez,
& mesme que
les veuves & les orphelins
joüiront de ceux dont
ils auroient deu herirer;
que rexercice de la Religion
fera permis en Hongrie
& en Tranfilvanie,
suivant les Loix de ce Royaume
*, que les Officiers
& les
soldats
estrangers
pourront se retirer où ils
jugeront a propos, & ceux
qui font domefliques,relier
avec leurs Maistres,
& que les prisonniers de
guerre, de quelque qualité
& condition qu'ils
soient, joüiront de l'amniftie.
Il ne manque plus
àceTraité que la ratification
& l'execution.
Suite des Nouvelles
duNord.
Onareceupar lavoye
de Vienne des Lettres de
Constantinople du 4.
May,par lesquelles on apprend
que le Grand Visir
n'a deu se mettre en marche
que le
1 8. pour joindre
le Roy de Suede à
Bender. CesmesmesLectres
portent que le Kan
des Tartaresestoit de retour
de la course qu'il a- voit faite jusques vers
Moscou, qu'il avoit amené
un fort gros burin)&
vingt mille Moscovites en
esc lavage.
-
Le Czar estoit encore
en Pologne au commence
cernent du mois de Juin,
où il attendoit le Roy Auguste
pour conferer avec
luy.) ce Prince estant parti
de Dresde le 24.May
pour s'y rendre avec le
Prince Electoralsonfils
,
le bruit avoir couru quils
avoienc elle enlevez sur la
route par une Troupe de
Polonois du parti du Roy
Staniilas. Cette nouvelle
mérité connrmationmais
ce qu'il y a de cettain est
que le General Sinigielski
Polonois, qui avoir pasle
en Pomeranie avec le Roy
Stanistas
,
s'estoit avancé
vers les frontières de Pologne
sur la route que tenoit
le Roy Auguste, où
il avoir défait le Regiment
d'Egstat Saxon, ôc pris
une grande partie des C'à.
quipages de ce Prince que
ce Regiment escorcoit.
Suite des Nouvelles
d'EJftagne.
LeRoy&le Princedes
! Astîuriesdoivent acompagner
la Reine à Corella, & on
travaille aux préparatifs
pour ce Voyage. Toutes les
Troupessont en riou-uepnme
excepté celles de la Maison
du Roy qui doivent partir
'VtYS le 10. avec Monfieur
: deVendôme. Le General
Stoerwiberg n'apas voulu m-,
tifier le Traité que le General
Stanhopeavoit fait pour
échangerlesOfficiersPrisonniers,
sexcufant sur ce que
les Soldats periraient quand
il n'y auroit plus d'Officiers
pour prendre soin d'eux. Ce
General est campé avec un
Corps de Troupes pres d'Igualada
où il peut les faire
subsister plus commodemrnt.
Nous avons appris que l'Amiral
Norris avoit debarqué
à Barcelone environcinq
mille hommes de sept qu'il
avoit en partatant de Vado
,
le resse ayant péri dans plufleurs
Tempesses quesa Flotte
a essuyées dans le trajet, avec
la plus part des chevaux qu>-
il avoit embarquez. & beaucoup
de Munitions de bouche.
Le bruit court que l'Archiduc
veut prositer du retour de cette
Flotte en Italie pourypas
ser
, & de là à Vienne;
mais que cet Amiralrefuje
desechargerdeJapersonne
sans en avoir auparavant
reçu un ordre de la Reim
Anne.
,"
Suite des Nouvelles
de Flandre.
Au Camp du Prieuré
S. Michel lez Arras
le 15.Juin.
Les Ennemis décamperent
hier à une heure
aprés Minuit, & marcherent
sur plusieurs Colonnes.
Ils passerent la Scarpe
le matin entre Vitry
& Douay , & leurs Bagages
passerent la mesme
rivière au dessousde la
mesmeVille,& le Canal
de la Deule àAuby& à
Dourge. Leur droite est à
lievinàcoité de Lens sur
le Souchet, & leurGauche
à Pontà-Saut sur la Deule
du costé de Douay
,
le
Souchet & le Canal derriereeux.
Leurs Généraux
sont à Lens. Le gros de
notre Armée marcha en
même temps par la même
hauteur pour joindre foi.'
xante & huit Escadrons
qui estoient vers la Somme
& que Mrle Maréchal
avoit fait avancer
sur le Crinchon. Nostré
Droite est à Biaclie,nostre
Gauche à Monrencourr,
& nôtre Centre à Fampon
sur la Scarpe. Mr le
Maréchal est logé au
Prieuré
, & son Etat Major
au Fauxbourg d'Arras.
Les Lettres d'Holande
portent que l'Electeurde
Brandebourg étoit arrivé
à la Haye le 6. Juin pour
follicirer les Etats Généraux
de terminer le diferent
qu'il a avec le Prince
de Nassaw Stathouder de
Frise & de Groningue
concernant la succession
du Feu Prince d'Orangei
Ce Prince,par son Testament
avoit institué le
Prince de Nassau son Legaraire
universel , Son
AltesseElectoraleprétend
qu'il ne la pas pû ou dû
faire à son préjudice comme
étant son plus proche
parent; en cette qualité
Elle s'est mise en posses.
sion de tous les biens situez
hors des Provinces
Unies. Le Prince de Nassau
, à la prière des Hollandois
, a nommé des
Commissaires pour tra-*
vailler avec Mr Hymmen
Commissaire de son Altesse
Electorale , aux
moyens de finir cette affaire
à l'amiable. h.l
- 1
,M O RTS.
--. Mr le Marquis de Langeron-
Lieutenant General
des Armées Navales
.& Lieutenant de Royen
basse Bretagne,& Com-
-
mandeur de l'Ordre de S.
,
Louis mourut le iS. du
mois
mois dernier d'une apoplexie
qui luy prit à
Sceaux âgéde 61. an.
Il yavoic 45. ans qu'il
estoit au service du Roy,
sa premiere Campagne
fut au Siége de Candie,
il s'est trouvé à dix rcpt
batailles navalles ,
sans
compter les combats
particuliers où il commandoit
de petites Escadres
detachées
,
il a deffendu
les Costes de Bretagne
, ôc a empeché la
descente des Ennemis
Mr l'Amiral luy a rendu
la justice de croire & de
dire qu'il avoit fort contribué
au gain de la derniere
bataille navalle où
il comandoit l'arriere garde.
Le Siége de Toulon
elt trop recent pour qu'il
soit necessaire d'en parler
,
l'Hifloire qui en a
esté imprimée peut fournir
de memoire de cette
derniere action.
Entr'autres qualités pour
la Marine ils'estoit distingué
dans la construction
des Vaisseaux où il excelloit.
On ne dit rien de sa
Maison, elle est assez connuë
dans le monde par ellemesme,& par ses alliances.
Louis d-Harcourt,fils
d'HenryDuc d'Harcourt,
Pair & Maréchalde France
,
Chevalier des Orr
dres du Roy &c. mourup
le 30. Mayâgé de 4.ans
& demi.
Jacques Malo Seigneur
de Ser, la Morte,
Frauville &c.mourursans
alliance le31. Mayâgéde
52,. ans. Il avoir esté-reç$-
Concilierau Grand Çoiv
seil en1691. 0#
Marie Talon ,veuve
de Daniel Voisin
,
Seigneur
du Pic[fis du Bois,
Iverny
, &c. Confciller
d'Estar ordinaire, mourut
le 31. May âgée de 81.
an. Ellelaisse une fille
unique , qui est veuve de
Chrestien François de la
Moignon President à
•Mortier.
:
Marie Anne Fontaine
des Montées, secondeb
femme d'Estenne d'Ali!.
gre P-rétiden-c à Mortier
mourut en couche tefc.
Juin âgée de31.an.Là
fille dont elle étoir acouchée
,
& qui étoit unU
que,ne luy a survescu que
de quelques jours. !t
- Messire Jean -
Baptiste
Matthieu Molé de
'_-Cham plastreux,Président àMortier, mourut d'apoplexie
le 5. de ce mois,
..âgé.i de trente- six ans &
trois mois, il estoit fils de
Messire Loüis Molé aussi
Président à Mortier, &
de Dame Loüise Marie
Betault, arriere petit fils
deMessire Matthieu Molé.
Garde des Sceaux de
France, & Premier Président
du Parlement, & le
cinquiéme Président à
Mortier de pere en fils.
Il estoitveufdeDameMarie
Nicole le Gorlier de
Droüilly
,
de laquelle il
laisse un fils & unefille.
Monsieur le Président
de Champlastreux estoit
frere de Mr. Molé Abbé
de saint Riquier, & de
Mr. le Chevalier Molé
Guidon de Gend'armerie,
& de Dit-ne Marie-
Loüise Molé veuve de
Mr. Talon Marquis du
Boulay Colonel du Regimentd'Orleanois.
Jean François Gilbert
Chevalier Seigneur de
Villaroy
,
Conseilier au
Parlement, mourut sans
alliance le 7. Juin âgé de
trente neufans.
Don Antonio Martin
Alvarez de Toledo ÔC
Beaumont, Enriquez, de
Rivera, Fernandez, Manrique
,
Duc d'Albe & de
Huescart, Comte de Lerin
, de Salvatierra ,&c.
Marquis de Coria,&c.
Connestable & Grand;
Chancellier de Navarre,
Sommelier de Corps du
Roy d'Espagne&son Ambassadeur
en cette Coiïr,
mourut icy le 28. May
dans sa 40 année, estant
fort regreté à cause de
ses grandes qualitez pcrfoneles
, & du zele donr
il a donné des preuves signalées
pour le service de
Sa Majesté Cathotique.
On en parlera plus amplementle
mois prochain.
André Zaluski
, Evè:..,
que de Varmie
,
Grand
Chancelier de Pologne,
mourut
jnouruc le premier May
1711. âgede63. ans. -
Le Sr Flemming, Maréchal
de Camp Général
de l'Electeur de Brandebourg
,mourut à Berlin
le10May âgé de87.ans.
Adam Antoine Grundeman
de Falckenberg,
Conseillier d'Etat du feu
Empereur, &: cy-devant
fous Maréchal de la Baffe
Autriche, mourut à Vienne
le 25. May âgé de 87. ans. Le Prince de Nassau
Adamar,Juge de la
Chambre Imperialle de
Wetzlar, mourut le 27.
May.
MagdelaineBouteroüe
veuve de Charles leClere
de Lesseville, Chevalier
Seigneur d'Incourt &c.
Conseiller au Grand Conlcil
, mourut le II. Juin
f\ âgée de 82. ans.
Catherine le Clere Epouse
de Nicolas Petit
d'Estigny
,
Chevalier de
Leudeville & Conseiller
au Grand Conseil, mourut
le 14. Juin âgée de 60.
ans.
HumbertGuillaumeC.
de Precipiano & de Soye,
Archevêque de Malines,
Primat des Pays - Bas,
mourut à Bruxelle le 9.
Juin en sa 85. année. Il
avoit esté Chanoine &
Grand Doyen de Besançon,
Plenipotentiaire àla
Diete deRatisbonne, Evêque
deBruges pendant
sept ans,& Archevêque
de Malines pendant 2 1.
an.
MARIAGES.
Le PrinceEmanuel de
Nassaw, Prince du S. Empire,
premier Lieutenant
des Gardes du CorpsWallons
du Roy d'Espagne,
fils du feu Prince François
Desiré de Nalîau-,
Prince du Saint Empire,
Prince Souverain de Sieghen
,
Doyen des Chevaliers
de la Toison d'or.
Et de N. Comtesse du
Pujet de la Ferre,Comtesïe
du St Empire,épousale
13. May Charlote de
MaillydeNesle,fille de
feu Mr le Marquis de
Nesle, & de Marie Comtesse
deColigny.
Mr le Marquis de Nef,,
le estoit Maréchal des
Camps & des Armées
du Roy, il sur au siége
de Philisbourg. Les
MaisonsdeNassau, de Mailly & de Coligny,
dont ces nouveaux Epoux
defcendenc
,
font si anciennes
,si illustres & si
connuës dans l'Europe,
qu'on se contentera de
rapporrer icy le temps ou
se forma la branche de
Sieghen - Dillembourg,
dont est ce Prince de Nassau.
Le Prince Guillaume
le Belgique est descendu
de l'Empereur Adolphe
de Nassau esleu canoniquement
par le suffrage
des Electeurs le jour de
la saint Jean Baptiste 1292.
& a continué jusques à
Guillaume troisiémePrince
d'Orange mort en Angleterre
en 1702. dernier
malle de la premiere
branche de cette Maison.
Sa mort a fait passer le
droit d'aisnesse à la branche
du Prince Emmanuel,
dont nous- parlons.
Pour ne laisser aucun doute
de cette verité il ne
faut que remarquer que
le Prince Guillaume né à
Dillembourg le 10. Avril
1489.deson mariage avec
Julienne fille de Otho
Comte Destolbourg, eut
Guillaume qui fut le premier
Prince d'Orange de
la Maison de Nassau
,
&
le Prince Jean de Nassau,
le premiera fait la branche
des Princes d'Orange,
qui a fini par la mort
du Prince d'Orange: &
le dernier a fait la branche
de Nassau Sieghem
Dillembougdontle Prince
Emmanuel descend.I
Le Prince Jean Comte
de Nassau dit le Vieux,
épousa en premieres nôces
Elisabeth fille deGeorge
Landgrave de Leuchtemberg
:en secondes nôces
Cunegondefille de
Frideric troisiéme Electeur
Palatin, & en troisiémes
Jeanne fille de Louis
Comte de Vitgenstein; il
laissa en mourant huit
Princes Ôc onze Princesses,
le Prince Jean son filsaisné
qui fut appelle le
Moux
,
continua la posterite,
ilépousa en premieres
nôces Magdelainefille
de Samuel Comre de
Valdeck, & en secondes
nôces Marguerite fille de
Jean Duc de Holstein
Sunderbourg. Il eut pour
fils du premierlit Jean dit
le Jeune, qui épousaen
1618. ErnestinePrincesse
de Ligne Comtesse d'Aremberg.
De ce mariage
est venu le Prince Jean-
François-Desiré de Nasfau
pere duPrince Emmanuel
donc nous parlons.
Cette Famille compte
onze Ducs de Gueldres.
Quatre Electeurs Archevesquesde
Mayence.
Un Evesque de Liege
en 1230. qui fut assassiné
par Theodoric du Prat &
laissa soixante & cinq Ensans
pour successeurs.
-. Un Archevesque de
Cologne, en 1136. & un
Empereur.
LesMaisonsdeMailly
&deColigny dont Madame
laPrincesse de Nasau
est fille, ne sont pas
moins anciennes en noblesse
,
ni moins relevées
en grandes alliances, depuis
l'an 1000. qu'Anselme
de Mailly qui fut tué
au siege de Lille en Flandres
en 1070. jusques à
aujourd'huy que Mr. le
Marquis de Mailly de
Nelle frere de Madame
la Princesse,deNassau :,
Commandant la Gend'armerie
de France, soustient
avec éclat le nom de Mailly.
Il y avoir desjaplusieurs
alliances des Maisons
de Mailly & de Coligny
avec celle de Nassau.
Celles des Princes de Bergues
dont Adrien de Mailly
avoit épousé lafille;
celle de Bourbon, Marguerite
de Mailly ayant
épousé leComtede Roye
&deRoucy. SafilleEleonor
fut mariéeà Loüis de
Bourbon premier Prince
de Condé, Charlorte (a
fille épousa Guillaume de
Nassau, la mere de Marguerite
de Mailly estoit
Loüise de Montmorancy
qui épousa en secondes
noces Gaipard de ColignYCesar
de Beaudean
Comte de Parabere, & de
Pardailhan Baron du Petit
Chasteau lez Rouvans,
Seigneur de la Rousseliere
en Poitou,&c.Brigadier
desArmées du Roy, &
fils d'Alexandre de Beaudean
,vivant,Comte de
Pardailhan
, & Marquis
de la Motte S. Heraye, ÔC
de Jeanne Therese de
Maijand , épousa le huit
de Juin Marie Magdelaine
de la Vieuville,fille
de René François, Marquis
dela Vieuville,Chevalier
d'honeur de la feuë
Reine, Gouverneur &
Lieutenant General pour
le Royen Poitou &c. Et
de Marie Louise de la
Chauffée d'Arrets Dame
d'Atour de Madame la
Duchesse de Berry, fille
deN de la Chauffée Seigneur
d'Arets en Normandie.
La Naissance de ces
deux nouveaux mariés
estantassez connue
,
je
vous diray seulement que
la Maison de Beaudean
de Parabereest une des
anciennes du Pays de Bigorre
,
où elle possedoit
avant l'an 1400. les terres
de Baudéan, de Coursean,
&de Parabere
,
& les Baronies
d'Aux, & de Clermont
en Pordéac.
Jean de BeaudeanComte
de Parabere Marquis
de la Mothe saint Heraye
Lieutenant General des
Armées du Roy & nommé
à l'Ordre du fainr Esprit,
& designé par Bre-
> ver pour estre Mareschal
de France, mourut dans
un âge fort avancésous
le regne de Louis treize.
Il fut marié avec Loiiife
de Gilliers veuve de Francois
de sainte Maure pere
de Charles de sainte Maure
Duc de Montauzier
Gouverneur de feu Monseigneur
le Dauphin;&
il eut de ce Mariage Henry
de Bau dean
,
Comte
de Parabere, Gouverneur
dePoitou,& Comandeur
des
des Ordres du Roy, &C.
- grand pere du Comte de
Parabere d'aujourd'huy.
Et Charles de Beaudean
Seigneur de Neüilhan ,3c
Gouverneur de Niort ,
pere de Suzanne de Beaudean
, 3c d'Angelique de
Beaudean
,
mariée au
Comte de Froulay Suzanne
de Beaudean Dame
d'Honneur de la seuë Reine
,
fut mariéeau Duc de
Navailles Maréchal de
France, duquel mariage
sont issus Françoise de
Montault de Benac mariée
à Charles de Lorraine
Duc d'Elbeuf duquel
mariage elle a eu feue
Madame la Duchesse de
Mantouë.N. de Montault
de Benac mariéeà
Mr le Marquis de Rorelin
, dont est venu Mr le
Marquis de Rotelin. N..
deMontaultdeBenac mariée
à Mr le Marquis de
Pompadour, & de Laurieres
dont est issue Madame
la Marquise de
Courcillon Dame du Palais
de Me laDauphine.
Mademoiselle de la
Vieuville
,
aujourd'huy
Comtesse de Parabere est
petite fille de Charles
Duc dela Vieuville Gouverneur
de Poitou,Chevalier
d'Honneur de la
Reine, Maréchal des
Camps,& Armées du Roy
qui estoit fils de Charles
Duc de la Vieuville Ministred'Etat,&
Sur-Intendant
des Finances, qui
eut pour fille Lucréce
Françoise de laVieuville,
femme d'Ambroisé , François Duc de Bournonville
,
Pere deMadame
laMaréchalle Duchesse
de Noailles.
Le Marquis dela Vieuville
d'aujourd'huy a pour
frere Mr le Comte de
Viennecy-devant Mestre
de Camp du régiment du
Roy Cavallerie ,& Mrle
Bailly de la Vieuville
Grand Croix de lvÍalche;
Mr le Comte de Vienne
est marié avec N. Mitte
de Chevriere
,
fille &
heritiere de Henry Mitte
de Chevriére Comte de
S.Chaumont, dont il a eu
Mr leMarquis de S. Chaumont,
Colonel d'un Regiment
de Dragons.
-'
La ceremonie du Mariage
fut faite par M.rAbbé
de la Vieuville Grand
Vicaire d'Agen frere de
la mariée.
Lors qu'on demanda
au Roy l'agrément de ce
mariage
,
Sa Majesté y
donna son approbation
dans des termes qui font
beaucoup d'honneur aux
deux Maisons des mariés,
& qui marquent qu'ilest
tres satisfait de la manière
dont Mr le Comtede
Parabere l'a servy
, il a
toujours esté en Espagne
depuis le commencement
de cette Guerre, où il s'est
distingueen plusieursoccassons
,
& entr'autres à
la bataille d'Almanzaimmédiatement
aprés laquelle
il fut fait Brigadier
seul par diftindion.
BENEFICES,
Le 23. May
,
veille de
la Pentecôte, le Roy donna
l'Abbaye de Sully a
Mr l'Abbé du Van Grand
Vicaire de Tours. "-. Celle de S. Ruf chef
d'Ordre
,
auPere Rolin,
ReligieuxdumêmeOrdre,
Saint RufAbbaye de
Valence en Dauphiné,&
chef d'Ordre des Chanoines
reguliers de Saint
Augustin, à Amaide, Odilon,
Ponce & Durand
Prêtres de l'Eglise d'Avignon
, quiobtinrent vers
l'an 1039. de Benoist leur
Evêque
,
les Eglises de S.
Just & de S. Rub,ouRoux
dans sonDiocese prés deU
Durance,delàleur çp_m:
munauté prit le nom de
S.Ruf. Depuis,cesReligieux
vinrent s'établir
prés de Valence dansl'Isle
Efparviere
,
où l'Abbé
Raimond avoit fait bâtir
un somptueux Monastere
,
ils y ont demeuré
jusqu'en 1561. que la fureur
des guerres Civiles a renversé
cet ouvrage. Ils
avoient un Prieuré dans
l'enceinte des murailles
de la Ville de Valence,
on en a fait le chef d'Ordre
après cette révolution.
L'Abbé General s'ye(l
établi,
établi
,
& y a portéles
droits de l'autorité & de
la dignité du Monastere
de l'Isle Expaviere
, avec
le contentement du Roy
Henry le Grand en 60.
39. ou 40, Abbés Generaux
, ont gouverné jut:
qu'ànos jours cetOrdre, il adonné III. Papesàl'Eglise
, AnastasseIV.Adrien
IV. & Jules II. Il en est
aussisorti trois Cardinaux
,
Guillaume de Vergy
, Amidée d'Albert,&
Angelius où Angelique
de Grimoard de Grisac
fondateur du College de
S. Rufde Montpellier.
Celle de S. Sauveur de
Beaucaire, à Me de la
Fare, Religieuse de la
même Abbaye.
Sa Majesté avoir donné
auparavant celle de
S.Wast de Moreüil, Ordre
de S. Benoist ,au Père
de HeufyfReligieux
du même Ordre.
Beatrix de Lorraine
soeur de Madame la Princesse
d'Epinoi, fille de
François Marie de Lorraine,
Prince de l'inebonne
, & d'Anne de Lorraine
soeur de Mr le Prince
de Vaudemont
, a esté
unaniment nommée Abbesse
de Remiremont,&
de l'agrément de S.AR.
Monsieur le Duc de Lorraine.
Cette Abbaye, qui estoit
autrefois de l'Ordre de
S. Benoist fut fondéel'an
620. par S. Romeric. Elle
est composée aujourd'huy
de Chanoinesses qui font
obligées de faire preuve
de quatre races deNoblefse
, mais qui peuvent se
marier, exceptél'Abbesse,
quifous laProtection des
Ducs de Lorraine est Dame
spirituelle & temporelle
de la Ville de Re.
miremont. CetteVille
dans l'enceince de laquel-,
le est l'Abbaye
,
est située
sur la Moselle au pied
du Mont Vauge à une
lieue de la Franche-Comte.
Le Dimanche septieme
Juin on eut à la Cour& à
la Ville une grandeAlarme
,
sur un accident qui 1
parut menacer d'une maladie
dangereuse,Son Alresse
SerenissimeMonseigneur
le Duc du Maine
; mais cette alarme
cessa le lendemain&la
joye universe llequiparut
quand on aprit que cette
maladie n'auroic aucune
suite, marque l'estime ôc lavénération que tous le
monde a pour ce Prince.
e,,,AIfemf.!ée du Clergé.
!.. Le 15.Juin,l'ouverture
de l'Assemblée extraordinaire
du-Clerzé
se fie avec les mêmeceremonies
dont on a donné
le détail lorsque la precedente
Assamblées'est teneuë.
Voicy la Lifte des
Deputez du premier & du
second rang de chaque
Province.
Province de Paris.,
Monsieur le Cardinal
de Noailles
,
Archevêque
de Paris.
Province'de Vienne.'
Mr l'Archevêque,d,e
Vienne. *
Mr l'Abbé Champier.
Province de Reims.
,
Mr l'Archevêque de
Reims.
Mr l'Abbé deBusanval.
MProvinrce,decBordleaucx.
Bordeaux.
Mr l'AbbédeLucinge.
Provinced'Alby.
Mr l'Archevêque d'Alby.
Mrl'Abbé Crouzet.
Province de Toulouse.
Mr l'fcvêqiie deLavaur.
Mr l'Abbé de Grandmont
de Lanta.
Province à*Aix.
Mrl'Evêque de Riez.
Mr l'Abbé de Valbelle.
Province d'Embrun.
Mr l'Evêque de Vence.
Mr l'Abbé Viala.
Province de Tours.
Mrl'Evesque de Leon.
Mrl'Abbé de Tressan.
Province de Narbonne.
Mr l'Evesque d'Agde.
Mrl'Abbé Trudene.
Province de Sens.
Mr l'Evesque d'Auxerre.
Mr l'Abbé de Visnic-h.
Province de Bourges.
Mr l'Evesque de Liînoges.
,"., Mrl'AbbéBrossard.
ProvinceàAMch.
, Mrl'Evesque de Coru
serans
Mr l'AbbéleMazuyer.
Province de Rouen.
Mr l'Evesque de Seez.
Mr l'Abbé de Bouville.
Province de Lyon.
Mr l'Evesque d'Autun.
Mr l'AbbédeChemé.
Province d'Arles.
Mrl'Archevesque d'ArlesMrl'AbbédeS.
Andiol
,
Prcfident
Monsieur le Cardinal de
Noailles.
Promoteur.
Mr l'Abbé de Broglie.
Secrjt.urt.
Mrl'Abî^e.1nCaa.bour.
Le 17. Al les Dipuriz
allerent (ilixr le Roy. à
Marlv. Ils furentconduits
par Mr des Granges Maistre
des Ceremonies
,
&
presentez par Mr le Comte
de Ponrchartrain Secrerairÿ<
fErar. MrleCarchfrâTde
Noailles porta
la parole;Voicyun Extrait
du Discours que Son
Eminence fit à Sa Majesté
à Mr le Dauphin &àMe
la Dauphine. AU ROY.
SIRE,
Le Clergé de vostre
Royaume ne se lasserajamais,
de vous cb(Ïr
,
de
vous servir & C'est rendre
àCesarce qui essa Cesar, &..
entrer dans les dejjeins de
Dieu que de vous aider àsoutenir
une guerre dont il n'a
voulu encore lafin.Quand
V. M. a fait voir qu'elle
desiroit la procurer à quelque
prix que ce fust. Ce
deluge queforment les torrents
d'iniquité qpi inonde toute la
terre ,
estencore trop violent
peurpermettre a la colombe de"
sortir de l'Arche
}
cm de porter
aux hommes le rameau dioli.
vier. Mais en differant
,
la paix Dieu a voulu recompenser
vostre soumission
à ses ordres,& pour
justifiervostre conduire,&
pour justifier mesmela
sienne, s'il est permis de
parler ainsi il reprend de
nouveau & avec plusde
force ladefense de sacause
que vous soutenez.
Une especedemiracle
, a
relevé leTrosne de yojlre sesitfils,
& le rétablit non sur
le sable
, maissur la piere serme
quisoutient le Trofne des
rois,c'est le %ele (7 lafidelité
des Sujets.
in-Uneprotection de Dieu
* si visible est acordée nonseulement
au genereux&
i pieux Roy vostre petit fils,
:' mais encore à la foy deV.
M:.àson zele constantcon -
- tre les erreurs. A son
egalitéparfaite à sa resignarion
dans les pertes
les plus sensibles.Et à tant
dautres vertus qui vous
attireront de plus en plus
cçtre protectionquenous
demandons tous les jours
pourvous.
Nous joindrons à nos
yeux tous les secours &c.
ÏEghfe ne veutse reserver
de biens temporels que pour
fournir au culte de Dieu.
Etau soulagement des pauvres
; c'est les soulager que
les defendre des violences de
rvos ennemis. & c'estsoustenir
levray culte que d'éloigner
d'un Royaume Catholique
les heresies des differentes
Nations qui vous attaquent..
Plaise à ce grand Dieu
de nous rendrebientost le calme
, çjjr de vous accorder la
consolation de voir vos sujets
heureux ~& tranquilles
,
de
vous accorder des jours aussi
longs,aussi glorieux ~& aussi
saints que nous le desirons.
AMONSEIGNEUR.
IE, - DAUPHIN.
'MONSEIGNEUR,
Voicy le premierhommage
que le Cjlergé a l'honneurde -'
vous rendre encenmonie,mais
ce n'rft pas le premier que cba-;
cun de nous vous 4 rendu en,
particulier
, ~&c >
= Quel bonheur pour
nous , & pour tout le
Royaume, de voir un
Prince né pour le gouver- n'erunjour,ci-nploycrla"
pénétration & l'élevation
- -
de
de son esprit à se convaincre
de cette grande vérité,
quetant de Princes ignorent
, que le premier devoir
des Souverains efi defaire rf-.
gner Dieu dans leurs Efiats,
Quenedoit-on
pas attendre
de cet espritde justice
,
de cet Amour pour U
regle,~&c.de cettecharitéardente
qui vous rend
si sensible à la misere des
pauvres, &c. Enfin, de
vostre attachementpour leRoy,
qui trouve envousunfils
aussi sournis, aussi tendre,
& aussi occu pé du desir de
luy plaire que l'estoitceluy
qu'il a perdu, &c.
A MADAME
LADAUPHINE
MADAME.
Nous vous rendons aujourd'huy
pour lapremière
fois, nos tres humbles
hommages & avec un
sensible plaisîr quoyque
ce soit un sujet de douleur
qui nous le procure. Noflrc
caractere ne nous permet
pas de loüer en vous ce que
tout le monde y admire. :
Nous ne loüerons que vostre
foy ,&c.la droiture de
vos intentions, la delicatesse
& la soliditédevostre qrit,
la bonté devostre coeur, vojlre
union avecunauguste Epoux,
& lefoin que vous avez conjointement
avecluy deprolonger
heureusement les jours de
Sa Majesté en luy faisant
trouver dans sa Famille toute
la douceurqui est deuë à unsi
bon pere , & à un maistresi
refyeftMe*
-
Le 18. Juin on fit dans
l'Eglise de l'AbbayeRoyaledeSaint-
Denis leService
solemnel pourle repos
de lame de feu Monseigneur
le Dauphin. On n'a
pas pu encore me donner
le détail decerte ceremoTABLE
1
,
I. PARTIE.
LITTERATURE.
j4raîleleburlesquedTHomf«
te & de Rabelais. 9
Calculaftronomique.
-.
41
Les Fourmis. - 49
JExtrait surl'Allemagne. zziIl II.PARTIE.
tj4M7JSEMENTS.
PIECES rVO/TJF£S.
4..v
Ode contre l'-Ejfcrit. 1 EriftreenVers. 13
il4 rlbeurs de L'homme.31
Epizramme. 34, P/.,cet à Mr. 3f
Suite de lu Bulle d'Or. 40
IV. PARTIE.
NOUVELLES.
Nouvelles du. Nord. I
Nouv-lies àeFlandre. 8
Nouvellcs &£jj>14
Suite des Nouv du Nord. 30
Suite des N. d%ïjpjgne. 33
SMuite desoJV.rdetFlasnd.re, 36 4g
Mariages. 52
Benficcs,• - 70
"Maladie de M'.:'.le Ë*f dit
Maine. 76
Assemblée.du Clergé. 77
tiuranpies du Clergé 83
Service pourMonfeignenr.91
APPROBATION. JAy lû par ordre de
Monseigneur le Chanuna*
KJ MercureGalant des
mois de May & de Juin.
GALANT.
1 A PARIS,
-
M. DCCXI
- Avec Privilege du RU.
rjr £R"GTOTITE
'CAJLAJVX.
*"?'"T *"* 'f",r le Sieur DuF**#
deMJouis in
17 IL
Le prixest30.fols reliéen veau, 4a
15.fols, brochez
*$
A PARIS,
if "Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
, du côté du Palais.
PIERRE RIBOU,à l'Image S. Louis,
sur le Quay desAugustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la nri
SduaFoiinn, tdu côte de la rusr Jacques.
MERCU RE
GALANT.
I. PARTIE.
LITTERATURE.
fARALELLEKVRLESgVE
OuVijfertation, ouDiscours qu'-
on nommera, comme on voudra surHomère&Rabelais. ,
Crrrycz.
- vous en Toflre
foy
9
anonques Homère
écrivant C1Iliade&1'0..
dyj[ee>penja(l és allegories
lesquelles de luyont calefreté
Plutarque, Heraclides,&
c. Si lecroyez,
pourquoynecroirez-vous
lluJJi merveilles occultes
dans ces miennesjoyeuses
&nouvelles chroniques,
combienqu'en les dictant
ny pensasse non plus que
vous, qui par avantu
re beuvezcomme moy;
carà la composition de ce
Livrejeneperdis,n'employay
onquesplus ny autre
temps que celuy de ma
refection
,
sçavoir ep lnbeuvant
& mangeant;
aussi est-ce la jufle heure
décrire ces hautes matieres
&sciencesprofondes,
tomme bien jçarvoitfaire
Homeredont le /abeur
sentoit plus le vin
que l'huile. Autant en dira
quelque Turlupin de
mes livres, ce que prendray
àgloire: car, ocombien
l'odeur du vin est
Pli,içflriand,ri.,înt, priant,
plusceleste & delicieux
quel'huile.
C'cft à peu près dans ces
termes que Rabelais vers
l'an *55o. commença luimême
pour moy, sans le
sçavoirle paralelle que
je devais faire en iy(f.
d'Homere & de luy.
Ces deux Autheurs
ont premièrement cela
de commun j
qu'ils êtoient
nez pour la Poëlie
;ilne manque à Ra-
AI
belais pour estre grand
Poëre que d'avoir écrit
en Vers: son Livre efb
un Poëme en Prose,
quoy qu'il n'ait point dit
d'abord 3
Deesse chantez
Gargantua,&c.Ilprend
sa Lyre d'un air (Impte
comme Hbnlcre, ils
promettent peu l'un &:
l'autre, maisils donnent
beaucoup dans la suite ;
en commençant ce paralelle
,
je promets peu
ainsi qu'Homere^c^onne
beaucoup, ôc je ne
donneray presque rien;
il faut bien qu'il y ait
quelque difference entre
Homere & moy.
Avant que de comparer
les ouvrages de nos
deux Autheurs, comparons
la réputation de l'un
à celle de l'autre
, comparons-
les pourtant sans
comparaison, de peur
d'offenser quelqu'un;
respectons - les comme
-
comme s'ils estoient en:
J core en vie. Encomparant
deux Poëtes, deux
Avocats, deux Medercins,
même deux Magistrats
diray-je aussi
deuxHéros,Ton offen-
[e au moins l'un des
deux; toutparalelle ofsense
l'homme
, parce
que chaque homme se
« croit unique en son espece
: appellons donc cecy
braadinlagee pllultoest q.u-e pa- - Le ton sèrieuX' gâterait
tout: Homere Ô£
consors ic fâcheroient (I
j'empruntois la Lyre divine
pour chanrer Rabelais
; maisRabelais eil
bon Compagnon. Il me
prêtera bien son fiile,.
même pour mettre Homere
au-dessus de luy.
yy- Revenons à nos mou*
y, tons, diroiticy Maistre
y, François,paralellifons
yy
la haute & llliritlque;'
„ renommée Homerien-
»ne, à la renomméeRabc!
aiuenne., de son
temps &dunôtre
nonmoins grande en cf
dimention domina- c€
tion & tyranie, quoi- ee
que Picholine au gré
d'aucuns
, eu égard
aux pays&sujets qu'-
elle domine &tyranni- cc
se : car réputationHomerienne
regne & regna
és cerveaux heroï- e€
ques, scientifiques
, C,"
Philosophiques, Meta-,,,c
physiques
, Alchimi.
„ miques & Cabalis-
„tiques, & Rabelai-
„
sienne,manienerégné
s,
qu'és cerveaux joyeux
des Paht-igruel/fies>
)'
lequel mot de Pantagrueliste
seroit pour-
„ tant par - avanture
>,
mieux & plus sensé-
,', ment fignJÍlcatifJ que
„ nlll autre des grands
„ mots ci-dessussi l'on
5,
l'interpretoir à force
„ d'erudidonjSe de
„ han, han, comme on
faitaucuns jïiot grecs c<
Hoiperiens,inintcll ,,"
giblesaux
-
bonnesc<
gensnon-érudits.<c
Mais je m'amuseu
,,
trop à lanterner & cf
baguenauder endigrç(
fionsjdigressîons'f
Aulfm sont au Le<5teur
ce que font au Voya- «5
geur ,landes arides, u
sabloneuses
)
Se alte- ct
rantes, partant,vite, «
alerte de hait, de <f Jhait,doublons le pas,,
-,
s le pas-,
- - -' jk
-
yy courons aubut,allons
„ au fait,idest, buvons
,, fra is.
Aristote n'a peut-estre
pas dit avant moy que la
beauté de l'ouvrage fait
d'abord la réputation de
l'Auteur,& qu'ensuite la
réputation de l'Auteur
fait souvent la beauté de
l'ouvrage; les beautez réelles
qui sont dans Rabelais
lui ont sans doute d'abord
acquis sa réputation,
mais ensuite sa réputation
a fait trouver dans ses ouvrages
bien des beautez
qui n'y sont pas; je ivay
-garde de croirequ'il en
10it ainsi duPoëteGrec,
chut. laissons parler un
homme plus hardi que
moy ,
c'est Montagne. un Autheur, dit-il,
suissegagner cela d'attirer
,.& embesoignerapréssoy
la Posterité, ce que nonseulementl'habileté.
&
Jiijfifance>mais autantou
ylus lafaveurfortuite du
sijet & autres hasards
peuventgagner, qu'au demeurantun
Autheurse
presente ou par bètise ou
parfinese,unpeu obscurement,
&diversement>
ne luy chaille, nombre
d'esprits le belutant~tese-
(COUtint, en exprimeront
quantite de formes
9 ou
Jelcna ou à cosé , ou au
contraire de la sienne &
qui toutes luyferont honlicur;
c'tj.ce quiafait va"
loir plufteursebofes de
neant, qui a mis ericredirplusieurs
anciens eCrits) t'T,
les Ilchargez.,detoute/orle
de bautez, qu'on avoulu,
une même chose recevant
mille &mille
, &autant
qu'il nous plaist d'images
~& considerationsdiverses ; Est-ilpossiblequ'Homere
ait dit tout ce qu'on luy
fait dire, ~&c.
Est-il possible aussi que
Rabelais ait pensé tout ce
qu'on luy fait penser ?
Non sans doute
, on a
voulujustifier par des applications
fines & détournées,
plusieurs tirades inG..
pides où tombentnecessairement
ceux qui veulent
roûjours parler & toûjours
plaisanter ; quelque fond
de gayeté qu'on puisse
avoir,onn'est pas plaisant
toutes les fois qu'on plaifante
: il faut pardonner
au plus agreable convive
deux turlupinadespourun
bon mot, &C au plus
grand Poëte deux pensées
simplement communes ,
pour unesublimementsimple.
Je ne parle pas d'Homere
deà, diroit Rabe- tcf
lais, il est en les moindres
lanternages fubli- <€
mirifiquemententoufiafmé
; je le vois tout cc"
embrasé .& tout embrasant
d'un feu A- tcf
pollonien; mais après
tout il n'y a point de
feu sans fumée, comme
aussi n'y a-t-il point de
fumée sans feu: fumée
„ je nomme en ce dernier
„cas, réputationodoran-
„ te , comme fumée de
cassolette, ou comme
„ vapeur de musc&d'am-
„ bre- gris delectant les
„ bonnes & fortes testes,
„ mais entestans parfois
j, aucuns à teste-foible,si
„ aucunes y a.
„ Je voulois donc dire
J) par ce didon de fu-
~J
111ée làns feu , que ré-- putatioii ne va point
fê sans merite,laquelle
maxime les fabula- cc
teurs anciens eussent
ainsi allegorisée.
Réputation mariée à
Merite, a engendré Prévention
1 , & par aprés
Prévention,Fille née de,
Réputation,a engendré
sa Merebienplusgrande
& plus belle que n'estoit
naturellement, lors que
fut mariée à Merite. ; -
Homere a environ
: deux millesix cens ans
de réputation acquise ;'),
Rabelais n'en a qu'environ
cent soixante ;
Corneille n'en a qu'environ
cinquante:lequel
des trois doit l'emporter.
A juger seulement par
l'âge des réputations
, ,.
c'est peut-estre la plus
jeune; car plus une réputation
vieillit, plus elle
estabsorbée dans le vaste
fein de la Prévention.
.-j.Vingt ou trente ans
aprés la mort d'un Aut1
heur y c''e1s1t .à' peu pré1s -
là vraye distance ; c'est
le vray point de vûë
d'où , je voudrois juger
de sa réputation.
-
En voyant Homere
àtravers vingt-six siecles
- imaginez - vous
voir de loin une femme
à travers un brouillard
épais; quelqu'un qui en
feroit devenu amoureux
par ouirdire auroit beau
vous crier: voyez-vous
la délicatesse de ces
traits,la douce vivacité
de ces yeux, la nuance
imperceptible des lys &c
des roses de ce tein délicat
; mais sur tout remarquez
bien ce je ne
sçay quoy , ces graces.
Hé morbleu, répondriez-
vous à cet Amant
enthousiasmé,comment
voulez-vous que j'en juge
, à travers d'un tel
broüillard ; il faudroit
quejeusse les yeux d'un
Linx,ou ceux de l'Amour.
;
Voyez
Voyez au contraire un
Autheur de trop prés
,
c'est encore pis ; la réputation
d'un Autheur
vivant est offusquée par
la jalousie de ses contemporains
, par la cabale;
,
on estime mêmesesouvrages
selon le crédit qu'.
il a, selon sa qualité, ses
richesses , ses moeurs ;
que sçai - je moy, mille
autres sujets de prévention
: par exemple, nous
ne sçaurions nous imaginerqu'un
hommeque
nous voyons de si prés
soit si grand homme :
comment seroit-il divin,
nousle voyons boire &
manger avec nous, &c
nous luyentendons sou.
vent dire à tableplus
de sottises qu'à ce gros
yvrognesimple & pesant,
quiparlant& beu.
vant avec une égalité
merveilleuse ,soutient
beaucoup mieux ridée
q^Uon nousavoicdonnée
de luy, que cet Auteur ne
soutient celle que ses livres
nous avoient donnée
de l'élevarion de son genie.
Revenons à nostre
point deVue que je placerois
environ vingt ou
trente ans après la mort
d'un Autheur, afin que
dégagé des préventions
dont je viens de parler,
on puisse juger de toutes
les beautez del'ouvra,
par rapport au goust,aux
moeurs , aux usages, aux
proprietez de la langue,
& à cent autres circont
tances qu'il est essentiel
de bien sçavoir, pour
porter un jugement équitable
& de l'ouvrage
& de l'Auteur, maissur
tout de l'Auteur, car on
peut quelquefois juger
d'un ouvrage par l'ouvrage
seul, mais on ne
sçauroit juger du mérité
d'un Autheur que par
rapport au siecleoù il
a vécu.
, Mais lesujet que je
traiteme mène plus loin
que je n'avois crû ; je
voulois parler feulement
dans ce mois-cy de la ré.
putation, de nos deux
Autheurs,8cdelà préventionqu'on
a pour
eux Réputation ,Prévention;
c'estoù je m'étois
borné. Quelles borlies.,
grand Dieu! le chapitre
de la Prévention
feule rempliroit mille
volumes àne faire qu'un
petitarticle sur chacun
des préjugez qui entrent
dans la composition des
jugemens des hommes : il pourra donc encore
dans la suite m'échaper
quelques traits non-envenimez,
contre la prévention
qu'on a pour les
Anciens; & comme cette
prévention pourroit
allerjusqu'àm'accufer
d'estre prévenu pour
les Modernes, il faut
se dèclarer. Je croy
donc que tout confideré
tout compensé
Homme , pour Homme,
Auteur pour Auteur.
Teste pour Teste ,Ancien,
Moderne, tout est
à peu près égal; parce
que les coeurs & les cerveaux
sont à peu prés fabriquez
comme ils étoient
jadis. A l'égard
d'Homere & de Rabelais,
je les crois chacun
dans leur genre grands
& excellens Autheurs' ';
c'est assez dire pour Rabelais
, mais je crains
d'avoir trop peu dit
en l'honneur d'Homere.
Ceux qui le divinisent,
& qui sont dévoilez à
son culte voudroient-ils
me forcer à l'adorer comme
ils sont.
A ce propos ilme souvient
de ce que dit Rabelais,
non en ses livres
connus, mais en quelque
sien manuscrit. Croyezdonc
si voulez que c'est
baliverne posthume du
grand Balivernier Maître
François.
- Un jour Panurge dans
un Caveau du Temple
6 renommé de 14 dive
-
Bouteille buvoit debout,
-& buvant avaloit, &;,
avalant se déledoit, &. se
-
délectant chantoit : Hé
bon bon bon,que le Vin
- el bon, par mafoy j'en
-rueux boire: Or comme il
chantoit & beuvoit sur
ce ton, un Sacrificateur-
-zélé de l'antique & dive
Bouteille,s'avança tout
courroucé
, vers Panurge
3Ci qu'en son courroux
il l'appella buveur profane
; qu'est-ce à dire,
répliqua le Buveur moderne
: n'est point profane
qui bon Vin boit-, •
qui bon Vin aime, &
qui bon Vin chante.
Non certes,dit le Sacrificateur,
mais tu bois debout,
& c'est mal - fait
car il faut boire à genoux,
tu chante fimpiement
que le Vin est bon ;
il faut chanter qu'il est
divin,car c'est vin grec.
Hé, que m'importe,dit
Panurge, vin Grec ou
Bourguignon, ny celuy-
ci, ny celuy-là, ny
aucun Vin n'estchose
divine: non ce n'est: que
boisson humaine,& pour
ce j'en boiray tout ce
qu'humainen peut boire
humainement & ne la
boiray que debout, ou
assis à table,ouà che*
val
, car on boit aussi le
vin de cheval,mais à
genoux on ne but oncques,
& n'y boiray mie.
Alors le Sacrificateur
homme gravement colerique
n'enrendit point
railleriey & à grands,
coups de Tirfe voulut
faire agenouiller le bon
Panurge; mais luy s'obstinoit
à boire debout,
criant seulement, Bon,
bon,bon, vin pour moy
bon , bon me suffit,bon
veut tout dire. 0 tu diras
divin
3
crioit le Sacrificateur
, tu en viendras
à mon mot; divin,
divin, crioit l'un en battant
: bon bon,bon,
crioit l'autre en buvant
en forte qu'entre ces
deux obstinez ne pou.
voitavenir, non plus
qu'aux Ecoles Aristoteliciennes
aucune folotion
raisonnable. Devinez
qu'elle fut celle-cy,
A force de boire&;
d'avoir bû, le vin manqua
à Panurge, qui pour
lors cria commec'estoit
sa coûtume, des que [a
bouteilleestoit vuide, il
cria, dis-je, du vin, du
vin:enforce quele Sacrificateur
crut oiiir divin?
divin,cette équivoque
Panurgienne finit
ainsi le debat au Temple
de la dive Bouteille, sans
quoy ces deux obstinez y
croient encore, l'un à
battre &c l'autre à boire.
i,:
Autant en pend à
Foeit à quiconque voudra
crier en lisant Homere,
beau, beau beau,
admirable
,
sublime ce
n'est rien dire si l'on ne
crie divin, divin
Or apres ce conte bon
ou mauvais , selon le
Lecteur, adieu vous di-,
fent Homere & Rabelais
jusqu'aux Calendes
Mercuriales du prochain
mois. Si pour lors devriez
revoir Mercure paralelliisant
vous, après
avoir tousse un coup en
boirez trois ou quatre ;
ensuitebesicles pren- drez, si debesicles usez,
& alors lirez peut-estre
merveilles & peut-estre
billevezées
CALCVL
Astronomique.
L On imprime à present
à la Haye un petit Livret
intituleCalculAgronomiquesurladifiance
reciproque
de plusieurs Eclipses
: on m'en envoyc
un Extrait trop rempli
de calculs pour estre placé
dans un Mercure ga
lant ; il est toûjours bon
d'en avertir ceux qui
ont curieux de ces fortes
de sciences : on me
mande qu'on a fait de
ces calculs une application
utile qu'on en peut
faire à la quanticéde l'année
solaire, dont voicy
les Principes communs
marquez au commencement
de l'Extrait.
Le Calendrier Julien
a commencé avant l'alt
de grâce, &c. - L'ordre des Bissextes
y est observé de quatre
ans en quatre ans sans
exception.
Le Calendrier Grego
rien a reformé le Julien
en mil cinq cens quatre,.
vingt-deux.
La reformation a retranché
dix jours de cette
annéemil cinq cens
quatre-vingt-deux.
Elle a fixé la durée
de l'Année Solaire à trois
cens soixante-cinqjours
cinq heures quaranteneuf
minutes.
Elle a determiné qu'à
l'avenir toutes les centiémes
années ne feroienc
plus bissextiles, si ce n'est
de quatre cens ans à quatre
cens ans.
Elle a reconnu le défaut
de correspondance
qui se renconcroit dans
le calendrier Julien entre
les mouvemens du Soleil
&C de la Lune.
De ce petit nombre
Je principes il tire des
consèquences, pour les
calculs modernes par leC:
quels on a prétendu déterminer
l'espace moyen
du mois synodique lunaire
avec plus d'exacitude
que ne l'avoit fait
autrefois Meton l'Athénien
en inventant le
Nombre d'or.
OBSERVATIONS
sur lesFourmis,
Ceux qui obsèrvent h
nature dans Je dessein
d'écrire & de se faire
honneur de leurs découvertes
donnent souvent
le merveilleux pour le
vrây, & leurs imaginations
pour des observations
réelles
-
J'ay plus de confianct"
Cn ceux que la simple
curiositéengagé d'abord
à chercher le vray, & qui
frappez ensuite par le
merveilleux qu'ils y trouvent,
ne peuvent resister
au desir d'en- faire parc* Public,
'i Celuydequije tiens
les remarques suivantes
est encore plus digne de
foy que ces derniers:car
le hasard seul luy a fait
faire cesdécouvertes, &C
il n'avoit nulle envie de ;
les èCllre-;,CC'11CiL que :
par complaisance pour
moyqu'il a employé à
ce petit ouvrage des heutf
res qu'il employe ordinairement
à de plus hautes
études; & c'est une
choseétonnante qu'avec
tout le goût & toute la
vivacité d'esprit qu'on
puisse avoir, il ait eu la
patience de faire des observations
si exactes.
Les Fourmis.
Vous m'avez fait l'honneurde
m'écrire, Monsieur,
pour apprendre de
moy ce qu'un de mes amis
vous avoitdesja dit de
quelques observations
que j'ay faites sur un des
plus petits insectes de la
nature ,
je voudrois pouvoir
satisfaire entièrement
vostre curiosite par
une description exacte,&
pourainsi dire,parl'anatomie
de ce petit animal
vous parler de la maniéré
dont les fourmis s'engendrent,
leurs differentes especes,
comme elles font
rangées dans leurs fourmillieres
& mille autres
particularitez trés-curieuses,
dont je pourray un
jour vous faire part. Comme
je n'ay eu ni assez de
temps, ni d'assez bons microfcopes
pour considererexactementrout
cela,
vous vous contenterez
s'il vous plaist, de ce que
je puis en dire aujourd'huy
,
& dela promesse
que je vous fais de vous en
dire un jour davantage,
sij'ay assez de loisir pour
en faire des nouvelles experiences
, ausquelles je
feray moins engagé par
ma curiosité particuliere
que par l'envie que j'ay
de vous faire plaisir.
Je fis ces observations
à la campagne, où je
passay l'Estéfort solitairement
dans un lieu assez
triste pour moy,ilsemble
que Dieu voulut me susciter
lafourmy pour me réveiller
de la paresse
j compagne
inseparable del'ennuy
yôcme faire entendre
la voix delaSagesse qui
dît:nadeadformicamopiger
Allez à la fourmy, pares.
feux. En effet elle merite
bien quelque attention
parciculiere,puisque la Sagesse
en fait l'éloge
, &
que telle curiosité peut
sèrvirà nous rendre meilleurs
; c en: ainsiqu'en examinant
de prés les plus
petits ouvrages de la nature
on y découvre sans
cesse de nouveaux motifs
d'admirer & de louer
Dieu, & on voit plus d'ordre
dans leur conduire,&,
si je l'ose dire, de sujets
d'édification qu'on ne
trouve pas tousjours parmy
les hommes.
Dans une Chambre à
costé de la mienne que
personne n'occupoit de- rpuislongtemps,til y avoit
à la fenestre une caisse,
avancée de deux piedsde
profondeur, propre à entretenir
des fleurs. Comme
il y avoir long-temps
qu'on n'avoit point cultivé
cette espece de parterre
,
il s'estoit couvert de
platrars
,
& de plusieurs
autres immondices détachées
dutoit,& desmurailles;,
quitoutes reünies
ensemble avec cette terre
par l'eau qui y avoit esté,
formoient un terrain sterile
& sec; d'ailleurs l'exposition
au midy , l'abry
duvent,&dela pluie,&
sur tout le voiGnage d'un
grenier, rendoientcet endroit
un lieu de delice &
d'abondance à des fourniis,
c'estoit-là auni où
elles s'estoient establies en
trois ou quatre fourmillieres
différentes; sans
doute par la mesme raison
qui nous fait bastir
des Villes en des lieux
fertiles & commodes
prés des sources , & des
ruisseaux.
L'envie que j'avois de
cultiverquel que fleur, me
fit examiner cet endroit,
& je transplantay dans un
coin de cette caisse, où 11
terre estoit meilleure,une
tulipe du jardin; mais ayant
jetté les yeux sur les
fourmis que je vis occupées
sans relache à mille
petits soins difterens
, petits
par rapport ànous
mais tousjours tres-utiles,,
& de tres-grande importance
pour elles
,
je les
trouvay plus dignes de
ma curiosité que toutes
les fleurs du monde;j'ostay
bien-tost ma tulipe
pour estre l'admirateur&
le restaurateur de cetre
petite Republique ; voita
tout ce donc elles pouvoient
avoir besoin, car
pour leur police, & l'ordre
qui regne dans leur
societé, il est plus parfait
que celuy des Republiques
les mieux policées,
ainsi elles n'auroient à
craindre que quelque
nouveau Legislateur qui
en voulust changer la forme.
Je m'occupay à leur
procurer toutes leurs petites
commoditez,'ostay
de cette caisse ce qui pouvoit
leur nuire, & j'allois
souveut visitermes fourmis,
& estudier leurs
moindres actions. Comme
je me couchois fort
tard j'allois les voir travaillerau
clair dela Lune,
& je me fuis souvent levé
la nuit pour examiner
leurs travaux, j'envoyois
tousjours quelques unes
aller & venir ça & là, &
tousjours occupées,il semble
qu'il n'y ait point de
sommeil pourelles. Tout
le monde sçait que la fourmy
sort de sa fourmilliere,
& expose au Soleil le bled
qu'e lle tenoit enfermé la
nuit ; ceux qui ont veu des
fourmillieres ont peu remarquer
aisément ces petits
tas de bled autour de
leurs trous.Ce qui m'estonna
d'abord c'est que mes
fourmis ne sortoient leur
bled que la nuit au clair
de la lune, & qu'elles l'enfermoient
le jour, ce qui
estoit contraire à ce que
j'avois vu,&que jevoyois
faire aux Fourmis des au-
, tres endroits:J'en découvris
bien-tost la cause,
c'est qu'il y avoit assez
prez de la un pigeonier,
& que les pigeons, & les
oyseaux seroient venus
manger leur bled si elles
l'eurentexposépendant
le jour,apparam-mcntelles
avoient esté attrapées,&
j'en trouvois souvent lorsque
j'y allois le matin.
Je les delivray bien tost
decesvoleurs,enmetcanc
des morceaux de papier
aubouc d'un fil que le vent
faisoit jouer, & qui'cftoient
attachez audessus
de la fenestre, cela les
delivra des oiseaux; Pour
les pigeons comme ilsvivenr
en societé, dez que
je les eus chassez plusieurs
fois de cet endroit
,
&
qu'ils le virent plus frequente
qu'auparavant, Ils
furent tous bien-tost avertis
qu'il ny avoit pas de
seureté pour eux à y aller.
Aussi je ne les vis jamais
depuis se venir poser sur
cetre caisse: ce qu'il y a
d'admirable, &: que je
n'oserois avancer, ny
peut-estre mesme croire,
si je n'en avois fait l'experience
,c'est que les fourmis
connurent quelques
jours a prés qu'e lles n'avoient
plus à craindre.
Elles commencerent à
estaller leur bled pendant
le jour: je remarquay
pourtant bien qu'elles
n'estoient pas entierement
convaincuës de leur
delivrance, car elles n'oferent
avanturer leurs
biens tout à coup,mais
peu à peu, d'abord en petite
quantité, ôc sans
beaucoup d'ordre, pour
estre prestes à le rentrer
en cas de malheur, observant,
& faisant sentinelle
à l'entour; Enfin
persuadées qu'elles n'avoient
rien à craindre,
elles exposerent tout leur
bled au Soleil, presque
tous les jours avec ordre,
&le renfermoientlanuit
en la maniere que je vais
raconter.
Le trou de la fourmilliere
est percé d'abord en
droite ligne de la profondeur
environ d'un de-
,1llY pouce, ensuite cela
descend en ligne oblique
où elles ont sans doute
leur magazin que je croy
tout à fait distingué de
l'endroit où elles sereposent,
& où elles mangent,
caril n'est pas possible
que la fourmy qui est
propre, & rangée dans
son ménage, & qui jette
hors de sa fourmilliere
toutes les plus minces, &
les plus petites peaux qui
restent du bled dont elle
se nourrit, comme je l'ay
remarquémille sois;voulust
remplirson magazin,
& fouiller son bled de
toutes ces immondices.
Comme la Fourmi enferme
son bled dans la
terre , & que le bled ne
manqueroit pas d'y germer,
nier ,
puisque cela arrive
mesme dans les greniers
si l'on n'a foin de le remuer,
elle pourvoie àcet
inconvenient,& avant de
ferrer son bled dans la
fourmilliere , elle a soin
d'en couper le germe ainsi , tout le bled qui a
estédans unefourmilliere
ne scauroitrienproduire,
c'estuneexperience qu'on
peut faire aisément, il suffit
mesme de ses propres
yeux pour voir qu'il n'y
a plus de germe. Mais
quoyque ce germe soit
cou peil y a encore un autre
inconvénient ; comme
tout ce qui ne produit
pas se ramolit ou se corrompt
dans le sein de la
terre, & d'ailleurs la nature
d'elle mesme tend
toujours à l'accroissement
& à la propagation, le
bled sentant l'humidité se
gonfle
,
se remplit d'humeur,
& ne seroit plus bon
pour nourrir la fourmy
qui le veut sec, & bien
appresté de la mesme maniere
que nous ; la fourmy
par son industrie ,'&
son travail remedie à cet
inconvenient, & elle fait
tant par ses soins que le
bled le conserveaussi sec,
& aussi pur dans sa fourmilliere
que nous le conservons
dans nos greniers
voioy donc comme elle
si prend.
Elles rassemblent certaines
petites particules
de terre seche qu'elles
sortent tous les jours de
leur fourmilliere,& qu'elles
rangent tout autour
pour la faire cuire au Soleil,
chacune en porteun
petit fc\rïn avec lès
-
jtirpces,
la pose auprès de son
trou, & va ensuite en
chercher autant,ainsi à
force d'assiduité, detravaH-,
& d'ouvriers, en
moinsdun quart d'heure
vous voyez entasséautour
efe ce trou une infinitéde
petites parties de cette
terre sec he,quiest celle
sur laquelle elles- posent
Peur bîexi, & dont elles
le couvren-r dans leur Mkgazin;
j'aivû qu'elles faisoientce
manege presque
tous les jours, pendant
Fardeur du Soleil,&lorsque
sur les trois ou quatre
heures le Soleil ne
donnoic plus sur cette fenestre,
comme la cerreeproic
chaude & bruslante,
elles ne l'ostoient point
encore jusqu'à ceque l'humidité
de l'om bre, &de
la nuit commençoit tant
foit peu à se faire sentir,
pour lors elles renfermoient
leur bled & leurs
particules de terre cuire.
Comme rien nVft exempt
de censure, &que
quelqu'un pourroit bien
pouffer sa critiquejusques
sur les fourmis, je croy
qu'il est necessaire icy de
la justifier dans sa conduite,&
d'en faire voir la
sagesse
; on pourroit dir
qu'il paroist ridicule que
la fourmi se serve de cette
terre sèchequ'elle fait encore
cuire au Soleil avec
tant de peine; plustost
que de sable,ou des brins
de pierre ou de brique. A
cela je reponds
,
qu'en
cette occasion rien ne
peut mieux convenir à la
Fourmi, que cette terre
cuite au Soleil. Car outre
que le bled se gaste
sur le sable, & qu'un bled
dont le germe est coupé,
êc qui est entamé se rempliroit
de petites parties
graveleuses tres difficiles
àoster, & se gafteroit bien
davantage, c'est encore
que le sable eslansdivisé,
& se divisant toûjours en
des parties trop petites,
les pinces des fourmis ne
sont pas assez delicates
pour les rassembler ainsi
brin à brin, ce travail fèroit
bien plus pénible
pour elles; C'est pourquoi
on voit rarement des
Fourmis, auprès de rivieres,&
dans un rerrain fort
sablonneux,
Pour cequi est des petites
particules de brique ou
de pierre, la moindre humidité
ne manqueroit pas
de les joindre, d'en faire
une espece de mastic que
les fourmis ne pourroienc
diviser, ce feroit un ouvrage
trop embarrassant
pour elles, quand elles se
seroient ainsi colées dans
leur fourmilliere elles ne
pourroienc
pourroient plusen sortir , &cela en troubleroit l'arrangemeht.
Silapluspart
de ces petits autheurs qui
fourmillent aujourd'huy
se conduisoient , en tout ce
qu'ils font avec autant de
raison & de sagesse que les
fourmis, il seroit glorieux
pour eux que l'on critiquast
leurs ouvrages, ôc
jquu"onslets iofbliigeeastrà.les
Apres que la fourmy a
ainsi sorti de sa fourmilliere,
& exposé au Soleil
toutes ces particules de
terre seche, elle sort ensuite
son bled delamefme
maniéré grainagrain
elle le range à l'entour de
cette terre,ainsi l'on voit
deux tas en rond autour
de leur trou, l'un de cette
terre seche ; & l'autrede
bled;& apres qu'elles ont
forci & rangé toutleur
bled, elles sortent encore
un reiïe de cette terre seche
sur laquellesans doute
leur bled estoit estendu,
ce qui fait inferer tres-ju-.
stement de quellemaniére
tout cela doit estre ran-
-¡
gé dans leur lnagafin,
Au reste la rourmy ne
fait cette manoeuvre que
quand le temps elt ferain,
& le Soleil bien chaud
,
car personne ne se connoist
mieux au temps que
la fourmy. Je remarquay
qu'un jour les Fourmis
ayant expose leur bled au
Soleil à onze heures du
matin,elles l'osterent contre
leur ordinaire avant
une heure après midy
lorsque le Soleil estant,
encore ardent,&leCiel
fort serain,il ne paroissoit
aucune raisond'une telle
conduite;mais une demiheure
après le Cielsecouvrit
,
ôc je vis tomber une
petite pluie,que la Fourmy
avoit bien mieux prévûquel'Almanach
deMilan
qui avoit prédit qu'il
ne pleuvcroit pas jour-là.
, J'ay desja dit que ces
fourmis dont je prenois
soin, &qui avoient toute
mon attention, alloient
chercher du bled dans un
grenier à costé.duquel elles
s'estoientetfablies,;iil
n'y avoic pas
actuellement
du bled, mais
comme il yen avoit eu
autrefois
,
il y en avoit
encore assez pour qu'elles
trouvaient à glaner,
j'allois souvent les voir
faire dans ce grenier,
comme il y avoit de vieux
bled, & qu'il n'estoit pas
égalementbon, je remarquay
qu'elles ne prenoient
pas tout indifféremment,
& qu'elleschoisissoient
lemeilleur.
J'ay veu par plusieurs
experiences dont le détail
seroit trop long , que la
fourmy ne fait gueres
provision .que
-
defroment
quand elle en trouve,ôc
elle choisit toujours le
plus beau ; mais elle est
sage, & sçait s'accommoder
au temps, quand elle
n'a pas de froment,elle
prend du seigle, de l'avoijie,
du millet, & mesme
des miettes de croûte de
pain., mais rarement de
l'orge, il faut que la disette
foit grande, & qu'elle
n'ait pas trouve d'autre
grain lorsqu'elle enimporte
dans sa fourmilière.
Comme je voulois estre
de plus prez témoin de
leur prévoyance, & de
leurs travaux, je mis un
petit tas de bled dans un
coin de cette chambre où
elles estoient, qui n'estoit
habitée de personne, ë.;.
afinqu'elles n a llalîenc
plus en chercher dans ce
grenier j'en ferma y lafenedre,
6e en bouchay bien
les fentes
;
Cependant
comme rien ne pouvoit
les avertir du bled que
l'avois mis dans cette chambrer qu'elles n'en
pouvoient deviner l'endroit,
carquoyque je leur
connoisse beaucou p de
genie je ne croy pas qu'il
y ait des forciers parmy
elles;Je m'apperceus pendant
plusieurs jours de
leur embarras, & qu'elles
alloient chercherfortloin
leurs provisions, je les
laiffayquelque temps
dans cette peine, car je
voulois voir si à force de
chercher elles feroienc la
découverte.,du petit tresor
que j'avois caché pour
elles, &m'éclaircir si la
fourmy comme les autres
animaux pouvoir connoistre
par l'odorat ce qui
sert à sa nourriture,& si
sa veuë portoit assez loin
pour le voir; elles furent
ainsi quelque temps
moins à leur aise, elles se
donnoient bien de la peine,
je les voyoisvenir de
fort loin, & aller l'une
d'un costé,l'autre d'un
autre chercher quelque
grain qu'elles ne trouvoient
pas toujours, ou
qui ne se trouvoit pas à
leur gré aprèsdepenibles
&longues courses; ce
qu'il y a de merveilleux
dans ces petits animaux,
c'est que leurs courses
n'estoient jamais inutiles,
pas une ne revenoitau
giste sans apporter quelque
choce, quand ce n'auroic
esté qu'un brin de
terre seche pour l'entretien
de leur bled:lorsqu'elles
n'avoienc rien trouvé
de mieux
,
l'une portoit
un grain defroment, l'autre
de seigle
,
d'avoine,
enfin chacune ce qu'elle
avoir peu trouver, mais il
n'yen avoit presque jamais
aucune qui revint les
mains vuidesà la maison,
& qui eust fait absolumentun
voyage inutile.
La fenestre sur laquelle
estoient ces fourmis,
donnoit surun jardin, &
estoit au secondestage
les unes alloient jusqu'au
bout de ce jardin, les autres
au cinquiéme estage,
pour chercher à trouver
quelque grain;c'estoitun
penible voyage pour eltes
, sur tout quand il falloit
revenir chargée d'un
grain de bled assez gros,
qui doit estre une charge
bien pesance à une fourmy,
&tout autant qu'elle
en peut porter. Or pour
aille porter ce grain du
miiieu du jardinàsa fourmilliere
elle mettoit environ
quatre heures; ainsi
on peut sçavoir par là la
juste mesure de sa force,
& de son infatigable ardeur
pour le travail, &
asseurer quelle fait la
mesme chose qu'un hom-
Dle) qui presque tous les
jours feroit quatre lieuës
à pied, portant fils ses épaules
un fardeau des plus
pesans qu'il puisse porter;
Il est vray que la fourmy
traisne un peu son fardeau,
& se fatigue moins
quand elle est sur un terrain
plat. Mais aussi qu"elle
peine n'eil: ce pas pour
cette pauvre fourmy lors
qu'il faut monter ce grain
de bled au second estage,
grimpant tour le long
d'une muraille la teste en
bas & le derriereen haut,
il auroit fallu la voir pour
juger de son embarras,
& la penible situation où
elle est enmarchant ainsi
à reculons, les pauses
qu'elles font alors prefqu'à
tous les endroits
commodes qu'elles rencontrent,
font bien juger
de leur lassitude: j'en ay
veu ainsi detres-embarassées)
& qui ne pouvoient
absolument en venir
à bout; en ce cas elies
s'arrestent, & leurs compagnes
plus sortes, ou
moins fatiguées, après
avoir monté leur bled à
leur fou rmilliere, descent
-
dent ensuite pour les aider
: Ily en a que le poids
du fardeau entraifne
,
ôc
qui sur le point d'arriver
au but, tombent de fort
haut avec leur bled;quand
cela arrive elles ne laissent
gueres échapper leur
grain, & se trouvant en
bas avec luy le remontent
encore.
J'en ay veu un jour une
des plus petites,qui avec
plus d'ardeur ôc de courage
que de force, montoit
un grain de froment des
plus gros avec des efforts
incroyables; estant arrivée
enfin au bois de cette
caise avancéeoùestoit la
fourmilliere,& sur lepoint
de finir une coursesipenible,
pour trop se presser,
trébuchaavec son fardeau
: voila un contretem
ps bien fâcheux
,
qui
auroir fait pester un Philosophe.
Je vis à peu prés
l'endroit où elle estoit
tombée, j'y descendis,&
je la trouvay avec son met
me grain dans ses pinces,
qui alloit commencer à
grimper de nouveau comme
mé siderien n'estoit. Cela
luy arriva jusqu'à trois
fois, tantostelle tomboit
au milieu de la course,tantost
un peu plus haut, mais
ellene quittoit jamais prise,&
ne serebutoit poinr;
àla fin les forces luy man- quèrent elle s'arrefta en
unendroit, & une autre
fourmy luy aida à porter
son grain
,
qu'elle estoit
bien mortifiée de ne pouvoir
porter seu le
,
sans
doute pour se signaler par
quelque chose de grand ;
c'est peut-estre ce qui l'animoit
si fort, car c'estoit
un grain de fromenc des
plus beaux ôc des plus gros
qu'une fourmy puisse porter.
Il y en a à qui le bled
échappe des pinces lors
qu'elles le montent, pour
lors elles se précipitent
aprés leur proye & la reprennent
pour la remonter
; que si par malheur elles
ne trouvoient pas le
grain qui leur est ainsi échappé
,
elles en cherchent
un autre ou quelque
autre chose, honteuses
de retourner à leur
fourmilliere sans rien apporter
, c'est ce que j'ay
experimente en leur oc.
tant le bled qu'elles cherchoient.
Toutes ces experiences
sont aisées à faire;
si l'on a assez de patience,il
l'afaut bien moindre que
celle des fourmis, mais
peu de gens en font capables.
Elles furent ainsi reduites
à chercher leur vie à
l'aventure. depuis que
j'eus fermé rentrée de ce
grenier si commode & si
fertilepour elles ; enfin
comme sans mon secours
ellesn'eussent découvert
de long-temps les fonds
que j'avois establis pour
elles dam lachambre où
elles eftoienr,/:
Pour voir lufquou pouvoit
aller leur genie je me
servis d'un moyen qui me
reüssit, & qui pourra paroistre
incroyable à ceux
qui n'ont jamis fait attention
que les animaux de
mesme especes qui forment
une societé, sont
plus raisonnables que les
autres. Je pris donc une
des dlus grosses fourmis
que je jettaysurde J>eîk
tas defrom~n~
de sevoirprise,~ala ,.
qu'elle eut d'eftfS^rctàfi
chée
,
fit quelle ne songea
qu'à s'enfuir, & qu'elle
ne s'avisa pas de prendre
du bled, mais elle le
remarqua bien, car estant
retournée à sa fourmilliere,
une heure apréstoutes
mes fourmis furent
averties de cette provision,
& je les vis presque
toutes aller charierle bled
que j'avois mis en cet en:
droit: je laisse à penser 'si
l'on ne doit pas inferer de
là qu'elles ont une maniere
de se communiquer
entr'elles ce qu'elles veulent
s'apprendre; car il
n'est paspossible qu'une
heure ou deux aprés elles
çuflênt peu estre autrement
averties du bled que
j'avois mis en cet endroit;
elles n'allerent point enfuite
en chercher ailleurs,
JÔC elles l'épuiserent bientost
,desorte qu'il fallut
en remettre, ce que je
faisois en petite quantité,
pour connoistre la juste
mesure de leurappetitou
de leur avarice énorme ;
car je ne doute point qu
elles ne fassent des provisions
pour l'hiver & pour
les temps facheux
,
l'Ecriture
nous l'enseigne, mille
experiences le font
voir, & je ne crois pas
qu'on en ait jamis fait qui
montrent raifonnablement
le contraire. J'ay
desjaditqu'il y avoit ci-&
cet endroit trois fourmillieres
quiformoient corn*
me trois Villes differentes,
mais gouvernées fé-
Ion les mesmes loix, & où
l'on voyoir observer à peu
prés le mesme ordre, &
les mesmes coustumes ; il
y avoic pourtant cette difference
que les habitants
d'un endroit sembloient
avoir plus d'industrie &
de genie que ceux des au*,
tres : les fourmis paroissoient
mieux rangées dans
cette fourmilliere, leur
bled estoit plus beau,leurs
provisions plus abondantes
, leur fourmilliere
mieux peuplée, & les Citoyens
toyens en estoient plus
gros & plus forts, c'estoitlà
la principale&comme
la capitale des deux autres
} j'ay mesme remarque
que ceux de cet endroit
estoient distinguez
des autres, & avoient
mesme quelque prééminence
sur eux.
Quoyque cette caisse
où estoient les fourmis
fust ordinairement à l'abry,
il pleuvoit quelquefois
d'un certainvent qui
coup,car la fourmy craint
l'eau, & lorsqu'elles vont
loin chercher leur provision,
& que la pluye les
surprend
,
elles s'arrestent
ôc semettent à l'abry sous
quelque tuile ou ailleurs,
& ne sortent qu'aprés la
pluyepassée. Lesfourmis
de cette principale fourmilliere
se servoient d'un
expedient merveilleux
pour s'en garantir chez
elles; il y avoir un petit
morceau d'ardoise plat
qu'elles traisnoient sur le
trou de leur fourmilliere
lorsqu'elleprévoyoient la
pluye, & l'en couvroient
presque toutes les nuits,
elles se mettoient plus de
cinquante aprés ce morceau
d'ardoisesurtout les
plus grosses & les plus fortes
,& tiroient touteségalement
avec un ordre
merveilleux, elles lot
toient ensuite le matin, &
rien n'estoit plus curieux
que de voir cette petite
manoeuvre ,
elles avoient
rendule terrain raboteux
autour de leur trou, de
forte que ce morceau
d'ardoise n'appuïoit point
à prtat sur leur fourmilliere,&
leur laissoit un espace
libre pour aller 6c
venir par dessous; celles
des deux autres fourmillieres
ne reüssissoient pas
si bien à se garantir de
l'eau, elles mettoient sur
leurs trous plusieursplatrats
l'un sur l'autre, mais
la pluye les incommodoit
tousjours le lendemain
elles se donnoient des
loinsôe des peines incroyables
pour reparer le
dommage des eaux: c'est
ce qui fait qu'on trouve si
souvent des fourmis sous -
destuilesoù ellesestablissent
leur fourmilliercs
pour se mettre à l'abry de
la pluye,mais les tuiles
couvrent tousjours leur
fourmilliere de maniere
que cela ne les embarasse
en rien, & elles vont exposer
leur bled & leur
terre seche au Soleil au
dehors & à l'entour du
tuilé qui les couvre,
c'est ce qu'on peut voir
tous les jours:je couvrois
les deux fourmillieres qui
ne pouvoient peut-estre
se donner du secours d'elles
melmes,pour celles de
la fourmilliere principale
c'eust elleuncharité Inal
employée,elles estoient
assez grandes pour pouvoir
se mettreal'abry.
Mr.dela LoubereAinbassadeur
à Siam, dans la
Relation qu'il a donnée
au public, rapporte que
dans un canton de ce Royaume,
sujet à de grandes
inondations, toutes les
fourmies en cet endroit
ne s'establissent que sur
les arbres, on ne voit
point ailleurs de fourmillieres
, elles les placent
assez haut pour estre tousjours
au dessus des inondations.
Il seroit inutile
de rapporter icy tout ce
qu'en dit Mr. de la Loubere,
il n'y a qu'à lire la
Relation de Siam.
Voicy une experience
assez curieuse que je fis
sur le mesme terrain ou
estoient mes trois fourmillieres,
j'entrepris d'en
establir une quatrième, &
je le fis de cette maniere.
Dans le coin d'une espece
de terrasse assezéloigner
de là, je découvris une
fourmilliere nombreuse
en citoyens, & dont les
fourmis estoient beaucoup
plus grotesque toutes
celles que j'avois desja
veuës
,
mais il s'en falloit
bien qu'elles fussent si riches
en bled, & si bien
policées que mes fourmis;
je fis d'abord un trou sur
cette caisse qui avoit la
mesme forme qu'un trou
de fourmilliere. Je jerray
là, pour ainsi dire, les son
demens d'une nouvelle
Ville,je pris ensuite toutes
les fourmis que je pus
decette fourmilliere de la
terrasse
,
& les mis dans
une bouteille pour les verfer
à l'endroit où efioient.
mes trois,fourmillieres,&
où je leur avois trace le
plan d'une nouvelle maison.
Commeil m'estoit
impossible de prendre
toutes celles qui y eitoient,
& que je ne voulois
pas que celles que je prenoisyretournassent,
ceque
pavois lieu de craindre
je detruisis leur ancienne
demeure
,
j'y jerray de
l'eau boüillanre pour faire
mourir toutes celles qui
restoient, & je renversay
tout l'édifice, je répandis
ensuite toutes ces fourmis
dans le lieu où je voulois
les establir, mais pas une
ne voulut se tenir dans ce
nouveau trou , elles s'en
allerent & disparurent
toutes en moins de deux
heures
,
cela me fit perdre
esperance de faire une
quatrième fourmilliere en
cet endroit.
Deux ou trois jours apres
ayant paffé par halard
sur cette terrasse
,
je
fus rout surpris de voir la
fourmilliere que j'avois
renversée,restablie avec
autant ¿' d'arrangement
r> que s'il n'y estoit jamais
rien arrive; je m'obstinay
pour lors à les chasser
de cet endroit,&àles establir
au près de mes trois
fourmillieres
,
je reconimençay
donc ce que j'avois
desja fait,avec cette
différence que la seconde
fois je mis de la poudrer
& du souffre dans leur
trou, & fit jouer une petire
mine qui renversa
tout, ensuite ayant porte
toutes les fourmis que j'avois
prises,anprés de mes
trois fourmillieres dans
l'endroit destiné. Comme
il pleuvoit très-fort pour
lors, & qu'il plut toute la
nuit, elles s'y refugierent
pendant tout ce temps,&:
le matin lorsque la pluie
eut cesse, la moitié&metiés
trois quarts de mes
fourmis décampercnt
pour aller rétablir leur dsmeure
ruinée ; mais en
ayant trouve apparemment
le dommage irréparable
à cause de cetre odeur
de souffre& depou--
dre qu'elles detestent, ôc
qui leur est mortelle :elles
revinrent, & s'eftablirenc
à l'endroit que je leur a-"
voistracé qu'elles accomr
moderent à merveille, elles
eurent bien-tost fait
alliance avec leurs voifi- *
nes qui leur aiderent en
tout dans leurs travaux
exterieurs, car pour ceux
du dedans il n'y avoit qiiÓ'
7 jt.
elles qui s'en messassent
suivant les loix inviolables
establies entre elles. jà
, ,,
Jamais une fourmy
n'entre dans une fourmilliere
étrangerelles ne frequentent
d'autre maison
que la leur; si une d'entreelles
vouloit hazarder
d'y entrer,elle en (eroie
cha(Te'e& severement punie
;
j'en ay souvent pris
d'une fourmilliereque j'ai
fait entrer dans une autre
à costé
,
mais elle en sortoit
bien viste ayantà ses
rrousses deux ou trois
fourmis qui la poursui,
voient vivement, je voulus
faire plusieurs fois ce
manege avec la même
fourmy, mais à la fin les
autres s'impatienterent
&ladechirerent , par morceaux
; jay souvent fait
peur avec mes doigts à
une fourmy ,& l'ay poursuivie
jusqu'au prés d'une
autre fourmilliereque la
sienne, lui fermant tous
les passages par où elle
pouvoit aller à son gifle,
il estoit naturel qu'elle se
réfugiaitoùelles se trouvoie
alors, car il y a bien
des hommes qui ne raisonneroient
pastant êc
qui se jetteroient dans un
puics ou par une fenestre
pour éviter des assassins
qui les poursuivroient
mais pour la fourmy en
question elle se détour'w'
noit d'un trouqui n'estoit
pas le fien
,
& avoirtant
de peine à y entrer qu'elle
tentoit plustot toutes
fortes de moyens les plus
difficiles, &: ne le faisoit
que dans la derniere excremité
,&quelquefois
1
1
à mesme
mesme elles aimoient
mieux se laisser prendre,
c'estune experience que
jay souvent faire. Ainsi
c'estune couflume inviolable
parmy elles de n'entrer
jamais dans la maison
d'autruy : elles n'exercent
point l'hospitalité
., mais d'ailleurs elles sont
fort secourables les unes
envers les autres, & s'aident
dans tous leurs travaux
exterieurs, mais elles
posent les fardeaux à la
porte & les laissent entrer
à ceux de la maison.
Elles entretiennent entre
elles un petit commerce,
& l'on a tort de dire
que la fourmy n'est pas
presteuseycar j'ay veu que
les fourmis se preftoienc
du grain. Elles font des
éc hanges, se préviennent
par toutes sortes d'offices
mutuels; & je puisaneurer
que si j'avois eu assez
de loisir & de patience
j'aurois remarqué une infinité
de choses plus admirables&
plus curieuses
que tout ce que je viens
de dire ; par exemple la
maniere dont elles se prestent&
se rendent leurs
prests, si c'est en la mesme
quantité, ousi elles
n'exigent pas quelque usure,
si elles payent les
estrangeres qu'elles employent,&
qui les aident
dans leurstravaux.Je croy
qu'il n'estpointimpossible
d'examiner toutes ces
choses& il seroit ensuite
bien curieux de voir leurs
maximes de Droit, peutestre
en tirerions-nous de
grands avantages pour
nostre police, comme la
Sagesse nous les propose
pour modeles de nos
mou s.
Elles n'ont point d'ennemis
qui aillent les attaquer
en corps d'armée,-
comme on le dit desabeilles;
tout ce quilesinquiette
ce sont les oiseaux. qui
vont quelquefois manger
leur bled quand elles l'estallent.
au Soleil, mais elles
le tiennent enfermé
lorsqu'elles ont des voleurs
à craindre, on dit
mesme qu'il ya des oiseaux
qui lesmangent,
mais c'est ce que je n'ay
pas veu arriver en l'endroit
où estoient mes
fourmis; les petits vermisseaux
& les vers de
terre les inquiettent aussi,
mais pour ceux la elles en
viennentaisémentàbout,
& les chassent de leur
fourmilliere lorsqu'il sen
trouve ,,
les traisnent, Se.
les tuent. J'ay remarqué
qu'e lles se punissoient ,
& qu'elles chastioient.
cel es qui sans doute avoient
manqué à leur de-;
voir, ôc mesme elles en
tuoient quelquefois ,ce
qui se faisoit en Ce 111ec- quisefaisoitensemettant
trois ou quatre aprés
elles, l'une la tiroit d'un
costéavec les pinces, l'autred'un
autre, & elles la
déchiroient ainsi
: d'ailleurs
on ne remarque
point de differens parmy
elles, ce qui me fait croire.
qu'il faut, ou que leur
discipline soit bien severe
pour entretenir un tel ordre
, ou qu'elles ayent
bien l'esprit de l'ordre 8c
de societé pour n'avoir
pas besoin d'une discipline
severe.
Dans quelleRepublique
a-ton jamais remarque
plus d'union,tout est
commun parmy elles ce
qu'on n'a jamais vû nulle
part, les Abeilles dont on
raconte des choses si merveilleuses
ont chacune
leur petite celule dans
leur ruche, le miel qu'elles
y font leur est propre ,
chacune en p-articulers1eanourrit,&
a sa petite affaire
à part, tous les autres
animaux en font de
mesme,&: s'arrachent souvent
les uns aux autres
leur portion; chez les
fourmis il n'en eil: pas
ainsi
, parmy elles tous
les biens sont communs
ellesn'ontrien en propre,
ce grain de bled que la
fourmy apporte chez elle
,
se met dans une masse
commune, ce n'est
point pour elle en particulier
c'est pour route la
communauté , l'interest
commun ,
& particulier
n'y sont distingués en
rien; jamais une fourmy
netravaille pour elle feuîe,
elle travailletousjours
pour
pourla societé en tout ce
qu'ellefait.
Il ne sçauroit leurarriver
aucun facheux accident
que leur soin, & leur industrie
ne repare, rien ne
les décourage,rienneles
rebutte;on n a qu'adc~.
truire leur fourmilliere,
êc tout bouleverser chez
elles, deux jours aprés
tout est réparé, & rétably
dans le mesme ordre
sans qu'il y paroisse la
moindre c hose,c'e st ce que
chacun peust voir tous les
jours
, & experimenter
qu'il est tres difficile dé
leschasser de leur demeure
quo) qu'on fasse sans
en faire mourir les habitans;
car tant qu'il y en
restera un petit nombre
elles se restabliront tousjours.
J'oubliois de vous dire,
Monsieur,que jusques icy
le Mercure a esté pourelles
un poison mortel, &
que cest le meilleur moyen
de les détruire; jay
quelque ressource à leur
fournir sur cet Article:
encore quelque temps, &
vous entendrez peut-estre
dire que j'ai recommodé
le Mercure avec les fourmis.
: EXTRAIT.
Il nous est venu des Pays
Estrangersun Receüilqui
Comprend diffc'rentsE..
crirs sur les affaires d'Allemagne
que peu de gens
entendent bien, mais sur
lesquelles c'est la mode
aujourd'hui de raisonner
sans lesentendre;ce recuil
contient des reflexions
Politiques sur la fituatioii
presente dAllemagne,&
des avis dont lesEledeurs
& les autres Princes de
l'Empire pourront faire
usagesicet imprimé leur
tombe entre les mains.
Il y est parlé du Testament
d'un Ministre: de
l'Empereur Léopold lequel
y donnoit à son tnaiP.
tre pourassujettir l'Ailemagne
à sa Maison des
avis qui sontàla portée
de tout le monde~& qui
ne se ressentent pas des
1-. ..,J_.;
rafinemens de Machiavel.
On y voit beaucoup plus
d'intention de mal faire
que de capacité.Depuis
la publication du Telta.
ment Politique du Cardinal
de Richelieu qui s'est
acquis tant d'estime dans
le Public, bien des personnes
moins habiles que
luy ont voulu en composer
aussi.
UndesEcrits duRecuëil
dont je parle est une Lettretouchant
le Royaume
deBoheme, dans laquelle
on voit qu'elle a esté
la destinée de ce Royaume
fous les Rois de la
Maison de Luxembourg;
& des Jagellons, & d'Autriche.
Ses Princes ont
prétendu estre héreditaires
,
& les Bohemiens
ont prétenduqu'ils estoient
electifs. J'ay entendu
dire qu'on avoit des
Actes par lesquels il paroissoit
que rEmpereur
Rodolpheôcl'Empereur
Mathias Roy deBoheme
dela Maisond'Autriche
reconnoissoientlesprétentions
des Bohemiens pour
n'estre pas mal fondées,
mais la Lettre n'enparle
point. On y voit que les
Bohemiens pourroient
bien contester à l'Archiduc
le droit de prendre
seance dans le Collegé
Elecrotal en qualité de
Roy de Boheme.
L'autre Ecrit qui est le
fecond dans l'ordre de ce
Recuëil où on l' a renferméentre
les deux dont
jeviensde parler, paroist
tres -
solide & tres-sensé.
On y traite à fond la question
si l'Empereur peut
mettre au Ban un Eftàè
de l'Empire avec le concours
du seul College des
Electeurs,sansen consulter
le College des Princes
& le College des Villes
, sans faire l'application
de la question à aucun
; car l'article 28. de
laCapitulation Im periale
semble dire que l'Empereur
peut le faire avec le
consentement préalable
des Electeurs; mais l'Autheur
fait voir doctement
qu'elle ne peut estre entenduë
ainsi. La Capitulation
Imperiale qui n'est
dressée que par le College
des Electeurs,estunActe
subordonné à ceux qui
ont esté dressez par les
trois Colleges, c'est àdi*-
re, par l'Empire entier.
Telleestla PaixdeWestphalie
qui a esté mise par laDietede 1654.au nombre
des Constitutions de
l'Em pire. Or cette Paix
parle du Ban des Estars
de l'Empire comme d'une
matiere reservée aux Dietes.
Les Electeurs ne peuvent
doncen dressant la
Capitulation, s'arroger à
eux seu ls le droit d'authoriserun
Ban par leur
concours quand tout
l'Empire se l'est reservé.
Il cit facile de faire l'a pplication
de cette question
au cas où sont les
Electeurs de Cologne &
de Baviere. La proclamation
fulminée contre l'Electeur
de Cologne en
i-;o<. & le Ban publié en
mesme remps contre rE.
leétcur de Baviere furent
faits sans que l'Empereur
Joseph cuit consulté les
trois Colleges. L'affaire se
pouvoir se differer,& d'ailleurs
laDieteestoitactuel.
lement sceante à Ratisbonne.
La proclamation
contre l'Electeur de Cologne
,
ni la Sentence rendue
contre l'Electeur de
Baviere ne peut s'appeller
Ban, parce qu'il n'en a
point toutes les formes,
commeon la prouvé clairement
par un petit imprimé
qui paroist il y a
quelques années. Ce dernier
Ecrit dont j'ay parlé,
a paru aussi il y a deux
ans, or on donnera le
mois prochain d'autres
Remarques écrites sur
l'estat present de l'Allemagne.
MERCURE,
II. PARTIE.
AMUSEMENS.
,
2. Chansonsnouvelles.
Quise peuvent chanter
separément, mais
, elles font faites pour
estre placées entre
les trois Couplets
qu'on a donnez dans
le mois precedent.
Onamisicy en petit
caractere ces trois
Couplets avec les
deux Chansons nouvelles,
dans l'ordre
où Ce doitchanter le
tout ensemble.
1. Couplet.
LE vin nousfait parler le
vinnousfait tairey
Lesilence à longs traits s'avale
avec levin, .,
Et le caquetse trouve au fond do
verre,
'Dés qu'on le voit on jaz.e comme
une commere
De la voisine & du voisin,
De la cousine & du cousin,
Dugalant homme&dufaquin,
iEt d'Alexandre
De Jupiter& de Catin.
Adieupudeur,adieu mystere, *
Viste, viste, viste,pourmefaire
taire,
Remplissezmon verre,
On ne dit motpendant qu'on boit,
L6vin m'afaitparler & le vin
,
I. m'a faittaire. CHANSON. LEvin endortl'amour,&
levin
le reveille.
L-icidas agitéd'une, aï
moureuseardeur,
Ne pouvoit s'endormir
sans vuider la hou.
teille,
Fdu le rend heureux;
il dortsur son bonheur.
A boire à cet ingrat dor.
meure
Le vin endort l'amour
& le vin le réveille.
2. Couplet. L E vin nous faitparler,& le
vin nous fait taire.
Lorsqu'à table un sçavantlar
perçoit à propos
jQuun esprit naturel va le con-
,
fondre,
S'il
y répont par boire, il hy
peut mieux répondre.
Maissi,buvant plus qu'il ne
faut,
'Vlflt prouverpar de grands
mots
Que les modernes font des sots
, pue les anciens sont sans defjÛftt,
Que tous les secrets du tres- haut ;S(}nt developpez. dans Hemere,
Viste, viste,viste , pour le faire
taire
Rempli(seX^fion verre.
Qu'il a d'espritpendant qu'il
boit, - Levin l'afaitparler d- le vist
lefait taire.
2. CHANSON.
L'Amour noUl fait
aimer, & l'amour
nousfaitboire.
Quon ait vû boire des
amans,
C'efl ce qu'on ne sçauroit
croire
Quand on a lû des T~-
mans: Mais ceux qui liront
no(Ire hTifioire
Pourront chanter à la
gloire
DesTirsisdece temps,
Des Ftits de ce temps,
Levin les fait atmer,&
l'amour les fait boire.
e- 1 t. -
3.
Çouplct. -
LE vin nous fait parler, & le
vin nous fait taire.
En silence une prude à petits
coups boira:
Mais si vous remplissezsouvent
son verre , La charité bien-tost émeut fit
bile amere:
Par zele pur elle dira,
Qu'en mariage celie-la. àson mary
rienn'apporta,
Que cependant ce mari-là
Tient <£tlle tout - 1 lebienqu'il
Pusqueparelle ille tira
D'un riche nobledont lepere.
rifle) viste , viste,pour la faire
taire,
Rempliffez^[on verre,
On ne méditpointquandonboit,
Le vin l'a fait parler &- le vis
l'a fait taire
LE MARIAGE
PAR INTEREST,
ou
LA FILLE
A L'ENCHERE. UN Pereavare, qui
ne penloit qu'à
marier richement sa
fille, avoit déja rompu
plusieurs affaires, cro-
* yant toûjours trouver
un- nouveau Gendre
plus riche que lespremiers;
il retiroit fà"pàrole.
aussi facilement
qûTI l'avoit donnée,&
ce caractère luy avoit
attiré un ridicule,que
quelquesvoisines,jaloules
de la vertu desa
fille, faisoient retoixw
ber malignement sur
elle; elles l'appelloient
la Fille à revehere; Ce
Pere ridicule disoitluimême
: Ma fille est à
cent mil francs, elle ne
sortira pas de chez moy
à moins, mais je préférerai
celui qui en aura
cent cinquante. Il le
fit comme il le disoit,
car tout prêt à concl ure
avec un jeune Marquis
dont sa Fille étoit aimée
& qu'elle aimoit,
un Gentilhomme plus
riche vint mettre enchere
; & te pere luy
ad jugea la fille, ce qui
fit imaginer au Marquis
desesperé - un
moyen de retarder au
moins ce dernier mariage.
Persuadé qu'il ne
s'agissort que de faire
paroistreun nouvel en*
chenfïèur, il alla trouver
un de ses intimes
amis
, cet ami s'appelloit
Damon, il étoit
très riche, & on le
comoi(Toit- pour tel; le
Marquis le pria d'aller
faire des offresau pere
pour l'amuser & gagnerdutemps.
Damon
rebuta d'abord son ami,
cette feinte ne lui convenoit
point,c'étoit un
des plushonnêtes hommes
du monde: mais
l'autre étoit un des plus
vifs ,& des plus deraisonnables
Marquis de
la Ville : il presse, il
conjure,ilsedesespere.
Non,lui dit Damon
,
non, rien ne peut mengager
à faire une telle
démarche; cependant
s'il ne s'agissoit que de
faire connoissance avec
ta maistresse, on ditque
c'est une des plus aimables
personnesdu
monde, en luy disant
que je la trouve telle,
jenecommettroispoint
ma sincerité:en un mot
si le pere peut concevoir
quelque esperance
surmon assiduité auprés
de sa fille, je laverrai,
à cela ne tienne,que
je ne terende service:
mais je t'avertis que si
l'on me veut faire expliquer,
je parlerai sincerement.
Tout ce que
je puis faire pour toy,
c'est d'éviter l'explication.
Le Marquis se
contenta de ce qu'il
pouvoit exiger, & dés
le même jour Damon
fit connoissanceavecla
fille, & la vit ensuite
pédant quelques jours.
-
Lucie
,
c'étoit le
nom de cette charmante
persnne,Lucie étoit
dune delicaresse scrupuleuse
sur tous ses devoirs,
& quoyqu'elle
eust de l'inclination
pour le Marquis, elle
obéissoit aveuglement
à son pere ;cependant
elle avoit conçu
une aversioneffroyable
pour le Gentilhomme,
a quielle étoit promise
en dernier lieu: elle
eust beaucoup mieux
aimé Damon,si elleeust
pû
,
pû aimer quelqu'autre
que le Marquis
J.
&
Damon de soncôtéla
trouva si belle, si vertueuse
& si affligée,
qu'il sentit bientost
pourelleunepitié fort
tendre, & cette ten-
:
dresse augmentant de
jour en jour,il s'apper-
£ut enfinqu'il étoit le
rival de son amy. Je
croirois bien que malgré
sa probité, il ne
s'aperçut de cetamour
que le plustard qu'il
put: mais enfin se trouvant
à peu prés dans la
situation où l'auteur
de Don Quixote met
l'ami du Curieux Impertinent,
& ne pouvant
plus se cacher son
amour à uy-meme, il
crut ne devoir pas le
cacher à son ami. Je ne
veux plus voir Lucie,
lui dit-il un jour, je
fuis trop honnête homme
pour vouloirmen
faire aimera je n'ai pas lecouragedeservirson
amour en lavoyant. Le
Marquis, quoyqu'un
peu extravagant d'ailleurs,
ne [ç fut pas assez
pour exiger deson ami
unservice sidangèl'eux.
Damon cessa de
voir Lucie,& le pere
quiavoit déjà ses vues
sur lui, futallarmé de
ne le plus voir: mais
la destinée de ce pere
.avare vouloirqu'il luy
vînt coup sur coup des
offres toutes plus avantageuses
les unes que
les autres:Voicy un
nouvel encherisseur
plusriche que les precedens
,
c'étoitun Conseiller
de Province,qui
étoit devenu passionnement
amoureux de
Lucie, chez une parente
où ill'avoitvûë
plusieurs fois. Abregeons
le recit des poursuitesde
cet amant,&
des chagrins qu'en eut
Lucie ;le peresedétermina
absolument pour
celui-ci : voila les articles
dressez,& le Conseillerafifuré
qu'il possedera
bientôt la fille
du monde la plus aimable
, &C la plus sage
Icyetf ce qui letouchoit
davantage car il étoit
naturellement fort jaloux.
«
""1'11--', est bon de faire
ici attention surla
sagesse de Lucie, 6C
sur la jalousie du Conseiller,
pour mieux ccm.,
prendre la surprise où
fut ce jaloux en trouvant
sur la table de sa
maitresseune lettredécachetée:
cette lettre qu'-
il crut avoir déja droit
de lire luy parut être
: d'unCavalier fort amoureux
de Lucie, &:
qui lui écrivoit d'un
stile d'amant ajlné.Ah,
WÀ chere Lucie, disoit
la lettre
,
faut-ilquun
triste devoirnous separe!
Que jesuis à plaindrey
& que <voui Î, es aplaindre
vous-même d'être
sacrifiée par un pire injujle
à un homme que
- VOl« ne pourrez, jamais
aimer,à un incotïjmode,
,- à un fâcheux. en un
mot le Conseiller voit
qu'on parle de luicomme
s'il étoitdéja mari
»
&C qu'aparemment Lucie
estdemoitiédumér
pris que ce rival témoii
gne pour lui;imaginezvous
l'effet d'une pareille
avanrure sur un
jaloux.Ce n'est pas tout
la lettre marquait ques
le Cavalier ne manqueroit
pasde se trouver
onze heures du foir*
chez Lucie pour la.
consoler, & qu'il y seroit
reçupar la porte
d'un jardin, par où la
maison tenoit à une petite
rue écartée. Enfin
tout
tout étoit si bien circonstancié
dans la lettre,
que le Conseiller resolut
d'atendre l'heurede
ce rendezvous pousséclaircir
, avant que de
prend re la dessus un parti
violent digne d'un
homme tres - vindicatif
, Se qui n'avoit
d'autre merite que celuy
d'être riche & amoureux
d'une personne
qui meritoit d'être
aimée.
Après avoir attendu
l'heure du rendez vous
avec impudence, nôA -
tre jaloux se trouve dãs
la petite ruë, par où
devoit arriver le Marquis,
carc'étoirluyqui
avoit écrit la Lettre;
que vous diraije, l'heure
sonne, le Marquis
vient, on lui ouvre une
petite porte, on la referme,
& le ja loux restant
au guet ju hlu'an
matin, eut tout le loisir
de se convaincre que le
galandn'étoit pas entré
chez Lucie pour une
conversation passagere,
ce fut pendant ces heures
si cruelles à passer,
qu'ilmédira contre Lucie
une vengeance inoüie,
voicy comment
il s'y prit. irmn
,il On devoit signer le
contrat le lendemain
au soir, il fit préparer
un souper magnifique,
cC prit foin pendant le
jour de rassembler toute
la famille de Lucie,
qui étoit nombreuse;
il y joignit quantitéde
femmes qu'il choisir exprés
les plus médisantes
qu'il pût, sans compter
les hommes, qui
sont encore plus dangereux
que les femmes,
parce qu'on les croit
moins médifans.
Le soir venu le Conseiller
fit remettre la
signature du Contrat
a près le sou per,& les
deux concradas furent
placez solemnellement
au bout de la table, le
repas fut fort serieux,
parce qu'on voyoit les
époux futurs fort taciturnes,&
enfin quand
on fut prest à forcir de
table, le Conseiller addressa
la paroleau Pere.
Monsieur, luy dit-il,
enélevant lavoix,afin
que toute l'assemblée
pût l'entendre: Je n'ai
jamais manqné, de paro
l e a personne, c'efb
pourquay j'ay -voulu
avoir icy grand nom- bretémoins des justes
raisons qui m'en
sontmanquer pour la
premiere fois,
Ce debut parue singulier
à toute l'assemblée,
on fut curieux
d'entendre ce qu'alloit
prononcer ce grave Juge
de Province, tout le
monde scaitcoiità-luat-
il, que vous avez
manqué de parole à
trois ou quatre Gendres
de suite, vous m'en
manqueriez aussi sans
doute s' il s'en pre sentoit
un plus riche que
fmiloOyY>)vvoouussmmeenmlceppri1i--
feriez, ainsi je fuis en
droit demépriservôtre
fille"1puisque j'en trouve
une plus sage qu'-
elle.
A ce discours on crut
d'abord que le vin de
la Noce avoit troublé
le cerveau du Conseiller,
le profond si lence
où l'on étoit, lui donna
le laillr de lire aux
convives la Lettre du
Marquis, & de cjrcon..
stancier il bien le rendez-
vous nocturne
qu'alors on ne l'accusa
plus que d'avoirpoulsé
trop loin sa vengeance,
tous les parens de
cette fille de s- honorée
baissent les yeux ou
s'entre-regardent sans
oser ouvrir la bouche,
les uns s'affligent de
bonne 'foy;"les autres
n'osentrireencore de
ce qui réjouit leur malignité
, ceux-cy feignent
de douter, afin
qu'on-leur en aprenne
encor davantage, quelques-
uns excusent, la
plûpartblâment,mais
presque tous ont les
yeux sur Lucie, qui
devenue immobile, pâh?
& défaite estpreste
à tomber en foiblesse.
Cependant le Conseiller
est dé-ja bien
loin, il avoir médité
son départ pour la Province,
une Chaise de
poste l'attendoit, & il
étoit sorti de la Sale
sans que pcrfonne eut
eu le courage de le retenir.
On alloit se separer,
& quelques-uns commençoient
àdéfilerlors
qu'un nouveau su jet
d'attention les rassembla
tous: C'était le jeune
Marquis, aut heur
de la Lettre, il avoit
vu partirsonrival, &C
seroit sans doute entré
triomphant, del'avoir
fait fuir par un coup de
sa rêre
,
mais a y ant a ppris
l'éclat quecebrutalvenoit
de faire,il
accouroit pour reparer
l'honneur de sa Maîtresse,
pendant que l'assemblée
étoit encore-ntière
; il dit d'abord
pour justifier Lucie ce
qui étoit vray, c'est
que la connoissant trop
scrupuleuse pour entier
d^o-ns- foa projet il
savoit gagné sa femme
de chac3mbre pour luy
aider à donner tie violens
soupçons au Conseiller
jaloux; en un
mot la Femme de
chambre à l'insçû de sa
-
maistresseavoit joüé le
stratagême de la lettre,
& se doutant bien que
le Conseiller voudroit .- approfondir la circonstance
du rendezvous,
avoit introduit le Marquis
par la petite porte
du jardin, mais il en
étoic sorti à l'instant
par la grande.
Aprés cette explication
le jeune Marquis
t pour se justifierluymême,
s'écria, pardonnez,
belle Lucie, à 1amour,&
audesespoir,je
sçavois bien continuat-
il, que mon rival estoit
allez jaloux pour
rompre l'affaire: mais
jene lecroyoispasassez
vindicatifpour la rompre
a," c tclat.
Pendant tout cedifcours
Lucieavoir pa- ruagitée hors d'ellemême,&
sacolere fut
prête - d'éclater contre
ce Marquis extravagant,
quil'avoit sicruelI.
ment offensée : mais
tout à coup on la vit
redevenir tranquile
comme une personne
qui a pris son parry ;
les femmes seules sont
ca pa bles de prend re à
l'instant le bon pary
quand ellesont i'elpriC
bon ;celles qui prenent
de mauvais partis les
prennent avec la même
vivacité, & c'est
,.
encore un avantage
qu'elles ont surnous;
car leurs fautes estant
moins reflec hies que
celles des hommes,elles
font plus excusables.
Le Marquis après
avoir parlé à toute l'assemblée,
se jetta aux
pieds deLucie,bien
feur d'obtenir pardon
d'une personne qui luy
avoitavoüé qu'elle l'aimoit
; il lui representa
que la justification la
plus authentique qu'une
fille put desirer,C"étoit
toit que celui qui avoit
fait soupçonner sa ver- tuprouvât en épousant
qu'ilcroyoit cette vertu
horsdesoupçon.
• Un murmure d'approbation
qui s'éleva
dans toute l'assemblée ,marqua qu on jugeoit
ce mariage necessaire;
la familleàl'instant
exigea du pere qu'il y
consentit, & la joye
qu'il avoit de voir sa
fille justifiée, le rendit
en ce moment moins
avare qu'iln'avoit jamais
elté; il se tourna
vers safille, & luy dit
qu'illui laissoit le choix
de sadessinée.
Puisque vous avez
la bontéarépondit modestement
Lucie, de
remettre à mon choix
la maniere de me justifier,
je veux estre justifiée
le plusparfaitement
qu'il se pourra;
il est clair que le MarKjuisme
justifie en quelque
façon par ses offres;
car il est rare qu'un
homme épQufe volontiers
celle qu'il auroit
deshonorée : mais il cO:
encore plus rarequ'une
fille refuse de pareilles
offres de celui pour
qui elle auroit eu quelque
foiblesse, ainsi je
me crois plus parfaitement
justifïée en declarant
que je n'épouserasjamais
un homme
qui a esté capable de
sacrifîer ma réputation
à son caprice.
Le Marquis futconfondu
par la fermeté de
cette resolution, tout
le monde, & le pere
même la trouvant sensée,
approuvoic le parti
que Lucie venoit de
prendre, lorsqu'on vit
paroistre Damon, qui
avoit suivi le Marquis
pour voir comment sa
justification feroit receuë,
indigné de l'imprudence
de cet amy, voici comment il parla:
Puisque mon amy,
dit-il à Lucie, a perdu
par sa faute les droits
qu'il avoitsur vostre
coeur, je crois ne devoir
plus avoir d'égards
que pour vostre justifïcation,
vous avezdéclaré
que vous choisiriez la
plus parfaite de toutes,
daignez donc comparer
aux deux autres
celle que je vais vous
proposer.
Il est rare, comme
vous l'avez dit, qu'on
fasse des offres telles
qu'en a fait le Marquis;
il est rare aussiqu'en pareil
cas une fille à marier
refuse de pareilles
offres: mais il est sans
doute encore plus rare
qu'après l'éclat que
vient de faire ce Conseiller
, un homme
aussiriche que moy3
qui passe pour homme
sensé, & quise pique
de delicatesse sur l'honneur
,prouve en offrant
de vous époufer qu'il
est assez feur de vostre
vertu pour croire rneme
que vous oublierez
entièrement le Marquis.
Tout le monde fut
attentif à cette derniere
justification on attendoit
la decision de
Lucie, oui, Monsieur,
dit- elle à Damon
, me
croirecapable d'oublîer
par estime pour vous,
un homme que j'ai eu
la foiblesse d'aimer c'est
meriter mon coeur aussi-
bien que mon estime.
Aprés avoir ainsî
parlé, Lucie tourna les
yeux vers son pere qui
n'avoit garde d'oublier
en cette occasion que
Damon étoit le plus
riche de tous ceux qui
Scs'étoient
presenté, exceptéleConseiller
5,
one joyeunanimedécida
pour Damon, &C
les plaintes du Marquis
se perdirent parmi les
applaudissemens de
toute l'assemblée.
Ceux qui soupçonneront
cettehistoriette
d'avoir esté imaginée,
diront que l'amour en
devoit faire le dénoument,
on pourroit leur
répondre qu'undénoument
fait par la raison,
est encore plus beau
felon les moeurs ,d'autant
plus que le Marquis
a méritéd'estre
puni; il est vnry qu'il
peut rester à Lucie
quelque tendresse pour
luy : mais celle qui a
fçû sacrifiercette tendresse,
à l'estimesolide
qu'elle a pour Damon , sçaurabien acheverce
qu'elle a commencé;
en tout cas c'est l'affaire
de Lucie, si l'histoire
est veritable, & si
elle est feinte, c'est l'affaire
de l'auteur, de répondre
à la critique
qu'on pourroit faire de
ton dénoûment.
1
CONSEILS
; Demandez dans le moidi
dernier.
QueconfelUcriez^vons à un
maryqui aime "tropsa femme
''P°ur s'en separer, mais qui ne
Paimc pas ,ieei,- pour fiuffrif
toutes ses impertinences.
CONSEIL
DE DOM Brutal
SUSURRLl''AAIiRr
Réveillez-vous Belle endormie. sI femme impertinente
& belle
Tu veux garder dans ta
maison,
Deviens plus impertinent
quelle,
Tu la mettras à la raison.
CONSEIL,
Par Madame la Maiquifede.
sur le même Air.
M , ARY bizarre au
cerveau trouble,
Redoublant de mauvaise
humeur,
Il faut qu'une femme redouble
De patience & de dou- ceur.
—i Ces deux anonimes
mary &*ifemmeTrap-*
paremmentpuisqu'ils
m'ont envoyé les deux
Couplets sur le même
air me font souvenir
par les differens caracteres
de leurs Conseils
de travailler à une Apologie
des femmes contre
les maris, ô£j'y travai
llerai de bon coeur,
car j'ay toûjours esté
persuadé, que dans les
démêlez domestiques,
les maris ont ordinairement
plus de tort que IcsjEcmmes.
2. Conseil.;
Que conseilleriez-vous à ungou*
'tf!ftX quine trouve duplaisirqu à
boire,à* quimsouffre que quand
ila bû.
CONSEIL BACHIQUE.
Buvez & souffrez.
L'INDOLENT.
Passez-vous du plaisir
pour vous exempter de la
douleur., -,v
CONSEIL'
d'accommodement. -
-
Un peu devin, un peu
de goute, un peude bien,
un peu de mal,c'est le
mieux qu'on puisse avoir
encemoude.
L'YVROGNE.
Buvons tant que nous
ne sentions pas venir la
goute.
L'ANONYME
,',,"
Poliçon..,
Je vous conseilledé
boire
boire tout, car quand
tout vôtre vin fera bû vous
n'enaurez pas la goute,
, REFLEXIONS
duVoluptueux.
Pourquoy faut-il quela
douleur suive le plaisir
j'aimerois mieux , encore
quela goute me prit avant
que j'eusse bû, l'esperance
du plaisir m'aide à supporter
la douleur: maismon
plaisir est empoisonnépar
la crainte des douleurs qui
vont le suivre. -,
THESsi. ,,.K
; On doit dire, invin
-
mend^ium, plustost quein
fJ 'l}jnfJ <vcritd£ * ;r-j i?f-
PdrMonfieu, P.1
Lemensonge estdansle
vin, quandle vin cf^c^ns
Ja cave du Cabaretier,
qui vous donne levin
d'Orleans en jurant que
c'est du vin deChampagne.
Laverité est dans le
vin, lorsqu'un bon Gentilhomme
de Brie vous donne
le vin de son crû, &
vous le donne pour tel:
mais son vin de Brie produit
le mensonge, quanc le convive complaisant lui
dit que le vin de son crû
vaut du vin de Bourgogne.
IN VINO MENDACIUM.
.1
Lemensongeest dans
• le vin.
VOj ce menteurfouronois
t un noir souci
le ronge,
Il profane le jus divin,
il médite en buvant l'art
de faire unmenjonge,
Il le trouvera dans La
«vin. Ji
On ne m'a pas cnvoyé
les moindres petits
vers sur les rimes
en ique.& en ac, j'esperois
en recevoir au
moins de quelqueAuvergnac.
artic.l.^
-
des Enigmes.
»
<
., Parodie ou explication
., de l'Enigme dontle
motefi un Bouchon.
de Boureille ,par la
,.,ikluftnaissante.
-
Pourremplir un
goulot
t.
vuidc:,
Précaution. m'a posté .: Prés d'un réduit ou preside
L'agent .<dkUvolupté
Sans moy dans la Bouteille
UU le bon vin reside,
Son ennemy l'air entreroit,
Son plus pur esprit sortiroit,
Si je ne gardois bien la porte
Un yvrogne brutal, pourtant
industrieux,
De son tire-bouchon, usantavec
main forte,
Me chasse du goulot frais
& delicieux,
Son fer me fait une blessure;
Jecede, il faut enfin contenter
son desir
,
Alors si d'un grand vin le
petillant mumure.
Suit le bruit que je fais ; cc
bruit de bon augure,
Au fripon qui me forceanonce
du plaisir.
ENvay
Par Mx AnetAu.
Que l'esprit de Hommeest
plaisant,
Un rien l'endort, ou le
réveille,
Pour luy tout peut estreamusant,
Jusqu'au bouchon d'une
4bouteille.
,. ENVOY
Par Guillot le lJenftf
Bouteille en main Guillot
sous une treille,
L'e sprit bouché,longtems
te mot chercha; •
Mais son esprit enfinsedébaucha
,
Si tôt qu'il eut débouché sa bouteille.
ENIGME,
Par M"L
Effet de lasimple nantît>
Et quelquefois fils du bavard,
Nésouvent dans le sein de
l'art,
Adon pouvoir & mon prix
sonttous deuxsansmesure.
Parmoyl'oeil est séduit, l'esprit
est enchanté :
Parmoy plus d'un deffaut (si
un deffaut aimable:
Etplus bizarequ'équitable,
Je donne à la laideurlepassur
la beauté.
~m
Jesuis également à la Brune
àlaBlonde , :
Je fuis majestueux
,
délicat,
simple,admy
Jefuis dugoûtde toutlemonde:
Mais ne ma pas qui le voté*
droit.
pIlnl'esatpoinitsarnsemoyd.'a*rt de
mDee-steesplriitesm&.*ckSs coeurjesor-
Les grâcesriotot pointd'autre
pere :
\t;( i-amesrn'eut d'autres
traits quilesmiens.
Despassonsrie-con
Des pajjions,rtjjon bh-aabbiillee
je fais ,
craindre
rfperer j*e Je craindre ,* rfterer ; je
fais aimer,haïr:
Dela fortunenjray mobile,
jJeepuis combler vossvwtx O* puis les trahir.
Pourme definirmieuxqu'àjouterois-
je encore?
Mon nom ne m'explique pas
r htm: -('- {.,: v.
-
MonefirctflcetbnignotÇ)
Si me connoijjoh:> je nesef<
ei) plus.rien% -. VvENKI,GME.1
pcfznt oulegerdans
monindividu,
<. .,
Art ou nature mefabrique,
Pt/ant, cuit auqour, ou
-
fondu,
sefersau Bourgeois ma- gnifque,
Léger, coupesec&batu,
Jefers à mulet&bourrique9
CI * Pesant, rangé, biensustendu,
Je fers aux faiseurs de
MusiqueJ
Leger, taillé, noircy,
sendu,
Je sers & Finance &
Pratique. '•
-,
Pour donner le teins
*au3C AnonimesdesProvinces
-. de recevoir le
Mercure, de composer
SC d'envoyerdes repon-
Lès, il faut faire durer
pendant plusiëurs mois
les mêmesQuéstions,
Conseils, Thelês,Boutsrimez,
&c.Ony en
joindra toujours <juelxjue
nouvelle.
These nouvelle.
Jesoûtiens qu'il vaut
mieux aimer une laide
Femme qu'une belle.
ConseiL
Que conseilleriez-vous
àun Avare qui aimeroit
la bonne compagnie,
la bonne chère,
le bon vin , &C qui
auroit samaison pour
prison.
Noms
,
discours
, rébus
, &c. de ceux qui
ont deviné les deux Enigmes
du moisdernier
decelle-cy
?
l'Aml.
Le Chevalier Croc , l'ame attentive,a devine
l'ame ; l'ame de l'Enigme
,
c'estle mot, &
le mot cestlame, la jeune
Sorciere de la vieille
rue du Temple.
Bouchon de Bouteille.
Le cou cou verd ;
Chon Chon l'explique à
Chonchette l'Espagnelette
: deux moyens
d'empéchcr le vin de
s'éventer ou le boucher
ou le boire: la voix de
Bois flocé du grand
Chantier. -f
-
L'Ignorant, la Brupto
,
la Zinzolme.
ODE NOUVELLE
contre l'Esprit,
Source intarissable d'erreurs
Poison qui corrompt la
droiture,
Des sentïmens de la nature,
Et la vérité de nos coeurs. if
Feu fonlletuquiibrrillees p,our
Charme des mortels inCcn.
sez,
Esprit ; je viens icy détruire
Les Autels quel'on t'a dressez,
Et toy fatalePoësi,
C'est luy fous un nom specieux,
Qui nomma langage des
Dieux,
Les accès de ta frenesie
;
Luy dont te vint l'aurorité;
D'aller consacrant le mensonge,
© Et detraieter deverité,
La vainc illusiond'un songe.
Encor si telle qu'autrefois,
Suivant pas à pas la nature,
Dans une naïve peinture..
Tuchantois les prcz & les
bois,
Ou qu'au bonficclc de Catulle
Simple dans tes exprelfions
Et de Virgile, & de Tibulle
Tu foupirois les passions.
Mais non; de quelque rime
| rare, De pointes, derasinemens,
Tu cherches les vains ornemens
Dont une coquette Ce pare,
Et suivant les égaremens
D'une Muse , trop peu fcnsée,
Tu négliges les fcnrirncnsj
Pour faire briller la pensee.
is
Tel ne chantoitau bord des
caux)
Du Mincius l'heureux Titire
, Maissimplement faisoit redire
Le nom d'Amarille aux
échos,
Et les Naïades attentives-
Qmttoient leurs joncs &
leurs roseaux
Pour venir danser sur ses
rives,
Aux doux fons de ses Chalumeaux.
Esprit, tu séduis, on t'admire;
Mais rarement on t'aimera
Ce qui seurement touchera
C'est ce que le coeur nous
fait dire
C'cil ce langage de nos
coeurs
Qui saisit l'ame & qui l'agite
Etde faire couler nos pleurs
Tu n'auras jamais le merite.
Laissons ces frivoles sujets
Que tu nous donnes de
nous plaindre
Quand de toy l'on a tant à
craindre
Sur de plus importans objets.
Dans les choses les plus sacrees
Tu te plais à nous faire voir
Qoe plus elles sont révérées
Et plus y brille, ton pouvoir.
Dans la vérité simple & pure
D'une faince Religion,
: Est-ildesuperstition
Dont tu n'y glisse rimpofturc.
Ec moyen de te pardonner
Ce que tu veux tirer de gloire
De nous apprendre à raisonner
Quand il ne s'agit que de
croire.
Que de
vaincsdifHnétions"
Que de varierez frivoles
Ont tiré des mêmes paroles
-'
Les heretiques fictions -
Combien le subtil artifice
De Luther & de ses Docteurs
, Aux gens simples & sans
malice
A-cil fait adopter d'erreurs.
Ton rafinement empoifonne
Xes plus saines opinions
Jamais ru n'as gueri personne
De les cruelles passions
,,' Tu ne fais qu'augmenter
nos vices Enmultipliant nos desirs,
Et des plus innocens plaisirs
Tu nous fais souvent des
supplices.
Demande aux hôtes de ces
bois
Si chez eux la loy de nature
N'est pas plus prudente &
plus sûre
Pour leur faire faire un bon
choix;
Que tes penetrantes lumieres.
Non, les animaux amoureux
N'ont pas besoin dans leurs
tannieres
De ton beau feu pour cGrc:
heureux.
Sx
C'est toy d'où ftaifïent ces
caprices
Par où Venus soutient sa
Cour,
Et cet attirail d'artifices
*
Donc tu sophistiques rAmour.
Les Pigeons & les Tourterelles
Sçavent se plaire & s'enflammer,
En il quelque Ovide pour
elles
Qui fit jamais un Art d'aimer.
«s^s»
C'est dans ce livre detefiablc
Que paroist la corruption
Qui d'une simple passion
A fait unArc abominable.
Art dont nous vint en sa fureur
Cemonstre de Coquetterie
Et ce mêtier faux & tfoln.
peur,
Qu'on appelle Galanterie.
VFinissons
; insensiblement
Jecede au charme quim'entraîne,
Et j'oublicray toute ma haine
Si j'écris encoreun mOJncnr. Hipric que je hais,& qu'on
aime,
Avec douleur je m'apperçois
Pour écrire contre toy même,
QuV>n ne peut fc passer de
toy.
EPITRE EN VERS,
: Par M. V i
par tes conseils & ton
exemple
Ce que j'ay de vertus fut
trop bien cimenté,
CherP. dans la pureté
Des innocens banquets du
Temple
De raison & de fermeté.
Ja'aymfaitpunelemo,isson trop
Pourestrejamaisinfsetcte
D'une sordideavidité,
Quelle honte
,
bon Dieu,
quel scandalleenParnasse -
De voirundeses Candidats
Employerlaplume d'Horace
( A liquider
-un compte, à
dresser des estats !
J'ay vû, diroitMaror, en
faitanc la grimace,
J'ayvû l'Eleve de Clio
Sedentem in selonio;
Jelay vû calculer, flombrcrJ
chiffrer,rabattre,
Et d'un produit au denier
- quatre
Raisonner selon l'adgio.
Dure, dure plûtost; l'honorableindigence,
Dontj'ay si long-tems essaïé,
Je sçay quel est le prix d'une
honneste opulence
Que fuie la joyeuse innocence,
Et qu'un Philolophe étayé
Dans peu de richesse & d'aisance
,
Dans le chemin de sapience
Marche plus fermme de
moitié:
Mais j'aime mieux un sage
a, pié1
Content de son indépendance
Qu'un juste in,dignement
noyé
Dans une
servile abondan- ce,
Qiii facnfianccou[.)bonneurJ'
joye, amitié
Au foin d'augmenter sa
finance,
Est luy mêmesacrifié
A des biens donc il n'a jamais
la joüissance.
Nourri par Apollon, cultivé
par tes soins,
Cher P. ne crains pas que je
me timpanise
Par l'odieuse convoitise
D'un bien plus grand que
mesbesoins:
D'une ame libre&dégagée * De préjugez contagieux,
Une fortune un peu rangée,
Ua
Un corps sain
, un esprit
joyeux,
Et quelque Prose mélangée
De Vers badins & serieux,
Me feront trouver l'apogée
De la felicité des Dieux.
C'estpar ces maximes, qu'ignore
Tout Riche, Juif, Arabe,
ou More,
Que j'ay fçû plaire déslong
temps
A des Protecteursquej'honore,
Et c'est ainsi que je prétends
j. Trouver l'art de leur plaire encore.
Cest dans cc bon esprit
Gaulois,
Que le gentil Maistre François
Appelle Pantagruélisme,
Q~~ Neüilly L. * & * nin
Puisent cet enjouëment
benin,
Dont est formé leur Atti--
cisme.
EPIGRAMME.
Letraître Amour prità Venus
la Merc
Certain bouquet pour donnerà
Psiché,
Puis dans les yeux de celle
qui mest chere
S'enfuie tout droit se croïant
bien caché:
Lors je luy dis : Te voilà
mal niché,
Petit Garçon ,cherche une
autre retraitte,
Celle du coeur fera bien plus
secrette.
Vrrayment,ditil, Amy"ê
c'estm'obliger;
Et pour payer ton amitié
discrette,
C'e{t dans ton coeur que je
me veux loger.
ODE5
AMe D * ».
Sur les affaires de fl
Famille.
Espritné pour servir d'exemple
Aux coeurs dela vertu touchez
Quisans guideà pu de fom
Temple
Penetrer les sentiers cachez,
CherD. quelle inquiétude
Tç fait une-
Des chagrins & de la douleur
Et Ministre de ton fuplicc
,
Pourquoy par un sombre
caprice
Veux-tu secondcr ton mak
heur.
Chasse cet cnnuy volontaire
Qui tiens ton esprit dans les
fers
Et que dans une ame vulgaire
Jettel'épreuve des revers
Fais teste au malheur qui
t'opprime
Qu'une esperance légitime,
Te munisse contre le sort
L'air fisle,une horrible tempeste
Aujourd'huy gronde sur ta
teste
Demain tu feras dans le
port
f!)2
Toujours la Mer n'est pas
en bute
Aux ravage des Aquillons
Toujours les torrens par
leur chûte
Ne désolent pas nos Va
lonsLes
disgraces désesperées
Et de nul espoir tempcrées
Sont affreuses à soutenir
Mais leur charge en moins.
importune
Lorsqu'on gémit d'une infortune
Qu'onest au point de voir"
finir
Un jour le
trou
ble qui te*
ronge
En un doux repos transfor1
me
Ne sera plus pour toy qu'un
songe
Que le réveil aura calméEspere
donc aveccourage
Sile Pilote craint l'orage
Quand Neptune cnchainc
les flots
L'espoir du calme le raflurc
Quand les vents & la nuë
obscure
Glacent le coeur des Matelots.
c Jesçay que l'homme le plus
Cage
Par les disgraces combatu-
Peut fouhaitterpour apanage.
La Fortune après la Vertu
Mais dans un bonheur ùns
mélange Souvent
Souvent cettevertusechange
En une honteuse langeur
Autour de l'aveugle richesse
Marrchuentdl'oergesüils&e.\x
,Qtlcfuit la dureté du coeur.
Non que ça' fagcffccndor-,
mie yl
,
Au temps de tes prosperitez
Eut besoin d'eîke r'affermie
Par de dutes
-
fatalitez
Ny que ta gloire peu fidel- lev.;
Eut jamais choisi pour modelle
Ce fol superbe
, & ténébreux
Qui gonfléd'une fiertébafse
N'a jamais eu d'autres difgraccs
Que de n'estre point malheux.
Mais si les maux & la tristesse
Nous font des secours super
flus
Quand des bornes de la fagesse
Les biens ne nous sont point
exclus
Ils nous fonc trouver plus
charmante
Nostre felicité presente
Comparéeau malheur passé
Et leur influence tragique
Reveille un bonheur létargique
Que rien n'a jamais traversé.
.PA*- SK
Ainsi que le cours des années
Se forme des jours & des
nuits
Le cercle de nos destinées
Est marqué de joye,&de
d'ennuys
Le Ciel par un ordre équitable
Rend l'un à l'autre profitable
Et dans ces inégalitez
Souvent lasagesse supr ême
Sçait tirer nostre bonheur
même
Du fein de nos calamitez
•
Moymêmea qui l'horreur
*du vice
Jadis, non sans temerité
Chargea la main encore novice
Du flambeau dela verité
Si contre mes rimes sinceres
J'ay vû de honteux aversaires
Lancer tant de traits inoüis ;
Loin de gémir de cet ou-
Peutestrtargeeje dois à leur ra.
S~
Toutlerepos dont je joüis.
Ê~k
A force d'exciter ma bile
Eux-mêmes l'ont fçu corriger
J'ay veu qu'il estoit plus facile
De souffrir, que de (e vanger
Et tel donc ma verve orageuse
Pour prix de sa haine outrageuse
Eut fait un sujet de pitié
Puni par un mépris paisible
Me laisse seulement sensible
Aux charmes de ton amitié.
MALHEVR.S
de l'homme.
QUel'hommeest bien durant
savie
Uuparfait miroir de douleurs;
Dés qu'il respire, il pleure,
il crie,
Et semble prévoir ses malheurs.
Dans l'enfance toujours
des pleurs,
Un Pedant porteur de triste1fc;
Des Livres de toutes couleurs,
-
Des châtimens de toute
espece.
& .-
L'ardente & fo,ugueuic,
Jeulit sse
4càict encore en pire état;
Des Créanciers, une Mal*
treslij.
Le tiraillent comme unFor- !çat..
Dans l'âge mur autre*
combat, - 1
L'ambition le sollicite,
Richesses
,
honneur, faux
éclat,
Fcnlmc) famille, tout l'ag$
ite.,
Vieux, on le méprise
, on
lT,é1vVi.tei »,
Mauvaise humeur
,
infirmirés
pTouixt,guraivetlele, goutte,-
Assiégent sa caducité.
Il meurt enfinpeu regreté
S'il , n'attendoit unmeilleurEtre
Dans une heureuseEternité
Seroitcelapeinedenaître! ,
EPIGRAMME.
SOucis cuisans au partir
deCaliste
JJ. commençoient à me suplicier
Quand Cupidon me voyant
pâ!e&trifle
Medit: Amy, pourquoy
te soucier?
Lors m'envoyant, pour me
iolatier,
Tout son cortege,& celuy
de sa Mere,
Songes plaisans & joyeuse
chimere,
Qcuhi me'ernseignantà rapro- lestemps,
Me font joüirmalgré l'ab-
[ence amere
Des biens passez&deceux
que j'attends.
aPLACET M**
Ministreaussi sage qu'affable,
- Aussi genereux qu'équitable,
Par qui le Dieu Plutus, qu'-
onavoitexilé,
Va bien-tost estre rappellé :
Recevez ce Placet que ma
main vous presente,
Et d'une dextre bien-faisante
Mettez au bas ces mots exquis:
Soit fait ainsi qu'il est requis.
La Justicevous le conseille,
Par pme pour le supliant;
On sçait que vous sçavez
accorder à merveille
Et l'interest du Prince, &
celuy duClient;
Maispeut-êtem'allez-vous
dire,
Que j'en parle bien aisément,
Et que ces mots qu'icy je
je vous presse d'écrire,
Ne se prononcent pas toûjours
si promptement.
Sansdoute, jesçay bien moi
toute la premiere,
Qu'on me feroit telle priere,
Où je ne voudrois pas dite.
en terme precis :
Soit fait ainsi qu'il cit requis;
Au sexe feminin convientla
negative;
Et quoy qu'à dire vrai, plus
d'une Belle icy
Ne se serve pas trop de la
prérogative,
L'ordre veut neanmoinsque
cela soitainsi.
Mais chez vous c'cfttout*lc
contraire,
Ministre, tant qu'il vous
plaira,
Quand nostreSexe vous
-
à- priera,
L'ordre veut parmi nous que -
sans autre mystere
Le Ministreréponde ainsi
que le Marquis,
Soit fait ainsi qu'ilest requis.-
Epitaphesur la mort
de Mr le Duc d'Elbe.
Grand à'Espagne
,
aussi
gf"od par ma haute naislancc,
QJC par mon grand courage
& par mon ralc cfprir,
Sous ce marbre enfermé je
te paroispetit;
Lcdteur? vas t'informer de
mes grandeursenFrance,
Où le cruel destinquivouloitm'abaisser,
N'ypouvantreussir, me les
a fait laisser.
SUITEDE LABULLE
d'Or.
Onaesté bien-aise de voir le
commencement de la Bulle
d'Or dans le dernier Mercur,
.parce qu'alors elle ne couroit
pas encore la Ville; quelqu'.
un me blâmera sans douted'en
donner la fuite, quand onen eïf
déjà ennuyé, mais est-il plus
blâmable en certaineschoses en harangues , ,par exemple,
d'ennuyer en continuant que
cdeonempoinmt fineir nce cqué'on.a
On répondra, si l'onveut,ar
cecy comme à une questionde
Mercure.
ARTICLE X.
nela Monnoye. §iNOus ordonnons de
plus, que le Roy
de Boheme qui après nous
succedera à ce Royaume,
pourra pendant son Regne
faire battre Monnoye d'Or &
d'Argent en tous les endroits
&: lieux de son Royaume,ou
Terres en dépendantes qu'il
lui plaira &ordonnera dans
la forme & maniéré jusqu'à
present observée dans ledit
Royaume, ainsi que de tout
temps il a été loisible à
nos Predecesseurs Rois de
Boheme de faire, ftiiv-aiit la
poissession continuelle qu'ils
ont de ce Droit, voulons &:
ordonnons aussi par la présence
ConstitutionImpériale'
Grace perpetuelle, que les
Rois de Bohême poi/Icnt
acheter &: acquérir desautres
Princes, Seigneurs, Comtes
&: de toute autre Personne,"
des Chameaux., - ,Terres &
Terres héritages, dequelque nature
qu'ilspuissentêtre, en recevoir
en don&par engagement:
à condition qu'ils feront tenus
de les laisser en lamême nature
qu'ilstesauronttrouvez ies
comme Fiefs,Franc-aleu
comme, tel, &c. En sorte
toutes fois que les biens que
les rois de Boheme auront
ainsi acquis ou reçu, & qu'ils
auront jugé à propos- d'unir au
Royaume de Boheme, ils
feront obligez d'en payer les
redevances ordinaires&accoûruméesquienetoient
ducs
à FEmpirc.-
§. 2.. Laquelle presente
Construction &: Grâce, Nous
étendons aussi, en vertu de
nôtrepresente Loy impériale,
à tous les Princes Electeurs,
tant Ecclesiastques, que Séculiers
,
&: à leurs successeurs
&: légitimésHéritiers, aux
charges & conditions ci-denns
prescrites.
ARTICLE XI.
De l'Election des Princes
Electeurs.
§. I. ORdonnon*s aussî, que les ( omtes,
Barons,Nobles, Feudataires,
Vassaux,Officiers, Gens de
guerre,Citoyens, Bourgeois
& toutes autres Personnes, de
quelque Etat, Dignité&condition
qu'elles soient, qui
setons Sujets des Eglises de
Cologne,Mayence & Trêves,
ne devront ni ne pourront à
l'avenir, comme ilsn'ont pu
ni dû parle pasé, estre citer,
çÜ-ezJ ni trduits hors le
Territoire, ni les termes &:
limites de la Jurisdiction desdites
Eglises & leurs dépendances
,à l'inflance de quelque
Demandeur que ce soit; ni
obligez de comparoistre en
Justice pardevant d'autres
Tribunaux &: Juges, que
pardevant les Juges ordinaires
des A rehevêques de Mayence,
deTrêves &: de Cologne,
comme nous trouvons que de
tout tems il a été ainsi observé.
§. 2.. Et s'il arrivoit que
nonobstant nostre presente
Confticution, quelqu'un des
Sujets desEglises de Trêves,
de Mayence & de Cologne,
fût ajourné ou cité ( pour
quelque Cause que ce foit,
civile,criminelle ou mixte.
jdu autre Affaire, pardevant
quelqu'autre Juge hors des
Territoires,termes,&; limites
desdites Eglises ou d'aucunes
d'icelles, celui qui aura été
cité ne fera nullement, tenu
.de comparoiste ouderépondre
: décorantlaCitation,
les Procédures &: Sentences
interlottitoires ou définitivesrendues
ouàrendre contre le
Défaillant, par tels Juges qui
Tcjpnthors du Ressort desdites
Eglises,.&: tout ce qui s'en
feaeurtorfeitfaentteseunivttiapt.,anr uelxe&c:utdioennouul -:
j§. 3. A quoy nous ajoutons
éxpressement queles Comtes,
Barons,Feudataires,Nobles,
Vyailaux, Officiers, Gens deguerre
,Citoyens, Pailans &!
tous autres Sujets desdites
Fglifcs,de quelque Etait;
Dignité ou Condition qu'ils
soient, ne pourront pas appeller
des Procédures, Sentences
-
interlocutoires
définitives, ou Mandemens
desdits Archevesques& de
leurs Eglises ou de leurs
Officiaux ou Juges Séculiers,
nonplus que desexécutions
faitesouàfaire en conséquencecontr'eux,
dans la
Jurisdiction de l'Archeveique
ou desditsOfficiaux, à quelqu'autre
Tribunal que ce soit,
pendant-quelaJufticcrte fera
pointdéniéeaux Complaignans
dans les Tribunaux
cUldits- Archevesques& de
leurs Officiaux; Faisons désenses
à tous autres Juges de
recevoir semblables Appellations,
& les déclarations
,
nulles
&: sans effet.
§. 4. Mais en cas de déni
de Justice, Nous permettons
à tous les sus-nommez à qui
la Justice aura été déniée,
d'appeller, non pas indifferemment
à tout autre Juge
ordinaire ou subdelegué
mais immédiatement , au Tribunal
de la Cour Imperjale &
au Juge qui y présidera alors;
cassant & annullant toutes les
Procédures qui auront été faitesailleurs,
au préjudice de
cette Constitution.
§. 5. Laquelle en vertu de
nôtre preseuce Loi Imperiale,
Nous étendons aussi aux Illustres
Comte Palatin du
Rhin, Duc deSaxe&Marquis
de Brandebourg, Princes Electeurs
Seculiers ou Laïques,&
à leurs Successeurs
,
Heritiers
& Sujets,en la mêmeforme âc
maniereque dessus.
ARTICLE XII.
, De l'Assemblée des Princes
Electeurs.
Au nom de la sainte & in*
divisible Trinité& à no[Ire
plus grand bonheur. Ainjî
c(oit-il. HARLES IV. par la
grace de Dieu Empereur
des Romains, toujours Augure
& Roy de Bohême:à la
memaire perpetuelle de la
chose.
§.I. Parmi les divers soins
qui occupent continuellement
nostre esprit pour le bien
public, nostre Hautesse Impériale
a consideré que les
Princes Electeurs du saint Empire
qui en.foiiç les bazes
solides & les colonnes immobiles,
ne pouvant pas avoir
commodement communication
ensemble,àcause de leur
trop grand éloignement les uns
des autres, il estnecessaire
que pour le bien & le salut
de l'Empire ilss'assemblent
plus souvent que de coustume ;
afin que comme ils font j.~r~'
încz des abus & desordres qui
regnent dans les Provinces qui
leur sont connuës, ilspuissent
en faire rapport & en conferer
ensemble, &: aviser aux
moyens d'y apporter le remede
par leurs salutaires
conseils & leur fage prévoyance.
§. 2. C'est pourquoi dans
nostre Cour solemnelle tenuë
par nostreHautesse à Nuremberg",
avec les Venerables
Princes ElecteursEcclesiastiques
,& les Illustres Princes
Electeurs Séculiers; & plusieurs
autresPrinces &: grands
Seigneurs, aprèsune meure
déliberation avec les mesmes
Princes Electeurs,de leur
a?/is_,pour le bien &: le salut
commun? Nous avons jugé à
propos avec lesdits Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, d'ordonner
qu'à l'avenir les mesmes
Princes Electeurs s'assembleront
en Personne une fois l'an ;
en une de nos Villes Impériales,
quatre semainesconsécutives
après la Feste de
Pâques,& que pour la presente
année, au même temps
prochainement venant, il fera
célébré par Nous & les mêmes
Princes une Conférence,
Cour ou Assemblée de cette
forte en nostre Ville Impériale
de Metz; & lors, en l'un des
jours de la tenue de ladite
Assemblée, il fera par Nous
& de leur avis, nomme un
lieu auquel ils auront à s'assembler
l'année suivante: Et
cette presente Constitution ne
durera que tant qu'il plaira à
Nous &: à Eux; & pendant
quelle aura lieu, Nous
prenons en nostre Protection
&Sauvegarde lesdits Princes
Electeurs, tant en venant en
nostre Cour qu'en y séjournant
& s'en retonrnant.
§.3. Etafin que la négociation
& l'expédition des
Affaires communes concernant
le salut &le repos public,
ne soient point retardées par
les festins qui se font ordinairementen
semblables Assemblées
; Nous ordonnons aussi,
de leur consentement llna-.
aime, que pendant lesdites
Assemblées il ne fera loisible
à qui que ce soit de faire aucun
festins general aux Princes,
mais bien des repas particuliers
, qui n'apportent point
d'empêchement à l'expedition
des affaires; &: cela mesme
avec moderation.
*
ARTICLEXIII.
De la révocation du Privi/fgt.
L.
Tatuons &déclarons
aussi, par nonre present
Edit Impérial, perpetuel &
irrevocable, que tous les
Priviléges & toutes Lettres de
Concession que Nous ou les
Empereurs & Rois des Romains
nos Predécesseurs de
glorieuremémoire, aurions
octroyez de nostre propre
mouvement ou d'une autre
maniere, fous quelques termes
que ce pilt être, ou queNous
ou nos Successeurs Eir p-:.-rcurs
& Rois pourroient à l'avenir
accorder à qui que ce soit & de
quelque Etat, Préeminence,
ou Condition qu'ilsoit;même
aux Villes, Bourgs ou COHl"'
munautez de quelques lieux
que ce soit pour des Droits,
Graces, Inununitez,COlltumesou
autre choses, ne
pourront prejudicier nidéroger
aux Libertez, Jurisdictions,
Droits, Honneurs&
Seigneuries des l rinces Electeurs
du saint Empire, Ecolesiastiques
& Seculiers, ni
d'aucun d'eux, encore que
dans lesdits Priviléges&
lesdites Lettres accordées,
comme dit est, en faveur de
quelquesPersonnes que ce soit
& de quelque Prééminence,
Dignité & Etat qu'elles
soient, ou desdites Communautez,
il fût expressément
porté qu'elles nepourroient
estre revoquées, si ce n'est
qu'en cas qu'oneûtspécialement
& de mot à mot inseré
dans tout le corps & contenu
desdites Lettres cette clause
de non revocation; lesquels
Priviléges &: Lettres, entant
qu'ils préjudicient & dérogent
en quelques choses aux Liberiez,
Jurifdichons,Droits,
Honneurs &: Seigneuriesdesdits
Princes Electeurs ou
d'aucun, Nous avons, de
nostrecertaine Science, pleine
Puissance 6c Autorité Imperiale
revoquez & cassez,
revoquons & cassons,entendons
&: tenons pour revoquez
& cassez par ces Prefel-ices,
ARTICLE XIV.
De ceux IlllfqNels on ôte les
biens Féodaux comme en
étant indignes. ET dautant qu'en plusieurs
lieux de Tizinpire
les Vassaux & Feudataires font
à contre-tems & malicieusement
une resignation ou dcnrL
rementverbal des Fiefs qu'ils
tiennent de leurs Se,igncllrsj
pour avoir lieuaprès ladite
resignation de les défier, 6t
de leur déclarer la guerre ,- 8c
fous prétexted'unehostilité
ouverte pouvoir attaquer , envahir, occuper, & retenir
lesditsFiefs & Terres au préjudicedesmêmes
Seigneurs;
Nous ordonnons
, par cette
Constitution perpétuelle, que
telles 6c semblables resignations
ou renonciations seront
reputé es comme non faites, si
elles ne sontfaites librement
réellement, & si les Seigneurs
ne sont misenponcrsion
corporelle& réelle d:'[-
<lirsEiefs ; en forte que ces faiseurs
de défi..pe troublentjamais
ou par eux ou par d'autres
,
& ne donnent conseil ,
faveurcqz- assistenceàquelqu'-
tin, pour troubler ou inquiéter
leursSeigneurs dans les Fiefs
où Beneficesqu'ilsaurontre-,
signez: Voulons que ceux qui
feront le contraire & attaqueront
leurs Seigneurs dans
leurs Benefices&Fiefs refiç-•O
nez ou non resignez,en quelque
manièreque ce soit, ou,
les troubleront ou endommageronr
;ou préteront conseil,
afiitfa-nce oufaveur à ceux quicommettrontsemblables
attentats ,perdentenmêmetems&.
par cela même lesdits
Fkfs:.te Benefices >•te soient.
déeiartoiofmie^:v& mis aui1
Ban de l'Empire
,
sans qu'ils
puitfentlt jamais rentrer ,
fous
quelque prétexte que ce soit,
danslesdits Fiefs&Benefices,
& sans qu'on les leur puisse
de nouveau en aucune maniére
conferer; Déclarant que la
Concession ou l'Investiture
qu'on leur en pourroit avoir
donnéensuite,contre la presente
Constitution
,
soit sans
aucun effet. Ordonnons en
dernier lieu
, que ceux ou celui
qui oseront ou oseraagir
frauduleusement contre leur
Seigneur ou son Seigneur
,
.lx. les iront attaquer de desseinprémédité
,
sans avoir
fait ladite resignation ; foit
que le défi ait esté fait ou non
fait, encourent par cela mé-
melesditèspeines:,enverta
de la presente -San&ion,
ArtïCLE XV. :
Des Conspirations,
,
i§. 1.N 1 1 Ous defapprouvonsaussi,
couda nnons).
& de nostrecertaine Science
déclarons nulles toutes Gonfpirations,
Conventicules., SOr
cierez
-
Ulicices;détestées dC
défenduës par lesiLoixdans
& hors desVilles, entre Ville
&: Ville; entre Partic111ie.r&
Particulier, entre Ville &:
Particulier sous pretexte de
Parenté,de Bourgeoise, où
telle autre couleur. qu'elle
puisseestre; comme aussi tou*
tes Confédérations&Pactes,
& toutes Coustumes sur ce
introduites, que Nous tenons
plutost pour corruption, lesquelles
les Villes ou Personnes
de quelque Dignité,Condition
ou Etat qu'elles puissent
estre,
-
auroient fait jtl\£qu'à
present, ou présumeroient de
faire à l'avenir, -foieentr'eux,
soitavec d'autres
,
sans l'autoriré
des Seigneurs dont ils
font Sujets
,
Officiers ou Serviteurs
, ou demeurant dans
leur Détroit,ces mêmes Seigneurs
n'étant,pas nommément
exceptez, ainsiqu'elles
ont été deffenduës & cances
par les sacrées Loix des Divins
Empereurs nos Fiicdé«e£*
seurs ;
à l'exception toutefois
des Conféderations &: Ligues
que l'on sçait avoir été faites :
par lés Princes,les Villes & autres,
pour la conservation dela
Paix générale des Provinces
e4 Pays ente'eux ;
lesquelles
reservantspecialement par nôtreDéclaration, Nousordonnons
qu'elles demeurent
dans leur force &: vigueur,
jusques à ce qLw Nous trou.., ,
vions à propos d'en ordonner
autrement.
§.2. Nous ordonnons que
tout Particulier qui osera à
l'avenir faire des Ligues
5 : Conspirations & Pactes de
cette sorte,contre la disposition
de cet Edit& de nôtre
ancienne Lça sur cepubliée
, >
outre la peine portée par la
même Loi, encourrera deslors
la notte d'infamie &: la
peine de l'amende de dix Ji.
vres d'or; & que toute Ville
qui pareillement violera nostre
presente Loi, encourera
aussi la peine de l'amende de
cent livres d'or, avec la perte
& privation de ses Privilèges
Impériaux; desquelles amendes
pécuniaires la moitié en
fera applicable au Fisc Imperia1,
& l'autre au Seigneur du
Détroit,aupréjudice duquel
lesdits ligues auront été faites.
ARTICLE XVI.
Des Phalburgers ou Gens déchûs
de leurBourgoisie.
§. I.AU reste
,
il Nous
a esté souvent fait
plainte, que certains Bourgeois
& Sujets des Princes,
Barons & autres cherchans
à secoüer le joug de leur su-
1 jétion oriyiiiaire même
par une entreprise téméraire
,
n'en tenant aucun compte,se
font recevoir Bourgeois d'autres
Villes, comme ils l'ont
en persoune dans les Terres,
Villes, Bourgs, & Villages
de leurs premiers Seigneurs,
qu'ils ont osé Ôc osent abandonner
par cette fraude
,
ils
prétendent joüir des Libertez
des Villes où par ce moyen
ils ont acquis le Droit de
Bourgeoisie & estre par elles
protegez; lesquels Bourgeois
font vulgairement appelez en
Allemagne Phalburgers. Or
d'autant qu'il n'est pas juste
que quelqu'un profite de son
dol & de sa fraude; Nous,
après avoir sur ce pris l'avis des
Princes ElecteursEcclesiasti-.
ques & Séculiers,, &de nostre
certaine Science
,
pleine Puis
sance & Autorité Impériale
,
avons ordonné & ordonnons
par cette presente Loi perpétuelle&
irrevocable, que lesdits
Bourgeois &: Sujets qui se
mocqueront ainsi de ceux fous
la sujétion desquels ils sont,
ne pouront de ce jour à l'avenir
dans toutes les Terres,Lieux
& Provinces du saint Empire
, joüir en aucune façon
des Droits & libertez des Villes
où parune telle fraude ils
se feront ou se font fait recevoir
jusqu'àpresent Bourgeois:
si ce n'etf que se transferant
réellement en personne dans
lesdites Villes pour y établir
un domicile actuel & y faire
une residence continuelle
,
vraye & non feinte, ils y subissent
les Impositionsaccoûtumées&
les charges municipales;
& si quelques-uns y ont été
reçus ou le sont à l'avenir,leur
reception fera réputée pour
nulle ; &: les Reçus, de quelque
Dignité
,
Condition&
Etat qu'ils soient, ne joüiront
en aucun cas&: fous quelque
prétexté que ce foie
,
des
Droits & Libertez desdites
Villes ,ce nonobstant quelconques
Droits & Privilèges
obtenus, & Coutumes obfervées
en quelque temps que ce
foit ; lesquels entant qu'ils
font contraire à nôtrepresente
Loi, Nous de nostre certaine
Science, pleine Puissance Impériale
,
les revoquons par
ces Presentes,&: ordonnons
qu'ils soient privez de toute
force &: valeur.
j. 2. A la reserve & sans
préjudice à toujours, touchantce
que dessus) des
Droits que les Princes, Seigneurs
& autres Personnes
qui de cette maniéré ont esté
ou feront à l'avenir abandonnez
, ont sur les personnes ôc
les biens de leurs Sujets qui
les abandonnent ansi ; &:*
pour ceux qui contre la difporition
de nôtre presente
Loi, ont osé par le passé
, ou
oseront à l'avenir recevoir
lesdits Bourgeois èc Sujets
d'autrui , si ils ne les :ren,.;
voient absolument dans un
mois aprèslapublication, à,
eux faite des Presentes,Nous,
déclarons que toutes les fois;
qu'ils transgresserontnôçre
presente Loi. ils encoureront
la peine de l'amande de cent
marcs d'or pur, dont la moitié
fera apphquable irremissiblement
à nôtre Fisc Impérial,
& l'autre aux Seigneurs
de ceux qui auront été ainsi
reçus.
ARTICLE XVII.
Des Défis.
§. I.NOus déclarons en
outre, que ceux
qui seignent d'avoirjuste raison
de défier que lqu'un
,
l'auront
envoyé défier à contretems
, en des lieux ou il n'a
pas son domicile établi; &
où il ne demeure pas ordinairement
ne pourronr pas
avec honneur ravager ses
Terres, ni brûler ses Maisons,
ou par autres voyes endommager
ses Héritages.
§. 2. Etdautant qu'il n'est
pas juste que le dol &: la fraudesoientprofitables
à personne,
Nous voulons &: ordonnons
par cette presente
Constitution perpetuelle, que
lesdéfis faits ou à faireà l'avenir
de cette fotte
,
à quelquesSeigneurs
ouautres Gens
quecesoient, avec lesquels
on auroit été en societé, familiaritéouhonnête
amitié
soit de nulle valeur; &: qu'il
ne soit nullement permis fous
pretexte de tel défi, d'outrager
quelqu'un par incendies;
pillcrics.Sefa^cagetnens , à
moins que ledéfi n'eûtété
dénoncé publiquement, pendant
troisjours, naturels, àla
personne même,défiée, -ou
dansle lieu de son domicile
ordinaire & accoutumé
, &.
que. par Témoinssuffisans il
ne fût rendu témoignage de
cette dénonciation. Ordonnons
que quiconque osera
défier & attaquer quelqu'un
en la manière susdite
, encoure
dés lors la notte d'infaiiiie,
comme s'il n'avoit esté
fait aucun défi; & qu'il soit
chastié comme Traistre par
tous Juges,suivant la rigueur
des Loix.
§. 3. Défendons &condamnons
aussi toute forte de
guerres&dequerelles injustes
, &" pareillement, les
incendies, les - ravages & les
violences injustes
,
les Péages
&Importions illicites &Se non
usitées; comme aÚffi les exactions
que l'on a coutume de
faire pour les Sauf-conduits
&les Sauve-gardes que l'on
veutfaire prendre par force
aux Gens ; &ce sur les peines
dont les saintes Loix ordonnent
que ccfdits attentats
soient punis. r
ARTICLE XVIII.
Lettres d'Intimation. AVous ,
Illustre & Magnifique
Prince, Seigneur,
&c. Marquisde Bran*
hourg, Archichambellan du
saint Empire Romain, nostre
Co-électeur & très-iberAmi.
Nous vous intimons par ces
Presentes l'Election dit Roy des
Romains
, qui pour causes
raisonnables doit être faite incessamment
,
& vous appellons
selon le devoir de nostre charge
& la coutume à laditeElection ;
afin que dans trois mois consécutifs,
àcompter de teljour, &c.
Vous ayez, àvenirpar VOHS-
même
, ou par vos Ambassadeurs
ou Procureurs ,
soit un ou
plusieursayant Charge & Mandement
suffisànt
, au lieu du
selon la , forme des Loix sacréts
qui ont été jur cefaites, pour
déliberer
,
traiter & convenir
avec les autres Princes vos &
nos Co- électeurs
,
de l'Election
d'un Roi des Romains, quipar
la grace de Dieuferaaprèscréé
Empereur; & pour y demeurer
jusqu'ala confommatioa de cette
Election,& autrementfaire &
procéder comme il eflexprimé
dans les Loix sacrées sur ce
établies ; àfaute de quoi Nous
y procéderonsfinalement avec
les autres Princes vos& nos Coélectleurs
suivant que l'ordonnev
l'Autorité desdites Loix nuftobftant
vostre absence ou Ctllf
des roJlrel.
ARTICLE XIX.
forme de Procuration à donner
par le Prince Electeur
qui , envoyera, ses Ambassa-
, deurs à FElection. NOus N. par la grace de
Dieu, ÔCC. du saint Empire,
&c. Sçavoirfaisonsà tous
par ces Presentes, Jthte comme
pour des Causes raisonnables
L'on doit inceffimment procéder
à l'Election d'un Roi des Romains
,
ér que nous desirons ardemment,
ainsique nousy oblige
l'honneur& Etat du saint Em*
pire, qu'ilnesoit exposé à aucuns
eminens dangers;Nous ,
ayant une ferme presuasion &
une confiancesinguliere en la
fidelité
,
suffisance & prudence
de nos chers&bien
- aimez tels,
&c. lesavonsfait , conflitue^
& ordonnez comme nous les
faisons ,constituons & ordonnons
,avec tout droit
, maniére&
forme
, le mieux & le
plus efficacement que nous pouvons
, nos veritables & légitimes
Procureurs & Ambassatleurs
spéciaux,eux ou chacun
d'eux solidairement, en sorte
que la condition de celui Ifuioccupera
ne soit pas meilleure , mais que ce qui aura esté commencé
par l'unse puissefinir Ô*
duëment terminerparl'autre ,
&cepour traiterpar tout avec
les autres Princes nos Co -
électeurs,
tantEcclesiastiques que
Séculiers
, conveniravec eux&
concluresur le choix d'une Personne
qui ait les qualitez propres
à estre élû Roi des Romains
,
Ó" pour aijïfier aux
Traitez qui si ferontsur l'Election
d'une telle Personne, é*
y traiter& délibererpour Nous
en nostreplace (J- en nostre nom,
comme aufjt pour en nostre même
nom &place
, nommer la même
Personne & consentir qu'elle
soit éluë Roi des Romains, &
élevée au saint Empire
,
&
pourfairesur nostrepropre con->
science tout Serment qui sera
necessaire, convenable cf aciQutumé
jmêmepour en cequi
concerne les choses susdites ott
quelqu'unedesditeschoses,sub-
JHtuer&revoquersolidairement
un autre ou d'autres Procureurs,
&faire toutes& chacunes choses
queserontnecessaires à" utiles
à faire en ce qui concerne les
Affairessusdites,ju[qu'à la consommation
des Traitez, de cette
Nomination
,
Déliberation &
Election
, ou telles autressemblables,&
aul/i utiles& importantes
chosès
, encore qu'elles ou
quelquune d'icelles,demandassentun
Mandementplusspécial,
ou qu'ellesfussentdeplus grande
consequence & plus particulière
que les susdites ; le tout comme
nouspourrionsfaire nous -mêmes,//
nous étionspersonnellement
present aux Négociations
desdits Traitez, Délibération , Nomination df Election future,
ayant & voulant avoir, 6"A
promettant fermement d'avoir
perpétuellement agriable&pour
ratifiétoutce qui fera négocié,
traité ou fait, ou de quelque
Wanière ordonnédans les .Affaires
susdites, en quelqu'une
Quelles par nos susdits Pro..
cureurs ou Ambassadeurs; cçw
me anssipar leurs fubdeléguez*»
ou par ceux qui seront ftbjli.
tuez, par eux ou parquelqu'un
d'eux.
ARTICLE XX.
De. l'union des Pri(JCipIlMfez.,:
des Eleveurs&desDroits
-,
- yannexez,.
Ah Nom de Ufainie& indivi^
-
sible Trivit.éydranojlreplus*
grand bonheur.Ainjifiit-il* cHALRLES IV. parla
grace de Dieu, Empereur
des Romains, toujours Auguste
& Roi de Boheme
>
à la
perpétuellemémoire de la
chose.
Comme toutes & chacunes
les Principautez, en vertu
deiquelles l'on sçait que les
Princes Electeurs Seculiers
ont droit & voixenl'Election
du Roi des Romains futur
Empereur, font tellement attachées
& inséparablement
unies à ce Droit & aux Fonctions,
Dignitez & aut':es)
Droits y appartenant & en
dépendans
, que le Droit&
la Voix,l'Office &: la Dignité,
& les autres Droits qui
appartiennent à chacune desditesPrincipautez
, ne peuvent
échoir qu'à celui qui
posséde notoirement la Principauté
avec la Terre, les
Vasselages
,
Fiefs, Domaines
& ses appartenances; Nous
ordonnons par ce present Edit
Impérial, perpétuel & irrc-.
vocable, qu'.à. l'avenir chacune
desdits Principautez demeurera
& fera si étroitement
indivisiblement conjointe &
unies avec la Voix d'Election,
l'Office&toutes autres Dignitez,
Droits&appartenances.
concernant la DignitéElectorale
, que quiconque fera paisible
poIÏeneur d'unedesdites
Principautez ; joüiraaussi de
la libre &: paisible possession
du Droit, de la Voix, de
l'Office, de la Dignité &: de
toutes autres appartenances
qui la concernent, &: fera reputé
de tous vrai & legitme
Electeur; & comme tel on
fera tenu à l'inviter, & recevoir
& admettre
,
& non
autres, avec les autres Princes
Electeurs en tout tems
&: sans contradiction aucune ,
aux Elections des Rois des
Romains
,
& à toutes les Actions
qui concerneront l'honneur
& le bien du saint Empire,
sans qu'aucune deschoses
susdites
,
attendu qu'elles
font ou doivent être en aucun
tems divisée ou séparée l'une
„
l'autre, ou puisse en Jugement
ou dehors être reputéeséparément
ou évincée par Sentence
; voulant que toute Audience
soit refusée à celui qui
demandera l'une sans l'autre
& que si par surprise ou autrement
il l'obtenoit, & qu'ils
s'en ensuivist quelque Procédure
, Jugement, Sentence,
ou quelqu'autre semblable attentat
contre nostre presente
Constitution, le tout en tout,
ce qui en pourroit émaner ,
en Quelque façon que ce pufl:
estre
,
foit de nul effet annuellement
nul.
ARTICLE XXI.
De l'ordre de la marche entre
Us Archevêques.
$. I. OR dautant qli<?
Nous avons [llffi..
fammentexplique au - commencement
de nos presentes
Constitutions l'ordre de la
Séance que les Princes Electeurs
Ecclesiastiques devoient
tenir au Confcil
,
à la Table
& ailleurs, lorsque la Cour
Impériale se tiendra, ou que
les Princes Electeurs feront
ci-aprésobligez des'assembler
avec l'Empereur ou le
Roi des Romains, sur quoi
nous avons appris qu'il y avoir
eu par le paslé plusieurs disputes;
Nous avons aussi cru
qu'il étoit expédient de prescrire
l'ordre qui doit être par
euxobservé aux Procédions
&: Marches publiques.
§. 2. C'cll pourquoi Nous
ordonnons par ce present
Edit Impérial & perpétuel ,1
quetoutes les fois que dans
les Assembléesgénérales ou
feront l'Empereur ou le Roi
des Romains & lesdits Princes,
l'empereur ou le Roi des
Romains voudra sortir en public
& en cérémonie
,
& qu'il
fera porter devant lui les Ornemens
Imperiaux, l'Archevêquede
Trêves marchera
le premier & seul devant
l'Empereur ou le Roi en ligne
droite & diamétrale;ensorte
qu'entre l'Empereurou le Roi
,& lui, il n'y ait que les Prince
à qui il appartient de porter
le; Marques Impériales
ou Royales.
§. 3. Mais quand l'Empereur
ou le Roi marchera (ans
faireporterlesdits Marques,
alors le même Archevêque
précédera l'Empereur ou le
Roi en la manière susdite, en
forte qu'il n'y ait absolument
personne entr'eux; les deux
autres Archevêques Electeurs
gardant dans lesdites Processions
chacun la place qui luy
a esté ci
-
dessus assignée pour
la Séance, selon la Province
en laquelle ils se trouveront.
'MERCURE
IV. PARTIE.
N0WELLES.
; NouvellesduNord.
AfLes <
Lettres du Palatinde
Kiowie du 19. Mars
dernier portent qu'il s'etoit
avancé avec le fils
du Kan des Tartaresvers
Niemirow
,
& Braclaw
capitale de la Basse Podolie;
que ces deux Placer
s'étantrendues à l'approche
de leurs Troupes, ils
y avoient sejourné peri.
dant quelques jours;
qu'ayant envoyé un Party
dans la Haute Podolie,
il avoir fait quelques Prifonniers
par lesquels on
avoir appris qu'il y avoir
a Lisianka un Corps de
six mille Moscovites;que
3 s'étant misen marche
pour lesallerataquer, les
les Moscovites étoient venus
au devant d'eux;mais
qu'àpres quelqueresistan-
1
ce ils avoient esté entierement
défaits , que le
premier fruit de cette
Vi&oire avoit esté la réduction
de Lifianxa.
Ces Lettres ajoustent
que le fils du Kan en avoit
receuune de son Pere par
laquelle illui donnoit avis
qu'il s'estoit rendu maigre
des Villes de Solofka
,
de Luiny, & de Michaïlow
,
les deux premeres
suéessur lariviere
d'Occa,&la derniere
sur le Tanaïs entre Moscou
& Veronecz où est
l'Arcenal de Marine du
Czar, & qu'ils'estoitavance
jusqu'à huit lieueë de
de Moscou.
A l'égard du Grand-
Vizir il estoit encore campe
avec 15000. hommes
à Daoud Pacha d'où il devoie
partir le 27. d'Avril
pour se rendre a13ender
quiest le rendez-vous general
de cette Armée.Voicy
un estat des Troupes
donc elle doit cflre conposée.
Cavalerie.
Trou pes desBachas.
ioi70. hommes.
Zaïms&Timariots.
17873.
Les quatre Cornettes des
1- Spahis.. 17773.
Deli ou Enfants perdus.
2046.
Total57862.
Infanterie.
Jani (Taircs.. 20000.
Gebegis ouCuiraissiers.,
10000.
Topgis ou Canonniers.
7000.
Janissaires du Caire. 3403.
Bosniens & Albanois. ?
îoooo. Pionniers.. 1400- Total61803.
L'Artillerie fera de,oo.
piècesdecanon,&de30.
mortiers.-
Les Troupes pour la
garde des frontieres ne
sont point comprises dans
cetestatnon plus queles
Tartares, & les 40000.
hommes destinez pour
l'Armée Navale dont voi- cyaussiunestat.
Vaisseaux ou Sultanes
•
grandes &petites. 18
Galleres..• 21
Galliores à 24. rames. 40
Galliotes à 16.rames. 60
Felouques au. rames. 110
Bastiments plats. 100
Jotal359.
Les Galleres, le|.Gal liotes
,&lesautres petits
Bastiments,sortirent du
Port le 18. Avril pourse
mettre à larade..
On a apprispar des
Lettres posterieures.que Ig
Palatin de Kiovie ,ec le
filsdu Kan des Tartares,
a prés avoir défaitles 6000.
Moscovites dont on a parlé,
avoient avec latestede
leurs Troupes attaqué
BialaecrKiov
; mais qu'aprés
y avoir donné trois
assauts
.>
ils avoientesté
obligez de te retirer en
attendantl'arrivée
-
de
leur Artilerier
Nouvelles de Flandre.
)..
Le 11 Avrilles Ennemis
entreprirentencore
de s'emparer du Porte
d'Arleux;maisils furent
repoussez avec perte, ainft
qu'ilsl'avoient esté la premierefois,
quoyqu'il euC.
fent amené du canon.
Le 12.& le13. Mrle
Maréchal de Villars fit la
reveuë de l'Armée,& des
Troupes qui font aux environs
d'Arras.
A Ypres le 28. Mai.
Mr le Comte d'Harling
partitLundy ij. de ce mois"
à trois heures après Midi avec
huit cens Grenadiers,Mrs de
Me,noti &de Barbançon Colonels
y
deux Lieutenants Colonels
, un Lieutenant de
Mineurs, 24. Mineurs
Avecune Charette d'Infime
menspourse rendre à ÏEdufc
d3Ariebecjoutjnuè &gardée
par une Redoute cer un
Moulinretranché,à un
quart de lieue de Courtray ,
a deux de Menin, à six de
Gand & a quatre de Bruges,
ilyarriva le :6 vers
les 5.heures du matin>&
aprèsavoir fait toutes feh
dispositions il donna lesignal
pour aticfaer la Redoute &
le Moulin. Ces deux Postes
furent emportez aigres une
refijlancc denviron trois
quarts d'heure,sans cependant
avoir eu que sixsoldats
tuez.MrBernard Lien*
tenant Coloneldangereusement
blejjé, deux Capitainesblessezlegerement.
Du
cçjlédes Ennemis, leCommandant
aesté blejjé, & il
y a eu environ trente Soldats
tue'{ ou hlejje^.Aprèsavoir
assemblé les Prisonniers
,
les
Mineurs s'atachcrent aux Ecluses
,
à la Redoute & au
Moulin, ~e leurtravail
ayant este achevé vers lessept
heures duJoir , ils mirent le
feu aux Mines quifirent
tout l'effet qu'on en pouvoit
attendre. Mr le Comte de
Villars & Mr l'Intendant
en ont estétémoinsoculaires,
car pour couvrir la retraite de
Mrd'Harling l'onavoitfait
sortir le meme jour 2 5. ahuit
heures du foir seize cens Fuseliers
& trois cens Dragons.
commandez par Mrde Grimaldy
Maréchal de Camp , Mr de Crecy Brigadier.
Mrs de Pertuis & de Noga.
ret Colonels, & deux Lieutenants
Colonels dontjestois
du nombre.
Nousarrivâmes à Arle-,
bec vers les sept heures dit
matin, &' nous nous mimes
en marche pour revenir vers
les huit heures du foir
, &
marchasmes toute la nuit. En4
vironsMinuit
,
étant près
de Rouffelar par ou nous devions
passer nous fumes avertis
que quatre mille chevaux
& deux mille Grend•*
diers en croupe étoient venus
pour nous couper, 0* qu'il
étoit forty en même temps
plusieursBataillons des Places
voisines
;)
pour investir
Rousselar pendant, Iç temps
que nous devionsnousy reposer.
Sur cet avis nous quitlames
le chemin de Rousselar
en nous jettentsur la droiteé
Nous fimes tant de diligence
que nous arrivames icy sans
avoir esté ataquez.
Nouvelles. d'EJj?agne."
Extrait d'une Lettre de
Sarragosse du 3. May.
L
a Reine a toujours
quelques ressentimens de Fievres
le Roy & le Prince
des Asturies font en parfaite
santé.
Les préparatifs pour l'ouverture
de la Campagne feront
bien-tost achever
,
les
Magasins de Mequinença
de Lerida
, ee de Cervera
étant presque tout afait remplis,
& toute l'artillerie du
Royaume de Valence étant
arrivée à Tortoze. Alr le
Marquis de Valdecanas a é.
tendu les Qartiers des I"rou.
pes qu'il commande au dessus
de Balaguer, le long de la
Segre& de Bragosafin de
les fairesubsister plus commodement.
Deux mille Miqueletsfefontfournis
au Roy
&se font 'Vemts rendre avec
leurs armes.
- Les Lettres de Madrid
du 12. du mesme mois portent
que l'ArméedeCatalogne
devoit saUcmbler
le 17. au deçà de la Segre,
& que le 20. elle devoit
estre campée sous Lerida;
& que Mr le Marquis de
Bay avoir assemblé celle
d'Estremadure des le 25.
Avril ; que le 29. il avoit
passé la Xevora ;
quel'Artillerie
de cette Armée y
estoit arrivée,& que plusieursRegiments
avec un
grand
grand nombre de Soldats
de recruë estoient prests
dela joindre.
Celles du 18. assûrenc
qu'on en avoic receu de
Saragossequi marquoient
que la Reine estantentierement
délivrée de la fievre
en devoit partir au
pluslost pour revenir à
Madrid ou pour aller à
Logrono sur la frontière
de Navarre, où l'airefE
tres- bon, afinde restablir
sa santé, que le General
Stanhope. avoicrègleà
Saragosse avec Mr le
Marquis de Castellar
, un
Traitepourl'échangé des
Officiers prisonniers;que
celui pour l'échange des
Soldatsn'est pas encore
conclu ;que le Royaume
d'Arragon offroir de lever
à les dépends quatreRégiments
pour la garde des
frontières,& pour servir
d'escorte aux convois;
que t'Armée d'Efirama.
dure qui estoit desja forte
de vingt-trois bataillons , &dequarante-neufEscadrons,
estoit campée prés
du pont de Badajos ; que
Mr le Marquis de Bay s'estoitavec
la Cavalerie du
costé de la riviere de Caya,
ôc aux environs de Campo
Mayor où elle fourageoit
les grains, ce qui
estoit tres -
préjudiciable
aux Portugal à cause de
la disette qu'ilsen ont
que l'Armée Portugaise
estoit une partie à EHremoz,&
lereste dansd'autres
Places.
Lettre de Sarragosse
duzyAdai.
Mrs le Marquis d'Alto*
na, & le Comte d'Aguilar
ont estéfaitsCapitaines généraux.
Don Melchior dePor*t
tugal ayant este envoyé pouA
donner lachasse à une Trou*
pe de Volontairesquifaisoient
des courses du costé de Balbastro
, on a faitpendre un
grand nombre, & dissipé le
reste qui s'etsauvé dans les
Montagnes. Les Gardes du
Corps qui font en Quartier
dans le Royaume de Valence
avaient recu ordre dese mettre
en marche; mais cetordre a
* efléfufyendu3<& on croit qu'
ils escorteront les Vivres
y
les
Munitions & l'artillerie
quisontà Tortozeoùilestarrivé
24.pieces degros Canon.
Les Troupes Françoises qui
doiventjoindre les Espagnoles
sont entrées en Aragon, 0-
le Roy à nommésix bataillons
pouraller relever la garnison
de Girone. L'Armée. doit se
mettre enmarche le
5. du mois
prochain pour entrer en Catalogne.
Mrle Marquis de Boy
fourage les grains des environs
d Elvas & de Campo-
Mayor des deux cassé de la
Caïa sans que les Portugais
fassentaucun mouvementpour
sy oposer. Il doit arrivericyau
premier jour un convoy
considerable d'argentlm vient
de Cadiz. Lasanté de la
Reine devientmeilleure de
jour en jour, elle doit partir
A 7. du moisprochain à Corella
entre Calaharra& Tudc«•*
laou l'air 11fort bonO;
Nouvellesdeplusieurs endroits
Lettre de Marseille
du19.May.
Il a fait pendant deux
jours un vent de Sud-Ouest.
très violent. Léquipage d'unf'\
Barquede la Flotepartie de
rddopourBarcelone, qui eft1
échoüeé pres de Martigues ,
a raporte que cette Flotte.
près avoir mis à la voile le
26. Avril étant escortée par
Une Escadre de dix Vaisseaux
commandée par le Vice-AmiralNorris
avoitestéérepoussée
sur les Costes de Genes parun
gros vent} pendant lequel on
avoit estéobligée, de jetter
environ deux cens cinquante
chevaux dans la Mer; qu'
ayant ensuite remis à la Voile
,
elle avoit esté battu avant
hier d'une si rude Tempeste
que tous les Vaisseaux avoient
tfie contraintsdesi laisserallerau
gré du vent qui lès
foujfoit vers les Plages de
FoZ
y
qui sont tres dangereufis.
particulierement du cossé
rks. bouches du Rhosne.
D'autres
D'autres Lettres qu'on
a reçuës depuis portent
que cette Flote estoit de
quatre- vingt Bastimens
chargez de bled & de prés
de sept mille hommes de
Troupes; & qu'il est peri
un grand nombre de ces
Bastimens, Celan le raporc
des Equipages& des
Soldats de plusieurs Barques
qui ont abordé au
Porc de Cette & à quelques
autres delamesme
Code.
Celles deNaplesdu18.
Avril marquent qu'une
Tartane qui avoit demeuré
quelque tempsa- Cagliari,
avoit rapporté que
la pluspart des bastimens
de ce Convoy y avoient
relasché après avoir esté
fort maltraitez par une
tempeste qui les avoir ob- ez de jetteren mer dix-
- huit mille sepriersde
crains pour les allegir,
& qu'une Tartane chargée
de draps pour habil-
-
ler les trou pes, estoit allée
aborder à Palerme, quarante
soldats Napolitains
qu'il y avoit dessus ayant
forcé les Matelots de les
y conduire.
," On a publie à Vienne
un Traité conclu avec les
Députez des Confederez
de Hongrie le 29. Avril
au nom de l'Empereur
quoyqu'il fuit mort dés
le 17. Par ce Traité Sa
:'
Majesté Imperiale comme
Roy de Hongrie pardonne , au Prince Ra-
,
gotzi
,
le remet en possession
de tous ses biens,
luy accorde une retraite
pour luy, pour ses Enfans,
pour sa Cour, & pour tous
les Domeitiques en Hongrie,
en Tranfilvanie, ou
ailleurs, où bon luy rem.
bleray à condition que
dans un temps limité il
évacuera les Places qui
font en son pouvoir. Ce
Traité contient aussi une
Amnistie generale pour
tous les Hongrois & les
Transilvaniens de quelque
qualité & condition
qu'ils loient,avec une restitution
generale de tous
leurs biens, foit qu'ils
ayent esté consisquez,
vendus, donnez, ou demembrez,
& mesme que
les veuves & les orphelins
joüiront de ceux dont
ils auroient deu herirer;
que rexercice de la Religion
fera permis en Hongrie
& en Tranfilvanie,
suivant les Loix de ce Royaume
*, que les Officiers
& les
soldats
estrangers
pourront se retirer où ils
jugeront a propos, & ceux
qui font domefliques,relier
avec leurs Maistres,
& que les prisonniers de
guerre, de quelque qualité
& condition qu'ils
soient, joüiront de l'amniftie.
Il ne manque plus
àceTraité que la ratification
& l'execution.
Suite des Nouvelles
duNord.
Onareceupar lavoye
de Vienne des Lettres de
Constantinople du 4.
May,par lesquelles on apprend
que le Grand Visir
n'a deu se mettre en marche
que le
1 8. pour joindre
le Roy de Suede à
Bender. CesmesmesLectres
portent que le Kan
des Tartaresestoit de retour
de la course qu'il a- voit faite jusques vers
Moscou, qu'il avoit amené
un fort gros burin)&
vingt mille Moscovites en
esc lavage.
-
Le Czar estoit encore
en Pologne au commence
cernent du mois de Juin,
où il attendoit le Roy Auguste
pour conferer avec
luy.) ce Prince estant parti
de Dresde le 24.May
pour s'y rendre avec le
Prince Electoralsonfils
,
le bruit avoir couru quils
avoienc elle enlevez sur la
route par une Troupe de
Polonois du parti du Roy
Staniilas. Cette nouvelle
mérité connrmationmais
ce qu'il y a de cettain est
que le General Sinigielski
Polonois, qui avoir pasle
en Pomeranie avec le Roy
Stanistas
,
s'estoit avancé
vers les frontières de Pologne
sur la route que tenoit
le Roy Auguste, où
il avoir défait le Regiment
d'Egstat Saxon, ôc pris
une grande partie des C'à.
quipages de ce Prince que
ce Regiment escorcoit.
Suite des Nouvelles
d'EJftagne.
LeRoy&le Princedes
! Astîuriesdoivent acompagner
la Reine à Corella, & on
travaille aux préparatifs
pour ce Voyage. Toutes les
Troupessont en riou-uepnme
excepté celles de la Maison
du Roy qui doivent partir
'VtYS le 10. avec Monfieur
: deVendôme. Le General
Stoerwiberg n'apas voulu m-,
tifier le Traité que le General
Stanhopeavoit fait pour
échangerlesOfficiersPrisonniers,
sexcufant sur ce que
les Soldats periraient quand
il n'y auroit plus d'Officiers
pour prendre soin d'eux. Ce
General est campé avec un
Corps de Troupes pres d'Igualada
où il peut les faire
subsister plus commodemrnt.
Nous avons appris que l'Amiral
Norris avoit debarqué
à Barcelone environcinq
mille hommes de sept qu'il
avoit en partatant de Vado
,
le resse ayant péri dans plufleurs
Tempesses quesa Flotte
a essuyées dans le trajet, avec
la plus part des chevaux qu>-
il avoit embarquez. & beaucoup
de Munitions de bouche.
Le bruit court que l'Archiduc
veut prositer du retour de cette
Flotte en Italie pourypas
ser
, & de là à Vienne;
mais que cet Amiralrefuje
desechargerdeJapersonne
sans en avoir auparavant
reçu un ordre de la Reim
Anne.
,"
Suite des Nouvelles
de Flandre.
Au Camp du Prieuré
S. Michel lez Arras
le 15.Juin.
Les Ennemis décamperent
hier à une heure
aprés Minuit, & marcherent
sur plusieurs Colonnes.
Ils passerent la Scarpe
le matin entre Vitry
& Douay , & leurs Bagages
passerent la mesme
rivière au dessousde la
mesmeVille,& le Canal
de la Deule àAuby& à
Dourge. Leur droite est à
lievinàcoité de Lens sur
le Souchet, & leurGauche
à Pontà-Saut sur la Deule
du costé de Douay
,
le
Souchet & le Canal derriereeux.
Leurs Généraux
sont à Lens. Le gros de
notre Armée marcha en
même temps par la même
hauteur pour joindre foi.'
xante & huit Escadrons
qui estoient vers la Somme
& que Mrle Maréchal
avoit fait avancer
sur le Crinchon. Nostré
Droite est à Biaclie,nostre
Gauche à Monrencourr,
& nôtre Centre à Fampon
sur la Scarpe. Mr le
Maréchal est logé au
Prieuré
, & son Etat Major
au Fauxbourg d'Arras.
Les Lettres d'Holande
portent que l'Electeurde
Brandebourg étoit arrivé
à la Haye le 6. Juin pour
follicirer les Etats Généraux
de terminer le diferent
qu'il a avec le Prince
de Nassaw Stathouder de
Frise & de Groningue
concernant la succession
du Feu Prince d'Orangei
Ce Prince,par son Testament
avoit institué le
Prince de Nassau son Legaraire
universel , Son
AltesseElectoraleprétend
qu'il ne la pas pû ou dû
faire à son préjudice comme
étant son plus proche
parent; en cette qualité
Elle s'est mise en posses.
sion de tous les biens situez
hors des Provinces
Unies. Le Prince de Nassau
, à la prière des Hollandois
, a nommé des
Commissaires pour tra-*
vailler avec Mr Hymmen
Commissaire de son Altesse
Electorale , aux
moyens de finir cette affaire
à l'amiable. h.l
- 1
,M O RTS.
--. Mr le Marquis de Langeron-
Lieutenant General
des Armées Navales
.& Lieutenant de Royen
basse Bretagne,& Com-
-
mandeur de l'Ordre de S.
,
Louis mourut le iS. du
mois
mois dernier d'une apoplexie
qui luy prit à
Sceaux âgéde 61. an.
Il yavoic 45. ans qu'il
estoit au service du Roy,
sa premiere Campagne
fut au Siége de Candie,
il s'est trouvé à dix rcpt
batailles navalles ,
sans
compter les combats
particuliers où il commandoit
de petites Escadres
detachées
,
il a deffendu
les Costes de Bretagne
, ôc a empeché la
descente des Ennemis
Mr l'Amiral luy a rendu
la justice de croire & de
dire qu'il avoit fort contribué
au gain de la derniere
bataille navalle où
il comandoit l'arriere garde.
Le Siége de Toulon
elt trop recent pour qu'il
soit necessaire d'en parler
,
l'Hifloire qui en a
esté imprimée peut fournir
de memoire de cette
derniere action.
Entr'autres qualités pour
la Marine ils'estoit distingué
dans la construction
des Vaisseaux où il excelloit.
On ne dit rien de sa
Maison, elle est assez connuë
dans le monde par ellemesme,& par ses alliances.
Louis d-Harcourt,fils
d'HenryDuc d'Harcourt,
Pair & Maréchalde France
,
Chevalier des Orr
dres du Roy &c. mourup
le 30. Mayâgé de 4.ans
& demi.
Jacques Malo Seigneur
de Ser, la Morte,
Frauville &c.mourursans
alliance le31. Mayâgéde
52,. ans. Il avoir esté-reç$-
Concilierau Grand Çoiv
seil en1691. 0#
Marie Talon ,veuve
de Daniel Voisin
,
Seigneur
du Pic[fis du Bois,
Iverny
, &c. Confciller
d'Estar ordinaire, mourut
le 31. May âgée de 81.
an. Ellelaisse une fille
unique , qui est veuve de
Chrestien François de la
Moignon President à
•Mortier.
:
Marie Anne Fontaine
des Montées, secondeb
femme d'Estenne d'Ali!.
gre P-rétiden-c à Mortier
mourut en couche tefc.
Juin âgée de31.an.Là
fille dont elle étoir acouchée
,
& qui étoit unU
que,ne luy a survescu que
de quelques jours. !t
- Messire Jean -
Baptiste
Matthieu Molé de
'_-Cham plastreux,Président àMortier, mourut d'apoplexie
le 5. de ce mois,
..âgé.i de trente- six ans &
trois mois, il estoit fils de
Messire Loüis Molé aussi
Président à Mortier, &
de Dame Loüise Marie
Betault, arriere petit fils
deMessire Matthieu Molé.
Garde des Sceaux de
France, & Premier Président
du Parlement, & le
cinquiéme Président à
Mortier de pere en fils.
Il estoitveufdeDameMarie
Nicole le Gorlier de
Droüilly
,
de laquelle il
laisse un fils & unefille.
Monsieur le Président
de Champlastreux estoit
frere de Mr. Molé Abbé
de saint Riquier, & de
Mr. le Chevalier Molé
Guidon de Gend'armerie,
& de Dit-ne Marie-
Loüise Molé veuve de
Mr. Talon Marquis du
Boulay Colonel du Regimentd'Orleanois.
Jean François Gilbert
Chevalier Seigneur de
Villaroy
,
Conseilier au
Parlement, mourut sans
alliance le 7. Juin âgé de
trente neufans.
Don Antonio Martin
Alvarez de Toledo ÔC
Beaumont, Enriquez, de
Rivera, Fernandez, Manrique
,
Duc d'Albe & de
Huescart, Comte de Lerin
, de Salvatierra ,&c.
Marquis de Coria,&c.
Connestable & Grand;
Chancellier de Navarre,
Sommelier de Corps du
Roy d'Espagne&son Ambassadeur
en cette Coiïr,
mourut icy le 28. May
dans sa 40 année, estant
fort regreté à cause de
ses grandes qualitez pcrfoneles
, & du zele donr
il a donné des preuves signalées
pour le service de
Sa Majesté Cathotique.
On en parlera plus amplementle
mois prochain.
André Zaluski
, Evè:..,
que de Varmie
,
Grand
Chancelier de Pologne,
mourut
jnouruc le premier May
1711. âgede63. ans. -
Le Sr Flemming, Maréchal
de Camp Général
de l'Electeur de Brandebourg
,mourut à Berlin
le10May âgé de87.ans.
Adam Antoine Grundeman
de Falckenberg,
Conseillier d'Etat du feu
Empereur, &: cy-devant
fous Maréchal de la Baffe
Autriche, mourut à Vienne
le 25. May âgé de 87. ans. Le Prince de Nassau
Adamar,Juge de la
Chambre Imperialle de
Wetzlar, mourut le 27.
May.
MagdelaineBouteroüe
veuve de Charles leClere
de Lesseville, Chevalier
Seigneur d'Incourt &c.
Conseiller au Grand Conlcil
, mourut le II. Juin
f\ âgée de 82. ans.
Catherine le Clere Epouse
de Nicolas Petit
d'Estigny
,
Chevalier de
Leudeville & Conseiller
au Grand Conseil, mourut
le 14. Juin âgée de 60.
ans.
HumbertGuillaumeC.
de Precipiano & de Soye,
Archevêque de Malines,
Primat des Pays - Bas,
mourut à Bruxelle le 9.
Juin en sa 85. année. Il
avoit esté Chanoine &
Grand Doyen de Besançon,
Plenipotentiaire àla
Diete deRatisbonne, Evêque
deBruges pendant
sept ans,& Archevêque
de Malines pendant 2 1.
an.
MARIAGES.
Le PrinceEmanuel de
Nassaw, Prince du S. Empire,
premier Lieutenant
des Gardes du CorpsWallons
du Roy d'Espagne,
fils du feu Prince François
Desiré de Nalîau-,
Prince du Saint Empire,
Prince Souverain de Sieghen
,
Doyen des Chevaliers
de la Toison d'or.
Et de N. Comtesse du
Pujet de la Ferre,Comtesïe
du St Empire,épousale
13. May Charlote de
MaillydeNesle,fille de
feu Mr le Marquis de
Nesle, & de Marie Comtesse
deColigny.
Mr le Marquis de Nef,,
le estoit Maréchal des
Camps & des Armées
du Roy, il sur au siége
de Philisbourg. Les
MaisonsdeNassau, de Mailly & de Coligny,
dont ces nouveaux Epoux
defcendenc
,
font si anciennes
,si illustres & si
connuës dans l'Europe,
qu'on se contentera de
rapporrer icy le temps ou
se forma la branche de
Sieghen - Dillembourg,
dont est ce Prince de Nassau.
Le Prince Guillaume
le Belgique est descendu
de l'Empereur Adolphe
de Nassau esleu canoniquement
par le suffrage
des Electeurs le jour de
la saint Jean Baptiste 1292.
& a continué jusques à
Guillaume troisiémePrince
d'Orange mort en Angleterre
en 1702. dernier
malle de la premiere
branche de cette Maison.
Sa mort a fait passer le
droit d'aisnesse à la branche
du Prince Emmanuel,
dont nous- parlons.
Pour ne laisser aucun doute
de cette verité il ne
faut que remarquer que
le Prince Guillaume né à
Dillembourg le 10. Avril
1489.deson mariage avec
Julienne fille de Otho
Comte Destolbourg, eut
Guillaume qui fut le premier
Prince d'Orange de
la Maison de Nassau
,
&
le Prince Jean de Nassau,
le premiera fait la branche
des Princes d'Orange,
qui a fini par la mort
du Prince d'Orange: &
le dernier a fait la branche
de Nassau Sieghem
Dillembougdontle Prince
Emmanuel descend.I
Le Prince Jean Comte
de Nassau dit le Vieux,
épousa en premieres nôces
Elisabeth fille deGeorge
Landgrave de Leuchtemberg
:en secondes nôces
Cunegondefille de
Frideric troisiéme Electeur
Palatin, & en troisiémes
Jeanne fille de Louis
Comte de Vitgenstein; il
laissa en mourant huit
Princes Ôc onze Princesses,
le Prince Jean son filsaisné
qui fut appelle le
Moux
,
continua la posterite,
ilépousa en premieres
nôces Magdelainefille
de Samuel Comre de
Valdeck, & en secondes
nôces Marguerite fille de
Jean Duc de Holstein
Sunderbourg. Il eut pour
fils du premierlit Jean dit
le Jeune, qui épousaen
1618. ErnestinePrincesse
de Ligne Comtesse d'Aremberg.
De ce mariage
est venu le Prince Jean-
François-Desiré de Nasfau
pere duPrince Emmanuel
donc nous parlons.
Cette Famille compte
onze Ducs de Gueldres.
Quatre Electeurs Archevesquesde
Mayence.
Un Evesque de Liege
en 1230. qui fut assassiné
par Theodoric du Prat &
laissa soixante & cinq Ensans
pour successeurs.
-. Un Archevesque de
Cologne, en 1136. & un
Empereur.
LesMaisonsdeMailly
&deColigny dont Madame
laPrincesse de Nasau
est fille, ne sont pas
moins anciennes en noblesse
,
ni moins relevées
en grandes alliances, depuis
l'an 1000. qu'Anselme
de Mailly qui fut tué
au siege de Lille en Flandres
en 1070. jusques à
aujourd'huy que Mr. le
Marquis de Mailly de
Nelle frere de Madame
la Princesse,deNassau :,
Commandant la Gend'armerie
de France, soustient
avec éclat le nom de Mailly.
Il y avoir desjaplusieurs
alliances des Maisons
de Mailly & de Coligny
avec celle de Nassau.
Celles des Princes de Bergues
dont Adrien de Mailly
avoit épousé lafille;
celle de Bourbon, Marguerite
de Mailly ayant
épousé leComtede Roye
&deRoucy. SafilleEleonor
fut mariéeà Loüis de
Bourbon premier Prince
de Condé, Charlorte (a
fille épousa Guillaume de
Nassau, la mere de Marguerite
de Mailly estoit
Loüise de Montmorancy
qui épousa en secondes
noces Gaipard de ColignYCesar
de Beaudean
Comte de Parabere, & de
Pardailhan Baron du Petit
Chasteau lez Rouvans,
Seigneur de la Rousseliere
en Poitou,&c.Brigadier
desArmées du Roy, &
fils d'Alexandre de Beaudean
,vivant,Comte de
Pardailhan
, & Marquis
de la Motte S. Heraye, ÔC
de Jeanne Therese de
Maijand , épousa le huit
de Juin Marie Magdelaine
de la Vieuville,fille
de René François, Marquis
dela Vieuville,Chevalier
d'honeur de la feuë
Reine, Gouverneur &
Lieutenant General pour
le Royen Poitou &c. Et
de Marie Louise de la
Chauffée d'Arrets Dame
d'Atour de Madame la
Duchesse de Berry, fille
deN de la Chauffée Seigneur
d'Arets en Normandie.
La Naissance de ces
deux nouveaux mariés
estantassez connue
,
je
vous diray seulement que
la Maison de Beaudean
de Parabereest une des
anciennes du Pays de Bigorre
,
où elle possedoit
avant l'an 1400. les terres
de Baudéan, de Coursean,
&de Parabere
,
& les Baronies
d'Aux, & de Clermont
en Pordéac.
Jean de BeaudeanComte
de Parabere Marquis
de la Mothe saint Heraye
Lieutenant General des
Armées du Roy & nommé
à l'Ordre du fainr Esprit,
& designé par Bre-
> ver pour estre Mareschal
de France, mourut dans
un âge fort avancésous
le regne de Louis treize.
Il fut marié avec Loiiife
de Gilliers veuve de Francois
de sainte Maure pere
de Charles de sainte Maure
Duc de Montauzier
Gouverneur de feu Monseigneur
le Dauphin;&
il eut de ce Mariage Henry
de Bau dean
,
Comte
de Parabere, Gouverneur
dePoitou,& Comandeur
des
des Ordres du Roy, &C.
- grand pere du Comte de
Parabere d'aujourd'huy.
Et Charles de Beaudean
Seigneur de Neüilhan ,3c
Gouverneur de Niort ,
pere de Suzanne de Beaudean
, 3c d'Angelique de
Beaudean
,
mariée au
Comte de Froulay Suzanne
de Beaudean Dame
d'Honneur de la seuë Reine
,
fut mariéeau Duc de
Navailles Maréchal de
France, duquel mariage
sont issus Françoise de
Montault de Benac mariée
à Charles de Lorraine
Duc d'Elbeuf duquel
mariage elle a eu feue
Madame la Duchesse de
Mantouë.N. de Montault
de Benac mariéeà
Mr le Marquis de Rorelin
, dont est venu Mr le
Marquis de Rotelin. N..
deMontaultdeBenac mariée
à Mr le Marquis de
Pompadour, & de Laurieres
dont est issue Madame
la Marquise de
Courcillon Dame du Palais
de Me laDauphine.
Mademoiselle de la
Vieuville
,
aujourd'huy
Comtesse de Parabere est
petite fille de Charles
Duc dela Vieuville Gouverneur
de Poitou,Chevalier
d'Honneur de la
Reine, Maréchal des
Camps,& Armées du Roy
qui estoit fils de Charles
Duc de la Vieuville Ministred'Etat,&
Sur-Intendant
des Finances, qui
eut pour fille Lucréce
Françoise de laVieuville,
femme d'Ambroisé , François Duc de Bournonville
,
Pere deMadame
laMaréchalle Duchesse
de Noailles.
Le Marquis dela Vieuville
d'aujourd'huy a pour
frere Mr le Comte de
Viennecy-devant Mestre
de Camp du régiment du
Roy Cavallerie ,& Mrle
Bailly de la Vieuville
Grand Croix de lvÍalche;
Mr le Comte de Vienne
est marié avec N. Mitte
de Chevriere
,
fille &
heritiere de Henry Mitte
de Chevriére Comte de
S.Chaumont, dont il a eu
Mr leMarquis de S. Chaumont,
Colonel d'un Regiment
de Dragons.
-'
La ceremonie du Mariage
fut faite par M.rAbbé
de la Vieuville Grand
Vicaire d'Agen frere de
la mariée.
Lors qu'on demanda
au Roy l'agrément de ce
mariage
,
Sa Majesté y
donna son approbation
dans des termes qui font
beaucoup d'honneur aux
deux Maisons des mariés,
& qui marquent qu'ilest
tres satisfait de la manière
dont Mr le Comtede
Parabere l'a servy
, il a
toujours esté en Espagne
depuis le commencement
de cette Guerre, où il s'est
distingueen plusieursoccassons
,
& entr'autres à
la bataille d'Almanzaimmédiatement
aprés laquelle
il fut fait Brigadier
seul par diftindion.
BENEFICES,
Le 23. May
,
veille de
la Pentecôte, le Roy donna
l'Abbaye de Sully a
Mr l'Abbé du Van Grand
Vicaire de Tours. "-. Celle de S. Ruf chef
d'Ordre
,
auPere Rolin,
ReligieuxdumêmeOrdre,
Saint RufAbbaye de
Valence en Dauphiné,&
chef d'Ordre des Chanoines
reguliers de Saint
Augustin, à Amaide, Odilon,
Ponce & Durand
Prêtres de l'Eglise d'Avignon
, quiobtinrent vers
l'an 1039. de Benoist leur
Evêque
,
les Eglises de S.
Just & de S. Rub,ouRoux
dans sonDiocese prés deU
Durance,delàleur çp_m:
munauté prit le nom de
S.Ruf. Depuis,cesReligieux
vinrent s'établir
prés de Valence dansl'Isle
Efparviere
,
où l'Abbé
Raimond avoit fait bâtir
un somptueux Monastere
,
ils y ont demeuré
jusqu'en 1561. que la fureur
des guerres Civiles a renversé
cet ouvrage. Ils
avoient un Prieuré dans
l'enceinte des murailles
de la Ville de Valence,
on en a fait le chef d'Ordre
après cette révolution.
L'Abbé General s'ye(l
établi,
établi
,
& y a portéles
droits de l'autorité & de
la dignité du Monastere
de l'Isle Expaviere
, avec
le contentement du Roy
Henry le Grand en 60.
39. ou 40, Abbés Generaux
, ont gouverné jut:
qu'ànos jours cetOrdre, il adonné III. Papesàl'Eglise
, AnastasseIV.Adrien
IV. & Jules II. Il en est
aussisorti trois Cardinaux
,
Guillaume de Vergy
, Amidée d'Albert,&
Angelius où Angelique
de Grimoard de Grisac
fondateur du College de
S. Rufde Montpellier.
Celle de S. Sauveur de
Beaucaire, à Me de la
Fare, Religieuse de la
même Abbaye.
Sa Majesté avoir donné
auparavant celle de
S.Wast de Moreüil, Ordre
de S. Benoist ,au Père
de HeufyfReligieux
du même Ordre.
Beatrix de Lorraine
soeur de Madame la Princesse
d'Epinoi, fille de
François Marie de Lorraine,
Prince de l'inebonne
, & d'Anne de Lorraine
soeur de Mr le Prince
de Vaudemont
, a esté
unaniment nommée Abbesse
de Remiremont,&
de l'agrément de S.AR.
Monsieur le Duc de Lorraine.
Cette Abbaye, qui estoit
autrefois de l'Ordre de
S. Benoist fut fondéel'an
620. par S. Romeric. Elle
est composée aujourd'huy
de Chanoinesses qui font
obligées de faire preuve
de quatre races deNoblefse
, mais qui peuvent se
marier, exceptél'Abbesse,
quifous laProtection des
Ducs de Lorraine est Dame
spirituelle & temporelle
de la Ville de Re.
miremont. CetteVille
dans l'enceince de laquel-,
le est l'Abbaye
,
est située
sur la Moselle au pied
du Mont Vauge à une
lieue de la Franche-Comte.
Le Dimanche septieme
Juin on eut à la Cour& à
la Ville une grandeAlarme
,
sur un accident qui 1
parut menacer d'une maladie
dangereuse,Son Alresse
SerenissimeMonseigneur
le Duc du Maine
; mais cette alarme
cessa le lendemain&la
joye universe llequiparut
quand on aprit que cette
maladie n'auroic aucune
suite, marque l'estime ôc lavénération que tous le
monde a pour ce Prince.
e,,,AIfemf.!ée du Clergé.
!.. Le 15.Juin,l'ouverture
de l'Assemblée extraordinaire
du-Clerzé
se fie avec les mêmeceremonies
dont on a donné
le détail lorsque la precedente
Assamblées'est teneuë.
Voicy la Lifte des
Deputez du premier & du
second rang de chaque
Province.
Province de Paris.,
Monsieur le Cardinal
de Noailles
,
Archevêque
de Paris.
Province'de Vienne.'
Mr l'Archevêque,d,e
Vienne. *
Mr l'Abbé Champier.
Province de Reims.
,
Mr l'Archevêque de
Reims.
Mr l'Abbé deBusanval.
MProvinrce,decBordleaucx.
Bordeaux.
Mr l'AbbédeLucinge.
Provinced'Alby.
Mr l'Archevêque d'Alby.
Mrl'Abbé Crouzet.
Province de Toulouse.
Mr l'fcvêqiie deLavaur.
Mr l'Abbé de Grandmont
de Lanta.
Province à*Aix.
Mrl'Evêque de Riez.
Mr l'Abbé de Valbelle.
Province d'Embrun.
Mr l'Evêque de Vence.
Mr l'Abbé Viala.
Province de Tours.
Mrl'Evesque de Leon.
Mrl'Abbé de Tressan.
Province de Narbonne.
Mr l'Evesque d'Agde.
Mrl'Abbé Trudene.
Province de Sens.
Mr l'Evesque d'Auxerre.
Mr l'Abbé de Visnic-h.
Province de Bourges.
Mr l'Evesque de Liînoges.
,"., Mrl'AbbéBrossard.
ProvinceàAMch.
, Mrl'Evesque de Coru
serans
Mr l'AbbéleMazuyer.
Province de Rouen.
Mr l'Evesque de Seez.
Mr l'Abbé de Bouville.
Province de Lyon.
Mr l'Evesque d'Autun.
Mr l'AbbédeChemé.
Province d'Arles.
Mrl'Archevesque d'ArlesMrl'AbbédeS.
Andiol
,
Prcfident
Monsieur le Cardinal de
Noailles.
Promoteur.
Mr l'Abbé de Broglie.
Secrjt.urt.
Mrl'Abî^e.1nCaa.bour.
Le 17. Al les Dipuriz
allerent (ilixr le Roy. à
Marlv. Ils furentconduits
par Mr des Granges Maistre
des Ceremonies
,
&
presentez par Mr le Comte
de Ponrchartrain Secrerairÿ<
fErar. MrleCarchfrâTde
Noailles porta
la parole;Voicyun Extrait
du Discours que Son
Eminence fit à Sa Majesté
à Mr le Dauphin &àMe
la Dauphine. AU ROY.
SIRE,
Le Clergé de vostre
Royaume ne se lasserajamais,
de vous cb(Ïr
,
de
vous servir & C'est rendre
àCesarce qui essa Cesar, &..
entrer dans les dejjeins de
Dieu que de vous aider àsoutenir
une guerre dont il n'a
voulu encore lafin.Quand
V. M. a fait voir qu'elle
desiroit la procurer à quelque
prix que ce fust. Ce
deluge queforment les torrents
d'iniquité qpi inonde toute la
terre ,
estencore trop violent
peurpermettre a la colombe de"
sortir de l'Arche
}
cm de porter
aux hommes le rameau dioli.
vier. Mais en differant
,
la paix Dieu a voulu recompenser
vostre soumission
à ses ordres,& pour
justifiervostre conduire,&
pour justifier mesmela
sienne, s'il est permis de
parler ainsi il reprend de
nouveau & avec plusde
force ladefense de sacause
que vous soutenez.
Une especedemiracle
, a
relevé leTrosne de yojlre sesitfils,
& le rétablit non sur
le sable
, maissur la piere serme
quisoutient le Trofne des
rois,c'est le %ele (7 lafidelité
des Sujets.
in-Uneprotection de Dieu
* si visible est acordée nonseulement
au genereux&
i pieux Roy vostre petit fils,
:' mais encore à la foy deV.
M:.àson zele constantcon -
- tre les erreurs. A son
egalitéparfaite à sa resignarion
dans les pertes
les plus sensibles.Et à tant
dautres vertus qui vous
attireront de plus en plus
cçtre protectionquenous
demandons tous les jours
pourvous.
Nous joindrons à nos
yeux tous les secours &c.
ÏEghfe ne veutse reserver
de biens temporels que pour
fournir au culte de Dieu.
Etau soulagement des pauvres
; c'est les soulager que
les defendre des violences de
rvos ennemis. & c'estsoustenir
levray culte que d'éloigner
d'un Royaume Catholique
les heresies des differentes
Nations qui vous attaquent..
Plaise à ce grand Dieu
de nous rendrebientost le calme
, çjjr de vous accorder la
consolation de voir vos sujets
heureux ~& tranquilles
,
de
vous accorder des jours aussi
longs,aussi glorieux ~& aussi
saints que nous le desirons.
AMONSEIGNEUR.
IE, - DAUPHIN.
'MONSEIGNEUR,
Voicy le premierhommage
que le Cjlergé a l'honneurde -'
vous rendre encenmonie,mais
ce n'rft pas le premier que cba-;
cun de nous vous 4 rendu en,
particulier
, ~&c >
= Quel bonheur pour
nous , & pour tout le
Royaume, de voir un
Prince né pour le gouver- n'erunjour,ci-nploycrla"
pénétration & l'élevation
- -
de
de son esprit à se convaincre
de cette grande vérité,
quetant de Princes ignorent
, que le premier devoir
des Souverains efi defaire rf-.
gner Dieu dans leurs Efiats,
Quenedoit-on
pas attendre
de cet espritde justice
,
de cet Amour pour U
regle,~&c.de cettecharitéardente
qui vous rend
si sensible à la misere des
pauvres, &c. Enfin, de
vostre attachementpour leRoy,
qui trouve envousunfils
aussi sournis, aussi tendre,
& aussi occu pé du desir de
luy plaire que l'estoitceluy
qu'il a perdu, &c.
A MADAME
LADAUPHINE
MADAME.
Nous vous rendons aujourd'huy
pour lapremière
fois, nos tres humbles
hommages & avec un
sensible plaisîr quoyque
ce soit un sujet de douleur
qui nous le procure. Noflrc
caractere ne nous permet
pas de loüer en vous ce que
tout le monde y admire. :
Nous ne loüerons que vostre
foy ,&c.la droiture de
vos intentions, la delicatesse
& la soliditédevostre qrit,
la bonté devostre coeur, vojlre
union avecunauguste Epoux,
& lefoin que vous avez conjointement
avecluy deprolonger
heureusement les jours de
Sa Majesté en luy faisant
trouver dans sa Famille toute
la douceurqui est deuë à unsi
bon pere , & à un maistresi
refyeftMe*
-
Le 18. Juin on fit dans
l'Eglise de l'AbbayeRoyaledeSaint-
Denis leService
solemnel pourle repos
de lame de feu Monseigneur
le Dauphin. On n'a
pas pu encore me donner
le détail decerte ceremoTABLE
1
,
I. PARTIE.
LITTERATURE.
j4raîleleburlesquedTHomf«
te & de Rabelais. 9
Calculaftronomique.
-.
41
Les Fourmis. - 49
JExtrait surl'Allemagne. zziIl II.PARTIE.
tj4M7JSEMENTS.
PIECES rVO/TJF£S.
4..v
Ode contre l'-Ejfcrit. 1 EriftreenVers. 13
il4 rlbeurs de L'homme.31
Epizramme. 34, P/.,cet à Mr. 3f
Suite de lu Bulle d'Or. 40
IV. PARTIE.
NOUVELLES.
Nouvelles du. Nord. I
Nouv-lies àeFlandre. 8
Nouvellcs &£jj>14
Suite des Nouv du Nord. 30
Suite des N. d%ïjpjgne. 33
SMuite desoJV.rdetFlasnd.re, 36 4g
Mariages. 52
Benficcs,• - 70
"Maladie de M'.:'.le Ë*f dit
Maine. 76
Assemblée.du Clergé. 77
tiuranpies du Clergé 83
Service pourMonfeignenr.91
APPROBATION. JAy lû par ordre de
Monseigneur le Chanuna*
KJ MercureGalant des
mois de May & de Juin.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères