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1713, 04
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MERCURE
GALANT.
A PARIS,
M.DCCXIII
AvecPrïviiege du Roy.
M JE R*c U R E.
GALANT. f-, Par le Sieur Du F.*.
Mois
d'Avril
1713.
;.
Le prix est 30. sols relié en veau, &
25.sols, broché.
A PARIS,
Chez DANIEL ] O L LET, au Livre
Royal, au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU,à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée deIaruë
du Foin, du côté de la ruë
Saint Jacques.
jivtcAppnbationi&PrivilègeduFo
MERCURE
GALANT.
AVANTVRE
Jinguliere.
ONSIEUR,
Quoique cette historietteaitunairromanefque
par lasingularitéde
ses évenemens, elle ne
laisse pas d'être veritable
, & je l'ai trouvée
dans quelques mémoires
de feu Monsieur de
Pointis, qui me tomberent
entre les mains
au retour de son expedition
de Cartagene. Je
vous l'envoye telle que
je l'ai, n'ayant pas le
loisir de l'écrire, si non
galamment, du moins
aussi correctement qu'il
le faudroit pour l'inserer
dans vôtre Mercure.
Une veuve de Provence
se trouvant absolument
ruïnée par la
mort de son mari, prit
la resolution d'aller aux
Indes, pour subsister avec
un frere unique,
qui après avoir mangé
tout son bien, étoitallé
s'y établir
,
& y avoit
gagné quelque chose.
Cette veuve avoit toûjours
vécu honorablement
avec son mari;
qui étoit de très-bonne
maison. Elle étoit fort
gloricuse; êG ne voulant
pas qu'onsçustl'extremité
où elle étoit reduiteeIJ.
e. pretexta que
ses affairesl'obligeoient
d'aller faire un voyage
à Lion, & prit en effet
le chemin de Toulon,
où son frere lui avoifcr
écrit qu'elle trouveroit
unArmateurde sesamis,
avec qui elle pouvoit
s'embarquer pour le venir
trouver. Elle arriva
donc dans une hôtellerie
de Toulon avec sa fille
unique, trés-jeune 8c
très-belle, quiétoit encore
plus fâchée que sa mere
de se voir exilée si loin
par la pauvreté. Elles
resterent quelque temps
à Toulon, attendant que
l'Armateur fust en état
de partir. Pendant ce
temps-là cette jeune
beauté fit beaucoup de
bruic à Toulon, & sa
mere espera que quelque
riche Officier leur
épargneroit le voyage
des Indes. Sans doute
pour peu de bien qu'elle
eusttrouvé dansun homme
de naissace, elle
eust accepté des propositions
de mariage.
Un jeune homme,
qui avoit toutes les bonnes
qualitez imaginables
, hors la richesse,
devint passionnément
amoureux de Julie. C'est
ainsi que s'appella la jeune
personne àToulon,
sa mere cachant avec
foin son veritable nom,
parce qu'elle n'étoit pas
en état de le soutenir,
&£ qu'elle vouloit y rester
inconnuë.
Julie donc fut aussi
charmée du jeune homme
qu'illavoitété d'elle.
Ils s'éntr'aimerent,
& se jurerent de s'aimer
toute leur vie, avanc
que la mereeustle
temps de faire expliquer
la Cavalier sur l'article
du bien; car on ne debute
point par là : Julie
étoit trop jeune pour
faire réflexion sur rien,
que sur les qualitez aimables
de celui qui la
charmoit. Il salut; pourtant
s'expliquer; car la
mere étoit prudente, Se
trés -
severe sur l'honneur.
Elle ne jugea pas
à propos qu'ils se vissent
davantage, si le Cavalier
(que nous nommerons
Ergaste) nétoit pas
un parti convenable. Un
jour qu'il étoit venu
pour les voir, elle laissa
safille dans son cabinet,
& vint feule le recevoir.
Ce fut une conversation
fort polie de la part de
lamere, & fort troublée
de la part d'Ergaste,qui
s'apperçut bien qu'on avoit
empêché Julie de
paroître.Enfin on s'expliqua
; Ergaste avoüa
en franc Picard, qu'il
étoit un cadet de Gascogne,
sans bien & sans
esperance, parce que son
frere aîné
,
qui emportoit
tous les biens de si
famille, s'étoit marié de
puis peu. Aprés unaveu
pareillaconversation su
bientôr finie; SC la me
re, en le quittant, lu
dit qu'il étoit à propo
pour son repos & pou
l'honneur de sa fille, qu
ils ne serevissent jamais,
& qu'elle le prioit de ne
plus revenir chez elle.
Ergaste, qu'un pareil
coup avoit mis au desespoir,
prit le parti de s'aller
faire ruer à la guerre.
Il s'embarqua avec
un Capitaine de vaisseau
qui alloit à Cadix, 8c
qui lui promitdele mener
de la en Espagne
quand il auroit fini quel-,
ques affaires qui le devoient
retenir deux ou
trois mois à Cadix.
Un mois aprés l'Armateur
dont nous avons
parlé fut en état de partir;&
la veuve ne voyant
pas d'apparence qu'il se
trouvât à Toulon d'époufeurs
qui convinssent
à Julie, l'embarqua
,plus morte que vives
, & ilspartirent pour
aller aux Indes. L'Armateurne
fut pas heureux
dans sa course: il
fut attaqué per un Corfaire
d'Alger, son vaisseau
fut pris, & la malheureuse
Julie fut faite
esclaveavec sa mere. Il
y avoit déja prés de deux
mois qu'elles étoient en
mer, où les vents contraires
les avoient tourmentées
furieusement ;
la mere tomba malade,
& mourut dans le vaisseau
Algerien, accablée
de fatigues & de chagrins,
&,- Julie n'y resitta
que par sa grande
jeunesse.Ilse trouva parmi
quelques femmes Algériennes
qui étoient
dans ce vajffeau, une
vieille Grecque, qui avoit
fait quelques voyages
en Europe, & qui
par hazard sçavoit un
peu parler Provençal.
Elle avoit faitamitié avec
Julie, & lui tint
lieu de mere dans le reste
de ses avantures, dont la
première fut la prise du
vaisseau Algerien, qui
, fut
fut attaqué par deux
vaisseauxPortugais.Ainsi
Julie se trouva une seconde
fois prisonniere.
Cette fuliteIdeemalheurs eût pourtant été favorable
à Julie, si elle eût
été moins confiante; car
un jeune Portugais, qui
montoit l'un des deux
vaisseaux, devint amoureux
d'elle. Il étoit trésriche,
& l'auroit épousée,
sielleeût pû seresoudre
à se marier, après
avoir perdu l'esperance
de revoir son cher Ergaste.
Il n'étoit pas loin
d'elle, quand elle donna
ce témoignage de sa confiance
pour lui j car il
avoit aidé sans le sçavoir
à la prendre prisonniere,
&C voici comment.
On vous a dit qu'un
Capitaine des amis d'Ergaste
l'avait mené à Cadix,
& lui avoir promis
de le faire passer en Espagne
quelques mois aprés.
Il y en avoit déja
trois qu'il étoità Cadix,
& ce jeune Capitaine
Portugais étoit celui qui
devoit le passer en Espagne
, par consideration
pour l'autte Capitaine,
avec qui il avoit des liaisons
pour le commerce.
Ergaste se trouva donc
dans l'un des deux vaisseaux
qui attaquerent le
vaisseau Algerien.
Ce vaisseau Algerien
se défendit jusqu'à la
dernicre extrémité, en
sorte que ceux-ci furent
contraints d'aller à l'abordage.
Ergaste,quiaccompagnoit
le jeune
Portugais, entra avec lui
dans le vaisseau Algérien
l'épée à la main r
mais ayant été d'abord
dangereusementblessé,
on le reporta dans son
vaisseau avant que le
combat fût fini >ainsî il
ne vit point Julie, &c étoit
bien loin de s'imaginet
qu'el le fûc dans un
vaisseauAlgérien.Mais
le Capitaine Porrugais,
après l'avoirpris, y resta
avec Julie, donc il étoit
devenu passionnément
amoureux;ainsi les trois
vaisseaux faisant route
vers le Portugal, le jeune
Portugais alloit de
temps en temps voir Ergaste
blessé dans son
vaisseau, & revenoit
dans celui de Julie, donr
il ne put jamaistireraucun
éclaircissement
; car
premièrement elle était
,
fort mal, ôc avoit resolu de
se laisser plutôt mourir, que
de recevoir aucun secours
de celui à qui elle craignoic
d'avoir obligation
: outre
cela elle ne parloit que Provençal
, que le jeune Capitaine
n'entendoit point; il
entendoit encore moins le
jargon de la vieille Greque.
Ainsi sans avoir aucune
conversation avec Julie,
il la crut Greque ou Algérienne,
en un mot toute autre
que ce qu'elle étoit.
Ainsi Ergaste
,
à qui il fit
confidence de sonamour,
étoit bien éloigné de pouvoir
soupçonner que c'étoit
sa chere Julie donc il lui
parloir.
L'amour du Capitaine
augmentoit de jour en jour.
Il trouva moyen de faire
comprendre qu'il avoit de
grands biens, & qu'il oftroit
d'époufer: mais on lui
fîtentendre qu'on refufoic
obstinément, & que Julie
n'ayant pu etre a un amant
pour qui elle mourroit constante,
étoit incapable d'écoûter
d'autres propolitions.
C'estquelque malheureux
Algérien qu'elle
aime, disoit un jour à Ergaste
le Capitaine desesperé,
& qui ne méritéapurement
pas cette confiance.
Le récit des beautez de la
prisonnieren'avoit jamais
pu déterminer Ergaste à
paser dans le vaisseau pour
voir celle qui causoit une
passion si violente à son ami.
Il étoit si occupé de son côté
par celle qu'il avoit perdue
à Toulon, qu'il étoit
insensible à tout ce qu'on
poupouvoit
lui dire des autres
beautez, Cependant cette
constance de la belle priÍon",
niere le coucha d'estime
pour elle.ll n'eut aucune euriofité
de la voir: mais il inspira
à son ami des mouvevens
de generositéqu'il auroit
eus lui-même en pareille
occasion, & persuada
enfin à son ami de renvoyer
le vaisseau pris à l'endroit où
la belle prisonniere vouloit
qu'on la menât.LeCapitaine
repassa dans le vaisseau
où étoit Julie,&lui fit expliquer
comme il put laresolution
genereusequ'il avoir
prise. Elle témoigna
qu'elle auroit une reconnoissance
éternelle d'un si
grand bienfait, &pria seulement
qu'on la fia mener à
Toulon, esperant peut- être
y retrouverencore son cher
Ergaste : mais ne pouvant
pas s'expliquer assezlà-des
sus, pour rairesoupçonnes
au Capitaine que ce fût cel
-
le dont Ergalte lui parloit
tous les jours. LeCapitaine
craignant que sa generosité
ne s'affaiblît s'il voyoit plus
long-temps saprisonniere
Confia le vaisseau à un Lieutenant
du sien, à qui il ordonna
de mener la prisonniere
à Toulon, ôe de lui
ramener le vaisseau en Portugal
,dont ilsn'étoient pas
loin. Quand ces vaisseauxse
separerent, le Capitaine
passa dans celui où il avoit
laissé Ergaste, &lui protesta
que lans lui il n'eût pas
été capable d'une resolution
qui lui coûroit si cher; éc
là-dessus il lui dit quecette
belle personne lui avoitdemandé
d'être conduite
Toulon. Il joignit à cela
plusieurs autres particularitez
de leur separation, &
ôc-même répéta quelques
mots> Provençaux que Julieavoir
prononcez en {àû
pirant. En un mot ilvintà
Ergaste des soupçons de la
verité
)
&cessoupçons se
confirmèrent par mille petites
circonstances que le
Capitaine se rappella. Erl
gaste n'eut pas besoin de
prier leCapitaine de suivre
au plus vice le vaisseau
)
qui
étoit encore àivûë: mais
:les' deux qu'ilsmontoient
avoienc été si mal traitez
dans le combat, qu'ils faisoient
eau de tous côtez.
Nos deux amis rivaux surent
contraints de gagner
le Portugal, dans la resolution
de prendre un autre
val»ffeatfpour aller à Tou-
Ion à force de voiles: ce
qu'ils executerent des le
len demain.
Pendant tout le trajet
que firent ensemble les
deux amis rivaux, ce ne fut
qu'un combat continuel de
sentimens genereux. Le Capitaine
protesta à Ergaste
qu'il le verroit conitam
ment possesseur de ce qu'il
aimoit. Ergaste d'un autre
côtéfaisant reflexion qu'il
il.,avoir point de bien, &
que son ami en avoir beaucoup,
lui jura tres-sincerement
qu'il tâcheron de resoudre
Julie à l'épouser. Ils
disposoient ainsi en faveur
l'un de l'autre d'un bien
qu'ils étoient sûrs de retrouver
à Toulon : mais
en y arrivant ils se trouverent
bien loin de leur compte.
Le Lieutenant a qui on
avoir confié le vaisseau ôc
Julie éroit d'un caraétere
bien différent de son Capitaine
jil écoic aussi groilier
& brural que celui-ci étoic
poli & genereux. Il tâcha
d'abord d'attendrirJulie
par une passion feinte & un.
refpeâ:affedté : mais sitôt
qu'il vit qu'il ne pouvoit
rien ganer sur elle par la
douce'-"urvni par les pr4omet
ses, il la menaça de la mener
dans quelque Isle deserte,
& de l'y laisser si elle
ne vouloit pas consentir à
l'épouser. Imaginez-vous
ce que peut signifier le moc
d'époufer dans la bouche
d'un Corsaire, qui fait l'a-
* mour à force de menaces.
Julie en fut si épouvantée
& si troublée, qu'elle fut
sur le point de se précipiter
dans la mer, sans sçavoir
ce qu'ellefaisoit ; &
cela ne fit qu'augmenter
la brutalité duLieutenant,
qui en fût peut-être venu
aux dernieres violences,
malgré ceux que le Capitaine
avoit mis auprès de
Julie pour en avoir soin.
Mais le gros temps, qui
avoit déjà commencé d'alarmer
tous ceux du vaisseau,
devint une tempête
si furieuse,que le Lieutenant
fut tout occupé du
péril, & bientôt après ne
songea plus qu'àsesauver
dans une chaloupe ; car
son vaisseau perit a la rade
de Toulon, Ôc tout ce qui
étoit dedans fut noyé, excepté
ce qui pur se sauver
dans quelques chaloupes;
&, pour comble de malheur
, Julie ne se trouva
point dans le nombre de
ceux qui sesauverent.
Cependant Ergaste & le
Capitaine avoient fait le
trajet avec tant de vîtesse,
que leur vaisseau étoit à
Toulon dés le foir precedent.
Ils furent fort surpris
en arrivant au port, de n'y
pointtrouver celui du Lieutenant
;& en effet il fût arrivé
bien plutôtqu'eux, s'il
n'sur pas cotoye, & retardé
exprès sa' route pour
avoir plus long-tempsJulie
en sa disposition. L'orage
qui fit perir son vaisseau
avoit duré toute la
nuit,&dés le matin la nou.
velle du naufrage vint à
Toulon. Ergaste& le Capitaine
apprirent des premiers
cette funeste nouvelle
par quelqu'une des
chaloupes qui s'étoient sauvées,
& tous leur assurerent
que Julie avoit péri.
Rien ne peut exprimer la
douleur de ces malheureux
amans ils se reprocherent
mille fois à eux-mêmes cette
generosité qui les avoir
portez a renvoyer cette
prisonniere infortunée
,
&
d'avoir été la cause innocente
de [a mort. Les reprochesqu'ils
se faisoient
furent bien mieux fondez
encore, lors qu'un Officier,
de ceux qui s'étoient
sauvez,vint lui faire le recit
de tout ce qui s'étoit
passé dans le vaisseau. Cet
Officier, galant homme,
s'étoit opposé tout seul au
Lieutenant, lors qu'avec
trois ou quatre scelerats de
sa troupe il avoit voulu
violenter Julie; & dans le
moment du naufrage ils
étoient prers à l'assassiner,
parce qu'il leur avoit fait
manquer leur coup. Le Ca.
pitaine connut par ce recit
que le Lieutenant étoit la
seule cause de la mort de
Julie. Son premier soin fut
de le chercher par-tout,
pour le punir
: mais sa c haloupe
n'étoit pas venuë jusf
qu'au porc;ilavoic abordé
sur la côte, un peu loin de
la ville, & n'avoit oré avancer,
ayant appris par
quelques soldats que son
Capitaine étoit arrivé à
Toulon. Les deux amis
allerent le chercher le long
de la côte; & après avoir
marché quelquetemps, ils
apperçurent quatre hommes
qui se cachoient entre
des rochers. Ils coururent
d'une telle force,
qu'ils les eurent bien
-
tôt
joints. C'étoit le Lieutenant
& ses trois complices.
Ils se défendirent en
desesperez. Le Lieutenant
& un Officier chargerent
le Capitaine, qui tua le fécond
,
qui s'étoit le plus
avancé: mais le Lieutenant
furieux prit le moment
de percer le Capitaine
par le côté, pendant
que sonépée étoit engagée
dans le corps de celui
qu'ilavoirtue.Ergaste
avoit déja blessé l'un des
deux autres, & mis le quatrième
en fuite. Il courut
au secours de son ami; &
après avoir été blessé, tua
de sa main le Lieutenant
furieux. Un peu après quelques
soldats vinrent au
bruit du combat, ôc l'on
porta les deux blessez dans
l'une des premieres maisons
de la ville, dont ils
n'étoientéloignez que d'un
-quart de lieuë. La blessure
d'Erogasteétoit très-legere
celle du Capitaine parut
plus considerable : cependant
ilse trouva assez
bien quand on lui eut mis
le premier appareil. On
les laissa seuls
; ils deplorerent
ensemblela perte de
Julie: mais Ergaste se crut
assez fort pourpouvoir se
porter vers rendrait. du
naufrage, qui n'était pas
loin de la ville. Il s'y transporta,
accompagné feulement
d'un valet. Il se faisoit
une espece de confolation
funeste de voirl'endroit
où Julie avoit peri:
il reconnut ce fatal endroit
droit par quelques. débris
du vaisseau, & quelques
corps que les flots avoient
jettez sur la côte. Ce spectacle
lui donna des idées
si affreuses, qu'il tomba
évnoüi entre les bras de
son valet, qui avec un matelot
le porta dans une cabane
de pêcheur. On le
coucha sur un lit, où il
resta longtemps évanoüi.
Tous ceux qui se crouverent
dans la cabane s'empresserent
pour le secourir.
Il revint de son évanoüissement
: mais avec
une espece de transport au
cerveau ,
rêvant, gemissant,
& faisant des cris
douloureux. Il s'imaginoit
voir le pedre affreux de
Julie noyée; il croyoit lui
parler, il croyoit entendre
sa voix languissante,
& il l'entendoit en effet,
il l'entendoit réellement.
C'est ici une de ces situations
interessantes qui meritent
des descriptions patetiques
:mais comme l'incident
est naturel, il suffîra
au lecteur de se l'imaginer
pour en être touché.
C'étoit en effet Julie &
sa vieille Greque, qui presque
mourantes des perils
quelles avoient courus,
avoient été portées dans
cette même cabane par
deux matelots pitoyables
qui les avoient sauvees du
naufrage, aidez de quelques
planches du vaisseau
brifé. La vieilleGreque
étoit venuë d'abord secourirErgaste,
qu'elle ne connoissoit
point: mais aprés
l'évanouissement elle lui
entendit prononcer plusieurs
fois le nom de Julie.
Elle courut l'avertir
qu'un jeune homme qui
se mouroit parloir d'elle.
Julie court, toute mourante
qu'elle est, & trouve
son cher Ergaste
,
dans
le moment qu'Ergaste s'imaginoit
ne voir que le
fantôme de Julie. Autre
moment difficile à dépeindre
;
il faut laisser ce loin
àceux qui voudront faire
un roman de cette histoire.
On conduisitJulie &
Ergaste à Toulon. Ergaste
la fit lloogr*eerr dans une mmaaii.~-
son voisine de celle où .,.
toit son ami blessé, & courut
pour lui annoncer le
premier cette heureuse
nouvelle:mais sa joye fut
changée en pleurs. Il arriva
dans le moment qu'-
on levoit le premier appareil
.,- qui fit connoître
quelablessure était mortelle.
Dés ce moment le
Capitaine tourna à la morr.
Il ne laissa pas de ressentir
de la joye, quand il
sçut que Julie étoit envie.
Il voulut la voir en presenced'Ergaste
; ôc les
voyant tous deux fondre
en larmes, le Capitaine
leur dit qu'il mourroit contene)
s'ils vouloient accepter
, pour vivre heureux
ensemble
,
les biens
qu'il avoit en Portugal.
Les deux amans ne répondirent
à cela que par
les témoignages d'une affliction
morcelle, oubliant
en ce moment leur amour,
pour s'abandonner à la douleur
de perdre un si genereux
ami & amant, qui
n'arrendir pas leur consentement
pour écrire de sa
main un testament en leur
faveur. Il mourut le mê.
me jour, & le bonheur
des deux époux fut toujours
traversé par le souvenir
de la perte qu'ils a.
voient faite.
Cette Histoire eût méritéd'être
écrite avec
plus desoin& de loisir;
celui qui me l'a envoyée
me promet qu'il m'en
donnera de plus travaillées.
A prefcnt que la paix
me donnera le loisir de
travailler moymême à
quelques morceaux du
Mercure, jespere le rendre
plus digne del'attention
du Public, que
j'honore assez pour me
donner des foins pour
lui: mais qui me pardonnera
si je ncglige de les
lui donner gratis, comme
on est forcé de le faire
en temps de guerre.
EP ITALAJtÆE
y
de Monfiewr ie Comte
deJonsac f5 Madamoiselle
Henault.
CONTE.
DAns
un séjour ignoré
du repos,
Grondeur Hymen loin de
Cythere habite,
Là peu souvent le Dieu reçoit
visite
Des doux plaisirs citoyens
1 de Paphos.
Si quelquefois Cupidon les
y mene,
Grand miracle est, lorsque
dans ce reduit
On les engage à passer la
semaine
Presque jamais r,Auberge
ne leur duit
Que pour gister tout au
plus une nuit. :'
Dans ce sejour où jamais
chansonnette
Ne frappa l'air de fons
doux 5c joyeux,
Lugubre asile où l'Echo
ne repere
Que des maris les propos
ennuyeux;
Au fond d'un bois inculte,
sombre, antique,
Près d'un vieux If Hymen
revoit un jour,
(Car Hymen réve auflibien
que l'amour, )
Aussi bien,non; le Dieu
melancolique
Par noirs chagrins que luimesme
il fabrique,
Afcicrloisst ses maux;mais le de Venus
En réverie a de beaux revenus
; C'est l'aliment de sa perseverance,
1 L'enfant glouton rentier
de l'esperance,
Sur & tant moins du prix
de ses soupirs,*
Se fait par elle
avancer
.1 centplaisirs. 'fia
Tandis qu'hymen sous un
funebre ombrage,
-
Se va rongeant de soucis deménage, '* Í
Amour survient; frere,dit-
, f.11 d'abord ,'}/\;
Bien que soyons ensemble
en grand discord, l
Dans vos iaatssans avoir*
pris d'ostage
J'arrive seul; Quand sçau-
4 rez le sujet 1
Qui m'a contraint à risquer
f ce voyage,
Pas ne voudrez icy me
faire outrage, Èt trescontent ferez de
mon projet:
Ecoutez bien; une jeune
rebelle
Ofe braver ma puissance
immortelle,
Oncquesnefît bruslerun
grain d'encens
A mon honneur, ny la
moindre chandelle
-, Clio qui feule en reçoic
des presens
Regle ses eoins, ses plaisirs
innocens,
Et l'entretient des époques
fatales,
Des grands Estats
,
luy
nombre les exploits,
Et les vertus des Heros &
des Rois,
Bien mieux feroit de lire
mes annales
>
Ou lifte on voit des coeurs
quelle a domptez,
Qu'avec dépit Venus mesme
a comptez,
Or il s'agit d'engager à se
rendre
Ce fierobjet, & vous seul
en ce jour
Pouvez) Hymen ,
m'aider
alesurprendre,
Examinez le party que
veux prendre;
Me déguiser seroit un mau
vais tour, Etvostre habit me sieroit
mal, je gage, Contraint ferois avec vostre
équipage,
Il n'est aisé de bien masquer
ramour.
J'ay medité moins difficile
Intrigue
Troquons, Hymen, de
flambeau feulement,
Puis engageons JONSAC
-
dansnostre ligue,
-
S'il vous conduit
, nous
vaincrons seurement,
De sa valeur & de son
agrément,
Dons précieux que ce guerrier
rassem ble
, Mars & Venus parloient
hier ensembles
Jel'entendis, alors je dis
tout bas
Voicy mon fait, sus donc
netardez pas,
Allez tous deux soumettre
àma puissance
Cette beaauitéséqume peounrretz
Trouver au bruit de son
indifference.
Partez, volez, ne tardez
unmoment,
Etnecroyez, Hymen, que
vous destine
Un mince prix, si pouvez
l'enflammer,
A vos sujets permettray de
s'aimer
, Sans le secours de nopce
clandestine,
Plus ne ferai de desordre
chez vous,
Et sans dechet de plaisir
& de flamme,
Sans éprouver metamorphose
en l'ame
Amants feront transformez
en époux.
Amour se tut, Hymen le
crut ifncere,
Accepta l'offre & le servit
en frere.
Tel an sur nous malgré
tous ses bons tours
De Cupidon l'ascendant
ordinaire,
On sçait qu'il ment, &
l'on le croit tousjours.
Le jeune objet que par telle
menée
Vouloitfourber cauteleux
L- Cupidon,
Ne reconnut son aimable
brandon,
En le voyant porté par
Hymenée,
Son coeur seduit aussi- tost
s'enflamma;
Pour celebrer cette illustre
journée,
Beaux feux de joyeAmat
honte alluma.
Ainsi le Dieu qui sejourne
en Eryce,
Conquit par dol un insensible
coeur.
LeDieu benin qui l'a rendu
vainqueur,
Selon leur pact fut-il d'un
tel service
Salarie? l'Amour dévoit
en paix
Laisser tousjours Hymen
& ses sujets,
Peuple nombreux que cet
enfant desole
De leurs Traitez c'estoit
le contenu: Mais si j'en crois maint
Epoux ingenu
Le traiflrc Amour a manqué
de parole.
MORT.
LE Marquis de Loftanges
Chevalier de l'Ordre
Militaire de SaintLouis
Colonel du Regiment de,
Lostanges Infanrerie,mourut
en cette Ville le huit
Avril
,
âgé de trente ans.
Il estoit iflii de la Maison
de Lostanges, une desplus
illustres&anciennes du Li
mousin.Ellen'estpasmoins
recommandable par ses alliances
que par les grands
hommes quelle a produits.
Dans le douzième fiecltf
elleestoit trèsconnuë sous
le nom des Aymar de Lofranges.
La Branche aisnée
finitfous Henry IV. par le
fameux duel du Seigneur
de Loftanges avec le Seigneur
de S. Chamans du
Pescher; & ce fut dans ce
temps-là que la Terre de
Lostanges passa dans la
Maison de Pierre-Bussiere
par le mariage d'une fille
de Lostanges
,
d'où sont
descendus le Marquis de
Lostanges, Lieutenant des
Gardes du Roy,qui fut tué
devant Mons en 1691. Le
Comte de Lostanges qui
commandoit la Cavalerie
de Brandebourg en Italie,
& le Marquis de Lostanges
mort en Flandres en 1707.
Colonel du Regiment de
Lostanges,& Brigadierdes
armées du Roy. - -' Des l'an 1406. Jean Aymar
de Lostanges daneson fentrai de mariage avec
Anthoinette de Veirines
dite de Limeüil Dame de
saint Alvaireen Perigord
-, il prend la qualitéde Cheyalier
hDt-& puissant Seigneur
, iflii de la noble&
ancienne famille de Lo£
canges en Limousin.C'est
deluy que descendent les
Marquis de saint Alvaire
en Perigord
,
quiestaujourd'huy
la Branche aisnée,
les Marquis de Bedüer
& de Felzins en Querci,
donc estoit le Marquis de
Lostanges qui vient de
mourir, qui le distingua si
fort au Sièged'Aire en
1710. sur tout à la défense
du Chemin couvert, où il
s'attira l'estime de toute la
garnison. Il estoit fils de
Jean Margarit de Lostanges
ges Marquis de Felzins,
Capitaine dans le Régiment
de Monseigneur le
Duc de Bourgogne, Cavalerie,&
de Marguerite de
Corn Dampare
,
duquel
mariage est issu aussi Hiacinte
Marquis de Felzins
Capitaine dans Royal,
Roussillon Cavalerie
,
quiJ
atousjours servi avec beaucoup
de distinction. Leur
pere estoit fils puisné de
Jean-Louis de Loftanges
Comte de Bedüer Capitaine
commandant le Regiment
de Candale, Cavalerie
; ôc de Francoise de
Gourdon Genoüillac de
Vaillac.L'aisné estoit
François-Louis de Lostanges,
Marquis deBediier^
Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment de Saus- eréJqui fut blessé d'un coup
de pistoler à la gorge prés
de Francfort en 1674. Il
mourut en 1671. Colonel
d'un Regiment d'Infanterie
des Milices de Roüergue
:
il avoitépousé Renée
Menardeau fille de
Claude Menardeau de
Champré Doyen du Par1cment,
Con seillerd'f. stat,
Diredeur & Controlleur
General des Finances, ôc
de Catherine Henry son
épouse
,
duquel mariage
sont iiïus Loüis-Henry
Comte de Bedüerqui fut
b'çffé à la Bataille de Fleurus,
Commandaht un Escadron
du Regiment du Rosel
: Emanuël Marquis de
Lostanges
,
Capitaine de
Cavalerie dans le Regiment
de Vaillac
,
tué en
Flandres en 1701. Jacques
Qit leChevalier deBeduer, i
Capitaine de Cavalerie
dans le Regiment de Vivans
S. Christotuéà la Bataille
de Fridlingen, Laurent
dit le ChevalierdeLostanges,
blessé au combat de
Lessingue ; & à la dernière
Batailled'Hocstet il commandoit
un Escadron où il
prit une paire de timbales.
En1711.enallantensemestreilfut
attaqué par un parti,
prit & blessa le partisan
qu'il conduisit à Abbeville:
Laurens,dit le Chevalier
de Bedüer, fut blessé â la
Bataille de Malplaquet:
autre Laurens dit le Baron
deBullac, Cornette
dans la Compagnie de son
Pere dans le Regiment de
Vivans S. Christo,fut tué
à la premiere Bataille de
Hocstet. Ils descendent
tous de Louis-François de
Loftanges leur bisayeul, &
de Jeanne de Marquessac,
qui servit fous les Rois
Henry IV.& LouisXIII.
en qualité de Colone l d'un
Regiment d'Infanterie,&
il fit en sa faveurque la
Baronnie de Bedüer fut
érigée en Vicomté. De la
Branche de faine Alvaire
est aussi sortie la Branche
des Comtes de Pailhé en
Xainconge.
Cette Maison est alliée
àcelles de Limeüil
,
d'Ufez,
d'Estrées, de Fenelon
Menardeau , - Champré
y Montmorency
-
Laval,
Montberon,Vaillac
,
Cadrieu,
Ebrard, S. Suplice,
&c.
SVITtEDELA
ynouv~clle Tleorie de j
ou ïon demontre
piufieurs chojes
nouvelles.
III. MEMOIRE.
De la Melodie ou Chant à
une feule partie.
I. LA Melodie ou Melopée
est un progrés de sons
agréab2agreables a l'oreilllee. .OOrrcceect
agrement vient de trois
causes. La premiere de ce
quechaque son en particulier
meut l'organe dc.
l'ouye,sçavoir principalement
le nerf auditif, ou
les efprics qui y sont contenus
d'une maniere qui fait
plaisir
, par une espece de
chatouillement qu'il y cause.
La seconde en ce que
l'action des sans passez reste
quelque tem ps dans la
memoire,ce qui cause entre
ces fons & lettons présens,
une harmonie fort
semblable à celle de plusieurs
sons quisefontoüir
actuellement en mesme
temps. Cette harmonie de
souvenir
-
souvenir se nomme encore
des relations harmonieu-
[es, & fait le principal
agrément duchant.Latroisiéme
enfin de ce qu'un air
paroist agréable à proportion
qu'il flate la passion
dont nous sommespréoccupez.
Car les hommes de -
guerre, par exemple, trouvent
sans contredit plus de
plaisir dans les airs vifs &
prompts, que dans les
languissants & les tristes ;
ceux qui sont dans l'affliction
ne sçauroient souffrir
les chants joyeux ;
les Amans
ne prennent de goust
qu'aux airs tendres; les yvrognes
nJaftcétent que les
airs gais; les personnes serieuses
au contraire n'ai-
- ment que les chansons graves
; & les jeunes gens ne
cherchent que les airs badins.
De forte qu'on peut
presque juger de la passion
qui domine dans quelqu'
un, par les airs qu'il affecte.
Mais sans m'arrester à ce
qui fait l'agrément des sons
en particulier (ce qui m'engageroit
dans un détail de
phvGue peut- estre trèsennuyeux
pour beaucoup
1
de personnes) je commenceray
par examiner les Relations
des sons considerées
en elles, mesmes
,
&
par rapport au chant; &
je finiray par les comparer
avec nos differentes passions.
Il. Pour traitter des Relations
des fons
,
il faut
d'abord en establir le premier
principe, sçavoir,
Que les corps sonores es
-
tant frappez ou tirez, impriment
par leur ressort à ,
l'air qui les environne, 6c
celui-cy à l'air naturel qui
est dans le labyrinthe de
l'oreille des fremissements
plus ou moins prompts,
dans la mesme proportion
geometrique & reciproque,
que ces corps ont de
plus petites ou de plus
grandes dimensions,àtréspeu
de choseprès. Car
cette proportion reciproque
n'est vraye dans le
plein ou dans l'air, que
sensiblement,& feroit veritable
à la rigueur dans le
< Vide,siles sons pouvoienc
yestre entendus.
Et pourenestreconvaincu
il ne faut que supposer
premierement dans le Vide
deux cordes égales en
grosseur & en tension,mais
dont l'une foit, si l'on veut,
double de l'autre en longueur
, & qui soient tirées
chacune par leur milieu
perpendiculairement àleur
longueur, sçavoir la plus
longue de la valeur d'une
ligne(par exemple) & la
plus courte feulement de
demi ligne. Il est évident
que ces deux cordes ainsi
tirées feront chacune encore
également andéfs;
&que si on les lasche toutes
deux elles partiront par
consequent avec des vitesseségales.
Et comme la plus
longue a un trajet deux fois
plus grand à parcourir que
la plus courre, il estmanifeste
qu'elle doit employer
deux fois plus de temps a le
faire que celle- cy à faire
le sien. Car à cause de la
petitesse des espaces à parcourir,
on peut regarder
- ces espaces çomme parcourus
d'un mouvement
uniforme; ainsila plus Iongue
ne fera que la moitié
des tremblements que la
plus courte fera dans le
mesme temps. Ce fera la
mesmechose lors qu'une
des deux cordes sera, par
exemple, tripleou quadruple
de l'autre, ou dans tou-
,
te autre proportion à fouhait
; c'est-dire que celle
qui fera triple en longueur
fera trois moins de vibrations,
que la plus courte
dans un tem ps égal & ainsi
des autres. Ainsiles nombres
des vibrations de deux
telles cordes feront tousjours
entre eux dans le rapport
rcciproque ou renversé
des longueurs de ces
deux mesmes cordes,
comme Mersenne l'avoit
desja démontré dans le 1.
Tome de l'Harmonie universe
lle.
Mais lorsqu'on suppose
ces deux mesmes cordes
dans le Plein, il fautconsiderer
que la corde qui est,
par exemple
,
double en
longueur, rencontre quatre
fois plus d'air en parcourant
sa vibration, que
la plus petite. en parcourant
la sienne
,
puisque la
premiere a un trajet à parcourir
double de celuy de
la derniere. De melme la
corde triple en longueur
rencontrera neuf fois plus
d'air que la plus petite,
ayant uu tra jet trois fois
plus grand à faire; la corde
quadrupleayant un espace
quadruple à parcourir
) en rencontrera seize
fois davantage
; & ainsi de
suite dans la proportion
des quarrez 4. 9. 16. 2. 5.
36. &c. des longueurs des
cordes 2. 3. 4. 5. 6. &c.
( les superficies semblables
estant entre elles dans le
rapport des quarrez de
leurs longueurs, ou largeurs
comme on le démontre
en geometrie. )
Mais d'un autre costé la
corde deux fois plus courte
faisant deux vibrations
contre ladouble une dans
le mesme temps, celle qui
est trois foisplus courte en
faisant trois contre la triple
une; celle qui l'est quatre
fuis. en faisant quatre contre
la quadruple une, &
ainsi de suite,la double rentrera
feulement dans ses
premieres vibrations deux
fois plus d'air que la simple
pendant le mesme temps;
la triple feulement trois
fois davantage ,
la quadruple
seulement quatre fois
plus que la simple, & aioli
de fuite. Donc les vitesses
de toutes ces cordes estant
d'ailleurs regardées comme
égales & uniformes à
cause de la petitesse du trajet
, comme on a fait cyd,
ssus, l'air opposera une
resistance double à la corde
double, unetriple à la
1
triple,une quadruple à Iæ
quadruple, & ainsi des autres;
ce qui de ce costé devra
faire une diminution
de vibrations égale dans
chacune de ces cordes en
mesme temps. Mais d'un
aure costé lacorde deux
fois plus courte rencontre
deux fois l'air à contre sens
pendant ses deux vibrations,
au lieu que la dou
ble ne le renconcre qu'une;
lacorde trois fois plus courte
le rencontre trois fois
contre la triple une; celle
qui est quatre fois plus
courte le rencontre quatre
fois contre la quadruple
une seulement; ces oppositions
ou chocs de front se
faisantà chaque retour de
corde
,
& le nombre des
retours estant égal au nombre
des vibrations. C'est
pourquoy tout compensé
l'air opposé deux fois en
mesme temps plusde resistanceà
la corde deux fois
plus petite,trois fois à celle
qui est trois fois plus
courte, quatre fois à la souquadruple,
& ainsi de suite
dans la proportion inverse
des longueurs; d'où il suit
que la proportion inverse
des nombres de vibrations
avec les longueurs des cordes
n'a plus lieu absolument
parlant dans le Plein,
comme on la creu jusques
icy; mais que les petites
cordes estant reglées suivant
cette prétenduë proportion
reciproque, seront
tousjoursun peu trop basses,
c'est pourquoy il faudra
les accourcir de quelque
chose pour leur donner
le nombre de vibrations
desiré:c'est-à-dire,
que pour qu'une premiere
corde égale en grosseur ôc
en cenfion à une seconde
fasse deux fois plus de vibrations
qu'elle en mesme
temps, il la faudra tenir
plus courte que la moitié
de la plus grande de quelque
chose
, comme d'environ
1:0 de la plus longue
corde, & pour les autres
ra pports à proportion, ce
que j'ay experimentésur
toutes sortes de cordes «3c
de proportions en toutes
fortes de temps, & dont je
pourray donner quelque
jourune table; mais il n'est
pas aisé au reste de fixer ces
accourcissements à cause
que les differents estats de
- l'air y apportent des changementstres-
sensibles; de
sortequ'un clavessin accordé
pendant un temps ferain
,
le desaccorde comme
de Iuy.
-
mesme par un
tem ps humide, & se raccorde
ensuite de luymesme
quand le temps devient
[ec, ou lors qu'on l'approche
du feu; ou si le feu ou letemps sec l'afait desaccorder,
le temps humide
1 -
le restablit; ce qu'on peut
fore bien expliquer par le
plus ou le moins de resistance
que l'air fait aux petites
cordes, à proportion
qu'il est plus épais ou plus
leger.Voicy donc desja
deux especes de Paradoxes
de musique éclaircis, nous
déduirons les autres en leur
lieu. Au reste ce que nous
venons d'establir pour les
cordes,doit s'entendre aussi
des anches, des timbres,
des regales, & autres instrumens
de musique.
Des Consonances& des- Diffonmces
en général.
- III. C'a esté de tout
temps une question des
plu celebres de la Musique
desçavoir quelles font
lesConsonances& lesDisfonances
& leur dégré
d'harmonie ou de douceur;
car tous les Anciens au
dessusdesixcentsansenviron,
n'ont reconnu pour
Consonances que l'unisson,
l'octave
,
la quinte & la
quarte avec leurs repliques
,
sçavoir la 15*11. &c.
la12 19. &c. jusques là que
les Pythagoriciens ont pris
les répliques de la quarte
sçavoir l'II. la 18. &c. pour
des Dissonances, quoy qu'-
ils a yent reglé toute leur
musique sur la quarte: au
lieu que tous les Musiciens
modernes reconnoissent
non seulement la quarte &
ses repliques pour des Confonancesen
lesconsiderant
toutes feules; mais ils y
adjoustent encore les tierces
majeures& mineures,
les sextes majeures & mineures
,
& quelques
- uns
mesme la septiéme moyenne
(la sol) ce qui fait voir
que la finesse de l'oreille,
l'habitude & le goust ont
- autant de part aujugement
des Consonances
, que la
raison & le jugement.Car
si l'on considere premierement
lunissonjon trouvera
que les fremissements
des deux corps qui le produisent,
sont parfaitement
isocrones ou d'égaledurée,
& que s'estant une fois accordez
à commencer en
semble,ils continuent tousjours
de commencer& de
finir en mesme temps, ce
qui renferme une uniformité
parfaire. De plus si
l'on pince feulement une
de deux cordes à l'unisson,
on verra l'autre qui estoit
en repos tressaillir tres sensiblement
; ce qui deviendra
encore plus sensible si
l'on entortille autour un
petit bout de corde à boyau
fort leger
, & fort lasche ;
d'où l'on doit conclure que
les unissonsfortifient les
sons. Voilà deux fortes raifons
pour donner la préférence
à l'unisson sur toutes
les autres Consonances.Ce
n'est pas cependant celle
qui fait le plus de plaisir
;
parce que l'oreille cherche
aussi de la variété.On ne
peut donc pas establir en
general que les intervalles
dont les exposants sont les
plus simples, sont les plus
agreables, ainsi deux vibrations
contre une en mesme
temps, feront plus de plaisir
qu'une seule contre une
seule; parce que ces vibrations
'accordent de deux
coups en deux coups, à
frapper ensemble le chassis
de l'oreille d'un coup plus
fort, & forment parce moyen
une ritmique ou batterie
compasée de temps égaux
à la verité
,
mais qui
renfermentun coup fort &
un foible tour à tour. c'est
pourquoy cette ritmique
joignant également la variété
& l'uniformité, fait
plusde plaisir que l'unisson
qui n'a que l'uniformité
sans varieté
, quoy qu'une
corde à l'octave d'une autre
en repos la fasse moins
fremir que si elles estoient
à l'unisson. Si quelqu'un
préfere la diversitéà l'uniformité,
il trouvera encore
plus de douceur dans une
ritmique qui battra trois
corps contre deux en mesme
temps, parce qu'elle
contient perpetuellement
trois coups de suite égaux
en force, & un quatriéme
plus fort du double;deplus
ses quatre temps ou intervalles
separtagent en deux
moitiez touteségales ôc
contraires; car le premier
vaut deux moments, le second
un; le troisiéme unJ
& le quatriéme deux,ce qui
- joint
joint trois varietez avec
deux uniformitez
, ce que
j'exprime par ces nombres
( 2. 1.1. i-) On peut cependant
asseurer en general,
que la rirmique la plus
confuseest la plus desagréable.
Or elle devient
confuselorsqu'il y a une
trop grande multitude de
coups égaux & tres-promts
contre un , comme 10. I.
16. &c, contre un, &aussi
lorsqu'entre deux coups
forts il y a trop de variété,
comme dans h rirmique
de neufcentre huit, dans
laquelle les temps compris
entre deux chutes ou coups
forts, fontcomposez de (8.
1.7.2.6.3.5.4.4.53.62.7.1.8.)
moments; au lieu que dans
la ritmique de quatre contre
trois, par exemple,les
tempscompris entre deux
coups forts sont ( 3. 1.2. 1.
I. 3. ) moments. Or ces
deux ritmiques renferment
une symmetrie éga
k; mais la premiere offreà
l'esprit beaucoup plus de
confusion
,
ainsi est-elle
bienmoinsagréable à l'oreille.
D'où je conclus que
le plus court &le plus leur
moyen pour juger de l'agrément
des Consonances,
c'est de marquer leur
ritmique sur une mesme
ligne droite, divisée, par
exemple, en douze parties
égales, pour la ritmique de
quatre contre trois, & pour
les autres à proportion, entre
lesquelles partieson dis.
tinguera ses quatre quarts
par une ligne droite, par
exemple, & ses trois tiers
par une ligne ondée; alors
cette ligne ainsi distinguée
presentera par les yeux à
l'esprit la nature de cette
Consonance,&on pourra
se l'imprimer aussi par l'oreille,
si l'on s'accoustume
à frapper sur une table ou
autre corps dur les coups,
& les tems marquez & distinguez
par ces deux sortes
de lignes, à peu prés comme
on apprend à battre
du tambour,des castagnettes,
des timbales,du daïre
& autres instruments de
percussion car par ce moyen
l'esprit, le goust ,&
l'habitude, auront chacun
leur partau jugement des
Consonances & des Disfonances.
On pourra par
la mesme methode comparer
des accords composez
de trois sons
Ut mi sol
, Ut fol ut, Ut sa la, &c. ou
de quatre ou d'un plus
grand nombre,
& par là
se satisfaireautant qu'il est
possiblesur un pareil sujet.
C'est surces principes, &
sur une experience de plus
de vingt cinq ans que je
vais ex pliquer les noms, la
nature & la perfection des
Consonances, pour passer
ensuite aux Dissonances
les plus usitées, le nombre
des autres estant infini.
Et pour abreger cetexamen,&
rendre lemoins
ennuyeux qu'il est possible,
je traitteray dansun mesme
article d'une Consonance
,
de son comple
f
ment,c'est-à-dire, decelle
qui accomplit l'oétave.
avec elle,&deses repliques.
On entend ordinairement
par une octave
une suite de huit Cons, &:
par la répliqued'une Consonance
ou Dissonance la
mesme Contenance ou
Dissonance augmentée
d'une octave; par saduplique
la mêmeCosonance ou
Dissonance augmentée de
deux octaves
,
& ainsi des
autres. Je crois qu'il est
aussi fort à propos de mettre
icy une fuite de nombre
dont nous nous servirons
souvent pour expliquer les
intervalles des fons & les
comparer entre eux, afin
; d'épargner au lecteur la
peine de faire des operations
d'arithmetique ennuyeuses.
Cesnombres sont
71.( 80.81.^0.96. 108.120.
14j. 144, que l'on peut
continuer à souhait, en
doublant seulement les
premiers comme le dernier
144. est doublé du I.
72. & je conseillemesme
à ceux qui voudront s'avancer
dans la theorie de la
Musique, de les apprendre
par coeur, parce qu'ils en
contiennent toute la perfection.
Des ConsOnances. De tVnifson
,
Comphmeïit3 çjr «
Répliques.
- Il y a peu de chose à adjouster
à ce que nous avons
dit cy -
dessus de l'unisson ;
on remarquera feulement
qu'un parfait unisson doit
unir tellement deux sons
qu'on n'en entende qu'un,
sans aucun fremissement
ou battement quelconque.
L'unisson ne fait doncautre
chose que multiplier la
force des sonsen laissant à
chacun son caractere particulier.
On peur envisager
l'unisson dans toutes
fortesde ritmiques, en ne
divisant point par pensée
tout le temps compris entre
deux cheutes; de sorte
que pluscescheutes seront
frequentes dans une ritmique,
& plus il y aura d'unissons,
plus les fons seront
unis & comme fondus
ensemble; & plus une
corde en mouvement fera
trembler ce lle qui est en
repos ; au restel'unisson à
Toélave pour son cotnpIeJ)
ment & pour sa replique
comme il est aisé de le voir,
&sa ritmique est I.
De l'Oflave
,
Complément
& Répliqués.
V. Si l'on fait sonner ensemble
deux cordesd'égale
grosseur &-,cenfion,m-ais,
dont l'une soit deux fois
plus courte que l'autre, un
peu moins comme d'un
centiéme environ, ce que
l'oreille feule peut decider,
on entendra une Consonancetres
agréable, à qui
l'on a donné le nom d'octave
, parce qu'il se trouve
dans l'usage le plus ordinaire
six fons différents,
encre ses deux sons. La
pluspart des peuples ont
donné à ces sons les noms
des premieres lettres de
leurs Alphabets. ( a,b, d,e.f.,g, c, h)(a,d,gh,
ya»yd»yg.yh-?Leslta- ,

liens & les François les ont
nommez (Ut, rc, mi, sa,
sol, la, si,ut,)(pa,ra, ga,
so, bo, lo
,
doTa ) pour
quelques commodtcezqu'il
seroit assez inutile de deduireicy.
Maiscommeune
Consonance aussi harmonieuse
que l'octave ne peut
procéder que d'un rapport
L.de tremblements tresparfaits,
leparfait ne pouvant
f¡,
naistre de l'imperfection
il , cil: évident que les premiers
Musiciens
,
soit Pythagore
, foit Lycaon ou
autres ont eu raison d'establir
que la ritmique de l'octave
consistoit dans le rapport,
du moins sensible, de
deuxcontreun, ou de deux
r
à un, ou sil'onveut de 144. à72.cy dessus. Je dis sensible
, car on peut eslever
t ou abbaisser tant foit peu
un des deux sons qui forment
une Consonance sans
presque l'alterer sensiblement,
à cause que la difficulté
que l'airsouffreà se
subdiviser
,
oblige les sons
à s'unir quand ils sont trespeu
éloignez de la Consonance.
Aureste l'octave
unit deux sons presqueaussi
parfaitement que l'unisson
mesme;c'est pour cela que
quand quelqu'un ne sçauroic
chanter à l'unisson
avec un autre, dont la voix
ca ou trop hauteou trop
ba(Te, il ne manque pre£
que jamais de chanter à son
octave. Et dans les coeurs
-
les voix des jeunes gens qui
n'ont point encore souffert
laMuance,sonttoutes à
l'octave, & souvent mesme
j à la double octave de celles
des hommes faits, comme
nous l'avons remarqué
dans le Memoire précedent
sur la voix. Il en effc
de mesme à l'égard des
voix des femmes. C'est
pourcela encore que l'on
confond dans la pratique
de la composition un son
avec ses octaves
,
& que
l'on ne fait point de façon
d'eslever tout d'un coup le
dessus, ou d'abbaisser la
basse d'uneou de deux octaves.
C'est auni pour cela
qu'on regarde les sons compris
dans l'octave, comme
un tout complet
,
& ceux
qui sont au dessus ou au
dessous des octaves comme
de simplesredites des premiers
, ainsi l'octave devient
par là un cercle musical
qui rentre perpetuel
lement en luy
-
mesme, &
qui n'a pour bornes que la
difficulté' de l'execution.
Enfinl'octavefiluneConsonance
sinaturelle, qu'on
l'entend
l'entend toujours meslée
avec le son des corps
qui ont une estenduë
suffisante comme dans le
t son des grosses cloches,
des longues cordes, des
t grandes tringues de fer,
&c. Ce quine peut provenir
que de ce coup qu'on
leur imprime ne fçauroic
comprimerqu'u, ne portion
de ces grands corps à la
fois, laquelle portion venantà
se débander excite
[es voisines à trembler
comme elle, &celles-cy
celles qui sont encore plus
éloignees,jusques àce gu.-
enfin le tout se soit mis
dans une especed'équilibre
d'agitation,qui ne se
fait jamais que quand les
deux moitiés battent l'une
contre l'autre. A l'égard
des longues cordes quel'on
tire violemment & qu'on
lasche ensuite
,
c'est la resistance
de l'air qui les divise
d'abord par ondes, &
leur ressort acheve le reste
commecy-dessus.On pourroit
adjouster icy que l'octave
se produit encore
comme d'elle-mesme dans
M 0 R T.
du Duc dJ.Alcnçon
LE Prince dont Madame
laDuchesse de Berry
estoit accouchée avant
terme le 26. de Mars,
& auquel le Roy avoit
donné letitre deDuc d'Alençon,
mourut le 16.Avril
âgé de 21.jour feulement.
Le 17. son corps fut conduit
à saint Denys , &
presenté par l'Evesque de
Séez premier Aumosnier
de Monseigneur le Duc
de Berry, accompagne
du Duc de S. Aignan
premier Gentilhomme de
la Chambre
,
& du Marquis
de Pompadour qui y
avoientesté envoyés par
le Roy avec vingt Pages,
le coeur fut porté aux Valde
Grâce.
On avoit promis le
Mercure passé des mémoires
sur les Familles de
Joyeuse & de Montholon,
- on lesa receus fort tard
,
on estobligé d'attendre le
mois prochain.
NOVVEL-LES
d'Espagne.
La Suspension d'A rmes
avec le Portugala cité encorerenouvellée
pour quatre
mois, & le Commerce a été
rérabli.
On publia le
1 8. Mars à
Madrid, la Renonciation
que le Roy a faite de ses
droits à la Couronne de
France Le Roy a fait envoyer
cir.quantw mille écus
en Biscaye, pour commencer
à travailler à la construction
de six Vaisseaux de
guerre. LeComte de Lexington
a offert à Sa Majesté
de la part de la Reine
de la Grande Breragne sa
MaitreETc
)
de lui fournir tous
ceux dont il auroit besoin
à son choix & à un prix trèsmodiquequiseroitdeduit
surce que les Anglois lui
doivent par leTraité fait avec
eux, pour fournir des Negres
à l'Amérique Espagnole.
Onmande de Madrid qu'on
esoie convenu avec 1Auh:-
t
,
duc d'un Traité pour l'évacuation
de l'Italie.
On écrit de L sbonne que
l'on renvoyoit les soldats
étrangers qui servoient dans
les troupes dePortugal: que
plusieursVaisseaux étoient
partis pour aller charger des
biez en Barbarie, & qu'un
Armateur François avoit amené
& vendu à Lisbonne
une prise Hollandoise chargée
des Soye & d'autres
Marchandises.
- Les Lettres de Barcelonne
portent qu'une Escadre de
Vaisseaux de guerre étoit
arrivée dans le Porc)&'lue
larchidiichcffcs'étoir servie
de cette occa ssan pour declarer
à la Deputation aux
Magistrats de la Ville que
l'Archiduc avoit esté obligé
de renoncer à-ses prétentions
sur la Monarchie d'Espagne
& par consequent d'abandonner
la Catalogne; cette
Declaration jointe aux plaintes
des peuples du Lampourdan
qui arriverent en même
tems de ce Gu'ds étoient abandonnez.
1 ,& obligez à
payer de grandes contributions
aux Troupes Françoises,
causa une extrême
consternation, & excita un
grand tumulte parmi les habitans
qui afficherent de tous
costez des Pasquinades: ce
qui faisant craindre à l'Archiduchesse,
qu'ils ne lui perdissentle
respect jdlefît menacer
1:5 principaux que s'ils
ne faisoient cener ces desordres,
elle feroit venir les
Troupes de France & d'Espagne
qui étoient à sa dispoflIon
pour les châtier, on
assureaussi qu'on parle
d'envoyer au Roy une Deputation
pour des propositions
particulieres.
D'autres Lettres plus recentes
portent qu'on y avoit
publié le départ de l'Archi.
duchesse qui devoit s'cmb.
nC]uer le 10. Mars avec
ses Troupes pour passer en
Italie; eue les ordres avaient
été donnez aux Munitionaires
Generaux de former
en diligence des Magasins
-
de farine & d'orge dans l'interieur
de la Catalogne pour
la subsistance des Troupes
qui y passeront, afin d'aller
prendre possession de Tarragone
&de Barcelonne, aussitoa
que les Allemans seront
sortis.
Nouvelles d*Allemagne.
On travaille à Vienne, aux
preparatifs pour la reception
de l'Archiduchesse qui doit
partir de Barcelonne vers la
fin du mois de Mars. On
assure que l'Archiduc est
convenu avec les Anglois
,
de
leur payer cent florins pour
chaque per sonne de la suite
de cette Princesse qu'ils
tranrporteront en Italie,
quarante florins pour chaque
Cavalier,& vingt-cinq pour
chaque Fantassin.
Les lettres de Strasbourg
du zi.MÀrs, portentqu'un
parti des Troupes
«
Françoises
, avoit surpris &
entierement défait quatre
Compagnies de Houssars
qui alloient de Philisbourg à
Landau, dont vingt -cinq
avoient été tuez, soixante
faits prisonniers, & beaucoup
de chevaux pris, sans
autre perte que de cinq
hommes tuez & treize blessez;
qu'un autre parti François
avoit défait quarante
hommes de la Garnison de
Traerbach; sur la Moselle.
Nouvelles dyfUtiecht.
Les Lettres d'Utrecht
portent que le 14. Mars on
y avoit fait un Traité ou Convention
pour l'évacuation de
la Catalongne & pour la
neutralité de l'Italie; il confîftc
en quatorze articlcs qui
contiennent en substance;
que toutes IcsTroupes des Alliées
sortiront de Catalogne
& des Isles de Mayorque &
d'Iviça; & afin quecela se
fasse avec plus de promtitude
& de sureté, il y aura par
mer &parterreen ce pays-là
une Suspension qui commencera
quinze jours aprés
qu'on y auraeuconnoissance
de cette Convention:le jour
que la Suspension commencera,
la Puissance qui doit
faire l'évacuation, remettra
à son choix, à l'autre, Barcelone
ou Tarragone, la
Suspensiondurerajusqu'à ce
que la Cour qui refiJc en
Catalogne ait elle transportée
en Italie avec ceux qui
la voudront suivre de quelque
Nation & condition
qu'ilssoient avec les
Troupes & leurs effets; &
comme le transport ne peut
pas se faire en une fois,
ceux qui resteront demeureront
en sureté dans des lieux
commodes, à condition de
remettre à l'autre Puissance
les endroits qu'ils occupent
à mesure qu'ils en sortiront.Letranspottcommencera
le plustost qu'il se
pourra, & le Commandant
de la Flore Agloise le detennloera,
aprés en avoir
conferé avec les Commisfaites
des deux partis. La
Cour, sa suite, ses Troupes
& leurs effets passeront en
toute fureté en Italie à la reserve
des canons & instrumens
de guerre qui se font
trouvez sur les lieux quand
ils ont esté occupez, & de
ceux qui feront marquezaux
armes de France; & si les
Vaisseaux estoientobligez
de les relascher dans les Ports
de France, on leur donnera
toute sorte d'assistance. On
n'arrestera personne pour
dettes, mais des Commissaires
les regleront, & les
eflages qu'on laissera pour
leur seureté. Les malades &
les blessezresteront, & pourront
s'en aller par mer ou
par terre avec des Passeports
qu'on leur accordera. Tous
les prisonniers faits dans la
guerred'Espagne seront rendus
de part & d autre. Les
Commandants des deux partis
regleront tout ce qui concerne
, la sureté, le sejour,
& la commodité de la Cour
& des troupes. Lorsque l'évicuation
commencera , on
accordera & publiera une
ample amnistie, en favcur
des peuples de Catalogne 8C
des Isles de Mayorque & d'Iviça
, moyennant laquelle ils
ne pourrontestre recherchez
surce quis'est paffe,àl'accafion
de la presente guerre.
A l'égard des Privileges des
Catalans & des habitans des
deux Isles, on est convenu
de remettre cette affaire à la
conclusion de la Paix, la
Reine de la Grande Bretagne
ayant declaré & le Roy Tres-
Chrestien fait declarer par ses
Plenipotentiaires, qu'ils y
employeroient leurs bons
offices les plus efficaces. On
a pris une pareille resolution
touchant la conservation des
biens, benefices, charges,
pensions & autres avantages
des Espagnols, des Italiens
& des Flamans, qui ont suivi
l'un des deux partis, & qui
voudront encore y demeurer.
On est encore convenu
avec le concours du Duc de
Savoye, qu'il yaura une suspension
d'armes par mer &
par terre, dans toute l'Italie
dans les ItLs de la mer Meterranée
: que pendant la
fui pen{i)n,toutes les contributions
militaires cesseront
dans les Etats du Duc de Savoye
possedez par la France,
où l'on se contentera des revenus
ordinaires:que les mêmes
conditions feront observées
dans les Provinces de
France voisines des Estats du
Duc de Savoye, & que le
commerce fera restabli durant
la suspension. Les choses
demeureront en IcaIJe en
l'estat où elles sont, & on
remet à les regler à la conclusion
de la Paix. Sa Majesté
Britanique veut bien
sur l'assurance que le Roy
Tres-Chrestien luy a donnée
pour lui & ses Alliez, se
rendre garant que la presente
Convention qui aura la
force d'un Traitésolennel,
fera observée dans tous ses
points. La presente Convention
fera ratifiée, & les
ratifications efchangées à
Utrecht, dans quatre semaines.
Nouvelles de Hambourg.
Les Troupes Danoises
qui reviennent des Pays bas
sont arrivées dans le Duché
de Bremen, où elles se rafraîchissent,
elles doivent bientost
passer l'Elbe pour aller
camper du costé de Lubck
afin de s'opposer à , la diversion
que les Suedois pourroient
entreprendre de ce
costé là
, avec les renforts
qu'ils attendent de Suede ef)
Pomeranie. Le General Stein-
-
bek fait fortifier les retranchements
qu'il a fait faire à
Gardingas, ou il est campé,
il les a fair garnir de palissades
&de plusieursgrosses pieces
de Canon. Les Moscovites
ont tâchéd'occuper quelque
postes avantageux pool cou.
:
,
per la communication entre
laCavalerie Suedoise & l'Infanterie
; mais ils ont esté
repoussez avec pertediscontinuentà
faire des Ponts sur
les Marais, les Canaux,&c
les Fossez ,pour s'approcher
de Tommingen,afin de le
Bombarder. Les Suedois de
leurcosté prennent toutes les.
precaurions possibles
- pour
empêcher l'effet du Bombardement.
Cependant le Roy
de Dannemartk met les Duchez
de Holstein
,
& de
Steswick ,sous contribution,
& la Vdlc de Hufum a esté
obligée de payé huit mil écus.
Les Habitans de la Ville de
Gottorp n'ont pu encore
convenir de la Comme qu'on
leur demande
t
& ils craignentd'y
estre forcez par -
execution militaire. On assure
que le Comte de Steinbock
a fait quelques propositions
au Roy deDannemarck pour
uneSuspension d'Armes. Le
Colonel Meyer Danois
,
qui
avoic esté détaché avec Uf1
Corps de Troupes pour occuper
rifle de Heilighlandt,
y a débarqué ôc il espereen
chasser lesSuédois quis'y sont
retranchez en leur coupant
les vivres.
Les Lettres de Coppenhague
portent que le Comte
Amiral Thomsen avoit fait
voile avec une Escadre de
Fregattes pourcroiser & empêcher
le transport des Troupes
que les Suedois preparent
à Gortenbourg
, & qu'on
travailloit en diligence àéquiper
la Flote Danoise. D'autres
Lettres de Wismar du
zS. Mars portent qu'un parti
de la Garnison en avoit défait
un Moscovite composé d'un
Lieutenant, & de vingt-cinq
Cavaliers dont neuf avoient
estétuez,&le Lieutenant
qui lesCommandoit avec les
quinze autres amenez prisonniers
: qu'on attendoit de
jour en jour un renfort de
Suede que quelques Frégates
Danoises
,
parmi lesquelles
il y en avoit une qui portoit
Pavillon Moscovite, croisoient
devantStralzund,pour
empêcher qu'aucunBâtiment
pur y entrer ni en sortir.
On écrit de Varsovie que
quelques Officiers Turcs &
Tartares ennemis du Roy de
Suede,qu'on croit avoir été
gagnez voulurent le con-
Zt>raindre ,à partir avec une
escorte trop foible pour le
mettre en sureté. Il fut en
mesme temps averti que ces
Officiers vouloient le livrer
a ceux qui les avoient gagnez.
Ces avis l'obligerent à se retirer
à Warnitza
,
où il avoit
fait bastir une maison, autour
de laquelle il fit faire
des retranchements. On le
pressa de retourner à Bender,
pour se preparer à partir.
Mais ille rcfufa; disant qu'il
vouloit attendre la réponse
du Grand Seigneur,auquel
M
il avoir écrit. Ils resolurent
de l'attaquer avec un grand
,
nombre de Troupes.b Le
combat commença le 11.
Févriervers les dix heures du
matin; ce Prince donna des
marques d'une valeur extraordinaire
;mais lesretranchement
ayant été forcez il se
retira dans sa maison, où il
continua de se deffendre jusqu'à
ce que le feu y ayant été
mis, il sur obligé de se rendre,
ayant reçu deux ou
trois blessures. Il futconduit
à Bender, où il fut tres bien
reçu par le Seraskier & par
le
.leK-andciTartares, qui selon
les apparances
-
avoient été
trompez par quelque ordre
surprisousupposéduGrand
Seigneurauquelle Seraskier
avoïc envoyé un Courier,
pour lui rendre compte de ce
quis'étoitpassé. On assure
que le Roy de Suede avoit été
envoyé à Andrinople avec
une escorte, accompagné de
fcs deux Secreraires d'Etat,
-Ll-c doux Generaux &
de quarante autres de ses
gens, que l'on rassembloit
- tous les Suedois & Polonois
faits prisonniers, qui étoient
bien traitez: que cet évenement
n'avoir rien changé
aux dispositions des Turcs
pour faire la guerre aux
Moscovites: que le Hospodar
de Valaquie avoit ordre
de fournir mille chariots, &
celui de Moldavie deux mille;
& que le Sultandevoit partir
d'Andrinople à la fin de Mars
ou au commencement d'Avril
pour se rendre à Buba
& à Ifacki vers l'embouchure
du Danube.
On mande de Berlin que
l'Electeur de Brandebourg
fait de grands changemens
dans sa Cour, & parmi Tes
Officiers, qu'il a fait Maréchaux
de Camp Généraux le
Comte de Lothum & un
Prince de Holstein, outre
les deux faits par le feu Electeur
; que de douze Chambellans
qu'ilyavoit, il n'en retient
que quatre; qu'il a diminué
les appointemens de
ses Ministres dans les Cours
Etrangeres; & on dit qu'au
lieu d'Envoyez il ne veut plus
y avoir que des Residents.
On assuremême qu'il veut
faire donner à loü ge ou à
ferme toutes ses maisons de
plaisance excepté Oranjenbourg,
Potzdam, Coponik,
Wilsterhausen & celle de
Charlottenbourg qui estdestinéepourl'Electrice;
qtill
a écrit de sa main au President
Dankelman qui avoit
été disgracié par le feu Electeur,&
l'a déclaréson premier
Ministre; qu'il luy a
fait rendre tous ses biens
confisquez durant sa disgrace,
& qu'il a voulu le
charger de la Direction de
toutes ses principales JffJlres.
mais qu'il s'cft excusé de l'accepter,
promettant neannloins
de lefervir de tout [on
pouvoir de ses Conseils dans
tout ce qu'il lui ordonneroit.
.MM0ORRTTSS...
Dame Charlotte Magde--
laine Pasquier deFranclieudes
Bergeries, femme de Messire
François de Cruffol, Comte
d'Uzés, esle morte.en couche
le-13.Miars âgée de38.ans,
elle étoic veuve de Monsieur
Hamclin, Fermier General.
Monlieur le Comte d'Uzés
ett freie de Monsieur le Duc
d'Uzé Pair de France, cette
Maison cil tres-ancienne &
connuë sous le nom de Crussol,
qui nous a donné sept
Ducs & Pairs de France,
depuis l'Election qui en fut
faite par le Roy Charles IX.
en 1j67. & Pair en 1572.
l'ancienneté de cette Erection
fait qu'il est premier
Pair'de France, étant le plus
ancien de tous les Pairs de
France, & en cette qualité il
a la premiere place des Pairs
au Parlement après les six
premiers Pairs Ecclesiastiques.
Ils ont pris la qualité
de Vicomte, puis Ducs d'Uzés
depuis l'Alliance que
Jacques de Crussol grand
Pannctier de France cinquièmeayeul
de Monsieur
Je Duc d'Uzés fit avec Simonne
d'Uzés., fille unique
& heritiere de Jean Vicomte
d'Uzés, & de Gillette de
Precigny ils ont des Alliances
des plus considerables,
comme sont celles de Pagan,
Poictiers, Lastil, Levy FIa.
rensac, Uzés,Galliot de Genoüillac,
Clermont Tonnere,
Ebcrard
,
Saint Sulpice,Apcher,
Sainte Maure., Montausier,
Grimaldy.Monaco
& qqLuJaJnntnitrée d'aauuttrreess [trreèssconsiderables.
Dame Catherine Rougé
J-Lntlle de feu François de
Ctequy, Marquis de Marines,
Maréchal de France mourut
à Pans le 5e Avril 171$..
âgée de70ans. Elleétaitfille
de Jacques Rougé, Seigneur
du Plessis-Belliere, Lieutenant
General des Armées du
Roy, qui mourut en 1654.
& de Sufanne de Bruc; elle
eut de son mariage François-
Joseph Marquis de Crequy,
Lieutenant General des Armées
du Roy, tué en Italie,
a
au combat de Luzarra le 15.
Aoust 1702. sans laisser de
posteritéd'Anne Charlotte
d'Aumont, & Nicolas-
Charles-François de Crequy
MarquisdeBlainville, Colonel
dul Régiment d'Anjou
Maréchal des Camps &Armées
duRoy, quimourutde
maladieàTournayle16 Mars
1696.sansAlliance, ainsi.Madamela
Mai échale de Crequy
n'a pointde posterité vivante.
La Maison de Rougé est
très ancienne;alliée à quantité
de Maisons très considerables,
comme sont celles
de la Tour Landi y, Beaumanoir,
Lavardin ( par la*
quelle ils sont alliés à celle
de Rohan) Chasteau-Giron
Tournemine, du Perier,
Comtes de Quintin, Rieux,
& quantité d'autres.
PARODIE
sur l'Egnime qui à pour
mot la Râpe à Tabac.
De deux différentes
matieres
La Râpe a le Corps
composé
De cmelLs dents berijfé
L'une d'Acier brife Les
pierres
L'autre suivant & le
goût & le chois
Esi de auelauemétal ou
bois.
Mille trous font fesyeux
dontelle nevoitgoute
.Maispourfuturesa route
Qt£en a t-ellebefom?
-
Rleéduuirrefeonpionuddrree eesfit tout
Le Tabaefinajoeil-
Sertà conduiresonménage
Pourl'odorat d'util usage
Avec elle ilfait de moitié
Deles travaux & deses
peines.
Mais Cruelle, quand ,tu t'enfers
Le clinquant f, ont les
cloux, sesfers
Cordons-. ficelles fontses
chaînes
Que tu ne lui romps qua
mesure
Que l'on voitpar tesfoins
dépérirsasigurs,
S'il ne peut rien sans toy
tu ne peus rienfans1
Vnbâton de Tabac pour
toycJcJl unmary
Dont tu finis bien-tofi la
antrdame il n'a que toi pour
sa femme
Turies gueres V£ttve
longtemps
Et quoy que rude,&mal
fi/jante
Que tes premiers époux
detoifoientpeucontens
Vn autre bien-toif Je
presente
Pour se froter contre tes
dents
Si tes autres Soeurs
occupées
AuSucre à la Muscade
emploisfriands &
doux
Font tant les petites
fkerées
Et/ontfaitespourd'autres
gouts
Tu Crivotfè avec tes
époux
Etsans les envier tu vois
leurs deftlnees.
Parodie de la seconde
Enigme, dont le -
motest le Zero.
Des sirabes jadis,
Zero, tu pris naissance
yîvec toi plus d'un chiffrey
J rvitaussi lejour
Sanspieds, tejle, ny bras
tu n'cft que ventre &
pense
Tout rond dans tafigure,
& pourtant fait au
tour.
Tes yiutheurs par caprice
en faisant le partage
Que les Chiffres ont eu -rioublièrent que toy
Maismalgrécette injufle
loy t4 te peux bien vanter
de ïavantare
D'augmenttr aÓchacun de
dix fois tout leur bien
C'ejf me[me là ton seul
usage.
Tu riaime point le lieu
d'honneur,
Paroissant à leurtefie ; on
te voitsans valeur
A leur fuite tu fais
merveilles
T'y mettre ou (en ojier
n'ejl point indiffèrent,
Il rieji point richesses
pareilles
A celles que dans un
infant
Avec un Ztro l'on
aÇemble
Jidais malhreureux, qui
te reffimble.
Par le Chevalier inconnu, de îai
ruë Pot-de-fer.
ENIGME ANCIENNE
de celles qu'on nommoit
autrefois
1
Logo grtfe ,
on donne le mot avec
l'Enigme, elle ne laisse
pas pour cela d'estre
difficile à expliquer;le
mot de celle-cy est
l'Orange.
Sansuser depouvoir
magique
Mon corps entier en
France a deux tiers
en Afrique
Ma tcftc najamais rien
entrepris en vall],
Sans elle en moi tout cft
divin
JefuisdfitZjpropre an
rustique
Quand on me veut osler
le coeur
Qj£avu pl?4S d'unefois
renaître le Lecteur
Dans mon êtresimple &
phijique
jefluuiis-rpproropprree aà lta cchhaaiirr
au-bùnquaupon
Mais si par hasard on
s'appltque
A me prendre d'autre
façon
Avec mon humeur
ph1erviatique
Je puis sans fiul effort
perdreplus d'un Gajcon.
Dame Jeanne de Monchy
veuve de Louis de Mailly
premier du nom est morte
le 13. Avril 1705.âgée
de 80 ans, elle étoit
fille de Bertrand Andié de
Monchy, Marquis leNisle
& de Magdelaine de Laval
-
aux Epaules. Elle fut mariée
par Contrat du 19. Avril
1630.
La Maison deMonchy
cft tres-ancienne & îiluftre
de Picardie, connue depuis
Henry Seigneur de Monchy
qui vivoit dans le douzième
siecle, divisée en pluficurs
branches. La premiere est
celle de Montcavrel, dont
cette Dame étoit sortie; la
seconde celle d'Hoquincour
de laquelle étoit le Maréchal
d'Hoquincour &grand Prevost
de l'Hostel qui fut tué
le13 Juin1658;latroisiéme
celle des Seigneurs d'Incucfsen
sortie de Jean de MJ onchy
Seigneur de Montcavrel,
& d'Anne Picard; la quatrième
celle de Caveron, &
d'Hennereux; la cinquième
celle de Senarpont; la
sixiéme celle de Moimont, dans toutes lesquelles branches
il y a eu des Seigneurs
de tres grande distinction,
& des alliances tres-illustres,
comme sont celles de Montcavrel,
de Lannoy, Picard,
Ailly; Devaux-d'Hoquincourt,
de Bal sac, d'Entragues
, de Bourbon-Rubempré,
Laval aux Epaules,
trois fois dans la Maison de
« Mailly, parce que Jean-
Baptistede Monchy Marquis
de Montcavrel frere de
Jeanne de Monchy Marquise
de Mailly, qui donne lieu à
cet article avoir épousé
Claude de Mailly fille de
René troisiéme Marquis de
Maillly, & de Marguerite de
Monchy, fille de Jean Marquis
de Montcavrel & de
Marguerite de Bour bon Rubempré,
lequel Jean- Baptiste
Marquis de Montcavrel,
frere de la Dame qui vient
de mourir étoit fils de Magdelaine
de laVal aux Epaules,
qui épousa en secondes noces
René troisiéme Marquis de
Mailly, qui donna sa fille du
premier lit, au fils de sa seconde
femme, ainsi on voie
par cette triple allianceque
la Maifpn de Monchy &
celle
celles deMadiy étoient alliez
tresétroitement, outre ces
alliances ilsen ont encore eu
avec Gouffier,Bonnivet, du
Chastelet, Rouxel de Medavy
, Estampes, Valancéy
Molé de Jussanvigny , , &
quantité d'autres tres considerables.
Madame la Matquise
de Mailly a veu de son
vivant sa posterité tresreplendissante,
voyant deux
de ses fils Chefs de deux
branches de
-
la maison de
Mailly. Monficur l'Evêquc
Lavaur qui vient de mourir,
Monsieur l'Archevêqued'Ar:
les, àpresenqt Archevesque
de Reims, & plusieurs filles
donc une Marié Louise
Magdclaine de Maillyfemme
de René,quatrième Marquis
de Mailly son cousin Au
deuxième au troisiémedeg-ré, ses deux fils qui ont fait
branche font; Louis de
Mailly Marquis deNeslequi aépouséen1687.Marie dq
Coligny,fille de Jean Comte
de h Mothe Saint jean de
la maison de Coligny-
chastlillon, dont nous avons
eu des Maréchaux & Amiraux
de France. De luy ett
f
forci Monsieur le Marquis
de Nesle, & Dame Charlotte
de Mailly qui épousa en
1671. le Prince Emanuel de
Nassau Siegen;le second fils
de Madame de Mailly est
Louis de Comte de Mailly
qui épousa Dame Marie-
Anne de Sainte Hermine qui
a nombre d'enfans, & entreautres
Madame Françoise de
Mailly épouse de Monsieur
le Marquis de la Vrilliere
Secretaire d'Etat, & Madame
la Marquise de Polignac.
Le Roy a nommé pour
Successeur de Monsieur le
CardinaldeJanson à l' Eve-;
ché de Beauvais Monficur
l'Abhé de Saint Aignan,
frere de Monsieur le Duc
de Beauvilliers, & fils du sécond
lit de - feu Monsieur le
Duc de Saint Aignan, Pair
deFrance,& de Dame Marie
Françoise de Heré de
Rancé. Beauvilliers est une
maiso ancienne de Berry,
dont étoit JeandeBeauvilliers
qui épousa en 1428. Alix
d'Estouteville par cette alliance
;on p ut voir en que le
çftime étoit dans ce temps
la maison de Beauvilliers.
Merry de Beauvilliers Baron
de la Ferté, s'allia avec
Jacquette dTHampes, &
sa soeur Marguerite épousa
Robert d'Etampes Marquis
de Salabris. Merry épousa
en seconde noces Louise de
Husson Dame de Saint
Aignan de laquelle il eut
beaucoup d'enfans, René
Comte de Saint Aignan
continua la posterité, trois
de ses filles furent alliées,
l'une à Jean du Bec Marquis
de Vardes; une à
François de Beauvau, de la
branche du Vivant ; & une
à René Taveau Baron-de
Mortemer. De René il ne
sortit qu'unfils, Claude de
Beauvilliers Comte de Saint
Aignan qui épousaRenée
Rabon fille de J:.an Seigneur
de la Bourdaisiere; il tut plusieurs
ensans , entr'autres
Honnorat de Beauvilliers
Comte de Saint Aignan, qui
épousa Jacqueline de la Grait.
ge fille de François Seigneur
de Montigny Maréchal de
France; il aesté Pere de François
de Beauvilliers premier
Duc de Saint Aignan
,
perc
de Monsieur le Duc de Beauvilliers,
de Monsieur le Duc
de Saint Aignan, de Mon- *
sieur l'Evesque de Beauvais
& de quantité d'autres ensans.
Une soeur deFrançois
Duc du SaintAignan epousa
en 16ig. Hippolice de Bethune
Comte de Selles, Chevalier
des Ordres; de laquelle
est sorti la branche1 des
Comtes de Bethune & de
Charost.
Sa Majesté a aussi donné
l'Abbaye de Marchiennes au
Cardinal Ottoboni.
L'Abbaye de S. Pierre de
Corbie, vaccante par ledecés
de Monsieur le Cardinal de
Janson au Cardinal de Polignac.
Ce Prélat s'est fait distinguer
par les grandes negociatious
dont il a esté
employé par sa Majesté, &
dms toutes lesquelsils sest
toujours acquité avec gloire
la maison de cet illustrePrélat
est des plus anciennes &
desplus illustres, étant de la
maison deChalençon qui
a pris le nom de Polignac depuis
que cette maisonest
fonduë par un Mariage dans
celle de Chalençon. Il est fils
de Louis Armand Vicomte
de Polignac Marquis de Chalençon
Chevalier des Ordres
du Roy, &d'Isabelle Esprit
de la Baume soeur du Maréchal
de Montrevel, & frere
de Monsieur le Marquis de
Polignac qui a épousé en
premiere noces Marie- Anne
de Rambures, & en seconde
nôces Françoise de Mailly
On parlera plus au long le
mois prochain de la maison
de Polignac.
MO RTSMessire
Charles Marquis
de Sevigné, Seigneur des
Rochers, &c. Lieutenant
General pour le Roy de la
Ville & Comté de Nantes,
mourutle 2. 7. Mars 171 3.
Dame Charlotte Rolland,
épouse de MessireNicolas de
Paris, Seigneur du Pasquier,
Conseiller au Parlement
mour le premier Avril
171 5.
DameEleonore de Tuf--
seau Baronne de Sautour,
veuve de Messire Achilles
Eleonor de Fresnoy
,
Chevalier,
Marquis de,Fresnoy
,
Seigneur de Neüilly en-Teil,
,&c. Maréchal des Camps &
Armées du Roy, mourut le
4. Avril âgé de 83. ans.
Messire Nicolas Bourré,
Prestre, Docteur & Doyen
de la Faculté de Theologie
de Paris.,mouruc le 10. Avril
âgé de
MessireJean Antoine
d'Hervart, Chevalier) Seigneur
deBois-le-Vicomte,
Mitry, &c. mourut le i14'1.
Avril.
Messir Robert Bruneau,
Conseiller de la Grande
Chambre, mourut le 16.
Avril.
Dame Marguerite Françoise
de la Porte, épouse de
Messire Jean Nicolas de
Pleure, Seigneur de Romilly
Conseiller au Parlement,
mourut le 15. Avril.
Dame Claude Magdelaine
Habert de Montmor,veuve
de MessireBernard de Rieu,
premier Maistred'Hostel ordinaire
du Roy, mourut le
ip. Avril en sa cinquanteneuviéme
année.
Messire Jean François
Felix Arnaud de Pomponne
est mort le vingt deuxiéme
Avril en sa dixième année;
il cft fils unique de Messire
Augustin Arnaud Marquis
dePomponne, & de Dame
Constance de Harville
Paloiseau,&neveu , de Monsieur
l'Abbé de Pomponne
Conseiller d'Etat,&de Madame
de Torcy.
La famille d'Arnaud de
Pomponne vient d'Auvergne,
alliée à celles de
Barjot du Bourg dont un
Chancelier de France, Forget
dont un Secretaire d'Etat,
Marion, si!!.c de l'A veeu
généralMarion, de laBroderie
& l'Avocat, qui font les
alliances de la ligne diredte
depuis Henry Arnaud Gouneur
de la Ville d'Herment
en basse Auvergne. Ilsonteu
deshommes de grande érudition
& entr'autres le fameux
Antoine Arnaud
Dodtcur de Sorbonne, illuiïre
par son érudition&
par ses oeuvres qui mourut
en 1694.lequel étoit le vingruniéme
enfant d'Anrolne Arnaud
deuxiémedu nom Avocar
en Parlement si fameux
que le Roy HenryIV. vint
exprés pour l'entendre plaider
& lefîtConseiller d'Etat,
& deCatherine Marion qui
eue encore un izç enfant.
De ce mariage vint aussi
Henry Arnaud Evesque
d'Angers qui mourut en
1692, six de ses filles furent
Religieuses à Port- Royal
desChamps,dont l'une nomméeAngélique
y sur Abbesse
& Catherine Marion sa mere
étante veuve se rerira auprés
de sa fille;s'y fit Religieuse
& y mourut; on peut dire
que tous les descendans de
cette famille se sont toûjour s
fait distinguer tant par leur
vertu, leur merice leurs emplois
& leur érudition.
RELATIOM
envoyée à Mr Rigaud par
,
Cb f
, un defèsamis quirfià
Cadixdu 11.Févrieriji3. vOicy un fait que vous
n'avez jamais veu, ny
ouï parler. LHostesse où je
loge actuellement a chez »elle une petire Niéce, belle
& blonde de l âge de six ans;
elle à les yeux du plus bel
outremer qui se voye, sur
lequel sont marquées toutes
les Lettres de l'Alphabeth
d'un petit filet blanc, en
Caracteres Italiques, coures
rangées, le bas des Lettres
au centre de la Prunelle, distinctes
les unes des autres, &
formées d'une justesse telle
que vostre Pinceau le pourroit
faire.
L'Alphabeth Espagnol
n'a que vingt trois Lettres;
la nature pour les distinguer
des nostres en a mis douze
sur la prunelle de ¡.oeil droit,
& onze sur celle de l'oeil
gauche.
Mais comme les distances
des Lettres sont égallement
o1bkrrvercs, ainsi que les
groiIeurs; il esteroit la
place d'une Lettre dans la
prunelle gauche; si cetexcellent
Artiste ne l'avoit rempli
d'une espece de petite
rose ou ornelncru) tel approchant
qu'il y en a autour de
la Monnoye en France;
quand les mots qu'on y met
ne remplissent pas le cercle
de la piece&ces yeux là son
fort bons &forts sains propres
& disposez à tres bien
faire leur mêtier dans la
fuite. L'indolence des Espagnols
ne leur laisse pas faire
attention à cet espece =
prodige, en sorte que fcs
yeux là ne les émouvent pas
plus que les autres à l'ordinaire
: cependant je les crois
dignes de toute l'attention,
non de Messieurs de l'Academie
des Inscriptions, car
la fille est iiiodcrne,& il ne
leur faut que des Médailles
du plus antique; mais de
Messieurs de l'Academie
Royale des Sciences, qui
ont pour objet principal,
toutes les parties de la Philfique.
Qoiquece foenomene soit
trcs- singulier dansla nature
il ne lame pas dy en avoir
eu d'aussi extraordinaires &
tres averez dans les journaux,
&c.
Une Poulc faitunoeuf,
lequel estans caffé dans lemesme
tems il en fort un
petit Canal d qui crie hannemanus,
attribuë celaàl'imagination
de la Poule & prétend
que cette imagination
peur tout pourvu que les organes
sur lesquelselleagit b Ine
soient point corrompus
le poulet avec une teste
d Epervier. Le Soleil peint
dans unoeuf &c. font pareil-
lemcnt effets de l'imagination
dont l'effet prouvetoit
que les semences ne sont
point absolument determinées
à certaine espece. Il
croit que les petits serpents
trouvez dans un oeuf provenoient
de la semence de
Serpent qu'avale la Poule
gourmande.
Copie de la Lettre de Monficur
le Lieutenant General de
Spaar à MonjieurleComte
de Velingt dattée de Bender le Marsi7i3.
J'ay rendu compte a
VostreExcellence dans ma
derniere, dattée du 2. 5. Février,
de la situation broüillée
de nos affaires en ce païscy
; je m'y raporte, &
supplie VostreExcellence,
de vouloir bien avoir foin
que nos Lettres de Change
soient honorées en attendant
le secours que nous attendons
incessamment dAndrinople
dont nous avons reçu aujourd'huy
un Exprés de nostre
Roy, qui est Dieu mercy en
bonne santé, & qui nous
fait mander que le Grand
Seigneur ayant ordonné au
General Poniatofski d'aller
au devant de Sa Majesté, avec
une nombreusesuite d'Officiers
Turcs, luy avoit fait
donner des assurances de son
amitié & de sa ferme resolution
de faire la guerre aux
Moscovites;qu'on avoit fait
meubler magnifiquement un
Serrail prés d'Andrinople
poury logerSaMajesté,& où
le Grand Seigneur veut conferer
avec Elle incessamment;
aprés quoy nous esperons
de revoir bien-tost nostre
cher Roy & le suivre avec
une nombreusearmée pour
allerjoindre nos gens J'ose
me flater & fuis leur que nos
affaires prendront incessamment
un bon train; sur tout
s'il estoit vray comme on
nous le dit que Monsieur de
Stecmbok a batu les ennemis
en Holstein.Je suplie Vostre
Excellence de vouloir bien
me donner avis de ce qui
se passe chez elle sur ce qui
nous regarde; j'auray foin
de l'informer exactement de
ce que nous aurons de nouveau
icy. Je suis, &.
Origine des Ducs tÏAUnçon.
Alençon, Duché-Pairie
en Normandie sur la riviere
de Sarre,aétédonné
en appanage à M. le Duc
de Berry par Lettres du
mois de Juin 1710. verifiées
en Parlement le 10. Juillet
suivant.
Alençon a eu des Seigneurs
particuliers, & fut
acquise par le Roy Philippe-
Auguste, & saint Louis
la donna avec titrede Comté
à son filsPierre, qui
mourut sans posterité de
Jeanne de Châtillon son
épouse,au retour du voyage
d'Afrique le 6. Avril
1283. Depuis le Roy Philippe
le Hardi le donna à
son fils Charles de France
Comte de Valois, qui en
fit l'appanage de. Charles
de Valois ion second fils,
qui a été la tige des Comces
& Ducs dAlençon, finie
à Charles Duc d'Alençon,
qui mourut sans posterité
en 1525.
Charles de Valois, Comte
d'Alençon, futmarié
deux fois: la premiere en
1314. à Jeanne de Joigny,
de laquelle il n'eut point
d'enfans; & la seconde en
1336. avec Marie d'Espagne,
Comtesse de Biscaye
, &
Dame de Lara en Castille,
qui le rendit pere de plusieurs
cnfans
,
& entr'autres
de Charles & Pierre,
qui furent tous deux Comtes
d'Alençon l'un aprés
l'autre. Charles, qui fut
troisiéme du nom )
Comte
d'Alençon, ayant embrassé
l'étatecclesiastique, fut Archevêque
de Lion,laissa
le Comtéd'Alençon
à son frere cadet Pierre,
qui prit alliance avec Marie
Chamaillart
,
fille de
Guillaume Chamaillart,
Seigneur d'Anthenaise, qui
le rendit pere de Jean Comte
d'Alençon premier du
nom, en faveur de qui le
Roy Charles VI. erigea en
Duché-Pairie Alençon le
premier Janvier 1414.verifié
en Parlement le ij.
May 1415. Il fut allié par
mariage avec Marie, fille
aînée de Jean V. du nom,
Duc de Bretagne. Il fut pere
de Jean II. du nom Duc
d'Alençon, Pair de France,
qui fut marié deux fois: la
premiere avec Jeanne d'Orleans,
fille de Charles Duc
d'Orléans; & la seconde
avec Marie d'Armagnac,
fille de Jean IV. Comte
d'Armagnac
,
de laquelle
il eut René Comte d'Alençon,
marié en 1488. à Marguerite
de Lorraine, fille
de Ferry de Lorraine, Comte
deVaudemont, &d'Yoland
d'Anjou. Ce Prince
mourut en 1492. laissant
Charles son fils, qui fut
Duc d'Alençon aprés lui,
lequel épousa Marguerite
d'Orléans, dit de Valois,
soeur du Roy François Premier.
Il mourut sans posterité
en 1525 ainsi le Duché
d'Alençon fut reüni à la
Couronne. Le Roy Henry
II. le donna à son troisiéme
fils Charles, qui fut depuis
Roy de France neuviéme
du nom, qui fit Alençon
une partie de l'appanage de
son frere François,qui fut
Duc d'Alençon, de Tou.
raine, d'Anjou, de Berry,
&c.Il mourut sans posterité
fie sans alliance en 1584. ain-
,
si leDuché d'Alençon fut
encore reüni à la Couronne,&
il fut engagé pour
plusieurs sommes au Duc
de Vvirtemberg
,
qui fut
remboursé par la Reine
Marie deMedicis, qui le
renira; & depuis donné pour
partie de l'appanage à Gastonde
France, Duc d'Orleans,
après la mort duquel
Isabelle d'Orléans,sa lîlle
du second lit, l'eut en appanage.
Elle épousa Loiiis-
Joseph de Lorraine, Duc
de Guise, qui mourut en
16 7 1. laissant un seul siss;
qui fut François de Lorraine,
Duc d'Alençon, de
Guise, &c. qui mourut âgé
de cinq ans en 1675. & Madame
la Duchesse d'Alençon
& de Guise, sa mere,
étant morte en 1696. le Duché
fut encore reüni à la
Couronne, & ensuite donné
en 1710. à M. le Duc de
Berry, qui en a donné le
nom à son fils aîné, qui
vient de naître le 26. Mars
1713. & elt mort le
Avril suivant.
M. le Duc de Louvigny
a pris seance au Parlement
en qualité de Pair de France
le 6. du mois d'Avril; Se
quoy qu'on le nomme Duc
de Louvigny
,
il est cependant
Duc de Gramont. Le
nom de Louvignyn'est que
la qualité qu'il portoit avant
d'être Duc de Gramont,&
l'on peut dire que
nous avons aujourd'hui
trois Ducs de Gramont qui
Vivent en même tem ps ; ravoir, M. le Duc de Gramont,
M. le Duc de Guiche
sonfils, & M. le Duç
de Louvigny,fils de M. le
Duc de Guiche,& petitfils
de M. le Duc de Gramont.
Cependant il n'y a
que M. le Duc deLouvigny
qui soit titulaire, comme
je le dirai ci-aprés.
La Duché de Gramont,
qui est un bourg dans la
basle Navarre
J
rut
érigée
en Duché par le Roy Loüis
XIV. qui donna d'abord un
Brevet de Duc le
1 5. Decembre1643.
en faveur
d'Antoine Comte de Gramont,
second du nom, qui
mourut en 1644. La même
année le Roy donna de nouvelles
Lettres en Duché-
Pairie en faveur d'Antoine
troisiéme du nom, son fils,
qui fut Duc de Gramont,
Pair & Maréchal de France
;
lesquelles Lettres furent
vérifiées au Parlement
le 15. Décembre 1663. Ce
Maréchal de Gramontépousa
Marguerite deChivré,
fille de Hector, Seigneur
du Plessis, & mourut
en 1678. Il eut pour fils
Antoine quatriéme du nom
Duc de Gramont, Pair de
France, après son pere. Il
épousaen1668.Marie-Charlotte
de Castelnau, fille de
Jacques deCastelnau, Maréchal
de France; duquel
mariage est forti Antoine
de Gramont, Comte de
Guiche, quiaépôusé Marie-
Charlotte de Noailles,
- fille d'Anne-Jules Duc de
Noailles, Pair & Maréchal
deFrance. Ce sur en faveur
de ce mariage que M.
le Duc de Gramont son pere
se démit de la Duchéen
faveur du Comte de Guiche
son fils, le Roy lui
ayant donné un Brevet
pour lui conserver les honneurs
de Duc: & parcon.,,.
sequent leComte de Guiche
est Antoine cinquiérne
du nom, Duc de Gramont,
connu fous le nom de Duc
de Guiche, pour le distinguer
d'avec Monsieur son
pere, qui est connu fous le
nom de Duc de Gramont;
comme aujourd'hui on dit
tingue M. le Duc de Lou--
vigny /qui est cependant
Duc de Gramont, par la
cession que le Duc de Guiche
son pere a faite en sa
faveur, en le mariant en
1710. avecLoüise-Françoise
d'Aumont
,
fille de M. le
Duc d'Humieres
,
le Roy
ayant accordé à M. le Duc
de Guiche un Brevet comme
à M. le Duc de Gramont
, pour lui conserver
les honneurs de Duc. Ainsi
on peut dire qu'il y a aujourd'hui
trois Ducs de Gra.
mont vivans : maisil n'y a
que le dernier de titulaire.
Le 18. du mois de Mars
M. le Duc d'Albret prit
seance au Parlement en
qualité de Pair de France.
Albret, ville & pays en
Gascogne, dans les Landes
de Bordeaux, fut érigé en
Duché par le Roy Henry
II. en 1556. en faveur d'Antoine
de Bourbon Roy de
Navarre,& de Jeanne d'Albret
son épouse. Henry IV.
Roy de France, leur fils,
reunit le Duché d'Albret à
la Couronne de France lors
qu'il y fut parvenu. Le Cardinal
de Richelieu posseda
le Duché d'Albret par engagement,
aprés lequel il
a passé à Louis second du
-nom ,
Prince de Condé,
--*h
au moyen de son mariage
avec Dame Claire Clémence
de Maillé-Breze,
niece de M. le Cardinal de
Richelieu. Le Prince de
Condé eut en échange le
Duché de Bourbon en1651.
Henry -
Jules de Bourbon
fan fils porta en sa jeunesse
la qualité de Duc d'Albrec.
En 1651.leRoy Loüis
XIV. traita avec Federic-
Maurice de la Tour d'Auvergne,
qui lui ceda la
Principauté, de Sedan & de
Raucourt ; &enéchange
le Roy lui donna le Duché
d'Ald'Albret,
celui de Châteauthierry
, pour en jouir du
jour de la premiere érection,
& aussi le Duché d'Evreux
en titre de Comté,
avec le Comté d'Auvergne
; ce qui fut vérifié le
20.Février 1651. Ainsi par
cet échange Federic-Maurice
de la Tour d'Auvergne,
Duc de Boüillon, fut
Duc dAlbret, de Châteauthierry,
Comte d'A uvergne
& d'Evreux, lesquels
ont passé à Godefroy. Maurice
de la Tour d'Auverr
gne son fils père d'Emanuel-
Theodose de la Tour
d'Auvergne, aujourd'hui
Duc d'Albret, lequel a
épousé en 1696. Dame Armande-
Vidtoire de la Tremoille
)
fille de feu M. le
Duc de la Tremoille, & de
Dame Madeleine de Crequy.
On peur voir les ércdions
de coures ces Duchez
& Pairies de France
dans les onze Cartes de
tous les Ducs Pairs, & des
-
Duchesses leurs épouses,
que M. Chevillard,Genea- i
-
logiste du Roy, ôc Historiographe,
adonnées au Public
il y a quelques années
MORT.
Le 29. Mars Messïre Renflé
Gillier,Marquisde Clerembaut,
premier Ecuyer
de feuë Madame la Duchessè
d'Orléans, & Gouverneur
de Toul, mourut
à Paris, âgé de cent un an.
Il avoit épousé Marie le
Loup de Bellenave, de laquelle
il a eu Madame la
Duchesse de Luxembourg,
seconde femme de M. le
Duc de Luxembourg, Gouverneur
de Normandie..
La famille de Gillier est
ancienne; elle était connuë
dés l'an 1329. fous le
regne du Roy Philippe de
Valois, que vivoit Guyot
Gillier, Ecuyer Seigneur
de Forges.
POESIE
nouvelle.
TRADUCTION.
Epître de Sapho à Phaon. E St-ced'un faux espoir
me laisserprévenir,
Que de me croire encor
dans vôtre Souvenir?
Mon coeur avecraison a-t-il
dule promettre
Que vous aurez connu doù
vous vient cette lettre ?
Ou mon nom seulement
vous aura-t-il tiré
D'un douce où sans cela
vous feriez demeuré?
Je pense déja voir que vôtre
esprit s'applique
A penetrer pourquoy je renonce
au Lyrique:
Mais pour peindre l'horreur
des maux que je
ressens,
L'Ode me prêteroit de trop
foibles accens.
Semblable à ces moissons
que ravage la flâme,
Par les feux de l'amour je
sens brûlermoname:
Tu vois l'Etna,Phaon;mon
coeur trop enflamé
De même que cemontest
de feux consumé.
En proye aux vifs transports
que ton amour
m'inspire,
Je cherche, mais en vain
les accords de ma lyre.
Pour chanter les Héros, les
Dieux & les combats,
Il faudroit être libre, & je
ne le fuis pas.
Les Muses dont mon coeur
reconnoissoit les charmes,
N'ont plus pour m'arrêter
1 que d'inutiles armes.
Mais pourquoy rappeller
des soupirs mal placez,
Ingrat?ta réunis tous mes
feux dispersez.
Je n'ai pu regarder tes
beaux yeux, ton visage,
Sans de l'amour pour toy
sentirtoute la rage;
Mon coeur pour te bannir
prit des foins superflus,
Il te trouvoit plus beau qu'-
Apollon & Bacchus.
Entre ces Dieux & toy la
feule difference,
C'est qu'ils ont de l'amour
reconnu la puissance;
Ariadne & Daphné leur
donnedonnerent
des fers,
L'une & l'autre pourtant
ne faisoient point
de vers.
Pourmoy toujours le Pinde
en richesses abonde,
Et l'éclat demon nomvole.
par tout le monde.
La nature, il est vrai, par
un peu de beauté
N'apasmontré pour moy
sa libéralité:
1 Mais j'enfuis par l'esprit
assez recompensée
Puisque , je fuis par là connuë
autant qu'Alcée.
Voudrais-tu Seulement recevoir
des liens
De celles dont les traits
ééogalleerroonntt les ttiieennss??
Ah l dans ce vain espoir si
ton ame s arrête,
Jamais femme ne doit s'atd
tendre à ta conquêIl te.
Ainsi
,
sans t'amuser à de
vagues projets,
Viens par un promt retour
expier tes forfaits.
Quand tu lisois mes vers,
je te paroissois belle,
Rien n'eût pu te forcer à te
rendre infidele,
Disois-tu. Pénétré de l'ardeur
de mes sons,
Ton coeur s'abandonnoit à
mes tendres chansons.
Un jour,pleine du feu qui
cause mon martyre,
Aux accens de ma voix je
mariois ma lyre :
Il m'en souvient encor; de
precieux momens
N'e;seffacentjamais de l'es- prit des amans.
Transporte du plaisir où se
-
livroit ton ame,
Tu me donnoisalors des
,
baiserstout de flame;
Alorsjete charmois, je regnois
iur ton'Coeur,
Lui-même il avoiioit sans
honte son vainqueur.
De ces rems fortunez la
trace évanouie
Me laisse le regret d'avoir
été trame.
La Sicile te voit offrir de
nouveaux voeux,
Elle voit éclater tes infideles
feux.
Dieux puissans! faloit-il me
faire Lesbienne?
Que ne m'avez-vous fait
naître Sicilienne?
Et vous,jeunes Beautez,
quand par les voeux
offerts.
Phaon vous veut marquer:
qu'il reconnoît vos fers,
Si comme un tendre amant
vous le voyez paraître,
Tremblez de croire trop ce
, que dira le traître;
Il aura beau jurer de mourir
fous vos loix,
Ce que dira l'ingrat, ilme
l'a dit cent fois.-
Et toy, Venus, & toy qu'on
adore enErice,
Si jamais tu daignasme voir
d'un oeil propice,
Si jamais tu reçus mes vers
avec plaisir,
Sois, pour me le prouver,
promte à me recourir;
Ne laisse point languir mon
coeur dans le murmurey-
Et si je fuis à toy) viens vanger
mon injure.
Mais que. je crains, helas !
que mes voeux rejettes
Ne soient pas feulement devenus
ecoutez.
A me persecuter la fortune
confiante
t
Ne lui permettra pas de - remplir mon attente;
Il faut me préparer à de nou-
; • ; veaux combats.
l-Ié quoy donc, fort cruel
n'es-tu point , encor las?
A peineje goûtois les douceurs
de la vie,
Qu'au jour que je voyois
ma mere fut ravie,
Et mon frere arrêté par d'indignes
liens
Perdit en même tem ps son
honneur & ses biens.
Abattu, consterné
)
reduit
dans la misere,
Ilfit choix sans rougir du
métier de Corsaire;
Pour prix d'avoir voulu lui
parler librement,
Je m'attirai sa haine & son
emportement; Dudestin irrité le barbare
caprice
Me donne dans ma fille un
surcroît de supplice,
Et, pour comble de maux
tes nouvelles amours
Me forcent d'appeller la
mort à mon secours.
Languissante & cedant aux
malheurs que j'endure,
Mes cheveux surmon col
tombent à l'avanture;
Je ne regarde plus ces ornemens
pompeux
Dont je faisois ma joye en
un temps plus heureux.
Eh! pourquoy tous ces soins
& cette étude vaine t
Celui qui la causoit vient de
briser sa chaine.
Je pleure, je gbemis, & mon coeur agité
T'aime encore malgré ton
infidélité.
Soir qu'ainsi lait voulu ma
triste destinée,
Qu'aux horreurs de l'amour
je fusse condamnée; Soit que T * *•, en moy
causant ces mouvemens,
Ait disposé mon coeur aux
tendres sentimens.
Mais dois je m'étonner de
ce que ta jeunesse
A sçû sans nul effort surprendre
ma tendresse ?
J'ai craint plus d'une fois
que les Divinitez
Ne se laissassent trop fur-
,
prendre à tes beautez.
Ah
! par un prompt retour
rends le calme à mon
ame;
Viens de nouveau, Phaon,
te livrer a ma flâme,
Je ne demande plus pour
prix de mon ardeur
Que tu payes mes feux par
le don de toncoeur;
Ce seroit trop oser. Que je
t'aime ôc te voye,
Cela suffira seul pour me
combler de joye.
Pendant que je t'ecris songeant
à mes malheurs,
Je baigne ce papier d'un deluge
de pleurs,
Je pense en ce moment à
ta suiteinfidelle.
Helas! quand j'en appris la
premiere nouvelle,
Lorsquequelqu'un me dit,
Phaon est disparu,
Interdite & confuse à ce
coup imprévu,
Dans l'horreur des tourmens
dont j'éprouvai
l'atteinte,
Je voulus, mais en vain,recourir
à la plainte;
Je voulus m'écrier,& ne le
pus jamais,
Un froid mortel lioit ma
langue à mon palais:
Pour soulager les maux
dont mon ame étoit
pleine,
Je ne pus par des pleurs
faire éclater ma peine:
Mais dés que j'eus repris l'urage
de mes sens,
Me livrant toute entiere a
mes malheurs pressans,
Employant contre moy
mes foibles mains pour
armes,
Je me voulus punir d'avoir
manqué de charmes.
Ah ! de quoy m'ont servi
ces vains emportemens?
Mon coeur aime toujours
l'auteur de ses tourmens.
En vain pour t'oublier je me
- fais une étude
De réfléchir sans cesse à
ton ingratitude.
Bien loin d'être en état de
suivre ce conseil,
Je tetrouve par-tout, même
dans le sommeil
;
Et lorsque sa bonté donne.
, treve àmes larmes,
Il te montre à mon coeur
avec de nouveaux
charmes,
Il te presente à moy dans
ces momens trompeurs
Où tu m'avois juré d'éternelles
ardeurs.
Mais cette illusion dont
mon ame est frapée
Au lever de l'aurore est d'abord
dissipée,
Et j'accusePhebus par mes
frequens soûpirs
De venir éclairer trop tôt
mesdéplaisirs.
Je cherche des forêts les
détours les plus sombres,
Pour les ensevelir dans
rhorreur de leurs ombres,
Et ces bois confidens de
mon bonheur passé
Voyent par mes regrets leur
repos traversé.
Telle qu'une Bacchante à
ses fureurs livrée,
Je cours sans observer une
route assurée,
Et mon esprit errant sur
cent objets divers,
Me conduit quelquefois
dans ces bocages verds,
Dont les arbres toufus & le
séjour tranquile
Prêtoient à nôtre amour un
favorable azile.
J'ai reconnu l'endroit où
)
recevant tes voeux,
Je faisois mon bonheur de
répondre à tes feux,
Et rappellant de toy jusqu'à
la moindre trace,
J'en garde un souvenir qui
jamais ne s'efface.
Ce fatalsouvenir banissant
maraison,
D'un deluge de pleurs j'inonde
le gazon;
Les arbres attendrisdutourment
que j'endure,
Semblent perdre pour moy
l'éclat
l'éclar-de leur verdure,
Et les oiseaux touchez de
mescuifàns soucis,
N'osent par leurs chansons
-
interrompre mes CrIS;
Ils respectent mes maux. La
seule Philomelle
Exprime par ses chants sa
;
douleur immortelle;
Tout le reste insensible à
l'horreur qui me suit,
Garde un silence égal à celui
de la nuit.
Auprès est un ruisseau qui
dans sa course lente
Sur un sable argenté parmi
les fleurs serpente;
Ses bords de toutes parts de
saules entourez
- Au Dieu de la forêt sont,
diton,consacrez.
Proche de ce ruisseau je-,
tois un jour couchée,
Ma tête sur un bras languisfamment
panchée,
Ayant devant les yeux tes
injustes mépris;
Une Nymphe s'offrit à mes
regards surpris.
Puis qu'au gré de tes voeux
tu ne peux, me dit-elle,
Remettre dans ses fers le
coeur d'un infidele,
Loin que son changement;
doive exciter ces pleurs ,-
Par un pareil oublimets fin
*
à tes malheurs,
Le moyen est aisé d'imiter
son exemple.
Aux bords Leucadiens eu
trouveras un Temple;
Par les flots de la mer il est
presque entouré,
Apollon dans ce lieu fut
toûjours adoré.
Deucalion brûlé d'une filme
cruelle,
Nepouvoit dePyrrha dompter
le coeur rebelle;
Triste & desesperant de
voir changer son sort,
Du sommet de ce Temple
ilaffronta lamort,
Et cherchant dans les flots
un remede à ses peines,
Il en [orrit, le coeur dé.
chargé de ses chaines.
De ce Temple voila l'admirable
vertu ; Vadégager ton coeur par
l'amour abattu,
Cours, brave le danger,
que rien ne te retienne
., Et que ta fermeté soit égale
à la renne. àlasienne.
A peine ai-je entendu ce
salutaire avis,
LaNymphe se dérobe àmes
yeux éblouis,
Etmoy pleine d'horreur ra..
me en proye aux alarmes,
J'abandonne ces lieux arrofez
de mes larmes.
Oui, Déesse,j'irai, lui dis-je
avec transport,
Sans craindre le dangerje
remplirai mon fort,
J'irai. La mort pour moy ne
sçauroit être affreuse;
Quoy qu'il puisse arriver, je
ferai plus heureuse.
Et toy, Fils de Venus, sois
sensible à mes nlaux)
En me precipitant soûtiensmoy
surles eaux,
De peur qu'on ne reproche
aux ondes d'Ambracie
QueSapho dans leur sein
a terminé sa vie.
Maispourquoy me forcer
à bannir mon amour?
Viens plutôt l'affermir,
Phaon,par ton retour;
Fais qu'à mon desespoir un
doux calme succede,
Toy seul m'en peux fournir
l'infaillible remede.
Héquoy,sans nul remords
oses-tu concevoir
Que l'on t'imputera mon
fatal desespoir?
Dans l'excés des tourmens
dont mon ame est atccince,
Je voudrois t'adresser une
éloquente plainte:
Mais ma douleur s'oppose àmestristesaccens,
Et mes maux m'ont ôté l'iu
sagede mes sens.
Je ne retrouve plus cette
chaleur sublime
- Par qui du double mont je
surmontai lacime,
Et Phebusquim'ouvroit
jadis tous ses tresors,
Pour animer ma voix s'épuise
en vains efforts.
Cet art que je reçus de la
bonté celeste,
Phaon me l'a ravi par fou
départ funeste.
Ramenez cet ingrat, qu'3i. l1
reprenne ses fers,
Et je vous donnerai d'abord
de nouveaux vers.
Mais il n'écoute rien, mes
prieres sont vaines,
Il ne veut point rentrer
dans ses premieres
chaines.
Mes voeux par le cruel ne
sont
sont point écoutez,
Messoûpirs sont perdus,&
mes pleurs rejettez.
Ah! puis qu'ilest ainsi, du
moins apprens, volage,
Que je vais travailler à bannir
ton image,
Et qu'au fond de la - mer
mon coeur trop agité
Va rencontrer la mort ou
la tranquilité.
DONS DV ROY.
Le 15. Avril le Roy nomma
à l'Eveché de Viviers
Messîre Martin de Ratabon,
ancien Evêque d'Y
-
pres. L'Evêché est suffragant
de l'Archevêché. de
Vienne.
Viviers est dans le Vivarez,
située sur une hauteur,
dont le bas est arrosé
par le Rhône à deux lieuës
d'Aps, & àquatre du Pont
Saint Esprit. L'Eglise Cathedrale
est fous l'invocation
de saint Vincent
,
&
son Chapitre est, composé
d'un Prevôt, d'un Archidiacre
, d'un Precenteur,
d'un Sacristain
)
d'un Archiprêrre)
d'un Vicaire, &»
de trente Chanoines. Vi- # viers a cet avantage, que
ses Evêques prennent la
qualité de Prince de Donzere
,qui est en Dauphiné.
Jean deBroniau,l'und'eux,
fut fait Cardinal en 1;8r.
& presida au Concile de
Confiance. Il y a trois Abbayes
dans le Diocese de
Viviers, qui a deux cent Paroisses,
& prés de cinq
lieuës de circuit: il comprend
le bas Vivarez & une
partie du haut
;
le resteest
de l'Archevêché deVienne.
L'Evêché de saint Pons
-
àMN. AbbédeCrillon.
Saint Pons n'écoit autrefois
qu'une Abbaye de l'Ordre
de laine Benoît, connuë
sous le nom de Monasterum
Tomeriense. Elle fut fondée
en 936. fous le regne de
Loüis d'Outremer par ons
premier, Comte de Toulouse
,
& par Garsinde sa
femme, afin qu'ilspusent,
comme dit l'acte de la son
dation, evadere~ehenna incendiflammas
& poe/lM) (fJinfernorum
claustre.
La réputation de cette
Abbaye, où l'on vivoir tréssaintement,
devinr si grande
, qu'en 1093. Sanche Roy
d'Arragon, calore Sancti
Spiritûs succensus
, y offrit
Ramire, son troisiémefils,
eâ devotione fY fide qua ob.
tusit Abraham filium Jutim
Isaac Deo. C'est ce Ramire,
qui après avoir été Religieux
Profés un peu plus de
quarante ans, fut tiré de
l'Abbaye, avec dispense du
Pape Anaclet, pour succeder
au Royaume en 11 34.
à cause de la mort de Pierre
&d'Alphonse ses frères sans
enfans Quoy qu'il fût Prêtre
,
il lui fut permis par
cette dispense de se marier,
& il épousa Agneé,soeur
de Guillaume, Duc de
Guyenne.
L'Abbaye de saint Pons
fut érigée en Evêché en
1318. par le Pape Jean XXII..
La Cathedrale est dediée à
saint Pons. Le Chapitreest
composé de trois Archidiacres,
d'un Sacristain,
d'un Precenteur, & de seize
Chanoines, qui ayant été
long-temps reguliers, furent
secularisez en 1611. par
le Pape Paul V. Le Diocese
n'a que quarante Paroisses
il est situé entre ceux de
Castres,d'Alby, de Narbonne
& de Besiers.
Et à l'Evêché de Lavaur
M. l'Abbé de Malezieu.
Le Roy donna aussil'Abbaye
de S. Pierre de Vienne,
Ordre de saint Benoît,
à l'Abbé de ChabannesCurton.
Il descend d'une trèsgrande
& ancienne Maison,
qui a donné à la France
nombre de grands Officiers
; entr'autres Jacques
Chabannes, Seigneur de la
Palisse, Maréchal deFrance;
Antoine Chabannes,
Comte de Dampmartin
grand Maître & grand Pannetier
de France; Jacques
premier, Seigneur de la Paliue,
grand Maître de France
; Jacques second, aussi
Seigneur de la Palisse, aussi
grand Maître de France:
& François de Chabannes,
Marquis de Curton, fut
Chevalier de l'Ordre du S.
Esprit en 15 83. par le Roy
Henri III. On peut voir la
Genealogie de cette Mâison
dans le nouveau Pere
Anselme.
LAbbaye de Lyre, Ordre
de saint Benoît,Diocese
d'Evreux, à M. l'Abbé Dan-
[in, Chanoine de Strasbourg.
Cette Abbaye fut
fondée en 1047. par Guillaume
d'Osbenne, allié de
Guillaume Duc de Normandie.
L'Eglifc est grande
& belle; elle a onze piliers
en sa longueur, & des bas
côtez. Le Cloître est neuf,
& bâti à la moderne,la Sacristie
& la Salle desConferences
sont ornées de lambris
de menuisèrie.
Lyre est m bourg de la
haute Normandie; il est
situéau-dessous de Ruyles;
sur la riviere de Rille à trois
lieuës de Conches, & quinze
de Roüen, ôc divise en
deux parties, dont l'une est
nommée la jeune Lyre, &
l'autre Uvieille Lyre. Cette
derniere est un lieu assez
agréable, bâti en amphithéâtre
, donc la Paroisse
reconnoît saint Gilles pour
patron de l'Eglise primitive
, ôc saint Nicolas pour
patron de la succursale. Il y
a haute Justice,&soncommerce
consiste en grains &
en bois à bâtir & à brûler,
que l'on prend dans sa forêt.
La Paroisse de la jeune
Lyre,située un demiquart
de lieuëau dessous de la
vieille Lyre, porte le titre
de saint Pierre. Prés de cette
Eglise Paroissiale estrAh
baye de Benediains de la
Congregation de S. Maur,
dont nous venons de parler.
L'Abbaye de Mazan, Or.
dre de Cîteaux) Diocesede
Viviers, à M. l'Abbéd'Artagnan.
L'Abbaye de Preüilly,
Ordre de Cîteaux,Diocese
de Sens, à M. l'Abbé d'Har
court-Beuvron.
On a promis des mémoires
sur ces deux familles
pour le Mercure prochain.
L'Abbave de Sambloneaux
,Ordre de saint Augufiin,
DiocesedeSaintes,
à M. l'Abbé de Chalon.
L'Abbaye de la Chaife-
Dieu, Ordre de S. Benoîc,
Diocese de Clermont, à
M.le Cardinal de Rohan.
Chaise-Dieu est une petite
ville dans la baffe Auvergne,
en latin CaJa Dei.
Elle enferme une Abbaye
de filles qui porte ion nom,
& ne laisse pas d'avoir tes
murailles &sestoursseparées.
Cette ville eit à deux
lieues de la montagne , au
pied de laquelle elt ficuée
celle d'Alegre,&àcinq de
Briours du côtédel'orient.
L'Abbaye de Chaise-
Dieu sur fondée, selon quelques-
uns, en 1044. par S.
Robert de Clermont, ôc fé-
Ion d'autres en 1050.
L'Abbaye de Montierandel
,Ordre de saintBenoît,
Diocesee de Châlons, à M.
I
le Cardinal Ottoboni.
1
Montierandel, ou Montierame
,
est un bourg dans
la Champagne. Il est ficué
sur la riviere de Voire
,
à
sept lieues de Vitry,le-Fran.
çois, vers le midi.
Cette Abbaye est unie à la
Congrégation de S. Vanne.
L'Abbaye de Savigny,
Ordre de Ciceaux, Diocese
d'Avranches
,
à M. l'Abbé
Gaultier.
Elle est entre Pontorson
& Domfront
,
environ à
une lieuë de la riviere d'Ardée.
Les anciennes chroni- j
ques de cette Abbaye portent
que le SolitaireVital,
quienfut le premier Abbé,
acheva de la bâtir dans le
bois de Savigny,lous l'invocation
de la Ste Trinité, en
l'an 1112.. par les liberalitez
de RobertSeigneur de Fougeres,&
qu'il donna auxReligieux
la regle de Cîreaux
dans toute sa pureté. Il mourut
le 7. Janvier 1119. & eut
Geofroy pour fucceucur.
L'Abbaye de Honnecourt,
Ordre de saint Benoît,
Diocese de Cambray,
à M. l'AbbédeValory.
Honnecourt est un bourg
de Picardie. Il cft situé sur
l'Escaut, à trois lieuës de
Cambray du côté du Sud.
Ce lieu est renomme à cause
du combat qui s'y donna
en 1641. entre les François
& les Espagnols.
L'Abbaye de Talemont,
Ordre de saintBenoît, Diocese
de Luçon, à M.l'Abbé
du Dror, Aumônier de M.
le Duc de Berry, & grand
Vicaire de Laon.
Taîemont cil: une ville
dans le Poitou,à trois lieuës
des sables d'Olonne, & à
huit
huit de Luçon. Elle est petite
,
mais très-force d'af.
sieste, sur une presqu'Isle,
qui n'est qu'un gros rocher
qui s'avance dans la large
riviere de Garonne. Du côte
qu'elle se joint à la terre
ferme, elle estfortifiéede
grosses murailles & de fossez
à fond de cuve, défendus
de plusieurs tours qui
les environnent. Cette ville
ayant voulu tenir contre les
ennemis depuis les dernières
guerres de Bordeaux, ils
démolirent presque toutes lesmuraillesaprésqu'ilssen
furent reudus les maîtres;
Ainsi il n'y reste plus maintenant
qu'un petit nombre
de tours qui portent les
marques de son infortune.
Talemont porte le titre
de Principauté.L'histoire
du pays porte qu'un étranger
y étant arrivé, ôc
voyant cette ville environ.
née d'eau
, &l'océanaudevant
à perte de vûë, crut
que c'étoit là que la terre
fïnissoit;ce qui l'obligea de
l'appeller TIUSmundt:d'où
ron a fait le nom de Talemont.
Ceux qui approuvent i•*
cette étymologie font confirmez-
dans leur sentiment
par l'Abbayede S. Benoît,
qu'onapelle Orbestier,commequi
diroitorbis terminus.
L'Abbaye des Religieuses
de Beaulieu de Sain, à la
Dame Thumerelle.
LaCoadjutoreriedes Religieuses
de saint André le
haut de Vienne, à la Dame
de Vernay.
k Le Prieuré de la Faye au
Pere Allaume.
ENIGME.s
Pointupar lesextremite?y
Et brillantpar lesjommjtt,
Parfois jemets à la torture
La double ou triplecreature,
kuifMpleend'autrestemsme
foujfroit volontiers,
jipres quelle mavoit accourci
de deux tiers;
Par accourci fentens tenir
moins longue place9
Que quna setoisgtfant de
, fàrt mauvaise grace
Sursa table ousurfinfauttuil.
fDiê curieux Colin je borne le
coup àaily
Je tiens Claudineenéquilibre.
Lejourmegênefort, la nuit
-
je fuis plus libre,
Le Dimanche aParis redoublemonemploy
;
Plutôt les autres jours on (y
pajîedemoy. >
D'unferment àpeu pt és fai la
forme & l'allure,
1 Et la souplesse & la tournure.
Le jour je me tiens dans mes
trousy
Et la nuit je les quitte tous.
Plainte ttEmilie) au sujet de
hntitulement du Rondeau
sur le badinage
,
imprime
dans le Mercure du mois
de Mars dernier.
Ontrouve, dit Emilie, le
.Rondeau sur le badinage
trés-joli: mais son intitulement
est faux. Voila ce qu'il
contient.
Tout badinage efl dange-
, reuxi en folâtrant on Je plaît
par des maniérés vives &touchantes,
d'oùnaîtlaJympatie'
C'SP dés qu'on en efl là,il arrive
presque toujours ce que vous
'VerreZ dans la chute du Rondeau
fmvant.
Il n'elt point vrai,dit Emilie,
que le badinage cause
des lYlnparies: mais lessympaties
& le je ne sçai quoy
causent le badinage. Emi- D
lie sage & discrete n'en a
pas voulu dire davantage.
Voila ce qu'on lui répond.
,
L'âge devingt ans,l'esprit,
& tous les charmes
d'Emilie rendent la note
jolie
; ôc il est vrai que
le badinage est plûtôt l'effet
de la sympatie que sa cause
dans de trés-jeunes perfon-
$£6^hJttais dans un âge plus
avancé il faut du badinage
pourengager; car la fympatie
& le je ne sçai quoy
sont des noms honnêtes que
les vieux routiers donnent
en raillant à des coeurspris,
ou trés-disposez a se rendre;
& leurs pareils, belleEmilie,
nes'amusentàsympatifer
qu'avec les sympariàns,
ou qu'avec les perionnes
qu'ils esperent faire bientôt
sympariser. J'avoue que la
fympatie & le je ne sçai
quoy perdront deformais
une partie de leur crédit, si,
on veut bienoui#tyuna.
qu'on a le coeur tendre
& pris des qu'on aime, ou
dés qu'on a des dispositions
à aimer, que les personnes
vertueuses & Cages comme
Emiliesçavent toûjours corriger.
SVPP LEME NT
aux NouvtUes.
LEs Lettres de Hambourg
du 9. Avril portent
que les Consederezavoient
resolu d'attaquer le porte
de Gardingen ; mais on y
trouve de grandes difficultez
,
à cause que les Suedois
s'y sont retranchez de
telle sorte qu'il paroist prêt
que impossible de les en
dessoger
, outre que les
pluyes qui font tombées
depuis peu ont rompu les
chemins; plusieurs Generaux
ont proposé de bombarder
le Camp des Suédois
au lieu de les attaquer
a - force ouverte. Que les
prisonniers Moscovites qui
estoient à Stetin ont esté échangez
contre les prisonniers
Suedois que le Prince
Menzikow a renvoyez
à"TSTifînar:que les troupes
Moscovites n'observoient
aucune discipline dans le
pays de Holstein
,
n'épargnant
pas- les Terres des
Ministres du Roy de Dannemark,
ils continuent defaire-
le dégasten Pomeranie
où ils ont pillé durant
trois jours la ville d'Anklan.
On mande de Seraizund
que quelques Vais-.
seaux de Guerre Danois,
chargez de Troupes avoient
paru devantRugen,
ce qui faisoit craindre aux
Suedois qu'ils n'eussent
quelque dessein sur cette
Isle, Un Bastiment arrivé
à Elseneur avoit rapporté
que vingt
-
six Vaisseaux
Suédois, la pluspart de
Guerre, avoient fait voile
vers la Pomeranie pour
donner la chasse aux Vaie:
seaux Danois qui croisoient
dece costé là.
Les Lettres de Suede portent
que les Troupes qui
estoient dans le pays voisin
de Stockolm se mettoienten
mouvement sans
qu'on sceust quelle route
e lles devoient prendre. Le
Comte deWellingareceu
des Lettres par deux courriers
partis de Bender le
18. Avril, qui portent que
ronoMant les presensconsiderables
que le Roy de
Suede avoit faits au Seras-
Xkr ou Bacha de Bender,
il avoit retenu plusieurs
sommes quele Grand Seigneur
envoyoit à Sa Majesté
; &mesme à diverses
fois quatre cens chevaux
qu'il avoit changez contre5
d'autres quine les valoient
pas, ce que le Roy de Suede
feignit d'igno.er. Quelques
honneurs que le Bacha
ait peu rendre à ce
Prince avant son départ
pourAndrinople,ill'a traité
tousjoursavecunsi grand
mespris, qu'un jour entre
autres le Bacha ayant voulu
s'asseoit sur un Sofa où
il estoit couché, il le repoussa
d'un coup de pied,
& le fie sortir de sa Chambre.
Aprèsson départ pour
Andrinople
,
le Roy Stanislas
ayant esté amené à
Bender, le Bacha le receut
au bruit du canon )
& luy
a rendu depuis tous les
honneurs possibles: il l'a
prié d'escrire en sa faveur
au Roy de Suede
J
ayant
appris qu'il avoit eU trés
bien receu ,
& craignant
deperdre la reste ; ce qui
n'est pas sans fondement,
puisqu'il a receu ordre de
se rendre à Andrinople
pour rendre compte de sa
conduite. Son Lieutenant
aen mesme temps receu
d'autres ordres de bien
traiter les Suedois & les
Polonois qui sont restez à
Bender entre lesquels sont
le Palatin de Kiowie ,
le
Prince Wiefnowieski
)
le
Comte Tarlo, les Generaux
Smiegielskit Grudzinski,
Urbanowitz &
plusieurs autres Officiers.
Le Staroste de Bobruïs de
la Maison Sapieha,qu'on
accuse d'estre l'auteur dç
l'entreprise formée contre
le Roy de Suéde
,
& qui
est beau- frere du General
Saxon Flemming
, ayant
appris que ses affaires reprenoient
une situation favorable
,
partit avec cinq
de ses domestiques pour se
retirer en Pologne: mais
un Colonel Suédois l'ayant
poursuivi avec quelques
Cavaliers, le joignit à une
demi-lieuëdela frontiere,
&le ramena par force à
Bender. Aprés qu'il y fut
arrivé, le Gentral Smiegielski
luy demanda qui
il reconnoissoit pour Roy
de Pologne: il respondit
que c'estoit le Roy
Auguste. Alors on le
foüilla, & on trouva dans
ses bottes des lettres par
lesquelles on prétend avoir
découvert le complot formé
entre le Roy Auguste,
le Czar, le Kan & le Bacha
de Bender, pour livrer
leRoy de Suede aux troupes
Saxones & Polonoifes.
Ce Staroste estoit gardé à
veuë;du consentement du
Lieutenant du Bacha ôc
des Officiers Turcs. Le 16.
un Courrier du Roy deSuedearriva
à Bender,& rapportaqu'il
estoit en parfaite
santé : que le Grand
Seigneur avoit envoyé au
devanr de luy jusqu'à deux
journées au deça d'Andrinople
, le General Poniatowski
& plusieursOfficiers
Turcs, pour l'allurer de
son amitié,& de sa resolution
de faire la guerre aux
Moscovices. Le Sultan a
fait meubler magnifiq uement
un Serrait près de la
ville, pour y conferer avec saMajeste,quidevoitdans
peu de jours retourner à
Benderavec une nombreuse
armée de Turcs qui doit
l'escorter vers ses Estats.
Le Sultan continuë de faire
faire des amas prodigieux
de vivres. Le grand
pont qu'il faisoit faire sur
le Danube est achevé
J
&
quarante mille Turcs estoient
en marche pour le
passer, & pour s'avancer
par la Moldavie vers le
Niester
,
où l'on dit qu'ils
feront suivis par cent mille
autres, avec le Grand Seigneur
en personne.
On mande de Madrid
du 3. Avril que le 17. Mars
le Marquis de Bedmar en
vertu des Pouvoirs du Roy,
signaavecMylord Lexington
le Traité de Paixavec
l'Anglererre , lequel y fut
aussitost envoyé par un
Courrier exprès; que les
Troupes qui doivent entrer
en Catalogne pour
prendre possession decette
Principauté, ont ordre de
sortir de leur quartiers le
dix de ce mois, & le Duc de
Popoli qui doit les commander,
se prépare à partir
incessamment. Toutes
lesLettres de Catalogne
confirment,que l'Archiduchesse
sestoit embarquée
le18 Mars, laissant lecommandement
des Troupes
qui n'ont pû estre embarquéesauComte
deStaremberg
; qu'il avoir assemblé
les Miquelets&les
Volontaires, pour leur declarer
qu'ils devoient bientosts'embarquer
avec le
reste des Troupes; que
ceux qui voudroient y
prendre parti seroient bien
venus; & que ceux qui ne
levoudraient paseussentà
se retirer dans leurs maisons
à peine de la vie. On
écrit de Tortose que le
Comte de Glimesenestoit
sorri avec des Troupes, &;
qu'il s'estoit avancé jusqu'-
au col ou passage de Balaguer
, que les Ennemis
avoient fortifiépar des retranchements,
& qu'il les
avoit détruits & bruslez
sans aucune opposition. On
écrit de Sarragosse qu'un
détachement des Troupes
du Roy avoit battu & mis
en fuite des partis de Volontaires
&de Miquelets
qui inquietoient la ville de
Venafque.
On mande de Vienne
que l'Archiduchesse estoit
arrivée à Vado sur lacoste
de Genes, on elle estoit débarquée
pour se rafraischir,
que le PrinceAntoine
de Liechsteinstein
Grand Ministre de la Mai-,
son de l'Archiduc & le
Comte Charles Joseph de
Paar, General des Portes
estoient partis pour allerà
sa rencontre jusquà Roveredo
dans le Trentin. Le
Comte de Thaun est parti
pour aller prendre possession
de la Viceroyauté de
Naples, à laquelle il a esté
nommé à la place du Comte
Borromée.
On mande de Londres
que le 9. Avril le Docteur
Sachewerel fitson premier
Sermon depuis son interdiction
dans l'Eglise de
saint Sauveur au Fauxbourg
de Southwart; que le sieur
de S. Jean estoit arrivé d'Utrecht
avec la Nouvelle
que l'onze la Paix avoit
esté avec tous les Plenipotentiaires
tentiaires des Estats qui
sontenguerre 1, la referve
de ceux de l'Archiduc
& des Princes de l'Empire,
ce qui a causé une grande
joye parmy le peuple. Qu'-
on travailloit à l'armement
d'une Escadre de dix- huit
Vaisseaux de Guerre qui
doivent efire joints par dix
Vaisseaux de Guerre Hollandois,
qu'on asseure estre
destinée pour aller vers la
- Mer Baltiqueafin de tafcher
de restablir la Paix
dans le Nord.
On écrit d'Utrecht que
l'onze, à trois heures apre's
midy, les Traitez ont esté
signez dans la Maison de
l'Ëvesque de Bristol, par les
Plenipotentiaires de France
&ceux de la Grande
Bretagne, à quatre heures
avec ceux du Duc deSavoye,
à huit avec ceux du
Roy de Portugal, à minuit
avec ceux du Roy dePrusse,
àune heure avec les Plenipotentiaires
des Estats Generaux.
Ces Traitez ne seront
rendus publics qu'après
l'échange des ratifications
qui doit estre faite
dans trois semaines
, &
que quinze joursaprèson
évacuera les Places qui doivent
estre cédées de part
& d'autre. Les Estats Géneraux
ont fait publier
dans l'armée qui est cantonnée
près de Bruxelles,
& dans les Places des l'avs-
Bas Catholiques, une ceé sTABLE.
APdnture finguherepag. 3
Epitbalame de Mr. le Comte
de fonzac;, a MIe Henault
49
Mort du Marquis de Loflanges
61
Suite de la nouvelle Theoriede
musique
, ou l'on dhnontre
plusieurs choses nouvelles
71
Nouvelles d'EsPagne 111
Nouvelles d'Allemagne 12.7
Nouvelle d'Vtrecht iz9
Nouvelles de Hambourg137
Parodie sur l'Enigme qui a
pour mot la rape à tabac 154
Parodie de lafécondeEnigme
dont le mot est le zero 159
Enigme ancienne de celles
qu'on nommoit autrefois
Logogrifi 162,
Mort 177
Relation 184
Copiedune lettre de Bender
189
Origine des Ducs âAlençon
,
193
Mort ni
Poefie
,
nouvelle traduélion 213
Dons du Roj 2.41
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le