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<36614138870011
<36614138870011
Bayer. Staatsbibliothek
1
1
MERCURE
GALAN T.
JUIN , 1712.
www
.
UNI
NIM
A PARIS ,
M. DCCXII.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par te Sieur Du F **
Mais
de Juin ,
1712.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25. fols , brochez
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal , au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais .
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la rue
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
AvecApprobation , & Privilege du Roi.
Bayerische
Staatsbibliothek
München
MERCURE
GALAN T.
JUIN 1712.
tttttttttttttt ; yy
La mauvaiſe Honte.
CE n'est pas
d'aujour
d'huyque pauvreté
fait bonte :
Un jour certain Marquis
ou Comte ,
Juin 1712 .
A ij
MERCURE
a
Tres bon enfant d'ailleurs,
maispauvre &glorieux,
Parnous pique d'honneur,
ne pouvantfaire mieux,
Confent à regaler noftre
bachique troupes
Averty des la veille il
* nous donne fa fcupe
Soupefimple, mais de bon
goufi,
Un bon bouilli , point de
ragouft.
Son Cuifinier ( dit-il , car
c'eftoit une excuſe
De Cuisinier jamais il
GALANT:
nafe )
Mon Cuifinier, dit- ilfur
qui j'avois compté
Juftement à midy du mal
caduc tombe
Nous oblige , Meffieurs ,
à vivre de
regime ,
Tant mieux ,refpond quel
qu'un , c'est la bonne ·
maxime ,
Viande fimple , bon pain ,
bon vin ,
Bon coeur & liberté font
un repas divin.
Noftre hofte rougiffant de
A iij
5 MERCURE
fon excufe fade ,
Autre excufe nous donne
avec une falade ,
Excufe de n'avoir d'autre
roft qu'ungigots
On ne croit point
les
en ce cas à leur mot
ད
gens
Tel ne
s'excuſe ainsi que
parfanfaronade
,
Nous
efperions
du moins
ou poulets ou pigeons
Sur ce petit efpoir lentement
nous
mangeons ,
Pendant qu'il nous promet
, mais pour l'autre
GALANT. 7
femaine,
Vingt pieces de gibier qui
Tuy viendront du
Maine ,
Jurant qu'en un feuljour
tour nous fera fervi :
Ce prodigue ferment à
l'inftant fut fuivi
D'une langue de boeuf,
quefuivoit unfromage,
A cet afpect d'abord je
fais en hommefage ,
Arreft fur le gigot qu'on
veut nous enlever ,
Il eftoit merveilleux , cha-
A iiij
* MERCURE
cun veut l'achever...
C'a quel vin boirons-nous,
dit- il , pour du Champagne
Je croy que nous n'en avons
pas
Mon vin de
Bourgogne
eft au bas
Mais il me vient demain
d'excellent vin d'Ef
pagne ,
Paffons- nous aujourd'huy
de ce vin de mon cro
Il eftoit bon , il en fut bu
Contrit , konteux le pauGALANT.
vre Comte ,
Alongs traits avalloitfa
Fonte :
Afa konte qui s'evada .
La fincerite fucceda,
Trouble d'une fincere yvreſſe
,
Il nous dit où le baft le
bleffe:
Helas ! dit-il , aprés quel
ques foupirs vineux
Pauvrete c'est mon tort ,
j'en eftois konteux ,
Voyantjufqu'à quelpoint
pauvreté
deshonore
:
10 MERCURE
Par ce
mauvais repas .
ony j'aimois
mieux.
encore
Que l'on me foupçonnaft
d'eftre avaricieux ;
Dans le vin je raifonne
mieux
La
pauvreté n'eft pas un
vice ,
Et c'en eft un que
rice :
Lava-
Mais puis qu'apresent
chacun croit
Ce que je croyois de fang
froid ,
GALANT.
BI
Qu'argent honore plus que
vertu , que nobleffe ,
Croire autrement c'est une
yureffe ,
C'est ce qu'a décidé le vice
revefti
Des dépouilles de la vertu.
On a grand tort de faire
des excufes d'un repas fru
gal : les repas où l'on mange
peu , ne font pas ceux
où l'on parle le plus , mais
ceux où l'on parle mieux.
Il femble que la frugalité
fourniffe les converfations
I2 MERCURE
de table les plus
cenfées ,
& les plus
agreables. J'entends
par frugalité celle du
vin auffi bien
que celles
des viandes ; on fçait affez
que le vin pris juſqu'à certain
degré nous donne de
l'enjoüement , de l'efprit
& de la cordialité pour les
convives , mais que tout
cela
degenere en beſtiſe ,
& en
brutalité
quand on
boit trop. Ainfi
comme on
ne doit aimer la table qu'-
autant qu'elle
contribue
à
la douceur de la focieté &
de l'union , le repas frugal
GALANT. 13
eft tousjours le plus aimable.
Plutarque définit la table
une focieté , qui par le
commerce du plaifir & du
vin , & l'entremise des graces
, fe termine en amitié ;
c'en eft auffi bien la définition
que la fin . Elle augmente
la bienveillance
dans les amis , par la meſme
raifon qu'elle l'engendre
dans les ennemis. Les
Anciens , dit Athenée ,l'ont
appellée agape , charité.
Pour cette raiſon , on ne
doit venir à table que pour
14 MERCURE
y gagner l'amitié de quelqu'un
des conviez . Le vin,
dit Athenée , eft le filtre
de l'amitié
; il femble
que
la meſme nourriture
pro-,
duifant
les mefmes qualitez
dans le ſang & dans les
efprits , produit la fimpathie
entre les convicz ; les
efprits y font montez fur
le mefme
ton & 2 par ce
moyen deviennent
un meſme
corps & une mefme
ame. Les effets contraires
fe remarquent
dans les
hommes & dans les animaux
qui vivent de diffeGALANT.
rentes nourritures . Voyez.
cet homme extraordinaire
qui fe met au deffus de
toutes les bienféances , &
de tous les devoirs , qui
oublie mefme en voltre
prefence que vous foyez
au monde. Mettez une
bouteille de bon vin entre
vous & luy , le voila fociable
, vous diriez qu'il vous
mais ce n'eſt pas
cela , ce font les efprits du
vin qui fe réuniffent , &
qui le lient avec vous ; l'effet
du vin paffé , il ne ſonge
plus à vous : hors la
aime
16 MERCURE
table n'attendez de luy ny
politeffe ny honnefteté
vous ne le retrouverez qu'à
la premiere bouteille que
vous boirez enfemble.
Les Anciens avoient raifon
de croire menfa Deos
Tone
adeffe ,felon le rapport d'Ovide
& de Caftor. Afclepiade
rapporte que Paufanias
eftoit bien fondé de
dire qu'un repas fage &
bien entendu eftoit un
conciliabule des Dieux fociables
, puifque l'amitié ,
la gayeté , & l'élevation
d'efprit , qu'on nomme fageffe
,
GALANT . 17
geffe. , font les Dieux tutelaires
des hommes qui
y préſident , & en font
l'efprit.
Les Anciens regardo ent
la table comme une chofe
facrée. Arnobe dit que les
Romains y eftabliſſoient
I'Idole d'un Dieu qu'ils regardoient
comme protecteur
&genie de la table , dit . il ,
Sam, ad
facitis menfas falinorum.appofitu
, & fimulacris Deorum
ils invoquoient les Dieux
en s'y mettant adifti- menquam
cùm venire cupimus
, Deas invocamus , die
Juin 1712.
B
18 MERCURE
Quint . declamar . 30-1 . Ils
faifoient des libations au
commencement & à la fin
de la table , ils facrifioient
à Mercure les langues des
facrifices avec libation..
Dans Stuch 287. les libations
ne ſe faifoient qu'avec
du vin pur , & qui n'eftoit
point forti d'une vigne
fouillée
par le tonnerre
par un pied bleffé , par un
pendu , & c. Id . 283. Les
habitans de Nacrale ville
d'Egypte , aux differens
fervices qu'on apportoit
à
table , fe mettoient
à geGALANT.
19
noux , faifant des prieres ,
& fe raffeyoient , dit Athenée
.
Paufanias affure , fur la
foy des anciennes Annales
que les premiers Ançiens
n'eftoient point plus
de trois à table à caufe du
nombre ternaire qu'ils croyent
facré. La Loy Faunia
à Rome , regloit ce nombre
à trois dans la maiſon ,
& cinq in foro Le nombre
de fept fut enfuite de leur
gouſt , d'où eft venu le proverbe
, feptem conviviunt
novem concutiunt. Agamem
Bij
20 MERCURE
non dans l'Iliade prie ce
nombre à difner , Menelaus
y vient de furcroift.
Le nombre de dix plaiſt
à Homere. Beaucoup de
villes bien policées ont
reglé le nombre , il y avoit
un Officier appellé
chez les Romains Nomenclateur
, Commis pour
les compter , l'hiftoire du
parafite dans
en fait foy. L'Officier ,
aprés avoir compré , dit au
parafite qui eft it le dernier
à table , de fe retirer
parce qu'il eftoit le tren-
•
GALANT. ZT
te-uniéme contre la Loy
qui n'en permettoit que
trente : recomprez , dit le
parafite , & commencez
par moy , & vous verrez
que je ne fuis point furnumeraire.
Stuch 146 .
Parafite eftoit chez les
Anciens celuy qui avoit le'
foin de chofir les mets
pour les feftins facrez , ce
qui leur donna occafion
de prendre les droits fur
tous les marchands de
vivres & d'eftre
>
appellez
à tous les repas ;
ainfi cet employ d'hon22
MERCURE
nefte qu'il eftoit d'abord ,
devint honteux .
Les anciens Hebreux
felon le nouveau Teftalavoient
les pieds, ment ,
avant le repas . Homere dit
la mefme chofe , & adjoufte
avec Virgile , qu'ils lavoient
auffi les mains devant
& aprés le repas , per
fingula fercula , apparemment
dans tous les fervices
chez les Romains , comme
il paroift dans Lampridius
, qui dit que Heliogabale
faifoit fervir des mets
de cire & de marbre à fes
GALANT 23
parafites , & leur faifoit laver
les mains perfingula fercula
quafi fi comediffent. Ils
ne faifoient que fe tourner
fans fe lever de table. Retrorfufque
converfus , tanquam
monitus aquam poftularent.
On mettoit du nitre dans
cette eau pour mieux dé
craffer , & des odeurs. Les
Lacedemoniens
fe nettoyoient
les mains à table
avec une mie de pain , il
en eft fait mention dans
Homere.
Chez les Grecs , les Hilarodes
ou Chanteurs de
24 MERCURE
chanfons agreables , & qui
exerçoient la fcience gaye
des Provençaux , eſtoient
placez au milieu des conviez
dans le feftin . Il paroift
que ces Chanteurs
eftoient fort estimez chez
les Anciens. Demofthenes
difoit , qu'ils meritoient
d'eftre honorez par tout le
monde , & loriqu'il fit main
baffe fur les amants de Penelope
, il laiffa la vie au
Chantre Fenecus par la
mefme railon. Les Gau
lois honoroient de la mef
me façon leurs Trouveres
4
•
Ou
GALANT . 25
ou baladins , & aprés qu'ils
en avoient efté divertis à
table & dans leurs feftins ,
ils fe dépouilloient de leurs
leur donnoient
plus belles robes , & les
champ .
fur le
Socrate , dans le Protagoras
, traitte d'ignorants ,
& de miferables qui n'ont
rien à dire , ceux qui met,
tent la Mufique & les Baladins
à la place de la converfation
. C'est pourquoy
dans ce noble banquet de
Platon , la chanteuse en eft
exclue & renvoyée
pour
Juin 1712 .
C
26 MERCURE
chanter aux femmes . 'D'un
autre cofté Xenophon
7
dans fon banquet , où Socrate
& Anthiftenes font
conviez , Philippe boufon
y eft introduit , & aprés le
repas une jolie fille & un
joli garçon danferent.
Socrate dans Xenophon
dit qu'il faut éviter ce qui
excite à manger & à
boire fans faim & fans
foif. On peut adjouſter
qu'il faut faire le contrai -
re pour la converſation ,
c'eſt à - dire , chercher des
difccurs qui reveillent l'apGALANT.
27
petit & la curiofité languiffante
de l'efprit ; il
faut épargner la raillerie
à table , & ménager des
efprits échauffez de vin .
Il ne faut entreprendre
dans une réjoüiffance
que
ce qu'on peut dire & faire
agreablement
, felon la couftume
des Lacedemoniens
qui aimoient le plaifir de
la table & la danſe . Antiochus
ayant dansé armé
avec les amis , quand ce
vint au tour de Hegefianacte
, au lieu de danſer il
fe fauva , & dit à haute
Cij
28 MERCURE
t
voix , Choififfez , Antiochus
, ou de me voir mal
danfer , ou de m'entendre
reciter des vers que je me
fens en difpofition de faire
fur le champ à voſtre honneur.
Le Prince ayant accepté
ce dernier party ,
Hegefianacte charma toute
la compagnie & le Roy
particulierement , qui luy
fit de grandes liberalitez
, & le retint depuis ce
temps là au nombre de fes
amis .
Les Heros d'Homere ne
mangeoient que du boeuf, 150
GALANT. 29
mefme le delicat Alcinous ;
pour honorer Ajax on leur
fert fur une affiette longa
terga boum , &c. Ils ne le
mangeoient que rofti &
fans fauce . Ces Heros ne
mangeoient que ce qu'ils
avoient apprefté eux meſmes
; & Homere parlant
d'Ulyffe , dit qu'il eftoit habile
cuifinier , & qu'il fçavoit
allumer le feu auffibien
que perfonne du monde.
Dans les repas à Athenes
on lavoit les mains
avant le deſſerts Un jeune
C iij
30 MERCURE
garçon apportoit une eau
de fenteur , un autre apportoit
des couronnes de
rofes ,enfuite on fervoit du
fruit , comme poires , pommes
, raifins , fraiſes , tourtes
, &c. aprés quoy entroient
deux courtisanes
preftigiatrices , legeres à la
danfe comme des oifeaux .
Chez les
propreté
extréme , grande vaiſſelle
d'argent , ferviteurs habillez
magnifiquement , &
fervantes jolies pendant
leur jeuneſſe .
Chez le Roy des Parthes
GALANT . 31
l'amy convié eft à terre , &
le Roy luy jette à manger
d'un lit eflevé. Pour la
moindre faute on l'enleve ,
& on le foüette jufqu'au
fang , & profterné à terre
il remercie celuy qui la
foüerté, comme d'un bienfait
& d'une grace du Roy.
Chez les Egyptiens qui
faifoient grande chere , on
portoit les plats à la ronde
fans table . Le Roy d'Egypte
eftant prifonnier d'O
chus Roy de Perfe , fe mocqua
de fes repas , & luy demanda
permiffion de luy
C iiij
3:2 MERCURE
montrer avec les cuifiniers,
4
Egyptiens , comment on
devoit traitter un grand
Prince . Ochus voyant fa
bonne chere , les Dieux te
confondent , Egyptien, dire
il , qui as quitté de fi bons
repas pour venir rifquer les
miens .
Cleomene Roy de Sparte
, Marc- Antoine , & c.
faifoient reciter des ouvra
ges à table.
Nourriture. Table. Feftins.
Seneque appelle fon déjeuner
prandium. Augufte
GALANT. 331
le nomme tout de mefme ,
ce qui verifie la remarque
de Servius , que les Anciens
ne connoiffoient point noftre
difner , & ne prenoient
leur repas qu'avant le coucher
du Soleil. Cependant
Filemon donne aux Anciens
nos quatre mefmes
repas.
Les anciens Romains ne
portoient jamais de robbe
noire à table , fur tout pendant
le regne d'Augufte
Il y avoit dans tous leurs
feſtins un Roy de la table
qu'ils appelloient arbiter bie
38 MERCURE
bendi. Chacun avoit fon
plat à table , & tiroit au
fort la part qu'il devoit
a
avoir .
Au commencement les
nappes leur fervoient de
ferviettes , mais dans la
fuite ils ne fervirent plus
que pour couvrir la table ,
& chacun apportoit fa ferviette
.
Les Romains n'oftoient
point la table vuide , &
n'éteignoient point la lampe
par principe d'humanité
, pour dire qu'ils en laif.
foient aux autres .
CALANT.
Chez les Macedoniens
nul n'avoit droit d'eftre
couché à table qu'il n'euft
tué un fanglier hors des
toiles , c'eft pourquoy Caf
fandre y eftoit affis à cofté
de fon pere couché .
Nos Rois avoient auffi
couftume de faire de
grands feftins publics aux
feftes folemnelles . En Angleterre
on faifoit des largeffes
confiderables au peuple.
Les grands Seigneurs.
en ufoient de mefme cnvers
leurs vaffaux .
Convivorum numerus inci36
MERCURE
pere oportet à Græcorum numero
, progredi ad Mufarum
numerum. Il y avoit chez
les Romains & les Grecs
des prix à remporter
pour
des Questions proposées
à
table . A propos de Queftions
de table il m'en vient
une pour le mois prochain.
Je prie ceux qui
ont refpondu à celles du
mois dernier , de refpondre
à celle- cy.
GALANT. 37
QUESTION .
S'il eft plus dangereux &
plus blamable de par-
"ler trop à table , que
d'y parler trop peu.
Cette queſtionfur le trop
parler , me fait faire attention
à la longueur de la digreffion
qui la précede . Je
ne fçay comment , à propos
d'un repas en vers , je
me fuis engagé à cette
morale de table ; mais comme
on mange fouvent plus
34
MERCURE
qu'on ne veut à un repas ,
on parle auffi plus qu'on
ne devroit dans les digreffions
d'un Mercure , où la
varieté des matieres excite
l'appetit de parler , appetit
qui eft quelquefois tres raffafiant
pour le Lecteur.
Paffons donc à une petite
Lettre badine que je reçois
dans le moment d'Angleterre
, avec une autre hiftoriette
en Anglois , qu'on
traduira pour le mois prochain
.
GALANT. 39
DE LONDRES.
MONS ONSIEUR ,
Dans l'efperance d'une paix
prochaine je prends la liberté
de vous demander un com
merce de Lettres , & pour vous
y exciter je vous envoiray les
petites avantures Angloifes qui
viendront à ma
connoiffance ;
ce qui fuit n'en est pas une , ce
n'eft qu'un petit fait qui ne
vaut peut - eftre pas la peine
d'eftre escrit. Je vous en promets
de plus divertiffants.
40 MERCURE
Une jeune Angloiſe qui
devoit épouser le parent
d'un Milord , luy vouloit
faire quitter l'habitude du
:
tabac , parce qu'elle s'imaginoit
que l'odeur du tabac
luy donnoit des vapeurs.
La complaiſance de
fon Amant alloit bien juſ
qu'à n'en point prendre devant
elle mais elle s'imagina
qu'il pouvoit avoir
une tabatiere dans fa poche
, & cette imagination
luy fit croire qu'elle alloit
s'évanouir , il fe trouva
qu'en effet il en avoit une.
Le
GALANT. 41
Le lendemain il trouva moyen
d'en mettre une pleine
de tabac dans la poche
de ſa maiſtreſſe ſans qu'elle
le fçuft , & elle la porta
fans le fçavoir jufqu'au lendemain
. Dés qu'elle vit entrer
fonAmant, elle lui cria :
ahje fens que vous avez aujourd'huy
voftre tabatiere
dans voftre poche , le jeune
Anglois , homme de
fang froid luy refpondit :
Vous y avez mis bon ordre
Mademoiſelle
la priftes l'autre jour , &
vous me l'avez gardée dans la
Fuin
17120
>
car vous me
D
42 MERGURE
voftre depuis ce temps- là La
delicate Angloife trouvant
réellement la tabatiere fur
elle ,voulut s'évanouiir , mais
elle ne put jamais, & le tout
fe tourna en plaifanterie ,
elle luy dit qu'elle luy pardonnoit
puifque par là elle
fe voyoit guerie de cette
foibleffe ; mais elle luy revalut
ce tour - là car l'Anglois
ayant efté incommodépendant
quelques jours ,
les medecins le preffoient
de fe faire faigner pour
éviter une grande maladie,
mais il ne voulut jamais ;
GALANT . 43
car il avoit une antipathie
fi grande pour la faignée ,
que cet appareil feulement
le faifoit évanouir . Il racontoit
cela luy - mefme
chez fa maiftreffe , lorf
qu'en badinant elle luy dit :
mais fi une perfonne que
vous aimeriez eftoit affez
adroite pour vous faigner ?
ah je luy preſenterois mes
deux bras , luy dit - il en
riant , les deux pieds & la
gorge encore , & deuffayd
je en mourir je fouffrirois
cent faignées d'elle . La
jeune Angloiſe continua
Dij
44 MERCURE
la plaifanterie , & luy dit :
donnez moy feulement un
bras , elle luy mit le bras à
nud en prefence d'une
compagnie affez bonne :
quelqu'un prefta une jartiere
pour fervir de bande ,
elle dechira un mouchoir
pour faire une compreffe ;
ce badinage ne faifoit aucun
mauvais effet fur le
Cavalier , à qui elle demandoit
à chaque préparatif
:
hé bien cet appareil vous
fera-t-il évanouir ? Non ,
refpondit il , il me fait pluſ
toft rire ; enfin cette badiGALANT.
45
ne perfonne pouffa la ceremonie
jufqu'à tirer de
fon tiroir un eftuy , & de
cet eftuy une lancette , car
elle avoit en effet le talent
de faigner à merveille.
L'amant palit à cet aſpect ,
mais il fe piqua de fermeté
Angloiſe , on apporta un
vafe de porcelaine pour recevoir
le fang , & la faignée
fut plantureuſe . Elle
le guerit non feulement de
fon incommodité mais auf
fi de fa foibleffe. C'eft ainfi,
luy dit la jeune Angloiſe,
que ceux que le lien du ma.
46 MERCURE
riage unit , devoient fe corriger
mutuellement
leurs foibleffes .
le
de
Fauray quelque avanture
plus intereffante à envoyerpour
le mois prochain , cette jeune
Angloife pourra mesme me
fournir celle de fes amours avec
parent du Milord , car quoy
qu'avec tout le merite poffible ;
il s'eft trouvé qu'elle eftoit fille
d'un Chirurgien de Douvres.
C'est pour cela qu'elle fçavoit
fi bien faigner. On avoit mis
de grands obftacles à ce mariage,
ces obftacles ont donné
lieu à une intrigue fecrette enGALANT
47
tre ces deux jeunes amants ,
dont on m'a promis les particu-.
laritez romanefques , quoyque
vrayes , pour pouvoir meriter
L'impreffion.
MARIAGE.
Monfieur le Marquis de
Mefmes , connu cy- devant
fous le nom de Ravignan ,
Senechal du Marfan , Marefchal
des Camps & Ar
mées du Roy , Inspecteur
general d'Infanterie, fils de
feu Meffire Alcibiades de
Mefmes Marquis de Ravignan,
Senechal & Gouver
48 MERCURE
neur du Marfan , & de feue
Dame Marie de Vignes , a
épousé Mademoiſelle Racine
fille de Meffire Michel
Racine Efcuyer , Receveur
general des finances d'Alençon
, & de Dame Petronille
Vanderlinde
. Je ne
parle pas de la famille de
Mr le Marquis de Meſmes ,
je renvoye le Lecteur à ce
que j'en ay dit au fujet de
Monfieur le Premier Préfident
dans le Mercure de:
Janvier 1712. page 221.
GALANT 49
BOBIICIXX
LE VIEIL OYSEAU.
FABLE.
UN vieux Roffignol de
ce bois
Laiffa femme jeune & fringante
:
Auffitôt d'amans
plus de
trente ,
Et chacun d'étaler fa voix ,
On ne vit onc mufique fi
charmante.
Pas un ne plut pourtant, c'étoient
oyfeaux de Cour ,
E
Juin 1712.
MERCURE
Leftes d'atour,
Le col beau , la plume luifante
,
Au furplus pas un fol de
rente .
La belle aimoit l'argent , &
qui n'en avoit pas
Eftoit elle fans appas
.
pour
Tendres regards , douces
paroles
N'y faifoient rien , il faloit
des piftoles.
Ce fut par là qu'en vint à
bouti
Un riche oyfeau de ce bocage
;
Richeje dis, car c'étoir tout:
GALANT.
Du refte vieux , de noir plu
mage ,
Oyfeau d'un étrange jargon
,
Car on dit qu'il parloit Gaſ-
Il n'étoit femine un peu jolie
Dans tous nos bois ,
A qui cent fois / m
En fon patois
Il n'eût conté fon amou
reuſe envie.odi
L'affreuſe pieyo emmc0
Et la fauyette tour à tour
Avoient écouté fon amour,
Sans en avoir l'ame atten
drie. Eij
4
"
152 MERCURE
Mais enfin il plaît en ce
jour ,
Et fans retour
Il fe marie :
L'affaire fe conclut , dit-on,
Avant que le printemps expire.
Tous les oyfeaux n'en font
que rire ,
Et s'en vont chantant fur
ce ton :
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Comme l'oyfeau du noir
plumage ,
Plus de bon temps
;
En mariage
GALANT
33
Le
cocủage
N'eft
pas le mal
Le plus
fatal
;
Ce qu'on doit craindre da
vantage
En mariage
Quand on a l'âge
De
foixante ans ,
Eft d'aller voir en peu de
remps
Le noir
rivage.
E iij
$4
MERCURE
**
A Perpignan le 11. May 1712.
Relation envoyée par M. le
Comte de Fienne , Lieutenant
general des armées du
Roy.
LEs ennemis ayant eu
avis que les douze bataillons
que l'on avoit envoyez
ici du Dauphiné , étoient en
marche pour y retourner
affemblerent deux corps de
troupes : l'un du côté d'Oftalrich
, & l'autre du côté
d'Olot.
GALANT.
dut
Le premier étoit commandé
par le Baron de
Vvetzel : il paffa le 30.
mois dernier le Ter à Tor
reilles de Mongry , où il
campa. Le premier de May
il continua fa marche , &
fuivant un chemin coupé de
canaux & de vifieres , il arriva
le même jour à faint
Pierre Pefcador de bonne
heure.
L'autre , qui étoit commandé
par Don Louis de
Cordoua en l'abfence de Picalquez
, defcendit le 29. à
Befalce , vint camper
le 30-
E iiij
36 MERCURE
au pont d'Esponella , s'a
vança le premier vers Na
yatta , & envoya un gros,
detachement
à Figuieres
.
Le premier marchoit fun
moy , & l'autre fuivoit la
montagne , pour tâcher de
me couper la communication
avec le Rouffillon. Ils
avoient même déja envoyé
tous leurs, Miquelets & les
Soumettans , pour tâchen
d'en occuper les paffages.
J'avois été obligé de me
mettre à Caſtillon & à Peyralade
, derriere la Muga ,
aprés avoir retiré les poſtes.
GALANT .
que je ne pouvois foûtenir ,
& renforcé ceux qui pou
voient fe défendre.
Je fis marcher la nuit du
premier au fecond tous les
équipages à une lieuë de là ,
au pied de la montagne ,
pour être à portée de paffer
en Rouffillon ; & je les fui
vis lorfque je vis ces deux
corps en mouvement pour
venir aux quartiers que j'oc
cupois.
Le 2. je les fs paffer de
grand matin , & j'en fis l'ar
Fieregarde avec ce que j'avois
de troupes , conſiſtant
ا ی گ
38 MERCURE
en 2000. hommes , cavale
rie , infanterie , ou dragons ,
tant bons que mauvais . J'arz
rivai le même jour à Bañols ,
où je diſtribuai les troupes
dans des quartiers à portée
des paffages , pour y attendre
celles qui nous arrivent
de France .
a
Ils avoient envoyé tous
leurs Miquelets pour s'emparer
des defilez , & m'attaquer
dans une retraite :
mais toutes les hauteurs &
le's poftes furent fi bien occupez
, qu'elle fe fit fans
qu'ils ofaffent paroître.
GALANT
59
J'avois envoyé deux jours
auparavant M. de Caraffa ,
Maréchal des Camps des
armées de Sa Majesté Catholique,
pour commandër
dans Rofes. Il y a dans cette
place deux bataillons François
, unbataillon Eſpagnol,
& un d'infanterie Vvallonne
: elle eft très bien
pour
vûë de munitions de guerre
& de bouche .
Il y a dans Gironne huit
bataillons François , deux
Vvallons , cent chevaux ,
& des fufiliers de monta
gne. Cette place eft pareil60
MERCURE
lement bien pourvûë de
tout ce dont on peut avoir
befoin
Quoique les ennemis di
fent qu'ils font 10000. hommes
dans ces deux corps ;
neanmoins
, par l'état que
jai des regimens qui les
compofent , & de leur for
ce , je vois certainement
qu'ils ne font pas plus de
7000.
Hs publient que lorsque:
les troupes qui leur viennent
d'Italie feront arrivées ,,
ils doivent faire quelque
entrepriſe confiderable ::
GALANT. 61
mais comme il y a beau
coup d'apparence que ces
troupes ne peuvent arriver
plûtôt qu'au commencement
de Juin ; que dans ce
temps - là M. le Duc de Ven
dôme ſe diſpoſera à entrer
&
que
les
en campagne ,
troupes qui viennent de
France en ce pays- ci ſeront
arrivées , j'efpere que tous
leurs deffeins fe borneront
à manger le pays . Ils attaquent
l'Eſcale depuis le s
celui qui eft dans ce pofte
s'y défend bien.
Un regiment Napolitain
62 MERCURE
avoit eu ordre de fe rendre
maître du château de Madignan
, prés de Gironne :
mais un detachement de la
garnifon de cette place l'a
obligé de fe retirer avec
precipitation , & avec perte
de plus de cinquante hommes
, & de quelques Officiers.
* Les lettres de Perpignan
du 20. May portent que
tout eft fort tranquile dans
le Lampourdan , que le 16.
Ja garnifon de Gironne fit
courfe
jufqu'auprés une
d'Oftalric fans trouver
GALANT. 63
d'ennemis. L'on a appris par
des deſerteurs qu'ils fe font
retirez à Barcelone , où le
Comte de Staremberg les
faifoit camper , & qu'ils y
fouffroient une grande difette
de toutes choſes , ne
pouvant avoir de ſubſiſtance
que du côté de la mer
le pays étant entierement
ruïné & inculte . Ces lettres
ajoûtent que le General
Stremberg s'eft determiné
à mettre toute fon infante ,
rie dans les places qui lui
reftent , & de tenir la campagne
avec la cavalerie ,
64
MERCURE
confiftant en 5. ou 6000.
chevaux, la plupart en mauvais
état , juſqu'à ce que le
puiffant fecours qui lui doit
venir d'Italie foit arrivé.
On mande de Valence ,
qu'on continue d'envoyer
à Vinaros , fur les frontie
res de Catalogne , des ha
bits pour les foldats , & des
felles pour les chevaux.
Les lettres du Rhin portent
feulement que les deux
armées ne font aucun mouvement
, & qu'on croit qu'
on y fera fur la défenfive.
NonGALANT
6.5
Nouvelles de Pologne.
Les lettres de Pologne
portent que les Mofcovites
traitent plus moderément.
les peuples de la Pruffe
Royale ; que le General
Bruz qui les commande ,
menace d'attaquer la ville
de Dantzik , ou au moins
de la bombarder , fi elle
n'accorde les fommes que
le Czar lui a fait demander.
Les dernieres lettres de
Dantzik portent que les differends
de cette ville - là
Juin 1712.
h
66 MERCURE
avec le Czar font terminez,
à condition qu'au lieu de la
fomme confiderable qu'il
lui demandoit , elle fournira
une certaine quantité
de grains pour la fubfiftancalde
fes troupes, quinq
Les lettres de Saxe & de!
Vienne affurent qu'on avoit
appris par differentes letu
tres de Conftantinople, que
fur les inftances des ambafh
fadeurs d'Angleterre & de
Hollande , la paix avoit été
conclue entre les Turcsead
les Mofcovites , avec de
nouvelles conditions ; enGALANT
67
tr'autres , que le Czar aban
donnera entierement la Po
logne & l'Ukraine.q obsiz
Qu'il payera un tribut ou
penfion annuelle au Kan
des Tartares , cinq cent
mille ducats au Grand Sei
gneur , pour le dédomma
ger en partie des frais de
la guerre , & que le Roy de
Suede fera efcorté jufqu'en
Pomeranie par une armée
dans laquelle
il
mille Tartares. On ajoûte
que ce traité n'a pas encore
été fignéni publié Des nou?
velles méritent confirmag
y aura dix
Fij
68 MERCURE
tion , d'autant plus qu'on
en a pluſieurs fois fait courir
de pareilles qui n'ont eu
aucune fuite.
Les lettres de Bender
plus recentes afſurent que
tous les Bachas , marchent
avec leurs troupes vers le
Danube ; que le Grand Seigneur
devoit partir le 20 .
d'Avril de Conftantinople
pour aller joindre fon armée.
L'incertitude où l'on
eft depuis long - temps fur
ce fujet , ne peut plus durer
que quelques femaines
parce que les herbes étant
"
6
GALANT 69
grandes , les armées ſe mettront
en campagne , fi la
paix n'eft pas conclue &
publiée..
On mande de Ruffie , que
le
detachement de quatre
mille hommes des troupes,
du Palatin de Kiovie , com,
mandé par le Sieur Rudzinski
, s'étoit avancé , qu'il,
devoit être joint par vingt
compagnies de l'armée de
Lituanie , que le Palatim de
Kiovie étoit en marche
pour le joindre avec le refte
de les troupes , & qu'il étoit
fuivi par le Roy de Suede
70
MERCURE
avec une grande armée
A *
pendant que
les Turcs &
"
les Tartares fe preparoient
à agir d'un autre côté. Toutes
ces nouvelles deman
dent confirmation .
› L'inondation cauféé par
le debordement de l'Elbe a
fait des dommages confiderables
dans l'Electorat
de Saxe . Jof
Nouvelles d'Allemagne.
Le départ de l'Archiduc
pour aller en Hongrie a
été fixé au 18. de May. 11
GALANT.
ל ע
22
fera fon entrée à Prefbourg
le 19. & il fera couronné le
la ratifié tout ce que
Imperatrice fa Mere avoit
accordé aux Hongrois .
- Le Comte Nicolas Illief
hafi a été confirmé dans la
Charge de Chancelier de la
Cour du Royaume de Hongrie
, qu'il avoit exercée
fous le feu Empereur Jo
feph . On a envoyé plufieurs
Ingenieurs en Hongrie
pour faire reparer les pla
ces & faire de nouvelles
fortifications à celles qu'ils
jugeront en avoir befoin.
>
72 MERCURE
Les lettres de Presbourg,
portent que le Prince Ra
gotzi & le Comte Berzini
avoient fait délivrer à la
Diete une proteftation contre
le couronnement
de
L'Archiduc , à caufe que la!
depofition du feu Roy Jo
feph s'étoit faite à Onoth
du confentement de tous
les Etats du Royaume , &
que fi le couronnement
ne
fe faifoit de la même ma
niere dans une Diete libre
il feroit abfolument nul...
L'Archiduc partit de cette
ville le 18. il alla coucher
au
GALANT. 73
e
3
au château de Petronel , qui
appartient au Comte de
Traun . Il s'avança le 19. jufqu'à
Vvolfftal , où il fut
complimenté de la part des
.3
Etats par le Comte Emerie
Czaki , Archevêque de Colocza
, le Comte de Telekefi
Evêque d'Agria , le
Comte Sigifmond Czaki ,
le ComteEftienne Budiani;
de la Table ou Chambre
haute des Etats , & par douze
Deputez de la Table baf
fe. A l'entrée du Royaume
il rencontra le refte des Etats
de Hongrie , qui , fui-
Juin 1712.
G
74 MERCURE
vant l'ordre qu'il avoit donné
, n'avoient point amené ,
felon l'ancienne coûtume ,
leurs troupes armées avec
leurs Officiers , leurs timbales
& leurs trompettes
de crainte qu'il ne ſe fit
quelque defordre. Il n'y avoit
que le regiment de cavalerie
de Rabutin. Aprés
avoir reçû leurs compli
mens , il monta à cheval ,
& traverfa le Danube fur le
pont debarques , gardé par
le regiment d'infanterie de
Neubourg. Il continua ſa
marche vers la ville , où les
GALANT
75
Magiftrats lui preſenterent
les clefs. Les Bourgeois ar
mez étoient rangez depuis
le pont jufqu'à la porte par
où l'on va au châteaur , ou
al entra au bruit d'une dé
charge de toute l'artillerie .
Il fut d'abord à la Chapelle,
où l'on chanta le Te Deum.
Le 20. aprés que le Cardinal
de Saze Zeits , Archevêque
de Strigonie , et ce
kelebré la Meffe du Saint EL
ar
prit , il monta fur le Trône ,
doù le Comte Illeshafi , Chancelier
de Hongrie , fit en
peu de. mots aux Etats du
G ij
76 MERCURE
Royaume les propofitions
de l'Archiduc aprés quoy
ce Prince remit entre les
mains du Cardinal Zeits un
paquet cacheté , où ces mêmes
propofitions étoient
plus amplement expliquées.
Nouvelles d'Angleterre.
La Reine fait à preſent
fan feigur à Kenfington , où
le Confeil fe tiendra à l'avenir.
Un des Commis de la
Banque ayant pris la fuite
avec des fommes confide.
rables , qui lui avoient éré
GALANT.
97
données pour les mettre à
la loterie , fur arrêté à Chef
ter , d'où il vouloit paffer
en Irlande : on la conduit.
à Londres pour lui faire fon
procés.
Les bruits d'une paix pro
chaine ont fait monter les
actions de la Banque de
cent onze & trois quarts à
cent quatorze & un quart ;
celles de la
Compagnie des
Indes Orientales à cent dix
fept ; & celles de la Compagnie
de la Mer du Sud à
foixante & feize & demi....
Les lettres
d'Edimbourg,
1
Giij
78 MERCURE
portent quele Duc d'Athol,
Commiffaire
de la Reine
y étoit arrivé pour prefider
à l'affemblée
du Clergé d'E
coffe , dont il fit l'ouverture :
le 12. par un difcours fur ce
fujet , aprés avoir prefenté:
fa commiffion
& une lettre
de Sa Majesté. Le Sieur Ha
milton, Profeffeur en Theo
logie , remercia dla Reine &
ce Seigneur au nom de l'af
femblée
.
Le 24. May on proceda
au choix des fept Commif
faires - Examinateurs des
Dons de la Couronne , &
GALANT.
79
on élut à la pluralité des
voix les Sieurs Jean Hind
Cotton , Alexandre Mur
rey , Mylord Dovvn , Jean
Cholmley , Butteel, Levinz ,
& le Chevalier Edmond
Bacon.
Le Comte de Strafford.
premier Plenipotentiaire
d'Angleterre , arriva le 26.
May au foir de Hollande à
Londres. Le lendemain
accompagné du Sieur de
S. Jean , Secretaire d'Etat ,
il fut faluer la Reine , qui
la reçûtrés-favorablement.
Il a depuis affifté au Con-
1
Giiij
80 MERCURE
ſeil. On ne ſçait point le fu
jet de fon voyage , on croit
que c'eft pour recevoir de
nouvelles inftructions.
Les lettres de la Jamai
que portent qu'on avoit envoyé
de cette Ifle à la Caroline
quelques troupes re-.
glées , pour empêcher les
courfesde quelques Indiens
du Nord quiravagent cette:
Colonie.
Nouvelle d'Espagne.
Le Roy a donné la Clef
de Gentilhomme de la
GALANT 31
Chambre à Don Louis de
Caravajal Mexia & Cueva ,
en confideration de fes fervices
, & de ceux de Don
Francifco Caravajah fon
pere..
Sa Majesté a auffi donné
la Charge de Confeiller au
Confeil de Caftille à Don
Franciſco de Arana , ci -devant
Prefident de la Chan
cellerie de Valladolid.
La Charge de Gouver
neur & Capitaine general
de la nouvelle Biſcaye , dans
l'Amerique feptentrionale ,
à Don Gabriel Tinaguero
de la Efcalera,
82 MERCURE
Le regiment de Vallado
lid à Don Nicolas Ceffar &
Gudiel , Chevalier de l'Ordre
de Calatrava , ci-devant
Lieutenant - Colonel du regiment
d'infanterie Elpagnole
de Salamanque , qui
eft en Sicile.
Sa Majeſté a fait Colonel
d'un regiment nouvellement
levé fur la frontiere
de Catalogne , le fils du
Comte de Herſel , Maré
chal de Camp & Commandant
de Cervera.m
Le Pere Pantaleon Gar
cia , Provincial de la Pro
GALANT. 83
3
7.
vince d'Arragon , fut élû le
14. May General de l'Ordre
de la Mercy , dans le Chapitre
tenu à Alcala , auquel
prefidoir le Cardinal del
Giudice Inquifiteur genepal.
On ' mande de Catalogne
que Don Miguel Pons
ayant deffein d'enlever un
quartier des ennemis dans
la Conca de Trems , avoit
paffé la Noguera Ribagor
çana fur le pont de Suert
avec deux cent hommes ,
qu'il avoit été envelopé par
mille hommes
de troupes
$4
MERCURE
reglées , & deux mille Mi
quelets , qui l'avoient bleffe
& pris aprés s'être vigou
reuſement défendu .
Les lettres de
Perpignan
portent que les troupes que
le General
Staremberg a
voit envoyées
vers le Lam
pourdan , n'ont rien entre
pris.
On mande d'Arragon
que les Miquelets & les vo
lontaires s'étant avancez
pour s'emparer du pont de
Suert fur la Noguera Riba.
gorçana ont été défaits par
Don Patricia Laules , Ma
GALANT.
ב י
a
1
70
12
ר ג
21
réchal de Camp Irlandois ;
qu'un grand nombre avoit
été tué , & foixante faits
prifonniers , parmi lesquels
étoit leur Commandant
Don Jofeph Iniquez d'Abarca
, à qui l'Archiduc a
voit donné le titre de Marquis
de las Navas , le Chef
des volontaires , appellé
Bravo , & quelques autres
Officiers. On a pris aux environs
de Cervera trentefix
volontaires , qui ont été
conduits à Lerida. :
On écrit de Tortofe , que
le Duc de Vendôme y eſt
›
86 MERCURE
arrivé , où il donne les or
dres neceffaires pour ſe mettre
en campagne. L'on continue
d'envoyer en cette ville-
là & à Vinaros dės
pro
vifions , des habits pour les
, & des felles pour
les chevaux . !
On mande des frontieres
de Catalogne , qu'on avoit
prefque achevé de prati
quer un chemin commode
le long de l'Ebro , depuis
Mequinença jufqu'à Tortofe
: les ennemis s'étant affemblez
de ce côté- là pour
interrompre cet ouvrage ,
GALANT. 87
ont été repouffez par le
Comte de Muret Lieutenant
general.
Les lettres d'Eftremadure
portent que le Marquis de
Bay avoit affemblé au voifinage
de Badajoz fon armée
de quatorze mille fantaffins
, & de plus de fept
mille chevaux , qu'il devoit
dans peu fe mettre en campagne
, qu'il avoit fait un
detachement pour obferver
les Portugais qui marchoient
des frontieres de
Leon & de Galice , pour
joindre leur armée , qui s'af
88 MERCURE
•
fembloit aux environs d'E
tremoz. Les dernieres lettres
d'Eftremadure affurent
que le Marquis de Bay s'ëtoit
mis en marche le 20.
May avec toute fon armée
& un grand train d'artillerie
pour paffer la riviere de
Caya , & aller camper à la
Fuente de los Zapateros en
Portugal.
Nouvelles d'Utrecht.
uvelles
Il ne s'eft point tenu de
conference generale des
Plenipotentiaires ; on ne
fçait pas même quand il y
en
GALANT 89
erraura : par confequenton
ne peut rien dire de nouveau
, finon que les Pleni
potentiaires des Alliez vont
trés-fouvent
à la Haye pour
conferer entr'eux
& avec
les Etats Generaux ..
Le Comte de Maffey ,
Plenipotentiaire
de Savoye,
reçut le 25. May un courier
du Duc fon Maître . Heut
une longue conference a--
vec les Plenipotentiaires
de
France & d'Angleterre
: le
lendemain
il partit pour
Londres , fans qu'on fçache
le fijer de fon voyagevol ul
Juin 17122 H
E
MERCURE
Onmande d'Utrecht que
l'Evêque de Briftol , Pleni
potentiaire d'Angleterre ,
avoir declaré qu'il étoit
temps de penfer de donner
la paix à toute l'Europe , &
non pas à former de nou
yelles entrepriſes pour la
continuation de la guerre.
Nouvelles de Flandres.
L'armée des alliez paffa
le 26. May l'Escaut fur plu
fieurs ponts au - deffous de
Bouchain , & fut camper
le long de la Selle , qu'elle
GALANT. 91
pre
faiffa derriere elle . La partie
que commande le Prince
Eugene mit fa droite à
Noyelle , & fa gauche au
Saulfoy. Le quartier general
de ce Prince étoit à Ha-
Celle que commande :
le Duc d'Ormond avoit fa
droite prés du Saulfoy , &
fa gauche à Briatre , à trois
lieues de l'armée de France
Le quartier general du Duc
Ormond étoit à Solemes.
On s'attendoit qu'elle continueroit
fa marche pour
faire quelque entreprife.
Larmée de France étoit
a
Hij
92 MERCURE
toûjours campée le long de
l'Efcaut , fa droite vers le
Catelet, & la gauche vers :
Cambray. Elle fut jointe le
26. May par treize batail
lons venus d'Allemagne
avec fix efcadrons de dra..
gons & trois de cavalerie ,
tous bien montez & entrés ,
bon état. Le Maréchal de
Villars fait garder les paf
fages de la Scarpe , de la
Senfée & de l'Efcaut . Les
garnifons de Condé &
de Valenciennes font des
courſes continuelles qui incommodent
fort les enne,
GALANT.
.93
S
mis ; ce qui les oblige à
avoir des corps confidera,
bles entre l'Escaut & la
Scarpe pour couvrir leurs
convois.com
Listure de l'Ile du 11. fuim
Ileft trés- certain que
l'Evêque de Briſtol a ſigni,
fié aux Ambaffadeurs
alliez ,
que la Reine fouhaitoit
fai,
re la paix avec le Roy , &
que Meffieurs
les Hautes
Puiffances
pouvoient entre
tenir à leurs propres frais les
94
MERCURE
troupes qui étoient à leurs
communes
foldes . L'on at
tend aujourd'hui
Meffieurs
Hop & Vveleres
pour ac
commoder
cette affaire.
Les Etats Generaux
ont
convoqué
une affemblée
,
où fe trouveront
deux deputez
de chaque de leurs
Provinces
, pour voir le parti
qu'ils avoient
à prendre
dans cette occurrence
de
temps.
*
omp
Le fiege du Quefnoy fe
fera par provifion : ce fera
Mule Baron de Fagel qui
lecommençera , c'eft le me
GALANT
95
e
me qui a pris Bouchain. Si
cette petite place ne fe défend
point bien , ce ne fera
point faute de troupes ; il
y a dix bataillons , un regi-
: ment de dragons , une compagnie
de canoniers , une
de mineurs , & une franche.
On ne fçait point comment
cette place peut contenir
tant de monde . M. le Prince
Eugene doit aller faire
un tour à la Haye.
vili o mon sh
96 MERCURE
IS ME N. E..
EGLOGUE
..
IPHIS..
DE tonégarement, ami,
que dois- je croire ?
La Seine à tes regards paroît
toûjours la Loire ,
Tu parles de bergers in
connus fur ces bords ,
Tu parcours nos forêts témoins
de tes tranſports
Et l'Echo loin de toy redit
le nom d'Ifmene....
PHL
GALANT
PHILEMON.
Ciel devois - je quitter les
rives de la Seine ?
J'y voyois fans peril les plus
brillans attraits ;
L'Amour pour me dompter
n'y trouvoit point
de traits :
Tranquile , je goûtois dans
nos fombres bocages
Le parfum de leurs feurs ,
le frais de leurs ombrages
,BomĀ …. I
Et fur le verd gazon , qu'ils
ont foin d'abreuver ,
Le feul bruit des ruiffeaux
m'apprenoit à rêver. T
Juin 1712.
Bayern the
Steeth
brotnak
98 MERCURE
Iphis ,mon cher Iphis, plains
mon fort déplorable ,
Le repos de mon coeur n'a
za pas été durable
Et le fils de Venus de mon
calme irrité
7
M'a fait payer bien cher
ma courte liberté, vel
IPHIS.
Crois- moy , nos coeurs font
faits pour cet aimable
maître ,
Et l'Amour n'eft vaincu que
quand il veut bien l'être . ⠀
Echapé de fes noeuds , & rebele
à fes loix , ed
Tu méprilois des fers baifez
GALANT
escent & cent fois ,
Et cu penfois devoir par de
4
conftans outrages
Reparer ta foibleffe & res
premiers hommages .
Je tremblois , & je crois te
l'avoir dir un jour ,
Unberger doit moins craindre
encor Pan que
l'Amour,
300 ༡ ༩
PHILEMON.
Helas ! mon cher Iphis , par
Sp des coups legitimes
Il a juftifié fes droits & res
maximes !
Le cruel m'attendoit fur un
bord étranger...
I ij
100 MERCURE
IPHIS .
N'es - tu pas trop heureux
qu'il daigne fe vanger ?
PHILEMON.
Je le vois bien : toûjours
content de fon empire ,
Tu juges de mon feu par
celui qu'il t'inſpire ,
Et ton coeur prévenu pour
le Dieu que tu fers ,
Comblé de fes plaifirs n'apperçoit
pas les fers.
Non , non , je ne fuis pas de
ces heureux coupables ,
Que l'Amour ne punit que
pa: des coups aimables ,
Qui dans fes châtimens éGALANT.
101
1
A
prouvent fes douceurs
Et femblent par leur crime
attirer les faveurs .
IPHIS.
J Ah ! berger , quel que foit
l'excés de ton fupplice ,
Je fuis fûr que l'Amour n'a
point fait d'injuftice
Et quels que foient les
maux que ton coeur peut
fouffrir ;
Je fuis bien fûr encor qu'il
n'en veut pas guerir.
Mais du fils de Venus apprens-
moy la victoire.
PHILEMON.
Iphis , j'errois un jour fur les
I iij
102 MERCURE
art bords de la Loire ,
Sans fonger à ce Dieu que
javois outrage I
Je vis l'aimable Ifmene , &
TAmour furvangé.
N'attens pas qu'aujourd'hui
jete peigne les charmes ,
Cher Iphis , je reffens de
trop vives alarmes ,
Et fi j'entreprenois de tracer
fon portrait ,
J'y mêlerois , helas ! mon
defordre fecret.
Mais que mon trouble ferve
a t'exprimer Ifmene ,
Et connois fes appas par
l'excés de ma peine.
}
GALANT. 103
Cet objet qui m'a ſçû pour
jamais engager , n62
Eft foûmis au pouvoir d'un
injufte berger ,
Qui negligeant des feux
que 1 hymen autorife ,
Ignore tout le prix d'un
bonheur qu'il méprife.
Te le dirai-je , Iphis ? dans
ces lieux fi charmans
L'Amour n'a pas encor formé
de vrais amans :
Ifmene y brille en vain , &
le Dieu de Cithere
Perd mille exploits galans
1. que par elle il peut faire ;
ne s'y trouve point de ces
H
I iiij
104 MERCURE
coeurs delicats
Qui feuls fçauroient d'If.
mene adorer les appas ,
IPHIS .
Que je plains ces bergers!
Philemon , quel domimage
Que de leurs, doux climats
ils ignorent l'ufage ,
Et que toujours contens
d'un ennuyeux repost, I
Ils ne faffent jamais foûpirer
les Echos.
PHILEMON.
Ilmene quelquefois dans
ces belles retraites.
Va cacher ſes appas & fes
GALANT. 195
peines fecretes :
J'ai vu tous les reduits témoins
de fes douleurs
,
Et farbre qui fouvent eft
baigné de fes pleurs .
Cet arbre fi cheri redou
bloit mes alarmes ,
Helas ! je l'ai moy- même arrofé
de mes larmes
,
Et mon amour tremblant
fe trouvoit trop heẹureux
,
Lorfque fous fes rameaux il
révoit à fes feux .
IPHIS.
N'as - tu donc confie qu'à
get arbre
fidelle
106 MERCURE
Le fincere recit d'une flâme
fibelle ?
PHILEMON.
J'ignore , cher Iphis , fi ma
bouche a parlé :
En abordant Ifmene inquiet
& troublé ,
Ma raifon s'égaroit , & ma
timide flame
Jettoit dans mes difcours le
trouble de mon
ame.
Quels momens a perdus
mon amour interdit !
Je pouvois m'expliquer...
IPHIS.
Ton defordre atout dit.
GALANT . 107
1
PHILEMON, SA
Voila mon trifte fort : ma
tendreffe eft extrême ,
Et peut- être inconnue au
cher objet que j'aime.
Accable , loin d'Ifimene ,
Iphis , je fouffre , helas !
Mille tourmens affreux qu'-
elle ne fçaura pas ,
Et je ne jouis point même
des doux menfonges
Dont l'efpoir quelquefois
fçait embelir fes fonges.
Non , ce n'eft point pour
moy qu'épuiſant ſes ri
gueurs
L'Amour a reüni de fi
108
MERCURE
cruels malheurs.
IPHIS.
Je te plains : mais je crois
que ta flame fincere
Du Dieu qui te pourſuis flé,
chira la colere .
PHILEMON.
Iphis ,ne prens pas foin d'a
doucir mes
tourmens ,
Et porte
ce fecours
à de
foibles
amans :
Pour moy je ne crains plus
&
l'Amour &fa haine ,
Mon ardeur me fuffit en
adorant Ilmene .
GALANT
en
MORTS
DIS Meffire Louis Comte de
Comenges, Gouverneur du
haut Anjou , ville , château
& pays Saumois , mourut
21. May 1712 .
le
M. le Comte de Comenges
avoit été Officier
de la Gendarmerie , & Aide
de Camp du Roy. Il étoit
fils du Comte de Comminges,
Lieutenant general des
armées du Roy , Chevalier
de l'Ordre , Gouverneur
du haut Anjou , ville , châMERCURE
Sau & pays de Saumür
Ambaffadeur en Portugal ,
& dans plufieurs autres
Cours , & Confeiller d'Etar
des pays. M. le Chevalier
de Comenges, auffi diftingué
par fon efprit & fa
valeur , que par fa naiſſan .
ce , eft frere de feu M. le
Comte de Comenges der
nier mort. Ils avoient pour
four feue Madame de la
Trene,premiere Prefidente
du Parlement de Bordeaux.
Meffire Charles- Augufte
Marquis de la Fare , Corte
GALANT. auf
de Laugerre , Baron de Ba
lafuc , Seigneur de Miran
dol , d'Arlande , & c. Capi
taine des Gardes du Corps
de M. le Duc d'Orléans
mourut le 29. May , âgé de
68. ans.
Il avoit fervi long-temps
avec beaucoup de diftinc
tion dans la Gendarmerie.
Son pere étoit le Marquis
de la Fare , Lieutenant general
des armées du Roy
Gouverneur de Rofe en Ca
talogne, Capitaine des Che
vaux Legers de M. le Cardinal
Mazarin. Sa mere
112 MERCURE
avoit époufé en fecondes
noces le Comte du Roure ,
Chevalier des Ordres du'
Roy , Lieutenant general
de la Province de Languedoc
, Gouverneur de la ville
& citadelle du S. Efprit..
M. Guy de Coëtlogon ,
Chevalier Seigneur de Mejuffaume
, Doyen du Parlement
de Bretagne , moufut
le 4. Juin.
Il avoit exercé durant
plufieurs années la Charge
de Procureur General Syndic
des Etats de Bretagne,
aver
GALANT. 113
avec toute l'integrité &
Fapprobation imaginable.
Ila eu plufieurs enfans,dont
l'aîné , Marquis de Coëtlogon
, aprés avoir ſervi
plufieurs années dans la
Gendarmerie avec beaucoup
de diſtinction , avoit
quitté le fervice pour prendre
la Charge de Procureur
General Syndic des
Effats de Bretagne. Il eſt
mort il y a trois ans & a
laiffe plufieurs enfans de
Guionne Marquife.de Cotologonne
, fa femme. Il
avoit pour frere M. l'Abbé
14
Jain 1712.
K
114
MERCURE
de Cologon , Chanoine &
Archidiacre
de Quimper ,
qui eft mort il y a fix ans.
Il reste encore M. l'Abbé
de Cologon , & Madame de
Cologon , Religieufe Carmelite
à Ploermel en Bretagne.
M. de Mejuſſaume
frere le Marquis
avoit pour
de Cologon , Lieutenant
de Roy de Bretagne , &
Gouverneur de Rennes , qui
a eu plufieurs enfans , dont
l'aîné étoit le Marquis de
Cologon , auffi Lieutenant
de Roy de Bretagne & Gouverneur
de Rennes , pere de
GALANT.
I
la Marquife de Cologon
dont nous venons de parler.
Le fecond eft mort Eveque
de Tournay , qui l'avoit
été durant plufieurs années
de S. Brieux . Il refte
encore deux filles , dont l'u
ne eft la Marquiſe de Tournemine
, & l'autre la Marquife
de Cavois. Les autres
freres ont été M. l'Evêque
de Quimpert , & M. le Marquis
de Cologon , qui vit
encore , Lieutenant general
des armées navales du
Roy , & Commandant de
l'Ordre Militaire du S. Ef
Kij
116 MERCURE
prit. La MaifondeCologon
eft une des plus anciennes
& des plus illuftres de la
Bretagne , tant par ſes alliances
, que par les terres
confiderables & les digni
tez qu'elle a poffedées , foit
du temps des Ducs de Bretagne
, foit depuis que cette
Province eft reunie à la
Couronne.
M. Antoine Bernard
Comre du Prat ,Marquis de
Formery,Eclors, & c. Colo ,
nel d'infanterie , mourut le
6. Juin, Il avoit épouſé deGALANT.
17
puis 15 jours N. de Follin.
S Il étoit fils de M. le Mar-
@quis de Vitau. Madame fa
mere étoit fille du Marquis
5 de la Rez, qui eft mort Lieutenant
general des armées
- du Roy , Gouverneur de
Briançon , & Directeur general
de l'infanterie. Tout
le monde connoît la Mai
fon du Prat : elle a donné à
la France un Cardinal , qui
a été Chancelier Garde des
Sceaux , premier Miniftre
fous François premier , Archevêque
de Sens , & Legat
à latere. C'est lui qui a fait
Sour
"
1
18 MERCURE
bâtir une partie de l'Hôtel
Dieu de Paris ,dont il a fondé
les lits qu'on appelle encore
la falle du Legat.
Meffire François Tardif,
qui avoit été reçû Confeiller
au Parlement , & Commif
faire aux Requêtes du Palais
en 1672. mourut le 18 .
Juin
1712.
*
Dame Madeleine - Elifabeth
de Meuller , Dame de
la Source , veuve de Meffire
Albert - François Clerembaut
de Vendeuil , ChevaGALANT.
119
Hier Seigneur de Dieudon
ne , S. Germain & Neuville ,
Gouverneur de Pequais
Meftre de Camp du regi
ment Dauphin cavalerie
mourut le 30. May.
Meffire Pierre Rouille
Maître des Requêtes honoraire
, ancien Prefident au
Grand Confeil , & ci- devant
Ambaffadeur en Portugal
, moufut le 30. May.
Meffire François Berthelot
, Secretaire des Commaedemens
de feuë Ma420
MERCURE
dame la Dauphine Marie-
Chreftienne de
Baviere ,
mourut le 3. Juin.
Dame Sufanne - Eleonore
Paffart , époufe de Meffire
Jules de Villemeur , Chevalier
Seigneur de Rieutor
la Martiniere , Saclay , &c.
Maréchal des Camps & Armées
du Roy , comman
dant la compagnie des Grenadiers
à cheval de Sa Ma
jefté , mourut le 8. Juin.
a
.M
GALANT . 120
f
SE SE SE SE SE SE 36 MESE NE
RELATIO N
envoyée à Monfieur
Le Comte de Pontchartrin.
MONSEIGNEUR ,
A
I
Yant eu le malheur
d'eftre du nombre de
ceux qui ont efté faits prifonniers
dans la defcente de
Mr du Clerc à Rio de-
Janeiro ; je crois qu'il eft de
mon devoir de rendre
Juin 1712 .
L •
122 MERCURE
compte à Voftre Grandeur
de mon retour en France
auffi bien que de ce qui
s'eft paffé de plus remarquable
dans cette occafion.
Le Samedy 6 Aouſt
1710. On commença à voir
la terre à huit heures du
matin , d'un vent affez frais .
on n'eut pas courru deffus
trois heures , qu'on découvrit
le pain de fucre ; c'est
une Montagne fort élevéc
qui eft à l'entrée de la Baye
de Rio de Janeiro , & qui
fert de marque pour la ret
connoiftre : elle cft ainfi
GALANT. 123
nommée à caufe de fa
figure .
.
A midy le Commandant
fit fon fignal , pour apelles
rous les Gardes de la Marine ,
& tous les Grenadiers de
l'Eſcadre à fon bord , afin
d'entrer ce jour- là nean
moins il étoit déja 3 heures
qu'on eftoit encore à plus
d'une lieuë de l'entrée : ainfi
on prit le parti de moüiller ,
pour ne pas s'engager la
nuit dans un pays qu'on ne
connoift
pas .
La Brife que l'on s'étoit
flatté d'avoir le lendemain
Lij
114 MERGURE
huit heures du matin , ne
commença qu'à deux heures
aprés midy , on leva d'abord
l'Ancre pour en pro
fiter , & chacun étant bien
difpofé par l'ordre que tous
avoient receu de Mr du
Clerc de fe tenir prefts à
faire la defcente , nous nous
preſentâmes à la Barre de
Rio de Janeiro pour entrer
dans le Port avec des Navires
du Roy , le Dimanche 17
Aouft 1710. entre trois &
quatre heures du foir ; mais
le vent nous ayant manqué,
Tout à coup, dés que nous
GALANT 125
fumes à l'abry des terres, on
fut contraint de mouiller à
une grande portée de canon
du grand Fort de S, Croix
Nous n'eumes pas pluſtoſt
jetté l'Ancre , qu'il le pre-
5 fenta une Soumaque , petit
Baftiment venant de la Baye
de tous les Saints , qui në
balança point d'entrer fur
la foy de nos Pavillons An
glois , qu'elle nous vit à
tous : mais Mr du Clerc
jugea à propos de l'arrefter,
en paffant , afin de tirer s'il
fe pouvoit quelque éclaircif.
fement pour fon entreprife,
A
Liij
126 MERCURE
Le grand Fort , qui depuis
que nous étions moüillez ,
paroiffoit fufpendre fon jugement,
& nefçavoir encore
fi nous cftions amis on ennemis
, ne douta plus que
nous ne fuflions François ,
lorfquil vit arrefter le petit
Baſtiment. Il
commença
déflors à tirer du canon fur
les
Vaiffeaux, ce qui étoit
affez mal fervi , mettant une
intervalle
confiderable
entre
chaque coup qu'il tiroits
enfin lorfque la nuit furvint,
& qu'il fut obligé de ceffer ,
il n'avoit pas tiré plus de
GALANT 127
1
quinze ou vinge coups de
canon qui n'avoient incommodé
aucun Navire.
Mr du Clerc aprés avoir
interrogé les Portuguais
qu'il venoit de prendre , af
fembla pendant la nuit le
confeil de fes Officiers pour
fçavoir ce qu'il étoit le plus
à propos de faire , quoyque
fon avis fut de faire la def
cente cette nuit meſme qui
étoit fort obfcure , & trespropre
à favorifer l'entreprife
, les Chaloupes pouvant
paffer à la faveur des
tenebres devant tous les
1
Liiij
128 MERCURE
Forts fans avoir rien à crain
dre , ce qui auroit fans doute
furpris les ennemis qui ne
pourroient pas encore eftre
rous raffemblez , il fut ce
pendant refolu de l'avis de
fon confeil d'aller à l'Ifle-
Grande fe rafraichir , &
qu'enfuite on iroit furpren
dre la Ville , par terre.
Il fit embarquer rout fon
monde dans les deux Fregat
tes, la Diane & l'Attalante ;
* C'eft une Iſle qui eft à zo lieues
de Rio de Janeiro , où les Vaiffeaux
ont coûtume d'aller faire de l'Eau ,
& du Bois.
GALANT 125
qu'il choifir pour le tranft
port des Troupes , & ceux
qui ne purene y trouver
place fuivirent dans les Cha
loupes , & dans deux Bri
gantins .
Les trois Vaiffeaux du
Roy , l'Oriflame , la Valeur
& la Venus, refterent à l'Ile-
Grande , fous le comman
dement de Mr de Champagnu
, Lieutenant
de Vaif.
feaux ; & nous en partîmes
dans l'ordre que je viens de
dire le Samedy 6. Septembre
, fous la conduite de
trois Noirs qui s'étant écha
M
130 MERCURE
"T
pez de la maifon de leur
Maiftres , s'étoient venus
rendre à Mr du Clerc : ils
affuroient qu'il n'y avoit à
Ja Ville que cinq à fix cens
hommes de Troupes à
combattre , & s'offrirent de
nous y conduire par terre
fans aucun obftacle.
Nousmines pied à terre
un petit Village , à douze
ou quinze lieues de Rio de
Jineiro , ce fut là que nous
scommençames la deſcenté ,
Je Dimanche au foir 14. du
mois , & le Lundy matin le
refte des Troupes étant auffi
i
GALANT . 131
S
FAD
3
#
deſcendu , nous marchâmes
droit à la Ville , au nombre
de prés de huiccens hommes
fur la bonne foy des trois
Noirs qui nous y conduifi,
fent. 20 N
Les trois premiers jours
de marche ne furent trou
blez par aucun ennemy ,
ayant trouvé dans les Campagnes
toutes les habita
tions defertes ; foit que les
habitans fe fuffent retirez à
la Ville comme dans un lieude
feureté , foit qu'ils s'y
fuffent affemblez pour la
mieux deffendre , mais le
132 MERGURE
quatrième jour qui fut le
Jeudy 18. du mefme mois
étant arrivez avec beaucoup
de peine fur le fommet
d'une Montagne fort éle
véc
, peu de temps avant
midy nous y trouvâmes un
abbatis d'arbres confidera
ble , ce qui barroit entiere
ment tout le chemin , qui
étoit de luy mefme fort
étroit , mais nous étant aperceus
qu'il n'y avoit perfonne
derriere qui s'oppoſat
à noftre paffage , comme
nous l'avions crû d'abord ,
nous nous en fimes bien toft
GALANT. 133
un autre dans le bois à la
faveur des haches d'armes
L'aprés
que portoit la Compagnie
des Canonniers.
midy environ les deux
heures à peine la moitié des
Troupes avoit defcendu la
Montagne que la Compa
gnie des Gardes de la Marine
marchoit à la tefte fut falüée
5 de quelques coups de fuzils
qui partirent in opinement
du Bois dont , trois Gardes
de la Marine furent bleſſez
fans qu'on pût découvrir
cenx qui les venoient de
tirer. L'on fit grand feu fur
# 34 MERCURE
Pendroit d'où on avoit veu
fortir celuy des ennemis , &
l'on doubla le pas pour
pouvoir pluftaft trouver la
fin du Bois qui avoit encore
demie - lieue , & où l'on ne
pouvoit marcher au plus
que deux depfront : les
Troupes qui fuivirent ef
fuyerent encore plufieurs
coups de fuzils , dont il n'y
eut cependant que deux
Soldats bleffez , car les déb
charges continuelles que
l'on faifoit à droit & à la
gauche , par tout où l'on
paffoit , impoferent biens
GALANT. 135
toft filence à ceux qui
étoient cachez , & les ren-.
dirent bien plus mal adroits
à tirer qu'ils n'avoient eſté
dens fe commencement , ou
ils choifirent leurs objets
fans qu'on fe deffiat d'eux.
Erantenfin arrivez , caw
deboucher , & n'ayant point
trouvé d'ennemis qui nous
difputaffent l'entrée dans la
Plaine , nous nous y mîmes
en bataille à mefurd que
nous fortions du Bois , &
nous marchâmes
roûjours
en bon ordre , autant que
les chemins & les lieux par
136 MERCURE
où nous paffames enfuite
nous le peurent permettre.
Sur le foir le Soleil étant
preft de fe coucher , on
apperceut de loin une Compagnie
de Cavalerie qui
fembloit nous attendre dans
une grande prairie prés
d'une des maiſon des Je
fuites , qui eft à une grande
demie lieuë de la Ville : l'on
marcha droit à elle croyant
que les Portuguais avoient
toutes leurs forces prés de
cet endroit à deffein de
nous combattre ; mais
voyant ces Cavaliers ſe re-
M i
GALANT . 137
tirer à mesure que nous
avancions , on jugea bien
qu'ils étoient là pour nous
obferver feulement , & non
pas pour nous engager à au.
cune affaire. Mr du Clerc
ayant jugé à propos de faire
prendre quelque repos aux
Troupes qui étoient extre
mement fatiguées , l'on s'ar
3 refta à cette maifon des Jfuires
, & l'on y paffà la
nuit.
Le lendemain toutes les
Troupes furent en bataille
à la pointe du jour , & aprés
les Prieres accoutumées on
Juin 1712 M
138 MERCURE
fe mit en marche . La Com
pagnie de Cavalerie Portugaife
que nousavions veuë le
Loir , fembloit nous vouloir
enfeigner les chemins qui
conduifoient à la ville &
marcha longtemps devant
nous à grande portée de canon
, nous obfervant toû
jours à veuë de, moment en
moment , il fe détachoit un
Cavalier d'entr'eux pour aller
annoncer au Gouverneur
notreaproche , & l'informer
autant qu'ils en pourroient
juger du nombre que nous
étions, & des routes par lef
GALANT. 139
1
I
quelles nous marchions à lui.
Mr du Clerc ayant veu
fur une hauteur une Eglife ,
nommée Notre - Dame des
Elton , où il aprit que les
ennemis étoient retranchez ,
y enuoya deux Compagnies
de Grenadiers qui s'en rendirent
bien- toft Maitres
malgré le grand nombre
de ceux qui la gardoient
la plupart des Portuguais ,
s'en étant enfuys dans le
Bois aprés leur premiere
décharge ; ceux qui refterent
furent faits prifonniers . On
apprit depuis qu'ils y étoient
Mij140
MERCURE
retranchez , au nombre de
deux cens hommes ; on per
dit dans cette action un
Capitaine de Grenadiers , &
cinq ou fix Soldats qui y
furent tuez .
Un gros de Portugais
étant fortis de la Ville , ils
parurent le long de quelques
arcades qui n'en font qu'à
demic portée du fuzil , &
firent mine d'en vouloir
difputer l'entrée à nos
Troupes qui s'avançoient à
grands pas ; mais ils ne fou
tinrent pas long temps la
furcur Françoife ; car ils
"1
GALANT 147 .
1
lacherent le pied aprés leur
feconde décharge , & ren .
trerent auffi-toft en defor
dre.
Jamais Troupes ne montrerent
un courage plus in
trepide que ceux qui fuivi
rent Mr du Clerc dans cette
•
entrepife ; malgré le feu
continuel des ennemis qui
faifoit tomber nos gens de
rous coſtez, ayant du monde
caché dans tous les endroits "
par où nous paffions nous
entrâmes dans la Ville avec
autant d'ardeur & d'audace
que fi le peril n'eut pas efte
142 MERCURE
pour nous , & que nous
fuffions venus dans nos propres
maifons; tout fuyoit devant
nous par tout où nous
nous prefentions : Cependant
nous n'y marchames
pas longtemps fans êrre fort
incommodez
du feu qui
nous venoit des coins de ruës
dont nos gens étoient affaf,
finez fans que nous viffions
perfonne , contre qui nous
puiffions prendre noftre revanche
. Dans cette fituation
on crut devoir chercher
quelque endroit favorable
pour le mettre à couvert ,
2
GALANT. 43
1
& où l'on ſe pût retrancher ,
ce ne fut pas fans peine , &
fans qu'il en coûtat beaucoup
, que Mr du Clerc fe
rendit Maiſtre d'un Magaſin
à fucre proche de la Mer que
l'on nomme le Trepiche , &
où il y avoit quantité de
Portugais retranchez qu'il
fallut forcer , on y trouva
quatre pieces de canon avec
lefquels on fit bon feu ; mais
ne s'y érant rencontré que
fort peu de munitions , on
ne s'en pût pas fervir long
temps.at
Pendant que ces chofes
144 MERCURE
fe paffoient dans la Ville ; la
Compagnie des Canonniers
qui avoient refté derriere ,
fe trouvant féparée du gros
des Troupes ; parce qu'elle
n'avoit pas pû fuivre , tomba
entre les mains des ennemis
, qui aprés leur avoir
fait mettre bas les armes en
་
leur promettant bon quar
tier ; par la plus lâche per
fidic , dont on ait guère
vû d'exemple , furent affez
barbares pour leur arracher
à tous la vie. Ils en firent
un horrible carnage & leur
firent fouffrir les tourmens
less
GALANT 145
les plus
rigoureux que leur
eruauté leur pûr faire
inventer.
En ce moment quelques
Officiers bleffez du nombre
: defquels étoit Mr de Ruys
Lieutenant de Vailleaux
Commandant de la Colon.
nelle , s'étant retitez dans
une maison pour le faire
pånfer , y furent furpris par
les Portugais , & furent em
menez prifonniers dans une
Chapelle qui eft au dehors
de la Ville nommée Noftre
Dame du Rozaire, oùétoient
les autres François que l'or
Juin 1712.
N
1
46 MERGURE
avoit arreltez . Le Gouver
neur y vint auffi toft avec
quantité d'Officiers Portugais
; il interrogea ces nouyeaux
priſonniers avec le
moins de douceur qu'il luy
fur poffible. Enfin apres
bien des façons , les Officiers
François pour éviter le fuplice
de la mort , dont on
les menaçoit, furent obligez
de déclarer que le nombre de
Troupes qui étoient defcendues
à terre étoit d'environ
huit cens hommes , le Gouverneur
s'étant fait rendre
compte des morts à peu
M
GALANT 47
prés autant que l'on en pourroit
juger , & de tous les
prifonniers qu'il avoit déja
faits , n'eut pas de peine à
deviner que le nombre de
ceux qui étoient encore avec
Mr du Clerc ne pouvoit
pas eftre bien confiderable
alors 7 ou 8 mille hommes
de Troupes Portugaifes
& qui n'avoient pas ofez
venir à noftre rencontre
pour nous empefcher d'entrer
dans leut Ville ' , commencerent
à fe fentir quelque
courage.
Mais ne fe confiants pas
Nij
148 MERCURE
encore tout à fait à ce qu'ils,
venoient d'entendre de la
bouche des prifonniers; le
Gouverneur engagea Mr de
Ruys d'écrire à Mr du
Clerc , pour luy aprendre,
combien les forces Portu
gaifes étoient confiderables
, & pour le foliciter de
fe rendre.
Mr du Clerc répondit
qu'il avoit encore de la poudre
& des balles , & que
tandis qu'elles dureroient ,
il ne fe rendroit point ; cependant
il n'étoit point fans
affaires & fans embarras
GALANT. 149
dans le Trepiche depuis que
nous l'y avions laiffe , étant
obligé d'effuyer le feu continuel
de deux Fregattes qui
s'étant avancées fort prés du
Magafin où nous étions ,
firent de grandes bréches ,
à l'aide de leur canon qu'elles
tiroient fans ceffe , & qui
nous faifoit perdre toûjours
du monde , & en incommodoit
beaucoup par les éclats.
Fevvous pafferay icy un long
détail d'une defenfe qui coûta
aux Portugais dixfoldats pour
un des noſtres ; mais ils
eftoient encore en trop grand
"
N iij
150 MERCURE
nombre pour leur reſiſter. On
leur fit pourtant fignifier qu'on
alloitfortirfur eux la bayonette
au bout dufufil, ce qu'ils crait
gnirent tant qu'ils firent une
Capitulation tres-vantageufe :
mais ils la rompirent enfuite
avec une perfidie dont il n'y a
jamais eu d'exemples , en fai
fans fauffrir avec des crùautez
inoüies à leurs Prifonniers tous
les indignitez
C
Les tourmens
imaginables.
Voila en peu de mors
ane legere peinture de ce
qui s'eſt paſſé à Rio de Janeiro
entre les François &
GALANT 156
les Portugais , le Vendredy
19. Septembre 17.no) val
Cette action qui dura
depuis les dix heures du matin
, jufqu'à cinq heures du
foir , à été de plus chaudes ,
& des plus fanglantes done
on ait our parler, depuis
fort longtemps : il refta
deux cens hommes de tuez
fur la place , huic Officiers
Be trois Gardes de la Marine ;
deux cens autres furent
Bleffez , avec quinze Officiers
& deux Gardes de la
Marine.
Niiij.
} {}
MERCURE
LISTE DES OFFCIERS
tuez, & bleſſez ,
Officiers tucz.
Mr de
Patreville Capitaine
des Grenadiers.
Mr Dirùmbery , Idem.
Mr de Proiffy , Capitaine
de Compagnie.
Mr de Tarifnar Comman .
dant de la
Compagnie de
Canonniers.
Mr de Varaife Lieutenant
des Grenadiers .
Mr de Rilly Lieutenanr
de
Compagnie.
GALANT 153
Mr de Miraillet , Idem.
Mr de la Gautrais, Idem.
Gardes de la Marine morts.
Mr de Ramelay
Mr de la Mefanchere
Mr Marin.
Officiers bleßez. :!
Mr de Ruys , Commandant
la Colonelle.
Mr du Fay, Capitaine
de Compagnie.
Mr de la Saufaye , Idem .
Mr de Conteneuil , Idem.
154 MERCURE
Mr de Saint Michel , Id .
Mr de Boifverd , Idem.
Mr de Lavaux , Idem .
Mr de Prefontaine Lieutenant
de la Compagnie
des Gardes de la Marine ,
mort dans la Prifon.
Mr du Jarrié , Lieute
tenant de Compagnie.
Mr. Defclafeau , Idem .
Mr Defeffars , Lieutenant
des Grenadiers .
Mr de Macnemara Lieutenant
de Compagnie.
Mr de Linars , Idem.
Mr de Pannes , Idem .
Mr.de Cogny , Idem:
GALANT . 155
1 Gardes de la Marine bleffez.
- Mr le Marquis d'Aligny.
* Mr du Rivaux Huer.
"
Aprés une journée fi fatale
aux François , on crut que
les vainqueurs devoient être
contens de leur fortuner
mais le fuccés qu'ils avoient
eu , & tous les maux qu'ils
venoient de nous faire fouf.
frir , n'avoient pas éteint
leur animofité , oublians le
lendemain , la Capitulation
qu'ils avoient faite hou
156 MERCURE
pluſtoit violant la foy qu'il
nous avoient donnée , ils
mirent tous les foldats aux
fers , & quantité d'Officiers
dont quelqu'uns étoient
bleflez , furent attachez
pelle melle avec eux aux
meſmes chaifnes , fans dif
tinction , & fans miferi
corde. Ce fut inutilement
qu'on voulut leur rapeller
les termes de la Capitula
fion ; ceux qui avoient receu
des conditions de nous ran
dis que nous avions encore
les Armes à la main , furent
fourds à nos plaintes dés
GALANT 157
2 le
que nous fûmes defarmez.
On refufa longtemps
de
fournir les medicamens
,
linge & les inftruments ne
ceffaires pour panfer les
bleffez , de maniere que les
- Chirurgiens François , ne
pouvants faire pour eux que
des voeux fans vertu , plu
fieurs moururent faute de
remedes & de fubfiftance .
Nous avons longtemps
ignoré le nombre des Troupes
qu'avoient les Portugais
dans cette action ; mais leurs
Officiers nous ont affurcz
depuis , qu'ils étoient bien
158 MERCURE
ན
douze mille hommes , pot
tants les armes , comprant
les Troupes reglées, la Bour
geoific & les Noirs ; on ne
Içait point au vray ce qu'ils
ont perdu de monde pendant
l'affaire , ils l'ont
toûjours caché foigneufe
ment.
Lettre d'une Dame
infirme qui ne pouvoit
faire réponse.
L'émulation , qui
peut-eftre eft chez moy
GALANT. 159
un compofé de la vanité,
& de l'amitié que jay
pour vous , l'émulation
dis-je, eft l'éguillon le plus
propre à reveiller
l'ima
gination ; j'avois cru
que vos vers feroient
cet effet fur la mienne ;
mais une migraine continuelle
y amis bon ordre,
je fuis tombée dans une
telle langueur , que vos
vers n'ont pû tirer de
moy qu'une admiration
muette , car la langueur
160 MERCURE
T
& la pareffe n'ôtent point
la faculté d'admirer, t
Qui le pouroit imaginer
Vif efprit veut m'abandonner
Qu'il prend mal for
temps pour ma gloire
Point nefçaurois
luypardonner
Je voulois ton los entonner
Par vers dignes de toy
mais voir
Qui le pouroit.
Cette migraine me
rendpeut- eftre un grand
GALANT . 161
fervice , en m'épargnant
la honte de répondre
mal , tout ce que je puis
faire c'eft de donner à
quelques amis de longs
& d'agreables dînez, car
vous en connoiſſez deux
qui ont tout l'efprit du
monde , ils chantent vos
louanges le verre en main
celà ne vaut-il pas bien
les vers froids , d'un
malade.
Qui les pouroit aßaifonner.
Juin 1712 .
O
162 MERCURE
Nos repas & les guer
we donner
De ta prefence, peut- on
croire
Que tu daignes abandonner
Ce lieu charmant dont la
memoire
Doit encore t'éguillouner
Mais tu promets trop
pour tagloire
Grandes promeßes frais
donner
Tu voudrais les tenie,
mais voire
GALANT. 163
Qui le
pouroit.
de
Une
malade rens pour
vous ces petits voya
ges auffi difficiles
que
feroient pour moy ceux
l'Amerique , la plaine
de
Vileneuve vous paroît
plus feche & plus longue
que les Landes
de
Bordeaux
, & la riviere
de Paris à Vileneuve
vous paroift
un Ocean
impraticable
.
Qui le pouroit imaginer
O ij
164 MERCURE
Que Conftance pût Se
borner
Autrefois l' Amour &fes
aîles
Pour voguer vous fervoit
de voiles
Nulperil n'eutpú t'étonner
Mais pourquoy me tant
chagriner
Je fuis encore dans ta
memoire
Tu m'écris, c'eft chofe
notoire
GALANT. 165
One devroit devroit pluftoft
s'étonner
Que conftance on ne put
borner
Tous les Amants , il le
faut croire
Pour leur plaifir & pour
leur gloire
Voudroienteftre
conftants
mais voire
Qui le pouroit
LIVRE NOUVEAU.
On vend à Paris , chez
166 MERCURE
A. Dezalliers , rue Saint
Jacques à la Couronne d'or ,
un Livre nouveau , fous de
Titre de Memoires de la
vie de Jacques Augufte de
Thou , Confeiller d'Etat
Prefident à Mortier au
Parlement de Paris , & c.
traduits du Latin en François
à Amfterdam chez Renier
Léers 1711. Le nom feul
de l'illuftre Prefident de
Thou , fait ſon éloge , ainfi
fa vie qu'il a lui- mefme
écrite en tierce perfonne ,
& qu'on trouve au com
mencement ou à la fin de
GALANT. 167
de cette grande Hiftoire de
fon temps qu'il nous a
donnée , eft tres digne de
la curiofité des Sçavans,
D'ailleurs elle eft fort variée
& remplie d'une infinité
de chofes tres particulieres ,
& tres precieufes pour ceux
quis'appliquent à l'Hiftoire
generale , ou à l'Hiftoire
litteraire ; outre cela elle
eft enrichie de plufieurs
Poëfies qquuee le Traducteur
a renduës en vers François ,
entr'autres d'une Apologia
de les Hiftoires tres longue,
& tres - circonftanciée fous-
1
1
J
·
1
168 MERGURE
le titre de Poëme à la poſterité
. On y trouve encore
la traduction de l'excellente
Preface que Mr de Thou a
mife à la tefte de fa grande
Hiftoire , & par laquelle il
dedie fon ouvrage à Henry
IV. avec la traduction de
l'Ode intitulée la Verité , qui
dans les bonnes éditions de
cette Hiftoire fuit immediatement
la Preface On
peut dire que cette traduc
tion n'eft pas indigne de
l'Original , & que la Profe
& les Vers s'y font lire
avec plaifir.
GALANT 169
JOC &
DE VIENNE
en Auftriche.
MONSIE
re
CONSIEUR ,
Pardonnez à un Allemand
qui fçait à peine
le François , de vous efcriune
avanture , & de
prétendre qu'on la mette
fous la preffe : c'est un ma
riage qui fe fit l'année
paffee , & queje ne crains
plus de rendre public à
Juin 1712 .
P
170 MERCURE
Paris comme il l'aefte icy,
parce que le mary a efte
& la
tué en Flandre
femme eft morte de fa feconde
couche. Si l'un ou
l'autre eftoit encore en vie
je me garderois bien de
vous envoyer cette avanture
.
La fille d'un bourgeois
de cette Ville , âgée de dixfept
à dix-huit ans , n'ayant
plus ny père ny mere
retira chez une vieille tante
qui cut pour fon éduca-
,
fe
GALANT . 171
tion tous les foins & toute
l'attention poffible . Cette
bonne femme eut le malheur
d'avoir pour locataire
un avanturier des bords
de la Garonne , Peintre en
chambre , & Chevalier en
ville , & Gafcon de profeffion
, crut trouver un party
confiderable dans la recherche
de cette fille , &
pour gagner l'efprit de ſa
tante qui n'avoit point
d'autre heritiere qu'elle ,
exagera l'excellence & l'u
tilité de fon art en luy
perfuadant que fon travail
,
Pij
172 MERCURE
joint aux talents de fa niece
leur procureroient un
eſtabliſſement confiderable
; les complaiſances du
Peintre pour la vieille , fi
rent de fi grands progrez
fur elle , qu'elle difpola fa
niece au mariage , en faveur
duquel elle donnoit
tout fon bien , en ſe refer
vant feulement l'ufufruit
fa vie durant. Pendant cet
intervale le Gafcon vit
fouvent fa belle , & le re
gardant deflors comme fon
époux , elle n'eut pas la
force de refifter à fes emGALANT.
173
preffemens Le galant fa
tisfait du cofté de l'amour
ne l'eftoit pas du cofté de
l'intereft ; la referve de l'ufufruit
ne luy plaifoit pas.
Il employa toute forte d'artifices
pour qu'on ſe relafchaft
fur cet article ; cependant
la Tante tint ferme ,
& dit qu'elle ne vouloit
rien innover aux claufes du
Contrat. Le perfide qui
fçavoit mieux diffimuler
qu'époufer , ne laiffa pas.
que de prendre parole pour
la celebration qui devoit fe
faire le 20. Aouft 1711. A
P iij
174 MERCURE
jour nommé il va à l'Eglife,
& faifant l'empreffé pour
chercher le Preftre , il dif
parut fans qu'on ait ſceu
depuis ce temps- là ce qu'il
eft devenu . Chacun fe regarde
, murmure , & toutes
reflexions faites , les Parens
s'en retournerent fort con
fternez . Marianne avoit
plus d'une raifon pour eſtre
plus affligée que les autres .
Une raifon ne parut à fa
famille que quelques mois
aprés. Elle voulut prevénir
cet éclat en perfuadant à
la bonne femme de conGALANT.'
s
fentir qu'elle alla cacher
au fond d'un Cloiftre l'affront
qu'elle avoit receu à
l'Eglife . Sa Tante la mena
au Convent dés le lende
main . Elle y fut receuë
par une femme habillée en
Tourriere , & elle fut fe cacher
réellement dans une
maiſon feculiere où elle
trouva une femme habile
& charitable qui luy faifoit
efperer de luy rendre la
beauté de fa taille deux
mois aprés , qui la mena dás
un Parloir , où aprés avoir
attendu quelque temps , la
Piiij
176 MERCURE
A
meſme Touriere luy vint
dire que la Mere Prieure
eftoit malade , la bonne
tante qui fe trouvoit fort
incommodée ce jour- là ,
s'en retourna avec précipitation
chez elle , & laiffa
fa niece dans le Parloir ;
elle en fortit un peu aprés
avec la Touriere qui la me
na chez elle pour achever
à loifir & en fecret , ce que
l'amour avoit commencé
de mefme . Le lendemain
on fut fort inquiet de la
niece dans le Convent où
l'on l'attendoit tousjours ,
GALANT . 177
ה
& chez la tante qui l'avoit
laiffée au Convent ; mais
cette Tourriere eftoit une
fage - femme déguisée qui
avoit fait connoiffance depuis
quelques jours avecla
Tourriere à qui elle vouloit
fucceder ,luy difoit- elle ,
parce que laTourriere vouloit
fortir de ce Convent
pour aller dans un autre.
On ne put donc avoir aucunes
nouvelles ny de cette
fauſſe Tourriere , ny de la
niece , ce qui donna un
tel chagrin à la tante desja
tres- malade , qu'elle en
178 MERCURE
mourut de chagrin quelque
temps aprés,juftement
dans le temps que fa niece
ignorant la maladie de ſa
tante , achevoit fon terme
fatal.
La Sage-femme porte
l'enfant à l'Eglife dans le
milieu de la nuit pour tenir
plus fecret ce petit fruit
d'iniquité.
Quel fut l'eftonnement
du Preftre & de la Sagefemme
, quand ils virent
entrer à deux heures aprés
midy dix ou douze jeunes
gens éclairez par des flamGALANT.
179
beaux , tous bouteilles ou
verres à la main , & quelques
uns à demi yvres , qui
s'emparerent de la nourriffe
& de l'enfant , & les
menoit en triomphe par
toute la Ville , en chantant
toutes les Chanſons qui
pouvoient
convenir à la
naiffance dérobée d'un tel
enfant ? Le bruit que cela
fit réveilla toute la Ville &
par confequent le Magiftrat
qui voulut faire mettre
la troupe en priſon ſans
un plus yvre qui le prit par.
la main , & comme il n'a180
MERCURE
1
voit pas main forte avec
luy la clique Bachique
l'emmena droit à la maiſon
cù eftoit l'accouchée qui
penfa mourir de frayeur de
la galanterie que luy faifoit
fon Amant : car c'eftoit
luy mefme qui ayant eſté
averti à table que la Tante
de fa Maiftreffe eftoit morte
, & en mesme temps que
fon petit fucceffeur eftoit à
l'Eglife , avoit fait une reflexion
d'yvrogne en penfant
que les autres avoient
executé , comme vous avez
veu , en ſon eſprit qu'en
GALANT . 181
t faifant entrer le Magiftrat
jufques dans la chambre
de l'accouchée : l'yvrogne
luy dit ; voilà ma femme
qu'avez-vous à dire ? c'eſt
tout ce que put tirer le Magiftrat
qui d'ailleurs galant
homme les pria civilement
de fe retirer chacun chez
eux , & l'accouchée revenuë
de cette aubade , époufale
lendemain fon Amant,
qui voulut bien dès ce jour
recueillir avec elle la fucceffion
que la Tante n'a-
*
voit pas voulu leur donner
de fon vivant .
182 MERCURE
ARTICLE
des Enigmes.
Parodie de l'Enigme du
mois paffé dont le mot
eft , Anneau ou Bague.
Simafle oufemelle jefuis
C'est ce qu'aflurer je ne
puis.
Simple fans Diamant ,
c'eft Anneau qu'on
m'appelle ;
Mais de Brillans orné ,
Bague eft mon nom
femelle.
GALANT. 183
Comme j'ay plus d'un
nom , j'ay bien plus
d'un employ:
Comme Anneau , je porte
fous moy
Rideaux pendans quifont
une espece de Mante :
Femelle legere & gliffante
Je m'égare fouvent , quelquefois
je meperds.
la
A la
femme en eecy
Bague
eft reffemblante
.
Anneau , je porte & fais
porter la chaifne
De la Jufticefouveraine
184 MERCURE
Mettant les criminels aux
fers.
Bague je fuis couruë , &
maint Empereur &
Prince
Me diſpute au Tournois
ainfi qu'une Province.
En public le victorieux
De m'avoir eft tout glorieux.
Fille novice 5 vertueuse
Qui ne penfa jamais à
mal
En public eft toute lonteufe
De
GALANT. 185
De porter l'Anneau nuptial.
:
Les Enigmes obfcures
ont le merite de n'eſtre
point devinées , perfonne
que je fçache n'a deviné
celle-cy mais elles ont
leur inconvenient. Elles.
privent les beaux Efprits
de la Bourgeoifie fubalterne
de leur plus doux
amufemens , qui eft la
lifte des devineurs d'Enigmes
. Les noms fpirituellement
inventez , les
Juin 1712. Q
186 MERCURE
quolibets agreables , des
rebus ingenieux , font le
plus bel article du Mercure
pour les Bourgeois
du fecond ordre ; je dis
du fecond ordre , car il
en a deux à prefent , &
Paris eft rempli d'un
nombre de Bourgeois &
de Bourgeoifes dont le
gouft eft auffi rafiné que
celuy des perfonnes du
plus haut eſtage .
GALANT. 187
PROMOTION
de Cardinaux.
Le 18. May le Pape a
remply les dix - huit Places
vacantes dans le Sacré Colfçavoir
, les onze lege
faits fuivans , & il en a retenu
ſept in petto.
MESSIEURS
Davia.
Cufani.
Piazza , Nonce à Vienne.
Zondodari .
De Rohan , Evefque de
Strafbourg , pour la
France.
Qij
188 MERCURE
le Cunha de
Ataïdé , pour
Portugal
.
Schrottembach
, Evefque
d'Olmuts
, pour Vienne
.
Priuli , Auditeur
de Rote ,
pour Venife
.
Tolomei , Jefuite.
Thomafi , Theatin .
Caffini , Capucin , Prédicateur
du Palais Apoftolique
.
Les fept retenus in petto ,
font :
Celuy pour l'Espagne , &
les trois du Palais ; fçavoir
:
Corradini , Miniftre de la
Chambre.
GALANT . 189
Pico, Majordome .
Driaghi , Secretaire de la
Chambre
. Ces quatre
font feurs.
L'Abbé de Polignac eft
le cinquiéme felon toute
apparence , l'Evefque de
Barcelonne le fixiéme.
Mr Buffi , Nonce de Pologne
, le feptiéme.
La Maiſon de Rohan ,
quieft une des plus grandes
& des plus illuftres de l'Europe
, tire fon origine par
les Comtes de Phoruoet des
anciens Rois & Souverains
de Bretagne. Elle a eſté
...
190 MERCURE
alliée par cinq differentes
fois avec la Maiſon des
Ducs de Bretagne.La Tante
d'Anne de Bretagne ,
Reine de France & de Navarre
, fille du Duc de Bretagne
, eſt la derniere alliance
qu'il y ait euë entre
la Maiſon de Bretagne
& la
Maifon de Rohan. On
donna cent mille écus ,
fomme tres - confiderable
dans ce temps - là , & la
Comté de Montfort
, pour
dédommager
le Seigneur
de Rohan
de fes prétentions
ſur la Bretagne
. Deux
E GALANT
. 191
:
filles des Rois de Navarre ,
de l'une fille de Philippe d'Evreux
, Roy de Navarre dit
le Sage & le Bel , & de Jeanne
de France la femme , &
l'autre fille de Jean d'Albret
, Roy de Navarre .
e grand-pere d'Henry IV .
font entrées dans cette illuftre
Maiſon . Le Comte
d'Angouleſme , petit - fils .
de France , fils du Duc
d'Orleans , frere de Charles
VI . Roy de France , qui
fut affaffiné dans Paris par
le Duc de Bourgogne , avoit
épousé Marie de Rohan
19 MERCURE
qui fur grand' mere de
François I. Roy de France ;
ainfiles Seigneurs de cette
cette Maifon ont eu l'honneur
de fe voir parens au
troifiéme degré des Rois
François I. & Henry IV.
Elle a eu des alliances
avec la Maiſon d'Ecoffe ,
de Lorraine , & plufieurs
autres Maifons Souveraines
& des plus confiderables
de l'Eftat. Les Rois
d'Angleterre les ont tousjours
traité comme leurs
parens , & le Seigneur de
Soubize , Chef des Religionnaires
,
GALANT . 193 n
gionnaires , étant mort à
Londres , y fut enterré dans
l'Eglife de Vveſtminſter
dans les tombeaux des Rois
d'Angleterre , comme forti
de leur fang .
La Maifon de Polignac
eft une des plus illuftres
Maifons de l'Europe. Elle
avoit autrefois en fouverai
neté toutes les terres qu'elle
poffede : elle jouit encore
de l'honneur fingulier,
qu'aux affemblées des Etats
generaux le Vicomte de
Polignac ne cede le pas
qu'au feul Comte d'Alais ,
Juin 1712.
R
> > ki
R
194 MERCURE
& precede les vingt , deux
Barons qui compofent
l'af
femblée
de cette Province
.
Une diſtinction
fi finguliere
dans fa Province marque la
grandeur & la diftinction
de cette Maifon . Elle eſt alliée
aux Maifons les plus illuftres
du Royaume . Le feu
Vicomte de Polignac étoit
Chevalier des Ordres du
Roy , Gouverneur du Puys :
il fut un des Seigneurs à qui
le Roy fit donner 1 Ordre
Monfeigneur le Prince
de Conty dans la ville de
Pezenas. Il avoit épouſé N.
par
GALANT. 195
de Beauvoir du Roure , ffille
du Comte du Roure , Chevalier
des Ordres du Roy ,
Lieutenant general de la
Province de Languedoc ,
Gouverneur de la ville &
citadelle du Saint Eſprit.
ន
CONTE ARABE.
Trois freres Arabes , de
la famille d'Advan , s'étant
mis en voyage pour voir le
pays , firent rencontre d'un
Chamelier , qui leur de
Rij
196 MERCURE
manda s'ils n''avoient
avoient point
vû un chameau qui s'étoit
égaré fur le chemin qu'ils
tenoient. L'aîné d'entr'eux
demanda au Chamelier s'il
n'étoit pas borgne. Oui , lui
répondit-il. Le fecond frere
ajoûta : Il lui manque une
dent fur le devant ; & ceci
fe trouvant vrai , le troifiéme
frère dit : Je parierois
qu'il eft boiteux,
Le Chamelier entendant
ceci , ne douta plus qu'ils ne
l'euffent vû , & les pria de
Li dire où il étoit. Ces freres
lui dirent : Suivez le che
GALANT. I
min que nous tenons. Le
Chamelier leur obeït , &
les fuivit fans rien trouver.
Aprés quelque temps ils lui
dirent: Il eft chargé de bled.
Ils ajoûterent peu aprés : Il
porte de l'huile d'un côté ,
& du miel de l'autre. Le
Chamelier , qui fçavoit la
verité de tout ce qu'ils lui
difoient , leur reitera fes inftances
, & les preffa de lui
découvrir le lieu où ils l'avoient
vû.
Ce fut alors que ces trois
freres lui jurerent qu'ils ne
l'avoient point vû mais
Riij
198 MERCURE
qu'ils n'avoient pas même
entendu parler de fon cha.
meau qu'à lui même . Aprés
plufieurs conteftations , il
les mit en juftice , & on les
emprifonna mais le Juge
s'étant aperçû qu'ils étoient
de qualité , les fit fortir de
priſon , & les renvoya au
Roy du pays , qui les reçut
fort bien , & les logea dans
fon Palais , où il les regaloit
de ce qu'il y avoit de plus
delicieux dans le pays.
Un jour , dans l'entretien
qu'il eut avec eux , il leur
demanda comment ils ſçaGALANT.
199
voient tant de chofes de ce
me
e
chameau , qu'ils difoient
n'avoirjamais vû. Ils répon
dirent : Nous avons remarqué
que dans le chemin
qu'il a tenu l'herbe & les
chardons étoient broutez
d'un côté , fans qu'il parût
rien mangé de l'autre ; cela
nous a fait juger qu'il étoit
borgne. Nous avons remarqué
de plus que dans l'herbe
qu'il a broutée il en eft
refté au défaut de fa dent ;
& à la pifte de fes pieds ,
qu'il paroiffoit en avoir traîné
un : c'est ce qui nous a
Rij
200 MERCURE
fait dire qu'il lui manquoit
une dent , & qu'il étoit boi
teux . Les mêmes piftes nous
ont appris qu'il étoit extré .
mement chargé , & que ce
ne pouvoit être quen de
grain , car fes deux pieds de
devant étoient impriméz
fort prés de ceux de der
riere. Quant à l'huile & au
miel , nous nous en fom
mes apperçus par les fourmis
& les mouches qui s'étoient
amaffées le long du
chemin des deux côtez ,
dans les endroits où il étoit
tombé quelques gouttes de
GALANT 201
[ ces liqueurs. Par les fourmis
nous avons conjecturé
l'huile , & par les mouches
le miel.
Mir Khofcou, Poëte Perfien
du premier rang , a fait
le récit de cette hiftoire en
vers fort élegans . On trouvera
dans fes ouvrages plufieurs
traits d'efprit fort fub.
tils & trés-agreables de ces
Arabes , particulierement
de ceux du defert. On doit
bientôt donner au public
une traduction de ce Poëte
Mir Khofcou , où il fe
trouve quelques contes à
202 MERCURE
peu prés de la nature de celui-
ci.
REPONSE A LA
premiere Question :
Si l'on doit preferer dans
un repas les grands verres
aux petits.
Par Diogenes Rochep
POur juger fainement
par mon experience
Auquel des deux on doit
donner lapreference,
GALANT 2031
Je vais fortir de mon tonneau
:
Maisje n'ai par malheur
ni grand , ni petit
verre,
Et ne bois jamais que de
808 Peau.
Te puis pourtant , couché
par terre,
Buvant à même ie ruiffeau
Lamper à longs traits
comme un veau ,
Ou bien à petits coups, ménageant
mon haleine ,
204 MERCURE
Boire dans le creux de ma
main.
Fai bú des deux façons :
mais ma réponse eft
vaine ,
Si vous ne supposez que
mon eau foit du vin.
Buvant dans un grand
verre on boit à la cinique
;
Buvant dans un petit on
boit à la
ftoïque.
GALANT
205
Reponse à la feconde Quef
tion :
S'il eft plus
avantageux
un homme d'être d'une
grande taille que d'une
petite.
Par Mad. la Comteffe de **.
" Un grand homme & un
petit peuvent à efprit égal
paroître en avoir moins
l'un que l'autre . Il femble
que l'efprit paroît plus dans
un petit homme : feroit- ce
206 MERCURE
3
parce qu'on en attend davantage
d'un grand , pour
remplir l'idée de grandeur
que fa taille nous donne ?
Je ne fçai fi les autres femmes
font de mon goût :
mais un grand homme fot
m'ennuye plus qu'un petit ,
& je le trouve bien plus embaraffant
; il ſemble que
j'aye plus de regret à la place
qu'il occupe dans ma
chambre.
Réponse par M. L. R.
Les grands hommes fe
GALANT . 207
font plus refpecter ; les petits
hommes fe font plusai-
1: mer , & même des Dames.
Elles s'imaginent peut- être
qu'elles retrouveront
dans
leur efprit tout ce qui manque
à leur taille : il femble
que
l'amour & la galanterie
foient plûtôt l'apanage
dès petits hommes , & que
la gloire & le heroifme de
la guerre doivent être le
partage des grands hommes
. Cette prevention
étoit
bien réelle du temps d'Homere
, où l'on mefuroit
même la grandeur des He208
MERCURE
ros par la largeur de leurs
épaules.
ENIGM E.
Que maudit foit mon
mariage ;
Car on a mille fois ainfi
nommé
, je croy ,
Ce qui joint mon adjointe
à moy.
Nous faifons trés- mauvais
ménage.
Du mariage encor c'eft la
proprieté:
En gardant la maison
avec
GALANT. 209.
avec exactitude
Mon époufe fe prd , ô
contrarieté !
Je porte fur mon front
parfois fa turpitude ,
Autre appanage de mari .
De ma femme pourtant
je fuis le favori ;
Quand je fuis bien ufé,
ma femme eft encor
neuve.
Entre époux bien unis il
en arrive autant ;
Je puis mourir , & cepen...
dant
Juin 1712.
S
TMAJAD
210 MERCURE O
Ma femme ne fera point
veuve. 3 - na
bad
On écrit de Bayeux , que
le 16 de ce mois il s'y eft
fait une ceremonie
publique
, par une Meffe qui fut
celebrée
folemnellement
par un Chanoine en femaine
, & l'apréfmidy par une
Proceffion generale de tout
le Clergé de la Ville , où
l'Evêque , âgé de quatrevingt
trois ans , officia , fuivi
des Corps de Juftice ,
Maire , & Officiers de la
Ville & de l'Election , la
GALANT. 211
Bourgeoifie
étant fous les
armes , avec un grand concours
de monde du lieu &
de tous les environs , qui y
étoient venus pour voir
cette ceremonie , faite pour
renouveller
la memoire de
cinquante années , où en
ཝཱུ pareil jour le même Evêque
fit fa premiere entrée fo-
Semnelle
dans cette Ville ,.
& prit poffeffion de fon Evêché.
Aprés cette Proceffion
T'Evêque étant fous le portail
de la principale entrée
lap
de l'Eglife Cathedrale, y regut
les complimens
de fon
212 MERCURE
Chapitre, le Chancelier d'i
celui portant la parole avec
beaucoup d'éloquence , de
netteté, d'érudition , & d'applaudiffemens,
aufquels l'Evêque
répondit avec toute
la grace , la force , la juſ
teffe & la facilité poffibles ;
& de retour en fon Palais
y reçut auffi les complimens
du Clergé , de la Ville , &
des autres Corps de Juſtice ,
les principaux Officiers portant
la parole ; à tous lef
quels l'Evêque fit réponſe
avec une grande prefence
d'efprit , beaucoup de bonGALANT
2131
té , & une fatisfaction ge
nerale , & fit enfuite diftrio
buer plufieurs aumônes aux
pauvres des Paroiffes de la
Ville.
Nouvelles de Flandres.
L'armée des alliez ayant
paflé la Selle , & mis cette
riviere devant elle , on détacha
vingt bataillons &
vingt efcadrons pour invef.
tir le Queſnoy. On a appris
qu'ils avoient augmenté
le nombre des bataillons
jufqu'à trente. La groffe
7214 MERCURE
99
artillerie avoit été amenée
de Marchienne fur la Scarpe
à Denain fur l'Escaut. Ils
devoient ouvrir la tranchée
dans peu. On aflure qu'elle
ne l'étoit pas encore le 12 .
a
Parmi les troupes qui forment
ce fiege , il n'y en a
point d'Angloifes, ni de celles
qui font à la folde de la
Reine de la grande Bretagne.
Les lettres du 21. affurent
que la tranchée n'étoit
pas encore ouverte le
18. que le 13. la garniſon fir
une fortie du côté de la porte
de Valenciennes , avec
GALANT.
215
cent dragons & mille fantaffins
, qu'ils avoient ruïné
un épaulement des ennemis
, défait deux cens hommes
qui le gardoient : &
aprés une vigoureuſe reſiſftance
contre les piquets ,
qui s'avancerent pour les
fecourir, ils s'étoient retirez
en bon ordre, n'ayant perdu
que 30. hommes
, en ayant
tué plus de deux cent aux
ennemis.
" On mande de
Tournay ,
que les Etats Generaux
ne
font pas fatisfaits
des nou .
velles qu'ils ont reçûës d'An216
MERCURE
'
gleterre , ils efperoient que
le Parlement defapprouveroit
les declarations faites
par le Duc d'Ormond &par
l'Evêque de Briſtol. Ils ont
appris que les refolutions
des deux Chambres étoient
conformes aux intentions
de la Reine , fur- tout celles
des Communes , qui ont
declaré qu'elles affifteroient
Sa Majeftépour faire
une paix fûre & honorable ,
contre tous ceux du dedans
& du dehors qui voudroient
s'y oppofer.
GALANT. 217
Difcours fur l'origine & la
dignité de Cardinal.
LE Pape a fait une pro-
&
motion de dix- huit Cardi
naux le 18. du mois de May,
il en a declaré onze
s'en eft refervé fept in petto .
On fera bien aife d'apprendre
l'origine de cette dignité
, qui eft à preſent la ſeconde
de l'Eglife , le Pape
en eftant le chef.
Les Papes , à l'imitation
de faint Pierre & de fes
fucceffeurs , font tousjours
demeurez Evefques de Ro-
Juin 1712 .
T
218 MERCURE
me, quoy qu'ils fuffent eftablis
de Dieu le chef de tous
les Chreftiens
, cette ville
eftant le premier Eveſché
du monde , & le lieu particulier
de leur refidence .
De là eft venu que ne
pouvant entrer eux - mefmes
dans le détail du gouvernement
de leur Dioceſe
pendant qu'ils avoient à
regler le fpirituel de toute
la terre , ils firent choix d'un
certain nombre d'Evef
ques , de Preftres , & de
Diacres , pour les foulager,
comme autant de Coadju
GALANT. 219
teurs , & de Vicaires.
Les premiers faifoient la
fonction d'Evefques dans
le détroit de Rome , à la
place du Pape , & avoient
chacun leur Eglife particuliere
dans l'enceinte du
Dioceſe .
Les Preftres eftoient Titulaires
des Paroiffes de la
ville , & prenoient la conduite
des ames comme les.
Curez font aujourd'huy
& les Diacres avoient le
foin de quelques Eglifes ou
Chapelles de devotion qu'-
ils tenoient en Diaconies ,
Tij
220 MERCURE
& devoient affifter le Pape
quand il officioit publiquement.
* Ces trois Ordres eurent
le nom de Cardinati ou Car
dinales , pour dire qu'ils eftoient
les premiers & les
Chefs des autres , & que
c'eftoit fous leur conduite
que rouloient toutes les affaires
du Dioceſe ; & parce
que les Preftres & les
Diacres de quelques autres
villes prirent aufſi le meſme
nom de Cardinaux
afin de fe diftinguer des autres
Preftres , & des autres
GALANT . 221
Diacres qui leur eftoient inferieurs
& foumis , les Papes
ordonnerent qu'il n'y
auroit que ceux qu'ils avoient
choifis , qui le pourroient
honorer du titre de
Cardinal , ce qui a eſté inviolablement
obfervé par
la fuite dans toute l'Italie.
Avec le temps ces digni
tez ſe font rendues fort recommandables
. Les Papes
qui ne choififfoient pour
Cardinaux que des perfonnes
d'un merite diftingué,
commencerent à avoir
une entiere confiance en
T iij
222 MERCURE
eux , ils les reveftirent des
principales charges & dignitez
, ils leur donnerent
le premier rang dans tous
les tribunaux , & dans toutes
les Congregations ; ils
leur mirent en main les affaires
les plus importantes
;
ils les firent leurs Confeillers
d'Eftat , pour le temporel
, & pour le fpirituel
de leur Royaume , ne reglerent
prefque plus rien
que par leur avis , & par
leur confeil , de forte que
peu à peu ils font montez
au faifte de la gloire où nous.
GALANT. 223
E
& fe trouvent
les
voyons ,
aujourd'huy
les
premiers
du Clergé
, faifant
la meſme
figure
dans
l'Eſtat
Ecclefiaftique
que
faiſoient
autrefois
les Senateurs
Romains
dans l'ancienne
Rome .
pas
Mais ce qui releve infiniment
l'éclat de ce haut
rang & leur donne le
au deffus des Evefques &
des Patriarches mefmes ,
c'eſt la puiffance qu'ils ont
dans l'Eglife durant le Siege
vacant , le droit d'élire
le nouveau Pape , & l'a
T iiij
224 MERCURE
vantage d'eftre les feuls fur
qui tombe cette élection
les Confiftoires
dont ils
font les membres
, comme
le Pape en eft le chef.
Ces grandes prérogati
ves leur ont acquis le titre
de Princes de l'Eglife , &
en cette qualité ils prétendent
aller de pair avec les
Teftes couronnées
, & trouvent
peu de Princes en Ita
lie qui leur veuillent difputer
le pas ; auffi ont- ils des
marques exterieures
qui
font connoiftre
la gran
deur d'une dignité fi émiGALANT.
225
mente , les fouverains Pontifes
ont voulu qu'ils fuffent
veftus de pourpre , & principalement
quand ils paroiffent
en public .
Innocent IV . fut le premier
qui leur donna le chapeau
rouge au Concile de
Lyon en 1244. Boniface
VIII. permit aux Cardinaux
feculiers de porter
l'habit rouge , quand les
Papes commencerent à ſe
veftir de blanc . Paul III.
leur accorda le Bonnet
rouge , & enfin Gregoire
XIV. permit aux Cardi226
MERCURE
nota
naux Religieux de le por
ter voulant neanmoins
qu'ils continuaffent tousjours
à s'habiller de la couleur
de leur Ordre
que les Clercs Reguliers ne
retiennent point la couleur
de l'Ordre quand ils font
faits Cardinaux , mais ils
prennent la pourpre comme
les Cardinaux feculiers
Toutes ces differentes
couleurs ne font pas fans
raifon , & fans quelque forte
de myftere : le Pape eft
veftu de blanc pour donner
à entendre que fa vie
GALANT . 227
doit eftre plus pure & plus
nette que celle de tous les
autres Chreftiens , & qu'il
faudroit eftre fans tache &
fans deffaut, s'il le pouvoit ,
pour s'affeoir dans la chaire
de faint Pierre.
La pourpre eft la couleur
des Rois & des Empereurs
, mais cette couleur a
efté donnée encore aux
Cardinaux pour les faire
reffouvenir qu'ils doivent
eftre tousjours preſts à repandre
leur fang quand il
s'agit de fouftenir les interefts
de la foy , c'eſt pour
118 MERCURE
cette raison qu'ils portent
l'habit rouge dans les jours
ordinaires qui eft la pourpre
naturelle , & la veritable
couleur du fang , an
lieu que dans les jours de
trifteffe ils prennent le violet
qui eft une couleur de
pourpre plus lugubre &
plus obfcure , & qui imite
affez le fang livide d'un
homme accablé de maladies
& de chagrins , & parce
que durant deux jours
de l'année qui font le troifiéme
Dimanche de l'Advent
, & le quatriéme de
GALANT . 229
Carefme , l'Eglife mefle
un peu de joye dans fa trif
teffe , comme ayant paffé
la moitié du temps de penitence
, & fe voyant approcher
des jours heureux
de la Naiffance , & de la
Refurrection du Sauveur ,
alors les Cardinaux prennent
une eftoffe de roſe feche
, qui eft beaucoup plus
rouge que le violet , & qui
neanmoins eft plus fombre
que le rouge mefme.
Pour les Cardinaux Religieux
ils ont retenu jufqu'aprefent
la couleur de
230 MERCURE
leur Ordre fur leurs habits ,
à l'exception des Clercs Reguliers
, comme je l'ay dit
cy. devant , & les Papes ont
voulu faire connoiftre exterieurement
par là l'eftime
qu'ils ont tousjours faites
de la hierarchie Regu
liere , voulant bien l'admettre
avec la Seculiere
dans tous les honneurs du
Clergé , ils leur ont ſeulement
accordé le Chapeau ,
le Bonnet , & la Calotte
rouge , pour les diſtinguer
des autres Prélats .
A l'égard du nombre des
GALANT.
231
Cardinaux , il n'a pas tousjours
efté le meſme , quelques
uns prétendent qu'ils
n'eftoient que vingt- cinq
dans les premiers fiecles, &
que Rome eftant divifée en
vingt- cinq paroiffes , ils
en eftoient les Curez &
les Paſteurs ; mais fans aller
ficavant dans
l'antiquité ,
contentons- nous des fiecles
plus recens , nous trouverons
qu'ils ont efté longtemps
fixez à cinquantetrois
, dont il y en avoir
fept d'Evefques , vingt huit
de Preftres , & dix - huit de
232 MERCURE
Diacres ; les Evefques eftoient
les coadjuteurs du
Pape dans le Dioceſe de
Rome , & préfidoient fur
le Clergé , les vingt - huit
Preftres faifoient l'office de
Vicaires du Pape, & avoient
chacun une Eglife particuliere
dans Rome où ils exerçoient
toutes les fonctions
parochiales , les dixhuit
Diacres avoient auffi
chacun leur Eglife dans les
quatorze quartiers de la
Ville qui eftoit leur Diaconé
particulier. Ce nombre.
fut fort alteré , & diminua
quand
GALANT. 233
quand les Papes ont negli
gé de pourvoir aux places
vacantes des titres , ou qu'ils
les ont donné en comman
de , & au contraire ileft de
beaucoup augmenté lorfqu'ils
en ont créé de nouveaux.
Quand Nicolas III . fut
éleu Pape , il n'y avoit que
huit Cardinaux
, & peu avant
la mort d'Alexandre
IV. il ne s'en trouva que
quatre ; mais en revanche
fous le Pontificat de Pie IV.
on en a veu jufqu'à ſoixante
& quatorze. Cette gran-
Fuin 1712.
V
234 MERCURE
de diverfité donna occa
fion à Sixte V. d'en fixer le
nombre à foixante & dix ,
en memoire des foixante &
dix Vieillards dont il eſt
parlé dans l'Ecriture , & il
ordonna qu'il y auroit fix
Evefques , cinquante Preftres
, & quatorze Diacres ,
& ce nombre eft demeuré
jufques à prefent. Les Evef
ques ont chacun leur Eglife
dans le détroit de Rome;
les Preftres ont leur titre
dans la Ville , & les Diacres.
y ont leurs Diaconats .
La juriſdiction que les
GALANT. 235
Cardinaux Evefques ont
aujourd'huy
dans leur
Eglife & dans la Ville
où elle eft fituée est une
veritable juriſdiction Epifcopale
& ordinaire. Il y a
ce
cependant cette difference
que les fept Evefchez Cardinaux
( dont il y en a
deux de réunis ) ne requierent
point de refiden-
& font compatibles
avec d'autres Evefchez.
Celles que les Cardinaux
Preftres , & les Cardinaux
Diacres ont dans leurs titres
& dans leurs Diaco-
V ij
236 MERCURE
nats , fe peut dire une jurifdiction
prefque Epifcopales
elle ne s'eftend que dans
l'enceinte de l'Eglife , & de
la Sacriftie. Ils y ont la
chaife Epiſcopale fous un
dais comme les Evefques .
Ils y beniffent folemnellement
le peuple ; ils y ont la
nomination
des Benefices
quand ce font des Eglifes
Collegiales
; ils y vont le
Rochet découvert
pour y
faire voir leur pouvoir , &
parmy ces titres & ces Diaconats
, il s'y rencontre des
Egliles Collegiales , des Par
GALANT. 237
roiffes , des Convents
d'Hommes , des Monafteres
de Filles , des Hofpitaux
, & de fimples Eglifes
de devotion .
Pour la forme de la crea
tion des Cardinaux , le Pa
pe en eft entierement le
maiftre, & quand il a refolu.
de faire une promotion , il
prend le jour d'un Confi-
Itoire ( n'ayant communiqué
fon deffein à perfonne
) & aprés avoir donné
Audience aux Cardinaux ,
& avoir expedié toutes les
affaires pour lesquelles l'af
238 MERCURE
confiftoriale eft femblée
faite , fa Sainteté eftant fur
le point de fortir , tefmoigne
aux Cardinaux qu'Elle
eft dans le deffein de leur
donner des Confreres , &
leur demande, fuivant l'ancien
ufage , ce qui leur
femble. Le Doyen des Car
dinaux parle ordinairement
pour tout le corps ,
& chacun approuve feparément
le choix de fa Sainteté
par quelque figne de
tefte , ou autrement , aprés
quoy le Pape les créé , &
les declare Cardinaux , &
GALANT 239
puis s'en va , laiffant fur un
fiege la lifte de leurs noms
qui fe publie à la fortie du
Confiftoire.
Les Cardinaux nouveaux
élûs , qui font pour lors à
Rome , vont faire leur premiere
vifite au Pape dés le
mefme jour , & eftant introduits
les uns aprés les
autres par un maiſtre des
ceremonies , fa Sainteté
leur donne le Bonnet rouge
qu'il leur met fur la teſte
eftant à genoux , & le maiftre
des ceremonies luy
met le Camail violet fur
"
240 MERCURE
•
les épaules , puis ayant ofte
fon Bonnet il baife les
pieds de fa Sainteté puis.
fa main , aprés quoy le Pa
l'embraffe & le fait relever
, ce qui fe fait à tous
les uns aprés les autres
aprés quoy on leur donne
de petits fieges , & le Pape
les reçoit à l'Audience affis
pe
& couverts.
L'Audience finie ils fe
retirent , & vont rendre
viſite au Cardinal Doyen ,
& puis s'en retournent
chez eux où ils demeurent ,
& reçoivent les vifites incognito
,
GALANT. 241
cognito , jufqu'au Confiftoire
public dans lequel le Pape
leur donne le Chapeau
,
où il y a ordinairement une
celebre compagnie , le Pape
veſtu pontificalement
,
& placé fur fon Throne ,
avec toute fa Cour , reçoit
les nouveaux Cardinaux
qui font conduits par un!
ancien , & aprés avoir bai
sé les pieds & la main du
Pape qui les embraſſe , ils
vont embraffer tous les
Cardinaux
les uns aprés les
autres , puis retournant au
Throne
ils reçoivent
à ge
Juin 1712.
X
242 MERCURE
noux le Chapeau rouge des
mains du Pape , aprés quoy
oftant le Chapeau , & ayant
falué fa Sainteté , fe rangent
parmy les autres Cardinaux
. Sa Sainteté s'eftant
retirée , les Cardinaux anciens
& nouveaux vont à
la Chapelle où on chante
le Te Deum , puis les Prieres
finies , les nouveaux
Cardinaux fortent les premiers
, & demeurent à la
porte de la Chapelle pour
remercier les anciens à mefure
qu'ils paffent , puis s'en
retournent chacun chez
eux.
GALANT . 243
L'apréfdinée ils vont à
l'Eglife faint Pierre du Vatican
, où aprés avoir adoré
le faint
Sacrement , vont
à la
Confeffion de S. Pierre
pour visiter les Corps
faints , aprés quoy font
leurs vifites le
lendemain
& autres jours fuivants aux
anciens Cardinaux .
J
Dans un Confiftoire ſecret
le Pape fait la ceremonie
de leur fermer la
bouche , qui leur est ouverte
dans un autre quelques
jours aprés. Ces deux ceremonies
fe font à huis
X ij
244 MERGURE
clos , & ne font rien autre
chofe qu'un filence que fa
Sainteté leur impofe , qui
les rend hors d'eftat d'opiner
dans les Confiftoires
& Congregations , &
quand il leur declare enfuite
qu'il leur ouvre la bouche
, il les releve de ces empeſchemens
, & diftribuë à
chacun defdits Cardinaux
un titre de Cardinal Pref
tre , ou de Cardinal Dia
cre , leur mettant au quatriéme
doigt une bague
d'or pour marque du mariage
qu'ils contractent
GALANT. 245
avec l'Eglife , puis vont
prendre poffeffion de l'Eglife
dont ils ont le titre .
Pour les Cardinaux abfens
le Pape leur envoye
la Calotte rouge dans l'endroit
où ils font en Nonciature
, ou dans le Royau
me où ils ont leur refidence,
& pour lors c'est le Roy
ou le Prince Souverain qui
la leur met fur la tefte , &
qui la reçoit du Camerier
que le Pape envoye pour
cet effet , comme il s'eft
veu plufieurs fois en France
, lorfque le Roy l'a don-
X iij
246 MERCURE
née à plufieurs Nonces que
le Pape avoit fait Cardinaux
pendant leur Nonciature
, & à d'autres Cardinaux
François , ce qui fe
fait ordinairement après la
Meſſe du Roy. Pour le
Chapeau Rouge & les autres
ceremonies, ils ne peuvent
les recevoir qu'ils ne
foyent à Rome, ne pouvant
recevoir le Chapeau Rouge
que des mains du Pape ,
& le titre qu'après les deux
ceremonies d'ouvrir & de
fermer la bouche , c'eſt ce'
qui fait qu'il y a quantité
GALANT. 247
de Cardinaux qui n'ont jamais
receu le Chapeau rouge
, eftant morts fans avoir
efte à Rome.
Voilà tout ce qui le peut
dire en abregé fur l'origine
, l'antiquité
& la maniere
de créér les Cardinaux
, je reſerve les ceremonies
de leurs obfeques
lorſque Dieu en aura difposé
de quelqu'un .
Nouvelles de Paris .
Louis Jofeph , Duc de
Vendofme , Pair de France
, Prince de Martigues ,
Chevalier des Ordres du
X iiij
248 MERCURE
Roy , Grand Senechal &
Gouverneur de la Provence
, General des Galeres ,
mourut à Vinaros le 11. du
mois de Juin âgé de cinquante-
huit ans . Cet article
merite bien qu'on en
parle dans le Mercure prochain
.
Le Roy a nommé l'Abbé
Gaultier premier Secre
taire de l'Ambaffade
aux
Conferences
de la Paix , &
le fieur du Teil .
Un Courier de Madrid
arrivé le 14. a apporté la
nouvelle que le 7.de Juin à
GALANT. 249
une heure aprés minuit la
Reine d'Espagne eftoit
heureuſement accouchée
d'un Prince.
M. Daniel Arlault , ancien
Prevoft de Filmes
Dioceſe de Rheims en
Champagne , eft decedé le
22. Juin 1712. âgé de 88 .
ans. Il a rendu la juſtice
pendant 62. ans avec une
tres grande integrité &
équité.
Nouvelles de Flandres.
On écrit de l'Armée de
Flandres du 19. Juin que
le bruit avoit couru que la
250 MERCURE
tranchée avoit efté ouverte
le devant le Quefnoy .
13.
On a appris qu'elle ne l'eftoit
pas encore le dix - huit;
que la garnifon avoit fait
une fortie du cofté de la
porte de Valenciennes
avec cent Dragons & mille
fantaffins
; qu'ils avoient
ruiné un épaulement
des
Ennemis , défait deux cens
hommes qui le gardoient ,
& après un rude combat
avec les piquets qui s'avancerent
pour les foutenir
ils s'eftoient retirez fans
autre perte que de trente
hommes.
GALANT . 251
Nouvelles d'Allemagne .
L'Archiduc a fait Confeillers
d'Eftat le Comte
Erdedi , Chef de la Juftice ;
le Comte Jean Palfi , Ban
ou Viceroy de Croatie ; &
le Comte Emeric Czacki ,
Archeveſque de Colocza.
Il a fait cinq Seigneurs
Hongrois , Gentilshommes
de la Clef d'or. On mande
de Prefbourg que l'Archiduc
y fejournera quelque
temps , fuivant la priere
que les Eftats d'Hongrie
luy ont faite de differer fon
départ , afin de terminer les
252 MERCURE
affaires du Royaume. On
travaille fortement à celles
de la Religion , à la diſtribution
des Charges du
Royaume en faveur des
Hongrois , & à examiner
les plaintes des Eſtats contre
les
Commiffaires Imperiaux
, les Generaux , & les
autres Officiers qui ont
causé la derniere revolu
tion.
Les Lettres de Conftantinople
du 27. Avril affurent
que les Min ftres du Grand-
Seigneur deliberoient pour
regler l'efcorte qu'on doit
GALANT . 253
le
donner au Roy de Suede ,
qui fera de douze mille
Spahis commandez par
Bacha de Bender , qui a
éfté créé Seraskier , & fera
accompagné par Achmet-
Aga , qui portera les ordres
du Grand Seigneur & du
Grand Vizir. On a laiffé
la difpofition de la maniere
& du temps du départ de fa
Majefté Suedoiſe au Kan
des Tartares , & au Bacha
de Bender. Les Ambaffadeurs
du Czar ont fait tous
leurs efforts pour engager
la Cour Othomane à faire
254 MERCURE
prendre à ce Prince un au
tre route que celle de Pologne
pour retourner dans
fes Eftats , mais fort inutilement.
Le Divan n'a rien
voulu changer des refolutions
prifes fur ce fujet. Les
Plenipotentiaires
du Czar
infifterent fortement à ce
qu'on leur accordaſt une
écrit toudeclaration
par
chant la maniere avec laquelle
le Roy de Suede &
fon eſcorte pafferoit par la
Pologne. Le Grand Vizir
ne voulut point s'expliquer
fur ce qui regarde la PoloGALANT
. 255
gne. Tout ce qu'ils purent
obtenir fut qu'il déclara
verbalement que l'efcorte
du Royde Suede pafferoit
paiſiblement , fans caufer
aucun dommage aux Polonois
, & qu'elle payeroit
exactement au prix courant
les provifions , & les autres
chofes dont elle auroit be
foin .
On attendoit inceffammentun
Courier de fa Ma
jefté Suedoife pour apprendre
les refolutions & les
mefures qu'il auroit prifes
pour fon départ. Les Bas
256 MERCURE
chas qui commandent les
troupes en Romelie ontordre
de faire avancer douze
mille Spahis vers Bender .
Nouvelles d'Espagne.
On mande d'Eftramadure
, que le Marquis de
Bay avoit paffé la riviere
de Caya , le 20. May , &
eftoit allé camper à Collero
avec toute fon Armée:
composée de trente - deux
Bataillons, de foixante-fept:
Escadrons , & un train d'artillerie
, avec fix Lieutenans
Generaux , huit Maréchaux
de Camp , & quatorze Brigadiers.
GALANT. 257
gadiers. Le lendemain il
continua fa marche jufqu'à
Penna-Clara ou Villa - boin,
& Santa Olalla , qui font
des Places fortifiées , envoyerent
prefter obéïſſance
& fe foumettre à la contribution
. Les pluyes font
tombées en fi grande abondance
, que le Marquis
de Bay avoit efté obligé de
Juin
1712.
retourner au Campde Collera
, où il fubfifte aux dépends
des Ennemis en attendant
le beau temps . Durant
cette contremarche ,
mille Chevaux Portugais
Y
258 MERCURE
parurent en differentes
troupes fur les hauteurs
d'Elvas
; le Marquis
de Bay
fit un détachement
pour
aller à eux. On les attaqua
deux fois , les Troupes du
Roy quoyqu'en moindre
nombre , les battirent . On
leur tua plufieurs Officiers
& un grand nombre de
Soldats. On fit plufieurs
priſonniers , entre autres
un Lieutenant Colonel par
lequel on apprit que la Cal
valerie des Ennemis eftoit
à Eftremos , & leur Infanterie
à Borba & Villa- Vi
ciofa.
GALANT. 259
On a eu avis que l'Efca
dre Françoiſe commandée
par le fieur Caffart , eftoig
encore fur les coftes de
Portugal , ce qui a donné
une fi grande allarme aux
Portugais , qu'ils avoient
eſté obligez d'envoyer des
troupes vers Setuval
On mande des frontie
res de Catalogne , que les
troupes commençoient à
fe mettre en mouvement
pour former l'Armée , &
que l'Efcadre Angloiſe ef
toit arrivée du Port Mahon
à Barcelone pour y embar
Yij
260 MERCURE
quer l'Archiducheffe
.
Le Comte de Amarante
, Confeiller du Confeil
de Guerre , mourut à Madrid
âgé de 70. ans.
feuMon-
Les Lettres de Pontevedra
en Galice , portent que
la Nation Françoife avoit
fait celebrer des Obfeques
magnifiques pour
feigneur le Dauphin ,
pour Madame la Dauphine.
Tous les Magiftrats & les
Communautez de la Villey
ont affifté.
&
Plufieurs Officiers Anglois
qui fervoient en CaGALANT.
261
talogne ont paffé à Brefcia
s'en retournant en Angleterre.
Nouvelles d'Angleterre.
Le Parlement eftant informé
que le Duc d'Or
mond avoit declaré qu'il
ne pouvoit rien entreprendre
fans de nouveaux ordres
, Mylord Hallifax fit
un long difcours dans la
Chambre Haute , pour blâmer
la conduite qu'on avoit
tenuë en cette occafion
11 prefenta une Addreffe
à la Reine pour la
prier de leur communiquer
262 MERCURE
l'ordre donné au Duc d'Or
mond , & luy en demander la
revocation, Quelques autres
Seigneurs parlerent pour apfon
fentiment.
puyer
Le Comte d'Oxford , Grand
Treforier , répondit qu'une pareille
Addreffe donneroit atteinte
au droit qu'avoit la Reyne
de faire la Paix & la Guer
& par confequent d'envoyer
à fes Generaux les ordres
qu'elle jugeroit à propos, & ces
ordres ne pouvoient pas être
communiquez › parce qu'ils
re ,
devoient être fecrets. Son difcours
fut appuyé par ceux du
Duc d'Argile , du Comte de
Pawlet , & d'autres Seigneurs.
Enfin la queſtion ayant eſté
faite fi cette Addreffe feroit préJ
GALANT. 263
fentée ou non , la negative l'emporta
à la pluralité de foixantehuit
voix contre quarante..
La mefme difpute s'éleva
dans la Chambre Baffe où après
plufieurs difcours de part &
d'autre , il fut conclu à la pluralité
de deux cens trois voix
contre foixante & treize, qu'au
lieu de propofer l'Addreſſe on
prefenteroit la reſolution fuivante.
Que la Chambre avoit une
entiere confiance en la promef
fe qu'il avoit plû à la Reyne de
faire , de communiquer à fon
Parlement les conditions de la
Paix,avant qu'elle fuft conclue,
& que les Communes foutiendront
Sa Majesté pour obtenir
une Paix fure & honorable
264 MERCURE
contre tous ceux du dedans ou
du dehors du Royaume qui y
voudront apporter quelque ob
ſtacle
.
Lettres de
Lisbonne
du
Les Les
24. May portent qu'on y eftoit
en grande inquietude pour la
Flotte du Brefil à caufe de l'EL
cadre Françife que commande
Le Capitain Caffart.
On a receu d'autres Lettres
qui portent qu'il eſtɔit venu un
ordre d'Angleterre , de caffer
les cinq Regiments d'Anglois
de Cavalerie qui reftoient en
Portugal
MARIAGES.
GALANT. 265
MARIAGE, b
M. Hebert , Maistre des
Requeftes , fils de M. Hel
bert du Buc , auffi Maitre
des Requeſtes , & de N. le
Gendre de Lormoy , fa feconde
femme époufa le 14.
May N. Lallemand , fille de
M. Lallemand Fermier genetal.
On vient de m'aprendre
la mort d'un des plus grands
hommes de nôtre fiecle, c'eſt
Monfieur de Vendome ; cc
Juin 1712 .
Z
+66 MERGURE
malheureux article merite
des Memoires que je ne
le mois
pourray
avoir
que
prochain
. Voicy
une
Ode
faite
par M. L. P. fur une
de fes conquêtes
.
T
LA BATAILLE
de Villa- viciofa.
ODE.I
Servant d'explication au fea
d'artifice que M. le Ďac
d'Albe a fait tirer pour
Dat
ce fujer.
Quelle vive ardeur
55,5 étincelle BauM
鉴
t
CALANT. 269
pour un Heros victorieux
?
c'eft l'amour d'un fujet
fidelle
qui s'ouvre un chemin
vers les Cicyx.
Seigneur, dit- il , Dieu "
fecourable
,
voy toujours d'un oeil "
A favorable
un Roy qui nous rend
triomphants ;
que toujours on l'aime, "
on le craigne ,
qu'il vive enfin , & "
Z ij
268 MERCURE
que
fon
regne
s'éternife dans fes en
fants.
Subditionem obfequentiffimum
'Dux Alve
Vivat & regnet,
Les Cieux fe declarent
propices ,
Dieu reçoit ces voeux
enflamez :
non , fous de plus heureux
aufpices ,
jamais voeux ne furent
CALANT. 269
formez ,
vertus , Roy , ſujets , tout
confpire
i
à deffendre un illuftre
Empire ,
fes fiers ennemis font
defaits
;
la terreur vole fur leurs
petraces : and han
Grand Dieu , que tes
premieres graces
nous prefagent d'autres
9 bienfaits.
fuyez , nations fremif
Z iij
470 MERGURE
fantes
que guide la rebellion ;
vos fureurs font trop inpuiffantes
,
fuyez , redoutez le Lion ,
ne irritez pas davantage
refpectez un faint heritage
qui brave la flame & le
fera
bos
c'eft cette pierre où tout
fe brife i
& que peuvent contre
l'Eglife
les portes mefmes
de
1
GALANT. 178
l'enfer.
Fremuerunt gentes. On
Ecce vicit Leo,
i
Vains projets des Roys
de la
terrex
Dieu les confond dans
Dieu
les
un inftant
le fuccés d'une injuſte
guerre
perd les vainqueurs
en
les flattant.
en vain la forrune prodigue
répand fes faveurs fur la
ligue ;
Z
ijij
72 MERGURE
ces monftres d'orgueil
ne font plus :
quel changement ! qui
l'eût pû croire ,
que tout le fruit de la
victoire
ne feroit que pour les
vaincus,?
Meditati funt inania.
Pour calmer les juftes
allarmes
d'un peuple trahi par le
fort ,
GALANT . 273
les vertus vont prendre
les armes ,
Lattendan
tout de leur
effort :
qu'on me fuive , dit la "
Juftice ,
t
il faut que ma main “
accompliffe
l'ouvrage qu'elle a "
commencé ;
je n'ay befoin que
moy-mefime ,
de
pour maintenir
le dia- "
dême
fur le front où je l'ay "s
274 MERCURE
5.La placé. vv 22
*
fedis tu Judicium
prepratio
"
L
Mon fecours vous
eft neceffaire ,
dit la Conftance au
coeur d'airain ,
bientôt d'un fuperbe
adverfaire
la fureur n'aura plus
de frein ,
Gila foy des peuples
chancelle
GALANT. 275
c'eft moy qui répond “
de leur zele ,
interrompt la Fidelité ,
l'Ibere manque - t - il
abd'audace
, mop
quand la mort dont "
on le menace
luy promet l'immor-
«
sb otalité. nolited ing
Non movebor in æternum.
Fideles in dilectione acquiefcent
illi.
Mais quelle autre vertu
s'avance ?
276 MERGURE
quels honneurs ! quel
profond refpect ,
tout garde un augufte
filence
qu'impofe fon divin
alpect : ber
l'éclat de la Majeſté
fainte
qui brille au travers de
fa crainte
m'annonce la Religion ;
mais l'horreur dont elle
eft faifie ,
m'annonceencore mieux
l'Herefiere
GALANT. 277
•
elle en fuit la contagion,
Peuple
, dit-elle ,
qu'on m'écoute
:
le Ciel va vanger mon❝
affront ;
la foudre eft prête , & “
dans leur route
les prophanateurs periront
:
Charles jufques aux
Autels m'affiege ,
lors que Philippe me
protege
qui des deux doit re
сс
278 MERCURE
gner fur toyo
fouffrirois- tu la con-
"
و ر
currence ?
tu vois par cette
difference
b !
lequel doit eftre ton
vray Roy.
Ꭵ
Iter impiorum peribit.
Elle dit , & le peuple
Zunvole
,
tous brulent de remplir
Me fes voeux
on diroit que chaque
21parole
GALANT. 279
eft untrait de flâme
pour eux
tout eft foldat , tout fe
ranime ,
chaque
bras choific fa
victime
; stroll
quels fleuves de fang
vont couler
l'ennemi tremblant
prend la fuite ; S
mais la mort prompte à
la pourfuite
va l'atteindre & va l'immoler.
Mar
280 MERCURE
C'en eft fait dans
un fang impie
je vois par tout le fer
plongé
le noir facrilege s'expic ,
l'outrage
du Ciel eft
vangé ; in Cp
un faint zela entraîne 4
Philippe o took
au milieu des rangs qu'il
o diffiperom
obvi
il s'abbandonnes à fon
grand coeur :
quel tranfport, Vendôme
luy mefme
GALANT 28F
s'étonne du peril extrême
où s'expofe un fi cher
vainqueur.
On doute alors fi de
l'armée
Vendôme eft le chef ou
Hele bras.
O combien fon ame
Jallarınée ,
luy fait affronter de
trépás ?
quelle gloire ! quel nou
veau luſtre w
il acquiert dans ce champ
Juin 1712. Aa
282 MERCURE
illuftre
où dés l'enfance il s'eſt
nourri !
peut- il , ce fang de nos
Monarques ,
montrer par de plus nobles
marques
qu'il eft digne du grand
Henri.
Qu'un jour au crime
fi funefte
eſt ſuivi
d'une
prompte
nuit !
les ombres dérobent le
GALANT 283
refte
au fer vengeur qui le
pourfuit.
Mufe , borne icy ta car
riere ,
laiffe à la Parque meurtriere
le foin d'achever ce
projet ;
Et toy , feul Maistre de
la
terre ,
grand Dieu , favorife
une
guerre
qui n'a que le Ciel pour
objet.
J
284 MERCURE
Harangue de la Reine d'Angleterre
, prononcée le 17.
Juin 1712.
Milords & Meffieurs
2
C'eft une prérogative indu
bitable de la Couronne , de
faire la Guerre & la Paix
cependant, je mer une
grande confiance en vous
que je voulus bien declarer
au commencement de cette
Seffion , qu'on eft entré en
Negociation pour une Paix
Generale , & depuis , je vous
GALANT. 281
ay fait connoître de ma part
que jevous communiquerois
les Termes de la Paix , avant
qu'elle fut conclue.
Selon cette promfſe , je
viens
prefentement vous
faire fçavoir , fur quel pied
la Paix Generale peut cftre
faite.
Il n'eft pas neceffaire de
parler des difficultez qui fe
trouvent dans la nature de
la chofe même. Il n'eſt que
trop évident que ces difficultez
ont efté augmentées
par des obftacles artificieufe
ment formez pour empe186
MERCURE
cher cette bonne & grande
oeuvre , cependant rien n'a
pû m'empecher de pourfuivre,
conftament en premier
licu les veritables interefts de
mes Royaumes ; & enfuirté
je n'ay rien obmis de ce qui
pouvoit procurer à tous nos
Alliez ce qui leur eft conve
nable , ou pour les Traitez,
& ce qui eft neceffaire pour
leur furetét
Comme je n'ay rien plus
à coeur que d'affurer la fuc
ceffion proteftantes à ces
Royaumes , comme elle eft
établie par les loir , dans la
GALANT 287
·
maifon d Hannover : On a
pris un foin particulier
non feulement de faire reconnoiftre
de la maniere la
plus forte , mais auffi de l'affurer
en éloignant des Etats
du Roy de France , la per
fonne qui a pretendu troubler
cet établiffement.
La principale rafon pour
commencer cette Gurre a
efté que la crainte que l'Ef
pagne & les Indes Occiden
rales , ne fuffent jointes à la
France ; le principe que j'ay
pofé au commencement de
ee Traité a cfté de prévenir
288 MERCURE
" the
feurement une telle union.
Les exemples du paffé
& les negotiations en dernier
lieu , montrent affez
combien il eft difficile de
trouver les moyens d'effectuer
cet ouvrage , je n'ay
pas voulu me contenter de
ceux qui font fimplement
fpeculatifs , & qui dependent
des traitez feulement ,
jay infifté fur ce qui eft
folide , & d'avoir en main le
pouvoir d'executer ce qui
aura été conclu .
Je puis donc vous dire
prefentement
qu'enfin la
France
GALANT: 289
France , a été portée d'offrir
que le Duc d'Anjou renoncera
pour luy & pour fes
defcendans à toujours à la
Couronne de France , &
afin que cet article important
ne foit point exposé à
aucun hazard , l'execution
doit accompagner la promeffe.
En mefme tems la fucceffion
à la Couronne de
France doit eftre declarée
apartenir apres la mort du
prefent Dauphin & de fes
fils , au Duc de Berry & fes
fils , au Duc d'Orleans fos
Juin 1912.
Bb
1,0 MERCURE
fils , & ainfi fucceffivement
à tout le refte de la Maiſon
de Bourbon.
Et pour ce qui regarde
Efpagne & les Indes , la
fucceffion aprés le Duc
d'Anjou & fes enfans doir
defcendre à tel Prince dont
on conviendra dans le traité
à l'exclufion pour toujours
du refte de la Maifon de
Bourbon.
Pour confirmer les renonciations
& les établiffements
cy- deffus , on offre de les
faire ratifier de la maniere la
plus forte & la plus folemGALANT.
291
nelle en France & en Efpagne
, & que ces Royaumes.
ainfi que toutes les autres
Puiffances engagées dans
cette guerre en feront garents.
La nature de cette propofition
cft telle qu'elle
s'execute d'elle meſme , il
eft de l'intereft de l'Espagne
de la foutenir , & en France
les perfonnes que la fucceffion
regarde feront toujours
prefts & affez puiffans pour
maintenir leur droit Ja
France & l'Espagne font
actuellement
plus divifcz
B bij
292 MERCURE
la
que jamais , & ainfi par
Benediction de Dieu , la veritable
balance du pouvoir
fera fixée en Europe & expofée
à auffi peu d'accidens
les affaires humaines le
que
peuvent
eftre.
On a entamé un traité
de commerce entre ces Royaumes
& la France , mais
les droits exceffifs mis fur
certaines marchandiſes , &
la deffenfe d'entrée de
quelqu'autre , empêchent
que cet ouvrage ne finiffe
auffitôt qu'il feroit à fouhaiter.
On a pris foin cepenGALANT.
197
dant d'établir une methode
pour regler cette affaire , &
on eft convenu que les
mefmes privileges & avantages
qui feront accordez à
aucune nation par la France
nous feront accordez de
la mefme maniere.
La divifion de l'Ile Saint
1
Chriftophe entre nous &
les François ayant porté
beaucoup d'incommodité
& dommage à mes fujets ,
j'ay demandé qu'on me ce◄
dât entierement toute cette
Ifle , & la France accorde
cette demande. Nous avons
Bb iij
194 MERGURE
un filgrand intereft dans le
commerce du Nord de l'Amerique
, que j'ay tâché
avec tout le foin poffible
d'ajufter cet article de la
maniere la plus avantageufe.
La France conſent de nous
rendre la Baye entiere & le
Détroit d'Hulfon , de nous
livrer l'Ifle.ou Terre- neuve,
Plaifance , & de ceder entic
ment , Anapolis avec le refte
de la nouvelle Ecoffe ou
Acadie.
Noftra.commerce fur nos
coftes fera beaucoup plus
affuré par la démolition de
Dunkerque.....
GALANT. 295
Rien ne peut plus affurer
nôtre commerce dans la
Mer Mediterranée & les in
fluences des Anglois dans
ces quartiers que la poffeffion
de Gibraltar & du'
Port - Mahon avec toute
Ifle de Minorque , qu'on
offre de laiffer entre mest
mains ; on peut regler le
commerce general en Ef
pagne & aux Indes occiden
tales fur le pied qu'il étoit
dans le tems du dernier Roy
d'Efpagne Charles II . & on
a ftipulé particulierement
que tous les avantages,
Bb iiij
296 MERCURE
droits ou privileges qui ont
été ou feront d'orefnavant
accordé par l'Espagne à aucune
autre Nation ne feront
de la mefme maniere au fujet
de la Grande Bretagne.
Mais comme la part que
nous avons à foutenir cetta
guerre nous donne droit de
pretendre à quelque diftinction
dans les conditions de
la Paix , j'ay infifté & obtenu
que l'Affiento ou
Contrat pour fournir des
Negres aux Indes Occidentales
fera fait par nous
pour l'efpace de trente
"
CALANT. 297
ans de la mefme maniere
que les Francois en ont jouy
pendant ces dix dernieres
années .
Je n'ay pas entrepris de
déterminer les interefts de
nos Alliez ; ils doivent eftre
ajuftez au Congrés d'U
trecht où j'employeray tous
mes foins comme , je l'ay
conftament fait jufqu'icy ,
pour procurer à chacun
d'eux une jufte & raiſonnable
fatisfaction .
Cependant je trouve à
propos de vous declarer que
la France offre de faire la
298 MERCURE
Rhin la Barriere de l'Empire
de ceder Brifac , le fort de
Kell & Landau , & de rafer
toutes les Fortereffes qui
font de l'autre côté du Rhin
& celles qui font dans cerre
même Riviere:
Pour ce qui regarde les
interefts des Proteftans
d'Allemagne , il n'y aura
point d'objection de la part
de la France pour empêcher
qu'ils ne foient rétablis fur
le pied du Traité de Weftphalie.
Les Pais bas
Espagnols
peuvent aller à S. M. Impe
GALANT 299
-
riale , les Royaumes de Naples
, de Sardaigne , le Du
ché de Milan ; & les places
appartenant à l'Eſpagne fur
les côtes de Tofcane feront
cedées auffi à l'Empereur
par le traité de Paix..
Premierement le Ro
yaume de Sicile quoy qu'il
ne reste plus de difficulté
touchant la fucceffion de la
part du Duc d'Anjou , ce
pendant on ne s'eft pas en
core determiné touchant la
difpofition .
On confent aux intereſts
dès Erats Generaux par rap300
MERCURE
port au Commerce comme
ils l'ont demandé par leur
Miniftere ,à l'exception feulement
de quelques efpeces
de marchandifes
& à leur
Barriere entiere comme elle
a été demandée par les Etats
en 1709. excepté tout au
plus deux ou trois places , &
pour ces exceptionson a propofé
plufieurs expedients ;
& je ne doute point que
cette Barriere peut etre tellement
établie que la Repu
blique fera entierement af
furée contre les entréprifes
de la France ; ce qui eft le
GALANT . 301
fondement de tous mes engagemens
avec les Etats fur
cet article.
Les demandes du Portugal
dépendant de la difpofition
d'Espagne , & cer
Article ayant été long- tems
en difpute , il n'a pas été
poffible jufqu'icy de faire
de grand progrez dans cette
negotiation : mais mes Plenipotentiaires
auront préfentement
occafion d'affifter
ce Roy , dans fes pretentions.
Celles du Roy de Pruffefont
telles qu'elle n'admettront,
302 MERCURE
j'efpere , que peu de difficul
té de la part de la France , &
je n'obmettray
rien pour
procurer tous les avantages
que je pourray à un fi bon
Allié.
La
difference eft tres -peu
confiderable
entre la Barriere
, demandée en 1709 .
pour le Duc de Savoye , &
les offres que la Fance fait
prefentement
. Mais ce Prince
s'étant fignalé gloriculement
pour le bien de la cau
fe commune
, je travaille encore
à luy procurer de plus
grands avantages.
GALANT. 303
La France a confenti que
l'Electeur de Palatin , confervera
le rang dont il jouit
*
actuellement parmy les Electeurs
, & demeurera en poffeffion
du haut Palatinar .
La dignité Electorale eft
femblablement reconnue
dans la maifon d'Hannover,
felon l'Article inferé à la
priere de ce Prince , dans
mes demandes.
•
Et pour le refte des Allicz
,je ne fais aucune doute
d'affurer leur differents in-
-terests.
304 MERCURE
w
Milords , & Meffieurs. D
+
Je vous ay maintenant
communiqué non - feulement
les conditions de Paix ,
qui peuvent eftre obtenuës
par le Traité futur , pour
mes fujets. Mais auffi lespropofitions
de la France , pour
fatisfaire les Alliez : les premieres
font telles que j'ay
raifon d'attendre , de pous
voit donner quelque fatisfaction
à mon Peuple , pour
le grand & trop peſant fardeau
qu'ils ont fupportez
GALANT 305.
pendant le cours de cette
Guerre , & je veux efperer
qu'aucun de nos Confederez
& principalement ceux dont
les Etats & le pouvoir aug
mente fi fort par la Paix ,
n'envieront pas à l'Angleterre
, fa part dans la gloire
& l'avantage qu'elle ap- "
porte.
Les dernieres ne font pas
encore fi parfaitement ajuf
tées , comme un peu plus
de temps auroit pû le faire ,
mais étant neceffaire à cauſe
de la faiſon , que cette Seffion
finiffe ; je n'ay pas
Juin 1712 Cc
306 MERGURE
voulu differer plus longtemps
à vous communiquer
tout cecy.
Je ne doute point que
vous ne foyez pleinement
perfuadez , que je ne negli
geray rriieenn dans llee progrez
de cette negotiation pour
amener la Paix , à une fin
prompte & heureufe , & je
m'attend que vous vous
confierez entierement en
moy , & concourrerez agreablement
avec moy,
C
3
TOTA BLE.
La mauvaise honte.
Queſtion , s'il eftplus dangereux
& plus blamable de parler
trop à table , que d'y parler
jeune Angloife .
Bastrop peu.
Avantures
galantes
, d'une
37
40
Mariage.
47
Fable. 49.2
~Relation " envoyée par Monfieur
le Comte de Fienne
Lieutenant General des
Armées du Roy. 54
Nouvelles de Pologne. 65
Nouvelles d' Allemagne. 70
TABLE.
Nouvelles d'Angleterre . 16
Nouvelles d'Efpagne.
80 1
Nouvelles d'Utretch. 4.88
Nouvelle de Flandres.
Lettre de Lille
20
93
"
Eglogue. 39996
108
3
Morts.
Relation envoyéeà M' le Com
te de Ponchartrain. 121
Lettre d'une Dame infirme, qui
ne pouvoitfaire réponſe. 15.8
Livre nouveau.
Avanture galante.
165
170
Parodie de l'Enigme du mois
paßé.
182
Promotion deCardinaux. 187
Remarques fur la maison de
TABLE
Rohan.
Remarque fur la maifon de
Polignac.
¿Conte Arabe.
193
195
Réponse à la premiere quefsation.
202
Réponse à la feconde queftion.
205
Enigme.
208
Nouvelles de Flandres . 213
Difcours fur l'origine &
Dignité de Cardinal. 217
Nouvelles de Paris.
247
Mariages.
265
fa , Ode.
La Bataille de Villa - vicio-
Harangue de la Reine d'An-
266
gleterre.
284
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Sancti Agobardi Archiepifcopi Lugdunenfis Opera ,
necnon Leidradi & Amulonis Archiepifcoporum
Lugdunenfium Epiftola & opufcula , cum Notis,
in 8º , 2 vol. 6 liv .
Sancti Cafarii Epifcopi Arelatenfis Homilia , nunquam
antehac edita , cum Notis, , Marii Mercatoris Opera , cum Notis.of.
8°, 3 liv .
Reginonis Abbatis Prumienfis Libri duo de Ecclefia-
Religione chriftiana , &c. cum fticis difciplinis
Notis , in 8 ° , 4 liv.
Salviani Maffilienfis , & Vincenti Lirinenfis Opera,
cum Notis uberioribus , in 8 ° , tertia edit . 3 liv .
Vita Petri Caftellani , Magni Francia Eleemofynarii
, à Petro Gallandio feripta , cum Notis , in
I liv.16 f.
Mifcellaneorum Libri quinque , hoc eft , Collectio
veterum Monumentorum , in 89,5 vol. rs liv .
Les volumes ſe vendent feparément 3 liv .
Ouvrages de feu Mre ARMAND LE BOUTHILLIER
DE RANCE' , Abbé de la Trappe.
8°
De la Sainteté & des devoirs de la vie Monaftique
, avec les éclairciffemens fur les diffi-
A ij
euftez furvenuës au fujet de ce Livre , in
4° ,'-3 vol.
Les mêmes in 12 , vol .
17 liv.
8 liv.
Les Eclairciffemens ,in 4 * , feparément, 6 1.
Les mêmes in 12. feparément , 2 liv. 10 f.
Cinq Chapitres tiez du Livre de la Vie Monaftique
; fçavoir , de l'amour de Dieu , de la
Priere , de la Mort , des Jugemens de Dieu ,
& de la Componction , in 12. I liv.
Difcours de la pureté d'Intention , & des moyens
pour y arriver , in 12 . I liv . 10 f.
Carte de là Vifite de M. l'Abbé de la Trape å
l'Abbaye des Clairets , avec une Inftruction
fur la mort de Dom Muce , in 12 . 1.liv .
Inftructions de faint Dorothée , Pere de l'Eglife
Creque , traduites du Grec en François ,
avec la Vie de ce faint Pere , in 8 ° . 2 l . 5 f.
Inftructions fur les principaux fujets de la Pieté
& de la Morale Chretienne , in 12. ΙI l. 10 f.
Lettres de Pieté choifies & écrites à differentes
perfonnes , in 12 , 2 vol. 4 liv.
Meditations fur la Regle de faint Benoît , troifiéme
édition, augmentée de la veritable preparation
à la mort , 2 liv.
De la veritable preparation à la mort , in 12.
feparément , I liv.
Réponses au Traité des Etudes Monaftiques de
Dom Jean Mabillon , in 4 " , 6 liv.
Le Texte de la Regle de S. Benoît, trad.in 12. II .
La Regle de faint Benoît , traduite & expliquée
felon fon veritable efprit , in 4 ° , 2 vol . i2 1.
La même in 12. 2 vol.
in 12.
s liv.
Reflexions
morales
fur les quatres Evangiles
,
in 12.4 vol.
7 liv. 4 f.
Reglemens
generaux
de l'Abbaye
de la Trappe
,
in 12. 2 vol.
3 liv. 12 f.
lation de la mort de Dom Abraham BeuS
8 f. gnier , in 12. brochure ,
Relation de quelques circonstances de la mort
de M. l'Abbé de la Trappe , in 12. brochure
,
8 f.
Traité abregé des Obligations des Chrétiens ,
in 12.
I liv. 16 f.
Du R. P. Dom LE NAIN, Sous - Prieur de l'Abbaye
de la Trappe..
Homelies fur le Prophete Jeremie , in 8 ° , 2.
vol .
Hiftoire de l'Ordre de Cîteaux ,
7
liv . 12 f.
ou Vies des
Saints de cet Ordre , in 12. 9 vol . 16 liv . 4 f
De Noffeigneurs du Clergé de France.
Procés verbal de l'Affembléé de 1690. fol . 61.
De l'Affemblée de 1693. & 16 95. fol . 10 1.
De l'Affemblée de 1701. & 1702. fol . 6. 1 .
Relation des Affemblées de MM . les Prelats,
pour la condamnation du Livre de M. l'Archevêque
de Cambray , in 4 ° ,
4 liv.
Recueil concernant l'établiffement de deux Seminaires
dans le Dioceſe de Reims, in 4º , 6 I.
Du R. P. DUBOIS , de l'Oratoire.
Hiftoria Ecclefia Parifienfis , fol . 2 vol . 30 liv .
Le Tome ſecond ſeparement , ISIs liv. Du R. P. A MELOTTE
, de l'Oratoire
.
Le Nouveau Teftament traduit fur la Vulgate
, ave des Notes , & des Cartes de la Terre
Sainte , in 4º , 2 vol.
Le même in 18 .
Du R. P. HARDOUIN
12 liv.
I liv.
, de la Compagnie
de Jesus.
Antirrheticus de nummis antiquis Coloniarum &
6
Municipiorum ad Joannem Vaillant , in 4 " , 3 I.
Sancti Foannis Chryfoftomi Epiftola ad Cafarium
Monachum , Gr. & Lat. cum Foannis Harduini
Notis , & Dißertatione de Sacramento Altaris ,
in 4º
De differens Auteurs.
4 liv.
Compendium Inftitutionum Juftiniani , feu compen
diofa earum tractatio ; in 12 . I liv.
Ceur affectif de faint François de Sales , tiré
de ce qu'il y a de plus touchant dans fes
Ecrits › pour la confolation des ames devotes
, par M. Gambard , in 12. 1 liv. 12 f.
Diurnale Ciftercienfe ,, ad ufum Fulienfium , rubronigrum
, in 24. maroquin , 31.
Difcours de faint Bernard , compofez à la priere
de fa foeur la Religieufe , où font contenus
tous les principaux points du Chriftianifme ,
nouvelle traduction , in 16 . I liv. 10 f.
Exercice Journalier , à l'ufage des Religieufes
de la Congregation de N. D. in 16. I liv ..
Maniere de bien entendre la Meffe de Paroiffe,
par Meffire François de Harlay , Archevêque
de Rouen , imprimée par l'ordre de feu
M. l'Archevêque de Paris , in 12. 1 liv.
Ordonnances du Roy pour le fait de la Guerre ,
in 12. 15 vol.
12 .
4f liv.
Les volumes
fe vendent
feparément
, 3 1.
Reglement
pour
le Regiment
des Gardes
, in
I liv.
Prieres
Chrétiennes
recueillies
par
ordre
de
feu M. l'Archevêque
de Paris
, en Latin
& en
François
; avec
une Inftruction
pour
la Con-
! feffion
& Communion
, & une Conduite
pour
bień
gagner
le Jubilé
, in 12. troisième
édition
,
I liv.
Tradition
de l'Eglife
fur le Silence
Chrétien
&
-
Monaftique , contre l'intemperance de la langue
, & les paroles inutiles en general , & en
particulier contre la trop grande frequentation
des Parloirs des Religieufes , par M.
Hermant , in 12 . I liv. 16 f.
Traité du Cancer , & des moyens de le guerir,
par M. Alliot , in 12 . 1 liv. 10 f.
Traité des Ecoles Epifcopales , par feu M. Joly ,
Chantre & Chanoine de l'Eglife de Paris ,
in 12 .
2 liv.
Vie de la Mere Eugenie de Fontaine , Religieufe
de la Vifitation,morte en 1694. in 12. II. 10 L
De l'ufage de celebrer le Service Divin , en lan-
" gue non vulgaire , par le R. P. Caponnel ,
Chanoine Regulier , in 12.. ΙI liv. 5f.
Imitation de Jefus- Chrift en vers , avec figures,
par M. de Corneille, Bruxelles . in 8 °, 4.1.
Hiftoire du Concile de Trente , par Frapaolo ,
1 in 4º , 8 liv .
Les Loix Civiles dans leur ordre naturel , fol.
2 vol. 7
18 liv.
Les mêmes , in 4ª , 6 vol. 36 liv.
L'art de Tourner ou de faire en perfection
routes fortes d'ouvrages au Tour : ouvrage
tres-curieux & tres-neceffaire à ceux qui s'cxercent
au Tour , fol . Latin & Fr. Is liv.
Traduction nouvelle des Odes d'Anacreon , par
..M . de la Foffe , feconde édition , augmentée
de deux Odes , l'une de Pindare , & l'autre
d'Horace , in 12 . 2 liv. 10 f.
Nouvelle Grammaire Eſpagnole , par M. Perger
, in 12 . 2 liv. 5 f.
Nouvelle Traduction
de Juſtin , avec des Remarques
, in 12. 2 vol .
Conquête du Mexique , in 12. 2 vol.
Conquête du Perou , in 12. 2 vol .
Voyage d'Alep à Jerufalem , in 12
4
3 liv. to f.
s liv.
liv. 10 f.
2 liv.
"
!
*
1
Nouvelle & parfaite Grammaire Françoife du
Pere Chifflet , in 12. avec un abregé d'Orrographe
, 1 liv . 10 f.
De la Connoiffance de Dieu , par M. Ferrand ,
in 12.
Novum Teftamentum Grácum , in 18 .
L'Efprit de l'Ecriture Sainte,in 12. 2
Le Comte de Cardone , in 12 .
2 liv. 10 £
1 liv. 16 ſ.
vol.3 l.ro f.
I liv. 16 f.
Les Avantures Galantes du Chevalier de Themicourt
, par Madame D ... in 12 , 1 l . 16 f:
Furteriana , ou les bons mots de M. Furetiere ,
in iz .
z. liv.
Avantures galantes de France & d'Espagne ,
in 12. 2 liv .
Traducion nouvelle de Miguelles Cervantes ,
in 12 .
Biblia facra , in 4º ,
2 liv.
6 liv.
Amuſemens ferieux & comiques , par M. du
Freny , in 12 .
I liv . 10 f.
Grammaire Allemande , de Perger , in 12. 1 1.
Effais de litterature pour la connoiffance des
bons Livres ; & fupplément des Effais , in 12 .
4 vol. 8 liv.
Le Jeu de l'Hombre , augmenté des Decifions
Nouvelles , in 12. I liv . 10 f.
Les Campagnes du Roy de Suede , in 12. 3
vol.. 6 liv .
La Vie de M. de Moliere , in 12. 2 liv.
Traité du Recitatif dans la Compofition , dans
la Declamation , la Lecture & l'Action publique
, in 12 .
1 liv. 10 f.
Hiftoire de la Virginie , contenant celle de fon
établiffement & de fon gouvernement jufqu'à
prefent , les productions naturelles du
Païs , la Religion , les Loix & les Coûtumes
des Indiens naturels , par un Auteur natif &
habitant de ce Païs- là , in 12. enrichie de figures
›
f.
gures en taille-douce , 2 liv.
Ecole parfaite des Officiers de Bouche , qui en
feigne lès devoirs du Maître d'Hôtel & du
Sommelier la maniere de faire les Confitures
feches & liquides , les Liqueurs , les
Eaux , les Parfums , la Cuifine , à découper
les viandes , & à faire la pâtifferie ; huitiéme
édition , corrigée & augmentée des pâtes , des
Liqueurs nouvelles , & des nouveaux Ragoûts
qu'on fert aujourd'hui : Avec des modeles
pour dreffer les Services de Table , in
12.
2 liv. s f.
Abregé de la Sainte Bible , en forme de Queftions
& Réponſes familieres , tirées de differens
Auteurs ; divifé en deux parties , l'ancien
& le nouveau Teftament, par le R. P.
Guerard , de la Congregation de faint Maur ,
feconde édition , in 12 . 2 liv.
Les Delices
de l'Italic
, contenant
une defcri- ption exacte
du Païs , des principales
Villes,
de toutes les Antiquitez
, & de toutes les Raretez
qui s'y trouvent
; ouvrage
enrichi
d'un tres-grand nombre
de figures
en taille douce ,
in 12. 4 vol.
12 liv.
Traité
des Jardinages
, par M. de la Quintinie
,
in 4º, 2 vol.
Le Prince Grec , in 12.
12 liv.
2 liv
Hiftoire de D. Quixotte , in tz. vol. 12 l . 10 f
Les Fables de la Fontaine , in 12.5 vol . 10 liv.
La Princeffe de Cleves , in 12. 2 liv. 10 f.
L'Arithmetique de Legendre , in 12. 2 liv. 10 f.
La Vie de Cromvvel , de Gregorio Leti , in 12.
2 vol . s liv.
Les Oeuvres de S. Evremond , in 12.5 vol . 10 I.
Juvenal, de la traduction du P. Tarteron , in
2 liv . 10 f. 12.
Zayde , in 12. a vol
ΤΟ
Style du Confeil , par M. Gauret , in 4″, ƒ liv.
Code de la Marine , in 4" , 3 liv.
Traité hiftbrique des Monnoyes de France , par
1.M. le Blanc . in 4 .
2 liv.
8 f.
9 liv .
Dialogues entre le Diable Boiteux & le Diable
Borgne , par M. le Noble , in 12.
Traité de la Parole , in 12. brochure,
Lucien d'Ablancourt
, nouvelle édition , augmentée
de Nores , in 12. 3 vol.
6 liv.
Numifmata area Imperatorum Auguftorum & Cafarum
in Coloniis , Municipiis & vrbibus Jure Latio donatis , ex omni modulo percufa , autore
Joanne Foy-Vaillant , in fol. 2 vol . 3.6 liv.
L'Hiftoire reduite à fes principes , dediée à
Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , în 12 . 2/1 vol.
3 liv. 10 f.
Contes des Fées , ou les Chevaliers Errans , &
le Genie Familier, par M. D... in 12. 11. 15 f. D. Guzman d'Alfarache , in 12. 3 vol . 7 l. 10 f.
Traduction
en vers François des Epigrammes
d'Ovven , in 12 .
1 liv. 10 f.
Les Amours de Pfiché , in 12.
La Mufe Moufqueraire , in 12 .
Virgile , de Martignac , in 12.3.vol.
2 liv.
2 liv .
6 liv .
Lucrece , de la nature des chofes , avec des remarques
fur les endroits les plus difficiles ,
traduction nouvelle , in 12. 2 vol. 4 1. 10 f.
L'Ambiguë d'Auteuil , ou varietez hiftoriques ,
vicompofées du Joueur , du Nouvelifte , du Financier
, du Critique , de l'Inconnu , du Sincere
,' du Subtil , de l'Hypocrite , & de plufieurs
autres perfonnages de differens caracteres
, in 12 .
1. liv. s . f.
Les Avantures d'Appollonius de Tyr , livre rempli
d'évenemens , & écrit dans le même ſtyle
que Telemaque , par M. le B... in 12. 2 ‹ liv..
Prince Eraftus , fils de l'Empereur Diocle
Ir
tiam , in rz . 2 liv. y. f.
Abregé de Geographic , & de tout ce qu'il y
a de plus remarquable dans chacune des quatre
grandes parties de la Terre , particulièrement
dans l'Europe & dans le Royaume de
France : le tout mis en ordre pour pouvoir
être appris & retenu facilement par coeur
avec les routes des Poftes de France & d'Efpagne
, dedié à S. A. S. Monfeigneur le Prince
de Dombes , par M. Poncein , in 12. 1 liv. f.
Hiftoire fecrete de Bourgogne , in 12. 2 vol . 3 I.
Vaſconiana , ou Recueil des bons mots , des penfées
les plus plaifantes , & des rencontres les
plus vives des Gaſcons , feconde édition , augmentée
, in 12 . 2 liv. y f*
Les Metamorphofes d'Ovide , traduites par M.
Durier , derniere édition , in 12. 3 vol . 6 liv .
Les mêmes en Rondeaux , avec figures , de
Bencerade , imprimées à Bruxelles , in 8 ° , 4 1.
Les Metamorphofes , ou l'Afne d'or d'Apulée ,
Philofophe Platonicien avec le Demon de
Socrate , traduction en François , avec des
Remarques , in 12. 2 vol . sliv.
Les Fables d'Efope Phrygien , avec celles de
Philielphe , traduction nouvelle , enrichie de
Difcours moraux & hiftoriques , & de Que
trains à la fin de chaque difcours , avec figures
. On as ajoûté à cette nouvelle tradu
tion les Contes d'Efope , les Fables diverfes
d'Abrias & d'Avienus , in 12. 2 vol. 4 1. 10 f
Les Memoires de la Vie du Comte D ... avant fa
retraite , contenant diverfes avantures qu '
peuvent fervir d'inftruction à ceux qui ont à
vivre dans legrand mondes redigez par Mide
S. Evremont , in 12. 2 vol.ove 4 liv . 10 f
Les Memoire de Meffire Roger Rabutin , Comte
de Buffy , in 12. vol.
3
liv . 10 £
Bij
7
1
12
ro 1.
Idem , Ses Lettres , nouv . édit. in 12. 4 vol. 8 I.
Les Oeuvres d'Homere , traduites en François
par M. D... enrichies de figures en tailledouce
, divifées en 4 vol. in 12.
Quinte- Curce , de la traduct . de M. de Vaugelas,
avec le Latin à côté , 2 vol. in 12 . 4 1. 10 f.
Oeuvres d'Horace en Latin & en François , avec
des Remarques critiques & hiftoriques, de M.
Dacier , froifiéme édition , revûe , corrigée
& augmentée confiderablement par l'Auteur ,
in 12. 10 vol.
20 liv.
Hiftoire
de France
, P. Marcelle
, in 12. 4 vol . 8 l.“
Lexicon
Buxtorfi
, in 8 °, 4 liv . 10 f.
Idem Lexicon Paforis , Greco- Lat . in 8º , 4 1. 10 f.
Corpus Juris Canonici , à Petro Pitheco , cum appendice
Juris Canonici , continens Librumfeptimum
Decretalium, &Fo. Pauli Lancelotti inftitutiones
Juris Canonici , in fol. 2 vol. 20 liv.
Les Oeuvres
de Maître
Guy Coquille
, Sieur de
Romancy
, 1703.
2 vol .
Recueil de bons mots des Anciens & des Modernes
, in 12 .
13 liv.
2 liv.
20 liv .
"
6 liv .
THEATRE DE MESSIEURS
Corneille, in 12. 10 vol.
Racine , 2 vol.
Campiftron , nouv . éd. augmentée d'une Tragedic
& d'une Comedie , & ornée de figures , 4 1.
De la Foffe , avec ſes Poëfies , 2 vol . s liv.
Legrand , 2 liv . 10 f.
Crébillon ,
Pradon ,
liv. 10 f.
3 liv.
2 liv. 10 f.
De la Grange
Moliere , 8 vol. nouvelle
édition , augmentée
de fa Vie , avec de nouvelles
Remarques , 15. l.
Dancourt , 7 vol . nouvelle édition , augmentée
de plufieurs Pieces qui n'avoient point été
imprimées dans les éditions
precedentes, ayce
figures & Mufique ,
Regnard , 2 vol.
Poiffon , vol.
De Hauteroche ,
14 liva
s liv.
3 liv.
2 liv. 10 f
Palaprat , 2. éd. augmentée de plufieurs Comedies
qui n'ont pas encore efté imprimées , &
' d'un Recücil de Pieces en Vers, a vol. 4 1. 10 f.
Baron ,
De Riviere ,
De la Thuillerie ,
Bpindin ,
De Champ-mêlé ,
De Montfcury , 2 vol.
Bourfault , 2 vol.
De Mademoiſelle Barbier ,
Quinaut ,
Theatre François , 6 vol .
3. liv.
liv. 1o f
2 liv.
2. liv
a liv.
s liv.
s liv.
liv.10 f
liv. 10 f
Is live
Idomenće ,
Aftrée ,
Electre ,
Rhadamifthe & Zenobic ,
Cyrus ,
Les Tyndarydes
Saul ,
Herode ,
Polydore ,
La Mort d'Ulyffe ,
Mustapha ,
Agrippa , ou le faux Tiberiaus
Le Curieux Impertinent ,
Les Agioteurs ,
L'Amour Charlatan ,
Le Naufrage,
Danać ,
Turcaret ,
Crifpin Rival ,
Le faloux déſabuſe,
Tragedies
}
Comedies,
14
Les Airs notez des Comedies Françoifes , par
M. Gillier , in 4º,
Cantates & Arietes de M. le B. fol. 7
Le quatrième Livre des Motets de
pra ,
LeMercure Galant ,
Et broché ,
7 liv.
liv. 10 f.
M. Cams
liv.
11. 10 f.
I l . 5f.
Recueil de Pieces en Vers , adreffées à S. A.S.
Monfeigneur le Duc de Vendôme , & plufieurs.
Effais de Poëfies diverfes , par Monfieur de
Palaprat , 1. vol. in 12. 1.1. 10 f.
Et toutes les autres Pieces de Theatre , tant
anciennes que nouvelles,
Abfalon , Tragedie , tirée de l'Ecriture Sainte,
par M. Duché , 1. liv.
L'Hiftoire de l'Empire , contenant fon origine,
fon progrés , fes revolutions , la forme de
fon Gouvernement , fa politique , fes alliances
, fes negociatións , & les nouveaux regle
mens qui ont été faits par les Traitez de
Vveftphalie & autres : par le Sieur Heif.
Nouvelle édition , continuée jufques à prefent
, & augmentée de plufieurs remarques.
s vol. in 12. 12. 1. 10. f.
Hiftoire Genealogique & Chronologique de la
Maifon Royale de France , des grands Officiers
de la Couronne , & de la Maiſon dú
Roy ; avec les qualitez , l'origine & le progrés
de leurs familles : enfemble les Statuts
& le Catalogue des Chevaliers , Commandeurs
, & Officiers de l'Ordre du Saint Ef
prit . Le tout dreffé fur les Titres originaux,
Regiſtres des Chartres du Roy , du Parlement
, de la Chambre des Comptes , & du
Châtelet de Paris , Cartulaires d'Eglifes
Manufcrits , & Memoires qui font dans la
Biblioteque du Roy , & autres . Par le Pere
Anfelme , Auguftin Déchauffé. Revûë , corrigée
, & augmentée par l'Auteur , & aprés
fon decés continuée jufques à prefent par
un de fes amis . 2 vol . infol . 1712. 36. liv .
La Connoiffance parfaite des Chevaux , contenant
la maniere de les gouverner , nourrir
& entretenir en bon corps , & de les conferver
en fanté dans les voyages . Avec un détail
general de toutes leurs maladies , des fignes
& des caufes d'où elles proviennent ,
des moyens de les prévenir , & de les en guerir
par des remedes experimentez depuis
long- temps , & à la portée de tout le monde.
Joint à une nouvelle inftruction fur le
Haras , bien plus étendue que celles qui ont
paru jufques à prefent , afin d'élever de beaux
Poulains pour toutes fortes d'ufages . On
trouve auffi dans ce livre l'art de monter à
cheval , & de dreffer les chevaux de manege ,
tirée des meilleurs Auteurs qui en ont écrit.
Le tout enrichi de figures en taille - douce.
in 8° ,
3 1. 10 f.
Le Theatre Lyrique , avec une Preface où l'on
traite du Poëme de l'Opera , & la Réponse à
une Epitre fatyrique contre ce Spectacle. Par
M. Le Br... in 12. 1712.
a liv.
Lettre à Monfieur de... fur l'origine des anciens
Dieux de l'Egypte ; qui explique ce
qui a donné lieu aux Fables des Dieux de
l'Antiquité . in 12, 1. liv.
<36614138870011
Bayer. Staatsbibliothek
1
1
MERCURE
GALAN T.
JUIN , 1712.
www
.
UNI
NIM
A PARIS ,
M. DCCXII.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT.
Par te Sieur Du F **
Mais
de Juin ,
1712.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25. fols , brochez
A PARIS ,
Chez DANIEL JOLLET , au Livre
Royal , au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais .
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la rue
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
AvecApprobation , & Privilege du Roi.
Bayerische
Staatsbibliothek
München
MERCURE
GALAN T.
JUIN 1712.
tttttttttttttt ; yy
La mauvaiſe Honte.
CE n'est pas
d'aujour
d'huyque pauvreté
fait bonte :
Un jour certain Marquis
ou Comte ,
Juin 1712 .
A ij
MERCURE
a
Tres bon enfant d'ailleurs,
maispauvre &glorieux,
Parnous pique d'honneur,
ne pouvantfaire mieux,
Confent à regaler noftre
bachique troupes
Averty des la veille il
* nous donne fa fcupe
Soupefimple, mais de bon
goufi,
Un bon bouilli , point de
ragouft.
Son Cuifinier ( dit-il , car
c'eftoit une excuſe
De Cuisinier jamais il
GALANT:
nafe )
Mon Cuifinier, dit- ilfur
qui j'avois compté
Juftement à midy du mal
caduc tombe
Nous oblige , Meffieurs ,
à vivre de
regime ,
Tant mieux ,refpond quel
qu'un , c'est la bonne ·
maxime ,
Viande fimple , bon pain ,
bon vin ,
Bon coeur & liberté font
un repas divin.
Noftre hofte rougiffant de
A iij
5 MERCURE
fon excufe fade ,
Autre excufe nous donne
avec une falade ,
Excufe de n'avoir d'autre
roft qu'ungigots
On ne croit point
les
en ce cas à leur mot
ད
gens
Tel ne
s'excuſe ainsi que
parfanfaronade
,
Nous
efperions
du moins
ou poulets ou pigeons
Sur ce petit efpoir lentement
nous
mangeons ,
Pendant qu'il nous promet
, mais pour l'autre
GALANT. 7
femaine,
Vingt pieces de gibier qui
Tuy viendront du
Maine ,
Jurant qu'en un feuljour
tour nous fera fervi :
Ce prodigue ferment à
l'inftant fut fuivi
D'une langue de boeuf,
quefuivoit unfromage,
A cet afpect d'abord je
fais en hommefage ,
Arreft fur le gigot qu'on
veut nous enlever ,
Il eftoit merveilleux , cha-
A iiij
* MERCURE
cun veut l'achever...
C'a quel vin boirons-nous,
dit- il , pour du Champagne
Je croy que nous n'en avons
pas
Mon vin de
Bourgogne
eft au bas
Mais il me vient demain
d'excellent vin d'Ef
pagne ,
Paffons- nous aujourd'huy
de ce vin de mon cro
Il eftoit bon , il en fut bu
Contrit , konteux le pauGALANT.
vre Comte ,
Alongs traits avalloitfa
Fonte :
Afa konte qui s'evada .
La fincerite fucceda,
Trouble d'une fincere yvreſſe
,
Il nous dit où le baft le
bleffe:
Helas ! dit-il , aprés quel
ques foupirs vineux
Pauvrete c'est mon tort ,
j'en eftois konteux ,
Voyantjufqu'à quelpoint
pauvreté
deshonore
:
10 MERCURE
Par ce
mauvais repas .
ony j'aimois
mieux.
encore
Que l'on me foupçonnaft
d'eftre avaricieux ;
Dans le vin je raifonne
mieux
La
pauvreté n'eft pas un
vice ,
Et c'en eft un que
rice :
Lava-
Mais puis qu'apresent
chacun croit
Ce que je croyois de fang
froid ,
GALANT.
BI
Qu'argent honore plus que
vertu , que nobleffe ,
Croire autrement c'est une
yureffe ,
C'est ce qu'a décidé le vice
revefti
Des dépouilles de la vertu.
On a grand tort de faire
des excufes d'un repas fru
gal : les repas où l'on mange
peu , ne font pas ceux
où l'on parle le plus , mais
ceux où l'on parle mieux.
Il femble que la frugalité
fourniffe les converfations
I2 MERCURE
de table les plus
cenfées ,
& les plus
agreables. J'entends
par frugalité celle du
vin auffi bien
que celles
des viandes ; on fçait affez
que le vin pris juſqu'à certain
degré nous donne de
l'enjoüement , de l'efprit
& de la cordialité pour les
convives , mais que tout
cela
degenere en beſtiſe ,
& en
brutalité
quand on
boit trop. Ainfi
comme on
ne doit aimer la table qu'-
autant qu'elle
contribue
à
la douceur de la focieté &
de l'union , le repas frugal
GALANT. 13
eft tousjours le plus aimable.
Plutarque définit la table
une focieté , qui par le
commerce du plaifir & du
vin , & l'entremise des graces
, fe termine en amitié ;
c'en eft auffi bien la définition
que la fin . Elle augmente
la bienveillance
dans les amis , par la meſme
raifon qu'elle l'engendre
dans les ennemis. Les
Anciens , dit Athenée ,l'ont
appellée agape , charité.
Pour cette raiſon , on ne
doit venir à table que pour
14 MERCURE
y gagner l'amitié de quelqu'un
des conviez . Le vin,
dit Athenée , eft le filtre
de l'amitié
; il femble
que
la meſme nourriture
pro-,
duifant
les mefmes qualitez
dans le ſang & dans les
efprits , produit la fimpathie
entre les convicz ; les
efprits y font montez fur
le mefme
ton & 2 par ce
moyen deviennent
un meſme
corps & une mefme
ame. Les effets contraires
fe remarquent
dans les
hommes & dans les animaux
qui vivent de diffeGALANT.
rentes nourritures . Voyez.
cet homme extraordinaire
qui fe met au deffus de
toutes les bienféances , &
de tous les devoirs , qui
oublie mefme en voltre
prefence que vous foyez
au monde. Mettez une
bouteille de bon vin entre
vous & luy , le voila fociable
, vous diriez qu'il vous
mais ce n'eſt pas
cela , ce font les efprits du
vin qui fe réuniffent , &
qui le lient avec vous ; l'effet
du vin paffé , il ne ſonge
plus à vous : hors la
aime
16 MERCURE
table n'attendez de luy ny
politeffe ny honnefteté
vous ne le retrouverez qu'à
la premiere bouteille que
vous boirez enfemble.
Les Anciens avoient raifon
de croire menfa Deos
Tone
adeffe ,felon le rapport d'Ovide
& de Caftor. Afclepiade
rapporte que Paufanias
eftoit bien fondé de
dire qu'un repas fage &
bien entendu eftoit un
conciliabule des Dieux fociables
, puifque l'amitié ,
la gayeté , & l'élevation
d'efprit , qu'on nomme fageffe
,
GALANT . 17
geffe. , font les Dieux tutelaires
des hommes qui
y préſident , & en font
l'efprit.
Les Anciens regardo ent
la table comme une chofe
facrée. Arnobe dit que les
Romains y eftabliſſoient
I'Idole d'un Dieu qu'ils regardoient
comme protecteur
&genie de la table , dit . il ,
Sam, ad
facitis menfas falinorum.appofitu
, & fimulacris Deorum
ils invoquoient les Dieux
en s'y mettant adifti- menquam
cùm venire cupimus
, Deas invocamus , die
Juin 1712.
B
18 MERCURE
Quint . declamar . 30-1 . Ils
faifoient des libations au
commencement & à la fin
de la table , ils facrifioient
à Mercure les langues des
facrifices avec libation..
Dans Stuch 287. les libations
ne ſe faifoient qu'avec
du vin pur , & qui n'eftoit
point forti d'une vigne
fouillée
par le tonnerre
par un pied bleffé , par un
pendu , & c. Id . 283. Les
habitans de Nacrale ville
d'Egypte , aux differens
fervices qu'on apportoit
à
table , fe mettoient
à geGALANT.
19
noux , faifant des prieres ,
& fe raffeyoient , dit Athenée
.
Paufanias affure , fur la
foy des anciennes Annales
que les premiers Ançiens
n'eftoient point plus
de trois à table à caufe du
nombre ternaire qu'ils croyent
facré. La Loy Faunia
à Rome , regloit ce nombre
à trois dans la maiſon ,
& cinq in foro Le nombre
de fept fut enfuite de leur
gouſt , d'où eft venu le proverbe
, feptem conviviunt
novem concutiunt. Agamem
Bij
20 MERCURE
non dans l'Iliade prie ce
nombre à difner , Menelaus
y vient de furcroift.
Le nombre de dix plaiſt
à Homere. Beaucoup de
villes bien policées ont
reglé le nombre , il y avoit
un Officier appellé
chez les Romains Nomenclateur
, Commis pour
les compter , l'hiftoire du
parafite dans
en fait foy. L'Officier ,
aprés avoir compré , dit au
parafite qui eft it le dernier
à table , de fe retirer
parce qu'il eftoit le tren-
•
GALANT. ZT
te-uniéme contre la Loy
qui n'en permettoit que
trente : recomprez , dit le
parafite , & commencez
par moy , & vous verrez
que je ne fuis point furnumeraire.
Stuch 146 .
Parafite eftoit chez les
Anciens celuy qui avoit le'
foin de chofir les mets
pour les feftins facrez , ce
qui leur donna occafion
de prendre les droits fur
tous les marchands de
vivres & d'eftre
>
appellez
à tous les repas ;
ainfi cet employ d'hon22
MERCURE
nefte qu'il eftoit d'abord ,
devint honteux .
Les anciens Hebreux
felon le nouveau Teftalavoient
les pieds, ment ,
avant le repas . Homere dit
la mefme chofe , & adjoufte
avec Virgile , qu'ils lavoient
auffi les mains devant
& aprés le repas , per
fingula fercula , apparemment
dans tous les fervices
chez les Romains , comme
il paroift dans Lampridius
, qui dit que Heliogabale
faifoit fervir des mets
de cire & de marbre à fes
GALANT 23
parafites , & leur faifoit laver
les mains perfingula fercula
quafi fi comediffent. Ils
ne faifoient que fe tourner
fans fe lever de table. Retrorfufque
converfus , tanquam
monitus aquam poftularent.
On mettoit du nitre dans
cette eau pour mieux dé
craffer , & des odeurs. Les
Lacedemoniens
fe nettoyoient
les mains à table
avec une mie de pain , il
en eft fait mention dans
Homere.
Chez les Grecs , les Hilarodes
ou Chanteurs de
24 MERCURE
chanfons agreables , & qui
exerçoient la fcience gaye
des Provençaux , eſtoient
placez au milieu des conviez
dans le feftin . Il paroift
que ces Chanteurs
eftoient fort estimez chez
les Anciens. Demofthenes
difoit , qu'ils meritoient
d'eftre honorez par tout le
monde , & loriqu'il fit main
baffe fur les amants de Penelope
, il laiffa la vie au
Chantre Fenecus par la
mefme railon. Les Gau
lois honoroient de la mef
me façon leurs Trouveres
4
•
Ou
GALANT . 25
ou baladins , & aprés qu'ils
en avoient efté divertis à
table & dans leurs feftins ,
ils fe dépouilloient de leurs
leur donnoient
plus belles robes , & les
champ .
fur le
Socrate , dans le Protagoras
, traitte d'ignorants ,
& de miferables qui n'ont
rien à dire , ceux qui met,
tent la Mufique & les Baladins
à la place de la converfation
. C'est pourquoy
dans ce noble banquet de
Platon , la chanteuse en eft
exclue & renvoyée
pour
Juin 1712 .
C
26 MERCURE
chanter aux femmes . 'D'un
autre cofté Xenophon
7
dans fon banquet , où Socrate
& Anthiftenes font
conviez , Philippe boufon
y eft introduit , & aprés le
repas une jolie fille & un
joli garçon danferent.
Socrate dans Xenophon
dit qu'il faut éviter ce qui
excite à manger & à
boire fans faim & fans
foif. On peut adjouſter
qu'il faut faire le contrai -
re pour la converſation ,
c'eſt à - dire , chercher des
difccurs qui reveillent l'apGALANT.
27
petit & la curiofité languiffante
de l'efprit ; il
faut épargner la raillerie
à table , & ménager des
efprits échauffez de vin .
Il ne faut entreprendre
dans une réjoüiffance
que
ce qu'on peut dire & faire
agreablement
, felon la couftume
des Lacedemoniens
qui aimoient le plaifir de
la table & la danſe . Antiochus
ayant dansé armé
avec les amis , quand ce
vint au tour de Hegefianacte
, au lieu de danſer il
fe fauva , & dit à haute
Cij
28 MERCURE
t
voix , Choififfez , Antiochus
, ou de me voir mal
danfer , ou de m'entendre
reciter des vers que je me
fens en difpofition de faire
fur le champ à voſtre honneur.
Le Prince ayant accepté
ce dernier party ,
Hegefianacte charma toute
la compagnie & le Roy
particulierement , qui luy
fit de grandes liberalitez
, & le retint depuis ce
temps là au nombre de fes
amis .
Les Heros d'Homere ne
mangeoient que du boeuf, 150
GALANT. 29
mefme le delicat Alcinous ;
pour honorer Ajax on leur
fert fur une affiette longa
terga boum , &c. Ils ne le
mangeoient que rofti &
fans fauce . Ces Heros ne
mangeoient que ce qu'ils
avoient apprefté eux meſmes
; & Homere parlant
d'Ulyffe , dit qu'il eftoit habile
cuifinier , & qu'il fçavoit
allumer le feu auffibien
que perfonne du monde.
Dans les repas à Athenes
on lavoit les mains
avant le deſſerts Un jeune
C iij
30 MERCURE
garçon apportoit une eau
de fenteur , un autre apportoit
des couronnes de
rofes ,enfuite on fervoit du
fruit , comme poires , pommes
, raifins , fraiſes , tourtes
, &c. aprés quoy entroient
deux courtisanes
preftigiatrices , legeres à la
danfe comme des oifeaux .
Chez les
propreté
extréme , grande vaiſſelle
d'argent , ferviteurs habillez
magnifiquement , &
fervantes jolies pendant
leur jeuneſſe .
Chez le Roy des Parthes
GALANT . 31
l'amy convié eft à terre , &
le Roy luy jette à manger
d'un lit eflevé. Pour la
moindre faute on l'enleve ,
& on le foüette jufqu'au
fang , & profterné à terre
il remercie celuy qui la
foüerté, comme d'un bienfait
& d'une grace du Roy.
Chez les Egyptiens qui
faifoient grande chere , on
portoit les plats à la ronde
fans table . Le Roy d'Egypte
eftant prifonnier d'O
chus Roy de Perfe , fe mocqua
de fes repas , & luy demanda
permiffion de luy
C iiij
3:2 MERCURE
montrer avec les cuifiniers,
4
Egyptiens , comment on
devoit traitter un grand
Prince . Ochus voyant fa
bonne chere , les Dieux te
confondent , Egyptien, dire
il , qui as quitté de fi bons
repas pour venir rifquer les
miens .
Cleomene Roy de Sparte
, Marc- Antoine , & c.
faifoient reciter des ouvra
ges à table.
Nourriture. Table. Feftins.
Seneque appelle fon déjeuner
prandium. Augufte
GALANT. 331
le nomme tout de mefme ,
ce qui verifie la remarque
de Servius , que les Anciens
ne connoiffoient point noftre
difner , & ne prenoient
leur repas qu'avant le coucher
du Soleil. Cependant
Filemon donne aux Anciens
nos quatre mefmes
repas.
Les anciens Romains ne
portoient jamais de robbe
noire à table , fur tout pendant
le regne d'Augufte
Il y avoit dans tous leurs
feſtins un Roy de la table
qu'ils appelloient arbiter bie
38 MERCURE
bendi. Chacun avoit fon
plat à table , & tiroit au
fort la part qu'il devoit
a
avoir .
Au commencement les
nappes leur fervoient de
ferviettes , mais dans la
fuite ils ne fervirent plus
que pour couvrir la table ,
& chacun apportoit fa ferviette
.
Les Romains n'oftoient
point la table vuide , &
n'éteignoient point la lampe
par principe d'humanité
, pour dire qu'ils en laif.
foient aux autres .
CALANT.
Chez les Macedoniens
nul n'avoit droit d'eftre
couché à table qu'il n'euft
tué un fanglier hors des
toiles , c'eft pourquoy Caf
fandre y eftoit affis à cofté
de fon pere couché .
Nos Rois avoient auffi
couftume de faire de
grands feftins publics aux
feftes folemnelles . En Angleterre
on faifoit des largeffes
confiderables au peuple.
Les grands Seigneurs.
en ufoient de mefme cnvers
leurs vaffaux .
Convivorum numerus inci36
MERCURE
pere oportet à Græcorum numero
, progredi ad Mufarum
numerum. Il y avoit chez
les Romains & les Grecs
des prix à remporter
pour
des Questions proposées
à
table . A propos de Queftions
de table il m'en vient
une pour le mois prochain.
Je prie ceux qui
ont refpondu à celles du
mois dernier , de refpondre
à celle- cy.
GALANT. 37
QUESTION .
S'il eft plus dangereux &
plus blamable de par-
"ler trop à table , que
d'y parler trop peu.
Cette queſtionfur le trop
parler , me fait faire attention
à la longueur de la digreffion
qui la précede . Je
ne fçay comment , à propos
d'un repas en vers , je
me fuis engagé à cette
morale de table ; mais comme
on mange fouvent plus
34
MERCURE
qu'on ne veut à un repas ,
on parle auffi plus qu'on
ne devroit dans les digreffions
d'un Mercure , où la
varieté des matieres excite
l'appetit de parler , appetit
qui eft quelquefois tres raffafiant
pour le Lecteur.
Paffons donc à une petite
Lettre badine que je reçois
dans le moment d'Angleterre
, avec une autre hiftoriette
en Anglois , qu'on
traduira pour le mois prochain
.
GALANT. 39
DE LONDRES.
MONS ONSIEUR ,
Dans l'efperance d'une paix
prochaine je prends la liberté
de vous demander un com
merce de Lettres , & pour vous
y exciter je vous envoiray les
petites avantures Angloifes qui
viendront à ma
connoiffance ;
ce qui fuit n'en est pas une , ce
n'eft qu'un petit fait qui ne
vaut peut - eftre pas la peine
d'eftre escrit. Je vous en promets
de plus divertiffants.
40 MERCURE
Une jeune Angloiſe qui
devoit épouser le parent
d'un Milord , luy vouloit
faire quitter l'habitude du
:
tabac , parce qu'elle s'imaginoit
que l'odeur du tabac
luy donnoit des vapeurs.
La complaiſance de
fon Amant alloit bien juſ
qu'à n'en point prendre devant
elle mais elle s'imagina
qu'il pouvoit avoir
une tabatiere dans fa poche
, & cette imagination
luy fit croire qu'elle alloit
s'évanouir , il fe trouva
qu'en effet il en avoit une.
Le
GALANT. 41
Le lendemain il trouva moyen
d'en mettre une pleine
de tabac dans la poche
de ſa maiſtreſſe ſans qu'elle
le fçuft , & elle la porta
fans le fçavoir jufqu'au lendemain
. Dés qu'elle vit entrer
fonAmant, elle lui cria :
ahje fens que vous avez aujourd'huy
voftre tabatiere
dans voftre poche , le jeune
Anglois , homme de
fang froid luy refpondit :
Vous y avez mis bon ordre
Mademoiſelle
la priftes l'autre jour , &
vous me l'avez gardée dans la
Fuin
17120
>
car vous me
D
42 MERGURE
voftre depuis ce temps- là La
delicate Angloife trouvant
réellement la tabatiere fur
elle ,voulut s'évanouiir , mais
elle ne put jamais, & le tout
fe tourna en plaifanterie ,
elle luy dit qu'elle luy pardonnoit
puifque par là elle
fe voyoit guerie de cette
foibleffe ; mais elle luy revalut
ce tour - là car l'Anglois
ayant efté incommodépendant
quelques jours ,
les medecins le preffoient
de fe faire faigner pour
éviter une grande maladie,
mais il ne voulut jamais ;
GALANT . 43
car il avoit une antipathie
fi grande pour la faignée ,
que cet appareil feulement
le faifoit évanouir . Il racontoit
cela luy - mefme
chez fa maiftreffe , lorf
qu'en badinant elle luy dit :
mais fi une perfonne que
vous aimeriez eftoit affez
adroite pour vous faigner ?
ah je luy preſenterois mes
deux bras , luy dit - il en
riant , les deux pieds & la
gorge encore , & deuffayd
je en mourir je fouffrirois
cent faignées d'elle . La
jeune Angloiſe continua
Dij
44 MERCURE
la plaifanterie , & luy dit :
donnez moy feulement un
bras , elle luy mit le bras à
nud en prefence d'une
compagnie affez bonne :
quelqu'un prefta une jartiere
pour fervir de bande ,
elle dechira un mouchoir
pour faire une compreffe ;
ce badinage ne faifoit aucun
mauvais effet fur le
Cavalier , à qui elle demandoit
à chaque préparatif
:
hé bien cet appareil vous
fera-t-il évanouir ? Non ,
refpondit il , il me fait pluſ
toft rire ; enfin cette badiGALANT.
45
ne perfonne pouffa la ceremonie
jufqu'à tirer de
fon tiroir un eftuy , & de
cet eftuy une lancette , car
elle avoit en effet le talent
de faigner à merveille.
L'amant palit à cet aſpect ,
mais il fe piqua de fermeté
Angloiſe , on apporta un
vafe de porcelaine pour recevoir
le fang , & la faignée
fut plantureuſe . Elle
le guerit non feulement de
fon incommodité mais auf
fi de fa foibleffe. C'eft ainfi,
luy dit la jeune Angloiſe,
que ceux que le lien du ma.
46 MERCURE
riage unit , devoient fe corriger
mutuellement
leurs foibleffes .
le
de
Fauray quelque avanture
plus intereffante à envoyerpour
le mois prochain , cette jeune
Angloife pourra mesme me
fournir celle de fes amours avec
parent du Milord , car quoy
qu'avec tout le merite poffible ;
il s'eft trouvé qu'elle eftoit fille
d'un Chirurgien de Douvres.
C'est pour cela qu'elle fçavoit
fi bien faigner. On avoit mis
de grands obftacles à ce mariage,
ces obftacles ont donné
lieu à une intrigue fecrette enGALANT
47
tre ces deux jeunes amants ,
dont on m'a promis les particu-.
laritez romanefques , quoyque
vrayes , pour pouvoir meriter
L'impreffion.
MARIAGE.
Monfieur le Marquis de
Mefmes , connu cy- devant
fous le nom de Ravignan ,
Senechal du Marfan , Marefchal
des Camps & Ar
mées du Roy , Inspecteur
general d'Infanterie, fils de
feu Meffire Alcibiades de
Mefmes Marquis de Ravignan,
Senechal & Gouver
48 MERCURE
neur du Marfan , & de feue
Dame Marie de Vignes , a
épousé Mademoiſelle Racine
fille de Meffire Michel
Racine Efcuyer , Receveur
general des finances d'Alençon
, & de Dame Petronille
Vanderlinde
. Je ne
parle pas de la famille de
Mr le Marquis de Meſmes ,
je renvoye le Lecteur à ce
que j'en ay dit au fujet de
Monfieur le Premier Préfident
dans le Mercure de:
Janvier 1712. page 221.
GALANT 49
BOBIICIXX
LE VIEIL OYSEAU.
FABLE.
UN vieux Roffignol de
ce bois
Laiffa femme jeune & fringante
:
Auffitôt d'amans
plus de
trente ,
Et chacun d'étaler fa voix ,
On ne vit onc mufique fi
charmante.
Pas un ne plut pourtant, c'étoient
oyfeaux de Cour ,
E
Juin 1712.
MERCURE
Leftes d'atour,
Le col beau , la plume luifante
,
Au furplus pas un fol de
rente .
La belle aimoit l'argent , &
qui n'en avoit pas
Eftoit elle fans appas
.
pour
Tendres regards , douces
paroles
N'y faifoient rien , il faloit
des piftoles.
Ce fut par là qu'en vint à
bouti
Un riche oyfeau de ce bocage
;
Richeje dis, car c'étoir tout:
GALANT.
Du refte vieux , de noir plu
mage ,
Oyfeau d'un étrange jargon
,
Car on dit qu'il parloit Gaſ-
Il n'étoit femine un peu jolie
Dans tous nos bois ,
A qui cent fois / m
En fon patois
Il n'eût conté fon amou
reuſe envie.odi
L'affreuſe pieyo emmc0
Et la fauyette tour à tour
Avoient écouté fon amour,
Sans en avoir l'ame atten
drie. Eij
4
"
152 MERCURE
Mais enfin il plaît en ce
jour ,
Et fans retour
Il fe marie :
L'affaire fe conclut , dit-on,
Avant que le printemps expire.
Tous les oyfeaux n'en font
que rire ,
Et s'en vont chantant fur
ce ton :
Quand on a l'âge
De foixante ans ,
Comme l'oyfeau du noir
plumage ,
Plus de bon temps
;
En mariage
GALANT
33
Le
cocủage
N'eft
pas le mal
Le plus
fatal
;
Ce qu'on doit craindre da
vantage
En mariage
Quand on a l'âge
De
foixante ans ,
Eft d'aller voir en peu de
remps
Le noir
rivage.
E iij
$4
MERCURE
**
A Perpignan le 11. May 1712.
Relation envoyée par M. le
Comte de Fienne , Lieutenant
general des armées du
Roy.
LEs ennemis ayant eu
avis que les douze bataillons
que l'on avoit envoyez
ici du Dauphiné , étoient en
marche pour y retourner
affemblerent deux corps de
troupes : l'un du côté d'Oftalrich
, & l'autre du côté
d'Olot.
GALANT.
dut
Le premier étoit commandé
par le Baron de
Vvetzel : il paffa le 30.
mois dernier le Ter à Tor
reilles de Mongry , où il
campa. Le premier de May
il continua fa marche , &
fuivant un chemin coupé de
canaux & de vifieres , il arriva
le même jour à faint
Pierre Pefcador de bonne
heure.
L'autre , qui étoit commandé
par Don Louis de
Cordoua en l'abfence de Picalquez
, defcendit le 29. à
Befalce , vint camper
le 30-
E iiij
36 MERCURE
au pont d'Esponella , s'a
vança le premier vers Na
yatta , & envoya un gros,
detachement
à Figuieres
.
Le premier marchoit fun
moy , & l'autre fuivoit la
montagne , pour tâcher de
me couper la communication
avec le Rouffillon. Ils
avoient même déja envoyé
tous leurs, Miquelets & les
Soumettans , pour tâchen
d'en occuper les paffages.
J'avois été obligé de me
mettre à Caſtillon & à Peyralade
, derriere la Muga ,
aprés avoir retiré les poſtes.
GALANT .
que je ne pouvois foûtenir ,
& renforcé ceux qui pou
voient fe défendre.
Je fis marcher la nuit du
premier au fecond tous les
équipages à une lieuë de là ,
au pied de la montagne ,
pour être à portée de paffer
en Rouffillon ; & je les fui
vis lorfque je vis ces deux
corps en mouvement pour
venir aux quartiers que j'oc
cupois.
Le 2. je les fs paffer de
grand matin , & j'en fis l'ar
Fieregarde avec ce que j'avois
de troupes , conſiſtant
ا ی گ
38 MERCURE
en 2000. hommes , cavale
rie , infanterie , ou dragons ,
tant bons que mauvais . J'arz
rivai le même jour à Bañols ,
où je diſtribuai les troupes
dans des quartiers à portée
des paffages , pour y attendre
celles qui nous arrivent
de France .
a
Ils avoient envoyé tous
leurs Miquelets pour s'emparer
des defilez , & m'attaquer
dans une retraite :
mais toutes les hauteurs &
le's poftes furent fi bien occupez
, qu'elle fe fit fans
qu'ils ofaffent paroître.
GALANT
59
J'avois envoyé deux jours
auparavant M. de Caraffa ,
Maréchal des Camps des
armées de Sa Majesté Catholique,
pour commandër
dans Rofes. Il y a dans cette
place deux bataillons François
, unbataillon Eſpagnol,
& un d'infanterie Vvallonne
: elle eft très bien
pour
vûë de munitions de guerre
& de bouche .
Il y a dans Gironne huit
bataillons François , deux
Vvallons , cent chevaux ,
& des fufiliers de monta
gne. Cette place eft pareil60
MERCURE
lement bien pourvûë de
tout ce dont on peut avoir
befoin
Quoique les ennemis di
fent qu'ils font 10000. hommes
dans ces deux corps ;
neanmoins
, par l'état que
jai des regimens qui les
compofent , & de leur for
ce , je vois certainement
qu'ils ne font pas plus de
7000.
Hs publient que lorsque:
les troupes qui leur viennent
d'Italie feront arrivées ,,
ils doivent faire quelque
entrepriſe confiderable ::
GALANT. 61
mais comme il y a beau
coup d'apparence que ces
troupes ne peuvent arriver
plûtôt qu'au commencement
de Juin ; que dans ce
temps - là M. le Duc de Ven
dôme ſe diſpoſera à entrer
&
que
les
en campagne ,
troupes qui viennent de
France en ce pays- ci ſeront
arrivées , j'efpere que tous
leurs deffeins fe borneront
à manger le pays . Ils attaquent
l'Eſcale depuis le s
celui qui eft dans ce pofte
s'y défend bien.
Un regiment Napolitain
62 MERCURE
avoit eu ordre de fe rendre
maître du château de Madignan
, prés de Gironne :
mais un detachement de la
garnifon de cette place l'a
obligé de fe retirer avec
precipitation , & avec perte
de plus de cinquante hommes
, & de quelques Officiers.
* Les lettres de Perpignan
du 20. May portent que
tout eft fort tranquile dans
le Lampourdan , que le 16.
Ja garnifon de Gironne fit
courfe
jufqu'auprés une
d'Oftalric fans trouver
GALANT. 63
d'ennemis. L'on a appris par
des deſerteurs qu'ils fe font
retirez à Barcelone , où le
Comte de Staremberg les
faifoit camper , & qu'ils y
fouffroient une grande difette
de toutes choſes , ne
pouvant avoir de ſubſiſtance
que du côté de la mer
le pays étant entierement
ruïné & inculte . Ces lettres
ajoûtent que le General
Stremberg s'eft determiné
à mettre toute fon infante ,
rie dans les places qui lui
reftent , & de tenir la campagne
avec la cavalerie ,
64
MERCURE
confiftant en 5. ou 6000.
chevaux, la plupart en mauvais
état , juſqu'à ce que le
puiffant fecours qui lui doit
venir d'Italie foit arrivé.
On mande de Valence ,
qu'on continue d'envoyer
à Vinaros , fur les frontie
res de Catalogne , des ha
bits pour les foldats , & des
felles pour les chevaux.
Les lettres du Rhin portent
feulement que les deux
armées ne font aucun mouvement
, & qu'on croit qu'
on y fera fur la défenfive.
NonGALANT
6.5
Nouvelles de Pologne.
Les lettres de Pologne
portent que les Mofcovites
traitent plus moderément.
les peuples de la Pruffe
Royale ; que le General
Bruz qui les commande ,
menace d'attaquer la ville
de Dantzik , ou au moins
de la bombarder , fi elle
n'accorde les fommes que
le Czar lui a fait demander.
Les dernieres lettres de
Dantzik portent que les differends
de cette ville - là
Juin 1712.
h
66 MERCURE
avec le Czar font terminez,
à condition qu'au lieu de la
fomme confiderable qu'il
lui demandoit , elle fournira
une certaine quantité
de grains pour la fubfiftancalde
fes troupes, quinq
Les lettres de Saxe & de!
Vienne affurent qu'on avoit
appris par differentes letu
tres de Conftantinople, que
fur les inftances des ambafh
fadeurs d'Angleterre & de
Hollande , la paix avoit été
conclue entre les Turcsead
les Mofcovites , avec de
nouvelles conditions ; enGALANT
67
tr'autres , que le Czar aban
donnera entierement la Po
logne & l'Ukraine.q obsiz
Qu'il payera un tribut ou
penfion annuelle au Kan
des Tartares , cinq cent
mille ducats au Grand Sei
gneur , pour le dédomma
ger en partie des frais de
la guerre , & que le Roy de
Suede fera efcorté jufqu'en
Pomeranie par une armée
dans laquelle
il
mille Tartares. On ajoûte
que ce traité n'a pas encore
été fignéni publié Des nou?
velles méritent confirmag
y aura dix
Fij
68 MERCURE
tion , d'autant plus qu'on
en a pluſieurs fois fait courir
de pareilles qui n'ont eu
aucune fuite.
Les lettres de Bender
plus recentes afſurent que
tous les Bachas , marchent
avec leurs troupes vers le
Danube ; que le Grand Seigneur
devoit partir le 20 .
d'Avril de Conftantinople
pour aller joindre fon armée.
L'incertitude où l'on
eft depuis long - temps fur
ce fujet , ne peut plus durer
que quelques femaines
parce que les herbes étant
"
6
GALANT 69
grandes , les armées ſe mettront
en campagne , fi la
paix n'eft pas conclue &
publiée..
On mande de Ruffie , que
le
detachement de quatre
mille hommes des troupes,
du Palatin de Kiovie , com,
mandé par le Sieur Rudzinski
, s'étoit avancé , qu'il,
devoit être joint par vingt
compagnies de l'armée de
Lituanie , que le Palatim de
Kiovie étoit en marche
pour le joindre avec le refte
de les troupes , & qu'il étoit
fuivi par le Roy de Suede
70
MERCURE
avec une grande armée
A *
pendant que
les Turcs &
"
les Tartares fe preparoient
à agir d'un autre côté. Toutes
ces nouvelles deman
dent confirmation .
› L'inondation cauféé par
le debordement de l'Elbe a
fait des dommages confiderables
dans l'Electorat
de Saxe . Jof
Nouvelles d'Allemagne.
Le départ de l'Archiduc
pour aller en Hongrie a
été fixé au 18. de May. 11
GALANT.
ל ע
22
fera fon entrée à Prefbourg
le 19. & il fera couronné le
la ratifié tout ce que
Imperatrice fa Mere avoit
accordé aux Hongrois .
- Le Comte Nicolas Illief
hafi a été confirmé dans la
Charge de Chancelier de la
Cour du Royaume de Hongrie
, qu'il avoit exercée
fous le feu Empereur Jo
feph . On a envoyé plufieurs
Ingenieurs en Hongrie
pour faire reparer les pla
ces & faire de nouvelles
fortifications à celles qu'ils
jugeront en avoir befoin.
>
72 MERCURE
Les lettres de Presbourg,
portent que le Prince Ra
gotzi & le Comte Berzini
avoient fait délivrer à la
Diete une proteftation contre
le couronnement
de
L'Archiduc , à caufe que la!
depofition du feu Roy Jo
feph s'étoit faite à Onoth
du confentement de tous
les Etats du Royaume , &
que fi le couronnement
ne
fe faifoit de la même ma
niere dans une Diete libre
il feroit abfolument nul...
L'Archiduc partit de cette
ville le 18. il alla coucher
au
GALANT. 73
e
3
au château de Petronel , qui
appartient au Comte de
Traun . Il s'avança le 19. jufqu'à
Vvolfftal , où il fut
complimenté de la part des
.3
Etats par le Comte Emerie
Czaki , Archevêque de Colocza
, le Comte de Telekefi
Evêque d'Agria , le
Comte Sigifmond Czaki ,
le ComteEftienne Budiani;
de la Table ou Chambre
haute des Etats , & par douze
Deputez de la Table baf
fe. A l'entrée du Royaume
il rencontra le refte des Etats
de Hongrie , qui , fui-
Juin 1712.
G
74 MERCURE
vant l'ordre qu'il avoit donné
, n'avoient point amené ,
felon l'ancienne coûtume ,
leurs troupes armées avec
leurs Officiers , leurs timbales
& leurs trompettes
de crainte qu'il ne ſe fit
quelque defordre. Il n'y avoit
que le regiment de cavalerie
de Rabutin. Aprés
avoir reçû leurs compli
mens , il monta à cheval ,
& traverfa le Danube fur le
pont debarques , gardé par
le regiment d'infanterie de
Neubourg. Il continua ſa
marche vers la ville , où les
GALANT
75
Magiftrats lui preſenterent
les clefs. Les Bourgeois ar
mez étoient rangez depuis
le pont jufqu'à la porte par
où l'on va au châteaur , ou
al entra au bruit d'une dé
charge de toute l'artillerie .
Il fut d'abord à la Chapelle,
où l'on chanta le Te Deum.
Le 20. aprés que le Cardinal
de Saze Zeits , Archevêque
de Strigonie , et ce
kelebré la Meffe du Saint EL
ar
prit , il monta fur le Trône ,
doù le Comte Illeshafi , Chancelier
de Hongrie , fit en
peu de. mots aux Etats du
G ij
76 MERCURE
Royaume les propofitions
de l'Archiduc aprés quoy
ce Prince remit entre les
mains du Cardinal Zeits un
paquet cacheté , où ces mêmes
propofitions étoient
plus amplement expliquées.
Nouvelles d'Angleterre.
La Reine fait à preſent
fan feigur à Kenfington , où
le Confeil fe tiendra à l'avenir.
Un des Commis de la
Banque ayant pris la fuite
avec des fommes confide.
rables , qui lui avoient éré
GALANT.
97
données pour les mettre à
la loterie , fur arrêté à Chef
ter , d'où il vouloit paffer
en Irlande : on la conduit.
à Londres pour lui faire fon
procés.
Les bruits d'une paix pro
chaine ont fait monter les
actions de la Banque de
cent onze & trois quarts à
cent quatorze & un quart ;
celles de la
Compagnie des
Indes Orientales à cent dix
fept ; & celles de la Compagnie
de la Mer du Sud à
foixante & feize & demi....
Les lettres
d'Edimbourg,
1
Giij
78 MERCURE
portent quele Duc d'Athol,
Commiffaire
de la Reine
y étoit arrivé pour prefider
à l'affemblée
du Clergé d'E
coffe , dont il fit l'ouverture :
le 12. par un difcours fur ce
fujet , aprés avoir prefenté:
fa commiffion
& une lettre
de Sa Majesté. Le Sieur Ha
milton, Profeffeur en Theo
logie , remercia dla Reine &
ce Seigneur au nom de l'af
femblée
.
Le 24. May on proceda
au choix des fept Commif
faires - Examinateurs des
Dons de la Couronne , &
GALANT.
79
on élut à la pluralité des
voix les Sieurs Jean Hind
Cotton , Alexandre Mur
rey , Mylord Dovvn , Jean
Cholmley , Butteel, Levinz ,
& le Chevalier Edmond
Bacon.
Le Comte de Strafford.
premier Plenipotentiaire
d'Angleterre , arriva le 26.
May au foir de Hollande à
Londres. Le lendemain
accompagné du Sieur de
S. Jean , Secretaire d'Etat ,
il fut faluer la Reine , qui
la reçûtrés-favorablement.
Il a depuis affifté au Con-
1
Giiij
80 MERCURE
ſeil. On ne ſçait point le fu
jet de fon voyage , on croit
que c'eft pour recevoir de
nouvelles inftructions.
Les lettres de la Jamai
que portent qu'on avoit envoyé
de cette Ifle à la Caroline
quelques troupes re-.
glées , pour empêcher les
courfesde quelques Indiens
du Nord quiravagent cette:
Colonie.
Nouvelle d'Espagne.
Le Roy a donné la Clef
de Gentilhomme de la
GALANT 31
Chambre à Don Louis de
Caravajal Mexia & Cueva ,
en confideration de fes fervices
, & de ceux de Don
Francifco Caravajah fon
pere..
Sa Majesté a auffi donné
la Charge de Confeiller au
Confeil de Caftille à Don
Franciſco de Arana , ci -devant
Prefident de la Chan
cellerie de Valladolid.
La Charge de Gouver
neur & Capitaine general
de la nouvelle Biſcaye , dans
l'Amerique feptentrionale ,
à Don Gabriel Tinaguero
de la Efcalera,
82 MERCURE
Le regiment de Vallado
lid à Don Nicolas Ceffar &
Gudiel , Chevalier de l'Ordre
de Calatrava , ci-devant
Lieutenant - Colonel du regiment
d'infanterie Elpagnole
de Salamanque , qui
eft en Sicile.
Sa Majeſté a fait Colonel
d'un regiment nouvellement
levé fur la frontiere
de Catalogne , le fils du
Comte de Herſel , Maré
chal de Camp & Commandant
de Cervera.m
Le Pere Pantaleon Gar
cia , Provincial de la Pro
GALANT. 83
3
7.
vince d'Arragon , fut élû le
14. May General de l'Ordre
de la Mercy , dans le Chapitre
tenu à Alcala , auquel
prefidoir le Cardinal del
Giudice Inquifiteur genepal.
On ' mande de Catalogne
que Don Miguel Pons
ayant deffein d'enlever un
quartier des ennemis dans
la Conca de Trems , avoit
paffé la Noguera Ribagor
çana fur le pont de Suert
avec deux cent hommes ,
qu'il avoit été envelopé par
mille hommes
de troupes
$4
MERCURE
reglées , & deux mille Mi
quelets , qui l'avoient bleffe
& pris aprés s'être vigou
reuſement défendu .
Les lettres de
Perpignan
portent que les troupes que
le General
Staremberg a
voit envoyées
vers le Lam
pourdan , n'ont rien entre
pris.
On mande d'Arragon
que les Miquelets & les vo
lontaires s'étant avancez
pour s'emparer du pont de
Suert fur la Noguera Riba.
gorçana ont été défaits par
Don Patricia Laules , Ma
GALANT.
ב י
a
1
70
12
ר ג
21
réchal de Camp Irlandois ;
qu'un grand nombre avoit
été tué , & foixante faits
prifonniers , parmi lesquels
étoit leur Commandant
Don Jofeph Iniquez d'Abarca
, à qui l'Archiduc a
voit donné le titre de Marquis
de las Navas , le Chef
des volontaires , appellé
Bravo , & quelques autres
Officiers. On a pris aux environs
de Cervera trentefix
volontaires , qui ont été
conduits à Lerida. :
On écrit de Tortofe , que
le Duc de Vendôme y eſt
›
86 MERCURE
arrivé , où il donne les or
dres neceffaires pour ſe mettre
en campagne. L'on continue
d'envoyer en cette ville-
là & à Vinaros dės
pro
vifions , des habits pour les
, & des felles pour
les chevaux . !
On mande des frontieres
de Catalogne , qu'on avoit
prefque achevé de prati
quer un chemin commode
le long de l'Ebro , depuis
Mequinença jufqu'à Tortofe
: les ennemis s'étant affemblez
de ce côté- là pour
interrompre cet ouvrage ,
GALANT. 87
ont été repouffez par le
Comte de Muret Lieutenant
general.
Les lettres d'Eftremadure
portent que le Marquis de
Bay avoit affemblé au voifinage
de Badajoz fon armée
de quatorze mille fantaffins
, & de plus de fept
mille chevaux , qu'il devoit
dans peu fe mettre en campagne
, qu'il avoit fait un
detachement pour obferver
les Portugais qui marchoient
des frontieres de
Leon & de Galice , pour
joindre leur armée , qui s'af
88 MERCURE
•
fembloit aux environs d'E
tremoz. Les dernieres lettres
d'Eftremadure affurent
que le Marquis de Bay s'ëtoit
mis en marche le 20.
May avec toute fon armée
& un grand train d'artillerie
pour paffer la riviere de
Caya , & aller camper à la
Fuente de los Zapateros en
Portugal.
Nouvelles d'Utrecht.
uvelles
Il ne s'eft point tenu de
conference generale des
Plenipotentiaires ; on ne
fçait pas même quand il y
en
GALANT 89
erraura : par confequenton
ne peut rien dire de nouveau
, finon que les Pleni
potentiaires des Alliez vont
trés-fouvent
à la Haye pour
conferer entr'eux
& avec
les Etats Generaux ..
Le Comte de Maffey ,
Plenipotentiaire
de Savoye,
reçut le 25. May un courier
du Duc fon Maître . Heut
une longue conference a--
vec les Plenipotentiaires
de
France & d'Angleterre
: le
lendemain
il partit pour
Londres , fans qu'on fçache
le fijer de fon voyagevol ul
Juin 17122 H
E
MERCURE
Onmande d'Utrecht que
l'Evêque de Briftol , Pleni
potentiaire d'Angleterre ,
avoir declaré qu'il étoit
temps de penfer de donner
la paix à toute l'Europe , &
non pas à former de nou
yelles entrepriſes pour la
continuation de la guerre.
Nouvelles de Flandres.
L'armée des alliez paffa
le 26. May l'Escaut fur plu
fieurs ponts au - deffous de
Bouchain , & fut camper
le long de la Selle , qu'elle
GALANT. 91
pre
faiffa derriere elle . La partie
que commande le Prince
Eugene mit fa droite à
Noyelle , & fa gauche au
Saulfoy. Le quartier general
de ce Prince étoit à Ha-
Celle que commande :
le Duc d'Ormond avoit fa
droite prés du Saulfoy , &
fa gauche à Briatre , à trois
lieues de l'armée de France
Le quartier general du Duc
Ormond étoit à Solemes.
On s'attendoit qu'elle continueroit
fa marche pour
faire quelque entreprife.
Larmée de France étoit
a
Hij
92 MERCURE
toûjours campée le long de
l'Efcaut , fa droite vers le
Catelet, & la gauche vers :
Cambray. Elle fut jointe le
26. May par treize batail
lons venus d'Allemagne
avec fix efcadrons de dra..
gons & trois de cavalerie ,
tous bien montez & entrés ,
bon état. Le Maréchal de
Villars fait garder les paf
fages de la Scarpe , de la
Senfée & de l'Efcaut . Les
garnifons de Condé &
de Valenciennes font des
courſes continuelles qui incommodent
fort les enne,
GALANT.
.93
S
mis ; ce qui les oblige à
avoir des corps confidera,
bles entre l'Escaut & la
Scarpe pour couvrir leurs
convois.com
Listure de l'Ile du 11. fuim
Ileft trés- certain que
l'Evêque de Briſtol a ſigni,
fié aux Ambaffadeurs
alliez ,
que la Reine fouhaitoit
fai,
re la paix avec le Roy , &
que Meffieurs
les Hautes
Puiffances
pouvoient entre
tenir à leurs propres frais les
94
MERCURE
troupes qui étoient à leurs
communes
foldes . L'on at
tend aujourd'hui
Meffieurs
Hop & Vveleres
pour ac
commoder
cette affaire.
Les Etats Generaux
ont
convoqué
une affemblée
,
où fe trouveront
deux deputez
de chaque de leurs
Provinces
, pour voir le parti
qu'ils avoient
à prendre
dans cette occurrence
de
temps.
*
omp
Le fiege du Quefnoy fe
fera par provifion : ce fera
Mule Baron de Fagel qui
lecommençera , c'eft le me
GALANT
95
e
me qui a pris Bouchain. Si
cette petite place ne fe défend
point bien , ce ne fera
point faute de troupes ; il
y a dix bataillons , un regi-
: ment de dragons , une compagnie
de canoniers , une
de mineurs , & une franche.
On ne fçait point comment
cette place peut contenir
tant de monde . M. le Prince
Eugene doit aller faire
un tour à la Haye.
vili o mon sh
96 MERCURE
IS ME N. E..
EGLOGUE
..
IPHIS..
DE tonégarement, ami,
que dois- je croire ?
La Seine à tes regards paroît
toûjours la Loire ,
Tu parles de bergers in
connus fur ces bords ,
Tu parcours nos forêts témoins
de tes tranſports
Et l'Echo loin de toy redit
le nom d'Ifmene....
PHL
GALANT
PHILEMON.
Ciel devois - je quitter les
rives de la Seine ?
J'y voyois fans peril les plus
brillans attraits ;
L'Amour pour me dompter
n'y trouvoit point
de traits :
Tranquile , je goûtois dans
nos fombres bocages
Le parfum de leurs feurs ,
le frais de leurs ombrages
,BomĀ …. I
Et fur le verd gazon , qu'ils
ont foin d'abreuver ,
Le feul bruit des ruiffeaux
m'apprenoit à rêver. T
Juin 1712.
Bayern the
Steeth
brotnak
98 MERCURE
Iphis ,mon cher Iphis, plains
mon fort déplorable ,
Le repos de mon coeur n'a
za pas été durable
Et le fils de Venus de mon
calme irrité
7
M'a fait payer bien cher
ma courte liberté, vel
IPHIS.
Crois- moy , nos coeurs font
faits pour cet aimable
maître ,
Et l'Amour n'eft vaincu que
quand il veut bien l'être . ⠀
Echapé de fes noeuds , & rebele
à fes loix , ed
Tu méprilois des fers baifez
GALANT
escent & cent fois ,
Et cu penfois devoir par de
4
conftans outrages
Reparer ta foibleffe & res
premiers hommages .
Je tremblois , & je crois te
l'avoir dir un jour ,
Unberger doit moins craindre
encor Pan que
l'Amour,
300 ༡ ༩
PHILEMON.
Helas ! mon cher Iphis , par
Sp des coups legitimes
Il a juftifié fes droits & res
maximes !
Le cruel m'attendoit fur un
bord étranger...
I ij
100 MERCURE
IPHIS .
N'es - tu pas trop heureux
qu'il daigne fe vanger ?
PHILEMON.
Je le vois bien : toûjours
content de fon empire ,
Tu juges de mon feu par
celui qu'il t'inſpire ,
Et ton coeur prévenu pour
le Dieu que tu fers ,
Comblé de fes plaifirs n'apperçoit
pas les fers.
Non , non , je ne fuis pas de
ces heureux coupables ,
Que l'Amour ne punit que
pa: des coups aimables ,
Qui dans fes châtimens éGALANT.
101
1
A
prouvent fes douceurs
Et femblent par leur crime
attirer les faveurs .
IPHIS.
J Ah ! berger , quel que foit
l'excés de ton fupplice ,
Je fuis fûr que l'Amour n'a
point fait d'injuftice
Et quels que foient les
maux que ton coeur peut
fouffrir ;
Je fuis bien fûr encor qu'il
n'en veut pas guerir.
Mais du fils de Venus apprens-
moy la victoire.
PHILEMON.
Iphis , j'errois un jour fur les
I iij
102 MERCURE
art bords de la Loire ,
Sans fonger à ce Dieu que
javois outrage I
Je vis l'aimable Ifmene , &
TAmour furvangé.
N'attens pas qu'aujourd'hui
jete peigne les charmes ,
Cher Iphis , je reffens de
trop vives alarmes ,
Et fi j'entreprenois de tracer
fon portrait ,
J'y mêlerois , helas ! mon
defordre fecret.
Mais que mon trouble ferve
a t'exprimer Ifmene ,
Et connois fes appas par
l'excés de ma peine.
}
GALANT. 103
Cet objet qui m'a ſçû pour
jamais engager , n62
Eft foûmis au pouvoir d'un
injufte berger ,
Qui negligeant des feux
que 1 hymen autorife ,
Ignore tout le prix d'un
bonheur qu'il méprife.
Te le dirai-je , Iphis ? dans
ces lieux fi charmans
L'Amour n'a pas encor formé
de vrais amans :
Ifmene y brille en vain , &
le Dieu de Cithere
Perd mille exploits galans
1. que par elle il peut faire ;
ne s'y trouve point de ces
H
I iiij
104 MERCURE
coeurs delicats
Qui feuls fçauroient d'If.
mene adorer les appas ,
IPHIS .
Que je plains ces bergers!
Philemon , quel domimage
Que de leurs, doux climats
ils ignorent l'ufage ,
Et que toujours contens
d'un ennuyeux repost, I
Ils ne faffent jamais foûpirer
les Echos.
PHILEMON.
Ilmene quelquefois dans
ces belles retraites.
Va cacher ſes appas & fes
GALANT. 195
peines fecretes :
J'ai vu tous les reduits témoins
de fes douleurs
,
Et farbre qui fouvent eft
baigné de fes pleurs .
Cet arbre fi cheri redou
bloit mes alarmes ,
Helas ! je l'ai moy- même arrofé
de mes larmes
,
Et mon amour tremblant
fe trouvoit trop heẹureux
,
Lorfque fous fes rameaux il
révoit à fes feux .
IPHIS.
N'as - tu donc confie qu'à
get arbre
fidelle
106 MERCURE
Le fincere recit d'une flâme
fibelle ?
PHILEMON.
J'ignore , cher Iphis , fi ma
bouche a parlé :
En abordant Ifmene inquiet
& troublé ,
Ma raifon s'égaroit , & ma
timide flame
Jettoit dans mes difcours le
trouble de mon
ame.
Quels momens a perdus
mon amour interdit !
Je pouvois m'expliquer...
IPHIS.
Ton defordre atout dit.
GALANT . 107
1
PHILEMON, SA
Voila mon trifte fort : ma
tendreffe eft extrême ,
Et peut- être inconnue au
cher objet que j'aime.
Accable , loin d'Ifimene ,
Iphis , je fouffre , helas !
Mille tourmens affreux qu'-
elle ne fçaura pas ,
Et je ne jouis point même
des doux menfonges
Dont l'efpoir quelquefois
fçait embelir fes fonges.
Non , ce n'eft point pour
moy qu'épuiſant ſes ri
gueurs
L'Amour a reüni de fi
108
MERCURE
cruels malheurs.
IPHIS.
Je te plains : mais je crois
que ta flame fincere
Du Dieu qui te pourſuis flé,
chira la colere .
PHILEMON.
Iphis ,ne prens pas foin d'a
doucir mes
tourmens ,
Et porte
ce fecours
à de
foibles
amans :
Pour moy je ne crains plus
&
l'Amour &fa haine ,
Mon ardeur me fuffit en
adorant Ilmene .
GALANT
en
MORTS
DIS Meffire Louis Comte de
Comenges, Gouverneur du
haut Anjou , ville , château
& pays Saumois , mourut
21. May 1712 .
le
M. le Comte de Comenges
avoit été Officier
de la Gendarmerie , & Aide
de Camp du Roy. Il étoit
fils du Comte de Comminges,
Lieutenant general des
armées du Roy , Chevalier
de l'Ordre , Gouverneur
du haut Anjou , ville , châMERCURE
Sau & pays de Saumür
Ambaffadeur en Portugal ,
& dans plufieurs autres
Cours , & Confeiller d'Etar
des pays. M. le Chevalier
de Comenges, auffi diftingué
par fon efprit & fa
valeur , que par fa naiſſan .
ce , eft frere de feu M. le
Comte de Comenges der
nier mort. Ils avoient pour
four feue Madame de la
Trene,premiere Prefidente
du Parlement de Bordeaux.
Meffire Charles- Augufte
Marquis de la Fare , Corte
GALANT. auf
de Laugerre , Baron de Ba
lafuc , Seigneur de Miran
dol , d'Arlande , & c. Capi
taine des Gardes du Corps
de M. le Duc d'Orléans
mourut le 29. May , âgé de
68. ans.
Il avoit fervi long-temps
avec beaucoup de diftinc
tion dans la Gendarmerie.
Son pere étoit le Marquis
de la Fare , Lieutenant general
des armées du Roy
Gouverneur de Rofe en Ca
talogne, Capitaine des Che
vaux Legers de M. le Cardinal
Mazarin. Sa mere
112 MERCURE
avoit époufé en fecondes
noces le Comte du Roure ,
Chevalier des Ordres du'
Roy , Lieutenant general
de la Province de Languedoc
, Gouverneur de la ville
& citadelle du S. Efprit..
M. Guy de Coëtlogon ,
Chevalier Seigneur de Mejuffaume
, Doyen du Parlement
de Bretagne , moufut
le 4. Juin.
Il avoit exercé durant
plufieurs années la Charge
de Procureur General Syndic
des Etats de Bretagne,
aver
GALANT. 113
avec toute l'integrité &
Fapprobation imaginable.
Ila eu plufieurs enfans,dont
l'aîné , Marquis de Coëtlogon
, aprés avoir ſervi
plufieurs années dans la
Gendarmerie avec beaucoup
de diſtinction , avoit
quitté le fervice pour prendre
la Charge de Procureur
General Syndic des
Effats de Bretagne. Il eſt
mort il y a trois ans & a
laiffe plufieurs enfans de
Guionne Marquife.de Cotologonne
, fa femme. Il
avoit pour frere M. l'Abbé
14
Jain 1712.
K
114
MERCURE
de Cologon , Chanoine &
Archidiacre
de Quimper ,
qui eft mort il y a fix ans.
Il reste encore M. l'Abbé
de Cologon , & Madame de
Cologon , Religieufe Carmelite
à Ploermel en Bretagne.
M. de Mejuſſaume
frere le Marquis
avoit pour
de Cologon , Lieutenant
de Roy de Bretagne , &
Gouverneur de Rennes , qui
a eu plufieurs enfans , dont
l'aîné étoit le Marquis de
Cologon , auffi Lieutenant
de Roy de Bretagne & Gouverneur
de Rennes , pere de
GALANT.
I
la Marquife de Cologon
dont nous venons de parler.
Le fecond eft mort Eveque
de Tournay , qui l'avoit
été durant plufieurs années
de S. Brieux . Il refte
encore deux filles , dont l'u
ne eft la Marquiſe de Tournemine
, & l'autre la Marquife
de Cavois. Les autres
freres ont été M. l'Evêque
de Quimpert , & M. le Marquis
de Cologon , qui vit
encore , Lieutenant general
des armées navales du
Roy , & Commandant de
l'Ordre Militaire du S. Ef
Kij
116 MERCURE
prit. La MaifondeCologon
eft une des plus anciennes
& des plus illuftres de la
Bretagne , tant par ſes alliances
, que par les terres
confiderables & les digni
tez qu'elle a poffedées , foit
du temps des Ducs de Bretagne
, foit depuis que cette
Province eft reunie à la
Couronne.
M. Antoine Bernard
Comre du Prat ,Marquis de
Formery,Eclors, & c. Colo ,
nel d'infanterie , mourut le
6. Juin, Il avoit épouſé deGALANT.
17
puis 15 jours N. de Follin.
S Il étoit fils de M. le Mar-
@quis de Vitau. Madame fa
mere étoit fille du Marquis
5 de la Rez, qui eft mort Lieutenant
general des armées
- du Roy , Gouverneur de
Briançon , & Directeur general
de l'infanterie. Tout
le monde connoît la Mai
fon du Prat : elle a donné à
la France un Cardinal , qui
a été Chancelier Garde des
Sceaux , premier Miniftre
fous François premier , Archevêque
de Sens , & Legat
à latere. C'est lui qui a fait
Sour
"
1
18 MERCURE
bâtir une partie de l'Hôtel
Dieu de Paris ,dont il a fondé
les lits qu'on appelle encore
la falle du Legat.
Meffire François Tardif,
qui avoit été reçû Confeiller
au Parlement , & Commif
faire aux Requêtes du Palais
en 1672. mourut le 18 .
Juin
1712.
*
Dame Madeleine - Elifabeth
de Meuller , Dame de
la Source , veuve de Meffire
Albert - François Clerembaut
de Vendeuil , ChevaGALANT.
119
Hier Seigneur de Dieudon
ne , S. Germain & Neuville ,
Gouverneur de Pequais
Meftre de Camp du regi
ment Dauphin cavalerie
mourut le 30. May.
Meffire Pierre Rouille
Maître des Requêtes honoraire
, ancien Prefident au
Grand Confeil , & ci- devant
Ambaffadeur en Portugal
, moufut le 30. May.
Meffire François Berthelot
, Secretaire des Commaedemens
de feuë Ma420
MERCURE
dame la Dauphine Marie-
Chreftienne de
Baviere ,
mourut le 3. Juin.
Dame Sufanne - Eleonore
Paffart , époufe de Meffire
Jules de Villemeur , Chevalier
Seigneur de Rieutor
la Martiniere , Saclay , &c.
Maréchal des Camps & Armées
du Roy , comman
dant la compagnie des Grenadiers
à cheval de Sa Ma
jefté , mourut le 8. Juin.
a
.M
GALANT . 120
f
SE SE SE SE SE SE 36 MESE NE
RELATIO N
envoyée à Monfieur
Le Comte de Pontchartrin.
MONSEIGNEUR ,
A
I
Yant eu le malheur
d'eftre du nombre de
ceux qui ont efté faits prifonniers
dans la defcente de
Mr du Clerc à Rio de-
Janeiro ; je crois qu'il eft de
mon devoir de rendre
Juin 1712 .
L •
122 MERCURE
compte à Voftre Grandeur
de mon retour en France
auffi bien que de ce qui
s'eft paffé de plus remarquable
dans cette occafion.
Le Samedy 6 Aouſt
1710. On commença à voir
la terre à huit heures du
matin , d'un vent affez frais .
on n'eut pas courru deffus
trois heures , qu'on découvrit
le pain de fucre ; c'est
une Montagne fort élevéc
qui eft à l'entrée de la Baye
de Rio de Janeiro , & qui
fert de marque pour la ret
connoiftre : elle cft ainfi
GALANT. 123
nommée à caufe de fa
figure .
.
A midy le Commandant
fit fon fignal , pour apelles
rous les Gardes de la Marine ,
& tous les Grenadiers de
l'Eſcadre à fon bord , afin
d'entrer ce jour- là nean
moins il étoit déja 3 heures
qu'on eftoit encore à plus
d'une lieuë de l'entrée : ainfi
on prit le parti de moüiller ,
pour ne pas s'engager la
nuit dans un pays qu'on ne
connoift
pas .
La Brife que l'on s'étoit
flatté d'avoir le lendemain
Lij
114 MERGURE
huit heures du matin , ne
commença qu'à deux heures
aprés midy , on leva d'abord
l'Ancre pour en pro
fiter , & chacun étant bien
difpofé par l'ordre que tous
avoient receu de Mr du
Clerc de fe tenir prefts à
faire la defcente , nous nous
preſentâmes à la Barre de
Rio de Janeiro pour entrer
dans le Port avec des Navires
du Roy , le Dimanche 17
Aouft 1710. entre trois &
quatre heures du foir ; mais
le vent nous ayant manqué,
Tout à coup, dés que nous
GALANT 125
fumes à l'abry des terres, on
fut contraint de mouiller à
une grande portée de canon
du grand Fort de S, Croix
Nous n'eumes pas pluſtoſt
jetté l'Ancre , qu'il le pre-
5 fenta une Soumaque , petit
Baftiment venant de la Baye
de tous les Saints , qui në
balança point d'entrer fur
la foy de nos Pavillons An
glois , qu'elle nous vit à
tous : mais Mr du Clerc
jugea à propos de l'arrefter,
en paffant , afin de tirer s'il
fe pouvoit quelque éclaircif.
fement pour fon entreprife,
A
Liij
126 MERCURE
Le grand Fort , qui depuis
que nous étions moüillez ,
paroiffoit fufpendre fon jugement,
& nefçavoir encore
fi nous cftions amis on ennemis
, ne douta plus que
nous ne fuflions François ,
lorfquil vit arrefter le petit
Baſtiment. Il
commença
déflors à tirer du canon fur
les
Vaiffeaux, ce qui étoit
affez mal fervi , mettant une
intervalle
confiderable
entre
chaque coup qu'il tiroits
enfin lorfque la nuit furvint,
& qu'il fut obligé de ceffer ,
il n'avoit pas tiré plus de
GALANT 127
1
quinze ou vinge coups de
canon qui n'avoient incommodé
aucun Navire.
Mr du Clerc aprés avoir
interrogé les Portuguais
qu'il venoit de prendre , af
fembla pendant la nuit le
confeil de fes Officiers pour
fçavoir ce qu'il étoit le plus
à propos de faire , quoyque
fon avis fut de faire la def
cente cette nuit meſme qui
étoit fort obfcure , & trespropre
à favorifer l'entreprife
, les Chaloupes pouvant
paffer à la faveur des
tenebres devant tous les
1
Liiij
128 MERCURE
Forts fans avoir rien à crain
dre , ce qui auroit fans doute
furpris les ennemis qui ne
pourroient pas encore eftre
rous raffemblez , il fut ce
pendant refolu de l'avis de
fon confeil d'aller à l'Ifle-
Grande fe rafraichir , &
qu'enfuite on iroit furpren
dre la Ville , par terre.
Il fit embarquer rout fon
monde dans les deux Fregat
tes, la Diane & l'Attalante ;
* C'eft une Iſle qui eft à zo lieues
de Rio de Janeiro , où les Vaiffeaux
ont coûtume d'aller faire de l'Eau ,
& du Bois.
GALANT 125
qu'il choifir pour le tranft
port des Troupes , & ceux
qui ne purene y trouver
place fuivirent dans les Cha
loupes , & dans deux Bri
gantins .
Les trois Vaiffeaux du
Roy , l'Oriflame , la Valeur
& la Venus, refterent à l'Ile-
Grande , fous le comman
dement de Mr de Champagnu
, Lieutenant
de Vaif.
feaux ; & nous en partîmes
dans l'ordre que je viens de
dire le Samedy 6. Septembre
, fous la conduite de
trois Noirs qui s'étant écha
M
130 MERCURE
"T
pez de la maifon de leur
Maiftres , s'étoient venus
rendre à Mr du Clerc : ils
affuroient qu'il n'y avoit à
Ja Ville que cinq à fix cens
hommes de Troupes à
combattre , & s'offrirent de
nous y conduire par terre
fans aucun obftacle.
Nousmines pied à terre
un petit Village , à douze
ou quinze lieues de Rio de
Jineiro , ce fut là que nous
scommençames la deſcenté ,
Je Dimanche au foir 14. du
mois , & le Lundy matin le
refte des Troupes étant auffi
i
GALANT . 131
S
FAD
3
#
deſcendu , nous marchâmes
droit à la Ville , au nombre
de prés de huiccens hommes
fur la bonne foy des trois
Noirs qui nous y conduifi,
fent. 20 N
Les trois premiers jours
de marche ne furent trou
blez par aucun ennemy ,
ayant trouvé dans les Campagnes
toutes les habita
tions defertes ; foit que les
habitans fe fuffent retirez à
la Ville comme dans un lieude
feureté , foit qu'ils s'y
fuffent affemblez pour la
mieux deffendre , mais le
132 MERGURE
quatrième jour qui fut le
Jeudy 18. du mefme mois
étant arrivez avec beaucoup
de peine fur le fommet
d'une Montagne fort éle
véc
, peu de temps avant
midy nous y trouvâmes un
abbatis d'arbres confidera
ble , ce qui barroit entiere
ment tout le chemin , qui
étoit de luy mefme fort
étroit , mais nous étant aperceus
qu'il n'y avoit perfonne
derriere qui s'oppoſat
à noftre paffage , comme
nous l'avions crû d'abord ,
nous nous en fimes bien toft
GALANT. 133
un autre dans le bois à la
faveur des haches d'armes
L'aprés
que portoit la Compagnie
des Canonniers.
midy environ les deux
heures à peine la moitié des
Troupes avoit defcendu la
Montagne que la Compa
gnie des Gardes de la Marine
marchoit à la tefte fut falüée
5 de quelques coups de fuzils
qui partirent in opinement
du Bois dont , trois Gardes
de la Marine furent bleſſez
fans qu'on pût découvrir
cenx qui les venoient de
tirer. L'on fit grand feu fur
# 34 MERCURE
Pendroit d'où on avoit veu
fortir celuy des ennemis , &
l'on doubla le pas pour
pouvoir pluftaft trouver la
fin du Bois qui avoit encore
demie - lieue , & où l'on ne
pouvoit marcher au plus
que deux depfront : les
Troupes qui fuivirent ef
fuyerent encore plufieurs
coups de fuzils , dont il n'y
eut cependant que deux
Soldats bleffez , car les déb
charges continuelles que
l'on faifoit à droit & à la
gauche , par tout où l'on
paffoit , impoferent biens
GALANT. 135
toft filence à ceux qui
étoient cachez , & les ren-.
dirent bien plus mal adroits
à tirer qu'ils n'avoient eſté
dens fe commencement , ou
ils choifirent leurs objets
fans qu'on fe deffiat d'eux.
Erantenfin arrivez , caw
deboucher , & n'ayant point
trouvé d'ennemis qui nous
difputaffent l'entrée dans la
Plaine , nous nous y mîmes
en bataille à mefurd que
nous fortions du Bois , &
nous marchâmes
roûjours
en bon ordre , autant que
les chemins & les lieux par
136 MERCURE
où nous paffames enfuite
nous le peurent permettre.
Sur le foir le Soleil étant
preft de fe coucher , on
apperceut de loin une Compagnie
de Cavalerie qui
fembloit nous attendre dans
une grande prairie prés
d'une des maiſon des Je
fuites , qui eft à une grande
demie lieuë de la Ville : l'on
marcha droit à elle croyant
que les Portuguais avoient
toutes leurs forces prés de
cet endroit à deffein de
nous combattre ; mais
voyant ces Cavaliers ſe re-
M i
GALANT . 137
tirer à mesure que nous
avancions , on jugea bien
qu'ils étoient là pour nous
obferver feulement , & non
pas pour nous engager à au.
cune affaire. Mr du Clerc
ayant jugé à propos de faire
prendre quelque repos aux
Troupes qui étoient extre
mement fatiguées , l'on s'ar
3 refta à cette maifon des Jfuires
, & l'on y paffà la
nuit.
Le lendemain toutes les
Troupes furent en bataille
à la pointe du jour , & aprés
les Prieres accoutumées on
Juin 1712 M
138 MERCURE
fe mit en marche . La Com
pagnie de Cavalerie Portugaife
que nousavions veuë le
Loir , fembloit nous vouloir
enfeigner les chemins qui
conduifoient à la ville &
marcha longtemps devant
nous à grande portée de canon
, nous obfervant toû
jours à veuë de, moment en
moment , il fe détachoit un
Cavalier d'entr'eux pour aller
annoncer au Gouverneur
notreaproche , & l'informer
autant qu'ils en pourroient
juger du nombre que nous
étions, & des routes par lef
GALANT. 139
1
I
quelles nous marchions à lui.
Mr du Clerc ayant veu
fur une hauteur une Eglife ,
nommée Notre - Dame des
Elton , où il aprit que les
ennemis étoient retranchez ,
y enuoya deux Compagnies
de Grenadiers qui s'en rendirent
bien- toft Maitres
malgré le grand nombre
de ceux qui la gardoient
la plupart des Portuguais ,
s'en étant enfuys dans le
Bois aprés leur premiere
décharge ; ceux qui refterent
furent faits prifonniers . On
apprit depuis qu'ils y étoient
Mij140
MERCURE
retranchez , au nombre de
deux cens hommes ; on per
dit dans cette action un
Capitaine de Grenadiers , &
cinq ou fix Soldats qui y
furent tuez .
Un gros de Portugais
étant fortis de la Ville , ils
parurent le long de quelques
arcades qui n'en font qu'à
demic portée du fuzil , &
firent mine d'en vouloir
difputer l'entrée à nos
Troupes qui s'avançoient à
grands pas ; mais ils ne fou
tinrent pas long temps la
furcur Françoife ; car ils
"1
GALANT 147 .
1
lacherent le pied aprés leur
feconde décharge , & ren .
trerent auffi-toft en defor
dre.
Jamais Troupes ne montrerent
un courage plus in
trepide que ceux qui fuivi
rent Mr du Clerc dans cette
•
entrepife ; malgré le feu
continuel des ennemis qui
faifoit tomber nos gens de
rous coſtez, ayant du monde
caché dans tous les endroits "
par où nous paffions nous
entrâmes dans la Ville avec
autant d'ardeur & d'audace
que fi le peril n'eut pas efte
142 MERCURE
pour nous , & que nous
fuffions venus dans nos propres
maifons; tout fuyoit devant
nous par tout où nous
nous prefentions : Cependant
nous n'y marchames
pas longtemps fans êrre fort
incommodez
du feu qui
nous venoit des coins de ruës
dont nos gens étoient affaf,
finez fans que nous viffions
perfonne , contre qui nous
puiffions prendre noftre revanche
. Dans cette fituation
on crut devoir chercher
quelque endroit favorable
pour le mettre à couvert ,
2
GALANT. 43
1
& où l'on ſe pût retrancher ,
ce ne fut pas fans peine , &
fans qu'il en coûtat beaucoup
, que Mr du Clerc fe
rendit Maiſtre d'un Magaſin
à fucre proche de la Mer que
l'on nomme le Trepiche , &
où il y avoit quantité de
Portugais retranchez qu'il
fallut forcer , on y trouva
quatre pieces de canon avec
lefquels on fit bon feu ; mais
ne s'y érant rencontré que
fort peu de munitions , on
ne s'en pût pas fervir long
temps.at
Pendant que ces chofes
144 MERCURE
fe paffoient dans la Ville ; la
Compagnie des Canonniers
qui avoient refté derriere ,
fe trouvant féparée du gros
des Troupes ; parce qu'elle
n'avoit pas pû fuivre , tomba
entre les mains des ennemis
, qui aprés leur avoir
fait mettre bas les armes en
་
leur promettant bon quar
tier ; par la plus lâche per
fidic , dont on ait guère
vû d'exemple , furent affez
barbares pour leur arracher
à tous la vie. Ils en firent
un horrible carnage & leur
firent fouffrir les tourmens
less
GALANT 145
les plus
rigoureux que leur
eruauté leur pûr faire
inventer.
En ce moment quelques
Officiers bleffez du nombre
: defquels étoit Mr de Ruys
Lieutenant de Vailleaux
Commandant de la Colon.
nelle , s'étant retitez dans
une maison pour le faire
pånfer , y furent furpris par
les Portugais , & furent em
menez prifonniers dans une
Chapelle qui eft au dehors
de la Ville nommée Noftre
Dame du Rozaire, oùétoient
les autres François que l'or
Juin 1712.
N
1
46 MERGURE
avoit arreltez . Le Gouver
neur y vint auffi toft avec
quantité d'Officiers Portugais
; il interrogea ces nouyeaux
priſonniers avec le
moins de douceur qu'il luy
fur poffible. Enfin apres
bien des façons , les Officiers
François pour éviter le fuplice
de la mort , dont on
les menaçoit, furent obligez
de déclarer que le nombre de
Troupes qui étoient defcendues
à terre étoit d'environ
huit cens hommes , le Gouverneur
s'étant fait rendre
compte des morts à peu
M
GALANT 47
prés autant que l'on en pourroit
juger , & de tous les
prifonniers qu'il avoit déja
faits , n'eut pas de peine à
deviner que le nombre de
ceux qui étoient encore avec
Mr du Clerc ne pouvoit
pas eftre bien confiderable
alors 7 ou 8 mille hommes
de Troupes Portugaifes
& qui n'avoient pas ofez
venir à noftre rencontre
pour nous empefcher d'entrer
dans leut Ville ' , commencerent
à fe fentir quelque
courage.
Mais ne fe confiants pas
Nij
148 MERCURE
encore tout à fait à ce qu'ils,
venoient d'entendre de la
bouche des prifonniers; le
Gouverneur engagea Mr de
Ruys d'écrire à Mr du
Clerc , pour luy aprendre,
combien les forces Portu
gaifes étoient confiderables
, & pour le foliciter de
fe rendre.
Mr du Clerc répondit
qu'il avoit encore de la poudre
& des balles , & que
tandis qu'elles dureroient ,
il ne fe rendroit point ; cependant
il n'étoit point fans
affaires & fans embarras
GALANT. 149
dans le Trepiche depuis que
nous l'y avions laiffe , étant
obligé d'effuyer le feu continuel
de deux Fregattes qui
s'étant avancées fort prés du
Magafin où nous étions ,
firent de grandes bréches ,
à l'aide de leur canon qu'elles
tiroient fans ceffe , & qui
nous faifoit perdre toûjours
du monde , & en incommodoit
beaucoup par les éclats.
Fevvous pafferay icy un long
détail d'une defenfe qui coûta
aux Portugais dixfoldats pour
un des noſtres ; mais ils
eftoient encore en trop grand
"
N iij
150 MERCURE
nombre pour leur reſiſter. On
leur fit pourtant fignifier qu'on
alloitfortirfur eux la bayonette
au bout dufufil, ce qu'ils crait
gnirent tant qu'ils firent une
Capitulation tres-vantageufe :
mais ils la rompirent enfuite
avec une perfidie dont il n'y a
jamais eu d'exemples , en fai
fans fauffrir avec des crùautez
inoüies à leurs Prifonniers tous
les indignitez
C
Les tourmens
imaginables.
Voila en peu de mors
ane legere peinture de ce
qui s'eſt paſſé à Rio de Janeiro
entre les François &
GALANT 156
les Portugais , le Vendredy
19. Septembre 17.no) val
Cette action qui dura
depuis les dix heures du matin
, jufqu'à cinq heures du
foir , à été de plus chaudes ,
& des plus fanglantes done
on ait our parler, depuis
fort longtemps : il refta
deux cens hommes de tuez
fur la place , huic Officiers
Be trois Gardes de la Marine ;
deux cens autres furent
Bleffez , avec quinze Officiers
& deux Gardes de la
Marine.
Niiij.
} {}
MERCURE
LISTE DES OFFCIERS
tuez, & bleſſez ,
Officiers tucz.
Mr de
Patreville Capitaine
des Grenadiers.
Mr Dirùmbery , Idem.
Mr de Proiffy , Capitaine
de Compagnie.
Mr de Tarifnar Comman .
dant de la
Compagnie de
Canonniers.
Mr de Varaife Lieutenant
des Grenadiers .
Mr de Rilly Lieutenanr
de
Compagnie.
GALANT 153
Mr de Miraillet , Idem.
Mr de la Gautrais, Idem.
Gardes de la Marine morts.
Mr de Ramelay
Mr de la Mefanchere
Mr Marin.
Officiers bleßez. :!
Mr de Ruys , Commandant
la Colonelle.
Mr du Fay, Capitaine
de Compagnie.
Mr de la Saufaye , Idem .
Mr de Conteneuil , Idem.
154 MERCURE
Mr de Saint Michel , Id .
Mr de Boifverd , Idem.
Mr de Lavaux , Idem .
Mr de Prefontaine Lieutenant
de la Compagnie
des Gardes de la Marine ,
mort dans la Prifon.
Mr du Jarrié , Lieute
tenant de Compagnie.
Mr. Defclafeau , Idem .
Mr Defeffars , Lieutenant
des Grenadiers .
Mr de Macnemara Lieutenant
de Compagnie.
Mr de Linars , Idem.
Mr de Pannes , Idem .
Mr.de Cogny , Idem:
GALANT . 155
1 Gardes de la Marine bleffez.
- Mr le Marquis d'Aligny.
* Mr du Rivaux Huer.
"
Aprés une journée fi fatale
aux François , on crut que
les vainqueurs devoient être
contens de leur fortuner
mais le fuccés qu'ils avoient
eu , & tous les maux qu'ils
venoient de nous faire fouf.
frir , n'avoient pas éteint
leur animofité , oublians le
lendemain , la Capitulation
qu'ils avoient faite hou
156 MERCURE
pluſtoit violant la foy qu'il
nous avoient donnée , ils
mirent tous les foldats aux
fers , & quantité d'Officiers
dont quelqu'uns étoient
bleflez , furent attachez
pelle melle avec eux aux
meſmes chaifnes , fans dif
tinction , & fans miferi
corde. Ce fut inutilement
qu'on voulut leur rapeller
les termes de la Capitula
fion ; ceux qui avoient receu
des conditions de nous ran
dis que nous avions encore
les Armes à la main , furent
fourds à nos plaintes dés
GALANT 157
2 le
que nous fûmes defarmez.
On refufa longtemps
de
fournir les medicamens
,
linge & les inftruments ne
ceffaires pour panfer les
bleffez , de maniere que les
- Chirurgiens François , ne
pouvants faire pour eux que
des voeux fans vertu , plu
fieurs moururent faute de
remedes & de fubfiftance .
Nous avons longtemps
ignoré le nombre des Troupes
qu'avoient les Portugais
dans cette action ; mais leurs
Officiers nous ont affurcz
depuis , qu'ils étoient bien
158 MERCURE
ན
douze mille hommes , pot
tants les armes , comprant
les Troupes reglées, la Bour
geoific & les Noirs ; on ne
Içait point au vray ce qu'ils
ont perdu de monde pendant
l'affaire , ils l'ont
toûjours caché foigneufe
ment.
Lettre d'une Dame
infirme qui ne pouvoit
faire réponse.
L'émulation , qui
peut-eftre eft chez moy
GALANT. 159
un compofé de la vanité,
& de l'amitié que jay
pour vous , l'émulation
dis-je, eft l'éguillon le plus
propre à reveiller
l'ima
gination ; j'avois cru
que vos vers feroient
cet effet fur la mienne ;
mais une migraine continuelle
y amis bon ordre,
je fuis tombée dans une
telle langueur , que vos
vers n'ont pû tirer de
moy qu'une admiration
muette , car la langueur
160 MERCURE
T
& la pareffe n'ôtent point
la faculté d'admirer, t
Qui le pouroit imaginer
Vif efprit veut m'abandonner
Qu'il prend mal for
temps pour ma gloire
Point nefçaurois
luypardonner
Je voulois ton los entonner
Par vers dignes de toy
mais voir
Qui le pouroit.
Cette migraine me
rendpeut- eftre un grand
GALANT . 161
fervice , en m'épargnant
la honte de répondre
mal , tout ce que je puis
faire c'eft de donner à
quelques amis de longs
& d'agreables dînez, car
vous en connoiſſez deux
qui ont tout l'efprit du
monde , ils chantent vos
louanges le verre en main
celà ne vaut-il pas bien
les vers froids , d'un
malade.
Qui les pouroit aßaifonner.
Juin 1712 .
O
162 MERCURE
Nos repas & les guer
we donner
De ta prefence, peut- on
croire
Que tu daignes abandonner
Ce lieu charmant dont la
memoire
Doit encore t'éguillouner
Mais tu promets trop
pour tagloire
Grandes promeßes frais
donner
Tu voudrais les tenie,
mais voire
GALANT. 163
Qui le
pouroit.
de
Une
malade rens pour
vous ces petits voya
ges auffi difficiles
que
feroient pour moy ceux
l'Amerique , la plaine
de
Vileneuve vous paroît
plus feche & plus longue
que les Landes
de
Bordeaux
, & la riviere
de Paris à Vileneuve
vous paroift
un Ocean
impraticable
.
Qui le pouroit imaginer
O ij
164 MERCURE
Que Conftance pût Se
borner
Autrefois l' Amour &fes
aîles
Pour voguer vous fervoit
de voiles
Nulperil n'eutpú t'étonner
Mais pourquoy me tant
chagriner
Je fuis encore dans ta
memoire
Tu m'écris, c'eft chofe
notoire
GALANT. 165
One devroit devroit pluftoft
s'étonner
Que conftance on ne put
borner
Tous les Amants , il le
faut croire
Pour leur plaifir & pour
leur gloire
Voudroienteftre
conftants
mais voire
Qui le pouroit
LIVRE NOUVEAU.
On vend à Paris , chez
166 MERCURE
A. Dezalliers , rue Saint
Jacques à la Couronne d'or ,
un Livre nouveau , fous de
Titre de Memoires de la
vie de Jacques Augufte de
Thou , Confeiller d'Etat
Prefident à Mortier au
Parlement de Paris , & c.
traduits du Latin en François
à Amfterdam chez Renier
Léers 1711. Le nom feul
de l'illuftre Prefident de
Thou , fait ſon éloge , ainfi
fa vie qu'il a lui- mefme
écrite en tierce perfonne ,
& qu'on trouve au com
mencement ou à la fin de
GALANT. 167
de cette grande Hiftoire de
fon temps qu'il nous a
donnée , eft tres digne de
la curiofité des Sçavans,
D'ailleurs elle eft fort variée
& remplie d'une infinité
de chofes tres particulieres ,
& tres precieufes pour ceux
quis'appliquent à l'Hiftoire
generale , ou à l'Hiftoire
litteraire ; outre cela elle
eft enrichie de plufieurs
Poëfies qquuee le Traducteur
a renduës en vers François ,
entr'autres d'une Apologia
de les Hiftoires tres longue,
& tres - circonftanciée fous-
1
1
J
·
1
168 MERGURE
le titre de Poëme à la poſterité
. On y trouve encore
la traduction de l'excellente
Preface que Mr de Thou a
mife à la tefte de fa grande
Hiftoire , & par laquelle il
dedie fon ouvrage à Henry
IV. avec la traduction de
l'Ode intitulée la Verité , qui
dans les bonnes éditions de
cette Hiftoire fuit immediatement
la Preface On
peut dire que cette traduc
tion n'eft pas indigne de
l'Original , & que la Profe
& les Vers s'y font lire
avec plaifir.
GALANT 169
JOC &
DE VIENNE
en Auftriche.
MONSIE
re
CONSIEUR ,
Pardonnez à un Allemand
qui fçait à peine
le François , de vous efcriune
avanture , & de
prétendre qu'on la mette
fous la preffe : c'est un ma
riage qui fe fit l'année
paffee , & queje ne crains
plus de rendre public à
Juin 1712 .
P
170 MERCURE
Paris comme il l'aefte icy,
parce que le mary a efte
& la
tué en Flandre
femme eft morte de fa feconde
couche. Si l'un ou
l'autre eftoit encore en vie
je me garderois bien de
vous envoyer cette avanture
.
La fille d'un bourgeois
de cette Ville , âgée de dixfept
à dix-huit ans , n'ayant
plus ny père ny mere
retira chez une vieille tante
qui cut pour fon éduca-
,
fe
GALANT . 171
tion tous les foins & toute
l'attention poffible . Cette
bonne femme eut le malheur
d'avoir pour locataire
un avanturier des bords
de la Garonne , Peintre en
chambre , & Chevalier en
ville , & Gafcon de profeffion
, crut trouver un party
confiderable dans la recherche
de cette fille , &
pour gagner l'efprit de ſa
tante qui n'avoit point
d'autre heritiere qu'elle ,
exagera l'excellence & l'u
tilité de fon art en luy
perfuadant que fon travail
,
Pij
172 MERCURE
joint aux talents de fa niece
leur procureroient un
eſtabliſſement confiderable
; les complaiſances du
Peintre pour la vieille , fi
rent de fi grands progrez
fur elle , qu'elle difpola fa
niece au mariage , en faveur
duquel elle donnoit
tout fon bien , en ſe refer
vant feulement l'ufufruit
fa vie durant. Pendant cet
intervale le Gafcon vit
fouvent fa belle , & le re
gardant deflors comme fon
époux , elle n'eut pas la
force de refifter à fes emGALANT.
173
preffemens Le galant fa
tisfait du cofté de l'amour
ne l'eftoit pas du cofté de
l'intereft ; la referve de l'ufufruit
ne luy plaifoit pas.
Il employa toute forte d'artifices
pour qu'on ſe relafchaft
fur cet article ; cependant
la Tante tint ferme ,
& dit qu'elle ne vouloit
rien innover aux claufes du
Contrat. Le perfide qui
fçavoit mieux diffimuler
qu'époufer , ne laiffa pas.
que de prendre parole pour
la celebration qui devoit fe
faire le 20. Aouft 1711. A
P iij
174 MERCURE
jour nommé il va à l'Eglife,
& faifant l'empreffé pour
chercher le Preftre , il dif
parut fans qu'on ait ſceu
depuis ce temps- là ce qu'il
eft devenu . Chacun fe regarde
, murmure , & toutes
reflexions faites , les Parens
s'en retournerent fort con
fternez . Marianne avoit
plus d'une raifon pour eſtre
plus affligée que les autres .
Une raifon ne parut à fa
famille que quelques mois
aprés. Elle voulut prevénir
cet éclat en perfuadant à
la bonne femme de conGALANT.'
s
fentir qu'elle alla cacher
au fond d'un Cloiftre l'affront
qu'elle avoit receu à
l'Eglife . Sa Tante la mena
au Convent dés le lende
main . Elle y fut receuë
par une femme habillée en
Tourriere , & elle fut fe cacher
réellement dans une
maiſon feculiere où elle
trouva une femme habile
& charitable qui luy faifoit
efperer de luy rendre la
beauté de fa taille deux
mois aprés , qui la mena dás
un Parloir , où aprés avoir
attendu quelque temps , la
Piiij
176 MERCURE
A
meſme Touriere luy vint
dire que la Mere Prieure
eftoit malade , la bonne
tante qui fe trouvoit fort
incommodée ce jour- là ,
s'en retourna avec précipitation
chez elle , & laiffa
fa niece dans le Parloir ;
elle en fortit un peu aprés
avec la Touriere qui la me
na chez elle pour achever
à loifir & en fecret , ce que
l'amour avoit commencé
de mefme . Le lendemain
on fut fort inquiet de la
niece dans le Convent où
l'on l'attendoit tousjours ,
GALANT . 177
ה
& chez la tante qui l'avoit
laiffée au Convent ; mais
cette Tourriere eftoit une
fage - femme déguisée qui
avoit fait connoiffance depuis
quelques jours avecla
Tourriere à qui elle vouloit
fucceder ,luy difoit- elle ,
parce que laTourriere vouloit
fortir de ce Convent
pour aller dans un autre.
On ne put donc avoir aucunes
nouvelles ny de cette
fauſſe Tourriere , ny de la
niece , ce qui donna un
tel chagrin à la tante desja
tres- malade , qu'elle en
178 MERCURE
mourut de chagrin quelque
temps aprés,juftement
dans le temps que fa niece
ignorant la maladie de ſa
tante , achevoit fon terme
fatal.
La Sage-femme porte
l'enfant à l'Eglife dans le
milieu de la nuit pour tenir
plus fecret ce petit fruit
d'iniquité.
Quel fut l'eftonnement
du Preftre & de la Sagefemme
, quand ils virent
entrer à deux heures aprés
midy dix ou douze jeunes
gens éclairez par des flamGALANT.
179
beaux , tous bouteilles ou
verres à la main , & quelques
uns à demi yvres , qui
s'emparerent de la nourriffe
& de l'enfant , & les
menoit en triomphe par
toute la Ville , en chantant
toutes les Chanſons qui
pouvoient
convenir à la
naiffance dérobée d'un tel
enfant ? Le bruit que cela
fit réveilla toute la Ville &
par confequent le Magiftrat
qui voulut faire mettre
la troupe en priſon ſans
un plus yvre qui le prit par.
la main , & comme il n'a180
MERCURE
1
voit pas main forte avec
luy la clique Bachique
l'emmena droit à la maiſon
cù eftoit l'accouchée qui
penfa mourir de frayeur de
la galanterie que luy faifoit
fon Amant : car c'eftoit
luy mefme qui ayant eſté
averti à table que la Tante
de fa Maiftreffe eftoit morte
, & en mesme temps que
fon petit fucceffeur eftoit à
l'Eglife , avoit fait une reflexion
d'yvrogne en penfant
que les autres avoient
executé , comme vous avez
veu , en ſon eſprit qu'en
GALANT . 181
t faifant entrer le Magiftrat
jufques dans la chambre
de l'accouchée : l'yvrogne
luy dit ; voilà ma femme
qu'avez-vous à dire ? c'eſt
tout ce que put tirer le Magiftrat
qui d'ailleurs galant
homme les pria civilement
de fe retirer chacun chez
eux , & l'accouchée revenuë
de cette aubade , époufale
lendemain fon Amant,
qui voulut bien dès ce jour
recueillir avec elle la fucceffion
que la Tante n'a-
*
voit pas voulu leur donner
de fon vivant .
182 MERCURE
ARTICLE
des Enigmes.
Parodie de l'Enigme du
mois paffé dont le mot
eft , Anneau ou Bague.
Simafle oufemelle jefuis
C'est ce qu'aflurer je ne
puis.
Simple fans Diamant ,
c'eft Anneau qu'on
m'appelle ;
Mais de Brillans orné ,
Bague eft mon nom
femelle.
GALANT. 183
Comme j'ay plus d'un
nom , j'ay bien plus
d'un employ:
Comme Anneau , je porte
fous moy
Rideaux pendans quifont
une espece de Mante :
Femelle legere & gliffante
Je m'égare fouvent , quelquefois
je meperds.
la
A la
femme en eecy
Bague
eft reffemblante
.
Anneau , je porte & fais
porter la chaifne
De la Jufticefouveraine
184 MERCURE
Mettant les criminels aux
fers.
Bague je fuis couruë , &
maint Empereur &
Prince
Me diſpute au Tournois
ainfi qu'une Province.
En public le victorieux
De m'avoir eft tout glorieux.
Fille novice 5 vertueuse
Qui ne penfa jamais à
mal
En public eft toute lonteufe
De
GALANT. 185
De porter l'Anneau nuptial.
:
Les Enigmes obfcures
ont le merite de n'eſtre
point devinées , perfonne
que je fçache n'a deviné
celle-cy mais elles ont
leur inconvenient. Elles.
privent les beaux Efprits
de la Bourgeoifie fubalterne
de leur plus doux
amufemens , qui eft la
lifte des devineurs d'Enigmes
. Les noms fpirituellement
inventez , les
Juin 1712. Q
186 MERCURE
quolibets agreables , des
rebus ingenieux , font le
plus bel article du Mercure
pour les Bourgeois
du fecond ordre ; je dis
du fecond ordre , car il
en a deux à prefent , &
Paris eft rempli d'un
nombre de Bourgeois &
de Bourgeoifes dont le
gouft eft auffi rafiné que
celuy des perfonnes du
plus haut eſtage .
GALANT. 187
PROMOTION
de Cardinaux.
Le 18. May le Pape a
remply les dix - huit Places
vacantes dans le Sacré Colfçavoir
, les onze lege
faits fuivans , & il en a retenu
ſept in petto.
MESSIEURS
Davia.
Cufani.
Piazza , Nonce à Vienne.
Zondodari .
De Rohan , Evefque de
Strafbourg , pour la
France.
Qij
188 MERCURE
le Cunha de
Ataïdé , pour
Portugal
.
Schrottembach
, Evefque
d'Olmuts
, pour Vienne
.
Priuli , Auditeur
de Rote ,
pour Venife
.
Tolomei , Jefuite.
Thomafi , Theatin .
Caffini , Capucin , Prédicateur
du Palais Apoftolique
.
Les fept retenus in petto ,
font :
Celuy pour l'Espagne , &
les trois du Palais ; fçavoir
:
Corradini , Miniftre de la
Chambre.
GALANT . 189
Pico, Majordome .
Driaghi , Secretaire de la
Chambre
. Ces quatre
font feurs.
L'Abbé de Polignac eft
le cinquiéme felon toute
apparence , l'Evefque de
Barcelonne le fixiéme.
Mr Buffi , Nonce de Pologne
, le feptiéme.
La Maiſon de Rohan ,
quieft une des plus grandes
& des plus illuftres de l'Europe
, tire fon origine par
les Comtes de Phoruoet des
anciens Rois & Souverains
de Bretagne. Elle a eſté
...
190 MERCURE
alliée par cinq differentes
fois avec la Maiſon des
Ducs de Bretagne.La Tante
d'Anne de Bretagne ,
Reine de France & de Navarre
, fille du Duc de Bretagne
, eſt la derniere alliance
qu'il y ait euë entre
la Maiſon de Bretagne
& la
Maifon de Rohan. On
donna cent mille écus ,
fomme tres - confiderable
dans ce temps - là , & la
Comté de Montfort
, pour
dédommager
le Seigneur
de Rohan
de fes prétentions
ſur la Bretagne
. Deux
E GALANT
. 191
:
filles des Rois de Navarre ,
de l'une fille de Philippe d'Evreux
, Roy de Navarre dit
le Sage & le Bel , & de Jeanne
de France la femme , &
l'autre fille de Jean d'Albret
, Roy de Navarre .
e grand-pere d'Henry IV .
font entrées dans cette illuftre
Maiſon . Le Comte
d'Angouleſme , petit - fils .
de France , fils du Duc
d'Orleans , frere de Charles
VI . Roy de France , qui
fut affaffiné dans Paris par
le Duc de Bourgogne , avoit
épousé Marie de Rohan
19 MERCURE
qui fur grand' mere de
François I. Roy de France ;
ainfiles Seigneurs de cette
cette Maifon ont eu l'honneur
de fe voir parens au
troifiéme degré des Rois
François I. & Henry IV.
Elle a eu des alliances
avec la Maiſon d'Ecoffe ,
de Lorraine , & plufieurs
autres Maifons Souveraines
& des plus confiderables
de l'Eftat. Les Rois
d'Angleterre les ont tousjours
traité comme leurs
parens , & le Seigneur de
Soubize , Chef des Religionnaires
,
GALANT . 193 n
gionnaires , étant mort à
Londres , y fut enterré dans
l'Eglife de Vveſtminſter
dans les tombeaux des Rois
d'Angleterre , comme forti
de leur fang .
La Maifon de Polignac
eft une des plus illuftres
Maifons de l'Europe. Elle
avoit autrefois en fouverai
neté toutes les terres qu'elle
poffede : elle jouit encore
de l'honneur fingulier,
qu'aux affemblées des Etats
generaux le Vicomte de
Polignac ne cede le pas
qu'au feul Comte d'Alais ,
Juin 1712.
R
> > ki
R
194 MERCURE
& precede les vingt , deux
Barons qui compofent
l'af
femblée
de cette Province
.
Une diſtinction
fi finguliere
dans fa Province marque la
grandeur & la diftinction
de cette Maifon . Elle eſt alliée
aux Maifons les plus illuftres
du Royaume . Le feu
Vicomte de Polignac étoit
Chevalier des Ordres du
Roy , Gouverneur du Puys :
il fut un des Seigneurs à qui
le Roy fit donner 1 Ordre
Monfeigneur le Prince
de Conty dans la ville de
Pezenas. Il avoit épouſé N.
par
GALANT. 195
de Beauvoir du Roure , ffille
du Comte du Roure , Chevalier
des Ordres du Roy ,
Lieutenant general de la
Province de Languedoc ,
Gouverneur de la ville &
citadelle du Saint Eſprit.
ន
CONTE ARABE.
Trois freres Arabes , de
la famille d'Advan , s'étant
mis en voyage pour voir le
pays , firent rencontre d'un
Chamelier , qui leur de
Rij
196 MERCURE
manda s'ils n''avoient
avoient point
vû un chameau qui s'étoit
égaré fur le chemin qu'ils
tenoient. L'aîné d'entr'eux
demanda au Chamelier s'il
n'étoit pas borgne. Oui , lui
répondit-il. Le fecond frere
ajoûta : Il lui manque une
dent fur le devant ; & ceci
fe trouvant vrai , le troifiéme
frère dit : Je parierois
qu'il eft boiteux,
Le Chamelier entendant
ceci , ne douta plus qu'ils ne
l'euffent vû , & les pria de
Li dire où il étoit. Ces freres
lui dirent : Suivez le che
GALANT. I
min que nous tenons. Le
Chamelier leur obeït , &
les fuivit fans rien trouver.
Aprés quelque temps ils lui
dirent: Il eft chargé de bled.
Ils ajoûterent peu aprés : Il
porte de l'huile d'un côté ,
& du miel de l'autre. Le
Chamelier , qui fçavoit la
verité de tout ce qu'ils lui
difoient , leur reitera fes inftances
, & les preffa de lui
découvrir le lieu où ils l'avoient
vû.
Ce fut alors que ces trois
freres lui jurerent qu'ils ne
l'avoient point vû mais
Riij
198 MERCURE
qu'ils n'avoient pas même
entendu parler de fon cha.
meau qu'à lui même . Aprés
plufieurs conteftations , il
les mit en juftice , & on les
emprifonna mais le Juge
s'étant aperçû qu'ils étoient
de qualité , les fit fortir de
priſon , & les renvoya au
Roy du pays , qui les reçut
fort bien , & les logea dans
fon Palais , où il les regaloit
de ce qu'il y avoit de plus
delicieux dans le pays.
Un jour , dans l'entretien
qu'il eut avec eux , il leur
demanda comment ils ſçaGALANT.
199
voient tant de chofes de ce
me
e
chameau , qu'ils difoient
n'avoirjamais vû. Ils répon
dirent : Nous avons remarqué
que dans le chemin
qu'il a tenu l'herbe & les
chardons étoient broutez
d'un côté , fans qu'il parût
rien mangé de l'autre ; cela
nous a fait juger qu'il étoit
borgne. Nous avons remarqué
de plus que dans l'herbe
qu'il a broutée il en eft
refté au défaut de fa dent ;
& à la pifte de fes pieds ,
qu'il paroiffoit en avoir traîné
un : c'est ce qui nous a
Rij
200 MERCURE
fait dire qu'il lui manquoit
une dent , & qu'il étoit boi
teux . Les mêmes piftes nous
ont appris qu'il étoit extré .
mement chargé , & que ce
ne pouvoit être quen de
grain , car fes deux pieds de
devant étoient impriméz
fort prés de ceux de der
riere. Quant à l'huile & au
miel , nous nous en fom
mes apperçus par les fourmis
& les mouches qui s'étoient
amaffées le long du
chemin des deux côtez ,
dans les endroits où il étoit
tombé quelques gouttes de
GALANT 201
[ ces liqueurs. Par les fourmis
nous avons conjecturé
l'huile , & par les mouches
le miel.
Mir Khofcou, Poëte Perfien
du premier rang , a fait
le récit de cette hiftoire en
vers fort élegans . On trouvera
dans fes ouvrages plufieurs
traits d'efprit fort fub.
tils & trés-agreables de ces
Arabes , particulierement
de ceux du defert. On doit
bientôt donner au public
une traduction de ce Poëte
Mir Khofcou , où il fe
trouve quelques contes à
202 MERCURE
peu prés de la nature de celui-
ci.
REPONSE A LA
premiere Question :
Si l'on doit preferer dans
un repas les grands verres
aux petits.
Par Diogenes Rochep
POur juger fainement
par mon experience
Auquel des deux on doit
donner lapreference,
GALANT 2031
Je vais fortir de mon tonneau
:
Maisje n'ai par malheur
ni grand , ni petit
verre,
Et ne bois jamais que de
808 Peau.
Te puis pourtant , couché
par terre,
Buvant à même ie ruiffeau
Lamper à longs traits
comme un veau ,
Ou bien à petits coups, ménageant
mon haleine ,
204 MERCURE
Boire dans le creux de ma
main.
Fai bú des deux façons :
mais ma réponse eft
vaine ,
Si vous ne supposez que
mon eau foit du vin.
Buvant dans un grand
verre on boit à la cinique
;
Buvant dans un petit on
boit à la
ftoïque.
GALANT
205
Reponse à la feconde Quef
tion :
S'il eft plus
avantageux
un homme d'être d'une
grande taille que d'une
petite.
Par Mad. la Comteffe de **.
" Un grand homme & un
petit peuvent à efprit égal
paroître en avoir moins
l'un que l'autre . Il femble
que l'efprit paroît plus dans
un petit homme : feroit- ce
206 MERCURE
3
parce qu'on en attend davantage
d'un grand , pour
remplir l'idée de grandeur
que fa taille nous donne ?
Je ne fçai fi les autres femmes
font de mon goût :
mais un grand homme fot
m'ennuye plus qu'un petit ,
& je le trouve bien plus embaraffant
; il ſemble que
j'aye plus de regret à la place
qu'il occupe dans ma
chambre.
Réponse par M. L. R.
Les grands hommes fe
GALANT . 207
font plus refpecter ; les petits
hommes fe font plusai-
1: mer , & même des Dames.
Elles s'imaginent peut- être
qu'elles retrouveront
dans
leur efprit tout ce qui manque
à leur taille : il femble
que
l'amour & la galanterie
foient plûtôt l'apanage
dès petits hommes , & que
la gloire & le heroifme de
la guerre doivent être le
partage des grands hommes
. Cette prevention
étoit
bien réelle du temps d'Homere
, où l'on mefuroit
même la grandeur des He208
MERCURE
ros par la largeur de leurs
épaules.
ENIGM E.
Que maudit foit mon
mariage ;
Car on a mille fois ainfi
nommé
, je croy ,
Ce qui joint mon adjointe
à moy.
Nous faifons trés- mauvais
ménage.
Du mariage encor c'eft la
proprieté:
En gardant la maison
avec
GALANT. 209.
avec exactitude
Mon époufe fe prd , ô
contrarieté !
Je porte fur mon front
parfois fa turpitude ,
Autre appanage de mari .
De ma femme pourtant
je fuis le favori ;
Quand je fuis bien ufé,
ma femme eft encor
neuve.
Entre époux bien unis il
en arrive autant ;
Je puis mourir , & cepen...
dant
Juin 1712.
S
TMAJAD
210 MERCURE O
Ma femme ne fera point
veuve. 3 - na
bad
On écrit de Bayeux , que
le 16 de ce mois il s'y eft
fait une ceremonie
publique
, par une Meffe qui fut
celebrée
folemnellement
par un Chanoine en femaine
, & l'apréfmidy par une
Proceffion generale de tout
le Clergé de la Ville , où
l'Evêque , âgé de quatrevingt
trois ans , officia , fuivi
des Corps de Juftice ,
Maire , & Officiers de la
Ville & de l'Election , la
GALANT. 211
Bourgeoifie
étant fous les
armes , avec un grand concours
de monde du lieu &
de tous les environs , qui y
étoient venus pour voir
cette ceremonie , faite pour
renouveller
la memoire de
cinquante années , où en
ཝཱུ pareil jour le même Evêque
fit fa premiere entrée fo-
Semnelle
dans cette Ville ,.
& prit poffeffion de fon Evêché.
Aprés cette Proceffion
T'Evêque étant fous le portail
de la principale entrée
lap
de l'Eglife Cathedrale, y regut
les complimens
de fon
212 MERCURE
Chapitre, le Chancelier d'i
celui portant la parole avec
beaucoup d'éloquence , de
netteté, d'érudition , & d'applaudiffemens,
aufquels l'Evêque
répondit avec toute
la grace , la force , la juſ
teffe & la facilité poffibles ;
& de retour en fon Palais
y reçut auffi les complimens
du Clergé , de la Ville , &
des autres Corps de Juſtice ,
les principaux Officiers portant
la parole ; à tous lef
quels l'Evêque fit réponſe
avec une grande prefence
d'efprit , beaucoup de bonGALANT
2131
té , & une fatisfaction ge
nerale , & fit enfuite diftrio
buer plufieurs aumônes aux
pauvres des Paroiffes de la
Ville.
Nouvelles de Flandres.
L'armée des alliez ayant
paflé la Selle , & mis cette
riviere devant elle , on détacha
vingt bataillons &
vingt efcadrons pour invef.
tir le Queſnoy. On a appris
qu'ils avoient augmenté
le nombre des bataillons
jufqu'à trente. La groffe
7214 MERCURE
99
artillerie avoit été amenée
de Marchienne fur la Scarpe
à Denain fur l'Escaut. Ils
devoient ouvrir la tranchée
dans peu. On aflure qu'elle
ne l'étoit pas encore le 12 .
a
Parmi les troupes qui forment
ce fiege , il n'y en a
point d'Angloifes, ni de celles
qui font à la folde de la
Reine de la grande Bretagne.
Les lettres du 21. affurent
que la tranchée n'étoit
pas encore ouverte le
18. que le 13. la garniſon fir
une fortie du côté de la porte
de Valenciennes , avec
GALANT.
215
cent dragons & mille fantaffins
, qu'ils avoient ruïné
un épaulement des ennemis
, défait deux cens hommes
qui le gardoient : &
aprés une vigoureuſe reſiſftance
contre les piquets ,
qui s'avancerent pour les
fecourir, ils s'étoient retirez
en bon ordre, n'ayant perdu
que 30. hommes
, en ayant
tué plus de deux cent aux
ennemis.
" On mande de
Tournay ,
que les Etats Generaux
ne
font pas fatisfaits
des nou .
velles qu'ils ont reçûës d'An216
MERCURE
'
gleterre , ils efperoient que
le Parlement defapprouveroit
les declarations faites
par le Duc d'Ormond &par
l'Evêque de Briſtol. Ils ont
appris que les refolutions
des deux Chambres étoient
conformes aux intentions
de la Reine , fur- tout celles
des Communes , qui ont
declaré qu'elles affifteroient
Sa Majeftépour faire
une paix fûre & honorable ,
contre tous ceux du dedans
& du dehors qui voudroient
s'y oppofer.
GALANT. 217
Difcours fur l'origine & la
dignité de Cardinal.
LE Pape a fait une pro-
&
motion de dix- huit Cardi
naux le 18. du mois de May,
il en a declaré onze
s'en eft refervé fept in petto .
On fera bien aife d'apprendre
l'origine de cette dignité
, qui eft à preſent la ſeconde
de l'Eglife , le Pape
en eftant le chef.
Les Papes , à l'imitation
de faint Pierre & de fes
fucceffeurs , font tousjours
demeurez Evefques de Ro-
Juin 1712 .
T
218 MERCURE
me, quoy qu'ils fuffent eftablis
de Dieu le chef de tous
les Chreftiens
, cette ville
eftant le premier Eveſché
du monde , & le lieu particulier
de leur refidence .
De là eft venu que ne
pouvant entrer eux - mefmes
dans le détail du gouvernement
de leur Dioceſe
pendant qu'ils avoient à
regler le fpirituel de toute
la terre , ils firent choix d'un
certain nombre d'Evef
ques , de Preftres , & de
Diacres , pour les foulager,
comme autant de Coadju
GALANT. 219
teurs , & de Vicaires.
Les premiers faifoient la
fonction d'Evefques dans
le détroit de Rome , à la
place du Pape , & avoient
chacun leur Eglife particuliere
dans l'enceinte du
Dioceſe .
Les Preftres eftoient Titulaires
des Paroiffes de la
ville , & prenoient la conduite
des ames comme les.
Curez font aujourd'huy
& les Diacres avoient le
foin de quelques Eglifes ou
Chapelles de devotion qu'-
ils tenoient en Diaconies ,
Tij
220 MERCURE
& devoient affifter le Pape
quand il officioit publiquement.
* Ces trois Ordres eurent
le nom de Cardinati ou Car
dinales , pour dire qu'ils eftoient
les premiers & les
Chefs des autres , & que
c'eftoit fous leur conduite
que rouloient toutes les affaires
du Dioceſe ; & parce
que les Preftres & les
Diacres de quelques autres
villes prirent aufſi le meſme
nom de Cardinaux
afin de fe diftinguer des autres
Preftres , & des autres
GALANT . 221
Diacres qui leur eftoient inferieurs
& foumis , les Papes
ordonnerent qu'il n'y
auroit que ceux qu'ils avoient
choifis , qui le pourroient
honorer du titre de
Cardinal , ce qui a eſté inviolablement
obfervé par
la fuite dans toute l'Italie.
Avec le temps ces digni
tez ſe font rendues fort recommandables
. Les Papes
qui ne choififfoient pour
Cardinaux que des perfonnes
d'un merite diftingué,
commencerent à avoir
une entiere confiance en
T iij
222 MERCURE
eux , ils les reveftirent des
principales charges & dignitez
, ils leur donnerent
le premier rang dans tous
les tribunaux , & dans toutes
les Congregations ; ils
leur mirent en main les affaires
les plus importantes
;
ils les firent leurs Confeillers
d'Eftat , pour le temporel
, & pour le fpirituel
de leur Royaume , ne reglerent
prefque plus rien
que par leur avis , & par
leur confeil , de forte que
peu à peu ils font montez
au faifte de la gloire où nous.
GALANT. 223
E
& fe trouvent
les
voyons ,
aujourd'huy
les
premiers
du Clergé
, faifant
la meſme
figure
dans
l'Eſtat
Ecclefiaftique
que
faiſoient
autrefois
les Senateurs
Romains
dans l'ancienne
Rome .
pas
Mais ce qui releve infiniment
l'éclat de ce haut
rang & leur donne le
au deffus des Evefques &
des Patriarches mefmes ,
c'eſt la puiffance qu'ils ont
dans l'Eglife durant le Siege
vacant , le droit d'élire
le nouveau Pape , & l'a
T iiij
224 MERCURE
vantage d'eftre les feuls fur
qui tombe cette élection
les Confiftoires
dont ils
font les membres
, comme
le Pape en eft le chef.
Ces grandes prérogati
ves leur ont acquis le titre
de Princes de l'Eglife , &
en cette qualité ils prétendent
aller de pair avec les
Teftes couronnées
, & trouvent
peu de Princes en Ita
lie qui leur veuillent difputer
le pas ; auffi ont- ils des
marques exterieures
qui
font connoiftre
la gran
deur d'une dignité fi émiGALANT.
225
mente , les fouverains Pontifes
ont voulu qu'ils fuffent
veftus de pourpre , & principalement
quand ils paroiffent
en public .
Innocent IV . fut le premier
qui leur donna le chapeau
rouge au Concile de
Lyon en 1244. Boniface
VIII. permit aux Cardinaux
feculiers de porter
l'habit rouge , quand les
Papes commencerent à ſe
veftir de blanc . Paul III.
leur accorda le Bonnet
rouge , & enfin Gregoire
XIV. permit aux Cardi226
MERCURE
nota
naux Religieux de le por
ter voulant neanmoins
qu'ils continuaffent tousjours
à s'habiller de la couleur
de leur Ordre
que les Clercs Reguliers ne
retiennent point la couleur
de l'Ordre quand ils font
faits Cardinaux , mais ils
prennent la pourpre comme
les Cardinaux feculiers
Toutes ces differentes
couleurs ne font pas fans
raifon , & fans quelque forte
de myftere : le Pape eft
veftu de blanc pour donner
à entendre que fa vie
GALANT . 227
doit eftre plus pure & plus
nette que celle de tous les
autres Chreftiens , & qu'il
faudroit eftre fans tache &
fans deffaut, s'il le pouvoit ,
pour s'affeoir dans la chaire
de faint Pierre.
La pourpre eft la couleur
des Rois & des Empereurs
, mais cette couleur a
efté donnée encore aux
Cardinaux pour les faire
reffouvenir qu'ils doivent
eftre tousjours preſts à repandre
leur fang quand il
s'agit de fouftenir les interefts
de la foy , c'eſt pour
118 MERCURE
cette raison qu'ils portent
l'habit rouge dans les jours
ordinaires qui eft la pourpre
naturelle , & la veritable
couleur du fang , an
lieu que dans les jours de
trifteffe ils prennent le violet
qui eft une couleur de
pourpre plus lugubre &
plus obfcure , & qui imite
affez le fang livide d'un
homme accablé de maladies
& de chagrins , & parce
que durant deux jours
de l'année qui font le troifiéme
Dimanche de l'Advent
, & le quatriéme de
GALANT . 229
Carefme , l'Eglife mefle
un peu de joye dans fa trif
teffe , comme ayant paffé
la moitié du temps de penitence
, & fe voyant approcher
des jours heureux
de la Naiffance , & de la
Refurrection du Sauveur ,
alors les Cardinaux prennent
une eftoffe de roſe feche
, qui eft beaucoup plus
rouge que le violet , & qui
neanmoins eft plus fombre
que le rouge mefme.
Pour les Cardinaux Religieux
ils ont retenu jufqu'aprefent
la couleur de
230 MERCURE
leur Ordre fur leurs habits ,
à l'exception des Clercs Reguliers
, comme je l'ay dit
cy. devant , & les Papes ont
voulu faire connoiftre exterieurement
par là l'eftime
qu'ils ont tousjours faites
de la hierarchie Regu
liere , voulant bien l'admettre
avec la Seculiere
dans tous les honneurs du
Clergé , ils leur ont ſeulement
accordé le Chapeau ,
le Bonnet , & la Calotte
rouge , pour les diſtinguer
des autres Prélats .
A l'égard du nombre des
GALANT.
231
Cardinaux , il n'a pas tousjours
efté le meſme , quelques
uns prétendent qu'ils
n'eftoient que vingt- cinq
dans les premiers fiecles, &
que Rome eftant divifée en
vingt- cinq paroiffes , ils
en eftoient les Curez &
les Paſteurs ; mais fans aller
ficavant dans
l'antiquité ,
contentons- nous des fiecles
plus recens , nous trouverons
qu'ils ont efté longtemps
fixez à cinquantetrois
, dont il y en avoir
fept d'Evefques , vingt huit
de Preftres , & dix - huit de
232 MERCURE
Diacres ; les Evefques eftoient
les coadjuteurs du
Pape dans le Dioceſe de
Rome , & préfidoient fur
le Clergé , les vingt - huit
Preftres faifoient l'office de
Vicaires du Pape, & avoient
chacun une Eglife particuliere
dans Rome où ils exerçoient
toutes les fonctions
parochiales , les dixhuit
Diacres avoient auffi
chacun leur Eglife dans les
quatorze quartiers de la
Ville qui eftoit leur Diaconé
particulier. Ce nombre.
fut fort alteré , & diminua
quand
GALANT. 233
quand les Papes ont negli
gé de pourvoir aux places
vacantes des titres , ou qu'ils
les ont donné en comman
de , & au contraire ileft de
beaucoup augmenté lorfqu'ils
en ont créé de nouveaux.
Quand Nicolas III . fut
éleu Pape , il n'y avoit que
huit Cardinaux
, & peu avant
la mort d'Alexandre
IV. il ne s'en trouva que
quatre ; mais en revanche
fous le Pontificat de Pie IV.
on en a veu jufqu'à ſoixante
& quatorze. Cette gran-
Fuin 1712.
V
234 MERCURE
de diverfité donna occa
fion à Sixte V. d'en fixer le
nombre à foixante & dix ,
en memoire des foixante &
dix Vieillards dont il eſt
parlé dans l'Ecriture , & il
ordonna qu'il y auroit fix
Evefques , cinquante Preftres
, & quatorze Diacres ,
& ce nombre eft demeuré
jufques à prefent. Les Evef
ques ont chacun leur Eglife
dans le détroit de Rome;
les Preftres ont leur titre
dans la Ville , & les Diacres.
y ont leurs Diaconats .
La juriſdiction que les
GALANT. 235
Cardinaux Evefques ont
aujourd'huy
dans leur
Eglife & dans la Ville
où elle eft fituée est une
veritable juriſdiction Epifcopale
& ordinaire. Il y a
ce
cependant cette difference
que les fept Evefchez Cardinaux
( dont il y en a
deux de réunis ) ne requierent
point de refiden-
& font compatibles
avec d'autres Evefchez.
Celles que les Cardinaux
Preftres , & les Cardinaux
Diacres ont dans leurs titres
& dans leurs Diaco-
V ij
236 MERCURE
nats , fe peut dire une jurifdiction
prefque Epifcopales
elle ne s'eftend que dans
l'enceinte de l'Eglife , & de
la Sacriftie. Ils y ont la
chaife Epiſcopale fous un
dais comme les Evefques .
Ils y beniffent folemnellement
le peuple ; ils y ont la
nomination
des Benefices
quand ce font des Eglifes
Collegiales
; ils y vont le
Rochet découvert
pour y
faire voir leur pouvoir , &
parmy ces titres & ces Diaconats
, il s'y rencontre des
Egliles Collegiales , des Par
GALANT. 237
roiffes , des Convents
d'Hommes , des Monafteres
de Filles , des Hofpitaux
, & de fimples Eglifes
de devotion .
Pour la forme de la crea
tion des Cardinaux , le Pa
pe en eft entierement le
maiftre, & quand il a refolu.
de faire une promotion , il
prend le jour d'un Confi-
Itoire ( n'ayant communiqué
fon deffein à perfonne
) & aprés avoir donné
Audience aux Cardinaux ,
& avoir expedié toutes les
affaires pour lesquelles l'af
238 MERCURE
confiftoriale eft femblée
faite , fa Sainteté eftant fur
le point de fortir , tefmoigne
aux Cardinaux qu'Elle
eft dans le deffein de leur
donner des Confreres , &
leur demande, fuivant l'ancien
ufage , ce qui leur
femble. Le Doyen des Car
dinaux parle ordinairement
pour tout le corps ,
& chacun approuve feparément
le choix de fa Sainteté
par quelque figne de
tefte , ou autrement , aprés
quoy le Pape les créé , &
les declare Cardinaux , &
GALANT 239
puis s'en va , laiffant fur un
fiege la lifte de leurs noms
qui fe publie à la fortie du
Confiftoire.
Les Cardinaux nouveaux
élûs , qui font pour lors à
Rome , vont faire leur premiere
vifite au Pape dés le
mefme jour , & eftant introduits
les uns aprés les
autres par un maiſtre des
ceremonies , fa Sainteté
leur donne le Bonnet rouge
qu'il leur met fur la teſte
eftant à genoux , & le maiftre
des ceremonies luy
met le Camail violet fur
"
240 MERCURE
•
les épaules , puis ayant ofte
fon Bonnet il baife les
pieds de fa Sainteté puis.
fa main , aprés quoy le Pa
l'embraffe & le fait relever
, ce qui fe fait à tous
les uns aprés les autres
aprés quoy on leur donne
de petits fieges , & le Pape
les reçoit à l'Audience affis
pe
& couverts.
L'Audience finie ils fe
retirent , & vont rendre
viſite au Cardinal Doyen ,
& puis s'en retournent
chez eux où ils demeurent ,
& reçoivent les vifites incognito
,
GALANT. 241
cognito , jufqu'au Confiftoire
public dans lequel le Pape
leur donne le Chapeau
,
où il y a ordinairement une
celebre compagnie , le Pape
veſtu pontificalement
,
& placé fur fon Throne ,
avec toute fa Cour , reçoit
les nouveaux Cardinaux
qui font conduits par un!
ancien , & aprés avoir bai
sé les pieds & la main du
Pape qui les embraſſe , ils
vont embraffer tous les
Cardinaux
les uns aprés les
autres , puis retournant au
Throne
ils reçoivent
à ge
Juin 1712.
X
242 MERCURE
noux le Chapeau rouge des
mains du Pape , aprés quoy
oftant le Chapeau , & ayant
falué fa Sainteté , fe rangent
parmy les autres Cardinaux
. Sa Sainteté s'eftant
retirée , les Cardinaux anciens
& nouveaux vont à
la Chapelle où on chante
le Te Deum , puis les Prieres
finies , les nouveaux
Cardinaux fortent les premiers
, & demeurent à la
porte de la Chapelle pour
remercier les anciens à mefure
qu'ils paffent , puis s'en
retournent chacun chez
eux.
GALANT . 243
L'apréfdinée ils vont à
l'Eglife faint Pierre du Vatican
, où aprés avoir adoré
le faint
Sacrement , vont
à la
Confeffion de S. Pierre
pour visiter les Corps
faints , aprés quoy font
leurs vifites le
lendemain
& autres jours fuivants aux
anciens Cardinaux .
J
Dans un Confiftoire ſecret
le Pape fait la ceremonie
de leur fermer la
bouche , qui leur est ouverte
dans un autre quelques
jours aprés. Ces deux ceremonies
fe font à huis
X ij
244 MERGURE
clos , & ne font rien autre
chofe qu'un filence que fa
Sainteté leur impofe , qui
les rend hors d'eftat d'opiner
dans les Confiftoires
& Congregations , &
quand il leur declare enfuite
qu'il leur ouvre la bouche
, il les releve de ces empeſchemens
, & diftribuë à
chacun defdits Cardinaux
un titre de Cardinal Pref
tre , ou de Cardinal Dia
cre , leur mettant au quatriéme
doigt une bague
d'or pour marque du mariage
qu'ils contractent
GALANT. 245
avec l'Eglife , puis vont
prendre poffeffion de l'Eglife
dont ils ont le titre .
Pour les Cardinaux abfens
le Pape leur envoye
la Calotte rouge dans l'endroit
où ils font en Nonciature
, ou dans le Royau
me où ils ont leur refidence,
& pour lors c'est le Roy
ou le Prince Souverain qui
la leur met fur la tefte , &
qui la reçoit du Camerier
que le Pape envoye pour
cet effet , comme il s'eft
veu plufieurs fois en France
, lorfque le Roy l'a don-
X iij
246 MERCURE
née à plufieurs Nonces que
le Pape avoit fait Cardinaux
pendant leur Nonciature
, & à d'autres Cardinaux
François , ce qui fe
fait ordinairement après la
Meſſe du Roy. Pour le
Chapeau Rouge & les autres
ceremonies, ils ne peuvent
les recevoir qu'ils ne
foyent à Rome, ne pouvant
recevoir le Chapeau Rouge
que des mains du Pape ,
& le titre qu'après les deux
ceremonies d'ouvrir & de
fermer la bouche , c'eſt ce'
qui fait qu'il y a quantité
GALANT. 247
de Cardinaux qui n'ont jamais
receu le Chapeau rouge
, eftant morts fans avoir
efte à Rome.
Voilà tout ce qui le peut
dire en abregé fur l'origine
, l'antiquité
& la maniere
de créér les Cardinaux
, je reſerve les ceremonies
de leurs obfeques
lorſque Dieu en aura difposé
de quelqu'un .
Nouvelles de Paris .
Louis Jofeph , Duc de
Vendofme , Pair de France
, Prince de Martigues ,
Chevalier des Ordres du
X iiij
248 MERCURE
Roy , Grand Senechal &
Gouverneur de la Provence
, General des Galeres ,
mourut à Vinaros le 11. du
mois de Juin âgé de cinquante-
huit ans . Cet article
merite bien qu'on en
parle dans le Mercure prochain
.
Le Roy a nommé l'Abbé
Gaultier premier Secre
taire de l'Ambaffade
aux
Conferences
de la Paix , &
le fieur du Teil .
Un Courier de Madrid
arrivé le 14. a apporté la
nouvelle que le 7.de Juin à
GALANT. 249
une heure aprés minuit la
Reine d'Espagne eftoit
heureuſement accouchée
d'un Prince.
M. Daniel Arlault , ancien
Prevoft de Filmes
Dioceſe de Rheims en
Champagne , eft decedé le
22. Juin 1712. âgé de 88 .
ans. Il a rendu la juſtice
pendant 62. ans avec une
tres grande integrité &
équité.
Nouvelles de Flandres.
On écrit de l'Armée de
Flandres du 19. Juin que
le bruit avoit couru que la
250 MERCURE
tranchée avoit efté ouverte
le devant le Quefnoy .
13.
On a appris qu'elle ne l'eftoit
pas encore le dix - huit;
que la garnifon avoit fait
une fortie du cofté de la
porte de Valenciennes
avec cent Dragons & mille
fantaffins
; qu'ils avoient
ruiné un épaulement
des
Ennemis , défait deux cens
hommes qui le gardoient ,
& après un rude combat
avec les piquets qui s'avancerent
pour les foutenir
ils s'eftoient retirez fans
autre perte que de trente
hommes.
GALANT . 251
Nouvelles d'Allemagne .
L'Archiduc a fait Confeillers
d'Eftat le Comte
Erdedi , Chef de la Juftice ;
le Comte Jean Palfi , Ban
ou Viceroy de Croatie ; &
le Comte Emeric Czacki ,
Archeveſque de Colocza.
Il a fait cinq Seigneurs
Hongrois , Gentilshommes
de la Clef d'or. On mande
de Prefbourg que l'Archiduc
y fejournera quelque
temps , fuivant la priere
que les Eftats d'Hongrie
luy ont faite de differer fon
départ , afin de terminer les
252 MERCURE
affaires du Royaume. On
travaille fortement à celles
de la Religion , à la diſtribution
des Charges du
Royaume en faveur des
Hongrois , & à examiner
les plaintes des Eſtats contre
les
Commiffaires Imperiaux
, les Generaux , & les
autres Officiers qui ont
causé la derniere revolu
tion.
Les Lettres de Conftantinople
du 27. Avril affurent
que les Min ftres du Grand-
Seigneur deliberoient pour
regler l'efcorte qu'on doit
GALANT . 253
le
donner au Roy de Suede ,
qui fera de douze mille
Spahis commandez par
Bacha de Bender , qui a
éfté créé Seraskier , & fera
accompagné par Achmet-
Aga , qui portera les ordres
du Grand Seigneur & du
Grand Vizir. On a laiffé
la difpofition de la maniere
& du temps du départ de fa
Majefté Suedoiſe au Kan
des Tartares , & au Bacha
de Bender. Les Ambaffadeurs
du Czar ont fait tous
leurs efforts pour engager
la Cour Othomane à faire
254 MERCURE
prendre à ce Prince un au
tre route que celle de Pologne
pour retourner dans
fes Eftats , mais fort inutilement.
Le Divan n'a rien
voulu changer des refolutions
prifes fur ce fujet. Les
Plenipotentiaires
du Czar
infifterent fortement à ce
qu'on leur accordaſt une
écrit toudeclaration
par
chant la maniere avec laquelle
le Roy de Suede &
fon eſcorte pafferoit par la
Pologne. Le Grand Vizir
ne voulut point s'expliquer
fur ce qui regarde la PoloGALANT
. 255
gne. Tout ce qu'ils purent
obtenir fut qu'il déclara
verbalement que l'efcorte
du Royde Suede pafferoit
paiſiblement , fans caufer
aucun dommage aux Polonois
, & qu'elle payeroit
exactement au prix courant
les provifions , & les autres
chofes dont elle auroit be
foin .
On attendoit inceffammentun
Courier de fa Ma
jefté Suedoife pour apprendre
les refolutions & les
mefures qu'il auroit prifes
pour fon départ. Les Bas
256 MERCURE
chas qui commandent les
troupes en Romelie ontordre
de faire avancer douze
mille Spahis vers Bender .
Nouvelles d'Espagne.
On mande d'Eftramadure
, que le Marquis de
Bay avoit paffé la riviere
de Caya , le 20. May , &
eftoit allé camper à Collero
avec toute fon Armée:
composée de trente - deux
Bataillons, de foixante-fept:
Escadrons , & un train d'artillerie
, avec fix Lieutenans
Generaux , huit Maréchaux
de Camp , & quatorze Brigadiers.
GALANT. 257
gadiers. Le lendemain il
continua fa marche jufqu'à
Penna-Clara ou Villa - boin,
& Santa Olalla , qui font
des Places fortifiées , envoyerent
prefter obéïſſance
& fe foumettre à la contribution
. Les pluyes font
tombées en fi grande abondance
, que le Marquis
de Bay avoit efté obligé de
Juin
1712.
retourner au Campde Collera
, où il fubfifte aux dépends
des Ennemis en attendant
le beau temps . Durant
cette contremarche ,
mille Chevaux Portugais
Y
258 MERCURE
parurent en differentes
troupes fur les hauteurs
d'Elvas
; le Marquis
de Bay
fit un détachement
pour
aller à eux. On les attaqua
deux fois , les Troupes du
Roy quoyqu'en moindre
nombre , les battirent . On
leur tua plufieurs Officiers
& un grand nombre de
Soldats. On fit plufieurs
priſonniers , entre autres
un Lieutenant Colonel par
lequel on apprit que la Cal
valerie des Ennemis eftoit
à Eftremos , & leur Infanterie
à Borba & Villa- Vi
ciofa.
GALANT. 259
On a eu avis que l'Efca
dre Françoiſe commandée
par le fieur Caffart , eftoig
encore fur les coftes de
Portugal , ce qui a donné
une fi grande allarme aux
Portugais , qu'ils avoient
eſté obligez d'envoyer des
troupes vers Setuval
On mande des frontie
res de Catalogne , que les
troupes commençoient à
fe mettre en mouvement
pour former l'Armée , &
que l'Efcadre Angloiſe ef
toit arrivée du Port Mahon
à Barcelone pour y embar
Yij
260 MERCURE
quer l'Archiducheffe
.
Le Comte de Amarante
, Confeiller du Confeil
de Guerre , mourut à Madrid
âgé de 70. ans.
feuMon-
Les Lettres de Pontevedra
en Galice , portent que
la Nation Françoife avoit
fait celebrer des Obfeques
magnifiques pour
feigneur le Dauphin ,
pour Madame la Dauphine.
Tous les Magiftrats & les
Communautez de la Villey
ont affifté.
&
Plufieurs Officiers Anglois
qui fervoient en CaGALANT.
261
talogne ont paffé à Brefcia
s'en retournant en Angleterre.
Nouvelles d'Angleterre.
Le Parlement eftant informé
que le Duc d'Or
mond avoit declaré qu'il
ne pouvoit rien entreprendre
fans de nouveaux ordres
, Mylord Hallifax fit
un long difcours dans la
Chambre Haute , pour blâmer
la conduite qu'on avoit
tenuë en cette occafion
11 prefenta une Addreffe
à la Reine pour la
prier de leur communiquer
262 MERCURE
l'ordre donné au Duc d'Or
mond , & luy en demander la
revocation, Quelques autres
Seigneurs parlerent pour apfon
fentiment.
puyer
Le Comte d'Oxford , Grand
Treforier , répondit qu'une pareille
Addreffe donneroit atteinte
au droit qu'avoit la Reyne
de faire la Paix & la Guer
& par confequent d'envoyer
à fes Generaux les ordres
qu'elle jugeroit à propos, & ces
ordres ne pouvoient pas être
communiquez › parce qu'ils
re ,
devoient être fecrets. Son difcours
fut appuyé par ceux du
Duc d'Argile , du Comte de
Pawlet , & d'autres Seigneurs.
Enfin la queſtion ayant eſté
faite fi cette Addreffe feroit préJ
GALANT. 263
fentée ou non , la negative l'emporta
à la pluralité de foixantehuit
voix contre quarante..
La mefme difpute s'éleva
dans la Chambre Baffe où après
plufieurs difcours de part &
d'autre , il fut conclu à la pluralité
de deux cens trois voix
contre foixante & treize, qu'au
lieu de propofer l'Addreſſe on
prefenteroit la reſolution fuivante.
Que la Chambre avoit une
entiere confiance en la promef
fe qu'il avoit plû à la Reyne de
faire , de communiquer à fon
Parlement les conditions de la
Paix,avant qu'elle fuft conclue,
& que les Communes foutiendront
Sa Majesté pour obtenir
une Paix fure & honorable
264 MERCURE
contre tous ceux du dedans ou
du dehors du Royaume qui y
voudront apporter quelque ob
ſtacle
.
Lettres de
Lisbonne
du
Les Les
24. May portent qu'on y eftoit
en grande inquietude pour la
Flotte du Brefil à caufe de l'EL
cadre Françife que commande
Le Capitain Caffart.
On a receu d'autres Lettres
qui portent qu'il eſtɔit venu un
ordre d'Angleterre , de caffer
les cinq Regiments d'Anglois
de Cavalerie qui reftoient en
Portugal
MARIAGES.
GALANT. 265
MARIAGE, b
M. Hebert , Maistre des
Requeftes , fils de M. Hel
bert du Buc , auffi Maitre
des Requeſtes , & de N. le
Gendre de Lormoy , fa feconde
femme époufa le 14.
May N. Lallemand , fille de
M. Lallemand Fermier genetal.
On vient de m'aprendre
la mort d'un des plus grands
hommes de nôtre fiecle, c'eſt
Monfieur de Vendome ; cc
Juin 1712 .
Z
+66 MERGURE
malheureux article merite
des Memoires que je ne
le mois
pourray
avoir
que
prochain
. Voicy
une
Ode
faite
par M. L. P. fur une
de fes conquêtes
.
T
LA BATAILLE
de Villa- viciofa.
ODE.I
Servant d'explication au fea
d'artifice que M. le Ďac
d'Albe a fait tirer pour
Dat
ce fujer.
Quelle vive ardeur
55,5 étincelle BauM
鉴
t
CALANT. 269
pour un Heros victorieux
?
c'eft l'amour d'un fujet
fidelle
qui s'ouvre un chemin
vers les Cicyx.
Seigneur, dit- il , Dieu "
fecourable
,
voy toujours d'un oeil "
A favorable
un Roy qui nous rend
triomphants ;
que toujours on l'aime, "
on le craigne ,
qu'il vive enfin , & "
Z ij
268 MERCURE
que
fon
regne
s'éternife dans fes en
fants.
Subditionem obfequentiffimum
'Dux Alve
Vivat & regnet,
Les Cieux fe declarent
propices ,
Dieu reçoit ces voeux
enflamez :
non , fous de plus heureux
aufpices ,
jamais voeux ne furent
CALANT. 269
formez ,
vertus , Roy , ſujets , tout
confpire
i
à deffendre un illuftre
Empire ,
fes fiers ennemis font
defaits
;
la terreur vole fur leurs
petraces : and han
Grand Dieu , que tes
premieres graces
nous prefagent d'autres
9 bienfaits.
fuyez , nations fremif
Z iij
470 MERGURE
fantes
que guide la rebellion ;
vos fureurs font trop inpuiffantes
,
fuyez , redoutez le Lion ,
ne irritez pas davantage
refpectez un faint heritage
qui brave la flame & le
fera
bos
c'eft cette pierre où tout
fe brife i
& que peuvent contre
l'Eglife
les portes mefmes
de
1
GALANT. 178
l'enfer.
Fremuerunt gentes. On
Ecce vicit Leo,
i
Vains projets des Roys
de la
terrex
Dieu les confond dans
Dieu
les
un inftant
le fuccés d'une injuſte
guerre
perd les vainqueurs
en
les flattant.
en vain la forrune prodigue
répand fes faveurs fur la
ligue ;
Z
ijij
72 MERGURE
ces monftres d'orgueil
ne font plus :
quel changement ! qui
l'eût pû croire ,
que tout le fruit de la
victoire
ne feroit que pour les
vaincus,?
Meditati funt inania.
Pour calmer les juftes
allarmes
d'un peuple trahi par le
fort ,
GALANT . 273
les vertus vont prendre
les armes ,
Lattendan
tout de leur
effort :
qu'on me fuive , dit la "
Juftice ,
t
il faut que ma main “
accompliffe
l'ouvrage qu'elle a "
commencé ;
je n'ay befoin que
moy-mefime ,
de
pour maintenir
le dia- "
dême
fur le front où je l'ay "s
274 MERCURE
5.La placé. vv 22
*
fedis tu Judicium
prepratio
"
L
Mon fecours vous
eft neceffaire ,
dit la Conftance au
coeur d'airain ,
bientôt d'un fuperbe
adverfaire
la fureur n'aura plus
de frein ,
Gila foy des peuples
chancelle
GALANT. 275
c'eft moy qui répond “
de leur zele ,
interrompt la Fidelité ,
l'Ibere manque - t - il
abd'audace
, mop
quand la mort dont "
on le menace
luy promet l'immor-
«
sb otalité. nolited ing
Non movebor in æternum.
Fideles in dilectione acquiefcent
illi.
Mais quelle autre vertu
s'avance ?
276 MERGURE
quels honneurs ! quel
profond refpect ,
tout garde un augufte
filence
qu'impofe fon divin
alpect : ber
l'éclat de la Majeſté
fainte
qui brille au travers de
fa crainte
m'annonce la Religion ;
mais l'horreur dont elle
eft faifie ,
m'annonceencore mieux
l'Herefiere
GALANT. 277
•
elle en fuit la contagion,
Peuple
, dit-elle ,
qu'on m'écoute
:
le Ciel va vanger mon❝
affront ;
la foudre eft prête , & “
dans leur route
les prophanateurs periront
:
Charles jufques aux
Autels m'affiege ,
lors que Philippe me
protege
qui des deux doit re
сс
278 MERCURE
gner fur toyo
fouffrirois- tu la con-
"
و ر
currence ?
tu vois par cette
difference
b !
lequel doit eftre ton
vray Roy.
Ꭵ
Iter impiorum peribit.
Elle dit , & le peuple
Zunvole
,
tous brulent de remplir
Me fes voeux
on diroit que chaque
21parole
GALANT. 279
eft untrait de flâme
pour eux
tout eft foldat , tout fe
ranime ,
chaque
bras choific fa
victime
; stroll
quels fleuves de fang
vont couler
l'ennemi tremblant
prend la fuite ; S
mais la mort prompte à
la pourfuite
va l'atteindre & va l'immoler.
Mar
280 MERCURE
C'en eft fait dans
un fang impie
je vois par tout le fer
plongé
le noir facrilege s'expic ,
l'outrage
du Ciel eft
vangé ; in Cp
un faint zela entraîne 4
Philippe o took
au milieu des rangs qu'il
o diffiperom
obvi
il s'abbandonnes à fon
grand coeur :
quel tranfport, Vendôme
luy mefme
GALANT 28F
s'étonne du peril extrême
où s'expofe un fi cher
vainqueur.
On doute alors fi de
l'armée
Vendôme eft le chef ou
Hele bras.
O combien fon ame
Jallarınée ,
luy fait affronter de
trépás ?
quelle gloire ! quel nou
veau luſtre w
il acquiert dans ce champ
Juin 1712. Aa
282 MERCURE
illuftre
où dés l'enfance il s'eſt
nourri !
peut- il , ce fang de nos
Monarques ,
montrer par de plus nobles
marques
qu'il eft digne du grand
Henri.
Qu'un jour au crime
fi funefte
eſt ſuivi
d'une
prompte
nuit !
les ombres dérobent le
GALANT 283
refte
au fer vengeur qui le
pourfuit.
Mufe , borne icy ta car
riere ,
laiffe à la Parque meurtriere
le foin d'achever ce
projet ;
Et toy , feul Maistre de
la
terre ,
grand Dieu , favorife
une
guerre
qui n'a que le Ciel pour
objet.
J
284 MERCURE
Harangue de la Reine d'Angleterre
, prononcée le 17.
Juin 1712.
Milords & Meffieurs
2
C'eft une prérogative indu
bitable de la Couronne , de
faire la Guerre & la Paix
cependant, je mer une
grande confiance en vous
que je voulus bien declarer
au commencement de cette
Seffion , qu'on eft entré en
Negociation pour une Paix
Generale , & depuis , je vous
GALANT. 281
ay fait connoître de ma part
que jevous communiquerois
les Termes de la Paix , avant
qu'elle fut conclue.
Selon cette promfſe , je
viens
prefentement vous
faire fçavoir , fur quel pied
la Paix Generale peut cftre
faite.
Il n'eft pas neceffaire de
parler des difficultez qui fe
trouvent dans la nature de
la chofe même. Il n'eſt que
trop évident que ces difficultez
ont efté augmentées
par des obftacles artificieufe
ment formez pour empe186
MERCURE
cher cette bonne & grande
oeuvre , cependant rien n'a
pû m'empecher de pourfuivre,
conftament en premier
licu les veritables interefts de
mes Royaumes ; & enfuirté
je n'ay rien obmis de ce qui
pouvoit procurer à tous nos
Alliez ce qui leur eft conve
nable , ou pour les Traitez,
& ce qui eft neceffaire pour
leur furetét
Comme je n'ay rien plus
à coeur que d'affurer la fuc
ceffion proteftantes à ces
Royaumes , comme elle eft
établie par les loir , dans la
GALANT 287
·
maifon d Hannover : On a
pris un foin particulier
non feulement de faire reconnoiftre
de la maniere la
plus forte , mais auffi de l'affurer
en éloignant des Etats
du Roy de France , la per
fonne qui a pretendu troubler
cet établiffement.
La principale rafon pour
commencer cette Gurre a
efté que la crainte que l'Ef
pagne & les Indes Occiden
rales , ne fuffent jointes à la
France ; le principe que j'ay
pofé au commencement de
ee Traité a cfté de prévenir
288 MERCURE
" the
feurement une telle union.
Les exemples du paffé
& les negotiations en dernier
lieu , montrent affez
combien il eft difficile de
trouver les moyens d'effectuer
cet ouvrage , je n'ay
pas voulu me contenter de
ceux qui font fimplement
fpeculatifs , & qui dependent
des traitez feulement ,
jay infifté fur ce qui eft
folide , & d'avoir en main le
pouvoir d'executer ce qui
aura été conclu .
Je puis donc vous dire
prefentement
qu'enfin la
France
GALANT: 289
France , a été portée d'offrir
que le Duc d'Anjou renoncera
pour luy & pour fes
defcendans à toujours à la
Couronne de France , &
afin que cet article important
ne foit point exposé à
aucun hazard , l'execution
doit accompagner la promeffe.
En mefme tems la fucceffion
à la Couronne de
France doit eftre declarée
apartenir apres la mort du
prefent Dauphin & de fes
fils , au Duc de Berry & fes
fils , au Duc d'Orleans fos
Juin 1912.
Bb
1,0 MERCURE
fils , & ainfi fucceffivement
à tout le refte de la Maiſon
de Bourbon.
Et pour ce qui regarde
Efpagne & les Indes , la
fucceffion aprés le Duc
d'Anjou & fes enfans doir
defcendre à tel Prince dont
on conviendra dans le traité
à l'exclufion pour toujours
du refte de la Maifon de
Bourbon.
Pour confirmer les renonciations
& les établiffements
cy- deffus , on offre de les
faire ratifier de la maniere la
plus forte & la plus folemGALANT.
291
nelle en France & en Efpagne
, & que ces Royaumes.
ainfi que toutes les autres
Puiffances engagées dans
cette guerre en feront garents.
La nature de cette propofition
cft telle qu'elle
s'execute d'elle meſme , il
eft de l'intereft de l'Espagne
de la foutenir , & en France
les perfonnes que la fucceffion
regarde feront toujours
prefts & affez puiffans pour
maintenir leur droit Ja
France & l'Espagne font
actuellement
plus divifcz
B bij
292 MERCURE
la
que jamais , & ainfi par
Benediction de Dieu , la veritable
balance du pouvoir
fera fixée en Europe & expofée
à auffi peu d'accidens
les affaires humaines le
que
peuvent
eftre.
On a entamé un traité
de commerce entre ces Royaumes
& la France , mais
les droits exceffifs mis fur
certaines marchandiſes , &
la deffenfe d'entrée de
quelqu'autre , empêchent
que cet ouvrage ne finiffe
auffitôt qu'il feroit à fouhaiter.
On a pris foin cepenGALANT.
197
dant d'établir une methode
pour regler cette affaire , &
on eft convenu que les
mefmes privileges & avantages
qui feront accordez à
aucune nation par la France
nous feront accordez de
la mefme maniere.
La divifion de l'Ile Saint
1
Chriftophe entre nous &
les François ayant porté
beaucoup d'incommodité
& dommage à mes fujets ,
j'ay demandé qu'on me ce◄
dât entierement toute cette
Ifle , & la France accorde
cette demande. Nous avons
Bb iij
194 MERGURE
un filgrand intereft dans le
commerce du Nord de l'Amerique
, que j'ay tâché
avec tout le foin poffible
d'ajufter cet article de la
maniere la plus avantageufe.
La France conſent de nous
rendre la Baye entiere & le
Détroit d'Hulfon , de nous
livrer l'Ifle.ou Terre- neuve,
Plaifance , & de ceder entic
ment , Anapolis avec le refte
de la nouvelle Ecoffe ou
Acadie.
Noftra.commerce fur nos
coftes fera beaucoup plus
affuré par la démolition de
Dunkerque.....
GALANT. 295
Rien ne peut plus affurer
nôtre commerce dans la
Mer Mediterranée & les in
fluences des Anglois dans
ces quartiers que la poffeffion
de Gibraltar & du'
Port - Mahon avec toute
Ifle de Minorque , qu'on
offre de laiffer entre mest
mains ; on peut regler le
commerce general en Ef
pagne & aux Indes occiden
tales fur le pied qu'il étoit
dans le tems du dernier Roy
d'Efpagne Charles II . & on
a ftipulé particulierement
que tous les avantages,
Bb iiij
296 MERCURE
droits ou privileges qui ont
été ou feront d'orefnavant
accordé par l'Espagne à aucune
autre Nation ne feront
de la mefme maniere au fujet
de la Grande Bretagne.
Mais comme la part que
nous avons à foutenir cetta
guerre nous donne droit de
pretendre à quelque diftinction
dans les conditions de
la Paix , j'ay infifté & obtenu
que l'Affiento ou
Contrat pour fournir des
Negres aux Indes Occidentales
fera fait par nous
pour l'efpace de trente
"
CALANT. 297
ans de la mefme maniere
que les Francois en ont jouy
pendant ces dix dernieres
années .
Je n'ay pas entrepris de
déterminer les interefts de
nos Alliez ; ils doivent eftre
ajuftez au Congrés d'U
trecht où j'employeray tous
mes foins comme , je l'ay
conftament fait jufqu'icy ,
pour procurer à chacun
d'eux une jufte & raiſonnable
fatisfaction .
Cependant je trouve à
propos de vous declarer que
la France offre de faire la
298 MERCURE
Rhin la Barriere de l'Empire
de ceder Brifac , le fort de
Kell & Landau , & de rafer
toutes les Fortereffes qui
font de l'autre côté du Rhin
& celles qui font dans cerre
même Riviere:
Pour ce qui regarde les
interefts des Proteftans
d'Allemagne , il n'y aura
point d'objection de la part
de la France pour empêcher
qu'ils ne foient rétablis fur
le pied du Traité de Weftphalie.
Les Pais bas
Espagnols
peuvent aller à S. M. Impe
GALANT 299
-
riale , les Royaumes de Naples
, de Sardaigne , le Du
ché de Milan ; & les places
appartenant à l'Eſpagne fur
les côtes de Tofcane feront
cedées auffi à l'Empereur
par le traité de Paix..
Premierement le Ro
yaume de Sicile quoy qu'il
ne reste plus de difficulté
touchant la fucceffion de la
part du Duc d'Anjou , ce
pendant on ne s'eft pas en
core determiné touchant la
difpofition .
On confent aux intereſts
dès Erats Generaux par rap300
MERCURE
port au Commerce comme
ils l'ont demandé par leur
Miniftere ,à l'exception feulement
de quelques efpeces
de marchandifes
& à leur
Barriere entiere comme elle
a été demandée par les Etats
en 1709. excepté tout au
plus deux ou trois places , &
pour ces exceptionson a propofé
plufieurs expedients ;
& je ne doute point que
cette Barriere peut etre tellement
établie que la Repu
blique fera entierement af
furée contre les entréprifes
de la France ; ce qui eft le
GALANT . 301
fondement de tous mes engagemens
avec les Etats fur
cet article.
Les demandes du Portugal
dépendant de la difpofition
d'Espagne , & cer
Article ayant été long- tems
en difpute , il n'a pas été
poffible jufqu'icy de faire
de grand progrez dans cette
negotiation : mais mes Plenipotentiaires
auront préfentement
occafion d'affifter
ce Roy , dans fes pretentions.
Celles du Roy de Pruffefont
telles qu'elle n'admettront,
302 MERCURE
j'efpere , que peu de difficul
té de la part de la France , &
je n'obmettray
rien pour
procurer tous les avantages
que je pourray à un fi bon
Allié.
La
difference eft tres -peu
confiderable
entre la Barriere
, demandée en 1709 .
pour le Duc de Savoye , &
les offres que la Fance fait
prefentement
. Mais ce Prince
s'étant fignalé gloriculement
pour le bien de la cau
fe commune
, je travaille encore
à luy procurer de plus
grands avantages.
GALANT. 303
La France a confenti que
l'Electeur de Palatin , confervera
le rang dont il jouit
*
actuellement parmy les Electeurs
, & demeurera en poffeffion
du haut Palatinar .
La dignité Electorale eft
femblablement reconnue
dans la maifon d'Hannover,
felon l'Article inferé à la
priere de ce Prince , dans
mes demandes.
•
Et pour le refte des Allicz
,je ne fais aucune doute
d'affurer leur differents in-
-terests.
304 MERCURE
w
Milords , & Meffieurs. D
+
Je vous ay maintenant
communiqué non - feulement
les conditions de Paix ,
qui peuvent eftre obtenuës
par le Traité futur , pour
mes fujets. Mais auffi lespropofitions
de la France , pour
fatisfaire les Alliez : les premieres
font telles que j'ay
raifon d'attendre , de pous
voit donner quelque fatisfaction
à mon Peuple , pour
le grand & trop peſant fardeau
qu'ils ont fupportez
GALANT 305.
pendant le cours de cette
Guerre , & je veux efperer
qu'aucun de nos Confederez
& principalement ceux dont
les Etats & le pouvoir aug
mente fi fort par la Paix ,
n'envieront pas à l'Angleterre
, fa part dans la gloire
& l'avantage qu'elle ap- "
porte.
Les dernieres ne font pas
encore fi parfaitement ajuf
tées , comme un peu plus
de temps auroit pû le faire ,
mais étant neceffaire à cauſe
de la faiſon , que cette Seffion
finiffe ; je n'ay pas
Juin 1712 Cc
306 MERGURE
voulu differer plus longtemps
à vous communiquer
tout cecy.
Je ne doute point que
vous ne foyez pleinement
perfuadez , que je ne negli
geray rriieenn dans llee progrez
de cette negotiation pour
amener la Paix , à une fin
prompte & heureufe , & je
m'attend que vous vous
confierez entierement en
moy , & concourrerez agreablement
avec moy,
C
3
TOTA BLE.
La mauvaise honte.
Queſtion , s'il eftplus dangereux
& plus blamable de parler
trop à table , que d'y parler
jeune Angloife .
Bastrop peu.
Avantures
galantes
, d'une
37
40
Mariage.
47
Fable. 49.2
~Relation " envoyée par Monfieur
le Comte de Fienne
Lieutenant General des
Armées du Roy. 54
Nouvelles de Pologne. 65
Nouvelles d' Allemagne. 70
TABLE.
Nouvelles d'Angleterre . 16
Nouvelles d'Efpagne.
80 1
Nouvelles d'Utretch. 4.88
Nouvelle de Flandres.
Lettre de Lille
20
93
"
Eglogue. 39996
108
3
Morts.
Relation envoyéeà M' le Com
te de Ponchartrain. 121
Lettre d'une Dame infirme, qui
ne pouvoitfaire réponſe. 15.8
Livre nouveau.
Avanture galante.
165
170
Parodie de l'Enigme du mois
paßé.
182
Promotion deCardinaux. 187
Remarques fur la maison de
TABLE
Rohan.
Remarque fur la maifon de
Polignac.
¿Conte Arabe.
193
195
Réponse à la premiere quefsation.
202
Réponse à la feconde queftion.
205
Enigme.
208
Nouvelles de Flandres . 213
Difcours fur l'origine &
Dignité de Cardinal. 217
Nouvelles de Paris.
247
Mariages.
265
fa , Ode.
La Bataille de Villa - vicio-
Harangue de la Reine d'An-
266
gleterre.
284
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Les mêmes in 12 , vol .
17 liv.
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Les Eclairciffemens ,in 4 * , feparément, 6 1.
Les mêmes in 12. feparément , 2 liv. 10 f.
Cinq Chapitres tiez du Livre de la Vie Monaftique
; fçavoir , de l'amour de Dieu , de la
Priere , de la Mort , des Jugemens de Dieu ,
& de la Componction , in 12. I liv.
Difcours de la pureté d'Intention , & des moyens
pour y arriver , in 12 . I liv . 10 f.
Carte de là Vifite de M. l'Abbé de la Trape å
l'Abbaye des Clairets , avec une Inftruction
fur la mort de Dom Muce , in 12 . 1.liv .
Inftructions de faint Dorothée , Pere de l'Eglife
Creque , traduites du Grec en François ,
avec la Vie de ce faint Pere , in 8 ° . 2 l . 5 f.
Inftructions fur les principaux fujets de la Pieté
& de la Morale Chretienne , in 12. ΙI l. 10 f.
Lettres de Pieté choifies & écrites à differentes
perfonnes , in 12 , 2 vol. 4 liv.
Meditations fur la Regle de faint Benoît , troifiéme
édition, augmentée de la veritable preparation
à la mort , 2 liv.
De la veritable preparation à la mort , in 12.
feparément , I liv.
Réponses au Traité des Etudes Monaftiques de
Dom Jean Mabillon , in 4 " , 6 liv.
Le Texte de la Regle de S. Benoît, trad.in 12. II .
La Regle de faint Benoît , traduite & expliquée
felon fon veritable efprit , in 4 ° , 2 vol . i2 1.
La même in 12. 2 vol.
in 12.
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3 liv. 12 f.
lation de la mort de Dom Abraham BeuS
8 f. gnier , in 12. brochure ,
Relation de quelques circonstances de la mort
de M. l'Abbé de la Trappe , in 12. brochure
,
8 f.
Traité abregé des Obligations des Chrétiens ,
in 12.
I liv. 16 f.
Du R. P. Dom LE NAIN, Sous - Prieur de l'Abbaye
de la Trappe..
Homelies fur le Prophete Jeremie , in 8 ° , 2.
vol .
Hiftoire de l'Ordre de Cîteaux ,
7
liv . 12 f.
ou Vies des
Saints de cet Ordre , in 12. 9 vol . 16 liv . 4 f
De Noffeigneurs du Clergé de France.
Procés verbal de l'Affembléé de 1690. fol . 61.
De l'Affemblée de 1693. & 16 95. fol . 10 1.
De l'Affemblée de 1701. & 1702. fol . 6. 1 .
Relation des Affemblées de MM . les Prelats,
pour la condamnation du Livre de M. l'Archevêque
de Cambray , in 4 ° ,
4 liv.
Recueil concernant l'établiffement de deux Seminaires
dans le Dioceſe de Reims, in 4º , 6 I.
Du R. P. DUBOIS , de l'Oratoire.
Hiftoria Ecclefia Parifienfis , fol . 2 vol . 30 liv .
Le Tome ſecond ſeparement , ISIs liv. Du R. P. A MELOTTE
, de l'Oratoire
.
Le Nouveau Teftament traduit fur la Vulgate
, ave des Notes , & des Cartes de la Terre
Sainte , in 4º , 2 vol.
Le même in 18 .
Du R. P. HARDOUIN
12 liv.
I liv.
, de la Compagnie
de Jesus.
Antirrheticus de nummis antiquis Coloniarum &
6
Municipiorum ad Joannem Vaillant , in 4 " , 3 I.
Sancti Foannis Chryfoftomi Epiftola ad Cafarium
Monachum , Gr. & Lat. cum Foannis Harduini
Notis , & Dißertatione de Sacramento Altaris ,
in 4º
De differens Auteurs.
4 liv.
Compendium Inftitutionum Juftiniani , feu compen
diofa earum tractatio ; in 12 . I liv.
Ceur affectif de faint François de Sales , tiré
de ce qu'il y a de plus touchant dans fes
Ecrits › pour la confolation des ames devotes
, par M. Gambard , in 12. 1 liv. 12 f.
Diurnale Ciftercienfe ,, ad ufum Fulienfium , rubronigrum
, in 24. maroquin , 31.
Difcours de faint Bernard , compofez à la priere
de fa foeur la Religieufe , où font contenus
tous les principaux points du Chriftianifme ,
nouvelle traduction , in 16 . I liv. 10 f.
Exercice Journalier , à l'ufage des Religieufes
de la Congregation de N. D. in 16. I liv ..
Maniere de bien entendre la Meffe de Paroiffe,
par Meffire François de Harlay , Archevêque
de Rouen , imprimée par l'ordre de feu
M. l'Archevêque de Paris , in 12. 1 liv.
Ordonnances du Roy pour le fait de la Guerre ,
in 12. 15 vol.
12 .
4f liv.
Les volumes
fe vendent
feparément
, 3 1.
Reglement
pour
le Regiment
des Gardes
, in
I liv.
Prieres
Chrétiennes
recueillies
par
ordre
de
feu M. l'Archevêque
de Paris
, en Latin
& en
François
; avec
une Inftruction
pour
la Con-
! feffion
& Communion
, & une Conduite
pour
bień
gagner
le Jubilé
, in 12. troisième
édition
,
I liv.
Tradition
de l'Eglife
fur le Silence
Chrétien
&
-
Monaftique , contre l'intemperance de la langue
, & les paroles inutiles en general , & en
particulier contre la trop grande frequentation
des Parloirs des Religieufes , par M.
Hermant , in 12 . I liv. 16 f.
Traité du Cancer , & des moyens de le guerir,
par M. Alliot , in 12 . 1 liv. 10 f.
Traité des Ecoles Epifcopales , par feu M. Joly ,
Chantre & Chanoine de l'Eglife de Paris ,
in 12 .
2 liv.
Vie de la Mere Eugenie de Fontaine , Religieufe
de la Vifitation,morte en 1694. in 12. II. 10 L
De l'ufage de celebrer le Service Divin , en lan-
" gue non vulgaire , par le R. P. Caponnel ,
Chanoine Regulier , in 12.. ΙI liv. 5f.
Imitation de Jefus- Chrift en vers , avec figures,
par M. de Corneille, Bruxelles . in 8 °, 4.1.
Hiftoire du Concile de Trente , par Frapaolo ,
1 in 4º , 8 liv .
Les Loix Civiles dans leur ordre naturel , fol.
2 vol. 7
18 liv.
Les mêmes , in 4ª , 6 vol. 36 liv.
L'art de Tourner ou de faire en perfection
routes fortes d'ouvrages au Tour : ouvrage
tres-curieux & tres-neceffaire à ceux qui s'cxercent
au Tour , fol . Latin & Fr. Is liv.
Traduction nouvelle des Odes d'Anacreon , par
..M . de la Foffe , feconde édition , augmentée
de deux Odes , l'une de Pindare , & l'autre
d'Horace , in 12 . 2 liv. 10 f.
Nouvelle Grammaire Eſpagnole , par M. Perger
, in 12 . 2 liv. 5 f.
Nouvelle Traduction
de Juſtin , avec des Remarques
, in 12. 2 vol .
Conquête du Mexique , in 12. 2 vol.
Conquête du Perou , in 12. 2 vol .
Voyage d'Alep à Jerufalem , in 12
4
3 liv. to f.
s liv.
liv. 10 f.
2 liv.
"
!
*
1
Nouvelle & parfaite Grammaire Françoife du
Pere Chifflet , in 12. avec un abregé d'Orrographe
, 1 liv . 10 f.
De la Connoiffance de Dieu , par M. Ferrand ,
in 12.
Novum Teftamentum Grácum , in 18 .
L'Efprit de l'Ecriture Sainte,in 12. 2
Le Comte de Cardone , in 12 .
2 liv. 10 £
1 liv. 16 ſ.
vol.3 l.ro f.
I liv. 16 f.
Les Avantures Galantes du Chevalier de Themicourt
, par Madame D ... in 12 , 1 l . 16 f:
Furteriana , ou les bons mots de M. Furetiere ,
in iz .
z. liv.
Avantures galantes de France & d'Espagne ,
in 12. 2 liv .
Traducion nouvelle de Miguelles Cervantes ,
in 12 .
Biblia facra , in 4º ,
2 liv.
6 liv.
Amuſemens ferieux & comiques , par M. du
Freny , in 12 .
I liv . 10 f.
Grammaire Allemande , de Perger , in 12. 1 1.
Effais de litterature pour la connoiffance des
bons Livres ; & fupplément des Effais , in 12 .
4 vol. 8 liv.
Le Jeu de l'Hombre , augmenté des Decifions
Nouvelles , in 12. I liv . 10 f.
Les Campagnes du Roy de Suede , in 12. 3
vol.. 6 liv .
La Vie de M. de Moliere , in 12. 2 liv.
Traité du Recitatif dans la Compofition , dans
la Declamation , la Lecture & l'Action publique
, in 12 .
1 liv. 10 f.
Hiftoire de la Virginie , contenant celle de fon
établiffement & de fon gouvernement jufqu'à
prefent , les productions naturelles du
Païs , la Religion , les Loix & les Coûtumes
des Indiens naturels , par un Auteur natif &
habitant de ce Païs- là , in 12. enrichie de figures
›
f.
gures en taille-douce , 2 liv.
Ecole parfaite des Officiers de Bouche , qui en
feigne lès devoirs du Maître d'Hôtel & du
Sommelier la maniere de faire les Confitures
feches & liquides , les Liqueurs , les
Eaux , les Parfums , la Cuifine , à découper
les viandes , & à faire la pâtifferie ; huitiéme
édition , corrigée & augmentée des pâtes , des
Liqueurs nouvelles , & des nouveaux Ragoûts
qu'on fert aujourd'hui : Avec des modeles
pour dreffer les Services de Table , in
12.
2 liv. s f.
Abregé de la Sainte Bible , en forme de Queftions
& Réponſes familieres , tirées de differens
Auteurs ; divifé en deux parties , l'ancien
& le nouveau Teftament, par le R. P.
Guerard , de la Congregation de faint Maur ,
feconde édition , in 12 . 2 liv.
Les Delices
de l'Italic
, contenant
une defcri- ption exacte
du Païs , des principales
Villes,
de toutes les Antiquitez
, & de toutes les Raretez
qui s'y trouvent
; ouvrage
enrichi
d'un tres-grand nombre
de figures
en taille douce ,
in 12. 4 vol.
12 liv.
Traité
des Jardinages
, par M. de la Quintinie
,
in 4º, 2 vol.
Le Prince Grec , in 12.
12 liv.
2 liv
Hiftoire de D. Quixotte , in tz. vol. 12 l . 10 f
Les Fables de la Fontaine , in 12.5 vol . 10 liv.
La Princeffe de Cleves , in 12. 2 liv. 10 f.
L'Arithmetique de Legendre , in 12. 2 liv. 10 f.
La Vie de Cromvvel , de Gregorio Leti , in 12.
2 vol . s liv.
Les Oeuvres de S. Evremond , in 12.5 vol . 10 I.
Juvenal, de la traduction du P. Tarteron , in
2 liv . 10 f. 12.
Zayde , in 12. a vol
ΤΟ
Style du Confeil , par M. Gauret , in 4″, ƒ liv.
Code de la Marine , in 4" , 3 liv.
Traité hiftbrique des Monnoyes de France , par
1.M. le Blanc . in 4 .
2 liv.
8 f.
9 liv .
Dialogues entre le Diable Boiteux & le Diable
Borgne , par M. le Noble , in 12.
Traité de la Parole , in 12. brochure,
Lucien d'Ablancourt
, nouvelle édition , augmentée
de Nores , in 12. 3 vol.
6 liv.
Numifmata area Imperatorum Auguftorum & Cafarum
in Coloniis , Municipiis & vrbibus Jure Latio donatis , ex omni modulo percufa , autore
Joanne Foy-Vaillant , in fol. 2 vol . 3.6 liv.
L'Hiftoire reduite à fes principes , dediée à
Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , în 12 . 2/1 vol.
3 liv. 10 f.
Contes des Fées , ou les Chevaliers Errans , &
le Genie Familier, par M. D... in 12. 11. 15 f. D. Guzman d'Alfarache , in 12. 3 vol . 7 l. 10 f.
Traduction
en vers François des Epigrammes
d'Ovven , in 12 .
1 liv. 10 f.
Les Amours de Pfiché , in 12.
La Mufe Moufqueraire , in 12 .
Virgile , de Martignac , in 12.3.vol.
2 liv.
2 liv .
6 liv .
Lucrece , de la nature des chofes , avec des remarques
fur les endroits les plus difficiles ,
traduction nouvelle , in 12. 2 vol. 4 1. 10 f.
L'Ambiguë d'Auteuil , ou varietez hiftoriques ,
vicompofées du Joueur , du Nouvelifte , du Financier
, du Critique , de l'Inconnu , du Sincere
,' du Subtil , de l'Hypocrite , & de plufieurs
autres perfonnages de differens caracteres
, in 12 .
1. liv. s . f.
Les Avantures d'Appollonius de Tyr , livre rempli
d'évenemens , & écrit dans le même ſtyle
que Telemaque , par M. le B... in 12. 2 ‹ liv..
Prince Eraftus , fils de l'Empereur Diocle
Ir
tiam , in rz . 2 liv. y. f.
Abregé de Geographic , & de tout ce qu'il y
a de plus remarquable dans chacune des quatre
grandes parties de la Terre , particulièrement
dans l'Europe & dans le Royaume de
France : le tout mis en ordre pour pouvoir
être appris & retenu facilement par coeur
avec les routes des Poftes de France & d'Efpagne
, dedié à S. A. S. Monfeigneur le Prince
de Dombes , par M. Poncein , in 12. 1 liv. f.
Hiftoire fecrete de Bourgogne , in 12. 2 vol . 3 I.
Vaſconiana , ou Recueil des bons mots , des penfées
les plus plaifantes , & des rencontres les
plus vives des Gaſcons , feconde édition , augmentée
, in 12 . 2 liv. y f*
Les Metamorphofes d'Ovide , traduites par M.
Durier , derniere édition , in 12. 3 vol . 6 liv .
Les mêmes en Rondeaux , avec figures , de
Bencerade , imprimées à Bruxelles , in 8 ° , 4 1.
Les Metamorphofes , ou l'Afne d'or d'Apulée ,
Philofophe Platonicien avec le Demon de
Socrate , traduction en François , avec des
Remarques , in 12. 2 vol . sliv.
Les Fables d'Efope Phrygien , avec celles de
Philielphe , traduction nouvelle , enrichie de
Difcours moraux & hiftoriques , & de Que
trains à la fin de chaque difcours , avec figures
. On as ajoûté à cette nouvelle tradu
tion les Contes d'Efope , les Fables diverfes
d'Abrias & d'Avienus , in 12. 2 vol. 4 1. 10 f
Les Memoires de la Vie du Comte D ... avant fa
retraite , contenant diverfes avantures qu '
peuvent fervir d'inftruction à ceux qui ont à
vivre dans legrand mondes redigez par Mide
S. Evremont , in 12. 2 vol.ove 4 liv . 10 f
Les Memoire de Meffire Roger Rabutin , Comte
de Buffy , in 12. vol.
3
liv . 10 £
Bij
7
1
12
ro 1.
Idem , Ses Lettres , nouv . édit. in 12. 4 vol. 8 I.
Les Oeuvres d'Homere , traduites en François
par M. D... enrichies de figures en tailledouce
, divifées en 4 vol. in 12.
Quinte- Curce , de la traduct . de M. de Vaugelas,
avec le Latin à côté , 2 vol. in 12 . 4 1. 10 f.
Oeuvres d'Horace en Latin & en François , avec
des Remarques critiques & hiftoriques, de M.
Dacier , froifiéme édition , revûe , corrigée
& augmentée confiderablement par l'Auteur ,
in 12. 10 vol.
20 liv.
Hiftoire
de France
, P. Marcelle
, in 12. 4 vol . 8 l.“
Lexicon
Buxtorfi
, in 8 °, 4 liv . 10 f.
Idem Lexicon Paforis , Greco- Lat . in 8º , 4 1. 10 f.
Corpus Juris Canonici , à Petro Pitheco , cum appendice
Juris Canonici , continens Librumfeptimum
Decretalium, &Fo. Pauli Lancelotti inftitutiones
Juris Canonici , in fol. 2 vol. 20 liv.
Les Oeuvres
de Maître
Guy Coquille
, Sieur de
Romancy
, 1703.
2 vol .
Recueil de bons mots des Anciens & des Modernes
, in 12 .
13 liv.
2 liv.
20 liv .
"
6 liv .
THEATRE DE MESSIEURS
Corneille, in 12. 10 vol.
Racine , 2 vol.
Campiftron , nouv . éd. augmentée d'une Tragedic
& d'une Comedie , & ornée de figures , 4 1.
De la Foffe , avec ſes Poëfies , 2 vol . s liv.
Legrand , 2 liv . 10 f.
Crébillon ,
Pradon ,
liv. 10 f.
3 liv.
2 liv. 10 f.
De la Grange
Moliere , 8 vol. nouvelle
édition , augmentée
de fa Vie , avec de nouvelles
Remarques , 15. l.
Dancourt , 7 vol . nouvelle édition , augmentée
de plufieurs Pieces qui n'avoient point été
imprimées dans les éditions
precedentes, ayce
figures & Mufique ,
Regnard , 2 vol.
Poiffon , vol.
De Hauteroche ,
14 liva
s liv.
3 liv.
2 liv. 10 f
Palaprat , 2. éd. augmentée de plufieurs Comedies
qui n'ont pas encore efté imprimées , &
' d'un Recücil de Pieces en Vers, a vol. 4 1. 10 f.
Baron ,
De Riviere ,
De la Thuillerie ,
Bpindin ,
De Champ-mêlé ,
De Montfcury , 2 vol.
Bourfault , 2 vol.
De Mademoiſelle Barbier ,
Quinaut ,
Theatre François , 6 vol .
3. liv.
liv. 1o f
2 liv.
2. liv
a liv.
s liv.
s liv.
liv.10 f
liv. 10 f
Is live
Idomenće ,
Aftrée ,
Electre ,
Rhadamifthe & Zenobic ,
Cyrus ,
Les Tyndarydes
Saul ,
Herode ,
Polydore ,
La Mort d'Ulyffe ,
Mustapha ,
Agrippa , ou le faux Tiberiaus
Le Curieux Impertinent ,
Les Agioteurs ,
L'Amour Charlatan ,
Le Naufrage,
Danać ,
Turcaret ,
Crifpin Rival ,
Le faloux déſabuſe,
Tragedies
}
Comedies,
14
Les Airs notez des Comedies Françoifes , par
M. Gillier , in 4º,
Cantates & Arietes de M. le B. fol. 7
Le quatrième Livre des Motets de
pra ,
LeMercure Galant ,
Et broché ,
7 liv.
liv. 10 f.
M. Cams
liv.
11. 10 f.
I l . 5f.
Recueil de Pieces en Vers , adreffées à S. A.S.
Monfeigneur le Duc de Vendôme , & plufieurs.
Effais de Poëfies diverfes , par Monfieur de
Palaprat , 1. vol. in 12. 1.1. 10 f.
Et toutes les autres Pieces de Theatre , tant
anciennes que nouvelles,
Abfalon , Tragedie , tirée de l'Ecriture Sainte,
par M. Duché , 1. liv.
L'Hiftoire de l'Empire , contenant fon origine,
fon progrés , fes revolutions , la forme de
fon Gouvernement , fa politique , fes alliances
, fes negociatións , & les nouveaux regle
mens qui ont été faits par les Traitez de
Vveftphalie & autres : par le Sieur Heif.
Nouvelle édition , continuée jufques à prefent
, & augmentée de plufieurs remarques.
s vol. in 12. 12. 1. 10. f.
Hiftoire Genealogique & Chronologique de la
Maifon Royale de France , des grands Officiers
de la Couronne , & de la Maiſon dú
Roy ; avec les qualitez , l'origine & le progrés
de leurs familles : enfemble les Statuts
& le Catalogue des Chevaliers , Commandeurs
, & Officiers de l'Ordre du Saint Ef
prit . Le tout dreffé fur les Titres originaux,
Regiſtres des Chartres du Roy , du Parlement
, de la Chambre des Comptes , & du
Châtelet de Paris , Cartulaires d'Eglifes
Manufcrits , & Memoires qui font dans la
Biblioteque du Roy , & autres . Par le Pere
Anfelme , Auguftin Déchauffé. Revûë , corrigée
, & augmentée par l'Auteur , & aprés
fon decés continuée jufques à prefent par
un de fes amis . 2 vol . infol . 1712. 36. liv .
La Connoiffance parfaite des Chevaux , contenant
la maniere de les gouverner , nourrir
& entretenir en bon corps , & de les conferver
en fanté dans les voyages . Avec un détail
general de toutes leurs maladies , des fignes
& des caufes d'où elles proviennent ,
des moyens de les prévenir , & de les en guerir
par des remedes experimentez depuis
long- temps , & à la portée de tout le monde.
Joint à une nouvelle inftruction fur le
Haras , bien plus étendue que celles qui ont
paru jufques à prefent , afin d'élever de beaux
Poulains pour toutes fortes d'ufages . On
trouve auffi dans ce livre l'art de monter à
cheval , & de dreffer les chevaux de manege ,
tirée des meilleurs Auteurs qui en ont écrit.
Le tout enrichi de figures en taille - douce.
in 8° ,
3 1. 10 f.
Le Theatre Lyrique , avec une Preface où l'on
traite du Poëme de l'Opera , & la Réponse à
une Epitre fatyrique contre ce Spectacle. Par
M. Le Br... in 12. 1712.
a liv.
Lettre à Monfieur de... fur l'origine des anciens
Dieux de l'Egypte ; qui explique ce
qui a donné lieu aux Fables des Dieux de
l'Antiquité . in 12, 1. liv.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères