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MERCURE
GAI.ANT
! A PARIS
t ---"",,:". -- M. DCCXI
Avec Privilege du Roy.
M ERCÏÏ II JE
GALANT.' Parle Sieur Du F~
Mois
de May
1 7 11.
£,e prix est 3 0. fois relié en veati,U'
25.fols, brochez
'•Ç'FSI
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET,
au Livre
Royal, au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
PIZRRE RIBOU, à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la ruë duFoin,ducocé de laruë
Saint Jacques.
MERCURE
GALANT.
I. PARTIE. i711.
LITTERATURE.
L paroist depuis peu
une belle Traduction
de l'Illiade d'Homere,
par Madame Dacier; on
ne peuttrop donner de
louanges à une Dame
qui fait tant d'honneur
à son sexe.
On a achevéd'imprimer
à Amsterdam le
nouveau Rabelais, avec
des Remarques historiques
& critiques.
Ces deux Livres dont
j'ay à parler en mesmestemps
, mefont naistre
l'idée den prometre pour
Je mois prochain mue
espece de paralelle ; je
dis, une espece: car sije
disois,un paralellevéritable
,&serieux, jem'attirerois
d'abord quelques
zélezSectateurs du divin
Homere, je serois, selon
eux., heretique en litrerature
, sij'osois penser
que Rabelais fust digne
d'entrer en paralelle avec
le Prince des Poëtes.
Commençons donc par
abjurer tous les Ridicules
qu'on pourroit me
donner là-dessus
, je declare
premierement que jeméprise une moitié du
livre de Rabelais, &
que je déteste mesme
dans l'autre le libertinage
&. les obscenitez
qui rendent cet Auteur
odieux ; je declare de
plus, que je respecte Homere,
& les vrais Sçavans
; mais ce respect
n'est point un respect de
culte & d'adoration: je
crois pouvoir sansprofanation
comparer le sublime
du Poëte Grec,
avec l'excellent Comique
de Maistre François;
plus ces deux genres so n
opposez,&plus ce paralelle
tiendra du badinage
: ce sera, si l'on
veut ,
l'Article Burlesque
de mon Mercure ,
les gens graves pourront
se dispenser de le lire, &
ceuxqui le plaignent
que depuis plusieurs
mois je deviens trop serieux
, y trouveront à
coup sur leur compte: carsije ne suis pas en
humeur d'écrire gayement
,
ils auront au
moins du Rabelais, qui
porte toûjours avec luy
un caractere de gayeté
inimitable.
J'adresse donc ici par
avance ce paralelle d'Homere
&: de Rabelais, à
ceux qui ne veulent que
du badinage, je tâcheray
de contenter pas
quelqu'autres Articles
ceux qui ne veulent que
du serieux ; mais à l'egard
de ceux qui ne fca.
vent ce qu'ils veulent
aussi ne sçay-je que leur
donner: on commence
pourtant à me fournir
d'assezbons Memoires ,
mon Mercure est une
espece d'ambigu
,
je tâche
d'y servir un peu
detout;mais rien n'attire,
rien ne rappelle ces
convives indolents , ils
sont, toûjours rassasiez
avant de se mettre à
table, les viandes solides
les dégoûtent, ils ne
touchent aux ragoûts,
que du bout du doigt,
& les repoussent aussitostavec
dédain
,
ils les
trouvent à coup sur, ou
insipides., ou trop salez,
en un mot,ils font naturellement
dégoûtez:
je souhaite pour leur (atisfaction
que le goût
leur vienne. --
On va imprimer en
Hollande un Recüeil de
Traits historiques, de
Maximes & de Contes
Arabes, tirez des pfUS
celebres Poëtes d'Orient,
comme JUir3 Koscou ,
Micaud,&c. Voicy un
de ces traits historiques
qu'on ma envoyé pour
en marquer le caractère*
C'estsur la liberalité.
MaanfilsdeZaldah, personnage
fort celebre parmi
les Arabes pour sa libéralité,
fut un des principaux Capitainesde
Mervan, dernier
Kalife de la race des Omnia*-
des: après que ce Kalifeeuc
esté deffait, les Abbafàdes
ses ennemis persecuterent
tous ceux qui avoient servi
les Omniades. Maan fc trouva
obligé, pour éviter la
colere d'Abou- Giafac Aimansot
de demeurer longr
temps caché dans Bagder.
Un jour s'ennuyant de demeurer
long
- temps enfermé
dans un même lieu, il
resolut de soi tir de laVille,
déguisé, & prit le chemin
du desert. Aprés avoirévité
les Gardes des Portes & des
chemins; je me croyais,
raconte-t-il lui-même dans
le recit qu'il fait de sesavantures
au Kihfe
,
hors du
danger d'estre reconnu,
lorsque tout d'un coup un
homme d'assez mauvaise
mine saisit la bride de mon
Chameau & m'arresta tout
court en me demandant si
jen'estoispas ccluy que le -
Kalife faisoit chercher avec
tant de diligence, promettant
une si grande somme
d'argent à celuy qui pourroit
le découvrir. Je luy répondis
que non. Quoy
vous n'êtes pas Maan? me
repliqua-t il.Moy bien surpris
, & craignantqu'il ne
m'arrivâtpis si jecontinuois
ànierqui j'estois,je pris un
joyau dallez grand prix que
j'avois sur moy,& leluy presentay,
en luy disant! Recevez
ce present demamain,
& gardez- vous bien de me
découvrir à qui quece soit.
Cet hommeconsiderant ce
joyau, me dit: voilà donc un
joyau qui m'appartient puisque
vous me l'avez donné;
mais je serois bien-aise de
sçavoir le prix de cc que je
possede:comb ien vaut iL?
Il vaut bien mille écus,répondit
Maan. Fore-bien,
ditle Soldat;mais j'ay une
autre demande à vousfaire,
dites-moy laverité:nevous
est-il jamais arrivé envostre
vie de donner en une feule
fois toutvostre bien,car je
sçay que vous passez pour
un homme extrêmement
liberal Je luy répondis que
non. Ilme demandaensuite;
n'en avez vous jamais donné
lamoitié? je luy répondis
h même chose ; & luy descendant
par degrez au tiers
& au quart,&jusqu'à la dixièmepartie
,la honte mefit
enfin luy dire qu'ilse pourvoit
bienfaire que j'en eusse
donné la dixiéme. Hé bien,
ajouta-t il
,
afin que vous
sçachiez qu'il y a des personnes
encore plus liberales
que vous: moy qui ne suis
qu'un simple Fantassin
,
&
qui netire que deux écus de
solde par mois, je vous
donne ce joyau dont le prix
passe plus de mille écus, &
je vous en fais un present,
En medisant cela il uiciettar
le joyau que je luy avois
donné & gagna pays.Jefus
extrêmement surpris de certa
avanture,& criay de toute
ma forcepour le faire
revenir sur ses pas. Je luy
disois que j'aurois mieux
aimé mille fois estredécouvert&
perdre ma teste que
derecevoir une telle confusion.
A ces paroles
, il revint
à moy.Jelepriay donc
de conserver ce joyau puifqu'il
en estoit plusdigne que
moy, Ôcdene me pas obliger
àlereprendre.Ulm'em
brassa plusieursfois, & me
dit: Vous voudriez donc me
faire passer pour un voleur
de grands chemins ; je ne
veux en aucune maniere recevoir
ce present de vous;
car je ne pourrois pas en
toute ma vie estre en estat
de vous rendre la pareille;
aprés cela nous nous séparâmes.
Maan quelque temps aprés
eut occasion de rendre
service à Almansot dans le
temps d'une sédition qui arriva
à Bagdet, où le Kalise
auroic couru grand risque
de sa personne sans son secours.
Ce service le fit renrrer
dans tes bonnes graces
d'AbouGiafar, & alors se
ressouvenant de l'action ge.. -
nereufe de ce Soldat, il le
fit chercher par tout pour
l'avancer, mais il ne sur pas
poffiblc de le trouver.
LIVRES NOUVEAUX.
Il paroistdepuis peu
un second Tome d'un
Livre nouveau,qui a
pourtitre, Gongam, ou
l'hommeprodigieux transporte
dans l'air,sur la
terre, &sous les eaux.
Livreveritablement non*
veau. Ti te tu tes nosi.
ce mot n'est ny Hébreu,
ny Arabe,il est compo- sémysterieusement pour
ren fermer la clefdes avantures
duLivre,mais
sans avoir cette clef, on
voit que l'Auteur a pour
but de réjouir,&d'instruire
:ceux qui travaillent
dans cette vûë
, &:
qui reüssissent
,
mcrirent
l'approbationdu
Public.
Ce Livre contient une suite
d'avantures mêlées de critique.
Il donne par exemple à
Gongam une Bibliotheque
composée de
L'Agenda de ceux quin'ont
rien àfaire; Rêver le matin
à ce qu'on doit faire le soir,
& rêver le soir à ce qu'on
auroit pû faire lematinée;
Manégedes Promenades.
On entre dans son Carrosse
par une portiere; on
en fort par l'autre, pour
aller monter dans un Fiacre
sans être vû de sesgens,&c.
Grandes Femmes,fîeres
d'estre avec des petites, &
les petites fâchées d'estre
avec les grandes, &c.
Les Tragicomedies duJeu-
Familles ruinées, Domesstiques
sans gages; Creanciers
sans hypoteque
,
ôc
cuisinesansfeu,&c.
Les petitessesdesgrands barn..
mes.
Les Mommeries du Cerémonial.
Agitation des esclaves Volontaires.
L'A-rt deparlersans riendire,
Les Femmes humaines.
Lesbien-aparentez.
Les vendes bagatelles.
Lesquatresaisons de Paris ,
&c.
Ce Livre se vend chez
Guillaume Saugrain
,
sur le
Quay de Gesvres, à TEnseigne
du Paradis.
ACADEMIEROYALE
des Médailles &Inscriptions.
Le Mardy 14e Avril
Messieurs de l'Academie
Royale des Medailles &,
Inscriptions , firent iouverture
de leurs Aflcmblées.
Mr de Boze,Secretaire
perpetuel decetreAcademie
lût unEloge de feu Mr Defpreaux;
MrBaudelot lûtune
Dissertarton sur l'Antiquité
trouvée depuis peu dansffrglisedeNôtre-
Dame;&
Mr l'Abbé Anselme en lût
une sur les funerailles des
Anciens, dont voicy l'Extrait.
Je donneray dans la4
fuite les Extraits des deux
autres Discours de cette
Àflimblée.
Mr
Mr l'Abbé Anselme y
prononça une éloquente
& sçavante Dissertation
sur les Funerailles: ce
zéleardent,sincere,&
éclairé, qui fut toûjours
l'ame de ses prédications,
ne se dément pas même
icy dans un discours profane
,
son dessein est de
faire voir dans tous les
temps & dans toutes les
nations ce desir naturel
d'immorratiré
,
qui porte
les hommes à vouloir
simmortaliser les uns les
autres par des funerailles,
&c par des lTIOnumens
durables;c'est
ce sentimentd'immortalité
, dit-il, qui leur a
fait établir une esPece
de commerce & desocieté
avec les ames des
mortspar les devoirsfa*
nebres
,
dont ils esperoient
qu'elles auroient
quelque reconnoissance,
comme ils craignoient
qu'elles n'eussent duressentiment
contre ceux
qui manquoient à leur
rendre ces devoirs.
Mr L. A. établit les
devoirs des funerailles
par les idées qu'en ont
tous les hommes en general
; en fuite par les
coûtumes des Egyptiens,
parcelles des Grecs, par
celles des Romains; &
il promet enfin d'achever
son Ouvrage, en
continuant ainsi jusqu'aux
Chrétiens.
Je voudrois quela
mémoire me pût fournir
des morceaux suivis de
ce discours; mais je n'en
ay pu retenir que des
traits d'érudition, qui
seront icy dénuez des
graces, que Mr L. A.
leur a donnez en les
metant si bien en oeuvre.
Les Payens admettoient
trois Diviniccz aux funerailles
,
Pluton, Mercure,
& Venus Libitime ; cette
Venus, Dcesse des ombres,
marque l'idée qu'ilsavoient
de lareproduction dans la
mort ,
c'est-à-dire, de la
resurrection.
Il y avoit parmy eux des
fcpulchres vuides, qu'on
nommoit Cenotaphes ; ils
croyoient que les corps de
ceux Qui estoient morts
loin delà, venoient d'euxmêmes
s'y renfermer.
On enterroit les Morts
sur les chemins, d'où vient
l'inscription,Siste
,
Victor.
Pour marquer le respect
qu'on doit aux tombeaux,
on y representoit des grisons
,
des chiens, & des
lions, comme pour les garder
d'irreverence.
On conjuroit par les cendres
des Morts, Horace dit
à Barine, que n'ayant
jamais esté punie de ses
faux sermens
,
puisqu'elle
en devenoit plus belle, il
luy seroit avantageux de
jurer même par les cendres
de sa mere.
Les Egyptiens, aprés avoir
embaûmé les corps ,
les envelopoient dans des
bandelettes detoilles gom- -
mées, & les enchassoient
dans des boëtes de bois
odoriferant
,
c'estoient-là
leurs Momies, qu'ils conservoient,
les uns dans leurs
maisons, les autres dans des
cavernes voûtées, dont ils
bouchoient l'entrée avec
une colonne,&ilsembrassoient
cette colonne pour
dire le dernier adieu au
deffunt.
Ils appelloient Montagnes
de Pharaon, ces Pyramides
super bes qu'ils élevoient
sur les tombeaux.
Un Roy d'Egyprefitbâtir
un Palais magnifique
pour servir de tombeau à
sa fille, au milieu de ce Palais
estoit un grand salon
rempli de figures, ornées
de pierres precieuses, & le
corps de la deffunte estoit
enfermé dans une vache de
bois odoriferant, couverte
de lames d'or, cette vache
agenouillée portoit entre
ses cornes ungrand So
leil d'or.
On mertoiten la main du
deffunt une lettre cachetée,
pour apprendre à ceux de
l'autre monde qu'on avoit
rendu en celuy-cy tous les
devoirs au deffunt.
Les Grecs tournoient le
visage du mort vers l'orient
, pressentimens fecrct
que ces corps devoient un
jour revoir la lumiere.
A Megare on enterroit
le mort le visage en bas.
Diogene voulut estre ainsi
enterré, disant que toutes
choses se devant un jour
renverser
,
il regarderoit
éternellement le Ciel; idée
confuse de la rcCurreébon.
Les Phtéens celebroient
les funeraiiles par des réjoüissances
; les Atheniens,
par des lamentations,
Il cft plus loüa ble en
ces occasions,de se réjoüir
de la gloire du deffunt,
que de pleurer la perte
qu'on en a fait.
LesRomains ont imité la
magnificence des Grecs en
tombeaux, épitaphes, statuës
,
bas-reliefs. Et si tous
ces monumens,dit L. Ans.
estoient l'effet d'une'Vanité¡tif
tueuse
,
du moinsestoient-ils
utiles
, en ce que les morts
enseignoient l'histoire du monde
aux vivans.
Les Romains apprirent
des Grecs l'usage des bnchers
: Ils faisoientpartir un
Aigledusommetdubucherde
- leurs Empereurs, dit L. A.
£r illeurplaisoit de croire que
cet aigle emportoit l'ame pour
l'aller placer au rang des
Dieux ; cet aiglemarquoit
au moins
,
sans qu'ils y penfejfent,
que l'homme doit un
jour renaiflre de ses cendres.
Le Dictateur Silla commença
l'usage des bûchers,
ils finirent avec Caracalla,
& Geta les rétablit, il vouloit
éviter la Loy du Talion:
il ordonnna qu'on brûlast
son corps, de peur qu'on
ne le déterrast, comme il
avoit fait celuy de Marius.
Mr. L. Anselmefinit en
parlant des Epitaphes en
vers; il dit qu'ensuite les
Romains trouverent plus
commode de lesfaire en
prose; il ajoûte que le style
lapidaire n'cft pas moins
énergique en pro sequ'en
vers, on peut le prouver
par luy-même ; voicy un
Epitaphe qu'il fit pour le
feu Roy d'Angleterre.
$
EPITAPHIUM
REGIREGUM,
Felicique memorioe
AC 0 BIll. Majoris BritanU
Régis,
J$jiifinx hîcviscera condivoluit,
"ondi/IM ipse in 'ViJèrrjbtl:.
CsiRISTl.
Fortitudine bellicâ nullifecun*
dus.
Fide christianâ tIti non Par?
Per alteram quid non ausus ?
Illâplusquam Heros,
Ijlâ propeMartyr.
Fide fortis
,
Jccen/nsperic/tlts , erettusad< verfis.
Nemo Rex magis
, clii Regna,
quatuor Anglti , t Scotia, HibemU. Vbi
quartum ?
lpfeJihi.
Tria eripipotuere,
Quartum intactummansit.
Priorum defensio exercitus, qui
defecerunt.
postremi tutela Virtutes , nunquam
transfugoe.
Jj)uin nec tîla erepta omnino.
InstarRegnorum eflLZJDOFICZJS
Hones.
Sarcit amicitia talistantoesacrilegia
perfidie.
Imperat adkuc quiJi.exu/ûto
Moriturutvixit,Fideplenus,
Eòoqueadvolat, tjlÙJ Fides durit
"Ubi nulla perfidia potest.
Nonfletibushîc, Cmticislocus
tft:
Au*fîjlendunt,flenda, Anglia%
L'Assemblée publique de
l'Academie Royale des
Sciencesqui se devoit tenir
le Mercredy i;c Avril, ne
se tint point & fut remise au
Mercredy 22e. Elle sur ouverte
par l'Eloge que Mr de
Fontenellefit deMr Guilelmini
Associé étranger de
cette Academie, & mort
depuis peu.
MrMarchand lut ensuite
quelques observations qu'il
avoit faites sur la nature des
Plantes & sur quelques unes
de leurs parties cachées.
Mr de Reaumur traita
ensuite des différentes manieres
dont plusieurs animaux
de mer s'attachent
au sable, aux pierres, ou les
uns aux autres.
Enfin Mr Vinflon Medecin
de la Faculté de Paris
,
reçu depuis peu à l'Academieen
qualitéd'Anatomiste
, satisfità l'obligation où
sont les nouveaux Academiciens
de payer leur bienvenuë
dans une Assemblée
publique, par un Discours
qu'illut touchant la maniere
dont se fait la secretion
dans les glandes des animaux.
Il ex posad'abord ce qu'il
entendoit par fecrction
,
il dit, que le corps humain
estoit arrosé par un grand
nombrede différentes liqueurs
outre le fang, que
la pluspart de ces liqueurs
prenoient leur origine du
sang, quelle s'en separoient
dans des organes particuliers
qu'on nommoit Glandes;
& que cette separation ou
cribration des liqueurs d'avec
le fang se nommoic
Secretion.
Il exposa les differents
sentiments des Philosophes
touchant la maniere donc
se faisoit cette secretion ;
& aprés avoir rejetté les
Facul rez des Anciens les,
ferments,& la configuration
des pores des modernes
,
il dit, que ceux ,
qui
avoient le mieux raisonné
sur cela, estoient quelques
uns des modernes, qui
avoient comparé les secretions
dans les glandes, aux
philtrations des Chymistes,
il rapporta sur cela deux
experiences des Chymistes,
La premiere qu'ayant une
fois imbibé un papier broüillard
d'eau ou d'huile, si
l'on ver se sur ce papier un
mélange d'huile & d'eau
,
il ne pane au travers du papier
que celle des deux liqueurs
dont il a estéimbibé,
l'autre demeurant dessus.
La seconde que si on met
dans un vase de l'huile & de
l'eau meslées ensemble
,
si
l'on trempe des méches de
cotton, ou des languetres
de drap les unes dans l'huile
& les autres dans l'eau
que l'on place ces méches
ou languettes sur le bord'
du vaisseau en maniere de
siphon
,
ensorte qu'un de
leurs bouts trempe dans la
liqueur & l'autre pende
dehors, celles qui seront
imbibées d'huile distilleront
de l'hüile,& celles qui seront
imbibées d'eau ne disstilleront
que de l'eau.
Fondésur ces ex periences
il établit avec les nouveaux
Philosophes uneimbibition
pour catife de la secretion.
Ce sentiment n'avoit esté
jusquesicy qu'une fuppofirion
donc on s'estoit conten.
té faute de mieux; mais
comme un Philosophe &
surtout un Philosophe Medecin
ne doit pas se contenter
de simples con jectures
dans une affaire aussi importante
que celles des [cerc.
tions pour toute l'oeconomie
animale &pour les
consequences que l'on en
peut tirer dans la pratique
de la Medecine, Mr
Vinslon a cherché dans la
nature même la verité, il
a parcouru toutes les glandes
du corps humain, &
celles du corps de differents
animaux, & enfin après une
longue recherche il a reconnu
que les glandes estoient
des pelotons de vaisseaux,
qu'il nomme Secretoires
,
à
cause de leur usage
, que
ces vaisseaux sont remplis
d'une espece de velouté
ou duvet,- capable defaire
le même effet que le
tissu filamenteux du drap,
du cotton, ou du papier,
&ila promis dele faire voir
dans toutes les glandes du
corps de l'homme ou des
animaux.
Il dit que le sang est porté
par les arteres dans les glandes
, que l'artere se divise
en une infinité de petits
rameaux d'une extrême si..
nesse qui se recourbent en.
fuite & se reünissent pour
sortir des glandes fous le
nom de veines, que c'est
dans cescourbures que s'abouchent
ces vaisseaux fccretoires,
qui le reünissent
aussi en un seul canal qu'il
nomme Excretoire
, parce
qu'il porte hors de la glande
le suc qui s'y est philtré. Ces
glandes ou vaisseaux secretoiresont,
dit-il,esté imbibez
dés la premicre conformation
du foetus, des liqueursqu'elles
devoientphiltrer,
en sorte que le fang qui
arrive par l'artere se divifc
infiniment dans tous ces
petits rameaux;de maniere
que ses molecules font obligées
en quel ques maniere
de défiler une à une dans
leur
leurscourbures
,
où les
molecules qui sont de la
nature de celles des canaux
secretoires sont imbibez,
entrent dans ces canaux.
pendant que les autres pasfant
par dessus sans sy mesler,
roulent jufqucs dans les
veines.
Mr Vinslon dit qu'illaissoitaux
Physiciens à rendre
raison de ce fait,aussibien
que de la philtration des
Chymistes,& qu'il secontentoit
d'avoir reconnu la
verité sans en chercher la
raison.
Le temps ne luy permit
pas d'expliquerbeaucoup de
choses par rapport aux secretions,
par exemple, quel
est l'usage des nerfs&des
vaisseauxlymphatiques des
glandes, qu'elle doit estre
la disposition du sangpour
les differentes secretions , &c. ce qu'il doit donner
dans des Mémoires particu-,
liers.
Mr Vinslonest originairement
Danois. & parent- dvi;
fameux Mr Renon
,
il,
avoit esté élevé dansla Religion
de son Pays. Le Roy
de Dannemarck l'avoit envoyé
en France pour s'y
induire dans toutes les
parties de la Medecine; Il
luy payoit icy ses pensions,
1" & luy avoit promis de luy
donner ensuite une Chaire
de Professeur à Copenhague
Le hazardl'ayant fait connoisstre
de feu Mr l'Evêque
[de Meaux qui reconnut dans ce jeune homme un grand
» fonds de bonnes moeurs &
de Religion,cePrelatentreprit
de le convertir ; ce
jeune homme aprésavoit
long. temps combattu (e
rendit enfin aux solides raisons
du Prélat & sitoiti.
qu'il fut convaincu, il oubIia,
pour se convertir lax*
fortune qui l'attendoit enri
Dannemarck
,
& les biens
que sa famille & luy y pof-.-
sedoient atruellement ; enn
effet le Roy de Dannemarck
supprima aussi-tost ses pen--J
sions, l'interdit de tous ses
biens & le proserivit de sonn
pays; tout cela n'a fait que
l'affermir davantagedans
la veritableReligion, dans
laquelle on peut le regardera
comme un modele de pieté.
DECOVVERTE
àMontpellier.
Mrs Sablé, & de la Mesangere
,ayant pensé que
si les arraignées pouvoient
fournir de la soye
,
les chenilles
en pouroient donner
aussi, ont suivi cette idée
& l'experience en a fait voir
la justesse , ilsinstruiront
bien tostlepublicdu succés
de leur découverte, & des
circonstances qui pouroient
.-
la rendre utile.
Le plus grand dessein
qu'on puisse avoir en
Medecine;c'est d'accorderensemble
leraisonnement
& l'experience. Il
est rare de trouver éminemment
ces deux parties
dans un Medecin;
assez souvent ceux qui
raisonnent beaucoup,
guerissent peu:tout bien
consideré, je choisirois
pourtant ceux qui parlentmieuxpuisqu'ils
fça-
4 vent au moins guerir l'i- ::
magination du malade;
c'estl'effet le plus sur
d'une science si incertaine.
Le sieur Chambon 3
cy-devant premier Medecin
de Jean Sobieski,
cy-devant Roy de Pologne
, a donnédepuis
peu au Public un Livre
intitulé, Principes de
Physique rapportez à la
Medecine; dés que ce
Livre a paru, il s'est
attiré autant de reputa.
tion
, que l'Auteur s'en
est acquis dés les premieres
années qu'il a
exercé fbn Arc dans
Paris.
Ce Livre se vend chez la
Veuve Jombert
,
sur le Cc.
cond Perron de la Sainte
Chapelle, au Palais.
ANTIQVÎTEZ.
Ona découvert au mois
de Mars dernier des monumens
d'Antiquité dansl'Eglisede
Notre-Dame dcP-aris
: la nouvelledécoration
duChoeur,oùl'ont ravaille,
a donné occasion de construireune
Cave pour lasépulture
des Archevêques:
aprés avoir creusé la terre
jusqu'à quinze pieds de profondeur,
on trouva dans les
fondemens d'un vieux mur,
plusieurs grandes pierres
quarrées ornées de bas-reliefs,
avec une Inscription,
qui marque que fous le Regne
de Tibere la Communauté
des Batteliers Parisiens
aconstruil un Autel à
Jupiter.
TIB.CÆSAREAUG.
JOVIOPTUMO MAXSUMO
NAUTÆ PARISIACI
PUBLICE POSIERUNT.
Sur les autres faces de cette
pierre, sont desfigures d'hommes
armez de lances & de boucliers
, entre plusieurs caracteres
,
qui sont gravez sur les
rebords de la pierre, & qui
laplupart sont effacez; on lit
d'un côté, F-uitisEsd'un
autre, SENANI.
Sur les deux faces d'une att.
tre pierre on voit en bas-relief,
la figure d'un Vulcain,
& d'un Jupiter avec ces mocs:
VOLCANUSJOVIS. Sur une autre
face estcelle d'unhomme,
qui frappe un arbre avec une
coignée:au-dessus on lit, Esus;
&sur la quatriéme face, sont
trois oiseaux posez sur le corps
d'un Taureau ; on lit au-dessus,
TARVOS TRIGARANUS.
Sur les quatre faces d'une
troisiéme pierre, on voit les
figures de Castor, de Pollux,
d'un homme qui combat contre
un Serpent, & d'un Vieillard
ayant deux grosses cornes
à la telle, au-deuus duquel
on lit, CERNUNNOS.
| Il y a de quoy exercer la
curiosité des Antiquaires:
Monsieur Baudelot, & Monsieur
Moreau de Mautour,
de l'Acacemie Royalle des
Inscriptions, ont travaillé sur
ces monumens ; quand je
sçauray ce qu'ils ont pensé &
écrit là-dessus,j'en feray part
auPublic.
HH
II. PARTIE
DU MER CU R E.
NO VVE LLES.
Mort de L'EMPEREUR.
Joseph
- Jacob-Jean-
1,
Ignace Eustache
,
Empereur
d'Occident, mourut
à Vienne en Autriche de
la petite verole, le 17.
Avril
dernier, dans sa 33e.
année.
Il estoit fils aisné de
l'Empereur Leopold L ôç : d'Eleonore - Magdelaine:
Theresede Newbourg. -
Il fut declaré Roy
d'Hongrie le 17,Novem--
bre1687.
Il futeslu Roy des Ro- -
mainsle24. Janvier r6<>o,
Il prit le titre d'Empereules.
May 1705.
Il avoir épousé îc ij^j
Janvier 16go. Villein.ine--j
Amelie de BrunswikHa- -
novre ,
dont il a eu un fils
morten bas âge; &dux
filles qui sont les ArthiuUchesses
Marie Joseph ,-&
Marie-Amélie.
Les frere lX. soeurs de
l'Empereur Joseph
3
sont
l'Archiduc Charles
,
les
Archiduchesses Marie-
Elisabeth
,
Marie-Anne,
& MarieMagdelaine,
La Maison d'Autriche
futélevée pour la premiere
fois à la dignité Imperial
e en la personne deRodolphe
d'Hapfbourg à
Francfort le dernier jour
de Septembre l'an 1273. Il"
tua Ottocare second Roy
de Boheme dans une bataille
prés de Vienne. Cet
Ottocare prétendoitque
toute l'Autriche luy appartenoit;
mais Rodolphe
qui prétendoit que cetEtat
estoit dévoluà l'Empire
faute de posterité masculine,
s'en appliqua la proprieté
persornelle qu'ilfit
confirmer dansuneDiette
par lesElecteurs & lesPrinces
de l'Empire
,
& par uneBulle duPapeMartin ,
II. Aprés ces formalitez il
en donna l'investiture à
son fils Albert.Ce futalors
que les Princes de cette
Maison quitterentle titre
de Comtes d'Hapsbourg
¡ pour prendre ccluy de
Ducs d'Autriche; ensuiteils
ont pris celuy d'Archiducs.
Voicy les alliances qui
ont le plus contribué à l'agrandissement
delaMaison
d'Autriche.
L'Em pereur Maximilienépousal'an1477.
Marie
de Bourgogne, fille de
Charles le Hardy,laplus
riche heritiere de l'Europe.
Philippe II. Archiduc
d'Autriche épousa en 149^
Jeanne dAragon, heritiere
de Ferdinand V. dit le
Catholique - ,Roy d'Aragon
& d'Isabelle Reyne de Castille.
Ainsi Jeanne apporta
à son mary la Couronne
d'Aragon avec ks Etats
d'Italie lesquels y estoient
annexés qu'elleheritoit
du chef de son pere, &la-
Couronne de Castille avec
la Grenade & les Etats annexés
a cette Couronne
qu'elle heritoit duchefde
samere.
L'Empereur Charles-
Quint ayantcedé l'Empire
à son frereFerdinand,
aprés l'avoir saic élireRoy
des Romains, ces deux
freres diviserentlaMasion
d'Autriche en deux branches,
L'Aisnée a donné
cinq Rois à l'Espagne, &
la Cadette quatorze Empereurs.
Prérogatives desEmpereurs.
Ils ont la pluspart des
titres des anciens Empereurs
d'Occident.Ils prennent
ceux de tousjours
Auguste,deCesar, & de
sacréeMajesté. LeurCouronne
qui est fermée ôc
surmontée d'un Globe,est
le symbole de la Monarchie
universelle. Ils ont
seuls le pouvoir de convoquer
& de congedier Les
Diettes generales; d'en
amodier les resolutions,
& de les faire executer. Ils
peuvent non feulement
ériger les Terres en Baronies,
en Comtez , & en
Duchez; maisaussiils prétendentde
pouvoir ériger
lesPrincipautez enRoyaumes
, ( ce que prétendit
faire en 1700. l'Empereur
Leopold
, en donnant à
l'Electeur deBrandebourg
le titre de Roy de Prusse
,
par Diplome de rcconnoissance.)
Ils donnent
l'investiture des grands
fiefs de l'Empire, & ils
disposoient mesme avant
Charles-Quint
,
des Etats
& Provinces qui y estoient
dévolus. Ils instituent &
confirment les Universitez
& les Académies &
tous ces Droits de Souverains
sont si attachez à la
Couronne Impériale ,
qu'en l'absence de l'jErrêpereur
, le Roy des Romains
en joüit, & au défaut
de l'un& de l'autre,
ces Droits appartiennent
aux deux Vicaires de l'Empire
qui sont les Electeurs
de Baviere & de Saxe.L'Electeur
de Baviere e-si Vicaire
dans les pays de droit
de Franconie,&celuy de
Saxe dans les pays de droic
Saxon.Laqualité de Vicaire
est disputée à l'Electeur
de Baviere par l'Electeur
Palatin.
Vous verrez cy-aprés plus CM
longdans laBulle d'Orles
Obligations desEmpereurs.
Ils doivent prendre l'avis
des Electeurs lorsqu'il
s'agit d'engager ou d'aliener
les biens de l'Empire,
d'accorder le Privilege de
battre Monnoye *-'
,
& d'y
donner le prix. Ils ont bcfoin
d'un consentement
general des Electeurs
,. Princes, & autres m'embres
de l'Empire., pour
mettre quelqu'un au Ban
de l'Empire,commeaussi
Lorsqu'il s'agit de faire
quelqueReglement concernant
la Religion, déclarer
la Guerre,faire la
Paix, lever des subsides,
&c.
Lorsqu'un Empe- reur cft
esluils'oblige àces restrictions
de ion pouvoir par
une Capitulation qu'il fait
avec les Electeurs & Princes
de l'Empire. Selon les
occasions on peut ajouster
d'autres Articles à la Capitulation,
dont 1 Empereur
est obligé de jurer l'observation
dans le temps de
sonElection, &de la réiterer
avant &aprés son
Couronnement
, ce qui
s'observa lors de FEtechon
de l'Empereur Leopold.
Les Electeurs luy firent
promettre fous serment
de n'envoyer , aucunes
Troupes sans le consentement
de l'Empire enFlandre
ni en Italie contre les
François,suivant ce qui
estoitstipulé dans lesTraitez
de Westphalie
,
dont
l'observation luy est enjointe
par plusieurs articlesde
cette Capitulation.
Le Roy des Romains
citenu par les Electeurs,
& à la mort de l'Empereur
il succede de droit à
l'Empire, sans qu'il soit
necessaire de faire une
nouvelle Election. Ils cf.î
toient autrefois obligez
d'aller recevoir laCouronne
Imperiale à Rome des
mains duPape;ils estoient
accompagnez de vingt
mille hommes de pied & 1
de quatre mille Cavaliers
entretenus pendant le 1
voyage aux dépens de
l'Empire. Ilsestoientcouronnez
Rois de Lombardie
à Monza dans le Milanez.
LaCouronne qu'ils
recevoient estoit d'or,
sans pointes , enrichie de
Diamants, avec une petite
bande de fer au dedans,
ce qui l'a fitappeller
la Couronne de Fer.
Aprés avoir reçu la Couronne
Romaine en Allemagne
,
& la Couronne
de Ferà Monza, ils serendoient
à Rome pour y
dire couronnez Empereurs
par le Pape;mais les
Etats de l'Empire assemblez
à Francfort en 1338.
& à Colognel'année tUlvante,
considerant la dépense
que ce voyage d'Italie
causoit à l'Empire ,
conclurent que la
-
feule
élection conseroit auPrince
la pleine puissance Imperiale
,
& déclarerent
inutiles les ceremonies des
Couronnements deRome -
&de Milan; cependant
les Papes ont refuséde reconnoistre
les Empereurs,
s'ils n'obtenoient du Saint
Siége un Brefqui les dif.
pensast d'aller à Rome,&
qui confirmast leur Election.
tion. Charles-Quinta eilé
le dernier Empereur couronné
de la main du Pape;
ceux qui n'y ont pas esté
couronnez,ne sont nommez
dans lesBulles &Brefs
queImperatorElectus.
REMARQUES.
Ceremonies d'Allemagne.
Charles IV. après avoir
faitpublierla Bulle d'Or à
Mets, voulut commencer
à la faire executer en ce
qui concernoit le service
que les Princes Electeurs
devoient luy rendre lorsquil
mangeoir en public
L'on avoiteslevé une Estrade
au milieu du marchépublic
,
sur laquelle eftoïoi
la table du festin) où l'Empereur
& l'lm peratrice [Ql
placèrentd'abordjensuite
les trois Electeurs Ecclefîaftiquesvinrent
àChevacomme
Archichancelier
de l'En) pire,chacun ayant
un Sceau penduaucol, ~M
une Lettre àla main droite.
Ensuite marchoient les
quatre Electeurs ~Seculien:
aussi à Cheval ;le Ducdob
Saxe ayant un picotin ~d'ami
gent pleind'avoine ensa
main droite ,comme Archi-
Maréchal de l'Empire,&
mit pied à terre le
premier,parce que sa fonction
estaussi de placerles
Princes chacun à son rang.
Le Marquis de Brandebourg
donna à laver à
l'Empereur & à l'impératrice
avec une Eguiere &
un Bassin d'or. Le Comte
Palatin du Rhin servit les
plats surla table. Le Roy
de Bohesme ou celuy qui
le representoit,mit sur le
coin de la table un flacon
d'or plein de vin, & en
presenta à l'Empereur
dans un gobelet d'or. Aprés
les Electeurs marchoient
les deux grands
Veneurs sonnant du Cor,
& suivis de leurs Chasseurs
& de leurs Chiens;ils tuerent
devant l'Empereur
un grand Cerf& un gros
Sanglier; ensuite aprés le
repas l'Empereur les congedia
tous avec des presents
magnifiques.
CEREMONIE
pratiquée 10r(rte les Archiducsreçoivent
l'hommac
hiducs re ul
ge & le ferment defidelité
de la Province de Carinthie.
Le jour marqué pour
cette Cérémonie)les Peuples
s'assemblent dans une
,
Vallée proche de laVille
de saint Veit
,
qui en efi:
la Capitale; Un Païsan
monte sur une grande
pierre de marbrequ'il y a
dans une Prairie , ayant
à sa main droite une vache
noire, & une mechante
cavale à sa gauche: l'Archiduc
vertu en Paysan
,"t
une houlette de Berger lèi
la main, precédé de quantiré
de Gentilshommesri- - chement vestus
,
de ses2
Officiers & de ses Gardes
tous à pied, s'avance vers
cette pierre;Alors le Pay--
san demande ,Qjûeft celuy.'{
qui marcheiffièrement ? Et les
Peuple répondant quecVy?ï\
leur nouveau Prince; illeur
demande s'il est justeJuge,
s'il cherche le bien du Pays x..
s'ilestNoble, méritant, Chrétien,~&
Protecteurde la Fois?
Et sur ce qu'on luy répond
qu'ill'est & le lera, il dit
aux Officiers du Prince "z
Qui pourra me chasserde cette
place? Sur-quoy le Maistre
d'Hostel lui promet soixante
deniers, les deux
bestes qui sontàses cassez,
les habits que porte le
Duc
,
& qu'il fera franc de
toute forte d'Im positions.
Sur cette promesse le Payfan
descend
,
touche doucement
avec la main la
joüe du Prince, à qui il recommande
la Juflice.Cela
fait, le Prince monte sur
la pierre,ayant changé
sa houlette en une épée
nuë;& ayant promis bonne
Justice au Peuple,il va àl'Eglise Nostre-Dame,
qui n'en est pasesloignée;
où s'estant revestu de ses
plus riches habits, retourne
dans le mesme endroit,
& y reçoit l'Hommage &
leSerment defidélité. On
dit que la raison pour laquelle
les Pay sans ont ce
droit au dessus de la Noblesse
,
c'est parce qu'ils
ont
ont esté les premiers à etïu
braderle Christianisme,
pendant que lesGentilshommes
crou pirent dans
le Paganisme juiqu'au regné
de Charlemagne.
CER EMONIE
de la Diete.
Le jour marqué pour
faire l'ouverture desEtats,
l'Empereur s'y rend en
Personneou par Députez,
lorsque l'Empereurestassissurson
Trofne, les Electeurs
se placent à sa droite
&à sa gauche,suivant
leur rang, sur des bans tapissez
d'écarlate & élevez
de deux marches: ceux
des autres Princes ne sont
ellevez que d'une, & tapissez
de drap vert. Lorsquechacun
est placé selon
son rang, Sa Majestéfait
faire par un Prince,les
proportions qu'il souhaite
à l'Assemblée; l'Electeur
de Tréves au nom detous
les Etatsremercie SaMajestédes
soins qu'Elle se
donne, en l'assurant qu'ils
travailleront incessammentàluy
donneruneentieresatisfactionsur
ses
demandes. On donnepar
écrità chaque Collége
les propositions de l'Em-,
sereur,qui les examinent
a part;& ayantensuite pris
leur resolution
,
ils conviennent
du jour qu'ils
doivent se joindre tous les
troIS, pour s'entrecommuniquer
leurs Centi-
: ments: &s'ils demeurent
d'accord du Resultat
,
ils
l'envoyent à l'Empereur,
qui l'ay antapprouvé
,
est
misaunombredesConstitutions
Impérial es : Mais
s'il yaquelqu'undes Collèges
dont les avis ne
soient pas conformes aux
autres & aux sentiments
du Commissaire de l'Empereur
,
la Constitution
Impériale n'a point force
de Loi, & est entierement
nulle.
Empereurs dela Aîaifon
d'Autriche.
t Rodolphe régna19. ans.
Albert1.fils de Rodolphe,
fut eslu l'an1298.&.
regna 10. ans a près Adolphe
de Nassau.
FrédéricIII. succeda à
Henry VII. l'an1313.& régna
io.ans*
Albert II.succeda à Sigismondl'an
1438. & régna
2.ans.
Fre dericIV.luy succe d a
en 1440. il régna (cul 48.
ans, & 7. avec ion filsMaximilien.
Maximilien futeflu Roy
des Romains l'an 1486.
Aprés avoir regné 7. ans
avec son pere, il régna enfuite
seul26. ans.
Charles-Quint fils de
Philippe Roy d'Espagne,
succeda à Maximilien l'an
1519. ®na 36. ans.
Ferdinand fut esluRoy
des Romains l'an1531. il
gouverna l'Empire avec
son frere l'espace de 16*.
ans,
MaximilienII. succeda
a Ferdinand l'an 1562.Il
regna 10.ans.
Rodolphe succeda à
Maximilienl'an 157Z.Ôc
regna 40.ans.
Mathias succeda à Rod7olphe.
enaIn6ià.s& .réIgna
Ferdinand II. succeda
à Mathiasen1519;.&régna
18.ans.
Ferdinand III. luy fuccedaen
1657.&régna21.
an.
Leopold luy succeda
en 1658.&aregné47.ans.
Josephson fils quivient
de mourir lllv succeda en
4 1705.
J' a^oois dessein de marquerparquelquestraits
historiques les caractel'es
de chaque Empe..
reur de la Maiftn
d'Autriche,mais cela,
maurait ment trop
loin: voieyseulement
quelques traits de Rodolphe
qui est le<chef
de cette haute
jlre Adaifôn ,
Rodolphe ayant
contraint a force d'armes
Ottocare à luy rendtorcearrheonrnlagc
lige, Ot- nelevoulutpromettre
,
qu'a condition
que ce seroit en particulier,
dans sa tente ,
sans
quepersonne en - témoin.
Le jour fut pris ;
Ottocare y vint avec un
habit superbe & tout
brillantdepierreries.Rodolphe
affecta den'avoir
qu'un habit simple SC
vil comme seroit ceruy
d'un Païsan, & dans lç
moment quOttocare
ainsi paré estoit à ge—:
noux devant luy les
mainsjointes, des machines
qu'il avoit fait
préparer, enleverent la&
tente, &c donnerent ce
spectacle à toute l'Armée
;cela rompit lapaix,
&. cefut dans cette seconde
guerre qu'Ottocares
fut tué par Rodolphe.
Rodolphe esant à
Cheval par un temps des
pluye,rencontraunCIUH
ré à pied portant le Viatique
à un malade ; il
delcendit de Cheval,fit
monter le Curé dessus
, & conduisït à pied dans
les boues jusqu'à la Maison
du malade
,
le Saint
Sacremenc, qu'il reconduisitde
mesme jusqu'à
l'Eglise
,
où le Curé luy
donnantla bénédiction,
luy prédit que luy & Tes:
descendans seroientEmpereurs.
En effet, 4. ans
après l'Archevêque de
Mayence luy menageat
les Electeurs,dontquelques-
uns neconsentirera
que dans la vue d'époufer
quelques-unes de les?
filles: il en avoit pour
lors six -, toutes également
belles. ,J
Rodolphe dans sa ceremonie
de son Election
, voyant que les Electeurs
failoient difficulté
deluy rendre la soy
Se hommage
, parce
qu'onavoit oubliéd'apporter
le Sceptre
,
prit
sur l'Autel le Crucifix,
&;dit:-v-oillcy le Sceptre
des Cérejïiens. Surcette
parole on rendit l'hommage
en vertu du Crucifix.
1 Rodolphevoulant ramener
à son devoirun
Comte-de Hongrie.qui
pilloit bc massacroit publiquement
--'
le fit venir
parl'entremise de ses
amis, l'ayant fait mettre
à table avec luy Se
boire dans le mesmeverre
où il avoitbû;leComte
dit:je ne doute point
apresent que je nefois en
seureté,puisquej'ay bû
avecleplus honneste homme
du monde.
Rodolphe à l'âge de
73. ansse mitenchemin
pour aller à Spire,dilànt
qu'il alloit rendre visiteauxEmpereurs
defunts.
En effet, estant
tombé malade quelques
jours après, il mourut.,
& sust enterré avec les
autres Empereurs,
Nouvelles d'Allemagne..
t Le Prince Eugene esstanspartypour
les Pays-
Bas le 6.Avril dans le tems
qu'on croyoit l'Empereur
hors de danger, reçut en
deçà de Nuremberg un
Courrier que le Comte
d'Herberstein Vice-Président
du Conseil deGuerre
luy dépeschoit, pour luy
donner avis dela mort de
l'Empereur; l'invitant en
mesme temps de retourneràVienneoù
sapresenceestoie
fortnecessaire,
Ce Prince prit dans le moment
le party de renvoyer
le Courrier,& écrivir à la
Cour qu'il avoit jugé plus
à propos pour l' interest
de la Famille Imperiale,
& pour rassurer lesMembres
de l'Empirevoisins
du pays Ennemy., de continuer
sa route vers le +
haut Rhin & non pas en
Hollande. Il s'est abouché -
avec. les Electeurs de
MayencePa,ldaeTrteviesn6cPalatin,
ausquels il avoit
depcfché des Courriers
pour se rendre incessamment
àMayence.Ce qu'on
a pu apprendre du resultat
de leur conférence se reduit
à trois points, I. D'envoyer
un Courrier à Barcelone
pour inviter l'Archiduc
de revenir incef-
(àmmeneen Allemagne.
2. De depescher des Courriers
à Berlin & à Dresde,
pour communiquer aux
Eleveurs de Saxe & de
Brandebourg les sentiments
des trois autres El<:.-.
steurs,sçavoir de differer
FeiecHon jusques après la
paix ou dumoins jusqu'à la
la fin dela campagne pour
éviter les inconvénients
qui pourroient naistre
dans une conjoncture:
aussi fâcheuse que celle où
l'on setrouvoit. 3. Que le : Prince Eugene seroic au.
torisé de disposerde l'Ar-
- méedel'Empire pour af- -
furcr la tranquillité de
l'Allemagne,&empêcher
que les Armées de France
ne profitent de cette occasson.
En exccution. de
cette resolution
,
le Prince
Eugene s'est renduàRastad
pour passeren revuë
les Troupes qui sont aux
environs., donner les ordres
qu'il jugera necessaires
pour la garde des Lignes
d'Eslingen, & faire
marcher le reste de. l'Armée
dans les endroits convenables.
Cette Armée
doitestre renforcée par les
deuxRegimens Impériaux
& par les huit Bataillons
Palatins qui avoient marché
vers l'Oder&quiestoient
destinez pour l'Ar--
înee de Neutralité. Le'
Prince Eugene après avoir
donne ses ordres sur le
Rhinestallé en Hollande
où lesEtats Généraux ont
pris la resolution de mettre
tout en usage pour
procurer laCouronne Impériale
à l'Archiduc;ayant
envuë leur propre interest.
plustost que celuy de la
Maison d'Autriche ni de
l'Empire.
L'Imperatrice Merc
qui a la Regence des Pays
hereditaires, a ordonné
quetous les hautsOfficiers -..!.
resteraient dans leurs
Charges, en attendant les,
ordres de l'Archiduc.
Le Roy Auguste ayant
appris la mort de l'Empereur,
tint Conseil dans le
moment, où il fut résolu
d'ajouster à sa qualitéd'Electeur
,
celle de Vicaire
de l'Empire,& qu'il resteroit
en Allemagne jusques
aprésl'Election d'un nouvel
Empereur. Le Chancelier
de Pologne protesta
contre cerre résolution.
L'Electeur de Brandebourg
devoit partir le 26.
May pour serendre à Cle~:
ves..
NouvellesduNord.
Les Lettres de Moscouu
du II. Mars portent que IesJ
8. le Czar assista à lapublication
de la Declaration
de la Guerre contre les
Turcs. Cette publications
sefit dans l'Eglise Metro-c
policaine
,
où le Czar se
rendit avec ses Ministres
& ceuxdes Princes étrangers.
Aprés qu'un Secretaire
d'Estat en eust fait la
lécture
,
le Patriarche fit
un Sermon sur ce sujet , ensuite dequoy leCzarsit
sa priere.
Lettre écrite de l'lae de
Metelin dans l'Anatolie
,
le 18. Février.
Dans toutes les Isles de
l'Archipel d'où je viens
, on
travaille avec beaucoup de diligence
a conflruire des Galliotes
en maniere de grands
Batteaux plats, dont lamoindre
portera deux cens hommes
avec leurs armes. Ces Bnjlimens,
ainsique tous lesautres
dontl'Armée navale du Grand
Seigneur sera composée, dataient
estre aJTemblez.. a Con.
stantinople dans le mois de
Adars. Cette Flotte qui doit;
entrer dans la Àler Noire,
fera composée de cinq cens voiles.
Lenombre desGalleresferaaudessus
de cent, trente;
celuy des Galliotes, d'environ
deux cens ; &le restestra-des
Sultanes, desSaïques
, &
iautresBaflimens.
On m'aaussi faitvoir ài
Smirne l estat des Troupes que
le Grand-Seigneur doit avoir
en
(ln Campagne. Jamais l'Empire
Ottoman n'a Ivvé une. se
-puij]unte Armée.
Les Lettres deGonffcan»'
tinople du17. Mars portentque
leGrandViziren
estoit sorti le jourprécedent
avec tous les Offi*
ciers., pour aller camper
aauuxx ; environs avecles .,- Troupes qui s'y afifeiiibloietit;
qu'il donneraAufiance
fous ses Te-rsccr-s airtc
tUMiniftres Etrangers qui Iirlonec luyfouhairer un UreLlx qvj iIne
partiraquele15, ou le .j.:&.
d'avril,& quefoiïArtillerie
ferade trente cinq,
pieces de Canon. tnH
Le Roy Auguste a fait,
publierune Ordonnance
dans laSaxe, pourleverle:
sixiémehomme.Par,ce:
moyen il formera Cuni
Corps d'environ quatorze: millehommespour b garde
desfrontières. %jsè
Ilya desLettres deCa—
minietz du iç. Mars,quii
allurent que le Kandesa
Tartares qu 'on avoit dkN
avoir estédéfait.par lest
Cosaques., continuoit
-
fairedegrands ravages le
long de la rivière d('O., cca
,'en Moscovie
, -& le long
duBoristhene, oùl'cm ne
voyoicde temps en temps
quequelques Partis Moscovites.
D'autresLettres portent
que de cette Armée
de Tartares, qui estde
deux cens mille homtne-s.,
ily en avoir une partie qui
fnarchoitvers Moscou ez
que leKan qui marchoic
avec l'autre partie dans
l'UKraine, avoitreçu des
Deputez desCosaquesqui
estoient venus Iuycicmander
saprotection
,
& offrir
de se joindre à luv\i;
qu'unaurre.Co(pde Tas ïtares
commandé par un
defils duKan^&quiavoit
joint le Palatin de Kiowie,
avoir marché versla baffe
Podolieau nombredeplus
de soixante mille hommes
;que les Mofcovirès
qui gardoient cette fro~rr~
tiere s'elloientretirez par- ,
tie versKaminietz, & partie
vers Kiowie sur le Boristhene
,& quele Grand
Visir aprésavoir demeure
vingt jours sous ses Tendtes,
iroic avec la grande
Arrr>ce joindre le Roy dit
Suedeà-Bendcr.
Lettre d'Antigue.
Le Général Parestant
rutilé depuis plus de six
mois,&ayanteu ordre de It
Reine de laisser le commandement
des Ijles Angloises à Mr
Lamilton,e qu'il n'apas voit-
Ut executer; la Chambre des
Communes de l'¡fie d'Antigus
s'estant tumultueusement assemblée,
sepresenterent che%
luypourluydemandersaCommission.
Ledit General prévc*
Mfcdelacboje} avoitfait mettre
quatre pièces de Canondirm-
ant sa maison, & assemblé
une Compagnie de Grenadiers
qui tirèrent une des piéces de
damnsur les habitants
,
lesquels
forcèrent au nombre de
trois centssur la maison :>.C?tJfllffoncerent
les portes & lesfer
nestres
, entrèrent dedans;) &
trouvèrent le General Part
une Carabine à la mainqu'il
tirasurun Capitaine de Milice
qui estoita la tesse de ces
gens attroupe, & le tua.
Lequel Generalreceuten mejl
me temps un coup de pistoletà
la cuijjc dont iltomba, &
l'assommerent ensuite.ilya
eu - quatre hovîmes de tufZ du
tDjlé des habitants ,sça voir le
Capitaine ,
deux Gen,1ilshommes
, & un Particulier,
&pde.l1a partduGénéral, lluy, quatre Grenadiers avec
plhfieurs djj b!.jfje;•£
Nouvelles ci'E[pgne.
DeSarra£oflc ! e21 Avril.
Le î{oja faitpublier un
Décret en forme de Règlement
pour le Gouvernement dù-
Royaume d'Aragon. Ce De
cret portequejusqua ce que la
Paix donne lien de formerune,
Ordonnance perpetuelle
Sa Majestéaresolu dedonne,r
au Prince de Tserclas de Tilyl
le Commandement général ,
tant civil que Militaire, de
Police&deFinance squily.
aura une Audiance composée.
dedeux Salles
,
l'unepour le
Civil, dans laquelle ilyaura
quatre Auditeurs quijugeront
Ion les anciennes Loix d'A.
ragon; l'autre pour le Criminel
,
otl. ily en aura cinq qui
jugerontJeIon lesLoix de Cà4
stille ; qu'outre ces Oiffcient
cette Atidiantr aura un President&
un Procureur General
; que le Conseil des Finances,
otttre le Presidentqui
serale CommandantGeneral,
seracomposéde huit personnes,
dent deux feront Ecclesiastiques
,deuxdeprincipaleNoblrffi
deux Gentilshommes,
& deux des plus confiderablct
Bourgeois de Sarragosse ou de
-
quelque autre Ville duRoyau*
me avècunSecretaire.
Les préparatifs pour.['ou..î
verture. de la CampagneJfont:
prejqueennerement acbevevç
Toutes les Recrues ont desja
paffél'Ebre ainsiqu'unegran*
de partie des Chevaux de re.
monte. Ily a ordrede faire
prendre Le vert aureste,pen
dantqu'on lefera prendreàla
Cavalerie qui estenCataloyo-
ne.La grosseArtillerie de- Vdliner,
dans laquelle il yaJox~
Zé gros Mortiers,doitarriver
dans trois jours & elle
partyraaujfttofl pour Lertda
avec unautre train qui esticy.
Les Lettresde Madrid
portent qu'on avoit esté
dansde grandes inquiétudesà
eaule du mauvais
etat de la santéde laRepne
;in-aisque la nouvelle
qu'ony avoit reçu qu'elle
estoit entièrement delivrée
de lafiévre double
tierce qui l'avoit reprise,
avoirbeaucoup re;cny<
Cc11es deCervera one:
appris qu'un Regiment
Ennemi compose,d'italiens
&, d'Espagnols,estoit
venu se rendre à M.r le
Marquis de Valdecanas
avec le Colonel.&tousles
autresOfficiers.CeGene*
ral avoit reçu un grand
Convoy de- coures iortes
de provision avec neuf
piècesdeCanon,& ilCe
pre'paroit àattaquer IgualadaoùJ
les Ennemis
avoienc fait rentrer une
Garnison de mille hom,
mes*
Don FelipeRamirezde
Arellano, Lieutenant Generat
,a défait prés d'Almeida.
un Party decent
cinquantePortugais qui
avoitenlevéun Troupeau
de bétail. Le Party Portugaisestoit
compp-se'decent
Cavaliers;&de cinquanteGrenadier&
Don
garnirez n'avoit quesoixante
Cavalierssans lnfanterieJla
ramènele,butin
'<]ue les Ennemie
avoient pris sans avoir
perdu.un.seul homme; il ya eu que luy quia reçu
une legere blessure;à la
jambe.
Nouvelles<de Flandre.
Le 30. AvrilMylord.
,'hlLlrlborougharriva incognitoà
Tournay.Iln'y
retta qu'un moment^&il
aila couchera Fline. (tJt,J
,r La nuit du30. au^-iv
Mayle GénéraTopequi
avoit son quartier au Chasteaud'Air
, nemarcher
dix pieces de cartondé
ceux quiestoientsur FEf-"
planadede Tournay, avec
40. Chariots d'artillerie
chargez de poudre& de
balles,& il alla joindre
sept mille hommes qui
estoient campezau Mont
de laTrinitéain si que les
Trou pes qui estoientà
SainteMaure& aux autres
Villagescircon-vioifinsô&:
toutescesTrou pes marchèrentensuite
àla sourdineversOrchies.
Ily eust
en mesme tempsunmouvement
vers le Pont à
1\1arque,.& soixante Batteaux
qui estoient sur la
Lys, ôcqui avoientordre
de remonter sur l'Efcaut*
remonterent de nouveau
versLille.
Le1.May au soir 50.
Batteaux quiéroient à Oudenarde
chargez de munitions
de bouche, arriverent
à Tournay.Leseaux
de la Scarpe estoient 'fl
.basTes que lesEnnemis fiu
j'enc obligez d'alleger
leurs'Batteaux de 7.àS;
:•JpeaSulmenelbsa.Crream£faoinrq,bueeaudc'oeuapu
parcequelesVoitures de
terre ne pouvoient passer
du costé du Village de
Coulicheoùlaterreest si
mouvante, que l'on n'y
peur faire de chetiii.
Le2..les Boulangers de
.l'arméeennemie entretentà
Tournay .;-cependant
le gros de cetteAr-
:l11ée passalaScarpe entre
«poiiay
Doüay& Pecquencourc,
,& cam pa depuis Sommais
jusqu'au Village d)Ab[.
con. -1'
Le mesme jour leCamp
de Mylordd'Albermarle
quiestoit à Mande &à
Mortagrne
,
fut renforce,
&il dévoie arriver des
Troupes au peritCamp de
Calogne ôc de Vaux commandé
parMrdeS.Clair
Gouverneur d-Audenarcte.•<
- Le 3.le Campde Mer*,
tagne marchoit pour joindre
Lt. grande Armée, à
l'exception de deux'Real.',
ments de laGarnison du
Chasteau
,
&ilestoit arrivé
au camp de Calogne
trois Regiments d'Infanterie
,
qui avec la Garnison
deS. Amand devoient
servir à escorterles Batteaux,
dontil en estoitencore
arrivé la veille à
Tournay 33. chargez de farinevenantd'Oudenarde.
Le soir du mesme jour
3. les Ennemis firentsortir
de Tournay 55. à 60.'0
pièces de gros canon& :
1 500. charettes d)Arrillè.
rie;qui prirent la route de
Lille-jpour;serendrepà
Doüay rJ & unCorps de
Troupes qui estoit campé
à Ninove arriva àBlaton.
,r Le 4"cesi11eflnesTrau..
pes se mirent en marche
pour aller joindre la grande
Armée qui avoit passé
le Scarpe.
L'Armée du Rov estoit
campée la droite au delà
deBouchain,la gauche à
Monchi Preux-, & lecentre
àOisi; ensorte que les
deux Armées n'estoient
separées que par laSensée
& par des Marais qui sont
uneespece de barriere depuis
la Scarpe jusqu'à sErs
caur. NostreCavaleries'estendoit
sur les derriercs
du calté de la Somme
pour subsister plus conu
modement. Mr leMareschal
deVillarsaprés avoir
visité le terrain-entre la
Scarpel'escaut,&l'Haisne,
faisoit travailleràdeji.
Redoutes & desRetranchements
dans lesendroits
où les Ennemis
pourroient penetrer, &il
raifoic retenir les eauxde
laScarpe, de laSensée,
à& de l'Escaut à Bouchain , Valenciennes; &àCondé..,
ce quiembarrassois
beaucouples Ennemis qui
ne pouvoient faire rémora
ter leurs Batteaux parces
rivieres que très-difficile
lenlcilr.
LeColonel Savary s'ees
tantavancé dans l'Artois
avec 45 hommes, futenveloppé,&
on le conduite
àHcidin avec tout foin
Party.
Le7.les Ennemisayant
attaqué le Poste d'Arleux
,
situésur laSensée de leur
costé;ilsseretirerent a près
avoir eu plus de trois cens
hommes tuezou blessez.
Le 9 le Major General
Chambrier qui escortoit
unConvoy de quarante
cinq Belandres qui remontoient
la Scarpeavec
deux Bataillons, l'un des
Gardes bteues,<3e l'autre
Suisse
,
faisant neuf cens
hommes
,
fut attaqué par
Mr de Permangle Commandant
de Condé à la
place de Mrde Puissegur,
entreSaintAmand & Mortagne.
Le combat fut ro-rc
opiniarre•mais quoique
Mrde Permangle n'eust
que huit cens hommes,
les Ennemis furent entierementdéfaits;
leur Commandant
fut pris, & on
brusla quarante Batteaux
de soin, d'avoine & de fa^
rines.
M 0 R T S.
Poiter, Vice-Chambelan
du Roy d'Angleterre,
estmort à S. Germain en
Lave dans sa 74e. année.
Il avoit eue envoyé du feu
Roy Jacques II. à Rome
lors de larevolution
-, ôc
ensuite Envoyéàla Cour
deFrance.• .:C,
Gillesd'Aligre,Chevalier
Seigneur deBoilkn*
dry,cy* devantConseiller
au Parlement, mourut le
12Avril âgé de 47.ans. Il
n'a point laissé de posterité
de Catherine Turgot
de S. Clair. **.
Charles le Royde Jumelles,
Marquis de Cerizy
, Chevalier de l'ordre
Militairede S. Louis,Mareschal
reschal desCamps & Armées
du Roy, mourutle
t.5. Avril. 'IlavoitcRé Envoyé
de SaMajelléattpré;
desCantons Suisses.
Marguerite le Tellier,
Epouse deLouis Nicolas
deNeusville,DucdeVilleroy
,Pair de France, Ca-.
pitaine desGardes duRoy,
LieutenantGeneral de les
> Armées, &au Gouverne-
,
ment de laVille de Lyon
&desProvincesdeLyonnois,
Forez ,& Beaujollois
, mourut le i-.Avril
dans sa 33°. année.Elle a
lailie deuxgarçons&deux
filles.
François le Fevre de
Caumartin, ChevalierSeigneur
de Mormant, mourur
sansalliancele24. Avril
âgéde 82. ans.
Laurent Berthemel
,Chevalier Seigneur deLagerk3e
de Moutreuil,
Maistre des Requestes
..,)
,mcurut aussi sansalliance
le 15.Avril.
Marie Barbe de la Croix
de Chevricr
, veuve de
Louis de Pontevez, Marquis
deBuous, Lieutenant
de Roy deProvence, mou- rutàApt en Provence le
a,~. Avrilâgée de 69. ans.
Mrle Marquis de Buous,
sonfils ,eîl Gouverneur
d'Apt, & Syndic de k*
Noblesse deProvence.
Marie-Claire deBretagne
, Abbesse de Malnouë
,
est morte âgée de
84. ans. Elle érait fille de
Claude deBretagne,Comte
de Vertus & deGoello,
Baron d'AvaLi-crour&d'lngrande
,Seigneurde Clisson
,&;Gouverneur d-z Rennes,morten 1637.
-
Jeanne-Phiberte Ca;
Hius de Pontcarré Epouse
d'Etienne Bochart, Chevalier
de Sarron ,
Presidentenla
premiereChambredesEnquêtes,
mourut
le premier Mayen sa41,
année. Elle estoit fille de
Mr de Pontcarré
, mort
Conseiller d'Honneur au
Partemenc,ôe soeur de Mr
de Pontcarré
,
premier ;
presidentau Parlement de
Itolien, & de Mr Camus
Durand
,
Conseiller au
Parlement.
La Princesse.,fille aînée
de Monsieurle Duc, de
Lorraine, nouvellement
pourvûë de l'Abbaye de
Remiremont
, mourut à
Luneville le 4. May. Son
Corpsaesté portéaux Cordeliers
de Nancy- dans le
Tombeau des Ducs de Lorraine.
r,* Marie Claude lePelletier
,
Epouse de Jacques-
Etienne Turgor, Chevalier
Seigneur de Soumont,
Bons, Ussy, Brucourt, &c.
Maistre des Requestes &
Intendant de la Generalité
de Moulins
, mourut
lej.Mjy.Elleelibir fille Je
MichellePelletier deSouzy,
Conseillerd'estat, &au,
Conseil Royal, & Directeur
General. des Fortifi-
-carions;& de feuë Marie,
GueNrin.."A ~oi sixc» Voisin,Epouse,
de Mr de Vaubourg,
Conseiller d'Estat,est mor-
,..te.!e Vendredy 8. du mois
de May agée de 44.ans
Elle estoit soeur de MrVoifin
Ministre&Secrétaire
d'Estat,& Mr de Vaubourg
est freredeMrDefmwcz,
aussiMinistre&
Controlleur General des
finances3& neveu de feu
iMrColbert. On peut juger
par là dans quelle agreable
situation se trouvoie
Me de Vaubourg
, mais son grand detac hement
des choses de ce
.monde & son austere pieté
larendoit peusensibleaux
biens, & aux honneurs.
Elleestoitmodeste auatnt
que vertueuse, & aussi aimée
de tout ceux qui la
connoissoient qu'elle aimoit
l^s pauvres pour qui
sa charitéestoit inépuisa-
ble. Me deVaubourg sa:C
se deuxenfants, un fils <3fc ;
une fille qui est veuve dtl
Mrle Marquis d'An gen>
ne,Brigadier des Armées
du Roy,eue'à:k'bataille
de Malplaquet.
Le zele des François.
pour MonseigneurleDairphin
égale leur affliction
pour la perte d'unsi grand
Prince. Le nombre des
prieres & des Services
qu'on fait pour Iuy1 estsi
grande tant à Paris que
dans les Provinces, que
toutece VolumenefufBrok
pas pour placer les mémoires
qu,'onm'e, nenvoye.
On prépare ausside
tous costez des Oraisons
Funebres. La premiere
qu'on air faite dans Parisa
este prononcée par Mr
delaPause-Margon.Quoiqu'il
ne soit âgé que de21.
an,cette Piece d'Eloquenceaestétrouvée
dignedes
Orateurs les plus consomniez
& les plus célèbres:
Mr l'Abbé de la Paufe est:
£ls de Mr de Màrgorr,
Brigadier des Armées du-
Roy de Lis-uten-aiu deRoy
de la Province de
Languedoc.
EstatdesOfficiers Généraux
, &desTroupes cjui vont
en Ejjhlgne.
LIEUTENANSGENERAUX
Guerchy.
Muret.
MARECHAUX DE CAMPArpajou.
Chastillon.
IleDuc deDuras.
Le Comte d'Estaires.
Planque.
Le Comte de Fienne
commandera ,', en Catalogne,
Mr Brancas,Gouverneur
de Gironne, y commandera
fous luy.
MARE'CHAUX DE CAMP
enSardaigne.
Tournon.
Pelleport.
C.ailus,.
Infanterie qui va en Efyagnè.-
Normandie, 3. Bataiilons.
Auvergne,
2, LaCouronne, 2
Artois)
Cinquième du Royal Artillerie,
;i Deuxième des. Bombar- diers,.• Forets,•• 2,
Angoumois,
La Marche, 2»-
Total16.
Cavaleriequi va en.EJfagnz, gne, Berry, 5
Fleches, 3
Putange, 2,
Vaudremont, 2,
Parabere, %,
Germinan, 2,
Dragons.
Bouville, 3
î3olclli,
Chatel, t
Total 2.4.
as33î-oh£n;> jti£Î
,.JQMrArR<INE. ^]>
? DuHavreleS. Avril.
-- tmw&
Le Vaisseau du Roy se
* Sephirea. prisun Vaisseau
Angiois chargé de Sucre
du Bresil, & decent cinquante
pieces de Vin de
MJderc. J&nïi &V
'"Mic~.
DeDunquerque le13.Avril
i^uon
La Renommée a pris
un Bastiment Hotiandors
chargé de Moruë
,
& la
Marie-Charlotte en a pris
unHambourgeoischargré
de Cuivre,d'Acier, d'Amidon
,& de plusieurs
autreseffets, letoutesti-
..me cent mille livres.
De la Rochelle le 16. Avril.
,t
-
La Corvette du Roy
laRenée tJ , commandée
parMr Foüilleuse,a pris à
l'abordage le Marlborough,
Corsaire de Grenezey
Le Capitaine & le
Lieutenant ont esté bieslez
à mort ,
& plusieurs
autresont eslé tuez, i&;
blessez.
DeMorlaix le 17. Avril.
MrChauvel de Jonval
a pris un Navire Anglois
de ii. canons,chargé de
plomb, d'Estain
,
de Harengs
,
de Sardines, &
d'autresMarchandises.
«
De Brestle 29. Avril.
Le Vaisseaula Couronne
de S. Malo, de huit canons,
a pris un Corsaire -de
de Grenefey
,
de dix canons,
& de 72. hommes
d'équipage.
De Cherbourg le 29.Avril.
Mr Fontaine a amene
unNavire chargé d'Orge,
qu'il a pris à la coste d'Angleterre
où l'équipage
s'est fauyé*•
De Brestle 30 -
Le Ltiz-,lnçay- a pris un
Vaisseau Anglois forti de
Cork,chargé de Froment
& d'Orge pour Lisbonne.
Mr du Tertre Daniel a
pris un Paquebot Anglois
allant à la Jamaïque.
MrChauvel de Dunval
a pris deux Bastiments
Hollandois chargez de
Pois; & un Armateur de
Dunquerque a amené un
NyavirieAnnglo.isvcharg;é de. A propos de Marine,
je vous ay donnédans le
Mercure d'Octobre Textrait
d'un procez dont je
promis le jugement qui
n'a esté rendu au Conseil
fqueadepuiis pteu..Voicy le '-
Roman, Gondol
,
&
Lati
, tous trois Matelots
Officiers du navire du departement
de Toulon, s'embarquerent à Toulon
sur unVaisseau marchand.
En faisantrouteversle
Havre de Grace, ils furent
attaquez & pris par un
Vaisseau de guerre qui les
conduisitàBaston.
Le20.Decembre1709.
on les embarqua dans un
autre Vaisseau marchand
qui partoit pour Londres
Il y avoit sur ceVainèattr
huit Anglois ; sçavoir, Ifc.
Capitaine, un Capitaine
passager, un Pilote,&cinq
Matelots.
Nos trois prisonniers
conspirerent la mort des
deux Capitaines, & du
Pilote; chacun d'eux fè
chargea de tuer son homme;
tous trois re'iiffirenr,.
&lescinqMatelotsvoyant
leurs chefs morts se soumirent
à nos trois Françoisqui
se trouverent enfin
maistres du Vaisseau
Anglois. Le 10.Janvier
IJTO. que cestrois François
se rendirent maistres
du Vaisseau ,ils faisoient
route vers la France lorsqu'ils
rencontrerentvers
Sorlingues un Armateur
de Roscoff, Armateur
François, qui voyant un
Vaisseau de la fabrique
- Angloise le reprit sur nos
François. La question estoit
de sçavoir àqui devoit
: appartenirceVaisseau.
Jugement..
Le prix a esté adjugé
moitié à l'Armateur,8è
moitiéaux trois Matelots.
Apparemment on a
prouvé dans l'instruction
du procez que les trois
Matelots se sont emparez
de bonneguerre du Vaisseau
Ennemy où on les tenoit
esclaves,&qu'ensuite
ayant arborépavillon
Ennemy
,
& l'Armateur
les ayant aussi attaquez
de bonne guerre, le Vaisseau
étoit de bonne prise
pour tous.
Mr le Comte deMalaurand
,
Lieutenant de
Roy de -laHaute&Baffe
Alsace, a presté serment
le 28. Avril àMarly.
Mercredy 20. de May
à minuit Loüis Charles
AugusteFoucquet, Comte
de Belle-Isle, Brigadier
des Armées du Roy,ôc
Mestre deCamp General
des Dragons de France,
épousaHenrietteFrançoise
de Durforr. Le Comte
de Belle-Isle est fils de
LouisFoucquet, Marquis
deBelle-Isle,&deCatherineAgnés
de Levy, & la
Demoiselle est fille de
Charles de Durfort Marquisde
Cidrac ,& d'AngeliqueMariedu
Bourdet.
Les nopces se sont faites
chez Madame laDuchesse
de Vendosme avec beau.
coup de magnificence.
Madame la Princesse &
Madame la Princesse de
Conty y assisterent.
fNOUVELLES.
NOVVELLES. r.», - -:,..¿"A '< -•- - ji prés vous avoir
donnédes Nouvelles à
l'ordinaire, j'ai cru qu'un
Journal traduit de plusieurs
Lettres Espagnoles,
feroit plaisir à ceux
qui rassemblent les morceaux
les plus curieux 6C
les plus exacts, pour
composerune fuitehifterique
des Nouvelles de
chaque espece
, ce qui
est le but principal que,,
je me suis proposé en divisant
mon Mercure en
quatre Parties; ensorte
qu'y joignant ensemble
les Nouvelles de differents
mois,on peut avoir
un Journal suivi de ce
qui s'est passé pendant
toutel'Année.
if O U R NA L
veritabledetout ce qui
s'est pajjea Madrid
de plus remarquable
depuis le 20. Aoust
1710jusqu'au 3. De-
L:,,.,( de la mesme
aSnaAnéde.,jourauquel
C. 1.H-f1.- dans
cetteCapitale.
D
és le momentqu'on
"ur appris le malheureux
JUCCCZ qu'eurent le 18.
Aoust 1710. les armes du
Roy d'Espagne à la batail- -
le de Saragosse
,
dont la
nouvelle arriva à Madrid
le 20.Aoust,chacun fut saisi
d'unetristesse profonde,
ôc la consternation fut generale
dans toute la Ville,
sur tout lorsqu'on fçucjj
avec certitude que leurs
Majestez avec toute leur
Maison se preparoient as1
en sortir pour se retirer Mi
Valladolid
, ce qui s'exe":':
cuta le 9. de Septembre aujj
matin sur le rapport qu'on
eut que les Ennemis estoient
déja aux environ
deCuença. On n'a jamais
veu dans Madrid un plus
triste spectacle
; tous les
habitants fondoient en
larmes, en voyant le départ
precipité pour ne pas
dire la fuite de leurs Majestez.
Elles furent accompagnées
dans leur malheur
de tous les Conseils,
de tous les Grands,&de
tous les Nobles, sans que
rien put les retenir, ni la
crainte de perdre leurs
biens ni l'attachement à
leurs famillesnon pasmesme
l'amour.
Je dis cecy par rapport
a un jeune Amant
Espagnol qui sacrifia son
amour au zele qu'ilavoit
pour son Roy; c'estune
avanture qui méritébien u
qu'on la raconte ayeco
toutes lès circonstances.
Je vous la donneray sé-^
parement à la suitede ces
Journal, Elle y seraà sa,£
place, puisque le retour
de Philippe V. à Madrid
en fit le dénouement
,
commeson départenembrouilla
l'intrigue.
Ilyeut plusieursDames
qui suivirent la Reine
,
les
autres leurs Maris,& celles
qui ne purent suivre se
retirerent dans des Convents
: en forte qu'il ne
resta dans Madrid ni aux
environs que quelques
Ministres rebelles qui avoient
abandonné le parti
du Roy. Le Duc de Veraguas
,
President du Conseil
& des Ordres, & Conseillerd'Estat
, mourut le
mesme jour du départ de
Sa Majesté, de douleur de
n'avoirpulasuivre,àcause
de ses grandes infirmitez.
Le nouveau Duc,sonfils,
pour ne pas differer un
moment à donner au Roy
des preuves de sa fidelité,
partit aussi-tost, & suivit
Sa MajeHé sans avoir rendu
les derniers devoirs à
son pere.
Aprés le depart de leurs
Majestez
, & de tant de
personnes considerables
,
la Ville de Madrid demeura
semblable à un desert
,
& dans une tristesse incroyable.
Le 21. de Septembre le
General Stanhope Envoyé
extraordinaire d'Angleterre
auprès de l'Archiduc
vint à l'Hostel de Ville,
pour lui demander de sa
part l'obéïssance , & sur
rheure 4. Echevins furent
députés du Corps
,
pour l'aller rendre à l'Ar..
chiducqui estoit pour lors
à Alcala d'Henares.
Sur le soir du mesme
jour21. Septembre, on publia
icy le mesme Edit qui
avoit esté publié à Sarra-
, gosse le 21. Aoust, menaçant
de punir suivanttoute
la rigueur des Loix , «
ceux qui ne voudroient
pas le reconnoistre pour
leur Souverain.
Le mesme jour on publia
encore trois autres
Edits qui furent affichés
par toute laVille. Le premier
pour retenir chacun
dans ion devoir fous peine
de la vie. Le second portoit
commandement à
tous les soldats dePhilippe
V. qui seroient encore
dans Madrid ou dans les
Hospitaux
,
de se presenter
en personneouunau-
tre pour euxdans 24. heures
fous peine de la vie.
Le troisiémeestoit un ordre
de relascher tous les
prisonniers d'Estat
, en-à
-
joignantà tous les Geolliersd'y
satisfaire.
Aprés que tous ces ordres
eurent esté donnez,
le General Stanhopeprit
son logement dans une
maisonde plaisance située
hors de la Ville, & appelléela
Floride; & sonDétachement
se campa aux
environs de la Ville surle
bord du Mançanarés.
Il y eut pendant trois
nuits quelques illuminations
dont les habitants
esteignoient une partie
pendant qu'on allumoit
l'autre, & de toures les
cloches qui devoient sonner
on en sonna fort peu
parce que tous les Sacristainssurpris
de voir arriver
tant d'heretiques, mirent
tous leurs soins à preserver
du pillage ce qu'ils
avoient de plus précieux,
ôc la Connerie fut mesme
interrompuë en quelques
endroits parce que les Anglois
pillerent jusqu'aux
cordes des cloches quand
ils ne trouvoient rien de
meilleur à prendre.
Le 22. de Septembre le
General Sranhope envoya
au Couvent de Nostre-
Dame d'Atoche un Capiraine
avec 60. Cavaliers
pour en enlever tous les
Drapeaux & Etendars que
Philippe V. avoit offerts
depuis la guerre. On les
distribua aux Soldats de
chaque Nation sur laquelle
ils avoient esté pris, particulierement
à la bataille
dAlmanza. Il les porcerent
en triomphe partoutes
les ruës decette Ville
avec autant de fierté que
s'ils les eussent remportez
d'un combat, & non pas
détachées des murs d'un
Eglise. Ils les porterent
ainsijusqu'àleurcamp qui
estoit entre Madrid&Alcala.
Ensuite les vols devinrent
si frequents dans la
Ville qu'on n'a pas cesse
un seul moment d'estre
dans la crainte d'un pillage
general.
Ce mesme jour Dom
Antonio Sanguineto que
Philippe V.avoit fait Lieutenant
Général de Police
à Madrid par interim
Jonna , par ordre du General
Stanhope unMandement
-qUi portoit qu'on
<ut à recevoir fous peine
de la vie,toutes fortes de
Monnoves , tant dans la
Ville que hors d'icelle
foit quelles fussent du,
Royaume ou estrangeres,
suivant le prix courant
dont il donnaune explication
par rapport à celles
de Portugal. ir,
Le 26. toute l'A rmée
Ennemie vint camper aux
environs de Cavillejas, &
l'Archiduc prit son logement
dans la maison de
plaisance du Comte d'Aguilar
qui n'est qu'à une
lieuë de cette Ville. Ce
mesme jour on ordonna
des illuminations par toute
laVille pour le 28. jour
que l'Archiduc choisit
pour entendre la Messe à
Nostre-Dame d'Atocha,
après laquelle accompa- 1
gné de ses Gardes,estanc
entré
entré dans la Ville par la
ruë d'Atocha, il fut le long
d'icelle jusqu'à la porte
deGuadalaxara,puis ayant
repris par la grande ruë,
il forcir par la porte d'Alcala,
& se retira à la susdite
maison de campagne, fort
mal satisfait du peu d'empressement
qu'onavoit eu
d'accourir aux endroits
par où il passoit.
Le premier Octobre il
y eut feste au Palais pour
celebrer le jour auquel
l'Archiduc entroit dans sa
27eannée: mais peu de
persnnes ,
& fort peu
connues s'y trouverent
pour luy baiserles mains.
Il y eut aussi une Assemblée
d'Alcades ou Juges
dans laquelle Dom Francisco
Alvares Guerrero
présida. Les principaux
estoient Don Joséph Sotelo,
DonAdresPinto de
- Lara
,
Don Joseph Palacios
,
Don Augustin de
Cardenas, Don Louis de
la Sevilla
, & Don Pedro
Infante. Don Pedro Zamires
y fit la fonction de
Procureur du Roy. On y
nomma 40 Huissiers ou
Sergens. On ordonna ensuite
à toutes les Dames
qui s'estoient retirées dans
des Convents,de revenir
occu perleurs mai sons
faure de , quoy on y mettroit
Garnison.
Le 4. du mesme mois
onleva leCamp de Cavillejas,
& l'armée ennemie
s'avança jusqu'au Pardo.
Ce sur alors qu'on commença
d'exiler tous ceux
qui ne furent pas trouvez
agreables au gouvernement
present, & lesaccusations
qui furent portées
àceteffet devant les Juges
contre lesfidels serviteurs
duRoyPhilippe, & contre
les François,se trouverenten
si grande quantiré
qu'ils furent obligez
de n'y pas faire l'attention
qu'en attendoient les delateurs,
pour nepas voir
la Ville depourvûë d'honnestes
gens, quoyque la
plus grande partie se fût
déjaretirée& miseà couvert
dans des aziles saj',.'
crez.
Le6. dumefme mois le
<
Marquis de Palamares fut
eslu nouveau Lieutenant
General de la Ville
,
à la
place de Don Sanguineto
Yzaias, & prit possession
decette Charge.
Le 7. on ordonna à tous
les habitants de la Ville
fous peine de la vie de faire
une déclaration exacte
de tous les Chevaux qu'ils
avoient dans leurs maisons
, pour en former un
Regiment fous le nom de
Madrid,dont on fit Colonel
Don Bonifacio Maurique
de Lara ; mais l'o.
béïssance aveugle que l'on
eust pour cetordre rigoureux
ne hit nullement recompensée,
car le General
Stanhope s'empara detous
les Chevaux sans en faire
aucun paiement. On ordonna
aussi dans le mesme
temps de lever deux Regiments
d'Infanterie
, auxquels
on donna le nom de
Tolede& deGuadalaxara;
le premier eut pour Colonel
le Comte de la Puebla
de Portugal, & l'on nomma
pour le second Don
Antonio de Villaroël, tous.
deux Lieutenans Generaux.
Le 12. on envoya une
Lettre circulaire à toutes
les Dames de qualité, portant
ordre de se rendre en
quatre jours àTolede. Il
yeneutquelquesunes qui
obéïrent, mais la plufparc
resterent chez elles.
Le 14. on commença à
monter laGarde au Palais,
& le15. on ordonna à tous
les François de sortir de la
Ville dans 24. heures fous
peine de la vie.
Le 19. Don Raimon Vilana
Piolasenvoya une
Lettre circu laire à tous les
Couvents & Superieurs
d'iceux, pour les avertir
qu'ilseussent à decouvrir
aux Juges qui feroient envoyez
, tous les biens qu'ils
tenoient cachez,& qui
appartenoient à ceux qui
avoient suivi & suivoient
actuellement le party de
PhilippeV.
Le 22. il y eut une Afsemblée
de Theologiens,
Jurisconsultes
,
& Docteurs
en Droit, pour deliberer
de se rendre maistre
de
de tout ce qui estoit retenu
caché dans les Maisons
Religieuses & Couvent.
Le resultat fut qu'il falloit
visiter partout ®istrer
jusqu'aux Tombeaux ôc
Sepultures des morts ,
à
propos de quoy DonFrancisco
Parga,Vicaire de la
Paroisse de San Gines
homme tres-attaché , au
parti du Roy Philippe,
ayant esté misau nombre
des proscrits
,
& estanc
mort sur les entrefaites,
le conseil ne laissa pas de
luy faire signifier son bannissement.
Un Espagnol qui
se trouva auprés du
Corps mort, dans le
moment que le porteur
de
*
la significationarrivoit
, luy demanda fierement
ce qu'il vouloit;
l'Argoafil dit qu'il venoit
signifîer le bannit
sementàDonFrancisco:
he par dios, dit l'Espagnol
relevant sa moustache,
vos venir tardè Ar*
goafil, D. Francisco esta
bien lexos; qui veutdire,
vousveneT^tardHmjfîer9
Don Francisco estdesja
bien loin.
Cemesme jour le nouveau
Gouverneur Don
Maurique donna un Arrest
qui declaroitentr'autres
choses que quiconque
de jour & de nuit, d'une
voix haute ou basse crieroit
Vive Philippe V. seroit
executé à mort sur le
champ.
A l'occasionde cetArrest
un Bourgeois paria
contre un autre qu il y
contreviendroit publiquement
; je parie que
nonditl'autre,& jeparie
un quadruple:non reprit
celuy-cy, je ne veux rien
parier,je gagnerayassez
en contentant mon zele;
aussi-tost il s'équipa à
peu prés en Colporteur
François, &C tenant pluheurs
imprimez fous son
bras, il marmotoit tout
bas: Arrestqui dessendà
toutespersonnes,etc. Se
quand il estoit parvenu
aux mots Vive Philippe
cinq, illes crioit de toute
sa force, en sortequ'on
n'entendoit crier que
VivePhilippe V. partout
où il passoit. Onsesaisit
de luy ; il réponditfroidement
,qu'avez vous à
me dire, je publie l'Arrest
du Gouverneur. Le
faux Colporteur reçut
force bourades , mais il
se sauva, ravi de s'estre
satisfait à si bon marché
Le 20, du mesme mois
Dom Francisco Quincozes
fit publier que tous les
gens de guerre prisonniers
ou autres qui auroient
servi dans les Troupes
de Philippe V. eussent
à se presenter dans 2,4,
heures fous peine de chastimenc
arbitraire
, & de
confiscations de leurs
biens dont l'accusateur
auroit la troisiéme partie.
Il delivra au/G les ordres
pour envoyer en exil un
grand nombre d'Ecclesiastiques
tant Seculiers que
Reguliers; & dés lesjours
suivants on bannit hors
de la Ville les PP. Blanto
& Atynila
,
Su perieurs de
l'Ordre de S. Dominique,
avec le Gardien de l'Eglise
de S. Bernard, & le Pere
Cardona de l'Ordre des
Agonisans.
Le 28. l'Armée Ennemie
changea de camp,&
vint à Villaverda
Le 29. le Confcil de Castille
s'assembla fous les
ordres du Marquisde Castillo,
Gouverneur par interim
;assisté de Don FernandoGarcia-
Bazan, de
Don Joseph Garfupcy
,
de
Don Francisco. Alvarez-
Guerrero, de Don Manuel
de Gamboa, nouveauPrefident
de laChambre
,de Don Joseph de la
Serna, en qualité de Procureur
du Roy, & de Don
Migueld'Espinosa,Secretaire
de la Chambre. On
nomma ensuite pour President
du Conseil des Finances
,Don Atanafio de
Estaripa,Evesque de Licopoli,
& pour Conseillers
Assesseurs,le Marquis de
Fuente Humosa, Don
Manuel de S. Martin &
Benavente, Dom Joseph
de Palavos,les Comtes de
Belmont & de Clavijo
Don Manuel Salcedo ôc
Morequecho, Don Sebastien
Valero- Montero
»
pour Procureur du Roy
& Don Juan Manuel de
Bargos, pour Secretaire.
On establit aussi une
Chambre de Justice & une
Chambre des Compres
3 &l'on créa pour Conseillers
dans la premiere
Don Simon llavez ,
, Don
Joseph deOmagna,Don
Miguel de Mata , Don
Juan de Soto-Maya, &
Don Francisco de Melgar;
ce dernier faisoit la fonction
de Procureur du Roy.
Les Conseillers de la
Chambre des Comtes furent
le Marquis de Cavillejas,
Don AndresdeAvila,
Don Diego de Burgos,
& Don Francisco de Sylveira,
DonPrudenico Gregorio
de la Fuente eut la
Charge de Procureur du
Rofy.
-- On forma de plus un
Conseil des Indesles Seigneurs
qui le composerent
furent Don Pedro
Gamarra & Arhaga, le
Comte de Paredes
,
Don
Zamon Portocarrero ,
Don Joseph de Hugarté
,
Dom Sancho de Castro
:J Don Joseph Escals, pour
Procureur du ROY;r& Don
Domingo Lopez- Calo,
pour Secretaire. Pour le
Conseil des Ordres, on ne
put achever de le former
entierement.
Pendant ce nouveau
gouvernement on a eu la
douleur de vo~ire
publiquement au milieu
des ruës de cette grande
Ville, des Ca lices des Patenes,
desCiboires& de
toutes sortes d'Ornements
& de Vases sacrez qui avoientesté
pillez dans nos
Eglises.
Le 2. de Novembre on
publiaunEdit portant désense
à toutes fortes de
personnes d'aller auCamp
fous peine de 200. coups
de foüet.
Le 5. la farine des Magasinspublics
ayant manque
,
aussi-bien que celle
qu'on avoit tirée des Couvenrs,
des Boulangeries,
& des maisons paniculicres
, la Ville commençaà
manquer de pain, de viande
,
de vin
,
& de toutes
fortes de poissons & de legumes
necessaires à la vie,
sans que l'on vit aucun
moyen d'y remedier
, ce
qui la reduisit à la derniere
extremité;nonobstant laquelleon
ne laissa pas d'obliger
les habitants fous
peine de trahison de porter
au Camp, pendant les
trois jours suivans, tous les
cochons, les poulets, les
legumes, & les autres choses
qui pourroient se trouver
dans la Ville.
Le 8 jour dudit mois
Don Francisco de Quincozes
fit publier trois Edirs.
Le premier que les
gens de guerre qui ne s'estoient
pas encore presentés,
eussent à le faire dans
24. heures fous peine de la
vie; & dcffcnfe à toutes
personnes de les tenir cachés,
fous les mesmes peines.
Le second portoit ordre
de luy remettre sans
délay tous les habits, les
munitions ,
poudre,balles,
& autres instrumens
de guerre , ou train d'artillerie
qui se trouveroient
dans laVille. Letroisiéme
réïteroit un autre donné
cy devant, deluy remettre
incessamment entre
les mains toutes les armes,
alfucsJ fusils ,&c.
Le 9 jour dédié à la
Sainte Vierge tous les
nouveauxConseils establis
par l'Archiduc
, reçurent
ordre de passer à Tolede.
Le II. ils se mirent tous
en marche avec l'armée
qui prit le mesme chemin
de Campozuelos.
Lemesme jour II. Novembre
,l'Archiduc estant àCompozuelos, signa de
sa main un Décret paraphé
de Don Zamon Vilana
,
& adressé au Lieutenant
General de Police à
Tolede ;
il contenoit en
substance
,
qu'ayant appris
que les. Ennemis par
leurs detestables artifices
faisoient passer pour rigoureux
le Décret par luy
rendu
rendu le 12. du mois précedent
, par lequelil estoit
enjoint & ordonné àtoutes
les femmes
, veuves,
& filles des Grands d'Er..
pagne,& de tous les Nobles
de la nation qui suivoient
le party de Philippe
V. de quitter Madrid pour
aller à Tolede
;
qu'il ordonnait,
pour marquer
fès égards pour les Dames.
de condition, que toutes
les susdites personnes qui
auroient obéi & executcr
le susdit Décret du 18. Octobre
,
peussent en toute
seureté retourner à Madrid
; sur quoy une Dame
Espagnole dit: las cortesias
tardadas intienengroeta con las
Damas: que lescourtoisies
tardives perdent leur grace
auprés des Dames.
Le n. du mesme mois
on vie paroistre aux environs
de laChapelle de
l'Ange Gardien, éloignée.
de cetteVille d'un quart
de lieuë,. un petit corps
de Troupes de Philippe
V. ce qui causa une si
grande joye que Don
Antonio Sanguineto qui
depuis le depart des Ennemis
avoit repris les fonctions
de Lieutenant General
de Police, craignant
qu'iln'en arrivât quelques
desordres, prit toutes les
précautions necessaires
dans une conjoncture si
epineuse
, ce qui luy a
merité l'approbation generale.
Enfin le 25. les deux
RegimentsdePignatelli,
& de S. Jacques, commandez
parDonFeliciano
de Bracamonte, Maréchal
de Camp, firent
leur entrée au Buen-Retiro
,
& le24. jour auquel
nostre Monarque avoic
esté proclame Roy, ils entrerent
dans Madrid par
la ruë d'A lcala, puis par
la grande ruë, passerent
par la porte de Guadalaxara,
& poursuivirent le
long de la rue Nostre-
Dame par où ilssortirent
d'Arocha, d'où ils se renidirent
à Vallejas.
Le mesme jour le Roy
confirma Don Antonio
Sanguineto dans sa Charge
de Lieutenant de Police
Le 3,, Décembre pour
de S.FrançoisXavier,Sa
M.Cfut àNostre Dame
d'Atocha sur les trois heures
aprèsmidy, ou après
avoir fait chanterle Te,
Deum, il monta àcheval
accompagnéde MrleDuc
de Vendosme des principaux
Officiers de son Armée
& de saMaison, de
tous les Nobles &Grands
duRoyaume&de ses Gardes
du Corps, il fit [ott
entréepublique
,
où le
concours du peuple fut
si grand & les marques
de joye qu'il donna si extraordinaires
,
qu'il n'est
pas facile d'en juger sainement
sans en avoir esté
le témoin oculaire.
Pendantque leRoyentroit
à Madrid, on apprit
que le 3. Décembre les
Ennemisavoiententièrement
évacuéToledele29.
Novembre5que cetteVille
qu'ils avoient choisie
pour faire leur Place d'Armes,
avoir elle abandonnée
avec tant de précipitation
, que ne pouvant
sauver les Magasinsqu'ils
avoient mis dans l'Alcaçar
& dans plusieurs maifons,
y avoient mis le feu,
& placé une meche qui
dévoie faire saurer soixante
barils de poudre, ce qui
auroit détruit ce Palais
magnifique. Mais que les
habitans y estant accourus
en diligence,avoient oste
la meche & esteint le feu ;
qu'ils furent si irritez contre
les Ennemis, qu'ils prirent
les armes & chargerent
leur arriéré garde,en
quoy ils furent secondez
par cinq cens Chevaux
III.PARTIE.
AMUSEMENS.
AVANTURE
amoureuse, dont jeviens
deparler dans le Journal
de Madrid.
*
I y avoità Madrid
un petit
vieillard Espagnol fort
passionne pour la Maison
d'Autriche,& cet
attachement n'estoit
que tres louable dans le
temps que la Maison
d'Autriche possedoit légitimement
la Couronne
d'Espagne ; ce vieillard
estoit nouveliste
de profession, non pas
de ces nouvelistes équitables
& censez que je
hante volontiers : mais
decesnouvelistes frondeurs
qui débitent leurs
prejugez malins pour
des faits averez ,
chagrins,
incrédules dans
lesévenemens avantageux
à leur Patrie; &C
triomphans d'un malheur
public qu'ils auront
deviné par hazard,
comme si c'estoit l'ouvrage
de leur politique
rafinée.
Ce petit vieillard Autrichien
avoit jette les
yeux sur un Espagnol
de sa cabale) pour marier
une hiletrèsaimablequ'il
avoit, cetEspagnol,
qui se nommoit
D.Diegueavoit gagné
le coeur du pereen luy
apprenant toujours le
premier les mauvaises
nouvelles
, en traitant
les bonnes de visions &
se déchaînant avec fureur
contre le Gouvernement
present dePhilippeV.
ensortequ'étant
venu un jour lui aprendre
la défaite de l'armee
de ce Prince, dans
la bataille deSa-ragoffe,
ce mauvais Espagnol
en fut si transporté de
joye qu'il l'embrassa
tendrement,&luy promit
déstors sa fille en
mariage pour prix d'une
si bonne.nouvelle.
Cette charmante fille
se nommoit Dorotée ,
elle estoit aussi judicieuse
que son pereestoit
entjesté. Dorotée ne se
croyoit pas si habile que
quelquesunes de nos
Dames qui decident à
present des droits &
des démêlez des Princes.
ellen'eutpris aucun
party entre l'Archiduc
& PhilippeV.sicertain
Cavalier aimable, fort
attaché à cedernier.,
ne l'eût déterminée
dans la fuite pour ce
Roy légitimé.
Un jour ce Cavalier
qu'onappelloit Don
Pedre, après toutes les
attentions dun amant
respedueux, s'étant enfin
flatté de n'estre pas
haï de Dorotée luy déclara
son amour, Dorotée
en rougit, elle baissa
les yeuX)8C ne repondit
rien, c'est ce qu'-
on peut faire de mieux
pour un amant, sur sa
première déclaration
il en fit plusieurs , autres,
ilfaloit bien en fin
qu'elle s'expliqua, elle
ne voyoit rien à desirer
en luyque dela confiance
, elle se défioit naturellement
de celle des
hommes, c'estoit son
faible; si toutes les femmes
avoient ce faible:,
illes çueriroit de bien
d'autres; Dorotee ne
put s'empêcherdédire
à Don Pedre tout ce
qu'elle craignoitlà-defsus
, il répondit à ses
craintes par des sermens
; c'est la réponse
ordinaire: il luy jura
que sa fidélité pourelle
feroit aussi inviolable
que celle qu'il avoit
pour son Roy, c'estoit
là son sermentle plus
familier. Cet Espagnol
zélé ne juroit que par
son Roy.
Dans lemomenr que
Don Pedre prononça
avec transport le nom
de Philippe V. Dorotée
s'écria tout à coup, ah
nous sommes perdus !
ensuiteelle luyditavec
douleur que ion pere
neferoic jamaisd'alliance
avec un fidele sujet
de Philippe V. ah,
Dorotée
,
s'écriat-il à j
son tour, pourquoy estes-
vous si charmante,
j'avois juré que je ne
ferois jamais nulle liaison
avec les Partisans
entêtez del'Archiduc;
il faudra donc me faire
la violence decacher à
vostre pere mon zele
pour mon Roy.
,.
cela
ne suffira pas, reprit
Dorotée en le regardant
tendrement, vous
n'obtiendrez jamais
rien de luy si vous ne
feignez. moy feindre!
reprit brusquement le
franc castillan, les deux
amans se regardèrent
quelques temps sans
rien dire. Don Pedre
ne pouvoit se resoudre
à feindre, & Dorotée
n'osoit exiger de luy
unsi grandsacrifice, ils
se quicterécfortaffligez
de l'obstacle invincible
qu'ils voyoient à leur
union,& lejurerent qu'-
aumoins rien ne les pouroit
empêcher de s'aimer
lereste de leur vie.
Quelques jours sécoulerent,&
Don Pedre
les passoit à rêver
auxmoyens dont il
pourroit user pour gagner
le pere, sans commettre
sa sincerité ; ce
vieillardn'estoit
• pas
riche, il n'avoit que le
desir des richesses, &
l'avarice estoit sa plus
force passion après celle
de reformer le Gouvernement
; nostrejeune
Espagnol avoir de
grands biens, il acheta
exprésde quelqu'un je
ne sçai quel contrat
qui le mir en liaison
d'affaire avec le vieillard,
il eut occasionpar
làdeluy faire ledétail
de les grands biens, &
deluimontrer plusieurs
contrats,tîtres & papiers,
le hazard fit qu'en
tirant d'unportefeüille
ces papiers, il s'y trouva
une lettre ouverte, où
le vieillardapperçut ces
mots. Du Campdel'archiduc
ce 20. Aouct.
Cette date estoit fraîche,
quelle amorce pour
un nouveliste!Il se jeta
sur cette lettre, qu'il
connut estre de l'écriture
d'un zélé Espagnol
rebele, qui estoitdu
Conseil secret de Stanope,
il crut fermement
par cette lettre que
Don Pedre avoir des
intelligences secrettes
dans le parti de l'Archiduc.
Don Pedre eut
beau luy protester qu'il
estoit bon Espagnol,
je ne suis point surpris,
luy dit le vieillard en
riant, qu'ayant quantité
de biens qui dépendent
du Gouvernement
prelent
, vous cachiez
avec foin vos intrigues
secretes avec ceux de
mon parti. Plus, Don
Pèdres'obstinaà paroître
ce qu'il estoit,plus
l'autre Je crut ce qu'il
desiroit qu'il fût, caril
commençoit à l'aimer
parce qu'il le voyoit
très-riche. -
Pour expliquer icy
comment cette lettre
s'estoit trouvée entre
les mains de Don Pedre
, ilfaut reprendre
son hiftoiredeplus loin,
il avoit esté destiné par
son pere à une veuve
Espagnole,nommée
Elvire, encore jeune&
belle : mais que Don
Pedre n'avoit jamais
aimée, à qui même depuis
la mort de son pere
il avoit: fait comprendre
qu'il ne pouvoir jamais
se resoudre d'encrer
dans une famille ennemie
de son Prince, &
le frere d'Elvire estoit
Colonel dans l'armée
ennemie; c'estoit justement
de luy que v£-
noit la lettre en question
: Les nouvelles que
ce frere nlandoit..ectoient
tres - mauvaises
pour Philippe V. Elvire
les montroit avec
soinà Don Pedrepour
luy persuader de s'attacher
à l'Archiduc qui
alloit estre son Souverain,
car elle estoit
persuadée que la difference
des partis estoit
le seul obstacle qui s'oppofoit
à son mariage
avec DomPedre.
Ce fidele & sincere
Espagnol se trouveicy
dans une situationbien
delicate : Elvire luy
donnoit tous les jours
par ces lettres des détails
qui l'affligeoient
beaucoup, parce qu'ils
estoient malheureux
pour son Roy: mais
ils estoient heureux
pour ton amour,car en
les faisant voir au petit
vieillard Autrichien,
il alloit obtenir de luy
Dorotée,j'eusse voulu
demander en cette occasion
à Don Pedre si
dans le fond du coeur il
souhaitoit de voir cesser
latriste cau se qui produisoit
un si bon effet,
il m'eût répondu sans
doute qu'il ne pouvoit
démêler un sentiment
si de licat à travers un
amour violent, il se
contentoit de jurer sincerement
qu'il seroitau
desespoir si l'Archiduc
depossedoit Pbilippe V.
mais s'il efloit bien aise
qu'on le crût sur sa parole,
c'est la question:
quoyqu'il en soit il fit
si bien que le pere de
Dorotée luy donna sa
parole : mais la difficulté
estoit de retirer celle
qu'il avoit donnée au
premier, il netrouvapoint
de pretexte plus
specieux pour sauver
Ton honneur que de
mettre sa fille dans un
Convent, comme siellet
eût voulu se faire Religieufe,
Don Diegue
alarmé vint se plaindre
à son beau-pere, qui
luy dit qu'en conscience
ilne pouvoit empêcher
sa fille d'embrasser
un estatoù elleestoit si
bien appellée, &' de
peur qu'on ne découvrit
le veritable motif
d'une vocation si subite
y il défenditàDon
Pedre d'aller voir Dorotée
auConvent,jusqu'à
ce que Don Diegue
sefut rengagé dans
un autre Mariage qu'il
avoit rompu pour celui-
ci, pour lors dit le
petit vieillard, ce fera
lui qui manquera de
parole & non pas moi.
Dorotée entra donc
dans le Convent [ûre
ducoeurde Don Pedre,
dont Elvire estoit prcfqne
sûre aussi, elle en
jugeoit par l'empressement
qu'elle lui voyoic
de tirerd'elle des lettres
qui lui apprenoient la
défaite de l'armée de
Philippe V. il fera bientôt
du parti du Vainqueur,
disoit-elle en
elle-même, & il m'aimera
sans doute dés
qu'il n'aura plus cet attachetachement
à Philippe
V. qui l'empêchoit
d'en avoir pour moy;
c'estainsi qu'elle se flattoit,
lors qu'une amie
quelleavoit dans le
même Couvent où estoit
Dorotée, lui dit
qu'elle avoit surpris sur
la table de cette aimable
compagne, une lettre
fort tendre,signée
DonPedre; Elviresça.
voit d'un autre côté
que D. Diegue moins
riche avoit esté congédié
par lePere avare,
sa penetration lui fit
deviner le reste, & son
caractere artificieux &
interessé lui fit former
sur tout cela un projet
qui lui réussit comme
vous allez voir.
Premièrement, elle
prit le parti de ne point
témoigner à Don Pedre
qu'elle estoit informée
de son engagement
avec Dorotée;
cet eclaircissement n'eût
rien produit, elle sçavoit
agir bien plus finement
; cette amie,
qu'elle alloit voir au
Couvent,s'y estoit retirée
parce qu'elleétoit
pauvres El vire lui promit,
pour adoucir les
chagrins de sa retraite,
une pension considerable,
si elle vouloit lui
aider à époufer le riche
Don Pedre, & elles
convinrent du rolle
qu'elles jouëroiet pour
venir à bout de leur
dessein.
Cette amie d'Elvire
estoit complaisante,
insinuante, c'estoit la
flateuse du Couvent,
il en faut bien au moins
une dans une Communauté
pour amadouer
les nouvelles venues;
elle plaisoit assez à Dorotee,
qui commençoit
à s'ennuyer destre separée
de Don Pedre,
& qui mouroitd'envie
d'avoir une confidente
pour parler au moins
de celui qu'elle ne pouvoit
voir, celle-ci n'ayant
d'autre but que
de s'attirer .cette confidence
, l'amitié fut
bien-tôt liée entr'elles,
elles ne se quittoient
plus.
Ce-tte compagne
chagrine naturellement
par la mauvaise
situation de ses assai,
res, aflfcéta de le paroître
encore davantage,
& Dorotée l'ayant un
soir pressee de lui dire
la cause de ses chagrins
helas répondit-elle,en
soupirant, les chagrins
de la plus part des
femmes sont causez par
l'inconstance des hommes
; ce mot fit quelque
impression sur le
coeur de Dorotée, qui
par hazard n'avoit
point receu ce jour la
deletrre de son amant,
enfuiré la fausse affligée
se plaignit de l'insidelité
du ifen,& fit Ltdessus
le récit d'une
avanture ajustée au Cujet,
qui tira des larmes
de Dorotée,&qui donna
occasion à l'autre de
se déchaîner contre les
hommes, & contre la
crédulité des femmes
qui osent s'y fier; comme
cette matiere fournit
beaucoup à la conversation
des Dames,
les deux amies le couchèrent
fort tard,
toutes ces idées d'inconfiance
ne laisserent
pas de troubler un peu
le sommeil de Dorotée;
elle ne vit en songe que
des inconstans & tous
ressèmbloient à celuy
dont elle avoit l'imagination
frappée; elle se
réveillaassez inquiete,
mais une lettre fort tendre
qu'elle reçut le matin
de Don Pedre la rassura,&
luy fîtcomprendre
combien il est ridicule
d'ajouter foy aux
songes.
Le lendemain Elvire
vint sçavoir au Couvent
quel progrès avoit
fait son amie, elles en
parloient ensemble lors
que Dorotée, qui ne
pouvait, plus estre un
moment sans sa confidente,
vint la chercher
au Parloir;larusée fit figne.
à Elvire de partir;
& assectant d'avoir eu
quelque dispute avec
celle qui fuyoit,ellese
leva brusquement avec
un reste de colere affeaée,
vous me voyez fâ.
chée; dit-elle à sa compagne,
mais tres fâchée
contre cette amie a qui
je voudrois bien épargner
des chagrins pareils
à ceux qui m'accablent,
elle cft aimée
d'un jeune Cavalier,
elle lui a avoue quelle
l'aimoit, elle en va faire
un infidèle,cela ne
peut lui manquer, Dorotée
eut d'abord cette
curiosité qu'une femme
a toûjours de sçavoir
l'intrigue d'un autre,
mais celle-ci lui remontra
qu'on ne doit jamais
exiger d'uneamie
le secret d'une autre amie,
parce que d'amie
en amie les secrets les
plus cachez font divulguez
par toute une
Ville, elle fit ainsi la
discrete pendant le reste
du jour, mais enfin
sur le foir elle se laissa
vaincre par la tendresse
qu'elle juroit à Dorotée,
& lui appritavec
cent circon stances étudiées
8c interessantes,
l'intrigue d'Elvire &
d'un Cavalier qu'elle
ne nommoit point d'abord
,mais après avoir
fait un portrait, dont
chaque trait de reiférnblance
perçoit le coeur
de Dorotée, elle luy
porta le coup de Poignard
en luy nommant
Don Pedre., à ce mot
Dorotée tomba presque
évanoüie, & l'au-
-
tre feignant de ne s'en
pas appercevoir lui dit
en se levant brusquement,
ah Ciel! jecroy
que j'entends sonner
rnitiait-on nes'ennuye
point avec vous, à demain
, chere amie, à
demain, je vous apprendrayqui
est ce D.
Pedre.
On peut s'imaginer
a peu prés comment
Dorotée passa la nuit,
on lui apporta le matin
une lettre de Don Pedre
, persuadée de sa
froideur, elle croyoit
la voir dans quelques
endroits moins tendres
que les autres, él ce
qu'il y avoit de plus
passionné lui paroissoit
outré par affectation,
elle ne voyoit que perfidie
enveloppée, que
trahison cachée fous des
expressions que l'amour
seul avoit diétées à cet
amant sincere, enfin
elle expliqua sa lettre
comme on explique
presque tout, selon les
idées dont on est prévenu;
elle prit d'abord
la plume pour lui faire
une réponse fulminante,
mais elle fit reflexion
que les reproches
ne font point revenir
un infidele,il n'estquession
que de se bien asseurer
s'ill'estréellement,
& de prendre
enfuire le parti de l'oublier
si l'on peut.
Dorotée avoit beaucoup
de confiance en
un valet de son pere qui
lui apportoit les lettres
de Don Pedre, c'estoit
un ancien domestique,
dune fidélité sûre,elle
le chargea d'examiner
toutes les démarches
de Don Pedre, & illui
rapporta dés le lendemain
qu'il l'avoit vû
entrer chez Elvire,
qu'il y alloit tous les
jours & cela estoit vrai,
il continuoit d'y aller
frequément pour avoir
des nouvelles comme
nous l'avons dit: Elvire
ne pouvoir sedouter
que les lettres qu'elle
fournissoit à D. Pedre
lui servissent à obtenir
Dorotée d'un Perenouveliste,
elle lui en donna
une enfin, qui portoit
qu'apréslaBataille
gagnée, l'Archiducs'avançoit
vers Madrid;
quelques jours aprés
PhilippeV.resolut d'en
sortir,& cette nouvelle
mit Don Pedre au
desespoir, il écrivit à
Dorotée tout ce qu'on
pouvoit écrire de plus
tendre la-dessus, mais
enfin il marquoit par sa
lettre: que si le Roy
quittoit Madrid il feroit
obligé de le suivre,
&cela parutàDorotée
prévenuë,une preuve
certaine del'infidelité
de D. Pedre; en lisant
cette lettre sa douleur
,.
fut si violente qu'elle
* ne put la cacher à sa
confidente, qui luy
donna pour toute consolation
son exemple à
suivre : J'ai esté trahie
comme vous, lui ditelle,
& ce n'est que par
le mépris qu'on doit se 1
venger d'un traitre.
Pendant que Dorotée
s'affligeoit,Elvirese réjoüissoitd'avoir
découvert
que sa fille de
chambre reportoit au
valet, espion de Dorotée,
tout ce qu'elle pouvoit
sçavoir de ce qui
sepassoitchez elle;elle
fit à cette fille une fausse
confidence, elle lui dit
que son mariage estoit
réf.tu avec Don Pedre,
le un jour qu'il vint
lui demander des nouvelles
,
elle ordonna
misterieusement à cette
fille de chambre de fai-
J.re venir son Notaire,
le Notaire arrivé, Elvire
le fit passerdans
* son cabinet, resta dans
sa - chambre avec Don
Pedre
,
fit sortir ses
gens, & fit enfin tout le
manége necessairepour
persuader à la fille de
chambre qu'on alloit
signer le Contrat de
mariage de Don Pedre
qu'Elvire amufoit cependant
,comme ayant
une affairepressée à terminer
avec son Notaire.
La fille de chambre
ne manqua pas
de tout raconter au
valet, & le valet affectionné
ne doutant plus
qu'Elvire & Don Pedre
ne sussent mariez
ensemble, alla porterà
8.r.téc cetre nouvelle
-qui la mit dans un
état aisé à comprendre,
mais tres difficile à dé- -dite.
Dans le temps que
L
Doret'ée s'abandonnoit
à sa douleur, Don Pedre
deson costé estoit
dans de cruelles agitations
: Le Roy devoit
partir le
-
lendemain ;
en le suivant il se dc-
- -
claroit bon Espagnol,
& par consequent ennemi
du pere de Dorotée;
il la perdoitenfin.
Dans cette extremité il
luy écrivit qu'il falloit
absolument qu'il
la pût voir ce jour-là au !
Couvent; mais par malheur
le valet qui portoit
la lettre rencontra à la
porte du Couvent le
petit vieillard, qui vint
à luy comme un fu- 1
rieux, se doutant qu'il
porportoit
comme à l'ordinaire
une lettre de
Don Pedre à sa fille,
il contraignit le valet
à lui donner la lettre,
qu'il déchira en mille
morceaux aprés avoir
battu le porteur, car ce
petit vieillard colerique
ne sepossedoit plus
depuis qu'il avoit ap- pris, des gens mêmes
de Don Pedre, qu'il
fuyoit la Domina- * tiond'Autriche en
suivant le lendemain
Philippe V. hors de
Madrid.
Ce pere, outré contre
Don Pedre, tâcha
ensuited'inspirer sa colere
à sa fille, mais
quoiqu'elle fût irritée
contre cet amant, elle
eut voulu que son pere
ne l'eût pas esté jusqu'à
jurer qu'il n'en feroit
jamais son Gendre, car
elle esperoit toûjours
de le trouver innocent,
oubliant même en certains
momens qu'ilcftoit
marié à Elvire,elle
,. J:.. ne pouvoir s în-raginer
qu'un homme si fidele
à son Roy eût pu estre
infidele à sa Maîtresse,
mais plusieurs personnes
l'affeurerent de son
malheur: Elvirevoyat
le Roy & la Reine partis
, & sçachant que
plusieurs Dames alloient
suivre leurs maris
à Valladolid, ou al..
loit la Cour, fit courir
le bruit qu'elle alloit y
suivre Don Pedre, &
prepara~t son départ
avec des circonstances
& des discours propres
à persuader à tout le
monde qu'elle estoit
mariée fecrettement à
cet époux qu'elle vouloit
suivre, elle sortit
de la Ville avec les Dames,
mais à quelques
lieuës de là elle prit la
route de Cuensa, où
son frere lui avoit écrit
de l'aller attendre dans
un petit Château qu'il
avoit de ces côtez-là,
où devoient bien-tost
arriver les Troupes de
l'Archiduc, dans lesquelles
ce frere avoit
un Regiment.
Revenons à Don Pedre,
quelques heures
avant que de partir
pour suivre le Roy, estant
fort inquiet de n'avoir
point réponse, il
alla luy-mêmeau Couveut
, voulant parler
absolument à Dorotée
pour Patfïirer de sa fidelité
pendant son abfence,
mais il rencontra
justement le vieillard
irrité, qui venoit
de donner des ordres si
precis à la Porte, qu'il
futimpossible à cetamant
desesperé de parler
à Dorotée, son uniqueressource
fut d'aller
écrire chez luy une feconde
lettre qu'il donna
à une Touriere qui
promit enfin à force
d'argent, qu'elle la
donneroit à Dorotée,
avec cette legere consolation
l'affligé Don
Pedre partit de Madrid
&: sacrifia plus à Philippe
V. en quittant
Dorotée, que tous les
Grands & les Nobles
ensemble, en quittant
leurs biens & leurs familles
pour leur Roy.
Voila donc ce tendre
amant party sans fçavoir
qu'illaissoit Dorotée
dans un desespoir
affreux
,
elle estoit
fermement persuadée
- qu'il estoit marié à Elvire,&
qu'illaméprisoit
mêmejusqu'au
point de n'avoir pas
daigné luy écrire une
lettre, car vous sçavez
que la premiere a esté
déchirée par le vieillard
mutin
,
à l'égard de la
seconde, cette Touriere
,qui connoissoit la
compagne de Dorotée
pour estre son intime
amie & sa confidente,
n'élira point à luy avoüer
qu'elle avoit une
lettre pour elle, elle
l'avoit déjà prévenuë
sur tout ce qu'il faloit
qu'elle fçût, elle lui dit
la larme à l'oeil, car elle
avoit les larmesàcommandement
, que sa
pauvre amie estoitdans
un si grand accablej
ment qu'il faloit bien
se garder de luy donner
sîtost cette lettre, elle
l'ouvrit ensuite 1
,
la lut
& la déchira, comme
par un excès de colcre 1
contre Don Pedre, en s'écriant, hon j que
les,.
hommes sontperfides!
il faut épargner à mon |
amie la douleur de lire
de fausses excuses qui
font pour une femme
plus cruelles que Tofsense
memejtout cela
parut si naturel à la
Touriere, qu'elle répondit
naïvement, hélas
vous avez bien raison,
il ne faut pas seulement
dire à vôtre amie
que j'ay receu cette lettre
pour elle.
Après cecy la confidente
scelerate ne pensa
plus qu'à faire oublier
Don PedreàDorotée
: mais a tout ce qu'ellepouvoit dire
contre luy, Dorotée répondoic
seulement, ah
je le hais trop pour l'oublier;
en effet elle pensoit
à luy nuit & jour,
croyant le haïr, l'avoir
en horreur: mais elle
n'avoit en horreur que
sa trahison.
Pendant qu'elle se
défoloitainsi, Don Pedre
dit à Don Diegue
qu'elleavoiechangé de
vocation, & il la retira
du Couvent pour rernoucrce
mariage,cetftoit
dans le temps que [fArchiduc arrivoit à
Madrid5 deux jours
aprés son arrivée, il y
eût de grandes réjoüiffanceschezquelquesEs
pagnols Partisans dela
Maison d)Autriche, nôtrevieillard,
leplus zelé
de tousjdonnaungrand
*
souper, &dit à safille
qu'il faloit quelle en fit
les honneurs avec Don
Diegue qui alloit estre
son époux. Ces mot
prononcez par un per
terrible, àrquiellen'oJ
foit feulement répon-1
dre, la saisirent viverl
ment: il ne manquoit
plus à sa douleur que
la presence de Don
Diegue, & il arriva.
Quelle situation pour
elle d'estreplacée auprès
de luy dansun fcltin
où tour le monde la
felicitoit de ce qui alloit
faire son fuplicejon
parla des le lendemain
deconclurece mariage.
Elviré avertie de tout
par son amie du Couvent,
à qui Dorotée
contoit tous les jours
ses malheurs,alloit estre
au comble de sa joye,
cest-a-dire que Dorotée
alloitestre sacrifiée
à Don Diegue, lorsque
tout à coup les affaires
changèrent de face en
Espagne: le bruit courut
que TArchiduç à
son tour alloit quitter
Madrid: ce fut un coup
terrible pour le vieillard
Autrichien, qui
tomba malade à cette
premiere nouvelle: A
mesure que les affaires
de l'Archiduc empiroient,
le petit vieillard
déperissoit; enfin
quatrevingt-cinq ans
qu'ilavoir, & le départ
de l'Archiduc le firent
mourir:Secette mort
affligeaautant Dorotée
que si elle ne l'eût pas - délivrée d'un mariage
odieux,
Sitoftqu'elle fut maitresse
de son fort, elle
resolut de donner à un -
couvent le peu de bien
qu'elle avoit, & d'y
passer le reste de ses
jours qu'elle contoit devoir
~cftre fort cours,
puis qu'elle avoit perdu
Don Pedre:elle estoit
dans cette triste resolution
quinze jours après
la more de son pere, &
feule avec une fillede
chambre, à quielleracontait,
peuteftre pour
la centiéme fois, latrahison
de ce perfide.
Quelle fut sa surprise
quand elle le vit encrer;
il ne fut pas moins furpris
qu'elle, car en arrivant
deValladolid avec
le Roy, il avoit couru
droit chwZ le pere pour
~tafther de le fléchir:
Le hazard voulut qu'il
trouva les portes ouvertes,
& qu'il entra
d'abord dans une fale
tendue de noir,où estoit
Dorotée en deuil. Frapé
de ce fpdacle il estoit
relié immobile: Dorotée
croyant qu'il ve- - noit luy faire de mauvassesexcuses
dece quiL'estoitmarié,
fut d'abord
saisie d'ind ignation,
puis transportée
d'une colere si violente
qu'clle éclata malgré sa
modération naturelle:
elle joignit aux noms
de perfide & de traitre
des reproches où il ne
comprenoit rien, car ils
rouloient sur un mariage
&;- sur des circonstances
dont il n'avait
nulle idée; il pensa
que peutêtreTalffidion
auroit pu alterer son
bon sens: enfin sa colere
finit comme celle
de toutes les femmes,
quand elle a elle allumée
par l'amour; leur
colcre s'épuise en in j ures,
il ne leur reste que
les pleurs & la tendres
se : Dorotée fondit en
larmes, Don Pedrene
put retenir les siennes,
& je sens que je pleurerois
peutestre aussi en
écrivant cette sene, si
je ne sçavois que le dénouëment
en fera heureux;
il se fit par un
éclaircissement qui ennuyeroit
le Lecteur ,
mais qui nennuya pas
à coup seur nos deux
Amans; comme rien ne
s'opposoit plus à leur
union,ils furent si transportez
de plaisir
,
qu'ils
oublièrent de pester
contre l'artificieuse Elvire
, & sa fourbe compagne.
Elles furent asfez
punies quand elles
apprirent le mariage
de Dorotée & de Don.
Pedre.
CHANSONS. pLusieurs personnes
ont pretendu que
l'ancienneté de quelquesunes
de mes Chan..
fons devoit les exclure
d'un livre destiné aux
nouveautez ,
je les ay
retranchées avec docilité
, cette même docilité
m'oblige de contenter
d'autres personnes
qui m'en redemandent,
si quelqu'un me conseille
dans la fuite de
n'en plus donner, peutestre
ferai- je encore docile,
je voudrois pourtant
bien qu'on me laissa
la liberté de mettre
à : couvert de l'oubly
quantitéde petits morceaux
qui se perdront
aisément dans mes porte-
feüilles & dans ma
memoire. Quoyque la
Chanson suivante ne
soit
foit pas nouvelle, on
la sçaitpourtant fort
mal, puifqu'on l'a estropiée
chez Ballard;
la voici en original avec
deux Couplets nouveaux.
Chanson à boire.
w
T JL E Vin nous faitparler&
le Vin nous
fait taire,
Le silence à longs traits
s'avale avec le Vin,
Et le caquetse trouve au
fond du verre,
Dés quon le voit onjaze
comme une commere
De la v01fineduvoisIn;
De la cousine ~& du coufin,
Du galand homme ~&
dusaquin,
Et d'Alexandre, &
d'Arlequin,
De Jupiter si) de Catin,
JÎditu pudeur, adieu
pnyeere.,
Vite, vîte, vue> pour
me faire taire
Remprjfè'Z.J mon verre,
On ne dit mot pendant
qu'on boit,
Le vin m'a faitparler,
& le vinmafait
taire.
Couplet nouveau.
LF Vin nousfaitparler
~st) le Vin nous
fait taire,
Lors qu'à table un (Çavant
s apperçoit a propos
Quun esprit naturel va
le confondre,
S'ily répond par boire,
il rij peut mieux
répondre,
jMiais si*buvant plu*
qzlil ne faut,
Il veut prouver par de
grands mots
Que les modernes sont
des fOss,
Qjie les anciens sont
sans deffaut,
Que tour les secrets du
tres-baut
Sont developpez dans
Homtre
,
Viste, viste, viste, pour
le faire taire
Remplissezson verre,
Qu'il a d'esprit pendant
qu'il boit,
Le Vin l'a faitparler,
& le Fin le fait taire.
Couplet nouveau. -
LE Vin nom faitparler&
le Vinnous
fait taire,
En fi/cnee une prude, à
petits coups, boira,
Mau sivousremplißez
souvent son verre,
LaCharité bien-tost
émeutsa bile amere,
Par Zjele pur elledira:
!¿y'en Mariage celle-là
à son Mary rien
n'apporta,
Qtie cependant ce Marylà
Tient d'elle tout le bien
qu'il a,
Puisque par elle il le tira
D'unriche noble dont le
Pere ,
Viste,viste ,t'{}if/e,pour
la faire taire,
HemplifleZj son verre,
On ne médit point quand
on boit,
Le Vin l'a fait parler,
&le Vtn l'a fait taire.
IM PROMPTU
Anacreontique, fait
aumois deMay de
cette année qui fut si
seconde en Hannetons,
le second Couplet
est nouveau.
Sur la Sarabande de
l'Inconnu.
L Es hannetons cornmencent
aparoistre,
Ces étourdis, Philis , troublent nosJI ux;
Voyez-vous croistre
Leurnombreaffreux:
Pour les chasser faites
voler contre eux -
Tous les amours que vos
jeuxontfaitnaistre.
Réponse de Philis. cEs Hannetons,Tirfis,
qu'onvoit
paroi/Ire
M'ont dérobé tes regards
amoureux;
Helas Çent~ê;rey
Présageaffreux,
Verrat-je aussi s'envoler
avec eux
Le tendre amourqu'en
toncoeurj'aifait
naistre.
L'ANONIME
BUKLESUE
Sur l'Air ,
Reveillez
- vous
belle endormie. REveillez-vous,Seigne--
u--r- *M» e- rcure,
Réveillez^ vostre amy
Lecteur;
Serieuse litterature
Endort le Public &
l'Auteur.
~3L~
Vou4devencTjtrop Philosophe,
Chantez sur v:9'tre premier
ton.
Si vous donnez solide
étoffe,
Eguayez au moins la
façon.
1
Réponse.
Selon l'étoffe qu'on luy
donne,
Mercure ajuste safaçon
ji sa muse grave, ou
boufonne,
Le Public doit donner le
ton.
En effet, Seigneur
Anonime, envoyezmoy
poësies gaillardes,
eruditions badines, caprices
folâtres, joyeux
sujets d'historiettes, je
mettrai le tout joyeusement
en oeuvre.
Reveillez,''vous
,
cher
Anonime,
C'est vostresommeil qui
m'endort,
Pourpeu que voflre feu
m'anime,
Va tout, (sr je cave au
plUl fort.
AUTRE ANONYME
PLAINTIF. C'Omme un triste ber-
- ger, pour la cruelle
chaAmnintet.ersa
plainte.
Si /<?/&- les échos d'alentour
Sont sourds aux fons
plantifs que forme
son amour.
uiirji l'Auteur gronde
6" murmure
Quand l'echo du Mereu-,
re (siJ'ourd.
Je vous entens à demy
mot, je fuis Auteur
comme vous.
VAuteur toutfier desa
parure,
En se presentant au
Mercure,
Comme la coquette au
miroir,
Dans le moment voudroit
s'y voir.
Mais si je ne me presse
pas assez de placer son
Ouvrage, c'est peur-être
parce qu'il s'cft trop
pressé de l'envoyer;
peut-être le sujet en est
trop sérieux; peut-être
est-iltrop gaillard;
peut-être enfin est-ce
sa faute, peut-être
aussi est-ce la mienne,
qui a tort a tort,
oublions le passé, &
eftabliffons pour l'avenir
un commerce plus
régulier,recomi-nenços
sur nouveauxfraisJene
mets rien ici de ce qu'on
m'a envoyé les mois
passez,n'en parlons plus
cela est trop vieux, je
voudrois mêmedonner
une forme nouvelle au
badinage de celui-cy,
pour bouts rimez, par
exemple: toutes les rimes
en ique & en ac:
qui sont dans Riche-
Ici.
Au lieu de réponse
à des Questions, je demande
des Conseils.
CONSEILS.
Que confeilleriezvous
a un mari qui aime
trop sa femme pour
s'en separer,mais qui
ne l'aime pas assez pour
souffrir toutes ses im-
, pertinences.
On peut aussi donner
ceconseil à la femme,
car les maris sont encore
plus insuportables.
CONSEIL.
Que conseillezvous -a un gouteux qui ne
trouve du plaisir qu'à
boire, & qui ne couffre
que quand ilà bu?
Theses à soutenir contre
lesidéesesta blies.
Je souciens qu'un brave
homme doit avoir
peur.
Séconde These.
Je soutiens qu'on doit
dire Invino mendacium
plutost que In 't)jno VIritas.
ENIGME
NOUVELLE.
pOur remplir un certain
vuide
Précaution m'aposté
Prés d'un réduit où refide
L'Agentde la volupté;
Sans moy dans ce réduit
oùcertain Dieupréside
L'ennemisubtilentreroit,
L'amy du coeur ensortiroit
Sije rien gardois bien la
porte:
Mais helas un brutal,
pourtant industrieux,
Joignant l'effort a£art^
me chasse avec main
forte
Dece poste delicieux,
Sonfermefaitune bief sure,
Je cede
,
il faut enfin
contenterson desir ,
Alors un bruit de bon
augure,
S'il estsuivi d'un doux
murmure,
Aufripon qui me force
annonce auplaisir.
Il me vient d'arriver
quelques nouvelles que
je ne puis plus placer
icy,parce que la seconde
Partie, que j'ay
deftinéeaux nouvelles,
n'est pas à la fin du
Mercure, c'est un desfaut,
& l'ordre que je
croy le plus convenable
, & que j'observeray
dans la fuite.
Litterature. 1. Partie.
Amusemens. 11. Partie.
Pieces Fugitives, III.
Partie.
Nouvelles. IV. Partie.
MERCURE
IV. PARTIE.
PIECES FUGITIVES.
APPLICATION
D'uneMetamorphose
d'Ovide, à laprise de
Gironne,sous le nom
de Maurice& de Gironde.
vers les bords du prochain
rivage,
A l'abry des Monts escarpez
Je vois une Nymphe volagc>
Rire de ses Amans trompez
Gironde fille de Prothée,
Par leur plus tendre effort
ne pûc estre arrestée,
Habile à s'en débarasser,
En Lis ils lavirent changer,
Devenuë Aigle ensuite
,
elle fut dégagée,
Des mains qui croyoient
l'embrasser
Du Guerrier qui la trouve
belle,
Mille desirs secrets ont
échaufé le sein.
Et la Gloire a part au
dessein,
De fixercecoeurinfidelle,
Maurice plein d'ardeur
court au sacré Vallon,
Où sur son entreprise il
consulte Apollon, Tu dois t'attendre à mille
obstacles
, Dit le Dieu clair-voyant,
mais c'est pour tes pareils,
Que le Ciel garde ses Miracles.
Ose tour,& fuis mes conseils,
Avant que la saison nouvelle.
Permette un courslibre aux
Nochers,
Surprend cette Beauté rebelle,
Endormie entre sept Rochers.
Alors qu'elle se fasse, ou
Lyonneou Tygresse,
Qu'elle se change eneaux,
en feux,
Point de relâche, insiste
,
presse
, Qui sçait estre constant à
la fin est heureux,
Maurice marche à longue
traites
,
Envjn pour en troubler le
couts ,
Mille noirs Chevres pieds
ont quitté leurs retraites,
Qu'ils partagent avec les
Ours,
Au premier bruit la Nymphe
alerte
Du Heros medite la perte ,
Mil- éclairs partent de ses
yeux,
Mais c'est en vain, qu'elle
fulmine
-
En vain de sa fureurl'éclat8L
Imperueux,
Fait mugir les échos deJa
rivevoisine,
Maurice n'est pas moins ,
ardent,audacieux,
Gironde par ce témeraire)
Voyant de son courroux le
feupeurespecté,
Confie à l'Element contraire,
Et sa Gloire& sa liberté.
La jeune & timide Nayade,
Qojjn Satyre pour suit de pris
Jamais fous tant de flots ne
cacha ses attraits,
Et la plus humide Plcyade,
Jamais d'un tel torrent n'innonda
les Guerets,
Mais en eau vainement fon-
-
due:
Sans qu'Elle ébranle le
Heros,
A sa premiere forme elle
estenfinrendue,
Et luy fait entendre ces
mots:
Redoute un desespoir fu-
,jar
neste,
Garde - toy d'abuser du
désordre ou je fuis,
Fais grace à mes derniers
réduits,
Et jet'abandonne lereste.
Maurice nesçait pastriompher
à demy,
La Nymphe en dépit d'Elle
admire,
La valeur de son ennemy,
Ellerougit,elle fou pire,
Enfin elle s'écrie en luy
rendant la main,
De ton ardeur confiante on
ne peut se deffendre,
Mais sans doute l'effortqui
me
force à me rendre,
N'etoit pas un effort ht^
main.
LE R. P. -D.C**.
àMonsieurEstienne;
Libraire de Paris.
MonsieurEstienne,eh !ne - m'imprimez pas.
Au nom de Dieu quartier.
Monsieur Estienne,
Jamais en rien, vous le sçavez,
hêlas!
Ne vous fis tort au moins
qu'il me souvienne,
Et si l'ay fait encor, posez le
cas,
Gardezvous bien que rancune
vous tienne
Les rancuniers sont mal
menezlàbas
Si nevoulez que tel mal
vousavienne
Pardonnez-moy d'une ame
bien chrestienne,
Monsieur Estienne
,
ch !
ne m'imprimez pas.
Je sçai qu'en l'art de bien
:.' mouler un Livre,
Vous égalez ces Estiennes
fameux,
Que vous comptez au rang
devosayeux,
Etqui dans vous, commençant
a revivre,
Nous font trouver dans un
de leurs neveux:
Ce que leur siecle a tant
loué dans eux,
Mais quand bien même en
dépitdela Parque,
Pour m'imprimer revenant.
sur leurs pas,
Ils se pourroient échapper
dela Barque,
Où tous mortels vont après
leurs trépas,
Fust-ce Robert, ou fust ce
Charles Estienne,
Je leur dirois toûjours la
même Antienne,
Monsieur Estienne
3
ch !
ne m'imprimez pas,
Ne croyez pas qu'un
chagrin myfantrope
} Me fasse icy le prendre sur
ce ton ,
J'aime lagloireenenfant
d'Helicon:
Mais tel souvent aprés elle
galope,
Dont le Pegase à chaque
moment chope,
Et qu'elle suïc comme on
fuït un larron;
Je la connois, j'ay fait son
Horoscope,
Quand on dit oüy, la quinteuse
ditnon.
Or s'il vous plaist en pareil
accessoire
Irois-je faire uu procès à la
gloire?
Procès sur quoi? d'ailleurs
c'estun grand cas
Sipar Procès la Dame s'aprivoife
:
Mais faisons mieux & pour
éviter noise
Monsieur Estienne, eh ! ne ,.. m'imprimez pas.
Vous me direz, cela vous
plaistàdire,
Je icai le cas qu'on fait de
vos écrits
Les ay souventoüipriser &
lire
Par maints Quidans soidisans
beaux esprits,
La presse est grande à se les
faire écrire,
Or mieux vaudroient moulez
quemanuscrits.
Graces vous rend de vostre
courtoisie:
Car c'est de vous que parc
le compliment,
Honteux seroit de mentir
si crument
Amon profit, de vousc'est
ambrosie,
Que je savoure assez benignement
:
Mais que mes Vers soient
bonne, marchandise
Comme Preschez; ou de
mauvais alloy,
Comme entre-nous me le
paroissàamoy,
Quand seroit vray qu'à
Paris on les prise,
Ne laisserois de vous dire
tout bas
Pour des raisonsque trouverez
de mise
Monsieur Estienne,eh!
nem'imprimezpas.
Quelque parfaitque
puisse estre un Ouvrage
En l'imprimant on luy fait
mauvais tour,
Presque toujours il en reçoit
dommage
Maint en ay vû se hâler au
grand jour
Sur quoi Couvent à par moy
- je recole
Petit écrit donné fous le
manceau
Qu'on se dérobe& qui
vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre
du Marteau,
Fut-il mauvais nous paroist
toujours beau
Et pour l'avois on ne plaint
la pistole.
Qujl cesse d'estre & secret
&nouveau
On n'en voudra débourser
un obole.
-
J'ay ce Sonnet, mon voisin
ne l'a pas,
Voilà par où le Sonnet m'a
sçu plaire
Ce point de vue en fait le
grand appas; Est-il public; n'en fait on
plusmystere
Il perd son , sel, deslors il
tombe à bas:
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Vers manuscritssouffrent
des négligences
Qu'a , vers moulez on ne
pardonne pas,
Dans les premiers on les
nommelicence,
Làtouts'excuse& se parte
au gros sas;
Dans les seconds la moindre
tache est crime
Point de quartier de la part
d'un Icétcur
Qui sur le tour ,
la cadence
& larime
Ne fait jamais nulle grace à
l'Auteur;
Tant que mes Vers fous
la simple écriture,
N'estanr moulez ni reliez en
veau;
Dans les réduits iront ingnito
Pour eux ne crains de fà.
cheuse avanture;
Lapitié seule en dépit des
matins
Garantira ces pauvres orphelins
Deî'cotfp*cte bec: mais sur
vostre boutique
Si me mettiez jamais en
rang d'oignon,
Point ne seroit de petit
compagnon,
Point de Gnmault qui ne
me fit la nique;
Tels en sçavez qu'on a mis
en beaux draps;
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Dés qu'àParison affiche
un Ouvrage,
C'estletossin que l'on fortne
surluy;
Gens du mêtier à qui tout
fait ombrage
,
Et toujours prests à donner
sur autruy , Pour l'accablcr l'attendant
au passage,
Nouvel Auteur qui se met
sur les rangs,
A son début doit compter s'ilestsage
De bien payer àses petits
Tyrans
Sa bien-venuë & son apprentissage.
Pour les lauriers, & la gloire,&
l'encens,
Qu'aux fiens Phoebus assigne
pour tout gage,
Qu'il ne prétende cfuc:.ad;
mis à partage;
Leur partensouffre, & c'cfi
selonleur sens
Soupe de pain qu'on ôte à
leur potage:
Sur ce pied là, que de gens
sur les bras!
Leur tenir teste & montrer
bon visage
Scroit le mieux,si j'avois du
courage
Mais il me manque, & je
crains les combats.
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
,
è;Ë ,; Je le vois bien, contre toute
avanture
L'espoir flateur du débit
vous rassure;
Car encor bien que soyez
gracieux
Point ne croiray
,
foit dit
sans vous déplaire
Qu'alliez-vous mettre en
frais pour mes beaux yeux?
Si lefaisiez ne seriez bon
Libraire:
Mais s'il advient, comme
tout se peur faire
Que mes écrits par un triste
destin,
De la boutiqueaillentau
magasin,
Et que delà moisis dans la
poussieee,
Ils soient enfin livrez à la
., beurriere,
Ettousen blocvendus pour
un douzain,
Qien diriez-vous? Ce fcroit
bien le pire,
Vous en seriez pour nombre
de Ducats;
Er quant à moy je n'en ferois
que rire
En vous disans avois-jetort
helas!
Monsieur Estienne,eh! ne
m'imprimez pas.
Mais supposons contre tou-
.!1 te apparence
Que lesditsVers,puisqu'ainsivo1usleplaist
Par lafaveur dune heureuse
influence
Seront prisez, & vendus,
qui plus est ;
Je ne dis pas que ne soit
quelquechose
,
Force écrivainss'en contenteroient
bien,
Et puis de gloire une petite
dose,
Chez les Rimeurs ne gasta
jamais rien:
Mais croyez-vous,quoiquel'Ouvrage
plaise
Que l'on n'ait rien d'aill,eurs
à discuter,
Et que auteur en soit pils
à son aise?
Ay vû , pour moy ,
bien
des gens en douter;
Maints en connois qu'on a
menez bienroides,
Et comme on dit plus viste
que le pas;
Chat échaudé, croyezmoy
,
craint l'eau froide.
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Pour ces raisons
,
& pour
bien d'autrescauses
Que sur ce point je pourrois
alleguer,
Mes petits Vers resteront
lettrescloses
Et vous plaira ne les point
divulguer,
De mon vivant ne les vcut
voir paraître,
Quand seray mort alors serez
le maure:
Si demandez quand sera,
vous diray
Que ce sera le plus tardque
pourray.
Vous convient donc un bien
petitattendre,
Et vous prendrez, je croy , le tout en gré;
Ne voudriez que je m'allasse
pendre C ij
Pour abreger, au moins rien
n'en feray,
Si le comptiez, compteriez
sans vostre hôte;
Mais moy deffunt je fuis à
vous sans faute
Prenez mes Vers, faites en
vos choux gras,
Force fera de souffrir ce
martyre,
Parce qu'alors ne pourray
plus vous dire
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
Réponse de Mercure sur
la Requeste de Monsieur
Estienne.
En mon Bureau, lisois
avec besicles
Requeste en Vers, Re.
queste par Articles,
Dont chaque article aq,'
oit écrit au bas
Monsieur Estienne, eh !
nemimprimez, pas.
Lors une ivluft & modeste&
timide,
Consine ou Soeur
,
de la
Mused'Ovide,
En rougissantvint me
diretoutbas,
Seigneur Mercure, eh !
ne m'imprimezpas.
e)Ë~
Muse, luj dis-je, onpeut
-
voussatisfaire,
QuunfroidAuteur vienne
dire au contraire,
Imprimez- moy; cesi là
monembarras,
J'ayme bienmieux
,
eh!
ne m'imprimez pas.
Voyons pourtant quelle
Musevous estes,
Chanteriez-vous Amour
ensesgoguettes,
Ou bien Bacchus éguayant
un repas ?
Peut-estre,mais chut, ne
rnlmprlmez,pas.
J'ayfait ces Vers,continua
la Musl,
Que vous li(eZ: don ttout
Paris s'amuse;
Je les dictay3 mais les
dictaytoutbas
A cil qui dit, chut, ne
m'1imprimez pas.
Beaucoup me plaistpareille
retenuë,
Luy dis-je
y
maissi-tost Il qu'on vousavûë
Onestpartropferu devos
appas
Pour enson coeur ne vous
imprimer pas.
Je vois en vous,certain
feu qui petille
,
Vous mepiaisez, par fyotre
humeurgentille,
Priez, criez, ne mécha•
perezpas,
Must,
mafoy vouspoejjè*
rezle pas.
Êuitc des Pjeaumest^on
• adonnezdansMercure
du mois pasâ.
- ODE
Tiréedu Pleaume^o^
Qui habitatin adjutorio Alpijjimk
cEluy qui mettra sa vie, Souslagardedu 1-res.ha1 ut.•*
Repoussera de l'envie
Le plus dangereux assaut ; Ildira , Dieu formidable
a'
C'est à ton bras redoutable,
Quemon destin est remis;
[Mes jours sont ta propre
cause
Et c'estcoy seul, que j'op,-
pose
A mes jaloux
-
ennemis.
Pour moy dans ce seul azile,
* - Par lesescours tout- puîilssans,
J~ brave l'orgüeil sterile
#
De mes rivaux fremissans;
En vain leur fureur m'assiége,
Sa justice rompt lepiége
De ces chasseursobstinez;
Elle confond leur adreffci
Et garantit ma foiblesse
De leurs dards empoisonez.
Ostroyqueces coeurs feroces
Comblent de crainte &
dennuy;
Contre leurs complots atroces,
Ne cherche point d'autre
appuy;
Quela verité propice
Soit contre leur artifice
Ton plusinvincible mur;
Que ton aîle turelaire
Contre leur âprecolere,
Soit ton rempart le plus sûr.
Ct9
Ainsi méprisant l'atteinte
De leurs traits les plus perçants,
Du froid poison de la crainte
Tu verras ces jours exempt
Soit que le jour sur la terre
Du noir démon de la guerre
Vienne éclairer les fureurs;
Ou soit que la nuit obscure
Répande dans la nature
Ses ténébreuses horreurs.
Mais que vois-je! Quels
abismes
S'entrouvenrautour de
moy?
Quel délugedevictimes
S'offre à mes yeux pleins
d'effroy?
Quelle épouventablc imagr,
De morts,de fane3 de carnage,
Frappe mes regards tremblans
?
Et quelsglaives invisibles
Deviennent de coups si
terribles
,
Ces corps passes & sanglans?
Mon coeur fois en assurance;
Dieu se souvient de ta foy,
Les fléaux de sa vengeance
N'approcheront point de
toy.
Le justeest invulnerable,
De son bonheur immuable
Les Anges sont les garands.
Et toûjours leurs mains propices,
A travers les précipices
Conduisent les pas errans.
Dans les routes ambiguës
Du bois le moins frequenté,
Parmi les ronces aiguës,
Il chemine en liberté,
Nulobstacle ne l'arreste,
Ses pieds écrasentla teste
Du dragon & de l'aspic;
Il affront: avec courage
La dent du lion sauvage
Et les , yeux du basilic.
Si quelques vaines foiblesses
Troublent les jours triomphans,
Il se souvent des promesses
Que Dieu fait à ses cnfans.
Aceluyqui m'est fidelle,
Dit la Sagesse éternelle,
J'assureray mes secours,
Je raffermiray sa voye,
Et dans destorrens de joyc
Je fcray couler ses jours.
Dans sesfortunes diverses,
Je viendray toûjours àluy,
Je feray dans ses traverses
Son inseparable appuy;
Je le combleray d'années
Paisibles&fortunées,
Je beniray ses desseins,
Il vivra dans ma memoire,
Et partagera la gloire,
Que je reserve à mes Saints.
ODE
Tirée du Pseaume96.
Dominus regnavit
,
cxultet
terra.
P euples élevez vos concerts,
Pouffcz des cris de joye&
des chants de victoire;
Voicy le Dieu de lUnivers,
Qui vient faire éclater son +
triomphe & sa gloire.
ïk
La justice & la vérité
Servent de fondement à son
- trôneterrible.
Une profonde humilité
Aux regards des mortels se
rend inaccessible.
Les éclairs, les feux devorans,
Font luire devant luy leur
flammeétincelante,
Et ses ennemis expirans,
Laissentde leur suppliceune
trace sanglante.
Pleine d'horreur & de
refpeâr,
La terre a tressaiily sur son
antique voûte,
Les monts fondus à son
afpe<5ty
Creusent pour séchaper
une brûlante route.
De les jugemens.redou-.
tez
Les Cieux, les justes Cieux
ontesté les Minières,
Et les méchans épouvantez
Ont vu de son courroux les
épreuves sinistres.
Soyez à jamais confondus.
Adorateurs impurs de profanes
idoles,
Vous qui par des voeux
deffendus,
Honorez de vos mains les
ouvrages frivoles.
Anges sacrez, divins EUprits,
Adorez à jamais ces marques
de sa gloire;
Peuples élûs, mortels
chéris,
Confcrvez de son noml'éternelle
mémoire.
C'est ce Dieu qui du haut
des Cieux)
De l'Univers entier réglant
les destinées,
Voit brifer les fragiles
dieux,
Jouets infortunez des vents
& des armées.
Vous qui vivez selon les
Loix,
Méprifezdesméchans
,
la
haine & l'artifice;
Ccluy qui fût trembler
les Rois,
Détournera sur eux les traits
de leurmalice-
Guidez par les vives
clartez,
Vous marcherez sans trouble
au milieu des tenebres ;
La gloire& les felicitez
Feront compter vos jours
entre les jours celebres.
%"J- 3s
Que lesbienfaits de l'Eternel
Soient à jamais gravez dans
le coeur desfîdelles,
Et qu'un hommage solemnel
, Fasse éclater par tout ses
grandeurs immortelles.
ODE
Tirée du Pseaume119.
Ad Dominum cum tribularer
clamanji.
Dans ces jours destinez aux
larmes,
Où mesennemis en fureur,
Aiguifoient contre moy
les armes
De l'imposture & del'erreur;
Lorsqu'une coupable licence
Empoisonnoit mon innocence
, Le
Le Seigneur fut mon seul
recours; J'imploray sa toute Puissance,
Et sa main vint à mon recours.
zz
O Dieu qui punis les outrages
Que reçoit l'humblevérité,
Vange toy ,
détruis les ouvrages
De ces lèvres d'iniquité,
Et confonds cet homme
parjure
,
Dontla bouche non moins
impure,
Public avec legereté
Les mensongesque l'imposture
Invente avec malignité.
~&
Quel rempart, quelle autre
barriere,
Pourra deffendre l'innocent
Contre la fraude meurtrière
De l'impic adroit & puissant?
Sa langue elt la flèche asserée
Qui part & frappe en un
mOlnent;
C'estun feu leger dés l'cntreeJ
Que fuit un long embrasement.
Helas! dans quel climat sauvage
Ay je si longtemps habité?
Quel exil! quel affreux rivage!
Quelsasyles d'impiété
!
Cédar, où la fourbe &
l'envie
Contre ma vertu poursuivie
,
Se déchaînèrent si longtemps
;
A quels mauvx onit leivré ma Tessacrileges habitans?
~&
J'ignore la trame invifiblc
De leurs pernicieux forfaits;
Je vivois tranquille lxpai.
sible
Chezlesennemis dela paix,
Et lors qu'exempt d'inquiétude,
Je faisois mon unique étude
De ce qui pouvoit les flater,
Leur détestable ingratitude
S'armoit pour me persecuter.
ODE
Tirée du Pseaume 48,
jiiïditt hAc omnes gentes.
Qu'auxacccensde mavoix
la terre seréveille,
Grands) soyez attentifs,
Peuples, ouvrez l'oreille,
Que l'Univers se taise, & me
laisse par ler,
Mes chants vont seconder
lesefforts dema lyre,
L'Esprit Saint me pénétre,
il m'échauffe & m'infpirc
Les grandesveritez que je
vais reveler.
L'homme en sa propre force
amis saconfiance,
Yvre de ses grandeurs&de
son opulence,
L'éclat de sa fortune enfle
savanité;
Mais au moment terrible,au
jour épouvantable,
Où la mort laissera ce malheureux
coupable,
Toutchargé des liens de
son iniquité,
Que deviendront alors,répondez,
grands dumonde,
Que deviendrontces biens,
où vôtreespoir se fonde,
Et dont vous étalez l'or,
güeilleuse moisson?
Sujets,amis, parens, tout
deviendra sterile,
Et dans ce jour fatal1 homme
à l'homme inutile,
Nepaye point à Dieu le prix
desa Rançon.
Unavide héritiertransporte
d'allegrcfïe,
Engloutit à l'instant toute
cette richesse,
Ces Terres, ces Palais de vos
nomsannoblis;
Et que vous reste-t'il en ca
momens extrêmes?
Un sepulcre funebre,où vos
noms , ,
où vous-memes
Dans l'éternelle nuit ferez
ensevelis.
Leshommes ébloüis de leurs
honneurs frivoles,
Et de leurs vains flateurs
écoutans les paroles,
Ont de ces veritez perdu le
souvenir,
, Pareils aux animaux farouches
& stupides,
Les loix de leur instinctsont
-
leurs uniques guides,
Et pour eux le present paroît
sans avenir.
Dans un temps ou
tous les Princes de TEnîpire
ont peut-être des,
interests, & des vûës,
différentes sur l'élection
d'un Empereur
,
& lors
que tout le monde effc
attentif à un événement
si important au repos de
l'Europe, j'aycrû que
chacun feroit bien-aise
de trouver icy la Bulle
d'Or, pièce absolument
necessaire à ceux qui
veulent avoir quelque
connoissancedes affaires
d'Allemagne.
Une Dame, jeune,
jolie,mignonne & fort
parce, monta l'autre jour
avecempressement dans
son garde-meuble , où
je la trouvay fort occupée
à remuer un tas de
gros Livres poudreux&
moisis
,
qui navoient
point vu le jour depuis
qu'elle estoit au monde:
Si vous me trouvez icy
moy-même, me dit-elle,
en me - voyant entrer,
cest que mes gens font
si sots qu'ils n'ont pû
trouver un Livre, ou
l'on ma dit qu'étoit la
Bulle d'Or. Je veux lire
laBulled'Or, tvlonÍieur;
car la Bulle d'Or est à
la mode. Je n'en fuis pas
surpris, luy répondis-je,.
car Bulle d'Or estun petit
mot fort joly, & un
joly mot suffit pour donner
de la curiosié aux
Dames;cependant assise
sur ce tas de Livres, elle
en feuilletoit un gros,
qui pesoit bien trente
livres. Il me parut qu'un
Mercure Galant luy siéroit
mieux à la main qu'-
un gros in folio sur ses
genoux: je mets icy la
Bulle d'Or en faveur de
cette DaIne» 6c peutêtre
de plusieurs autres , qui sanssçavoir de quoy -
il s'agit se demandent
l'une à l'autre: AvcZ-.
mous vû la Bulle d'Or?
comme elles se demandoient
il y a deux mois :
ji'veT^yous vu" Rhadarnijle?
BULLED'OR.
/lunom de lasainte c3- indivisible
Trinité. Ainsisoit-il. cH ARLES par la grace
de Dieu Empereur des
Romains, toujours Auguste
& Roy de Boheme ; à la mémoire
perpetuelle de lamofc-"
Tout Royaume divisé en foimême
fera desolé : & parce
que Ces Princes Ce sont faits
compagnons de voleurs, Dieu
a répandu parmi eux un esprit
d'étourdissement & de veritige
, afin qu'ils marchent
comme à tâtons enpleinmidi
d£nïcme<Jues'ils-efloient au
milieudesténèbres ; il a osté
leurs chandeliers du lieu où
ils estoient,afin qu'ils soient
aveugles & conducteurs d'aveugles.
Et en effet, ceux qui
marchent dans l'obscurité Ce
heurtent; &c'est dans la division
que les aveuglesdtpten..
dement commettentdes mê'.
chancetez. Dis, Orguëil,
comment aurois-tu regné en Lucifer, si tu n'avois appelle laDissention à ton secours?
Dis, Satan envieux commënt
aurois-tuchassé Adam du Paradis
, si tune l'avois détourné
de l'obéïssance qu'il devoit
à son Createur? Dis, Colere,
comment aurois-tu détruit la
Republique Romaine,situne
t'etois servi de laDivision
pour animerPompée.& Jules
à une guerre intestine
,
l'une
çpnçre l'autre; Dis, Luxure,
comment aurois-tu ruiné les
Troyens
,
si tu n'avois separé
Helened'avec sonMary? Mais
toi,Envie,combien de foist'éstuefforcée
de ruiner par laditvHion
l'Empire Chrestien que
Dieu a fondé sur les trois Vertus
Theologales, la Foi,l'Esperance,
&la Charité
, comme sur,unefainteindivisible
Trinité,vomissant le vieux
venin de la dissention parmi
lessept Electeurs, qui sontles
colomnes & les principaux
Membres du saint Empire,
fc par l'éclat defquçls le saint
Empire doit estreéclairé,
Icomme-e, par sept flalnbea'Ux'¡
dont la lumiere elt fortiifés
par l'union dessept Dons du
Saint-Esprit? C'est pourquoy
estant obligez ,tant à cause
du devoir quenousimpose la
Dignité Imperiale dont nous
sommesrevêtus; que pour
maintenirnostreDroit d'Elec.
tear entant que Roy de Bohême
,
d'aller au-devant desdangereufes
suites que les divisions&
dissentions poudroient
faire naître à l'avenir entre les
ËJë&eùrsdont noussommes
dunombre;Nous, àprésavoir
tnetirement délibéréen fioifoè
Cour& Assemblée solemnelle
de Nurenrberg
, en presence
detousles Princes Elecmn.
5 Eccelesiastiques &: Seculiers,
& autresPrinces, COIntes,
Barons, Seigneurs, Gentilshommes,
& Villes, éstant
assis dansle Trône Imperial,
revestu des Habits, Impériaux,
.aveC" les ornemens en main
Il laCouronne sur la telle,
par laplenitudedelaPuissançe
Imperiale,avons fait &publie
parcet Editferme&irrevocable
les Loix suivantes
,
pour cultiver l'unionentre les
fcie&eurs
5
établiruneforme
d'Election unanime, &fermertout
cheminà cette divijinn
detestable&aux dangers
extrêmes quila suivent. Don-
- né l'andu Seigneur mille trois
cent cinquante-six
,
li-ididionneuviéme
le dixiéme Janvier,
de nostre regne le dixieme
,
te de nostre Empirele cond. tond.
ARTICLE PREMIEK,
-
Commenté*farquiUsEleftcufs
, doivent efireconduitsau Ikté
oùsefera l'Election du ROf
des Romains. -'- NOUS declarons & ordonnons
par le present
EdIt Impérial, qui durera
éternellement, de nôtre cer.
taine Science, pleine Puissance,
& Autorité Inlperiale)
Que toutes les fois qu'il arrivera
à l'avenir necessité ou
occasion d'élire un Roy des
Romains pour être Empereur,
& que les Ele&p^irs^'
suivant l'ancienne & louable
coustume
, auront à faire
voyage au sujet de telleElection,
chaquePrince Electeur
fera obligé en étant requis,
de faire conduire &escorter
{ùrçlpcnt & sans fraude par ses
Pays,Terres&lieux,&plus
loin même s'il peut, tous
ses co-Electeurs ou leurs Députez,
vers laVille où l'Election
se devra faire, tant en
allant qu'en retournant; sous
peinede parjure, &: deperdre
( mais pour cette foisseulement
) la voix &: le suffrage
qu'il devoit avoir dans
cette Election,déclarant celui
ou ceux qui se serontrendus
encecinegligens ou rebelles
avoir encouru dés-lors lesdites
peines, sans qu'il foie
besoin d'autre Déclaration
que la Presente.
§. 2. Nous ordonnons de
plus, & mandons à tous les
autres Princes qui tiennent
desFiefs du saint Empire ROH
main, quelque nom qu'ils
puissent avoir;comme aussi
à tous Comtes, Barons, Gens
de guerre & Vassaux
, tant
Nobles que non Nobles, Bourgeois & Communautés
de Bourgs,deVilles &dè
tous autres lieux du saint Empire,
qu'ils ayent ,
lorsqu'il
s'agira de procéder à l'Election
d'un Roi des Romains
pourêtreEmpereur,àcon8c
sans fraude, comme il a
estédit, par leurs Territoires
&:. ailleurs ,le plus loin qu'il
se pourra, chaque Prince
Electeur,oulesDéputez qu'il
envoyera àl'Election ,pour
lesquels aussi bien que pour
lui il leur aura demande ou
a aucun d'eux tel sauf-conduit
; '&-en cas que quelqu'un
ait la présomption de contrevenir
à nostre presenteOrdonnance,
qu'il encoure aussi
toutes les peines suivantes :
sçavoir
, en casde contravention
par les Princes, Comtes,
Barons,Gentilshommes, Gens
de guerre & Vassaux
,
la peine
de parjure, & la privation
de tous les Fiefs qu'ils tiennent
dusaint Empire Romaia
&de tousautres quelconque;
comme aussi de toutesleurs
autres possessionsdequelque
nature qu'elles soienn! Età
l'égard des Communautez &£
Bourgeois contrevenans àce
que dessus
,
qu'ils soient aum
reputez parjures, & qu'avec
cela ils soient privez de tous
les Droits
,
Libertez, Privileges
&: Graces qu'ils ont obtenuës
du. saint Empire, ôc
encourent en leurs Personnes
& en leurs biens, le Banc ÔC
la proscription Imperiale ;&
c'est pourquoy nous les privons
dés-à- present, comme
pour lors, le cas arrivant, de
tous Droits quelconques. Permettons
aussi à tous& un
chacun de courte fus aux
proscrits& de les attaquer,
offenser Se outrager impunémentd'autorité
privée ,sans
pour ce demander autre permiïïibri
des Magistrats,ny
avoirà craindre aucune pum-*
tion de la part de l'Empire ,
ou de quelqu'autre que ce
soit, attendu que lesdits prof.
crits font convaincus du crime
de felonie envers la Republique,
l'Etat &: la Dignité du
saint Empire, & même contre
leur honneur & leur salut ,
ayant méprisé temerairement
èc comme rebelles, desobéïssans
&traîtres, une chose si
importante au bien public.
- §. 3. Nous ordonnons
mandons aussi aux Bourgeois
de toutes les Villes, & aux
Communautez, de vendreou
faire vendre à chaque Electeur
ouà leurs Deputez pour
l'Election, tant en allant qu'en
retournant, à prixraisonnable
& sans fraude, les vivres
&: autres choses dont ils aiiront
besoin pour eux & pour
ceux de leur fuite;le tout fous
les mêmes peines ci
-
dessus
mentionnées à l'égard desdits
Bourgeois & Communautez
,
que nous declarons par eux
encouruës de fait.
§. 4. Que si quelque Prince,
Comte, Baron, Homme de
guerre, Vassal Noble ou Inoble,
Bourgeois ou Communauté
de Villes, estoit assez
temeraire pour apporter quel*
que empêchement ou tendre
quelques embûches aux
teurs ou à leurs Deputez allant
pour l'Election d'un Roy
des Romainsou en revenant,
&les attaquer, offenser ou inquieter
en leurs perfonncs
eu en celles de leurs domestiques
, suite
, ou même en
leurséquipages, soit qu'ils
eussent demandé le fau£-cor&-
duit ordinaire
,
soit qu'ils
n'eussent pas jugé à propos de
le demander:Nous déclarons
celuy-là& tous ses complices,
avoir encouru de fait les susdites
peines, felon la qualité
des personnes
,
ainsi qu'il est
ci-dessus marque.
§. 5. Et même si un Prince
Electeuravoit quelqueinimitié
,
différentou procésavec
quelqu'unde ses Collègues>
cette querelle ne le doit point
empêcher de donner,enestant
requis,laditeconduite ôcef*
corte à l'autre ou à ses Députcz
pour ladite Elçéhop
,
à
peine de parjure & de perdre
sa voix en l'Election pour cette
fois-làseulement,comme ii.g
,esté dit ci-dessus.
§.6.Commeaussi,silesautres
Princes, Comtes, Barons,
Gens de guerre, Vaflfauî*
Nobles,& Inobles,Bourgeois
&: Communautez des-Ville$
vouloient du malà quelque
Electeur ou à plusieurs
, ou
s'il y avoirquelque diiïerenç
ou guerre entr'eux, ils ne laisferont
pas,sans contradiction
pu fraude aucune,deconduire
al' d'escorterle Prince Electeur,
ou lesPrinces Electeurs
ou leurs Députez ,foit en
allant au lieu où se devrafaire
l'Election, foit en s'en retournant
, s'ils veulent éviter les
peines dont ils font menacez
par cet Edit, lesquelles ils
encourront de fait au même
temps qu'ils en useront ment.¡;' autre-
§: 7. Et pour une plus gran- defermeté, & plus ample
assurance de toutes les choses
ci-dessusmentionnées ,Nous
voulons & ordonnons, Que
tous & chacun les Princes
Electeurs & autres Princes,
Comtes
,
Barons,Nobles
Villes; ou leurs Communautez,
promettent par Lettres ,
&par Serment toutes lesdites
choses
, & qu'ils s'obligent
de bonne foy & sans fraude
de les accomplir , &c mettre
en effet ; & que quiconque
refusera de donner telles Lettres,
encoure defait les peines
ordonnées, pour estre executées
contre les refufans
,
selon
la £ondizinii des personnes.
§. 8. Que si quelque Prince
Electeur ou autre Prince
relevantde l'Empire
,
de quelque
qualité ou condition qu'ii soit, Comtes
,
Barons ou
Gentilhommes, leursSuccesfeursou
Heritiers tenans des
Fiefs du saint Empire
,
refu*-
soit d'accomplir nos Ordonnances
6c Loix Impériales cidessus
ôc ci-aprés écrites, ou qu'il
qu'il eût la presomption d'y
contrevenir ,
liceftunrElec*
teur , que dés-lors ses Coélecteurs
l'excluënt dorenavant
de leur Société,& qu'il soit
privé de savoix pour l'Election
&de la place, de la Dignité
& du Droit de P rince Elec., ,
teur ; & qu'il ne soit point
investi des Fiefs qu'il tiendra
du saint Empire Et si c'efl;
quelqu'autre Princeou
Gentilhomme (comme il a
esté dit ) quicontrevienne
àces mêmes Loix, qu'il ne
foit. point non plus investi
de Fiefs qu'il peut tenir de
l'Empire, oudequi quece
soitqu'il les tienne, &cependant
,qu'ilencoure dés-lors
lesmêmepeinespersonnelles
c§i-d.cElius tspécifiées. 1; encore quehîous
entendions & ordonnonsque
tous les Princes, Comtes,
Barons, Gentils- h01îlmeS:,
Gens deguerre, Vassaux; VisJ.
les & Communautez soient
obligezindifferemment de
donner ladite escorte Se. conduite
à chaque Electeur ou
à ses Deputez, comme il a
esté dit;Nous avons toutesfois
estimé à propos d'assigner
à chaque Electeur une escorte
& des conducteurs particuliers,
selonles pays & leslieux
où il aura à passer,comme il
se verra plus amplement par
ce qui fuit.
§.io. Premierement, le
Roy deBohemeArchiéchançon
du SaintEmpire, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence,parlesEvêquesde
Bamberg &de Virtzbourg,
par les Bourgraves de Nuremberg
, par ceux de Hohenloë,
deVertheim, de Bruneck &
de Hanau, &. par les Villesde
Nuremberg
,
de Rotembourg,
&deW indesteim.
- ii. L'Archevêque de
Cologne Archichancelier du
saint Empire en Italie, sera
conduit par desArchevêques
de Mayence & de Tréves,par
le Comte Palatin du Rhin^
par le LandgravedeHesse,
parlesComtes de Catzenellenbogen
,
de NafTaw ,
de
Dierz
,
d'Issembourg de
Westerbourg
-1
de Runc KC^r,
de Limbourg & de Falckenstein
,
& par les Villes de wetzlar
, de Geylnhaufen & de
Fridberg. ---»
§. 12. L'Archevêque de
Tréves Archichancelier du
saint Empire dans lesGaules
& au Royaume d'Arles, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence, par les Comtes Palatin
du Rhin, par lesComtes
de Spanheim & de Veldens,
par les Bourgraves&Wildgraves
de Nassavv, d'!ffem.L
bourg, de Westerbourg, de
deRanckel
,
de Limbourg, de Dietz
,
deCatzenellebogon
,
d'Eppenstein& de Falckenstein
,&parlaVille de
Mayence.
- v,$. 14Le Comte Palatin du
Rhin Archimaîtredu saint
Empire, fera conduit par
l'Archevêque de Mayence.
§. 14. Le Duc de Saxe Archimarêchal
du saint Empire,
seraconduit par le Roi de
Bohême, les Archevêques de
Mayence &: de Magdebourg,
les Evêques de Bamberg 8c
de Wirtzbourg, le Marquis
de Misnie, le Langravede
Hesse, les Abbez de Fulden
& de Hirchsfelt
,
les Bouc*-
graves de Nuremberg
, ceux
de Hohenloë,de Wertheim, de Bruneck
,
de Hanau)'cS¿: de
Falckenstein ; commeaussipar
les Villesd'Erford,Mulhausen
,, Nuremberg
, Rotembourg
&: Windesheim.
§«1j.Et tousceuxvieQ^•
nent d'estre nommez seront
pareillement tenus de conduire
le Marquis de BrandebEourgmArchpichanicerlieer
d.u s.
: §. 16.Voulons en outre,&
ordonnons expressément que
chaque Prince Electeur qui
voudra avoir tel sauf-conduit
&i escorte, le fasse duëment
sçavoir à ceux par lesquelsil
voudra estre conduit& escorté
,
leur indiquant le chemin
qu'il prendra; afin que
ceux qui font ordonnezpour
ladite conduite, & qui en auront
esté ainsi requis, s'y puissent
preparer commodement
& assez à temps. : §.17. Declarons toutefois,
jque les presentes Constitutions
faites àú sujet'deladittè
conduite,doivent estre entenduës,
en forte que chacun
dessus-nommez , ou toutau-*
tre qui n'a pas peut-êtreesté
ci-dessus dénommé à qui dans
le cas susdit il arrivera d'efirè
requis de fournir ladite con.
duite & escorte, foit obligé
de la donner dans ses Terres
& Pays feulement
, & même
au de-là, si loin qu'il le pourra,
le tout sans fraude, fous
lmes peineés cie- desssus e.xpri* • $. 18. Mandons & Ordonnons
de plus, que l'Archevê^
que de
-
Mayence qui tiendri
alors leSiege, envoye ses Let:..
tres Patentes par Couriers êxprés,
à chacundesditsaut4:ci
Princes Electeurs Ecclesiastiques
6c Seculiers
,
ses CoHejot
gues , pour leur intimer ladite
Election
; & que dans ces
Lettres soit exprimé le jour
& le terme dans lequel vraisemblablemeut
elles pourront
estre renduës à chacun deces
Princes.
§. 19. Ces Lettrescontiendront,
que dans trois mois, à
compter du jour qui y feraexr
primé, tous & chacun les
Princes Electeurs ayent à fit
rendre à Francfort sur leMein
en personne
, ou à y envoyer
leurs Ambassadeurs
, par eux
autentiquement autorisez &
munis de Procuration valable,
• iîgnée de leur main &: scellée
de leur grand Sceau,pourproceder
ceder à l'Election d'un Roy
des Romains futur Empereur.
§. 20. Or comment & en
quelle forme ces fortes de
Lettresdoivent estre dressées,
&quelle solemnité y doitestre
observée inviolablement, &e;i
quelle forme & maniere les
Princes Electeurs auront à
dresser&faire leurs Pouvoirs,
Mandemens 8>C Procurations
pour les Députez qu'ilsvoudront
envoyer à l'Election;
cela se trouvera plus clairement
exprimé à la fin de la
présente Ordonnance;laquelleforme
en cet endroit prescrite,
Ordonnons de nostre
pleine Puissance &: Autorité
Imperiale, estreen tout &:
par tout observée.
§..il. QiiFind les choses
serontvenuës à cepoint,que
la nouvellecertaine de lamort
.dç l'Empereur ouduRoydes
Romains sera arrivéedansle
Diocese de Mayence, Nous
commandons ôç ordonnons,
que dés-lors
,
dans l'espace
d'un mois, àcompter du jour
de l'avis reçu de cette piort
l'Archevêque de Mayence par
sesLettres Patentes en donne
part aux autres Princes Electeurs
, & fasse l'intimation
dontilest ci-dessusparlé. Que
il par hasard cet Archevêque
négligeoit ouapportoit de la
lenteur à faire ladite intimation
,
alors les autres Princes
Electeurs, de leurpropremouvement,
sans mêmeetreàpgellez
, & par lafidelité avec laquelle
ils sont obligez d'assisterle
saint Empire
,
se rendront
dans trois mois( ainsi
qu'il aesté dit) en ladite Ville
cleFrancfort, pour élire un
Roy des Romains futur Empereur.
§. il. Or chacun des Princes
Electeurs ou ses Ambassadeurs
, ne pourront entrer
dans le temps de ladite Election
en ladite Ville de Francfort
,qu'avec deux cent chevaux
feulement, parmi lesquels
il pourra y avoir cin-
; quante Cavaliers armez, ou
moins s'il veut, mais non pas
davantage.
§. 2 3. Le Prince Electeur
ainsi appellé & invité à cette
.Election^ & n'yvenant t\-s
ou n'y envoyantpasks Anibai--
sadeurs avec ses Lettres Patentes
scellées de son grand
Sceau, contenant un plein,
libre&entier pouvoir d'élire
un RoydesRomains, ou bien y
estant venu ou y ayant envoyé à
son deffaut les Ambassadeurs,
si ensuitelemême Prince
ou lesdits Ambassadeurs se
retiroient du lieu de l'Election
avant que le Roy desRomainsfutur
Empereur eust
esté élû) & sans avoir substituésolemnellement&
latRë
un, Procureur legitime, afin
d'y agir pour ce que dessus
,
que pour cette fois il soit privé
de sa voix pour l'^Icjfbion
& du Droit qu'il y avoit §c
(Ju'il aainsi abandonné.
§. 24. Enjoignons &mandons
aussiauxBourgeois de
Francfort, qu'en vertu du Serment
que Nous voulons qu'ils
prêtentàcette fin sur les fuints
Evangiles, ils ayent à proteger&
a"defféndCfe avec tout
foin,fidélité &vigilance,tous
nlees rParli,nces Elet-i-etirs en ge- &unchacund'eux en
particulier ; ensemble leurs
gens ,
<k chacun .desdeux
crnc Cavaliers qu'ils auront
amenez en laditeVille
, contre
toute insulte &attaque,
en cas qu'il arrivast quelque
dispute ou querelle entr'eux
,
&: ce envers &: contre tous; à faute de quoy encourront
la peine .de parjure, avec p?rte
de tous leurs Droits,Libertez,
Graces & Indults
qu'ils tiennent ou pourront
tenirduSaint Empire : & serontdésaussi-
tost mis avec
leurs Personnes & tous leurs
bièns
, au Banc Imperial: Et
dés-lors comme dés-à-prefent
, il fera loisible à tout
Homme de sa propre autorité
, sans estre obligé de recourirà
aucun Magistrat, d'attaquer
impunément ces inemes
Bourgeois, que nous privons
en ce cas dés-à-present
comme pour lors de tout
Droit, comme traîtres, infidelles
& rebelles à l'Empire ;
sans que ceux qui les attaqueront
pour ce sujet en doivent
apprehender,aucune punition
de la part du saintEmpire,ou
d'aucune autre-,par , §.25.Deplus, lesdits Bourgeoisde
laVille de Francfort
n'introduiront & ne permettront
fous quelque pretexte
que ce soit, de laisser entrer
en leur Ville aucun Etranger,
de quelque condition ou qualité
qu'il puisse estre, pendant
tout le temps qu'on procedera
à l'Election, à l'exception seulement
des Princes Electeurs,
leurs Deputez ou Procureurs,
chacun desquels pourra faire
entrer deux cent chevaux,
comme il a esté dit.
§. 16. Mais si après l'entrée
des mêmes Electeurs il se
trouvoit dans la Ville ou en
leur presence quelqueEtranger,
lesdits Bourgeoisen conséquence
du Serment qu'ils
aurontprêté pour ce sujet en
vertu de la presence Ordonnance
sur les saints Evangiles (comme il a esté ci -devant
marqué ) feront obligez de les'
faire sortir incontinent êc sans
retardement, fous les mêmes
peines ci-dessus prononcées
contre eux.
i>
Article II.
De l'Election du Roy des
ROrIJains.
§. I.APRE's que les Electeurs
ou leurs Plenipotentiaires
auront r1au leurs
entrées en la Ville de Francfort
, ils se transporteront le
lendemain du grand matin en
l'Eglise de Saint Barthelemy
Apôtre, &: là ils feront chanter
la Messe du Saint-Esprit,
&: yassisteront tous jusqu'à la
fin; afin que le même Saint-
Esprit éclairant leurs coeurs,
& répandant en eux la lumiere
de sa Vertu
,
ils puissent
estre fortifiez de son secours
pour élire Roy des Romains &
futur Empereur
, un Ho11me
juste, bon, &utile pour le salut
duPeuple Chrestien.
§. 2. Aussi-tost aprèsla Messe
, tous les Electeurs ou Plenipotentiairess'approcheront
de l'Autel où la Mené clé aura celebrée ; & là les Princes
Elèâréuri Ecclesiastiques,
l'Evangile de Saint Jean In
principio erat Verbum'dfcJ
estantexposée devant eux ,
mettront leurs mains avec reverence
sur la poitrine, & les
Princes Electeurs toucheront
réellement de leurs mains ledit
Evangile;àquoy tous avec
toute leur Famille assisteront
non-armez. Et alors l'Archevêque
de Mayence leur presentera
la forme du Serment;
& luy avec eux,&: eux ou les
Plenipotentiaires des absens
avec luy, prêteront le Serment
en cette maniere.
5* 3. Je N. Archevêque de
Mayence, Archichancelier du
Saint Empire en Allemagne &
Prince Electeur , jure sur ctf
SiilntsEvangilesky mis devant
moy , par la Foy avec laquelle je
suisobligé à Dieu dr au Saint
Empire Romain, que selon tout:
mon discernement, &jugement,
avec l'aide de Dieu
,
je veux élire
un Chef temporel auPeuple
Chrestien, c'est-à-dire un Roy
des Romains futur Empereur,
qui soit digne de l'estre autant
que par mon discernement &
mon jugement je le pourray connoistre
; ,& sur la même Foy je
donneray ma voix &monsuffrage
en ladite Election, sans aucun
pactenyesperance d'interest,
de récompense, ou de promesse,
0% d'aucune chosesemblable, de
quelquemanierequ'elle puisse
estre IlJpeUée. Ainsi Dieu m'aide
<&tous les Saints;
§. 4. Apres avoir preslc"Scr-,
ment en la forme & manieresusdite
,
fti fd1 te les Electeurs ou les
F il s o~t Ambassadeurs des absens procederont
à l'Election; & déslorsilsne
forciront plus dela
Ville de Francfort
,
.qu'aupav.
ravant ils n'ayent, àla pluralité
des voix,élû & donné ail
Monde ou au Peuple Chrêtien,
un Chef temporel,à
sfçauvoti ruunrREoymdpeseRroemuairn.s
§. 5. Que s'ilsdisseroient
de le E:ire dans trente jours
consecutifs,àcompterdujour
qu'ils auront presté le Serment
; alors,les trente jours
expirez ,ils n'auront, pour
nourriture que du pain &: de
Feau;&nc sortiront pas de la*».
dite Ville, qu'auparavant tous
oulaplus grande partie d'eux,
n'ayent élu unConducteur ou
Cheftemporel des Fidelles,
comme il aesté dit.
§. (y. Or après que les Electeurs
ou le plus grand nombre
d'eux l'aurontainsi élû dans
le même lieu
, cette Election
tiendra & fera réputée comme
si elle avoiresté faite par tous
unanimement sans contradiction
d'aucun.
§.7. Et si quelqu'un des Electeurs
ou desdits Ambassadeurs
avoit tardé quelque peu.cLe
tems à arriverà Francfort, ôc
quetoutefoisil yvintavantque •l'Ele&ionfr.fl: achevée;Nous
voulons qu'il soit admis à l'Election
en l'estat qu'elle se
trouvera lors de son arrivée.
§. 8.Et dautantque par une
coutume ancienne, approuvée
,&. loüable
, tout cequi estcidessousécrita
esté invariablement
observéjusqu'à pretent;
Nous, pour cette raison, voulons
&: ordonnons, de nostre
pleine puissance &: autorité
Imperiale, qu'à l'avenir celuy
qui dela maniere susdite aura
^fté élû Roy des Romains,
auaI-tofi après son Election
&C avant qu'il puisse se mesler
4e l'administration des autres
affaires de l'Empire.coiifiriiie
& approuve sans aucun délay,
par ses Lettres & son Sceau,
à tous & chacun les Princes
ElecteursEcclesiastiques&
Seculiers, comme aux principaux
Membres de l'Empire,
tous leurs Privileges,Lettres,
Droits, Libertez,Immunitez
,
Concessions anciennes
Coutumes & Dignitez,&
tout ce qu'ils ont obtenu ex;
possedé de l'Empire jusques au
jour de tonElection;&: qu'aprés
qu'il aura esté couronné
de la Couronne Imperiale, il
leur confirme de nouveautoutes
les choses susdites.
§. 9. Cette confirmation
fera faite par le Prince élua.
chacun des Princes L-leâeurs
en particulier, premierement
sous le Nom de Roy, & puis
renouvellée fous le Titre
d'Empereur
: Et fera tenu ledit
Prince élu d'y maintenir
sans fraude & de son bonmou*
vement les mêmes Princesen
général, &c chacun d'eux en
particulier; bien loin de leur
y donner aucun trouble ou
empêchement.
§. 10. Voulons enfin, & ordonnons
qu'au cas que trois
Electeurs presens, ou les Ambassadeurs.
des absenséliferçt.
un quatrième d'entr'eux, (çar
voir un Prince Elet[e-lli- present
ou absent, Roy des Romains
; lavoixde cet éllîs'il
est present,oulavoix de ses
Ambaissadeurs,s'il cil; absent,
ait sa vigueur & augmente Σ
nombre & la plus grande partie
des élisans, à l'instar des
autres Princes Electeurs,
ARTICLEIII.
'F>e la Séance des Archevêques
-
de Tréves, de CQtogm
drdeM-ayence. ,
9
A#nom de Lifaidtc{jr iiïdifViJi->
hle Trinité, d? à nojfreplus
grand bonheur. Ainsi soit-il.
iCgHraAcReLES IV.par la
de Dieu Empereur
des Romains, toujours Auguste&
Roy de Boheme; 'l
*kmémoire perpetuelle de la
chose.
§.I.L'union & la concordedes
venerables&illustres.
Princes Eleveurs, fait l'ornement
& la gloire du saint
Empire Romain, l'honneur
de la Majesté Impériale
, &:
l'avantage des autres Etats de
cette Republique, dont ces
Princes soutiennent l'édifice
sacré, comme en estant les
principales colonnes, par leur
pieté égale à leur prudence
: cesont euxaussi qui for.,.
tissent le bras de la PuiOEltlCC
Imperiale;& l'on peut dire
que plus le noeud de leuramitié
mutuelle s'étreint, plus le
Peuple chrestien joüit abondamment
de toutes les commoditez
qu'apporte la Paix &
la tranquillité.
§. 2. C'est pourquoy,pour
doresnavant prévenir lesdifputes
& les jalousies qui pourtoieht
naître entre les venetables
Archevêques de Mayeince,
de Cologne & de Tréves,
Princes Electeurs du Saint
Empire, à cause de la primauté
& du rang qu'ils doivent
avoir pour leursSéances
dans les Assemblées Imperiales
& Royales, & faire
en forte qu'ils demeurent entr'eux
dans un estattranquille
de coeur & d'esprit
,
& puissenttravailler
unanimement&
employer tous leurssoins aux
affaires & aux avantages du
saint Empire pour laconsolation
du Peuple Chrestien ;
Nous avons, par délibération
& par le Conseil de tousles
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, arresté & oih
donné, arrestons & ordonnons
,
de nostre pleine Puissance
& Autorité Imperiale,
par ce present nostreEditperpetuel
& irrévocable
, que lesdics
vénérables Archevêques
auront Séance; sçavoir celuy
de Trevesvis-à-vis la face
de l'Empereur ;celuy de
Mayence, soit en ion Diocese
& en saProvince, soit même
hors de sa Province dans,
l'étenduë de la Chancellerie
Allemande, excepté en laProvince
de Cologne seulement,,.
à la main droite de l'Empereur
;ainsi que l'Archevêque
de Cologne l'aura en sa Province
& en fôn Diocese
, &:
hors de sa Province en toute
l'Italie & en France,àla
main droite de l'Empereur,
&: ce en tous les Actes publics
Impériaux , de même
qu'aux Jugemens, Collations,
Investitures desFiefs,Festins,
Conseils& en toutes leurs
autres Assemblées où il s'agira&
se traitera de l'honneur
& du bien de l'Empire Romain.
Voulantquecet ordre
de Séance foit observé entre
lesdits Archevêques de Colo-"*
gne, de Tréves & de Mayence
, & de leurs Successeurs cU
perpetuité
,
sans que l'on puisse
à jamais y apporter aucun
changement,ou y former aucune
contestation,
ArticleIV.
*Der Princes Electeurs en
commun.
§.1.oRdonnons aussi, que
coûtes les sois que
l'Empereur ou le Roy desRomains
se trouvera assis dans
les Assemblées Impériales,
foit au Conseil, à table, ou
eh toute autre rencontre avec
les Princes Electeurs, le Roy
de Boheme, comme le Prince
couronné &: sacré,occupela
la premiere place immédiatement
après l'Archevêque de
Mayence ou celuy de Cologne;
sçavoir après celuy d'eux deux
qui pour lors
,
selon la qualité
des lieux & varieté des Provinces
,
fera assis au cofté droit
de l'Empereur ou du Roy des
Romains
,
suivant la teneur de
son Privilege; &que le Comte
Palatin occupe aprés luy la
seconde place du même costé
droit : qu'aucofté gauche le
Ducde Saxe occupe la première
place aprèsl'Archevêque
qui fera assis à la main
gauchede l'Empereur;& que
le
,.
Marquis de Brandebourg
se mettra après le Duc de
Saxe. §.2.Toutes & quantefois
que le Saint Empire viendra
à vacquer ,
l'Archevêque de
Mayence aura le pouvoir qu'il
a eu d'ancienneté
,
d'inviter
jfar "LcttÉe's'les ancresPHT^
des sesConfreresdevenir àx
l'Election.
§. ~34
Touslesquels,ouceux
d'entr'eux qui auront pû ou
vtmluaflïftcr à ladite Elèétion
eilantalIèrnblez pour yprôceder
, ce fera à l'Electeur de
Mayence &: non à un autre ,de
-rêciieillir particulièrementles
voix de ce-Electeurs,enl'or-*'
dtoc fuivann I;*> -
era pre ic-@
;
§. 4. Il demanderapremier
rèment l'avis à l'Archevêque
de Trêves,àqui nousdeclarons
que le premier sutfrage
appartient,ainsî que nôus
avons trouvé qu'il luy avoio
appartenu jusqu'à present. Serondement
,àl'Archevêqud
deCologne, à qui appartient
l'honneur
l'honneur & l'office de mettre
le premierleDiadème sur la
teste du Roy des Romains.
Troisiémement
, au Roy de
Boheme qui tient laprimauté
par l'Eminence,le droit & le
mérité de sa Dignité Royale
entre les Electeurs Laïques.
En quatrième lieu
, au Comte
Palatin du Rhin. En cinquième
lieu, au Duc de Saxe; &.
en sixiéme lieu, auMarquis
de Brandebourg. L'A rchevêl-
que de Mayence ayant ainsi &:
en l'ordre susdit, recüeilli les
suffrages de tous, fera en- tendre aux Princes ses Confreres
& leur découvrira [es.
intentions, &: à qui il donne
sa voix, en estant par eux requis.
§. y'. Ordonnons aufh'qu'-
aux ceremonies des Festins
Imperiaux, le Marquis de
Brandebourg donnera l'eau à
laver les mains à l'Empereur
ou au Roy des Romains; le
Roy deBohême lui donnera la
pemiere fois à boire, (lequel
service toute-fois il ne serapas
tenu de rendre avec la Couronne
Royale sur la téte, conformément
aux Privilèges de
son Royaume, s'il ne le veut
de sa propre & libre volonté;)
le Comte Palatin du Ii. hin fera
tenu d'apporter la viandè; 8c
le Duc de Saxe exercera sa
charge d'Archi-marecchal ,
comme il a accoûtumé de faire
de toute ancienneté.
ARTICLE V.
Du Droit dIt Comte Palatirs
duRhin,&duDuc.
1. de Saxe.
§.I. DE plus, toutes les
fois ques le saint
Empire viendra à vaquer
comme il cfi dit, l'liluiti'e
Comte Palatin du Rhin Archimaître
du saint Empire Romain
,
fera l roviseur ou Vicaire
de l'impire dans les
partiedu Rhin& de la Suabc,,
& de la Jurisdiction de Franconie,
à cause de sa Principauté,
ou du Privilège du
ComtéPalatin, avec pouvoir
d'administrer la Jllfijce.,j- de
nommeraux Benefices -Ecc1e.,
siastiques, de recevoir le revenu
de l'Empire,,d'investir
des Fiefs,&de recevoirlesfoi
& hommages de la part & au
nom du saint Empire; coures
lesquelles choses toutefois seront
renouvellées en leur terris
par le Roy des Romains après
dûy auquel les foi & hommages
devront être de nouveau
prêtez ; à la reserve des Fiefs
des Princes, & de ceux qui se
donnent ordinairement avec
l'étendart,dontnous reservons
spécialement l'invèstiture & la
collation à l'Empereur seul ou
au Roy des Romains. Le
Comte Palatin sçaura toutefois
qu'illui est défendu exjsireffement
d'aliénner ou d'eri.
gager aucune chose appartenant
à l'Empire, pendant le
temps de son Administration
ouVicariat.
§. 2. Et Nousvoulons que
l'Illustre Duc de Saxe Archimareschal
du saint Empire
joüisse du mêmedroitd'Administration
dans les lieux où le
droit Saxon est observé, en
toutes les mêmes maniéres&.
cfonpditeioncs qiuitftonet cei-dseum.s
§. 3. Et quoi-que parune
coustume fort ancienne il ait
esté introduit que l'Empereur
ou le Roy des Romains cR:
obligéderépondre dans les
causesintentées contre luipardevant
le Comte Palatin du
Rhin Archimaistre, Prince
Electeur du saint Empire>leK
dit Cpmte Palatin ne pourra
toutefois exercer cette Jurisdiction
qu'en la Cour Impériale
où l'Empereur ou leRoy
des Romainsfera present en
personne,&:nonailleurs.
ARTICLE VI.
,De la compawifoM des Princes
ElecteuPrrsiancveesccomlmeusnasu. tres
NOU s ordonnons qu'en
toutes les Cérémonies
& Assemblées de la Cour Impériale
qui feront doresnavant
&: à l'avenir; les Princes Electeurs
Ecclesiastiques & Séculiers
tiendront invariablement
leursplaces à droite &à
gauche,selon l'ordre &:J«i
maniéré prescrite; ôc que nul
autre Prince,de quelque Etat,
dignitéPrééminence ou qualité
qu'il soit, ne leur puisse
être ou à aucuns d'eux,préféré
en aucunes actions quelconques
qui regarde, les Assemblées
Impériales, Toit en marchant
, séant ou demeurant
debout; avec cette condition
expresse, que le Roy de
Boheme nommément, précédera
invariablement dans toute?
& chacunes lesactions &:
célébrationssusdites des Assemblées
Imperiales, toutau-
,.tre Roy
,
quelque dignitéou
Prérogative particulière qu~ii
puisseavoir, & pour quelque
causeoucas qu'il y puissevenir
ou assister.
ARTICLE VII.
De la fùceejjion des Princes
Electeurs.
Au Nom de tif sainte & tndî~
visible Trinté, & à nojhré
plus grand bonheur. Ainjisoit-
il. cHARLES Quatrième
par la
-
grace de Dieu
Empereur des Romains toûjours
Auguste &: Roy de Bohême
; à la mémoire perpértuclte
delachose. 1
--
§. I. Parmi les soins inrion*
: brables que nous apportons
journellement pourmettre en1
un état heureux le saint Empire,
oùnousprésidons par
l'assistance duSeigneur,nôtre
principale aplication est à faire
fleurir & à entretenir toujours
parmi les Princes Electeurs du
saint Empire, une Unionsalutaire&
une concorde&charité
sincere, estant certain que
leurs conseils font d'autant
plus utiles au Monde Chrestien,
qu'ils se trouvent éloignez
de toute erreur; que la
Charité regne plus purement
entre eux; que tout doute en
est banni; &: que les droits
d'un chacunsont clairement
,diecllarez & specifiez.Certes, cftgeneralement manifesté
& notoire àtout le Monde,
que les Illustres le Roy de
Boheme, le Comte Palatin du
Rhin, le Duc de Saxe &: le
Marquis de Brandebourg : le
premier envertude son Royaume
, & les autres en vertu
de leurs Principautez, ont
droit, voix&séanceen l'tlection
du Roy des Romains futur
Empereur, avec les Princes
Ecclesiastiques leurs Coélec-
.'teints, avec lesquels ils sont
tous reputez, comme ils sont
en effet, vrais & légitimés
-
Princes Electeurs du saint
Empire.
§. 2. Néanmoins
,
afinqu'à
-l'avenir onjie puisse fufclcer
;¡aucun sujet de scandale & de
division entre les Fils de ces Princes Electeurs Seculiers,,
touchant lesdits droit, voix
&&: faculté d'élection ; SC
qu'àinsi le bien public ne cour- te aucun risque d'estre retardé
ou troublé par des délais dangereux
; Nous, avec l'aide de
Dieu, desirant en prévenir les
perils à venir.
§. ;. Statuons &: ordonnons
,
de notrePuissance &
Autorité Iir periale, par la presente
Loi perpetuelle, que cas
avenant que lesdits Princes
Electeurs Seculiers, &: quelqu'un
d'eux viennent à deceder,
le droit, la voix,& le
pouvoir d'élire, fera dévolu
librement & Las contradiction
de qui que ce (cit) à îoà
Fils aîné légitimé & laïque ;&
en cas que l'aîné ne fust plus
au monde, au Fils aînédel'ainé
semblablementlaïque.
§. 4. Et si ledit Fils aîné,
venoit à mourir sans laisser
d'enfansmâleslegitimes Iaft
ques, le droit, la voix &, le
pouvoir de l'élection feront
dévolus en vertu du presens
Edit, à son Frere puîné descenduen
ligne directe légitime
paternelle, & ensuite au Fîfé
aîné laïque de celui-ci.
§. y. Cette succession des
aînez &: des Héritiers de ces
Princes fera perpétuellement
observée en ce qui regarde le
sdurositd,liat. vvooiixx,. Ô&C le ppoouuvvooiirr
l, §. 6. A cette condition&
en sorte toutefois, que si le
Prince Eleaeur ou son Fils
aîné, ou le Filspuisné laïque
venoit à deceder, laissant des
Heritiers mâles legitimes laïques
mineurs, le plusâgé
Frere de ce désunt aîné fera
Tuteur &Administrateur desdits
mineurs
,
jusqu'à ce que
l'aîné d'entr'eux ait atteint
l'âge légitime »
lequel âge en
^in Prince Electeur, voulons
ordonnons estre à toujours
dedix-huit ans accomplis ; &
lorsquel'Electeur mineur aujra
atteint cet âge,son Tuteur
ou Administrateur fera tenu
de luy remettre incontinent
& entièrement le droit
,
la
yoix & le pouvoir avec l'Qf;
jrr
fices d;gieéteur ,Se généralement
tout ce qui en dé..
pend. .:tJ §. 7. Etsi quelqu'une deces
Principautez venoitàvacquer
au profit de l'Empire
,
l'Em",
pereur ou le Roy des Romains
d'alors en pourra disposer
comme d'une chose dévoluë
légitimement à luy &
au saintEmpire.
§. 8. Sans préjudice néan~
moins des Privileges,Droits
& Coutumes de nostre Royaume
de Boheme
,
pour ce qui
regardel'Election d'un nouveau
Royen cas de vaccance;
en vertu desquels les Regnicoles
de Boheme peuvent élire
un Roy de Boheme suivant
la Coutume observée detout
temps , &: la teneur desdits
Priviléges obtenus des Empereurs
ou Rois nos Predecesseurs
; ausquels Privilèges
1Nous n'entendons nullement
prejudicier par la presente
Sanction Imperiale, au contraire
ordonnons expressement
que nostredit Royaume
y soit maintenu
,
& que ses
Privilegesluy soient confervez
à perpétuité
,
selon leur
forme & teneur.
Article VIII.
De 1,Immunité du Roy de Bohê*
, ~me3& des Habitans audit
Royaume.
Ski.cOMME les Empe»
reurs & Rois nos
Predecesseurs ont accordé
aux Illustres Rois de Boheme
nos Ayeuls&Predecesseurs,
aussi-bien qu'au Royaume ÔC
à la Couronne de Boheme , Je Privilege qui par grace a
esté accordé & qui a eu son
effet dans ledit Royaume, sans
interruption dèpuis un temps
immemorial, par une lo.üa.
ble Coutume incontestablement
observée pendant tout
ce temps &: prescrite par l'ufage,
sans contradiction 8c interruption
aucune, qui est
qu'aucun Prince, Baron
Noble, Homme de , guerre,
Vassal, Bourgeois, Habitant,
Paisan & autre personne de
ce Royaume & de ses appartenances,
de quelque Etat,
Dignité,Prééminence ou
condition qu'il puisse être, ne
puisse pour quelque cause ou
fous quelque prétexte, ou par
quelque personne que ce soit,
être ajourné & cité hors le
Royaume &: pardevant d'autre
Tribunal, que celui du Roy
de Boheme &; des juges de sa
Cour Royale. Nous, desirans
renouveller &: confirmerledit
Induit,Usage&Privilege,Ordonnons
de nostre autorité &:
pleine Puissance Imperiale, par
cette Constitution perpetuelle
& irrévocable à toujours, que
si nonobstant ce Privilege,
Coûtume & Indult, quelque
Prince, Baron, Noble, Vassal,
Bourgeois ou Paisan,ouquelque,
autre personne susdite
, étoitcité ou ajourné à quelque
Tribunal que ce fut hors du
Royaume, pour cause quelconque
civile, criminelle ou
mixte, il ne foit nullement
tenu d'y comparoistre &: d'y
répond re, en aucun temps, en
personne ou parProcureur:Et
1 le Juge étranger &: qui ne
demeure point dans le Royaume,
quelque autorité qu'il
.air, ne laisse pas de proceder
contre les Défaillans ou le non
Comparant, & de passer outre
jusques à Jugementinterlocutoire
on definitif, &de rendre
.une ou plusieurs Sentences
.<lans les Causes &: Affaires
susdites., dequelque maniere
que cesoit;Nous déclarons,
de nostre Autorité & pleine
Puissence Imperiale, toutes
lesditesCitations, Commandemens
,P rocédures,Sentences
&: executions faitesen
consequence generaloment
quelconques, nulles. &de nul
effet,sansqu'il puisse <eftt?è
.., ïienexecutéou attentéaupréjudice
de ce Privilege.
§. 2. Surquoi Nous ajouicons
expressement & ordonjnons
par cet Edit Imperial,
perpetuel &: irrévocable,de
la même pleine Puissance &
Autorité;que comme dans ledit
Royaume de Boheme ila
été toujours & de tems immémorial
observé, il ne soit
permis à aucun Prince, Baron,
Noble, Homme de guerre,
Vassal, Citoyen, Bourgeois,
JPaïfan, ou tout autre Habitant
du Royaume de Boheme susdit,
de quelque Etat, Prééminence,
Dignité ou condition
qu'il foit, d'appeller à tout
autre Tribunal de quelcon<
tues, Procedures, Sentences
interlocutoires& définitives,
Mandemens ou Jugemens du
Roy de Boheme ou de ses
Juges; comme aussi de l'execution
desdites Sentences
--& jugemens rendus contre
acun d'eux, par le Roy ou
par les Tribunaux du Roy,
du Royaume &: des autres
Juges susdits, &C s'il arrive
qu'au préjudice de ce que
l'on interjette de tels appels,
qu'ilssoientdéclarez nuls ,(&
que les Appellans encourent
dés-lors réellement & de fait
la peine de leur Cause.
ARTICLEIX.
DesMinés d'or, d'Argent d.-
autres Métaux, NOu s ordonnons par la
presente Constitution
perpetuelle &: irrévocable
, & déclarons denostre Science
, que nos Successeurs Rois
de Bohême
, comme aussi
tous &: chacuns les Princes
ElecteursEcclesiastiques &
Seculiers presens & à venir,
pourrontjustement & legitimement
avoir & posseder toutes
les Mines & Minieres
d'Or,d'Argent, d' E taim, de
Cuivre,de Fer & de Plomb
3. & de toutes fortes d'au res
Métaux ; comme aussi les Salines
découvertes ou qui se
découvriront avec le tir ps
en nostredit Royam e & dans
les Terres &: Pays sujets audit
Royaume
, ce même que
lesdits Princes dans leursPrincipautez
,
Terres, Domaines
& Appartenances, avec tous
Droits, sans en excepter aucun
, comme ils peuveut ou
ont accoutumé de les posseder.
Pourront aussi donner retraite
aux Juifs & recevoir à
l'avenir les Droits <5c les Peages
établis par le passé, tout
ainsi qu'il a esté Jusqu'à present
observé & pratiqué legU
timement par nos Predecesseurs
Rois de Boheme d'heureuse
memoire
,
& par les
Princes Electeurs
,
& leurs
Predecesseurs
,
suivant l'ancienne
,
loüable & approuvée
TABLE.
II. PARTIE.
* Mort de tEmpereur. 1
Remarques. 17
Ceremonie. 11
Autre Ceremonier 15
'Empereursdelàfadifon£Au- -~
triche. îS' 8x
ErudititJn. 31if Nouvc/lessiAtemagnee 39 çf
Nouvelles du Nord. 46 ~-~
Zettre- écrite de l'jjle de Me, «-y
telin. 47y-
Zettred'Antigue. 53^ (}
Nouvelles d'Efpagne^51.??
Nouvelles de Flandre. 61 ià Morts..71,r*
Services pour fê8u.M0on.seoignHeur.
Elat del Troupes qui vont en
F.fpagneï Sii3
Marine. î6 cl !
Mpreftoutriotn..idde.eSemrmen.t.*î9k5'V?Çi
Journal de tout ce qui s'efâ^,.
poejfé a M'tdrid,depuis-le 10..01
Aoust\yio. jusquau 3. Décembre
de la même année.99
III. PARTIE.
Avanture amoureuse. 1
Chansons 71
Anonim.es. 83
Enigmes. 93
IV. PARTIE.
Application d'une Metamorphoie
aOvide, 1
R-equefte à Mr Efiienne
, Z/-
brtire. 9 .; i£<?ponfeci cette Reqftejle., 19
Suite des Pfeaumcs. 34.-
J&idle aOr. 37--
GAI.ANT
! A PARIS
t ---"",,:". -- M. DCCXI
Avec Privilege du Roy.
M ERCÏÏ II JE
GALANT.' Parle Sieur Du F~
Mois
de May
1 7 11.
£,e prix est 3 0. fois relié en veati,U'
25.fols, brochez
'•Ç'FSI
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET,
au Livre
Royal, au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
PIZRRE RIBOU, à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMESLE, à l'entrée de la ruë duFoin,ducocé de laruë
Saint Jacques.
MERCURE
GALANT.
I. PARTIE. i711.
LITTERATURE.
L paroist depuis peu
une belle Traduction
de l'Illiade d'Homere,
par Madame Dacier; on
ne peuttrop donner de
louanges à une Dame
qui fait tant d'honneur
à son sexe.
On a achevéd'imprimer
à Amsterdam le
nouveau Rabelais, avec
des Remarques historiques
& critiques.
Ces deux Livres dont
j'ay à parler en mesmestemps
, mefont naistre
l'idée den prometre pour
Je mois prochain mue
espece de paralelle ; je
dis, une espece: car sije
disois,un paralellevéritable
,&serieux, jem'attirerois
d'abord quelques
zélezSectateurs du divin
Homere, je serois, selon
eux., heretique en litrerature
, sij'osois penser
que Rabelais fust digne
d'entrer en paralelle avec
le Prince des Poëtes.
Commençons donc par
abjurer tous les Ridicules
qu'on pourroit me
donner là-dessus
, je declare
premierement que jeméprise une moitié du
livre de Rabelais, &
que je déteste mesme
dans l'autre le libertinage
&. les obscenitez
qui rendent cet Auteur
odieux ; je declare de
plus, que je respecte Homere,
& les vrais Sçavans
; mais ce respect
n'est point un respect de
culte & d'adoration: je
crois pouvoir sansprofanation
comparer le sublime
du Poëte Grec,
avec l'excellent Comique
de Maistre François;
plus ces deux genres so n
opposez,&plus ce paralelle
tiendra du badinage
: ce sera, si l'on
veut ,
l'Article Burlesque
de mon Mercure ,
les gens graves pourront
se dispenser de le lire, &
ceuxqui le plaignent
que depuis plusieurs
mois je deviens trop serieux
, y trouveront à
coup sur leur compte: carsije ne suis pas en
humeur d'écrire gayement
,
ils auront au
moins du Rabelais, qui
porte toûjours avec luy
un caractere de gayeté
inimitable.
J'adresse donc ici par
avance ce paralelle d'Homere
&: de Rabelais, à
ceux qui ne veulent que
du badinage, je tâcheray
de contenter pas
quelqu'autres Articles
ceux qui ne veulent que
du serieux ; mais à l'egard
de ceux qui ne fca.
vent ce qu'ils veulent
aussi ne sçay-je que leur
donner: on commence
pourtant à me fournir
d'assezbons Memoires ,
mon Mercure est une
espece d'ambigu
,
je tâche
d'y servir un peu
detout;mais rien n'attire,
rien ne rappelle ces
convives indolents , ils
sont, toûjours rassasiez
avant de se mettre à
table, les viandes solides
les dégoûtent, ils ne
touchent aux ragoûts,
que du bout du doigt,
& les repoussent aussitostavec
dédain
,
ils les
trouvent à coup sur, ou
insipides., ou trop salez,
en un mot,ils font naturellement
dégoûtez:
je souhaite pour leur (atisfaction
que le goût
leur vienne. --
On va imprimer en
Hollande un Recüeil de
Traits historiques, de
Maximes & de Contes
Arabes, tirez des pfUS
celebres Poëtes d'Orient,
comme JUir3 Koscou ,
Micaud,&c. Voicy un
de ces traits historiques
qu'on ma envoyé pour
en marquer le caractère*
C'estsur la liberalité.
MaanfilsdeZaldah, personnage
fort celebre parmi
les Arabes pour sa libéralité,
fut un des principaux Capitainesde
Mervan, dernier
Kalife de la race des Omnia*-
des: après que ce Kalifeeuc
esté deffait, les Abbafàdes
ses ennemis persecuterent
tous ceux qui avoient servi
les Omniades. Maan fc trouva
obligé, pour éviter la
colere d'Abou- Giafac Aimansot
de demeurer longr
temps caché dans Bagder.
Un jour s'ennuyant de demeurer
long
- temps enfermé
dans un même lieu, il
resolut de soi tir de laVille,
déguisé, & prit le chemin
du desert. Aprés avoirévité
les Gardes des Portes & des
chemins; je me croyais,
raconte-t-il lui-même dans
le recit qu'il fait de sesavantures
au Kihfe
,
hors du
danger d'estre reconnu,
lorsque tout d'un coup un
homme d'assez mauvaise
mine saisit la bride de mon
Chameau & m'arresta tout
court en me demandant si
jen'estoispas ccluy que le -
Kalife faisoit chercher avec
tant de diligence, promettant
une si grande somme
d'argent à celuy qui pourroit
le découvrir. Je luy répondis
que non. Quoy
vous n'êtes pas Maan? me
repliqua-t il.Moy bien surpris
, & craignantqu'il ne
m'arrivâtpis si jecontinuois
ànierqui j'estois,je pris un
joyau dallez grand prix que
j'avois sur moy,& leluy presentay,
en luy disant! Recevez
ce present demamain,
& gardez- vous bien de me
découvrir à qui quece soit.
Cet hommeconsiderant ce
joyau, me dit: voilà donc un
joyau qui m'appartient puisque
vous me l'avez donné;
mais je serois bien-aise de
sçavoir le prix de cc que je
possede:comb ien vaut iL?
Il vaut bien mille écus,répondit
Maan. Fore-bien,
ditle Soldat;mais j'ay une
autre demande à vousfaire,
dites-moy laverité:nevous
est-il jamais arrivé envostre
vie de donner en une feule
fois toutvostre bien,car je
sçay que vous passez pour
un homme extrêmement
liberal Je luy répondis que
non. Ilme demandaensuite;
n'en avez vous jamais donné
lamoitié? je luy répondis
h même chose ; & luy descendant
par degrez au tiers
& au quart,&jusqu'à la dixièmepartie
,la honte mefit
enfin luy dire qu'ilse pourvoit
bienfaire que j'en eusse
donné la dixiéme. Hé bien,
ajouta-t il
,
afin que vous
sçachiez qu'il y a des personnes
encore plus liberales
que vous: moy qui ne suis
qu'un simple Fantassin
,
&
qui netire que deux écus de
solde par mois, je vous
donne ce joyau dont le prix
passe plus de mille écus, &
je vous en fais un present,
En medisant cela il uiciettar
le joyau que je luy avois
donné & gagna pays.Jefus
extrêmement surpris de certa
avanture,& criay de toute
ma forcepour le faire
revenir sur ses pas. Je luy
disois que j'aurois mieux
aimé mille fois estredécouvert&
perdre ma teste que
derecevoir une telle confusion.
A ces paroles
, il revint
à moy.Jelepriay donc
de conserver ce joyau puifqu'il
en estoit plusdigne que
moy, Ôcdene me pas obliger
àlereprendre.Ulm'em
brassa plusieursfois, & me
dit: Vous voudriez donc me
faire passer pour un voleur
de grands chemins ; je ne
veux en aucune maniere recevoir
ce present de vous;
car je ne pourrois pas en
toute ma vie estre en estat
de vous rendre la pareille;
aprés cela nous nous séparâmes.
Maan quelque temps aprés
eut occasion de rendre
service à Almansot dans le
temps d'une sédition qui arriva
à Bagdet, où le Kalise
auroic couru grand risque
de sa personne sans son secours.
Ce service le fit renrrer
dans tes bonnes graces
d'AbouGiafar, & alors se
ressouvenant de l'action ge.. -
nereufe de ce Soldat, il le
fit chercher par tout pour
l'avancer, mais il ne sur pas
poffiblc de le trouver.
LIVRES NOUVEAUX.
Il paroistdepuis peu
un second Tome d'un
Livre nouveau,qui a
pourtitre, Gongam, ou
l'hommeprodigieux transporte
dans l'air,sur la
terre, &sous les eaux.
Livreveritablement non*
veau. Ti te tu tes nosi.
ce mot n'est ny Hébreu,
ny Arabe,il est compo- sémysterieusement pour
ren fermer la clefdes avantures
duLivre,mais
sans avoir cette clef, on
voit que l'Auteur a pour
but de réjouir,&d'instruire
:ceux qui travaillent
dans cette vûë
, &:
qui reüssissent
,
mcrirent
l'approbationdu
Public.
Ce Livre contient une suite
d'avantures mêlées de critique.
Il donne par exemple à
Gongam une Bibliotheque
composée de
L'Agenda de ceux quin'ont
rien àfaire; Rêver le matin
à ce qu'on doit faire le soir,
& rêver le soir à ce qu'on
auroit pû faire lematinée;
Manégedes Promenades.
On entre dans son Carrosse
par une portiere; on
en fort par l'autre, pour
aller monter dans un Fiacre
sans être vû de sesgens,&c.
Grandes Femmes,fîeres
d'estre avec des petites, &
les petites fâchées d'estre
avec les grandes, &c.
Les Tragicomedies duJeu-
Familles ruinées, Domesstiques
sans gages; Creanciers
sans hypoteque
,
ôc
cuisinesansfeu,&c.
Les petitessesdesgrands barn..
mes.
Les Mommeries du Cerémonial.
Agitation des esclaves Volontaires.
L'A-rt deparlersans riendire,
Les Femmes humaines.
Lesbien-aparentez.
Les vendes bagatelles.
Lesquatresaisons de Paris ,
&c.
Ce Livre se vend chez
Guillaume Saugrain
,
sur le
Quay de Gesvres, à TEnseigne
du Paradis.
ACADEMIEROYALE
des Médailles &Inscriptions.
Le Mardy 14e Avril
Messieurs de l'Academie
Royale des Medailles &,
Inscriptions , firent iouverture
de leurs Aflcmblées.
Mr de Boze,Secretaire
perpetuel decetreAcademie
lût unEloge de feu Mr Defpreaux;
MrBaudelot lûtune
Dissertarton sur l'Antiquité
trouvée depuis peu dansffrglisedeNôtre-
Dame;&
Mr l'Abbé Anselme en lût
une sur les funerailles des
Anciens, dont voicy l'Extrait.
Je donneray dans la4
fuite les Extraits des deux
autres Discours de cette
Àflimblée.
Mr
Mr l'Abbé Anselme y
prononça une éloquente
& sçavante Dissertation
sur les Funerailles: ce
zéleardent,sincere,&
éclairé, qui fut toûjours
l'ame de ses prédications,
ne se dément pas même
icy dans un discours profane
,
son dessein est de
faire voir dans tous les
temps & dans toutes les
nations ce desir naturel
d'immorratiré
,
qui porte
les hommes à vouloir
simmortaliser les uns les
autres par des funerailles,
&c par des lTIOnumens
durables;c'est
ce sentimentd'immortalité
, dit-il, qui leur a
fait établir une esPece
de commerce & desocieté
avec les ames des
mortspar les devoirsfa*
nebres
,
dont ils esperoient
qu'elles auroient
quelque reconnoissance,
comme ils craignoient
qu'elles n'eussent duressentiment
contre ceux
qui manquoient à leur
rendre ces devoirs.
Mr L. A. établit les
devoirs des funerailles
par les idées qu'en ont
tous les hommes en general
; en fuite par les
coûtumes des Egyptiens,
parcelles des Grecs, par
celles des Romains; &
il promet enfin d'achever
son Ouvrage, en
continuant ainsi jusqu'aux
Chrétiens.
Je voudrois quela
mémoire me pût fournir
des morceaux suivis de
ce discours; mais je n'en
ay pu retenir que des
traits d'érudition, qui
seront icy dénuez des
graces, que Mr L. A.
leur a donnez en les
metant si bien en oeuvre.
Les Payens admettoient
trois Diviniccz aux funerailles
,
Pluton, Mercure,
& Venus Libitime ; cette
Venus, Dcesse des ombres,
marque l'idée qu'ilsavoient
de lareproduction dans la
mort ,
c'est-à-dire, de la
resurrection.
Il y avoit parmy eux des
fcpulchres vuides, qu'on
nommoit Cenotaphes ; ils
croyoient que les corps de
ceux Qui estoient morts
loin delà, venoient d'euxmêmes
s'y renfermer.
On enterroit les Morts
sur les chemins, d'où vient
l'inscription,Siste
,
Victor.
Pour marquer le respect
qu'on doit aux tombeaux,
on y representoit des grisons
,
des chiens, & des
lions, comme pour les garder
d'irreverence.
On conjuroit par les cendres
des Morts, Horace dit
à Barine, que n'ayant
jamais esté punie de ses
faux sermens
,
puisqu'elle
en devenoit plus belle, il
luy seroit avantageux de
jurer même par les cendres
de sa mere.
Les Egyptiens, aprés avoir
embaûmé les corps ,
les envelopoient dans des
bandelettes detoilles gom- -
mées, & les enchassoient
dans des boëtes de bois
odoriferant
,
c'estoient-là
leurs Momies, qu'ils conservoient,
les uns dans leurs
maisons, les autres dans des
cavernes voûtées, dont ils
bouchoient l'entrée avec
une colonne,&ilsembrassoient
cette colonne pour
dire le dernier adieu au
deffunt.
Ils appelloient Montagnes
de Pharaon, ces Pyramides
super bes qu'ils élevoient
sur les tombeaux.
Un Roy d'Egyprefitbâtir
un Palais magnifique
pour servir de tombeau à
sa fille, au milieu de ce Palais
estoit un grand salon
rempli de figures, ornées
de pierres precieuses, & le
corps de la deffunte estoit
enfermé dans une vache de
bois odoriferant, couverte
de lames d'or, cette vache
agenouillée portoit entre
ses cornes ungrand So
leil d'or.
On mertoiten la main du
deffunt une lettre cachetée,
pour apprendre à ceux de
l'autre monde qu'on avoit
rendu en celuy-cy tous les
devoirs au deffunt.
Les Grecs tournoient le
visage du mort vers l'orient
, pressentimens fecrct
que ces corps devoient un
jour revoir la lumiere.
A Megare on enterroit
le mort le visage en bas.
Diogene voulut estre ainsi
enterré, disant que toutes
choses se devant un jour
renverser
,
il regarderoit
éternellement le Ciel; idée
confuse de la rcCurreébon.
Les Phtéens celebroient
les funeraiiles par des réjoüissances
; les Atheniens,
par des lamentations,
Il cft plus loüa ble en
ces occasions,de se réjoüir
de la gloire du deffunt,
que de pleurer la perte
qu'on en a fait.
LesRomains ont imité la
magnificence des Grecs en
tombeaux, épitaphes, statuës
,
bas-reliefs. Et si tous
ces monumens,dit L. Ans.
estoient l'effet d'une'Vanité¡tif
tueuse
,
du moinsestoient-ils
utiles
, en ce que les morts
enseignoient l'histoire du monde
aux vivans.
Les Romains apprirent
des Grecs l'usage des bnchers
: Ils faisoientpartir un
Aigledusommetdubucherde
- leurs Empereurs, dit L. A.
£r illeurplaisoit de croire que
cet aigle emportoit l'ame pour
l'aller placer au rang des
Dieux ; cet aiglemarquoit
au moins
,
sans qu'ils y penfejfent,
que l'homme doit un
jour renaiflre de ses cendres.
Le Dictateur Silla commença
l'usage des bûchers,
ils finirent avec Caracalla,
& Geta les rétablit, il vouloit
éviter la Loy du Talion:
il ordonnna qu'on brûlast
son corps, de peur qu'on
ne le déterrast, comme il
avoit fait celuy de Marius.
Mr. L. Anselmefinit en
parlant des Epitaphes en
vers; il dit qu'ensuite les
Romains trouverent plus
commode de lesfaire en
prose; il ajoûte que le style
lapidaire n'cft pas moins
énergique en pro sequ'en
vers, on peut le prouver
par luy-même ; voicy un
Epitaphe qu'il fit pour le
feu Roy d'Angleterre.
$
EPITAPHIUM
REGIREGUM,
Felicique memorioe
AC 0 BIll. Majoris BritanU
Régis,
J$jiifinx hîcviscera condivoluit,
"ondi/IM ipse in 'ViJèrrjbtl:.
CsiRISTl.
Fortitudine bellicâ nullifecun*
dus.
Fide christianâ tIti non Par?
Per alteram quid non ausus ?
Illâplusquam Heros,
Ijlâ propeMartyr.
Fide fortis
,
Jccen/nsperic/tlts , erettusad< verfis.
Nemo Rex magis
, clii Regna,
quatuor Anglti , t Scotia, HibemU. Vbi
quartum ?
lpfeJihi.
Tria eripipotuere,
Quartum intactummansit.
Priorum defensio exercitus, qui
defecerunt.
postremi tutela Virtutes , nunquam
transfugoe.
Jj)uin nec tîla erepta omnino.
InstarRegnorum eflLZJDOFICZJS
Hones.
Sarcit amicitia talistantoesacrilegia
perfidie.
Imperat adkuc quiJi.exu/ûto
Moriturutvixit,Fideplenus,
Eòoqueadvolat, tjlÙJ Fides durit
"Ubi nulla perfidia potest.
Nonfletibushîc, Cmticislocus
tft:
Au*fîjlendunt,flenda, Anglia%
L'Assemblée publique de
l'Academie Royale des
Sciencesqui se devoit tenir
le Mercredy i;c Avril, ne
se tint point & fut remise au
Mercredy 22e. Elle sur ouverte
par l'Eloge que Mr de
Fontenellefit deMr Guilelmini
Associé étranger de
cette Academie, & mort
depuis peu.
MrMarchand lut ensuite
quelques observations qu'il
avoit faites sur la nature des
Plantes & sur quelques unes
de leurs parties cachées.
Mr de Reaumur traita
ensuite des différentes manieres
dont plusieurs animaux
de mer s'attachent
au sable, aux pierres, ou les
uns aux autres.
Enfin Mr Vinflon Medecin
de la Faculté de Paris
,
reçu depuis peu à l'Academieen
qualitéd'Anatomiste
, satisfità l'obligation où
sont les nouveaux Academiciens
de payer leur bienvenuë
dans une Assemblée
publique, par un Discours
qu'illut touchant la maniere
dont se fait la secretion
dans les glandes des animaux.
Il ex posad'abord ce qu'il
entendoit par fecrction
,
il dit, que le corps humain
estoit arrosé par un grand
nombrede différentes liqueurs
outre le fang, que
la pluspart de ces liqueurs
prenoient leur origine du
sang, quelle s'en separoient
dans des organes particuliers
qu'on nommoit Glandes;
& que cette separation ou
cribration des liqueurs d'avec
le fang se nommoic
Secretion.
Il exposa les differents
sentiments des Philosophes
touchant la maniere donc
se faisoit cette secretion ;
& aprés avoir rejetté les
Facul rez des Anciens les,
ferments,& la configuration
des pores des modernes
,
il dit, que ceux ,
qui
avoient le mieux raisonné
sur cela, estoient quelques
uns des modernes, qui
avoient comparé les secretions
dans les glandes, aux
philtrations des Chymistes,
il rapporta sur cela deux
experiences des Chymistes,
La premiere qu'ayant une
fois imbibé un papier broüillard
d'eau ou d'huile, si
l'on ver se sur ce papier un
mélange d'huile & d'eau
,
il ne pane au travers du papier
que celle des deux liqueurs
dont il a estéimbibé,
l'autre demeurant dessus.
La seconde que si on met
dans un vase de l'huile & de
l'eau meslées ensemble
,
si
l'on trempe des méches de
cotton, ou des languetres
de drap les unes dans l'huile
& les autres dans l'eau
que l'on place ces méches
ou languettes sur le bord'
du vaisseau en maniere de
siphon
,
ensorte qu'un de
leurs bouts trempe dans la
liqueur & l'autre pende
dehors, celles qui seront
imbibées d'huile distilleront
de l'hüile,& celles qui seront
imbibées d'eau ne disstilleront
que de l'eau.
Fondésur ces ex periences
il établit avec les nouveaux
Philosophes uneimbibition
pour catife de la secretion.
Ce sentiment n'avoit esté
jusquesicy qu'une fuppofirion
donc on s'estoit conten.
té faute de mieux; mais
comme un Philosophe &
surtout un Philosophe Medecin
ne doit pas se contenter
de simples con jectures
dans une affaire aussi importante
que celles des [cerc.
tions pour toute l'oeconomie
animale &pour les
consequences que l'on en
peut tirer dans la pratique
de la Medecine, Mr
Vinslon a cherché dans la
nature même la verité, il
a parcouru toutes les glandes
du corps humain, &
celles du corps de differents
animaux, & enfin après une
longue recherche il a reconnu
que les glandes estoient
des pelotons de vaisseaux,
qu'il nomme Secretoires
,
à
cause de leur usage
, que
ces vaisseaux sont remplis
d'une espece de velouté
ou duvet,- capable defaire
le même effet que le
tissu filamenteux du drap,
du cotton, ou du papier,
&ila promis dele faire voir
dans toutes les glandes du
corps de l'homme ou des
animaux.
Il dit que le sang est porté
par les arteres dans les glandes
, que l'artere se divise
en une infinité de petits
rameaux d'une extrême si..
nesse qui se recourbent en.
fuite & se reünissent pour
sortir des glandes fous le
nom de veines, que c'est
dans cescourbures que s'abouchent
ces vaisseaux fccretoires,
qui le reünissent
aussi en un seul canal qu'il
nomme Excretoire
, parce
qu'il porte hors de la glande
le suc qui s'y est philtré. Ces
glandes ou vaisseaux secretoiresont,
dit-il,esté imbibez
dés la premicre conformation
du foetus, des liqueursqu'elles
devoientphiltrer,
en sorte que le fang qui
arrive par l'artere se divifc
infiniment dans tous ces
petits rameaux;de maniere
que ses molecules font obligées
en quel ques maniere
de défiler une à une dans
leur
leurscourbures
,
où les
molecules qui sont de la
nature de celles des canaux
secretoires sont imbibez,
entrent dans ces canaux.
pendant que les autres pasfant
par dessus sans sy mesler,
roulent jufqucs dans les
veines.
Mr Vinslon dit qu'illaissoitaux
Physiciens à rendre
raison de ce fait,aussibien
que de la philtration des
Chymistes,& qu'il secontentoit
d'avoir reconnu la
verité sans en chercher la
raison.
Le temps ne luy permit
pas d'expliquerbeaucoup de
choses par rapport aux secretions,
par exemple, quel
est l'usage des nerfs&des
vaisseauxlymphatiques des
glandes, qu'elle doit estre
la disposition du sangpour
les differentes secretions , &c. ce qu'il doit donner
dans des Mémoires particu-,
liers.
Mr Vinslonest originairement
Danois. & parent- dvi;
fameux Mr Renon
,
il,
avoit esté élevé dansla Religion
de son Pays. Le Roy
de Dannemarck l'avoit envoyé
en France pour s'y
induire dans toutes les
parties de la Medecine; Il
luy payoit icy ses pensions,
1" & luy avoit promis de luy
donner ensuite une Chaire
de Professeur à Copenhague
Le hazardl'ayant fait connoisstre
de feu Mr l'Evêque
[de Meaux qui reconnut dans ce jeune homme un grand
» fonds de bonnes moeurs &
de Religion,cePrelatentreprit
de le convertir ; ce
jeune homme aprésavoit
long. temps combattu (e
rendit enfin aux solides raisons
du Prélat & sitoiti.
qu'il fut convaincu, il oubIia,
pour se convertir lax*
fortune qui l'attendoit enri
Dannemarck
,
& les biens
que sa famille & luy y pof-.-
sedoient atruellement ; enn
effet le Roy de Dannemarck
supprima aussi-tost ses pen--J
sions, l'interdit de tous ses
biens & le proserivit de sonn
pays; tout cela n'a fait que
l'affermir davantagedans
la veritableReligion, dans
laquelle on peut le regardera
comme un modele de pieté.
DECOVVERTE
àMontpellier.
Mrs Sablé, & de la Mesangere
,ayant pensé que
si les arraignées pouvoient
fournir de la soye
,
les chenilles
en pouroient donner
aussi, ont suivi cette idée
& l'experience en a fait voir
la justesse , ilsinstruiront
bien tostlepublicdu succés
de leur découverte, & des
circonstances qui pouroient
.-
la rendre utile.
Le plus grand dessein
qu'on puisse avoir en
Medecine;c'est d'accorderensemble
leraisonnement
& l'experience. Il
est rare de trouver éminemment
ces deux parties
dans un Medecin;
assez souvent ceux qui
raisonnent beaucoup,
guerissent peu:tout bien
consideré, je choisirois
pourtant ceux qui parlentmieuxpuisqu'ils
fça-
4 vent au moins guerir l'i- ::
magination du malade;
c'estl'effet le plus sur
d'une science si incertaine.
Le sieur Chambon 3
cy-devant premier Medecin
de Jean Sobieski,
cy-devant Roy de Pologne
, a donnédepuis
peu au Public un Livre
intitulé, Principes de
Physique rapportez à la
Medecine; dés que ce
Livre a paru, il s'est
attiré autant de reputa.
tion
, que l'Auteur s'en
est acquis dés les premieres
années qu'il a
exercé fbn Arc dans
Paris.
Ce Livre se vend chez la
Veuve Jombert
,
sur le Cc.
cond Perron de la Sainte
Chapelle, au Palais.
ANTIQVÎTEZ.
Ona découvert au mois
de Mars dernier des monumens
d'Antiquité dansl'Eglisede
Notre-Dame dcP-aris
: la nouvelledécoration
duChoeur,oùl'ont ravaille,
a donné occasion de construireune
Cave pour lasépulture
des Archevêques:
aprés avoir creusé la terre
jusqu'à quinze pieds de profondeur,
on trouva dans les
fondemens d'un vieux mur,
plusieurs grandes pierres
quarrées ornées de bas-reliefs,
avec une Inscription,
qui marque que fous le Regne
de Tibere la Communauté
des Batteliers Parisiens
aconstruil un Autel à
Jupiter.
TIB.CÆSAREAUG.
JOVIOPTUMO MAXSUMO
NAUTÆ PARISIACI
PUBLICE POSIERUNT.
Sur les autres faces de cette
pierre, sont desfigures d'hommes
armez de lances & de boucliers
, entre plusieurs caracteres
,
qui sont gravez sur les
rebords de la pierre, & qui
laplupart sont effacez; on lit
d'un côté, F-uitisEsd'un
autre, SENANI.
Sur les deux faces d'une att.
tre pierre on voit en bas-relief,
la figure d'un Vulcain,
& d'un Jupiter avec ces mocs:
VOLCANUSJOVIS. Sur une autre
face estcelle d'unhomme,
qui frappe un arbre avec une
coignée:au-dessus on lit, Esus;
&sur la quatriéme face, sont
trois oiseaux posez sur le corps
d'un Taureau ; on lit au-dessus,
TARVOS TRIGARANUS.
Sur les quatre faces d'une
troisiéme pierre, on voit les
figures de Castor, de Pollux,
d'un homme qui combat contre
un Serpent, & d'un Vieillard
ayant deux grosses cornes
à la telle, au-deuus duquel
on lit, CERNUNNOS.
| Il y a de quoy exercer la
curiosité des Antiquaires:
Monsieur Baudelot, & Monsieur
Moreau de Mautour,
de l'Acacemie Royalle des
Inscriptions, ont travaillé sur
ces monumens ; quand je
sçauray ce qu'ils ont pensé &
écrit là-dessus,j'en feray part
auPublic.
HH
II. PARTIE
DU MER CU R E.
NO VVE LLES.
Mort de L'EMPEREUR.
Joseph
- Jacob-Jean-
1,
Ignace Eustache
,
Empereur
d'Occident, mourut
à Vienne en Autriche de
la petite verole, le 17.
Avril
dernier, dans sa 33e.
année.
Il estoit fils aisné de
l'Empereur Leopold L ôç : d'Eleonore - Magdelaine:
Theresede Newbourg. -
Il fut declaré Roy
d'Hongrie le 17,Novem--
bre1687.
Il futeslu Roy des Ro- -
mainsle24. Janvier r6<>o,
Il prit le titre d'Empereules.
May 1705.
Il avoir épousé îc ij^j
Janvier 16go. Villein.ine--j
Amelie de BrunswikHa- -
novre ,
dont il a eu un fils
morten bas âge; &dux
filles qui sont les ArthiuUchesses
Marie Joseph ,-&
Marie-Amélie.
Les frere lX. soeurs de
l'Empereur Joseph
3
sont
l'Archiduc Charles
,
les
Archiduchesses Marie-
Elisabeth
,
Marie-Anne,
& MarieMagdelaine,
La Maison d'Autriche
futélevée pour la premiere
fois à la dignité Imperial
e en la personne deRodolphe
d'Hapfbourg à
Francfort le dernier jour
de Septembre l'an 1273. Il"
tua Ottocare second Roy
de Boheme dans une bataille
prés de Vienne. Cet
Ottocare prétendoitque
toute l'Autriche luy appartenoit;
mais Rodolphe
qui prétendoit que cetEtat
estoit dévoluà l'Empire
faute de posterité masculine,
s'en appliqua la proprieté
persornelle qu'ilfit
confirmer dansuneDiette
par lesElecteurs & lesPrinces
de l'Empire
,
& par uneBulle duPapeMartin ,
II. Aprés ces formalitez il
en donna l'investiture à
son fils Albert.Ce futalors
que les Princes de cette
Maison quitterentle titre
de Comtes d'Hapsbourg
¡ pour prendre ccluy de
Ducs d'Autriche; ensuiteils
ont pris celuy d'Archiducs.
Voicy les alliances qui
ont le plus contribué à l'agrandissement
delaMaison
d'Autriche.
L'Em pereur Maximilienépousal'an1477.
Marie
de Bourgogne, fille de
Charles le Hardy,laplus
riche heritiere de l'Europe.
Philippe II. Archiduc
d'Autriche épousa en 149^
Jeanne dAragon, heritiere
de Ferdinand V. dit le
Catholique - ,Roy d'Aragon
& d'Isabelle Reyne de Castille.
Ainsi Jeanne apporta
à son mary la Couronne
d'Aragon avec ks Etats
d'Italie lesquels y estoient
annexés qu'elleheritoit
du chef de son pere, &la-
Couronne de Castille avec
la Grenade & les Etats annexés
a cette Couronne
qu'elle heritoit duchefde
samere.
L'Empereur Charles-
Quint ayantcedé l'Empire
à son frereFerdinand,
aprés l'avoir saic élireRoy
des Romains, ces deux
freres diviserentlaMasion
d'Autriche en deux branches,
L'Aisnée a donné
cinq Rois à l'Espagne, &
la Cadette quatorze Empereurs.
Prérogatives desEmpereurs.
Ils ont la pluspart des
titres des anciens Empereurs
d'Occident.Ils prennent
ceux de tousjours
Auguste,deCesar, & de
sacréeMajesté. LeurCouronne
qui est fermée ôc
surmontée d'un Globe,est
le symbole de la Monarchie
universelle. Ils ont
seuls le pouvoir de convoquer
& de congedier Les
Diettes generales; d'en
amodier les resolutions,
& de les faire executer. Ils
peuvent non feulement
ériger les Terres en Baronies,
en Comtez , & en
Duchez; maisaussiils prétendentde
pouvoir ériger
lesPrincipautez enRoyaumes
, ( ce que prétendit
faire en 1700. l'Empereur
Leopold
, en donnant à
l'Electeur deBrandebourg
le titre de Roy de Prusse
,
par Diplome de rcconnoissance.)
Ils donnent
l'investiture des grands
fiefs de l'Empire, & ils
disposoient mesme avant
Charles-Quint
,
des Etats
& Provinces qui y estoient
dévolus. Ils instituent &
confirment les Universitez
& les Académies &
tous ces Droits de Souverains
sont si attachez à la
Couronne Impériale ,
qu'en l'absence de l'jErrêpereur
, le Roy des Romains
en joüit, & au défaut
de l'un& de l'autre,
ces Droits appartiennent
aux deux Vicaires de l'Empire
qui sont les Electeurs
de Baviere & de Saxe.L'Electeur
de Baviere e-si Vicaire
dans les pays de droit
de Franconie,&celuy de
Saxe dans les pays de droic
Saxon.Laqualité de Vicaire
est disputée à l'Electeur
de Baviere par l'Electeur
Palatin.
Vous verrez cy-aprés plus CM
longdans laBulle d'Orles
Obligations desEmpereurs.
Ils doivent prendre l'avis
des Electeurs lorsqu'il
s'agit d'engager ou d'aliener
les biens de l'Empire,
d'accorder le Privilege de
battre Monnoye *-'
,
& d'y
donner le prix. Ils ont bcfoin
d'un consentement
general des Electeurs
,. Princes, & autres m'embres
de l'Empire., pour
mettre quelqu'un au Ban
de l'Empire,commeaussi
Lorsqu'il s'agit de faire
quelqueReglement concernant
la Religion, déclarer
la Guerre,faire la
Paix, lever des subsides,
&c.
Lorsqu'un Empe- reur cft
esluils'oblige àces restrictions
de ion pouvoir par
une Capitulation qu'il fait
avec les Electeurs & Princes
de l'Empire. Selon les
occasions on peut ajouster
d'autres Articles à la Capitulation,
dont 1 Empereur
est obligé de jurer l'observation
dans le temps de
sonElection, &de la réiterer
avant &aprés son
Couronnement
, ce qui
s'observa lors de FEtechon
de l'Empereur Leopold.
Les Electeurs luy firent
promettre fous serment
de n'envoyer , aucunes
Troupes sans le consentement
de l'Empire enFlandre
ni en Italie contre les
François,suivant ce qui
estoitstipulé dans lesTraitez
de Westphalie
,
dont
l'observation luy est enjointe
par plusieurs articlesde
cette Capitulation.
Le Roy des Romains
citenu par les Electeurs,
& à la mort de l'Empereur
il succede de droit à
l'Empire, sans qu'il soit
necessaire de faire une
nouvelle Election. Ils cf.î
toient autrefois obligez
d'aller recevoir laCouronne
Imperiale à Rome des
mains duPape;ils estoient
accompagnez de vingt
mille hommes de pied & 1
de quatre mille Cavaliers
entretenus pendant le 1
voyage aux dépens de
l'Empire. Ilsestoientcouronnez
Rois de Lombardie
à Monza dans le Milanez.
LaCouronne qu'ils
recevoient estoit d'or,
sans pointes , enrichie de
Diamants, avec une petite
bande de fer au dedans,
ce qui l'a fitappeller
la Couronne de Fer.
Aprés avoir reçu la Couronne
Romaine en Allemagne
,
& la Couronne
de Ferà Monza, ils serendoient
à Rome pour y
dire couronnez Empereurs
par le Pape;mais les
Etats de l'Empire assemblez
à Francfort en 1338.
& à Colognel'année tUlvante,
considerant la dépense
que ce voyage d'Italie
causoit à l'Empire ,
conclurent que la
-
feule
élection conseroit auPrince
la pleine puissance Imperiale
,
& déclarerent
inutiles les ceremonies des
Couronnements deRome -
&de Milan; cependant
les Papes ont refuséde reconnoistre
les Empereurs,
s'ils n'obtenoient du Saint
Siége un Brefqui les dif.
pensast d'aller à Rome,&
qui confirmast leur Election.
tion. Charles-Quinta eilé
le dernier Empereur couronné
de la main du Pape;
ceux qui n'y ont pas esté
couronnez,ne sont nommez
dans lesBulles &Brefs
queImperatorElectus.
REMARQUES.
Ceremonies d'Allemagne.
Charles IV. après avoir
faitpublierla Bulle d'Or à
Mets, voulut commencer
à la faire executer en ce
qui concernoit le service
que les Princes Electeurs
devoient luy rendre lorsquil
mangeoir en public
L'on avoiteslevé une Estrade
au milieu du marchépublic
,
sur laquelle eftoïoi
la table du festin) où l'Empereur
& l'lm peratrice [Ql
placèrentd'abordjensuite
les trois Electeurs Ecclefîaftiquesvinrent
àChevacomme
Archichancelier
de l'En) pire,chacun ayant
un Sceau penduaucol, ~M
une Lettre àla main droite.
Ensuite marchoient les
quatre Electeurs ~Seculien:
aussi à Cheval ;le Ducdob
Saxe ayant un picotin ~d'ami
gent pleind'avoine ensa
main droite ,comme Archi-
Maréchal de l'Empire,&
mit pied à terre le
premier,parce que sa fonction
estaussi de placerles
Princes chacun à son rang.
Le Marquis de Brandebourg
donna à laver à
l'Empereur & à l'impératrice
avec une Eguiere &
un Bassin d'or. Le Comte
Palatin du Rhin servit les
plats surla table. Le Roy
de Bohesme ou celuy qui
le representoit,mit sur le
coin de la table un flacon
d'or plein de vin, & en
presenta à l'Empereur
dans un gobelet d'or. Aprés
les Electeurs marchoient
les deux grands
Veneurs sonnant du Cor,
& suivis de leurs Chasseurs
& de leurs Chiens;ils tuerent
devant l'Empereur
un grand Cerf& un gros
Sanglier; ensuite aprés le
repas l'Empereur les congedia
tous avec des presents
magnifiques.
CEREMONIE
pratiquée 10r(rte les Archiducsreçoivent
l'hommac
hiducs re ul
ge & le ferment defidelité
de la Province de Carinthie.
Le jour marqué pour
cette Cérémonie)les Peuples
s'assemblent dans une
,
Vallée proche de laVille
de saint Veit
,
qui en efi:
la Capitale; Un Païsan
monte sur une grande
pierre de marbrequ'il y a
dans une Prairie , ayant
à sa main droite une vache
noire, & une mechante
cavale à sa gauche: l'Archiduc
vertu en Paysan
,"t
une houlette de Berger lèi
la main, precédé de quantiré
de Gentilshommesri- - chement vestus
,
de ses2
Officiers & de ses Gardes
tous à pied, s'avance vers
cette pierre;Alors le Pay--
san demande ,Qjûeft celuy.'{
qui marcheiffièrement ? Et les
Peuple répondant quecVy?ï\
leur nouveau Prince; illeur
demande s'il est justeJuge,
s'il cherche le bien du Pays x..
s'ilestNoble, méritant, Chrétien,~&
Protecteurde la Fois?
Et sur ce qu'on luy répond
qu'ill'est & le lera, il dit
aux Officiers du Prince "z
Qui pourra me chasserde cette
place? Sur-quoy le Maistre
d'Hostel lui promet soixante
deniers, les deux
bestes qui sontàses cassez,
les habits que porte le
Duc
,
& qu'il fera franc de
toute forte d'Im positions.
Sur cette promesse le Payfan
descend
,
touche doucement
avec la main la
joüe du Prince, à qui il recommande
la Juflice.Cela
fait, le Prince monte sur
la pierre,ayant changé
sa houlette en une épée
nuë;& ayant promis bonne
Justice au Peuple,il va àl'Eglise Nostre-Dame,
qui n'en est pasesloignée;
où s'estant revestu de ses
plus riches habits, retourne
dans le mesme endroit,
& y reçoit l'Hommage &
leSerment defidélité. On
dit que la raison pour laquelle
les Pay sans ont ce
droit au dessus de la Noblesse
,
c'est parce qu'ils
ont
ont esté les premiers à etïu
braderle Christianisme,
pendant que lesGentilshommes
crou pirent dans
le Paganisme juiqu'au regné
de Charlemagne.
CER EMONIE
de la Diete.
Le jour marqué pour
faire l'ouverture desEtats,
l'Empereur s'y rend en
Personneou par Députez,
lorsque l'Empereurestassissurson
Trofne, les Electeurs
se placent à sa droite
&à sa gauche,suivant
leur rang, sur des bans tapissez
d'écarlate & élevez
de deux marches: ceux
des autres Princes ne sont
ellevez que d'une, & tapissez
de drap vert. Lorsquechacun
est placé selon
son rang, Sa Majestéfait
faire par un Prince,les
proportions qu'il souhaite
à l'Assemblée; l'Electeur
de Tréves au nom detous
les Etatsremercie SaMajestédes
soins qu'Elle se
donne, en l'assurant qu'ils
travailleront incessammentàluy
donneruneentieresatisfactionsur
ses
demandes. On donnepar
écrità chaque Collége
les propositions de l'Em-,
sereur,qui les examinent
a part;& ayantensuite pris
leur resolution
,
ils conviennent
du jour qu'ils
doivent se joindre tous les
troIS, pour s'entrecommuniquer
leurs Centi-
: ments: &s'ils demeurent
d'accord du Resultat
,
ils
l'envoyent à l'Empereur,
qui l'ay antapprouvé
,
est
misaunombredesConstitutions
Impérial es : Mais
s'il yaquelqu'undes Collèges
dont les avis ne
soient pas conformes aux
autres & aux sentiments
du Commissaire de l'Empereur
,
la Constitution
Impériale n'a point force
de Loi, & est entierement
nulle.
Empereurs dela Aîaifon
d'Autriche.
t Rodolphe régna19. ans.
Albert1.fils de Rodolphe,
fut eslu l'an1298.&.
regna 10. ans a près Adolphe
de Nassau.
FrédéricIII. succeda à
Henry VII. l'an1313.& régna
io.ans*
Albert II.succeda à Sigismondl'an
1438. & régna
2.ans.
Fre dericIV.luy succe d a
en 1440. il régna (cul 48.
ans, & 7. avec ion filsMaximilien.
Maximilien futeflu Roy
des Romains l'an 1486.
Aprés avoir regné 7. ans
avec son pere, il régna enfuite
seul26. ans.
Charles-Quint fils de
Philippe Roy d'Espagne,
succeda à Maximilien l'an
1519. ®na 36. ans.
Ferdinand fut esluRoy
des Romains l'an1531. il
gouverna l'Empire avec
son frere l'espace de 16*.
ans,
MaximilienII. succeda
a Ferdinand l'an 1562.Il
regna 10.ans.
Rodolphe succeda à
Maximilienl'an 157Z.Ôc
regna 40.ans.
Mathias succeda à Rod7olphe.
enaIn6ià.s& .réIgna
Ferdinand II. succeda
à Mathiasen1519;.&régna
18.ans.
Ferdinand III. luy fuccedaen
1657.&régna21.
an.
Leopold luy succeda
en 1658.&aregné47.ans.
Josephson fils quivient
de mourir lllv succeda en
4 1705.
J' a^oois dessein de marquerparquelquestraits
historiques les caractel'es
de chaque Empe..
reur de la Maiftn
d'Autriche,mais cela,
maurait ment trop
loin: voieyseulement
quelques traits de Rodolphe
qui est le<chef
de cette haute
jlre Adaifôn ,
Rodolphe ayant
contraint a force d'armes
Ottocare à luy rendtorcearrheonrnlagc
lige, Ot- nelevoulutpromettre
,
qu'a condition
que ce seroit en particulier,
dans sa tente ,
sans
quepersonne en - témoin.
Le jour fut pris ;
Ottocare y vint avec un
habit superbe & tout
brillantdepierreries.Rodolphe
affecta den'avoir
qu'un habit simple SC
vil comme seroit ceruy
d'un Païsan, & dans lç
moment quOttocare
ainsi paré estoit à ge—:
noux devant luy les
mainsjointes, des machines
qu'il avoit fait
préparer, enleverent la&
tente, &c donnerent ce
spectacle à toute l'Armée
;cela rompit lapaix,
&. cefut dans cette seconde
guerre qu'Ottocares
fut tué par Rodolphe.
Rodolphe esant à
Cheval par un temps des
pluye,rencontraunCIUH
ré à pied portant le Viatique
à un malade ; il
delcendit de Cheval,fit
monter le Curé dessus
, & conduisït à pied dans
les boues jusqu'à la Maison
du malade
,
le Saint
Sacremenc, qu'il reconduisitde
mesme jusqu'à
l'Eglise
,
où le Curé luy
donnantla bénédiction,
luy prédit que luy & Tes:
descendans seroientEmpereurs.
En effet, 4. ans
après l'Archevêque de
Mayence luy menageat
les Electeurs,dontquelques-
uns neconsentirera
que dans la vue d'époufer
quelques-unes de les?
filles: il en avoit pour
lors six -, toutes également
belles. ,J
Rodolphe dans sa ceremonie
de son Election
, voyant que les Electeurs
failoient difficulté
deluy rendre la soy
Se hommage
, parce
qu'onavoit oubliéd'apporter
le Sceptre
,
prit
sur l'Autel le Crucifix,
&;dit:-v-oillcy le Sceptre
des Cérejïiens. Surcette
parole on rendit l'hommage
en vertu du Crucifix.
1 Rodolphevoulant ramener
à son devoirun
Comte-de Hongrie.qui
pilloit bc massacroit publiquement
--'
le fit venir
parl'entremise de ses
amis, l'ayant fait mettre
à table avec luy Se
boire dans le mesmeverre
où il avoitbû;leComte
dit:je ne doute point
apresent que je nefois en
seureté,puisquej'ay bû
avecleplus honneste homme
du monde.
Rodolphe à l'âge de
73. ansse mitenchemin
pour aller à Spire,dilànt
qu'il alloit rendre visiteauxEmpereurs
defunts.
En effet, estant
tombé malade quelques
jours après, il mourut.,
& sust enterré avec les
autres Empereurs,
Nouvelles d'Allemagne..
t Le Prince Eugene esstanspartypour
les Pays-
Bas le 6.Avril dans le tems
qu'on croyoit l'Empereur
hors de danger, reçut en
deçà de Nuremberg un
Courrier que le Comte
d'Herberstein Vice-Président
du Conseil deGuerre
luy dépeschoit, pour luy
donner avis dela mort de
l'Empereur; l'invitant en
mesme temps de retourneràVienneoù
sapresenceestoie
fortnecessaire,
Ce Prince prit dans le moment
le party de renvoyer
le Courrier,& écrivir à la
Cour qu'il avoit jugé plus
à propos pour l' interest
de la Famille Imperiale,
& pour rassurer lesMembres
de l'Empirevoisins
du pays Ennemy., de continuer
sa route vers le +
haut Rhin & non pas en
Hollande. Il s'est abouché -
avec. les Electeurs de
MayencePa,ldaeTrteviesn6cPalatin,
ausquels il avoit
depcfché des Courriers
pour se rendre incessamment
àMayence.Ce qu'on
a pu apprendre du resultat
de leur conférence se reduit
à trois points, I. D'envoyer
un Courrier à Barcelone
pour inviter l'Archiduc
de revenir incef-
(àmmeneen Allemagne.
2. De depescher des Courriers
à Berlin & à Dresde,
pour communiquer aux
Eleveurs de Saxe & de
Brandebourg les sentiments
des trois autres El<:.-.
steurs,sçavoir de differer
FeiecHon jusques après la
paix ou dumoins jusqu'à la
la fin dela campagne pour
éviter les inconvénients
qui pourroient naistre
dans une conjoncture:
aussi fâcheuse que celle où
l'on setrouvoit. 3. Que le : Prince Eugene seroic au.
torisé de disposerde l'Ar-
- méedel'Empire pour af- -
furcr la tranquillité de
l'Allemagne,&empêcher
que les Armées de France
ne profitent de cette occasson.
En exccution. de
cette resolution
,
le Prince
Eugene s'est renduàRastad
pour passeren revuë
les Troupes qui sont aux
environs., donner les ordres
qu'il jugera necessaires
pour la garde des Lignes
d'Eslingen, & faire
marcher le reste de. l'Armée
dans les endroits convenables.
Cette Armée
doitestre renforcée par les
deuxRegimens Impériaux
& par les huit Bataillons
Palatins qui avoient marché
vers l'Oder&quiestoient
destinez pour l'Ar--
înee de Neutralité. Le'
Prince Eugene après avoir
donne ses ordres sur le
Rhinestallé en Hollande
où lesEtats Généraux ont
pris la resolution de mettre
tout en usage pour
procurer laCouronne Impériale
à l'Archiduc;ayant
envuë leur propre interest.
plustost que celuy de la
Maison d'Autriche ni de
l'Empire.
L'Imperatrice Merc
qui a la Regence des Pays
hereditaires, a ordonné
quetous les hautsOfficiers -..!.
resteraient dans leurs
Charges, en attendant les,
ordres de l'Archiduc.
Le Roy Auguste ayant
appris la mort de l'Empereur,
tint Conseil dans le
moment, où il fut résolu
d'ajouster à sa qualitéd'Electeur
,
celle de Vicaire
de l'Empire,& qu'il resteroit
en Allemagne jusques
aprésl'Election d'un nouvel
Empereur. Le Chancelier
de Pologne protesta
contre cerre résolution.
L'Electeur de Brandebourg
devoit partir le 26.
May pour serendre à Cle~:
ves..
NouvellesduNord.
Les Lettres de Moscouu
du II. Mars portent que IesJ
8. le Czar assista à lapublication
de la Declaration
de la Guerre contre les
Turcs. Cette publications
sefit dans l'Eglise Metro-c
policaine
,
où le Czar se
rendit avec ses Ministres
& ceuxdes Princes étrangers.
Aprés qu'un Secretaire
d'Estat en eust fait la
lécture
,
le Patriarche fit
un Sermon sur ce sujet , ensuite dequoy leCzarsit
sa priere.
Lettre écrite de l'lae de
Metelin dans l'Anatolie
,
le 18. Février.
Dans toutes les Isles de
l'Archipel d'où je viens
, on
travaille avec beaucoup de diligence
a conflruire des Galliotes
en maniere de grands
Batteaux plats, dont lamoindre
portera deux cens hommes
avec leurs armes. Ces Bnjlimens,
ainsique tous lesautres
dontl'Armée navale du Grand
Seigneur sera composée, dataient
estre aJTemblez.. a Con.
stantinople dans le mois de
Adars. Cette Flotte qui doit;
entrer dans la Àler Noire,
fera composée de cinq cens voiles.
Lenombre desGalleresferaaudessus
de cent, trente;
celuy des Galliotes, d'environ
deux cens ; &le restestra-des
Sultanes, desSaïques
, &
iautresBaflimens.
On m'aaussi faitvoir ài
Smirne l estat des Troupes que
le Grand-Seigneur doit avoir
en
(ln Campagne. Jamais l'Empire
Ottoman n'a Ivvé une. se
-puij]unte Armée.
Les Lettres deGonffcan»'
tinople du17. Mars portentque
leGrandViziren
estoit sorti le jourprécedent
avec tous les Offi*
ciers., pour aller camper
aauuxx ; environs avecles .,- Troupes qui s'y afifeiiibloietit;
qu'il donneraAufiance
fous ses Te-rsccr-s airtc
tUMiniftres Etrangers qui Iirlonec luyfouhairer un UreLlx qvj iIne
partiraquele15, ou le .j.:&.
d'avril,& quefoiïArtillerie
ferade trente cinq,
pieces de Canon. tnH
Le Roy Auguste a fait,
publierune Ordonnance
dans laSaxe, pourleverle:
sixiémehomme.Par,ce:
moyen il formera Cuni
Corps d'environ quatorze: millehommespour b garde
desfrontières. %jsè
Ilya desLettres deCa—
minietz du iç. Mars,quii
allurent que le Kandesa
Tartares qu 'on avoit dkN
avoir estédéfait.par lest
Cosaques., continuoit
-
fairedegrands ravages le
long de la rivière d('O., cca
,'en Moscovie
, -& le long
duBoristhene, oùl'cm ne
voyoicde temps en temps
quequelques Partis Moscovites.
D'autresLettres portent
que de cette Armée
de Tartares, qui estde
deux cens mille homtne-s.,
ily en avoir une partie qui
fnarchoitvers Moscou ez
que leKan qui marchoic
avec l'autre partie dans
l'UKraine, avoitreçu des
Deputez desCosaquesqui
estoient venus Iuycicmander
saprotection
,
& offrir
de se joindre à luv\i;
qu'unaurre.Co(pde Tas ïtares
commandé par un
defils duKan^&quiavoit
joint le Palatin de Kiowie,
avoir marché versla baffe
Podolieau nombredeplus
de soixante mille hommes
;que les Mofcovirès
qui gardoient cette fro~rr~
tiere s'elloientretirez par- ,
tie versKaminietz, & partie
vers Kiowie sur le Boristhene
,& quele Grand
Visir aprésavoir demeure
vingt jours sous ses Tendtes,
iroic avec la grande
Arrr>ce joindre le Roy dit
Suedeà-Bendcr.
Lettre d'Antigue.
Le Général Parestant
rutilé depuis plus de six
mois,&ayanteu ordre de It
Reine de laisser le commandement
des Ijles Angloises à Mr
Lamilton,e qu'il n'apas voit-
Ut executer; la Chambre des
Communes de l'¡fie d'Antigus
s'estant tumultueusement assemblée,
sepresenterent che%
luypourluydemandersaCommission.
Ledit General prévc*
Mfcdelacboje} avoitfait mettre
quatre pièces de Canondirm-
ant sa maison, & assemblé
une Compagnie de Grenadiers
qui tirèrent une des piéces de
damnsur les habitants
,
lesquels
forcèrent au nombre de
trois centssur la maison :>.C?tJfllffoncerent
les portes & lesfer
nestres
, entrèrent dedans;) &
trouvèrent le General Part
une Carabine à la mainqu'il
tirasurun Capitaine de Milice
qui estoita la tesse de ces
gens attroupe, & le tua.
Lequel Generalreceuten mejl
me temps un coup de pistoletà
la cuijjc dont iltomba, &
l'assommerent ensuite.ilya
eu - quatre hovîmes de tufZ du
tDjlé des habitants ,sça voir le
Capitaine ,
deux Gen,1ilshommes
, & un Particulier,
&pde.l1a partduGénéral, lluy, quatre Grenadiers avec
plhfieurs djj b!.jfje;•£
Nouvelles ci'E[pgne.
DeSarra£oflc ! e21 Avril.
Le î{oja faitpublier un
Décret en forme de Règlement
pour le Gouvernement dù-
Royaume d'Aragon. Ce De
cret portequejusqua ce que la
Paix donne lien de formerune,
Ordonnance perpetuelle
Sa Majestéaresolu dedonne,r
au Prince de Tserclas de Tilyl
le Commandement général ,
tant civil que Militaire, de
Police&deFinance squily.
aura une Audiance composée.
dedeux Salles
,
l'unepour le
Civil, dans laquelle ilyaura
quatre Auditeurs quijugeront
Ion les anciennes Loix d'A.
ragon; l'autre pour le Criminel
,
otl. ily en aura cinq qui
jugerontJeIon lesLoix de Cà4
stille ; qu'outre ces Oiffcient
cette Atidiantr aura un President&
un Procureur General
; que le Conseil des Finances,
otttre le Presidentqui
serale CommandantGeneral,
seracomposéde huit personnes,
dent deux feront Ecclesiastiques
,deuxdeprincipaleNoblrffi
deux Gentilshommes,
& deux des plus confiderablct
Bourgeois de Sarragosse ou de
-
quelque autre Ville duRoyau*
me avècunSecretaire.
Les préparatifs pour.['ou..î
verture. de la CampagneJfont:
prejqueennerement acbevevç
Toutes les Recrues ont desja
paffél'Ebre ainsiqu'unegran*
de partie des Chevaux de re.
monte. Ily a ordrede faire
prendre Le vert aureste,pen
dantqu'on lefera prendreàla
Cavalerie qui estenCataloyo-
ne.La grosseArtillerie de- Vdliner,
dans laquelle il yaJox~
Zé gros Mortiers,doitarriver
dans trois jours & elle
partyraaujfttofl pour Lertda
avec unautre train qui esticy.
Les Lettresde Madrid
portent qu'on avoit esté
dansde grandes inquiétudesà
eaule du mauvais
etat de la santéde laRepne
;in-aisque la nouvelle
qu'ony avoit reçu qu'elle
estoit entièrement delivrée
de lafiévre double
tierce qui l'avoit reprise,
avoirbeaucoup re;cny<
Cc11es deCervera one:
appris qu'un Regiment
Ennemi compose,d'italiens
&, d'Espagnols,estoit
venu se rendre à M.r le
Marquis de Valdecanas
avec le Colonel.&tousles
autresOfficiers.CeGene*
ral avoit reçu un grand
Convoy de- coures iortes
de provision avec neuf
piècesdeCanon,& ilCe
pre'paroit àattaquer IgualadaoùJ
les Ennemis
avoienc fait rentrer une
Garnison de mille hom,
mes*
Don FelipeRamirezde
Arellano, Lieutenant Generat
,a défait prés d'Almeida.
un Party decent
cinquantePortugais qui
avoitenlevéun Troupeau
de bétail. Le Party Portugaisestoit
compp-se'decent
Cavaliers;&de cinquanteGrenadier&
Don
garnirez n'avoit quesoixante
Cavalierssans lnfanterieJla
ramènele,butin
'<]ue les Ennemie
avoient pris sans avoir
perdu.un.seul homme; il ya eu que luy quia reçu
une legere blessure;à la
jambe.
Nouvelles<de Flandre.
Le 30. AvrilMylord.
,'hlLlrlborougharriva incognitoà
Tournay.Iln'y
retta qu'un moment^&il
aila couchera Fline. (tJt,J
,r La nuit du30. au^-iv
Mayle GénéraTopequi
avoit son quartier au Chasteaud'Air
, nemarcher
dix pieces de cartondé
ceux quiestoientsur FEf-"
planadede Tournay, avec
40. Chariots d'artillerie
chargez de poudre& de
balles,& il alla joindre
sept mille hommes qui
estoient campezau Mont
de laTrinitéain si que les
Trou pes qui estoientà
SainteMaure& aux autres
Villagescircon-vioifinsô&:
toutescesTrou pes marchèrentensuite
àla sourdineversOrchies.
Ily eust
en mesme tempsunmouvement
vers le Pont à
1\1arque,.& soixante Batteaux
qui estoient sur la
Lys, ôcqui avoientordre
de remonter sur l'Efcaut*
remonterent de nouveau
versLille.
Le1.May au soir 50.
Batteaux quiéroient à Oudenarde
chargez de munitions
de bouche, arriverent
à Tournay.Leseaux
de la Scarpe estoient 'fl
.basTes que lesEnnemis fiu
j'enc obligez d'alleger
leurs'Batteaux de 7.àS;
:•JpeaSulmenelbsa.Crream£faoinrq,bueeaudc'oeuapu
parcequelesVoitures de
terre ne pouvoient passer
du costé du Village de
Coulicheoùlaterreest si
mouvante, que l'on n'y
peur faire de chetiii.
Le2..les Boulangers de
.l'arméeennemie entretentà
Tournay .;-cependant
le gros de cetteAr-
:l11ée passalaScarpe entre
«poiiay
Doüay& Pecquencourc,
,& cam pa depuis Sommais
jusqu'au Village d)Ab[.
con. -1'
Le mesme jour leCamp
de Mylordd'Albermarle
quiestoit à Mande &à
Mortagrne
,
fut renforce,
&il dévoie arriver des
Troupes au peritCamp de
Calogne ôc de Vaux commandé
parMrdeS.Clair
Gouverneur d-Audenarcte.•<
- Le 3.le Campde Mer*,
tagne marchoit pour joindre
Lt. grande Armée, à
l'exception de deux'Real.',
ments de laGarnison du
Chasteau
,
&ilestoit arrivé
au camp de Calogne
trois Regiments d'Infanterie
,
qui avec la Garnison
deS. Amand devoient
servir à escorterles Batteaux,
dontil en estoitencore
arrivé la veille à
Tournay 33. chargez de farinevenantd'Oudenarde.
Le soir du mesme jour
3. les Ennemis firentsortir
de Tournay 55. à 60.'0
pièces de gros canon& :
1 500. charettes d)Arrillè.
rie;qui prirent la route de
Lille-jpour;serendrepà
Doüay rJ & unCorps de
Troupes qui estoit campé
à Ninove arriva àBlaton.
,r Le 4"cesi11eflnesTrau..
pes se mirent en marche
pour aller joindre la grande
Armée qui avoit passé
le Scarpe.
L'Armée du Rov estoit
campée la droite au delà
deBouchain,la gauche à
Monchi Preux-, & lecentre
àOisi; ensorte que les
deux Armées n'estoient
separées que par laSensée
& par des Marais qui sont
uneespece de barriere depuis
la Scarpe jusqu'à sErs
caur. NostreCavaleries'estendoit
sur les derriercs
du calté de la Somme
pour subsister plus conu
modement. Mr leMareschal
deVillarsaprés avoir
visité le terrain-entre la
Scarpel'escaut,&l'Haisne,
faisoit travailleràdeji.
Redoutes & desRetranchements
dans lesendroits
où les Ennemis
pourroient penetrer, &il
raifoic retenir les eauxde
laScarpe, de laSensée,
à& de l'Escaut à Bouchain , Valenciennes; &àCondé..,
ce quiembarrassois
beaucouples Ennemis qui
ne pouvoient faire rémora
ter leurs Batteaux parces
rivieres que très-difficile
lenlcilr.
LeColonel Savary s'ees
tantavancé dans l'Artois
avec 45 hommes, futenveloppé,&
on le conduite
àHcidin avec tout foin
Party.
Le7.les Ennemisayant
attaqué le Poste d'Arleux
,
situésur laSensée de leur
costé;ilsseretirerent a près
avoir eu plus de trois cens
hommes tuezou blessez.
Le 9 le Major General
Chambrier qui escortoit
unConvoy de quarante
cinq Belandres qui remontoient
la Scarpeavec
deux Bataillons, l'un des
Gardes bteues,<3e l'autre
Suisse
,
faisant neuf cens
hommes
,
fut attaqué par
Mr de Permangle Commandant
de Condé à la
place de Mrde Puissegur,
entreSaintAmand & Mortagne.
Le combat fut ro-rc
opiniarre•mais quoique
Mrde Permangle n'eust
que huit cens hommes,
les Ennemis furent entierementdéfaits;
leur Commandant
fut pris, & on
brusla quarante Batteaux
de soin, d'avoine & de fa^
rines.
M 0 R T S.
Poiter, Vice-Chambelan
du Roy d'Angleterre,
estmort à S. Germain en
Lave dans sa 74e. année.
Il avoit eue envoyé du feu
Roy Jacques II. à Rome
lors de larevolution
-, ôc
ensuite Envoyéàla Cour
deFrance.• .:C,
Gillesd'Aligre,Chevalier
Seigneur deBoilkn*
dry,cy* devantConseiller
au Parlement, mourut le
12Avril âgé de 47.ans. Il
n'a point laissé de posterité
de Catherine Turgot
de S. Clair. **.
Charles le Royde Jumelles,
Marquis de Cerizy
, Chevalier de l'ordre
Militairede S. Louis,Mareschal
reschal desCamps & Armées
du Roy, mourutle
t.5. Avril. 'IlavoitcRé Envoyé
de SaMajelléattpré;
desCantons Suisses.
Marguerite le Tellier,
Epouse deLouis Nicolas
deNeusville,DucdeVilleroy
,Pair de France, Ca-.
pitaine desGardes duRoy,
LieutenantGeneral de les
> Armées, &au Gouverne-
,
ment de laVille de Lyon
&desProvincesdeLyonnois,
Forez ,& Beaujollois
, mourut le i-.Avril
dans sa 33°. année.Elle a
lailie deuxgarçons&deux
filles.
François le Fevre de
Caumartin, ChevalierSeigneur
de Mormant, mourur
sansalliancele24. Avril
âgéde 82. ans.
Laurent Berthemel
,Chevalier Seigneur deLagerk3e
de Moutreuil,
Maistre des Requestes
..,)
,mcurut aussi sansalliance
le 15.Avril.
Marie Barbe de la Croix
de Chevricr
, veuve de
Louis de Pontevez, Marquis
deBuous, Lieutenant
de Roy deProvence, mou- rutàApt en Provence le
a,~. Avrilâgée de 69. ans.
Mrle Marquis de Buous,
sonfils ,eîl Gouverneur
d'Apt, & Syndic de k*
Noblesse deProvence.
Marie-Claire deBretagne
, Abbesse de Malnouë
,
est morte âgée de
84. ans. Elle érait fille de
Claude deBretagne,Comte
de Vertus & deGoello,
Baron d'AvaLi-crour&d'lngrande
,Seigneurde Clisson
,&;Gouverneur d-z Rennes,morten 1637.
-
Jeanne-Phiberte Ca;
Hius de Pontcarré Epouse
d'Etienne Bochart, Chevalier
de Sarron ,
Presidentenla
premiereChambredesEnquêtes,
mourut
le premier Mayen sa41,
année. Elle estoit fille de
Mr de Pontcarré
, mort
Conseiller d'Honneur au
Partemenc,ôe soeur de Mr
de Pontcarré
,
premier ;
presidentau Parlement de
Itolien, & de Mr Camus
Durand
,
Conseiller au
Parlement.
La Princesse.,fille aînée
de Monsieurle Duc, de
Lorraine, nouvellement
pourvûë de l'Abbaye de
Remiremont
, mourut à
Luneville le 4. May. Son
Corpsaesté portéaux Cordeliers
de Nancy- dans le
Tombeau des Ducs de Lorraine.
r,* Marie Claude lePelletier
,
Epouse de Jacques-
Etienne Turgor, Chevalier
Seigneur de Soumont,
Bons, Ussy, Brucourt, &c.
Maistre des Requestes &
Intendant de la Generalité
de Moulins
, mourut
lej.Mjy.Elleelibir fille Je
MichellePelletier deSouzy,
Conseillerd'estat, &au,
Conseil Royal, & Directeur
General. des Fortifi-
-carions;& de feuë Marie,
GueNrin.."A ~oi sixc» Voisin,Epouse,
de Mr de Vaubourg,
Conseiller d'Estat,est mor-
,..te.!e Vendredy 8. du mois
de May agée de 44.ans
Elle estoit soeur de MrVoifin
Ministre&Secrétaire
d'Estat,& Mr de Vaubourg
est freredeMrDefmwcz,
aussiMinistre&
Controlleur General des
finances3& neveu de feu
iMrColbert. On peut juger
par là dans quelle agreable
situation se trouvoie
Me de Vaubourg
, mais son grand detac hement
des choses de ce
.monde & son austere pieté
larendoit peusensibleaux
biens, & aux honneurs.
Elleestoitmodeste auatnt
que vertueuse, & aussi aimée
de tout ceux qui la
connoissoient qu'elle aimoit
l^s pauvres pour qui
sa charitéestoit inépuisa-
ble. Me deVaubourg sa:C
se deuxenfants, un fils <3fc ;
une fille qui est veuve dtl
Mrle Marquis d'An gen>
ne,Brigadier des Armées
du Roy,eue'à:k'bataille
de Malplaquet.
Le zele des François.
pour MonseigneurleDairphin
égale leur affliction
pour la perte d'unsi grand
Prince. Le nombre des
prieres & des Services
qu'on fait pour Iuy1 estsi
grande tant à Paris que
dans les Provinces, que
toutece VolumenefufBrok
pas pour placer les mémoires
qu,'onm'e, nenvoye.
On prépare ausside
tous costez des Oraisons
Funebres. La premiere
qu'on air faite dans Parisa
este prononcée par Mr
delaPause-Margon.Quoiqu'il
ne soit âgé que de21.
an,cette Piece d'Eloquenceaestétrouvée
dignedes
Orateurs les plus consomniez
& les plus célèbres:
Mr l'Abbé de la Paufe est:
£ls de Mr de Màrgorr,
Brigadier des Armées du-
Roy de Lis-uten-aiu deRoy
de la Province de
Languedoc.
EstatdesOfficiers Généraux
, &desTroupes cjui vont
en Ejjhlgne.
LIEUTENANSGENERAUX
Guerchy.
Muret.
MARECHAUX DE CAMPArpajou.
Chastillon.
IleDuc deDuras.
Le Comte d'Estaires.
Planque.
Le Comte de Fienne
commandera ,', en Catalogne,
Mr Brancas,Gouverneur
de Gironne, y commandera
fous luy.
MARE'CHAUX DE CAMP
enSardaigne.
Tournon.
Pelleport.
C.ailus,.
Infanterie qui va en Efyagnè.-
Normandie, 3. Bataiilons.
Auvergne,
2, LaCouronne, 2
Artois)
Cinquième du Royal Artillerie,
;i Deuxième des. Bombar- diers,.• Forets,•• 2,
Angoumois,
La Marche, 2»-
Total16.
Cavaleriequi va en.EJfagnz, gne, Berry, 5
Fleches, 3
Putange, 2,
Vaudremont, 2,
Parabere, %,
Germinan, 2,
Dragons.
Bouville, 3
î3olclli,
Chatel, t
Total 2.4.
as33î-oh£n;> jti£Î
,.JQMrArR<INE. ^]>
? DuHavreleS. Avril.
-- tmw&
Le Vaisseau du Roy se
* Sephirea. prisun Vaisseau
Angiois chargé de Sucre
du Bresil, & decent cinquante
pieces de Vin de
MJderc. J&nïi &V
'"Mic~.
DeDunquerque le13.Avril
i^uon
La Renommée a pris
un Bastiment Hotiandors
chargé de Moruë
,
& la
Marie-Charlotte en a pris
unHambourgeoischargré
de Cuivre,d'Acier, d'Amidon
,& de plusieurs
autreseffets, letoutesti-
..me cent mille livres.
De la Rochelle le 16. Avril.
,t
-
La Corvette du Roy
laRenée tJ , commandée
parMr Foüilleuse,a pris à
l'abordage le Marlborough,
Corsaire de Grenezey
Le Capitaine & le
Lieutenant ont esté bieslez
à mort ,
& plusieurs
autresont eslé tuez, i&;
blessez.
DeMorlaix le 17. Avril.
MrChauvel de Jonval
a pris un Navire Anglois
de ii. canons,chargé de
plomb, d'Estain
,
de Harengs
,
de Sardines, &
d'autresMarchandises.
«
De Brestle 29. Avril.
Le Vaisseaula Couronne
de S. Malo, de huit canons,
a pris un Corsaire -de
de Grenefey
,
de dix canons,
& de 72. hommes
d'équipage.
De Cherbourg le 29.Avril.
Mr Fontaine a amene
unNavire chargé d'Orge,
qu'il a pris à la coste d'Angleterre
où l'équipage
s'est fauyé*•
De Brestle 30 -
Le Ltiz-,lnçay- a pris un
Vaisseau Anglois forti de
Cork,chargé de Froment
& d'Orge pour Lisbonne.
Mr du Tertre Daniel a
pris un Paquebot Anglois
allant à la Jamaïque.
MrChauvel de Dunval
a pris deux Bastiments
Hollandois chargez de
Pois; & un Armateur de
Dunquerque a amené un
NyavirieAnnglo.isvcharg;é de. A propos de Marine,
je vous ay donnédans le
Mercure d'Octobre Textrait
d'un procez dont je
promis le jugement qui
n'a esté rendu au Conseil
fqueadepuiis pteu..Voicy le '-
Roman, Gondol
,
&
Lati
, tous trois Matelots
Officiers du navire du departement
de Toulon, s'embarquerent à Toulon
sur unVaisseau marchand.
En faisantrouteversle
Havre de Grace, ils furent
attaquez & pris par un
Vaisseau de guerre qui les
conduisitàBaston.
Le20.Decembre1709.
on les embarqua dans un
autre Vaisseau marchand
qui partoit pour Londres
Il y avoit sur ceVainèattr
huit Anglois ; sçavoir, Ifc.
Capitaine, un Capitaine
passager, un Pilote,&cinq
Matelots.
Nos trois prisonniers
conspirerent la mort des
deux Capitaines, & du
Pilote; chacun d'eux fè
chargea de tuer son homme;
tous trois re'iiffirenr,.
&lescinqMatelotsvoyant
leurs chefs morts se soumirent
à nos trois Françoisqui
se trouverent enfin
maistres du Vaisseau
Anglois. Le 10.Janvier
IJTO. que cestrois François
se rendirent maistres
du Vaisseau ,ils faisoient
route vers la France lorsqu'ils
rencontrerentvers
Sorlingues un Armateur
de Roscoff, Armateur
François, qui voyant un
Vaisseau de la fabrique
- Angloise le reprit sur nos
François. La question estoit
de sçavoir àqui devoit
: appartenirceVaisseau.
Jugement..
Le prix a esté adjugé
moitié à l'Armateur,8è
moitiéaux trois Matelots.
Apparemment on a
prouvé dans l'instruction
du procez que les trois
Matelots se sont emparez
de bonneguerre du Vaisseau
Ennemy où on les tenoit
esclaves,&qu'ensuite
ayant arborépavillon
Ennemy
,
& l'Armateur
les ayant aussi attaquez
de bonne guerre, le Vaisseau
étoit de bonne prise
pour tous.
Mr le Comte deMalaurand
,
Lieutenant de
Roy de -laHaute&Baffe
Alsace, a presté serment
le 28. Avril àMarly.
Mercredy 20. de May
à minuit Loüis Charles
AugusteFoucquet, Comte
de Belle-Isle, Brigadier
des Armées du Roy,ôc
Mestre deCamp General
des Dragons de France,
épousaHenrietteFrançoise
de Durforr. Le Comte
de Belle-Isle est fils de
LouisFoucquet, Marquis
deBelle-Isle,&deCatherineAgnés
de Levy, & la
Demoiselle est fille de
Charles de Durfort Marquisde
Cidrac ,& d'AngeliqueMariedu
Bourdet.
Les nopces se sont faites
chez Madame laDuchesse
de Vendosme avec beau.
coup de magnificence.
Madame la Princesse &
Madame la Princesse de
Conty y assisterent.
fNOUVELLES.
NOVVELLES. r.», - -:,..¿"A '< -•- - ji prés vous avoir
donnédes Nouvelles à
l'ordinaire, j'ai cru qu'un
Journal traduit de plusieurs
Lettres Espagnoles,
feroit plaisir à ceux
qui rassemblent les morceaux
les plus curieux 6C
les plus exacts, pour
composerune fuitehifterique
des Nouvelles de
chaque espece
, ce qui
est le but principal que,,
je me suis proposé en divisant
mon Mercure en
quatre Parties; ensorte
qu'y joignant ensemble
les Nouvelles de differents
mois,on peut avoir
un Journal suivi de ce
qui s'est passé pendant
toutel'Année.
if O U R NA L
veritabledetout ce qui
s'est pajjea Madrid
de plus remarquable
depuis le 20. Aoust
1710jusqu'au 3. De-
L:,,.,( de la mesme
aSnaAnéde.,jourauquel
C. 1.H-f1.- dans
cetteCapitale.
D
és le momentqu'on
"ur appris le malheureux
JUCCCZ qu'eurent le 18.
Aoust 1710. les armes du
Roy d'Espagne à la batail- -
le de Saragosse
,
dont la
nouvelle arriva à Madrid
le 20.Aoust,chacun fut saisi
d'unetristesse profonde,
ôc la consternation fut generale
dans toute la Ville,
sur tout lorsqu'on fçucjj
avec certitude que leurs
Majestez avec toute leur
Maison se preparoient as1
en sortir pour se retirer Mi
Valladolid
, ce qui s'exe":':
cuta le 9. de Septembre aujj
matin sur le rapport qu'on
eut que les Ennemis estoient
déja aux environ
deCuença. On n'a jamais
veu dans Madrid un plus
triste spectacle
; tous les
habitants fondoient en
larmes, en voyant le départ
precipité pour ne pas
dire la fuite de leurs Majestez.
Elles furent accompagnées
dans leur malheur
de tous les Conseils,
de tous les Grands,&de
tous les Nobles, sans que
rien put les retenir, ni la
crainte de perdre leurs
biens ni l'attachement à
leurs famillesnon pasmesme
l'amour.
Je dis cecy par rapport
a un jeune Amant
Espagnol qui sacrifia son
amour au zele qu'ilavoit
pour son Roy; c'estune
avanture qui méritébien u
qu'on la raconte ayeco
toutes lès circonstances.
Je vous la donneray sé-^
parement à la suitede ces
Journal, Elle y seraà sa,£
place, puisque le retour
de Philippe V. à Madrid
en fit le dénouement
,
commeson départenembrouilla
l'intrigue.
Ilyeut plusieursDames
qui suivirent la Reine
,
les
autres leurs Maris,& celles
qui ne purent suivre se
retirerent dans des Convents
: en forte qu'il ne
resta dans Madrid ni aux
environs que quelques
Ministres rebelles qui avoient
abandonné le parti
du Roy. Le Duc de Veraguas
,
President du Conseil
& des Ordres, & Conseillerd'Estat
, mourut le
mesme jour du départ de
Sa Majesté, de douleur de
n'avoirpulasuivre,àcause
de ses grandes infirmitez.
Le nouveau Duc,sonfils,
pour ne pas differer un
moment à donner au Roy
des preuves de sa fidelité,
partit aussi-tost, & suivit
Sa MajeHé sans avoir rendu
les derniers devoirs à
son pere.
Aprés le depart de leurs
Majestez
, & de tant de
personnes considerables
,
la Ville de Madrid demeura
semblable à un desert
,
& dans une tristesse incroyable.
Le 21. de Septembre le
General Stanhope Envoyé
extraordinaire d'Angleterre
auprès de l'Archiduc
vint à l'Hostel de Ville,
pour lui demander de sa
part l'obéïssance , & sur
rheure 4. Echevins furent
députés du Corps
,
pour l'aller rendre à l'Ar..
chiducqui estoit pour lors
à Alcala d'Henares.
Sur le soir du mesme
jour21. Septembre, on publia
icy le mesme Edit qui
avoit esté publié à Sarra-
, gosse le 21. Aoust, menaçant
de punir suivanttoute
la rigueur des Loix , «
ceux qui ne voudroient
pas le reconnoistre pour
leur Souverain.
Le mesme jour on publia
encore trois autres
Edits qui furent affichés
par toute laVille. Le premier
pour retenir chacun
dans ion devoir fous peine
de la vie. Le second portoit
commandement à
tous les soldats dePhilippe
V. qui seroient encore
dans Madrid ou dans les
Hospitaux
,
de se presenter
en personneouunau-
tre pour euxdans 24. heures
fous peine de la vie.
Le troisiémeestoit un ordre
de relascher tous les
prisonniers d'Estat
, en-à
-
joignantà tous les Geolliersd'y
satisfaire.
Aprés que tous ces ordres
eurent esté donnez,
le General Stanhopeprit
son logement dans une
maisonde plaisance située
hors de la Ville, & appelléela
Floride; & sonDétachement
se campa aux
environs de la Ville surle
bord du Mançanarés.
Il y eut pendant trois
nuits quelques illuminations
dont les habitants
esteignoient une partie
pendant qu'on allumoit
l'autre, & de toures les
cloches qui devoient sonner
on en sonna fort peu
parce que tous les Sacristainssurpris
de voir arriver
tant d'heretiques, mirent
tous leurs soins à preserver
du pillage ce qu'ils
avoient de plus précieux,
ôc la Connerie fut mesme
interrompuë en quelques
endroits parce que les Anglois
pillerent jusqu'aux
cordes des cloches quand
ils ne trouvoient rien de
meilleur à prendre.
Le 22. de Septembre le
General Sranhope envoya
au Couvent de Nostre-
Dame d'Atoche un Capiraine
avec 60. Cavaliers
pour en enlever tous les
Drapeaux & Etendars que
Philippe V. avoit offerts
depuis la guerre. On les
distribua aux Soldats de
chaque Nation sur laquelle
ils avoient esté pris, particulierement
à la bataille
dAlmanza. Il les porcerent
en triomphe partoutes
les ruës decette Ville
avec autant de fierté que
s'ils les eussent remportez
d'un combat, & non pas
détachées des murs d'un
Eglise. Ils les porterent
ainsijusqu'àleurcamp qui
estoit entre Madrid&Alcala.
Ensuite les vols devinrent
si frequents dans la
Ville qu'on n'a pas cesse
un seul moment d'estre
dans la crainte d'un pillage
general.
Ce mesme jour Dom
Antonio Sanguineto que
Philippe V.avoit fait Lieutenant
Général de Police
à Madrid par interim
Jonna , par ordre du General
Stanhope unMandement
-qUi portoit qu'on
<ut à recevoir fous peine
de la vie,toutes fortes de
Monnoves , tant dans la
Ville que hors d'icelle
foit quelles fussent du,
Royaume ou estrangeres,
suivant le prix courant
dont il donnaune explication
par rapport à celles
de Portugal. ir,
Le 26. toute l'A rmée
Ennemie vint camper aux
environs de Cavillejas, &
l'Archiduc prit son logement
dans la maison de
plaisance du Comte d'Aguilar
qui n'est qu'à une
lieuë de cette Ville. Ce
mesme jour on ordonna
des illuminations par toute
laVille pour le 28. jour
que l'Archiduc choisit
pour entendre la Messe à
Nostre-Dame d'Atocha,
après laquelle accompa- 1
gné de ses Gardes,estanc
entré
entré dans la Ville par la
ruë d'Atocha, il fut le long
d'icelle jusqu'à la porte
deGuadalaxara,puis ayant
repris par la grande ruë,
il forcir par la porte d'Alcala,
& se retira à la susdite
maison de campagne, fort
mal satisfait du peu d'empressement
qu'onavoit eu
d'accourir aux endroits
par où il passoit.
Le premier Octobre il
y eut feste au Palais pour
celebrer le jour auquel
l'Archiduc entroit dans sa
27eannée: mais peu de
persnnes ,
& fort peu
connues s'y trouverent
pour luy baiserles mains.
Il y eut aussi une Assemblée
d'Alcades ou Juges
dans laquelle Dom Francisco
Alvares Guerrero
présida. Les principaux
estoient Don Joséph Sotelo,
DonAdresPinto de
- Lara
,
Don Joseph Palacios
,
Don Augustin de
Cardenas, Don Louis de
la Sevilla
, & Don Pedro
Infante. Don Pedro Zamires
y fit la fonction de
Procureur du Roy. On y
nomma 40 Huissiers ou
Sergens. On ordonna ensuite
à toutes les Dames
qui s'estoient retirées dans
des Convents,de revenir
occu perleurs mai sons
faure de , quoy on y mettroit
Garnison.
Le 4. du mesme mois
onleva leCamp de Cavillejas,
& l'armée ennemie
s'avança jusqu'au Pardo.
Ce sur alors qu'on commença
d'exiler tous ceux
qui ne furent pas trouvez
agreables au gouvernement
present, & lesaccusations
qui furent portées
àceteffet devant les Juges
contre lesfidels serviteurs
duRoyPhilippe, & contre
les François,se trouverenten
si grande quantiré
qu'ils furent obligez
de n'y pas faire l'attention
qu'en attendoient les delateurs,
pour nepas voir
la Ville depourvûë d'honnestes
gens, quoyque la
plus grande partie se fût
déjaretirée& miseà couvert
dans des aziles saj',.'
crez.
Le6. dumefme mois le
<
Marquis de Palamares fut
eslu nouveau Lieutenant
General de la Ville
,
à la
place de Don Sanguineto
Yzaias, & prit possession
decette Charge.
Le 7. on ordonna à tous
les habitants de la Ville
fous peine de la vie de faire
une déclaration exacte
de tous les Chevaux qu'ils
avoient dans leurs maisons
, pour en former un
Regiment fous le nom de
Madrid,dont on fit Colonel
Don Bonifacio Maurique
de Lara ; mais l'o.
béïssance aveugle que l'on
eust pour cetordre rigoureux
ne hit nullement recompensée,
car le General
Stanhope s'empara detous
les Chevaux sans en faire
aucun paiement. On ordonna
aussi dans le mesme
temps de lever deux Regiments
d'Infanterie
, auxquels
on donna le nom de
Tolede& deGuadalaxara;
le premier eut pour Colonel
le Comte de la Puebla
de Portugal, & l'on nomma
pour le second Don
Antonio de Villaroël, tous.
deux Lieutenans Generaux.
Le 12. on envoya une
Lettre circulaire à toutes
les Dames de qualité, portant
ordre de se rendre en
quatre jours àTolede. Il
yeneutquelquesunes qui
obéïrent, mais la plufparc
resterent chez elles.
Le 14. on commença à
monter laGarde au Palais,
& le15. on ordonna à tous
les François de sortir de la
Ville dans 24. heures fous
peine de la vie.
Le 19. Don Raimon Vilana
Piolasenvoya une
Lettre circu laire à tous les
Couvents & Superieurs
d'iceux, pour les avertir
qu'ilseussent à decouvrir
aux Juges qui feroient envoyez
, tous les biens qu'ils
tenoient cachez,& qui
appartenoient à ceux qui
avoient suivi & suivoient
actuellement le party de
PhilippeV.
Le 22. il y eut une Afsemblée
de Theologiens,
Jurisconsultes
,
& Docteurs
en Droit, pour deliberer
de se rendre maistre
de
de tout ce qui estoit retenu
caché dans les Maisons
Religieuses & Couvent.
Le resultat fut qu'il falloit
visiter partout ®istrer
jusqu'aux Tombeaux ôc
Sepultures des morts ,
à
propos de quoy DonFrancisco
Parga,Vicaire de la
Paroisse de San Gines
homme tres-attaché , au
parti du Roy Philippe,
ayant esté misau nombre
des proscrits
,
& estanc
mort sur les entrefaites,
le conseil ne laissa pas de
luy faire signifier son bannissement.
Un Espagnol qui
se trouva auprés du
Corps mort, dans le
moment que le porteur
de
*
la significationarrivoit
, luy demanda fierement
ce qu'il vouloit;
l'Argoafil dit qu'il venoit
signifîer le bannit
sementàDonFrancisco:
he par dios, dit l'Espagnol
relevant sa moustache,
vos venir tardè Ar*
goafil, D. Francisco esta
bien lexos; qui veutdire,
vousveneT^tardHmjfîer9
Don Francisco estdesja
bien loin.
Cemesme jour le nouveau
Gouverneur Don
Maurique donna un Arrest
qui declaroitentr'autres
choses que quiconque
de jour & de nuit, d'une
voix haute ou basse crieroit
Vive Philippe V. seroit
executé à mort sur le
champ.
A l'occasionde cetArrest
un Bourgeois paria
contre un autre qu il y
contreviendroit publiquement
; je parie que
nonditl'autre,& jeparie
un quadruple:non reprit
celuy-cy, je ne veux rien
parier,je gagnerayassez
en contentant mon zele;
aussi-tost il s'équipa à
peu prés en Colporteur
François, &C tenant pluheurs
imprimez fous son
bras, il marmotoit tout
bas: Arrestqui dessendà
toutespersonnes,etc. Se
quand il estoit parvenu
aux mots Vive Philippe
cinq, illes crioit de toute
sa force, en sortequ'on
n'entendoit crier que
VivePhilippe V. partout
où il passoit. Onsesaisit
de luy ; il réponditfroidement
,qu'avez vous à
me dire, je publie l'Arrest
du Gouverneur. Le
faux Colporteur reçut
force bourades , mais il
se sauva, ravi de s'estre
satisfait à si bon marché
Le 20, du mesme mois
Dom Francisco Quincozes
fit publier que tous les
gens de guerre prisonniers
ou autres qui auroient
servi dans les Troupes
de Philippe V. eussent
à se presenter dans 2,4,
heures fous peine de chastimenc
arbitraire
, & de
confiscations de leurs
biens dont l'accusateur
auroit la troisiéme partie.
Il delivra au/G les ordres
pour envoyer en exil un
grand nombre d'Ecclesiastiques
tant Seculiers que
Reguliers; & dés lesjours
suivants on bannit hors
de la Ville les PP. Blanto
& Atynila
,
Su perieurs de
l'Ordre de S. Dominique,
avec le Gardien de l'Eglise
de S. Bernard, & le Pere
Cardona de l'Ordre des
Agonisans.
Le 28. l'Armée Ennemie
changea de camp,&
vint à Villaverda
Le 29. le Confcil de Castille
s'assembla fous les
ordres du Marquisde Castillo,
Gouverneur par interim
;assisté de Don FernandoGarcia-
Bazan, de
Don Joseph Garfupcy
,
de
Don Francisco. Alvarez-
Guerrero, de Don Manuel
de Gamboa, nouveauPrefident
de laChambre
,de Don Joseph de la
Serna, en qualité de Procureur
du Roy, & de Don
Migueld'Espinosa,Secretaire
de la Chambre. On
nomma ensuite pour President
du Conseil des Finances
,Don Atanafio de
Estaripa,Evesque de Licopoli,
& pour Conseillers
Assesseurs,le Marquis de
Fuente Humosa, Don
Manuel de S. Martin &
Benavente, Dom Joseph
de Palavos,les Comtes de
Belmont & de Clavijo
Don Manuel Salcedo ôc
Morequecho, Don Sebastien
Valero- Montero
»
pour Procureur du Roy
& Don Juan Manuel de
Bargos, pour Secretaire.
On establit aussi une
Chambre de Justice & une
Chambre des Compres
3 &l'on créa pour Conseillers
dans la premiere
Don Simon llavez ,
, Don
Joseph deOmagna,Don
Miguel de Mata , Don
Juan de Soto-Maya, &
Don Francisco de Melgar;
ce dernier faisoit la fonction
de Procureur du Roy.
Les Conseillers de la
Chambre des Comtes furent
le Marquis de Cavillejas,
Don AndresdeAvila,
Don Diego de Burgos,
& Don Francisco de Sylveira,
DonPrudenico Gregorio
de la Fuente eut la
Charge de Procureur du
Rofy.
-- On forma de plus un
Conseil des Indesles Seigneurs
qui le composerent
furent Don Pedro
Gamarra & Arhaga, le
Comte de Paredes
,
Don
Zamon Portocarrero ,
Don Joseph de Hugarté
,
Dom Sancho de Castro
:J Don Joseph Escals, pour
Procureur du ROY;r& Don
Domingo Lopez- Calo,
pour Secretaire. Pour le
Conseil des Ordres, on ne
put achever de le former
entierement.
Pendant ce nouveau
gouvernement on a eu la
douleur de vo~ire
publiquement au milieu
des ruës de cette grande
Ville, des Ca lices des Patenes,
desCiboires& de
toutes sortes d'Ornements
& de Vases sacrez qui avoientesté
pillez dans nos
Eglises.
Le 2. de Novembre on
publiaunEdit portant désense
à toutes fortes de
personnes d'aller auCamp
fous peine de 200. coups
de foüet.
Le 5. la farine des Magasinspublics
ayant manque
,
aussi-bien que celle
qu'on avoit tirée des Couvenrs,
des Boulangeries,
& des maisons paniculicres
, la Ville commençaà
manquer de pain, de viande
,
de vin
,
& de toutes
fortes de poissons & de legumes
necessaires à la vie,
sans que l'on vit aucun
moyen d'y remedier
, ce
qui la reduisit à la derniere
extremité;nonobstant laquelleon
ne laissa pas d'obliger
les habitants fous
peine de trahison de porter
au Camp, pendant les
trois jours suivans, tous les
cochons, les poulets, les
legumes, & les autres choses
qui pourroient se trouver
dans la Ville.
Le 8 jour dudit mois
Don Francisco de Quincozes
fit publier trois Edirs.
Le premier que les
gens de guerre qui ne s'estoient
pas encore presentés,
eussent à le faire dans
24. heures fous peine de la
vie; & dcffcnfe à toutes
personnes de les tenir cachés,
fous les mesmes peines.
Le second portoit ordre
de luy remettre sans
délay tous les habits, les
munitions ,
poudre,balles,
& autres instrumens
de guerre , ou train d'artillerie
qui se trouveroient
dans laVille. Letroisiéme
réïteroit un autre donné
cy devant, deluy remettre
incessamment entre
les mains toutes les armes,
alfucsJ fusils ,&c.
Le 9 jour dédié à la
Sainte Vierge tous les
nouveauxConseils establis
par l'Archiduc
, reçurent
ordre de passer à Tolede.
Le II. ils se mirent tous
en marche avec l'armée
qui prit le mesme chemin
de Campozuelos.
Lemesme jour II. Novembre
,l'Archiduc estant àCompozuelos, signa de
sa main un Décret paraphé
de Don Zamon Vilana
,
& adressé au Lieutenant
General de Police à
Tolede ;
il contenoit en
substance
,
qu'ayant appris
que les. Ennemis par
leurs detestables artifices
faisoient passer pour rigoureux
le Décret par luy
rendu
rendu le 12. du mois précedent
, par lequelil estoit
enjoint & ordonné àtoutes
les femmes
, veuves,
& filles des Grands d'Er..
pagne,& de tous les Nobles
de la nation qui suivoient
le party de Philippe
V. de quitter Madrid pour
aller à Tolede
;
qu'il ordonnait,
pour marquer
fès égards pour les Dames.
de condition, que toutes
les susdites personnes qui
auroient obéi & executcr
le susdit Décret du 18. Octobre
,
peussent en toute
seureté retourner à Madrid
; sur quoy une Dame
Espagnole dit: las cortesias
tardadas intienengroeta con las
Damas: que lescourtoisies
tardives perdent leur grace
auprés des Dames.
Le n. du mesme mois
on vie paroistre aux environs
de laChapelle de
l'Ange Gardien, éloignée.
de cetteVille d'un quart
de lieuë,. un petit corps
de Troupes de Philippe
V. ce qui causa une si
grande joye que Don
Antonio Sanguineto qui
depuis le depart des Ennemis
avoit repris les fonctions
de Lieutenant General
de Police, craignant
qu'iln'en arrivât quelques
desordres, prit toutes les
précautions necessaires
dans une conjoncture si
epineuse
, ce qui luy a
merité l'approbation generale.
Enfin le 25. les deux
RegimentsdePignatelli,
& de S. Jacques, commandez
parDonFeliciano
de Bracamonte, Maréchal
de Camp, firent
leur entrée au Buen-Retiro
,
& le24. jour auquel
nostre Monarque avoic
esté proclame Roy, ils entrerent
dans Madrid par
la ruë d'A lcala, puis par
la grande ruë, passerent
par la porte de Guadalaxara,
& poursuivirent le
long de la rue Nostre-
Dame par où ilssortirent
d'Arocha, d'où ils se renidirent
à Vallejas.
Le mesme jour le Roy
confirma Don Antonio
Sanguineto dans sa Charge
de Lieutenant de Police
Le 3,, Décembre pour
de S.FrançoisXavier,Sa
M.Cfut àNostre Dame
d'Atocha sur les trois heures
aprèsmidy, ou après
avoir fait chanterle Te,
Deum, il monta àcheval
accompagnéde MrleDuc
de Vendosme des principaux
Officiers de son Armée
& de saMaison, de
tous les Nobles &Grands
duRoyaume&de ses Gardes
du Corps, il fit [ott
entréepublique
,
où le
concours du peuple fut
si grand & les marques
de joye qu'il donna si extraordinaires
,
qu'il n'est
pas facile d'en juger sainement
sans en avoir esté
le témoin oculaire.
Pendantque leRoyentroit
à Madrid, on apprit
que le 3. Décembre les
Ennemisavoiententièrement
évacuéToledele29.
Novembre5que cetteVille
qu'ils avoient choisie
pour faire leur Place d'Armes,
avoir elle abandonnée
avec tant de précipitation
, que ne pouvant
sauver les Magasinsqu'ils
avoient mis dans l'Alcaçar
& dans plusieurs maifons,
y avoient mis le feu,
& placé une meche qui
dévoie faire saurer soixante
barils de poudre, ce qui
auroit détruit ce Palais
magnifique. Mais que les
habitans y estant accourus
en diligence,avoient oste
la meche & esteint le feu ;
qu'ils furent si irritez contre
les Ennemis, qu'ils prirent
les armes & chargerent
leur arriéré garde,en
quoy ils furent secondez
par cinq cens Chevaux
III.PARTIE.
AMUSEMENS.
AVANTURE
amoureuse, dont jeviens
deparler dans le Journal
de Madrid.
*
I y avoità Madrid
un petit
vieillard Espagnol fort
passionne pour la Maison
d'Autriche,& cet
attachement n'estoit
que tres louable dans le
temps que la Maison
d'Autriche possedoit légitimement
la Couronne
d'Espagne ; ce vieillard
estoit nouveliste
de profession, non pas
de ces nouvelistes équitables
& censez que je
hante volontiers : mais
decesnouvelistes frondeurs
qui débitent leurs
prejugez malins pour
des faits averez ,
chagrins,
incrédules dans
lesévenemens avantageux
à leur Patrie; &C
triomphans d'un malheur
public qu'ils auront
deviné par hazard,
comme si c'estoit l'ouvrage
de leur politique
rafinée.
Ce petit vieillard Autrichien
avoit jette les
yeux sur un Espagnol
de sa cabale) pour marier
une hiletrèsaimablequ'il
avoit, cetEspagnol,
qui se nommoit
D.Diegueavoit gagné
le coeur du pereen luy
apprenant toujours le
premier les mauvaises
nouvelles
, en traitant
les bonnes de visions &
se déchaînant avec fureur
contre le Gouvernement
present dePhilippeV.
ensortequ'étant
venu un jour lui aprendre
la défaite de l'armee
de ce Prince, dans
la bataille deSa-ragoffe,
ce mauvais Espagnol
en fut si transporté de
joye qu'il l'embrassa
tendrement,&luy promit
déstors sa fille en
mariage pour prix d'une
si bonne.nouvelle.
Cette charmante fille
se nommoit Dorotée ,
elle estoit aussi judicieuse
que son pereestoit
entjesté. Dorotée ne se
croyoit pas si habile que
quelquesunes de nos
Dames qui decident à
present des droits &
des démêlez des Princes.
ellen'eutpris aucun
party entre l'Archiduc
& PhilippeV.sicertain
Cavalier aimable, fort
attaché à cedernier.,
ne l'eût déterminée
dans la fuite pour ce
Roy légitimé.
Un jour ce Cavalier
qu'onappelloit Don
Pedre, après toutes les
attentions dun amant
respedueux, s'étant enfin
flatté de n'estre pas
haï de Dorotée luy déclara
son amour, Dorotée
en rougit, elle baissa
les yeuX)8C ne repondit
rien, c'est ce qu'-
on peut faire de mieux
pour un amant, sur sa
première déclaration
il en fit plusieurs , autres,
ilfaloit bien en fin
qu'elle s'expliqua, elle
ne voyoit rien à desirer
en luyque dela confiance
, elle se défioit naturellement
de celle des
hommes, c'estoit son
faible; si toutes les femmes
avoient ce faible:,
illes çueriroit de bien
d'autres; Dorotee ne
put s'empêcherdédire
à Don Pedre tout ce
qu'elle craignoitlà-defsus
, il répondit à ses
craintes par des sermens
; c'est la réponse
ordinaire: il luy jura
que sa fidélité pourelle
feroit aussi inviolable
que celle qu'il avoit
pour son Roy, c'estoit
là son sermentle plus
familier. Cet Espagnol
zélé ne juroit que par
son Roy.
Dans lemomenr que
Don Pedre prononça
avec transport le nom
de Philippe V. Dorotée
s'écria tout à coup, ah
nous sommes perdus !
ensuiteelle luyditavec
douleur que ion pere
neferoic jamaisd'alliance
avec un fidele sujet
de Philippe V. ah,
Dorotée
,
s'écriat-il à j
son tour, pourquoy estes-
vous si charmante,
j'avois juré que je ne
ferois jamais nulle liaison
avec les Partisans
entêtez del'Archiduc;
il faudra donc me faire
la violence decacher à
vostre pere mon zele
pour mon Roy.
,.
cela
ne suffira pas, reprit
Dorotée en le regardant
tendrement, vous
n'obtiendrez jamais
rien de luy si vous ne
feignez. moy feindre!
reprit brusquement le
franc castillan, les deux
amans se regardèrent
quelques temps sans
rien dire. Don Pedre
ne pouvoit se resoudre
à feindre, & Dorotée
n'osoit exiger de luy
unsi grandsacrifice, ils
se quicterécfortaffligez
de l'obstacle invincible
qu'ils voyoient à leur
union,& lejurerent qu'-
aumoins rien ne les pouroit
empêcher de s'aimer
lereste de leur vie.
Quelques jours sécoulerent,&
Don Pedre
les passoit à rêver
auxmoyens dont il
pourroit user pour gagner
le pere, sans commettre
sa sincerité ; ce
vieillardn'estoit
• pas
riche, il n'avoit que le
desir des richesses, &
l'avarice estoit sa plus
force passion après celle
de reformer le Gouvernement
; nostrejeune
Espagnol avoir de
grands biens, il acheta
exprésde quelqu'un je
ne sçai quel contrat
qui le mir en liaison
d'affaire avec le vieillard,
il eut occasionpar
làdeluy faire ledétail
de les grands biens, &
deluimontrer plusieurs
contrats,tîtres & papiers,
le hazard fit qu'en
tirant d'unportefeüille
ces papiers, il s'y trouva
une lettre ouverte, où
le vieillardapperçut ces
mots. Du Campdel'archiduc
ce 20. Aouct.
Cette date estoit fraîche,
quelle amorce pour
un nouveliste!Il se jeta
sur cette lettre, qu'il
connut estre de l'écriture
d'un zélé Espagnol
rebele, qui estoitdu
Conseil secret de Stanope,
il crut fermement
par cette lettre que
Don Pedre avoir des
intelligences secrettes
dans le parti de l'Archiduc.
Don Pedre eut
beau luy protester qu'il
estoit bon Espagnol,
je ne suis point surpris,
luy dit le vieillard en
riant, qu'ayant quantité
de biens qui dépendent
du Gouvernement
prelent
, vous cachiez
avec foin vos intrigues
secretes avec ceux de
mon parti. Plus, Don
Pèdres'obstinaà paroître
ce qu'il estoit,plus
l'autre Je crut ce qu'il
desiroit qu'il fût, caril
commençoit à l'aimer
parce qu'il le voyoit
très-riche. -
Pour expliquer icy
comment cette lettre
s'estoit trouvée entre
les mains de Don Pedre
, ilfaut reprendre
son hiftoiredeplus loin,
il avoit esté destiné par
son pere à une veuve
Espagnole,nommée
Elvire, encore jeune&
belle : mais que Don
Pedre n'avoit jamais
aimée, à qui même depuis
la mort de son pere
il avoit: fait comprendre
qu'il ne pouvoir jamais
se resoudre d'encrer
dans une famille ennemie
de son Prince, &
le frere d'Elvire estoit
Colonel dans l'armée
ennemie; c'estoit justement
de luy que v£-
noit la lettre en question
: Les nouvelles que
ce frere nlandoit..ectoient
tres - mauvaises
pour Philippe V. Elvire
les montroit avec
soinà Don Pedrepour
luy persuader de s'attacher
à l'Archiduc qui
alloit estre son Souverain,
car elle estoit
persuadée que la difference
des partis estoit
le seul obstacle qui s'oppofoit
à son mariage
avec DomPedre.
Ce fidele & sincere
Espagnol se trouveicy
dans une situationbien
delicate : Elvire luy
donnoit tous les jours
par ces lettres des détails
qui l'affligeoient
beaucoup, parce qu'ils
estoient malheureux
pour son Roy: mais
ils estoient heureux
pour ton amour,car en
les faisant voir au petit
vieillard Autrichien,
il alloit obtenir de luy
Dorotée,j'eusse voulu
demander en cette occasion
à Don Pedre si
dans le fond du coeur il
souhaitoit de voir cesser
latriste cau se qui produisoit
un si bon effet,
il m'eût répondu sans
doute qu'il ne pouvoit
démêler un sentiment
si de licat à travers un
amour violent, il se
contentoit de jurer sincerement
qu'il seroitau
desespoir si l'Archiduc
depossedoit Pbilippe V.
mais s'il efloit bien aise
qu'on le crût sur sa parole,
c'est la question:
quoyqu'il en soit il fit
si bien que le pere de
Dorotée luy donna sa
parole : mais la difficulté
estoit de retirer celle
qu'il avoit donnée au
premier, il netrouvapoint
de pretexte plus
specieux pour sauver
Ton honneur que de
mettre sa fille dans un
Convent, comme siellet
eût voulu se faire Religieufe,
Don Diegue
alarmé vint se plaindre
à son beau-pere, qui
luy dit qu'en conscience
ilne pouvoit empêcher
sa fille d'embrasser
un estatoù elleestoit si
bien appellée, &' de
peur qu'on ne découvrit
le veritable motif
d'une vocation si subite
y il défenditàDon
Pedre d'aller voir Dorotée
auConvent,jusqu'à
ce que Don Diegue
sefut rengagé dans
un autre Mariage qu'il
avoit rompu pour celui-
ci, pour lors dit le
petit vieillard, ce fera
lui qui manquera de
parole & non pas moi.
Dorotée entra donc
dans le Convent [ûre
ducoeurde Don Pedre,
dont Elvire estoit prcfqne
sûre aussi, elle en
jugeoit par l'empressement
qu'elle lui voyoic
de tirerd'elle des lettres
qui lui apprenoient la
défaite de l'armée de
Philippe V. il fera bientôt
du parti du Vainqueur,
disoit-elle en
elle-même, & il m'aimera
sans doute dés
qu'il n'aura plus cet attachetachement
à Philippe
V. qui l'empêchoit
d'en avoir pour moy;
c'estainsi qu'elle se flattoit,
lors qu'une amie
quelleavoit dans le
même Couvent où estoit
Dorotée, lui dit
qu'elle avoit surpris sur
la table de cette aimable
compagne, une lettre
fort tendre,signée
DonPedre; Elviresça.
voit d'un autre côté
que D. Diegue moins
riche avoit esté congédié
par lePere avare,
sa penetration lui fit
deviner le reste, & son
caractere artificieux &
interessé lui fit former
sur tout cela un projet
qui lui réussit comme
vous allez voir.
Premièrement, elle
prit le parti de ne point
témoigner à Don Pedre
qu'elle estoit informée
de son engagement
avec Dorotée;
cet eclaircissement n'eût
rien produit, elle sçavoit
agir bien plus finement
; cette amie,
qu'elle alloit voir au
Couvent,s'y estoit retirée
parce qu'elleétoit
pauvres El vire lui promit,
pour adoucir les
chagrins de sa retraite,
une pension considerable,
si elle vouloit lui
aider à époufer le riche
Don Pedre, & elles
convinrent du rolle
qu'elles jouëroiet pour
venir à bout de leur
dessein.
Cette amie d'Elvire
estoit complaisante,
insinuante, c'estoit la
flateuse du Couvent,
il en faut bien au moins
une dans une Communauté
pour amadouer
les nouvelles venues;
elle plaisoit assez à Dorotee,
qui commençoit
à s'ennuyer destre separée
de Don Pedre,
& qui mouroitd'envie
d'avoir une confidente
pour parler au moins
de celui qu'elle ne pouvoit
voir, celle-ci n'ayant
d'autre but que
de s'attirer .cette confidence
, l'amitié fut
bien-tôt liée entr'elles,
elles ne se quittoient
plus.
Ce-tte compagne
chagrine naturellement
par la mauvaise
situation de ses assai,
res, aflfcéta de le paroître
encore davantage,
& Dorotée l'ayant un
soir pressee de lui dire
la cause de ses chagrins
helas répondit-elle,en
soupirant, les chagrins
de la plus part des
femmes sont causez par
l'inconstance des hommes
; ce mot fit quelque
impression sur le
coeur de Dorotée, qui
par hazard n'avoit
point receu ce jour la
deletrre de son amant,
enfuiré la fausse affligée
se plaignit de l'insidelité
du ifen,& fit Ltdessus
le récit d'une
avanture ajustée au Cujet,
qui tira des larmes
de Dorotée,&qui donna
occasion à l'autre de
se déchaîner contre les
hommes, & contre la
crédulité des femmes
qui osent s'y fier; comme
cette matiere fournit
beaucoup à la conversation
des Dames,
les deux amies le couchèrent
fort tard,
toutes ces idées d'inconfiance
ne laisserent
pas de troubler un peu
le sommeil de Dorotée;
elle ne vit en songe que
des inconstans & tous
ressèmbloient à celuy
dont elle avoit l'imagination
frappée; elle se
réveillaassez inquiete,
mais une lettre fort tendre
qu'elle reçut le matin
de Don Pedre la rassura,&
luy fîtcomprendre
combien il est ridicule
d'ajouter foy aux
songes.
Le lendemain Elvire
vint sçavoir au Couvent
quel progrès avoit
fait son amie, elles en
parloient ensemble lors
que Dorotée, qui ne
pouvait, plus estre un
moment sans sa confidente,
vint la chercher
au Parloir;larusée fit figne.
à Elvire de partir;
& assectant d'avoir eu
quelque dispute avec
celle qui fuyoit,ellese
leva brusquement avec
un reste de colere affeaée,
vous me voyez fâ.
chée; dit-elle à sa compagne,
mais tres fâchée
contre cette amie a qui
je voudrois bien épargner
des chagrins pareils
à ceux qui m'accablent,
elle cft aimée
d'un jeune Cavalier,
elle lui a avoue quelle
l'aimoit, elle en va faire
un infidèle,cela ne
peut lui manquer, Dorotée
eut d'abord cette
curiosité qu'une femme
a toûjours de sçavoir
l'intrigue d'un autre,
mais celle-ci lui remontra
qu'on ne doit jamais
exiger d'uneamie
le secret d'une autre amie,
parce que d'amie
en amie les secrets les
plus cachez font divulguez
par toute une
Ville, elle fit ainsi la
discrete pendant le reste
du jour, mais enfin
sur le foir elle se laissa
vaincre par la tendresse
qu'elle juroit à Dorotée,
& lui appritavec
cent circon stances étudiées
8c interessantes,
l'intrigue d'Elvire &
d'un Cavalier qu'elle
ne nommoit point d'abord
,mais après avoir
fait un portrait, dont
chaque trait de reiférnblance
perçoit le coeur
de Dorotée, elle luy
porta le coup de Poignard
en luy nommant
Don Pedre., à ce mot
Dorotée tomba presque
évanoüie, & l'au-
-
tre feignant de ne s'en
pas appercevoir lui dit
en se levant brusquement,
ah Ciel! jecroy
que j'entends sonner
rnitiait-on nes'ennuye
point avec vous, à demain
, chere amie, à
demain, je vous apprendrayqui
est ce D.
Pedre.
On peut s'imaginer
a peu prés comment
Dorotée passa la nuit,
on lui apporta le matin
une lettre de Don Pedre
, persuadée de sa
froideur, elle croyoit
la voir dans quelques
endroits moins tendres
que les autres, él ce
qu'il y avoit de plus
passionné lui paroissoit
outré par affectation,
elle ne voyoit que perfidie
enveloppée, que
trahison cachée fous des
expressions que l'amour
seul avoit diétées à cet
amant sincere, enfin
elle expliqua sa lettre
comme on explique
presque tout, selon les
idées dont on est prévenu;
elle prit d'abord
la plume pour lui faire
une réponse fulminante,
mais elle fit reflexion
que les reproches
ne font point revenir
un infidele,il n'estquession
que de se bien asseurer
s'ill'estréellement,
& de prendre
enfuire le parti de l'oublier
si l'on peut.
Dorotée avoit beaucoup
de confiance en
un valet de son pere qui
lui apportoit les lettres
de Don Pedre, c'estoit
un ancien domestique,
dune fidélité sûre,elle
le chargea d'examiner
toutes les démarches
de Don Pedre, & illui
rapporta dés le lendemain
qu'il l'avoit vû
entrer chez Elvire,
qu'il y alloit tous les
jours & cela estoit vrai,
il continuoit d'y aller
frequément pour avoir
des nouvelles comme
nous l'avons dit: Elvire
ne pouvoir sedouter
que les lettres qu'elle
fournissoit à D. Pedre
lui servissent à obtenir
Dorotée d'un Perenouveliste,
elle lui en donna
une enfin, qui portoit
qu'apréslaBataille
gagnée, l'Archiducs'avançoit
vers Madrid;
quelques jours aprés
PhilippeV.resolut d'en
sortir,& cette nouvelle
mit Don Pedre au
desespoir, il écrivit à
Dorotée tout ce qu'on
pouvoit écrire de plus
tendre la-dessus, mais
enfin il marquoit par sa
lettre: que si le Roy
quittoit Madrid il feroit
obligé de le suivre,
&cela parutàDorotée
prévenuë,une preuve
certaine del'infidelité
de D. Pedre; en lisant
cette lettre sa douleur
,.
fut si violente qu'elle
* ne put la cacher à sa
confidente, qui luy
donna pour toute consolation
son exemple à
suivre : J'ai esté trahie
comme vous, lui ditelle,
& ce n'est que par
le mépris qu'on doit se 1
venger d'un traitre.
Pendant que Dorotée
s'affligeoit,Elvirese réjoüissoitd'avoir
découvert
que sa fille de
chambre reportoit au
valet, espion de Dorotée,
tout ce qu'elle pouvoit
sçavoir de ce qui
sepassoitchez elle;elle
fit à cette fille une fausse
confidence, elle lui dit
que son mariage estoit
réf.tu avec Don Pedre,
le un jour qu'il vint
lui demander des nouvelles
,
elle ordonna
misterieusement à cette
fille de chambre de fai-
J.re venir son Notaire,
le Notaire arrivé, Elvire
le fit passerdans
* son cabinet, resta dans
sa - chambre avec Don
Pedre
,
fit sortir ses
gens, & fit enfin tout le
manége necessairepour
persuader à la fille de
chambre qu'on alloit
signer le Contrat de
mariage de Don Pedre
qu'Elvire amufoit cependant
,comme ayant
une affairepressée à terminer
avec son Notaire.
La fille de chambre
ne manqua pas
de tout raconter au
valet, & le valet affectionné
ne doutant plus
qu'Elvire & Don Pedre
ne sussent mariez
ensemble, alla porterà
8.r.téc cetre nouvelle
-qui la mit dans un
état aisé à comprendre,
mais tres difficile à dé- -dite.
Dans le temps que
L
Doret'ée s'abandonnoit
à sa douleur, Don Pedre
deson costé estoit
dans de cruelles agitations
: Le Roy devoit
partir le
-
lendemain ;
en le suivant il se dc-
- -
claroit bon Espagnol,
& par consequent ennemi
du pere de Dorotée;
il la perdoitenfin.
Dans cette extremité il
luy écrivit qu'il falloit
absolument qu'il
la pût voir ce jour-là au !
Couvent; mais par malheur
le valet qui portoit
la lettre rencontra à la
porte du Couvent le
petit vieillard, qui vint
à luy comme un fu- 1
rieux, se doutant qu'il
porportoit
comme à l'ordinaire
une lettre de
Don Pedre à sa fille,
il contraignit le valet
à lui donner la lettre,
qu'il déchira en mille
morceaux aprés avoir
battu le porteur, car ce
petit vieillard colerique
ne sepossedoit plus
depuis qu'il avoit ap- pris, des gens mêmes
de Don Pedre, qu'il
fuyoit la Domina- * tiond'Autriche en
suivant le lendemain
Philippe V. hors de
Madrid.
Ce pere, outré contre
Don Pedre, tâcha
ensuited'inspirer sa colere
à sa fille, mais
quoiqu'elle fût irritée
contre cet amant, elle
eut voulu que son pere
ne l'eût pas esté jusqu'à
jurer qu'il n'en feroit
jamais son Gendre, car
elle esperoit toûjours
de le trouver innocent,
oubliant même en certains
momens qu'ilcftoit
marié à Elvire,elle
,. J:.. ne pouvoir s în-raginer
qu'un homme si fidele
à son Roy eût pu estre
infidele à sa Maîtresse,
mais plusieurs personnes
l'affeurerent de son
malheur: Elvirevoyat
le Roy & la Reine partis
, & sçachant que
plusieurs Dames alloient
suivre leurs maris
à Valladolid, ou al..
loit la Cour, fit courir
le bruit qu'elle alloit y
suivre Don Pedre, &
prepara~t son départ
avec des circonstances
& des discours propres
à persuader à tout le
monde qu'elle estoit
mariée fecrettement à
cet époux qu'elle vouloit
suivre, elle sortit
de la Ville avec les Dames,
mais à quelques
lieuës de là elle prit la
route de Cuensa, où
son frere lui avoit écrit
de l'aller attendre dans
un petit Château qu'il
avoit de ces côtez-là,
où devoient bien-tost
arriver les Troupes de
l'Archiduc, dans lesquelles
ce frere avoit
un Regiment.
Revenons à Don Pedre,
quelques heures
avant que de partir
pour suivre le Roy, estant
fort inquiet de n'avoir
point réponse, il
alla luy-mêmeau Couveut
, voulant parler
absolument à Dorotée
pour Patfïirer de sa fidelité
pendant son abfence,
mais il rencontra
justement le vieillard
irrité, qui venoit
de donner des ordres si
precis à la Porte, qu'il
futimpossible à cetamant
desesperé de parler
à Dorotée, son uniqueressource
fut d'aller
écrire chez luy une feconde
lettre qu'il donna
à une Touriere qui
promit enfin à force
d'argent, qu'elle la
donneroit à Dorotée,
avec cette legere consolation
l'affligé Don
Pedre partit de Madrid
&: sacrifia plus à Philippe
V. en quittant
Dorotée, que tous les
Grands & les Nobles
ensemble, en quittant
leurs biens & leurs familles
pour leur Roy.
Voila donc ce tendre
amant party sans fçavoir
qu'illaissoit Dorotée
dans un desespoir
affreux
,
elle estoit
fermement persuadée
- qu'il estoit marié à Elvire,&
qu'illaméprisoit
mêmejusqu'au
point de n'avoir pas
daigné luy écrire une
lettre, car vous sçavez
que la premiere a esté
déchirée par le vieillard
mutin
,
à l'égard de la
seconde, cette Touriere
,qui connoissoit la
compagne de Dorotée
pour estre son intime
amie & sa confidente,
n'élira point à luy avoüer
qu'elle avoit une
lettre pour elle, elle
l'avoit déjà prévenuë
sur tout ce qu'il faloit
qu'elle fçût, elle lui dit
la larme à l'oeil, car elle
avoit les larmesàcommandement
, que sa
pauvre amie estoitdans
un si grand accablej
ment qu'il faloit bien
se garder de luy donner
sîtost cette lettre, elle
l'ouvrit ensuite 1
,
la lut
& la déchira, comme
par un excès de colcre 1
contre Don Pedre, en s'écriant, hon j que
les,.
hommes sontperfides!
il faut épargner à mon |
amie la douleur de lire
de fausses excuses qui
font pour une femme
plus cruelles que Tofsense
memejtout cela
parut si naturel à la
Touriere, qu'elle répondit
naïvement, hélas
vous avez bien raison,
il ne faut pas seulement
dire à vôtre amie
que j'ay receu cette lettre
pour elle.
Après cecy la confidente
scelerate ne pensa
plus qu'à faire oublier
Don PedreàDorotée
: mais a tout ce qu'ellepouvoit dire
contre luy, Dorotée répondoic
seulement, ah
je le hais trop pour l'oublier;
en effet elle pensoit
à luy nuit & jour,
croyant le haïr, l'avoir
en horreur: mais elle
n'avoit en horreur que
sa trahison.
Pendant qu'elle se
défoloitainsi, Don Pedre
dit à Don Diegue
qu'elleavoiechangé de
vocation, & il la retira
du Couvent pour rernoucrce
mariage,cetftoit
dans le temps que [fArchiduc arrivoit à
Madrid5 deux jours
aprés son arrivée, il y
eût de grandes réjoüiffanceschezquelquesEs
pagnols Partisans dela
Maison d)Autriche, nôtrevieillard,
leplus zelé
de tousjdonnaungrand
*
souper, &dit à safille
qu'il faloit quelle en fit
les honneurs avec Don
Diegue qui alloit estre
son époux. Ces mot
prononcez par un per
terrible, àrquiellen'oJ
foit feulement répon-1
dre, la saisirent viverl
ment: il ne manquoit
plus à sa douleur que
la presence de Don
Diegue, & il arriva.
Quelle situation pour
elle d'estreplacée auprès
de luy dansun fcltin
où tour le monde la
felicitoit de ce qui alloit
faire son fuplicejon
parla des le lendemain
deconclurece mariage.
Elviré avertie de tout
par son amie du Couvent,
à qui Dorotée
contoit tous les jours
ses malheurs,alloit estre
au comble de sa joye,
cest-a-dire que Dorotée
alloitestre sacrifiée
à Don Diegue, lorsque
tout à coup les affaires
changèrent de face en
Espagne: le bruit courut
que TArchiduç à
son tour alloit quitter
Madrid: ce fut un coup
terrible pour le vieillard
Autrichien, qui
tomba malade à cette
premiere nouvelle: A
mesure que les affaires
de l'Archiduc empiroient,
le petit vieillard
déperissoit; enfin
quatrevingt-cinq ans
qu'ilavoir, & le départ
de l'Archiduc le firent
mourir:Secette mort
affligeaautant Dorotée
que si elle ne l'eût pas - délivrée d'un mariage
odieux,
Sitoftqu'elle fut maitresse
de son fort, elle
resolut de donner à un -
couvent le peu de bien
qu'elle avoit, & d'y
passer le reste de ses
jours qu'elle contoit devoir
~cftre fort cours,
puis qu'elle avoit perdu
Don Pedre:elle estoit
dans cette triste resolution
quinze jours après
la more de son pere, &
feule avec une fillede
chambre, à quielleracontait,
peuteftre pour
la centiéme fois, latrahison
de ce perfide.
Quelle fut sa surprise
quand elle le vit encrer;
il ne fut pas moins furpris
qu'elle, car en arrivant
deValladolid avec
le Roy, il avoit couru
droit chwZ le pere pour
~tafther de le fléchir:
Le hazard voulut qu'il
trouva les portes ouvertes,
& qu'il entra
d'abord dans une fale
tendue de noir,où estoit
Dorotée en deuil. Frapé
de ce fpdacle il estoit
relié immobile: Dorotée
croyant qu'il ve- - noit luy faire de mauvassesexcuses
dece quiL'estoitmarié,
fut d'abord
saisie d'ind ignation,
puis transportée
d'une colere si violente
qu'clle éclata malgré sa
modération naturelle:
elle joignit aux noms
de perfide & de traitre
des reproches où il ne
comprenoit rien, car ils
rouloient sur un mariage
&;- sur des circonstances
dont il n'avait
nulle idée; il pensa
que peutêtreTalffidion
auroit pu alterer son
bon sens: enfin sa colere
finit comme celle
de toutes les femmes,
quand elle a elle allumée
par l'amour; leur
colcre s'épuise en in j ures,
il ne leur reste que
les pleurs & la tendres
se : Dorotée fondit en
larmes, Don Pedrene
put retenir les siennes,
& je sens que je pleurerois
peutestre aussi en
écrivant cette sene, si
je ne sçavois que le dénouëment
en fera heureux;
il se fit par un
éclaircissement qui ennuyeroit
le Lecteur ,
mais qui nennuya pas
à coup seur nos deux
Amans; comme rien ne
s'opposoit plus à leur
union,ils furent si transportez
de plaisir
,
qu'ils
oublièrent de pester
contre l'artificieuse Elvire
, & sa fourbe compagne.
Elles furent asfez
punies quand elles
apprirent le mariage
de Dorotée & de Don.
Pedre.
CHANSONS. pLusieurs personnes
ont pretendu que
l'ancienneté de quelquesunes
de mes Chan..
fons devoit les exclure
d'un livre destiné aux
nouveautez ,
je les ay
retranchées avec docilité
, cette même docilité
m'oblige de contenter
d'autres personnes
qui m'en redemandent,
si quelqu'un me conseille
dans la fuite de
n'en plus donner, peutestre
ferai- je encore docile,
je voudrois pourtant
bien qu'on me laissa
la liberté de mettre
à : couvert de l'oubly
quantitéde petits morceaux
qui se perdront
aisément dans mes porte-
feüilles & dans ma
memoire. Quoyque la
Chanson suivante ne
soit
foit pas nouvelle, on
la sçaitpourtant fort
mal, puifqu'on l'a estropiée
chez Ballard;
la voici en original avec
deux Couplets nouveaux.
Chanson à boire.
w
T JL E Vin nous faitparler&
le Vin nous
fait taire,
Le silence à longs traits
s'avale avec le Vin,
Et le caquetse trouve au
fond du verre,
Dés quon le voit onjaze
comme une commere
De la v01fineduvoisIn;
De la cousine ~& du coufin,
Du galand homme ~&
dusaquin,
Et d'Alexandre, &
d'Arlequin,
De Jupiter si) de Catin,
JÎditu pudeur, adieu
pnyeere.,
Vite, vîte, vue> pour
me faire taire
Remprjfè'Z.J mon verre,
On ne dit mot pendant
qu'on boit,
Le vin m'a faitparler,
& le vinmafait
taire.
Couplet nouveau.
LF Vin nousfaitparler
~st) le Vin nous
fait taire,
Lors qu'à table un (Çavant
s apperçoit a propos
Quun esprit naturel va
le confondre,
S'ily répond par boire,
il rij peut mieux
répondre,
jMiais si*buvant plu*
qzlil ne faut,
Il veut prouver par de
grands mots
Que les modernes sont
des fOss,
Qjie les anciens sont
sans deffaut,
Que tour les secrets du
tres-baut
Sont developpez dans
Homtre
,
Viste, viste, viste, pour
le faire taire
Remplissezson verre,
Qu'il a d'esprit pendant
qu'il boit,
Le Vin l'a faitparler,
& le Fin le fait taire.
Couplet nouveau. -
LE Vin nom faitparler&
le Vinnous
fait taire,
En fi/cnee une prude, à
petits coups, boira,
Mau sivousremplißez
souvent son verre,
LaCharité bien-tost
émeutsa bile amere,
Par Zjele pur elledira:
!¿y'en Mariage celle-là
à son Mary rien
n'apporta,
Qtie cependant ce Marylà
Tient d'elle tout le bien
qu'il a,
Puisque par elle il le tira
D'unriche noble dont le
Pere ,
Viste,viste ,t'{}if/e,pour
la faire taire,
HemplifleZj son verre,
On ne médit point quand
on boit,
Le Vin l'a fait parler,
&le Vtn l'a fait taire.
IM PROMPTU
Anacreontique, fait
aumois deMay de
cette année qui fut si
seconde en Hannetons,
le second Couplet
est nouveau.
Sur la Sarabande de
l'Inconnu.
L Es hannetons cornmencent
aparoistre,
Ces étourdis, Philis , troublent nosJI ux;
Voyez-vous croistre
Leurnombreaffreux:
Pour les chasser faites
voler contre eux -
Tous les amours que vos
jeuxontfaitnaistre.
Réponse de Philis. cEs Hannetons,Tirfis,
qu'onvoit
paroi/Ire
M'ont dérobé tes regards
amoureux;
Helas Çent~ê;rey
Présageaffreux,
Verrat-je aussi s'envoler
avec eux
Le tendre amourqu'en
toncoeurj'aifait
naistre.
L'ANONIME
BUKLESUE
Sur l'Air ,
Reveillez
- vous
belle endormie. REveillez-vous,Seigne--
u--r- *M» e- rcure,
Réveillez^ vostre amy
Lecteur;
Serieuse litterature
Endort le Public &
l'Auteur.
~3L~
Vou4devencTjtrop Philosophe,
Chantez sur v:9'tre premier
ton.
Si vous donnez solide
étoffe,
Eguayez au moins la
façon.
1
Réponse.
Selon l'étoffe qu'on luy
donne,
Mercure ajuste safaçon
ji sa muse grave, ou
boufonne,
Le Public doit donner le
ton.
En effet, Seigneur
Anonime, envoyezmoy
poësies gaillardes,
eruditions badines, caprices
folâtres, joyeux
sujets d'historiettes, je
mettrai le tout joyeusement
en oeuvre.
Reveillez,''vous
,
cher
Anonime,
C'est vostresommeil qui
m'endort,
Pourpeu que voflre feu
m'anime,
Va tout, (sr je cave au
plUl fort.
AUTRE ANONYME
PLAINTIF. C'Omme un triste ber-
- ger, pour la cruelle
chaAmnintet.ersa
plainte.
Si /<?/&- les échos d'alentour
Sont sourds aux fons
plantifs que forme
son amour.
uiirji l'Auteur gronde
6" murmure
Quand l'echo du Mereu-,
re (siJ'ourd.
Je vous entens à demy
mot, je fuis Auteur
comme vous.
VAuteur toutfier desa
parure,
En se presentant au
Mercure,
Comme la coquette au
miroir,
Dans le moment voudroit
s'y voir.
Mais si je ne me presse
pas assez de placer son
Ouvrage, c'est peur-être
parce qu'il s'cft trop
pressé de l'envoyer;
peut-être le sujet en est
trop sérieux; peut-être
est-iltrop gaillard;
peut-être enfin est-ce
sa faute, peut-être
aussi est-ce la mienne,
qui a tort a tort,
oublions le passé, &
eftabliffons pour l'avenir
un commerce plus
régulier,recomi-nenços
sur nouveauxfraisJene
mets rien ici de ce qu'on
m'a envoyé les mois
passez,n'en parlons plus
cela est trop vieux, je
voudrois mêmedonner
une forme nouvelle au
badinage de celui-cy,
pour bouts rimez, par
exemple: toutes les rimes
en ique & en ac:
qui sont dans Riche-
Ici.
Au lieu de réponse
à des Questions, je demande
des Conseils.
CONSEILS.
Que confeilleriezvous
a un mari qui aime
trop sa femme pour
s'en separer,mais qui
ne l'aime pas assez pour
souffrir toutes ses im-
, pertinences.
On peut aussi donner
ceconseil à la femme,
car les maris sont encore
plus insuportables.
CONSEIL.
Que conseillezvous -a un gouteux qui ne
trouve du plaisir qu'à
boire, & qui ne couffre
que quand ilà bu?
Theses à soutenir contre
lesidéesesta blies.
Je souciens qu'un brave
homme doit avoir
peur.
Séconde These.
Je soutiens qu'on doit
dire Invino mendacium
plutost que In 't)jno VIritas.
ENIGME
NOUVELLE.
pOur remplir un certain
vuide
Précaution m'aposté
Prés d'un réduit où refide
L'Agentde la volupté;
Sans moy dans ce réduit
oùcertain Dieupréside
L'ennemisubtilentreroit,
L'amy du coeur ensortiroit
Sije rien gardois bien la
porte:
Mais helas un brutal,
pourtant industrieux,
Joignant l'effort a£art^
me chasse avec main
forte
Dece poste delicieux,
Sonfermefaitune bief sure,
Je cede
,
il faut enfin
contenterson desir ,
Alors un bruit de bon
augure,
S'il estsuivi d'un doux
murmure,
Aufripon qui me force
annonce auplaisir.
Il me vient d'arriver
quelques nouvelles que
je ne puis plus placer
icy,parce que la seconde
Partie, que j'ay
deftinéeaux nouvelles,
n'est pas à la fin du
Mercure, c'est un desfaut,
& l'ordre que je
croy le plus convenable
, & que j'observeray
dans la fuite.
Litterature. 1. Partie.
Amusemens. 11. Partie.
Pieces Fugitives, III.
Partie.
Nouvelles. IV. Partie.
MERCURE
IV. PARTIE.
PIECES FUGITIVES.
APPLICATION
D'uneMetamorphose
d'Ovide, à laprise de
Gironne,sous le nom
de Maurice& de Gironde.
vers les bords du prochain
rivage,
A l'abry des Monts escarpez
Je vois une Nymphe volagc>
Rire de ses Amans trompez
Gironde fille de Prothée,
Par leur plus tendre effort
ne pûc estre arrestée,
Habile à s'en débarasser,
En Lis ils lavirent changer,
Devenuë Aigle ensuite
,
elle fut dégagée,
Des mains qui croyoient
l'embrasser
Du Guerrier qui la trouve
belle,
Mille desirs secrets ont
échaufé le sein.
Et la Gloire a part au
dessein,
De fixercecoeurinfidelle,
Maurice plein d'ardeur
court au sacré Vallon,
Où sur son entreprise il
consulte Apollon, Tu dois t'attendre à mille
obstacles
, Dit le Dieu clair-voyant,
mais c'est pour tes pareils,
Que le Ciel garde ses Miracles.
Ose tour,& fuis mes conseils,
Avant que la saison nouvelle.
Permette un courslibre aux
Nochers,
Surprend cette Beauté rebelle,
Endormie entre sept Rochers.
Alors qu'elle se fasse, ou
Lyonneou Tygresse,
Qu'elle se change eneaux,
en feux,
Point de relâche, insiste
,
presse
, Qui sçait estre constant à
la fin est heureux,
Maurice marche à longue
traites
,
Envjn pour en troubler le
couts ,
Mille noirs Chevres pieds
ont quitté leurs retraites,
Qu'ils partagent avec les
Ours,
Au premier bruit la Nymphe
alerte
Du Heros medite la perte ,
Mil- éclairs partent de ses
yeux,
Mais c'est en vain, qu'elle
fulmine
-
En vain de sa fureurl'éclat8L
Imperueux,
Fait mugir les échos deJa
rivevoisine,
Maurice n'est pas moins ,
ardent,audacieux,
Gironde par ce témeraire)
Voyant de son courroux le
feupeurespecté,
Confie à l'Element contraire,
Et sa Gloire& sa liberté.
La jeune & timide Nayade,
Qojjn Satyre pour suit de pris
Jamais fous tant de flots ne
cacha ses attraits,
Et la plus humide Plcyade,
Jamais d'un tel torrent n'innonda
les Guerets,
Mais en eau vainement fon-
-
due:
Sans qu'Elle ébranle le
Heros,
A sa premiere forme elle
estenfinrendue,
Et luy fait entendre ces
mots:
Redoute un desespoir fu-
,jar
neste,
Garde - toy d'abuser du
désordre ou je fuis,
Fais grace à mes derniers
réduits,
Et jet'abandonne lereste.
Maurice nesçait pastriompher
à demy,
La Nymphe en dépit d'Elle
admire,
La valeur de son ennemy,
Ellerougit,elle fou pire,
Enfin elle s'écrie en luy
rendant la main,
De ton ardeur confiante on
ne peut se deffendre,
Mais sans doute l'effortqui
me
force à me rendre,
N'etoit pas un effort ht^
main.
LE R. P. -D.C**.
àMonsieurEstienne;
Libraire de Paris.
MonsieurEstienne,eh !ne - m'imprimez pas.
Au nom de Dieu quartier.
Monsieur Estienne,
Jamais en rien, vous le sçavez,
hêlas!
Ne vous fis tort au moins
qu'il me souvienne,
Et si l'ay fait encor, posez le
cas,
Gardezvous bien que rancune
vous tienne
Les rancuniers sont mal
menezlàbas
Si nevoulez que tel mal
vousavienne
Pardonnez-moy d'une ame
bien chrestienne,
Monsieur Estienne
,
ch !
ne m'imprimez pas.
Je sçai qu'en l'art de bien
:.' mouler un Livre,
Vous égalez ces Estiennes
fameux,
Que vous comptez au rang
devosayeux,
Etqui dans vous, commençant
a revivre,
Nous font trouver dans un
de leurs neveux:
Ce que leur siecle a tant
loué dans eux,
Mais quand bien même en
dépitdela Parque,
Pour m'imprimer revenant.
sur leurs pas,
Ils se pourroient échapper
dela Barque,
Où tous mortels vont après
leurs trépas,
Fust-ce Robert, ou fust ce
Charles Estienne,
Je leur dirois toûjours la
même Antienne,
Monsieur Estienne
3
ch !
ne m'imprimez pas,
Ne croyez pas qu'un
chagrin myfantrope
} Me fasse icy le prendre sur
ce ton ,
J'aime lagloireenenfant
d'Helicon:
Mais tel souvent aprés elle
galope,
Dont le Pegase à chaque
moment chope,
Et qu'elle suïc comme on
fuït un larron;
Je la connois, j'ay fait son
Horoscope,
Quand on dit oüy, la quinteuse
ditnon.
Or s'il vous plaist en pareil
accessoire
Irois-je faire uu procès à la
gloire?
Procès sur quoi? d'ailleurs
c'estun grand cas
Sipar Procès la Dame s'aprivoife
:
Mais faisons mieux & pour
éviter noise
Monsieur Estienne, eh ! ne ,.. m'imprimez pas.
Vous me direz, cela vous
plaistàdire,
Je icai le cas qu'on fait de
vos écrits
Les ay souventoüipriser &
lire
Par maints Quidans soidisans
beaux esprits,
La presse est grande à se les
faire écrire,
Or mieux vaudroient moulez
quemanuscrits.
Graces vous rend de vostre
courtoisie:
Car c'est de vous que parc
le compliment,
Honteux seroit de mentir
si crument
Amon profit, de vousc'est
ambrosie,
Que je savoure assez benignement
:
Mais que mes Vers soient
bonne, marchandise
Comme Preschez; ou de
mauvais alloy,
Comme entre-nous me le
paroissàamoy,
Quand seroit vray qu'à
Paris on les prise,
Ne laisserois de vous dire
tout bas
Pour des raisonsque trouverez
de mise
Monsieur Estienne,eh!
nem'imprimezpas.
Quelque parfaitque
puisse estre un Ouvrage
En l'imprimant on luy fait
mauvais tour,
Presque toujours il en reçoit
dommage
Maint en ay vû se hâler au
grand jour
Sur quoi Couvent à par moy
- je recole
Petit écrit donné fous le
manceau
Qu'on se dérobe& qui
vient par bricole,
Ou bien moulé chez Pierre
du Marteau,
Fut-il mauvais nous paroist
toujours beau
Et pour l'avois on ne plaint
la pistole.
Qujl cesse d'estre & secret
&nouveau
On n'en voudra débourser
un obole.
-
J'ay ce Sonnet, mon voisin
ne l'a pas,
Voilà par où le Sonnet m'a
sçu plaire
Ce point de vue en fait le
grand appas; Est-il public; n'en fait on
plusmystere
Il perd son , sel, deslors il
tombe à bas:
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Vers manuscritssouffrent
des négligences
Qu'a , vers moulez on ne
pardonne pas,
Dans les premiers on les
nommelicence,
Làtouts'excuse& se parte
au gros sas;
Dans les seconds la moindre
tache est crime
Point de quartier de la part
d'un Icétcur
Qui sur le tour ,
la cadence
& larime
Ne fait jamais nulle grace à
l'Auteur;
Tant que mes Vers fous
la simple écriture,
N'estanr moulez ni reliez en
veau;
Dans les réduits iront ingnito
Pour eux ne crains de fà.
cheuse avanture;
Lapitié seule en dépit des
matins
Garantira ces pauvres orphelins
Deî'cotfp*cte bec: mais sur
vostre boutique
Si me mettiez jamais en
rang d'oignon,
Point ne seroit de petit
compagnon,
Point de Gnmault qui ne
me fit la nique;
Tels en sçavez qu'on a mis
en beaux draps;
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Dés qu'àParison affiche
un Ouvrage,
C'estletossin que l'on fortne
surluy;
Gens du mêtier à qui tout
fait ombrage
,
Et toujours prests à donner
sur autruy , Pour l'accablcr l'attendant
au passage,
Nouvel Auteur qui se met
sur les rangs,
A son début doit compter s'ilestsage
De bien payer àses petits
Tyrans
Sa bien-venuë & son apprentissage.
Pour les lauriers, & la gloire,&
l'encens,
Qu'aux fiens Phoebus assigne
pour tout gage,
Qu'il ne prétende cfuc:.ad;
mis à partage;
Leur partensouffre, & c'cfi
selonleur sens
Soupe de pain qu'on ôte à
leur potage:
Sur ce pied là, que de gens
sur les bras!
Leur tenir teste & montrer
bon visage
Scroit le mieux,si j'avois du
courage
Mais il me manque, & je
crains les combats.
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
,
è;Ë ,; Je le vois bien, contre toute
avanture
L'espoir flateur du débit
vous rassure;
Car encor bien que soyez
gracieux
Point ne croiray
,
foit dit
sans vous déplaire
Qu'alliez-vous mettre en
frais pour mes beaux yeux?
Si lefaisiez ne seriez bon
Libraire:
Mais s'il advient, comme
tout se peur faire
Que mes écrits par un triste
destin,
De la boutiqueaillentau
magasin,
Et que delà moisis dans la
poussieee,
Ils soient enfin livrez à la
., beurriere,
Ettousen blocvendus pour
un douzain,
Qien diriez-vous? Ce fcroit
bien le pire,
Vous en seriez pour nombre
de Ducats;
Er quant à moy je n'en ferois
que rire
En vous disans avois-jetort
helas!
Monsieur Estienne,eh! ne
m'imprimez pas.
Mais supposons contre tou-
.!1 te apparence
Que lesditsVers,puisqu'ainsivo1usleplaist
Par lafaveur dune heureuse
influence
Seront prisez, & vendus,
qui plus est ;
Je ne dis pas que ne soit
quelquechose
,
Force écrivainss'en contenteroient
bien,
Et puis de gloire une petite
dose,
Chez les Rimeurs ne gasta
jamais rien:
Mais croyez-vous,quoiquel'Ouvrage
plaise
Que l'on n'ait rien d'aill,eurs
à discuter,
Et que auteur en soit pils
à son aise?
Ay vû , pour moy ,
bien
des gens en douter;
Maints en connois qu'on a
menez bienroides,
Et comme on dit plus viste
que le pas;
Chat échaudé, croyezmoy
,
craint l'eau froide.
Monsieur Estienne
,
eh !
ne m'imprimez pas.
Pour ces raisons
,
& pour
bien d'autrescauses
Que sur ce point je pourrois
alleguer,
Mes petits Vers resteront
lettrescloses
Et vous plaira ne les point
divulguer,
De mon vivant ne les vcut
voir paraître,
Quand seray mort alors serez
le maure:
Si demandez quand sera,
vous diray
Que ce sera le plus tardque
pourray.
Vous convient donc un bien
petitattendre,
Et vous prendrez, je croy , le tout en gré;
Ne voudriez que je m'allasse
pendre C ij
Pour abreger, au moins rien
n'en feray,
Si le comptiez, compteriez
sans vostre hôte;
Mais moy deffunt je fuis à
vous sans faute
Prenez mes Vers, faites en
vos choux gras,
Force fera de souffrir ce
martyre,
Parce qu'alors ne pourray
plus vous dire
Monsieur Estienne, eh! ne
m'imprimez pas.
Réponse de Mercure sur
la Requeste de Monsieur
Estienne.
En mon Bureau, lisois
avec besicles
Requeste en Vers, Re.
queste par Articles,
Dont chaque article aq,'
oit écrit au bas
Monsieur Estienne, eh !
nemimprimez, pas.
Lors une ivluft & modeste&
timide,
Consine ou Soeur
,
de la
Mused'Ovide,
En rougissantvint me
diretoutbas,
Seigneur Mercure, eh !
ne m'imprimezpas.
e)Ë~
Muse, luj dis-je, onpeut
-
voussatisfaire,
QuunfroidAuteur vienne
dire au contraire,
Imprimez- moy; cesi là
monembarras,
J'ayme bienmieux
,
eh!
ne m'imprimez pas.
Voyons pourtant quelle
Musevous estes,
Chanteriez-vous Amour
ensesgoguettes,
Ou bien Bacchus éguayant
un repas ?
Peut-estre,mais chut, ne
rnlmprlmez,pas.
J'ayfait ces Vers,continua
la Musl,
Que vous li(eZ: don ttout
Paris s'amuse;
Je les dictay3 mais les
dictaytoutbas
A cil qui dit, chut, ne
m'1imprimez pas.
Beaucoup me plaistpareille
retenuë,
Luy dis-je
y
maissi-tost Il qu'on vousavûë
Onestpartropferu devos
appas
Pour enson coeur ne vous
imprimer pas.
Je vois en vous,certain
feu qui petille
,
Vous mepiaisez, par fyotre
humeurgentille,
Priez, criez, ne mécha•
perezpas,
Must,
mafoy vouspoejjè*
rezle pas.
Êuitc des Pjeaumest^on
• adonnezdansMercure
du mois pasâ.
- ODE
Tiréedu Pleaume^o^
Qui habitatin adjutorio Alpijjimk
cEluy qui mettra sa vie, Souslagardedu 1-res.ha1 ut.•*
Repoussera de l'envie
Le plus dangereux assaut ; Ildira , Dieu formidable
a'
C'est à ton bras redoutable,
Quemon destin est remis;
[Mes jours sont ta propre
cause
Et c'estcoy seul, que j'op,-
pose
A mes jaloux
-
ennemis.
Pour moy dans ce seul azile,
* - Par lesescours tout- puîilssans,
J~ brave l'orgüeil sterile
#
De mes rivaux fremissans;
En vain leur fureur m'assiége,
Sa justice rompt lepiége
De ces chasseursobstinez;
Elle confond leur adreffci
Et garantit ma foiblesse
De leurs dards empoisonez.
Ostroyqueces coeurs feroces
Comblent de crainte &
dennuy;
Contre leurs complots atroces,
Ne cherche point d'autre
appuy;
Quela verité propice
Soit contre leur artifice
Ton plusinvincible mur;
Que ton aîle turelaire
Contre leur âprecolere,
Soit ton rempart le plus sûr.
Ct9
Ainsi méprisant l'atteinte
De leurs traits les plus perçants,
Du froid poison de la crainte
Tu verras ces jours exempt
Soit que le jour sur la terre
Du noir démon de la guerre
Vienne éclairer les fureurs;
Ou soit que la nuit obscure
Répande dans la nature
Ses ténébreuses horreurs.
Mais que vois-je! Quels
abismes
S'entrouvenrautour de
moy?
Quel délugedevictimes
S'offre à mes yeux pleins
d'effroy?
Quelle épouventablc imagr,
De morts,de fane3 de carnage,
Frappe mes regards tremblans
?
Et quelsglaives invisibles
Deviennent de coups si
terribles
,
Ces corps passes & sanglans?
Mon coeur fois en assurance;
Dieu se souvient de ta foy,
Les fléaux de sa vengeance
N'approcheront point de
toy.
Le justeest invulnerable,
De son bonheur immuable
Les Anges sont les garands.
Et toûjours leurs mains propices,
A travers les précipices
Conduisent les pas errans.
Dans les routes ambiguës
Du bois le moins frequenté,
Parmi les ronces aiguës,
Il chemine en liberté,
Nulobstacle ne l'arreste,
Ses pieds écrasentla teste
Du dragon & de l'aspic;
Il affront: avec courage
La dent du lion sauvage
Et les , yeux du basilic.
Si quelques vaines foiblesses
Troublent les jours triomphans,
Il se souvent des promesses
Que Dieu fait à ses cnfans.
Aceluyqui m'est fidelle,
Dit la Sagesse éternelle,
J'assureray mes secours,
Je raffermiray sa voye,
Et dans destorrens de joyc
Je fcray couler ses jours.
Dans sesfortunes diverses,
Je viendray toûjours àluy,
Je feray dans ses traverses
Son inseparable appuy;
Je le combleray d'années
Paisibles&fortunées,
Je beniray ses desseins,
Il vivra dans ma memoire,
Et partagera la gloire,
Que je reserve à mes Saints.
ODE
Tirée du Pseaume96.
Dominus regnavit
,
cxultet
terra.
P euples élevez vos concerts,
Pouffcz des cris de joye&
des chants de victoire;
Voicy le Dieu de lUnivers,
Qui vient faire éclater son +
triomphe & sa gloire.
ïk
La justice & la vérité
Servent de fondement à son
- trôneterrible.
Une profonde humilité
Aux regards des mortels se
rend inaccessible.
Les éclairs, les feux devorans,
Font luire devant luy leur
flammeétincelante,
Et ses ennemis expirans,
Laissentde leur suppliceune
trace sanglante.
Pleine d'horreur & de
refpeâr,
La terre a tressaiily sur son
antique voûte,
Les monts fondus à son
afpe<5ty
Creusent pour séchaper
une brûlante route.
De les jugemens.redou-.
tez
Les Cieux, les justes Cieux
ontesté les Minières,
Et les méchans épouvantez
Ont vu de son courroux les
épreuves sinistres.
Soyez à jamais confondus.
Adorateurs impurs de profanes
idoles,
Vous qui par des voeux
deffendus,
Honorez de vos mains les
ouvrages frivoles.
Anges sacrez, divins EUprits,
Adorez à jamais ces marques
de sa gloire;
Peuples élûs, mortels
chéris,
Confcrvez de son noml'éternelle
mémoire.
C'est ce Dieu qui du haut
des Cieux)
De l'Univers entier réglant
les destinées,
Voit brifer les fragiles
dieux,
Jouets infortunez des vents
& des armées.
Vous qui vivez selon les
Loix,
Méprifezdesméchans
,
la
haine & l'artifice;
Ccluy qui fût trembler
les Rois,
Détournera sur eux les traits
de leurmalice-
Guidez par les vives
clartez,
Vous marcherez sans trouble
au milieu des tenebres ;
La gloire& les felicitez
Feront compter vos jours
entre les jours celebres.
%"J- 3s
Que lesbienfaits de l'Eternel
Soient à jamais gravez dans
le coeur desfîdelles,
Et qu'un hommage solemnel
, Fasse éclater par tout ses
grandeurs immortelles.
ODE
Tirée du Pseaume119.
Ad Dominum cum tribularer
clamanji.
Dans ces jours destinez aux
larmes,
Où mesennemis en fureur,
Aiguifoient contre moy
les armes
De l'imposture & del'erreur;
Lorsqu'une coupable licence
Empoisonnoit mon innocence
, Le
Le Seigneur fut mon seul
recours; J'imploray sa toute Puissance,
Et sa main vint à mon recours.
zz
O Dieu qui punis les outrages
Que reçoit l'humblevérité,
Vange toy ,
détruis les ouvrages
De ces lèvres d'iniquité,
Et confonds cet homme
parjure
,
Dontla bouche non moins
impure,
Public avec legereté
Les mensongesque l'imposture
Invente avec malignité.
~&
Quel rempart, quelle autre
barriere,
Pourra deffendre l'innocent
Contre la fraude meurtrière
De l'impic adroit & puissant?
Sa langue elt la flèche asserée
Qui part & frappe en un
mOlnent;
C'estun feu leger dés l'cntreeJ
Que fuit un long embrasement.
Helas! dans quel climat sauvage
Ay je si longtemps habité?
Quel exil! quel affreux rivage!
Quelsasyles d'impiété
!
Cédar, où la fourbe &
l'envie
Contre ma vertu poursuivie
,
Se déchaînèrent si longtemps
;
A quels mauvx onit leivré ma Tessacrileges habitans?
~&
J'ignore la trame invifiblc
De leurs pernicieux forfaits;
Je vivois tranquille lxpai.
sible
Chezlesennemis dela paix,
Et lors qu'exempt d'inquiétude,
Je faisois mon unique étude
De ce qui pouvoit les flater,
Leur détestable ingratitude
S'armoit pour me persecuter.
ODE
Tirée du Pseaume 48,
jiiïditt hAc omnes gentes.
Qu'auxacccensde mavoix
la terre seréveille,
Grands) soyez attentifs,
Peuples, ouvrez l'oreille,
Que l'Univers se taise, & me
laisse par ler,
Mes chants vont seconder
lesefforts dema lyre,
L'Esprit Saint me pénétre,
il m'échauffe & m'infpirc
Les grandesveritez que je
vais reveler.
L'homme en sa propre force
amis saconfiance,
Yvre de ses grandeurs&de
son opulence,
L'éclat de sa fortune enfle
savanité;
Mais au moment terrible,au
jour épouvantable,
Où la mort laissera ce malheureux
coupable,
Toutchargé des liens de
son iniquité,
Que deviendront alors,répondez,
grands dumonde,
Que deviendrontces biens,
où vôtreespoir se fonde,
Et dont vous étalez l'or,
güeilleuse moisson?
Sujets,amis, parens, tout
deviendra sterile,
Et dans ce jour fatal1 homme
à l'homme inutile,
Nepaye point à Dieu le prix
desa Rançon.
Unavide héritiertransporte
d'allegrcfïe,
Engloutit à l'instant toute
cette richesse,
Ces Terres, ces Palais de vos
nomsannoblis;
Et que vous reste-t'il en ca
momens extrêmes?
Un sepulcre funebre,où vos
noms , ,
où vous-memes
Dans l'éternelle nuit ferez
ensevelis.
Leshommes ébloüis de leurs
honneurs frivoles,
Et de leurs vains flateurs
écoutans les paroles,
Ont de ces veritez perdu le
souvenir,
, Pareils aux animaux farouches
& stupides,
Les loix de leur instinctsont
-
leurs uniques guides,
Et pour eux le present paroît
sans avenir.
Dans un temps ou
tous les Princes de TEnîpire
ont peut-être des,
interests, & des vûës,
différentes sur l'élection
d'un Empereur
,
& lors
que tout le monde effc
attentif à un événement
si important au repos de
l'Europe, j'aycrû que
chacun feroit bien-aise
de trouver icy la Bulle
d'Or, pièce absolument
necessaire à ceux qui
veulent avoir quelque
connoissancedes affaires
d'Allemagne.
Une Dame, jeune,
jolie,mignonne & fort
parce, monta l'autre jour
avecempressement dans
son garde-meuble , où
je la trouvay fort occupée
à remuer un tas de
gros Livres poudreux&
moisis
,
qui navoient
point vu le jour depuis
qu'elle estoit au monde:
Si vous me trouvez icy
moy-même, me dit-elle,
en me - voyant entrer,
cest que mes gens font
si sots qu'ils n'ont pû
trouver un Livre, ou
l'on ma dit qu'étoit la
Bulle d'Or. Je veux lire
laBulled'Or, tvlonÍieur;
car la Bulle d'Or est à
la mode. Je n'en fuis pas
surpris, luy répondis-je,.
car Bulle d'Or estun petit
mot fort joly, & un
joly mot suffit pour donner
de la curiosié aux
Dames;cependant assise
sur ce tas de Livres, elle
en feuilletoit un gros,
qui pesoit bien trente
livres. Il me parut qu'un
Mercure Galant luy siéroit
mieux à la main qu'-
un gros in folio sur ses
genoux: je mets icy la
Bulle d'Or en faveur de
cette DaIne» 6c peutêtre
de plusieurs autres , qui sanssçavoir de quoy -
il s'agit se demandent
l'une à l'autre: AvcZ-.
mous vû la Bulle d'Or?
comme elles se demandoient
il y a deux mois :
ji'veT^yous vu" Rhadarnijle?
BULLED'OR.
/lunom de lasainte c3- indivisible
Trinité. Ainsisoit-il. cH ARLES par la grace
de Dieu Empereur des
Romains, toujours Auguste
& Roy de Boheme ; à la mémoire
perpetuelle de lamofc-"
Tout Royaume divisé en foimême
fera desolé : & parce
que Ces Princes Ce sont faits
compagnons de voleurs, Dieu
a répandu parmi eux un esprit
d'étourdissement & de veritige
, afin qu'ils marchent
comme à tâtons enpleinmidi
d£nïcme<Jues'ils-efloient au
milieudesténèbres ; il a osté
leurs chandeliers du lieu où
ils estoient,afin qu'ils soient
aveugles & conducteurs d'aveugles.
Et en effet, ceux qui
marchent dans l'obscurité Ce
heurtent; &c'est dans la division
que les aveuglesdtpten..
dement commettentdes mê'.
chancetez. Dis, Orguëil,
comment aurois-tu regné en Lucifer, si tu n'avois appelle laDissention à ton secours?
Dis, Satan envieux commënt
aurois-tuchassé Adam du Paradis
, si tune l'avois détourné
de l'obéïssance qu'il devoit
à son Createur? Dis, Colere,
comment aurois-tu détruit la
Republique Romaine,situne
t'etois servi de laDivision
pour animerPompée.& Jules
à une guerre intestine
,
l'une
çpnçre l'autre; Dis, Luxure,
comment aurois-tu ruiné les
Troyens
,
si tu n'avois separé
Helened'avec sonMary? Mais
toi,Envie,combien de foist'éstuefforcée
de ruiner par laditvHion
l'Empire Chrestien que
Dieu a fondé sur les trois Vertus
Theologales, la Foi,l'Esperance,
&la Charité
, comme sur,unefainteindivisible
Trinité,vomissant le vieux
venin de la dissention parmi
lessept Electeurs, qui sontles
colomnes & les principaux
Membres du saint Empire,
fc par l'éclat defquçls le saint
Empire doit estreéclairé,
Icomme-e, par sept flalnbea'Ux'¡
dont la lumiere elt fortiifés
par l'union dessept Dons du
Saint-Esprit? C'est pourquoy
estant obligez ,tant à cause
du devoir quenousimpose la
Dignité Imperiale dont nous
sommesrevêtus; que pour
maintenirnostreDroit d'Elec.
tear entant que Roy de Bohême
,
d'aller au-devant desdangereufes
suites que les divisions&
dissentions poudroient
faire naître à l'avenir entre les
ËJë&eùrsdont noussommes
dunombre;Nous, àprésavoir
tnetirement délibéréen fioifoè
Cour& Assemblée solemnelle
de Nurenrberg
, en presence
detousles Princes Elecmn.
5 Eccelesiastiques &: Seculiers,
& autresPrinces, COIntes,
Barons, Seigneurs, Gentilshommes,
& Villes, éstant
assis dansle Trône Imperial,
revestu des Habits, Impériaux,
.aveC" les ornemens en main
Il laCouronne sur la telle,
par laplenitudedelaPuissançe
Imperiale,avons fait &publie
parcet Editferme&irrevocable
les Loix suivantes
,
pour cultiver l'unionentre les
fcie&eurs
5
établiruneforme
d'Election unanime, &fermertout
cheminà cette divijinn
detestable&aux dangers
extrêmes quila suivent. Don-
- né l'andu Seigneur mille trois
cent cinquante-six
,
li-ididionneuviéme
le dixiéme Janvier,
de nostre regne le dixieme
,
te de nostre Empirele cond. tond.
ARTICLE PREMIEK,
-
Commenté*farquiUsEleftcufs
, doivent efireconduitsau Ikté
oùsefera l'Election du ROf
des Romains. -'- NOUS declarons & ordonnons
par le present
EdIt Impérial, qui durera
éternellement, de nôtre cer.
taine Science, pleine Puissance,
& Autorité Inlperiale)
Que toutes les fois qu'il arrivera
à l'avenir necessité ou
occasion d'élire un Roy des
Romains pour être Empereur,
& que les Ele&p^irs^'
suivant l'ancienne & louable
coustume
, auront à faire
voyage au sujet de telleElection,
chaquePrince Electeur
fera obligé en étant requis,
de faire conduire &escorter
{ùrçlpcnt & sans fraude par ses
Pays,Terres&lieux,&plus
loin même s'il peut, tous
ses co-Electeurs ou leurs Députez,
vers laVille où l'Election
se devra faire, tant en
allant qu'en retournant; sous
peinede parjure, &: deperdre
( mais pour cette foisseulement
) la voix &: le suffrage
qu'il devoit avoir dans
cette Election,déclarant celui
ou ceux qui se serontrendus
encecinegligens ou rebelles
avoir encouru dés-lors lesdites
peines, sans qu'il foie
besoin d'autre Déclaration
que la Presente.
§. 2. Nous ordonnons de
plus, & mandons à tous les
autres Princes qui tiennent
desFiefs du saint Empire ROH
main, quelque nom qu'ils
puissent avoir;comme aussi
à tous Comtes, Barons, Gens
de guerre & Vassaux
, tant
Nobles que non Nobles, Bourgeois & Communautés
de Bourgs,deVilles &dè
tous autres lieux du saint Empire,
qu'ils ayent ,
lorsqu'il
s'agira de procéder à l'Election
d'un Roi des Romains
pourêtreEmpereur,àcon8c
sans fraude, comme il a
estédit, par leurs Territoires
&:. ailleurs ,le plus loin qu'il
se pourra, chaque Prince
Electeur,oulesDéputez qu'il
envoyera àl'Election ,pour
lesquels aussi bien que pour
lui il leur aura demande ou
a aucun d'eux tel sauf-conduit
; '&-en cas que quelqu'un
ait la présomption de contrevenir
à nostre presenteOrdonnance,
qu'il encoure aussi
toutes les peines suivantes :
sçavoir
, en casde contravention
par les Princes, Comtes,
Barons,Gentilshommes, Gens
de guerre & Vassaux
,
la peine
de parjure, & la privation
de tous les Fiefs qu'ils tiennent
dusaint Empire Romaia
&de tousautres quelconque;
comme aussi de toutesleurs
autres possessionsdequelque
nature qu'elles soienn! Età
l'égard des Communautez &£
Bourgeois contrevenans àce
que dessus
,
qu'ils soient aum
reputez parjures, & qu'avec
cela ils soient privez de tous
les Droits
,
Libertez, Privileges
&: Graces qu'ils ont obtenuës
du. saint Empire, ôc
encourent en leurs Personnes
& en leurs biens, le Banc ÔC
la proscription Imperiale ;&
c'est pourquoy nous les privons
dés-à- present, comme
pour lors, le cas arrivant, de
tous Droits quelconques. Permettons
aussi à tous& un
chacun de courte fus aux
proscrits& de les attaquer,
offenser Se outrager impunémentd'autorité
privée ,sans
pour ce demander autre permiïïibri
des Magistrats,ny
avoirà craindre aucune pum-*
tion de la part de l'Empire ,
ou de quelqu'autre que ce
soit, attendu que lesdits prof.
crits font convaincus du crime
de felonie envers la Republique,
l'Etat &: la Dignité du
saint Empire, & même contre
leur honneur & leur salut ,
ayant méprisé temerairement
èc comme rebelles, desobéïssans
&traîtres, une chose si
importante au bien public.
- §. 3. Nous ordonnons
mandons aussi aux Bourgeois
de toutes les Villes, & aux
Communautez, de vendreou
faire vendre à chaque Electeur
ouà leurs Deputez pour
l'Election, tant en allant qu'en
retournant, à prixraisonnable
& sans fraude, les vivres
&: autres choses dont ils aiiront
besoin pour eux & pour
ceux de leur fuite;le tout fous
les mêmes peines ci
-
dessus
mentionnées à l'égard desdits
Bourgeois & Communautez
,
que nous declarons par eux
encouruës de fait.
§. 4. Que si quelque Prince,
Comte, Baron, Homme de
guerre, Vassal Noble ou Inoble,
Bourgeois ou Communauté
de Villes, estoit assez
temeraire pour apporter quel*
que empêchement ou tendre
quelques embûches aux
teurs ou à leurs Deputez allant
pour l'Election d'un Roy
des Romainsou en revenant,
&les attaquer, offenser ou inquieter
en leurs perfonncs
eu en celles de leurs domestiques
, suite
, ou même en
leurséquipages, soit qu'ils
eussent demandé le fau£-cor&-
duit ordinaire
,
soit qu'ils
n'eussent pas jugé à propos de
le demander:Nous déclarons
celuy-là& tous ses complices,
avoir encouru de fait les susdites
peines, felon la qualité
des personnes
,
ainsi qu'il est
ci-dessus marque.
§. 5. Et même si un Prince
Electeuravoit quelqueinimitié
,
différentou procésavec
quelqu'unde ses Collègues>
cette querelle ne le doit point
empêcher de donner,enestant
requis,laditeconduite ôcef*
corte à l'autre ou à ses Députcz
pour ladite Elçéhop
,
à
peine de parjure & de perdre
sa voix en l'Election pour cette
fois-làseulement,comme ii.g
,esté dit ci-dessus.
§.6.Commeaussi,silesautres
Princes, Comtes, Barons,
Gens de guerre, Vaflfauî*
Nobles,& Inobles,Bourgeois
&: Communautez des-Ville$
vouloient du malà quelque
Electeur ou à plusieurs
, ou
s'il y avoirquelque diiïerenç
ou guerre entr'eux, ils ne laisferont
pas,sans contradiction
pu fraude aucune,deconduire
al' d'escorterle Prince Electeur,
ou lesPrinces Electeurs
ou leurs Députez ,foit en
allant au lieu où se devrafaire
l'Election, foit en s'en retournant
, s'ils veulent éviter les
peines dont ils font menacez
par cet Edit, lesquelles ils
encourront de fait au même
temps qu'ils en useront ment.¡;' autre-
§: 7. Et pour une plus gran- defermeté, & plus ample
assurance de toutes les choses
ci-dessusmentionnées ,Nous
voulons & ordonnons, Que
tous & chacun les Princes
Electeurs & autres Princes,
Comtes
,
Barons,Nobles
Villes; ou leurs Communautez,
promettent par Lettres ,
&par Serment toutes lesdites
choses
, & qu'ils s'obligent
de bonne foy & sans fraude
de les accomplir , &c mettre
en effet ; & que quiconque
refusera de donner telles Lettres,
encoure defait les peines
ordonnées, pour estre executées
contre les refufans
,
selon
la £ondizinii des personnes.
§. 8. Que si quelque Prince
Electeur ou autre Prince
relevantde l'Empire
,
de quelque
qualité ou condition qu'ii soit, Comtes
,
Barons ou
Gentilhommes, leursSuccesfeursou
Heritiers tenans des
Fiefs du saint Empire
,
refu*-
soit d'accomplir nos Ordonnances
6c Loix Impériales cidessus
ôc ci-aprés écrites, ou qu'il
qu'il eût la presomption d'y
contrevenir ,
liceftunrElec*
teur , que dés-lors ses Coélecteurs
l'excluënt dorenavant
de leur Société,& qu'il soit
privé de savoix pour l'Election
&de la place, de la Dignité
& du Droit de P rince Elec., ,
teur ; & qu'il ne soit point
investi des Fiefs qu'il tiendra
du saint Empire Et si c'efl;
quelqu'autre Princeou
Gentilhomme (comme il a
esté dit ) quicontrevienne
àces mêmes Loix, qu'il ne
foit. point non plus investi
de Fiefs qu'il peut tenir de
l'Empire, oudequi quece
soitqu'il les tienne, &cependant
,qu'ilencoure dés-lors
lesmêmepeinespersonnelles
c§i-d.cElius tspécifiées. 1; encore quehîous
entendions & ordonnonsque
tous les Princes, Comtes,
Barons, Gentils- h01îlmeS:,
Gens deguerre, Vassaux; VisJ.
les & Communautez soient
obligezindifferemment de
donner ladite escorte Se. conduite
à chaque Electeur ou
à ses Deputez, comme il a
esté dit;Nous avons toutesfois
estimé à propos d'assigner
à chaque Electeur une escorte
& des conducteurs particuliers,
selonles pays & leslieux
où il aura à passer,comme il
se verra plus amplement par
ce qui fuit.
§.io. Premierement, le
Roy deBohemeArchiéchançon
du SaintEmpire, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence,parlesEvêquesde
Bamberg &de Virtzbourg,
par les Bourgraves de Nuremberg
, par ceux de Hohenloë,
deVertheim, de Bruneck &
de Hanau, &. par les Villesde
Nuremberg
,
de Rotembourg,
&deW indesteim.
- ii. L'Archevêque de
Cologne Archichancelier du
saint Empire en Italie, sera
conduit par desArchevêques
de Mayence & de Tréves,par
le Comte Palatin du Rhin^
par le LandgravedeHesse,
parlesComtes de Catzenellenbogen
,
de NafTaw ,
de
Dierz
,
d'Issembourg de
Westerbourg
-1
de Runc KC^r,
de Limbourg & de Falckenstein
,
& par les Villes de wetzlar
, de Geylnhaufen & de
Fridberg. ---»
§. 12. L'Archevêque de
Tréves Archichancelier du
saint Empire dans lesGaules
& au Royaume d'Arles, sera
conduit par l'Archevêque de
Mayence, par les Comtes Palatin
du Rhin, par lesComtes
de Spanheim & de Veldens,
par les Bourgraves&Wildgraves
de Nassavv, d'!ffem.L
bourg, de Westerbourg, de
deRanckel
,
de Limbourg, de Dietz
,
deCatzenellebogon
,
d'Eppenstein& de Falckenstein
,&parlaVille de
Mayence.
- v,$. 14Le Comte Palatin du
Rhin Archimaîtredu saint
Empire, fera conduit par
l'Archevêque de Mayence.
§. 14. Le Duc de Saxe Archimarêchal
du saint Empire,
seraconduit par le Roi de
Bohême, les Archevêques de
Mayence &: de Magdebourg,
les Evêques de Bamberg 8c
de Wirtzbourg, le Marquis
de Misnie, le Langravede
Hesse, les Abbez de Fulden
& de Hirchsfelt
,
les Bouc*-
graves de Nuremberg
, ceux
de Hohenloë,de Wertheim, de Bruneck
,
de Hanau)'cS¿: de
Falckenstein ; commeaussipar
les Villesd'Erford,Mulhausen
,, Nuremberg
, Rotembourg
&: Windesheim.
§«1j.Et tousceuxvieQ^•
nent d'estre nommez seront
pareillement tenus de conduire
le Marquis de BrandebEourgmArchpichanicerlieer
d.u s.
: §. 16.Voulons en outre,&
ordonnons expressément que
chaque Prince Electeur qui
voudra avoir tel sauf-conduit
&i escorte, le fasse duëment
sçavoir à ceux par lesquelsil
voudra estre conduit& escorté
,
leur indiquant le chemin
qu'il prendra; afin que
ceux qui font ordonnezpour
ladite conduite, & qui en auront
esté ainsi requis, s'y puissent
preparer commodement
& assez à temps. : §.17. Declarons toutefois,
jque les presentes Constitutions
faites àú sujet'deladittè
conduite,doivent estre entenduës,
en forte que chacun
dessus-nommez , ou toutau-*
tre qui n'a pas peut-êtreesté
ci-dessus dénommé à qui dans
le cas susdit il arrivera d'efirè
requis de fournir ladite con.
duite & escorte, foit obligé
de la donner dans ses Terres
& Pays feulement
, & même
au de-là, si loin qu'il le pourra,
le tout sans fraude, fous
lmes peineés cie- desssus e.xpri* • $. 18. Mandons & Ordonnons
de plus, que l'Archevê^
que de
-
Mayence qui tiendri
alors leSiege, envoye ses Let:..
tres Patentes par Couriers êxprés,
à chacundesditsaut4:ci
Princes Electeurs Ecclesiastiques
6c Seculiers
,
ses CoHejot
gues , pour leur intimer ladite
Election
; & que dans ces
Lettres soit exprimé le jour
& le terme dans lequel vraisemblablemeut
elles pourront
estre renduës à chacun deces
Princes.
§. 19. Ces Lettrescontiendront,
que dans trois mois, à
compter du jour qui y feraexr
primé, tous & chacun les
Princes Electeurs ayent à fit
rendre à Francfort sur leMein
en personne
, ou à y envoyer
leurs Ambassadeurs
, par eux
autentiquement autorisez &
munis de Procuration valable,
• iîgnée de leur main &: scellée
de leur grand Sceau,pourproceder
ceder à l'Election d'un Roy
des Romains futur Empereur.
§. 20. Or comment & en
quelle forme ces fortes de
Lettresdoivent estre dressées,
&quelle solemnité y doitestre
observée inviolablement, &e;i
quelle forme & maniere les
Princes Electeurs auront à
dresser&faire leurs Pouvoirs,
Mandemens 8>C Procurations
pour les Députez qu'ilsvoudront
envoyer à l'Election;
cela se trouvera plus clairement
exprimé à la fin de la
présente Ordonnance;laquelleforme
en cet endroit prescrite,
Ordonnons de nostre
pleine Puissance &: Autorité
Imperiale, estreen tout &:
par tout observée.
§..il. QiiFind les choses
serontvenuës à cepoint,que
la nouvellecertaine de lamort
.dç l'Empereur ouduRoydes
Romains sera arrivéedansle
Diocese de Mayence, Nous
commandons ôç ordonnons,
que dés-lors
,
dans l'espace
d'un mois, àcompter du jour
de l'avis reçu de cette piort
l'Archevêque de Mayence par
sesLettres Patentes en donne
part aux autres Princes Electeurs
, & fasse l'intimation
dontilest ci-dessusparlé. Que
il par hasard cet Archevêque
négligeoit ouapportoit de la
lenteur à faire ladite intimation
,
alors les autres Princes
Electeurs, de leurpropremouvement,
sans mêmeetreàpgellez
, & par lafidelité avec laquelle
ils sont obligez d'assisterle
saint Empire
,
se rendront
dans trois mois( ainsi
qu'il aesté dit) en ladite Ville
cleFrancfort, pour élire un
Roy des Romains futur Empereur.
§. il. Or chacun des Princes
Electeurs ou ses Ambassadeurs
, ne pourront entrer
dans le temps de ladite Election
en ladite Ville de Francfort
,qu'avec deux cent chevaux
feulement, parmi lesquels
il pourra y avoir cin-
; quante Cavaliers armez, ou
moins s'il veut, mais non pas
davantage.
§. 2 3. Le Prince Electeur
ainsi appellé & invité à cette
.Election^ & n'yvenant t\-s
ou n'y envoyantpasks Anibai--
sadeurs avec ses Lettres Patentes
scellées de son grand
Sceau, contenant un plein,
libre&entier pouvoir d'élire
un RoydesRomains, ou bien y
estant venu ou y ayant envoyé à
son deffaut les Ambassadeurs,
si ensuitelemême Prince
ou lesdits Ambassadeurs se
retiroient du lieu de l'Election
avant que le Roy desRomainsfutur
Empereur eust
esté élû) & sans avoir substituésolemnellement&
latRë
un, Procureur legitime, afin
d'y agir pour ce que dessus
,
que pour cette fois il soit privé
de sa voix pour l'^Icjfbion
& du Droit qu'il y avoit §c
(Ju'il aainsi abandonné.
§. 24. Enjoignons &mandons
aussiauxBourgeois de
Francfort, qu'en vertu du Serment
que Nous voulons qu'ils
prêtentàcette fin sur les fuints
Evangiles, ils ayent à proteger&
a"defféndCfe avec tout
foin,fidélité &vigilance,tous
nlees rParli,nces Elet-i-etirs en ge- &unchacund'eux en
particulier ; ensemble leurs
gens ,
<k chacun .desdeux
crnc Cavaliers qu'ils auront
amenez en laditeVille
, contre
toute insulte &attaque,
en cas qu'il arrivast quelque
dispute ou querelle entr'eux
,
&: ce envers &: contre tous; à faute de quoy encourront
la peine .de parjure, avec p?rte
de tous leurs Droits,Libertez,
Graces & Indults
qu'ils tiennent ou pourront
tenirduSaint Empire : & serontdésaussi-
tost mis avec
leurs Personnes & tous leurs
bièns
, au Banc Imperial: Et
dés-lors comme dés-à-prefent
, il fera loisible à tout
Homme de sa propre autorité
, sans estre obligé de recourirà
aucun Magistrat, d'attaquer
impunément ces inemes
Bourgeois, que nous privons
en ce cas dés-à-present
comme pour lors de tout
Droit, comme traîtres, infidelles
& rebelles à l'Empire ;
sans que ceux qui les attaqueront
pour ce sujet en doivent
apprehender,aucune punition
de la part du saintEmpire,ou
d'aucune autre-,par , §.25.Deplus, lesdits Bourgeoisde
laVille de Francfort
n'introduiront & ne permettront
fous quelque pretexte
que ce soit, de laisser entrer
en leur Ville aucun Etranger,
de quelque condition ou qualité
qu'il puisse estre, pendant
tout le temps qu'on procedera
à l'Election, à l'exception seulement
des Princes Electeurs,
leurs Deputez ou Procureurs,
chacun desquels pourra faire
entrer deux cent chevaux,
comme il a esté dit.
§. 16. Mais si après l'entrée
des mêmes Electeurs il se
trouvoit dans la Ville ou en
leur presence quelqueEtranger,
lesdits Bourgeoisen conséquence
du Serment qu'ils
aurontprêté pour ce sujet en
vertu de la presence Ordonnance
sur les saints Evangiles (comme il a esté ci -devant
marqué ) feront obligez de les'
faire sortir incontinent êc sans
retardement, fous les mêmes
peines ci-dessus prononcées
contre eux.
i>
Article II.
De l'Election du Roy des
ROrIJains.
§. I.APRE's que les Electeurs
ou leurs Plenipotentiaires
auront r1au leurs
entrées en la Ville de Francfort
, ils se transporteront le
lendemain du grand matin en
l'Eglise de Saint Barthelemy
Apôtre, &: là ils feront chanter
la Messe du Saint-Esprit,
&: yassisteront tous jusqu'à la
fin; afin que le même Saint-
Esprit éclairant leurs coeurs,
& répandant en eux la lumiere
de sa Vertu
,
ils puissent
estre fortifiez de son secours
pour élire Roy des Romains &
futur Empereur
, un Ho11me
juste, bon, &utile pour le salut
duPeuple Chrestien.
§. 2. Aussi-tost aprèsla Messe
, tous les Electeurs ou Plenipotentiairess'approcheront
de l'Autel où la Mené clé aura celebrée ; & là les Princes
Elèâréuri Ecclesiastiques,
l'Evangile de Saint Jean In
principio erat Verbum'dfcJ
estantexposée devant eux ,
mettront leurs mains avec reverence
sur la poitrine, & les
Princes Electeurs toucheront
réellement de leurs mains ledit
Evangile;àquoy tous avec
toute leur Famille assisteront
non-armez. Et alors l'Archevêque
de Mayence leur presentera
la forme du Serment;
& luy avec eux,&: eux ou les
Plenipotentiaires des absens
avec luy, prêteront le Serment
en cette maniere.
5* 3. Je N. Archevêque de
Mayence, Archichancelier du
Saint Empire en Allemagne &
Prince Electeur , jure sur ctf
SiilntsEvangilesky mis devant
moy , par la Foy avec laquelle je
suisobligé à Dieu dr au Saint
Empire Romain, que selon tout:
mon discernement, &jugement,
avec l'aide de Dieu
,
je veux élire
un Chef temporel auPeuple
Chrestien, c'est-à-dire un Roy
des Romains futur Empereur,
qui soit digne de l'estre autant
que par mon discernement &
mon jugement je le pourray connoistre
; ,& sur la même Foy je
donneray ma voix &monsuffrage
en ladite Election, sans aucun
pactenyesperance d'interest,
de récompense, ou de promesse,
0% d'aucune chosesemblable, de
quelquemanierequ'elle puisse
estre IlJpeUée. Ainsi Dieu m'aide
<&tous les Saints;
§. 4. Apres avoir preslc"Scr-,
ment en la forme & manieresusdite
,
fti fd1 te les Electeurs ou les
F il s o~t Ambassadeurs des absens procederont
à l'Election; & déslorsilsne
forciront plus dela
Ville de Francfort
,
.qu'aupav.
ravant ils n'ayent, àla pluralité
des voix,élû & donné ail
Monde ou au Peuple Chrêtien,
un Chef temporel,à
sfçauvoti ruunrREoymdpeseRroemuairn.s
§. 5. Que s'ilsdisseroient
de le E:ire dans trente jours
consecutifs,àcompterdujour
qu'ils auront presté le Serment
; alors,les trente jours
expirez ,ils n'auront, pour
nourriture que du pain &: de
Feau;&nc sortiront pas de la*».
dite Ville, qu'auparavant tous
oulaplus grande partie d'eux,
n'ayent élu unConducteur ou
Cheftemporel des Fidelles,
comme il aesté dit.
§. (y. Or après que les Electeurs
ou le plus grand nombre
d'eux l'aurontainsi élû dans
le même lieu
, cette Election
tiendra & fera réputée comme
si elle avoiresté faite par tous
unanimement sans contradiction
d'aucun.
§.7. Et si quelqu'un des Electeurs
ou desdits Ambassadeurs
avoit tardé quelque peu.cLe
tems à arriverà Francfort, ôc
quetoutefoisil yvintavantque •l'Ele&ionfr.fl: achevée;Nous
voulons qu'il soit admis à l'Election
en l'estat qu'elle se
trouvera lors de son arrivée.
§. 8.Et dautantque par une
coutume ancienne, approuvée
,&. loüable
, tout cequi estcidessousécrita
esté invariablement
observéjusqu'à pretent;
Nous, pour cette raison, voulons
&: ordonnons, de nostre
pleine puissance &: autorité
Imperiale, qu'à l'avenir celuy
qui dela maniere susdite aura
^fté élû Roy des Romains,
auaI-tofi après son Election
&C avant qu'il puisse se mesler
4e l'administration des autres
affaires de l'Empire.coiifiriiie
& approuve sans aucun délay,
par ses Lettres & son Sceau,
à tous & chacun les Princes
ElecteursEcclesiastiques&
Seculiers, comme aux principaux
Membres de l'Empire,
tous leurs Privileges,Lettres,
Droits, Libertez,Immunitez
,
Concessions anciennes
Coutumes & Dignitez,&
tout ce qu'ils ont obtenu ex;
possedé de l'Empire jusques au
jour de tonElection;&: qu'aprés
qu'il aura esté couronné
de la Couronne Imperiale, il
leur confirme de nouveautoutes
les choses susdites.
§. 9. Cette confirmation
fera faite par le Prince élua.
chacun des Princes L-leâeurs
en particulier, premierement
sous le Nom de Roy, & puis
renouvellée fous le Titre
d'Empereur
: Et fera tenu ledit
Prince élu d'y maintenir
sans fraude & de son bonmou*
vement les mêmes Princesen
général, &c chacun d'eux en
particulier; bien loin de leur
y donner aucun trouble ou
empêchement.
§. 10. Voulons enfin, & ordonnons
qu'au cas que trois
Electeurs presens, ou les Ambassadeurs.
des absenséliferçt.
un quatrième d'entr'eux, (çar
voir un Prince Elet[e-lli- present
ou absent, Roy des Romains
; lavoixde cet éllîs'il
est present,oulavoix de ses
Ambaissadeurs,s'il cil; absent,
ait sa vigueur & augmente Σ
nombre & la plus grande partie
des élisans, à l'instar des
autres Princes Electeurs,
ARTICLEIII.
'F>e la Séance des Archevêques
-
de Tréves, de CQtogm
drdeM-ayence. ,
9
A#nom de Lifaidtc{jr iiïdifViJi->
hle Trinité, d? à nojfreplus
grand bonheur. Ainsi soit-il.
iCgHraAcReLES IV.par la
de Dieu Empereur
des Romains, toujours Auguste&
Roy de Boheme; 'l
*kmémoire perpetuelle de la
chose.
§.I.L'union & la concordedes
venerables&illustres.
Princes Eleveurs, fait l'ornement
& la gloire du saint
Empire Romain, l'honneur
de la Majesté Impériale
, &:
l'avantage des autres Etats de
cette Republique, dont ces
Princes soutiennent l'édifice
sacré, comme en estant les
principales colonnes, par leur
pieté égale à leur prudence
: cesont euxaussi qui for.,.
tissent le bras de la PuiOEltlCC
Imperiale;& l'on peut dire
que plus le noeud de leuramitié
mutuelle s'étreint, plus le
Peuple chrestien joüit abondamment
de toutes les commoditez
qu'apporte la Paix &
la tranquillité.
§. 2. C'est pourquoy,pour
doresnavant prévenir lesdifputes
& les jalousies qui pourtoieht
naître entre les venetables
Archevêques de Mayeince,
de Cologne & de Tréves,
Princes Electeurs du Saint
Empire, à cause de la primauté
& du rang qu'ils doivent
avoir pour leursSéances
dans les Assemblées Imperiales
& Royales, & faire
en forte qu'ils demeurent entr'eux
dans un estattranquille
de coeur & d'esprit
,
& puissenttravailler
unanimement&
employer tous leurssoins aux
affaires & aux avantages du
saint Empire pour laconsolation
du Peuple Chrestien ;
Nous avons, par délibération
& par le Conseil de tousles
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers, arresté & oih
donné, arrestons & ordonnons
,
de nostre pleine Puissance
& Autorité Imperiale,
par ce present nostreEditperpetuel
& irrévocable
, que lesdics
vénérables Archevêques
auront Séance; sçavoir celuy
de Trevesvis-à-vis la face
de l'Empereur ;celuy de
Mayence, soit en ion Diocese
& en saProvince, soit même
hors de sa Province dans,
l'étenduë de la Chancellerie
Allemande, excepté en laProvince
de Cologne seulement,,.
à la main droite de l'Empereur
;ainsi que l'Archevêque
de Cologne l'aura en sa Province
& en fôn Diocese
, &:
hors de sa Province en toute
l'Italie & en France,àla
main droite de l'Empereur,
&: ce en tous les Actes publics
Impériaux , de même
qu'aux Jugemens, Collations,
Investitures desFiefs,Festins,
Conseils& en toutes leurs
autres Assemblées où il s'agira&
se traitera de l'honneur
& du bien de l'Empire Romain.
Voulantquecet ordre
de Séance foit observé entre
lesdits Archevêques de Colo-"*
gne, de Tréves & de Mayence
, & de leurs Successeurs cU
perpetuité
,
sans que l'on puisse
à jamais y apporter aucun
changement,ou y former aucune
contestation,
ArticleIV.
*Der Princes Electeurs en
commun.
§.1.oRdonnons aussi, que
coûtes les sois que
l'Empereur ou le Roy desRomains
se trouvera assis dans
les Assemblées Impériales,
foit au Conseil, à table, ou
eh toute autre rencontre avec
les Princes Electeurs, le Roy
de Boheme, comme le Prince
couronné &: sacré,occupela
la premiere place immédiatement
après l'Archevêque de
Mayence ou celuy de Cologne;
sçavoir après celuy d'eux deux
qui pour lors
,
selon la qualité
des lieux & varieté des Provinces
,
fera assis au cofté droit
de l'Empereur ou du Roy des
Romains
,
suivant la teneur de
son Privilege; &que le Comte
Palatin occupe aprés luy la
seconde place du même costé
droit : qu'aucofté gauche le
Ducde Saxe occupe la première
place aprèsl'Archevêque
qui fera assis à la main
gauchede l'Empereur;& que
le
,.
Marquis de Brandebourg
se mettra après le Duc de
Saxe. §.2.Toutes & quantefois
que le Saint Empire viendra
à vacquer ,
l'Archevêque de
Mayence aura le pouvoir qu'il
a eu d'ancienneté
,
d'inviter
jfar "LcttÉe's'les ancresPHT^
des sesConfreresdevenir àx
l'Election.
§. ~34
Touslesquels,ouceux
d'entr'eux qui auront pû ou
vtmluaflïftcr à ladite Elèétion
eilantalIèrnblez pour yprôceder
, ce fera à l'Electeur de
Mayence &: non à un autre ,de
-rêciieillir particulièrementles
voix de ce-Electeurs,enl'or-*'
dtoc fuivann I;*> -
era pre ic-@
;
§. 4. Il demanderapremier
rèment l'avis à l'Archevêque
de Trêves,àqui nousdeclarons
que le premier sutfrage
appartient,ainsî que nôus
avons trouvé qu'il luy avoio
appartenu jusqu'à present. Serondement
,àl'Archevêqud
deCologne, à qui appartient
l'honneur
l'honneur & l'office de mettre
le premierleDiadème sur la
teste du Roy des Romains.
Troisiémement
, au Roy de
Boheme qui tient laprimauté
par l'Eminence,le droit & le
mérité de sa Dignité Royale
entre les Electeurs Laïques.
En quatrième lieu
, au Comte
Palatin du Rhin. En cinquième
lieu, au Duc de Saxe; &.
en sixiéme lieu, auMarquis
de Brandebourg. L'A rchevêl-
que de Mayence ayant ainsi &:
en l'ordre susdit, recüeilli les
suffrages de tous, fera en- tendre aux Princes ses Confreres
& leur découvrira [es.
intentions, &: à qui il donne
sa voix, en estant par eux requis.
§. y'. Ordonnons aufh'qu'-
aux ceremonies des Festins
Imperiaux, le Marquis de
Brandebourg donnera l'eau à
laver les mains à l'Empereur
ou au Roy des Romains; le
Roy deBohême lui donnera la
pemiere fois à boire, (lequel
service toute-fois il ne serapas
tenu de rendre avec la Couronne
Royale sur la téte, conformément
aux Privilèges de
son Royaume, s'il ne le veut
de sa propre & libre volonté;)
le Comte Palatin du Ii. hin fera
tenu d'apporter la viandè; 8c
le Duc de Saxe exercera sa
charge d'Archi-marecchal ,
comme il a accoûtumé de faire
de toute ancienneté.
ARTICLE V.
Du Droit dIt Comte Palatirs
duRhin,&duDuc.
1. de Saxe.
§.I. DE plus, toutes les
fois ques le saint
Empire viendra à vaquer
comme il cfi dit, l'liluiti'e
Comte Palatin du Rhin Archimaître
du saint Empire Romain
,
fera l roviseur ou Vicaire
de l'impire dans les
partiedu Rhin& de la Suabc,,
& de la Jurisdiction de Franconie,
à cause de sa Principauté,
ou du Privilège du
ComtéPalatin, avec pouvoir
d'administrer la Jllfijce.,j- de
nommeraux Benefices -Ecc1e.,
siastiques, de recevoir le revenu
de l'Empire,,d'investir
des Fiefs,&de recevoirlesfoi
& hommages de la part & au
nom du saint Empire; coures
lesquelles choses toutefois seront
renouvellées en leur terris
par le Roy des Romains après
dûy auquel les foi & hommages
devront être de nouveau
prêtez ; à la reserve des Fiefs
des Princes, & de ceux qui se
donnent ordinairement avec
l'étendart,dontnous reservons
spécialement l'invèstiture & la
collation à l'Empereur seul ou
au Roy des Romains. Le
Comte Palatin sçaura toutefois
qu'illui est défendu exjsireffement
d'aliénner ou d'eri.
gager aucune chose appartenant
à l'Empire, pendant le
temps de son Administration
ouVicariat.
§. 2. Et Nousvoulons que
l'Illustre Duc de Saxe Archimareschal
du saint Empire
joüisse du mêmedroitd'Administration
dans les lieux où le
droit Saxon est observé, en
toutes les mêmes maniéres&.
cfonpditeioncs qiuitftonet cei-dseum.s
§. 3. Et quoi-que parune
coustume fort ancienne il ait
esté introduit que l'Empereur
ou le Roy des Romains cR:
obligéderépondre dans les
causesintentées contre luipardevant
le Comte Palatin du
Rhin Archimaistre, Prince
Electeur du saint Empire>leK
dit Cpmte Palatin ne pourra
toutefois exercer cette Jurisdiction
qu'en la Cour Impériale
où l'Empereur ou leRoy
des Romainsfera present en
personne,&:nonailleurs.
ARTICLE VI.
,De la compawifoM des Princes
ElecteuPrrsiancveesccomlmeusnasu. tres
NOU s ordonnons qu'en
toutes les Cérémonies
& Assemblées de la Cour Impériale
qui feront doresnavant
&: à l'avenir; les Princes Electeurs
Ecclesiastiques & Séculiers
tiendront invariablement
leursplaces à droite &à
gauche,selon l'ordre &:J«i
maniéré prescrite; ôc que nul
autre Prince,de quelque Etat,
dignitéPrééminence ou qualité
qu'il soit, ne leur puisse
être ou à aucuns d'eux,préféré
en aucunes actions quelconques
qui regarde, les Assemblées
Impériales, Toit en marchant
, séant ou demeurant
debout; avec cette condition
expresse, que le Roy de
Boheme nommément, précédera
invariablement dans toute?
& chacunes lesactions &:
célébrationssusdites des Assemblées
Imperiales, toutau-
,.tre Roy
,
quelque dignitéou
Prérogative particulière qu~ii
puisseavoir, & pour quelque
causeoucas qu'il y puissevenir
ou assister.
ARTICLE VII.
De la fùceejjion des Princes
Electeurs.
Au Nom de tif sainte & tndî~
visible Trinté, & à nojhré
plus grand bonheur. Ainjisoit-
il. cHARLES Quatrième
par la
-
grace de Dieu
Empereur des Romains toûjours
Auguste &: Roy de Bohême
; à la mémoire perpértuclte
delachose. 1
--
§. I. Parmi les soins inrion*
: brables que nous apportons
journellement pourmettre en1
un état heureux le saint Empire,
oùnousprésidons par
l'assistance duSeigneur,nôtre
principale aplication est à faire
fleurir & à entretenir toujours
parmi les Princes Electeurs du
saint Empire, une Unionsalutaire&
une concorde&charité
sincere, estant certain que
leurs conseils font d'autant
plus utiles au Monde Chrestien,
qu'ils se trouvent éloignez
de toute erreur; que la
Charité regne plus purement
entre eux; que tout doute en
est banni; &: que les droits
d'un chacunsont clairement
,diecllarez & specifiez.Certes, cftgeneralement manifesté
& notoire àtout le Monde,
que les Illustres le Roy de
Boheme, le Comte Palatin du
Rhin, le Duc de Saxe &: le
Marquis de Brandebourg : le
premier envertude son Royaume
, & les autres en vertu
de leurs Principautez, ont
droit, voix&séanceen l'tlection
du Roy des Romains futur
Empereur, avec les Princes
Ecclesiastiques leurs Coélec-
.'teints, avec lesquels ils sont
tous reputez, comme ils sont
en effet, vrais & légitimés
-
Princes Electeurs du saint
Empire.
§. 2. Néanmoins
,
afinqu'à
-l'avenir onjie puisse fufclcer
;¡aucun sujet de scandale & de
division entre les Fils de ces Princes Electeurs Seculiers,,
touchant lesdits droit, voix
&&: faculté d'élection ; SC
qu'àinsi le bien public ne cour- te aucun risque d'estre retardé
ou troublé par des délais dangereux
; Nous, avec l'aide de
Dieu, desirant en prévenir les
perils à venir.
§. ;. Statuons &: ordonnons
,
de notrePuissance &
Autorité Iir periale, par la presente
Loi perpetuelle, que cas
avenant que lesdits Princes
Electeurs Seculiers, &: quelqu'un
d'eux viennent à deceder,
le droit, la voix,& le
pouvoir d'élire, fera dévolu
librement & Las contradiction
de qui que ce (cit) à îoà
Fils aîné légitimé & laïque ;&
en cas que l'aîné ne fust plus
au monde, au Fils aînédel'ainé
semblablementlaïque.
§. 4. Et si ledit Fils aîné,
venoit à mourir sans laisser
d'enfansmâleslegitimes Iaft
ques, le droit, la voix &, le
pouvoir de l'élection feront
dévolus en vertu du presens
Edit, à son Frere puîné descenduen
ligne directe légitime
paternelle, & ensuite au Fîfé
aîné laïque de celui-ci.
§. y. Cette succession des
aînez &: des Héritiers de ces
Princes fera perpétuellement
observée en ce qui regarde le
sdurositd,liat. vvooiixx,. Ô&C le ppoouuvvooiirr
l, §. 6. A cette condition&
en sorte toutefois, que si le
Prince Eleaeur ou son Fils
aîné, ou le Filspuisné laïque
venoit à deceder, laissant des
Heritiers mâles legitimes laïques
mineurs, le plusâgé
Frere de ce désunt aîné fera
Tuteur &Administrateur desdits
mineurs
,
jusqu'à ce que
l'aîné d'entr'eux ait atteint
l'âge légitime »
lequel âge en
^in Prince Electeur, voulons
ordonnons estre à toujours
dedix-huit ans accomplis ; &
lorsquel'Electeur mineur aujra
atteint cet âge,son Tuteur
ou Administrateur fera tenu
de luy remettre incontinent
& entièrement le droit
,
la
yoix & le pouvoir avec l'Qf;
jrr
fices d;gieéteur ,Se généralement
tout ce qui en dé..
pend. .:tJ §. 7. Etsi quelqu'une deces
Principautez venoitàvacquer
au profit de l'Empire
,
l'Em",
pereur ou le Roy des Romains
d'alors en pourra disposer
comme d'une chose dévoluë
légitimement à luy &
au saintEmpire.
§. 8. Sans préjudice néan~
moins des Privileges,Droits
& Coutumes de nostre Royaume
de Boheme
,
pour ce qui
regardel'Election d'un nouveau
Royen cas de vaccance;
en vertu desquels les Regnicoles
de Boheme peuvent élire
un Roy de Boheme suivant
la Coutume observée detout
temps , &: la teneur desdits
Priviléges obtenus des Empereurs
ou Rois nos Predecesseurs
; ausquels Privilèges
1Nous n'entendons nullement
prejudicier par la presente
Sanction Imperiale, au contraire
ordonnons expressement
que nostredit Royaume
y soit maintenu
,
& que ses
Privilegesluy soient confervez
à perpétuité
,
selon leur
forme & teneur.
Article VIII.
De 1,Immunité du Roy de Bohê*
, ~me3& des Habitans audit
Royaume.
Ski.cOMME les Empe»
reurs & Rois nos
Predecesseurs ont accordé
aux Illustres Rois de Boheme
nos Ayeuls&Predecesseurs,
aussi-bien qu'au Royaume ÔC
à la Couronne de Boheme , Je Privilege qui par grace a
esté accordé & qui a eu son
effet dans ledit Royaume, sans
interruption dèpuis un temps
immemorial, par une lo.üa.
ble Coutume incontestablement
observée pendant tout
ce temps &: prescrite par l'ufage,
sans contradiction 8c interruption
aucune, qui est
qu'aucun Prince, Baron
Noble, Homme de , guerre,
Vassal, Bourgeois, Habitant,
Paisan & autre personne de
ce Royaume & de ses appartenances,
de quelque Etat,
Dignité,Prééminence ou
condition qu'il puisse être, ne
puisse pour quelque cause ou
fous quelque prétexte, ou par
quelque personne que ce soit,
être ajourné & cité hors le
Royaume &: pardevant d'autre
Tribunal, que celui du Roy
de Boheme &; des juges de sa
Cour Royale. Nous, desirans
renouveller &: confirmerledit
Induit,Usage&Privilege,Ordonnons
de nostre autorité &:
pleine Puissance Imperiale, par
cette Constitution perpetuelle
& irrévocable à toujours, que
si nonobstant ce Privilege,
Coûtume & Indult, quelque
Prince, Baron, Noble, Vassal,
Bourgeois ou Paisan,ouquelque,
autre personne susdite
, étoitcité ou ajourné à quelque
Tribunal que ce fut hors du
Royaume, pour cause quelconque
civile, criminelle ou
mixte, il ne foit nullement
tenu d'y comparoistre &: d'y
répond re, en aucun temps, en
personne ou parProcureur:Et
1 le Juge étranger &: qui ne
demeure point dans le Royaume,
quelque autorité qu'il
.air, ne laisse pas de proceder
contre les Défaillans ou le non
Comparant, & de passer outre
jusques à Jugementinterlocutoire
on definitif, &de rendre
.une ou plusieurs Sentences
.<lans les Causes &: Affaires
susdites., dequelque maniere
que cesoit;Nous déclarons,
de nostre Autorité & pleine
Puissence Imperiale, toutes
lesditesCitations, Commandemens
,P rocédures,Sentences
&: executions faitesen
consequence generaloment
quelconques, nulles. &de nul
effet,sansqu'il puisse <eftt?è
.., ïienexecutéou attentéaupréjudice
de ce Privilege.
§. 2. Surquoi Nous ajouicons
expressement & ordonjnons
par cet Edit Imperial,
perpetuel &: irrévocable,de
la même pleine Puissance &
Autorité;que comme dans ledit
Royaume de Boheme ila
été toujours & de tems immémorial
observé, il ne soit
permis à aucun Prince, Baron,
Noble, Homme de guerre,
Vassal, Citoyen, Bourgeois,
JPaïfan, ou tout autre Habitant
du Royaume de Boheme susdit,
de quelque Etat, Prééminence,
Dignité ou condition
qu'il foit, d'appeller à tout
autre Tribunal de quelcon<
tues, Procedures, Sentences
interlocutoires& définitives,
Mandemens ou Jugemens du
Roy de Boheme ou de ses
Juges; comme aussi de l'execution
desdites Sentences
--& jugemens rendus contre
acun d'eux, par le Roy ou
par les Tribunaux du Roy,
du Royaume &: des autres
Juges susdits, &C s'il arrive
qu'au préjudice de ce que
l'on interjette de tels appels,
qu'ilssoientdéclarez nuls ,(&
que les Appellans encourent
dés-lors réellement & de fait
la peine de leur Cause.
ARTICLEIX.
DesMinés d'or, d'Argent d.-
autres Métaux, NOu s ordonnons par la
presente Constitution
perpetuelle &: irrévocable
, & déclarons denostre Science
, que nos Successeurs Rois
de Bohême
, comme aussi
tous &: chacuns les Princes
ElecteursEcclesiastiques &
Seculiers presens & à venir,
pourrontjustement & legitimement
avoir & posseder toutes
les Mines & Minieres
d'Or,d'Argent, d' E taim, de
Cuivre,de Fer & de Plomb
3. & de toutes fortes d'au res
Métaux ; comme aussi les Salines
découvertes ou qui se
découvriront avec le tir ps
en nostredit Royam e & dans
les Terres &: Pays sujets audit
Royaume
, ce même que
lesdits Princes dans leursPrincipautez
,
Terres, Domaines
& Appartenances, avec tous
Droits, sans en excepter aucun
, comme ils peuveut ou
ont accoutumé de les posseder.
Pourront aussi donner retraite
aux Juifs & recevoir à
l'avenir les Droits <5c les Peages
établis par le passé, tout
ainsi qu'il a esté Jusqu'à present
observé & pratiqué legU
timement par nos Predecesseurs
Rois de Boheme d'heureuse
memoire
,
& par les
Princes Electeurs
,
& leurs
Predecesseurs
,
suivant l'ancienne
,
loüable & approuvée
TABLE.
II. PARTIE.
* Mort de tEmpereur. 1
Remarques. 17
Ceremonie. 11
Autre Ceremonier 15
'Empereursdelàfadifon£Au- -~
triche. îS' 8x
ErudititJn. 31if Nouvc/lessiAtemagnee 39 çf
Nouvelles du Nord. 46 ~-~
Zettre- écrite de l'jjle de Me, «-y
telin. 47y-
Zettred'Antigue. 53^ (}
Nouvelles d'Efpagne^51.??
Nouvelles de Flandre. 61 ià Morts..71,r*
Services pour fê8u.M0on.seoignHeur.
Elat del Troupes qui vont en
F.fpagneï Sii3
Marine. î6 cl !
Mpreftoutriotn..idde.eSemrmen.t.*î9k5'V?Çi
Journal de tout ce qui s'efâ^,.
poejfé a M'tdrid,depuis-le 10..01
Aoust\yio. jusquau 3. Décembre
de la même année.99
III. PARTIE.
Avanture amoureuse. 1
Chansons 71
Anonim.es. 83
Enigmes. 93
IV. PARTIE.
Application d'une Metamorphoie
aOvide, 1
R-equefte à Mr Efiienne
, Z/-
brtire. 9 .; i£<?ponfeci cette Reqftejle., 19
Suite des Pfeaumcs. 34.-
J&idle aOr. 37--
Qualité de la reconnaissance optique de caractères