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MERCURE.
-
M DCC XI.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET,au Livre
Royal, au bout du Pont Saint
Michel, du côté du Palais.
PIERRE RIBOU)l l'Image Saint
Louis, sur le Quay des Augustins.
CILLS LA MESLE
,
à l'entrée de
la ruë du Foin, du côté de
la ruë saint Jacques.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
D'AVRIL,
Mort deMoNsFiGNruP..
Es Peuples le
pleurent, les
Grands sont pe-
A. netrez de douleur par
sa mort; quel éloge
pourun Prince! sa grandeur
d'ame, sa valeur,
& tant d'autres vertus
se sont fait admirer en
luy:mais on le pleure
parce qu'il estoit bon
sa bonté , ne s'est jamais
démentie; cette bonté
luy estoit naturelle, elle
estoit attachée à son
sang, illa tenoit d'un
Pere, un Fils la tient
de luy&laseuleconsolation
dont nous
soyons capables en considerant
ce que nous
avons perdu, c'estl'e[-
perance de posseder
long-temps ce qui nous
reste.
MONSEIGNEUR,
LoüisDauphin est mort
à Meudon de la petite
Verole, le Mardy 14.
d'Avril1711. sur les onzeheuresdu
soir,âgé de
quarante-neufans,cinq
mois & quatorze jours
estant né à Fontaine-
Bleau le premier Novembre
1661. Il avoit
épousé en 1680. MarieAnne
deBaviere,&il
a eu de ce mariageMon- <
seigneur le Duc de j
Bourgogne ; le1Roy
d'Espagne & Monsei- J
gneur le Duc de Berry. >
Ilavoit toutes les grandes
quaHtez, convena- j
bles a sa haute Naissance,
un fonds d'amour
qu'il avoit naturellement,
pour les vertus éminentes,
cotribuoitencor
plus que les liensdu
sang, à former en luy
1
cet attachement plein
detendresse & de respect
qu'il a toûjours eu
pour le Roy son pere.
Le Roy a donné à
Monseigneur le Dnc
de Bourgogne le tître
de Dauphin.
Voicy un Mémoire
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
faits en 1543. & 1344.,
entre Ph- il-ippe de Val-ois &
le Dauphin Humbert. CeluidesenfansdeFrancequi
estoit appelle â la fuccJ.
sion de Humbert riypouvoir
pretendre qu'après sa.
mort, encore n'estoit-ce
que fous des conditions
dont l'évenement estoit
incertain: mais le dessein
d'entrer en religion qu'il
formât en 1349. rendit inutiles
toutes ces clauses,
voulant renoncer au monde,
&'ne songeant plus à
consenver la jouissancede
sesEtats,son Successeur
devoitenestremis déslors
en possession, & y estre reconnu
pour Souverain. Le
Royneût pas plûtôt appris
la disposition où il se
trouvoit,&les esperances
qu'il donnoit d'une prochaineabdication,
qu'illui
envoya des Députés pour
le confirmer de plus en
plus dans cette lituation
par de nouvelles offres:
Ceux
- cy s'estant rendus
à Tournon deslemois de
Février y eurent avec ce
Prince des conferences secretes
dont on ne fçût le
resultat que sur la fin du
même mois; ce fut alors
feulement qu'il declara le
party qu'il avoit pris, &
dans le quel il persista malgré
les effortsqu'on fit
pour l'en détournera negociation
fut continuée
à Romans pendant tout
le mois de Mars, c'est là
que rAtte de Transport
reçût la derniere main, il
fût ligné par le Dauphin
& par les Commissaires
du Roy & du Duc de Normandie,
on ne s'y attacha
pas absolument à suivre
les dispositions contenues
dans lestraités precedens
sur , tout à l'égard de la personne
du Succeueur. Le
choix tomba sur Charles,
fils aîné du Duc de Normandie,
pour estre revêtu
déslors des Droits de la
Souveraineté fans- reserves
& sans conditions. Si
on en excepte la remission
des fonds en Terre & en
argent qui devoit estre
faite au Dauphin par le
même Acte.
Il manquoit encore une
solemnité a ce Traité pour
estre dans toute sa. perfection
;
l'entrevûë des parties
paroissoit necessaire
pour donner elles-mêmes
un consentementauthentique
a tout ce qui avoit
esté promis en leur nom;
on convint d'un rendezvous
àLyon au mois de
Juillet suivant, où le Duc,
de Normandie & Charles
son fils aîné devoient se
-
trouver avec le Dauphin,
le dernier s'y rendit quelques
jours auparavant: Dans une Assemblée solemnelle
qui s'y tint le 16.
Juillet où estoient le Duc
de Normandie & plusieurs
Seigneurs de faiuite,
Humbert lit- une cefsion
pure&simpls de ses
Etats à Charles fils aîné
de ce Duc, il l'en mit en
possession par la tradition
du Sceptre,de l'Anneau,
de la Banniere & de l'Epée
ancienne de Dauphiné:
Les Comtes, Barons 8c
Seigneurs qui estoient
presens, dont laplupart
estoient intervenus comme
témoins dans TAde
public qui en fût dressé
prêterent hommage en
même temps au nouveau
Dauphin,& luy firent ferment
de fidelité
;
le Duc
de Bourbon, le Comte
d'Armagnac, le Comte
d'Auxerre & Jacques de
Bourbon, qui n'estoient
pas ses vassaux, en furent
exceptez. Les Baillifs &
les Chatelains de Dauphiné
Suivirentl'exemple de
ces premiers;le lendemain
quelquesautres Seigneurs
satisfirent au même devoir
; on peut voir à la
fuite de cet Acte le nom
-
de la plupart des nobles
du Viennois qui vinrent
reconnoistreleurnouveau
Seigneur, on envoya des
., lettres dans tous les Bailliages
pour informer les
Peuples du changement
arrivé dans le Gouvernement,
& pour leur faire
connoistre le nouveau
Maistre, à qui ils feroient
désormais tenus d'obéir,
ri ils apprirent ensuite par
une Déclaration de Humbert
qu'ils ne devoient
plus le regarder comme
leur Souverain,&qu'ils
estoientaffranchis à son
égard de tous leurs fermens
; c'estainsi que ce
Prince, pour ne se point
démenrir, voulut établir
l'autorité de son Succes.
leur sur le débris de la
sienne, il quitta le monde
dés le lendemain du transport
qu'il avoit fait de ses
Etats, & prit à Lyon ce
jour-là mêmel'Habit de
saint Dominique dans le
Convent des Freres Prêcheurs.
Les
Les chosesen cet: état,
le Duc de Normandie partit
pour retourner à Paris,
oùil rendit compte au Roy
du succés de son voyage; illuy representa en même
temps les consequences
avantageuses du Traité,
qu'il venoit de conclure
avec le Dauphin, &la necessité
de le rendre ferme
ôc stable, en détournant
tout ce qui pourroital'avenir
y donner quelque
atteinte: c'est par cette
confédération qu'il le porta
à faire renoncer Philippes
son second fils aux
esperances qu'il auroit pu
fonder sur la nomination
que Humbert avoir faite
en sa faveur par raéte de
1343. Ce Prince pour se
conformer aux volontez
du Roy,qui eut foin de le
dédommager d'ailleurs,
declara, par des Lettres du
mois de Septembre, que
non feulement il se départoit
de toutes les pretentions
qu'il pouvoit avoir
sur le Dauphiné, comme
héritier designé par Humbert,
mais aussi qu'il approuvoit
&ratifioit le nouvel
acte fait par le même,
en faveur de Charles son
Neveu, à qui il cedoit tous
les droits que les Traitez
precedenspouvoient luy
avoir acquis. Le Roy,qui
l'avoitautorisé pourl'acceptation
du Don, confirma
pareillement la renonciation
qu'il en fit pour la
rendre plus autentique.
Charles prit la qualité
de Dauphin après que les
droits luy en eurent esté
confirmez par l'acte du 16
Juillet, voulant se montrer
àses nouveaux sujets
il parcourut ses principales
Villes: Vienne fut la
premierequ'il visita, après
y avoir fait quelque séjour
il se rendit à Tain,
& de là à Romans, où il ;tomba malade
;
sa santé
s'estant rétablie sur la fin
de l'Automne, il se disposa
à faire son Entrée dans
sa Capitale; il y arriva
quinze jours avant la feste
de Noël, l'ancien Dauphin
s'y trouva dans le
même temps, fous l'habit
de Jacobin, & faisant sa
demeure parmyles Religieux
de cet Ordre. Dans
à une Assemblée où estoit
laprincipale Noblesse du
Bailliage de Graisivaudan,
Humbert declara publiquement
qu'il avoit fait
,
choix de Charles, fils aîné
du premier fils de France
pour estre son successeur,
que luy ayant remis les
•
droits & les honneurs de
la Souveraineté, c'estoit
le seul désormaisqu'ils devoient
reconnoître pour
leur Prince légitimer,&à
qui ils devoient jurer d'estre
toujours obéissans &
fîdeles,sousl'obligation
réciproque où il seroit envers
eux de garder leurs
Loix & leurs Coustumes,
& de conserver sur tout les
Privilèges de la NabletTe;
c'est ce que Charles jura
sur les Saints Evangiles
d'observerinviolablement
en ayant esté requis au
nom detoute l'Assemblée,
par Hugues Allemand,
Disdier deSassenage
,
6c
Estienne d'Arvillars; quelques
jours, après le nou-
,, veau Dauphin fut proclame
solemnellement dans
la même Ville, & reçut le
Serment de fidélité des
habitans
;
plusieurs Seigneurs
des environs s'empresserent
de luy venir
rendre leurs Hommages,
tout le reste du temps que
le Prince passa à Grenoble
fut employéauxaffaires
publiques.
L'Acte d'Investiture des
Estats de Humbert, qui
fut passé à Lyon le 16 Juillet
en execution du tranf-
,
port qu'il avoit fait de ses
Etats le 30. Mars precedent,
contient une clausè
qui merite d'estreremarquée
,il est porté expressement
que Humbertsedefsaisit
ie dévestitréelment
& corporelment, & de
fait desdizd'Alphiné. &
de toutes ses autres Terres,
Seigneuries & Noblesses
& , en saisi & vestireelment
& corporelment (3*
de fait, ledit Charles present
& acceptantpourli &
ses hoirs & Successeurs,present
ledit Monsieur le Duc
son pere, &àce consentant,
& transporta encore audit
CharCharles
jei boirs. &faccesseurs
-&.Ceauls qui murent
Gtufe deliperpetuelment &
heritablement,etsaisine &
propriétéplaine
,
ledit À'Al-,
]>hiné,&toutes lesautresTerres
dessus nomées
:
Il semble
qu'ona voulu expliquer
ces mots Successeurs ècAuvent
cause
, en faveur des.
:
premiers nez de France
- sqeunitesreuls pouvoient reprele
Dauphin Charles
& estre regardez comme
ses Successeurs fous cette
qualité, & non fous celle
de Roy qu'iln'avaitpas
alors: on s'est persuadé
que la condition estoit tacitement
renfermée dans
les termes de rAéteJ &
quoyquelle n'y fut pas
clairement exprimée, que
l'intention du Donateur
ne s'y faisoit pas moins appercevoir
; en effet on a
consideré depuis les premiers
Fils de France comme
Successeurs légitimes
des Dauphins;ils en ont
toûjours porté le titre, qui.
se trouvant réuni en leur
personne à celuy d'heritiers
de la Couronne, a
rendu le nom beaucoup
plus grand & plus auguste,
& l'a mis au-dessus de
toutes les autres Dignitez
du Royaume.
S'il faut chercher l'interpretation
des clauses
qu'on vient de rapporter
dans lexecution qu'elles
ont eu fous les Regnes
suivans, il semble qu'il n'y
a point eu d'usage constant,
qui puisse servir de
Loy sur cet article; les
Roys ont cedé quelquefois
cet état à leurs fils
aînez pour y exercer tous
les droits de la Souveraineté;
quelquefois ils en
ont joüi par eux-mêmes,
& se sont contentezde leur
en donner le Titre,il fèroit
aisé de citer plusieurs
exemples qur fontassez
connoistre qu'ils ont crû
pouvoir en user sur ce
point comme ils le jugeoient
à propos pour le
bien de leurs affaires, &
suivant les dispositions où ils
se trouvoient de gratîfierleurs
filsaînezj8c(ans qu'il
soit necessaire d'entrer sur
cela dans une plus longue
discussion
, on peut dire
qu'ils remplirent euxmêmes
les principales de
ces conditions, comme il
estoit porté par les Actes
du Transport,que le nom
&les Armes des Dauphins
feroient conservez par
ceux qui leur succede.
roientà perpétuité
5
& que
leur état seroit toûjours
possedé separément de la
Couronne de France, à
moins que l'Empire n'y
fût réuni. On ne peut douter
que les Rois nayent
eu en vûë de se conformer
à cette disposition dans
l'usage qu'ils ont toujours
suivi à l'égard des Declarations
& autres Lettres
expediées pour le Dauphinois
n'y ordonnent l'execution
de leur volonté
qu'en qualité de Dauphins
& fous le sceau & les Armes
des anciens Princes
de ce nom. D'ailleurs
quoyque leursOrdonnances
puissent estre générales
pour tout le Royaume
,
elles ne sont reçues
dans cette Province que
comme dans un état separé,
lorsqu'elles portent
les marques particulières
de leur autorité.
SUITE DES ENFANS
de France, qui ont porte
le titre de Dauphins, LE premier Dauphin
de France,commeon
vient de l'établir par les
actes du transport de Dauphiné,
fut Charles fils aîné
du Duc Jean de Normandie;
illuy succeda au Royaume
de France en 1364.
f1ous le nom de Charles V.
Charles, fils aîné de
Charles V. fut le second
qui porta le nom de Dauphin
du vivant du Roy
son Pere, sans que pourtant
la remission du Dauphiné
luy ait jamais esté
faite; il estvray que l'Empereur
Charles de Bohelue,
estant à Paris, l'établit
par une Bulle du mois
de Janvier 1378. Vicaire
de l'Empire en Dauphiné
& dans les Evêchez de
Valence ôc de Dye, quoiqu'il
ne fût alors âgéque
de dix ansLe
troisieme Dauphin
fut Loüis
,
fils aîné de
ClurlesVI. Le Roy, par
une Declaration du mois
de Janvier 1410. ajouta au
titre de Dauphin, qu'il
portoit déja, la remission
actuelle de cette Province,
dont il prit possession
le 19*,d'Avril [tiivant;-il
confirmaen cette qualité
Reynier Pot, dans le gouvernement
de Dauphiné.
Le même destituaen
1414$.Reynier Pot,&nomma
en sa pl ace Jean d'Angenes
, Seigneur de la
Loupe, après la mort du
DauphinLouis, arrivée le
18. Septembre 1415.Le Roy
commit le Conseil Delphinal
aux fondrions du
Gouvernement.
Le quatrième, fut Jean
puisné de Charles VI. qui
succeda en la possession
adluelledeDauphiné à
son frere Loüis, estant au
Quenoy en 1416. il nomma
Henry de Sassenage
pour exercer les fonctions
degouverneur de Dauphiné
: Ce même Prince ne
joüit pas long-temps du
Titre de Dauphin,estant
mort le 5. d'Avril1417.
On ne compte point
deux autres fils de Charles
VI. qui porterent auni
le-nom de Dauphin, parce
qu'ils moururent fort
jeunes, ¿k qu'il n'en est
point parlé dans l'hstoire.
Le sixiéme Dauphin fut
Charles, autre Fils de
Charles V I. Quclques
jours aprés la mort du
Dauphin Jean son frere le
Roy lui ceda le Dauphiné
par lettres du 18. Avril,
pour en joüir fous le meme
Titre; il confirma
en même temps Henryde
Sassenage dans les
fonctions du Gouvernemenacemême
Prince parvint
ensuiteàla Couronne
souslenom deCharlesVII.
Le sixieme fut Loüis fils
aîné deCharles VII.Quoi-,
qu'il n'eût encore que 5.
ans le Roy son pere lui remit
le Dauphiné le 16.
Juillet 1416. il confirma
ensuite en 1440. le 13. du
mois de Juin5 la cession
qu'il luy en avoit faite
en 1416. Ce n'est que de
ce temps que le Dauphin
Louis commença d'exercer
les droits de la Souveraineté
dans cette Provkw
ce: c'est le même qui eC
tant devenuRoy, est connu
sous le nom de Louis
XI. Depuis ce temps il ne
paroist pas que les Rois
ayent cedé la jouissance
actuelle decette Province
à leurs fils aînez;ils leur ont
feulement donné le Titre
& s'en sont reservélapos
session suivant la facutté
qu'ils en avoient.
Leseptiéme a esté Charles,
fils aisné de Loüis
XI. qui luy a succedé enfuite
sous le nom de Charles
VIII. Il porta le nom
de Dauphin pendant la
vie du Roy Loüis son pere,
sans avoir jamais esté
revêtu de la Souveraineté,
comme quelques-uns de
ceux qui l'avoient précedé.
Oh ne met pas dans le
Rang des Dauphins deux
enfans qu'eut ce Prince de
• son mariage avec Anne
de Bretagne, qui ne vecurent
que peu de jours, &
n'eurent point de nom de
Bâtême.
Charles VIII. & Loüis
XII. son successeurestant
morts sans enfans, la Courone
passa à FrançoisComte
d'Angoulême,quirégna
fous le nom de François I.
François fils de François
I. doit estre compté pour
le huitième des Dauphins
de France; il mourut en
1536. du vivant du Roy son
pere, n'estant encore âgé
que de 19. ans.
Henry II. fils de François
I. succeda au Titre & à
-
la qualité de Dauphin a-
prés la mort de François
son frere aîné
: C'est le
même qui estant devenu
Roy, porta le nom de
Henry II..
François fils aîné de1
Henry II. avoit le Titre
de Dauphin, lorsqu'il (uc-.rceda
au Roy son pere , estans
mort un an ou en-
viron aprèsqu'il fut mon- =
té sur le Trône,il n'y eut
point de son temps de
Prince qui porta le nom
de Dauphin non plus ,
que fous les Régnés de
CharCharles
1 X. &: de Henry
III. ses freres, qui moururent
comme luy sans ensans.
La Couronne ayant passé
dans la Maison de Bourbon
, en la personne de
Henry VI. on n'a point vû
de Dauphins en France
jusqu'àl'aîné de sesenfans
qui futrevêtu de ce
,Titre.
Louis qui esté depuis
Roy, sous le nom
de Louis XIII. est l'onzième
des Princes del'Auguste
Maison. de France, qui
a porté le nom de Dauphin
: il le quitta en 1610.
pour monter sur le Trône.
Ce na esté qu'en 1638.
que le titre de Dauphin a
esté rempli par l'heureue
naissance de Louis XIV.
qui regne apresent;il efl: .;
le douziéme des Dauphins
de France.
Louis, dont nous regrettons
la perte, a occupé
le rang de treizième
Dauphin de France. 1
Louis, petit-fils deLouis
le Grand remplit à pre- ;I
sent la place du 14. Dauphin
: Il est né le
& a esté nommé à cetitre
le Avril 17n.
PARAPHRASE
DE L'ORAISON
Visita qtasfttmttiDomine
habitationem iftam,
& omnes, initràcï,
çefc.
vPar un R. P. J. Isite ce Palais ou régné
la Justice,
4 1 Des ennemis de pai4x découvre
l'artifice,
Assiste dans tous lès besoins
Celuy qui fait l'objet de
tes plus tendres soins.
Il porte sur le front ton
caractère empreint,
Il est en seureté tant que
tu le regardes,
TesAnges sont les plus
seurs gardes
Que puisse avoir un Roy
qui t'aime & qui te craint.
Benis la pureté de ses intentions
Que , ta protection sur sa
personnebrille,
Et que son auguste famille
1
Soit comblée à jamais de
benedictions.
MERCURE
I. PARTIE.
LITTERATURE.
Histoire dePAc-ademieBodes .yaleder
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
J.
-
>% De la formation & de l'acroissement des Coquilles
des Animaux
tant Terrestres que
: Aquatiques , foit de
Mer foit de Terre. si
;
Par Mr de Reaumur. :
Personne jusqu'icy n'avoit
expliqué physiquement
la formation &c
l'accroissement des Coquillages,
leur structure,
la diversité de leurs couleurs.
Mr de Reaumur
après avoir confideré
avec toute l'attention
d'un PhysicienGeomet-
(CC;, de quelle maniere
la nature s'y prend pour
former cet Ouvrage
merveilleux, est parvenu
le premier à pouvoir
rendre exactement raison
de toutes les particularitez
qu'on y remarque,
&en a rendu
compte a l'Academie
dans son Mémoire du
mois de Novembre 1709
J'en ay fait dans le
Memoire de Février
un extrait assez étendu
pour interesser les Glorieux
à rechercher eux.
mêmes lacausedetant
de singularitez qu'ils
se sontcontentez jusqu'icyd'admirer
, pour
peu qu'ils soient Physîciens
, les principes simples&
faciles que Mrde
Reaumur a établis leur
suffiront
, pour être en
état d'expliquer ce qu'ils
trouveront de plus re*
marquable: dans les di&
ferentes especes de Co-î
quillages.
A Conjectures& rejiexions
sur la matiere du
Feu , ou de la Lu.
miere.
ParMrLemery le fils.
Le Feu, selon les Car.
tesiens, consiste uniquement
dans une violente
agitation des parties
d'une matiere crcs-iub"
tile.
-
Maiscommel'experiencefait
connoistre
que le Regule d'AntimoVine
calcinéau miroirardent augmente de•
poids, aussi
-
bien que
tous les corps métalliques
, quand ils oiu
filé expofez à un grand
feu :Mr Lemery qui
juge avec raison,qu'il.
s'efl: introduit necessaiféluent
dans ces Corps
de nouvelles parties,
sans quoy il feroit tresmalaisé
de concevoir
comment ilsseroient
devenus plus pesants
ilprétend , que ces nouvelles
parties sont matiere
de feu & de lu-
Iniere, &c qu'elles ont,
outre leur agicarionSe
leur subtilité, une figure
qui leur est propre, Se
qui les determine à être
essentiellement du feu.
En forte qu'une matiere
autrementfigurée (fûtelleplus
agitée &plus
subtile )neseroitpoint
matiere de feu; &que
lamatiere du feu ne
cesse point de récréa
quoyqu'elle ait perdu
une partie de son mouvement.
C'est l'action de cette
matiere
,
selon Mr
Lemery
, qui fait làchaleur,
la lumiere, la
fluidité des liqueurs, la
susion de métaux.
- Cette matière agic
d'autant plus vivement
qu'elle est plus abondante
& plus réunie.
i-r. Le Soleil est unamas
tres considerable de matiere
de feu & de lumière:
Il nous éclaire
& nous échauffe de fort
loin,par l'entremise de
semblables parties de
matieres , qui sont placéesdans
les Inrerstices.
du grand fluide.interposé
entre luy & nous
Se qui sont poussées vigoureusement
vers les
corpsTerrestres.
Ilen est de nôtre flame
ordinaire comme
du Soleil, proportion
gardée de leurs distances
& de l'agitation de
leurs parties; car le Soseil
& la plus petite flame
ne different point
essentiellenlent
,
mais
fmeulemoent idunplsus .au
L'Eau,quand elleest
glacée, eU dans l' estat
qui luy convient : L~
fluidité ne luy est point
naturelle,elle est causée
par l'action des parties
de feu , qui sont
rarement en assez petite
quantité pourcesser
de l'entretenir.
Au contraire, il faut
une grande abondance
de matiere de feu pour
fondre lesmétaux.Aussi
reprennent -
ils bien-tost
leur premier état de fod'
lidité quandon les éloigne
de la cause de leur
fusion.
Les corps inflammables
comme les huiles
èc les graisses ne sont
tels que parce qu'ils
contiennent beaucoup
de parties de matiere
de feu
,
qui demeurent
enfermées dans de petites
cellules jusqu'à ce
qu'elles soient mises en
liberté parun agentexterieur
,
qui venant à
briser leur prison , leur
donne lieu de se déclarer
& de paroîtresous
la forme de flame.
Quoyque les corps
calcinez ayent reçû de
la matiere de feu pendant
la calcination, ils
n'en ont pas fait uneassez
grande provision
pour se pouvoir enflamer
au feu comme les
huiles. L'effet decette
matiere ne laiiTe Pafd'être
bien marquédans
la chaux vive ,par la
violente effervescence
qui s'y fait quand on la
détrempe dans t'eau,
qui desunissant alors les
parties de la chaux, degage
celles du feu qui y
étoient emprisonnées.
Il faut remarquer:
1° Que cette matiere
qui s'est enfermée dans
les cavitez des corps calcinez,
& qui semble
y être interdite de ses
fonctions,
fondions ': ne cesse pas
d'être ce qu'elle étoit
avant d'y entrer; &c,
qu'une matiere beaucoup
plus subtile &
plus agitée coule incesfamment
dans les lieux
où elle est, &entretient
son mouvement. '-, .: -
2° Que la matieredu
feu ne sçauroit sortit
des corps calcinez corn*
elle y est entrée. La
raison en est que les
pores qui luy ont servi
depassage , parce qu'ils
étoient devenus plus
grands par Fanionchï
tèu" Ce sont retrécis depuis
la calcination.
Voila les principales
conjectures de Mr Lemery
sur la -ii-utiere du
Feu. Son Systême a cet
avantage sur les autres,
qu'il explique tres-naturellement
l'augmentation
du poids des métaux
calcinez au miroir
ardent.
OBSERVATIONS
sRur liesvEcireevissnesd.e
ParMrGeoffro*y le jeune ,Ce' qu'on appelle y<oe*
d'Ecrevisses sont de petites
pierres blanches,
rondes, & ordinairementplates
à qui 91?>
donnéce nom , parce
qu'effevtiveiwotelles(è
rirent desEcrevisses de
Riviere, &; que quoyqu'elles
ne ressemblent
guereà des yeux, elles
y ressem blent encore
plus qu'à toute autre
partie.
Il resulte des Obkr.
vations queMr Geoffroy
-à-faites queces pierres
jlnee,cseervfeoarmudenetpsaEscredvainfs- comme lesplus
habiles Naturalistes lavoient
crû.,, mais dans
-la regionde l^eftomac.
comme Vanhelmont l'a
trouve le premier.
, Ces pierres ne se trouvent
dans les écrévisses qu'au
temps de leur muë qui leur
arrive tous les ans au mois
de Juin. Alors elles se dépoüillent
de leur écaille.Une
membrane qui en tapiuc le
dedans devient en se durcissantune
écaillenouvel le.
Leur ancien estomac s'en
va 3- & apparemment aussi
l'intestin; au moins Mon*
sieurGeoffroy le conjecture;
& lesmembranes exterieures
de ces vifccres leur fuccedcnr,
Ciij
Les écrevissespendant
jettes muënt font foibles
&languissantes, & ne mangent
point.
Mais uneparticularité
tres remarquable; ctcfi que
l'ancien estomac estdigeré
par le nouveau ,
& leur sert
d'aliment pendant la muë.
Mr Geoffroy croit que
les pierres que l'on trouve
dans les écrevisses,
contribuënt à leur nourriture
pendant leur fftâladie.
La raison de cette
conjecture est que ces
pierres diminuënt toûjours
de grandeur,jusdqiusp'àacroeissent.
cii fin' celllleess
OBSERVATIONS
sur lefroid del'Hiver1709
Il a esté étonnant que
le froid de l'année 17°98
qui fut si extraorinaire & si
rigoureux, aie esté pendant
plusieurs jours à Paris par
un vent de Sud. Pour en
rendre raison Monsieur de
la Hire a dit queles Monragnes
d'Auvergne,qui sont
au Sud de Paris, estoient
toutes couvertes de nége;
& Monsieur Homberg,
qu'un vent du Nord tresfroid,
&qui venoit de loin
&s'étendoitloin ayant précedé,
le vent de Sud ne fut
qu'un reflux du même air
que le Nord avoit poussé,
& qui ne s'estoitéchauffé en
aucun pays. Ces deux causes
peuvent fortbiens'être
jointes.
On a sçû que dans le
même Hyver la glace du
Port de Copenhague avoit
estéépaisse de vingt-sept
pouces dans les endroits
mêmas où elle n'estoit
point accumulée. Ce faitc
c(V d'autant plus digne d'attention,
que dans la grande
gelée de 1683. la Société
Royale ayant fait mesurer
l'épaisseur de la Tamise,
quand on alloit dessus en
carosse
,
elle ne se trouva
que de onze pouces.
Cetteannée là Messieurs
de la Societé Royale des
Sciences établie à Montpellier
envoyerent à Messieurs
de l'Academie Royale
des Sciences de Paris an • Ouvrage de Monsieur Gauteron
un de leurs Associez,
pour entretenir l'union intime
qui doit estre entr'-
elles, comme ne faisant
qu'unseul Corps auxrermes
des Statuts accordez
parle Roy au mois de Fevrier
1706.
Cet Ouvrage est intitulé,
Observation sur l'évaporalion
qui arriveauxliquides
pendant le grand froid,
avec des remarques sur
quelques effets de la gelée.
Il cft surprenant que levaporation
des fluides qui
est. ordinairement causée
par un grand chaud
,
le
soit aussi parun grand
froid.
Voicy quelle est sur cela
la pensée de Mr Gauteron.
On est convaincu par
plusieurs experiences que
l'air contientun sel que
l'on croit estreàpeu prés
de la nature du Nitre.
L'air est plus condensé
en hyver que dans un autre
saison de l'année.Cette
condensationde l'air donne
lieu auxmolecules du Nitre
de se raprocher & de s'assembler
sous une plus grande
masse
,
d'où resulte avec
la même vitesse une plus
grande quantité de mouvement.
Il n'en faut pas davantage
pour faire agir ce sel
avec plus de force contre les
parties du fluide & le faire
évaporer, au lieu qu'enesté
l'évaporation des liquides
est causée par la violente
agitation de la matiere
etheré1e.
Les principales remarques
que Mr Gauteron a
faites sur la gelée de1709.
sont:
Que l'eau couverte d'huile
par-dessus &par lescôtez
a gelé environ demie
heure plus tard que l'eau
exposéeà l'air sans précaucaution
;& qu'en se gelant
elle a formé un champignon
deglace relevé d'un pouce
au dessus de la superficie
de l'huile.
Que l'huile de noixa
garanti 1* eau d'une gelée
mediocre
, ce que l'huile
d'olive n'avoit pas pu faire.
Quel'eau chaude &prê
te àboüilliragelé plus tarcl
d'environ demie heure que
la naturelle.
Que l'eau de vie, l'huile
de noix,& l'huiledeTherebentinen'ont
point gelé
du tout.
Que pendans la gelet'lu-cq>
que le ciel fûtfort serein,
le Soleil paroissoitun peu
pale.
Qu'à Montpellier les
Orangers,& les Grenadiers
ont perdu leurs feüilles &
leurs branches;que lapJus
grande partie de ces arbres
sont morts jusqu'àlaracine;
, 8. èt ce qu'on n'avoitjamais
vû dans cc Pays-là, lesLai>*
riers, les Figuiets. les Grenadiers,
les Jasmins; les
Yeuses, & quelques Chesncs
même ont eu le même
sort:Le Rhône a estégelé
jusqu'à la hauteur de douze
pieds par les couches de
glaces qui s'y sont amassées;
& l'étang de Thau ordinaiment
fort orageux, & qui
communique à la mer par
un court & large caonaI,s"eû
pris d'un bout à l'autre, ce
qui n'estoit jamais arrivé.
Enfin le dégel du 13.. de
Janvier, & celuy du ic;
, Février ont esté suivis d'un
rhume épidemique, dont
presque personne n'a esté
exempt.
Tous ces faits doivent
estredédoits de la rpême
cause, c'est- dire du changement
qui arrive à l'air
pendantla gelée.
-
Mr Gautheron dans son
memoireexplique d'une maniéréassezétendue,
en quoi
cansistexe changement.
SurleDelire mélancolique.
riMonfieur VieufTcnsle
fils
fils a expliqué le délire
mélancolique par une
supposït ion nouvelle
assez curieuse.Ilétablit
le siege des fonctions de
l'esprit dans le centre ovale,&
non pas dans la
glande pineale, comme
l'a imaginé Mr Descartes.
Je ne sçaurois. mieux
faire que de trauscrire
icy les proprestermes de
Mrde Fontenelle,l'Hypothesede
Mr Vieussens
ne sçauroit-estre expliquéed'unemaniéré
plus
nette & plus abrégée.
„ Selon les découvertes &
„ le sistéme de Mr Vieussens
3,
le pere qui a pousse fort
,,
loin les recherches anato-
„ miques
,
le centre ovale
„ est un tiilù de petits Vais-
„ feaux très deilez.qui com-
„ muniquent tous les uns
„ avecles autres par une „infinité d'autres petits
y>
Vaisseaux encore infini- *
_„menc plus dcHez) que
,, produisenttous lespoints
de leur surface extérieure,
C'cll dans les premiers de .(C
ces petits Vaisseaux que le cc
fang arteriel se subtilise»
au point de deveniresprit“
animal
, & il coule dans »
les séconds fous la forme cc
l'esprit. Au dedans dece cr
nombre prodigieux decc
tuyaux presqueabsolu- »
ment imperceptibles, se <c
sont tous les mouvemens“
aufqucls répondent des»
idées, & les impressions«
queces mouvemens y lais- «
sent, font les traces cjuicc
l'apellent lesidéesque l'on «
a déjà eues. fÇ
Il ne faut pas oublier
„ que le centre ovale se
trouveplacé à l'origine
„ des nerfs; ce qui favorise
„ beaucoup la fonction
yy
qu'on lui donne icy.
„ Si cette méchanique est
3J une foisadmise,il estaisé
„ d'imaginer que la fanté
"de l'esprit ( en ce qu'elle a de mareriel) dépend de
„ la regularité,del'égalité.
J,
de la liberté du cours des
„ cfprits dans ces petits ca..
”naux. S'ilyenalaplupart
,,
d'affaissez,comme pen-
1)
dant le sommeil, les es.
pries qui coulentdans V*
ceux quirelient fortuitement
ouverts revei1illcnt."
au hasard des idées, en-cc
tre lesquelles il n'yale le'
plus souvent aucune liai- c,
son, & que l'ame ne laisse cc
pas d'assembler faute d'en Ct
avoir en même temps<e
d'autres qui lui en fassent
voir l'incompatibilité. Si ce
au contraire tous les pe- cc
tits tuyaux sont ouverts,
& que les esprits s'y por- cC
tenten trop grande abon- Cf
dance & avec une" trop ”
grande rapidité, il fc re:
#)
veille à la fois une foui*
J)
d'idées très-vives, que
„ l'ame n'a pas le temps de
J'
distinguer nyde compa-
9y
rer,&c'estlà la frenesie.
”S'il ya feulement dans
J)
quelques petits tuyaux “uneobstruction telle que
„ lesespritscessent d'ycou-
„ 1er, les idées qui yétoientf
”attachées sont absolu-
„ment perduës pour l'ame,
y, &ellen'en peut plusfaire
„aucune usage dans ses
,, operations,de forte qu'eU
vle portera un jugemen t
„iafenfé toutes les fois
que ces idées lui auront cc
esté necessaires pouren se
former un raisonnable.”
Hors de là tous ses jugc-.cc
mens feront fains. CVftl*
là le delire melancolique. t€
MrVieussens a fait voir”
combien sa supposition Cr'
saccorde avec tout ce qui”
s'observe dans cette ma- <e
ladie. Puisquellevient”
d'une obstruction ; elle cr
ca produite par un fang <f
trop épais & trop lent, ”
aussi n'd- t on point de t€
fiévre. Ceux qui habitent c,
les Pays chauds, &dont cC
„ le sang èst dépouillée de
- „ ses parties lesplus subti-
„ les par unetrop grande
» transpiration ; ceux qui
9)
usentd'alimenstropgros-
,,
siers ; ceux qui ontesté
>Y
frapez de quelque grande
„ crainte, &c. doivent eftrc
plus sujetsaudelire me- „,lancoliqueNousn'entre-
,y rons point dans unplus
„grand dénombrement»,
„iliroit peut-estre trop
loin ; il n'y a guerrede
>y
teste si saine, où il n'y ait
quelque petit tuyau du
„,centre Ovale bien bou-
„ché. ELOGE
ELOGE de Mr de
Tschirnhaus, de ¡J,A.
1demie Royale des
Sciences,
ParMrde Fontcnelle.
Mr deTschirnhausétant
mort le xi Octobre 1708;
Mr de Fontenelle fit son
éloge à l'Academie des
Sciences.
:
,
Mr de Fontenelle après
avoir parlé de l'illustre extra&
ionde M, de Tfchirnhaus
; de son inclinationdominante
pour les Lettres
& pour la Géométrie des
sa plus grande jeunesse; du
fruit de ses voyages; de soncaractere
d'esprit vif, hardi,
original; des découvertes
qu'il a faites dans les
Mathématiques, qui luiont
acquis une si grande réputation
parmi les Sçavans;
de son Traité de Medecina
mentis & corporis: lui donne
du costé des sentimens &
des moeurs les louanges qu'il
mérité. Voici entr'autres
çhçfcs ce qùef dit Mrde
Fontenelle sur k dcfintç*.
reornentphiiofophtqucde
Mr de Tfehirnhaus.
.(;' Cette passion ardenreCe
pourl'étude doie natu- €f
relieraient:doftiier l'idée -
d'unhomme éxtrètncmcntf
evide de gloire;carenfin ic
il riy a point de grands
travaux sans âtgrands"
motifs^ lesSçàvans font <p
dès ambitieux )de cabinet. u
Cependant Mr de Tfchjr. «C'
nhausne l'était point; il cf
n'aspirait point partou-fC
tessesveilles à cette im- Cç
mortalité qui nous tou-1{
„
che, tant & nous appartient
si peu ; iladit à ses „amisque dés l'âge de 24 ans il croyoit s'être af-
»franchi de l'amour des
;,.
plaisirs, des richesses, &
même de la gloire. Il y a
des hommes qui ont droit de rendre témoignage
,,
d'eux mêmes. Il aimoic
,, donc les Sçiences de cet
"amour pur & desinteressé
„ qui fait tant d'honneur, »&àl'objetquil'inspire,&
„ au coeur qui le ressent;
„ la maniere dont il s'exl'
prime en quelques endroits
( de son Livre) sur u
le ravissement que cause
la joüissance de la vericé <c
est si vive & si animée, cc
qu'il auraitété inexcufa- cc
bledese proposeruneau-"
tre récompense.
On voit par là à quel
point Mr de Tschirnhaus
estoit Philosophe;
on en jugera demême
par la fin deson eloge.
Ilavaitdonne une par-"
tieconsiderablede son pa-<c
trimoineàson plaisir,c'eGcC
à dire auxLettres. Il pro- [i
"pole dans ion ouvrage le
„ plan d'une Société de gens
„ de condition,& amateurs „des Sciences, qui fourniyi
raiént à des ~sçavans plus
appliqués tout cequi
,, leur seraitnecessaire &
,,
pourleurs sciences & pour
„ eux;& l'on sent bien avec
„ quel plaisir il auroit porté
ses charges de cette Com-
,, munauté. Il les porroit dé- là sans l'avoirformée. Il
cherchoit des gens qui eussent
des talens, soit pour
„ lesSciencesutiles,soit pour
ks Arts; illestirait des tenebres
où ils habitent or- <c
dinairement, & était en c(
même-temps leur compagnon,
leur Directeur, &(<
leur Bienfacteur. Il s'est as- t€
sez souvent chargé du foincC
& de la dépense de fàirecC
imprimer les Livres d'au- cC
truy, dont il esperoit deCI
l'utilité pour le Public, en- (<
tr'autres le Cours de Chy- ct
mie de Mr Lemery, qu'il
avoit fait traduire en Alle- cc
mand, & cela sans se faire <c
rendre, ou sans se rendre
à lui même dans les Pre- cC
faces l'honneur qui luy/î
,,- était dû, & qu'un autre"
3>
n'auroit pas negligé. Dans
des occasions plus impoiv?
tantes, si cependantelles
ne le font pas toutes égament
pour la vanité, H
;, n'était pas moins éloigné
„deloflentatibil. Il faisoit
,,du bien à Ces ennemis avec chaleur, & sans qu'ilslé?'
~fçûssent,ce qu'à peine le
Christianisme ose exiger.
* Il n'était point Philosophe
par des conoiflances*
,,rares & homme vulgaire
?) par ses passions & par ses
faiblesses.La vraye Philosophie
avait penetré Conte
coeur, & y avait établi cette
delicieuse tranquillité,
qui est le plus grand & le c,
moins recherché de tous
les biens. •!
Je m'apperçois qu'-
insensiblement j'ay passé
les bornes que je
m'étais prescrites, &
que je suis entré dans un
assez grand détailsur les
Mémoires dont je viens
deparler,au lieu d'en détacher
simplement qud:
ques endroirs remarquables
, comme je me
l'étais proposé.J'avois
envie de m'étendre
encore sur d,au,
tres pieces très- curieuses,
telles que font
les Observations deMr
Marchant sur quelques
Vegetations irregulieres
de différentes parties de
Plantes: les Reflexions
deMMagnol,deMontpellier,
sur lacirculation
de laséve dans les Plances
: celles de Mle Saurîn
, à l'occasionune
difficultéconsiderable
proposée par Monsieur
Hughens contrele Système
Cartesien sur la
cause de la Pesanteur.
Mais lepeude placequi
me resteicy m'oblige à
remettre au rçwis prochain
la Table de toutes
les matières contenues
dans ce Volume, que
j'aurais miseici, si l'ordre
que je me prescris
apxclcnc pour la faci«'
lité de l'impression &
pourl'utilité duPublic,
ne bornait parla fintte
certe feuille la féconde
Partie duMercure.
Il. PARTIE
DUMERCURE.
N0V VE LLES.
A Qjtêbec le 31. Octobre
1710.
MONSIEUR,
Voici une suite non interrompue
des Nouvelles
que j'ai coustume de vous
donnerchaqueannée dece
qui s'ell: passé de plus nlé.
morable en Canada.
1
Le desseinque les Anglois
avaient eu l'année
derniere d'envahir la Colonie
ayant avorté, & s'es-
"- tant vûs eux-mêmes les
Artisans de leur propre défaite
& de leur ruine ,en
brûlant les Forts - qu'ils
avoient construits à grands
frais aux environs des lacs
dua Saint Sacrement & de
a Lacs de l'Amérique Septentrionale
entre la Nouvelle Angleterre &'
la Nouvelle France vers les 43. & les
45. Dégrez delatitude du Nord
,
(elon
les plusexafl.:.:s observations.
Champlain; &qui plusest
tous leurs Bateaux, b Pirogués,
Chaloupes, & bon
nombre de Canots de toutes
grandeurs ayant esté
brisés de leurs propres
mains,& toutes leurs munitions
de guerre & de
bouche jettées ça & là
,
difsipées
par leur ordre,ils ont
trouvé dans leur patrie l'imaged'une
mort aussi tristequecellede
l'epée, dont
ils menaçoient les habitans
AbrbPreectirtesuPsiem,feonrtstfeaniutssadge'usunrl~ed
fleuvedeMissisipi
dela Nouvelle France depuis
quatre ou cinq ans.
Les Anglois,dis je, ont
trouvéà leur retour dans
leur pays, la contagion répanduë
dans presque toutes
les famillesde la Nouvelle
Angleterre & de la
Nouvelle Yorck
,
funeste
fuite d'uneexpédition an1-
bitieuse, tentée sur nous &
non executée,restemalheureux
de tant d'inutiles
travaux, fruits des dépenses
immenses que nos Ennemis
ont faites» qui en
achevant de diminuer le
nombre des habitants ,
leur a ôté le moyen de nous
faire la guerre, en lesépuisant
d'argent qui en est le
nerf& prerque tout le soutien.
La crainte de l'Ennemi
étant éloignée vers lafin
de 1709. par le bon ordre
que mit par tout Mr le
Marquis de Vaudreüll
, Gouverneur general de Canada,
on envoya en qualitéd'Ambassadeur
chez les
Iroquois, Mr le Baron de
Longuëil
,
Chevalier de
l'Ordre Militaire de saint
Loüis.Comme cet Officieir
a le coeur des Sauvages ,
l'affection étant passée du
pere au c fils
,
le choix
qu'en a fait Mr le General
a esté tres-judicieux &
vousen jugerez vous-même
,
Mr,lorsqueje vous
assureray que Mr de Longuëil
a la cabane chez ces
Peuples du Nord c'est-àdire
sa Maisonà l'Iroquoise
y
qui luy est conservée
avec autant de respect que
c M. le Moine, pere de M. de
Longuëil, étoit appelle par les Iroç
quois à KrÚÚfliln
,
c'est-à-dire la
Perdrix.
les Palais où logentord inairement
les Ambassadeurs
en Europe.
Mr de la Chauvinerie
accompagnaMr le Moyne
de Longuëil ;
il entend
parfaitement la Langue
Iroquoise. LeCalumet de
Paix, qui est une grande
Pipe garnie de longues plumes
vertes, rouges, bleuës,
grises, &c. Fut arboré à nos
Canots, en arrivant chez
les cinq Nations: les principaux
chefs des Iroquois
enfirent autant; la joye se
répanditaussi-tôt par tout,
& l'AmbassadeurFrançois
futconduit à sa cabane au
bruit des chansons des jeur
nes guerriers; la foule l'empeschoit
de passer. Aprés
les repas ordinaires & les
danses entremeslées selon
l'usage de ces Sauvages
Ameriquains,leCalumet
de paix fut plantéau milieu
d'un grand cercleformé
par les Vieillards ôc les
plus considerez d'entre ces
chefs des Nations Iroquoises.
L'Officier Canadien
leur fit une courte harangue,&
leur exposa les raisons
qu'avoit Onnonito,
c'est-à-dire le Gouverneur
general des, François, de
l'envoyer chez eux. Celuy
des Iroquoisqui porroit la
parole pour les Nations, y
fit la réponsequevoicy à
peu prés. Que veritablement
les Anglois les avoient
engagez par de magnifiques
& de tics-riches
presens à se retirer au près
d'eux : qu'ils leur avoient
donné la Hache, ( stile sauvage
, cela veut dire qu'ils
leur avoient fourni des armes,)
mais qu'ilsn'avoient
jamais eu le dessein de la
décharger sur les François:
qu'ilsn'avoient eu d'autre
vue en toutes ces démarches,
quoyque tres-desavantageuses
en apparence
aux François
, que d'estre
spectateurs des coups qui
se donneroient de part &
d'autre, sans prendre d'autre
parti: que d'ailleurs ils
étoient tres-resolus de ne
rompre jamais le celebre
Traité fait avec feu Onnontio
Mr le Chevalier de
Callieres d leur pere en
duGouverneur General de la Nou1701.
entre treizeNations :
Que l'arbre e de Li Paix
étoit encore tout verd
,
6c
qu'ils n'y donneroient aucun
coup de hache: que
pour montrer la sincerité
de leurs intentions ils étoient
prests de choisirplusieurs
d'entre leurs chefs
pourenassurerOnnontio,
le grand General des François,
&: c'etf ce que ces Nations
sauvagesont executé
quelquetems après. Il faut
velleFrance, & frere du Plenipotentiaire
pour la Paix de R i(V ick.
e Stilefiguré très-usité chez Ici-
Sauvages du Nord.
avoüer, Monsieur, que le
sieur de Junquieres quidepuis
plusieurs annéess'acquitte
avec beaucoup de
soin de sa negociation auprés
des Iroquois, a beaucou
p contribué à nous gagner
ces Peuples sauvages
& guerriers, par son habileté
à manier des esprits
aussi difficiles que le sont
ceux-là.
Le trouble qu'avoient
cause ces grands préparatifs
de nos Ennemis voisins,
pour nous soumettre
à leur domination étant
âppaisé ôc les Iroquois
qu'ils avoient gagné autant
par menaces que par promesles
& encore davantage
par des effets, je veux
dire par de larges presens,
étant venus chanter la palinodie
, & reconnoître en
presenced'Onnontio qu'ils
s'étoient trop avancez en
écoutant les propoeitiens
de l'Anglois nostre Ennemi,
nous avons joui d'une
tranquillité charmante cette
année 1710mais comme
dans lapaix il faut sedéfier
d'un voisin jaloux
,
ambitieux
& inquiet ,Mr le
Marquis de Vaudrciiil,ciî,
homme habile,avoit en- fj voyeaucommencement
de la mesme année, dans
la nouvelle Anglecerre,
deux Officiers,Meilleurs
Dupuy & de la Periere ;
avec quelques Canadiensatercesy
qui en menageant
la liberté de quelques prisonniers
faitsde, part &
d'autre, apprendroient par
eux-mesmsl'étatdes ColoniesAngloises
ôc leurs
divers mouvements. Je
trouve, Monsïeur, quenostre
General a fait comme
dit le Proverbe) d'une pierre
deux coups, car par cet
te espece, d'ambassade il
içu au retour de ces Officiers
aucommencement
d'Avril bien des choies
dont il n'étoit point assùré.
parfaitement; au reste il
faut rendre icy le mente à
quiil appartient, & dire à
la louange des Anglois
qu'ils ont receu avec toute
forte d'honneur nos Envoyezy&
qu'ils n'ont point
seint d'avouer que l'alarme
avoit été chez eux en J702.
jusqu'aun pointqu'il éUJ
difficile d'exprimer [ur
bruit de la marche c
François resolus de les
taquer par tout où ils
rencontreraient
, & c'
dans letems mesme qui
estoient renfermez dz
leurs Forts du collé du D
Champlain. Cette terr*
répanditsi universel
ment danstoute laNo
velle York, que lèsfaà*
tants de la villed'Oran
vuderent avec beauco
f Ville de la Nouvelle Yorkq
appelleaussiAlbany.
- d'empressemt
dempressement leurs magazins
,
& transporterent
leurs effets a Manhate, qui
est le lieu de la residence
des Gouverneursde Ne$r-
.york,& s'appelle vulgairement
la Menade. Le*
fleurs Dupuy ôc Boucher
de la Periere ramenèrent
de ce Pays-là entr'autres
prisonniers échange
,
le
Pere de Mareuil, Jesuite
Missionnaire chez , les Sauvages
de laNation des On-
, montagues. Ce bon Pere
s'écoitréfugié chez les Flamands
deNew-York pour
éviter la fureur des Iroquoisquile
menaçoientdé
luy faire un mauvais quartier,
justement dans letems
que les Anglois employoient
le verd & le sec
pour attirer ces-Sauvages
dans leur parti contre nouy.
La garnison du Détroit
poste dontje vous aytant
parlé dans mespremieres
Lettres, efl défendue-au
mois de May en l'ille de
Montréal
,
fans- doute, par
g Fort environnéde quelques habitations
firué entre le lac Eric&kc
lac dcs Huronsau43e. degic d:luti-»
tude Septentrionale. 4'"'•*
ordre de la Cour. Mr de la
Mothe qui en est Gouverneur
y est resté avec les
Canadiens établis en cet
endroit: mais cet Officier
ayant esténommé par Sa
Majesté, Gouverneur de la
Louiliane autrement dite
leMissisipi il n'y demeurera
pas longtems.Mr de la
Forest:
,
Capitaine, est allé
le relever pour leDétroit
De plus de trente partis
que nous avons formez
,
tant de Canadiens h que de
hLesCanadiens font les Ff.mcoM
Sauvages
, pour tenir en
respect les Colonies Anglosses
)
il n'yena. paseu
un seul qui ne se foie
distingué par quelques ex.
ploits les uns en amenant
bonnombre de prisonniers,
& les autres en apportant
des chevelures:
ceuxcy regardent les Sauvvaaggeess,,
qquuiiaapprreèss aavvooiirr renverse
leurs Ennemis avec
la massue les fléchés où le
fusil, leurincitent la peau
dufront, & tout autourde
rez en Canada, il faut direCanada
&nonpis Canadois.
latête,puis leur levent la
chevelure, & la portent
au bout de leur arc ou de
leur fusil,&lorsqu'ilsfont
arrivez a leur cabane, les
arborent à l'entrée en maniere
de trophée & de dépouille
de l'Ennemy ; les
Anglois se font donc vus
réduits aux abois & exposez
à mourir de faim. Les
Sauvages nos alliez lesempeschent
( a la maniéré des
chiens couchans) de sortir
de leurs habitations, les
gardant à vûë, cela allait
si loin qu'à peine osoientils
sortir de ces cabanes, Se
pour les besoins les plus
pressants. ? 6-
-
Quinze denos Sauvages
s'étant mis en embuscade
dans un liois ont défait dixhuitAngloisarmezjusques?
aux dents & sur leurs gar-:,
des. Ces Anglois étoient
commandez par un Colonel
qui a été tué dans le
combat avec plusieurs des
fiens le reste fut mis en
fuire. :Voicy un fait assezsingulier
au sujet d'un parti
de Sauvages nos alliez.
DeuxAlgonKins de la Mission
de Lorette - establis
dans l'IsledeMontréal
sous, la conduite de i\'lef.
sieurs dé S. Sulpice,attaquent
deux Cavaliers du
côté de la Nouvelle Angleterre
, eux n'étant qu'à
pied à leur ordinaire,&en
prennent un. Voilà, Monssiieeuurr,
conlnle vous vovez,
, comme voyez,
ce qu'on peut appeller la
petite guerre. Les Sauvages
du Nord. del'Amerique,
ainsi que les chasseurs vont
à la poursuite des animaux,
cherchent les hommes
comme du gibier qui leur
convient. L'Anglois pris,
ils le lient & se mettent en
devoir de l'amener, la compassion
des deux Sauvages,
ne l'avoit fait lier quetrèslegerement
;les deux Sauvages
fatiguez s'arrestent
en chemin pour prendre
quelque repos ,
l'Anglais
les croyant fort endormis
& dans le premier sommeil
qui d'ordinaireest le plus
profond,se délie & court
se saisir d'une hache qui
appartenoit à ses vainqueurs,
mais non si adroitement
tement que l'un des Algonkins
ne s'en apperçust: celuy-
cyfrappédu desseindu
Prisonniercommun, éveille
son camarade: alors le
pauvre Anglois se voyant
découvert, met son fàluc
dans la suite; la circonstance
du temps luy estoit
favorable,à cause de la
nuit: cependant les deux
Sauvages le. suivent à la
blancheur de sa chemise
>,
car il estoit nud, ôc ne
pouvantl'ateindre de prés,
ils l'attraperent de loin,en
luy laschant un grand
coup de fusil qui arrefta,
ftouut, cyourtalerptris.onnier Le Printemps & l'Esté
de l'année où nous femmes
, ayant presque esté
sans pluye
,
la secheresse
s'est trouvée si excessive
que lesoiseauxqui dans ces
saisons seretirent pour l'ordinaire
dans les bois, ont
eâc obligez d'en sortir
pour trouverdequoy boire
&c mander sur les bords du '!
fleuve S. Laurent. On estime
icy que ce manque de
pluye & cette chaleur estonnante
nous oru: procure
une multitude infinie de
Tourtes,espèces de Ramiers
ou de Bisets qui ont
desolez une partie des bleds
&mesme les legumes
, comme pois, feves, &c.
en beaucoup d'endroits:
-mais de peur que ces animaux
ne nous mangeassent
davantage, nous les avens
mangé eux-mesmes par la
chasse que nous leur avons
donnée à grands coups de
fusil.,
Les Ours ces animaux si
feroces ont quitté leurs
trous,ôc se sont jettez sur
lesterres ensemencées;ils
ont porté leur audacejusqu'à
s'approcher des habitations
à
& on en voyoit
souvent à la pointe del'Isle
de Montréal qui est du côté
que l'on appelle la Chine.
Au mois d'Aoust quelques
Sauvages des nôtres
venant de la ville d'Orange
en New-YorK nous ont appris
qu'une flotte de la
vieille ! i Angleterre avoit
paru sur les costes de cette >?
i Vieille par rapport à la Nouvelle
tpidl: nostrevoisine.
contrée, ôc y amenoit un
nouveau Gouverneur:c'est
si je ne me trompe ,
le Colonel
Hunter
,
qui a esté
choisi par la Princesse Anne
pour succeder à Mylord
Lorelace mortGouverneur
de la Nouvelle York. Les
mesmes Sauvages ont rapportéque
Peter Schuiler
vulgairement pitre Schul-,
le ,Major d'Orange étoit
arrivéavec ces Sauvages
que les Gazettes de Roterdam
nous marquent avoir
esté traitez de Rois à Londres,
Ôc ce ne sont que trois
miserables Iroquois dela
Nation des Aniez que le
pauvre Pitre Schulleavoir
traisné avec luy, pourjetter
de la poudre aux yeux
& prelenter du brillant à
la Cour d'Angleterre parune
ambassade de trois
gueux venus de loin.
Des Lettres que l'on a
reçues de la même Colonie
, nous ont encore appris
que cinq cents familles
duPalatinat ont passé d'Europe
en Amérique, & sont
venus habiter le Pays des
Aniez
, une des cinq Nations
Iroquoisesfortamie
des Anglois. Ce sont ces
Palatins si souvent répétez
dans les nouvellespubliques
y
passez avec tant de
frais en Hollande, puis en
Angleterre, & delà dans
les Colonies Angloises de
IJAInerique septentrional.
Voilà du gibier pour les
Sauvagesytk il y a beir de
croire,Monsieur, ques'il
y a guerre entre les Iroquois
nos alliez, & ceux
qui peuvent estre gagnez
par les Anglois, ces bonnes
gens, qui ont fait tant
de chemin, courrontgrand
risquedese repentir bien
des fois,&de dire eneuxmesmes.
, que sommesnGous
veanuslfaeire dransecet.te
Le 8. de. Septembre dernier
nous avons eulajoye
de voir moüiller dans la
belle rade de Quebeç
,
le
Vaisseaudu Roy,l'Afriquain,
commandé par Mi
deMarigny.Ce Bastiment
est percé pour cinquante
canons. -.
-
Phenomene pour Messieurs
les Philosophes. Le
16, de Septembre de lapresente
année
,
sur les huit
heures du matin, il y Cà
un.tremblement & une secousse
deterredans l'Isle de
MonrreaI.Comme lemouvve&
mmenetnnienefruuttppoominttlolonngg,,
car il ne dura tout au plus
qu'un demi quart d'heure,
on serassura. Noussommes
icy assez sujets à ces
fortes de tremblements,
Le sieur Guyon Phlibustier
,amena le
10. de ce
moiscy devant Quebec
unepriseAngloise chargée,
deSel, de Moruë 5c d'Huile.
Cet Armateur rapports
qu'il avoir vu dix ou douze
gros vaisseaux Anglois
&trois Galiotes à bombes,
approcher des codes de
l'Acadie. Mr le Marquis
de Vaudreüil,nostre General
,
avoit envoyé des
Officiers & des Troupes des
renfort à Mr de Subercasse
Gouverneur dePort-Royal
& deFAcjdie.
Mr le Duc, cy-devant
Avocat au Parlement des
Paris & envoyéde France
pourremplir dans leConteil.
fouveraiii de Quebec
la Charge de Procureur
General, yest mort huit
rjours après son arrivée.
prépatoitàcequ'onm'a
dit une fort belle haran-
:j,gue,Quoyque la pluyeait
manque cette année crc
partie pour les biens de la
-
terre , nous avonscep ri-
;- dant fait une recolté Cft:
toute sortedegrains, & sur
tout en bled. L'année precedente
nous avons tiré, a
ce que l'on prérend, pour
,,
deux cent mil livres d'ar- t gent, du surplus de nos 1
bleds: mais cette année om
en usera autrement pour de)
bonnes raisons.
On vient d'achever unouvrage
dans le liautcaiiida,,
qui fera beaucoup d'honneurà
Mr le General aussibienqu'à
Mrle Chevalier
deBeaucour qui en a donn
le plan, ôc comme cetOfsicier
entend l'architecture
militaire
,
il l'a parfaitement
bien fait executer
C'est un Fort flanqué de
quatre bons Bastions. Il
environcentpieds en quar
ré & ca revestu de pierre
Te tailles dures comme du
marbre, que l'on a trouve
leplus heureusement du
monde dans une carriere
toifine. Ce quiest de merveilleux
,
c'estqu'onn'à
presque point eu besoinde
marteaux pour les mettre
en oeuvre s'eftariî^rèh'co'ni
tr¿es pour la pluparttoutéfc
taillées naturellement Ce
Fort eil: basti dansunlieu
appelleChambly, ;lesmurailles
sont élevées par dessus
le niveau de la campagne
devingt-cinq pieds au -
moffîs.j leur épaisseur est
de six pieds au bas vers les
talu ; elles sont faites de lac
pierre dontj'ay parlé; chaque
Bastion eL1 garni do
trois rangs de J^teriçs;
composées de bons-Canons
&de gros Pierriers'"?
Tout cet exterieur du Forn
couvreentierement les ma
gazins à poud re qui fonjr
bien voutez; les Caves tres
Je Ce sont de petites pieces d'artil
leues communement desa' ,
qui m
poneurras loin
,
mais qui font 1
-gr,in,d- écarts, on s'en sert à jetter do
pierres & des cailloux, desballes si
de la feraille enveloppées dans d'h
cartouches; cette espécede Canon
jtlurge p,tf la culalle avecune boeCGj
spatieuses & très-belles ;
les Boulangeriesfortadroitemen-
t menagé1es
,
&: par
dessus tout cela une Chapelle
d'unfort bon goust
& bien entenduë
;
les logements
dans ce Fort sont
!
si considerables que Mr le
Général, leGouverneur de
Montreal, ôc le Gouverneur
particulier du Fort
avec quarante ou cinquante
Officiers
, pourronty
estre placez à leur aise, sans
comptertrois ou quatre
centsSoldats &: huit cents
en cas d'attaque
, rangez
dans les bastiments le long
des courtines &en dedans,
la place d' rmes demeurant
libre & dégagée, quoyque
tout y aboutisse; en un
mot on ne peut rien de plus
beau & en mesme temps
de plusaiséà deffendre. Ce
Fortestsituéau46° degré
: de latitude Nord, au de[-,.
fous delacataracte formée ;
par les eaux du lac Cham-
-
plain, dans un terrain a.
vantageux&quifedtffend
presquedetous costez. La
chasse & la pesche contribuent
à l'entretien de laj,
garnison ,
garnison,& la riviere qui
fort LortChamplain,conduitau
fleuve S.Laurent,
vis-à-vis les Isles de Richelieu
, d'où l'on peut envoyer
des Canots à Quebec
& à Montreal :. tel est , Monsieur, le nouveau Fort
de Chambly ,qui met à
couvert tout le Gouvernement
de Montreal ,&qui
avec quatre ou cinq cents
hommes de garnison peut
resister à tous les efforts des
Anglois nos voisins ,les
empeschent de passer , èc
les obligent de retourner
chez eux,fussentils venus
jusques-là au nombre de
dix mille.
Mr deBreslay ce zeleM
MissionnairedeSulpice,
dont je vous ay parlé tant
de fois dans mes Lettres,
qui a quité la Cour des
Rois pour gagner des Sau--
vages d'Amerique au fbu--
verain maistre de l'Univers
, a fait construire une;
Fort dans l'isleaux Tourtrès
où est le principallieu
de sa Million, elle est f-1-
tuée entre le lac S. Louis&
le lac des deux montagnes.
Commeil a este autrefois
Ingenieur
, vouspourrez
juger Monsieur,qu'il na.
voit pas besoin de Conseil
pour l'aider; ce Fort est à
un quart de lieuë de celuy
deM. deSenneville quiest
à la pointe de Ile de Montréaldu
costé du lac sains
Louis;c'est: proprement là,
qu'est le bout du Canada.
Lemesme
1
Ecclesiastiquea
commencéune Eglisebastiede
bonnes psierres,dans
la petite Isle dontjeviens
de faire mention Le Roy
abien voulu signaler aspieté
dans ce nouvel establi
sement,& sa bonté envers
Mr de Breslay
, qui a este
un des Gentilliommes de
sa Chambre
, en luy envoyant
des Ornemens pour
son Eglise.
Il ya eu une pronlotion
d'Officiers de Guerre & do
Jullicc: en ce payscy Ministre la faite , cette ani
née par ordre du Roy, en-r
viron deux mois avant l
départ des derniers vaiC)
seaux pour le Canada, Mil
de Galifet cy-devantLieu
tenant de Roy auMontréa
a eilé choisi pour Gouverneur
des trois rivières
Ville également distante,
de Quebec & de Montréal,
à la place de feuMrleMarquis
de Chrysaphi, Mr des
Bergeres en a esté fait Major,
Mr le Baron de Longuëilest
Lieutenant deRoy
de Ville Marie ou Montréal,&:
Mrde la Chasaigne
Major de cette Ville
Mr le Marquis de , Vaudreüil
fils aisné de Mr le
General, a esté fait Capitaine
; Messieurs de la Pipardiere
,deBeaujeu,d'Argenteüil,
le Gardeur
, &c.
ont esté eslevez au mefmr
rang. A l'egard des Officiers
de Justice,Mrde la
Martiniere a esté nomme
Doyen du ConseilSouverain
de Québec,àla place
de feu Mr Chartier deLorbiniere,
dont un des filsa
esté faitConseiller dans 1*
mesmepromotion, &c.
Les plus remarquables
d'entre 1rs passagers qui
fontcetteannée le voyage
de France, sont Mr Raudot
le fils,Intendant confort;
Mr son Pere doit le
sui vre l'année prochaine ,
èc il fera relevé par Mr Bergon,
le filsdufeu Intendant
de R ochofort, homme
tressçavant ôc.des plusintelligens
que nous ayons
eu dans la Marine. Mr le
Fevre Ecclesiastique né en
Canada,qui dans un âge
peu avancé, possede plusieurs
Langues de l'Europe
& a de l'apritude pour toutes
les belles choses
; c'est
le premier Canad ien de
l'Isle de Montréal qui ait
pris le parti de l'Eglise, depuis
que les François en
font les maistres,.. Madame
le Vasseurfemme de
l'Ingénieur de Québec,
mené avec elle ses ensans.
Je ne trouve de considérableentre
les morts , parmi
ceux qui me frapent laS
mémoire, en achevant ma
Lettre, que Mr du Chut,
Capitaine expérimente, de
qui connoissoit à merveille,
leNord du Canada,aussi
bien que les grands lacs,
êc le sieur delaMorandiere
Garde-Magazin du Roy.
Mettons fin à cette Lettre
qui n'est déjà que trop
longue
longue par une petite avanture
que vous trouverez
assez plaisante, quoyque
tirée d'un sujet fort
serieux -, voicy le fait en
deux mots. La femme d'un
Sauvage Chrestien estant
morte, son mary est venu
avertir le Bedeau de l'Eglise
de Montreal de faire
une fosse pour elle; on a
sonné pour 11 personne
morte, ÔC lorsqu'on a esté
prest d'enlever le corps
pour le mettre en terre, le
Sauvage a demande du
temps alléguant pour ses
raisons que sa femme refpiroic
encore; que duresse
il avoit esté bien aise de
faire préparer toutes choses
de son vivant, & sonner
les cloches pour ne la point
faire attendre lorsqu'elle
seroit decedée tout de bon,
voulant luy faire connoistre
en cela la bonne volontéquil
avoit pourelle.
'0 Comme l'Afriquain va
mettre à la voile, & qu'il
n'y a pas de temps à per- ,
dre
, je me trouve obligé
de vous dire que dans cet
endroit je vous fuis.1
EXTRAIT
d'un ComplimentproflancedlaMartmique
àMrdePhelypeaux.
MONSIEURY
Quelle obligation n'avons-
nous;pas à nostre
grand Monarquequi malgré
tant d'affaires qui sembloient
occuper toute sa
pnidence& son courage
pour soutenir son Royaume
contre l'envie de la
pluspart des Princes de
l'Europe, n'oublie cependant
pas les peuples qu'il a
loin de ses yeux, & leur
donne des marques de son
attention pour leur bonheur,
& a leur fureté en
vous choisissant pour son
Gouverneur general dans
UUEC partie dç l'Arnerique
qu'il possede.
Quel plaisir pour nous
de remarquer que le Roy.
regarde les Isles quoyqu'éloignées
de luy par cette
vaste étendue de mer ,
comme ua membre inseparable
de sa Monarchie,
puisqu'il nous donne un
Gouverneurd'un nom par
lequel non-seulement nostre
Nouvelle France se
soutient depuis si longtemps
,
mais encore qui
luy est si utile dans le coeur
de son Royaume où nous
le voyons remplir & la premiere
Charge de la Couronne
dans la personne de
l'auguste Chancelier
,
&
les grands travaux du ministere
dans ce' le de t'itiustre
Secretaire d'Estat de la
Marine, & enfin les premiersemploisdela
Guerre
&: du Conseil d'ilftat qui
sont réünis en vous.
Ce nom si connu si respecté,
si cheri, nousest un
gage du bonheur que nous
allons gouster. L es Loix la Police, le , COlnnlerce,
ôc la tranquillité vont fleurir
parmy nous, Se nous
aurons la consolation de
rendre long-temps des graces
singulieres au Seigneur
pqouu'ilr les longues années donnera au grand
Monarque,au grand Ministre,
Se àl'illustre Gouverneur,
qui daignent nous
proteger.
Nouvelles du Nord.
Les Lettres de Constantinople
du 16. Janvier
portent que les Turcs continuent
à faire de grands
préparatifs par mer & par
terre, & qu'on avoit proposé
dans le Divan de desarmer
tous les Grecs, de
crainte qu'il n'yeust quelque
intelligence entr'eux à
cause de la conformité de
Religion.
Celles de Russieassurent
quequatre-vingt mille
Tartares sont en rez en
Moscovie
,
& en Ukraine,
afin de faire declarer les
Cosaques en faveur des
Rois de Suede& Stanislas.
Un Courrier arrivé à
Dresde a confirmé que le
Palatin de Kiovie avec le
fils Kandes Tartaresestoit
entré enUKraine, & qu'il
estoit suivi par le Roy de
Suede avec ses Troupes &
une ArméedeTurcs & de
Tartares
, & qu'il devoit
s'avancer vers la Vistule.
Cette nouvelle a fort consterné
la Cour de Saxe qui
travaille à bien faire munir
les Places frontieres.
Des Lettres de Bender
du 1 8. Février confirment
aussi que lePalatin deKiovie
marchoit vers l'Ukraine
avec quatre mille Polonois
six mille Cosaques,
& quarante mille Tartares,
commandez par le fils du
Kan; que le Kan s'avançoit
vers la Moscovie au delà
du Borifthene avec deux
cent mille Tartares en attendant
la grande Armée
¿cs.. Turcs que le Grand-
Vizirdoitcommander.
Nouvelles £Efha?ne*
Jl CI Mr Grassois-Matci..
chal de Camp,adéfait u*
Corps de Troupes com«-
mandé par le GeneralSIK*.
srely ce qui a obligé les Ea«
nemisà abandonner Solfo*
ne, & plusieursautresportes,
dans lesquels Mr le
Marquis de Valdecanas a
mis-des Troupes pour teCferrer
de plus en plus les
Ennemis.
Les Lettres de Sarragosse
du 13. Mars portent
que les Miquelets rebelles
avoient surpris prés de Benavarri,
trois Compagnies
des GardesEspagnoles&
Walonnes
,
dont environ
quarante hommes avoient
esté tuez ou blessez : mais
que ces Miquelets avoient
estéensuite dispersez
,
&
qu'on avoit brusleplusieurs
de leurs Village
-,
que Mr le Comte d'Aguilar
avoir envoyé à l'Armée
huitmilleFusils, autant de
Bayonnettes
, Ôc qu'il envoyoit
les habits des Soldats
à mesure qu'il y en
avoit un certain nombre de
faits, que le President des
Finances avoit amassé un
fond suffisant pour lacampagne;
qu'il arrivoit d'Andalousie
& de plusieurs endroits
de la Castille un
grand nombre de Mulets
&de Boeufs pour voiturer
les vivres & les munitions;
qu'il estoit party de Madrid
un train d'artillerie
pour joindre à ceux qui
estoient déjaprests sur la
frontiere,& que l'on conduisoit
à Tortose les convois
de vivres & de munitionsqui
estoient arrivez à,
Peniscola
,
& qui y arrivoient
tous les jours.
Le 3,3. Mars on publia à
Madrid une Ordonnance
portant interdiction de
commerce vec les Hollandois,
& deffense de laisser
entrer en Espagne leurs
draps & leurs autres marchandises,
& de leur laisser
enlever des laines.
LesLettres deSarragosse
du 19. Mars portent
qu'on y devoit tenir un
conseil de guerre sur les
projets de la campagne, 3c
que Mr le Duc de Noailles
s'estoit mis en chemin pour
s'y trouver avec Mr de
Vendosme & les autres
principaux Officiers Generaux.
Mr le Marquis de Valdecañas
aprés avoir mis des
Troupes dans Solfone
,
marcha àCalafdans ledessein
de l'attaquer. Les Ennemis
ne se trouvant pas
en état d'en soustenir le
siége, prirent le party de
l'abandonner;maisn'ayant
puse retirer avec assezde
diligence, environ cent
cinquante furent faits Prisonniers
,
& on prit une
partie de leurs bagages. Ce
Posteconserve la communication
de laPlaineavec
les Montagnes, & donne
lieu aux TroupesEspagnoles
de s'étendre plus avant
dans la Catalogne de ce
costé là.
.ioitvelles de Flandre,
IL
es Ennemis ont commencé
les premiers jours
de ce mois à assembler un
Corps de vingt mille hommes
qui est commandé par
le Comte d'Albemarle.Ce
Corps est posté au-delà 6c
le long de laScarpe & du
Canal de Douay à Lille;
leur gauche està Saint Amand
où ils ont mis de
nouvelles Troupes, ainsi
qu'à Marchienne& à ISAb..
baye d'Hasmon, & leur
droite s'étend jusqu'à Pont
à Vendin où ils se retranchent.
Les Recruës des TroupesduRoyétoientpresque
toutes
toutes arrivées aux Corps
auxquels elles estoient destinées,
& il arriva le 2. à
Dunkerque quarente deux
Barques chargées de bled,
ce qui devoit suffire pour
achever de garnir les Magasins
de SaMajesté pour
toute la Campagne.
Lettre d'Arras,
Le
onze Avril Mr le
Comte de Lille Commandant
dans Arras,détacha
Mr du Clos avec cinquante
Grenadiers
, & Mr Sersosi
avec 50. Hussarts pour
aller en parti. En revenant
ils trouverent à trois lieues
d'Arras au Village de Vimy
un Party des Ennemis
de cinq cents Chevaux,
qu'ils désirententierement
avec leurs cent Maistres
feulement. Ils ont ramené
quarante prisonniers
, un
Capitaine& deux Lieutenants,
avec trente chevaux,
outre environ deux cent
chevaux qui se sont ccha-"
pez dans la campagne 6e
dont les Paysans ontprofité.
C'est là le premier coup
demain de l'ouverture de
cette campagne Mr Duclos
est le mesme quia
arrestéle nommé la Ha,e
à la teste des traistres qu'il
vouloir introduire dans
Peronne, dont je vous écrivis
l'aventure le mois pasle.
MA RINE.
—AvisdePrises.
De Calais le 2. Alvlrs
17
"tko Le CapitaineLarmet
commendant la Fregate le
Comte de Toulouse, a
amené en ce Port leNavire
le Jacob d'Husum.
Le CapitaineDuplessis,
commentant leDogre l'Agneau,
a aussi pris unVais-
seau nommé la Bénédiction
de Dublin qu'il a amene
à Calais.
Le Vaisseau nommé la
Buchepale de Londres, pris
& mené au mesme Port
par les Capitaines Robert
& Jean Leguillon & Cardon.
De Calais le 8. Mars.
Le Capitaine Marc-Teste
a aussiamené au mesme
Porc un Vaisseau Anglois
nommé la NostreDame
duRosaire.
Et le Capitaine Bachelier
une autre prise nommée
la Fortune de Zerixée.
De Morlaix le 2. Mars.
LeVaisseau le Guillaume
& Anne de Baston,
pris& menéàMorlaix par
le heur de la Cité, commendant
la Fregate les
deux Amis de S. Malo.
Le François-Marie de
Bristol
,
pris & mené à
Morlaix par le sieurViel,
commandant laFregate le
Luzancey de Nantes.
De S.Malo le 2. Mars.
Le Jean & Jeanne de
Londres pris par la Frégate
le Chasseur de S. Malo.
Le Comeleon de Londres
pris par la mesme Frcgate.
La Christine de Flith,
pris & conduit à S. Malo
par la Fregatel'Amitié du
Havre.
L'Esabeth de Corek pris
par lamesme Fregate.
La Fregate nommée le
Brave de S. Malo, reprise
sur les Ennemis par le sieur
PaulDanican
, commandant
le Vaisseau les deux
Amis.
De Nantes le I. Adan.
Le sieur Filz Gerard
commandant la Fregate le
Barentin a amené en ce
Port une Flute chargée de
canons, & autres munitions
de guerre destinées
pourLisbone.
D'Abbevillele 6. Mars.
Un Vaisseau Ostendois
échoué à la coste de Berk,
venant d'Irlande.
Lifte
Lifte des Grands Officiers
de Monseigneur
le Duc & de Madame
la Duchelle de Berry.
Premiers Gentilshommes
dela Chambre.
Mr le Duc de SaintAignan,
Brigadier & Colonel
de Cavalerie.
Mr le M. de Bethune,
cy devant Colonel duRegiment
de la Reine.
Capitaines des Gardes
du Corps.
Mr le Chevalier de
Roye,Maréchal desCamps
& Armées du Roy.
Mr le Marquis deClermont,
Colonel de Dragons.
Cent Gardes, & cin-
- quante Suisses.
Premier Ecuyen
Mr de Razilly, cy-devant
Sous-Gouverneur de
Monseigneur le Duc de
Berry.
MlliftreJ: de la Garde-
Rp[?$>e. -,- - Mrle Marquis deMonchy,
Maréchal des Camps
&Armées du Roy.
-
Mr leMarquis dePons.
-
PremierMaifîre-
-.
d'Hostel. -
Mr le Marquis de Cbampigtiel.
Dame d'honneur.
Mela Duchesse de Saint
Simon.
--
Dame d'Atour,
Me la Marquise de la
Vieuville.
Chevalier d'Honneur.
Mr le Marquis de Coetanfo,
Lieutenannt General
desArmées du Roy, &
Sous-Lieutenantdes Gen-
darmes de la Garde.
Premier Ecuyer,
Mr le Chevalier d'Hautefort,
Maréchal desCamps
&: Armées du Roy,frere
de Mr de Surville.
Premier Adaijtred'Hojlel.
Mr le Comte de Saumery
,
frere de Mr de Saumery,
Sous-Gouverneur de
Monseigneur le Duc de
Bourgogne
, & fils du
Gouverneurde Chambort.
Premier (3*
Chambellan ordinaire.
Mrde la Hugé, Ecuyer
de Monseigneur le Duc
deBerry, premier
&Chambellan ordinaire.
Capitaine des Gardes
de la Porte.
Mr le Baron de Beauvais,
cy-devant Capitaine
des Chassesde la Garenne
du Louvre.
Premier Aumosnier. • Mr Turgot, Evesque
de Secz ,
cydevant Aumosnier
du Roy.
Chancelier.-
-.
Mr de la Rochepot, là
Berchere.
Sur-Intendant.
Mr Menon.
Me de Coetanfo, nommée.
pour laivre Madame
la Duchesse de Berry.
MORTS.
Article qu'onaomisdans
les moisprecedents.
Charles Calliope de
Vaucouleurs, Seigneur de
lanjamet, Aide de Camp
deSaMajesté Gouverneur
de Guerande &: le Croisic,
mourut à Verssailles le I-d.
Janvier. Il n'a point laisse
de posterité deMagdelaine
de Rez, fille de feu N. de
Rez ,
celebre Avocat au
Parlement. :
Jacques Pouletier, Conseiller
d'Estat ordinaire, Be
Intendant des Finances,
mourut le 4. Avril. Pierre
Pouletier
, Seigneur de
Nainville,Maistredes Requestes
, luy succede en la
Charge d'intendantdes
Finances.
Leopold Mathias, Prince
de Lamberg, Chevalier
de la Toisond'or, Chambellan
& Grand-Ecuyer
de 1 Empereur, mourut à
Vienne en sa54eannée. Il
n'a laisse que deux filles,
& le Comte Jean-Adam,
son frere,herite de sa dignité
de Prince de l'Empire,&
de la pluspart de ses
Terres.
LePereValernod
,
General
de l'Ordre de S. Ruf,
mourut à Valence en Dauphinéle14.
Février.
Françoise-Angeliquede
la Mothe Houdancourt
, veuvede Louis-Marie,Duc
d'Aumont, Pair de France
,
Chevalier des Ordres
du Roy , mourut le 5.
Avril.
Bachelier deBaubourg
, Receveur General
des Finances
9
est mort le
Avril Saveuve
efl soeur de Madame de la
Ravois.
La Comtesse de Turbilly
est morte en son Chasteau
de la Rongere dans le
Bas-Poitou âgée de 46. f
ans. Elleestoitfilled'Hyacinthe
de Quatrebarbes
Marquis de la , Rongere
7
Chevalier des Ordres du
:Roy,& Chevalier d'Honneur
de S. A. R. Madame
laDuchesse d'Orléans, &
de Françoise du Plessis
Chastillon.
Elle avoit estémariée
deux fois; la première à
FrançoisdeRousselé, Marqu
is de Sache, dont ellen'a
point eu d'enfants; & la
seconde à François de Menon
,
Comte de Tuibilly
dont elle laisse une fille
âgée de douze ans.Ses deux
Epoux estoient parents de
MessieursdeLuxembourg.
!
LeChevalierSebastiano
Foscarini, Procurateur det.
S. Marc Ambassadeur Ul
Plenipotentiairede la Républiquede
Vemfè auprés
des Estats Generaux, mourutà
la Haye le 23. Mars..
Il avoitesté Ambassadeur
en France & en Espagne.
MARIAGES.
N de Boniface du1
Boslehart, troisiéme fils
d'A lexandre de Boniface
& de Marie Elizabeth de
Roncherolles, a épousé Me!
e Mounier, veuve & riche
~heritiere de la Ville d'El-
?euf.
Remarques sur les MaisonsdeBoniface
r5 de
Roncherolles.
La Maison de Boniface
cire son origine d'un Com-
~te de Boniface, Tribun &:
Gouverneur de toute l'Afrique,
Amy particulier de
5>. Augustin
, comme on
le remarque par trois Lettres
queceSaint écrivit à.cc
Comte.
La premiere de ces Lettres
qui estoit autrefois las.
50e.dans leRecuëildesLettres
de ce Saint,se trouve
la 185e. dans l'Edition que
les PP. Benedictins en ~ont
faite, parce qu'ils les ~ont
rangées selon l'ordre des;
temps où elles ont estéécri-i
tes. C'estcelle où S. Augustin
parle au livre Kc* do
sesRetractationsou Revue'i
de sesOuvrages. Elle fut*
écriteenviron l'an 417&£
ne traite presque que deîa
*
Affaires des Donatistes, &a
de quelle maniereon pou-i
voit ramener ces Hérétiques
à l'union de l'Eglise.
: Cette Lettre commence
ainsi: Laudo egratulore
admiror ,fiLi dilectissime Bonifaci
,
quod inter curas bellorum
& armorum, vehementer
desideras ea nosse quoe Dei
funt.4
5i- La seconde est la 189c,
du mesme ordre Benedictin,
ôc la 105e. de l'ancien;
& c'est dans cette Lettre
écrite aparemmentl'année
suivante418. qu'il luy
donne un Reglement de
vie pourl'armée & que
l'on voit ces beaux endroits
Pacemdebet habere volantas
bellum necessitas, non enim
pax quoeritur ut bellum excitetur,
sed bellum geritur ut
pax requiratur.in his erAt
sanctusDavid,&c. "':. La troisiéme qui sa à
present la 220e. & quiestoit
autrefois la 70e. fut écrite
l'an 427. trois ans
avantla mort de S.Augustin;
c'est proprement une 1
instruction pour les Séculiers.
Envoicyun des plus
beaux endroits:Ut Deum
diligas non diligas mundum,
sed
11
Jed ex mundi bonisfacias opera
bona, &proptermundi bottay
nonfaciasopera mala.
Il y a eu de la Maison
deBoniface plusieurs Chevaliers
de Malthe. Elie de
Boniface, Marquis de Fenestrelles,
servit de second
à Jarnac contre la Chastaigneraye
dans le combat
qu'il y eust en champ clos
le 16. Juille 1547 devant le
Roy Henry II. Il fut tué à
la bataille deVaureal donnée
entre les Catholiques
& les Heretiques dans le
ComtatVenaissin. Ses obseques
furent faitesavec
grande pompe dans 1 Eglisede
S. Symphorien d'A.:a.
vignon Les Corps dé Ville
y assisterent ainsi que le
Cardinal Legat dont il estoit
fort consideré. Il fut
fort regretté en France.
Ozias de Boniface, vint
à la Cour avec l'Amiral de
Villars, son parent, ôc le
Roy le fit Chevalier de
l'Ordre de Saint Michel
,
& Gouverneur du Fort
de Sainte Catherine de
Roüen.
Henry IV. érigea en
J606. la Terre du Boslehart
en Baronie à cause des
grands services que ceux
de cette Maison avoient
rendus à la Couronne. Mr
de Boniface vint joindre ce
Monarque au siege d'Amiens
avec son Regiment
de deux mille hommes de
pied, ce qui se connoist
par le Brevet que ce Prince
donna à cet Officier.
Il La Maison de Roncherollesest
aussi tres-ancienne.
Elle a donnée des
Chambellans à nos Rois,
des Gouverneurs de Provinces,
& des Amiraux.
Robert de Roncherolles
futChambellan de Philippe
Auguste en 1160. & ses
successeurs le furent de
Charles VI.VII.& VIII. ôe
de Loüis XL )[JPlfC,. li
Ln En 1232.PierredeRoncherolles
estoit Couver
neur de Vermandois, & du
Corps du Parlement de Paris
composé alors des Barons
du Royaume qui alloient
exercer une justice
ambulante dans les Provincesau
nomdu Roy»,j£
Lorsque les Danois descendirenten
Neustrie, ce
fut un Roncherolles qui
disputalepassage de lariviere
de Seine à Olric leur
chef, & quand Guillaume
le Conquerant passa en
Angleterre le Seigneur de
Villars,cadetde la Maison
de Roncherolles ypassa
avec luy. Il s'y establit, &:
c'estde luy que sont descendus
les Ducs de Bukir**
gham.
Dans le Prieuré des deux
Amants fondé par cette
Klaïfon)on voit un Tombeau
sur lequel lesmots suivants
font gravez: Beatrix
de Roncherolles
,
Miles egregius,
obiitanno960. ,:,,",,
Nos Rois ont accordé
auxAisnez de cette Maison
le privilege d'estre Con..:
seiller né au Parlement de
Roüen, ainsique l'ont les
Conseillers d'honneur aux
autres Parlements du
Royaume. C'est presentement
Mr le Marquis de
Pont S. Pierre qui estl'Aisné
de cette Maison
,
dont
les Armes sont d'argent à
deux faces ou lignes de
Gueules ;celles de Boniface
sont d'argent à trois regles
-Ou faces de Synople.
LBeENEFICES. Royidonnél'Ar-
-n«LeRoyadonnéTArchevesché
d'Arles à Mr
l'Abbé de Janson
,
Grand
Vicaire 6c Chanoine honoraire
de laCathédraledc
Beauvais.
f':- Il estfilsde Laurent de
Fourbin
,
Marquis de Janson
en Provence, & de
Françoise de Briançon la
Saludie, & neveu de Tout
saint de Fourbin,Cardinal
de Janson, Evesque de
Beauvais, Grand-Aumosnier
de France, & Commandeur
des Ordres du
Roy.
R EMAR QUE.
Arles est une Ville de
Provence, Métropole par
ticuliere dela secondeNarbonnoise.
Arles autrefois
Arelate qui fignisioit en
LangueCeltique une Ville
bastie dansun marais. Ou
appelle encoreen Languedoc
docun Etan Late. Arles est
une des plus anciennes ôc
des plus illustres Villes des
Gaules; on l'appelloit la
Rome des Gaules,GtlluU
Roma Arelas. La statuë de
Diane qui fut découverte
il y a quelques années
,
&
qu'on voit aujourd'huy à
l'HosteldeVille,est peutestre
une de celles que les
Fociens apporterent lorsqu'ils
vinrent s'establir
dans les Gaules, à Arles
ainsi qu'à Marseille. Il y
trouvera le détail dans l'histoire
de l'Eglise d'Arles
parMrDuport; ce Livre
a paru en i6.9o. Il y a dans
le Chapitre un Provost
,
un Archidiacre, un Sacriltain,
un Archiprestre, un
Capiscol
, un Primicier
,
un Tresorier
, & treize
Chanoines
,
dont l'un eil:
Theologal. L'Archevêque
a pour suffragans, Marseille,
Orange, S. Paul Trois
Chasteaux, & Toulon. Son
Diocese a cinquante& une
Paroisse.
L'Evesché de Lombez,
à Mr l'AbbéFagon, premier
Medecin du Roy &:
Conseiller d'Estat.
REMARQUE.
L'Evesché de Lombez
est suffragant de l'Archevesché
de Toulouse. Lombez
ou selon Duchesne
Lombers, Lombaria,située
sur la riviere de Save ou
Seve,audelà de la Garonne
à quatre lieuësd'Auch,
àcinq de Rieux,àhuit de
Toulouse
,
environnée de
vignobles d'un tbfté
, &
d'une plate campagne de
l'autre; la Cathedrale se
nommel'Assomption, ancienne
Abbaye que le Pape
JeanXXII, érigea en Evek
ché l'an 1317. Arnoul Roger
de Cominge en fut le
premier Evesque. Ily 3.
quatre-vingtdix Paroisses
dans ceDiocese, & l'Evesque
est Seigneur de Lombez,
.: -7
L'Evesché de Saintes, a
MrlabbélePileur,Visiteur
General des Carmelites
de France. Il est neveu
de Mr du BuifTQa, Çotv
seiller d'Estat & Intendant
desFinances
Sa Majesté vient de justifier
par un nouveau traie
son glorieux titre de Fils
Aisnéde l'Eglise, attenti f,
comme S. Loüis , à luy
procurer de dignes Ministres,
il sçait demefler les
meilleurs sujets qui se ca- chent dans
l'obscurité
du
Cloistre le plushumble &
; le plus austere; il a nom-
, mé ces jours cy à l'Evesché
de Graffe le R. P. Athanase
de Mesgrigny
,
Capucin,
homme bien plus recommandable
encore par sa capacité
& par ses vertus que
parsanaissance. Il s'appelloit
dans le monde Baptiste-
Josep-Ignace,Vicomte
de Troyes; il est fils de
Jean de Mesgrigny,Marquis
de Villeneuve,de Mesgrigny
& de Vendeuvre,
Vicomte deTroye, Doyen
des Conseillers d'Estat ordinaires
;il avoiresté Conseiller
au Grand-Conseil,
Maistre des Requestes, Intendant
dejusticeen Biour*
bonnois & Auvergne, premier
President du Parlede
Provence, & de HuberteRenée
de Buffi, Baronne
d'Emery & de Lorme,fille
de Joachim de Bussi
,
Comte de Brion, & de
Françoise de Saulx de Tavanne.
,
Le Pere de Mesgrigny a
eu pour frere aisnéJean-
François de Mefgrigny
,
Marquis de Vendeuvre
,
Baron de Concheri, Scigneur
de Montmartin, lequel
a épousé Henriette-
Françoisedu Mesnil-simon
Dame de Beaujeu, fille
d'Edme, Marquis de Beaujeu,
Lieutenant de la Compagnie
des ChevauxLégers
de Mr le Prince, & de
Loüise Pot de Rode, dont
ila Jean- Loüis, Charles-
Hubert
à
& Gabrielle de
Mesgrigny,neveux&nio
ces du P de Mesgrigny.
Pour oncle paternel
,
il
avait François de Mesgrigny,
ChevalierdeMalthe,
Gouverneur des Tours de
Toulon,& de Balaguier,
Capitaine -
Commandant
de Vaisseaux & Galeres ,
Seigneur de Briel, d'Echarson,
&c.lequel a épousé
RenéedeBeüil,fille de
Jean de Beüil
,
Comte de
Marans
,
Seigneur de la:
Marchere,Vouvray. &c.
dontil a François Joseph,
Chevalier de rvlalrhc; RenéeFrançoise
, Simone-
Marie, & Loüise de NIe!:
grigny. Il porte d argent au
Lion de sable, Heaume
couronné d'une couronne,
de Marquis, Cimier un
Grifon
,
Supports deux
Grisons
1
L'Abbaye de S Martin
d*Aucun àtVIr l'Abbé Mon..
gin, Précepteur des Enfans
de Mr le Duc, & qui el1 à
present de FAendémie Françoise.
REMARQVE.
Cette Abbaye est de
l'Ordre de S. Benoist. Aimon
le Moine dit que la
Reine Brunehaud dont le
corps y repose
, en est la
Fondatrice. S. Mederic,
natifd'Autun, aestéAbbé
deSaint Martin avant que
d'allerresiderà Paris où il
est mort.
L'Abbaye de Savigny, à
Mr l'Abbé de Damas; il
est frere de Mr de DaniasY
Maréchal deCamp ; qui
estdistinguéau siege de
Gironne.
REMAR,QVE.
Cette Abbaye
, nommée
en
LatinSabiniacum,
est de l'Ordre desBenoist,
& situéeà quatre lieuës de
Lyon.
Il y a dans la BasseNormandie
une autreAbbaye
qui porte le nom deS,;,vigny.
Elle est dans le Diocesc
d'Avranches & Domfront,
environà une lieuë
de la rivière d'Aidée. Les
anciennes Chroniques de
cette Abbaye portent que
leSolitaire Virai quienfut
le premier Abbé acheva de
la bastir dans les bois de
Savigny, sousl'invocation
de la sainte Trinité
,
l'an
III2. par les hberalirefc de
Robert, Seigneur de Fougères,
& qu'il donnaaux
Religieux la Régie de Cisteauxdans
route sa pureté.
Il mourut le 7.JanvierIII9.
&. eut Gcofroy pour successeur.
L'Abbaye de la Magdelaine
de ChasteaudunàMr
l'Abbé de Saumery.
REMJRQJVE.
Cette Abbaye, qui sert
aussi de Paroisse,aesté fondée
par Charlemagne.
L'Abbaye d'Entremont
àMr l'Abbé Viala, Grand-
Vicaire d'Ambrun.
L'Abbayede S. Pierre
de Rheims
,
à Madame de
Roye,dela Maison de la
Rochesoucault
,
& soeur de Mrs les Comtes de
[
Roye oc de Roucy ,&de
seuë Me de Pontchartrain.
REMARQUE
Cette Abbaye sur d'abord
bastie dans le Fauxbourg
par saint Baldric,
frere de sainte Dode, niece
de sainte Bcuve
, toutes
deux Abbesses de S. Pierre.
Sainte Beuve gouverna cette
Abbaye en 61.7. ôcmourut
en 673. Leurs trois
Corps furent transportez
dans la nouvelle Abbaye
de saint Pierre qui est dans
l'enceinte de la Ville de
Rheims prés les Cordeliers.
L'Abbaye de Juvigny,
à Me deVassinhac.
REMJRQJVE.
Cette Abbave
, nommée
en Latin Joviniacum
, efl: du Diocese de Treves,
dans le Duché de Luxembourg
,à (ept ou huit lieuës
de Verdun. Elle fut sondée
dans le 9e siecle.
L'Abbaye de la Barre,
à Me du Bois.
Au mois de Mars Mre
Antoine SicauldAbbé de
Bonlieu
,
Grand Vicaire
de Lyon , Chanoine &
Chantre de SaineNizier,
futnomméEvesquesuffragant
deLyon.
L'Abbé de Dromesnil ,
Aumosnier du Roy
,
fut
sacréEvesque d'Autun,
Dimanche 22. Mars dants
l'Eglis de la MaisonProfessedes
Jesuites, par Mr
le Cardinal de Noailles,
assisté de l'EvesqueDucde
l-wn, & de l'Evesque de : Troye.L'Abbé deDromcfnil
mesnilest Docteur de Sorbonne
;il eut le premier
lieu de sa licenceen 1704,
l'année precedente il avoit,
remporté le prix d'Eloquence
del'Académie
Françoise,& dans la: mer..,
me année, il fut fait A umosnierdu
Roy. Cet AbbéestdelaMaisond'Hallencourt,
l'une des plusanciennes,&
des mieuxalliées
dé Picardie;cetAbbé elfe
frere d'EmmanuelJoseph
d'Hallencourt ,Marquis
de Dronicfnul- cy-devant
Capitaine Lieutenantdela
Compagnie des Chevaux
Legers de M. le Dauphin.
Il est fils ainsi que l'Evêque
d'Autun, de Loüis
François d'Hallencourt
Comte de Dromesnil ,
, &
de Françoise de Proisi;&
petit fils de Françoisede
Boufflers, soeur depere du
Mareschal
deBouffltrsr.
les
autres fillesquisont entrées
dans la Maison d'Hallencourt,
onttou rtaiflanceelleseftoienédes 4
Maisons de l'IsleMarivaut;
Estampes, Valençay,Humieres
,
Boulainvilliers, ;
& d'autres Maisons illustres.
Le 31. Mars Mrc Henry
Charles du Cambout
, Evesque de Mets,prit seance
au Parlement en qualitè
de Duc de Coislin
, Pair
de France.
En finissant la seconde
Partie je viens de recevoir
la nouvelle de ce
Mariage.
MonsïeurleComte de
Lassay ,ColanèJ.duRégiment
d'Enguien,vientd'époufer.
Mademoiselle de
Montataire, Il est fils d'Armand
de Madaillan de
Lesparre, Marquis de Lassay
, Lieutenant General
pour le Roy des Provinces
cJePrefle, Bugey,Valromay
& Gex.Mademoiselle
de Montataire est fille de
Loüis de Madail lan de
Lesparre, MarquisdeMontataire
5
& de Mariede
Rabutin, fille de feu Mon*
sieus le Comte de Bussi.
•, LaMaison deMadaillanest
originairedeGuyenne,
où elle a possedéde
grandes Terres. Les Seigneurs
de cette Maison
connus dans les anciennes
Histoires fous le nom des
Sires de esparre,ont esté
pendant longtemps Gouverneurs
de cette Province,
où ils ont pris des alliances
avec les plus grandes
Maisons de ce pays
Guillaume Amanieu de
Madaillan Sire de Lesparre,
épousa en I408.Jeanne,
fille aisnée du Comte d'Armagnac
,
dont la grande
mere estoit Princesse de la
Maison de France, & petite
fille deS.Loüis
Le filsaisné de ce Sire
de Lesparre né fous la domination
des Anglois,
soustint rrop opiniatrément
leurParry,aprés avoir
défendu Bourdeauxcontre
Charles septiéme
; ce qui
luy fist perdre la vie, & ses
biens furent confisquées.
La branche cadette de
cette Maison qui estoit dés
lors dans le service des Rois
de France, & connuë fous
le nom desCSe7igneurs de Montataire,a produit des
gens de mente , qui ont
tousjours servy nos Rois
avec beaucoup d'attachement&
dans desemplois
considérables ; & qui ont
continué de prendre des
alliances dans les meilleures
Maisons du Royaume.
C'estdccerte branche à
present la sule de cette
Maison ,qu'est sorty Mr le
Comte de Lassay dont je
vous apprens aujourd'huy
le mariage.
~1roiflart Monstrelet ,
l'Histoire de Foix, d'Avila,
d'Aubigné,Mezeray,
& la Genealogie de la Maison
de France par le Pere
Anselme, rapportent ce
qui est ditcy-dessus
, fit
beaucoup d'autres cliofcs
choses quigrofliroienc
trop ce Memoire. ;- '.,
MERCURÈ
III PART1E.
fAMVSEMENTS•
Selon l'ordreque je me
fuis proposé pour la divi.
siondu Mercure,cette3e
Partie devroitcontenir
toutes les especesd'amusements,
dont on paît
égayer un Mercure
mais je n'ymettraypour
ce mois-cy que des Pieces
serieuses.
EXTRAIT
DES FÀITS
V
LES PLUS IMPORTANS
CONCERNANTS
FEUM'LEMARE'CHAL
DE CHOISEUL. LA Maison de Choi-
,-
seul est si connue
dans l'Europe pour son ancienneté,
& la Noblesse de
son origine estsi amplement
rapportçc dans le Nobilier
de la Province de
Champagne, d'où elle la
tire, qu'il suffira pour établir
la haute naissance de
Monsieur le Maréchal de
Choiseul, de dire que dans
la preuve qu'ilfit de sa Noblesleen1688.
lors qu'il
fut faitChevalier de l'Ordre
par une genealogie qui remonte
jusqu'à
17 ayeuls &
ayeules; il justifiequeJean de
Choiseul quivivoit audouziémesiécle
son ;onziéfQc
ayeulfit l'hômage-lige avec
la Princesse Alix de Dreux
sa mère, dans untitre: de
l'Abbaye dela Chancedatté
de l'an 1239qu'ildevoit
à l'Evêque deLangres à cau
fc de son Château de Choiseul
,
qu'ils'obligeaàdeux
cent marcs d'argent pour
les conventions du Mariage
de Margueritte de Navarre
avec Ferry II.Duc de
Lorraine,&endonna Ces
Lettres l'an 1149, qu'il
confirma au moisd'Avril
de l'an 1252,,toutesles dotations
queReignier Seigneur
d'Aigremont perc
d'Alix d'Aigremontsafemme,
avoitfâitaux Religieux
del'Abbayede Moritnont
dontilsfont Fondateurst
&de-* celle de Molesme
,
& qu'au mois d'Aoust de
l'ànnée suivante, il promit
à Hugues Comte de Bourgogne
de faire la guerre
auCotme de Champagne,
& de l'aider de Ces Châteaux
de Choiseul& d'Aigremont
,
& qu'en l'an
126 5 ,
il termina un différent
qu'il avoit avec Thibault
Comte de Bar son
Coufin, au nom duquel il
avoit répondu de mil marcs
d'argent pour laseureté des
conventions du Mariage
de ses Enfans avec ceux du
Comte deBourgogne, son
pere qui écoit Regnard de
Choiseul 1
2e ayeul du
Nom. Sirede Choiseul
assigna l'an im, la moitié
de sonChâteau deChoiseul
pour le douaire de -la.
Princesse Alix de Dreux sa
femme )men: dudit Jean de
Choiseul
,
qui étoit veuve
de Gautier de Bourgogne
frere d'Estienne II. Comte
de Bourgogne ; Elle étoit
fille de Robert11. Comte
de Dreux 4e fils. du Roy
Loiâis VI dit le Gros &
d'Alix de Savoye
,
l'an
12 jj, il fut l'une des cautions
du Mariage de Blanche
fille de Thibault Comte
de Champagne, & Roy
de Navarre, avec Jean fils
de Pierre Duc deBretagne :
cette Maison a toujours été
reputée grande dans son
enginc , tous les Historiens
qui l'ont curieufcmçnt
recherchée la croyant sortie
des anciens Comtes de
Langres, &du Bassignyqui
étoient Souverains, dont
plusieurs Branches se font
conservées, JLïtejuàprêtent.
LesMarquis de Langres, Barons
dïAmbonnéville, & de
Beaupré; les Barons de Meuse
,
Marquis de Germay ; les
Comtes de Che'Vigny) les Bâtonsd'Aguelly
; lesSeigneurs
:
de Villars & de Bussieres ;
les Marquis de Praslain Comtes
du Plessis &Ducs de Choiseul
Pairs de France
,
d'où
sont issus les Maréchaux de
Praflain & du Plejfis ; les
ComtesdHostel> & les Seigneurs
de Voteau.
Mr leMaréchal de Choiseul
cft né le dernier Decembrc
1632.. & morele1j
Mars 1 7 11. âgé de 78 ans
deuxmois& 15 jours. Il
étoit fils de Loüis. de Choiseul
,
Seigneur Marquis de
Francieres, Lieutenant General
des Armées du Roy,
Grand Bailly & Gouverneur
de Langres. Il s'appelloit
Claudede Choiseul Marquis
deFrancieres, Premier
Maréchal de France
,
Chevalier
des Ordres du Roy,
Gouverneur des Ville &,
Citadelle de Valenciennes,
GrandBailly&Gouverneur
de laVillede Langres,
-
-
En l'année1649. dés Tige
de 16. ans il commença
à donner des preuves de son
courage,en servant de Vo
lontaire jusqu'au temps que
le Marquis de Franciere fart
pere,luy avant cédé la Compagnie
qu'il avoit dans le
Régiment du Grand Prince
de Condé,il se trouva en
cette qualité au combat de
Vurysur Seine, appelléle
combat S. Antoine, oùil
mérita
, par la valeur qu'il y
fit paroistre
,
le Regiment
de Cavalerie, dont Sa Majessé
lhonnora en 16 3.
temps oùil n' y en avoit que
huit au neufen France, ce
que leCardinal Mazarin luy
ditavant d'obtenir cc Régiment
,est digne de rermaque
; on l'appelloit alors le
Comte de Choiseul, nom
qu'il a toujours porté depuis,
jusquace qu'ilaitesté
fait Maréchal de France : il
avoir combattu en cetce fameusejournée
avec tant de
courage à la tête du Régiment
de Coridé, où la
plupart des Officiers furent
tués, & il s'estoit si fort ex- posé qu'il y futblessé ÔC
pris prisonnier,leCardinal
le voulutvoir,& luy parla
en cette forte: Monsieur
evousavezbienfaitniais voûï
ave% malfaitvous avek bien
fait en combattant en -tre^~
brave hommé, maisvousavez
malfaitdeservircontreleRoy
vôtre Maistre ; le Comte de
Choiseul luy répondir.-Â/arë.
siuerjesuisencore trop jeune
pourfaire des refléélions3jfajf
obéi aveuglémentàmon Pere;
le Cardinal luy répliqua:
Hé bien, fyîonficur
,
le Roy
seravostre premier Pere
y
alltz
Chf'{--WNS attendre fis ordres
Eneffet quelque tempsaprès
onluy envoya le Brevet de
Mettre de Camp de Cavalerie,
qu'ilreçût del'agrément
même de Monsieurle
Prince; il se signalaà la tête
de son RegimentauxSièges
deMouzon & de Sainte
Menehoult,en 1654. àceluy
d'Arras, où les Ennemis
qui attaquoient cette Place,
ayant esté forcez dans leurs
retranchemens,ildeffità
la tête de son Régiment cc:
luy d'Obock, dont ilgagna
les Timballes,SaMajesté eu
fut sicontente,qu'Elle IUY
accorda une pensionde mil
écus, qui estoit pour lors
sort considerable. En16
il se trouva aux Sieges de.
Landrecies, Condé & S.
Guillain, & àce dernier
ayant joint la capacitéauf
courage, il opposa si à propos
quelques Escadrons aux
Ennemis, qu'il facilitabeaucouplaréduction
decette
Place.
1 En1656.ausiege deValenciennes
,
les Ennemis
ayant attaqué le Maréchal
de la Ferté qui y comman-; doit,le Comtede Choiseul ;
par sa vigilance & par sa
valeur
,
donna moyen au
Marquis de Renelde retirer.
les Gardes Suisses restées
dansles Tranchées,où ellles.
auroient esté accablées par
le grand nombre des Ennemis.
En 1657.lorsque feu
Monsieur le Maréchal de
Turenne investitCambray
la fermeté que le Comte do)
Choiseul témoigna en attendant
avec 12. Escadrons
seulementles ennemis, qui
enavoient trente&quivenoient
pourtomber surles
bagagesdel'Armée,qu'ils
auroient pillez, cette fermeté
leséconria tellement,
qu'ils seretirèrentsans oser
rienentreprendre.En1658.
sonmenteaugmentant de
jour en jourluyacquit avec
raison la confiance des Ge"
neraux ,le Maréchal de la
Ferté luy donna le, Commandement
d'unCorps.de
deux mil hommes, pour
couvrir Landrecies, le
Quesnoy &les Places voisines,
pendant qu'il aflîegeoitSaineVenant&
Mardick,
&que le Maréchal de
Turenne&ttaquoit DpnKçtque.
En
En 1664. après la Paix
des Pyrenées, le Comte de
Choiseul n'ayant plus d'occasson
en France designaler
sa valeur, il demanda
d'aller à la tête d'un Regiment
en Hongrie avec
les Troupes que Sa Majesté
envoya au secours de l'Empereur
,
qui arresterent par
le gain du fameux Combat
de Saint Godard le cours
des prosperitez des Armées
Ottomanes. Ilse signala
fort en cette occasion.
En 1667 le Comte de
Choiseulfut faitBrigadier
des ArméesduRoy&dans
la guerre qui recommença
alors il donna de nouvelles
marquesde sa capacité& de
son zele, En 1668. aux sieges
de Tournay., Doüay
& Lisle, que Sa Majestésir
en personne, il fut détaché
pour chercher le Comtede
Martin
,
commandant les
Troupes Espagnolles yit
dessità latête du Regiment
d'Hostein ce célébré Général,
&,fit beaucoup d'Officiers
prisonniers, cette doffaite
fut encore remarquable
par laprise de Don*
Antoine de Cordouë
,
qui
commandoit la Cavalerie
Espagnolle.
En1669. leComte de
Choiseul fut fait Maréchal
de Camp, & envoyé en
Candie, où il demanda d'alleér
avec les Troupes que le
Roy y fit passer au secours
des Venitiens : Il répondit
tellement par ses actions à
la bonne opinion qu'on
avoit de sa capacité
, que
les Venitiens ,& le Sieur
Morosini, leur General, en
firent des Eloges, qui ont
cIe rendus publics partoute
l'Europe ; ils reconnurent
authentiquement combien
sa presence leur avoircfté
necessaire, lorsqu'estant
demeuré à ce Siège feulearjenc
avec six cens hommes
après rembarquement du
leste des Troupes
-
de Sa
Majesté il dit au General
Morosini : Les François n'aandonnent
point leurs amis
sans les mettre au moins en
seureté, quand il est impossible
de leur procurer la victoire.:
Ensuite il fit un tel effort
avec Ces six cens hommes,
(jtui epoussa les Turcs, &
lui donnal ieud'obtenirune
Capitulation honorable, dans le moment qu'il devoitpérir
avec toute &
Garnison.
La Republique de Venise
fut si touchée de cet important
service,qu'elle ordonna
à son Ambassadeur à Paris,
d'aller de sa part faire
des complimens &:des remercimens
au Comte de
Choiseul, dontils'acquitta.
En 1671. àla Guerre de
Hollande il se distingua
aux Sieges d'Arnheim, du
Fort de Schinck, de Nime:
gue, de Crevccoeur
, & de
Bomel.
;
En 1673. à la deffese
de Prague près de Wesel, qu'il ne gardoit qu'avec un
Bataillon & une Compagnie
de Cavallerie
,
il arrêrai
tout court le Prince d'o.
range,qui ne pût le forcer
avec toute son Armée.:
En 1674.il se distingue
au Combat de Seneff. '.;
En 1675.ilcommande
un Corps de Troupes pen..
dant l'EstésurlaMeuse,&
l'Hyver en Lorraine fous le
M^t&chal de Rochefort il
pritla Ville de Deuxponts,,
& plusieursChafteaux.
En 1476. le Comte de
Choiseul fut fait Lieutenant
General des Armées;
du Roy:Il deffit cette même
année une Efcortc tresconfiderable
de Fourageurs,
& lorsque le Maréchal Duc
de Luxembourg se retira
fous Saverne, le Comte de
Choiseul conduifir l'Arrieregarde
de l'Armée qu'il
commandoit, & la garantit
par sa bonne conduite du
rilque qu'elle couroit d'être
entamée par l'Aimée^ çanemie.
En 1677. il se trouva à
la Journée de Cochsberg,
où l'Armée des Ennnemis
fut défaire, il avoir déjà
disposé toute l'Armée,
quand le Maréchal de Crequy
arriva juste pour avoir
Thonneur de la victoire,
MonsieurdeChoiseul finie
cette campagne par le
siege de Fribourg.
En 1677. ilattaqua avec
le même succès un Corps
de Troupes des Ennemis,
fit plusieurs Prisonniers,apprit
beaucoup de bagages
cetteactionfut, suivie d'une
autre
autre prés Rhinfeld
,
où il
força & battit les Ennemis
retranchez, prit SeKingen.
aprés s'être rendu Maistre
d'un Poste qui en estoit
proche.
En 16-, p. il se trouva à
laprise des Forts de Stras
bourg,& battit l'arrieregarde
des Ennemis prés de
Minden.
Son merite & sa capacité
s'estant fait remarquer dans
tous les endroits où ila fer-
.J
vi; le feu Electeurde Cologne
le demanda au Roy
en 1684. pour commander
son Arméeenqualité de General
& FeldMaréchal, & il
est dit dans le monde à ce
sujet, qu'une personne puissante
qui ne lui estoit pas
favorable, dit au Roy que leComte de Choiseulestoit
un Officier tres-capable
,
mais qu'il avoitla veuë basse;
à quoi Sa Majesté répliqua
il en verra mes Ennemis de
plus prés.
Il réduisit la Ville de Liege
à l'obeissance de cet Electeur,
par une action qui eue
esté temeraire s'il y eut eu
unmeilleur party à prendre;
maisla témérité devient pruetice
en certaines extremitez
où l'audace est necessaire
pourintimider ceux qui vous
accableroient par le grand
nombre un petit parti qui
tenoit encore pour l'Electeur
dans la Ville contre
cinquantemille revohez
en armes, lui livrant une
des portes, par laquelle il
entra avec sa seule Compagnie
des Gardes, pendant
que toute son Armée étoit
derriere
, un des Mutins le
coucha en jouë avec un fusil
bandé pour le tuer;son Capitainc
desGardes se jetta dcf,
ÍUs, & l'alloit tuer d'uncoup
depistollet ; mais leComte
de Choiseull'empêcha en;
cliant; ah ne luifaitespointde
mal, ilestassezpuni,puisqu'ila
peur; en fuiteil sempara sans.
perdre temps de toutes les
places&des avenues par le
moyen du party
-
qu'il avoic
dans la Ville,destrouppes
qu'il y fit entrer sur le
champ;cette richeVillevoulut
luyfaire present d'une
somme tres-conisiderablea
qu'il refusa
, coûtent du
present de l'Electeru qui
lui donna uneépée garnie de
diamants, & quatre picces
de canons qui sont sur la
principale Tour du Chas.
tcaud'Irouer en Bourgogne,
parBrevet de Sa Majesté.
En 1689. il commanda
un Corps separé sur le haut
Rhin, pour s'opposer à fEJelèeûr:
de Bavierre qui le
trouva posté, de maniéré
qu'il n'osa rien entreprendre
avec toute son armée, quoy
que le Comte de Choiseul
n'rot que trente-deux Efèadrons
fous ses ordres, & un
RegimentdInfanterie. Il
prie à la fin de la Campagne
Bretten dans le Marquisat de
Baden, fit prifonnicrs 600
hommes quiétoient dedans,
& repoussa un Corps de
Troupes qui s'estoit approché
pour la secourir.
-
En 1690. il continua ses
services en Allemagne fous
le Maréchal de Lorges, en
1 6 9 1. il fut envoyé à
S.Omer, à desseind'yassemblerun
corps detroupes
; les Ennemis menaçany
d'attraquer nos Places Maritimes
,
& en 1692. il servit
en ladite qualité de Lieutenant
général
,
fousle Marechal
de Bellefond
,
le long
des Costes de Normandie.
Au mois de Mars 1693.
le Comte de Choiseul fuy
fait Maréchal de France,
lamêmeCampagne de1693.
il commanda en sécond l'Armée
d'Allemagne,que Mr
le Maréchal de Lor ge comme
son ancien commandoiy
en chef; Mr le Maréchal de
Choiseulla commanda fcul
pendant quelque temps ;
Mr le Maréchal de Lorge
estant allé au devant de
Monseigneur&de son Armée,
que conduisoit Monlïeur.
le Maréchal de Bouf
flers.
En 1694. Mr le MaréchaldeChoiseul
fut nommé
,
pour commander surles
Costes Maritimes du Ponent
une Armée pour s'apporer
aux enrreprifes des Ennemis;
il commandoit dans toute
l'etenduë des Provinces de
Normandie & Bretagne ,
comme General d'Armée,&
comme Gouverneur, de maniéré
que Sa Majesté en l'honorant
de cet Employ
,
lui
dit je vous donne le même
Commandement, avec la
même authorité qu'avoit
mon frere la campagne dernière;
en sorte que ses ordres
depuis le Conquest par delà.
Brest se portoient jusqu'au
Treporc au delà de Dieppe;
ce qui fait plus de cent quatrevingt
lieues.
En 1695. Mr le Maréchal
de Choiseul eut le même
Commandement sur les
Costes de Normandie & de
Bretagne, Dieppe;qui se trouvoie
éloigné de plus de 60
lieues de la Hogue, où il campoit
avec son Armée fut
bombardé par les Ennemis
& sort endommagé, le Maréchal
de Choiseul quelque
.diligence qu'il sit nayant pû
s'y rendre assez tost, il prévint
les Ennemis au Havre qu'ils
bombarderent ensuite avec
furie; mais par sa prévoyance&
par les bons ordres qu'il
donna dans la Ville; les Ennemis
après avoirresté devant
trois jours & trois nuits,
furent obligez de se retirer
après y avoir perdu leur plusgrande
Galiotre, qui fauta
d'une deno s bombes;on prit
tout ce qui estoit dessus ;ils
esperoient dans la terreur où
tout ce Pays se trouvoit;s'emparer
de cette Ville que le
Bourgeois avoit entièrement
abandonné en laissant lesportes
de la Ville ouvertes, &
même le Commandant , quoi- que jusqueslà connu
pour un brave homme, se
trouvoit saisi de la même
crainte,&s'étoit enfermé dans
une tour dont il n'osoit fortir
avant que le Maréchal de
Choiseul fut arrivé; lequel
par sa presence & par ses (agesprécautions
sauva l-el Ville
de l'incendie; il n'y eut seulement
que deux ou trois maifons
endommagées ou brulées.
En 1696 ,
Sa Majesté
nomma Mrle Maréchal de
Choiseul pour commander
en chef son Arméed'Allemagne,
avec laquelle il
passa d'abord le Rhin, &
-
subsista longtems dans le
Marquisat de Baden aux
dépens desEnnemis; cfrfuite
ayant repassé éèfleuvê
avec son Armée, il marcha
jusques auprès de Mayence
,jusqu'à ce que la
substance luy manquant,
il fut obligé de remonter
fut le ruisseau duSpirback,
qu'il occupa dans toute son
étenduë,depuis Neustat jusqu'à
Spire
,
qui font5grandeslieuesd'
Allemagne.Mr le
Prince de Baden ayant passé
le Rhin à Mayencc avec
toutes les forces de l'Empire
qui rendoient son Armée
plus nombreuse d'un
tiers que cclle de Sa Majesté,
quoy qu'elle eûtesté
jointe par un corps détaché
de celle de Flandres , commandé par Mr le Marquisd'Harcourt
Lieutenant
General, publioit aussi-bien
que tous les Alliezqu'il aL
loit faire le siege de philisbourg
ou celuy de Landau
,
& ravager l'Alsice.
Il avoit à sa suite toute
l'artillerie, &les munitions
de guerres necessaires
,
&
ses magasinsassurez ; fou
projet paroissoitbon, aucun
General jusques
-
là
n'avoit pensé de garder un
si grand espace de pays,
avec une Armée fort infe- ;
ricure à celle de son Ennemy
,
n'ayant pour se couvrir
qu'un simple Ruisseau
gayable, & presque deses- ¡,
chépar tout, sans aucuns
retranchemens. Mnsieur
le Maréchal de Choiseul
fit feulement à la haste relever
un peu de terre le long
dece ruisseau,& quelques
abatis d'arbres. Le Prince de
Baden marchoit à luy à
grandes journées, ille trouva
campé en cetétat,ayant
sa droite appuyée à Spire,
c'est à dire, au Rhin, sa
gauche à Neustat
petite
»
Ville au pied de la Montagne,
& son centre fortifié
de quelques redoutes,
&
d'arbres abatus, sa fituation
, & plus encore l'alfu.
rance de son Armée fous
un tel General, arresta tout
court le Prince de Baden ; il s'amusa à cannoner un
Château au-dessus de Neuflac
qu'il ne prit point,
non plus que cette Ville
qui n'auroit pas tenuë contre
un détachement de cent
Dragons, quoy qu'ellefût
de son côté au-delà dudit
ruisseau,& après avoir passé
trois semaines, les deux
Armées en presence à se
cannoner de part & d'autre,
Mrle Prince de Baden fc
retira ,
retira, & finit la campagne,
sonArmée en tres mauvais
état, ayant beaucoup souffert.,
sur tout sa Cavalerie,
celledu Roy ayant auparavant
consommé ce qu'il
y avoit de fourages,au lieu
quecelle deSa Majesté avoit
aborrdahcedetouteschoses;
sanstrop loüer Mr le Maréchalde
Choiseul, on peut
dire que ce parti hardi qu'il
prit de luy-même contré
l'avisde plusieurs Officiers
Généraux, est un trait de
grand Capitaine, & des
plusexpcîrimeiitez.1
En 1627.il continua le
même commandement CD
Allemagne, subsista longtems
avec son Armée aLi
prés de Mayence aux dépens
des Ennemis, pendant que
Mr le Prince de Baden avec
celle de l'Empire assembloit
de l'autre côté du Rhin
plusieurs ponts pour passer.
ce fleuve, & ravagerl'Alsace
; Mr le Marechal de
Choiseul pour l'empêchec
marchaàl'entréedela nuit,
avec tant dediligence qu'cD
moins de trois joursil avoit
passé le Rhinau FortLoüis
avec toute son Armee , armes
, canons & bagages,
& campa au milieu du Mat*
quisatde Baden,ayant fait
plusde trente lieuësd'Allemagne
; Mr le Prince de
l'autre, côté du Rhin, pour
lobserver ,croyant que
nôtre Illustre General, vouloit
feulement couvrir l'Alface
, comme il en faisoit
courir le bruit,fut dans un
étonnement incroyable d'aprendre
que l'Armée du
Roy innondoit son propre
Païs,tous sesprojetsenfurent
deconcertez;ilnepensa
plus qu'à couvrir l'Allemagne
où l'Armée du Roy
subsista la plus grandepartie
de la campagne au desfous
& au-dessus de Strasbourg,
où le Maréchalde
Choiseul auroit emporté de
grands avantages, sans les
pluies qui tomberent pendant
prés d'un mois sans
discontinuation,&qui rendirent
les chemins tellement
impraticables qu'il fut impossible
d'attaquer les Ennemis
dans leurs retranchemens
le long de la Montagne
; cet espece de deluge
embarassa même extrêmement
l'Amée du Roy dans
sa retraite, où les Ennemis
parurent inutilement
pour donner sur l'arrierc..
garde,ils ne purent l'enta.
mer par aucun endroit:
elle subsista le reste de la
campagne toujours aux dépens
des ennemis au Païsde
la Saarre
,
où les ordres
arriverent pour une cessation.
d'Actesd'Hostilitez
de part &d'autres en attendant
la fin du Traité de Paix
qui fut conclu à Rifwick ;
Mrle Mareschal ds Ghoiseul
à son retour à la Cour
aprèsavoir rendu compte
au Roy de sa Campagne, luy representat que sa santé
& sa vûe eftoienr si fort affoiblis
qu'il estoit obligé
de dire à Sa Majesté, avec
regret, qu'il ne se trouvoir.
plus en estat de pouvoir
aller à la guerre à l'avenir,
& qu'il estoit heureux d'en
sortir avec l'honneur de son
<eftimë ; le Roy luy repon?-
dit avec bonté qu'un Homme
commeluy luy seroit
toûjoursnecessaire.
Eusuite SaM. pour mac--
quer qu'Elle étoit contente
de ses services, de son propre
mouvement, ju geant
qu'il n'avoit pas assez de revenupour
subsister convenablement
selon son rang,
changea le Gouvernement
qu'il avoit de Saint Orner
,
qui ne valoir que 12 mil
livres à celuy de Vallenciennes.
quiest de 30 mil
Ivres.,
Au commencement de
Jannéç'1707érpnt.devenu'
leDoyen des. Maréchaux
de France, par la
mort de Mr le, Marefcb^l
d'Estrées, malgré la màtivaisesanté,
il fé donna
tout entier aux affaires de
la Mareschaussée jusqu'au
mois de Fevrier 1711,
que se sentant afforblir
beaucoup
,
il supplia- Sa
lMajcll:é de trouver bon
qu'ilquittât ce tra~ait~~u~c
sa santé neluypouvoit plus
foût-t-ilit-) le Roy k luy
permit avec Eloges,die
qu'ilapi^buvbittôûjours
que-lèsj Ht>mrnSs?dè diftitlaion
,commeluymissent
un intervale entrela vie
& morè ,SaMajestédit
qu'il
qu'il le prioit de conserver
la santéd'un Homme qu'il
avoit toûjours estimé.
A sa mort qui arriva
le quinze Mars, c'est-àdire
, fort peu de tem ps
après,SaMajesté dit publiquement
à son sujet, qu'-
Ellevenoitde perdre un
vertueux Gt--litilï.hon-Ime
:
grandElogo danslabouche
d'un Roy,qui parlant [don
r
son coeurcomprend f-ou'$lc'è-,-
mot devertueuxtout ce
; qui peut faire le Panegirique
d'un grand Homme.
LorsquesaFamilleallaannoncer
cettemort à Sa M;,,,
& témoigner sadouleur sur
cette perte, SaMajestérépondit
je perds aussi un Sujet
qui m'a rendu d'importants
fervices, &qui a sçûrendre
dignementla Justice ;
SaMajestéavoit un si grand,
fonds de confiance en sa
probité &sincerité
, qu'en
plusieurs rencontres Elle a
cité, pour faitsconstants,
cequ'Elle sçavoit par luy,
en disant, Cboifeulmcula
dit. ii On a fort admiré dans
le Monde la maniere
dont il remit la Connétablio
entre les mains du
Mareschal de Villeroy
soïs esprit fain & entier,
sa santé luy promettoit encore
plusieurs annéesde
vie; mais il vouluen'être
plus occupé que des foins
de son salut,& de l'arrangement,
de ses affaires ,-&
lors que quelque tems a près
il vit sa santé diminuer
il preparoit luy-même se,s
Amis à une separation qui
l'attendrissoit sans s*allarmer.
Enfin quand on luy
annnonça qu'il falloitfonger
à ses Sacrements
,
il
dit d'un air ferme & gracieux.
t^ous me faites plaifr
, car je me sens diminuer;
il eut l'aprésmidy
une conversation avec Mr
l'Abbé Fl.., homme
doüé d'un profond sçavoir
& d'une aussi grande pieté,
aveclequel il en avoir déja
eu plusieurs de cette manière
: Le foir il seconter
ôç le sit avec grande présence
d'esprit le lendemainqui
estoit le Vendredy
matin 13 Mars
,
il recût
le saint Viatique & l'Extrême-
Onction; repondant
à toutes les Prières,
avec une humilité, unepiété
& une édification admirable
;le reste dii jour ille
passa tranquillement, , parlantavec
une entiere connoissance
; même le soit
son Domestique luy parlant
d'une querellede deux
Medecins qui estoient prests
à se battre dans son antichambre
,
sur un remède
qu'onvouloitluy donner,
il répondit en riant
,
ilssi
battent pour peu de chose
le peu de , vie qui me reste
ne vaut pas la peine de disputer
; >ynais il faut pourtant
mourrir dans les formes ; la nuit sepassa encore assez
bien; mais sur lesquatre
heuresdumatin, ilfut
fort agité, il fallutle lever
dans son fauteüil
,
où il
resta, du temps ; mais ne
pouvant plus tenir, on le
remit au lit avant midy , auquel temps il ne parla
presqueplus, mais il entendoit
& serroit la main
à son Confesseur en embrassant
le Crucifix; le Samedy
jusqu'à minuit,il
fut à peu prés de Inefrne',
-
en empirant toûjours jut:
qu'au Dimanche à midy
1 5 Mars qu'il expira, sans
aucune violence
, comme
une lumière qui s'éteint
faute d'huile.
, Mr le Maréchal de
Choiseul à la mort de
son pere quil'avoittoûjours
flaté de luy laisser
trente mille livre de rente,
trouva plus de dettes
que debiens; on luy
proposa de prendre des
,
Lettres, d'Etat
3,
pour
.pouvoiravec* le/tenis,
s'aqufetêr petitàpetit
sans s'incommoder;non,
: dit-il ; il vaut mieux
-siftcômàderquedéfaire
attendre ceux a qui l'on
doit ; ensuiteilassembla
tous les Créanciers
de sa Maison, S( leur
distribuà les Terres dont
,
il auroit pû joüir long-
,
tems malgré eux, & seroit
restésans bien si le
Roy parses bien-faits ne
-
l'eût mis en étatdesub-
: sister.fplong -Ilfèroittroplongde
raporter toutes sesactions,
dejufticc,&C de
rgénerofité , ilprenoit
souvent sur fbii necef-
-- saire pour aider ses proches,
ses amis, & ceux
quis'atachoientàluy. Il
n'y a jamais eu un meilleur
parent,un meilleur
Ami, ni un meilleur Maître;
en un mot, le grand
nombre d'actionséclatantes
publiques & particulieres,
Tiinformioé
desoncaracterependant
une longue vie ; le jugement
des plus grands
Hommes du dernier Siecle,
qui l'ont loüéhautement
, prouvent bien
lemérite du coeur &
de l'esprit de ce grand Homme.
En effet, peut-on gagner
tant de suffrages,
réussir dans unsi grand
nombre d'entreprises ,
,
se conduire pendant
soixanteans, à la Cour,
à la Guerre,dans lavie
privée,& dans les conjonctures
les plus delicates,
avecune équité parfaite,
un honneur franc,
une exactebien-seance,
& une fermetéinébranlable
, sans avoir un
grand coeur, un bon
sens, un jugement seur,
& un grand fond de veritableesprit.
Mr le Maréchal de
: Choiseul ne1 se piquoit
<point de cette subtilité
,degenie y&C de cette
-politique rafinée, qui
fait le méritede la plus-
- part des Courtisants;
son grand coeur en ref,
fufoit l'étude, &en mé-
"prifoir l'usage:Iln'avoit
.pas besoin d'Art, lavivacitédu
sentiment luy
rfuffifoic faloit - il agir,
falait-ilparler dans une
occasion importante, il
agissoit, il parloit avec
une promptitude ,. ôc
,. une justesse dont les plus
deliez Courtisants ,au..,
roient fait un grand
honneur à leur esprit. i Ila eu le bonheur de
n'en sçavoir point trop,
&de se laisser conduire
par une nature excellen-
-,
te, quilatoûjoursporté
droit à ce qu'il y avoit
de plus raisonnable, &c
de plus vertueux; aurions-
nous en sa personne
le modelleparfait
d'un Gentil-homme ;1,
s'il eûttantsubtilisé surles
principes de la vertus
-& de l'honneur, & H.
lesentiment chez luy eût?*
été embarassé par les
raisonnements delaPhi-1-
lofofie &delaPolitique,
en plusieurs occasions,
dans des tems dificiles,
son honneur Se la reli—>
giondesonsermentsurent,
tentez par l'interest,
d'une grande fortune;
il né fut point assezrafiné
politiquepour se former
denouveaux devoirs par
des raisonnements fub-
19s
, en ces occasions
,
il répondoit gauloise—
ment; il nJcft pas en
moy de faire cela,j'aimerois
mieux mourIr.
Enfin l'ame du Maréchal
de Choiseul étoit
celled'un véritableChelier
Gaulois, verseuse
> confiance
,
intrepide
:1
comme celle des Guesclins,
& des Bayards
,
Pi pendant soixaute ans
comme le modele denô-î
tre.gncieiiiie ?.&£ verjta-i
hle iClicvaiçe : i:
Je parojtroisufurpec.
les droits de la Chaire,;
&entreprendre. l'Osai-;
son Funebredu Masê-î
chal de Choiseul ,ii je.)
voulois montrer,icy,dans
touc leurjour le$;gfàndsî
sentimens - quil'ani- ,,'
moient 8c qui fori
moient en luy ce çoncert
de vertus qui fait le
parfait honneste hotn.
me & le veritable Chrétien
, cette bonté
, cette
humanité
,
cettecharité1
extrême d
:l ce pardon
courageux des injures,
jointà cette suprême valeur;
cette libéralité exercée
de bonne foy ôtiecrettement
sur desennemis,
sur desingrats; ces
vertus sublimesdansun
homme simple font hon..
neur à l'homme & à la
Religion:oüy, l'on peut
dire que l'homme& la
Religion luy ont obligation
d'avoir fourni une
preuve vivante &inCOfl.
testable, que les conseils
de l'Evangile sont sondez
dans la bonne nature,
&que le véritable
heroïsine du monde ne
peut estre perfectionné
qtuiepaanr ceilusy dmu Cheris.-
ENIGME
par Mr de Longueüil,
de l'Academie Royale
d'Angers.
SONNET.
'Fille duSouverain , dont
jeporte l'image De , mon indigneEpoux
je partagelesort;
etcft à moy de dompter
parun puissant effort
Ses rebelles Sujets
,
dont
l'audace m'outrage.
Dansuncachotfragile,
,
&battu de l'orage,
J'ay droitdecommander,
c'estmon uniquesort;
MllisJ'efuis accablée,&
reduite à la mort,
Si ma hautevertu ne
soûtient moncourage.
Parmytant d'ennemis,de
travaux, de dangers,
Je vole nuit&jouren des
lieuxétrangersy
Jeguideuncriminely dont
jedevienscomplice.
De mes aîles en vain le
vol est déployé, - Lorsquepourm'entraîner
aujvnd du précipice
Le poidsfataldu monde àmespieds estlié.
Le même Sonnet.
•'
• - en Italien.-
Filia d'alto j!\/l.onarca 4$
sposo indegno
Congiunta vivo àregnar
fecoekitay
JMa diribellisolcomposto
eil regno;
EignudaJOcCiOtArbi à
me s'aspetta.
Perreggia inriaprigion
racchiujaregno.
Cheà continuavertigine
ej E se non damni alfll
virtù sostegno, ji caduta mortale iofoH
costretta.
` Frà tenebre d'error, fra
,',
inciampi, espine
Ouidarm' è dato il mio
consorte immundo
VAnguftoprecipizjoal
tonfine.
Hol'ali, ever,pernor*
caderafondo;
MÀcheprofjepertrarmi
alle ruine
Con fatal nodo ai pie
legato ho'ilmondo.
SUPLE'MENT
AVIS DEPRISES.
Toulon 26 Mars 1711;
Le sieur Laigle a pris
sept vaisseaux , tant Anglais
, Hollandois, que Catalans
,
donc il en a mène
partieà Malte,& l'autre à
Toulon.
Deuxième Avril1711.
Messieurs les Chevaliers de
Beaudinard & Cassard, ont
pris un vaisseau nommé le
Prince
Prince de Frise, qu'ils ont
amené à Toulon.
La Corogne I Mars 1711.
Le Capitaine Grandjean
commandannt la Fregate
la Guiuguettc de S. Jean de
Luz, a pristrois Flutes qu'il
a conduit à Pontavedre
nommées la , Paix, vaisseau
Hollandais, la deuxieme la
Perle vaisseau Hambourgois,
& la troisiéme autre
Vaisseau Hollandois,chargé
de bled, dont l'Equipage
s'est sauvé à terre à la Coste
de Portugal.
Le Capitaine Nau commandantlaFregatela
Gaillarde
de Bayonne,aconduit
au même Port de Poirtavedre
un vaisseau Anglois
de trente tonneaux.
Le même y a encoreconduit
une prise faite en compagnie
dudit sieur Grandjean,
nommée lePot àfleurs.
Le Havre le 16 Mars 17 11
Le ifeur de Blangues
commandant la Fregate les
Zephirs de Dunkerque, a
conduit en ce Porc un vaisseau
Hambourgois nommé
le Roy David.
Le9 Avril 1711.
Le même a aussiamené
au même Port une prise
Angloifc nommée l'Empereur.
Dieppele 8Avril 1711
Le sieur Duquesnel commandant
la Fregate le Mercure
volant de Calais, a pris
un vaisseau Anglois nommé
la Providence.
Morlaix le 6 Avril 1711.
Le sieur Joachim Poitevin,
commandant laFregate
la Marguerite de S. Malo
, a amené en ce Port une
-
prise nommée la Galete de
Londres do cent tonneaux.
La Fregate nommée le
Marquis d'O de S. Malo
commandée , par le sieur Çadiou,
a aussi amené en ce
Pott une prisenommée le
Jean de Londres.
Marseille le 30 Mars 1711
Qu'il est arrivé en ce Port
un vaisseau chargé de bled
par le Capitaine Bremond.
Calais le31 Mars 1711.
Le Capitaine Duplessis
a pris un Smack
,
nommé
l'Esperance de Stade, qu'il
a amené à Calais.
Les Capitaines Potier &
Batez ont aussi amenez au
Porc de Calais deux prises",
l'une de trente & l'autre de
cent tonneaux.
S. Malo 10 Avril ijiï.
Le sieurHainscommamdant
le Vaisseau la Reine
des Anges,a pris un vaisseau
nommé le Darquin de
Corck) qu'il a amené à S.
Malo.
Calais du if Avril 1711.
Le Capitaine Pierre Live
a amené ence Port 6rançons
Anglais, montant ensemble
à 7005. liv. argent
de France.
Le Capitaine Potier y a
aussi amené un Vaisseau
Hollandois, nommé la
Foy de Rotterdam estimé
60000 livres.
:
LETTRE
Ecrite de Sarragosse le 7
Avril.
rousa'Vez apprissansdousienostreresolutiondefaire
le
Siege de Barcelone, combien on
travaille pour préparer toutes
les choses quiyfiN. necessaires.
L'Artilleriecomposée de cent
pieces de canon ,
dontsoixante
de vingt quatre font en mouvement
, pour se trouver du
-
quinze au vingt de ce mois à
Adequinença; les quarante autres
de Campagne
,
dont ily
en a dix huit de seize ,font
icy prestes à marcher au premierordre.
Nous avons déjàa
Mequinença quinze mille
bombes,quinze milleboulets
de tous calibres
,
huit mille
quintaux depoudre, cinquante
mille outils àremuer la terre
, avec cinq milleMulets
ou Mulespour le transport.
LesTroupes qui doivent
servir en Catalogne font ait
nombredesoixante-douze Bataillons
& de quatre-vingtcinq
Escadrons, dont dix-sept
Bataillons & quinzeEscadronssont
destinez pourgarder
les Places frontieres & pour
escorter les Convois.
Les recrues au nombre dedixsept
mille hommes pour tinfanterie
, & de deux mille
cinq cent pour la Cavalerie
font entierement achevées
y
habillées
&preslesàjoindre leurs
Corps qui feront complets le
vingt de ce mois ,
ainsi que h,
nmmte de la Çavderirquv
excede troismille cinq centchevaux.
Il arriva hier au soit un
Courier de Cadix, quiarapporte
que le Capitaine de Barlovento
envoyépar Monsieur
le Duc de Lignarez y estoit arrive
j&quelle avoit apporté
au Roy un million de piastres
& deux millions & demipour
des particuliers EsPar,nàls,dont
SaMajestétirerapour son In*
dult sept ou huit cent mille
ecus.
Nos Troupes de Catalogne
occupent toujours les quartiers
de Ceryer*, de Tarrega , de
Verdun
,
de Guizona, de Pons
& de Solfona ; mais tlles ont
abandonnéCalaf, parce qu'étant
trop avancé dans le Pays
on n'y trouvait pas dequoi subsister.
Monsieur le Ducde A/ouifies
est arrivéicy.
A Amiens cc 18.Avril.
1711.
Il arrive incessammentcent
vingt-six Escadrons sur la
Somme, quiyseront aux ordresdeMonsieurleMarquis
ifex M^icres, Gouverneur
&Amiens LieutenantGenera.
i; vingt-six Escadrons
Aix-sept Bataillons, quiétoient
dans les environs d'Ivres
,
font
-$nmarche pour venirse cantonnerfur
la Canche sous les
ordres de Monsieurde Morsarri.
Le Régiment de Picardie.
estparti ce matin d'icy
, £7* va
Je poster entre Bonchain rr Valenciennes
; celuy du Roy en
.part Mardy, £7* s'en vaà,
Miraumont
,
cjuiefl la gauche
du Camp de Crinchon;celuy
dd'eAClbheavmipllaeg,nçeyvpaaàrtBudce^muaoiyn,
qui riefl qua deux lieuës de
A4iraumont.
Quelque mal- intentionné a
jetté une Jurée dans un de nos
Magasins de paille à Dourlens,
heureusement l'objet
n'cfi pas considerable; mais
cela ne laisse pas de faire faifè
des reflexions.
JIJe forme, icy quatre Pe.-
gimens de Milice, ausquels on
donne le nom de Regimens de
Picardie; cesquatre Regimtm
sont destinez pour la garde de
la Somme.
Monsieur le Comte d'Ef
trade eJ1 nommépourcommanIlr
en Picardie; il efl bon
Lieutenant General
, (7 fort
aimé des Troupes.
-
LesRecruës arrivent à
force,l'Infanterie est plus
belle qu'ellen'ajamais esté.
Le Duc de Medina-Celi
estant mort sans enfans, le
Marquis de Priego ,fils de
sa soeur aînée, succede aux
grandes Terres & Seigneuries
qu'il possedoit, qui,
suivant ce qui se pratique
dans les Maisons Nobles
en Espagne, sont en Mayo.
râZg,°> ou substituées &
inallienabies Comme les".
biens de cette nature ne sont
point susceptibles d'hypotcque
, ny d'aucun privilegc,
les creanciers du defsunt
n'avoient aucune action
contre celuy qui recüeille
la subftittuion Un
avantage si considerable
auroit pûflater tout autre
que MrdePriego, quibien;
loin de s'enprévaloir
,
s'eflr
fait remettre un état des;
dettes contractées par son
oncle, montant à plus de
douze cens millivres, qu'il
Vell volontairement chargé
d'acquitter,sans y estreporté
que par un pur motif de
Justice & on peut dire même
par une generosité, dont
il donne peut-être le premier
exemple.
Le Grand Visirest seulement
parti de Constantinofie:
le 19. Mars pour aller
a Andrinople, où il a sejourné
jusqu'ausixiéme
Avril, & en est party pour
faire prendre lesherbes à sa
Cavalerie & se mettre en.
état de commencer la campagne.
MORTS.
Vincent le Mée, Fermier
General, mourut le2,3.
Avril 1711,
Marie de Fourcy
, veuve
de Balchazard Phelypeaux.
Marquis de Châteauneuf,
Secretaire d'E-.
tat, Commandeur & Secretaire
des Ordres du Roy,
mourut à Versailles le onze
Avril 1711.
On vient d'apprendre
que l'Empereur est mort
de la petite verole, on
n'en peut parler que le
mois prochain.
MERCURE,
IV. PARTIE,
-
PcIECES FUGITIVES. E sera le titre ordinaire
dela quatriéme
Partie du Mercure,
que je templiray
de Pieces fugitivesstant
en Vers qu'en Proie:
Je nyplaceray dans ce
mois-cy que des Poëfies
spirituelles.
ODE*r
TIRE'E'DU PSEAUME If'.
Benedictus Dominas:meus. BENI soit le Dieudes
Armées, ;
Qui donne la force à mon
bras,
Et par qui mesmainsfont
formées
Dans Farcpenibib des
combats;
De sa clemence inépuifa-
: ble t.
Le secours prompt & fa*
vorable,
Afiai mes oppressions: : En luy j'ay trouvé mon
azile,
Et par luy d'un peuple indocile
J'ay dissipé lesfactions.
Qui suis-je vile creature,
Qui suis-je, Seigneur,&
pourquoy
Le Souverain de la nature
S'abbaiÍfe-t-il jusques à
moy ?
L'homme en sa coursepassagere
N'est rien qu'une vapeur
legere,
Que le Soleil fait dissiper,
Sa grandeur n'est qu'une
vaine ombre
Et sa clarté qu'une nuit
sombre,
Que l'oeil, fuit & voit
échapper.
s,
Maisquoy les périls qui
m'obsedent
Ne font point encore paf
sez?
De nouveaux ennemis
succedent
A mes ennemis terrassez?
Dieu terrible,ordonne aux : campagnes
D'engloutir les vastes
montagnes ,
Commande aux Cieux ck
s'abbaisser,
Fais de leurs voutes enflammées
Pleuvoir ces fleches allumées
Que tes fureurs-sçavent
lancer.
Objet de mes humbles
Cantiques,
Seigneur,je t'addresse ma
voix
Toy, do.3nt les promesses
antiques
Furent toûjours l'espoirdes
Roys,
Tojyde qui les secours
propices,
Atravers tant de precipices,
M'ont toujours garanti
d'effroy,
Conserve aujourd'hui ton
ouvrage,
Etdaigne détourner l'orage
Qui s'appreste à fondre
sur moy,
Arreste cet affreux déluge,
Doncles flots me vont submerger,
Sois mon vangeur, fois
mon refuge
Contre le fils de l'ecrangen
Vange-toy d'un peuple
-
infidele, 4
De qui la bouche crimi-
,
nelle
Ne souvre quilïrnpier^,
Et dont la main vouée au
crime
Ne connoist rien de legitimé
Que le meurtre & l'iniquité.
Ces hommes, qui nont
point encore
-EpIquvé la main du Seigneur
iSegflanttenot qrueeDieu le*
Et s'enyvrent de leur bon- heur;
Leur posterité florissante,
Ainsi qu'unetigenaissante
Croît & s'éleve fous leursyeux,
Leurs filles couronnent
leurs têtes
De tout ce qu'en nos jours
de fêtes
Nous portons de plusprecieux.
De leurs grains leurs
granges sont pleines,
Leurs celliers regorgent
- de fruits,
Leurs troupeaux touschargez
de laines
Sont incessamment reproduits,
Pour eux la fertile rosée
Tombant sur la terre embrasée,
Rafraîchit son seinalteré.
Et pour eux le flambeau
du monde
Nourrit d'une chaleur fécondé
Le germe en ses flancs
resserré.
Le calme regne dans
leurs Villes,
Nul bruit n'interrompt
leur sommeil,
On ne voit point leurs
toits fragiles
Ouverts aux rayons du
Soleil;
Cest ainsi qu'ils passent
:: leur fig€ :
Heureux) difcnt."ils) le rivage
.Où l'on jouit d'un tel bonheur.
Qu'ilsrestent dans leur
rêverie,
Heureuse la feule Patrie
Où l'onadore le Seigneur.
ODE;
TIRE'E DU PSEAUME 14J.
Lauda animamea Dominùo MON ame loüez le
Seigneur,
Rendez un éternel h- onneur
Au digne & seul objet de
vos justes loüanges;
Oui, mon Dieu, je veux
désormais
Partager la gloire des Aïtges,
Et couronner ma vie à
chanter vos bienfaits.
Renonçons au sterile ap-
Puy
Des Grands qu'on adore
aujourd'huy,
Ne fondons point sur eux
une esperance folle,
Leur pompe indigne de
nosvoeux
N'est qu'unsimulacre frivolle,
Et les solides biens ne dépendent
pas d'eux.
Comme nous esclaves
du [art)
Comme nous jouets de la
mort,
La terre engloutira leurs
Grandeurs insensées,
Et periront en même jour
Ces vastes &: hautes pensées
Qu'admirent aujourd'huy
ceux qui leur font la
Cour.
Dieu seul doit faire nôtre
espoir,
Dieu de qui l'immortel
pouvoir
Fit sortir du néantleCîel,
la terre & l'onde,
Et qui,tranquille au haut
des airs,
Anima d'une voix seconde
Tous les êtres semez dans
ce vaste Univers.
Heureux, qui, du Ci*el
occupe,
Et dp'un faeuxéc,lat détrom- Met de bonne heure en
luy toute Con esperance;
Il protege la verité,
Et sçaura, prendre la defsense
Du Juste que: l'impie aura
perfecuce.
C'est le Seigneur qui
nous nourrit, »
C'est le Seigneur qui nous
guérit,
Il prévient nos besoins, il
adoucit nos peines,
Il assûre nos pas craintifs,
Il délie & brile nos chaînes,
Et nos tyrans par luy deviennent
nos captifs.
Il offre au timide étranger
Un bras promptà le proteger,
; ;
Et l'orphelin en luy, retrouve
un sécond Pere,
De la veuve il devient l'époux:
Et par un châtiment severe
Il confond les pecheurs
animez contre nous.
Les jours des Roys font
dans sa main,
Leur Regneest un Regne
Incertain,
Dont
Dont tedoigc du Seigneur
a marque les limites:
Mais son Empire illimité
N'a point eu de bornes
prélcrites,
Et confondra le temps
avecl'éternité.
ODE
--
TIRE'E DU PSEAUME14..
Dominequis hAbilat,.&c. s Eigneur, dans ton
Temple adorable
Quel mortel est dignes
d'entrer?
Qui pourra ,
grandDieu
x
penetrer
Dans ce séjour impénétrable,
Où les Saints imelinezs
d'un air reipectueux,
Contemplent de ton front
1éclatmajeftueuxî
Ce sera celuy qui du vice
Evite lesentier impur,
Qui marche d'un pas serme
ôdùr
Dans le chemin de la Ju-
Itice,
Attentif & fidele' à connostre
la voix,
Intrepide & severe à pratiquer
ses loix.
-Ce fera celuy dont la bou- che
Des flateurs méprise le
fard, Bij
Dontlecoeurlincere. S
iansait
Rendjustice au vray qui lé touche,
Et qui par des discours
faux &: calomnieux ':
Jamais à la pudeur nafait
baisserJes yeux-J:
Celuy devant qui le superbe,
Enfté' d'une vaine splendeur,
sa Paroist plus bas dans sa
grandeur,
Que l'infeste caché fous
l'herbe;
Qui bravant du méchant
le faste couronné.
Honore la vertu du. juste
infortuné.
Celuy,dis-jedontles promesses
-
Socnteunrgtagae itonujou,rs
Celuy qui d'un infâme
gain
Ne icair point grossir Ces.
richessès:
Celuy qui sur les dons du
coupable puissant
N'a jamais decidé des
jours de l'innocent.
Qvui moarcyherea d,a:RS cette Comble d'unéternelbonheur,
Un jour des élûs du Sei-
- gneur
Partagera la fainte joye,
Et les fremissemens de
l'Enfer irrité >
Ne pourront faire obstacle
à sa félicité.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME+f.
Deus noster refugium &
virtus, &c.
-. pPUisque nostre Dieu
Nous affure de son secours,
Il nest plus de revers capable
De troubler la paix de nos
jours,
Et si la nature fragile
Estoit à ses derniers mcu
mens,
Nous la verrions dun ceittranquile
S'écrouler dans ses fondemens.
Par les ravages du Tonnerre
Nousverrionsnoschamps
moissonnez,
Etdes entrailles de la terre
Les plus hauts monts deT
racinez,
Nos yeux verroient leur
masse aride
TraansiporrréesauTmioliemu de-s
Tomber d'une chute rapide
Dans levaste gouffre des
mers.
Les remparts de laCité
fainte
Nousfont un refuge assuré;
Dieuluy-même dans son
enceinte
A marqué son séjour facre.
Uneonde pure & délectable
Arrose avec legereté
Le tabernacle redoutable
Où repose sa Majesté. ,"
Les Nations à main armee
Couvroient nos fertiles
sillons;
On a vû les champs d'Idumée
Inondez de leurs Bataillons.
Le Seigneur parle, & l'infidelle
Tremble pour Ces propres
Etats,
Il flotte, il fc trouble, il
chancelle,
Et la terre fuit fous ses pas.
Venez Nations arrogantes?
Peuples vains.,.voisinsjaloux
,
Voir les merveilles éclatantes
Que. (a main opere pour
nous.
Que pourront vos ligues
formées
Contre le bonheur de nos
jours?
Quandle bras du Dieu des
armées
S'armera pour nostre. secours.
Par luy ses troupes infernales
A qui nos champs furent
ouverts,
Irotnat dleeleusrs flâmes fa-
Embrazer un autre Univers.
La foudre prompte à nous
deffendre
Des médians & de leurs
complots,
Mettra les Boucliers en
cendre,
Et brizera leurs Javelots.
Arreste, peuple impie,
arreite,
'- Je fuis ton Dieu, ton Souverain
,
Monbras est levé sur ta
teste,
Les feux vengeurs sont
dans ma main.
Voy le Ciel, voy la terre
& l'onde!
Remplis de mon immen^
site,
Et dans tous les climats
du monde,
Mon Nom des peuples
exalté.
Toy pour qui l'ardente
victoire
Marche d'unpas obéissant,
Seigneur! combats pour
nostregloire,
Psotege ton peuple innoitcent,
fais que nostre humble
patrie,
Joüissant d'un caloae promIS,
Confonde à jamais kfurie
De nos superbes ennemis.
ODE
,.
TIRE'E DU PSEAUME 18.
Ccclt enarrant. gloriam Det. LEs Cieuxinfiruifent
la terre
A reverer son autheur ; Tout ce que leur globe
i&feçre
Célébré un Dieu Créateur.
Quel plus sublime cantique?
Que le concert magnifique
De tous les celestes corps ?
Quelle grandeur infinie!
Quelle divineharmonie
Resulte de leurs accords!
De sa puissànce immortelle
Tout parle, tout nous
instruit
; Le jour au jour lerevele,
La nuit l'annonce à la
nuit.
Ce grand & superbe ouvrage
N'est point pour l'homme
un langage
Obscur & mysterieux;
Son admirable firuéture
Est la voix de la. nature
Qui se fait entendre aux
yeux.
Dans une éclatante voûte
Il a placé de ses mains,
Le Soleil qui dans sa route
Eclaire tous les humains,
Environné de lumiere
Il entre dans sa carrière
Comme un époux glorieux
Qui dés, l'Aube matinale
De sa couche nuptiale
Sort brillant & radieux,
L'Univers à sa prelènce
Semblesortir du néant:
Il prend sa course
, ils'avance
Commeun superbe Géant:
Bidentostésa m'archie fécon- Embrassè le tour du monde
Dans le cercle qu'il décrit,
& par sa chaleur puissante
La Nature languissànte
Se ranime & se nourrit.
0 ! que tes oeuvres font
belles,
Grand Dieu! quels font
ces bienfaits,
Que ceux qui te sont fideles
Sous ton joug trouvent
d'attraits!
Ta crainte inspire la joye>
EMe assure nostre voye,
Elle nous rend trionv
phans,
Elle éclaire la jeunesse , Et fait brillerlasagesse
Dans les plus foibles ensans.
Soutiens ma foy chancelante,
Dieu puissant, infpiresmoy
Cette crainte vigilante,
Qui fait pratiquer ta loy :
Loy sainte, loy desirable
> Ta richesse est préferable
A la richesse de l'or,
Et ta douceur est pareille
Au miel dont la jeune
Abeille
Compose son cher trésor.
Mais sans tes clartez (àcrées
Qui peut connoistre,Seigneur,
Les foiblesses égarées
Dans les replis de son
coeur:
Prestes-moy tesfeux propices
Viens m'aider à fuïr les
vices
Qui s'attachent à mes pas;
Viens consumer par ta
flâme
Ceux que je vois dans
mon ame, Et ceux que je n'y vois
pas.
Si de leur cruel empire
Tu viens dégager mes.
sens,
Si tu daignes me sourire
Mes jours feront innocens;
—
J'iray puiser sur ta trace
Dans les sources de la
grâce,
Et de ses eaux abreuvé
Ma gloire fera connoistre
Que le Dieu qui m'a fait
naistre
Est le Dieu qui m'a fauve.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME 47.
Magnrs Dominus & Uu~
dabilis nimis. LA gloire du Seigneur,
sa grandeur
immortelle,
De l'Univers entier doit
occuper le zele:
Mais sur tous les humains
consacrez à ses loix,
Le peuple de Sion doit signaler
sa voix.
Sion montagne auguste&
sainte,
Formidable aux audadeux,
) '~-* = .-Sionfe'jourdelicieux',~-~ 1
Cest toyc'est ton heureuse
enceinte
: Qui renferme le Dieu de
la terre & des Cieux.
O murs!OSéjour*pleinde Montsacrénostreunique espoir,
Où Dieu faitregner la victoire
Manifeste, son pouvoir.
Cent Rois liguez pour
nous livrer la guerre
Estoient venus sur nous
fonfondre
de toutes parts,
Ils ont vu nos sacrez remparts.
Leur aspect foudroyant,
telqu'unaffreuxtonnerre,
-
Les a precipitez au centre
de la terre;
Le Seigneur dans leur
camp a jetté la terreur,
Il parle& nous voyons
leurs travaux mis en pou- ,dre, Leurs chefs aveuglez par
- l'erreur,
Leurs soldats consternez
d'horreur,
Leurs vaisseaux iubmerdgçzyr)
ôcebr;ûierparlafou-3 Monumens éternels de sa
justefureur, :
Rien ne {çauroi^troubler
* les loixinviolables
Qui fondent le bonheur
de la sainte cité,
Seigneur toy-même en a& jeJtteétte
Les fondemens inébranl, ables
:
Aux pieds de tes Autels
humblement consternez
Nos voeuxparta clemetu
ce ont esté couronnez,,,,
Des lieux cheris où le
,
jour prend naissance,
Jusqu'aux climats oùfttút
sa splendeur,
Tout l'univers revere ta
puissance,
Tous les mortels adorent
ta grandeur.
Publions les bienfaits, célebrons
la justice.
DuSouverain del'univers.
Que le bruit de nos chants
vole au-delà des mers,
Qu'avec nous la terre s'unisse,
Que nos voix penetrent
lesairs;
Elevons jusqu'à luy nos
choeurs &nos concerts,
Vousfilles de Sion, florissante
jeunesse,
Joignez-vous ànoschants
sacrez;
Formez des pas & des fons
d'allegresse
Autour de ces murs reverezr
Venez offrir des voeux
pleins de tendresse
Au Seigneur que vous
adorez:
Peuples dequil'appuysur
sa bonté sefonde,
Allez dans tous les coins
du monde
Asonnom glorieux élever
desAutels.
Les siecles avenir béniront
vostre zele,
Et de ses bienfaits immortels
L'éternel comblera vostre
race fidelle..
Marquonsluy nostre amourpar
des voeux éclatans,
C'est nostre Dieu,c'est nostre
pere,
C'est le Roy que Sion revere;
De son regne éternel les
glorieux instans
Dureront au-delà des siecles
& des temps.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME 75.
Notusin judoeaDeus, &c. LE Seigneur est connu
dans ces climats
paisibles,
Il habite avec nous,& ses
secoursvisibles
Ont de son peuple heuil
reux prévenu les souhaits;
Ce Dieu de ses faveurs
nous comblantàtoute
heure, ;,
A fait desa demeure
Leséjour de la paix.
Du haut de la montagne
où sa grandeurreside
Ila brisé la lance & l'épée
homicide
, Sur qui l'impieté fondoit
* son ferme appuy: -
Le fang des Etrangers a
fait fumer la terre,
Et le feu de la guerre
S'est éteint devant luy.
:
Une affreuse clarré dans
les airs répandue,
Frappe d'aveuglement
cette troupe éperduë;
Par un nouvel effroy je les
voisdissipez,
Et l'éclat Foudroyant de
ses rayons celestes
Aneantit leurs restes
Aux glaives échappez.
Ces insensezqu'endort
une vapeur legere,
- Prennent pour de vrais
biens une ombre mensongere,
Qui leur peint destresors
chimeriques &vains:
Mais
Mais bientôt le reveil dissipe
cette yvresse,
Et toute leur richesse
S'échappe de leurs mains. JL'ambition conduit leurs
escadrons rapides,
Ils dévorent déjàdans leurs
coursesavides
Toutes les Régions qu'éclaire
le Soleil:
Mais le Seigneur s'éleve,
& saseule menace
Convertit leur audace
Enun morne sommeil.
O Dieu, que ton pouvoir
est grand ôc redoutable!
Qui pourra le cacher au
trait inévitable
Dont tu poursuisl'impie
au jour de ta fureur?
A punir les méchans ta
colere fidelle
Fait marcher devant elle
La mort & la terreur.
Contre ces oppresseurs «tes
jugemens augustes
S'élevent pour sauver les
humbles & lesjustes
Dont le , coeur devant toy
s'abbaisse avec respect;
Ta justice paroist de feux
étincelante
,
Et la terre tremblante
S'arresteà ton aspect.
Ceux pour qui ta clemence
opere ces miracles
Ne cesserontjamais d'adorer
tes oracles,
De benir ton saint nom,
depratiquer ta loy;
Quel encens est plus pur
qu'un si saint exercice?
Quel autre sacrifice
Est plus digne de toy ?
Ce sont là les presens,
grand Dieu, que tu demandes
;
Peuples, ce ne sont point
vos pompeuses offrandes
Qui le peuventpayer de
ses dons immortels.
C'est par une humblefoy,
c'est par un amour tendre
Que l'homme peut pretendre
D'enrichir ses Autels,
Venez donc adorer le -
Dieu saint & terrible
Qui vous a delivrez par
4 sa force invincible
Du joug que vous avez redouté
tant de fois,
Qui d'un soufflereduit
l'orgüeilleuse licence,
Releve l'innocence,
Et terrasse les Rois.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME 57.
Si iw utique justitiam laquimini.
sIlaLoy du Seigneur
vous touche,
Si le mensonge vous fait
peur,
Si la justice en vôtre coeur
Regne aussi bien qu'en
vostre bouche,
Parlez, fils des hommes,
pourquoy 1
Faut-il qu'une haine farouche
Presideauxjuçemen$
que vous lancez sur moyr
C'estvous de qui les mains
impures -- Trament le tissu dérefté
Qui fait trébucher l'équité
Dans le piege des impostures
Lâches >aux cabales vendus
,
Partisans de fourbes obC.
curs,
Habilesfeulement à
noircir les vertus.
L'hypocrite en fraudes
fercile,
Dés l'enfance est pêtryde
fard:
Il sçait colorer avec art
Lefiel que sa bouche distile,
Et la morsure du serpent
Est moins aiguë & moins
subtile
Que le venin caché que
sa langue répand.
En vain le sage les conseille,
E iiij
Ils sont inflexibles &,
sourds;
>!•>
Leur coeur s'assoupir aux
discours,
De la vertu qui lesréveille:
Plus insensibles & plus
froids
Quel'Aspic qui ferme loreille
Aux son,s melodieuxdune
touchante voix. :
Mais de leurslangues difsamantes,
Ton: ou tard Dieu me
vengera,
N'en doutons point, ce
Dieu sçaura
Foudroyer leurs testes fumantes
: Il vaincra ces Lyons ardens,
Et dans leur gueules écumantes
Il plongera sa main & brisera
leurs dents.
Ainsi que la vague rapide,
D'un torrent qui roule à
grand bruit,
Se dissipe & s'évanoüit,
Dans le sein de la terre
humide,
Ou comme l'airain enflâme
Pait fondre la cire liquide
Qui boüillonne à l'alpeér
d'un brazierallumé.
Ainsi leurs grandeurs éclipfées
S'évanoüiront à nos yeux :
Ainsi la justice des Cieux
Confondra leurs lâches
penseés,
Leurs dards deviendront
impuissans,
Et de leurs pointes émousfées,
Ne penetreront plus le
sein des innocens.
Avant ., que leurs tiges celebres
Puissent pouffer des rejettons,
Eux-mêmes foibles avortons,
Seront cachez dans les
tenebres)
Et leur sort deviendra pareil
Au fort
«
de cesoyseaux funebres
Qui n'osent soûtenir les
regards du Soleil.
C'est alors que de leur
disgrace
Les Justes riront à leur
tour;
C'est alors que viendra le
jour
De punir leursuperbe audace,
Et que sans paroistre inhumains
Nous pourrons extirper
leur race,
Et laver dans leur fang
nos innocentes mains.
Ceux qui verront cette
vengeance !
Pourront dire avec verité
Que l'injustice & l'équité
Ont tour à tourleurrécompense,
Et qu'il cit un Dieu dans
les Cieux
Dont le bras soûtient l'innocence
, Et confond des méchans
l'orgüeil ambitieux.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME71.
Deus lulicium tuum Regi da.
~O Dieu qui par un
choix propice
Daignâtes élire entre tous
Un homme qui fut parmi
nous
L'oracle de vostre Justice:
Inspirez à ce digne Roy,
Avec l'amour de vostre
loy,
Et l'horreur de la violence,
Cette clair-voyante éq-uité,
Qui de la fausse vrai-semblance
Sçait discerner la verité.
Que par des jugemens ièveres.
Sa voix rassurel'innocent,
Que de son peuple gemissant
Sa main soulage les mife*
res,
Que jamais le mensonge
obscur,
Des pas de l'homme libre
& pur,
N'ose à ses yeux foüiller
la trace,
Et que le vice fastueux
Ne soit point assis à la
place
Du merite humble & vertueux.
Ainsi du plus hautdes
montagnes -2.
La paix & tous les dons
des Cieux,
Comme un fleuve delicieux,
Viendront inonder les
campagnes: Son regne àses peuples touchez
Sera ce qu'aux épis sechez
Est l'eau que le Ciel leur
envoye,
Et tant que luira le Soleil,
L'homme plein d'une sainte
joye
Le bénira des son reveil.
son
Son Trône deviendra l'asyle
-
pe l'orphelin persecuté
,
Son équitable austerité
Soutiendra le soible pupile;
Le pauvre fous ce defsenseur
Ne craindra plus que l'oppresseur
Luy ravisse son herirage
5 Et le champ qu'il aura
femé
Ne deviendra plus le partage
De l'usurpateur affamé.
Ses dons versez avec justice,
Du passe calomniateur,
Ny du sterile adulateur
N'assouviront point l'avarice:
Pour eux son front fera
glacé.
Le zele desinteressé,
Seul digne de sa confidence,
Fera renaistre pour jamais
Les delices & l'abondance
Inseparable de la paix.
Alors sasuiterenommeé,
Répanduë au-delà des
mers,
Jusqu'aux deux bouts de
l'Univers,
Avec éclat sera femée:
Ses ennemishumiliez
Mettront leur orgüeil à
ses pieds,
Et des plus éloignez rivages,
Les Rois frappez de sa
grandeur,
Viendront par de riches
hommages
Briguer sa puissante faveur.
Ils diront voila le modele
Que doivent suivre tous
les Rois, Fij
C'est de la saintetédes loix
Le protecteur le plusside
le, L'ambitieux immoderé,
Et des eaux du siecle en-
, - yvre,
N'ose paroistre en sa presence
:
Mais l'humble ressent son
appuy,
Et les larmes de l'innocence
,.,,,
Sont precieuses devant
luy.
De fès triomphantes années
,
Le temps respectera le
cours,
Et d'un long ordre d'heureux
jours
Ses vertus feront couronnées.
Leps voaisuseasuxspearzles vents
Vogueront des climats
glacez
Aux bords de l'ardente
Lybie:
La mer enrichira ses ports,
Et pour lui l'heureuseArabie
Epuisera tous fcs tresors.
Tel qu'on voit la teste
chenuë
D'unchesne autrefois arbrisseau,
Egaller le plus haut rameau
Du Cedre caché dans la
nuë., Tel croissant toujours en
grandeur,
Il egalera la splendeur
Du potentat le plus superbe,
Et tes redoutables Sujets
Se multiplieront comme
l'herbe
Autour des humides marets.
Qu'ilvive;&que dansleur
memoire,
Les Rois lui dressènt dés
Autels
y
-
Queles coeursde tous les
mortels
Soient les monumens de
sa gloire:
Et vous, ô maistre des humains
Qui de , vos bienfaisantes
mains
,- Formez les Monarques
celebres
Convertirezl'hommeen--
durcy
,
xÀ
Et daignez chasser les ce- nebres
- Dont vostre nom est obfcurcy.
FIN.
-
M DCC XI.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET,au Livre
Royal, au bout du Pont Saint
Michel, du côté du Palais.
PIERRE RIBOU)l l'Image Saint
Louis, sur le Quay des Augustins.
CILLS LA MESLE
,
à l'entrée de
la ruë du Foin, du côté de
la ruë saint Jacques.
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
D'AVRIL,
Mort deMoNsFiGNruP..
Es Peuples le
pleurent, les
Grands sont pe-
A. netrez de douleur par
sa mort; quel éloge
pourun Prince! sa grandeur
d'ame, sa valeur,
& tant d'autres vertus
se sont fait admirer en
luy:mais on le pleure
parce qu'il estoit bon
sa bonté , ne s'est jamais
démentie; cette bonté
luy estoit naturelle, elle
estoit attachée à son
sang, illa tenoit d'un
Pere, un Fils la tient
de luy&laseuleconsolation
dont nous
soyons capables en considerant
ce que nous
avons perdu, c'estl'e[-
perance de posseder
long-temps ce qui nous
reste.
MONSEIGNEUR,
LoüisDauphin est mort
à Meudon de la petite
Verole, le Mardy 14.
d'Avril1711. sur les onzeheuresdu
soir,âgé de
quarante-neufans,cinq
mois & quatorze jours
estant né à Fontaine-
Bleau le premier Novembre
1661. Il avoit
épousé en 1680. MarieAnne
deBaviere,&il
a eu de ce mariageMon- <
seigneur le Duc de j
Bourgogne ; le1Roy
d'Espagne & Monsei- J
gneur le Duc de Berry. >
Ilavoit toutes les grandes
quaHtez, convena- j
bles a sa haute Naissance,
un fonds d'amour
qu'il avoit naturellement,
pour les vertus éminentes,
cotribuoitencor
plus que les liensdu
sang, à former en luy
1
cet attachement plein
detendresse & de respect
qu'il a toûjours eu
pour le Roy son pere.
Le Roy a donné à
Monseigneur le Dnc
de Bourgogne le tître
de Dauphin.
Voicy un Mémoire
tres curieux sur l'origine
des premiers Dauphins
de France, je le
tiens d'un illustre Auteur
qui a donné un ouvrage
excellent sur
spareilles matieres. Uivant lesTraités
faits en 1543. & 1344.,
entre Ph- il-ippe de Val-ois &
le Dauphin Humbert. CeluidesenfansdeFrancequi
estoit appelle â la fuccJ.
sion de Humbert riypouvoir
pretendre qu'après sa.
mort, encore n'estoit-ce
que fous des conditions
dont l'évenement estoit
incertain: mais le dessein
d'entrer en religion qu'il
formât en 1349. rendit inutiles
toutes ces clauses,
voulant renoncer au monde,
&'ne songeant plus à
consenver la jouissancede
sesEtats,son Successeur
devoitenestremis déslors
en possession, & y estre reconnu
pour Souverain. Le
Royneût pas plûtôt appris
la disposition où il se
trouvoit,&les esperances
qu'il donnoit d'une prochaineabdication,
qu'illui
envoya des Députés pour
le confirmer de plus en
plus dans cette lituation
par de nouvelles offres:
Ceux
- cy s'estant rendus
à Tournon deslemois de
Février y eurent avec ce
Prince des conferences secretes
dont on ne fçût le
resultat que sur la fin du
même mois; ce fut alors
feulement qu'il declara le
party qu'il avoit pris, &
dans le quel il persista malgré
les effortsqu'on fit
pour l'en détournera negociation
fut continuée
à Romans pendant tout
le mois de Mars, c'est là
que rAtte de Transport
reçût la derniere main, il
fût ligné par le Dauphin
& par les Commissaires
du Roy & du Duc de Normandie,
on ne s'y attacha
pas absolument à suivre
les dispositions contenues
dans lestraités precedens
sur , tout à l'égard de la personne
du Succeueur. Le
choix tomba sur Charles,
fils aîné du Duc de Normandie,
pour estre revêtu
déslors des Droits de la
Souveraineté fans- reserves
& sans conditions. Si
on en excepte la remission
des fonds en Terre & en
argent qui devoit estre
faite au Dauphin par le
même Acte.
Il manquoit encore une
solemnité a ce Traité pour
estre dans toute sa. perfection
;
l'entrevûë des parties
paroissoit necessaire
pour donner elles-mêmes
un consentementauthentique
a tout ce qui avoit
esté promis en leur nom;
on convint d'un rendezvous
àLyon au mois de
Juillet suivant, où le Duc,
de Normandie & Charles
son fils aîné devoient se
-
trouver avec le Dauphin,
le dernier s'y rendit quelques
jours auparavant: Dans une Assemblée solemnelle
qui s'y tint le 16.
Juillet où estoient le Duc
de Normandie & plusieurs
Seigneurs de faiuite,
Humbert lit- une cefsion
pure&simpls de ses
Etats à Charles fils aîné
de ce Duc, il l'en mit en
possession par la tradition
du Sceptre,de l'Anneau,
de la Banniere & de l'Epée
ancienne de Dauphiné:
Les Comtes, Barons 8c
Seigneurs qui estoient
presens, dont laplupart
estoient intervenus comme
témoins dans TAde
public qui en fût dressé
prêterent hommage en
même temps au nouveau
Dauphin,& luy firent ferment
de fidelité
;
le Duc
de Bourbon, le Comte
d'Armagnac, le Comte
d'Auxerre & Jacques de
Bourbon, qui n'estoient
pas ses vassaux, en furent
exceptez. Les Baillifs &
les Chatelains de Dauphiné
Suivirentl'exemple de
ces premiers;le lendemain
quelquesautres Seigneurs
satisfirent au même devoir
; on peut voir à la
fuite de cet Acte le nom
-
de la plupart des nobles
du Viennois qui vinrent
reconnoistreleurnouveau
Seigneur, on envoya des
., lettres dans tous les Bailliages
pour informer les
Peuples du changement
arrivé dans le Gouvernement,
& pour leur faire
connoistre le nouveau
Maistre, à qui ils feroient
désormais tenus d'obéir,
ri ils apprirent ensuite par
une Déclaration de Humbert
qu'ils ne devoient
plus le regarder comme
leur Souverain,&qu'ils
estoientaffranchis à son
égard de tous leurs fermens
; c'estainsi que ce
Prince, pour ne se point
démenrir, voulut établir
l'autorité de son Succes.
leur sur le débris de la
sienne, il quitta le monde
dés le lendemain du transport
qu'il avoit fait de ses
Etats, & prit à Lyon ce
jour-là mêmel'Habit de
saint Dominique dans le
Convent des Freres Prêcheurs.
Les
Les chosesen cet: état,
le Duc de Normandie partit
pour retourner à Paris,
oùil rendit compte au Roy
du succés de son voyage; illuy representa en même
temps les consequences
avantageuses du Traité,
qu'il venoit de conclure
avec le Dauphin, &la necessité
de le rendre ferme
ôc stable, en détournant
tout ce qui pourroital'avenir
y donner quelque
atteinte: c'est par cette
confédération qu'il le porta
à faire renoncer Philippes
son second fils aux
esperances qu'il auroit pu
fonder sur la nomination
que Humbert avoir faite
en sa faveur par raéte de
1343. Ce Prince pour se
conformer aux volontez
du Roy,qui eut foin de le
dédommager d'ailleurs,
declara, par des Lettres du
mois de Septembre, que
non feulement il se départoit
de toutes les pretentions
qu'il pouvoit avoir
sur le Dauphiné, comme
héritier designé par Humbert,
mais aussi qu'il approuvoit
&ratifioit le nouvel
acte fait par le même,
en faveur de Charles son
Neveu, à qui il cedoit tous
les droits que les Traitez
precedenspouvoient luy
avoir acquis. Le Roy,qui
l'avoitautorisé pourl'acceptation
du Don, confirma
pareillement la renonciation
qu'il en fit pour la
rendre plus autentique.
Charles prit la qualité
de Dauphin après que les
droits luy en eurent esté
confirmez par l'acte du 16
Juillet, voulant se montrer
àses nouveaux sujets
il parcourut ses principales
Villes: Vienne fut la
premierequ'il visita, après
y avoir fait quelque séjour
il se rendit à Tain,
& de là à Romans, où il ;tomba malade
;
sa santé
s'estant rétablie sur la fin
de l'Automne, il se disposa
à faire son Entrée dans
sa Capitale; il y arriva
quinze jours avant la feste
de Noël, l'ancien Dauphin
s'y trouva dans le
même temps, fous l'habit
de Jacobin, & faisant sa
demeure parmyles Religieux
de cet Ordre. Dans
à une Assemblée où estoit
laprincipale Noblesse du
Bailliage de Graisivaudan,
Humbert declara publiquement
qu'il avoit fait
,
choix de Charles, fils aîné
du premier fils de France
pour estre son successeur,
que luy ayant remis les
•
droits & les honneurs de
la Souveraineté, c'estoit
le seul désormaisqu'ils devoient
reconnoître pour
leur Prince légitimer,&à
qui ils devoient jurer d'estre
toujours obéissans &
fîdeles,sousl'obligation
réciproque où il seroit envers
eux de garder leurs
Loix & leurs Coustumes,
& de conserver sur tout les
Privilèges de la NabletTe;
c'est ce que Charles jura
sur les Saints Evangiles
d'observerinviolablement
en ayant esté requis au
nom detoute l'Assemblée,
par Hugues Allemand,
Disdier deSassenage
,
6c
Estienne d'Arvillars; quelques
jours, après le nou-
,, veau Dauphin fut proclame
solemnellement dans
la même Ville, & reçut le
Serment de fidélité des
habitans
;
plusieurs Seigneurs
des environs s'empresserent
de luy venir
rendre leurs Hommages,
tout le reste du temps que
le Prince passa à Grenoble
fut employéauxaffaires
publiques.
L'Acte d'Investiture des
Estats de Humbert, qui
fut passé à Lyon le 16 Juillet
en execution du tranf-
,
port qu'il avoit fait de ses
Etats le 30. Mars precedent,
contient une clausè
qui merite d'estreremarquée
,il est porté expressement
que Humbertsedefsaisit
ie dévestitréelment
& corporelment, & de
fait desdizd'Alphiné. &
de toutes ses autres Terres,
Seigneuries & Noblesses
& , en saisi & vestireelment
& corporelment (3*
de fait, ledit Charles present
& acceptantpourli &
ses hoirs & Successeurs,present
ledit Monsieur le Duc
son pere, &àce consentant,
& transporta encore audit
CharCharles
jei boirs. &faccesseurs
-&.Ceauls qui murent
Gtufe deliperpetuelment &
heritablement,etsaisine &
propriétéplaine
,
ledit À'Al-,
]>hiné,&toutes lesautresTerres
dessus nomées
:
Il semble
qu'ona voulu expliquer
ces mots Successeurs ècAuvent
cause
, en faveur des.
:
premiers nez de France
- sqeunitesreuls pouvoient reprele
Dauphin Charles
& estre regardez comme
ses Successeurs fous cette
qualité, & non fous celle
de Roy qu'iln'avaitpas
alors: on s'est persuadé
que la condition estoit tacitement
renfermée dans
les termes de rAéteJ &
quoyquelle n'y fut pas
clairement exprimée, que
l'intention du Donateur
ne s'y faisoit pas moins appercevoir
; en effet on a
consideré depuis les premiers
Fils de France comme
Successeurs légitimes
des Dauphins;ils en ont
toûjours porté le titre, qui.
se trouvant réuni en leur
personne à celuy d'heritiers
de la Couronne, a
rendu le nom beaucoup
plus grand & plus auguste,
& l'a mis au-dessus de
toutes les autres Dignitez
du Royaume.
S'il faut chercher l'interpretation
des clauses
qu'on vient de rapporter
dans lexecution qu'elles
ont eu fous les Regnes
suivans, il semble qu'il n'y
a point eu d'usage constant,
qui puisse servir de
Loy sur cet article; les
Roys ont cedé quelquefois
cet état à leurs fils
aînez pour y exercer tous
les droits de la Souveraineté;
quelquefois ils en
ont joüi par eux-mêmes,
& se sont contentezde leur
en donner le Titre,il fèroit
aisé de citer plusieurs
exemples qur fontassez
connoistre qu'ils ont crû
pouvoir en user sur ce
point comme ils le jugeoient
à propos pour le
bien de leurs affaires, &
suivant les dispositions où ils
se trouvoient de gratîfierleurs
filsaînezj8c(ans qu'il
soit necessaire d'entrer sur
cela dans une plus longue
discussion
, on peut dire
qu'ils remplirent euxmêmes
les principales de
ces conditions, comme il
estoit porté par les Actes
du Transport,que le nom
&les Armes des Dauphins
feroient conservez par
ceux qui leur succede.
roientà perpétuité
5
& que
leur état seroit toûjours
possedé separément de la
Couronne de France, à
moins que l'Empire n'y
fût réuni. On ne peut douter
que les Rois nayent
eu en vûë de se conformer
à cette disposition dans
l'usage qu'ils ont toujours
suivi à l'égard des Declarations
& autres Lettres
expediées pour le Dauphinois
n'y ordonnent l'execution
de leur volonté
qu'en qualité de Dauphins
& fous le sceau & les Armes
des anciens Princes
de ce nom. D'ailleurs
quoyque leursOrdonnances
puissent estre générales
pour tout le Royaume
,
elles ne sont reçues
dans cette Province que
comme dans un état separé,
lorsqu'elles portent
les marques particulières
de leur autorité.
SUITE DES ENFANS
de France, qui ont porte
le titre de Dauphins, LE premier Dauphin
de France,commeon
vient de l'établir par les
actes du transport de Dauphiné,
fut Charles fils aîné
du Duc Jean de Normandie;
illuy succeda au Royaume
de France en 1364.
f1ous le nom de Charles V.
Charles, fils aîné de
Charles V. fut le second
qui porta le nom de Dauphin
du vivant du Roy
son Pere, sans que pourtant
la remission du Dauphiné
luy ait jamais esté
faite; il estvray que l'Empereur
Charles de Bohelue,
estant à Paris, l'établit
par une Bulle du mois
de Janvier 1378. Vicaire
de l'Empire en Dauphiné
& dans les Evêchez de
Valence ôc de Dye, quoiqu'il
ne fût alors âgéque
de dix ansLe
troisieme Dauphin
fut Loüis
,
fils aîné de
ClurlesVI. Le Roy, par
une Declaration du mois
de Janvier 1410. ajouta au
titre de Dauphin, qu'il
portoit déja, la remission
actuelle de cette Province,
dont il prit possession
le 19*,d'Avril [tiivant;-il
confirmaen cette qualité
Reynier Pot, dans le gouvernement
de Dauphiné.
Le même destituaen
1414$.Reynier Pot,&nomma
en sa pl ace Jean d'Angenes
, Seigneur de la
Loupe, après la mort du
DauphinLouis, arrivée le
18. Septembre 1415.Le Roy
commit le Conseil Delphinal
aux fondrions du
Gouvernement.
Le quatrième, fut Jean
puisné de Charles VI. qui
succeda en la possession
adluelledeDauphiné à
son frere Loüis, estant au
Quenoy en 1416. il nomma
Henry de Sassenage
pour exercer les fonctions
degouverneur de Dauphiné
: Ce même Prince ne
joüit pas long-temps du
Titre de Dauphin,estant
mort le 5. d'Avril1417.
On ne compte point
deux autres fils de Charles
VI. qui porterent auni
le-nom de Dauphin, parce
qu'ils moururent fort
jeunes, ¿k qu'il n'en est
point parlé dans l'hstoire.
Le sixiéme Dauphin fut
Charles, autre Fils de
Charles V I. Quclques
jours aprés la mort du
Dauphin Jean son frere le
Roy lui ceda le Dauphiné
par lettres du 18. Avril,
pour en joüir fous le meme
Titre; il confirma
en même temps Henryde
Sassenage dans les
fonctions du Gouvernemenacemême
Prince parvint
ensuiteàla Couronne
souslenom deCharlesVII.
Le sixieme fut Loüis fils
aîné deCharles VII.Quoi-,
qu'il n'eût encore que 5.
ans le Roy son pere lui remit
le Dauphiné le 16.
Juillet 1416. il confirma
ensuite en 1440. le 13. du
mois de Juin5 la cession
qu'il luy en avoit faite
en 1416. Ce n'est que de
ce temps que le Dauphin
Louis commença d'exercer
les droits de la Souveraineté
dans cette Provkw
ce: c'est le même qui eC
tant devenuRoy, est connu
sous le nom de Louis
XI. Depuis ce temps il ne
paroist pas que les Rois
ayent cedé la jouissance
actuelle decette Province
à leurs fils aînez;ils leur ont
feulement donné le Titre
& s'en sont reservélapos
session suivant la facutté
qu'ils en avoient.
Leseptiéme a esté Charles,
fils aisné de Loüis
XI. qui luy a succedé enfuite
sous le nom de Charles
VIII. Il porta le nom
de Dauphin pendant la
vie du Roy Loüis son pere,
sans avoir jamais esté
revêtu de la Souveraineté,
comme quelques-uns de
ceux qui l'avoient précedé.
Oh ne met pas dans le
Rang des Dauphins deux
enfans qu'eut ce Prince de
• son mariage avec Anne
de Bretagne, qui ne vecurent
que peu de jours, &
n'eurent point de nom de
Bâtême.
Charles VIII. & Loüis
XII. son successeurestant
morts sans enfans, la Courone
passa à FrançoisComte
d'Angoulême,quirégna
fous le nom de François I.
François fils de François
I. doit estre compté pour
le huitième des Dauphins
de France; il mourut en
1536. du vivant du Roy son
pere, n'estant encore âgé
que de 19. ans.
Henry II. fils de François
I. succeda au Titre & à
-
la qualité de Dauphin a-
prés la mort de François
son frere aîné
: C'est le
même qui estant devenu
Roy, porta le nom de
Henry II..
François fils aîné de1
Henry II. avoit le Titre
de Dauphin, lorsqu'il (uc-.rceda
au Roy son pere , estans
mort un an ou en-
viron aprèsqu'il fut mon- =
té sur le Trône,il n'y eut
point de son temps de
Prince qui porta le nom
de Dauphin non plus ,
que fous les Régnés de
CharCharles
1 X. &: de Henry
III. ses freres, qui moururent
comme luy sans ensans.
La Couronne ayant passé
dans la Maison de Bourbon
, en la personne de
Henry VI. on n'a point vû
de Dauphins en France
jusqu'àl'aîné de sesenfans
qui futrevêtu de ce
,Titre.
Louis qui esté depuis
Roy, sous le nom
de Louis XIII. est l'onzième
des Princes del'Auguste
Maison. de France, qui
a porté le nom de Dauphin
: il le quitta en 1610.
pour monter sur le Trône.
Ce na esté qu'en 1638.
que le titre de Dauphin a
esté rempli par l'heureue
naissance de Louis XIV.
qui regne apresent;il efl: .;
le douziéme des Dauphins
de France.
Louis, dont nous regrettons
la perte, a occupé
le rang de treizième
Dauphin de France. 1
Louis, petit-fils deLouis
le Grand remplit à pre- ;I
sent la place du 14. Dauphin
: Il est né le
& a esté nommé à cetitre
le Avril 17n.
PARAPHRASE
DE L'ORAISON
Visita qtasfttmttiDomine
habitationem iftam,
& omnes, initràcï,
çefc.
vPar un R. P. J. Isite ce Palais ou régné
la Justice,
4 1 Des ennemis de pai4x découvre
l'artifice,
Assiste dans tous lès besoins
Celuy qui fait l'objet de
tes plus tendres soins.
Il porte sur le front ton
caractère empreint,
Il est en seureté tant que
tu le regardes,
TesAnges sont les plus
seurs gardes
Que puisse avoir un Roy
qui t'aime & qui te craint.
Benis la pureté de ses intentions
Que , ta protection sur sa
personnebrille,
Et que son auguste famille
1
Soit comblée à jamais de
benedictions.
MERCURE
I. PARTIE.
LITTERATURE.
Histoire dePAc-ademieBodes .yaleder
Sciences, Année170p.
Messieurs de l'AcademieRoyale
des Sciences
viennent de donner au
public un volume de leur
Histoire ; c'est-à-dire un
Recueil de Pieces Académiques
sur toutes les
Sciences, précédéd'un
Ouvrage particulier du
Secrétaire*de la Compagnie,
danslequelilexpose
d'une maniéré plus
générale ce qui est explique
en détail dans chaque
Mémoire.
Ceux qui aiment les
Sciences çonnoissènt le
prix dece Livre. La curiosité
est satisfaite par
? Mr de FonTcwlic.
les nouvelles découvertes
que l'on y trouve;
elles sont la pluspart le
fruit de la plus profonde
méditation & de la
recherche la plus active
-& la plus industrieuse,
unbon esprit attentif
à la méthode que l'on a
suivie pour y parvenir
doit yadmirer cette vivacité
ingenieusequia
pénétré les misteres de la
Nature, & les secrets de
la Geometriela plus fublilne;
cette attention
exacte qui met le sceau
aux Expériences les plus
difficiles; cette force .&
cette justesse de raisonnement
qui fait la régularité
des systémes les plus
hardis, qui en fondela
vrai-semblance, &qui
dans les matieres douteuses
donne de l'autorité
aux simples conjectures.
.-
Les Scavans font toûjours
un present utile au
public quand ils lui donnent
leurs découvertes ;
mais le plus important
servicequ'ils puissent lui
rendre, c'est de lui ouvrir
les chemins qui les
ont conduits à la connoissance
delàvérité )&
de lui faire part d'une
excellente methode toûjours
propre à étendre
lesvûës de l'esprit & le
progrés des sciences. -C'estencela queconsiste
la principale utilité des
Mémoires de cette fçavante
Academie. Nonseulement
on y trouve
des veritez qui n'avoient
jamais cfté connuës,
mais quand on lit ces
Mémoires avecreflexion
onydécouvre à chaque
pas des regles fûres pour
se conduire dans ses recherches.
La première partie de
ce Livre est intitulée,
Histoire de l'Academie
Royale des Sciences. On
y reprend ce qui cft con-*
tenu en substance dans
chaque Mémoire;ç'en
est
, pour ainli- dire
,
le
précis.
Elle a deux avantages,
Ellesert comme d'introduction
&C de préparation
à ceux qui veulent
lire les Mémoires & leur
en facilite l'intelligence;
&; quand ces Mémoires
sont lûs, elle devientune
récapitulation de tout ce
, "r qu'on y a vu: en forte quV
elle dispose d'abord 1ef
pritàse laisser convaincre
des veritez qu'on luiannonce;
& fert ensuite à y
fixer ces mêmes veritez,
enfaisant voir comment
elles tiennent les unes
aux autres, & en les afsemblant
fous leurs principes,
dont on fait connoistre
en même temps
la juste étenduë, l'usage
& la fécondité.
L'élegance &c la politesse
qui regnent dans
cet ouvrage, toutherissé
- d'ailleurs deveritezabs
traites de tous les genres,
lont une preuve quesi
les graces & les sciences
ne font pas toujours en.,
semble; il n'y a pas entr'elles
tant d'incompatibilité
qu'on se l'imagine.
:
Je n'entreprens pas de
donner icy un Extrait
detout ce qui effc contenu
dans le dernier Volume
qui vient de paroistre.
i'
Sur tout je respecte cetic
grands morceaux de
Geometrie qui ne veulent
point estre démembrez
,
& qu'il faudroit
presentertout d'une piece
; je choisiray seulement
dans les matieres
moins abstraites, quelquesendroits
curieux
qui peuvent se détacher ,
des Mémoires, &c qui
pour estre entendus nO.
demandent ni une grande
contention d'elprit,
ni une connoissance de
principes trop élevez. A,
l'égard du relie , je me
contenterai de donner
unetable des Matières
particulières qui font
traitées dans les inemoires
; au moinsceuxqui
s'y interessent feront
bien aise de avoir l'en*
droitoù elles [onrexpli.
quées,afin d'y avoir re*
cours aubesoin.
J.
-
>% De la formation & de l'acroissement des Coquilles
des Animaux
tant Terrestres que
: Aquatiques , foit de
Mer foit de Terre. si
;
Par Mr de Reaumur. :
Personne jusqu'icy n'avoit
expliqué physiquement
la formation &c
l'accroissement des Coquillages,
leur structure,
la diversité de leurs couleurs.
Mr de Reaumur
après avoir confideré
avec toute l'attention
d'un PhysicienGeomet-
(CC;, de quelle maniere
la nature s'y prend pour
former cet Ouvrage
merveilleux, est parvenu
le premier à pouvoir
rendre exactement raison
de toutes les particularitez
qu'on y remarque,
&en a rendu
compte a l'Academie
dans son Mémoire du
mois de Novembre 1709
J'en ay fait dans le
Memoire de Février
un extrait assez étendu
pour interesser les Glorieux
à rechercher eux.
mêmes lacausedetant
de singularitez qu'ils
se sontcontentez jusqu'icyd'admirer
, pour
peu qu'ils soient Physîciens
, les principes simples&
faciles que Mrde
Reaumur a établis leur
suffiront
, pour être en
état d'expliquer ce qu'ils
trouveront de plus re*
marquable: dans les di&
ferentes especes de Co-î
quillages.
A Conjectures& rejiexions
sur la matiere du
Feu , ou de la Lu.
miere.
ParMrLemery le fils.
Le Feu, selon les Car.
tesiens, consiste uniquement
dans une violente
agitation des parties
d'une matiere crcs-iub"
tile.
-
Maiscommel'experiencefait
connoistre
que le Regule d'AntimoVine
calcinéau miroirardent augmente de•
poids, aussi
-
bien que
tous les corps métalliques
, quand ils oiu
filé expofez à un grand
feu :Mr Lemery qui
juge avec raison,qu'il.
s'efl: introduit necessaiféluent
dans ces Corps
de nouvelles parties,
sans quoy il feroit tresmalaisé
de concevoir
comment ilsseroient
devenus plus pesants
ilprétend , que ces nouvelles
parties sont matiere
de feu & de lu-
Iniere, &c qu'elles ont,
outre leur agicarionSe
leur subtilité, une figure
qui leur est propre, Se
qui les determine à être
essentiellement du feu.
En forte qu'une matiere
autrementfigurée (fûtelleplus
agitée &plus
subtile )neseroitpoint
matiere de feu; &que
lamatiere du feu ne
cesse point de récréa
quoyqu'elle ait perdu
une partie de son mouvement.
C'est l'action de cette
matiere
,
selon Mr
Lemery
, qui fait làchaleur,
la lumiere, la
fluidité des liqueurs, la
susion de métaux.
- Cette matière agic
d'autant plus vivement
qu'elle est plus abondante
& plus réunie.
i-r. Le Soleil est unamas
tres considerable de matiere
de feu & de lumière:
Il nous éclaire
& nous échauffe de fort
loin,par l'entremise de
semblables parties de
matieres , qui sont placéesdans
les Inrerstices.
du grand fluide.interposé
entre luy & nous
Se qui sont poussées vigoureusement
vers les
corpsTerrestres.
Ilen est de nôtre flame
ordinaire comme
du Soleil, proportion
gardée de leurs distances
& de l'agitation de
leurs parties; car le Soseil
& la plus petite flame
ne different point
essentiellenlent
,
mais
fmeulemoent idunplsus .au
L'Eau,quand elleest
glacée, eU dans l' estat
qui luy convient : L~
fluidité ne luy est point
naturelle,elle est causée
par l'action des parties
de feu , qui sont
rarement en assez petite
quantité pourcesser
de l'entretenir.
Au contraire, il faut
une grande abondance
de matiere de feu pour
fondre lesmétaux.Aussi
reprennent -
ils bien-tost
leur premier état de fod'
lidité quandon les éloigne
de la cause de leur
fusion.
Les corps inflammables
comme les huiles
èc les graisses ne sont
tels que parce qu'ils
contiennent beaucoup
de parties de matiere
de feu
,
qui demeurent
enfermées dans de petites
cellules jusqu'à ce
qu'elles soient mises en
liberté parun agentexterieur
,
qui venant à
briser leur prison , leur
donne lieu de se déclarer
& de paroîtresous
la forme de flame.
Quoyque les corps
calcinez ayent reçû de
la matiere de feu pendant
la calcination, ils
n'en ont pas fait uneassez
grande provision
pour se pouvoir enflamer
au feu comme les
huiles. L'effet decette
matiere ne laiiTe Pafd'être
bien marquédans
la chaux vive ,par la
violente effervescence
qui s'y fait quand on la
détrempe dans t'eau,
qui desunissant alors les
parties de la chaux, degage
celles du feu qui y
étoient emprisonnées.
Il faut remarquer:
1° Que cette matiere
qui s'est enfermée dans
les cavitez des corps calcinez,
& qui semble
y être interdite de ses
fonctions,
fondions ': ne cesse pas
d'être ce qu'elle étoit
avant d'y entrer; &c,
qu'une matiere beaucoup
plus subtile &
plus agitée coule incesfamment
dans les lieux
où elle est, &entretient
son mouvement. '-, .: -
2° Que la matieredu
feu ne sçauroit sortit
des corps calcinez corn*
elle y est entrée. La
raison en est que les
pores qui luy ont servi
depassage , parce qu'ils
étoient devenus plus
grands par Fanionchï
tèu" Ce sont retrécis depuis
la calcination.
Voila les principales
conjectures de Mr Lemery
sur la -ii-utiere du
Feu. Son Systême a cet
avantage sur les autres,
qu'il explique tres-naturellement
l'augmentation
du poids des métaux
calcinez au miroir
ardent.
OBSERVATIONS
sRur liesvEcireevissnesd.e
ParMrGeoffro*y le jeune ,Ce' qu'on appelle y<oe*
d'Ecrevisses sont de petites
pierres blanches,
rondes, & ordinairementplates
à qui 91?>
donnéce nom , parce
qu'effevtiveiwotelles(è
rirent desEcrevisses de
Riviere, &; que quoyqu'elles
ne ressemblent
guereà des yeux, elles
y ressem blent encore
plus qu'à toute autre
partie.
Il resulte des Obkr.
vations queMr Geoffroy
-à-faites queces pierres
jlnee,cseervfeoarmudenetpsaEscredvainfs- comme lesplus
habiles Naturalistes lavoient
crû.,, mais dans
-la regionde l^eftomac.
comme Vanhelmont l'a
trouve le premier.
, Ces pierres ne se trouvent
dans les écrévisses qu'au
temps de leur muë qui leur
arrive tous les ans au mois
de Juin. Alors elles se dépoüillent
de leur écaille.Une
membrane qui en tapiuc le
dedans devient en se durcissantune
écaillenouvel le.
Leur ancien estomac s'en
va 3- & apparemment aussi
l'intestin; au moins Mon*
sieurGeoffroy le conjecture;
& lesmembranes exterieures
de ces vifccres leur fuccedcnr,
Ciij
Les écrevissespendant
jettes muënt font foibles
&languissantes, & ne mangent
point.
Mais uneparticularité
tres remarquable; ctcfi que
l'ancien estomac estdigeré
par le nouveau ,
& leur sert
d'aliment pendant la muë.
Mr Geoffroy croit que
les pierres que l'on trouve
dans les écrevisses,
contribuënt à leur nourriture
pendant leur fftâladie.
La raison de cette
conjecture est que ces
pierres diminuënt toûjours
de grandeur,jusdqiusp'àacroeissent.
cii fin' celllleess
OBSERVATIONS
sur lefroid del'Hiver1709
Il a esté étonnant que
le froid de l'année 17°98
qui fut si extraorinaire & si
rigoureux, aie esté pendant
plusieurs jours à Paris par
un vent de Sud. Pour en
rendre raison Monsieur de
la Hire a dit queles Monragnes
d'Auvergne,qui sont
au Sud de Paris, estoient
toutes couvertes de nége;
& Monsieur Homberg,
qu'un vent du Nord tresfroid,
&qui venoit de loin
&s'étendoitloin ayant précedé,
le vent de Sud ne fut
qu'un reflux du même air
que le Nord avoit poussé,
& qui ne s'estoitéchauffé en
aucun pays. Ces deux causes
peuvent fortbiens'être
jointes.
On a sçû que dans le
même Hyver la glace du
Port de Copenhague avoit
estéépaisse de vingt-sept
pouces dans les endroits
mêmas où elle n'estoit
point accumulée. Ce faitc
c(V d'autant plus digne d'attention,
que dans la grande
gelée de 1683. la Société
Royale ayant fait mesurer
l'épaisseur de la Tamise,
quand on alloit dessus en
carosse
,
elle ne se trouva
que de onze pouces.
Cetteannée là Messieurs
de la Societé Royale des
Sciences établie à Montpellier
envoyerent à Messieurs
de l'Academie Royale
des Sciences de Paris an • Ouvrage de Monsieur Gauteron
un de leurs Associez,
pour entretenir l'union intime
qui doit estre entr'-
elles, comme ne faisant
qu'unseul Corps auxrermes
des Statuts accordez
parle Roy au mois de Fevrier
1706.
Cet Ouvrage est intitulé,
Observation sur l'évaporalion
qui arriveauxliquides
pendant le grand froid,
avec des remarques sur
quelques effets de la gelée.
Il cft surprenant que levaporation
des fluides qui
est. ordinairement causée
par un grand chaud
,
le
soit aussi parun grand
froid.
Voicy quelle est sur cela
la pensée de Mr Gauteron.
On est convaincu par
plusieurs experiences que
l'air contientun sel que
l'on croit estreàpeu prés
de la nature du Nitre.
L'air est plus condensé
en hyver que dans un autre
saison de l'année.Cette
condensationde l'air donne
lieu auxmolecules du Nitre
de se raprocher & de s'assembler
sous une plus grande
masse
,
d'où resulte avec
la même vitesse une plus
grande quantité de mouvement.
Il n'en faut pas davantage
pour faire agir ce sel
avec plus de force contre les
parties du fluide & le faire
évaporer, au lieu qu'enesté
l'évaporation des liquides
est causée par la violente
agitation de la matiere
etheré1e.
Les principales remarques
que Mr Gauteron a
faites sur la gelée de1709.
sont:
Que l'eau couverte d'huile
par-dessus &par lescôtez
a gelé environ demie
heure plus tard que l'eau
exposéeà l'air sans précaucaution
;& qu'en se gelant
elle a formé un champignon
deglace relevé d'un pouce
au dessus de la superficie
de l'huile.
Que l'huile de noixa
garanti 1* eau d'une gelée
mediocre
, ce que l'huile
d'olive n'avoit pas pu faire.
Quel'eau chaude &prê
te àboüilliragelé plus tarcl
d'environ demie heure que
la naturelle.
Que l'eau de vie, l'huile
de noix,& l'huiledeTherebentinen'ont
point gelé
du tout.
Que pendans la gelet'lu-cq>
que le ciel fûtfort serein,
le Soleil paroissoitun peu
pale.
Qu'à Montpellier les
Orangers,& les Grenadiers
ont perdu leurs feüilles &
leurs branches;que lapJus
grande partie de ces arbres
sont morts jusqu'àlaracine;
, 8. èt ce qu'on n'avoitjamais
vû dans cc Pays-là, lesLai>*
riers, les Figuiets. les Grenadiers,
les Jasmins; les
Yeuses, & quelques Chesncs
même ont eu le même
sort:Le Rhône a estégelé
jusqu'à la hauteur de douze
pieds par les couches de
glaces qui s'y sont amassées;
& l'étang de Thau ordinaiment
fort orageux, & qui
communique à la mer par
un court & large caonaI,s"eû
pris d'un bout à l'autre, ce
qui n'estoit jamais arrivé.
Enfin le dégel du 13.. de
Janvier, & celuy du ic;
, Février ont esté suivis d'un
rhume épidemique, dont
presque personne n'a esté
exempt.
Tous ces faits doivent
estredédoits de la rpême
cause, c'est- dire du changement
qui arrive à l'air
pendantla gelée.
-
Mr Gautheron dans son
memoireexplique d'une maniéréassezétendue,
en quoi
cansistexe changement.
SurleDelire mélancolique.
riMonfieur VieufTcnsle
fils
fils a expliqué le délire
mélancolique par une
supposït ion nouvelle
assez curieuse.Ilétablit
le siege des fonctions de
l'esprit dans le centre ovale,&
non pas dans la
glande pineale, comme
l'a imaginé Mr Descartes.
Je ne sçaurois. mieux
faire que de trauscrire
icy les proprestermes de
Mrde Fontenelle,l'Hypothesede
Mr Vieussens
ne sçauroit-estre expliquéed'unemaniéré
plus
nette & plus abrégée.
„ Selon les découvertes &
„ le sistéme de Mr Vieussens
3,
le pere qui a pousse fort
,,
loin les recherches anato-
„ miques
,
le centre ovale
„ est un tiilù de petits Vais-
„ feaux très deilez.qui com-
„ muniquent tous les uns
„ avecles autres par une „infinité d'autres petits
y>
Vaisseaux encore infini- *
_„menc plus dcHez) que
,, produisenttous lespoints
de leur surface extérieure,
C'cll dans les premiers de .(C
ces petits Vaisseaux que le cc
fang arteriel se subtilise»
au point de deveniresprit“
animal
, & il coule dans »
les séconds fous la forme cc
l'esprit. Au dedans dece cr
nombre prodigieux decc
tuyaux presqueabsolu- »
ment imperceptibles, se <c
sont tous les mouvemens“
aufqucls répondent des»
idées, & les impressions«
queces mouvemens y lais- «
sent, font les traces cjuicc
l'apellent lesidéesque l'on «
a déjà eues. fÇ
Il ne faut pas oublier
„ que le centre ovale se
trouveplacé à l'origine
„ des nerfs; ce qui favorise
„ beaucoup la fonction
yy
qu'on lui donne icy.
„ Si cette méchanique est
3J une foisadmise,il estaisé
„ d'imaginer que la fanté
"de l'esprit ( en ce qu'elle a de mareriel) dépend de
„ la regularité,del'égalité.
J,
de la liberté du cours des
„ cfprits dans ces petits ca..
”naux. S'ilyenalaplupart
,,
d'affaissez,comme pen-
1)
dant le sommeil, les es.
pries qui coulentdans V*
ceux quirelient fortuitement
ouverts revei1illcnt."
au hasard des idées, en-cc
tre lesquelles il n'yale le'
plus souvent aucune liai- c,
son, & que l'ame ne laisse cc
pas d'assembler faute d'en Ct
avoir en même temps<e
d'autres qui lui en fassent
voir l'incompatibilité. Si ce
au contraire tous les pe- cc
tits tuyaux sont ouverts,
& que les esprits s'y por- cC
tenten trop grande abon- Cf
dance & avec une" trop ”
grande rapidité, il fc re:
#)
veille à la fois une foui*
J)
d'idées très-vives, que
„ l'ame n'a pas le temps de
J'
distinguer nyde compa-
9y
rer,&c'estlà la frenesie.
”S'il ya feulement dans
J)
quelques petits tuyaux “uneobstruction telle que
„ lesespritscessent d'ycou-
„ 1er, les idées qui yétoientf
”attachées sont absolu-
„ment perduës pour l'ame,
y, &ellen'en peut plusfaire
„aucune usage dans ses
,, operations,de forte qu'eU
vle portera un jugemen t
„iafenfé toutes les fois
que ces idées lui auront cc
esté necessaires pouren se
former un raisonnable.”
Hors de là tous ses jugc-.cc
mens feront fains. CVftl*
là le delire melancolique. t€
MrVieussens a fait voir”
combien sa supposition Cr'
saccorde avec tout ce qui”
s'observe dans cette ma- <e
ladie. Puisquellevient”
d'une obstruction ; elle cr
ca produite par un fang <f
trop épais & trop lent, ”
aussi n'd- t on point de t€
fiévre. Ceux qui habitent c,
les Pays chauds, &dont cC
„ le sang èst dépouillée de
- „ ses parties lesplus subti-
„ les par unetrop grande
» transpiration ; ceux qui
9)
usentd'alimenstropgros-
,,
siers ; ceux qui ontesté
>Y
frapez de quelque grande
„ crainte, &c. doivent eftrc
plus sujetsaudelire me- „,lancoliqueNousn'entre-
,y rons point dans unplus
„grand dénombrement»,
„iliroit peut-estre trop
loin ; il n'y a guerrede
>y
teste si saine, où il n'y ait
quelque petit tuyau du
„,centre Ovale bien bou-
„ché. ELOGE
ELOGE de Mr de
Tschirnhaus, de ¡J,A.
1demie Royale des
Sciences,
ParMrde Fontcnelle.
Mr deTschirnhausétant
mort le xi Octobre 1708;
Mr de Fontenelle fit son
éloge à l'Academie des
Sciences.
:
,
Mr de Fontenelle après
avoir parlé de l'illustre extra&
ionde M, de Tfchirnhaus
; de son inclinationdominante
pour les Lettres
& pour la Géométrie des
sa plus grande jeunesse; du
fruit de ses voyages; de soncaractere
d'esprit vif, hardi,
original; des découvertes
qu'il a faites dans les
Mathématiques, qui luiont
acquis une si grande réputation
parmi les Sçavans;
de son Traité de Medecina
mentis & corporis: lui donne
du costé des sentimens &
des moeurs les louanges qu'il
mérité. Voici entr'autres
çhçfcs ce qùef dit Mrde
Fontenelle sur k dcfintç*.
reornentphiiofophtqucde
Mr de Tfehirnhaus.
.(;' Cette passion ardenreCe
pourl'étude doie natu- €f
relieraient:doftiier l'idée -
d'unhomme éxtrètncmcntf
evide de gloire;carenfin ic
il riy a point de grands
travaux sans âtgrands"
motifs^ lesSçàvans font <p
dès ambitieux )de cabinet. u
Cependant Mr de Tfchjr. «C'
nhausne l'était point; il cf
n'aspirait point partou-fC
tessesveilles à cette im- Cç
mortalité qui nous tou-1{
„
che, tant & nous appartient
si peu ; iladit à ses „amisque dés l'âge de 24 ans il croyoit s'être af-
»franchi de l'amour des
;,.
plaisirs, des richesses, &
même de la gloire. Il y a
des hommes qui ont droit de rendre témoignage
,,
d'eux mêmes. Il aimoic
,, donc les Sçiences de cet
"amour pur & desinteressé
„ qui fait tant d'honneur, »&àl'objetquil'inspire,&
„ au coeur qui le ressent;
„ la maniere dont il s'exl'
prime en quelques endroits
( de son Livre) sur u
le ravissement que cause
la joüissance de la vericé <c
est si vive & si animée, cc
qu'il auraitété inexcufa- cc
bledese proposeruneau-"
tre récompense.
On voit par là à quel
point Mr de Tschirnhaus
estoit Philosophe;
on en jugera demême
par la fin deson eloge.
Ilavaitdonne une par-"
tieconsiderablede son pa-<c
trimoineàson plaisir,c'eGcC
à dire auxLettres. Il pro- [i
"pole dans ion ouvrage le
„ plan d'une Société de gens
„ de condition,& amateurs „des Sciences, qui fourniyi
raiént à des ~sçavans plus
appliqués tout cequi
,, leur seraitnecessaire &
,,
pourleurs sciences & pour
„ eux;& l'on sent bien avec
„ quel plaisir il auroit porté
ses charges de cette Com-
,, munauté. Il les porroit dé- là sans l'avoirformée. Il
cherchoit des gens qui eussent
des talens, soit pour
„ lesSciencesutiles,soit pour
ks Arts; illestirait des tenebres
où ils habitent or- <c
dinairement, & était en c(
même-temps leur compagnon,
leur Directeur, &(<
leur Bienfacteur. Il s'est as- t€
sez souvent chargé du foincC
& de la dépense de fàirecC
imprimer les Livres d'au- cC
truy, dont il esperoit deCI
l'utilité pour le Public, en- (<
tr'autres le Cours de Chy- ct
mie de Mr Lemery, qu'il
avoit fait traduire en Alle- cc
mand, & cela sans se faire <c
rendre, ou sans se rendre
à lui même dans les Pre- cC
faces l'honneur qui luy/î
,,- était dû, & qu'un autre"
3>
n'auroit pas negligé. Dans
des occasions plus impoiv?
tantes, si cependantelles
ne le font pas toutes égament
pour la vanité, H
;, n'était pas moins éloigné
„deloflentatibil. Il faisoit
,,du bien à Ces ennemis avec chaleur, & sans qu'ilslé?'
~fçûssent,ce qu'à peine le
Christianisme ose exiger.
* Il n'était point Philosophe
par des conoiflances*
,,rares & homme vulgaire
?) par ses passions & par ses
faiblesses.La vraye Philosophie
avait penetré Conte
coeur, & y avait établi cette
delicieuse tranquillité,
qui est le plus grand & le c,
moins recherché de tous
les biens. •!
Je m'apperçois qu'-
insensiblement j'ay passé
les bornes que je
m'étais prescrites, &
que je suis entré dans un
assez grand détailsur les
Mémoires dont je viens
deparler,au lieu d'en détacher
simplement qud:
ques endroirs remarquables
, comme je me
l'étais proposé.J'avois
envie de m'étendre
encore sur d,au,
tres pieces très- curieuses,
telles que font
les Observations deMr
Marchant sur quelques
Vegetations irregulieres
de différentes parties de
Plantes: les Reflexions
deMMagnol,deMontpellier,
sur lacirculation
de laséve dans les Plances
: celles de Mle Saurîn
, à l'occasionune
difficultéconsiderable
proposée par Monsieur
Hughens contrele Système
Cartesien sur la
cause de la Pesanteur.
Mais lepeude placequi
me resteicy m'oblige à
remettre au rçwis prochain
la Table de toutes
les matières contenues
dans ce Volume, que
j'aurais miseici, si l'ordre
que je me prescris
apxclcnc pour la faci«'
lité de l'impression &
pourl'utilité duPublic,
ne bornait parla fintte
certe feuille la féconde
Partie duMercure.
Il. PARTIE
DUMERCURE.
N0V VE LLES.
A Qjtêbec le 31. Octobre
1710.
MONSIEUR,
Voici une suite non interrompue
des Nouvelles
que j'ai coustume de vous
donnerchaqueannée dece
qui s'ell: passé de plus nlé.
morable en Canada.
1
Le desseinque les Anglois
avaient eu l'année
derniere d'envahir la Colonie
ayant avorté, & s'es-
"- tant vûs eux-mêmes les
Artisans de leur propre défaite
& de leur ruine ,en
brûlant les Forts - qu'ils
avoient construits à grands
frais aux environs des lacs
dua Saint Sacrement & de
a Lacs de l'Amérique Septentrionale
entre la Nouvelle Angleterre &'
la Nouvelle France vers les 43. & les
45. Dégrez delatitude du Nord
,
(elon
les plusexafl.:.:s observations.
Champlain; &qui plusest
tous leurs Bateaux, b Pirogués,
Chaloupes, & bon
nombre de Canots de toutes
grandeurs ayant esté
brisés de leurs propres
mains,& toutes leurs munitions
de guerre & de
bouche jettées ça & là
,
difsipées
par leur ordre,ils ont
trouvé dans leur patrie l'imaged'une
mort aussi tristequecellede
l'epée, dont
ils menaçoient les habitans
AbrbPreectirtesuPsiem,feonrtstfeaniutssadge'usunrl~ed
fleuvedeMissisipi
dela Nouvelle France depuis
quatre ou cinq ans.
Les Anglois,dis je, ont
trouvéà leur retour dans
leur pays, la contagion répanduë
dans presque toutes
les famillesde la Nouvelle
Angleterre & de la
Nouvelle Yorck
,
funeste
fuite d'uneexpédition an1-
bitieuse, tentée sur nous &
non executée,restemalheureux
de tant d'inutiles
travaux, fruits des dépenses
immenses que nos Ennemis
ont faites» qui en
achevant de diminuer le
nombre des habitants ,
leur a ôté le moyen de nous
faire la guerre, en lesépuisant
d'argent qui en est le
nerf& prerque tout le soutien.
La crainte de l'Ennemi
étant éloignée vers lafin
de 1709. par le bon ordre
que mit par tout Mr le
Marquis de Vaudreüll
, Gouverneur general de Canada,
on envoya en qualitéd'Ambassadeur
chez les
Iroquois, Mr le Baron de
Longuëil
,
Chevalier de
l'Ordre Militaire de saint
Loüis.Comme cet Officieir
a le coeur des Sauvages ,
l'affection étant passée du
pere au c fils
,
le choix
qu'en a fait Mr le General
a esté tres-judicieux &
vousen jugerez vous-même
,
Mr,lorsqueje vous
assureray que Mr de Longuëil
a la cabane chez ces
Peuples du Nord c'est-àdire
sa Maisonà l'Iroquoise
y
qui luy est conservée
avec autant de respect que
c M. le Moine, pere de M. de
Longuëil, étoit appelle par les Iroç
quois à KrÚÚfliln
,
c'est-à-dire la
Perdrix.
les Palais où logentord inairement
les Ambassadeurs
en Europe.
Mr de la Chauvinerie
accompagnaMr le Moyne
de Longuëil ;
il entend
parfaitement la Langue
Iroquoise. LeCalumet de
Paix, qui est une grande
Pipe garnie de longues plumes
vertes, rouges, bleuës,
grises, &c. Fut arboré à nos
Canots, en arrivant chez
les cinq Nations: les principaux
chefs des Iroquois
enfirent autant; la joye se
répanditaussi-tôt par tout,
& l'AmbassadeurFrançois
futconduit à sa cabane au
bruit des chansons des jeur
nes guerriers; la foule l'empeschoit
de passer. Aprés
les repas ordinaires & les
danses entremeslées selon
l'usage de ces Sauvages
Ameriquains,leCalumet
de paix fut plantéau milieu
d'un grand cercleformé
par les Vieillards ôc les
plus considerez d'entre ces
chefs des Nations Iroquoises.
L'Officier Canadien
leur fit une courte harangue,&
leur exposa les raisons
qu'avoit Onnonito,
c'est-à-dire le Gouverneur
general des, François, de
l'envoyer chez eux. Celuy
des Iroquoisqui porroit la
parole pour les Nations, y
fit la réponsequevoicy à
peu prés. Que veritablement
les Anglois les avoient
engagez par de magnifiques
& de tics-riches
presens à se retirer au près
d'eux : qu'ils leur avoient
donné la Hache, ( stile sauvage
, cela veut dire qu'ils
leur avoient fourni des armes,)
mais qu'ilsn'avoient
jamais eu le dessein de la
décharger sur les François:
qu'ilsn'avoient eu d'autre
vue en toutes ces démarches,
quoyque tres-desavantageuses
en apparence
aux François
, que d'estre
spectateurs des coups qui
se donneroient de part &
d'autre, sans prendre d'autre
parti: que d'ailleurs ils
étoient tres-resolus de ne
rompre jamais le celebre
Traité fait avec feu Onnontio
Mr le Chevalier de
Callieres d leur pere en
duGouverneur General de la Nou1701.
entre treizeNations :
Que l'arbre e de Li Paix
étoit encore tout verd
,
6c
qu'ils n'y donneroient aucun
coup de hache: que
pour montrer la sincerité
de leurs intentions ils étoient
prests de choisirplusieurs
d'entre leurs chefs
pourenassurerOnnontio,
le grand General des François,
&: c'etf ce que ces Nations
sauvagesont executé
quelquetems après. Il faut
velleFrance, & frere du Plenipotentiaire
pour la Paix de R i(V ick.
e Stilefiguré très-usité chez Ici-
Sauvages du Nord.
avoüer, Monsieur, que le
sieur de Junquieres quidepuis
plusieurs annéess'acquitte
avec beaucoup de
soin de sa negociation auprés
des Iroquois, a beaucou
p contribué à nous gagner
ces Peuples sauvages
& guerriers, par son habileté
à manier des esprits
aussi difficiles que le sont
ceux-là.
Le trouble qu'avoient
cause ces grands préparatifs
de nos Ennemis voisins,
pour nous soumettre
à leur domination étant
âppaisé ôc les Iroquois
qu'ils avoient gagné autant
par menaces que par promesles
& encore davantage
par des effets, je veux
dire par de larges presens,
étant venus chanter la palinodie
, & reconnoître en
presenced'Onnontio qu'ils
s'étoient trop avancez en
écoutant les propoeitiens
de l'Anglois nostre Ennemi,
nous avons joui d'une
tranquillité charmante cette
année 1710mais comme
dans lapaix il faut sedéfier
d'un voisin jaloux
,
ambitieux
& inquiet ,Mr le
Marquis de Vaudrciiil,ciî,
homme habile,avoit en- fj voyeaucommencement
de la mesme année, dans
la nouvelle Anglecerre,
deux Officiers,Meilleurs
Dupuy & de la Periere ;
avec quelques Canadiensatercesy
qui en menageant
la liberté de quelques prisonniers
faitsde, part &
d'autre, apprendroient par
eux-mesmsl'étatdes ColoniesAngloises
ôc leurs
divers mouvements. Je
trouve, Monsïeur, quenostre
General a fait comme
dit le Proverbe) d'une pierre
deux coups, car par cet
te espece, d'ambassade il
içu au retour de ces Officiers
aucommencement
d'Avril bien des choies
dont il n'étoit point assùré.
parfaitement; au reste il
faut rendre icy le mente à
quiil appartient, & dire à
la louange des Anglois
qu'ils ont receu avec toute
forte d'honneur nos Envoyezy&
qu'ils n'ont point
seint d'avouer que l'alarme
avoit été chez eux en J702.
jusqu'aun pointqu'il éUJ
difficile d'exprimer [ur
bruit de la marche c
François resolus de les
taquer par tout où ils
rencontreraient
, & c'
dans letems mesme qui
estoient renfermez dz
leurs Forts du collé du D
Champlain. Cette terr*
répanditsi universel
ment danstoute laNo
velle York, que lèsfaà*
tants de la villed'Oran
vuderent avec beauco
f Ville de la Nouvelle Yorkq
appelleaussiAlbany.
- d'empressemt
dempressement leurs magazins
,
& transporterent
leurs effets a Manhate, qui
est le lieu de la residence
des Gouverneursde Ne$r-
.york,& s'appelle vulgairement
la Menade. Le*
fleurs Dupuy ôc Boucher
de la Periere ramenèrent
de ce Pays-là entr'autres
prisonniers échange
,
le
Pere de Mareuil, Jesuite
Missionnaire chez , les Sauvages
de laNation des On-
, montagues. Ce bon Pere
s'écoitréfugié chez les Flamands
deNew-York pour
éviter la fureur des Iroquoisquile
menaçoientdé
luy faire un mauvais quartier,
justement dans letems
que les Anglois employoient
le verd & le sec
pour attirer ces-Sauvages
dans leur parti contre nouy.
La garnison du Détroit
poste dontje vous aytant
parlé dans mespremieres
Lettres, efl défendue-au
mois de May en l'ille de
Montréal
,
fans- doute, par
g Fort environnéde quelques habitations
firué entre le lac Eric&kc
lac dcs Huronsau43e. degic d:luti-»
tude Septentrionale. 4'"'•*
ordre de la Cour. Mr de la
Mothe qui en est Gouverneur
y est resté avec les
Canadiens établis en cet
endroit: mais cet Officier
ayant esténommé par Sa
Majesté, Gouverneur de la
Louiliane autrement dite
leMissisipi il n'y demeurera
pas longtems.Mr de la
Forest:
,
Capitaine, est allé
le relever pour leDétroit
De plus de trente partis
que nous avons formez
,
tant de Canadiens h que de
hLesCanadiens font les Ff.mcoM
Sauvages
, pour tenir en
respect les Colonies Anglosses
)
il n'yena. paseu
un seul qui ne se foie
distingué par quelques ex.
ploits les uns en amenant
bonnombre de prisonniers,
& les autres en apportant
des chevelures:
ceuxcy regardent les Sauvvaaggeess,,
qquuiiaapprreèss aavvooiirr renverse
leurs Ennemis avec
la massue les fléchés où le
fusil, leurincitent la peau
dufront, & tout autourde
rez en Canada, il faut direCanada
&nonpis Canadois.
latête,puis leur levent la
chevelure, & la portent
au bout de leur arc ou de
leur fusil,&lorsqu'ilsfont
arrivez a leur cabane, les
arborent à l'entrée en maniere
de trophée & de dépouille
de l'Ennemy ; les
Anglois se font donc vus
réduits aux abois & exposez
à mourir de faim. Les
Sauvages nos alliez lesempeschent
( a la maniéré des
chiens couchans) de sortir
de leurs habitations, les
gardant à vûë, cela allait
si loin qu'à peine osoientils
sortir de ces cabanes, Se
pour les besoins les plus
pressants. ? 6-
-
Quinze denos Sauvages
s'étant mis en embuscade
dans un liois ont défait dixhuitAngloisarmezjusques?
aux dents & sur leurs gar-:,
des. Ces Anglois étoient
commandez par un Colonel
qui a été tué dans le
combat avec plusieurs des
fiens le reste fut mis en
fuire. :Voicy un fait assezsingulier
au sujet d'un parti
de Sauvages nos alliez.
DeuxAlgonKins de la Mission
de Lorette - establis
dans l'IsledeMontréal
sous, la conduite de i\'lef.
sieurs dé S. Sulpice,attaquent
deux Cavaliers du
côté de la Nouvelle Angleterre
, eux n'étant qu'à
pied à leur ordinaire,&en
prennent un. Voilà, Monssiieeuurr,
conlnle vous vovez,
, comme voyez,
ce qu'on peut appeller la
petite guerre. Les Sauvages
du Nord. del'Amerique,
ainsi que les chasseurs vont
à la poursuite des animaux,
cherchent les hommes
comme du gibier qui leur
convient. L'Anglois pris,
ils le lient & se mettent en
devoir de l'amener, la compassion
des deux Sauvages,
ne l'avoit fait lier quetrèslegerement
;les deux Sauvages
fatiguez s'arrestent
en chemin pour prendre
quelque repos ,
l'Anglais
les croyant fort endormis
& dans le premier sommeil
qui d'ordinaireest le plus
profond,se délie & court
se saisir d'une hache qui
appartenoit à ses vainqueurs,
mais non si adroitement
tement que l'un des Algonkins
ne s'en apperçust: celuy-
cyfrappédu desseindu
Prisonniercommun, éveille
son camarade: alors le
pauvre Anglois se voyant
découvert, met son fàluc
dans la suite; la circonstance
du temps luy estoit
favorable,à cause de la
nuit: cependant les deux
Sauvages le. suivent à la
blancheur de sa chemise
>,
car il estoit nud, ôc ne
pouvantl'ateindre de prés,
ils l'attraperent de loin,en
luy laschant un grand
coup de fusil qui arrefta,
ftouut, cyourtalerptris.onnier Le Printemps & l'Esté
de l'année où nous femmes
, ayant presque esté
sans pluye
,
la secheresse
s'est trouvée si excessive
que lesoiseauxqui dans ces
saisons seretirent pour l'ordinaire
dans les bois, ont
eâc obligez d'en sortir
pour trouverdequoy boire
&c mander sur les bords du '!
fleuve S. Laurent. On estime
icy que ce manque de
pluye & cette chaleur estonnante
nous oru: procure
une multitude infinie de
Tourtes,espèces de Ramiers
ou de Bisets qui ont
desolez une partie des bleds
&mesme les legumes
, comme pois, feves, &c.
en beaucoup d'endroits:
-mais de peur que ces animaux
ne nous mangeassent
davantage, nous les avens
mangé eux-mesmes par la
chasse que nous leur avons
donnée à grands coups de
fusil.,
Les Ours ces animaux si
feroces ont quitté leurs
trous,ôc se sont jettez sur
lesterres ensemencées;ils
ont porté leur audacejusqu'à
s'approcher des habitations
à
& on en voyoit
souvent à la pointe del'Isle
de Montréal qui est du côté
que l'on appelle la Chine.
Au mois d'Aoust quelques
Sauvages des nôtres
venant de la ville d'Orange
en New-YorK nous ont appris
qu'une flotte de la
vieille ! i Angleterre avoit
paru sur les costes de cette >?
i Vieille par rapport à la Nouvelle
tpidl: nostrevoisine.
contrée, ôc y amenoit un
nouveau Gouverneur:c'est
si je ne me trompe ,
le Colonel
Hunter
,
qui a esté
choisi par la Princesse Anne
pour succeder à Mylord
Lorelace mortGouverneur
de la Nouvelle York. Les
mesmes Sauvages ont rapportéque
Peter Schuiler
vulgairement pitre Schul-,
le ,Major d'Orange étoit
arrivéavec ces Sauvages
que les Gazettes de Roterdam
nous marquent avoir
esté traitez de Rois à Londres,
Ôc ce ne sont que trois
miserables Iroquois dela
Nation des Aniez que le
pauvre Pitre Schulleavoir
traisné avec luy, pourjetter
de la poudre aux yeux
& prelenter du brillant à
la Cour d'Angleterre parune
ambassade de trois
gueux venus de loin.
Des Lettres que l'on a
reçues de la même Colonie
, nous ont encore appris
que cinq cents familles
duPalatinat ont passé d'Europe
en Amérique, & sont
venus habiter le Pays des
Aniez
, une des cinq Nations
Iroquoisesfortamie
des Anglois. Ce sont ces
Palatins si souvent répétez
dans les nouvellespubliques
y
passez avec tant de
frais en Hollande, puis en
Angleterre, & delà dans
les Colonies Angloises de
IJAInerique septentrional.
Voilà du gibier pour les
Sauvagesytk il y a beir de
croire,Monsieur, ques'il
y a guerre entre les Iroquois
nos alliez, & ceux
qui peuvent estre gagnez
par les Anglois, ces bonnes
gens, qui ont fait tant
de chemin, courrontgrand
risquedese repentir bien
des fois,&de dire eneuxmesmes.
, que sommesnGous
veanuslfaeire dransecet.te
Le 8. de. Septembre dernier
nous avons eulajoye
de voir moüiller dans la
belle rade de Quebeç
,
le
Vaisseaudu Roy,l'Afriquain,
commandé par Mi
deMarigny.Ce Bastiment
est percé pour cinquante
canons. -.
-
Phenomene pour Messieurs
les Philosophes. Le
16, de Septembre de lapresente
année
,
sur les huit
heures du matin, il y Cà
un.tremblement & une secousse
deterredans l'Isle de
MonrreaI.Comme lemouvve&
mmenetnnienefruuttppoominttlolonngg,,
car il ne dura tout au plus
qu'un demi quart d'heure,
on serassura. Noussommes
icy assez sujets à ces
fortes de tremblements,
Le sieur Guyon Phlibustier
,amena le
10. de ce
moiscy devant Quebec
unepriseAngloise chargée,
deSel, de Moruë 5c d'Huile.
Cet Armateur rapports
qu'il avoir vu dix ou douze
gros vaisseaux Anglois
&trois Galiotes à bombes,
approcher des codes de
l'Acadie. Mr le Marquis
de Vaudreüil,nostre General
,
avoit envoyé des
Officiers & des Troupes des
renfort à Mr de Subercasse
Gouverneur dePort-Royal
& deFAcjdie.
Mr le Duc, cy-devant
Avocat au Parlement des
Paris & envoyéde France
pourremplir dans leConteil.
fouveraiii de Quebec
la Charge de Procureur
General, yest mort huit
rjours après son arrivée.
prépatoitàcequ'onm'a
dit une fort belle haran-
:j,gue,Quoyque la pluyeait
manque cette année crc
partie pour les biens de la
-
terre , nous avonscep ri-
;- dant fait une recolté Cft:
toute sortedegrains, & sur
tout en bled. L'année precedente
nous avons tiré, a
ce que l'on prérend, pour
,,
deux cent mil livres d'ar- t gent, du surplus de nos 1
bleds: mais cette année om
en usera autrement pour de)
bonnes raisons.
On vient d'achever unouvrage
dans le liautcaiiida,,
qui fera beaucoup d'honneurà
Mr le General aussibienqu'à
Mrle Chevalier
deBeaucour qui en a donn
le plan, ôc comme cetOfsicier
entend l'architecture
militaire
,
il l'a parfaitement
bien fait executer
C'est un Fort flanqué de
quatre bons Bastions. Il
environcentpieds en quar
ré & ca revestu de pierre
Te tailles dures comme du
marbre, que l'on a trouve
leplus heureusement du
monde dans une carriere
toifine. Ce quiest de merveilleux
,
c'estqu'onn'à
presque point eu besoinde
marteaux pour les mettre
en oeuvre s'eftariî^rèh'co'ni
tr¿es pour la pluparttoutéfc
taillées naturellement Ce
Fort eil: basti dansunlieu
appelleChambly, ;lesmurailles
sont élevées par dessus
le niveau de la campagne
devingt-cinq pieds au -
moffîs.j leur épaisseur est
de six pieds au bas vers les
talu ; elles sont faites de lac
pierre dontj'ay parlé; chaque
Bastion eL1 garni do
trois rangs de J^teriçs;
composées de bons-Canons
&de gros Pierriers'"?
Tout cet exterieur du Forn
couvreentierement les ma
gazins à poud re qui fonjr
bien voutez; les Caves tres
Je Ce sont de petites pieces d'artil
leues communement desa' ,
qui m
poneurras loin
,
mais qui font 1
-gr,in,d- écarts, on s'en sert à jetter do
pierres & des cailloux, desballes si
de la feraille enveloppées dans d'h
cartouches; cette espécede Canon
jtlurge p,tf la culalle avecune boeCGj
spatieuses & très-belles ;
les Boulangeriesfortadroitemen-
t menagé1es
,
&: par
dessus tout cela une Chapelle
d'unfort bon goust
& bien entenduë
;
les logements
dans ce Fort sont
!
si considerables que Mr le
Général, leGouverneur de
Montreal, ôc le Gouverneur
particulier du Fort
avec quarante ou cinquante
Officiers
, pourronty
estre placez à leur aise, sans
comptertrois ou quatre
centsSoldats &: huit cents
en cas d'attaque
, rangez
dans les bastiments le long
des courtines &en dedans,
la place d' rmes demeurant
libre & dégagée, quoyque
tout y aboutisse; en un
mot on ne peut rien de plus
beau & en mesme temps
de plusaiséà deffendre. Ce
Fortestsituéau46° degré
: de latitude Nord, au de[-,.
fous delacataracte formée ;
par les eaux du lac Cham-
-
plain, dans un terrain a.
vantageux&quifedtffend
presquedetous costez. La
chasse & la pesche contribuent
à l'entretien de laj,
garnison ,
garnison,& la riviere qui
fort LortChamplain,conduitau
fleuve S.Laurent,
vis-à-vis les Isles de Richelieu
, d'où l'on peut envoyer
des Canots à Quebec
& à Montreal :. tel est , Monsieur, le nouveau Fort
de Chambly ,qui met à
couvert tout le Gouvernement
de Montreal ,&qui
avec quatre ou cinq cents
hommes de garnison peut
resister à tous les efforts des
Anglois nos voisins ,les
empeschent de passer , èc
les obligent de retourner
chez eux,fussentils venus
jusques-là au nombre de
dix mille.
Mr deBreslay ce zeleM
MissionnairedeSulpice,
dont je vous ay parlé tant
de fois dans mes Lettres,
qui a quité la Cour des
Rois pour gagner des Sau--
vages d'Amerique au fbu--
verain maistre de l'Univers
, a fait construire une;
Fort dans l'isleaux Tourtrès
où est le principallieu
de sa Million, elle est f-1-
tuée entre le lac S. Louis&
le lac des deux montagnes.
Commeil a este autrefois
Ingenieur
, vouspourrez
juger Monsieur,qu'il na.
voit pas besoin de Conseil
pour l'aider; ce Fort est à
un quart de lieuë de celuy
deM. deSenneville quiest
à la pointe de Ile de Montréaldu
costé du lac sains
Louis;c'est: proprement là,
qu'est le bout du Canada.
Lemesme
1
Ecclesiastiquea
commencéune Eglisebastiede
bonnes psierres,dans
la petite Isle dontjeviens
de faire mention Le Roy
abien voulu signaler aspieté
dans ce nouvel establi
sement,& sa bonté envers
Mr de Breslay
, qui a este
un des Gentilliommes de
sa Chambre
, en luy envoyant
des Ornemens pour
son Eglise.
Il ya eu une pronlotion
d'Officiers de Guerre & do
Jullicc: en ce payscy Ministre la faite , cette ani
née par ordre du Roy, en-r
viron deux mois avant l
départ des derniers vaiC)
seaux pour le Canada, Mil
de Galifet cy-devantLieu
tenant de Roy auMontréa
a eilé choisi pour Gouverneur
des trois rivières
Ville également distante,
de Quebec & de Montréal,
à la place de feuMrleMarquis
de Chrysaphi, Mr des
Bergeres en a esté fait Major,
Mr le Baron de Longuëilest
Lieutenant deRoy
de Ville Marie ou Montréal,&:
Mrde la Chasaigne
Major de cette Ville
Mr le Marquis de , Vaudreüil
fils aisné de Mr le
General, a esté fait Capitaine
; Messieurs de la Pipardiere
,deBeaujeu,d'Argenteüil,
le Gardeur
, &c.
ont esté eslevez au mefmr
rang. A l'egard des Officiers
de Justice,Mrde la
Martiniere a esté nomme
Doyen du ConseilSouverain
de Québec,àla place
de feu Mr Chartier deLorbiniere,
dont un des filsa
esté faitConseiller dans 1*
mesmepromotion, &c.
Les plus remarquables
d'entre 1rs passagers qui
fontcetteannée le voyage
de France, sont Mr Raudot
le fils,Intendant confort;
Mr son Pere doit le
sui vre l'année prochaine ,
èc il fera relevé par Mr Bergon,
le filsdufeu Intendant
de R ochofort, homme
tressçavant ôc.des plusintelligens
que nous ayons
eu dans la Marine. Mr le
Fevre Ecclesiastique né en
Canada,qui dans un âge
peu avancé, possede plusieurs
Langues de l'Europe
& a de l'apritude pour toutes
les belles choses
; c'est
le premier Canad ien de
l'Isle de Montréal qui ait
pris le parti de l'Eglise, depuis
que les François en
font les maistres,.. Madame
le Vasseurfemme de
l'Ingénieur de Québec,
mené avec elle ses ensans.
Je ne trouve de considérableentre
les morts , parmi
ceux qui me frapent laS
mémoire, en achevant ma
Lettre, que Mr du Chut,
Capitaine expérimente, de
qui connoissoit à merveille,
leNord du Canada,aussi
bien que les grands lacs,
êc le sieur delaMorandiere
Garde-Magazin du Roy.
Mettons fin à cette Lettre
qui n'est déjà que trop
longue
longue par une petite avanture
que vous trouverez
assez plaisante, quoyque
tirée d'un sujet fort
serieux -, voicy le fait en
deux mots. La femme d'un
Sauvage Chrestien estant
morte, son mary est venu
avertir le Bedeau de l'Eglise
de Montreal de faire
une fosse pour elle; on a
sonné pour 11 personne
morte, ÔC lorsqu'on a esté
prest d'enlever le corps
pour le mettre en terre, le
Sauvage a demande du
temps alléguant pour ses
raisons que sa femme refpiroic
encore; que duresse
il avoit esté bien aise de
faire préparer toutes choses
de son vivant, & sonner
les cloches pour ne la point
faire attendre lorsqu'elle
seroit decedée tout de bon,
voulant luy faire connoistre
en cela la bonne volontéquil
avoit pourelle.
'0 Comme l'Afriquain va
mettre à la voile, & qu'il
n'y a pas de temps à per- ,
dre
, je me trouve obligé
de vous dire que dans cet
endroit je vous fuis.1
EXTRAIT
d'un ComplimentproflancedlaMartmique
àMrdePhelypeaux.
MONSIEURY
Quelle obligation n'avons-
nous;pas à nostre
grand Monarquequi malgré
tant d'affaires qui sembloient
occuper toute sa
pnidence& son courage
pour soutenir son Royaume
contre l'envie de la
pluspart des Princes de
l'Europe, n'oublie cependant
pas les peuples qu'il a
loin de ses yeux, & leur
donne des marques de son
attention pour leur bonheur,
& a leur fureté en
vous choisissant pour son
Gouverneur general dans
UUEC partie dç l'Arnerique
qu'il possede.
Quel plaisir pour nous
de remarquer que le Roy.
regarde les Isles quoyqu'éloignées
de luy par cette
vaste étendue de mer ,
comme ua membre inseparable
de sa Monarchie,
puisqu'il nous donne un
Gouverneurd'un nom par
lequel non-seulement nostre
Nouvelle France se
soutient depuis si longtemps
,
mais encore qui
luy est si utile dans le coeur
de son Royaume où nous
le voyons remplir & la premiere
Charge de la Couronne
dans la personne de
l'auguste Chancelier
,
&
les grands travaux du ministere
dans ce' le de t'itiustre
Secretaire d'Estat de la
Marine, & enfin les premiersemploisdela
Guerre
&: du Conseil d'ilftat qui
sont réünis en vous.
Ce nom si connu si respecté,
si cheri, nousest un
gage du bonheur que nous
allons gouster. L es Loix la Police, le , COlnnlerce,
ôc la tranquillité vont fleurir
parmy nous, Se nous
aurons la consolation de
rendre long-temps des graces
singulieres au Seigneur
pqouu'ilr les longues années donnera au grand
Monarque,au grand Ministre,
Se àl'illustre Gouverneur,
qui daignent nous
proteger.
Nouvelles du Nord.
Les Lettres de Constantinople
du 16. Janvier
portent que les Turcs continuent
à faire de grands
préparatifs par mer & par
terre, & qu'on avoit proposé
dans le Divan de desarmer
tous les Grecs, de
crainte qu'il n'yeust quelque
intelligence entr'eux à
cause de la conformité de
Religion.
Celles de Russieassurent
quequatre-vingt mille
Tartares sont en rez en
Moscovie
,
& en Ukraine,
afin de faire declarer les
Cosaques en faveur des
Rois de Suede& Stanislas.
Un Courrier arrivé à
Dresde a confirmé que le
Palatin de Kiovie avec le
fils Kandes Tartaresestoit
entré enUKraine, & qu'il
estoit suivi par le Roy de
Suede avec ses Troupes &
une ArméedeTurcs & de
Tartares
, & qu'il devoit
s'avancer vers la Vistule.
Cette nouvelle a fort consterné
la Cour de Saxe qui
travaille à bien faire munir
les Places frontieres.
Des Lettres de Bender
du 1 8. Février confirment
aussi que lePalatin deKiovie
marchoit vers l'Ukraine
avec quatre mille Polonois
six mille Cosaques,
& quarante mille Tartares,
commandez par le fils du
Kan; que le Kan s'avançoit
vers la Moscovie au delà
du Borifthene avec deux
cent mille Tartares en attendant
la grande Armée
¿cs.. Turcs que le Grand-
Vizirdoitcommander.
Nouvelles £Efha?ne*
Jl CI Mr Grassois-Matci..
chal de Camp,adéfait u*
Corps de Troupes com«-
mandé par le GeneralSIK*.
srely ce qui a obligé les Ea«
nemisà abandonner Solfo*
ne, & plusieursautresportes,
dans lesquels Mr le
Marquis de Valdecanas a
mis-des Troupes pour teCferrer
de plus en plus les
Ennemis.
Les Lettres de Sarragosse
du 13. Mars portent
que les Miquelets rebelles
avoient surpris prés de Benavarri,
trois Compagnies
des GardesEspagnoles&
Walonnes
,
dont environ
quarante hommes avoient
esté tuez ou blessez : mais
que ces Miquelets avoient
estéensuite dispersez
,
&
qu'on avoit brusleplusieurs
de leurs Village
-,
que Mr le Comte d'Aguilar
avoir envoyé à l'Armée
huitmilleFusils, autant de
Bayonnettes
, Ôc qu'il envoyoit
les habits des Soldats
à mesure qu'il y en
avoit un certain nombre de
faits, que le President des
Finances avoit amassé un
fond suffisant pour lacampagne;
qu'il arrivoit d'Andalousie
& de plusieurs endroits
de la Castille un
grand nombre de Mulets
&de Boeufs pour voiturer
les vivres & les munitions;
qu'il estoit party de Madrid
un train d'artillerie
pour joindre à ceux qui
estoient déjaprests sur la
frontiere,& que l'on conduisoit
à Tortose les convois
de vivres & de munitionsqui
estoient arrivez à,
Peniscola
,
& qui y arrivoient
tous les jours.
Le 3,3. Mars on publia à
Madrid une Ordonnance
portant interdiction de
commerce vec les Hollandois,
& deffense de laisser
entrer en Espagne leurs
draps & leurs autres marchandises,
& de leur laisser
enlever des laines.
LesLettres deSarragosse
du 19. Mars portent
qu'on y devoit tenir un
conseil de guerre sur les
projets de la campagne, 3c
que Mr le Duc de Noailles
s'estoit mis en chemin pour
s'y trouver avec Mr de
Vendosme & les autres
principaux Officiers Generaux.
Mr le Marquis de Valdecañas
aprés avoir mis des
Troupes dans Solfone
,
marcha àCalafdans ledessein
de l'attaquer. Les Ennemis
ne se trouvant pas
en état d'en soustenir le
siége, prirent le party de
l'abandonner;maisn'ayant
puse retirer avec assezde
diligence, environ cent
cinquante furent faits Prisonniers
,
& on prit une
partie de leurs bagages. Ce
Posteconserve la communication
de laPlaineavec
les Montagnes, & donne
lieu aux TroupesEspagnoles
de s'étendre plus avant
dans la Catalogne de ce
costé là.
.ioitvelles de Flandre,
IL
es Ennemis ont commencé
les premiers jours
de ce mois à assembler un
Corps de vingt mille hommes
qui est commandé par
le Comte d'Albemarle.Ce
Corps est posté au-delà 6c
le long de laScarpe & du
Canal de Douay à Lille;
leur gauche està Saint Amand
où ils ont mis de
nouvelles Troupes, ainsi
qu'à Marchienne& à ISAb..
baye d'Hasmon, & leur
droite s'étend jusqu'à Pont
à Vendin où ils se retranchent.
Les Recruës des TroupesduRoyétoientpresque
toutes
toutes arrivées aux Corps
auxquels elles estoient destinées,
& il arriva le 2. à
Dunkerque quarente deux
Barques chargées de bled,
ce qui devoit suffire pour
achever de garnir les Magasins
de SaMajesté pour
toute la Campagne.
Lettre d'Arras,
Le
onze Avril Mr le
Comte de Lille Commandant
dans Arras,détacha
Mr du Clos avec cinquante
Grenadiers
, & Mr Sersosi
avec 50. Hussarts pour
aller en parti. En revenant
ils trouverent à trois lieues
d'Arras au Village de Vimy
un Party des Ennemis
de cinq cents Chevaux,
qu'ils désirententierement
avec leurs cent Maistres
feulement. Ils ont ramené
quarante prisonniers
, un
Capitaine& deux Lieutenants,
avec trente chevaux,
outre environ deux cent
chevaux qui se sont ccha-"
pez dans la campagne 6e
dont les Paysans ontprofité.
C'est là le premier coup
demain de l'ouverture de
cette campagne Mr Duclos
est le mesme quia
arrestéle nommé la Ha,e
à la teste des traistres qu'il
vouloir introduire dans
Peronne, dont je vous écrivis
l'aventure le mois pasle.
MA RINE.
—AvisdePrises.
De Calais le 2. Alvlrs
17
"tko Le CapitaineLarmet
commendant la Fregate le
Comte de Toulouse, a
amené en ce Port leNavire
le Jacob d'Husum.
Le CapitaineDuplessis,
commentant leDogre l'Agneau,
a aussi pris unVais-
seau nommé la Bénédiction
de Dublin qu'il a amene
à Calais.
Le Vaisseau nommé la
Buchepale de Londres, pris
& mené au mesme Port
par les Capitaines Robert
& Jean Leguillon & Cardon.
De Calais le 8. Mars.
Le Capitaine Marc-Teste
a aussiamené au mesme
Porc un Vaisseau Anglois
nommé la NostreDame
duRosaire.
Et le Capitaine Bachelier
une autre prise nommée
la Fortune de Zerixée.
De Morlaix le 2. Mars.
LeVaisseau le Guillaume
& Anne de Baston,
pris& menéàMorlaix par
le heur de la Cité, commendant
la Fregate les
deux Amis de S. Malo.
Le François-Marie de
Bristol
,
pris & mené à
Morlaix par le sieurViel,
commandant laFregate le
Luzancey de Nantes.
De S.Malo le 2. Mars.
Le Jean & Jeanne de
Londres pris par la Frégate
le Chasseur de S. Malo.
Le Comeleon de Londres
pris par la mesme Frcgate.
La Christine de Flith,
pris & conduit à S. Malo
par la Fregatel'Amitié du
Havre.
L'Esabeth de Corek pris
par lamesme Fregate.
La Fregate nommée le
Brave de S. Malo, reprise
sur les Ennemis par le sieur
PaulDanican
, commandant
le Vaisseau les deux
Amis.
De Nantes le I. Adan.
Le sieur Filz Gerard
commandant la Fregate le
Barentin a amené en ce
Port une Flute chargée de
canons, & autres munitions
de guerre destinées
pourLisbone.
D'Abbevillele 6. Mars.
Un Vaisseau Ostendois
échoué à la coste de Berk,
venant d'Irlande.
Lifte
Lifte des Grands Officiers
de Monseigneur
le Duc & de Madame
la Duchelle de Berry.
Premiers Gentilshommes
dela Chambre.
Mr le Duc de SaintAignan,
Brigadier & Colonel
de Cavalerie.
Mr le M. de Bethune,
cy devant Colonel duRegiment
de la Reine.
Capitaines des Gardes
du Corps.
Mr le Chevalier de
Roye,Maréchal desCamps
& Armées du Roy.
Mr le Marquis deClermont,
Colonel de Dragons.
Cent Gardes, & cin-
- quante Suisses.
Premier Ecuyen
Mr de Razilly, cy-devant
Sous-Gouverneur de
Monseigneur le Duc de
Berry.
MlliftreJ: de la Garde-
Rp[?$>e. -,- - Mrle Marquis deMonchy,
Maréchal des Camps
&Armées du Roy.
-
Mr leMarquis dePons.
-
PremierMaifîre-
-.
d'Hostel. -
Mr le Marquis de Cbampigtiel.
Dame d'honneur.
Mela Duchesse de Saint
Simon.
--
Dame d'Atour,
Me la Marquise de la
Vieuville.
Chevalier d'Honneur.
Mr le Marquis de Coetanfo,
Lieutenannt General
desArmées du Roy, &
Sous-Lieutenantdes Gen-
darmes de la Garde.
Premier Ecuyer,
Mr le Chevalier d'Hautefort,
Maréchal desCamps
&: Armées du Roy,frere
de Mr de Surville.
Premier Adaijtred'Hojlel.
Mr le Comte de Saumery
,
frere de Mr de Saumery,
Sous-Gouverneur de
Monseigneur le Duc de
Bourgogne
, & fils du
Gouverneurde Chambort.
Premier (3*
Chambellan ordinaire.
Mrde la Hugé, Ecuyer
de Monseigneur le Duc
deBerry, premier
&Chambellan ordinaire.
Capitaine des Gardes
de la Porte.
Mr le Baron de Beauvais,
cy-devant Capitaine
des Chassesde la Garenne
du Louvre.
Premier Aumosnier. • Mr Turgot, Evesque
de Secz ,
cydevant Aumosnier
du Roy.
Chancelier.-
-.
Mr de la Rochepot, là
Berchere.
Sur-Intendant.
Mr Menon.
Me de Coetanfo, nommée.
pour laivre Madame
la Duchesse de Berry.
MORTS.
Article qu'onaomisdans
les moisprecedents.
Charles Calliope de
Vaucouleurs, Seigneur de
lanjamet, Aide de Camp
deSaMajesté Gouverneur
de Guerande &: le Croisic,
mourut à Verssailles le I-d.
Janvier. Il n'a point laisse
de posterité deMagdelaine
de Rez, fille de feu N. de
Rez ,
celebre Avocat au
Parlement. :
Jacques Pouletier, Conseiller
d'Estat ordinaire, Be
Intendant des Finances,
mourut le 4. Avril. Pierre
Pouletier
, Seigneur de
Nainville,Maistredes Requestes
, luy succede en la
Charge d'intendantdes
Finances.
Leopold Mathias, Prince
de Lamberg, Chevalier
de la Toisond'or, Chambellan
& Grand-Ecuyer
de 1 Empereur, mourut à
Vienne en sa54eannée. Il
n'a laisse que deux filles,
& le Comte Jean-Adam,
son frere,herite de sa dignité
de Prince de l'Empire,&
de la pluspart de ses
Terres.
LePereValernod
,
General
de l'Ordre de S. Ruf,
mourut à Valence en Dauphinéle14.
Février.
Françoise-Angeliquede
la Mothe Houdancourt
, veuvede Louis-Marie,Duc
d'Aumont, Pair de France
,
Chevalier des Ordres
du Roy , mourut le 5.
Avril.
Bachelier deBaubourg
, Receveur General
des Finances
9
est mort le
Avril Saveuve
efl soeur de Madame de la
Ravois.
La Comtesse de Turbilly
est morte en son Chasteau
de la Rongere dans le
Bas-Poitou âgée de 46. f
ans. Elleestoitfilled'Hyacinthe
de Quatrebarbes
Marquis de la , Rongere
7
Chevalier des Ordres du
:Roy,& Chevalier d'Honneur
de S. A. R. Madame
laDuchesse d'Orléans, &
de Françoise du Plessis
Chastillon.
Elle avoit estémariée
deux fois; la première à
FrançoisdeRousselé, Marqu
is de Sache, dont ellen'a
point eu d'enfants; & la
seconde à François de Menon
,
Comte de Tuibilly
dont elle laisse une fille
âgée de douze ans.Ses deux
Epoux estoient parents de
MessieursdeLuxembourg.
!
LeChevalierSebastiano
Foscarini, Procurateur det.
S. Marc Ambassadeur Ul
Plenipotentiairede la Républiquede
Vemfè auprés
des Estats Generaux, mourutà
la Haye le 23. Mars..
Il avoitesté Ambassadeur
en France & en Espagne.
MARIAGES.
N de Boniface du1
Boslehart, troisiéme fils
d'A lexandre de Boniface
& de Marie Elizabeth de
Roncherolles, a épousé Me!
e Mounier, veuve & riche
~heritiere de la Ville d'El-
?euf.
Remarques sur les MaisonsdeBoniface
r5 de
Roncherolles.
La Maison de Boniface
cire son origine d'un Com-
~te de Boniface, Tribun &:
Gouverneur de toute l'Afrique,
Amy particulier de
5>. Augustin
, comme on
le remarque par trois Lettres
queceSaint écrivit à.cc
Comte.
La premiere de ces Lettres
qui estoit autrefois las.
50e.dans leRecuëildesLettres
de ce Saint,se trouve
la 185e. dans l'Edition que
les PP. Benedictins en ~ont
faite, parce qu'ils les ~ont
rangées selon l'ordre des;
temps où elles ont estéécri-i
tes. C'estcelle où S. Augustin
parle au livre Kc* do
sesRetractationsou Revue'i
de sesOuvrages. Elle fut*
écriteenviron l'an 417&£
ne traite presque que deîa
*
Affaires des Donatistes, &a
de quelle maniereon pou-i
voit ramener ces Hérétiques
à l'union de l'Eglise.
: Cette Lettre commence
ainsi: Laudo egratulore
admiror ,fiLi dilectissime Bonifaci
,
quod inter curas bellorum
& armorum, vehementer
desideras ea nosse quoe Dei
funt.4
5i- La seconde est la 189c,
du mesme ordre Benedictin,
ôc la 105e. de l'ancien;
& c'est dans cette Lettre
écrite aparemmentl'année
suivante418. qu'il luy
donne un Reglement de
vie pourl'armée & que
l'on voit ces beaux endroits
Pacemdebet habere volantas
bellum necessitas, non enim
pax quoeritur ut bellum excitetur,
sed bellum geritur ut
pax requiratur.in his erAt
sanctusDavid,&c. "':. La troisiéme qui sa à
present la 220e. & quiestoit
autrefois la 70e. fut écrite
l'an 427. trois ans
avantla mort de S.Augustin;
c'est proprement une 1
instruction pour les Séculiers.
Envoicyun des plus
beaux endroits:Ut Deum
diligas non diligas mundum,
sed
11
Jed ex mundi bonisfacias opera
bona, &proptermundi bottay
nonfaciasopera mala.
Il y a eu de la Maison
deBoniface plusieurs Chevaliers
de Malthe. Elie de
Boniface, Marquis de Fenestrelles,
servit de second
à Jarnac contre la Chastaigneraye
dans le combat
qu'il y eust en champ clos
le 16. Juille 1547 devant le
Roy Henry II. Il fut tué à
la bataille deVaureal donnée
entre les Catholiques
& les Heretiques dans le
ComtatVenaissin. Ses obseques
furent faitesavec
grande pompe dans 1 Eglisede
S. Symphorien d'A.:a.
vignon Les Corps dé Ville
y assisterent ainsi que le
Cardinal Legat dont il estoit
fort consideré. Il fut
fort regretté en France.
Ozias de Boniface, vint
à la Cour avec l'Amiral de
Villars, son parent, ôc le
Roy le fit Chevalier de
l'Ordre de Saint Michel
,
& Gouverneur du Fort
de Sainte Catherine de
Roüen.
Henry IV. érigea en
J606. la Terre du Boslehart
en Baronie à cause des
grands services que ceux
de cette Maison avoient
rendus à la Couronne. Mr
de Boniface vint joindre ce
Monarque au siege d'Amiens
avec son Regiment
de deux mille hommes de
pied, ce qui se connoist
par le Brevet que ce Prince
donna à cet Officier.
Il La Maison de Roncherollesest
aussi tres-ancienne.
Elle a donnée des
Chambellans à nos Rois,
des Gouverneurs de Provinces,
& des Amiraux.
Robert de Roncherolles
futChambellan de Philippe
Auguste en 1160. & ses
successeurs le furent de
Charles VI.VII.& VIII. ôe
de Loüis XL )[JPlfC,. li
Ln En 1232.PierredeRoncherolles
estoit Couver
neur de Vermandois, & du
Corps du Parlement de Paris
composé alors des Barons
du Royaume qui alloient
exercer une justice
ambulante dans les Provincesau
nomdu Roy»,j£
Lorsque les Danois descendirenten
Neustrie, ce
fut un Roncherolles qui
disputalepassage de lariviere
de Seine à Olric leur
chef, & quand Guillaume
le Conquerant passa en
Angleterre le Seigneur de
Villars,cadetde la Maison
de Roncherolles ypassa
avec luy. Il s'y establit, &:
c'estde luy que sont descendus
les Ducs de Bukir**
gham.
Dans le Prieuré des deux
Amants fondé par cette
Klaïfon)on voit un Tombeau
sur lequel lesmots suivants
font gravez: Beatrix
de Roncherolles
,
Miles egregius,
obiitanno960. ,:,,",,
Nos Rois ont accordé
auxAisnez de cette Maison
le privilege d'estre Con..:
seiller né au Parlement de
Roüen, ainsique l'ont les
Conseillers d'honneur aux
autres Parlements du
Royaume. C'est presentement
Mr le Marquis de
Pont S. Pierre qui estl'Aisné
de cette Maison
,
dont
les Armes sont d'argent à
deux faces ou lignes de
Gueules ;celles de Boniface
sont d'argent à trois regles
-Ou faces de Synople.
LBeENEFICES. Royidonnél'Ar-
-n«LeRoyadonnéTArchevesché
d'Arles à Mr
l'Abbé de Janson
,
Grand
Vicaire 6c Chanoine honoraire
de laCathédraledc
Beauvais.
f':- Il estfilsde Laurent de
Fourbin
,
Marquis de Janson
en Provence, & de
Françoise de Briançon la
Saludie, & neveu de Tout
saint de Fourbin,Cardinal
de Janson, Evesque de
Beauvais, Grand-Aumosnier
de France, & Commandeur
des Ordres du
Roy.
R EMAR QUE.
Arles est une Ville de
Provence, Métropole par
ticuliere dela secondeNarbonnoise.
Arles autrefois
Arelate qui fignisioit en
LangueCeltique une Ville
bastie dansun marais. Ou
appelle encoreen Languedoc
docun Etan Late. Arles est
une des plus anciennes ôc
des plus illustres Villes des
Gaules; on l'appelloit la
Rome des Gaules,GtlluU
Roma Arelas. La statuë de
Diane qui fut découverte
il y a quelques années
,
&
qu'on voit aujourd'huy à
l'HosteldeVille,est peutestre
une de celles que les
Fociens apporterent lorsqu'ils
vinrent s'establir
dans les Gaules, à Arles
ainsi qu'à Marseille. Il y
trouvera le détail dans l'histoire
de l'Eglise d'Arles
parMrDuport; ce Livre
a paru en i6.9o. Il y a dans
le Chapitre un Provost
,
un Archidiacre, un Sacriltain,
un Archiprestre, un
Capiscol
, un Primicier
,
un Tresorier
, & treize
Chanoines
,
dont l'un eil:
Theologal. L'Archevêque
a pour suffragans, Marseille,
Orange, S. Paul Trois
Chasteaux, & Toulon. Son
Diocese a cinquante& une
Paroisse.
L'Evesché de Lombez,
à Mr l'AbbéFagon, premier
Medecin du Roy &:
Conseiller d'Estat.
REMARQUE.
L'Evesché de Lombez
est suffragant de l'Archevesché
de Toulouse. Lombez
ou selon Duchesne
Lombers, Lombaria,située
sur la riviere de Save ou
Seve,audelà de la Garonne
à quatre lieuësd'Auch,
àcinq de Rieux,àhuit de
Toulouse
,
environnée de
vignobles d'un tbfté
, &
d'une plate campagne de
l'autre; la Cathedrale se
nommel'Assomption, ancienne
Abbaye que le Pape
JeanXXII, érigea en Evek
ché l'an 1317. Arnoul Roger
de Cominge en fut le
premier Evesque. Ily 3.
quatre-vingtdix Paroisses
dans ceDiocese, & l'Evesque
est Seigneur de Lombez,
.: -7
L'Evesché de Saintes, a
MrlabbélePileur,Visiteur
General des Carmelites
de France. Il est neveu
de Mr du BuifTQa, Çotv
seiller d'Estat & Intendant
desFinances
Sa Majesté vient de justifier
par un nouveau traie
son glorieux titre de Fils
Aisnéde l'Eglise, attenti f,
comme S. Loüis , à luy
procurer de dignes Ministres,
il sçait demefler les
meilleurs sujets qui se ca- chent dans
l'obscurité
du
Cloistre le plushumble &
; le plus austere; il a nom-
, mé ces jours cy à l'Evesché
de Graffe le R. P. Athanase
de Mesgrigny
,
Capucin,
homme bien plus recommandable
encore par sa capacité
& par ses vertus que
parsanaissance. Il s'appelloit
dans le monde Baptiste-
Josep-Ignace,Vicomte
de Troyes; il est fils de
Jean de Mesgrigny,Marquis
de Villeneuve,de Mesgrigny
& de Vendeuvre,
Vicomte deTroye, Doyen
des Conseillers d'Estat ordinaires
;il avoiresté Conseiller
au Grand-Conseil,
Maistre des Requestes, Intendant
dejusticeen Biour*
bonnois & Auvergne, premier
President du Parlede
Provence, & de HuberteRenée
de Buffi, Baronne
d'Emery & de Lorme,fille
de Joachim de Bussi
,
Comte de Brion, & de
Françoise de Saulx de Tavanne.
,
Le Pere de Mesgrigny a
eu pour frere aisnéJean-
François de Mefgrigny
,
Marquis de Vendeuvre
,
Baron de Concheri, Scigneur
de Montmartin, lequel
a épousé Henriette-
Françoisedu Mesnil-simon
Dame de Beaujeu, fille
d'Edme, Marquis de Beaujeu,
Lieutenant de la Compagnie
des ChevauxLégers
de Mr le Prince, & de
Loüise Pot de Rode, dont
ila Jean- Loüis, Charles-
Hubert
à
& Gabrielle de
Mesgrigny,neveux&nio
ces du P de Mesgrigny.
Pour oncle paternel
,
il
avait François de Mesgrigny,
ChevalierdeMalthe,
Gouverneur des Tours de
Toulon,& de Balaguier,
Capitaine -
Commandant
de Vaisseaux & Galeres ,
Seigneur de Briel, d'Echarson,
&c.lequel a épousé
RenéedeBeüil,fille de
Jean de Beüil
,
Comte de
Marans
,
Seigneur de la:
Marchere,Vouvray. &c.
dontil a François Joseph,
Chevalier de rvlalrhc; RenéeFrançoise
, Simone-
Marie, & Loüise de NIe!:
grigny. Il porte d argent au
Lion de sable, Heaume
couronné d'une couronne,
de Marquis, Cimier un
Grifon
,
Supports deux
Grisons
1
L'Abbaye de S Martin
d*Aucun àtVIr l'Abbé Mon..
gin, Précepteur des Enfans
de Mr le Duc, & qui el1 à
present de FAendémie Françoise.
REMARQVE.
Cette Abbaye est de
l'Ordre de S. Benoist. Aimon
le Moine dit que la
Reine Brunehaud dont le
corps y repose
, en est la
Fondatrice. S. Mederic,
natifd'Autun, aestéAbbé
deSaint Martin avant que
d'allerresiderà Paris où il
est mort.
L'Abbaye de Savigny, à
Mr l'Abbé de Damas; il
est frere de Mr de DaniasY
Maréchal deCamp ; qui
estdistinguéau siege de
Gironne.
REMAR,QVE.
Cette Abbaye
, nommée
en
LatinSabiniacum,
est de l'Ordre desBenoist,
& situéeà quatre lieuës de
Lyon.
Il y a dans la BasseNormandie
une autreAbbaye
qui porte le nom deS,;,vigny.
Elle est dans le Diocesc
d'Avranches & Domfront,
environà une lieuë
de la rivière d'Aidée. Les
anciennes Chroniques de
cette Abbaye portent que
leSolitaire Virai quienfut
le premier Abbé acheva de
la bastir dans les bois de
Savigny, sousl'invocation
de la sainte Trinité
,
l'an
III2. par les hberalirefc de
Robert, Seigneur de Fougères,
& qu'il donnaaux
Religieux la Régie de Cisteauxdans
route sa pureté.
Il mourut le 7.JanvierIII9.
&. eut Gcofroy pour successeur.
L'Abbaye de la Magdelaine
de ChasteaudunàMr
l'Abbé de Saumery.
REMJRQJVE.
Cette Abbaye, qui sert
aussi de Paroisse,aesté fondée
par Charlemagne.
L'Abbaye d'Entremont
àMr l'Abbé Viala, Grand-
Vicaire d'Ambrun.
L'Abbayede S. Pierre
de Rheims
,
à Madame de
Roye,dela Maison de la
Rochesoucault
,
& soeur de Mrs les Comtes de
[
Roye oc de Roucy ,&de
seuë Me de Pontchartrain.
REMARQUE
Cette Abbaye sur d'abord
bastie dans le Fauxbourg
par saint Baldric,
frere de sainte Dode, niece
de sainte Bcuve
, toutes
deux Abbesses de S. Pierre.
Sainte Beuve gouverna cette
Abbaye en 61.7. ôcmourut
en 673. Leurs trois
Corps furent transportez
dans la nouvelle Abbaye
de saint Pierre qui est dans
l'enceinte de la Ville de
Rheims prés les Cordeliers.
L'Abbaye de Juvigny,
à Me deVassinhac.
REMJRQJVE.
Cette Abbave
, nommée
en Latin Joviniacum
, efl: du Diocese de Treves,
dans le Duché de Luxembourg
,à (ept ou huit lieuës
de Verdun. Elle fut sondée
dans le 9e siecle.
L'Abbaye de la Barre,
à Me du Bois.
Au mois de Mars Mre
Antoine SicauldAbbé de
Bonlieu
,
Grand Vicaire
de Lyon , Chanoine &
Chantre de SaineNizier,
futnomméEvesquesuffragant
deLyon.
L'Abbé de Dromesnil ,
Aumosnier du Roy
,
fut
sacréEvesque d'Autun,
Dimanche 22. Mars dants
l'Eglis de la MaisonProfessedes
Jesuites, par Mr
le Cardinal de Noailles,
assisté de l'EvesqueDucde
l-wn, & de l'Evesque de : Troye.L'Abbé deDromcfnil
mesnilest Docteur de Sorbonne
;il eut le premier
lieu de sa licenceen 1704,
l'année precedente il avoit,
remporté le prix d'Eloquence
del'Académie
Françoise,& dans la: mer..,
me année, il fut fait A umosnierdu
Roy. Cet AbbéestdelaMaisond'Hallencourt,
l'une des plusanciennes,&
des mieuxalliées
dé Picardie;cetAbbé elfe
frere d'EmmanuelJoseph
d'Hallencourt ,Marquis
de Dronicfnul- cy-devant
Capitaine Lieutenantdela
Compagnie des Chevaux
Legers de M. le Dauphin.
Il est fils ainsi que l'Evêque
d'Autun, de Loüis
François d'Hallencourt
Comte de Dromesnil ,
, &
de Françoise de Proisi;&
petit fils de Françoisede
Boufflers, soeur depere du
Mareschal
deBouffltrsr.
les
autres fillesquisont entrées
dans la Maison d'Hallencourt,
onttou rtaiflanceelleseftoienédes 4
Maisons de l'IsleMarivaut;
Estampes, Valençay,Humieres
,
Boulainvilliers, ;
& d'autres Maisons illustres.
Le 31. Mars Mrc Henry
Charles du Cambout
, Evesque de Mets,prit seance
au Parlement en qualitè
de Duc de Coislin
, Pair
de France.
En finissant la seconde
Partie je viens de recevoir
la nouvelle de ce
Mariage.
MonsïeurleComte de
Lassay ,ColanèJ.duRégiment
d'Enguien,vientd'époufer.
Mademoiselle de
Montataire, Il est fils d'Armand
de Madaillan de
Lesparre, Marquis de Lassay
, Lieutenant General
pour le Roy des Provinces
cJePrefle, Bugey,Valromay
& Gex.Mademoiselle
de Montataire est fille de
Loüis de Madail lan de
Lesparre, MarquisdeMontataire
5
& de Mariede
Rabutin, fille de feu Mon*
sieus le Comte de Bussi.
•, LaMaison deMadaillanest
originairedeGuyenne,
où elle a possedéde
grandes Terres. Les Seigneurs
de cette Maison
connus dans les anciennes
Histoires fous le nom des
Sires de esparre,ont esté
pendant longtemps Gouverneurs
de cette Province,
où ils ont pris des alliances
avec les plus grandes
Maisons de ce pays
Guillaume Amanieu de
Madaillan Sire de Lesparre,
épousa en I408.Jeanne,
fille aisnée du Comte d'Armagnac
,
dont la grande
mere estoit Princesse de la
Maison de France, & petite
fille deS.Loüis
Le filsaisné de ce Sire
de Lesparre né fous la domination
des Anglois,
soustint rrop opiniatrément
leurParry,aprés avoir
défendu Bourdeauxcontre
Charles septiéme
; ce qui
luy fist perdre la vie, & ses
biens furent confisquées.
La branche cadette de
cette Maison qui estoit dés
lors dans le service des Rois
de France, & connuë fous
le nom desCSe7igneurs de Montataire,a produit des
gens de mente , qui ont
tousjours servy nos Rois
avec beaucoup d'attachement&
dans desemplois
considérables ; & qui ont
continué de prendre des
alliances dans les meilleures
Maisons du Royaume.
C'estdccerte branche à
present la sule de cette
Maison ,qu'est sorty Mr le
Comte de Lassay dont je
vous apprens aujourd'huy
le mariage.
~1roiflart Monstrelet ,
l'Histoire de Foix, d'Avila,
d'Aubigné,Mezeray,
& la Genealogie de la Maison
de France par le Pere
Anselme, rapportent ce
qui est ditcy-dessus
, fit
beaucoup d'autres cliofcs
choses quigrofliroienc
trop ce Memoire. ;- '.,
MERCURÈ
III PART1E.
fAMVSEMENTS•
Selon l'ordreque je me
fuis proposé pour la divi.
siondu Mercure,cette3e
Partie devroitcontenir
toutes les especesd'amusements,
dont on paît
égayer un Mercure
mais je n'ymettraypour
ce mois-cy que des Pieces
serieuses.
EXTRAIT
DES FÀITS
V
LES PLUS IMPORTANS
CONCERNANTS
FEUM'LEMARE'CHAL
DE CHOISEUL. LA Maison de Choi-
,-
seul est si connue
dans l'Europe pour son ancienneté,
& la Noblesse de
son origine estsi amplement
rapportçc dans le Nobilier
de la Province de
Champagne, d'où elle la
tire, qu'il suffira pour établir
la haute naissance de
Monsieur le Maréchal de
Choiseul, de dire que dans
la preuve qu'ilfit de sa Noblesleen1688.
lors qu'il
fut faitChevalier de l'Ordre
par une genealogie qui remonte
jusqu'à
17 ayeuls &
ayeules; il justifiequeJean de
Choiseul quivivoit audouziémesiécle
son ;onziéfQc
ayeulfit l'hômage-lige avec
la Princesse Alix de Dreux
sa mère, dans untitre: de
l'Abbaye dela Chancedatté
de l'an 1239qu'ildevoit
à l'Evêque deLangres à cau
fc de son Château de Choiseul
,
qu'ils'obligeaàdeux
cent marcs d'argent pour
les conventions du Mariage
de Margueritte de Navarre
avec Ferry II.Duc de
Lorraine,&endonna Ces
Lettres l'an 1149, qu'il
confirma au moisd'Avril
de l'an 1252,,toutesles dotations
queReignier Seigneur
d'Aigremont perc
d'Alix d'Aigremontsafemme,
avoitfâitaux Religieux
del'Abbayede Moritnont
dontilsfont Fondateurst
&de-* celle de Molesme
,
& qu'au mois d'Aoust de
l'ànnée suivante, il promit
à Hugues Comte de Bourgogne
de faire la guerre
auCotme de Champagne,
& de l'aider de Ces Châteaux
de Choiseul& d'Aigremont
,
& qu'en l'an
126 5 ,
il termina un différent
qu'il avoit avec Thibault
Comte de Bar son
Coufin, au nom duquel il
avoit répondu de mil marcs
d'argent pour laseureté des
conventions du Mariage
de ses Enfans avec ceux du
Comte deBourgogne, son
pere qui écoit Regnard de
Choiseul 1
2e ayeul du
Nom. Sirede Choiseul
assigna l'an im, la moitié
de sonChâteau deChoiseul
pour le douaire de -la.
Princesse Alix de Dreux sa
femme )men: dudit Jean de
Choiseul
,
qui étoit veuve
de Gautier de Bourgogne
frere d'Estienne II. Comte
de Bourgogne ; Elle étoit
fille de Robert11. Comte
de Dreux 4e fils. du Roy
Loiâis VI dit le Gros &
d'Alix de Savoye
,
l'an
12 jj, il fut l'une des cautions
du Mariage de Blanche
fille de Thibault Comte
de Champagne, & Roy
de Navarre, avec Jean fils
de Pierre Duc deBretagne :
cette Maison a toujours été
reputée grande dans son
enginc , tous les Historiens
qui l'ont curieufcmçnt
recherchée la croyant sortie
des anciens Comtes de
Langres, &du Bassignyqui
étoient Souverains, dont
plusieurs Branches se font
conservées, JLïtejuàprêtent.
LesMarquis de Langres, Barons
dïAmbonnéville, & de
Beaupré; les Barons de Meuse
,
Marquis de Germay ; les
Comtes de Che'Vigny) les Bâtonsd'Aguelly
; lesSeigneurs
:
de Villars & de Bussieres ;
les Marquis de Praslain Comtes
du Plessis &Ducs de Choiseul
Pairs de France
,
d'où
sont issus les Maréchaux de
Praflain & du Plejfis ; les
ComtesdHostel> & les Seigneurs
de Voteau.
Mr leMaréchal de Choiseul
cft né le dernier Decembrc
1632.. & morele1j
Mars 1 7 11. âgé de 78 ans
deuxmois& 15 jours. Il
étoit fils de Loüis. de Choiseul
,
Seigneur Marquis de
Francieres, Lieutenant General
des Armées du Roy,
Grand Bailly & Gouverneur
de Langres. Il s'appelloit
Claudede Choiseul Marquis
deFrancieres, Premier
Maréchal de France
,
Chevalier
des Ordres du Roy,
Gouverneur des Ville &,
Citadelle de Valenciennes,
GrandBailly&Gouverneur
de laVillede Langres,
-
-
En l'année1649. dés Tige
de 16. ans il commença
à donner des preuves de son
courage,en servant de Vo
lontaire jusqu'au temps que
le Marquis de Franciere fart
pere,luy avant cédé la Compagnie
qu'il avoit dans le
Régiment du Grand Prince
de Condé,il se trouva en
cette qualité au combat de
Vurysur Seine, appelléle
combat S. Antoine, oùil
mérita
, par la valeur qu'il y
fit paroistre
,
le Regiment
de Cavalerie, dont Sa Majessé
lhonnora en 16 3.
temps oùil n' y en avoit que
huit au neufen France, ce
que leCardinal Mazarin luy
ditavant d'obtenir cc Régiment
,est digne de rermaque
; on l'appelloit alors le
Comte de Choiseul, nom
qu'il a toujours porté depuis,
jusquace qu'ilaitesté
fait Maréchal de France : il
avoir combattu en cetce fameusejournée
avec tant de
courage à la tête du Régiment
de Coridé, où la
plupart des Officiers furent
tués, & il s'estoit si fort ex- posé qu'il y futblessé ÔC
pris prisonnier,leCardinal
le voulutvoir,& luy parla
en cette forte: Monsieur
evousavezbienfaitniais voûï
ave% malfaitvous avek bien
fait en combattant en -tre^~
brave hommé, maisvousavez
malfaitdeservircontreleRoy
vôtre Maistre ; le Comte de
Choiseul luy répondir.-Â/arë.
siuerjesuisencore trop jeune
pourfaire des refléélions3jfajf
obéi aveuglémentàmon Pere;
le Cardinal luy répliqua:
Hé bien, fyîonficur
,
le Roy
seravostre premier Pere
y
alltz
Chf'{--WNS attendre fis ordres
Eneffet quelque tempsaprès
onluy envoya le Brevet de
Mettre de Camp de Cavalerie,
qu'ilreçût del'agrément
même de Monsieurle
Prince; il se signalaà la tête
de son RegimentauxSièges
deMouzon & de Sainte
Menehoult,en 1654. àceluy
d'Arras, où les Ennemis
qui attaquoient cette Place,
ayant esté forcez dans leurs
retranchemens,ildeffità
la tête de son Régiment cc:
luy d'Obock, dont ilgagna
les Timballes,SaMajesté eu
fut sicontente,qu'Elle IUY
accorda une pensionde mil
écus, qui estoit pour lors
sort considerable. En16
il se trouva aux Sieges de.
Landrecies, Condé & S.
Guillain, & àce dernier
ayant joint la capacitéauf
courage, il opposa si à propos
quelques Escadrons aux
Ennemis, qu'il facilitabeaucouplaréduction
decette
Place.
1 En1656.ausiege deValenciennes
,
les Ennemis
ayant attaqué le Maréchal
de la Ferté qui y comman-; doit,le Comtede Choiseul ;
par sa vigilance & par sa
valeur
,
donna moyen au
Marquis de Renelde retirer.
les Gardes Suisses restées
dansles Tranchées,où ellles.
auroient esté accablées par
le grand nombre des Ennemis.
En 1657.lorsque feu
Monsieur le Maréchal de
Turenne investitCambray
la fermeté que le Comte do)
Choiseul témoigna en attendant
avec 12. Escadrons
seulementles ennemis, qui
enavoient trente&quivenoient
pourtomber surles
bagagesdel'Armée,qu'ils
auroient pillez, cette fermeté
leséconria tellement,
qu'ils seretirèrentsans oser
rienentreprendre.En1658.
sonmenteaugmentant de
jour en jourluyacquit avec
raison la confiance des Ge"
neraux ,le Maréchal de la
Ferté luy donna le, Commandement
d'unCorps.de
deux mil hommes, pour
couvrir Landrecies, le
Quesnoy &les Places voisines,
pendant qu'il aflîegeoitSaineVenant&
Mardick,
&que le Maréchal de
Turenne&ttaquoit DpnKçtque.
En
En 1664. après la Paix
des Pyrenées, le Comte de
Choiseul n'ayant plus d'occasson
en France designaler
sa valeur, il demanda
d'aller à la tête d'un Regiment
en Hongrie avec
les Troupes que Sa Majesté
envoya au secours de l'Empereur
,
qui arresterent par
le gain du fameux Combat
de Saint Godard le cours
des prosperitez des Armées
Ottomanes. Ilse signala
fort en cette occasion.
En 1667 le Comte de
Choiseulfut faitBrigadier
des ArméesduRoy&dans
la guerre qui recommença
alors il donna de nouvelles
marquesde sa capacité& de
son zele, En 1668. aux sieges
de Tournay., Doüay
& Lisle, que Sa Majestésir
en personne, il fut détaché
pour chercher le Comtede
Martin
,
commandant les
Troupes Espagnolles yit
dessità latête du Regiment
d'Hostein ce célébré Général,
&,fit beaucoup d'Officiers
prisonniers, cette doffaite
fut encore remarquable
par laprise de Don*
Antoine de Cordouë
,
qui
commandoit la Cavalerie
Espagnolle.
En1669. leComte de
Choiseul fut fait Maréchal
de Camp, & envoyé en
Candie, où il demanda d'alleér
avec les Troupes que le
Roy y fit passer au secours
des Venitiens : Il répondit
tellement par ses actions à
la bonne opinion qu'on
avoit de sa capacité
, que
les Venitiens ,& le Sieur
Morosini, leur General, en
firent des Eloges, qui ont
cIe rendus publics partoute
l'Europe ; ils reconnurent
authentiquement combien
sa presence leur avoircfté
necessaire, lorsqu'estant
demeuré à ce Siège feulearjenc
avec six cens hommes
après rembarquement du
leste des Troupes
-
de Sa
Majesté il dit au General
Morosini : Les François n'aandonnent
point leurs amis
sans les mettre au moins en
seureté, quand il est impossible
de leur procurer la victoire.:
Ensuite il fit un tel effort
avec Ces six cens hommes,
(jtui epoussa les Turcs, &
lui donnal ieud'obtenirune
Capitulation honorable, dans le moment qu'il devoitpérir
avec toute &
Garnison.
La Republique de Venise
fut si touchée de cet important
service,qu'elle ordonna
à son Ambassadeur à Paris,
d'aller de sa part faire
des complimens &:des remercimens
au Comte de
Choiseul, dontils'acquitta.
En 1671. àla Guerre de
Hollande il se distingua
aux Sieges d'Arnheim, du
Fort de Schinck, de Nime:
gue, de Crevccoeur
, & de
Bomel.
;
En 1673. à la deffese
de Prague près de Wesel, qu'il ne gardoit qu'avec un
Bataillon & une Compagnie
de Cavallerie
,
il arrêrai
tout court le Prince d'o.
range,qui ne pût le forcer
avec toute son Armée.:
En 1674.il se distingue
au Combat de Seneff. '.;
En 1675.ilcommande
un Corps de Troupes pen..
dant l'EstésurlaMeuse,&
l'Hyver en Lorraine fous le
M^t&chal de Rochefort il
pritla Ville de Deuxponts,,
& plusieursChafteaux.
En 1476. le Comte de
Choiseul fut fait Lieutenant
General des Armées;
du Roy:Il deffit cette même
année une Efcortc tresconfiderable
de Fourageurs,
& lorsque le Maréchal Duc
de Luxembourg se retira
fous Saverne, le Comte de
Choiseul conduifir l'Arrieregarde
de l'Armée qu'il
commandoit, & la garantit
par sa bonne conduite du
rilque qu'elle couroit d'être
entamée par l'Aimée^ çanemie.
En 1677. il se trouva à
la Journée de Cochsberg,
où l'Armée des Ennnemis
fut défaire, il avoir déjà
disposé toute l'Armée,
quand le Maréchal de Crequy
arriva juste pour avoir
Thonneur de la victoire,
MonsieurdeChoiseul finie
cette campagne par le
siege de Fribourg.
En 1677. ilattaqua avec
le même succès un Corps
de Troupes des Ennemis,
fit plusieurs Prisonniers,apprit
beaucoup de bagages
cetteactionfut, suivie d'une
autre
autre prés Rhinfeld
,
où il
força & battit les Ennemis
retranchez, prit SeKingen.
aprés s'être rendu Maistre
d'un Poste qui en estoit
proche.
En 16-, p. il se trouva à
laprise des Forts de Stras
bourg,& battit l'arrieregarde
des Ennemis prés de
Minden.
Son merite & sa capacité
s'estant fait remarquer dans
tous les endroits où ila fer-
.J
vi; le feu Electeurde Cologne
le demanda au Roy
en 1684. pour commander
son Arméeenqualité de General
& FeldMaréchal, & il
est dit dans le monde à ce
sujet, qu'une personne puissante
qui ne lui estoit pas
favorable, dit au Roy que leComte de Choiseulestoit
un Officier tres-capable
,
mais qu'il avoitla veuë basse;
à quoi Sa Majesté répliqua
il en verra mes Ennemis de
plus prés.
Il réduisit la Ville de Liege
à l'obeissance de cet Electeur,
par une action qui eue
esté temeraire s'il y eut eu
unmeilleur party à prendre;
maisla témérité devient pruetice
en certaines extremitez
où l'audace est necessaire
pourintimider ceux qui vous
accableroient par le grand
nombre un petit parti qui
tenoit encore pour l'Electeur
dans la Ville contre
cinquantemille revohez
en armes, lui livrant une
des portes, par laquelle il
entra avec sa seule Compagnie
des Gardes, pendant
que toute son Armée étoit
derriere
, un des Mutins le
coucha en jouë avec un fusil
bandé pour le tuer;son Capitainc
desGardes se jetta dcf,
ÍUs, & l'alloit tuer d'uncoup
depistollet ; mais leComte
de Choiseull'empêcha en;
cliant; ah ne luifaitespointde
mal, ilestassezpuni,puisqu'ila
peur; en fuiteil sempara sans.
perdre temps de toutes les
places&des avenues par le
moyen du party
-
qu'il avoic
dans la Ville,destrouppes
qu'il y fit entrer sur le
champ;cette richeVillevoulut
luyfaire present d'une
somme tres-conisiderablea
qu'il refusa
, coûtent du
present de l'Electeru qui
lui donna uneépée garnie de
diamants, & quatre picces
de canons qui sont sur la
principale Tour du Chas.
tcaud'Irouer en Bourgogne,
parBrevet de Sa Majesté.
En 1689. il commanda
un Corps separé sur le haut
Rhin, pour s'opposer à fEJelèeûr:
de Bavierre qui le
trouva posté, de maniéré
qu'il n'osa rien entreprendre
avec toute son armée, quoy
que le Comte de Choiseul
n'rot que trente-deux Efèadrons
fous ses ordres, & un
RegimentdInfanterie. Il
prie à la fin de la Campagne
Bretten dans le Marquisat de
Baden, fit prifonnicrs 600
hommes quiétoient dedans,
& repoussa un Corps de
Troupes qui s'estoit approché
pour la secourir.
-
En 1690. il continua ses
services en Allemagne fous
le Maréchal de Lorges, en
1 6 9 1. il fut envoyé à
S.Omer, à desseind'yassemblerun
corps detroupes
; les Ennemis menaçany
d'attraquer nos Places Maritimes
,
& en 1692. il servit
en ladite qualité de Lieutenant
général
,
fousle Marechal
de Bellefond
,
le long
des Costes de Normandie.
Au mois de Mars 1693.
le Comte de Choiseul fuy
fait Maréchal de France,
lamêmeCampagne de1693.
il commanda en sécond l'Armée
d'Allemagne,que Mr
le Maréchal de Lor ge comme
son ancien commandoiy
en chef; Mr le Maréchal de
Choiseulla commanda fcul
pendant quelque temps ;
Mr le Maréchal de Lorge
estant allé au devant de
Monseigneur&de son Armée,
que conduisoit Monlïeur.
le Maréchal de Bouf
flers.
En 1694. Mr le MaréchaldeChoiseul
fut nommé
,
pour commander surles
Costes Maritimes du Ponent
une Armée pour s'apporer
aux enrreprifes des Ennemis;
il commandoit dans toute
l'etenduë des Provinces de
Normandie & Bretagne ,
comme General d'Armée,&
comme Gouverneur, de maniéré
que Sa Majesté en l'honorant
de cet Employ
,
lui
dit je vous donne le même
Commandement, avec la
même authorité qu'avoit
mon frere la campagne dernière;
en sorte que ses ordres
depuis le Conquest par delà.
Brest se portoient jusqu'au
Treporc au delà de Dieppe;
ce qui fait plus de cent quatrevingt
lieues.
En 1695. Mr le Maréchal
de Choiseul eut le même
Commandement sur les
Costes de Normandie & de
Bretagne, Dieppe;qui se trouvoie
éloigné de plus de 60
lieues de la Hogue, où il campoit
avec son Armée fut
bombardé par les Ennemis
& sort endommagé, le Maréchal
de Choiseul quelque
.diligence qu'il sit nayant pû
s'y rendre assez tost, il prévint
les Ennemis au Havre qu'ils
bombarderent ensuite avec
furie; mais par sa prévoyance&
par les bons ordres qu'il
donna dans la Ville; les Ennemis
après avoirresté devant
trois jours & trois nuits,
furent obligez de se retirer
après y avoir perdu leur plusgrande
Galiotre, qui fauta
d'une deno s bombes;on prit
tout ce qui estoit dessus ;ils
esperoient dans la terreur où
tout ce Pays se trouvoit;s'emparer
de cette Ville que le
Bourgeois avoit entièrement
abandonné en laissant lesportes
de la Ville ouvertes, &
même le Commandant , quoi- que jusqueslà connu
pour un brave homme, se
trouvoit saisi de la même
crainte,&s'étoit enfermé dans
une tour dont il n'osoit fortir
avant que le Maréchal de
Choiseul fut arrivé; lequel
par sa presence & par ses (agesprécautions
sauva l-el Ville
de l'incendie; il n'y eut seulement
que deux ou trois maifons
endommagées ou brulées.
En 1696 ,
Sa Majesté
nomma Mrle Maréchal de
Choiseul pour commander
en chef son Arméed'Allemagne,
avec laquelle il
passa d'abord le Rhin, &
-
subsista longtems dans le
Marquisat de Baden aux
dépens desEnnemis; cfrfuite
ayant repassé éèfleuvê
avec son Armée, il marcha
jusques auprès de Mayence
,jusqu'à ce que la
substance luy manquant,
il fut obligé de remonter
fut le ruisseau duSpirback,
qu'il occupa dans toute son
étenduë,depuis Neustat jusqu'à
Spire
,
qui font5grandeslieuesd'
Allemagne.Mr le
Prince de Baden ayant passé
le Rhin à Mayencc avec
toutes les forces de l'Empire
qui rendoient son Armée
plus nombreuse d'un
tiers que cclle de Sa Majesté,
quoy qu'elle eûtesté
jointe par un corps détaché
de celle de Flandres , commandé par Mr le Marquisd'Harcourt
Lieutenant
General, publioit aussi-bien
que tous les Alliezqu'il aL
loit faire le siege de philisbourg
ou celuy de Landau
,
& ravager l'Alsice.
Il avoit à sa suite toute
l'artillerie, &les munitions
de guerres necessaires
,
&
ses magasinsassurez ; fou
projet paroissoitbon, aucun
General jusques
-
là
n'avoit pensé de garder un
si grand espace de pays,
avec une Armée fort infe- ;
ricure à celle de son Ennemy
,
n'ayant pour se couvrir
qu'un simple Ruisseau
gayable, & presque deses- ¡,
chépar tout, sans aucuns
retranchemens. Mnsieur
le Maréchal de Choiseul
fit feulement à la haste relever
un peu de terre le long
dece ruisseau,& quelques
abatis d'arbres. Le Prince de
Baden marchoit à luy à
grandes journées, ille trouva
campé en cetétat,ayant
sa droite appuyée à Spire,
c'est à dire, au Rhin, sa
gauche à Neustat
petite
»
Ville au pied de la Montagne,
& son centre fortifié
de quelques redoutes,
&
d'arbres abatus, sa fituation
, & plus encore l'alfu.
rance de son Armée fous
un tel General, arresta tout
court le Prince de Baden ; il s'amusa à cannoner un
Château au-dessus de Neuflac
qu'il ne prit point,
non plus que cette Ville
qui n'auroit pas tenuë contre
un détachement de cent
Dragons, quoy qu'ellefût
de son côté au-delà dudit
ruisseau,& après avoir passé
trois semaines, les deux
Armées en presence à se
cannoner de part & d'autre,
Mrle Prince de Baden fc
retira ,
retira, & finit la campagne,
sonArmée en tres mauvais
état, ayant beaucoup souffert.,
sur tout sa Cavalerie,
celledu Roy ayant auparavant
consommé ce qu'il
y avoit de fourages,au lieu
quecelle deSa Majesté avoit
aborrdahcedetouteschoses;
sanstrop loüer Mr le Maréchalde
Choiseul, on peut
dire que ce parti hardi qu'il
prit de luy-même contré
l'avisde plusieurs Officiers
Généraux, est un trait de
grand Capitaine, & des
plusexpcîrimeiitez.1
En 1627.il continua le
même commandement CD
Allemagne, subsista longtems
avec son Armée aLi
prés de Mayence aux dépens
des Ennemis, pendant que
Mr le Prince de Baden avec
celle de l'Empire assembloit
de l'autre côté du Rhin
plusieurs ponts pour passer.
ce fleuve, & ravagerl'Alsace
; Mr le Marechal de
Choiseul pour l'empêchec
marchaàl'entréedela nuit,
avec tant dediligence qu'cD
moins de trois joursil avoit
passé le Rhinau FortLoüis
avec toute son Armee , armes
, canons & bagages,
& campa au milieu du Mat*
quisatde Baden,ayant fait
plusde trente lieuësd'Allemagne
; Mr le Prince de
l'autre, côté du Rhin, pour
lobserver ,croyant que
nôtre Illustre General, vouloit
feulement couvrir l'Alface
, comme il en faisoit
courir le bruit,fut dans un
étonnement incroyable d'aprendre
que l'Armée du
Roy innondoit son propre
Païs,tous sesprojetsenfurent
deconcertez;ilnepensa
plus qu'à couvrir l'Allemagne
où l'Armée du Roy
subsista la plus grandepartie
de la campagne au desfous
& au-dessus de Strasbourg,
où le Maréchalde
Choiseul auroit emporté de
grands avantages, sans les
pluies qui tomberent pendant
prés d'un mois sans
discontinuation,&qui rendirent
les chemins tellement
impraticables qu'il fut impossible
d'attaquer les Ennemis
dans leurs retranchemens
le long de la Montagne
; cet espece de deluge
embarassa même extrêmement
l'Amée du Roy dans
sa retraite, où les Ennemis
parurent inutilement
pour donner sur l'arrierc..
garde,ils ne purent l'enta.
mer par aucun endroit:
elle subsista le reste de la
campagne toujours aux dépens
des ennemis au Païsde
la Saarre
,
où les ordres
arriverent pour une cessation.
d'Actesd'Hostilitez
de part &d'autres en attendant
la fin du Traité de Paix
qui fut conclu à Rifwick ;
Mrle Mareschal ds Ghoiseul
à son retour à la Cour
aprèsavoir rendu compte
au Roy de sa Campagne, luy representat que sa santé
& sa vûe eftoienr si fort affoiblis
qu'il estoit obligé
de dire à Sa Majesté, avec
regret, qu'il ne se trouvoir.
plus en estat de pouvoir
aller à la guerre à l'avenir,
& qu'il estoit heureux d'en
sortir avec l'honneur de son
<eftimë ; le Roy luy repon?-
dit avec bonté qu'un Homme
commeluy luy seroit
toûjoursnecessaire.
Eusuite SaM. pour mac--
quer qu'Elle étoit contente
de ses services, de son propre
mouvement, ju geant
qu'il n'avoit pas assez de revenupour
subsister convenablement
selon son rang,
changea le Gouvernement
qu'il avoit de Saint Orner
,
qui ne valoir que 12 mil
livres à celuy de Vallenciennes.
quiest de 30 mil
Ivres.,
Au commencement de
Jannéç'1707érpnt.devenu'
leDoyen des. Maréchaux
de France, par la
mort de Mr le, Marefcb^l
d'Estrées, malgré la màtivaisesanté,
il fé donna
tout entier aux affaires de
la Mareschaussée jusqu'au
mois de Fevrier 1711,
que se sentant afforblir
beaucoup
,
il supplia- Sa
lMajcll:é de trouver bon
qu'ilquittât ce tra~ait~~u~c
sa santé neluypouvoit plus
foût-t-ilit-) le Roy k luy
permit avec Eloges,die
qu'ilapi^buvbittôûjours
que-lèsj Ht>mrnSs?dè diftitlaion
,commeluymissent
un intervale entrela vie
& morè ,SaMajestédit
qu'il
qu'il le prioit de conserver
la santéd'un Homme qu'il
avoit toûjours estimé.
A sa mort qui arriva
le quinze Mars, c'est-àdire
, fort peu de tem ps
après,SaMajesté dit publiquement
à son sujet, qu'-
Ellevenoitde perdre un
vertueux Gt--litilï.hon-Ime
:
grandElogo danslabouche
d'un Roy,qui parlant [don
r
son coeurcomprend f-ou'$lc'è-,-
mot devertueuxtout ce
; qui peut faire le Panegirique
d'un grand Homme.
LorsquesaFamilleallaannoncer
cettemort à Sa M;,,,
& témoigner sadouleur sur
cette perte, SaMajestérépondit
je perds aussi un Sujet
qui m'a rendu d'importants
fervices, &qui a sçûrendre
dignementla Justice ;
SaMajestéavoit un si grand,
fonds de confiance en sa
probité &sincerité
, qu'en
plusieurs rencontres Elle a
cité, pour faitsconstants,
cequ'Elle sçavoit par luy,
en disant, Cboifeulmcula
dit. ii On a fort admiré dans
le Monde la maniere
dont il remit la Connétablio
entre les mains du
Mareschal de Villeroy
soïs esprit fain & entier,
sa santé luy promettoit encore
plusieurs annéesde
vie; mais il vouluen'être
plus occupé que des foins
de son salut,& de l'arrangement,
de ses affaires ,-&
lors que quelque tems a près
il vit sa santé diminuer
il preparoit luy-même se,s
Amis à une separation qui
l'attendrissoit sans s*allarmer.
Enfin quand on luy
annnonça qu'il falloitfonger
à ses Sacrements
,
il
dit d'un air ferme & gracieux.
t^ous me faites plaifr
, car je me sens diminuer;
il eut l'aprésmidy
une conversation avec Mr
l'Abbé Fl.., homme
doüé d'un profond sçavoir
& d'une aussi grande pieté,
aveclequel il en avoir déja
eu plusieurs de cette manière
: Le foir il seconter
ôç le sit avec grande présence
d'esprit le lendemainqui
estoit le Vendredy
matin 13 Mars
,
il recût
le saint Viatique & l'Extrême-
Onction; repondant
à toutes les Prières,
avec une humilité, unepiété
& une édification admirable
;le reste dii jour ille
passa tranquillement, , parlantavec
une entiere connoissance
; même le soit
son Domestique luy parlant
d'une querellede deux
Medecins qui estoient prests
à se battre dans son antichambre
,
sur un remède
qu'onvouloitluy donner,
il répondit en riant
,
ilssi
battent pour peu de chose
le peu de , vie qui me reste
ne vaut pas la peine de disputer
; >ynais il faut pourtant
mourrir dans les formes ; la nuit sepassa encore assez
bien; mais sur lesquatre
heuresdumatin, ilfut
fort agité, il fallutle lever
dans son fauteüil
,
où il
resta, du temps ; mais ne
pouvant plus tenir, on le
remit au lit avant midy , auquel temps il ne parla
presqueplus, mais il entendoit
& serroit la main
à son Confesseur en embrassant
le Crucifix; le Samedy
jusqu'à minuit,il
fut à peu prés de Inefrne',
-
en empirant toûjours jut:
qu'au Dimanche à midy
1 5 Mars qu'il expira, sans
aucune violence
, comme
une lumière qui s'éteint
faute d'huile.
, Mr le Maréchal de
Choiseul à la mort de
son pere quil'avoittoûjours
flaté de luy laisser
trente mille livre de rente,
trouva plus de dettes
que debiens; on luy
proposa de prendre des
,
Lettres, d'Etat
3,
pour
.pouvoiravec* le/tenis,
s'aqufetêr petitàpetit
sans s'incommoder;non,
: dit-il ; il vaut mieux
-siftcômàderquedéfaire
attendre ceux a qui l'on
doit ; ensuiteilassembla
tous les Créanciers
de sa Maison, S( leur
distribuà les Terres dont
,
il auroit pû joüir long-
,
tems malgré eux, & seroit
restésans bien si le
Roy parses bien-faits ne
-
l'eût mis en étatdesub-
: sister.fplong -Ilfèroittroplongde
raporter toutes sesactions,
dejufticc,&C de
rgénerofité , ilprenoit
souvent sur fbii necef-
-- saire pour aider ses proches,
ses amis, & ceux
quis'atachoientàluy. Il
n'y a jamais eu un meilleur
parent,un meilleur
Ami, ni un meilleur Maître;
en un mot, le grand
nombre d'actionséclatantes
publiques & particulieres,
Tiinformioé
desoncaracterependant
une longue vie ; le jugement
des plus grands
Hommes du dernier Siecle,
qui l'ont loüéhautement
, prouvent bien
lemérite du coeur &
de l'esprit de ce grand Homme.
En effet, peut-on gagner
tant de suffrages,
réussir dans unsi grand
nombre d'entreprises ,
,
se conduire pendant
soixanteans, à la Cour,
à la Guerre,dans lavie
privée,& dans les conjonctures
les plus delicates,
avecune équité parfaite,
un honneur franc,
une exactebien-seance,
& une fermetéinébranlable
, sans avoir un
grand coeur, un bon
sens, un jugement seur,
& un grand fond de veritableesprit.
Mr le Maréchal de
: Choiseul ne1 se piquoit
<point de cette subtilité
,degenie y&C de cette
-politique rafinée, qui
fait le méritede la plus-
- part des Courtisants;
son grand coeur en ref,
fufoit l'étude, &en mé-
"prifoir l'usage:Iln'avoit
.pas besoin d'Art, lavivacitédu
sentiment luy
rfuffifoic faloit - il agir,
falait-ilparler dans une
occasion importante, il
agissoit, il parloit avec
une promptitude ,. ôc
,. une justesse dont les plus
deliez Courtisants ,au..,
roient fait un grand
honneur à leur esprit. i Ila eu le bonheur de
n'en sçavoir point trop,
&de se laisser conduire
par une nature excellen-
-,
te, quilatoûjoursporté
droit à ce qu'il y avoit
de plus raisonnable, &c
de plus vertueux; aurions-
nous en sa personne
le modelleparfait
d'un Gentil-homme ;1,
s'il eûttantsubtilisé surles
principes de la vertus
-& de l'honneur, & H.
lesentiment chez luy eût?*
été embarassé par les
raisonnements delaPhi-1-
lofofie &delaPolitique,
en plusieurs occasions,
dans des tems dificiles,
son honneur Se la reli—>
giondesonsermentsurent,
tentez par l'interest,
d'une grande fortune;
il né fut point assezrafiné
politiquepour se former
denouveaux devoirs par
des raisonnements fub-
19s
, en ces occasions
,
il répondoit gauloise—
ment; il nJcft pas en
moy de faire cela,j'aimerois
mieux mourIr.
Enfin l'ame du Maréchal
de Choiseul étoit
celled'un véritableChelier
Gaulois, verseuse
> confiance
,
intrepide
:1
comme celle des Guesclins,
& des Bayards
,
Pi pendant soixaute ans
comme le modele denô-î
tre.gncieiiiie ?.&£ verjta-i
hle iClicvaiçe : i:
Je parojtroisufurpec.
les droits de la Chaire,;
&entreprendre. l'Osai-;
son Funebredu Masê-î
chal de Choiseul ,ii je.)
voulois montrer,icy,dans
touc leurjour le$;gfàndsî
sentimens - quil'ani- ,,'
moient 8c qui fori
moient en luy ce çoncert
de vertus qui fait le
parfait honneste hotn.
me & le veritable Chrétien
, cette bonté
, cette
humanité
,
cettecharité1
extrême d
:l ce pardon
courageux des injures,
jointà cette suprême valeur;
cette libéralité exercée
de bonne foy ôtiecrettement
sur desennemis,
sur desingrats; ces
vertus sublimesdansun
homme simple font hon..
neur à l'homme & à la
Religion:oüy, l'on peut
dire que l'homme& la
Religion luy ont obligation
d'avoir fourni une
preuve vivante &inCOfl.
testable, que les conseils
de l'Evangile sont sondez
dans la bonne nature,
&que le véritable
heroïsine du monde ne
peut estre perfectionné
qtuiepaanr ceilusy dmu Cheris.-
ENIGME
par Mr de Longueüil,
de l'Academie Royale
d'Angers.
SONNET.
'Fille duSouverain , dont
jeporte l'image De , mon indigneEpoux
je partagelesort;
etcft à moy de dompter
parun puissant effort
Ses rebelles Sujets
,
dont
l'audace m'outrage.
Dansuncachotfragile,
,
&battu de l'orage,
J'ay droitdecommander,
c'estmon uniquesort;
MllisJ'efuis accablée,&
reduite à la mort,
Si ma hautevertu ne
soûtient moncourage.
Parmytant d'ennemis,de
travaux, de dangers,
Je vole nuit&jouren des
lieuxétrangersy
Jeguideuncriminely dont
jedevienscomplice.
De mes aîles en vain le
vol est déployé, - Lorsquepourm'entraîner
aujvnd du précipice
Le poidsfataldu monde àmespieds estlié.
Le même Sonnet.
•'
• - en Italien.-
Filia d'alto j!\/l.onarca 4$
sposo indegno
Congiunta vivo àregnar
fecoekitay
JMa diribellisolcomposto
eil regno;
EignudaJOcCiOtArbi à
me s'aspetta.
Perreggia inriaprigion
racchiujaregno.
Cheà continuavertigine
ej E se non damni alfll
virtù sostegno, ji caduta mortale iofoH
costretta.
` Frà tenebre d'error, fra
,',
inciampi, espine
Ouidarm' è dato il mio
consorte immundo
VAnguftoprecipizjoal
tonfine.
Hol'ali, ever,pernor*
caderafondo;
MÀcheprofjepertrarmi
alle ruine
Con fatal nodo ai pie
legato ho'ilmondo.
SUPLE'MENT
AVIS DEPRISES.
Toulon 26 Mars 1711;
Le sieur Laigle a pris
sept vaisseaux , tant Anglais
, Hollandois, que Catalans
,
donc il en a mène
partieà Malte,& l'autre à
Toulon.
Deuxième Avril1711.
Messieurs les Chevaliers de
Beaudinard & Cassard, ont
pris un vaisseau nommé le
Prince
Prince de Frise, qu'ils ont
amené à Toulon.
La Corogne I Mars 1711.
Le Capitaine Grandjean
commandannt la Fregate
la Guiuguettc de S. Jean de
Luz, a pristrois Flutes qu'il
a conduit à Pontavedre
nommées la , Paix, vaisseau
Hollandais, la deuxieme la
Perle vaisseau Hambourgois,
& la troisiéme autre
Vaisseau Hollandois,chargé
de bled, dont l'Equipage
s'est sauvé à terre à la Coste
de Portugal.
Le Capitaine Nau commandantlaFregatela
Gaillarde
de Bayonne,aconduit
au même Port de Poirtavedre
un vaisseau Anglois
de trente tonneaux.
Le même y a encoreconduit
une prise faite en compagnie
dudit sieur Grandjean,
nommée lePot àfleurs.
Le Havre le 16 Mars 17 11
Le ifeur de Blangues
commandant la Fregate les
Zephirs de Dunkerque, a
conduit en ce Porc un vaisseau
Hambourgois nommé
le Roy David.
Le9 Avril 1711.
Le même a aussiamené
au même Port une prise
Angloifc nommée l'Empereur.
Dieppele 8Avril 1711
Le sieur Duquesnel commandant
la Fregate le Mercure
volant de Calais, a pris
un vaisseau Anglois nommé
la Providence.
Morlaix le 6 Avril 1711.
Le sieur Joachim Poitevin,
commandant laFregate
la Marguerite de S. Malo
, a amené en ce Port une
-
prise nommée la Galete de
Londres do cent tonneaux.
La Fregate nommée le
Marquis d'O de S. Malo
commandée , par le sieur Çadiou,
a aussi amené en ce
Pott une prisenommée le
Jean de Londres.
Marseille le 30 Mars 1711
Qu'il est arrivé en ce Port
un vaisseau chargé de bled
par le Capitaine Bremond.
Calais le31 Mars 1711.
Le Capitaine Duplessis
a pris un Smack
,
nommé
l'Esperance de Stade, qu'il
a amené à Calais.
Les Capitaines Potier &
Batez ont aussi amenez au
Porc de Calais deux prises",
l'une de trente & l'autre de
cent tonneaux.
S. Malo 10 Avril ijiï.
Le sieurHainscommamdant
le Vaisseau la Reine
des Anges,a pris un vaisseau
nommé le Darquin de
Corck) qu'il a amené à S.
Malo.
Calais du if Avril 1711.
Le Capitaine Pierre Live
a amené ence Port 6rançons
Anglais, montant ensemble
à 7005. liv. argent
de France.
Le Capitaine Potier y a
aussi amené un Vaisseau
Hollandois, nommé la
Foy de Rotterdam estimé
60000 livres.
:
LETTRE
Ecrite de Sarragosse le 7
Avril.
rousa'Vez apprissansdousienostreresolutiondefaire
le
Siege de Barcelone, combien on
travaille pour préparer toutes
les choses quiyfiN. necessaires.
L'Artilleriecomposée de cent
pieces de canon ,
dontsoixante
de vingt quatre font en mouvement
, pour se trouver du
-
quinze au vingt de ce mois à
Adequinença; les quarante autres
de Campagne
,
dont ily
en a dix huit de seize ,font
icy prestes à marcher au premierordre.
Nous avons déjàa
Mequinença quinze mille
bombes,quinze milleboulets
de tous calibres
,
huit mille
quintaux depoudre, cinquante
mille outils àremuer la terre
, avec cinq milleMulets
ou Mulespour le transport.
LesTroupes qui doivent
servir en Catalogne font ait
nombredesoixante-douze Bataillons
& de quatre-vingtcinq
Escadrons, dont dix-sept
Bataillons & quinzeEscadronssont
destinez pourgarder
les Places frontieres & pour
escorter les Convois.
Les recrues au nombre dedixsept
mille hommes pour tinfanterie
, & de deux mille
cinq cent pour la Cavalerie
font entierement achevées
y
habillées
&preslesàjoindre leurs
Corps qui feront complets le
vingt de ce mois ,
ainsi que h,
nmmte de la Çavderirquv
excede troismille cinq centchevaux.
Il arriva hier au soit un
Courier de Cadix, quiarapporte
que le Capitaine de Barlovento
envoyépar Monsieur
le Duc de Lignarez y estoit arrive
j&quelle avoit apporté
au Roy un million de piastres
& deux millions & demipour
des particuliers EsPar,nàls,dont
SaMajestétirerapour son In*
dult sept ou huit cent mille
ecus.
Nos Troupes de Catalogne
occupent toujours les quartiers
de Ceryer*, de Tarrega , de
Verdun
,
de Guizona, de Pons
& de Solfona ; mais tlles ont
abandonnéCalaf, parce qu'étant
trop avancé dans le Pays
on n'y trouvait pas dequoi subsister.
Monsieur le Ducde A/ouifies
est arrivéicy.
A Amiens cc 18.Avril.
1711.
Il arrive incessammentcent
vingt-six Escadrons sur la
Somme, quiyseront aux ordresdeMonsieurleMarquis
ifex M^icres, Gouverneur
&Amiens LieutenantGenera.
i; vingt-six Escadrons
Aix-sept Bataillons, quiétoient
dans les environs d'Ivres
,
font
-$nmarche pour venirse cantonnerfur
la Canche sous les
ordres de Monsieurde Morsarri.
Le Régiment de Picardie.
estparti ce matin d'icy
, £7* va
Je poster entre Bonchain rr Valenciennes
; celuy du Roy en
.part Mardy, £7* s'en vaà,
Miraumont
,
cjuiefl la gauche
du Camp de Crinchon;celuy
dd'eAClbheavmipllaeg,nçeyvpaaàrtBudce^muaoiyn,
qui riefl qua deux lieuës de
A4iraumont.
Quelque mal- intentionné a
jetté une Jurée dans un de nos
Magasins de paille à Dourlens,
heureusement l'objet
n'cfi pas considerable; mais
cela ne laisse pas de faire faifè
des reflexions.
JIJe forme, icy quatre Pe.-
gimens de Milice, ausquels on
donne le nom de Regimens de
Picardie; cesquatre Regimtm
sont destinez pour la garde de
la Somme.
Monsieur le Comte d'Ef
trade eJ1 nommépourcommanIlr
en Picardie; il efl bon
Lieutenant General
, (7 fort
aimé des Troupes.
-
LesRecruës arrivent à
force,l'Infanterie est plus
belle qu'ellen'ajamais esté.
Le Duc de Medina-Celi
estant mort sans enfans, le
Marquis de Priego ,fils de
sa soeur aînée, succede aux
grandes Terres & Seigneuries
qu'il possedoit, qui,
suivant ce qui se pratique
dans les Maisons Nobles
en Espagne, sont en Mayo.
râZg,°> ou substituées &
inallienabies Comme les".
biens de cette nature ne sont
point susceptibles d'hypotcque
, ny d'aucun privilegc,
les creanciers du defsunt
n'avoient aucune action
contre celuy qui recüeille
la subftittuion Un
avantage si considerable
auroit pûflater tout autre
que MrdePriego, quibien;
loin de s'enprévaloir
,
s'eflr
fait remettre un état des;
dettes contractées par son
oncle, montant à plus de
douze cens millivres, qu'il
Vell volontairement chargé
d'acquitter,sans y estreporté
que par un pur motif de
Justice & on peut dire même
par une generosité, dont
il donne peut-être le premier
exemple.
Le Grand Visirest seulement
parti de Constantinofie:
le 19. Mars pour aller
a Andrinople, où il a sejourné
jusqu'ausixiéme
Avril, & en est party pour
faire prendre lesherbes à sa
Cavalerie & se mettre en.
état de commencer la campagne.
MORTS.
Vincent le Mée, Fermier
General, mourut le2,3.
Avril 1711,
Marie de Fourcy
, veuve
de Balchazard Phelypeaux.
Marquis de Châteauneuf,
Secretaire d'E-.
tat, Commandeur & Secretaire
des Ordres du Roy,
mourut à Versailles le onze
Avril 1711.
On vient d'apprendre
que l'Empereur est mort
de la petite verole, on
n'en peut parler que le
mois prochain.
MERCURE,
IV. PARTIE,
-
PcIECES FUGITIVES. E sera le titre ordinaire
dela quatriéme
Partie du Mercure,
que je templiray
de Pieces fugitivesstant
en Vers qu'en Proie:
Je nyplaceray dans ce
mois-cy que des Poëfies
spirituelles.
ODE*r
TIRE'E'DU PSEAUME If'.
Benedictus Dominas:meus. BENI soit le Dieudes
Armées, ;
Qui donne la force à mon
bras,
Et par qui mesmainsfont
formées
Dans Farcpenibib des
combats;
De sa clemence inépuifa-
: ble t.
Le secours prompt & fa*
vorable,
Afiai mes oppressions: : En luy j'ay trouvé mon
azile,
Et par luy d'un peuple indocile
J'ay dissipé lesfactions.
Qui suis-je vile creature,
Qui suis-je, Seigneur,&
pourquoy
Le Souverain de la nature
S'abbaiÍfe-t-il jusques à
moy ?
L'homme en sa coursepassagere
N'est rien qu'une vapeur
legere,
Que le Soleil fait dissiper,
Sa grandeur n'est qu'une
vaine ombre
Et sa clarté qu'une nuit
sombre,
Que l'oeil, fuit & voit
échapper.
s,
Maisquoy les périls qui
m'obsedent
Ne font point encore paf
sez?
De nouveaux ennemis
succedent
A mes ennemis terrassez?
Dieu terrible,ordonne aux : campagnes
D'engloutir les vastes
montagnes ,
Commande aux Cieux ck
s'abbaisser,
Fais de leurs voutes enflammées
Pleuvoir ces fleches allumées
Que tes fureurs-sçavent
lancer.
Objet de mes humbles
Cantiques,
Seigneur,je t'addresse ma
voix
Toy, do.3nt les promesses
antiques
Furent toûjours l'espoirdes
Roys,
Tojyde qui les secours
propices,
Atravers tant de precipices,
M'ont toujours garanti
d'effroy,
Conserve aujourd'hui ton
ouvrage,
Etdaigne détourner l'orage
Qui s'appreste à fondre
sur moy,
Arreste cet affreux déluge,
Doncles flots me vont submerger,
Sois mon vangeur, fois
mon refuge
Contre le fils de l'ecrangen
Vange-toy d'un peuple
-
infidele, 4
De qui la bouche crimi-
,
nelle
Ne souvre quilïrnpier^,
Et dont la main vouée au
crime
Ne connoist rien de legitimé
Que le meurtre & l'iniquité.
Ces hommes, qui nont
point encore
-EpIquvé la main du Seigneur
iSegflanttenot qrueeDieu le*
Et s'enyvrent de leur bon- heur;
Leur posterité florissante,
Ainsi qu'unetigenaissante
Croît & s'éleve fous leursyeux,
Leurs filles couronnent
leurs têtes
De tout ce qu'en nos jours
de fêtes
Nous portons de plusprecieux.
De leurs grains leurs
granges sont pleines,
Leurs celliers regorgent
- de fruits,
Leurs troupeaux touschargez
de laines
Sont incessamment reproduits,
Pour eux la fertile rosée
Tombant sur la terre embrasée,
Rafraîchit son seinalteré.
Et pour eux le flambeau
du monde
Nourrit d'une chaleur fécondé
Le germe en ses flancs
resserré.
Le calme regne dans
leurs Villes,
Nul bruit n'interrompt
leur sommeil,
On ne voit point leurs
toits fragiles
Ouverts aux rayons du
Soleil;
Cest ainsi qu'ils passent
:: leur fig€ :
Heureux) difcnt."ils) le rivage
.Où l'on jouit d'un tel bonheur.
Qu'ilsrestent dans leur
rêverie,
Heureuse la feule Patrie
Où l'onadore le Seigneur.
ODE;
TIRE'E DU PSEAUME 14J.
Lauda animamea Dominùo MON ame loüez le
Seigneur,
Rendez un éternel h- onneur
Au digne & seul objet de
vos justes loüanges;
Oui, mon Dieu, je veux
désormais
Partager la gloire des Aïtges,
Et couronner ma vie à
chanter vos bienfaits.
Renonçons au sterile ap-
Puy
Des Grands qu'on adore
aujourd'huy,
Ne fondons point sur eux
une esperance folle,
Leur pompe indigne de
nosvoeux
N'est qu'unsimulacre frivolle,
Et les solides biens ne dépendent
pas d'eux.
Comme nous esclaves
du [art)
Comme nous jouets de la
mort,
La terre engloutira leurs
Grandeurs insensées,
Et periront en même jour
Ces vastes &: hautes pensées
Qu'admirent aujourd'huy
ceux qui leur font la
Cour.
Dieu seul doit faire nôtre
espoir,
Dieu de qui l'immortel
pouvoir
Fit sortir du néantleCîel,
la terre & l'onde,
Et qui,tranquille au haut
des airs,
Anima d'une voix seconde
Tous les êtres semez dans
ce vaste Univers.
Heureux, qui, du Ci*el
occupe,
Et dp'un faeuxéc,lat détrom- Met de bonne heure en
luy toute Con esperance;
Il protege la verité,
Et sçaura, prendre la defsense
Du Juste que: l'impie aura
perfecuce.
C'est le Seigneur qui
nous nourrit, »
C'est le Seigneur qui nous
guérit,
Il prévient nos besoins, il
adoucit nos peines,
Il assûre nos pas craintifs,
Il délie & brile nos chaînes,
Et nos tyrans par luy deviennent
nos captifs.
Il offre au timide étranger
Un bras promptà le proteger,
; ;
Et l'orphelin en luy, retrouve
un sécond Pere,
De la veuve il devient l'époux:
Et par un châtiment severe
Il confond les pecheurs
animez contre nous.
Les jours des Roys font
dans sa main,
Leur Regneest un Regne
Incertain,
Dont
Dont tedoigc du Seigneur
a marque les limites:
Mais son Empire illimité
N'a point eu de bornes
prélcrites,
Et confondra le temps
avecl'éternité.
ODE
--
TIRE'E DU PSEAUME14..
Dominequis hAbilat,.&c. s Eigneur, dans ton
Temple adorable
Quel mortel est dignes
d'entrer?
Qui pourra ,
grandDieu
x
penetrer
Dans ce séjour impénétrable,
Où les Saints imelinezs
d'un air reipectueux,
Contemplent de ton front
1éclatmajeftueuxî
Ce sera celuy qui du vice
Evite lesentier impur,
Qui marche d'un pas serme
ôdùr
Dans le chemin de la Ju-
Itice,
Attentif & fidele' à connostre
la voix,
Intrepide & severe à pratiquer
ses loix.
-Ce fera celuy dont la bou- che
Des flateurs méprise le
fard, Bij
Dontlecoeurlincere. S
iansait
Rendjustice au vray qui lé touche,
Et qui par des discours
faux &: calomnieux ':
Jamais à la pudeur nafait
baisserJes yeux-J:
Celuy devant qui le superbe,
Enfté' d'une vaine splendeur,
sa Paroist plus bas dans sa
grandeur,
Que l'infeste caché fous
l'herbe;
Qui bravant du méchant
le faste couronné.
Honore la vertu du. juste
infortuné.
Celuy,dis-jedontles promesses
-
Socnteunrgtagae itonujou,rs
Celuy qui d'un infâme
gain
Ne icair point grossir Ces.
richessès:
Celuy qui sur les dons du
coupable puissant
N'a jamais decidé des
jours de l'innocent.
Qvui moarcyherea d,a:RS cette Comble d'unéternelbonheur,
Un jour des élûs du Sei-
- gneur
Partagera la fainte joye,
Et les fremissemens de
l'Enfer irrité >
Ne pourront faire obstacle
à sa félicité.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME+f.
Deus noster refugium &
virtus, &c.
-. pPUisque nostre Dieu
Nous affure de son secours,
Il nest plus de revers capable
De troubler la paix de nos
jours,
Et si la nature fragile
Estoit à ses derniers mcu
mens,
Nous la verrions dun ceittranquile
S'écrouler dans ses fondemens.
Par les ravages du Tonnerre
Nousverrionsnoschamps
moissonnez,
Etdes entrailles de la terre
Les plus hauts monts deT
racinez,
Nos yeux verroient leur
masse aride
TraansiporrréesauTmioliemu de-s
Tomber d'une chute rapide
Dans levaste gouffre des
mers.
Les remparts de laCité
fainte
Nousfont un refuge assuré;
Dieuluy-même dans son
enceinte
A marqué son séjour facre.
Uneonde pure & délectable
Arrose avec legereté
Le tabernacle redoutable
Où repose sa Majesté. ,"
Les Nations à main armee
Couvroient nos fertiles
sillons;
On a vû les champs d'Idumée
Inondez de leurs Bataillons.
Le Seigneur parle, & l'infidelle
Tremble pour Ces propres
Etats,
Il flotte, il fc trouble, il
chancelle,
Et la terre fuit fous ses pas.
Venez Nations arrogantes?
Peuples vains.,.voisinsjaloux
,
Voir les merveilles éclatantes
Que. (a main opere pour
nous.
Que pourront vos ligues
formées
Contre le bonheur de nos
jours?
Quandle bras du Dieu des
armées
S'armera pour nostre. secours.
Par luy ses troupes infernales
A qui nos champs furent
ouverts,
Irotnat dleeleusrs flâmes fa-
Embrazer un autre Univers.
La foudre prompte à nous
deffendre
Des médians & de leurs
complots,
Mettra les Boucliers en
cendre,
Et brizera leurs Javelots.
Arreste, peuple impie,
arreite,
'- Je fuis ton Dieu, ton Souverain
,
Monbras est levé sur ta
teste,
Les feux vengeurs sont
dans ma main.
Voy le Ciel, voy la terre
& l'onde!
Remplis de mon immen^
site,
Et dans tous les climats
du monde,
Mon Nom des peuples
exalté.
Toy pour qui l'ardente
victoire
Marche d'unpas obéissant,
Seigneur! combats pour
nostregloire,
Psotege ton peuple innoitcent,
fais que nostre humble
patrie,
Joüissant d'un caloae promIS,
Confonde à jamais kfurie
De nos superbes ennemis.
ODE
,.
TIRE'E DU PSEAUME 18.
Ccclt enarrant. gloriam Det. LEs Cieuxinfiruifent
la terre
A reverer son autheur ; Tout ce que leur globe
i&feçre
Célébré un Dieu Créateur.
Quel plus sublime cantique?
Que le concert magnifique
De tous les celestes corps ?
Quelle grandeur infinie!
Quelle divineharmonie
Resulte de leurs accords!
De sa puissànce immortelle
Tout parle, tout nous
instruit
; Le jour au jour lerevele,
La nuit l'annonce à la
nuit.
Ce grand & superbe ouvrage
N'est point pour l'homme
un langage
Obscur & mysterieux;
Son admirable firuéture
Est la voix de la. nature
Qui se fait entendre aux
yeux.
Dans une éclatante voûte
Il a placé de ses mains,
Le Soleil qui dans sa route
Eclaire tous les humains,
Environné de lumiere
Il entre dans sa carrière
Comme un époux glorieux
Qui dés, l'Aube matinale
De sa couche nuptiale
Sort brillant & radieux,
L'Univers à sa prelènce
Semblesortir du néant:
Il prend sa course
, ils'avance
Commeun superbe Géant:
Bidentostésa m'archie fécon- Embrassè le tour du monde
Dans le cercle qu'il décrit,
& par sa chaleur puissante
La Nature languissànte
Se ranime & se nourrit.
0 ! que tes oeuvres font
belles,
Grand Dieu! quels font
ces bienfaits,
Que ceux qui te sont fideles
Sous ton joug trouvent
d'attraits!
Ta crainte inspire la joye>
EMe assure nostre voye,
Elle nous rend trionv
phans,
Elle éclaire la jeunesse , Et fait brillerlasagesse
Dans les plus foibles ensans.
Soutiens ma foy chancelante,
Dieu puissant, infpiresmoy
Cette crainte vigilante,
Qui fait pratiquer ta loy :
Loy sainte, loy desirable
> Ta richesse est préferable
A la richesse de l'or,
Et ta douceur est pareille
Au miel dont la jeune
Abeille
Compose son cher trésor.
Mais sans tes clartez (àcrées
Qui peut connoistre,Seigneur,
Les foiblesses égarées
Dans les replis de son
coeur:
Prestes-moy tesfeux propices
Viens m'aider à fuïr les
vices
Qui s'attachent à mes pas;
Viens consumer par ta
flâme
Ceux que je vois dans
mon ame, Et ceux que je n'y vois
pas.
Si de leur cruel empire
Tu viens dégager mes.
sens,
Si tu daignes me sourire
Mes jours feront innocens;
—
J'iray puiser sur ta trace
Dans les sources de la
grâce,
Et de ses eaux abreuvé
Ma gloire fera connoistre
Que le Dieu qui m'a fait
naistre
Est le Dieu qui m'a fauve.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME 47.
Magnrs Dominus & Uu~
dabilis nimis. LA gloire du Seigneur,
sa grandeur
immortelle,
De l'Univers entier doit
occuper le zele:
Mais sur tous les humains
consacrez à ses loix,
Le peuple de Sion doit signaler
sa voix.
Sion montagne auguste&
sainte,
Formidable aux audadeux,
) '~-* = .-Sionfe'jourdelicieux',~-~ 1
Cest toyc'est ton heureuse
enceinte
: Qui renferme le Dieu de
la terre & des Cieux.
O murs!OSéjour*pleinde Montsacrénostreunique espoir,
Où Dieu faitregner la victoire
Manifeste, son pouvoir.
Cent Rois liguez pour
nous livrer la guerre
Estoient venus sur nous
fonfondre
de toutes parts,
Ils ont vu nos sacrez remparts.
Leur aspect foudroyant,
telqu'unaffreuxtonnerre,
-
Les a precipitez au centre
de la terre;
Le Seigneur dans leur
camp a jetté la terreur,
Il parle& nous voyons
leurs travaux mis en pou- ,dre, Leurs chefs aveuglez par
- l'erreur,
Leurs soldats consternez
d'horreur,
Leurs vaisseaux iubmerdgçzyr)
ôcebr;ûierparlafou-3 Monumens éternels de sa
justefureur, :
Rien ne {çauroi^troubler
* les loixinviolables
Qui fondent le bonheur
de la sainte cité,
Seigneur toy-même en a& jeJtteétte
Les fondemens inébranl, ables
:
Aux pieds de tes Autels
humblement consternez
Nos voeuxparta clemetu
ce ont esté couronnez,,,,
Des lieux cheris où le
,
jour prend naissance,
Jusqu'aux climats oùfttút
sa splendeur,
Tout l'univers revere ta
puissance,
Tous les mortels adorent
ta grandeur.
Publions les bienfaits, célebrons
la justice.
DuSouverain del'univers.
Que le bruit de nos chants
vole au-delà des mers,
Qu'avec nous la terre s'unisse,
Que nos voix penetrent
lesairs;
Elevons jusqu'à luy nos
choeurs &nos concerts,
Vousfilles de Sion, florissante
jeunesse,
Joignez-vous ànoschants
sacrez;
Formez des pas & des fons
d'allegresse
Autour de ces murs reverezr
Venez offrir des voeux
pleins de tendresse
Au Seigneur que vous
adorez:
Peuples dequil'appuysur
sa bonté sefonde,
Allez dans tous les coins
du monde
Asonnom glorieux élever
desAutels.
Les siecles avenir béniront
vostre zele,
Et de ses bienfaits immortels
L'éternel comblera vostre
race fidelle..
Marquonsluy nostre amourpar
des voeux éclatans,
C'est nostre Dieu,c'est nostre
pere,
C'est le Roy que Sion revere;
De son regne éternel les
glorieux instans
Dureront au-delà des siecles
& des temps.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME 75.
Notusin judoeaDeus, &c. LE Seigneur est connu
dans ces climats
paisibles,
Il habite avec nous,& ses
secoursvisibles
Ont de son peuple heuil
reux prévenu les souhaits;
Ce Dieu de ses faveurs
nous comblantàtoute
heure, ;,
A fait desa demeure
Leséjour de la paix.
Du haut de la montagne
où sa grandeurreside
Ila brisé la lance & l'épée
homicide
, Sur qui l'impieté fondoit
* son ferme appuy: -
Le fang des Etrangers a
fait fumer la terre,
Et le feu de la guerre
S'est éteint devant luy.
:
Une affreuse clarré dans
les airs répandue,
Frappe d'aveuglement
cette troupe éperduë;
Par un nouvel effroy je les
voisdissipez,
Et l'éclat Foudroyant de
ses rayons celestes
Aneantit leurs restes
Aux glaives échappez.
Ces insensezqu'endort
une vapeur legere,
- Prennent pour de vrais
biens une ombre mensongere,
Qui leur peint destresors
chimeriques &vains:
Mais
Mais bientôt le reveil dissipe
cette yvresse,
Et toute leur richesse
S'échappe de leurs mains. JL'ambition conduit leurs
escadrons rapides,
Ils dévorent déjàdans leurs
coursesavides
Toutes les Régions qu'éclaire
le Soleil:
Mais le Seigneur s'éleve,
& saseule menace
Convertit leur audace
Enun morne sommeil.
O Dieu, que ton pouvoir
est grand ôc redoutable!
Qui pourra le cacher au
trait inévitable
Dont tu poursuisl'impie
au jour de ta fureur?
A punir les méchans ta
colere fidelle
Fait marcher devant elle
La mort & la terreur.
Contre ces oppresseurs «tes
jugemens augustes
S'élevent pour sauver les
humbles & lesjustes
Dont le , coeur devant toy
s'abbaisse avec respect;
Ta justice paroist de feux
étincelante
,
Et la terre tremblante
S'arresteà ton aspect.
Ceux pour qui ta clemence
opere ces miracles
Ne cesserontjamais d'adorer
tes oracles,
De benir ton saint nom,
depratiquer ta loy;
Quel encens est plus pur
qu'un si saint exercice?
Quel autre sacrifice
Est plus digne de toy ?
Ce sont là les presens,
grand Dieu, que tu demandes
;
Peuples, ce ne sont point
vos pompeuses offrandes
Qui le peuventpayer de
ses dons immortels.
C'est par une humblefoy,
c'est par un amour tendre
Que l'homme peut pretendre
D'enrichir ses Autels,
Venez donc adorer le -
Dieu saint & terrible
Qui vous a delivrez par
4 sa force invincible
Du joug que vous avez redouté
tant de fois,
Qui d'un soufflereduit
l'orgüeilleuse licence,
Releve l'innocence,
Et terrasse les Rois.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME 57.
Si iw utique justitiam laquimini.
sIlaLoy du Seigneur
vous touche,
Si le mensonge vous fait
peur,
Si la justice en vôtre coeur
Regne aussi bien qu'en
vostre bouche,
Parlez, fils des hommes,
pourquoy 1
Faut-il qu'une haine farouche
Presideauxjuçemen$
que vous lancez sur moyr
C'estvous de qui les mains
impures -- Trament le tissu dérefté
Qui fait trébucher l'équité
Dans le piege des impostures
Lâches >aux cabales vendus
,
Partisans de fourbes obC.
curs,
Habilesfeulement à
noircir les vertus.
L'hypocrite en fraudes
fercile,
Dés l'enfance est pêtryde
fard:
Il sçait colorer avec art
Lefiel que sa bouche distile,
Et la morsure du serpent
Est moins aiguë & moins
subtile
Que le venin caché que
sa langue répand.
En vain le sage les conseille,
E iiij
Ils sont inflexibles &,
sourds;
>!•>
Leur coeur s'assoupir aux
discours,
De la vertu qui lesréveille:
Plus insensibles & plus
froids
Quel'Aspic qui ferme loreille
Aux son,s melodieuxdune
touchante voix. :
Mais de leurslangues difsamantes,
Ton: ou tard Dieu me
vengera,
N'en doutons point, ce
Dieu sçaura
Foudroyer leurs testes fumantes
: Il vaincra ces Lyons ardens,
Et dans leur gueules écumantes
Il plongera sa main & brisera
leurs dents.
Ainsi que la vague rapide,
D'un torrent qui roule à
grand bruit,
Se dissipe & s'évanoüit,
Dans le sein de la terre
humide,
Ou comme l'airain enflâme
Pait fondre la cire liquide
Qui boüillonne à l'alpeér
d'un brazierallumé.
Ainsi leurs grandeurs éclipfées
S'évanoüiront à nos yeux :
Ainsi la justice des Cieux
Confondra leurs lâches
penseés,
Leurs dards deviendront
impuissans,
Et de leurs pointes émousfées,
Ne penetreront plus le
sein des innocens.
Avant ., que leurs tiges celebres
Puissent pouffer des rejettons,
Eux-mêmes foibles avortons,
Seront cachez dans les
tenebres)
Et leur sort deviendra pareil
Au fort
«
de cesoyseaux funebres
Qui n'osent soûtenir les
regards du Soleil.
C'est alors que de leur
disgrace
Les Justes riront à leur
tour;
C'est alors que viendra le
jour
De punir leursuperbe audace,
Et que sans paroistre inhumains
Nous pourrons extirper
leur race,
Et laver dans leur fang
nos innocentes mains.
Ceux qui verront cette
vengeance !
Pourront dire avec verité
Que l'injustice & l'équité
Ont tour à tourleurrécompense,
Et qu'il cit un Dieu dans
les Cieux
Dont le bras soûtient l'innocence
, Et confond des méchans
l'orgüeil ambitieux.
ODE
TIRE'E DU PSEAUME71.
Deus lulicium tuum Regi da.
~O Dieu qui par un
choix propice
Daignâtes élire entre tous
Un homme qui fut parmi
nous
L'oracle de vostre Justice:
Inspirez à ce digne Roy,
Avec l'amour de vostre
loy,
Et l'horreur de la violence,
Cette clair-voyante éq-uité,
Qui de la fausse vrai-semblance
Sçait discerner la verité.
Que par des jugemens ièveres.
Sa voix rassurel'innocent,
Que de son peuple gemissant
Sa main soulage les mife*
res,
Que jamais le mensonge
obscur,
Des pas de l'homme libre
& pur,
N'ose à ses yeux foüiller
la trace,
Et que le vice fastueux
Ne soit point assis à la
place
Du merite humble & vertueux.
Ainsi du plus hautdes
montagnes -2.
La paix & tous les dons
des Cieux,
Comme un fleuve delicieux,
Viendront inonder les
campagnes: Son regne àses peuples touchez
Sera ce qu'aux épis sechez
Est l'eau que le Ciel leur
envoye,
Et tant que luira le Soleil,
L'homme plein d'une sainte
joye
Le bénira des son reveil.
son
Son Trône deviendra l'asyle
-
pe l'orphelin persecuté
,
Son équitable austerité
Soutiendra le soible pupile;
Le pauvre fous ce defsenseur
Ne craindra plus que l'oppresseur
Luy ravisse son herirage
5 Et le champ qu'il aura
femé
Ne deviendra plus le partage
De l'usurpateur affamé.
Ses dons versez avec justice,
Du passe calomniateur,
Ny du sterile adulateur
N'assouviront point l'avarice:
Pour eux son front fera
glacé.
Le zele desinteressé,
Seul digne de sa confidence,
Fera renaistre pour jamais
Les delices & l'abondance
Inseparable de la paix.
Alors sasuiterenommeé,
Répanduë au-delà des
mers,
Jusqu'aux deux bouts de
l'Univers,
Avec éclat sera femée:
Ses ennemishumiliez
Mettront leur orgüeil à
ses pieds,
Et des plus éloignez rivages,
Les Rois frappez de sa
grandeur,
Viendront par de riches
hommages
Briguer sa puissante faveur.
Ils diront voila le modele
Que doivent suivre tous
les Rois, Fij
C'est de la saintetédes loix
Le protecteur le plusside
le, L'ambitieux immoderé,
Et des eaux du siecle en-
, - yvre,
N'ose paroistre en sa presence
:
Mais l'humble ressent son
appuy,
Et les larmes de l'innocence
,.,,,
Sont precieuses devant
luy.
De fès triomphantes années
,
Le temps respectera le
cours,
Et d'un long ordre d'heureux
jours
Ses vertus feront couronnées.
Leps voaisuseasuxspearzles vents
Vogueront des climats
glacez
Aux bords de l'ardente
Lybie:
La mer enrichira ses ports,
Et pour lui l'heureuseArabie
Epuisera tous fcs tresors.
Tel qu'on voit la teste
chenuë
D'unchesne autrefois arbrisseau,
Egaller le plus haut rameau
Du Cedre caché dans la
nuë., Tel croissant toujours en
grandeur,
Il egalera la splendeur
Du potentat le plus superbe,
Et tes redoutables Sujets
Se multiplieront comme
l'herbe
Autour des humides marets.
Qu'ilvive;&que dansleur
memoire,
Les Rois lui dressènt dés
Autels
y
-
Queles coeursde tous les
mortels
Soient les monumens de
sa gloire:
Et vous, ô maistre des humains
Qui de , vos bienfaisantes
mains
,- Formez les Monarques
celebres
Convertirezl'hommeen--
durcy
,
xÀ
Et daignez chasser les ce- nebres
- Dont vostre nom est obfcurcy.
FIN.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères