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1679, 04, t. 6 (Extraordinaire) (Lyon) (Gallica)
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Texte
; î y':
- - 1 - J1
.,"-
EXTRAORDINAIRE
DU
TOME VI.
LA LYON,
Chez THOMAS AMAULRY,
ruë Merciere.
M. DC. LXX1X.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
LE LIBRAIRE
AU LECTEUR.
Vifque <vous HJOUlez,
que je rvOUJ
donne (Cher Lecteur,)
un Catalogue
du quartier aAurll dans
£Extraordinaire
,
je le ferayf
quoy qu'il aye déja paru dans les
trois derniers Volumes du Mercure.
Ceux qui en^oyeront des
pieces pour ledit Mercure t5
Extraordinaire,a./franehirontles
portsjsdsveulent qu'elles[oient.
tenues. -.., ..- a ij
lïon continue à diJlrihuer le
lournal des Sçavans inquarto.
Tous Us Volumes de i677.
Je rendront toujours dDuefols
leVolume. Ceux de 1678. c*
1679. uingtfolsy tantseparément
que tout ensemble
: ainft
ceux qui Attendent à en prendre
plusieurs à la [ois, pour en avoir
meilleur marché, se trompent,
car ils augmenterontplutoflque
de diminuer du prix. Les Extraordinaires
se rendront aussi
toujours trente [oIslePo/ume;
Ily en asix.
LIVRES
LIVRES NoVrEAVX
duQuartier d'Avril. TRaité des Superstitions fé-
Ion l'Ecriture Sainte 5 Les
Decrets des Conciles, & les sentimens
des Saints Peres & des
Theologiens, par Mr. Thiers,indouze,
deux livres.
Memoires pour servir à l'Histoire
des Plantes, dressés par
Monsieur Dodart de l'Academie
des Sciences, in-douze, 50sols
L'Histoire de France & l'Origine
de la Maison Royale par le
P. Adrien Jourdan de la Compagnie
de Jesus,in-quarto, 3.volumes,
18.l ivres.
Le troisiéme volume dudit
se parément, 6. 1.
L'Oraison Funebre de Monsieur
le Premier President de
Lamoignon,parMonsieur l'Abbé
Fléchier,in-quarto.
Histoire de Theodose le Grand
par lemefmc, in-quarto, 6.l.
Voyage de la Terre Sainte,
avec desremarques pourl'intelligence
de la Sainte Escriture,
in-douze, 3.l.
Nouveaux Elemens des Sections
Coniques,lieux Géométriques,
&c. par l'Academie Royale
des Sciences in-douze, 50.s.
Traités de Mechanique
,
de
l'Equilibre, desSolides & des
Liqueurs, du P.Lamy, in-douze,
30.sols.
Le troisiéme & quatrième Tomes
de la Morale de Monsieur
de Grenoble, 1. Volumes indouze,
4. 1.
La Contrecritique de la Princesse
de Cleves, in-douze, 20. f.
Le
Le Courier d'Amour
,
indouze.
L'Education des Filles, indouze,
2. livres.
Nouvelles Maximes ou Reflexions
morales, in-douze, 20.(
Casimir Roy de Pologne, Histoire
veritable & nouvelle, indouze,
2. Vol. 30. C
Le Triomphe de l'Amitié, par
Monsieur de Preschac,in-douze.
L'Illustre Parisienne par le même,
in-douze.
Derniere Campagne de Flandre
& d'Allemagne jusqu'à la
Paix, in douze, 30. f.
Voyage de Monsieur Pirard de
Laval aux Indes Orientales,Maldives,
Moluques, & au Bresil, &
les diversaccidens qui luy font
arrivez, in-quarto, 6.l.
S. Aurelij Augustins Hipponensis
Episcopi Operum Tom. I.
post Lovaniensium Theos.recensionem,
Castigatus denuo ad Ma:
Codices Gallicanos, Vaticanos,
Anglicanos, Belgicos, &c. Nec
non ad editiones antiquiores &
castigatiores
,
operâ & studio
Monachorum Ord. SanctiBenedicti,
in-fol.
Histoire Sainte de Gautruche,
in-douze, 4. Vol. 6. L
Caffiodori Opera, fol. 2. volumes,
15.l.
Dictionnaire Pharmaceutique
ou plûtost Apparat Medico-
Pharmaco-Chymique, ouvrage
curieux pour toutes fortes de
personnes, utile aux Medecins,
Apoticaires & Chirurgiens
,
&
tres necessaire pour l'avancement,
& l'instruction des jeunes
Gens, qui s'adonnent à la prosession
de la Pharmacie, & particulierement
deceux qui ne
pc:7s
possedent pas pleinement la langue
Latine, par Sieur de Meuve
Docteur en Medecine, Conseiller
& Medecin ordinaire du
Roy, In-octavo, 2. vol. 3.l.
Reponce à la Critique publiée
par Monsieur Guillet sur
le voyage de Grece de Jacob
Spon
, avec quatre Lettres sur
le mesme sujet, le Journal d'Angleterre
du sieur Vernon, & la
liste des erreurs commises par
Monsieur Guillet dans son Athenes
ancienne & nouvelle, indouze.
L'Histoirede Venise par Baptiste
Nani de la traduction de
Monsieur l'Abbé Tallement, indouze,
2.volumes.
Je continueray de donner tous
les Mois un Cayer des Nouvelles
découvertes, sur toutes
les
les parties de la Medecine pour
six sols le cayer.
Avis pour placer les Figures. LEs Devises pour les Cachets,
doivent regarder la
page 161.
Les Medailles, doivent regarder
la page 222.
EX
EXTRAIT VV PRIVILEGE
du^Roy.
pAr Grace & Privilege du Roy, donnéà
Saint Germain en Laye le 31. Decembre
1677. Signé Par le Royen son Conseil, JUNQUIERES.
Il est permis à J.D.Ecuyer, Sieur de
Vizt:, de faire imprimer par Mois un Livre intitulé
MERCURE GALANT, presenté à
Monseigneur LE DAUPHIN , & tout ce qui
concerne ledit Mercure, pendant le temps&
espace de six années,à compter du jour que
chacun desd. Volumes fera achevé d'imprimer
pour la premiere fois: Comme aussi defenses
font faites à tous Libraires,Imprimeurs, Graveurs
& autres,d'imprimer,graver & debiter
leditLivre sans le consentement de l'Exposant,
ny d'en extraire aucune Piece, ny Planches
servant à l'ornement dudit livre, mesme d'en
vendre separément, & de donner à lire ledit
Livre, le tout à peine de six mille livres d'amende,
& confiscation des Exemplaires contrefaits
,
ainsi que plus au long il est porté audit
Privilege.
Registrésurle Livre de laCommunauté le
5.Jan
5.Janvier 1678.Signé E. COUTEROT. Syndic.
Et ledit Sieur D. Ecuyer, Sieur de Vizé a
cedé & transporté son droit de Privilege à
Thomas Amaulry Libraire de Lyon, pour
en joüir suivant l'accord fait entr'eux.
Achevé d'imprimer pour la fremiere foit tl
15.Imllet1679.
EXTRA
EXTRAORDINAIRE
D U MERCURE
GALANT.
QUARTIER D'AVRIL 1679,
TOME VI.
E nepréviendraypoint
voA tre j*ugement, Madame,
sur le mérite,
des Pièces qui entreront
dans cette fixi/me Lettre ExtraordinAire.
La letture que vout
en ferez, vous persuadera plus
de ce quelles valent, que tout ce
que je vous en pourrois dire d'àvantageux.
Ily en a beaucoup
desmesmes Autheurs dont vous
Avez déja leu les Ouvrages avec
plltifir. défi tout ce que je vous
diray pour vous préparer à celuy
que vous devez attendre de ce
quilsmontfait la grace de m'envoyer
depuis ma derniere. La Lettre
quifuitytrake d'uneaffaire du
Printemps. Elle efiencor de fai-
[on)puifqHe l'Eté ne fait que de
commencer.
LETTRE
LETTRE
D E Mr D.
A MADEMOISELLE
D. L. N. D. A. vOus aviez raison de croire qtre le
Printemps ne se passeroit passans
donner lieu àquelque avanture. L'aimable
Madame D. E. nous a quitez,
& sell retirée dans sa Maison de Campagne,
d'où ellea protesté qu'ellene
reviendroit jamais. Jugez des alarmes
que cetterésolution a données à mon
Amy. Son attachement pour cette
belle Personne vous est connu. Je ne
sçay si quelque dépit amoureux n'a
point esté la cause de son départ, mais
il est certain qu'elle avoit declaré quelques
jours auparavant, qu'elle ne vouloit
plus voir mon Amy. Ainsi quand
on luy donna cette fâcheuse nouvelle,
il ne douta point qu'elle ne se fust
éloignée pour le fuir. Il disparut presque
dans le mesme temps, & personne
ne sçachant ce qu'il estoit devenu,
je ne doutay point à mon tour qu'il
ne se fust abandonné aux conseils de
sa passion. L'impatience d'en estre
éclaircy
, me mena dans un Hameau
éloigné seulement de cinq cens pas de
la Maison de la Belle. A la peinture
que j'y fis de mon Ami,on m'enseigna
où je le pourrois trouver. J'y courus.
On me dit qu'on le croyoit à la Chasse
qui sembloit estre toute son occupation.
Pour me divertir en attendant
son retour, j'allay me promener dans
un bois prochain, où il y a des Arbres
d'une prodigieuse grosseur. L'écorce
de l'un me parut pleine de caracteres
d'écriture. Je m'en approchay,
Jk y leus ces Vers.
Témoins, &seuls Objets desplaisirsde
ma Belle,
Arbres
, si confiamment elle vous est fidelle,
N'enpuu-je paseflrejaloux?
Quand elle rne quite pour vota,
N'ay-je pat sujet de rne plaindre?
JMaU non, vou*n'estes point la causede
mesmaux
Et
Etsi vom estes mes Rivauxj
Des Rivaux comme vom ne font jamais à
craindre.
Un peu plus loin il se presenta à
mes yeuxun autre Arbre sur lequel
les Vers qui suivent estoient gravez.
Depuis peu, volageBergere,
Tu fuis d'abord que tu me vois
«, Tu rnents paifire au bord du Bais
Tes moutons dessuslaFougere.
Quite ce Bois & ton couroux;
:A tes Moutons ,
a moynefoispa*si
cruelle.
Ah pourquoy mefuir> infidelle ?
Pourquoy les expofer aux Loups?
Je vous plains, Brebis innocentes,
se plains vofire rigoureux fort.
Philis vous expose a la mort,
Malgré mes larmes impuissantes.
jihy sivous coureZau trépas,
Ne dois jepassoupirer& meplaindre,
De voir qu'un Berger tfi à craindre,
Et que les Loups ne lefont pat ? -:-
A cent pas de là je leus encor ces
paroles.
Je pouvois m'estimerheureux,
Quandvivant sans amour, je vivoissans
alarmes ;
JMais pAr un fort trop rigoureux,
JJepuû qutfay veu deux beauxyeux,
A tous mornens ICI miens versent des larmes.
HellU J'Ji de Philid la tropgrAnde rigueur
A ma tendresse enfin ne rend les arma,
Dis adieu pour jamaù9rnon coeur,
A cette douce paix dont tu vantais les
charmes.
Il ne me sur pas difficile de connoistre
que ces Versestoient de mon
Amy. Je le plaignis d'aimer avec tant
d'ardeur une Personne si peu sensible
à sa passion; & j'entray encor bien
plus fortement dans ce qu'ilsoufroit,
lors que m'estant arresté à écrire sur
mes Tabletes ce qu'il n'avoit crû confier
qu'aux Arbres
,
je luy entendis
chanter ces Vers qui m'apprirent ce
que j'avois toujoursignoré, que quand
1 Epine commence à fleurir,elle poufse.
des gemilîèmens.
Vnique
ZJnique Confident de mts tendres defiril
O Myitjftn j
d'où ftntenssortir mille foû-
-
""1-;
UÉpinefleuriJfa»tà lafaison mmvellc;
Tu ne[ONfres pas tant que moy. Situteplains,c'estsanssçavoir de-
-
cptoy.
Mai4pOHr moy ,je me plains d'une Beautétruelle
Quime faitfoupirtrparfm manque de
Joy.
* Il n'eut pas plutost achevé cette
Chanson
, que je m'avançay jusqu'au
lieu d'où partoit la voix. J'y vis mon
Amy couché au pied d'un Arbre environné
d'unBuisson d'Epines. Jugez
de sa surprise quand il m'apperçeut. Il
se leva pour me venir embrasser, &
apres m'avoir écouté sur les reproches
que je luy fis de l'aveugle passion qui
ne luy laissoit aucun repos, il m'avoüa
que n'ayant encor pû trouver moyen
de fléchir sa Belle, qui ne sortoit preC
que point de peur de le rencontrer ,il
estoit resolu à demeurer dans le Hameau
,
jusqu'à ce qu'il luy eust fait
connoistre. son innocence. Je luy dis
que les remedes les plus certains
estoient ceux qu'on appliquoit à propos;
qu'il estoit quelquefois dangereux
de précipiter les choses, & qu'on
n'auroit jamais tant d'impatience de
l'entendre se justifier
, que quand il
n'en chercheroit pas l'occasionavec
tant d'empressement. Il me crût, revint
icy avec moy , & il a vescu avec
tant de tranquilité. depuis son retour,
qu'il semble qu'il ait entierement oublié
l'aimable Personne pour laquelle
il nous avoit tous abandonnez. Gleft
ce qui a donné lieu à deux Favoris des
Muses que vous connoissez, de faire
ces deux Madrigaux. MADRIGAL
D E Mr L. M.
TRonpcau que le Printemps
Rapelle dans nos Champs,
Ne -cherche"^plut un autre MaiJlrt.
Yoftre aimable Berger qui vatu avoit
quité
Pour suivre une jeune Beauté
s.
Revient vous menerpaistre,
Som
Sens les loix de la jeune lri4
Son ame rieft plus ajJervie.
Il veut passer toute sa vie
Avec [es aimables Brébid.
Bergers, dans la faison nouvelle
jQuttez. les Belles du Hameilll)
Allez, où Tirfis vous appelle.
L'exempled'un Bergersibeau,
Qui quiteson lrii si charmante &sibelle,
Fous montre qu'un Berger fidelle
Revient toûjours a [on Troupeau. MADRIGAL
DE Mr D. P.
MOutons à present fortunez.,
Que l'on avoit abandonnez»
Nesoûpirez.patdavantage,
yoflre fort rieji plut rigoureux,
Ce our vous rend les plus heureux
De tous les Bergers du VIllage.
7irfis
,
voflre aimable Berger
Ne veut plusvous changer
Pour la Bergere Annete.
MoutonJ n'en soyez. plus jaloux,
Il va reprendresaHoulete j
A(fis prés de voussurl'herbete,
Il chanterasursa Murette,
£!.y'il est charmant & qu'il est doux
De n'aimer rien que vous ?
Je chanterois volontiers la mesme
chose , & finis en vous disant,
Qu'ilest charmant & qu'il (si doux,
De s'entretenir avec vous !
LesRaisonnemens que vous allez, voir
sur le Problème qui met en quejlionsion
doit se marier font de Monsieur Taifand
Avocat au Parlement de Dijon ; & la
Pieceen Vers qui est en fuite
, & quifait
connoistre qu'une jeune Personne avec
peu de bien, esi préférable a une Vieille
Ires-riche, aesté faite par Monfieur-
Cousinet, Fds du May/re des Comptes de
saris qui porte ce nom.
Si un Homme doit se marier. cEtte Question ne peut estre quetrs-
importante , parce que le
Mariage estant la source ordinaire des
Hommes, est par conséquent le fondement
de la Societé civile. A leconsiderer
siderer politiquement
, on ne peut
douter de la necessité qu'il y a d'embrasser
cet estat de vie préferablemenc
à tout autre, puis que sans luy les
plusflorissans Empires finiroient bientôt,&
que par la suite des genérations,
il fait une espece d'immortalité en
ce monde. Mais icy mettant à parc
l'interest général
,
il faut descendreau
particulier
, & examiner s'il est expedient
que l'Homme qui se considere
seul, & qui ne songe qu'à son propre
repos, s'engage dans le Mariage.
Si un Homme est fortement touché
du desir de conduire une Famille
avec prudence, de bien vivre avec une
Femme,& d'élever des Enfans dans la
veuë d'en faire d'honnestes Gens, qui
esttoutcequ'il y a de plus recommandable
dans le Mariage, & le but que
chacun doit avoir; il peut & doit se
marier,car il n'est rien de si doux que
de menerune vie reglée avec une hon-.
nefte Femme dans un Mariage legitime.
Une honneste Femme est un des
plus grands dons du Ciel, & des plus
précieux tiésors de la Terre.Vne honneste
Femme partage avec son Mary
le
le bien & le mal qui luy arrivent. Esle
augmente sa joye. Elle diminuë ses
chagrins. Elle est sa fidelle & inseparable
Compagne,sa Confidente &
sa meilleure Amie. Ils prennent ensemble
les plus justes mesures qu'ils
peuvent dans leurs affaires. Ils ne font
rien que de concert , & la bonne intelligence
qui est entr'eux,rend leur
union infiniment agreable.
En effet quel repos n'est - ce pas
pour un Mary, de laisser les soins du
ménage à une Femme a d roite & oeconome
! Quelle douceur n'est - ce pas
pour luy d'en avoir des Enfans qui.
font les gagesprecieux de leur amour
mutuel, & les appuis de sa propre
vieillesse ! Quelle joye n'a-t-il pas,
quand ces Enfans profitentde la bonne
éducation qu'on leur inspire ? La.
Femme suivant la Paroledivine a esté
donnée à l'Homme pour luy servir
d'aide, & il est certain qu'ils se doivent
l'un à l'autre un secours, uneaffection,&
une charité sans borne & sans
mesure.Dieusemble porter l'Homme
à la recherche de la Femme ,
quand il
ditvJMalhtHYa celuy qui mene une vie,
folitaire»
solitaire, comme n'y ayant point de selicité
en ce monde sans la liaison étroite
, & indissoluble des Hommes
avec le beau Sexe. Sur ce principe, un
Ancien disoit agreablement
, que la
Femme est aussi necessaire à l'Homme
que les Habits qui le couvrent; & la
pluspart des Personnes les mieux senfées
demeurent d'accord, qu'il n'e st
rien de plus propre à rendre la vie
douce & commode,que l'union conjugale.
C'est pour cela qu'on chassoit
autrefois de Rome comme Gens inutiles
, ceux qui vivoient dans le Celibat.
Jgnavum fncos pectu À prdfepibw arcent.
D'autre part quoy que les Femmes
soient aimables & engageantes, il
faut qu'un Homme qui est encor maître
de sa liberté, s'examine & considere
avant que de la sacrifier à une
Femme par les liens étroits du Mariage,
s'il pourra s'accommoder à son humeur
; s'il pourra essuyer certaines inégalitez
ausquelles les Femmes font
sujettes de temps en temps. Il doitsçavoir
que quand une Femme est belle,
ordinal
ordinairement elle est fiere, & la fierté
est difficile à souffrir ; Que quand
une Femme est riche
,
elle est moins
soûmise,& la soûmission de la Femme
fait le charme du Mariage; Que quand
une Femme est de meilleure naissance
que son Mary, il court risque d'en
estre meprisé, & qu'y a-t-il deplus
miserable & de plus cruel? Que quand
une Femme est beaucoup plus jeune
que son Mary,elle se console des vieilles
années du bon Homme par lacquisition
d'un Galant, & qu'y a-t-il
de plus honteux pour luy? Que quand
une Femme enfin a plus d'esprit que
son Mary, elle philosophe continuellement
, & s'efforce de luy prouver
par des argumens en forme qu'il
raisonne mal, & qu'y a-t-il de plus
infuportable que ces sortes de disputes?
Ainsi Saint Paul qui sçavoit les
inconveniens du Mariage,dit, Il est
expedient à l'Homme de n'avoir point de
Femme. Quelqu'un a dit à ce sujet qu'une
laide faisoit mal au coeur,& une
belle à la tesie; & un autre poussant
la chose plus loin,soûtenoitqu'il n'y
avoit pour un Homme dans le Mariage
riage que deux beaux jours, le premier
& le dernier. Plaute nous apprend
qu'un moyen fort assuré
»
de ne
pas manquer d'embarras , c'est d'avoir
un Navire & une Femme, & à
propos de Navire,un Pilote ayant dit
pendant une tempête à ceux qui étoient
dans son Vaisseau
,
qu'ils eussent
à jetter dans la Mer ce qu'ils
avoient de plus pesant
, un Mary y
jetta sa Femme, parce qu'il n'avoit
rien, dit-il
,
desi embarrassant & de
si incommode. Vn autre s'entendant
complimenter sur ce qu'il avoit une
belle Femme , montra son soulier, disant
qu'encor qu'il fust bien fait &•
qu'il semblât estre fort propre à son
pied, on ne voyoit pas où ille bletïoiu
Le Philosophe Thalésestant consulté,
à quel âge il falloit se marier
,
§luand
on efi jeune, dit il
,
il n'est pas encor
temps, & quand on est vieux, iL nefi
plustemps. Enfin pour tout dire en
un mot, les Femmes ressemblent à peu
prés,aux Fruits de Sodome & de Gomorre.
A la verité ces Fruits font fort
agreables à laveu ë,mais dés qu'on les
touche
>
leur beauté se perd; & puis
que
que la beauté des Femmes dure si peu,
il semble qu'elle ne vaut pas qu'un
Homme l'achete au prix de son repos
&de sa liberté.
Joignez à cela que si un Homme a
des Enfans, il doit se préparer à n'en
avoir pas toûjours beaucoup de satisfaction;
car sans compter qu'ils apportent
quelquefois des defauts conside.
rables en venant au monde, quand ils
font dans leur premiere jeunelle,ils
ont ordinairement de certaines santaisies,
lesquelles estant jointes à des
cris importuns, si elles ne donnent
pas bien du chagrin, diminuënt au
moins la joye & le plaisir qu'on a de
les voir. Quand ils font dans un âge
plus avancé, ce font des Créanciers
qui demandent le payement de la debte
que leur Pere a contractée avec eux
par le titre de leur naissance. Mais ce
qui est encor plus fâcheuxque tout cela
, cest que souvent ils repondent mal
aux bonnes intentions de leurs Parens,
& aux sentimens d'honneur& de vertu
qu'on tâche de leur inspiter.
Que si cet Homme n'a point d'Ensans
, il se reproche à luy-mesme sa
stetilité.
sterilité.Ilfedeplaistdans le Mariage,
n'en ayant pas les fruits, & il envie la
condition de ceux qui ont des Heritiers
issus de leur propre fang.
Il est encore fort mal- plaisant à un
Homme marié d'estre responsable en
quelque maniere de la conduite de sa
Femme, de ses Enfans
, & de ses Domestliques
sui vant la bizarrerie d'un
usage étably sans raison & sans fondement.
Apres tout, la vie de Garçon a cela
de commode, que ceux qui vivent
ainG, font maistresabsolus de leurs
actions
,
de sorte qu'ils ne font presque
jamais exposez aux censures de
Pcrfonne. On fait mesme ordinairement
la cour à ceux qui n'ont point
d'heritiers necessaires ; & celuy quJ.
n'a pas encor choisi une Femme, est
en estat de la choisir à son gré, ce qui
est un des plus grands avantages qu'on
puisse avoir.
Si une l'emme doit se marier.
LEs Femmes ne doivent pas moins
se consulter que les Hommes
fut
sur le Mariage, car il est pour elles
comme pour eux un étatde vie où il
y a beaucoup de hazard
, puis qu'il
est tantost un Naufrage,& tantost un
Port. Si une Femme a un honneste
Homme,il n'est point de condition
plus heureuse que lasienne. Ce Mary
ne manque ny de complaisance ny de
tendresse pour saFemme, Illuydonneà
tous momens des marques d'une
amitié sincere. Il est son chef son appuy
, & son protecteur. Il n'a rien de
secret ny de reservé pour elle; & de
mesme que le Soleil communique sa
lumiere à la Lune, il l'éclairé de ses
rayons Elle partage avec luy ses avantages.
Elle entre dans tous ses interests
& ses sentimens. Elle l'aime. Elle le
respecte & l'honore comme son Dieu
visible sur la terre. Queje meur."st le
M"¡Ilge n'a beaucoup de douceurs
s
dit
une de ces heureuses Femmes, se réjoüissant
d'avoir rencontré un honneste
Homme.
Ces raisons peuvent engager une
Femme à se marie,mais il yen a d'autres
qui peuvent aussi l'en détourner.
Quand elle est sa maistresse, elle doit
penser
penser qu'en prenant un Mary, ellese
donne souvent un Maistre , pour ne
pas dire un Tyran,qui luy fait sentir
la pesanteur du joug qu'illuy impose,
qui luy fait rendre un compte exaa: de
ses moindres actions
, & qui bien loin
de la traiter comme sa Compagne, la
traite au plus comme une Servante
honorable;& quelquefois mesme plus
mal que le dernier de ses Domestiques.
Outre qu'il peut arriver que ce Mary
fera un mal-honneste Homme, qui la
fera rougir par sa mauvaise conduire;
un dissipateur
, & un débauché, qui
consumera dans une annéeceque ces
Ancestres auront eu bien de la peine
d'amasser dans le cours d'un Siecle,&
qui non content de devorer sa propre
substance
,
devorera encor, s'il peut,
celle de sa Femme , e l'entraînera
avec luy dans le précipice. De là vient
que quelqu'un demandant à Thémistocle,
à qui il donneroit plutost sa Fille
en mariage,on à un Pauvre qui feroit
honnelte Homme,ou à un Riche
dont la conduite feroit suspecte
,
& la
réputation flétrie, Thémistocle luy fie
cette belle & judicieuse reponse;j'aime
mieux
mieuxun Homme qui ait befoin d'argent,
que de l'argent qui ait besoin d'un Home.
- D'ailleurs si cette Femme a des Ensans
, comme il est ordinaire presque
à toutes les Femmes,quelle fatigue
n'aura-t-elle pas de les porter diuanc
le temps que la Nature a marqué? &:
au bout de ce terme il luy faudra les
mettre au monde avec d'extrêmes douleurs.
Si ces Enfans font mal nez,8c
s'ils ont les inclinations de leur Pere,
ce fera pour elle un redoublement de
douleur.
Mais suposons qu'elle ait un honneste
Homme, il faut pourtant luy
obéir, puis que Dieu l'a étably au desfus
d'elle, qu'illuy commande de refpectterce
Mary comme son Chef&son
Sdgneur,&qu'aurapore de Saint Ambioise
, Dieu a rendu les Femmes Servantes
de leurs Marys
, avant qu'il y
eust des Serviteurs & des Esclaves.
Saint Augustin dit à ce sujet, que ordre
est renversé, & qu'il n'y a point
d'état plus miserable que celuy d'une
Maison où la Femme a autorité sur le
Mary. Il ajoûte que mesme une Femme
pour peu qu'elle ait de pudeur,doit
estre
estre honteuse d'avoir l'empire surfou
Mary, parce qu'elle a la gloire de l'obeïssance
en partage, que le commandement
appartient au Mary par les
Loix Divines & Humaines , & que
pour marquer que cela doit estre ainsi,
c'est qu'il n'y a point,dit-il , de
Femme assez temeraire pour oser dire
que son Mary n'dl: pas le Maistre.
Or si la Femme doitobeïr à son
Mary,comme on n'en peut pas douter,
ce Mary tout honneste Homme que je
le supose , sera-t-ilraisonnable dans
tous les momens de sa vie? Ne commandera
t-il jamais rien à sa Femme
qui luy paroissè difficile,& à quoy elle
ait de la repugnance ? Aura-t il pour
elle unecomplaisance nexacte, quejamais
il ne luy ordonne rien qui ne foit
conforme à ses inclinations? Ne luy
prendra t-il jamais envie de mettre à
l'épreuve l'obeïssance & la soumission
de sa Femme ? Que si par hazard ce
Mary a quelque bizarrerie (& où est
celuy qui n'a jamais Ir moindre inégalité?)
àquoy cette pauvre Femme
ne sera-t-elle pas exposée? A combien
d'extravagances ne faudra -t-il pas
qu'elle
qu'elle se prépare? Combien d'injures
& de mauvais traitemenscette malheur
reuse n'aura-t-elle pas à essùyer, si elle
ne se met à son devoir, si elle resiste
auxordres de son Mary,si elle difere
tant-soit-peu de luy donner ds marques
de son obe'iirance?
De plus si ce Mary est jeune, & sa
Femme vieille, il la meprisera. S'il est
vieux & laid,& elle jeune & belle, il
fera dans des défiances & des jalousies
continuelles. S'il est d'humeur galante,
illuy donnera de l'ombrage. S'il
est sombre & particulier, il s'opposera
à ses divertidemens. Enfin le
Mariage est une affaire & pour les
Hommes & pour les Femmes, qui
n'est pas sans inconveniens. S'il a
ses douceurs, il a ses amertumes & ses
chagrins. Quand on ne l'a pas éprouvé
, on
s'enfait
une image agreable;
mais quand on sçait ce que c'est, souvent
on le negligle, & je doute qu'on
js'y engageâtaussi facilement que l'on
fait, si On y pensoit bien serieusement.
Neantmoins pourveu qu'on se marie
avec son égal, il n'est point d'état de
vie, à proprement'parler, plus doux
&
&plus commode que celuy du Mariage
; car outre qu'il donne la liberté de
contenter ses desirs
, & que par un
heureux mélange deux Corps ne font
qu'unmesme esprit & une mesme volonté
il est certain que nous ne [om.
mes chacun separément que des moitiez
, lesquelles estant réünies par le
Mariage,
font un tout complet &
achevé;que chaque Sexe a besoin
d'un secours réciproque ; que nous
sommes faits les uns pour les autres,
& que chacun de nous choisissant
dans la conduite du ménage l'employ
qui luy est propre, le Mary,les affaires
du dehors, la Femme celles de la
Maison, nousfaifons la plus agreable,
la plus belle, & la plus utile societé
dont la Nature humaine soit capable.
Toute la difficulté consiste à trouver
cette égalité d'âge
, de conditiont
de biens, d'inclinations, & demérité,
qui fait la felicité du Mariage; car
sans cette égalité, le Mariage court
risque non seulement de n'estre pas
heuteux, mais encor d'estre une societé
de toutes fortes de maux & de disgraces.
SEN
SENTIMENS
SUR LA PREMIERE
Question proposéedansl'Extraordinaire
du Quartier de
Janvier.
Que le party d'une jeune Personne
avec dix-huit mille Ecus, est preferable
à celuy d'une Vieille qui en a
cinquante. CE{l aux Esprits mal faits,aux
Arnes mercenaires, t/ifeindre de brûlerpour des Quinquagénaires
;
Pour moy quifuû mieux né,l'or neme
tente pas Et la , jeunessefeule a pour moy des appa*,
Que la Vieille en mon coeur n'espere point
deplace,
Auprel de ses trésors je mesens tout dé
glace;
Et si jamaûl'Hymen rend mes desirs
contens,
L'Ob
L'objet de mes amours n'aura que dixhuit
ans.
l'auray pour mon Epouse une noble tendresse,
l'amerayfa personne & non pas sa rilhejJe.
Vous donc qui pretende"^far un injnftc
abus,
Malgrévos cinquante ans, brillerpar vos
écus
FraÙ remede)s d'amour3 vojire efperanç,
est vaine»
Vous ne me tiendrez,point dans Vamonreuse
chaîne,
Vn pied dans le tombeau vous me faites
la cour. jih songez. a la mort) & non pas à l'amour
i Songez, que par -le ttmpsvojiregorgesans
grâce
Est
)
malgré vojire bien, reduite à U
besace>
Songetqu'unfrontridémechoque &me
fait peur, Qu'un honteux interefi me donne de l'horreur,
Et cessez.d'esperer que jamais l'Hymenée
Enchatne vos vieux jours avec ma dertinée.
Mauvom, jeunes Beautez, cesta vctu
que j'en veux.
A vos jeunes attraits je borne tous mes
voeHX.
L'âge de dix- huit ans est unefeûreve
Pour faire de mon coeur une amoureuft
proye
L'Inttrefl sur ce coeur ntut jamais de
pouvoir,
Par un plus beau ressort ilse JgijJe mouvoir,
Et fuit le doux fanchant ou vostre âge
l'entratne,
Sans que de vostre dot il fait beaucoup
en peint.
Quanddix-huit milleêcus feroient tout
vostre bien,
Ettjfiez-vous moins encor, neujfie^vous
mesmerient
Sur la plus riche Vitiïle>&sur son opulence,
Votre âgeflorissantauroit la preference.
le ne du pas pourtant qu'il ne sott assez.
doux
De pouvoir tftre riche en devinant
Epouxj
Je
le blâmefeulementlufois Extravagante
D'un coeur qui feint d'aimer une Veuve
opulente,
Et qui pouffe à ses pieds des soùpirs
odieux
Que fil richesse attire
»
& non pas ses
beauxyeux.
Pour choisir une Epouse t il faut avoir
dansVamt
Les pluspursfentirnenl de lapluspart
flârne;
L'Hymen est un lien bien souvent dangereux,
A moins que la tendrefft en ait ferré les
noeuds.
Quandl'Avarice ufmpe un si beau privilège
, Quandl'Jntertfl s'en mesle , on fait un
sacrilege.
Ilfaut que l'Amourseulforme des noeuds
si doux,
Ilfaut ejlre Amoureux avant que d'estre
Epoux.
Maispour qui pourrons-nous avoir dela
tendrejJe,
Sinon pour vos beaux yeux OH brille la
jeunesse ?
Fnc Vieille aura beau nous vanter [es
trésors, B ij
Ils nont rien qui ne cede aux charmes
d'un beau Corps,
Et les moindres plaisirs que nous promet
vofire âge,
Valent mieux que tout l'or du Paiïole &
du Tage.
jQuel bonheur de pouvoir admirer cent
Beaute\
Dont, ainsi que le eveur, lesyeuxfont enchant/'{!
Quel bonheur , quand charmé de tout ce
qu'on admire,
Onftait.arrestez. Mufe
,
& craignez,
de trop dire,
L'âge de dix-huit ans a des appas secrets
Dont vous ne devez, pas dtpeindrt tous
les traits.
LaijfeT^donc ce difeours, prenez, un autrefiile,
Dites que la Icunejfe est un Printemps
fertile
Qui donne abondamment & des lfeurs &
des fruits ;
Dites que taVuilhjfe engendre mille ennuir,
Et qu'elle tri de ïHyver une trissepeinture,
;
Qui ne produisant rien
>
fait honte à la
Nature ;
Dites que les Enfans fontlesfruitsles
plus doux.
Mufe
, encor unefois, c'efi assez
>
taife^
jvous.
Le mesmeAirTaifandde Dijon,
dont je vous viens de parler, a fait un
tres-bea" Difcours sur la Peinture.L'envie
de diversifier la matiere mayant empêché
la dtrniere fois de l'adjoûter aux
autres Traitez, de cette nature , jem'acquite
aujourdhul de la parole que je vous
donnay alors, de vous l'envoyer dans une
autre occafon.
DELA PEINTURE.
LA Peinture qui par une magie
innocente, & par une douce imposture
, nous trompe , & nous enchante
si agréablement, a une origine
assez obscure
, & presque inconnuë.
les Egyptiens,selon Pline, font
les Inventeurs de ce bel Art. D'autres
j'atrribuënt aux Grecs , comme Ariflote
; mais soit que les Egyptiens en
soient ou non les véritables Autheurs,
ils font extrêmement jaloux de ceç
honneur
, & de crainte qu'il ne leur
échape
,
ils soutiennent, par un mensonge
évident, que la Peinture estoit
inventée en leur Pais, plus de six mille
ans avant qu'elle passât en Grece.
Ce qu'il y a de certain en faveur des
Grecs, c'est qu'après de foibles commencemens,
elle est arrivée parmy eux,
dans la suite des temps à une tres-grande
perfection.
L'on convient que cette ingenieuse&
fçavante Imitatrice de la Nature,
commença environ la quatre-vingttroisiéme
Olympiade par des lignes
que Philocles Egyptien, ou comme
d'autres veulent, Cleanthe de Corinthe,
traça autour de l'ombre d'un
Homme
3 ou suivant quelques-autres,
ce fut un Amant qui estant sur le
point de faire un long voyage, s'avisa
de tracer le profil du visage de sa,
Maistresse sur celuy, de son ombre,
pour conserver quelque imagede ses.
traits
traits qui pût adoucir le chagrin de
son absence. Ensuite on peignit d'une
seule couleur, & puis avec plu-.
sieurs, & longtemps après, on trouva
les couleurs rompues, les divers
tons de couleurs, les reflets, l'harmonie,
& l'effet des lumieres & des ombres
,
les attitudes, le contraste, le
parfait accord des parties avec leur
tour.
Le premier qui distingua en fait
de Peinture par des traits naturels,
l'Homme d'avec la Femme, fut Hygiemon
, car auparavant,il falloit
mettre sur le Tableau, c'est un Homme,
cess uneFemme. Eumarns Athénien
entreprit d'imiter toute CHte de
Figures. Cimon Cleonéus fut le premier
quipeignit de profil,&qui exprima
les diférens airs de teste. Il divisa
les membres par des jointures, marqua
les veines,& inventa le mpyen de jetter
une draperie,& d'en bien disposer
les plis. Panéus fut plus hardy
, car il
se hazarda de peindre la fameuse Bataille
des Athéniens contre les Perses
dans la Plaine de Marathon,en quoy
il réussit de maniéré , qu'on y remar..
quoit les plus grands Capitaines des
deux Armées, & leurs principales
actions.Apollodore qui vivoitenla
quatre- vingt-treizième Olympiade,
fut le plus sçavant des anciens Peintres
dela Grece. Cependant on dit de
luy qu'il ne fit qu'ouvrir les portes de
rÂrtjOÙ Zeuxis entra le premier comme
en triomphe en la quatre - vingtquinzième
Olympiade, & eut pour
Contemporains& pour Emules, Timante,
Androcyde
,
Eupompe , Parasius.
On raconte que ce dernier entra
en lice contre Zeuxis,lequel ayant
pelnt des Raisins tellement au naturel
, que les Oyseaux y voloient pour
les bequeter
,
Parasius peignit.un Rideau
que Zeuxis voulut tirer pour
voir ce qui estoit derriere. C'est ce
qui obligea Zeuxis à se confesser vaincu
,
disant qu'il y avoit plus de gloire
à tromperies Hommes que les Animaux.
Apres ceux- là fleurirent en la centdouziéme
Olympiade, Pamphile &:
Appelle son disciple
,
qu'Alexandre
visitoiesouvent dans son Atelier, prenant
plaisir à le voir travailler
, & à.
s'aban
s'abandonner au Pinceau de ce seul
Ouvrier, car il défendit par un Edit
exprés à tout autre Peintre de faire
son Portrait. La raison est
, que ce
Peintre incomparable faisoit des Portraits
si ressemblans, qu'on dit qu'un
certain Professeur en l'art de diviner,
faisoit en les voyant des horoscopes
fort justes des Personnes qu'ils representoient.
En effet Apelle peignit si
parfaitement A lexandre,que cela donna
sujet de dire qu'il y avoit deux
Alexandres ; qu'à la vérité l'Alexandre
de Philippe estoit invincible,mais
que celuy d'Apelle estoit inimirable.
Protogene , Amphion, Afclepiodore,
Aristide, avoient aussi une grande réputation.
C'est pour cela que Demétrius
ayant pris Rhodes,conserva Protogene
comme le plus prétieux gage
de sa Victoire , car alors un habile
Peintre estoit un Personnage fort illustre,
& la Peinture estoit en si grande
estime
, que les Roys & les Empereurs
en faisoient leurs délices, &
croyoient ne pouvoir assez payer un
beau Tableau, jusque-là qu'ils en donnoient
quelque- foisdes sommes immenses
, & que quelquefois aussi ils
ne dédaignoient pas de se servir du
Pinceau de la mesme main dont ils
portoient le Sceptre. Telsestoiententr'autres
ces grands Princes François
Premier, & Loüis XIH. qui se délassoient
des fatigues de la guerre, &
des fonctions pénibles de la Royauté,
dans ce doux & tranquille exercice,
& qui en saisoient un de leurs plus
agreables divertissemens.
La Peinture dont on peut dire quep
les productions font descreations de
choses, à la véritéinsensibles, inanimées,
mais qui ont souvent plus d'agrément
que celles qui vivent & qui
respirent
, passa de la Grece en Italie,
& on y en fit tant d'état, qu'un
grand Personnage de la tres -
illustre
Famille des Fabius , tint à honneur
<Mre dJbngué par le surnom de
Peintre, & peignit le Temple du Salut,
l'an quarre cens cinquante de la
Fondation de Rome. Les plus grands
Hommes s'adonnoient pour lors à la
Peinture,ce qui durajusues foûs les
premiers Empereurs; mais quelque
temps apres, par une revolution ordinaire
Haire aux plus belles choses, elle tomba
dans le mépris, & elle demeura enfevelie
parmy les ruïnes des autres
Sciences, & des autres Arts. Elle ne
recommençadeparoistre en Italie que
long-temps apres , par les foins &
par le travail de Cimabué qui contribua
fort à la rétablir, & à III y rendre
sa premiere beauté.DomenicoGhirlandai
Maistre de Michel-Ange
,
fut
un de ceux, qui, bien que sa maniere
fût seche & gothique,s'éleva au deffus
des autres. Mais Michel- Ange
son Eleve les laissa tous bien loin derriere
luy
, & se mit par son extraordinaire
mérite dans une réputation im.
mortelle. Il excelloit sur tout dans le
ddfein. Cependant RaphaëldVrbin
acquit encor plus de gloire que Michel-
Ange
, & il a porté si loin son
Art,qu'ilsemble avoir surpassé la Nature
mesme. On remarque entr'autres
parties, qu'il avoit le talent de donner
à ses figures toutes les graces donc
elles estoient capables. Aussi plus on
voit ses Ouvrages, plus on les admire.
Il eut pour Maistre, Pietro Petugin,
mais le Disciple fut infiniment
- plus
plus habile que son Maistre.JulesRomain,
Polidore, Leonard cfeVinêi
leGeorgion
3
leT-iitien, PaulVeronese
,& Tintoret, parurent presque
en mesmetemps. Ils ont tous excellé
en quelque partie de la Peinture, 8c
quelques-uns d'entr'eux n'y ont presque
rien ignoré. Jules Romain est celuy
de tous les Disciples de Raphaël
qui a le mieux réüssi. Ses imaginations
étoient nobles & élevées. Il
avoit le goût pur & net, estoit grand
imitateur des Anciens, & avoit en
veuë de les faire servir de modeles.
Son élection des attitudes estoit admirable.
Polidore deffinoit fort bien,
& rencontroitparfaitement dans les
Grouppes. Leonard de Vinci estoit
tres-profond dans la Peinture. Son
merite est assez étably par une feu.
le circonstance de sa vie ,
qui est
que François Premier le fit venir d'Italie
, & qu'après avoir travaillé
quelque temps en France, il mourut
à Fontainebleau entre les bras de ce
Monarque qui honora de ses larmes
la mort de cet habile Peintre. Le
Georgion estoit pour les portraits & ---- pour
pour les grands Ouvrages. Il entendoit
admirablement les figures, & il
traitoit son sujet avec toute la grandeur
&la convenance possible.Le Titien
fut le plus grand coloriste qui ait
jamais esté. Il a parfaitement entendu
les masses, l'union, & la disposition
du tout ensemble. Il peignoit tout- àfait
bien les Femmes 6c les Enfans,
& il leur inspiroit un certain air doux,
mignon, & tendre qui estoit inimitable
Ses Portraits & des Passages
font merveilleux. Il donnoit à chaque
chose les touches qui leur estoient
convenables & particulieres. Toutes
ces grandes qualitez luy acquirent le
nom de Divin, avec des biens tresconsiderables
& l'amitié de Charle-
Quint. On dit que les Grands de sa
Cour ayant témoignéde la jalousie de
ce qu'il leur preferoit le Titien, cet
Empereur leur dit, Qu'il ne manqueroit
jamais de Courtisans, mais qu'il n'auroit
pas toujours un Titien, Paul Veronese
n'estoit pas bien correct,mais la beauté
de son coloris servoit de fard aux
manquemens de son dessein. Ses airs
de Femmes estoient tres-gratieux
3
8c
il
il diversisoit fort ses Draperies. Tintoret
avoit beaucoup de genie pour la
Peinture. Il a fait d'excellens Ta-
Bteauxj maisil est principalement admirable
dans le coloris qui est l'ame de
la Peinture.
Il y a eu encor d'autres fameux
Peintres en Italie , qui ont esté, ou
contemporains de ceux là
, ou qui les
ont suivis de fort près, comme les
Baffans, leCorrege
, leParmesan
,
Carrache,leGuide, les l'Albane, le Dominicain,
Poussin, & quelques autres.
Les Baffans ont fort bien peint les
animaux,&avoient un tresbon goust
de couleurs. Le Corregepeignoit
avec agrément & avec facilité. Il y
mêloit une douceur & une vivacité
de couleurs qui faisoit paroistre ses
Tableaux d'un caractere singulier
, &
par la fcavante distribution des lumieres
& des ombres, il avoit le secret
de donner beaucoup de rondeur, de
force, & de relief à ses Figures, il
scavoit conduire & finir un Tableau
d'une maniere admirable, & on y remarque
tant d'union, que ses plus
grands Ouvrages semblent avoir esté
faits
faits d'une mesme Paletede couleurs.
LeParmesan colorioit fort bien. Il
inventoit & deffinoit en perfection,
& l'on peut dire que les Graces ne le
quittoient pas, & qu'il avoir toutes
les qualitez d'un grand Peintre. Les
Carraches ont aussi esté des Hommes
célébrés dans leur Profession. Louis
Carrache rencontroit divinement
dansle Dessein & dans le choix des
couleurs. AnnibalCarrache possedoit
toutes les parties de la Peinture, &
ses Ouvrages avoient un air de grandeur
où peu d'autres font arrivez. Augustin
Carrache ne le cédoit gueres
en habileté à sonFrere Annibal. Cet
Augustin Carrache eut un Fils naturel
nommé Antoine, qui mourut fort
jeune, & qui s'y estoit pris d'une
Maniere à les passer tous ,
s'il eust
vescu. Le Guide, en remettant à sa
maniere lesTableaux d'AlbertDurer,
a plus gagnéd'argent & acquisde
reputation , qu'une grande partie
de ceux qui l'ont précédé&suivy,
quoy que Gens tres -
habiles. L^Air
bane estoit un Peintre parfait. LeDominicain
repara par son grand travail
le
le peu de disposition qu'il avoit naturellement
à la Peinture, & s'y rendit
tres- sçavant. Le fameux Poussin
a fait revivre, pour ainsi parler,dans
ses Tableaux, les plus belles Statuës
de l'Antiquité, parce qu'il sçavoit
qu'elles font la regle de la beauté.
Il réüssissoit parfaitement dans le Païsage,
& la touche de ses Arbres est
admirable. On voit de Ces Tableaux
qui ont tant d'agrement, & qui font
traitez d'une maniere si noble & si
propre au sujet qu'ils representent,
qu'on ne peut assez les admirer.
Outre tous ces grands Peintres qui
ont fleury en Italie, il y en avoit d'autres
très- habiles en divers endroits
de l'Europe; AlbertDurer en Allemagne
, Holbensen Suiffe ; Lucas enHollande;enFlandre, Rubens,le
plus habile de tous les Peintres dans
ladistributiondes lumieres, & dans
l'art d'exprimer les passions de l'ame;
& Vandeix son Disciple
,
qui estoit
fortentendu dans les Tableaux galans
& curieux;& quelques autres Favoris
de la Peinture, dont on peut
dire que le nom ne mourra jamais,
parce
parce que la beauté de leurs Ouvrages
leur répond de l'immortalité.
Cependant il semble que cet Arc
admirable qui nous fait presque croire
que les fictions font des veritez,
que les Corps peints respirent
,
qui
sçait donner la vie, pour ainsi dire,
à des choses mortes & naturellement
incapables de vivre, où celuy qui
trôpe mérite plus d'estime & de loüanges
que celuy qui ne trompe pas, il
semble, dis-je, que cet Art Divin soit
presentement en exil partout ailleurs
qu'en France
3
& qu'à l'exemple de
tous les autres Arts & de toutes les
Sciences ,
il ait choisy ce bienheureux
sejour,& se soit fixé dans l'Academie
que le Roy, qui aime toutes les
belles & grandes chôses
, a établie
pour l'attirer & pour le conserver
, &
certainement Mr. le Brun premier
Peintre de Sa Majesté
,
l'a mis parmy
nous dans une si grande perfection, &
l'a tellement élevé au dessus de l'état
où il estoit
,
lors qu'il commença de
l'embellir,qu'il ya lieu de douter si par
ses soins nous n'égalons pas aujourd'huy
l'ancienne Grece &l'Italie.
Les
Les Ouvrages de Mon(iturBrossard
Conseiller au Presidial de Bourg en Brefse
, ont toujours esté tellement de vofire
gouss
, que je croy ne vous pouvoirdivertir
plus agreablemem
,
qu'en vous envoyant
quelque cbofe desafaçon. Il afait
l'Horloge d-Sable en Vers.Rien ne peutefire
plus ingénieux, ny plusfinement
tourné que cette Fable. Celle du Colierde
ferlesefiattffideluy.
L'HORLOGE
DESABLE.
FABLE.
DEs que Vénus parut aux deux,
Vn nombre de Rivaux se déclara
pourelle,
Et lespremiers d'entre les Dieux
Voulurent s'acquérir une Epouse(î belle.
Mats i le Soleil, Yu/cain ,
efioient les
plus ardens
Et , le resse des Prétendons
Leureutbientoifcédé la place.
Le Soleil efioit beau, dançott de bonne
grace, Faisoit
Faisoit de jolis Vtrs ,loüait des Infirumens,
Avoit enfinmilleagrêmens.
Mari avoit une noble audace,
L'oeil vif, larnine hante
3
& l'air de qualité,
L'esprit aisé, galant,nullement affctlé,
Aimait le leu3 le Bal, (f la belle der.
pense,
Maistout [onbien efioitl'épée&l'esperance.
issucontraire, Vulcainnavoitrien dl
charmant,
Il efioitlaid, boiteux s&de méchante
mincy
Il avoit le coeur bas, l'esprit À la lezine,
Rien ne pouvait toucher dans un pareil
Ornant.
Au resse,,, possedoit uneforge en Sicile,
Dont ilfaisoit son domicile.
Làforgeant nuit & jour
, ce Dieulaborieux
Faisoit des armes pour les Dieux,
Et comme il passoit pour habile,
Souvent pour les Mortels il travailloit
encor
Il le fit pour Enée & pour le grand
Achille,
Sa
Sa Forgevaloit un Trésor.
On l'efiimoit commode, en fait de Mariage
C'efile point décifif,Vulcainfatpréféréj
Estre Athtur
, ou Guerrier, efi un
foible avantage,
-
Pareil mérité efi peu confideré.
££uandl'efpritylavaleur, entrenten concurrence
Avec les biens & la finance,
T'oit,ours le choix efipour l'Arne doré.
Ainsi Fuicoin obtint la préférence,
Non paspar les voeux de Vénus.
Son coeur efioit pour Mars, mais qu'eutelleffeufaire?
Ses Parensefioient prévenus,
Le Ciclope a leur sens estoit mieux leur
affaire,
Aux raifms de Famille il fallut lIljusier.
Quand l'interess décideenpareille matiere,
Le Calant rarement manque d'en prosiser.
Aussi fit Mars\pour avancer la chose
Le Mary s'avisa defaire le Jaloux;
DN affronts effetlifsque reçoit un Epoux,
Ses
Ses soupçons malfondez font biensouvent
la cause.
Amour faittoutvaloirpour venirases
finsi
Il oppose la complaisance
A la brutalité des bigarre* chagrins;
Il observe la diftrence
Dugalant tendre, & du Mary jaloux,
Pour en tirer en futtetauxdépens rie l'Epoux
Pnefackeu,fe consequence.
Vulcain rude &farouche) & Mars tendre
& fournis.
Mirent bientost a bout la vertu de la
Belle;
Malgré les Loix £Hymen, elle se crût
permis
De répondre aux ardeurs d'un Amant
plein de Zele : S. bouche l'engageait à demeurerfidèle*
Mais [on coeur n'Avoit rien promis.
Le devoir en ce cas n'est qu'une baga*
telle,
Force rendez*vousfurent pris.
Ons'y fnit dees slerlmeensyd'uneardeuréter- Et l'Amour seul fut témoin des fermens.
-
On
On trompe les Maris , mais jamais les
Amans; Le Soleil comme Mars viroit à la conquefies
Ses foins n'obtenant rien, il se mit dans
latefie
jQue Vulcainriefiant point un Rival
dangereux,
Sa femme nefioit fat de vertu si rebelle,
Qu'un Epoux mal tourné fnfi borner
ilfalltoauits ses vaux, qu'en secret quelque Amant
plus heureux
A ses tendres desirs la trouvât moins
crtiellc.
Ilobferrasibien touslespttt de la Belle,
-Qu'ildécouvritbientoif la fonrçe de fin
mal.
> Ilvititntrige &le mystere.
Et les platfirs secrets de son heureux * Rival.
Sonamour mépriséfit place à la -colere
Che'{le Mary jaloux il courut de ce past
Il luy conta toute Vhifiotre,
Tels avisa donnerfont un peu délicats.
UnEpoux quelquefois sobfiint - nt rim
".crOIre
Et
Et le Donneur d'avis en est dans l'embarras.
Le Soleille sçavoit,& ne balançapas.
flfefitfort detout, ildonna,[aparole
Defaire au bon Vulcain toucher la chose
au doigt.
C'estoit beaucoup risquer, Mars eTtoit un
adroit
Qui joüoitfinement son rolley
Et routier a conduire un commerce amoureux
, Prévenoit finement les accidensfâcheux.
Certain jeune Soldat instruit au badinage,
Faisoit exactement leguetj
Et quand Mars chez. Vénus introduit en
secret
La délajfoit d3es foins de son nouveau menage,
La vigilance de Gallm
( C'estoit le nom dupersonnage)
Trompait tous lesyeux des Argus.
Le Soleil vainement tâcha de lessurprendre,
Toujoursparl'Espion ils ejioient aver-
tis,l'Espion ilr efloient Et lors qu'ilcroyait de lesprendre f
Les Oyséaux se trouvaient pRrtl.t
Enfin
Enfin cent fois Gfilins fit par sa vigilance
Avorter les desseins du Galant irrité,
mais touteJa fidélité
Ne fut du Dieu cruel arrefier la vangeance.
Dans le fort d'un brûlant Eté
Mars aupres de Venus dormant en seûreté,
Le fide/le EspionveillaitàVordinaire,
Et laffé de veiller, pefioit contre tAmour.
Lefomrneil l'accabloit, il ne sçavoit que
faire ,
Depuislong-temps il attendoit le jour,
En vain pour s'endefendre il faisoitson
: possible,
*• llbâilloit, il dormoit debout,
Vn vent assoupissantrégnott alors par
tout, La mit luy paroissoit d'unelongueur
horrible;
Ilne s'y trompoit pat , le Soleil Arresté
Chez. Thétis a dessein nous cachoit sa
clarté.
Il refiasi longtemps déssous nofire Hémifpbere,
Due Gallusfatiguéserendit AufommtU. '- A
A peine eut-ilfermé sa pefaute paupitre,
Qu on vit Arriver le Soleil.
Il avoit prû Vulcain en passant en
Sicile ;
Tous deux entrerent chez. Vénus
Pendant le repos de Gallia,
Il n'efioitpa4fortdifficilej
A l'aide du Soleil Vulcain trouva VAmant
R'P,idanr un sombre Apartement
Dormait entre les bras de sa Femme infidelle.
Les Criminels efioient de nature immortelle
, Leur qualité lessauva du trépas
Sans la Divinité, Vulcain danssa colert
Apparemment ne les épargnoitpast
Mail enfin ne pouvantpisfaire,
D'unfiletd;jlongtemps tissupourcedefrein
Illes emy barrassa d'une te £manièrej (pour s'endégager tout effort eïloh
vain.
La longueur de la nuit, peut - eflre un*
autre cause,
Les tenoitpar malheurfortement IIJfoUpÎl.
Dés que le Soleil les vit pris,_^r
Il alla divulguer la choje , Tous les Dieuxfurent avertit.
Il mena chez. Venus toute la Cour celef/c.
Pour la chasse Diane,&lafiere Pallât,
Lefpeftacle efioit peu modefle,
Hiaispour Tunon,& tout le reste)
La nudité ne les offençapas.
Quand tout fut assemblé , Vulcain en
leurpresence
Reveilla les pauvres Amans,
Juge\.de leur surprise & de leur conte-
Mince y
Se voyant exposez. aux yeux de tant de
Gens.
Mars tacha vainement de rompre la tirasseJ
Lesfilets en efioient tropforts,
Jlfallutmalgréses efforts
Avaler toute sa disgrâce.
Le ris pciquaantdres Dieux augmentaitson
Mais tousaufonds du coeur envioientfort
atftm.
La belle Rtyne d'Amatonte
Eteiioit 4 leurs yeux de si charmans
appai y Que tous auroient voulu se voir entreses
x - bas.
.A"
Auprix d'une pareille honte.
Le Mary mesme en futtouché,
Ilfit promettre a Mars de neplu* voir la
Belle
y Et Venus desa part jurant d'eflresideliet
L'un & l'autrefutrelâché.
Pareilsferrnens ne tiennentgueres,
Tous deux au fonds de cotur enfaifotent
de contraires.
Et juraient d'effacer leur honte & leur
chagrin
Par de nouveaux plaisirs, aux despens de
Pttlç-ain.
Gallus fut cependant leur premiere vi-
Slirne,
Lefimrnetl l'accablant> il ne put refifier,
Cettefiiblejfefut un crime,
On le punit sansl'écouter.
Le malheur pres des Grands ptljfe pour
une offence , C.est eflre criminel que de les irriter.
Gallus malgréson innocence,
En Coq par le Dieu Marsfut méttwwphosé.
Sur tessoins, luy dit-il, je m'estois reparé,
Cependant par canégligence
Aux affronts du Soleil je me vois
exposé.
Malgré luy tu vivras, pour me servir
encore
Contre son noir chagrin qui nuit à
mon amour; Et ton chant prévenant l'Aurore,
M'avertira de son retour.
Mars par ce changement se cruten AjJUrance3
Et des le lendemain retourna cheZ Pénus.
Son Rival soupçonneux eufi bientofi connotjfance
Que le Coq remplissoit l'office de CaSuSj
Il résolut de s'en défaire.
Mars bravoitsapuissance
3
& sembloit
l'insulter,
En sefiatant de pouvoir éviter
Les traits perçans defit lumiere.
Vn jour le Coq chantoit perché sur un
perron ;
Le Soleilau milieu desavaste carrure
Partageoitalors l'horison,
Lors que ce chant fatal réveillant sa
colère
> Illança sur le Chantre un foudroyant ,'- rayon9
vn
Un de ces traits brulans dont le Serpent
Python
Futaccablé comme d'un coup defoudre.
Le Coqfutconsumé
)
son corpsfut misen
poudre,
Amour enfuttouché, Venant fier &
jaloux - Etendot trop loin (on courroux.
Comment, dit Cupidons eh que prétend-
il faire, -
Ce Galant furieux qui fait tant de
fracas,
Et qui persecute ma Mere,
Parce qu'un autre a sçeu luy plaire?
Non, non, dit. il à Mars qu'affligeoitce
trépAJ)
Le Soleil croit vous faire une injure
nouvelle,
Maisil ne satisfera pas
Son humeur jalouse&cruelle,
Et je feray voir dans ce jour
Qu'un Rival emporté ne peut nuire à
l'Amour.
Alors du Coq brûlé les cendres dispersées
Furent par le Dieu ramassées.
Enfuiteayantsçeu joindre & colcrpr*z*-
prernent
Veux Tommes de crifial qu'il trouvé
chez,sa Mere,
Il mit la cendre en l'une, & le fit de manitre3
Queparunpetittrou s'écoulant lentémît,
D'uns chute toûours égale,
Le Verre se vuidoitparm juste intervale
Qui ne trompoit pat d'unmoment.
Ainsi de l'Horloge de Sable
Amour viventa le secret ;
Mars trouva la choreadmirAbleJ
Etprit jour pour en voir l'effet.
Ilfit l'éprewvc, il en fut satisfait
> Tout se passa le mieux du monde;
Avant que le Soleil st fit voir hors de
l'ondey
L'heurefut écoulée,& l'Amat eut quitté.
Afars content de rHor¡oge,& feurdesa
justesse,
Vit dejlors l'aimable Déesse
Avec plus de plaisir & de tYAnquilité.
D'heure en heure avec foin l'Horloge
essais tournée , Et l'onregloitsontempssur celuy des Jaloux.
Ainft Mars triompha, depuis cette jour- néey EhniRival>& de fEpol.x.
LE
LE COLIER
DE PERLES.
FABLE.
LOrs qu'enfin par le conseil de
Neptune la confiance opiniâtre de
Peléeeuttriomphé des artifices & des
déguisemens de Thétis, cette aimable
Nere'ide se fit honneur de la chose
, &
elle consentit de bonne grace à rendre
son Amant heureux. Jupiter qui avoit
esté touché de sa beauté
, & qui conservoit
dans le fonds de l'ame une secrete
inclination pour elle, fut ravy
de la voir Epoure de son petit Fils. &
il voulut par uneassemblée extraordinaire
de tous les Dieux, solemniser le
jour decette alliance.
Chez, nous autres Mortels il n'en efipat de
rnefme.
On riefi pointsi content quand on perd ce
qu'on aime;
Et le jour qui le met aux mains d'un au..
tre EpOHX
N'est point y une tefie pour nous,
- Les Déesses du Ciel prirent toutes
leurs précautions pour paroistre avec
éclat dans cette Noce, & tous les
Dieux de la fuite de Jupiter ayant
quelque alliance avec l'Epoux,se disposerent
à luy marquer leur joye par
des présens magnifiques. Les Nereïdes
Soeurs de Thétis, & toutes les autres
Divinitez maritimes,ayant appris cette
résolution
, ne voulurent pas estre
en demeure, & dés-lors ellesn'oublierent
rien pour faire voir que la Famille
de l'Epousée n'avoit ny moins de
genérosité, ny moins demagnificence
que les Parens de l'Epoux.
Chacund'euxs'empressa.de fairevoiraux
deux.
Que cest dans la Cour de Neptune,
'!2!!'on trouve abondamment tout ce qui
la Forttllfe
Peut donner de plus précjtUx.
Les Tritons pefcherent du Corail
de diverses couleurs. Phorcis, Glauque
, & Protée, luy firent des Ouvrages
d'Ambre d'un travail & d'une vaille
admirables;le petit palemochoir,
fit
sit parmy les Coquilles un grand nombre
des plus singulieres & des plus bizarres
, & les Nereïdes foüillerent
dans tous les Golphes les plus éloignez
pour faire un amas considérable
des plus belles Perles. Comme chacune
d'entr'elles se piquoit d'encherir sur
le Présent de ses Compagnes, non feulement elles cherchoient avec un
grand foin, mais elles cachoient avec
beaucoup d'empressementtoutes les
plus grosses Perles que le hazard leur
faisoit tomber sous la main. Elles s'en
faisoient un petit mistere
, Se pendant
tout le temps que dura la pesche, ce secret fit une de leurs inquiétudes.
Rien nepDuvoitsuffire à leurs desirs avidesy
Rien nechapoita leurs perçans re- gardl,
Onlesvoyoitdetoutesparts
Courir dans ces Plaines liquides,
Se plonger à l'envy
, fouiller avec ardeur
y S'agiter à perte d'haleine f Enfinfe donner de lapeine,
Commehnmiserable Pescheur.
- Amphitrite qi estoit fort empressée
, 6. qui foüilloit avec une grande
exactitude
,
avoir d'abord rencontré
un nombre considérable des plus riches
Conques. Cet avantage luy faisoit
peine, & elle estoit extrémement
inquietée de rouver un moyen
de se conserver l'honneur de sa Pesche.
Dioneestoit de toutes les Nereïdes
celle pour laquelle elle avoit plus
d'attachement. Elles avoient un Antre
commun pour leur retraite, &
c'estoit ce qui faisoit le grand embarras
d'Amphitrite, car Dione estant
fort alerte & un peu friponne,il n'estoit
pas moins difficile qu'important
d'évirer ses yeux, & de se mettreà
couvert de ses souplesses.
Eh ce temps là, pour imiter Mercurey
On f tponnoit sans en faire façon ;
Et traiter un Dieu de Fripon,
N'eftoitpai luyfaire une injure.
Amphitrire refva inutilement. Elle
4 n'imagina aucun expédient quiluy pauuft
seur que de demeurer saisie de ses
\o.:.:.. C'estoit encor une affaire
- d'cm
d'en venir à bout. Les Nereïdes n'avoient
pendant la pesche conservé
d'autres habits que leurs longs cheveux
, & cette sorte d'habillement ne
fournissoit guere au dessein de l'aimable
Fille de Nerée.
Enfin elle s'avisa de se retirer à l'abry
d'un Rocher, & de travailler à
percer ses Perles. Elle le fit avec l'aiguillon
d'une Tareronde,& lesayant
en fuite passées dans un petit tissu de
ses cheveux, elle s'en fit un Colier,
& pouffant les Perles sur le derriere de
sa teste qui estoit couvert par sa chevelure
, il ne restoit en veuë qu'un
cordon extremément déliédont il étoit
assez difficile de s'appercevoir.
Si l'on en croit à ce que dit Ovide,
11 riejloit pas alors une Détjfe aux deux
Qui ne fut en longueur 0 beaute de che.
veux
Ah dessous de la Nereidet
L'Artifice d'Amphitrite luy réiiflu
pendant tout le temps que dura la
pesche. Tous les jours elle adjoùtoit
quelque chose à son c,o.r1deonll^psc-
elle passoit de nouveaux fils autour de
son col, sans qu'aucune de les Soeurs,
ny Dione mesme qui avoit une grande
habitude avec elle, y fist aucune re-
Hexion.
Enfin le jour de la Ceremonie arriva
, & si tost que l'Auroreeut doré
le Commet des Montagnes, toutes les
Divinitez de la Mer se disposerent
pour paroistre avec éclat, & soutenir
l'honneur de l'Empire de Neptune
dans cette grande journée.
A peint les premiers rayons
Tirent briller les ondes inconfiantes,
jQue par tout des bruyans Tritons
On oüit les Conques tonnantes.
A ce bruit persant&confai,
De kurs Antres obscurs les Echosrépondirent*
Et les Mariniers qui l'oüirent,
:EtDnne'{& tremblant>s'ejlimertntperduu
Les Nereïdes reveillées, travaillerent
d'abord avec empressement à
leur parure. Amphitrite dans cette
XonfufionçfperoU de trouver facile.
-
ment
ment une occasion de détacher son
Colier sansestre remarquée par ses
Compagnes, mais Dione rendit toute
sa précaution inutile. Cette Soeur officieuse
voulut absolument lacoëser.
Amphitrite eut beau s'en defendre.
Dione s'obstina à luy rendre ce service,
& portant les mains aux cheveux
de sa Soeur, elle découvrit malgré elle
ce qu'elle avoit caché avec tant de
soin & d'inquiétude. L'éclat & la
grosseur des Perles luy éblouirent les
yeux;mais ce qui l'étonna le plus,ce
fut cette nouvelle maniere de les placer.
Elle luy parut avantageuse,&
malgré toutes lesoppofuionsd'Amphitrite
, elle appella sur le champ
toutes ses Soeurs pour les consulter
sur cetteparure. Elles firent d'abord
une petite guerre à leur mysterieuse
Compagne. En fuite elles s'appliquerent
à l'examiner. Quelquesunes regarderont
ses Perles avec jalousie.
Quelques autres trouvèrent que cet.
ornement 1embellidbic
,
& il y en eut
aussi un grand nombre de bizarres qui
n'approuverent point ce nouvel ajustement.
On
On tint Conseil, & la Censure
Attaqua le Colier avec quelque chaleur.
Ce n'efioit point une parure»
Il nuisoit
y
disoit-on3 par sa fade blancheur
» [ rable
JMaii tout examiné3 l'on fut plus favo-
Et la plupartenfin tomba d'accord,
Que par un tifet admirable
Il donnait de l'éclat, bien loin de faire
tort.
Pour marquer leur approbation,
elles imiterent toutes Amphitrite, apres
avoirchoisi parmy leurs Perles
celles qui avoient plus de netteté &
plus d'éclat pour faire un Colier magnifique
dont on feroit present à Thétis;
& comme Amphitrite y contribua
beaucoup plus qu'aucune des autres
, elle fut choisie pour le presenter
au nom de ses Soeurs. Ainsi toutes
choses estant disposées, elles se rendirent
chez Neptune,où la marche
ayant esté reglée,la Cour superbe &
nombreuse de ce Dieu partir peu detemps
apres pour la Thessalie
,
où se
• devoir faire la cérémonie de la Nôce;
& comme Jupiter & le Dieu souverain
des.
des Eaux, agissoientdeconcertdans
cette Feste , on voyoit le Ciel aussi ferain
que la Mer estoit tranquille.Tout
contribuoit à la beauté de cette journée
, & au triomphe des Divinitez qui
vouloient faire honneur à Neptune,&
cette Cour partit dans un ordre si bien
entendu & si superbe, qu'à peine pouvoiron
s'imaginer que les Dieux du
Ciel pûssentégaler la magnificence
de cette marche.
Sabord un nombre de Tritons
Montez,fuperbernentsurd'horriblesPoissons
,
Entonnoient leur Conque enrouée ;
Et quelques-uns charmez, par ces bi"%a~
res tons ,
Formoient une Dance enjouée,
Enfautanten mille façons.
Au milieu de cette Troupe folâtre,
paroissoit sur le dos d'une Baleine le
Present destiné à Thétis. C'estoit une
Grote, faite de diverses pieces de Corail
d'une grosseur &d'une diversité
admirable. Six Tritons en estoient les
conducteurs , portant
eux-mesmesde
petits
petits Rochers garnis de touffes de
Corail, comme de petits Buissons agreablement
variez. lis estoient suivis
par un nombre confus de menues Divinitezmaritimes
qui avoient leFils
d'Ino pour leur Chef, & qui n'etoient
chargées que de Coquilles de diférentes
figures.
Le petit Palernon monté sur un Dauphin
,
Portait dans un Paniertijp* de jonc marln,
Des Etoiles de Mer, des Coquilles bigarres
; Et pour faire un present que l'on puft
eslimer;
Ilavoit fait amas des Bijoux les plus
rares
QQiu,i'"eennsfoonrfmeinerl.'OOccéeaann ecuusiil jjaammaaAisfsçsetuu
Protée, Phorcis, & Glauque,marchoient
en suite. Deux Monstres marins
attelez à une petite Barque revêtue
de Nacre, traînoient une espece
de Cabinet fait comme un Chasteau
flanqué.d'unnombre de Tours cotiu
posées
posées de diverses especes d'Ambre,
Tout le Bâtiment estoit travaillé avec
un artificequi marquoit assez que c'étoit
l'ouvrage des Dieux, & il estoit
remply de pieces d'Ambre gris d'une
valeur excessive. Derriere eux paroissoit
le Char de Neptune tiré par six
Chevaux marins. Ce Dieu armé d'un
Trident d'or,estoit seul placé sur le
derriere, comme dans une maniere de
Trône. La Coquille d'une Tortuë Indienne,
garnie de Plaques d'or, & enrichie
d'un grand nombre de Pierreries
, luy servoit de Dais, & ce Dais
estoit porté par de petites Colomnes
de Corail,rehaussées de Perles.Le travail
égaloit par tout la matiere de ce
Char superbe, & jamais Neptune n'avoir
paru avec tant de majesté ilestoit
precedé par douze Syrenes, qui formoient
par intervales des concerts si
touchans
, que tout autre que des
Dieux n'en auroit pu soûtenir les charmes.
Enfin cette marche magnifique
estoit terminée par quarante huit Néreïdes,
au milieu desquelles la feule
Amphitrite estoit portée par un Hippopotame
de l'Ecurie de Neptune.
à. Deptiiç
iDepuis rceattebjOHlrnetehe.H9reufe & favo- montra sur les eaux la naissante
Cypriss
Ce qu'aveit veu la Mer n'tftoit point
comparable
Aux appad des Soeurs de Thétis.
Bien que les Néréides fussent naturellement
d'une beauré achevée, elles
s'estoient servies dans ce grand jour
de tout ce qui pouvoit la relever. Rien
n'estoit ny plus propre ny mieux imaginé
que leur parure, & elles effaçoient
tout le reste du triomphe de
leur Souverain. Cependant les Divinitez
du Ciel estoient déjà descenduës
en Thessalie. Elles avoient à peine fait
leur premier compliment à l'Epousée,
lors que le bruit des Tritons les attira
au bord de laMer. La magnificence
de la Cour maritime les surprit. Elle
estoit assez pres du rivage pour laisser
remarquer toute sa pompe,& ce fpelhcle
avoit assurément quelque chose
d'auguste & de surprenant. Tout pa- ¡Jroit si bien concerté, que les Dieux
trou
trouvoient par tout des sujets d'admiration
& de plaisir. L harmonie des
Syrenes les enchanta; la dance & la
posture des Tritons les réjoüit. Tous
les Presens leur parurent d'une invention
singuliere , ou d'un prix considerable.
Mais rien ne fut trouvé plu,&
galant ny plus superbe que ces belles
& magnifiques esclaves qui suivoient
le Char de Neptune. Les Coliers des
Néreïdesfirent d'abord passer ces aimables
Divinitez pour des Captives;
mais lasurprise fut extréme , lors que
ces Esclaves pretenduës furent reconnuës
pour les charmantes Filles de
Nerée. Toute la Cour celeste se récria
sur leur ajustement & sur leur beauté,
& l'on n'auroit pas manqué de s'informer
du mystere des Coliers , si les
Tritons qui debarquerent leur Present
pour le porter à Thétis, n'eussent dans
cemometattiré les yeux de cetteDivineAssemblée.
Glauque,Palemon,Protée
& les autres Dieux de la suite de
Neptune,ayâtsuivy l'exemple des Tritons
, enfin Amphitrite accompagnée
de toutesses Soeurs, aborda Thétis,
& luy presenta à leur nom un Fil de
soixante
soixante Perles les plus rares & les
plus belles que l'Océan eust jamais
produites. Thétisembarrasséeparce
Present extraordinaire sembloit attendre
quelque éclaircissement
, lors
que l'enjoüée Dione prenant le Colier
des mains d'Amphitrite,
le mit ellemesme
au col de Thétis. Tous les
Dieux applaudirent à cette action. ils
se récrierent de nouveau sur la beauté
de cette Déesse, qu'ils trouverent augmentée
par cette parure. Commel'approbation
des Hommesest d'un grand
poids pour l'établissemet des modes des
Femmes, celle des Dieux fit alors que
les Déesses donnerent avec empressement
dans cette mode naissante
, &
qu'elles cajolerent les Néreïdes pour
en obtenir aussi des Coliers Ces aimables
Nymphes de la Mer
,
à qui il
estoit restéun grand nombre de Perles,
furent ravies d'estre en état desatisfaire
les Divinitez du Ciel. Toutes les
Conviées eurent bientost des Coliers;
& comme il est de la nature de la Mode
de se communiquer, les Fils de Perles
ayant passé de la Mer aux Cieux,
font depuis descendus en terre, & ils
font
font enfin peu à peu devenus communs
àtoutes les Femmes.
Enfin cette mode des Dieux
Eut le tnefme destin des noJfreJ,
Pne Divinité la fit couster aux autres;
Ce qu'inventa la Mer, s'établit dans les
deux,
Mais cet ornement precieux
Ne fut point reservé pour les feules
Dée/fes.
Bientotf les Reynes
)
les Princesses,
Prirent des Coliers à l'envy,
Etleurexemplefut suivy
Avec tant de chaleur, que la Mode indiferete
Mit enfin le Colier au col de la Grifettt.
SENTIMENS
SURLES QUESTIONS
proposées dans le dernier Extraordinaire.
A MADAME A. D.
1L estbien difficile, Madame,d'écrire
aussi juste que vous le fouhai-
» teriez
teriez sur les Questions du Mariage,
quand on n'y a point eu d'engagement
,ny d'experience capable d'instruire
celuy qui entreprend de défendre
une opinion, & un party, dans
une affaire d'une si grande importance.
Il faut, n'ayant point encor payé
ce tribut à la Loy qui l'ordonne,faire
une profession aussi particuliere de
vous obeir, que je vous l'ay témoigné
toute ma vie, pour ne pas craindre
de faillir en cette rencontre, & de
diminuer l'avantage que j'ay d'avoir
quelque part en l'honneur de vostre
estime. Je pasle pourtant, Madame,
sur toutes ces considerations avec une
soûmission entiere, dans la pensée que
vous ferez du moins satisfaite de mon
obeïssance ,si vous ne l'estes pas des
choses que je vay soûtenir.
Siun jeune Homme qui est dans le dessein
de se marier, doit preferer une Fille
de dix-huit ans, & quia dix-huit
mille Ecus3 à une de cinquante, qui
a cinquante milleEcus. sIl est vray que l'on doive considerer
le Mariage comme l'état d'une
félicité
felicité parfaite icy bas, & que les sacrez
liens du Mariage qui unissent si
étroitement ceux qui s'y engagent,
assemblent toujours deux coeurs dans
une mesme chair, & deux ames dans
i une mesmevolontéil ne faut pas dout
ter que cette heureuse satisfaction ne
f se rencontre parmy les Personnes, qui
r ont plus de conformité d'âge, d'humeur
,
de temperament, de condition,
[ qu'une sincere affection a liées enfem-
[ ble,& que les feuxardens de ces fympaties
secretes
ont parfaitement assorties
pour jouir des plaisirs d'une duraf
ble felicité.
t C'est un bel âge que celuy de dixhuit
ans. La Nature peut satisfaire
l également dans cet âge aux deux intentions
qui font souhaiter, & cherir
le Mariage; l'une par les charmes &
les graces de l'aimable jeunesse, qui
triomphe aisément de la rapidité d'une
passion violente & legere
, que des
moindres appas dans un âge plus avancé
ne seroient pas capables d'arrester;
&à l'autre par l'heureuse secondité
qui peut donner une fuite de Successeurs
césars qui remplissent les voeux, &
les desirs de ceux qui aiment lagloire
de leur sang, & l'immortalité de leur
nom.
Vn jeune Homme trouve tous ces
avantages dans la Personne qui n'a
que dix - huit ans, & dix
-
huit mille
Ecus, & il a le plaisir avec moins de
bien de satisfaire sa passion,de voir
croistre,& fleurir sa Famille,& n'ayant
qu'une bonne, &louable fin dans le
Mariage, de suivre le conseil de ce
Poëte qui dit,
Signa voles apte nubere, nube pari.
Pardonnez , Madame,ce mot de
Latin qui signifie qu'ilfaut s'assortir
dans le Mariage avec ses semblables
pour estre heureux,& y rencontrer
toute la felicité que l'on se propose.
Elle n'est jamais dans cette inégalité
d'âge, où le temps d'esperer des
successeurs est finy
, & où les plus
beaux jours de la vie font passez; ôc
quoy que l'on voye tres souvent des
Femmesfort agreables encor à cetâge,
la tendre jeunesse a quelque chose deLi
doux, & de si charmant, que l'on jugera
toûjours que celuy qui se tourne
dn
du costé de la Dame de cinquante ans,
qui a cinquante mille Ecus, a plûtost
consulté sa bourse, & son interest,
que son coeur & son inclination; tant
il est vray que le Mariage dans sa pureté
, & dans son origine, a commencé
sans l'interest, que l'avidité des
Hommes a insensiblement mêléà U
sincerité de la passion qui fait naistre
l'inclination de s'assortir.
Bien que ce pernicieux interest soit
souvent un terrible & dangereux écüeil
dans le Mariage, & que l'on
veuille qu'il ne foit rien au monde
de si insuportable qu'une Femme riche
, les plus sages neanmoins font
persuadez que les cinquante mille Ecus
font un remede admirable à plusieurs
maux, & un charmant Article
dans un Contrat.
Si l'en doit semarier, & s*ily a plus de
raison d'y songer dans l'un des deux
1
Sexes, que dans l'autre.
NOus ne consulterons pas sur cetce
seconde Question le sentiment
de ces seûrsStoïciens qui
-
estoient
, si fort persuadez que le Mariage estoit
un mal necessaire
,
qu'ils regardoient
cette importante necessité comme la
chose du monde la moins considerable.
Cependant personne ne doute
que cette merveilleuse union ne soit
le miracle de la vie civile, 8c le secret
de l'immortalité, qui a donné le
jour à un si grand nombre de Potentats
,
de Sçavans, de Peuples, & de
Nations, qu'il est sans contredit le
bien le plus necessaire --.& l'ouvrage
le plus important de la vie.
:
Cette longue suite de Successeurs,
a non seulement affermy la gloire de
chaque Nation, & soûtenu la rume
évidente des plus florissans Etats de
la Terre, mais encor des lieux les plus
deserts; des Parties du Monde les plus
affreuses
, & les moins habitables,
elle a fait des Villes, des Provinces,
8c des Royaumes,qui ont veu naistre
ces fameux Génies ausquels nous sommes
si redevables de l'invasion des
Arts, & des Sciences qui feroient
restées dans l'oubly
, & dans le néant,
si le Mariage n'avoit perpetué les
Hommes jusqu'icy
, & procuré à la
Posterité
Posterite tant de sujets de gloire à la
vertu, tant de remedes à nos maux, &
tant de commoditez au maintien
, 8c
à la tranquillité de la vie.
Il n'est donc point d'Homme prudent
& Cage, qui ne doive se proposer
le Mariage comme le but & le terme
de lafélicité, & rechercher avec
empressement cet état bien- heureux,
pour y rencontrer une consolation infaillible
dans ses disgraces, un conseil
assuré dans ses entreprises
, une
confidence fidelle dans ses secrets
, &
un bien sans pareil, lors qu'on a le
bonheur de renconner un coeur disposé
à partager l'infortune, comme la
prosperité & la joye.
Il y a plus de raison aux Filles de
prendre le party du Mariage,lorsqu'elles
n'ont pas d'autres vocations plus
particulières , qu'aux Hommes, car
l'état d'une Fille est si plein de crainte,
de respecthumain
,
de retenuë ,
de
contrainte
, & toutes leurs démarches
font tellement observées,qu'elles remblent
estre plûtost dans une honneste
servitude que dans la plus belle partie
de leur vie.
il est donc vray que rien ne peut
accomplir leurs souhaits
) & remplir
leurs desirs
, que la feule satisfaction
de parvenir au Mariage qui les tire de
la censure de certains esprits mal tournez
qui se formalisent de tout, & ne
manquent pas de critiquer par de satiriques
raisons les causes de ce retardement
,
quifait naître aux Filles de
petites impatiences, & des soupçons,
d'estre moins estimées, & de n'avoir
pas d'assez bonnes qualitez pour gagner
les coeurs des Amans, & en faire
des Marys.
En effet il leur est toûjours plus avantageux
de n'en pas diferer les occasions,
que d'attendre au temps auquelune
moindre beauté est un grand
obstacle à une meilleure fortune qui
auroit sans doute esté plus considerable,
si onavoit sçu profiter des beaux
jours, & des charmes de la jeunesse
qui triomphe si aisément des coeurs;
qu'il est plus facile à ce bel âge de
meriter des Amans & des Marys, jeunes,
riches, bien faits,& fortunez,que
quand ces aimablts Fleurs ont paff
leur printemps.
Si
Si un Amlmt qui a donné son coeur sans
reserve 3fonjfre plus de la mort de sa
Jlfaiftrejfe, que de son infidélité. sil n'est point de disgrace en amour
plus sensible que celle que
l'infidélité produit, & de ressentiment
plus violent que celuy qu'elle
cause, il ne faut pas douter que l'Amant
trompé ne souffre plus de voir
sa Maistresse infidelle
, & favoriser un
autre Amant, que de la voir mourir
; & bien que la mort soit une entiere
privation de toutes choses, qu'elle
nous paroisse le plus grand de tous
les maux, qu'elle nous ravisse ce que
nous avons de plus cher, elle
nous laisse pourtant après les soupirs
& les larmes, la satisfaction d'honorer
les Personnes que nous avons
aimez plus chèrement
,
d'un honeste
& tendre souvenir, & d'en conferver
dans nos coeurs, comme dans un
tombeau vivant,une memoire pleine
de regrets ez d'estime, pour leur souhaiter
sans celle tous les biens & toute
lafelicité possible.
La mort ne nous laisse ordinairement
qu'une feule paission, qui est une
longue tristesse à laquelle le temps est
toujoursun grand remede ; mais l'infidelité
excite à la fois toutes celles
qui font souffrir à l'Homme les plus
cruels remords, & les plus cuisantes
douleurs, lors qu'une Maistresse n'est
plus aux yeux d'un Amant infortuné
qu'un monstre de perfidie, un souvenir
odieux,& un tres-sensible sujet de
repentir d'avoir si mal placésoncoeur,
ses foins, & ses services
,
sans pouvoir
se flater d'un retour sincere, ny esperer
du temps & de la raison,lamesme
foy & les mesmes plaisirs.
Enfin on ne peut mieux exprimer
l'état déplorable d'un Amant qui
voit sa Maistresse infidelle
, que par
l'exemple du malheureux Promethée,
auquel un Vautour ne rongeoit pas
plus cruellement le coeur, que le fatal
souvenir davoir esté heureuxs &
de ne l'estre plus.
Pourquoy
Pottrquoy Venta a des Grâces avec elle,
& non pat des Laides. s'Il est plus favorable à une belle
Femme de paroistre parmy les Laides
qu'aupres des autres Belles, par
la raison que les défauts & les perfections
n'éclatent jamais mieux que
quand les uns & les autres font opposez
à leurs contraires, on a sujet
de demander pourquoy Vénus esttoûjours
accompagnée des Graces qui
pourroient diminuer le prix de ses
charmes. Il est vray que cela feroit à
craindre pour toute autre que pour
cette Divinité; mais comme elle est
la Beauté mesme, &qu'elle surpasse
en l'Art de plaire & de gagner les
coeurs, tout ce que l'on peut s'ima-
• giner de plus parfait, les Graces ne
peuvent avoir d'éclat & de brillant,
qui ne soient obscurcis par les charmans
appas de cette Mere d'Amour,
8c des Graces
,
qui ne font que des
Beautez particulieres qui sçavent si
bien charmer, où l'incomparable Venus
ne paroist pas,que par certains attraits
que l'on ne peut expliquer
,
8c
un je-ne-sçay quoy qui forme la grace
,
elles se rendent si aimables, que
l'on est quelquefois plutost surpris
par une moins belle Femme ornée
de graces , que decesBeautez finies
& achevées
, qui ne plaisent pas tant
lors qu'ellesne font pas animées par
les belles qualitez de l'esprit & de la
belle humeur. C'est à ce sujet que
l'Italien a un Proverbe si galant, Non
è bello que chè bello, ma quel che piace.
Vénus est donc si merveilleusement
pourveuë de tout ce qui peut donner
de l'admiration & de l'amour sans le
secours des Graces qui donnent le prix
aux autres Beautez ,
qu'elle est veritablement
la Mere des Graces; & les
aimables Graces Aglaïe, Talie
, Euphrosine
, & tout ce qu'il y a de plus
charmant dans toute la Nature ,
brillent
moins au pres de Vénus,que les
plus beaux Af!:r.;::s devant le Soleil.
De CArchitecture.
IE craindrois, Madame, de pousser
trop loin la complaisance que vous
avez
avez de vouloir soufrir mes raisonnemens,
si je recherchois dans toutes les
circonstances l'origine de l'Architecture.
Je diray feulement à son éloge
, que rien n'a tant contribué à l'établilssement
de la vie civile, &: pollicer
les bonnes moeurs, que l'invention
de bastir des Maisons
, & faiie
des Villes, lors que les Antres, les Forests,
& les Rochers, servoient de retraite
aux meilleures Familles qui efl
toient contraintes de disputer aux A nimaux
le plus feroces
, ces affreuses demeures
, pour ne pas succomber à la
violence des injures de l'air
, & des
faisons les plusrigoureuses.
il est si naturel à l'Homme d'inventer
& de trouver la perfection des
choses les plus difficiles & les plus
commodes, que celle de l'Architecture
qui luy manquoitfut bientost découverte
,pour donner cet important
secours à sa nuditéa à ses maux, & à
[a. gloire.
Ceux qui auront moins écrit que
moy, vous apprendront
,
Madame,le
reste de cet Arc merveilleux que je
retranche , pour ne pas sortir des
bornes d'une Lettre. La mienne est
déja si longue
1 que je dois me haster
de vous dire qu'il n'est personne aU
monde qui foit avec plusderespect 6c
de sincerité quemoy,v stretres,&c.
Les Enigmes du Moisde Mars, dont
les Mots estoient le Sang & la Fausse
Monnoye,ont donné lieu aux fPiritHelles
Explications que vous trouverez. icy..
I. cEJujet efi de Paixanssi-bien qm de
Guerre;
Etsi dans la demiere il efi remply d'horreury
LOVIS lafait changer, lors que par st
valeur IlyfaitsuccederlereposdelaTerre.
Cermne après le débris que caure le Tonnerre
,
Le Soleil de retourfaitregner la dony
ceur ;
Tel ce Prtncc aujourd'hui [fait calmer
la fureur
De tantde Potentats dont le noeud fit
deffsrre.
Fermé
Formé du mesme Sang de ces Bourbons
fameux
Que depuis si longtemps il compte pour
Ayeux,
Il n'eust pas fait sans luy trembler toute
la Flandre.
Mais c'eif lors qu'il est prest de la voir
fout les Loix, jQue plus maistre defoy que ce vain Alexandrey
Il met toute sa gloire à borner ses Exploits.
DE LA COULDRE. O I I.-
Vous ,
dont la vaine censure
S'attache aux amvrcs du Mercures
Sfltche'{ que de leur prix il est la ptfte
loy.
Il mérité bien qu'on l'en croye,
Si jusqu'a la Fauflfe Monnoye
Touts'y trouve de bon aloy. Gardien.
III.
III.
JPgts, ecoutez-moy parler;
Pour le bien de ma eonfciencc le , viens ici vous déceler
rnt affatre de consequence.
Ce voliur qui veille toujours
Comme une Chate après sa proye>
Mercure) depuis qninz.ejours
> Se mesle de FanffeMonnoye.
Ferjej ,
d'Amiu.
IV. LE Sang blessè toujours les yeux
D'un Objet remply de ttndrtffi , Et la Fausse Monnoye5 efi reaHite- en
tous lieux
Asecacherdedanslaprejfe-
Cependant aujourd'huy îles Plaisirs &
les Jellx
Setrouvent dans le Sang qu'un bel Esprit
déguise , Et par un secret merveilleux
La Fausse Monnoye eff de misèe
Fredinie
y
de Pontoise.
V. sI pour mettre tnon ane au comble de
lajoye,
Pour
Pourprix du tendre amour dont mon coeur
est épris3
fepouvoisobtenirceluy de mon Iris,
Serait-ce efire payé d'une Fausse Monnoye?
Le Rhétoricien de la Ruë
des Noyers.
p VI. Our trouver ce Corps important
Qui court & petille sans cejJe,
Cher Amy3 tiens-te pourconfiant
> Ilyfau-tallerfànsfinefe.
Place la Pièce dans [on rang Et tu le connoiftrassans pein>e;
UEnigmetfiforty d'une veine
DOH l'on ne tire que du Sang.
FERET
,
d'Amiens.
v VII. Ostre Enigme n'a rien qui doive
rn'attacher;
kuand-l'e l'expliqueray's j'en awray peu
dejoye.
Il nefautpas beaucoup chercher,
Peur trouver la Fausse Monnoye.
FREDIN, ou le Solitaire
de Potoise.
VIII.
C VIII. Efont là de vos tours; je voy ,
Seigneur
Mercure,
Que pour-avoir changé d'habit & de
figure,
Vous n'avez, pas changé d'humeur.
Sens le nom de Galant qu'onreçoit avec
joye,
Vous voulieZ nota duperj maiâ ma fiy,
frviteur,
On vous connoistpour un trompeur,
Portez, ailleurs voflre FausTe Monnoye.
DE BASE'S
3
Professeur de
Galanterie à Troyes.
v IX. Os Piècesfont de bas aloy,
Cache7-les donc, qu'on ne les voye;
CaronpunitfélonlaLoy
Les Faiseurs de Faillie Monnoye.
r GERMAIN, de Caën.
X.
A Mr L. M. D. R. sur
v son Mariage. Oicy ce que von* dit l'Enigme du
Mercure
s
Zuoyqu'elle vous paroiffc obscure.
On reconnoilf en vous le Sang de vos
Ayeux» Ce
Ce Sang qui brûle tant de rrtir de ses
veines,
Et qui dans les Combats bouillant &
furieux,
De celuy des Vaincm a fait rougir nos
Plaines
C'efilepurS,angdesDemy-Dieux.
Malgré VOMS à present la Paix qui se
déclare,
Veut reserver ce Sang ( prodigué tant de
fois
Pour servir le plus grand des Roys)
Auxplaiprs les plus doux que rHymen
vous prepare.
LE CHEVALIER DE LERY.
--- - XI. - QVoy que tout le monde vous fuye,
Etque vous en (oyez, haie , se ne
crains
pas pourtant la rigueur de la
Loy,
levous retiensavecque joye
,
Piecefausse:) on Fausse Monnoye.
Le Mercure Galant VOUd fait de bonaloy.
BESSIN, Lieutenantde Clamecy
en Nivernois.
T XII. Irfîsy entendez, vota l'Enigme du
Mercure,
C'est
C'efi tout jufie vofiresigUrs.
roui dancez: vous chantez, comme les
plus sçavans
,
Vous compose'{tn J'ers. vous composez
en Prose -
Vous faites bien à peu pres toute chose,
Et vous peez pour quelque temps.
Mau sçavez-vous ce que j'en pense ?
Vous le diraJ-je tout de bon?
Vous navez que belle apparence)
Et la mine d'unFaux Teflon.
LOUISE l'enjoüée.
v XIII. OsEnigmes du dernier Mois
Ont unsenssi cachéqu'on n'ypeut
rienconnotfire,
Et je naway pai l'honneur d'efire
Dans le Mercurecetteseis.
Ce ness point ce deffiin qui m'oblige d'écrire
; j
Si je lefais3 ce ness
quepont!
vous dire
etout le Sang qui dans!mes veines
bout
Coulerait pour vous avec joye,
Et que maVajfionde vous servir entout
N'estpoint delaFausse Monnoye,
L'Enfant Breton deTournay.
XIV.
XIV. JEfçavoiâ bien, Monfitur Mercure,
Que vous efticTun Dieu voleur
> Mais je nefçavots pds, je jure
Que 3 vousfugîtz Faux Monnoyeur.
Vous avez, donc la hardiesse
,
Sous unsens miflique & caché,
De donner une Fausse Piece,
Sans craindred'estre recherché?
L'ABBE" MELIAT.
XV. MErcure fut toujours un Dieu de
brigandage,
Celafoit ditftmff-a Divinité
Et mainte belle qualité
Qu'eut ce Dieu d'ailleurs en partAge.
L'accuser d'un tel fait rieft pas luy fairi
oUlrllge)
Fay pour garant toute l'Antiquité,
jQui contre luy souvent en a peslé.
Aprefmqu'il renonce au celtfle appanage,
Pour venir avec nom faire social
De tout ce quifesait de galant en nostre
age
NostreClimatparst bénignité,
N'a
N'a pogint cahanggé cee fauchant qui l'en- ui faire quelquefois à fonprochain dommage)
jQu'il fait (eûricy-bAi de[onimpunité,
EJî pourtantfort en dtJute,& dans nostre
Cité.
Il a deses pareils souvent venlenau.
frage,
Maû tout cela ne l'a pas fait plus
[age,
Toujours du rnefmê esprit on le voit transporté,
Et tandiiqu'il nous offre avec un doux
langage,
De mille nouveautéz.le charmant assemblage,
Tandis que de nostre cofté
Vn chacun le caresse & luy fait bon
visage,
Sice trompeur n'a pû voler nostreéquipage.
Par une Fausse Piece , il a presque affronté
Toute nostresubtilité.
Le Chevalier ArnouldeThorigny,
Officier de la Garnison de la
Ville de Lile en Flandres.
XVI.
XVI. HEros, vous renfermtzcette Enigme
nouvelle,
Vous ne pouvez, vivre sanselle,
Elle vous fait marcher sur le pas des
Césars.
Sans elle l'on verroit vos entreprises
vainesj
Et vous n'iriez, jamaidaffronter les hasards
Si , les ejprits du Sang ne regnoient dans
vos veines.
FREDIN ,
oule Solitaire de
Ponroife.
XVII.
CHez. les Devins c'est un usage;
Si L'on ne voit auparavant
En main Croix d'or, ou biend'argent»
On nefaitrien en Devinage.
PourfEnigme dont 'ls'agit,
Quand d'un Diable saurois l'adrejfe>
Si je n'ay la Croix en l'ejprit,
le ne diray jamais,c'est une fausTe Piece.
MAILLET
, Prieur de S. Lubin.
desVignes.
XVIII.
XVIII.
LE Sang efl [ans repos , sa vigueur
est extrême ;
Quand il fort de la veine, il court après
luy-mesme.
Lors qu'ilen est dehors) il ny rentre
jamais.
La chair, la peaus les os ,
tâchent de le
détruire,
Et jamai f ses Fetfins qui troublent son
Empire,
Neveulent lelaiffir en paix.
LeSangestdesHumains&le Pere, &
leFils3
Sans luy ion nefait riensur la terre &
sur l'onde»
C'eflsa chaleur & ses écrits
jQuifont agir le monde.
Il produit tous les jours des ouvrages
nouveaux)
Cent fortes d Animaux lu,Yyfont courir les font courir ler
Rlié*y
Avec tous les Oyféaux il approche des
nues,
Avec tous les Poissonsileflan fonddes
eaux.
Le
Le Sang tientson pouvoir de la Divine
Essencey
Son regne est dans les cours, l'ony craint
son abftnce
3 Presqueenfermétoûjours
,
ilse trouve en
tous lieux,
£tse laissantaller à l'ardeur qui le presse,
11gousse les plllifirs, il aime la JeullejJe,
Mais il est litnguijJAnt dans les veines
des Vieux.
C'efl du Sang que l'on tient ce qu'on a de
plus beau;
Alexandre sans luy fut réduit en poussiere;
Sans luy les plut grands Roys le fuivroient
au tombeau
Et sansluyleurs Sujetsper,droient tous
la lumière.
Personne ne doit létonner
Si du Sang répandu l'on parledansVHiftotre
;
C'est luy quifait vaincre & regner, Et qui de Mars a tcûjours fait la gloire3
Commet(si luy qui sçaitfaire àson tour
£jtsplus doux plaijirJ de l'Amour.
LA LORRAINE ESPAGNOLETE.
XIX.
XIX.
L'theur du Mercure Galant
Dont on ne peut aJftZ. efiitner le talent
A femer tous les Mois le plaisir & l*
joye,
Mértteroit que chaque jour
Chacun Iny fournit àson tour
De la bonne, & jamais de la Fausse
Monnoye.
X X. N'» E cherchons plus des temps de joye,
Le Monde va périr d'un deluge
brûlant
Tout Sang & tonte chair acorrompu sa
voye,
Puis qu le Mercure Galant
Autrefois si pompeux, sifin, & si coulant
, Debite la Faussè Monnoye,
LE P.LATOUlUOELLÉ
,
de Lyon.
XXI. AMime veut que sans replique
LafécondeEniqme j'explique-
Al'ordre qu'elle me preferit -
-
le
le úiJ obéir avec joye ,
Car sans cela je fuis dans son effrit
fkts décrié que la Fausse Monnoye.
XXII.
Lnvous tient»Monsîeur le Galant,
Maigre tous les détours que vojïrc
adr-effi employer
cftfait de vous3onvoussurprend
àiveç de la Fausse Monnoye.
La jeune Alcidalie de Troyes.
Il m'efioit refit une Piece raiformée
éinec beaucoup de méthode
3
sur une des
matierts qui ont cfté iÜja traitéesdam
l'Extraordinaire du Quartier de janvier.,
se veus l'envoyé , fort persuadé que vaut
ne la trouverez. pifS indigne d'avoir placf
dans cllfiy-cji.
S'ily a plusde gloire ase vaincre
ftymefrpc,qiiàtriompher de
-
sesEnnemis.
] L s'agit de faire le partage dela
gloire. Pour y proceder avec justice,
établissons premierement ce qu'elle est.
- La
La decision de son prix nous ouvrira
insensiblement le chemin à celle de la
Question proposée. La gloire n'est autre
chose que le souverain degré de
l'honneur,ou si vous voulez, le concours
des applaudissemens, & de l'admiration
des Peuples pour une excellente
vertu, accompagnée d'un pouvoir
merveilleux dont l'éclat ébloüit
les spectateurs,&rejalit sur les grands
Hommes quand ils font assez heureux
pour se voir combler de benedictions
à mesure qu'ils remplissent le monde
de leurs bienfaits. Voila ce qui s'appelle
gloire. Mais comme toutes les
vertus ne font pas égales, la gloire
qu'elles méritent n'en pas toûjours
celle du premier rang.
La plus grande gloire est celle
qui est,
La plus difficile à Acquerir,
La plus généralement applaudie,
La plu* Juste,
La plus pure & la pluséloignée du
mélange des vices,
La plus durable,
La plus indépendante,
LA
La plus approchante de la gloire qui
cft en Dieu, * Laplus conforme à ce qu'ily a deplia
excellent en la nature Humaine;
Enfin celle dont les moyens font les
plus légitimés
3
& dont le succésejile
plus loiiable, ;
Apres avoir fait la definition de la
gloire, & estably quelle est celle qu'on
doitestimer laplus grande, il faut faire
encor une dilHnéHon
, & remarquer
soigneusement qu'il y a une
vraye & solide gloire fondée sur la
conqueste des coeurs; & une autre
gloire vaine, fausse,trompeuse
, qui
se contente de soûmettreles corps.
Les Peuples effrayez ou ébloüis des
grands succés d'une puissance qui peut
estre effrenée autant que legitime,
comblent ses possesseurs de loüanges
& d'éloges. Les fl;acliro; plus éclairez
que !e commun des Hommes ,
se
servent de leurs lumieres pour arriver
aux fins que la plupart des Courtisans
se proposent
, & qui font toutes pour
leurs interests particuliers. Ils abondent
en paroles& en expressions magnihques
, & contribuënt souvent par
de faux brillans à une gloire dont ils
recueillent seuls tout le fruit.
Ny l'une ny l'autre de ces vaines
gloires ne nous accommode. Ce n'est
point à cela que nous pretendons.
La vraye gloire est la fille de la veritable
vertu; & pour sçavoir le prix de
la gloire dontelledoit estre couronnée
, il ne faut que décider du merite
des vertus qui entrent aujourd huy en
concurrence. Ecoutons-les. On le
peut faire mesme en leur propre cause.
L'une se vante d'avoir rendu le
Vertueux vainqueur de tous ses ennemis.
L'autre ditqu'elle luy a fait prendre
le party de se vaincre luy-mesme,
La premiere des deux Rivales assure
qu'elle a quitté le Païs de sa naissance
,
où elle auroit pû vivre & regner
paisiblement
, pour aller porter ses
armes au loin, & soûmettre à ses
loix des Peuples dont elle estoit à
peine connuë ; Qu'elle a eu en teste
des Armées nombreuses, des Nations
aguerries,de braves & experimentez
Capitaines, & qu'apres avoir elïuyé
mille travaux couru mille hazards,
elle
elle se trouve victorieuse. Ses Ennemis
à ses pieds luy demandent la Paix.
Elle ne la veut accorder qu'au prix de
leur liberté,&àcondition qu'elle en
triomphe.
Il est vray de dire que de là on pourroit
conclure en faveur des trophées
&dutriomphe, quiestl'a panage d'une
victoire remportée sur les ennemis.
Qui dit triomphe,dit une action fort
éclatante & toute pleine de gloire.
Tout triomphe brille, fait du bruit,
& demande des acclamations & des
applaudissemens. Il n'en est point
d'autre. C 'est proprement en quoy
consiste la gloire mesme la plus legitime.
On ne peut donc douter qu'il
n'yen ait beaucoup à vaincre ses ennemis.
Mais il s'agit de sç avoir s'il n'y
a pas encor plus de gloire à se vaincre
soy-mesme. La vertu qui se glorifie
d'avoir remporté la victoire sur le
vainqueur mesme ,nous dit que de
toutes les vertus elle estla plus de finteressée
,
la plus pure, la plus indépendante.
Qui ne voit qu'elle est la
plus desinteressée
, puis qu'elle n'agit
que sur elle-mesme? Et pour son indépendance
n'est-elle pas encor tresclaire&
tres assurée ? Les autres vertus
ont besoin du secours de mille fortes
de Gens. Les Capitaines, les Soldats,
les Munitions de guerre & de bouche,
font une partie de leur fameuse
besogne. Un coup où le courage,le
dessein ,& la conduite n'auront au-j
cune part, avance ou recule infiniment
les affaires. La vertu qui demande
aujourd'huy d'estre couronnée,
imitant en quelque forte le pouvoir
immense de la Divinité, fait seule tout
ce qui doit estre fait; & comme c'est
sans aide qu'elle agit, c'est aussi sans
estresujete aux hazards. Elle ajoûte
que ceux qui se contentent de vaincre
leurs Ennemis, & qui s'en tiennent
à cela ,
font sujets, quoy que
souvent il y ait de l'injustice dans les
murmures des Peuples, font dis-je, sujets
à diversesreflexions que le monde
fait sur eux.Ces refléxions-là ne regardent
aucunement le Vainqueur desoymesme.
Personne ne sçauroit estre
plus applaudv que luy
,
&si entre les
grandes vertus la liberalité pdifc pour
laplus aimable, & pour laplus charmants
mante aux yeux des Peuples, parce
que chacun espere d'y avoir part 5
il
entre tant de liberalité dansla vertu
que nous défendons,& elle est encor
accompagnée de tant d'autres vertus,
qu'elle n'est pas feulement par la la
plus aimable, mais la plus ravissante,
& la plus admirée de toutes ses soeurs.
D'ailleurs, adjoûtera-t elle, il y a
tant de manieres de vaincre ses Ennemis
} le nombre,la force, le hazard
,
la surprise
, ont tant de part à
ces victoires-là , que c'est rarement
qu'ellessont deuës à la seule vertu;
au lieu que celuy qui Vainqueur de
cent Peuples, a encor le courage &
la fermeté de se vaincre, peut dire
que sa victoire est celle de la vertu
mesme. Ce n'est point par le fang, par
la violence,par les désordres
, par la
multitude des Hommes, ny par les
stratagemes
, que cette victoire s'obtient.
C'est par de grandes lumieres,
par une admirable équité, par un détachement
dont peu de Héros font
capables, par une bonté, par une
clemence presque divine. Telles font
les voyes de la haute vertu, de
tels les moyens qu'elle employe pour
arriver à des fins aussi glorieuses que
le font toutes celles qu'elle se propose.
Combatre contre soy-mesme
,
n'est
pas un évenement aussi nouveau
qu'on pourroir peut-estre se l'imaginer
,
mais il est rare de vaincre dans
ce combat. Qui ne sçait que le premier
des Hommes pour avoir estévaincu
dans le demesléqu'il eut avec son
propre coeclf ,
apuyé des paroles
d'une autre luy-mesme
)
se perdit & sa
Posterité apres luy ? Les combats
qu'on livre à autruy n'ont point d'exemple
si ancien que celuy-là. Le
premier dont 1 Hifloire du Monde
fasse mention,c'etf le combat des deux
Freres. La victoire de l'un fut fatale
à tous les deux. Il en coûta la vie au
Vaincu , & le salut au Viaorieux.
Quelque brillance que soit la renommée
de ceux qui ont marché sur les
traces de ce premier Vainqueur, quand
ce seroit mesme les Césars & les Aléxandres
, la gloire de l'incomparable
Epaminondas surpasse de beaucoup
leur gloire aux yeux des Juges les
plus équitables. Ce n'est pourtant
tant que parce qu'ayant fait triompher
sa Patrie, il sçeut aussi triompher
de foy-mesme ; & s'il est permis d'ajoûter
encor une fois le saint & le sacré
au prophane, fut-il moins glorieux
au brave David d'avoir épargné
Saül, que d'avoir vaincu Goliath? Et
celui qui s'apelle le Dieu des Combats
& des Armees, combien desois a-t-il
fait gloire de se vaincre luy
-
mesme,
& de n'user que de sa clemence & de
sa patience mesme
, au lieu des Legions
dont il pouvoit accabler ses Ennemis
? S'abbaisser comme il a fait,
qu'estoit - ce sinon se vaincre foymesme?
Disons encor un mot de l'Ecriture.
Elle dit en quelque endroit d'un
style digne d'elle, & qui fait admirablement
pour nostresujet, que l'Epouse
dont elle nous donne l'Epithalame,
se prise d'une gloire qui est toute
en elle-mesme & dont elle est remplie
, au lieu que la gloire ordinaire
ne brille qu'au dehors. C'est pour
nous donner à entendre qu'elle fait
bien plus de cas desvictoires & des
conquestes qu'elle peut se faire sur
elle-mesme, que de toute la dépoüille
de ses Ennemis.
Pour vaincre il est necessaire de
-
combarre dans le dessein de se vaincre
soy-mesme. On peut estre combatu
par l'ambition,par la colere
, par un
juste ressentiment
, par tout ce qu'on
se doit à soy-mesme. il sied bien aux
grands Hommes de combatre & de
vaincre tous ces obstacles : mais tout
ce que je viens de dire est au dessous
de la gloire qu'il y a à vaincre la justice
& l'équité mesme, quand elles font
,.
denostre costé
,
5c à leur refuser ce qu'ellesnous demandent en nostre faveur
pour donner ou pour rendre à
des Ennemis vaincus
, ce que ny léquité,
ny la justice
, ne leur sçauroient
accorder. C'est par la qu'on approche
delaDivinité, dont les sages Payens
mesmes ont eu un si beau sentiment,
& conforme à ce qu'on en doit croire
,
qu'ils ont dit que la bonté de
Dieu estoit si grande
,
qu'ilsembloit
1
estre plusporté pour le bien des Hommes
que pour sa propre gloire. Vt dij
immertales, dit Ciceron
,
ad usum Hominum
fabrefacti penè videantur. Ces
termes
termes font encor plus forts que ceux
dont je me fers.
Douterons-nous apres cela que le
prix dont il s'agit ne foit deû à la souveraine
vertu? A celle, dis je, qui renfermant
toutes les autres, s'éleve encor
au dessus d'elles,en élevant l'Homme
au ddrus de luymesme ?
S'il y avoir eu lieu jusqu'icy de demander
en quoy il
y a plus de gloire,
sic'est à triompher de ses Ennemis,
& à faire un nombre d'Esclaves & de
Miserables
, ou à les épargner, à leur
pardonner, & à les combler de faveurs
& de bienfaits, la question seroit
hors de doute, apres le grand exemple
qui vient d'en estre donné à toute
la Terre. Celuy qui donne ce merveilleux
exemple de bonté est si grand,
que Ces actions ayant presque dés sa
naissance devancé nos paroles, & s'étant
comme exposées aux yeux des
pluséloquens pour un modele de leurs
pensées & de leurs expressions, il fait
tous les jours ce que personne n'a encor
pû dire, & il faudra pour ne pas
ternir l'éclat & la beauté de Ces aétiÓs.,
que ce soit luy-mesmequi se charge de
faire connoistre à la Posterité ce qu'il
luy plaist de faire voir à nostre âge.
Je conclus en disant que s'il y a de
la gloire à triompher de ses Ennemis,
elle est commune à beaucoup de Conquérans
; mais quand il s'agit de la
gloire d'ajouter à la defaite de Ces Ennemis
, une aussi grande victoire que
celle que le Roya remportéesurluymesme
, on ne peut qu'on ne se
r'écrie,
Peu de Héros au coeur l'ont assez. imprimée,
Pour oser aspier à tant de renommée,
£t de l'aveu des Roys 3
de fort nom
éblouis,
Cette haute vertu rlappllrtienl qu'à.
LOVIS
DIS
DISPUTE
DE JUPITER
ET DE JUNON,
ET
PREDICTIONS DE TYRESIE.
LA Mr D. cEsera
peut estre,Monsieur,avoir
donné quelque agréement aux
matieres que j'ay prises pour vous écrire
, que de leur avoir trouvé place
parmy les Incidens qui font amenez
dans Ovide, immédiatement après
les Amours de Jupiter & de Semelé.
Cet Auteur raconte que Junon
,
fous
le visage emprunté de la vieille Beroé
Gouvernante de Semelé ,
inspira
à cette jeune Nymphe le desir de voir
Jupiter dont elle estoit grosse, dans
tout l'éclat de sa Divinité, & tel enfin
qu'il se montroit à la Déesse sa
Femme quand elle avoit l'avantage
de le posseder. Ce Maistre des Dieux
avoit
avoit juré par le Stix, à sa Maîtresse,
qu'elle ne luy pouvoit rien demander
qu'il ne luy accordât dans le mesme
instant. Ce ferment estoit inviolable.
Ainsi il ne fut pas au pouvoir de Jupiter
de retenir- les rayons de sa lumiere
devant Semelé
,
lors qu'à une
visite qu'illuy rendit, elle le conjura
avec instance de les faire paroistre
dans tout leur brillant. Les feux qu'ils
jetterent furent si forts
, que cette
malheureuse Amante en futconsumée,
sans que le Dieu pust faillir d'elle
autre chose que le Fruit de leurs
amours qu'elle portoit dans fou corps,
& qu'il enferma dans sa cuisse, jusqu'à
ce que le terme des neuf mois
fuffc expiré. Cette circonstance vous
fait assez connoistre Bacchus En suite
Jupiter quita Thebes oùCadi-ntis
Pere de Semelé regnoit, & estant remontéau
Ciel ,apres qu'il se fut
un peu remis de sa douleur, il s'en
entretint avec les Dieux ses plus
Confidens. ils luy firent si bien conïioiflre
qu'il auroit encor plus Coufen,
si la Nymphe qu'il regretoit l'avoit
quité pour un autre,qu'ilfut contraint
de
de tomber d'accord, que la mort d'une
Maistresse à qui on avoir donné
son coeur sans reserve devoit estre
moins sensible que son infidelité.Mercure
qui avoit appris d'Amphion à
joüer parfaitement de la Lyre,crût
que ce feroit confirmer Jupiter dans sa
pensée d'une maniere agreable, que
de chanter sur cet Instrument les Vers
qui suivent.
Si l'on est affligé du trépas d'une Bellt
Qu'on atmoit tendrement,
La douleur de sçavoir qu'on fert. une Infidelle,
Touche bien autrement..
La haineouvrant les yeux autant que la
tendreJl,è,
Pour juger des pptU,
On compte les défauts que dans une
çJWaiftrejfe
On n'examinoit pas.
*J4lors elle rieflplus cet Objet adorablâ
Si digne de nos voeuxi
On s'accuse
, on [e hait ,
d'avoir esté
capable
De s'en rendre amoureux*
On
On blâme fm amour:) & sensible a feutrage
De le voir méprisé,
L'esprit reproche au canr le honteux
avantage.
De l'avoir abnfé.
Enfin dans nostre estime me aimable
Personne
Perd-elle de son prix;
Plus on la connoit lâche,& moins on luy
pardonne
rn orgueilleux mépru.
Le bonheur d'un Rival bannissant de notreAme
Noflre espoir le plus doux,
Le dépit aussitost convertit nostrefiame
En un cruel couroux,
On pleure une tendresse indignement
perdoë,
Et dans ce viftranfport,
D'une perfide Amante on deteste la fJIUÇ
Encor plus que la mort.
;'IL-'Ierp Mau d'unfidtUt ObjetquandlaParque
severe
A
A tranché les beaux jours,
On le perd sans qu'on ait de reproche -
luy faire
D'avoir changé d'amours.
A quelques durs ennuis que cemdbeur
nom Livre,
Du moins il nous est doux
Depenser que la Belle Ayat encor à vivre,
Youdroit vivre pour nous.
Ce tendresouvenir nous en peint tous les
charmes
Effce'{par la mort; Et sans nous plaindre d'elle , en répandant
des larmesy
Nous nous plaignons du Sort.
Jupiter ayant pris plaisir au chant
de Mercure
, se trouva dans une plus
grande tranquillité d'cfprit
, & crut
que pour se defaire tout à fait de son
chagrin, il devoit le noyer dans le
Nectar. Il se mit donc à table avec
Junon, afin de s y abandonner tout
à la joye ; & lors que dans lachaleur
du Repas il estoit en train de
dire de bons mots, & de railler avec
Ton Epouse,ill'apostropha de cette
maniere,
maniere. Vous qui presidez au Mariage,
luy dit-il, je ne demande point
que vous m'avoüyiez
,
qu'il estle lien
de la Societé civile, que sans luy on
ne parleroitny de Familles, ny de
Peuples, ny de Républiques, car je
sçay bien que vous ne feriez pas du
sentiment de ceux qui voudroient que
pour se marier on y songeât toute la
vie, & qu'on n'en vinst jamais à l'esset.
Mais tombez d'accord avec moy,
que vostre Sexe a plus de raisons qui
le portent au Mariage que n'en a le
nostre. C'est ce que je ne voy pas,
répondit Junon, & sçachez que si je
n'estois Femmeje ne me marierois
que quand je commencerois à manquer
d'Amans.Est-il rien de plus doux
au monde pour une Fille, que de se
voir sans celle l'objet des voeux, des
pensées, & des complaisances d'une
foule d'Adorateurs? Ce n'est entre
eux qu'un empressement continuel à
qui étudiera davantage les endroits
par où l'on peut venir à bout de luy
plaire. Sielle aime la joye, c'est à qui.
signalera le mieux sa on par des
Festes, & par des divertissemens, popr
Ç=
se rendre dignes de ses bonnes graces,
il naist entr'eux une certaine émulation
qui ne luy doit pas estre fort
desagreable à remarquer. Mais cette
Fille se marie t-elle, en prenant un
Mary elle prend un Maistre
, & fort
souvent un Maistre fâcheux. Il faut
qu'elle s'accommode à son humeur,
comme il s'accommodoit àlasienne
avat qu'il fust devenu Mary.Elle perd
tous les Amans qui l'environnoient,
& quand bien illuyenresteroit encor
quelques-uns, il n'est pas toûjours
feur qu'ils pourront aisément continuer
à la voir, puis que parmy les
Hommes il n'est que trop de Maris
jaloux. En fuite viennent les incommoditez
de la grossesse qui font particulierement
destinées à nostre Sexe,
& qui causent quelquefois la mort de
la Personne qui les soufre. Je m'attendois
bien, reprit Jupiter,que vous en
viendriez- là, & que vous n'oubliriez
ny les perils, ny les maux de la grossesse.
C'est en effet ce que vous avez
de plus fort à m'opposer
, car il est
aisé de vous répondre d'ailleurs que
les deux Sexes ne se doivent rien enr
matiere
matiere de défauts, & que si l'on trouve
des Maris jaloux & incommodes,
on voit aussi des Femmes emportées &
d'une humeur très fâcheuse. Cependant
, continua-t-il, pour peu qu'un
Homme ait appris à vivre, & qu'il se
foit rendu raisonnable, il ne contraint
point sa Femme à prendre une vie
plus retirée que celle qu'elle menoit
quand elle estoitFille.Il ne luy défend
ny les ajustemens
, ny les parures qui
font convenables à sa condition,& il
ne trouve point à redire que les charmes
de cette chere Moitié luy attirent
encor des Adorateurs. Il n'en est pas
de mesme d'un Mary qui dés qu'il a
reçeucette qualité, n'estplus propre
à estre Galant. Les foins de travailler
à l'établissement de sa Famille, le demandent
tout entier. Ils luy inspirent
un air plus chagrin & plus sombre,&
luy oftent en même temps tous les
agrémens d'esprit qui le faisoient souhaiter
des Belles. Enfin le titre de Pere
de Famille traîne presque toujours
après foy mille embarras & mille inquiétudes
,
qui rendent un Homme
dissemblable à luy-mesme , & qui le
font
font renoncer en quelque façon à tout
ce que la vie a de douceurs. En époufant
une Femme, repliqua Junon, je
voudrois bien qu'on se desist de la galanterie
, comme vous le dites,ou
plutost que vostre conduite,depuis le
temps que nous vivons ensemble, eust
servy de preuve à ce que vous avancez.
Je ne ferois pas réduite à me
plaindre aussi souvent que je fais du
peu de délicatesse que vous témoignez
avoir, quand vous vous arrestez aux
plaisirs languissans que vous donnent
des Beautez mortelles. La repartie inconsiderée
de Junon piqua Jupiter,&
fut cause qu'il poussa avec plus d'aigreur
le party qu'il avoit pris. Junon
de son cofté ne se rendit point,& tous
deux commençant à s'opiniâtrer sur
ce qu'ils soûtenoient, ils furent contraints
de s'en rapporter à ladécision
d'un Arbitre. Tyrésie fut nommé. Il
n'y avoit personne parmy les Mortels
qui fust aussi capable que luy de juger
de cedifférent;caron raconte qu'ayant
un jour frapé avec une houssine deux
Serpens qui s'estoient joints, il devint
Femme dans le mesme instant, &que
huit
huit années apres frapant de nouveau
les mesmes Serpens, il reprit la figure
d'Homme. Ainsi il connoissoit par
experience tout ce qu'il y avoit d'avantageux
dans l'un & dans l'autre
Sexe. Tyrésieestant venu,les deux
Divinitez luy étalerent leurs rairons.
Ce Médiateur de la dispute tomba
dans le sentiment de Jupiter, & soûtint
quele beau Sexe avoit beaucoup plus
de raisons à s'engager dans le Mariage
que les Hommes n'en avoient. Junon
chagrine de se voir vaincuë, s'en
vangea sur Tyrésie qu'elle fit aveugle.
Le malheur que luy attira sasincerité,
luy fut sensible ; mais Jupiter ne tarda
gueres à l'en consoler, puis qu'il luy
ouvrit les yeux de l'esprit, & luy donna
le pouvoir de penetrer dans les plues
cachez replis de l'avenir. Ce nouveau
Devin estant de retour sur terre,apprit
aux Personnes de sa connoissance ce
qui luy estoit arrivé
, & pour premier
coup d'essay de son art de prédire le
Futur
,
illuy tint ce discours.Vous
-
voyez comme je porte sur moy les
r
marques de la vangeance qu'a prise la
Femme de Jupiter. Retenez bien qu'un
jour
jour impunément un Berger du Mont,
Ida, nommé Pâris, rendra un Jugement
beaucoup plus desavantageux à
cette Déesse, car l'ayant choisy pour
Juge sur une dispute qu'elle aura avec
Minerve & Vénus touchant l'excellence
de la Beauté, ce Berger en donnera
le prix à Vénus. Vous fçaurez,
ajoûta-t-il
, queJunon ne peut voir
qu'avec une extréme jalousie que Vénus
soit continuellement accompagnée
des Grâces, parce qu'elles font
cause que cette Mere d'Amour est roûjours
assurée de plaire & de toucher.
Vous fçaurez encor que Junon a de
l'aversion pour Minerve, & que cela
vient de ce que cette Fille de Jupiter
préside feule aux plaisirs de l'Esprit,
qui font les Sciences & les beaux
Arts. Mais parce que l'Architecture
est du nombre,& qu'elle tire son origine
du Païs où nous vivons, je me
sens porté à vous décrire l'Histoire des
merveilles qu'elle produira dans la
fuite des temps.Vous n'ignorez peint
que les premiers Hommes n'avoient
qu'unenouriture sauvage, qu'ils ne
naissoient que dans des Cavernes, ou
dans
dans de simples Cabanes;qu'A mphion
cull: le secret de polir leurs moeurs,&
de les accoûtumer à vivre ensemble;
& que leur ayant montré la manière
de bâtir, on a pris de là sujet de feindre
qu'au son de la Lyre il construisit
les MursdeThébes. A forcedetravailler
aux Bâtimens,les mains se rendant
plus habiles
, & les Esprits devenantaussi
plus éclairez par l'exercice,
je prévois, & je vous annonce que
l'Architecture sera divisée en cinq
Ordres. Celuy qu'on nommera Dorique,
devra sa naissance au Temple que
Dorus Roy d'Achaïe fera élever en
l'honneur de Junon, dans l'ancienne
Ville d'Argos. Les Colomnesde ce
Temple auront la proportion ,
la force,
& la beauté du Corps de l'Homme,
au lieu que les Colomnes de l'Ordre
Ionique sembleront imiter la délicateflV
du Corps-d'une Femme. Cet
Ordre fera ainsinommé, à cause d'Ion
Conquerant dela Carie, & Fondateur
de plusieurs Villes fameuses, & qui
dans un Temple consacré à Diane, fera
observer cet Ordre, & luy laissera
son nom, aussi-bien qu'à la Carie qu'il
aura
aura subjuguée.Quant à l'Ordre qu'on
appellera Corinthien,voicy ce qui par
hazard y donnera lieu. Un Sculpteur
Athénien partant aupres du Tombeau
de quelque jeune Fille de Corinthe,
où Fon aura mis au Panier que pendant
sa vie elle aura aimé particulierement;
ce Sculpteur verra ce Panier couvert
d'une tuile,& pose sur des plantes
d'Achâte.Il examinera cõme les feüilles
qui aurot cru à l'entour,auront récontré
les çoins de la tuile, & auront
estécõtrantes de se recourber en leurs
extrémitez,& d'y faire un contournementqui
fera nomméVoûte. Ce fçaveut
Ouvrier Athénien, qui taillera
leMarbre avec une délicatesse admirable
, imitera cette forme nouvelle
dansles Colomnes, dont il embellira
depuistellement la Ville de Corinthe,
qu'on n'y laiilera plus entrer que d'excellens
Ouvriers, & que de là on dira
par proverbe, j~ neferapaspermis
A tout le monded'alleràCorinthe. il y
aura l'Ordre Toscan; mais parce que
ce fera le plus grossier de tous, je le
passe fous silence.Enfinl'Ordre Compositeseraainsi
appelle , à canfe qu'il
tiendra
tiendra de l'Ionique & du Corinthien.
L' Architecture commencera à devenir
florissante à Rome, lors que César, &
en suiteAuguste,y établirontle Siege
de l'Empire de l'Univers. Cet Art, qui
par l'habilité des Architectes semblera
fous la Regne des Empereurs suivans
avoir atteint toute sa sublimité
& toute sa hauteur, fera neanmoins
en quelque maniere ensevely fous les
ruines de cet Empire Romain; mais
il renaîtra beaucoup de temps apres
dans un autre Climat, c'est à dire
quand le Royaume de France fera
gouverné par François Premier de ce
nom, qui fera le Pere des beaux
Arts. Alors ce Roy inspireradu goust
pour l'Architecture ; il entreprendra
de faire bâcir un Louvre qu'illaissera
imparfait, & qui lors qu'il fera achevé,
sera la huitiéme Merveille du Monde.
Ce pompeux Edifice devra beaucoup
de Ion embellissement aux foins
d'un autre Roy, que je ne puis assez
loüer, & qui fous le nom de Loüis LE
GRAND,sera connu pour un Monarque
accomply. ilestreservéàce dernier
Prince donc je parle, d'élever
l'Ar
l' Architecture au plus haut degré de
perfectionoù elle soit jamais montée;
& parce qu'on employera tout le fin de
cet Art pour re presenter le glorieux
cours de sa vie, apprenez que les Exploits
de ce Héros, & la subtilité de
l'Architecture
,
s'aideront mutuellement
à s'éterniser. Tyréfie ne dit rien
alors davantage. Je finis comme luy,
en vous assurant que je fuis
, &c. ELEGIE.
HE' quoy, vostre raison, adorable
Sylvie,
Prendïinjufiepartyd'estremon Ennemie?
Afaii écouterez.vousses barbares discours)
Plutost que vos bontez qui conservent
mes jours?
7rabirez-vouâ l'espoir de la plus vive
< flame
Que l'amour ait jamatofait naistre dans
.<
une ame; ; Et ne fiiivrez-voui point une plus doHCC
loy,
Quand la tendresseparle drpourvous,&
lill pour moy? dit pour VOIU. Helm!Peat.efire trop
credule"
Je croy que vota [entet le beau feu qui
me brnle;
MItÏd contre mon repos je n'ose refifler
Aux ordres obligeons de n'en jamais
douter.
Vous les dvie'{ donnez, ces ordrespleins
de charmes , Ces aimables Garans avaient seché mes
larmes,
Jecomrnençoû à vivre, & mon coeur
amoureux
S'applaudifoit déja dusuccés defesfeux.
JEn vain, difois-je3en vain la Fortune
ennemie
lufqu'à, cet heureux jour a traversé ma
vie;
En vain mille douleurs pires que milles
morts,
Ontsur moydesarage ajfouvy les transports
-; VAmours Ce Dieupuijfant qui la brave
& me guide,
Contretous ses revers rend mon aine intrépide.
le
levais avec platfir son courroux défor-
1 mé. le triomphe à mtn tour, enfin je fuù
aimé,
D'unbonheur si charmant mon Ame
possedée
,
Sur ces mots jour & nuit attachoit mon
idée.
le fuis aimé ,
disois-je, & dans cet
entretien
Tous les plaisirs des Dieux n'égaloient
pas le mien.
Helas ! & q¡/AUroit dit ce coeur qui
vom adore
Qui , peut mieux soulager le feu q&U
desore,
Et que peut-il trouver d'agreable, ou de
doux,
Qite le suprême bien d'estrechery de
vous ?
Rien que vous ne le touche
, & rien ne
l'interesse,
Que de vous vir un peu sensible à sa
tendresse,
Si ce n'efi de sentir les vifs faifilfernens
Dontson amour pour vom l'agite à toto
mOlllenJ.
Omj
,
j'aime ce desordre , & jochériice
trouble)
Mon plaisir est plusgrand quand lnafiame
redouble,
Etsouventdansl'excès[estransportsfont
poujJet,
Que je mécriey Amours je n'enfins paé
asJe'(a
Pour aimer ma Sylvie autant qu'elle est
aimable,
Augmente
,
si tu peux > cette ardeur
agréable
) Perce) hule,consume3 & donne à mes
souhaits
Le plaisir de l'aimer plus qu'on n'aima
jamau.
Cependant la Raison veut détruire en
vofire ame
Leglorieuxsuccés d'unesipurefiâme.
Helai!quand sa rigueur s'oppefe à vos
bonter-
)
Vous dit-elle quels maux mon ame afuportez.
?
A-t-elle daigné voir avec un peu d'étude
Tous les transports mortels de mon inquiétude
Meslarmes, meslangueurss& mon abattement
> Mes
Mes agitations, & mon emportement,
Mes craintes, & mes foinstmonrefpeft,
matendresse,
La rage, & les foreurs qui me troublent
sans cejJe ;
Etpoursefaire entendre, a-t-elle rassemblé
Tous les traits de douleur dont jefuû
accablé ?
.Ah !sans doute l'Amour qui gouverne
ma vie
Prendra le jufle foin d'en inflruire
Sylvies
De luy representer les maux que j'ay
fouferts,
Et que je ne suis pas indignedeses
fers.
Cette raison peut bien vous engager à
croire,
Qu'en m'ailnltnt, vous risque'{ beaucoup
de vostregloire ; Que vous faire l'objet de mes plus tendres
voeux, C'eflportermon orgueilaussi haut que les
Dieux,
C'eflchérir un Objet qu'avec des foins
extremes,
fendant qu'on les adore, ilschérissent
e eux-mtfmes ; mabandonner tout AU feu qui m'a
furprû
> C'est brûler d'un amour qui INy-mefmeefl
[en prix , Et qui doit limiter sa plus douce efferance
JÎ vous voir fmplemsnt approuver ma
confiance.
Je convois mon tnerite , helas! &jesçais
bien,
Que cho-sir pour aimer, ni coeur comme le
mien, Quoy qu'il brûlepour vous de l'ardeurla
plus pure y C'efl de voftrl r"i[on exciter ie murmure,
Maii ce cruel murmure aura - t- il du
crédit ?
M'abandom,erez.-vous sur ce qu'il aura
dit ?
Evitez. , ma Sylvie, étlitc'{ la fNr-
¡riJe,
Sous le nom de Raison un M»nfire se
déguise,
rn inftir,fl malheureux) que le Sorten
conroux,
Pour
Tour troubler nostre joye , êleve contre
nous.
Lors qu'a quelqueplaisïrnostre ame est
préparée,
Cet Ennemy jaloux lempare de l'entrée
s Et par fcrfaux conseils3 il nousfait
rejetter
Ce que par tous nos foins nous devrions
acheter.
Contre ses trahisons il est peu de lumières
3 Nous voyons qu'il en est de tom les caractères
,
Le Sort en aproduit sur tous nos interests
Qui , de la Raison mtfrne imitent tout les
traits ;
Maistre des volentez, par ces noirs artifices
Ils entraînents nostre ame au gré de leurs
caprices,
Elle devient esclave & dans sesfondions
Ne peut plut resister au cours despassions,
Raisonneaveuglément3sans justiçe décide
>
Etprendpour la Raifortl'Ennemy quila
guides
Tant Ilappai suborneur desesenchantement
Changeen mauvais desseins les meilleurs
fentirnens.
L'Espritleplm[abîme, & l'ame laplut
haute,
Ignore fort erreur jufqucsIlprtl sa
faute;
Quind la droite Raisonl'éclairé d'un
regard,
Le repentir le fuit, mais cesitoujours
trop tard.
Peiii-tftre avec excès j'ay poussé la
Aioraiey
JlfaU est-il de fortune à mon bonheur
égaley
Si de cet Ennemy qui vous ose imfoftr,
La peinture vous fert à vous desabuser
?
Deqvoycjue contre rnoy son Art vous
entretienne>
Laijftz.parlervofire amt, ou consultez.la
mienne,
Observez. vostre coeur dans ses émotions
y Sui
Suivez, de son fauchant les douces passions,
Abandonnc'{;voUJ toute àsa tendre conduite,
Et sur ses mouvemens ordonne7l de la
fuite.
D'une droite Raisonlaplus severe loy
Ne peutrienopposer de jufie contre mOl;
l'en ay bien reconnu le noble caractère,
Lors que de mon amour l'ardeur a pû
vous plaire,
Et que par desconseils à mon ame bien
doux
Elle via défendu de rien aimer que VOltS.
Ah ! jarnaû son avis ne fut sujet au
change,
A diferensPartisjamais il ne se range,
Et ses moindres conseils , &ses moindres
difconrs,
Sont de justes Arrefls qui fubjiflcnt toujours.
Ainsisur mon bonheur neformez, plus de
doutesy
Elle a pul'approuver,c'efi unefois pcttr
toutes ;
Finissez. le combat,puis que sans l'offenser
Vojtre coeur sur ce point ne sçauroit balancer,
Et que ce qu'ensecret a vofire orne en
inspire,
Vient d'untraifire Ennemy qui tache À
vous seduire.
Rendez.
, rendeZ. le calme à mon coeur
a/armé,
Termettez.-rnoy de dire encory je fuis
aimé,
Et pour en affurer ma timide tendresse,
Dites-lernoyvous-mesme , & aites-ú
sans cesse.
Adjou-cz.s en faisant un aven si touchanty
Qu'il efl en vous l'effetd'unairnabU
panchant ;
jQuun Affrefllvorable
,
&sa douce influence,
Vms condamne 4 chérir mes feux , &
ma confiance,
Et que d'un heurtux fort l'indispensable
loy
Engagevostre coeur à vous parler de moy,
Le mien qui s'abandonne à sa tendresse
extrême,
L'a fait indépendant de tout, hors de
luy-me[me\
Et qnand le Sort contraire,& monAflu
en courroux,
S'oppo
S'oppoftroientanchoix qui £entraîne veirs
vous,
Ce coeur inébranlable, arméde sa constance,
De ces vains Ennemù braveroit la puissance,
Etson attachementtpar unsensible effort,
Surmonteroit pour vous les sijlres
, & le
Sort.
Voila les entretiens où mon amours'ap->
plique.
Ah! j'en sens mille fois plus que je n'en
explique.
Que ne pouvet-vous suivre un exemple
si doux!
Ces sentimens font ceux que mon coeur a
pour vous,
Et de ces sentimens la tendresse infinie
N'aura jamais de fin que celle de ma vie.
Oùy, que le Ciel mexpofe à toute sa rigueur,
Si vous feule toujours ne regnet dans
mon coeury
SSi. ce coeur enflawc, ddont vous e.s/se1s m."aitrefi>
N'a pour vous à jamais des foins pleins
de tendrejjey
Et si sur vos yeux feals réglantses mouvement,
II
11 ne vous donne pas tous ses emprefemtns.
La Pilee qui fuit sur une des demierej
Questions proposées, est de MonsieurGardienSecrétaire
du Roy, Ilfait
parler deux Amans, l'un qui regrete sa
Aïaifirejfe morte, & l'autre qui a esié
trahy par la sienne. Vous jugerez, par ce
que leurs plaintesfontparotflre d'accablementlequel
des deuxsoufre davantage.
SVR LA VESTION
Si un Amantsoufre plta par la
mort de sa hfaijirejJe que par
son infidélité.
JEntens,ce me semble, la voix de
quelqu'un qui se lamente. La Nature
comme une bonne mere , pour empescher
un coeur affligé de succomber,
luy donne ordinairement le secours
des larmes & des plaintes; la Raison
comme une fage dispensatrice, ( fouf..
frez ce mot) en permet Tufa-ge en de
pressantesoccasions , & il en est de(I
bgitimts"
legitimes
) que la Gloire cette imperieuse
maistresse qui ne veut presque
point de partage, n'ose pourtant defendre
cette consolation à ses Héros.
Mais s'il est naturel de chercher à se
soulager par des plaintes,il est de l'humanité
de compâtir à celles d'autruy:
nôtre interest,mesme, le demande,
puis que nous ne sommes tous que de
grands sujets de misere ; & qu'il n'est
point de malheur,dont si nous sommes
exempts aujourd'huy, nous ne
puissions bientost nous voir attaquez.
C'est pourquoy prestons, s'il vous
plaist,l'oreille au discours de cette
Personne affligée, sçachons quel estle
sujet de sa douleur , & tâchons d'en
profiter, s'il arrivoitque nous eussions
à soûtenir quelque chose de semblable.
Ma chere Alcidalie, je ne vous verray
plus. Non je ne vous verray plus
jamais! Ah Ciel quel coup de foudre!
Et qu'a y-je fait? ou plûtost quel crime
n'ay je pas commis, puis que vous
me punissez si cruellement ? Qu°y»
belle Alcidalie, une nuit éternelle va
nous separer : Les heures, les jours, les
années,& le reste de ma vie miserable,
se
se vont passer sans Alcidalie t Elle ne
reverra plus le jour? Et moy ne la revoyant
plus, que vay-je devenir! 0
Ciel terminez vos rigueurs, en me l'optant
cette vie infortunée,qui me seroit
plus cruelle que mille morts ! Mais où
m'emportent mes égaremens ? C'est
vous demander grace que de vous demander
la fin de mes peines;& le terrible
coup dont vous venez de m'accabler,
ne doit-il pas me faire connoître
que je ne vous fuis pasassez cher pour
estre exaucé de vous? Beautez, esprit,
vertus, bontez,charmes d'Alcidalie, je
vous perd s pour jamais, & je ne meurs
pas de cette mortelle pensée?Mais chere
ame ,ne condamnez pas pour cela
mon amour de lâcheté; si ce pauvre
coeur conferve quelque reste de vie,
c'est un pur effet du pouvoir de vostre
belle Image qui l'anime encor. Helas
que l'usage que j'en feray me fera
douloureux! si je vis, ce ne fera que
pour vous pleurer, & vous regreter
jusqu'à mon dernier soûpir. Que ne
m'est-il permis de mourir & de mourir
mille fois s'il le falloit pour vous
rejoindre ; mais je le vois bien, mon
sort
fort seroit trop doux, & ma cruelle
destinée veut qu'auparavant je celebre
icy bas la grandeur de ma perte, par
un sacrifice continuel de souffrances.
De grace , vous qui vous dites mes
Amis, & qui vous empressez à m'en
donner des marques importunes, cessez
, cessez de fatiguer vostre esprit &
le mien de vos inutiles discours. Vous
me dites que c'est une necefficé de se
consoler d'un mal sans remede. Quel
plus impitoyable & moins solide raisonnement
? Et ne voyez - vous pas
que c'est celamesme, qui me rend inconsolable
? Si apres de longues années
, si apres tous les travaux imaginables
,
je pouvois esperer de la revoir
, ô que les plus rudes peines me
feroient sinon legeres, au moins supportables!
Pour flater mes ennuis, j'écouterois
alors vos officieuses remontrances,
& je vous demanderois moymesme
ces consolations quepresentement
je ne puis recevoir. Mais je ne
la reverray plus cettecharmante Personnes
il n'y a plus de remede à sa perte
; & c'est-là ce qui me desespere
Cruels, apres que j'ay perdu Alcidalie,
vous
vous voulez encore me faire perdre
ma douleur? Ah que vous & moy
sommes opposez de sentimens ? Elle
m'est devenuë précieuse; elle m'est
devenue sacrée
, cette douleur que
vous profanez. Cieux courroucez, fut il jamais un état plus deplorable
que celuy où vous m'avez reduit ? Le
plus grand des maux est le seul bien
qui me reste. Oüy mon affliction est
aujourd'huy ce que j'ay de plus cher;
C'est elle, & ce n'est plus que par
elle qu'au defaut de la presence d'Alcidalie,
je la verray toûjours des yeux
de l'esprit
, & que je l'entreriendray
aussi toûjours du coeur & de la penfée.
Ce langage muetqui nous a esté
familier, neme fera pas interdir. Ce
fera par son moyen, belle Alcidalie,
que je continueray de vous rendre
compte de mes actions & de mes pensees
; de vous assurer de mes respects
& de ma fidelité;de vous declarer
mes inquiétudes, de prendre vos conseils,
ou plûtost de recourir à vos Oracles.
Je vous diray cent & cent fois
que je vous aime au delà du tombeau;
& je me répondray autant de fois
pour
pour vous, que vous m'aimez jusques
dans le sein de la gloire où vostre innocence
vous a placée.M'en desavoüerez
- vous, aimable Alcidalie? Non,
comme je me fuis donné à vous sans
reserve, vous m'avez permis,vous m'avez
ordonné de croire que vous feriez
éternellement toute à moy. Doux &
cruel souvenir ! agreables & fâcheuses
réveries!mais enfin vains foulagemens,
pour une douleur aussi grande que la
mienne! Si vous en suspendez pour
quelques momens la violence,helas! ce
n'est que pour la redoubler. Alcidalie,
sera-ce vous voir & vous entretenir,
que d'eltre seul à vous parler & à me
plaindre? Quoy jamais plus un de ces
favorables regards qui portoient la
joye jusqu'au fonds de mon coeur? Jamais
plus une de ces obligeantes paroles
,
capables d'appaiser tous les
troubles de mon ame? Ah pensée
qui comprend en soy l'image de tout
ce qu'il y a de dur & de cruel dans la
nature! O vous à qui la malice des
Hommes fait une guerre continuelle
, vous que les trahisons & les perfidies
consument de chagrins & de deplaisirs,
plaisirs
, vous que la fortune dépoüille
& que la calomnie déchire, vous
-
tous en un mot qui croyez éprouver
les plus rudes peines, & du corps &
de l'esprit, joignez, si vous le pouvez,
toutes vos souffrances,& soyez convaincus
que toutes ensemble elles n'égalent
point la grandeur de mes tourmens.
Vous-mesmes qui n'attendez
que le coup inévitable d'une mort
prochaine que vous voyez sous vos
yeux,vous estes moins à plaindre que
moy ; cette mort aussi épouvantable
qu'elle puissevous parostre ,
devant
bientost finir tous. vos maux, n'est
point 1 horrible des horribles
, & ce
titre effroyable ne se doit donner qu'à
la perte de l'Objet de nosaffections.
Perdre pour jamais ce que l'on aime!
Pour jamais! Ah , encor un coup,
pensée qui accable l'esprit, & contres
qui la raison ne peut rien de plus raisonnable
que de s'abandonner & de (c
confondre.Alcidalie toute belle! Alcidalie
toute parfaite! Alcidalie toutes
aimable ! où estes
- vous? où suis-je
moy-mesme?quedis-je?que fay-je;
Helas je ne me connois plus. Que.
VOUS
vous m'allez coûter de soûpirs! que
vous m'allez causer de regrets! Heureux
,
helas heureux, si je ne vous
avois jamais veuë 1 heureux, si vous
n'aviez point eu tant de charmes! &
heureux peur-estre, ou moins malheureux
,si vous m'aviez esté infidele!
Ah bouche sacrilege ,ose-tu bien proferer
ces blasphemes ? Pardon, belle
Ame,mon coeur n'y a point de part;
ce n'est qu'un effetpassager de mon
trouble & de mon desespoir
; mes maux
présens ne me feront jamais diminuer
l'estime de ma gloire passée; quelque
affligeant que m'en foit le souvenir
,
il
me fera toujours précieux Non,puis
qu'en Alcidalie j'ay perdu infiniment
plus que tous les biens ensemble
,
je ne
changerois pas le funeste avantage de
.)a regreter le reste de mes jours, pour
tout ce qu'il ya de grand, d'agréable,
ôi de satisfaisant dans le monde. N'avoir
pas connu, n'avoir pas adoré Alcidalie,
n'en avoir pasesté aimé, ce
sont, à mon sens, des néants plus malheureuxque
la realité de tous les maux
qui se puissent imaginer;mais souhaiter
des défauts dans Alcidalie pour en
tirer
tirer la jet de consolation, quelle manie
& quelle impieté? Mettre en ba":
lance sa vertu avec sa vie, ce seroit sélon
elle-mesme,luy faire le plus grand
des outrages. Helas je m'en souviens.
Dans l'une de ces spirituelles & tendres
conversations où vous me charmiez
également l'esprit & le coeurs
Pourquoy pensez -vous, me disiez
vous, que vostre Sexe rende tant d'honneur
au nostre
, & qu'il nous traiter
avec tant de déférence ? Croyez-vous
que cette beautéqui passe si viste,o
la délicatesse
, pour ne pas dire la foiblesse
de nostreconstitution en soient
les feules causes. Non, non, ce sont
les vertus dont on présuposetoujours
que nous sommes avantageusement
pourveuës, & sur tout la pudeur & la^
fidélité que le Ciel & la Nature nous;
ont princi palement donnes en partage.
Voila ce qui nous doit faire mé;J..¡
ter ces respects que vous voulez bien
quelquefois appeller des adorations.
La Vertu, poursuiviez-vous
,
n'è,
point un nom vain & inutile, comme,
ont dit quelques desesperez ; ce n-est
point un fantôme ny une chimere ,
commes
comme ses ennemisvoudroient nous le
faire croire,& comme osent dire ceux
qui ne la connoissent pas, ou qui ne la
connoissent qu'à leur confusion j c'est
à proprement parler, l'ame de nostre
ame, & par conséqnent ce que nous
devons avoir de plus cher. Dans quelque
dérèglement que nostre siecle corrompu
soit tombé, soyons bien persuadez
que le plus grand des crimes est
de préferer la vie à la venu, & de perdre
pour coserver cette vie,la seule chose
pour laquelle nous devons l'estimer.
Oüy, adjoûtiez-vous avec un regard
un peu severe
, mais tout amoureux, encore qu'un usage que je n'excuse,
ny ne condamne, n'exige pas sur ce
point (au moins dans les manieres) de
si exactes régularirez de vostre Sexe
que du nostre ; neantmoins comme
dans le fonds, & pour ce qui regarde
le coeur, ce doit estre la mesine chose,
ie~:'ous l'avoüeray sans déguisement,
quelque tendresse que j'aye pour vous,
l'Emerois mieux vous voir sans vie,
que de vous voir infidelle. Ce n'est
point l'interest de ma gloire,c'est ceiuy
de la vostre qui me fait parler de la
i.
forte,
sorte; &, ne vous plaignez point de ce
sentiment, puis que c'etf le party que
j'embraderois pour moy-mesme.Voila
,
belle Alcidalie
, comme vous raisonniez
; mais ce nettoient pas de ces
paroles qui ne font que des paroles,
encore moins de cesditcoursdécevans
& arreccez pourcouvrir adroitement la
honte du vice,ou pourinsulter malicieusement
à l'honneur de la vertu.
Vostre coeur & vostre bouche ont toujours
esté parfaitement d'accord, &
vous ne VOIis estes jamais démentie.
Helas que de défauts en moy , que de
mérite peut-estre en d'autres Amans,
& que d'avantages qui se font presentez
pour vous, auroient pu ébranler
toute autre confiance que la vostre
mais faisant justice à mon amour, vous;
m'avez fait grace sur tout le reste , &:
vous m'avez confervé vostre foy pure
avec une fermeté qui faisoit mon bonheur,&
le desespoirdemes Rivamcw
Alcidalie, puis-je sans expirer penser k
toutes vos bornez ? à cette fage, mil
engageante retenuë
, avec laquelle
vous reçeustes la déclaration de mer
feux; à cette équitable & judicieui¡]
conduit?
conduite dont vous avez sçeu entretenir
ma persévérance; & à cet aveu si
plein de modestie &: de tendresse dont
vous avez enfin couronné mon amour?
Je me perds en repassant en mon esprit
vostrebonté à me souffrir ; vostre generosité
pour mes interests; cette pleine
confiance en moy pour les vostres;
cette complaisance si obligeante pour
tout ce qui avoit quelque relation à
moy ; tant de douceur dans vos entretiens
, tant de sincerité dans vos paroles
;ce caractere amoureux & spirituel
dans vos Lettres; enfin dans toutes
vos actions toutes les marques du plus
noble,du plus tendre, & du plus parfait
amour qui fut jamais. O mort doublement
cruelle, & de m'avoir osté
Alcidalie ,& de diférer à m'y rejoindre
, toute inhumaine que tu fois, tu
ne pourras t'en dispenser dans peu. Tu
me fuis, inexorable ,mais je te chercheray
par tout où il me fera permis.
C'est en vain que tu resistes à mon
amour;sa force égale la tienne,&s'il
» a pû parer le barbare coup dont tu
viens d'immoler Alcidalie; s'il n'est
pas en son pouvoir de forcer leDestin à
me
me la rendre; du moins il sçaura trouver
le moyen de me redonner bientôt
à elle, en avançant lafin de mes jours.
Oüy , amour doux & sensible;ouiy,
mort dure & implacable,je vous uniray
l'un & l'autre en ce point malgré
vos oppositions,& de l'amour& de
la mort jevay faire le mêlange d'une
mort vivante & d'une vie mourante
d'amour. La tristesse qui regnera dans
mon ame ,
repandra au travers de mes
yeux affligez tant de noirceur & de
tencbres sur jous les Objets que j'approcheray
, que les jours ne feront
plus des jours pour moy , & que je ne
m'appercévray pas s'il y auraencor un
Soleil dans l'Univers. Les nuits ne feront
des nuits à mon égard que par
l'horreur qui leur est ordinaire;& le
repos qu'elles donnent à toute la Nature
,fera le temps de mes plus cruelles
inquiétudes. Que si quelquefois
mes forces abbatuës font contraintes
de ceder à la douce violence du
sommeil ,helas que je crains déja les
cruels momens qui viendront le finir,
& m'enlever de nouveau mÓ Alcidalie?,
Agréables illusions d'une Ombre li.
chere,
chere
, que je vous payeray cherement
! Cependant vous ferez le seul
soulagement que je permettray à mes
desirs. Mais helas vous ne viendrez
pas toujours à leur gré. Oüy, belle
imaged'Alcidalie, soit que je veille,
soit que mes ennuis me souffrent quelque
assoupissement
, vous ferez l'unique
consolation dont je feray capable;
celle-là seule exceptée,je me précautionneray
à toute heure contre
tout ce qui pourroit adoucir mes peines,&
j'y prendray autant de foin que
les Personnes heureuses en appor tent
à garantir leurs plaisirsde tout ce qui
les peut troubler. Tout ce qui me détournera
de la profonde & perpetuelle
application à méditer mon infortune,
me tiendra lieu d'un nouveau suplice;
& mon seul recours dans ces gesnantes
conjonctures, fera de me rejetter
tout entier au centre de ma douleur.
C'est là que je penseray inceffammenc
à Alcidalie
, & que je ne penseray
qu'àelle; que tous mes momens feront
pleins d'Alcidalie , &que toutes
les puissances de mon ame en feront
leur continuelle occupation; jusques
à ce que dans le repos du tombeau
j'alle retrouver ma chere
, monaimable,&
ma bien aimée Alcid.
L'Excès de sa douleur luy oste la
voix; laissons à ses Amis le soinqu'ils
doivent prendre de luy en cet état, &
tournons nous, s'il vous plaist, de ce côté, où se faitontendre un autre
Malheureux qui croit peut-estre qu'il
n'yen a point de plus à plaindre que
luy.
Perside, il est donc vray que vous
avez pû me quitter pour un autre,ôc
que ny la grandeur de ma paillon, ny
l'assiduicé de mes services,ny le don de
vôtre foy
, n'ont pû retenir vôtre volage
coeurQue font devenues, cruelle
Personne
, ces assurances tant de fois
reïterées de m'aimer eternellements
comment on pû s'évanouir cette haute
estime que vous fassiezparoistre
pour la fidélité
, & cette aversion si
délicate que vous affectiez pour tout
ce qui pouvoit en blesser jusques aux
moindres apparences? Juste Ciel, à
qui se fier desormais
,
s'il se trouve
des ames assez corrompuës pour faire
servir à la trahison tout ce qui
J con
À
condamne la trahison ? Confus Se
accable d'unévénement si surprenant
& si ternole
, par où commencerayje
à me plaindre ? & que doy
- je
plaindre le plus? Sera ce par l'aveuglement
de cette déloyale
; ou par ma
propre douleur Sera ce son erreur,ou
mon infortune ? Quel revers, ô Ciel,
&quelle chûte! Helas,il n'y a qu'un
jour que dans la possession trompeuse.
du coeur de cette infidelle
, je me
croyois au comble de la prosperité
la plus accomplie ; ce coeur,ce perfide
coeur, me tenoit lieu de toutes
choses, toutes les grandeurs, toutes
les richesses
, tous les plaisirs de la
terre, n'avoient rien qui puft me
donner de l'envie, & je croyois pouvoir
moy-mesme en donner à tout le
reste des Hommes ; & me voila précipité
du faiste d'une si charmante
élevation ,dans un abimed'ennuis &
de douleurs:tout est perdu pour moy,
& jamais perte n'a égalé la mienne.
L'Avare à qui l'on vole ses trésors,
l'Ambitieux qui trouve ses projets
renversez
, le Prince mesme dépoüillé
de ses Etats, ne souffrent rien qui approche
du mortel déplaisir d'un fidelle
Amant que son infidelle Maistresse
abandonnne & trahit; chacun de ces
grands Malheureux n'éprouve qu'une
sortededisgraces ; moy je les ressens
toutes à la fois. L'espérance les soûtient
encore; &quelquefois la Fortune
prend plaisir à leur rendre avec
usure ce qu'elle leur avoit ravy;mais
la perte d'un coeur qui s'est une fois
donné à un autre, ne se repare presque
jamais, & jamais entierement. Je doute
mesme si la mort de la Personne
aimée peur entrer en comparaison
avec ce qui fait le sujet de mon tourment.
Je sçay bien que la feule pensée
de cet autre desastre doit faire fiémir
tout coeur qui sçait aimer; cependant
ce terrible écueil qui luy cause un si
funeste naufrage, en fauve le débris le
plus prétieux, puis qu'il devient un
Port éternellement assuré pour la fidelité
de l'Objet de son amour Comme
c'est une necessité toujours préveuë
que la mort sépare enfin les Amans,
ne peut on pas dire que celuy qui
pleure la mort de son Amante, n'en
regret pas tant la perte qu'il en
plaint le trop prompt depart ? Il est
asssuré de la rejoindre, il n'en appréhende
point le changement ,
il n'a
qu'àse préserver luy mesmede changer.
Dans lechersuovenir qui l'entretient
àtout moment de sa Bien-aimée,
il la retrouve, pour ainsi dire, toute
entiere, puis qu'il la retrouve sans defaut.
Cette réflexion a , ceme rem.
ble, quelque chose de si doux, que si
elle ne guérit pas son arnidion
,
du
moins elle la charme d'une maniere,
que je ne sçay s'il n'est pas quelques
paisirseffectifs
,
moins touchans
qu'une consolation de cette nature.
Mais se voir sacifier par la personne
que l'on aime plus que toutes choses
, & dont on a sujetde croire que
l'on est aimé de mesme ; à un Ennemy
pour qui; si la haine n'est permise
j elle est au moins la plus naturelle
de toutes; voir ce que nous adorons,
nous ôter, nous arracher de ses propres
mains toutes ses faveurs & toutes ses
graces pour enrichir un Rival de nos
dépouilles;un affront aussi sanglants
un traitement aussi barbare, ne reçoit
point de consolation ; il n'inspire
que la vengeance, la fureur, & le desespoir.
Mais ne suis-je point trop
facile & trop ingénieux à me persuader
moy-mesme d'un mal qui peutestre
n est pas ? Mes sens, vos raports
sont-ilsfidelles? mes yeux, ne m'abusez-
vous point ? Helas, que je ferois
heureux, si je n'estois trompé
que par moy mesme !Mais mon malheur
n'est que trop veritabe.La cruelle
, dans le déreglement de son coeur
ôc de son esprit, dédaigne tout cequi
pourroit nous le cac her
: Elle se feroit
un reproche de nos doutes
,
& de
sa contrainte elle se plaist à étaler à
nos yeux route son infidélité. Vous le
méritez bien, perfides yeux , auteurs
de tous les maux que j'endure. C'est
vous qui avez presté aux siens vostre
lâ--lie ministere pour me séduire
; en me la faisant voir vous me
l'avez fait aimer ; en me la faisant
aimer, vous vous estes rendus ses
complices, vous ne sçauriez en estre
punis trop severement : c'est la destinée
des traistres comme vous d'etre
mal traitez par ceux qu'ils ont
le mieux servy. Mais ne feriez-vous
point
point allez ennemis de vous mesmes,
pour trouver encore quelque douceur
dans un supplice si honteux
,
& pour aimer à la voir, toute infidelle
qu'elle est? Détournez, détournez
vos regards d'un Objet si dangereux.
Si je puis gagner ce pointsur
ce mal heureux panchant auquel vous
vous estes abandonnez, je ne desespere
pas que mon coeur soûtenu de
ma raison
, ne puisse guerir des
bteilures que vous avez aidé à luy
faire, quelques profondes qu'elles
puissent estre ; mais helas, mes yeux,
mon coeur, & ma raison
, que je
crains bien que vous ne soyez toujours
d'intelligence avec cette inhumaine
! Mes yeux , vous la chercherez
par tout; mon coeur,vous la dedrerez
sans cesse ; & vous , ma rai son,
vous n'aurez peut estre jamais la force
de resister ny à mes yeux , ny à mon
coeur. Quelle vie plus déplorable
que la mienne va le devenir? Ce ne
fera plus au dedans de moy que de
perpetuels combats entre l'amour &
la haine, entre la tendresse & le ressentiment,
entremes résolutions&mes
foiblesses.Absente
, je la regreteray
cette déloyale,la revoyant, l'horreur
de sa perfidie empoisonnera tout
le plaisir que j'aurois pu tirer de sa
veuë. il y aura des momens où malgré
son inconfiance, je ne laisseray pas de
l'aimer
,
& de me croire moins malheureux
qu'elle vive pour un autre,
que si elle ne vivoit plus; il y en aura
d'autres où je trouveray qu'elle seroit
heureuse si elle avoit rendu son ame
pure & innocente.Jesouhaiterayquelquefois
de pouvoir laver de tout mon
fang la tache de son infidélité, &
d'autrefois atitti je ne l'estimeray pas
digne d'un seul de mes soupirs Je dis
que jeressentiray les gesnes de toutes
ces contrarietez, & je le puis bien dire
helas avec certitude, puis qu'au
moment que jeparle,je m'en sens déja
cruellement déchiré. Beauté barbare,
falloit-il faire succeder tant d'amertume
& rat de troubleàla douceur & au
cal me de nostre amour?Quelle utilité
trouvezvous dans un changement si
déraisonnable?Vostre nouveau Vainqueur
possede-t-ildesavantages capables
de vous justifier?S'il en: vrayqu'en
amour
amour c'estla grâdeur de la passion qui
en fait le principal merite, j'ose défier
toute la terre d'en avoir plus que moy,
puis que personne ne vous a jamais
tant aimé que je vous ay aimée. Helas!
il s'en est peu fallu, ingrate, il s'en
est peu fallu que je n'aye dit autant
que je vous aime, & je ne sçay si au
défaut de ma bouche mon lâche coeur
ne le dit point encore. Injusteque
vous estes
,
quel reproche pouvezvous
légitimement me faire? Je vous
ay servie en Souveraine, je vous ay
adorée comme une Divinité. Non,
vous n'avez ny raison
, ny pretexte,
ny excuse. il faut que vous soyez de
l'humeur de ces Personnes extraordinaires
qui n'aiment le fang que pour
le fang, & qui à la honte de la Nature
,
& par un pur esprit de cruauté
,
se
plaisent à le voir répandre. Inhumaine
, vous ne me sacrifiez que par un
semblable caprice, & pour la feule
joye de voir souffrir la victime que
vous offrez. Hé bien,barbare, goûtez
à longs trai s le funeste plaisirde
ce cruel spectacle ; mais en mesme
temps songez qu'un semblable fort
vous attend, & que vous tiendrez
bientostma place. Oüy, ce nouveau
venu à qui vous m'immolez aujotir,
d'huy, vous sacrifiera dans peu, à vôtre
tout, à quelque nouvel Objet de
ses affections. Vostre coeur ayant perdu
sa premiere innocence, il ne vous
est pas possible de ne pas commettre
plusieursinfidelitez à la fuite d'une premiere.
C'est par là que je prévoy que ds le cours des longueserreurs où vôtre
changement va vous engager,vous
ferez encore souffrir
,
& vous mesmes
aussi souffrirezsouvent, les peines
de ces fortes de sacrifices
,
jusques
à ce que l'habitude vous en ait osté le
sentiment. Quejevousplains dans un
état si indigne de ce que vous avez
esté Vous commencez une carriere
où vous ne manquerez pas de compagnie
, mais d'une compagnie qui
devroit vous donner de l'horreur.
L'emportement & l'oubly de vousmesmes
qû vous en ont ouvert l'entrée
, vont se joindre au trouble & à
l'inquiétude, pour vous accompagner
dans vostre course; & quand vous ferez
au bout, tous ensemble vous livrerout
vreront au mépris, & ce mépris au
desespoir ou à la stupidité. Arrestez,
iml- heureuse, arrestez; detournezvous
d'un pas feulement, & vous
pourrez éviter le precipice où vous
courez; sortez, sortez promptement
de ce labyrinthe
, avant que d'en avoir
franchy le premier détour; prévenez
les égaremens infaillibles où il
conduit, il en est encore temps. Quelque
coupable que vous soyez, pour
devenir innocente, vous n'avez qu'à
le vouloir, il ne faut qu'un soûpir ralumé
au feu de nostre premier amour,
il ne faut qu'une larme formée de
quelque reste de ce sang pur qui animoit
vostre coeur lors qu'il m'estoit
fidelle. Au nom de cet amour autrefois
si fort & si tendre, laissezvous
toucher à mes prieres, ne diferez point
ce salutaire retour à un temps où le
nombre de vos années, & la retraite
de vos Amans,luy feroient perdre tout
son merite. Mais l'insensible & l'insensée
qu'elle eH: ,
elle dedaigne mes
conseils
, & meprise lesperils qui la
menacent. Mon coeur dés longtemps
prévenu pour elle, ne s'estoit que trop facile
facilement attendry; l'amour & la pitié
alloient le faire succomber
, mais
puis que son orgueil & son endurcissement
la retiennent, n'ayons plus pour,,
elle que de la pitié sans amour.Venez,
venez à mon secours
,
ô la plus belle
& la plus fidelle de toutes les Maîtresses
, qui de vos Amans faites de
genereux Rivaux & de parfaits Amis,
que vous sçavez satisfaire tous sans
interesser vostre chaste & noble fierté
; c'est vous quej'implore, charmante
gloire, qui n'estes autre chose
que l'amour de la vertu, & qui en
cela feu1 elles plus estimable que toutes
choses
; c'est vous qui donnez de
justes bornes à nos desirs, & d'équitables
loix à nos passions.Vousue
nous defendez pas d'en avoir; vous
ne cherchez point par de vains raisonnemens
& par de fabuleux exemples
, à nous persuader que nous n'en
avons pas, ou à nous en cacher quelqu'une
; mais vous nous en reglez
parfaitement l'usage. Vous ne nous
dites point que l'on ne peur haïr ce
que l'on a une fois bien aimé; vous
ne dementez ny nos sens,ny la nature,
ny
nyla voix publique; maisvous nous
apprenez à surmonterces mouvemens
impetueux qui sçavent si bien nous
convaincre au dedans de nous mefmesque
les plus grandes haines viennent
des plus grandes affections. Si
vous ne commandez pas absolument
de détruire un Autel sur lequel nous
avons sacrifié, ny d'abatre une Idole
que nous avons adorée, vous nous ordonnez
au moins d'avoir pour un Autel,
profane toute l'aversion que sa.
profanation mérité; vous nous défend
dez le culte d'une Idole qui n'estplus
qu'unvain Simulacre, & vous nous
en inspirez un juste mépris. En nous
recommandant de vous suivre, vous
n'approuvez pas en noîs des emportemens
indiscrets contre ce quivous
est contraire; mais aussi vous ne pouvez
souffrir sans indignation ces basses
complaisances & ces lâches flateries
, pour des déréglerons directement
opposez à vos Loix. Enfin en
tout état & en toutes rencontres,vous
nous conduisez avec une juste moderation.
C'est vous, ô Reyne des belles
Ames , qui m'assisterez dans les
combats
combats que j'auray encore à soûtenir
contre un reste de tendresse qui
pourroit se revolter en faveur de mon
Infidelle, & qui me ferez triompher
de sa malice & de mes foiblesses. Vous
allez me degager d'un indigne esclavage
, vous allez me rendre un coeur
tout libre; mais je ne le veux recevoir
que pour vous le consacrer de nouveau
sans resèrve,& pour tout le reste
de mavie.
C omme toutes choses se reçoivent
à la maniéré de ce qui reçoit, je ne
doute point que par la raison de la
diversité des humeurs, & mesme par
un pur jeu d esprit
, on ne puisse faire
parler d'autre façon les deux Personnes
affligées qui font le sujet de nôtre
Proposition, qu'il ne foit aisé de
leur prester d'autres sentimens. Mais
pour moy j'estime qu'en fait de passions
,
il est bon d'accorder autant
qu'il se peut le naturel avec l'héroïque,
& sans trop s'écarter du premier
,
de tendre toujours au second.
Il est des galanteries serieuses
, & il
enest d'enjoüées ; les unes& les autres
ont leur mérité & leur grace.
Cela
Cela présupposé, & que le propre de
l'honneste & du galant Homme, soit
un panchant égal vers la gloire, &
l'amour selon le sens allegorique de
nostre petite Fable de Psammette sur
l'Horloge de Sable. Cela, dis-je,presuppose
; Du caractère dont nous paroissent
ces deux illustres Malheureux
que nous venons d'entendre,il est facile
de juger qu'ils font Personnes à
tenir parole. Toute la diference qu'il
y aura, c'est que la douleur du premier
ne fera pas toujours si aigre ny si
violente; le temps le rendra s ciable
& civil à peu pres comme auparavant
mais enfin il aura toujours le coeur
penetré de la grandeur de sa perte,
& sa fidelle melancolie
, quoy qu'elle
paroisse plus languissante à le conduire
à pas plus lents au sepulchre,
ne laissera pas de l'y faire tomber
avec elle. Pour le second
,
la cure
n'en fera ny trop difficile ny fort
longue;sa resolution fortifiée de l'abfence
, guerira parfaitement ses bleffures
, & les fermera G bien,qu'à peine
en restera-t-il quelque legere cicatrice.
l'estime donc que le premier a
beaucoup
beaucoup plus à souffrir que le second.
La mort fait des maux sans remede;
l'infidélité porte le fien avec foy, comme
ces Animaux qui fervent eux-mesmes
d'antidote à leur venin; c'estun
Scorpion qu'un Homme de coeur
écrase de bonne heure sur la playe.
Quand un coeurgenereux a perdu ce qu'il
aime, > Il ne luy refle qtfa mourir;
JMoeù quand on le trahit, il n'en efi pat
de rnefrne,
Sagloire a foin de le guerir.
Je vont trvoye plusieurs Devises &
Emblèmes propres à efire gravées pour
des Cachets sur dtferens ejfets de l'Amour.
Ce qui lest proposé IÀ-deffm dans
le dernier Extraordinaire ayant fait naître
au mesmeMrGardien
,
dont je voiu
viens de parler ,
l'occajion d'y donner
quelques heures du peu deloijîr que luy
laissent ses emplois, il a fait les quatorze
premières que vous trouverez, dans cette
Planche*
siX
EXPLICATION
DESDEVISESDE
CETTEPLANCHE.
I. uN Livre de Blanque fermé, avec
un Poinçon dans les feüillets, &
ces mots, l'attens mon fort. Pour representerl'état
d'un Amant apres une
déclaration damour.
II.
Une Lampe dont l'huile & le feu
font sur le point de manquer,avec ces
mots, Ne le pai nourrir,c'est l'éteindre.
Pour un Amant à qui on ne donne aucune
espérance. [! MI.
UnEncensoirfumantdel'Encens
quis'ybrûle,misau pied d'un Autel,
avec ces paroles, lemeconfirme enadorant.
C'estl'image d'un Amant parfaitement
resigné.
IV.
Une Lanterne sourde
,
& ces mots
Italiens,
Italiens,Nonsivedràmio fuocosenza
commando. Pour un Amant qui aime
en lieu élevé.
V.
Une jeune Plante de Vigne vierge
, dont les silamens s'accrochent,
& ces mors, Si le m'attache, j'iray
loin. Pour une belle Personne qui n'est
point engagée, & qui se fent le coeur
tendre.
VI.
Le mesine Corps, avec ces paroles,
Enm'attachant Je croistoH>otiri,
Pour marquer une premiere passion
qui est ordinairement très violente.
VII.
Une Ortie fleurie, & ces mots
Italiens
, Gravi para punture. Pour
une jeune Personne
,
dont la fierté
présage beaucoup de rigueurs à ses
Amans. f; VIII.
Un Oranger sous un Rocher ou
Montagne
, & le Soleil au delà de la
Montagne, avec ces mots Italiens;
Privo di te morirù. lotir un Amant qui
regrete l'absence de sa Ma»IVelle.
IX.
I X. -
Une Flâme & un Vent qui souffle
dessus, & pour ame, Dolce accenderaI,
violientospegnerai. Rien ne convient
mieux à un Amant délicat qui
ne veut pas estre traité rudement.
X.
Une Cage ouverte ,
dans laquelle
un Oyseau échapé revient, & ces
mots , Ma prison me plaist. Pour un
Amant qui renouë avec sa Maistresse
après s'estre dégagé.
XI.
Deux Flambeaux dont l'un efl;
éteint & fumant, & l'autre allumé &
panché vers celuyqui fume, avec cesparoles
Italiennes, Se 'un fuma, che
l'altros'inchini.Celafait voir que la
flâme d'un Amant revivra malgré la
fumée de la colere, pourveu que la
Personnequ'il aime faire quelque approche.
XII.
La Colere dépeinte par une Amazone,
le Casque en teste
, & baissé sur
les yeux, ayant un Lyon à costé d'elle,
& tenant un Flambeau dont elle heurte
un coeur enflâmé qu'un petit
Amour
Amour tient à la main, avec ces mots,
Fuoco fuoco non strugge. Pour montrer
que le feu dela colere ne détruit pas
ordinairement celuy de l'amour.
XIII.
Un Coeur au sommet d'une Ro-*
che escarpée de toutes parts, & un
petit Amour au bas qui regarde ce
Coeur, avec ces mots, Se non col
piede, al mencon l'ale. Pour un Amant
qui repare l'inégalité de sa naissance
par sa vertu. XIV.
Un Amour qui tournant le dos à
un Miroir rompu, lerepousseavecla
main, & ces deux mots fartais plus.
Pour un Amant qui protestedene plus
revoir une Infidelle.
Les cinq Devises suivantes font de
Âionfieur de B11'J"ItC">tJp. Il vous fera
aisé de connoifire que les trots prernieres
s'appliquent à un Ornant qui ayant
fait une tendre déclarationà(a Maistresse
sans qu'elle luy ait donnéaucune
marque ny .de fatisfattum ny de colere,
attendce quilleréfmdra de son fort.
XV.
XV.
- Un - Cupidon dans un Esquisen
pleine Mer, sans voiles & sans rames,
avec ces paroles
Helas quelfera mon
flrl!
XVI.
Deux Couronnes, l'une de Mirte,
l'autre de Cyprès, & ces mots, Vnt
des ÂfHX endécidera..
XVII.
Un petit Amour assissur un Canon,
dans lequel il met le feu pour l'essayer,
avec ces paroles, Si j'en meurs, ma
mortfera du bruit. Pour marquer que
si apres une déclaration publique,les
cruautez de la Belle font mourir l'Amant,
le bruitde sa mort imiteral'état.!
dyiCanon,qui en crevant tuë celuy
qui l'égayé.
: XVIII.
Un Phénix qui se brûle dans leBucher
qu'il s'est préparé, & qu'il a allumé
aux rayons du Soleil, avec mots,
Peut-on brûlerd'un plusbeaufeu ? Cette
Devises'entend d'elle- mesme ,ainsi
que celle qui suit
XIX.
UnCupidon qui passeleRacloir
sur
sut un Boisseau de Bled trop plein,
avec ces paroles, le rens t'ont égal.
Monsieur de Fuaubert, de Noyon,a
fait les deux premières Devises que VOIU
allez,voir.
X X.
Un miroir ardent exposéaux rayons
du Soleil, & ces mots,Uro , non uror.
Pour une Dame qui donne de l'amour
sans en prendre.XXI.
De la Neige,& ces paroles, Frigus
adurit. Pour un Amant dont les froideurs
desa Maîtresse n'ont fait qu'augmenter
l'amour. XXII.
Une Mer dans la bonace,&un Alciõ
dessus qui fait son nid, avec ces mots,
le bastis dans le calme. Pour une Femme
qui ne se montre ny en còlere,ny satisfaire,
apres une déclarationd'amour.
En voicy quelques-unes EÇfagnotes.
XXIII.
Un Coeur au milieu d'un boüillon
de flâmes, & ces mots, No arrepentido.
Pour un Amant qui aime sans se
repentir.
XXIV.
J XXIV.
La mesme Figure ,
Sala lo merece.
Pour marquer que la flâme de cet
Amant est feuledigne de brûler son
coeur. xxV.
Encor la mesme Figure, Dicheso
por ella. Pour faire voir que cet
Amant trouve son bonheur dans cet
amour. xxv I.
Le mesme Corps, & ces paroles
pour ame ,
Arde con dicha. Pour faire
connoistre qu'on se trouve heureux
d'aimer.
XXVII.
Un Coeur dans la fUme, avec ces
paroles, No se dudc desudolor. Pour
un Amantque les peines de l'amour no
rebutent point. XXVIII.
Un Boüillon de flâmes seul, Se ces
mots Italiens, Cara quarau ardente;
Pour montrer que plus l'amour est violent
, plus il a de charmes. XXIX.
Le mesme Corps, & ces paroles,
Mi "roTM" fin huno, Pour faire voir
qu'un
qu'un Amant a une entiere ifnceriiâ
dans ses desseinsx. xX.ij Le mesme Corps, & ces
paroles,
Sin ella no quiero vivir.Pour un Amanij
qui voudroit mourir plutôt que d
cesser d'aimer.
XXXI. i
Vn Carquois qui n'a point de fléches
y
& ces mots, Leu tiene mi pecho
Pour marquer un coeur entièrement
percé des traits de l'Amour.
fèicy encor treize Dtvifes de Monsieur
Gardien. i
; - XXXII.
Vn Moulin qui dit au Vent qui l'agite
, Nienre da te chegiri e travagli.
Pour un Amant à qui une Maistresse
capricieuse donne de continuelles inquietudes.
XXXIII.
Vn Chien dans une Rouë qu'il fait
tourner, avec ces mots, Pas plus en
imlle qu'en un. Pour un Amant dont
les servicesn'avancent rien aupres de
sa Belle.
XXXIV.
Vne Branche de Mirte pliée en
Cou
Couronne, avec ces mots, Pouravoir
obey. Cette Devise represente un
Amant récompensé de ses complaisances.
XXV.
Une Lampe suspenduë comme
celle des Eglises
, &ces mots, ArJ.
sospesa. Pour exprimer l'inquiétude
d'une Amante qui doute de la fidelité
de son Amant.
XXXVI.
VnSouffletquisouffle surdes Charbons
ardens
, & ces paroles, Avec
mon froid je les embrase. Pour une de
ces Belles dont le sérieux ne laisse pas
d'inspirer beaucoup d'amour.
XXXV II.
La mesme Figure, mais le Soufflet
!unP(UpluséloignédesCharbons
avec ces mots,Si j'en prenou,jen'en
caufeiois pltu. Pour une Belle quicroiroit
borner ses conquestes si elle prenoit
de l'amour. Vn Soufflet se gaste
-quand il a attiré la flâme , & il n'est
plus bon à soufler.
XXXV111.
t Vne Baguete au haut de laquelle
il y a un bout de Bougie & un Eteîgnoir.
(On s'en sert pour allumera&
pour éteindre les Bougies des Lustres.)
Ces paroles luy fervent d'ame, J'allume
& j'éteins. Pour une belle Fantasque
qui se plaist d'avoir des bortez &
des rudesses.
XXXIX.
Vn Lierre autour d'un Chesne, &
ces mots, Heureux de vivre ensemble!
Pour deux Amans satisfaits.
XL.
Vn Violon qui dit à son Archet,
tuopiacer grido, o conto. Pour un
A mant contentouchagrin,selon qu'il
est bien ou mal traitéde sa Maistresse.
XLI.
VneRaquete sur laquelle est une
Balle qui luy dit, Vont ne me recevez.*
quepour me renvoyer. Pour un Amant
dont la Maistresse ne peut conserver
un coeur. XLII.
Vn Diamant dans un Anneau, avec:
cesmots, Atoute épreuve. Cette De-,
vise n'a point besoin d'explication.
XLIII.
Le mesme Diamant, & ces paroles,
jVoly par un autre moy-mesme. Pour
tmJ
un Amantqui reconnoit que rienne
l'étant fait honneste Homme qu'une
sincere & belle amitié.
XLlV.
Vn grand Jet d'ean dans un Bassin,
avec ces mots, De ma captivité ma
gloire.
Des deux Enigmes du Mois davrif.
iln'y a eu que celle dn Tambour
, qui
ait fait faire quelques Explications. le
vous let envoyé,
I. RAssurez.-vous , trop heureux Ennemis
,
LeGrand LOVlScontent devousvoir
si[oûmis)
Veut faire cesser vos allarmes.
Il vous accorde un bien qui paffe vos
fouha t
Tout presl de ViUJdétruirl
, il arreflefis
armes ,
Renonce a triompher , & vous donne lA
Paix.
zAIlez, Galant Mercure> aIJ,tCourÎ'"
des Dieux.
Le faire ffavoir en tous lieux,
ChaujJe'{vos talons & vos AijlU; f
Volez,sans vous laffir & la nuit,& le
jour,
Et pour dire aux*Mortels ces heureuses
tiouvelles.
N'oubliez. Vas vofire Tambour.
GERMAIN, de Caën.
IL LEs conquefies de MArssefont avec
grandbruit,
Le nombre, lefracaijetumulte lesfuit.
En celles de Vénus il faut tout le contraire,
Le fecrettles écartsJefi/ence, & la nuit,
Toute cbofepropre au mistere.
',Ainsidefaites-vousdu MercureFrançois,
Marchez, toûjours en Tapinois,
Les Beautex. ont plaisir À se laisser furprendre
;
Si l'onosoit méfier le grand bruit In
amour ,
Ce feroitalors vouloir prendre
Les Lievres au son du Tambour.
LeDruide LYONNOIS.
IIL
L III. E Mercure Galant va par toute la
p
France
Publier la Paix à son tour s Etpour nous exciter à la réjouiJfaneet
JI ne manque Pas de Tambour.
- JARRES.
IV. AHcest mefaire trop chercher
Ce qu'en vain vous voulez, cacher
Sous lobfcurité d'une Enigme.
Penfet-vous que nousfojons sourds?
Non,non, malgré les tours & détours de
la Rime,
Nous entendons bien lnTambours.
HORDE' , de Senlis.
M V. Ercure que je lis & la nuit, &
leJour
Tant je t'admire, &tant je t'aime i
Certes sansbattrele Tambour,
Tufaiia(fez. de hruittoy-mesme.
MARIE GAUVIN
,
de Chastillon
surSeine.
le reviensa une des Quetfions pre
posées dans le dernier Extraordinaire. j
YOUJ la trouvere*{ traitée avec
beaucoup]
de méthode.
Si l'on doitse marier. sI l'on suposoit que tout ce qu'il y
a d Hommes au monde pussent
estre reformez de l'avis que l'on donnera
, & qu'ils en demeurassent persuadez
au point de s'y conformer, il
est C ûr que pour éviter la perte du
Genre humain par la confusion
, on
par le Céliba:
, on devroitestre pour leMariage. C'est ce qui m'obligeà
ne prendre point de party, & à laisser
à tout le monde le choix des raisons
que j'ay àalleguer pour l'un & pour
l'autre, aussi libre qu'i la estéde tout
temps à la plupart des Hommes de
suivre celles que leur esprit & leur experience
leur ont pû fournir.
DANS
DANS LEMARIAGE,
Les avantages à espérer font,
1. Avoir de la Pofierité.
2.. Vivre dansune libreydouce, &perpetuelle
focitté avec une Personne que
l'onaime.
3. Mettre defon cofiéles Loix,la couflume,
&rintereft de laplus grandepartie
des Hommes) dans la jokijfance des
plaijïrs & des douceurs de la vie.
4. Se lier d'amitié
3
& vivre dans une
étroite confidence avec une Personne qu'on
aime, jusqu'a s'en rendre inseparable,&
par là prevenir les effets de l'emportement,
0. de ces mouvemens soudains dont
les Gens se repentent à loisir.
5. Donner & recevoir lesgages les plus
précieux, & les plusfortes marquesd'une
tendre amitiéqui puissent entrer dans le
çorhmmtrce des Hommes, quifont les Ensans
, IIIpresenceperpetllelle
, le secours
dansles maladies,afflifttos, chagrins3doU"
tesycraintespartager lesplaifirsjes biens,
les honneurs, les desirs , & lespensées,
6. Peut-oncompter pourunavantage
de la vie conjugale, ctluy que de mauvais
principesfont compterpour tel à que!queJ
Femmes mariées3 qui trouvent que le ch,.
min des divertissemens estplus facile À
tenir quand on a pOHi' foy le flambeau de
l'Hymenée que quand onse contente du
voile de la Virginité r
Les inconvéniens à craindre font.
1. Eftrt attachépar des liens qu'on
ne peut rompres& ne pouvoirchAnger de
condition
t
quelque mal qu'ons'y trouve,
quand on a changé dep.ntirnem.
i. Prendresurfoy tous lesmaux, les
chagrins
y
les ennum qui peuvent arriver
à une chere Moitié.
3. Avoir des Enfans qui au lieu d'apporter
de la joye & de la covfolation, ne
font pas plutojl nez., qu'ils deviennent les
tb;etsde nos foinsJesfujets denos craintes,
qui devancent les effets de nofire tentireffe
par les inquiétudes prernaturées
qu'ils nous donnent dés qu'ils commêntent
à eflresensibles a l'arnouryptquez. au
jeu, ambitieux d'honneur, &c. Les Garçons
ont de l'emportement ; les Biles de la
tiij]imulation,& une certaine flupleffiqu;
ttaifi & qui croist toutefeule.
4. 414 lieu d'une ehere Moitié^encontre,
quelquefois ditscequiprend lenom de
Femmt
FerHmeen de Mary» un Cenpeurperpétuel
i un Ennemy domeflique qui étudi.
vos défauts , en tire 4Vanlage, r& tra»
verfeUbonheurdevoflre vie.
1. Ne pouvoir aimer ailleurs sans
trime , & sans courir le risque de voir
ielater une Femme ou un Mary quefin-
Hrefifait veiller sur vos délions.
6. Eflre accablé d'une multitudeel:Ensans
, Garçons à équiper, & Eltes à
Pourvoir.
- Voila une partie des reflexions
qn80D peut faire sur le Chapitredu
Mariage.
DANS LE CELIBAT,
Les avantages font.
Y. La liberté el/aimer en tom lieux^dc
voyager, d'étudier, de choijtr la maniéré
de vivre , &les emploû les pins proportionneralacapacité
>
lesplus conformes'
temps3 a IHnterefl, &à finclination
des Gens. i. Jouir de la quietude&du reposde
lefjrit. Lesfoins ne font point partagez»
cn n'en à que d'une feulepersonne.
3. N*eflrepoint controllé ny rojet à /4
etnfure perpétuelle d'un Ennemy dorneft;---.
tW!. H v
- 4. Tout ce qui lAppelle inconvénient
dans la condition des Gens rnariet,tO/rne
À l'avantage duCélibat.
f. On n'a ny le foin ny le bruit d'une
multitude denfans,d'inclinations & de
capacitéz. toutes d'ferentes.
6. PneFillenecourt pointlesrisques
de l'accouchement
» ny un Garçon celler
d'y voir soufrir, & d'y perdre ce qu'il
aimesi legitimement.
Les inconveniens font.
J. La solitude.
2. Le peu d'assurance qu'ily a dans
Faffeftion& dans lafidélité ordinaire de
tout ce qui s'appelle e domestique.
3.On fera regardé deses Parens &de
ses Amis,comme uneproye quela Nature
leur JeflineJ& que le terns leur doit livrer.
4. Point de tendresse quinterejfée de
qui que ce foit. Le Genre humain regarde
un vieux Garçon commt un Homme
qui fait profession d'avoir de la dureté
pour tout le monde, &il n'cft plta personne
qui n'en ait pour luy.
1.
- 5. IDigne'{que les desordres de la vie l'on voit donner la plupart de ceux qui
vtMiat éviter U lien smjugAl
>
font les
effets
effets & les accompagnement ordinaire*
auCeLibat;auLieuqtie
Quand Dame Concupiscence
Vouséguillonne, & vous lance,
il est facile aux Mariez, d'imposerfilenct
a cetteDarne, & d'appaiserpar desvoyes
toutes légitimés une passionrebelle.
Enfin quand vous aurez envisagé
distinctement tous les avantages 6c
tous les inconveniens dont je vous
donne icy les paralelles, il faudra encor
raisonner sur chaque Article en la
maniere prescripte dans le Mercure
Galant du Mois d'Octobre 1678. page
140. Je ne repete pas icy cette maniere,
parce quec'est une Regle générale
pour tous les points de Moralité.
a
A toutes ces considerations chacun
peut encor ajoûter les reflexions
particulières qu'on doit faire sur sa
propre condition, sur les qualitez des
Personnes qu'on peut regarder comme
des sujets de Mariage , & sur
l'état des affaires de l'un & de l'autre
party) & il n'y a d'ordinaire que ces
dernieres
dernieres reflexions qui déterminent
au Mariage, ou au Celibat.
Le Fïrelay que vous AI/et voir, n'est
fait que pour ceux qui en prenant le party
du Celibat, se font reservélaliberté
d'aimer en tous lieux. Il efi d'une Dame
de Province qui a infiniment de l'ejprit.
VIRELAY. 0L'étrange sottise
D'atrner avec franchise !
0 la grandebestise
D'aim r fidjlernerft !
Tout ebAlige &se deguise ,
Cheveux iiairi,tesse grise,
Brunette, blanche & bifè,
Païsanne & Marquife»
Sous l'or & fous lafrist,
Touttrompe égalementi
0 l'étrange sottise
D'aimer avec franchise !
L'une veut àl'Eglise
Conduire son Amant,
Et cellecy nevife
.Zdà le mettre en çhernfe*
L'.Il'
L'une le tyranife>
L'autre le dtvalife,
Amour n'est que feintise
»
Que rufe, & que (urprife;
jQuc si la convoittfe
Dans une ame s'atttfe>
JI passe en un moment.
Vn petit vent l'aignifes
Maid une grosse bife
L'éteint facilement.
JI n'est plus d'Artemise
Qui jusquau monument
Garde la foy promifey
La confiance efilourdise,
Et vertu £Allemand.
0 la grandesottise
D'aimer ifdellement!
Vivre sans entreprise
Et sans attachement,
Est une coû'ardife ,
YTJe faineantise,
Et principalement
Lors que la rnarchandifc
Vaut nostrechalandise. une beauté nous dosse,
.Que le coeur nous en dise,
Je veux qúon la courtise,
Et qu'on lagalantise, s~
Que de son oeilcharmant
Nostre ame foit éprises
Qu'onl'aime tendrement
Avec empreJlèment,
Petits soins, mignardise.
/* <. Que si L'évenement
Yeus qu'on vous la seduise,
Et qu'un autre l'induise
A quelque changement.
Et quelles*en avise,
le veux qu'onse conduift
Avecquejugement,
Patience, accortise,
Qu'onflate & catechise.
Ph avertissements
Vn mot, un sentiment,
Quelquefou la Yavife;
Je veux qu'on s'humanise,
Quon pardonne aisément
Viefaute commise ;
Peut-efireest-ce surprise,
Ignorance, ou fiintife,
Ou rnauvaife hanttfe.
Afaû que l'on en médift
Quel'onlafcandalife,
Que l'on la timpanifè,
Et qu'on imrnortaltft
Son Mécontentement,
El
Et [on ressentiment,
0 la grandefùttife !
Chacun aime à sa guise,
C'efl la vieille devise,
Mais le foufollement,
Le fage fagernent ;
Le fou court à la ¡ri[e,
Uautreplus finement
L'attend à la remise
Le fou se fvrmalife,
Proteste, verbalift ,
Le fage temporlfe,
Se taifl & rnoraLtfe,
Et sans que trop luy cusses
Se, grate feulement;
Le fou croit tout de mise
Dans son emportement
Le fage se maistrise,
Et quand on le méprife*
Ou quand on favorise
Vn autre avortementy
Il trousse sa valise,
Et dit tout doucement
Tonte chaîne se bnfe,
Tout changemcejfamment*
Penus changeait Anchife3
Son Ftls changeait Eltfe%
Denis ebangeoit Lojjle
Louis
Louis change Denise,
Tout changé & Je divise
En ce bat Element.
0 l'étrangesottise
D'aimer avecfrAnchise !
0 la grande befiife
D'aimerfide/Jement
JMonfieurduRosier afait la Piece qui
fuit. Elle efi pleine de Recherches trescurieuses.
QUELLE EST L'ORIGINE
DE
L'ARCHITECTURE.
L'Architecture est le plus ancien
de tous les Arts. Elle a commencé
avec le Monde. Les premiers Hommes
n'estoient encor vétus que de
Peaux, & ne vivoient que de Fruits
lorsque Caïn bâtit uneVille,& Tobal
des Tabernacles.Il faut que les Egyptiens
& les Grecs,qui se vantentd'estre
les Inventeurs de tous les beaux Arts,
le
le cedent aux Hébreux en cette rencontre;
puis quelaVille d'Enoch est
plus ancienne que Diofpolis, Sicyone,
Argos, & Athenes.
Lanecessité de l'Architecture en a
bien
- tost fait trouver l'invention.
Avant mesme que les Hommes s'assemblassent,&
vécussent en societé
,
chacun
se mettoit à couvert, & tâchoit
par quelque habitation, d'éviter le
froid, & les injures de l'air. Les uns firent
des Cavernes dans la Terre pour
se mettre; les autres firent de petites
Huttes de feüilles,& de branches d'arbres
pour se couvrir. Mais quelqu'un
ayant remarqué le Nid des Hirondelles,
il imita l'industrie de ces Oiseaux,
& se fit un logement plus propre &
plus commode. Anlugelle, dit que ce
fut un certain Doxius qui fit cette découverte,
Mais Caïn estant sans contestation,
le premier qui ait bâty, il y a
bien de l'apparence que ce sur luy qui
trouva cette invention. Quoy qu'il en
foit, le Nid de ces Oiseaux n'estoit pas,
un méchant modelle. On ne pem rien
voir de mieux joint, & de plus ferré.
Pline enrapporte une chose admirable.
Il
Il dit qu'à l'embouchure du Nil, près
Bocarré en Egypte, il y avoit un glacis
& une chaussée bâtie entièrement de
Nids dHyrondelles
,
qui avoit presque
une stade de long, & si forte
qu'elleresistoit aux inondations de ce
Fleuve. Il ajoûte qu'il y a dans le mesme
Païs, une Isledédiée à la Déeïïè
Isis,que les Oiseaux remparent & fortissent
tous les ans, de peur que. le
Nil ne l'entraîne En faut-il davantage
pour apprendre aux Hommes,
l'Art de bâtir& de fortifier?
Cette façon rustique de bâtir dura
longtemps, & se répandit dans toutes
les Parties de la Terre, où l'Architecture
estoit en usage : car il y a des
Nations entieres comme dans le Nouveau
- Monde
,
où les Peuples vivent
fous des Tentes. Vitruve dit que de
son temps on bâtissoit ainsi dans les
Gaules, en Espagne
, & en Phrygie.
On bâtit encor de cette forte dans
quelques Provinces de France, où la
plupart des Maisons font de bois,Se
de terre; & à Paris mesme, où il y a
un grand nombre de moilon , &de
plattas.
La
La Brique& la Pierre ayant sucredé
à des Matereaux si simples & si
grossiers,l'Homme quin'avoitbâty
quepour la necessité,bâtit ensuite pour
le plaisir,& pour l'utilité publique.Eurialus
& Hiperbius, deux Freres Athéniens
,
furent les premiers au rapport
de Pline, qui embellirent leur Ville de
Maisons de Brique. Cadmus trouva
l'usage de la Pierre,mais neanmoins selon
Josephe
,
les Hebreux se servoient
déja de la Pierre, & de la Brique, puis
que Seth & ses Enfans pour conferver
à la Posterité
, ce qu'ils avoient
inventé de
l'AtÏro',oP-ie
,
firent élever
deux olomnes l'unedePierre, l'autre
de Brique, sur lesquel es ils firent graver
ce qu'ils avoient observé des choses
Celestes. Cette Remarque fert encor
à prouver l'antiquité des Colomnes
, qui fait un des Ordres de l'Architecture.
Le Marbre qui fert aujourd'huy à
la magnificence desBâtimens, estoit
fort commun dans la Grece. On s'en
servit d'abord plus pour sa dureté
que pour sa beauté, mais depuis
ql\on eut découvert le Marbre de
- l'Isle
l'Isle de Scio, on en fit l'ornement des
Maisons, & desTemples.On dit qu'un
certain Mamurra fut le premier à Rome
qui en reveftit les murailles de sa
Maison. Les Juifs n'avoientpointl'usage
du Marbre. Le Temple de Salomonestoit
bâti d'une Pierre blanche &
fort polie, & lesOrnemensencroient
d'or, & de bois de Cedre Les Pyramides
&les Obelisquesd'Egypteestoient
d'une Pierre marquetée de Grains
noirs, blancs, & rouges.
Voila pour la nature des Matereaux.
Les Autheurs profanes ne conviennent
pas du premier qui les a mis en oeuvre.
Diogene Laërce dit qu'Epimenide de
Crete
,
est le premier de tous qui a
bâty. Vitruve prétendque ç'a esté un
certain Pythius qui édifia un Temple
de Minerve. Aristote croit queThrason
a le premier fait des Murailles, &
que les Cyclopes ont invété les Tours;
Mais Théophraste attribue cette invention
aux Phéniciens. Enfin ces Autheurs
ne font pas plus d'accord touchant
la premiere Ville qui a esté bâtie.
Pline & Justin veulent que Cécrops
ait construit laVille d'Athenes longtemps
temps le avant Déluge.Strabôsoûtient
que c'est Argos bâtie par Phoronens
au raport d'Homere. D'autres prétendent
que ç'a esté Sicyone, d'autres
Diofpolis. Mais il est certain,comme
j'ay déja dit, que Caïn a bâti la premiere
Ville du Monde.
Quoy qu'il en foit, l'invention de
bâtir est bien diférente de l'Architeéture
figurée & embellie, ou de ce
qu'on appelle fimetrie dans le Bâtiment.
Celle là avoit eu pour origine le
Nid des Hirondelles, celle-cy s'il m'est
permis de conjeaurer sur un Art qui
ne doit pas toute son invention au hazard
,& au caprice (comme quelquesuns
ont pensé,) celle-cy, dis-je, peut
avoir eu pour modele l'ouvrage des
Abeilles. Où peut-on voir plus d'ordonnance
& de régularité? Rien n'est
plus juste, ny mieux compassé que leurs
petites logetes. La situation & la diversité
des appartemens y est observée,
enfin l'Art ne peut rien faire de plus
solide & de plus mignon.
Mais pourquoy chercher si loin
l'origine de l'Architecture? L'Homme
ne trouve-t-il pas en luy-mefmc
l'Art
l'Art de bâtir avec simetrie ? Le corps
humain est la maison de l'ame. Elle
luy a h.(pire de faire pour luy
, ce que
la Nature avoit fait pour elle. Cette
jtuesste proportion qu'on voit dans touses
parties,ne luy a-t-elle pas fourny
l'idée de l'Architecture la plus réguliere,
De l'exacte observation des parties
qui composentl'Homme
, on a fait
cette Regle d'Architecture qu'on appelle
l'Eurithmie, qui consistedans la
justesse
, & la conformité que les pieces
d'un Bâtiment doivent avoir entr'elles.
Je croy que cette ressemblance
a fait naistre l'opinion qu'un excellent
Architecte devoit estre Medecin.
Savot se tuë de le prouver. Il ne le
fait pas sans raison
, puis qu'on demeure
d'accord que la Medecine est
necessaire pour la
-
perfection de cet
Art; & que les Maistres ne l'ont pas
oubliée dans le denombrement qu'ils
ont fait, des qualitez d'un bon Architecte.
Il faut qu'il sçache la Geometrie,
la Perspective, la Peinture, l'Histoire
,& la Philosophie. Il me semble
qu'il ne doit pas aussiignorer la Sculpture.
pture. C'efl d'elle que l'Architecture
emprunte tout ce qu'elle a de fin
, &
de plus delicat. On peut dire de ces
deux Ans, qu'ils font Jumeaux
j &
qu'ils ne peuvent se passer l'un de l'autre.
V n Bâtiment, pour simple qu'il
PllitTe estre
, a besoin desimetrie, &
de regularité. Mais la grande & lanoble
Architecture doit porter plus loin
ses idées: car si elle se conforme sur le
corps humain
, comme sur son plus
parfait modelle
,
il y a autant de diference
entre une Maison commune,&
un Palais, qu'entre un beau Corps,&
un Corps vulgaire.
On doit à Pythagore, ou à Théodore
Samien
,
l'invention de la Réglé
& du Niveau. Quelques autres
assurent
que c'est à PenthésileReynedes
Amazones; ce qui fait voir que l'Architecture
a esté longtemps inculte,&
grossiere
,
puisque chez les Grecs mesmes,
on a bâty pendant plusieurs Siècles
, sans regle & sans simetrie.
La coutume qu'on avoit d'orner
les Maisons des Triomphateurs, d'Armes
& de Trophées: a donné lieu
aux ornemens de l'Architecture. On
peut
peut dire aussi que les Arcs de Triomphes
ont ptis de là leur origine. Pline
dit que l'invention d'orner les Colomnes,
de Vases & de Chapiteaux,
commença au Temple d'Ephese.D'autres
racontent que Callimacu prit le
modelle des Chapiteaux sur le Tombeau
d'une jeune Fille de Corinthe. Sa
Nourrice ramassa sur sa Sepulture
quelques pierres, & quelques pots
cassez, qu'elle couvrit d'une grande
tuille
, dont elle luy dressa un petit
Tombeau à la mode du Paîsi mais la
Nature ayant fait pousser dessous, une
racine d'Achante , qui dans le Printemps
couvroit le Tombeau de ses
feuilles, ce Monument quoy que rustique,
fut trouvé fort agreable.
L'Ordre Corinthien a pris de là son
nom, comme le Dorique de Dorus
Fils de Neptune, pour avoir bâti un
Temple d'une invention nouvelle. Je
ne parle point des autres ordonnances
, tout le monde sçait qu'il y en a
cinq principales. Mais que je sçay bon
gréaux Architectes modernes, d'avoir
banny l'ordre Gothique comme
indigne de l'Architecture ? il
seroit
seroit à souhaiter qu'on pût entièrement
abolir en France cette bizarre
maniere de bâtir. Grâces au Ciel nous
nous sommes délivrez de tout ce que
les Goths nous avoient laissé de grosfier
, & de barbare dans les Arts, &
dans les Sciences,il n'y a plus que ce
mauvais goust qui regne encor dans
quelques-uns de nos Bâtimens. Mais
on doit esperer de le voit finir sous le
Regne d'un Prince, qui a tant de delicatesse
pour les beaux Arts, & qui
se connoist si parfaitementen Architecture.
Le Louvre & le Château de
Versailles qui paroissent plûtost: des
Palais enchantez
, que des Ouvrages
de l'Arc, font voir aux Curieux que ht
France ne cede point en Bâtimens,
aux Nations les plus polies. Où peuton
voir de plus grandes idées, plus de
justesse, & plus de magnificence
L'Architecture s'est donc toûjours
perfectionnée. Les premiers Hommes
l'ont inventée,les Rois l'ont embellie
,
les Dieux mesmes s'y font apliquez.
Apollon & Neptune bâtirent la
Ville de Troye. Minerve éleva des
Tours, & prit plaisir à l'Architecture,
Pallas,quas condidit arces, Ipsacolat.
Comme detous les Arts il n'yen a
point de plus necessaire dans la vie,
il n'yen a point qui merite mieux d'être
emblly. C'est là oùlamagnificence
est dignement employée ôcvït
la profusion semble estre permise.
C'est ce qui fait l'ornement & la majesté
de l'Empire. On parle avec éton
-
nemement de la dépense que lespremiers
Romains faisoient dans leurs
Bâtimens. Pline raporte que Matcus-
Scaurus estant Edile, fit venir à Rome
trois cens soixante Colomnes de Marbre
,
de trente- huit pieds de hauteur,
pour faire un Theatre qui devoit servir
un mois feulement.
Mais l'Architecture avoir fait paroistre
longtemps auparavant son industrie
, ik sa magnificence dans la
structure des Murailles de Babilone,&
des Jardins admirables de la Reyne
Semiramis,où elle employa plus de
trois cens mille Hommes l'espace de
plusieurs années. C. est une chose assez
remarquable, qu'excepté le Colosse de
Rhodes, & la Statue de Jupiter Olimpien,
pien , on doiveàl'Architecture les
sept Merveilles du Monde,& que l'Egypte
air esté le plus beau Theatre de
ses Miracles. Son Labyrinthe qui servit
de Modele à Dédale pour bâtir celuy
de Crete
,
contenoit seize Aparté.
mens magnifiques, pour loger les seize
Gouverneurs de l'Egypte , & on y
rencontroit tant dechemins, & tant
de detours qu'à peine en pouvait- on
sortir.
Cet Art ne parut pasmoins superbe
dans les Pyramides & les Obelisquesdes
Roys d'Egypte. Vne feule
fut l'ouvrage de six cens mille Hommes
pendant vin gt années Herodote,
Diodore, & Pline parlent de trois
Pyramides admirables, dont C hemis,
Cephus, & Mycerinus furent les Autheurs.
Elles furent ainsi appellées de
la ressemblance qu'elles avoient à la
flame qui s'éleve, ou de la Pierre dont
elles estoient construites,qui tiroit son
nom du mot Grec Pyr
,
quisignifie le
feu.Strabon dit quelque chose de particulier
de l'origine dela troisiéme.
Vne Courtisane nommée Rodope
estantdans le Bain, un Aigle enleva
un de ses Souliers des mains de sa Suivante,
& le porta dans le sein du Roy.
Le Prince étonné de cetre merveille it chercher cette Femme, & l'ayant
trouvée dans la Ville de Naucrate,l'épousa,
& après sa mort fit élever cette
pyramide pour l'amour d'elle.
Pline attribuë l'origine desObelisques
à Mitrés Roy d'Egypte. Mais elles
pourroient bien avoir pris ce nom
de celles que le Roy Pharonfit placer
dans le Temple du Soleil. L'Histoire
qu'en fait Herodote est rare, &
curieuse. Ce Roy ayant jette une Flêche
dans un Fleuve qui estoit sacré
aux Egyptiens, il perdit la veuë dans
le moment mesme. Il sur dix ans aveugle.
L'onziéme année l'Oracle
qu'il avoitconsulrérepondit, qu'il recouvreroit
la veuë, s'il lavoit ses yeux
de l'eau d'une Femme chaste, & fidelle
à son Mary. Le Roy commença d'en
faire l'draypar sa Femme, mais inutilement.
il éprouvacelle des autres, &
enfin il vid comme auparavant. Mais
il fit brûler toutes ces Femmes
,
hormis
celle dont il avoit esté guery, qu'il
épousaau lieu de laReyne.Estant delivré
livrédece mal- heur, il fie plusieurs
Presens aux Templesmais il en offrit
un au Temple du Soleil digne d'une
éternelle memoire. Ce sur deux
Eguilles de Pierres de cent coudées de
long,& de huit coudées de large.o.l
Obetos vocant à figura veru ,
dit Herodote.
Soit qu'elles ressemblassent à la
Flêche qui avoir causé le malheur du
Prince, ou aux rayons du Soleil, auquel
illes offroit,on a depuis donné le
nom d'Obelisques à ces fortes de Pyramides.
Mais c'est trop m'arrester sur cette
matiere. L'Auteur du Mercure l'a traitée
à fond en parlant de l'Obelisque
d'Arles;& c'est là que les curieux peuvent
trouver tout ce que les Anciens
en ont dit de plus remarquable.
Je ne parle point de la Tour de
Nembrot, parce que l'Architecture en
étoit aussi ridicule, que le dessein étoit
temeraire. Mais je ne puis passer sous
silence,le Temple d'Ephese,&le Tombeau
de Mausole, ces deux Chefd'oeuvres
de l'ancienne Architecture.
Le premier fut quatre cens ans à bâtir,
& soit que Cresiphon en ait fait le
Plan, ou qu'il ait achevé l'oeuvre,il en
a eu une gloire immortelle. De tresfameux
Architectes entreprirent le
Tombeau de Mausole
, & se rendirent
aussi celebres par leur Art, qu'Artemise
par ses larmes. Ils travaillerent separément.
Scopas taillale costé du Levant
, Briaxis ch isît le Septentrion,
Thimotecle Midy,Leochares le Couchant.
Ils se surpasserent de maniere,
qu'on ne pouvoir dire lequel estoit le
plus excellent Ouvrier.
Le Temple de Salomon n'estoit pas
feulement somptueux, & magninque,
il estoit encor d'une Architecture excellente
& finie. Ce Cage Prince avoit
ramasse tous les plus riches Materiaux
pour sa Sructure, & il avoit recherché
tous les plus habiles Ouvriers pourles
mettre en oeuvre. Cependant soit
par vanité, ou parce qu'en effet cet
Art s'etf toujours perfectionné dans
la fuite des Siecles
,
l'Empereur Justinien
fit mettre dans le Temple de
Sainte Sophie, qu'il avoit fait bâtir,
une Sratuë de Salomon qui se cachoit
de honte, de le voir plus superbe
, &
plus magnifique que le sien. Voila
Voila donc jusqu'où l'Architecture
s'est élevée, mais ce qui est surprenant,
c'est que les Grecsqui l'ont portée si
loin, ne nous en ayent rien laissé dans
leurs écrits. Les Romains mesmesqui
ont eu un si grand nombre d'Architectes
celebres, ne nous en ont laisse
que quelques Fragmens. Pline qui
n'oublie rien, & où l'on trouve tant
de choses,n'en parle que soit legerement,
& comme en partant,Vitruve,
Palladius Mérula,marchent à la teste
des AutheursLatins qui ont écrit de
l'Architecture, Sedie. Rusconi, Scarnotzi
,
Tomazo, composent la Troupe
des Italiens. De Serres,delaB-roci.
se ,GejTçm,Bernard>.Qerceaji, de
LÓnle , & plusieurs autres François,
ont traité de cette matiere.
La Science des Bâtimens n'est pas
indigne des beaux Esprits. Le Dieu
qui fait les Poëtes, fait les Architectes
& les Maçons, Il n'y a pas de plus
grands faiseurs de Châteaux en Espagne
que les Poëtes. Tous leurs Ouvrages
sont remplis d'Edifices merveilleux,
& de Palais enchantez.
ky s'offre un Perron, là regne hn
Condor,
Là le Balcon s'enferme en un Balustre
d'or.
Ony voit des Plafonds3 des Rondl)
& des OVAles,
Ce ne font que Festons3 ce ne font
quflyagaler.
Enfin c'est là que l'Architecture étale
ce qu'elle a de plus fin & de plus
exquis. C'est donc aux Poëtes à faire
un Monument tout François à la gloire
de Loüis LE GRAND, en attendant
que son glorieux Regne ait fait
naistre quelque Architecte capable de
luy élever un Arc de Triomphe, comme
il s'est trouvé des Peintres & des
Graveurs dignes de travailler à son
Portrait, & de consacrer son Image à
la Posterité.
HISTOIRE
ENIGMATIQUE. sAns Compltman,Afonfieu du Mar~
cnre , H voa ^'envoyon notte penfeyt,
feye, à qui vou donneréqueu nom i vou
flara. Vou l'arrié zeuë futoji , mas
j'avon fait un viage en Btaujfe pour
acheté dé Mouton
3
& fen éton revenu
aveuc une fiavre tiarfe qui nou Z,a ton démonté
le cerviau.Heureufeman avan que
de party, favion pAr le Tabailionde
Verfaille fait boutre sque ula en langage
àlaCourtisant. Si vou ne le trouvépas
bian, vou Zen fouvé changé t014 cen qui
voupltrasans que fianou déplazc.
Quoy que publient les Italiens&
les Espagnols
, je soûtiens que la Nation
Françoise est celle de toute l'Europe
, & par consequent de tout le
Monde, qui traite l'amour avec plus de
galanterie.Tous les Hommes& ls toutes Femmes y semblent estre nez pour
aimer; & si les exclamations, & les
entousiasmes n'y font pas si grands
ny si frequens que chez les Nations
quej'ay nommées, l'air libre & dégagé,
qui paroist dans toutes lesactions
des François
, & principalement ea
amour, est à preferer aux affectations
dont les autres Pais ontreçen
Futape.
Comme les Anglois approchent
de nous plus qu'aucune Nation de
l'Europe, dans les galantes manieres
d'aimer, le genre d'amour que je
propose icy en Enigme, ne se pratique
parfaitement que chez ces deux
Nations.
Les Amans dans cette sorte de passion,
& l'Objet qu'ils poursuivent,
sont toujours quasi de mesme Sexe.
Les Roys, les Princes,& les plus
grands Seigneurs, font souvent les
plus empressez dans cet amour; &
quand les Particuliers en font atteints,
ce n'estque sous les auspices de ces
Puissances, qu'ils peuvent trouver
moyen de se satisfaire.
Personne, pourveu qu'il trouve quelqueaccès
chez eux, n'est refusé pour
Rival de leur poursuites.
Ils tiennent mesme des Gens à leurs
gages, & ne les entretenant que dans
le seul dessein de les avoir pour Rivaux
, ceux qui se montrent les plus
opiniâtres,sont ceux qui en font les
plusestimez.
Chaque Poursuivant fait de la dépense,&
se donne de la peine suivant
ses
le$ forces pour parvenir à son point;
mais tous n'y arrivent pas en mesme
temps, il y en a pourtant peu qui se
retirent sans estre venus à bout de
leur dessein, quoy qu'il en arrive quantité
apres que les autres se font déja satisfaits.
Il se trouve dans le cours de cet
Amour quantité de traverses, de
tours, <5c de détours;& les chosesqui
dans la fuite d'une autre passion désesperent,
& fatiguent ordinairement les
Amans, fervent dans celle- cy à leur
donner du plaisir & de la joye.
Mais ce qu'il y a d'étonnant, c'est
que ces Gens passionnez
, comme je
vous les dépeins, n'ont ces emportemens
de passion que pendant cinq ou
six heures au plus,& cela va rarement
à une journée entiere. Cependant l'on
peut dire qu'ils conservent toûjours le
levain de la mesme passion dans l'ame,
car ils n'ont pas le plussouvent pris
un jour de repos, qu'ils cherchent un
-Objet,iiotiv,-alis'y attachent comme
au premier,& faisant la mesme poursuite,
s'engagent aux mesmes peines
& dépenses qu'ils ont déja faites,
Ce
Ce qui doit augmenter vostre étonnement
dans cette forte de passion, c'est
que l'Objet qui leur donne tant de
peine,n'est pas plutost rendu à leur
poursuite que la plupart le méprifenr,
& l'abandonnent aux plus brutaux
d'entr'eux
, qui sans songer que ces
premiers ont estimé sa conqueste digne
de leurs soins,le dépouillent cruellement,
&non contens d'un traitement
si barbare, l'abandonnent de
nouveau à de plus brutaux qu'eux, qui
pour se vanger de la peine qu'ils ont
euë à sa poursuite, le déchirent par
morceaux, & après en avoir rassasié&
assouvy leur rage, en bissent errer les
pitoyables restes de tous eofiez, sans
aucun soucyde ce qu'ils deviendront.
Si quelquefois les plus raisonnables
en prennent quelques reliques, ils ne
les conservent que pour en faire dés le
mesme jour une Enseigne à leur vanité.
Quelque étrange que vous paroisse
cette passion, elle est pourtant universellement
approuvée des honnestes
Gens, &: il s'en trouve qui en font si
possedez, qu'ils en parlent à tous propos.
pos. Jusqu'icy aucun Casuitene l'ablâmée,
& je connois des Personnes d'une
professiontrès-reguliere qui en
font leurs principaux amusemens.
le m'attan que von z-tfle aussiampafché
qu'un outre à deviné ce que je vou-
Ion dire par fle balle Aligorie , car l'an
m'a dit que Jla s'apelet cemwe ça. le von
laijferion bian deviné, mas comme ilfaut
QUE vou ]ugiéfi l'an a bian rancontré ou
non, jtvoudiron que cest Anfin,
Aionsieu du Marcure ,
je von zenvo
notte penfaye comme je vul'avon dit au
cornmencernan. Si aile est bonne tant
mieftx3ft mechante, tanp ^guefbe exporte
qui s'en soucie. le [on pourtanà vandre&
dépandre
, votte ptit (arvittur.
LE BARGE DE PORCHEFONTAINE.
LaVers qui suivent ont efléfaits pour
eflrechantez. , &formentune esfece de
Divertissement,auquel ce que disent les
JMuftsfert de Prologue.
PARO
PAROLES D'UN CONCERT
DEMUSIQJJE,
POVR UN JEUNEPRINCE.
LES MUSES.
pRINCEy vom n"entendrez que les
paisibles font
De nos tendres Chansons,
Tandis que vota suivrez. les filles de
Mémoire;
Mais lors qu'on vom verra dans toutes
les faisons
Cueillir a pleines mains les fruits de la
Fitloires
Nous prendrons bien de plm hauts tons,
Pour faire éclatervoflre gloire.
LES AVANTAGES
DE L'AMOUR.
La sierté & l'indiférence des Braves
qui font sous la protection de Minerve,
ne plaisantpas àceux qui suiventl'A-
-
mour,
mour ,
il arrive souvent quelques petites
contrarierez entre ces deux Parrys,
mais la fin en est toujours avantageuse
aux Amans; car enfin les Scavans
& les Guerriers aiment à leur tour
comme les autres. C'est l' idée de ce
Divertissement.
LEPARTY DE MINERVE,
& le Party de l'Amourensemble,
au jeune Prince.
Que de grandeurs vom promettez. !
En mille rares qualiteZ,
Pojlre aimable feunejfeabonde
, Et de l'air dont vous estes fuit ,
Votu deviendre'{le plus parfait)
Et le plm grand. Prince du Monde.
PARTY DE L'AMOUR.
Ah que ce Prince est aimable!
Ah! Dieux! qu'il a de beauté!
PARTY DE MINERVE.
Te connoù a sa fierté
Ou'tlserendra redoutable,
PARTY DE L'AMOUR.
Il faudra pourtant un jour
Qu'il obeisse à l'amour.
JJAmver
L'Amourest un Dieu plein de cbarmeJ,
On ne sçauroit luy refifler.
En vain on voudroi t contester>
Il faut qu'on luy rende les armes.
PARTY DE MINERVE.
Ungrand Prince est maistredefoy ) Et l'Amour ria rien qui l'étonne.
On ne peut recevoir la Loy,
Quand on la donne.
PARTY DE L'AMOUR.
UAmour n'exempte point les Rois
? Ils ont tous ju[qu'icl reconnu son Empire,
Et lesplus fiers n'oferoient dire
jQu'ils n'ont pas aimé quelquefois.
Les deux Partysensemble.
Puis que ce Dieu ne fait grâce a personne,
Jlfaudra que le Prince aime enfin à fort
tour,
Et nous le verrons quelque jour
Prendre autant d'amour qu'il en
donne.
Un
Un Berger tendre qui les croit d'acceri,
se mesle avec eux.
Tous trois ensemble.
Tout doit songer
Asengagers
C'efi une Loysupréme.
Tout doitsonger
A llngAger.
Le Prince comme leBtrger,
ilfltHt que tofl outardtout aime,
Tout aune
3 tout aime.
LE BERGER feak
De/Nis que fay veu Lifetes
Et que jjtimeses beauxyeuxa
IIfemble que ma Murcte
Chaque jour j'accorde mieux. lJntl Lisette vient l'entend"
s Elle a mefineunplus beauson,
Elle m'inspire un air tendre
Que jedonneà ma Cbanfon.
LesB"ergers du voiftnage
Sontsans cesse àmécouter.
Ils viennentdans ce Boccage Et tâchent de , m'imiter*,
Mapi ils y perdront leurpeine
3 Ils n'a[pfprendront jamau rien. , MA
Ma leçon leurfera vaine S'ils n'aiment , pai assez. bien.
LESDEUXPARTYS,
& le Berger ensemble.
Tout doit songer
A s'engager
C'est , une Loy supréme, &c.
PARTY DE MINERVE.
Onseplainten aimant
Quon vit incejftimmenty
Dans les feux, dansleschaîne*.
On dit qu'Amournapoint de tranquilc
loisir Et s'a , ne causemillepeines
,
Ç}j£il ne peut causer un plaisir.
PARTY DE L'AMOUR.
Tous les frivoles difcortrs
Qu'ov fait contre les Amours, Ne peuvent allarmer qu'une Ame trop
crédule;
Leurs douceurs ont charmé nos plus fameux
Héros.
Onparle des Amoursd'Hercule ,
Com?ne on parle de Ces Travallx.
LES
LES DEVX PARTYS,
avec le Berger ensemble.
Ne contenons l Necontefte^>tyamau
)
Fini[Tons nos (
Bmjfcz. „ vos
SquerrlleJ.
&Amourporte des traits
Pour punir les Rebellesj
Maupour les tendres coeurs, Et les Amansfidclles,
Il n'a que des douceurs. - Encor ensemble.
Tout doit songer
f A s1engager
3 Cess une Loysuprémes&c.
MonsieurdeS.Jeanafait la Piece qui
fuit. Ilferoiticîled traiter plus galamment
la Qucfiion qu'il décide.
S'il y aplus deraison de songerà
se marier dans run des deux
Sexes, que danstautre. ON ne peut disconvenir qu'il n'y
ait des amours légitimes & permises,
mires, qui ont besoin du Sacrement
comme d'un sceau qui en fait l'accomplissement
& la perfection Le Mariage
doit toûjours estre le but de ces sinceres
amours;mais pour les amourettes;
le Sacrement est dangereux. Il les ruine
en fort peu de temps, & pour n'avoir
plus ces douces tendresses de
coeur qui fonttout sacrifier à une
Maistresse, il suffit bien souvent d'en
faire sa Femme.
Du redoutableentejhment
Qui gagne le cerveau d'un mt'fcrfible
Amant, 1 Et qui de la raison lay fait perdre
l'usage , -
Foulez-vous guérir promptement ?
Engagez-vous au Mariage.
Le remedeest infaillible, mais je le
tiens un peu incommode, & pour dire
tout ce que j'en pense,je scay fort
bon gré aux Autheurs d'historiettes
& de nouvelles amoureuses
,
qui s'accommodant
à l'humeurdu Siecle,rendent
leurs Amans contens par le seul
plaisird'ettreaimez, sans que le Mariage
riage s'en mesle. Tous les Romains
du temps passé finissoient par l'hymenée,
& quoy que par leur longueur,
les Héros & les Héroïnes eussent le
Loisir de Ce dégager de la plus violente
passion
,
ils croyoient qu'on ne pouvoit
s'endélivrer que par là.Ils avoient
raison, mais on ne doit pas conclure
de là qu'une grande avanture ne le
puisse terminer sans Mariage.
Les H. ros de l'Histoire font à contrepied
de ceux des Romans. Nous en
voyons peu qui n'ayent eu des Femmes.
Ceïlless pas qu'un grand Homme
n'ait toujoursquelque forte d'aversion
pour le Mariage. La considération
d'une Famille, le foin qu'il faut
avoir de Ces Enfans, de leur éducation
& de leur fortune, font des occupations
peu propres a unHéros. La
Guerre, les Siences, & les beaux Arts
qui donnent l'immortalité, ne s'accommodent
point avec l'embarras
d'une Femme & d'un Ménage. Minerve
qui préside aux uns & aux autres est
demeurée vierge. Il me fâche qu'Alexandre
se soit marié. Ce n'dl pas le
plus bel endroit de sa vie. Il semble
mesme
mesme qu'il fut moins heureux depuis
ce temps là. Mais enfin je ne doute
pointqu'il n'eust refuséd'estre le Maistre
du Monde par un Mariage. En
éffet il luy fut bien plus glorieux de
le
-
conquérir que de l'avoir en dor.
Pour César, il est si galant, qu'on ne
doit pas le compter parmy les Maris,
si ce n'est au rang de ceux qui se repentent
de l'estre.
La plupart des grands Hommes
ontesté malheureux en Femmes, &
cette raison feule devroit obliger les
Héros au Célibat. On dit que le fameux
Prince Maurice ne voulut point
se marier, de crainte de n'avoir pas
des Enfans dignes de luy ; & en effet
il y a peu de Héros qui ayent épousé
des Héroïnes, & qui ayenr hHIé des
Héros. Pirrhus ne fut pas un Fils indigne
d'Achille, mais il fut le gage
des amours de Deidamie. Il est rare
que les Enfans ressemblent à leurs Peres,
ou s'il y en a, ce font des Enfans
d'amourettes. Je scay que lafin La plus
honneste du Mariage,c'est le desir d'en
avoir; mais comme on n'arrive pas
toujours à cette fin, je ne vois point
de
de raison qui oblige un Homme à se
marier , lors qu'il peut se passer de
Femme.
Le Mariage peut donc estre regardé
commeun obstacle à la gloire;& c'est
ce que vouloit dire cet Ancien qui fit
mettre sur son Tombeau, Qu'il avoit
vécusans empêchement. Il falloit bien
que le Célibat fut alors quelque chose
d'extraordinaire
, pour se loüer d'avoir
vécu sans Femme.Vn autre pour s'excuser
d'en avoir épousé une fortpetite,
disoit que la Femme estant un mal neaffaire)
il avoit choisy le plus petit;
mais cette réponse estoit badine,car les
petites Femmes ne font pas toujours
les plus commodes, & l'on a mesme
remarqué que les petites Gens ont
d'ordinaire l'espritplus malicieux que
les autres.
Vn certain Philosophe a ditautrefois
qu'il falloit estre sage pour se marier
, mais qu'on n'estoit pas sage de
vouloir se marier. Cela vouloit dire * qu'on n'y devoit jamaispenser. Tout
Mariage est un engagement qui oblige
un honnesteHomme de se soûmertre
à un joug toujours penible,s'il n'est
, pas
pas honteux. D'ailleurs avec qui porter
ce joug? avec une Femme donc
l'humeur est le plus Couvent route opposée
aux inclinations d'un Mary. Je
ne m'étonne pas si l'on voit si peu de
Mariages qui aillet bien;c'est que l'assemblage
est mal allorty. Si 1 Histoire
a quelques exemples qui nous en pourroient
faire naistre l'envie, elle en a
d'autres bien capables de vous en rebuter.
Elle nous fait voir des Messalines
aussi bien que des Lucreces,& elle
n'est pas bien d'accord avec elle-mesme
sur le fait d'Arthémise.
Je veux croire qu'un Mariage bien
entendu n'est pas sans plaisirs. Il se
fait une douce compensationdes biens
& des maux, qui rend les uns plus
charmans, & les autres plus supportables
; mais combien s'en trouve-t-il
de cette forte? Si un Homme eu: malheureux,
il se rend encor plus misérable
de prendre une Femme: car enfin
si elle devient une autre luy-mesme,
n'avoit il point assez de ses propres
malheurs ? S'il est heureux, ses maux
dans le Mariage font inévitables.
Pourquoy se faire autheur de sa misere?
L'hon
L'honneste Homme, aussi bien que
s'étourdy,se rend esclave de sa Femme.
1 n'y a que le brutal qui en reçoive
quelque plaisir, parce qu'il ne suit que
à passion, sans envisager les fuites du
Mariage. C'estcequi fait que les jeunes
Gens le regardent comme une
source inépuisable de douceurs.
Toutte bontemps qu'ona}commejecroy,
Lors qu"Amourseusejîant de la partie,
Ases cofiez.ona Femmejolie.
Mais on devroit se souvenir de ce
qu'ajoûte le galant Homme dont
j'emprunte ces Vers.
Femme jolie, &qui nesspoint afop.
Le Grifon de la Fable,nous apprend
par la maniére dont ses deux Femmes
le traiterent, que jeune ny vieux ne
doit penser à se marier.
Centfoù le pauvre Misérable,
Pour finir son tourment, pensaprendre
un licou,
Il devint chauve, dit la Fable,
Et rnoy je dis qu'il devintfou.
Mais il n'est pas ainsi des Femmes.
Elles font exposées à de grands inconveniens
dont le Mariage les délivre.
C'estunsexe foible & infirme,
qui a besoin de secours & d'appuy.La
Fei-niiie ayant esté faite pour l'Homme,
elle doit aspirer au Mariage comme
à la fin pour laquelle elle a esté
creee. C'est encor le but que la Jeunesse
à la Beauté luy proposent. Vénus,
laDéesse du beau Sexe, est la
Mere de l'Hymenée, ce qui montre
que le Mariage est l'affaireaussi-bien 1
que l'ouvrage des Femmes.Ainsi je leur
sçay bon gre de songer toutes au Sacrement.
S'il y a quelque chagrin,
elles n'en ont que le moins, & s'il y
a des douceurs, elles font toutes pour
elles. Je sçay bien qu'il y a des Femmes
j qui par ledesir de commander,
s'attirent beaucoup dechagrin du
ménage. Comme elles veulent tout
voir& tout connoistre, elles y trouvent
plus d'épines que de roses;mais il
y en a peu qui soient veritablement
touchées du désordre d'une Famille.
Elles se font un plaisir de ces embarras,&
jamais les procès & les affaires
n'ont
n'ont empesché une Veuve de songer
à prendre un second engagement. Enfin
toutes les Loix voyant que la Nature
avoic plûtost disposéle beau Sexe
au Mariage que le nostre , elles luy
en ont
aussi
plûtost permis l'usage. Si
dans l'ancienne Loy la sterilité estoit
honteuse aux Femmes,le Célibat fait
dans le Monde un peu de confusion
aux Filles. Elles ne font pas plûtost
hors de l'enfance, qu'on leur cherche
un Mary. C'est ce que vouloit dire
Horace à une jeune Romaine.
Vous mefuyez,) belle Glicere.
Le Fan lorsqu'ilcherche saMeret
Traverse les Monts& les Boisj
Les Arbres & les Vents luy donnent
de
la
craintey -
Et la vaine terreur dont son ame est
atteinte
Le met presque aux abois.
Pourrievous bien avoir une peur si
legere ?
Noen, non, les Amans fontplus doux les Tigres & que les Loups.
NefuiveT^doncplusvostre Merc,
Suivez, déformai* un Epoux.
La Nature & la Raison y engagent
le beau Sexe, &jeconsensmesme pour
l'accommodement que les Hommes y
sacrifient quelquechose de leur interest.
l'adjoûte une effece d*lnpromptu, d'un
jeune Gentilhomme, FilsdeMonfiturlt
Comte de Louville, quifaitses études à
Orléans. Il avoit ejlé voir un Homme de
qualité qui a infiniment de l'efjrit, &
l'ayant trouvé avec une violente Migraine,
sur laquelle il ftit prié de faire des
Vers, le jeune Gentilhomme dont je vous
parle luy apportalefoir ceux quisuivent.
Ils font addreffi à un Arny
, & vous
donneront sujet d'admirer le talent qu'il a
pour la Poefie.
SUR LA MIGRAINE
d'une Personne fort spirituelle. vDus dites, Coridon, que la douleur
d'AZate
Surpasse de beaucoup celle de Iupiter
Lors qu'ilfutprtfl d'enfanter
Cette Déeffi tropingrate
Qui le martirifoit
Qiimdillaproduifoit.
Vousne vous trompez,pat}ÎHpiter dans
sa verve Pensant
Penfant au bien de VPrivers,
Nesçavoit point faire de ;err,
Il n'eut en tesse que Minerve.
Maù Agate a Minerve
>
& de plus,
Apollony
Dans luy de Dieu j'accorde avccque la
Déesse,
DAns luy la Poisse efi jointe à la Sagtjfe.
Qrsui
tauroit
cru, cher Coridon ?
Si Jupiter dans sa tesie immorulle,
Portant la DéejJè cruelle,
Soufrit des maux que nul n'a fuportl\"
Il fautlqu'à plus soufrir jigate encor pprefte
Quiconque dans,le Chef a deux Divinités
,
Peut bien avoir mal à la tesie.
FoyeZ, Madame, avec quelle txa*
Elitude je cherche a vontfatisfaire- Vous
foubaitez. des Portraits, le Public en
demande comme vom, & je vous en
envoye que vous devez, croiretres-reffemblans,
puis qU',ll font gravez, d'après ad
trts-btlla Médaillés.
I. LE premier est celuy de Monsieurle
Comte deMonterey. La Medaille
fut faiteàLondresladerniereannée de
son Gouvernement dans les Pais-Bas.
Elle est du plus fameux Ouvrier que
nous ayons,c'est à dire, du mesme qui
a fait celle du Roy d'Espagne que je
vous envoyay il y a quelques Mois.
Ce Comte est representé dans la Face
droite & au Revers on voit le Canal
qu'il a fait faire d'ostende à Bruges,
avec plusieurs Figures quiviennent si
naturellement au sujet
,
qu'ellesn'ont
pas besoin d'explication. Ces paroles
font au Revers,
Cède mari, Neptunesvagis Mons Regius
undis
lmperat
,
& domUas TUndria Uta
jupn.
- II.
La Face droite de la feconde Médaille,
représente le defunt Admiral
Ruyter , &dans le Revers on voit
un Combat Naval avec ce mot Pugtiando.
Il marque qu'il est mort en
combatant.
III.
III.
La troisiéme Médaille représente
le Milord Lauderdalle , Vice - Roy
d'Ecosse. Lesnouvelles publiques qui
viennent toutes lessemaines d'Angleterre
parlent si souvent de luy,que je
ne croypas qu'il foit necessaire d'en
rien dire pour vous le faire connoistre.
Le Revers fait voir qu'il n'y a point
d'entreprise difficile à executer, quand,
la force des Armes est soûtenuë par
un bon conseil.
I V.
Il ne se peut rien de plus curieux
que cette Médaille, puis qu'elle représente
au naturel les Portraits de
deux illustres Politiques malheureux.
Ce font ceux de MeilleursdeVvitj.
On voit dans le Revers deux grands
Vaisseaux que la tempeste fait briser
l'un contre l'autre
, avec ces paroles,
una mente &sorte. Elles font très-justes
, ces deux Freres qui n'avoient
qu'une même volõté,n'ayant eu qu'un
méme fort. Cette Médaille fut faite à
Amsterdam, un peu après qu'ils eurent
esté assassinez. Ce que vous voyez gravé
entre cette Médaille &son Revers,
dl: autour du cercle de la Medaille,
yncy pluftcurs Explications en Fiers
des deux Enigmes proposées dans ma
Lettre du mois de Ma.yy. FFoouu-sr nn''aauurreezz,
fas oubliéque les Mots estoient le Zéro
Çrle Vin.Lapremièredeces Explications
est de Monsieur le Président de Silvecane
de Lyon, dont vous Avez. VCHdes
Devinssi ingénieuses à lagloire de Monfleur
Colbert. Elle comprend l'Enigme
en Figure d'Hiacinte qu'ilexpliquesur
le Printemps. Ce Présidentaesiésuivy
en cela de plusieurs autres. Les
Fleurs qui naissènt dans cette faison par
la vertu du Soleil» favorifoientassez,sa
fenfte.
I.
JE ne sçaysifaydevine'
Les trois Enigmes du Mercure;
Mais
,
a monfera, par la Figure,
Le Printemps nouseifredonné.
Par la fécondé je vois bien
£)ucpofant un Zéro je ne compte encor
rien;
Mais la troisiéme me contente
far le Vin qu'elle ne presente.
IL
II. - MOn pauvre amour qui va tout rondement
, - St qui toujoursfourni}fçait Jetaire humblement
3 .A toute heure , en tous lieux, dédaigneur,
Climene,
Vous le trattende haut en bas,
Et vous vantez de nen faire de CIU
Non plus que d'un Zéro. C'en efi trop,
inhumaine,
IlJe lasse de vos mépris,
De ce Zéro connoissezmieux le prix.
Ltfcz. bien son Enigme , apprenez du
Mercure
Que ce n'est point unt vainefigure esaféconde nullité
Iointe à vostre digne unité,
Feroit pour vous un utileassemblage.
uitlez.,ingrate Fille, allez.,
Ilvous
ferait
( voyez, quelavantage)
Neuffois valoir plus que vous ne vale7.
GARDIEN,Secretaire du Roy.
Q III. Del est donc cepetitMutin
Que notre Eniqme nous proport?
A bien considérer lachose>
Ce ne peuttftre que le Vin.
En effet, vota sçavez qu'il endormitson
Pere,
Qu'ilcause des pleursàsaMere,
Et que parmy les Turcs il efi si mal..
traité
Quel'on feroit puny pouren Avoirgousté.
se m'étendrois bien davantage,
Onva loin ensi beau chemin;
Maii a quoy bon tant de langage,
fuis que la véritése trouve dans le Vin.
GRANDIS, Fils.
v IV. Ont qui songez, à peindre Augufie,
Sur tantdegrands Patronsque vous f-ert
de rêver ?
Lagloire de Louis LE JUSTE
Seulesuffitpour l'achever,
Quand vous le tirerieZ.en Busse.
Le Mercure l'a dit en plus d'unefaçon,
En Vers, en Enigme, en Chanson.
M4 Attife
, qui pour dot n'a jamais eu
qu'un Fifre»
Chante, four tant d'ExploitsauxSiecles
inoïtii j
LAS
Les grands Héros pres de LOriS
Nefont que des Zéro enchiffre.
L>ABBEDEJanorey , autrement
le Drüide Lyonnois.
V. QVe l'on propose, qu'on devine,
Le coeur prendpart à tout, sa paf,
(zoo domine,
Vous croyez,faire honneur au Mercurd
Galant,
D'expliquer surl'Amour l'Enigme qu'il
propose.
Vous en jugez., Irùfélonvoflrépanchant,
Moy j'en pense toute autre chose.
Peut-tftre, comme vorn »
fuis-je mon ascendanté
NoUJ verrons du vray sens qui de nous
deux s'éloigne.
C'efil'Amour , dites-vout, ce Dieu fort
& mutin;
Et rnoyquand je devioispaffer pourun
Tvroigne,
le jureroû que c'efi le Vin.
Le mesme.
N VI. Vile Enigme pour moy ( dites-vom)
n'efl ob[cure
Vont
Vous mefiatez. toujoursde deviner tresbien.
le n'en sçay pourtant pas l'infaillible
moyen; 1'
Adais si de celle-cy vous voulez,l'ouverture,
Devinez, le Zéro, Phi/ú, jeveusassure
Que vous aveZ. le Mot» qu07 que vous
n'ayez, rien.
Les RECLUS de S. Leu d'Amiens. VII.
~IL est vray )
c'eji le Vin, qu'aucun ne
j'en étonne;
/Si je l'ay dtviné, c'est que je fuis Eretonne*
1 Mad. DuFLOS,Veuve.
VIII,
~JE sçay deprtftplc tout trop bien le Numéro
,
Pour ne pat- connoijîre un Zéro
Dessous vonre Enigmepremitrei
Mais pour le Mot de la derniere,
le fuis au bout de mon Latin,
Si-je
ne prens un doigt de Vin,
Le Sérieux sans Critique, de Géneve,
IX.
~JAttrape le Zéro) mais il n'est point
en croupe.
Par
Par conséquent je ne tiens rien.
Pour me récornpenfer , remplirez, cette
Coupey
Le Vin me semble le vray bien.
Latffontl*Arithmétique a MtffieHrs des
Finances,
Gardons le Vin franc & loyal,
Tres-fouvem le Zéro trompe leurs dpérances,
Mais en fidélitéle Vin n'a riend'égal.
LE MAUVILEU DE CHAUVEN, de Soissons.
v X. Raymenti Seigneur, je vousyprens,
fous ave7donc fréquentéles Ecoles
De nos beaux Ecrivains du temps ?
Quand on voit en effet tant de difeours
frivoles
N'enfermerqu'un Zéro pompeux>
Helas £dit-on
, ces Vers rnajeftulux
N'ontjtjum Rien enfermédAns de grandesparoles.
La Marquisede Sainte Catherine.
L XI. Es Biberons d'esprit doivent dire
f merveille
Sur l'Enigme exposée au Mercure Galanty
Buccbus
Baccbm leuryfournit le moyen excellent
D'en découvrir le Mot dans le jus de la
Treille:
Mais si par ignorance au milieu d'nn
Festin
Ils ne devinent pas le Mot deux&divin,
Etsisur ce su,:tt leur espritfait la Cane,
Ils meritent qu'on les condamne
A ne boire jamais de Vin.
LES RECLUS de S. Leu d'Amiens.
XII. ENfin par la bonté du plus pui/fant
desRoys,
Nom voyons la Paixfùr la Terre.
Cette aimable DéeJTe en a cbafsé la
Guerre,
Et tient tout fous [es Loix. ,.-.,
Apres l'obscurs.té l'onvoit naiflreun beau jour, Von recommence le Négoce,
7ôut jouit du repos, la Trompetéestsans
force,
Comme Ituffi le Tambour. (F
Le Marchand de Bordeaux, de Cllin,
de Saint Malo,
En
En reprenant iArithmétique
3
Souvent à deux, à troù ; aJJis dans sa
7ioutique,
Vnira le Zéro.
LE FEU, Curé de Ville.
E XIII. Nvain veut-oncacher ce quifesait
connoifire
A l'Esprit le moinsfin;
Ce secret si caché
,
de foyfesaitparoi-
Jtre,
Puis que la verité se connoiji dans le
Vin.
Le mesme.
XIV.
~UN Galant enjoué
,
brave, plein de
science,
Nobleysivom voulez., comme m LOHÍd d'Haroy • S'il ejfsans or &sans finAnce,
Dans l'ejprit du beau Sexe est en chifre
unZéro. ]oubert> de la Doüane de Lyon.
Q XV. 1Ve les Dieux soient charmez, de
leurdouce Ambroisie,
Cette boiJJÓn qutls ont chotfte
Fait l'unique régal de leur Banquet divin.
Le
Le Mercure Galant qui croit mieux J)
connoiflre»
Marquequ'ila legoust plusfin,
Et voulant régaler en Maistre
Ah doux Nettar des Dieux il préfert
le Vin.
RAULT, de Roüen.
XVI. - JAmais Boecchus nefutsilibéral.,
Partout la feigne fait merveille;
Etsile Soleil d'Aousi ne luyfaitpoint
demal,
Le Vin ne vaudra fat un Zéro la Bontetlle.
MICONET, Avocat à Châlons - sur Saône.
XVII. 0Ncroyait qu'un HJverexcefJiv
ment long
JRendroitl'année ennuyeuse & tardive;
Mais grâce au Mercure, en miracles
fécond,
On neutx jamaisdefaifonplusbative.
N'en doutons plus3 puis qu'il est vray
Qu'ilfaitnaistre le Vin en May.
Lemesme.
XVIII.
XVIII. AYAnt qu'estre conflu , 1ayfaitpleurerma
Mere.
Quentendez.-vouspar là> me dit Liféte
unfoir
Que nom foupions ensemble
,
&faisîons
bonne chere ?
Develope%-mo.ycemiflert
Ou je ne puis rien concevoir.
Vay l'tfjritfort pesant, luy diJ-j,) mais
peut-cftre
Qu'en beuvant je pourray devenir grand
Devin.
Bien souvent on fait parestre
LavéritédansleVin.
DUCHEMIN.
La derniere Lettre en Chifres compofée
d'Armes de diferentes Maisons,ejtoit
un pur jeu d'cjprit
>
les ebofes qui font en
Figures ne pouvant estre appliquées à auccuunnnnfraaggee..
Ilinl ense'aj'gaijfott que de prendre
la premiere lettre de la Dignité de celny
dont lesArmesefloient re.pprreesfeetnitteess.. Celles
de MonjîtnrleMargumaArcourt
marquoient la lettre L ) parce qu'ilefl
Lieutenant de 1{oy; celles de Monsieur
davranche
>
la lettre E , parce qu'il
1ft
est Èvtfque, & ainsi de toutes les autres.
ceux qui ont trouvé le secretfont Messieurs
deLanges-Mgjmmal
3
Avocat
au Parlement; 7aveault
,
Contrôleur
des Garnisons &Mortes-payes en Bourgogne
& BrejfejePereFronteattC.l'Antimoine
de Tours; & le bon Clerc de ha-
Ions sur Saône. Toutes cespremieres lettres
de Dignitez. raml/ffées enfetnble,
voulaient dire, Le Mercure est le plus
agreable de mes plaisirs.
Voicy une nouvelle Lettre en Chifres
que je vota propose. Chaque lettre efifeparéepar
un point, & tom les motspar
deux points, comme dans celle du Quartier
d'Otlobre 1678.
LETTRE EN CHIFRES.
735* 398. G;. 459. 88.767. 23:
56. 100. IJ+Î- 77-929.575:3557.
113. 785. 874: 121. 4. 707. 444.
432. 594. 388. 311 575. ;1.:4;z..
6. 335:7.112.S.J238.9c,Î;II,
383.463 :5.40. 50.8: 693.10.
30. 2. 581. 758. 585. 946. 686.
534.121.54J5 :1.10.6.983:921.
MX.684- 397. 90. 121.98:77Z.
9Sj. 1.; 4J4:12.,41.1.. 531 2.1.1.:
3428. 10.445.5833.: 2.3251. 7.
50 : 471. 311. 665. 12. 893.584.
8.113: 60.10.342.298: 321.100.
81,98. 221:1000.299. 10.481.
856. 5353. 389. 7.121:21.743.
561-4z6.212.j53.12. 50.881.211.
10. 3. 90. 93. 113. 953.
LInvention de ce Chifre est deü à la
Lorraine Effagnolete, qui m'a envoyé de
Madrid cette Explication sur l'Enigme
en fleure du mois d'Avril.
Narcisse avec son Arc & ses Flêches
,
qui se considere attentivement
dans l'eau d'une Fontaine, represente
une belle Personne qui apprend de son
Miroir l'art de se bien servir des traits
dont elle veut blesser les coeurs.
Le Miroirefifait pour les 2?elles3
C'est luy qui leur apprend quels font tosté
leursattraits,
C'est luy qui leur fournit les traits
Qui les font passerpour cruelles.
le vous envoye deux Sonnets ; Le premier,
de Mr de Merville Controlleur des
lG'abelles de Thiers j£r'autre, de Mr Abé_Germain.Ilsfont tous deux furia
--- - -- PAix.
SON
SONNET.
~CEs fameux Conquérant dont mus
lisons L'Hiftoirt;
Ces Grecs & ces iomains, quipar d'heureux
Exploits
Ont porté jufplÀ nous le récit de leur
gloire,
N'ont jamais égalé le Monarque François,
Mettre un brutal honneur à tout mettre
aux aboûi
•dccabler des Vaincus, outrer une Fï-
Eloire,
Toujoursfouiller de fang le 1lmple de
Memoire,
Sont les Faits éclatans des I-sérosd-autrefou.
Celuy de qui le Ciel fit m don à la
France,
jiccorde la Valeur avecque la Clemence;
.Aiéxndre) ny luy, n'ont point craint de
haz.ardi
Mai"
Maii tout efiJtngulier dans la Paix qu'il
nous donne,
Er l'on doit préférer ( n'en déplaise à
Bellonne )
L'Olivier de LOVIS, aux Lauriers des
Césars.
SONNET.
sVperbes Ennemù,efl-il de bonnefoy
let amour de la Paix quenousvoyons
paroiflre ?
lu rieif-cepoint plutost la peur qui f"
faitnaifire,
pour éviter ainjid'eifrefournis au Roy ?
Vesi pourtant vofire fert : car enfin) diteJ-
moYt
En Guerre comme en Paix, ne fait-il pat
connaifire,
Qu'il n'appartient qu'à luy d'efire toujours
le Alaifire,
Et que sesvolonteT^ doivent pffir pour
Loy?
Il veut oebfohment qu'on la craigne, ou
qu'on Cairntt
Et
Et rien ne rtfïflant a la valeur extrême
Qui conduit à leurfinCes amttfiesprojets',
Quoy qu'il eufl contre luy presque toute
la Terre, Ilfçeutfefaire craindre, en vousfaisant
la Guerre ; Ilffaitfefaire aimer3 en vous donnant
la Paix.
ïadjoutedeuxautresSomctssur des
Homs-rimez.
que vous avez, dija veus
dans l'une de mes dernieres Lettres. Ils
font de MrGauthier,l'unsur le Roy,-&
l'autresur lePrintemps de cette Année.
Vous vousfjpviendrez,
, s'il vous plaifli
Madame, que les premiers jours en ont
esté extraordinairtrneni pluvieux.
BOUTS - RIMEZ.
SUR LE ROY. L S0N-NET. Oiiis LE GRAND sçait joindre anJ
bortheur de César
- -
l
Lagloircyles vertusle nom dePôpeej-
Et la valeur en luy qui n'est jamait
trompée,
Fuit ce qu'en eux peui-eflre avoit fait le!
Hazard. Ili
Il efl plus redouté que le Turc&le Czar,
Le plut fier près de luy pvFoifl une
poupée,
Sa prudencesurrien nepeut estre dupée,
Enfin il connoit tout, ju[qtlau nom d'un
Puisard.
De la gloire fan Ame est avide & gloutonne,
Il efl dé)'a vainqueur quand la Rose boutonne,
Et chez ses Ennemis il mange l'Artit
chaud.
îamaà plus digne Roy neporta la Couronne;
Se faut - il étonner si son grand Nom
bourdonne
Iufq.z/oJe r/eft point allé l'usage du Réchaud?
BOUTS-RIMEZ
Prcfcrits sur le Printemps
de cette Année.
SONNET. NOus sommes au Printemps, temps
ou Jadû CéCir
Com
Commença cCeffacerlagloiredePompée,
Lors que de ce Héros la valeur fut
trompée,
Et fut contrainte enfin de ceder - au
Hazard.
Mais il fait encor froid comme au Pais
du Czar,
21 faut garder la chambre ainsi qu'une
Poupée,
A chercher du beau tempsnostre attente
efl dupée,
Car le Ciel verse l'eau tout les jours en
Puisard.
L'on ne voit point encor que la Mouche
gloutonne
Aille pilier le suc de la fleur qui boutonne,
Et nous ne mangerons de longtemps lAttichaud.
A peine est-il des fleurs pour faire une
Couronne,
Et loin de voir aux Champs l'Abeille qui
bourdonne,
L'on est contraintd'avoirfous lespieds
un Réchaud.
LET
L E T T R E -
EN VIEUX LANGAGE.
A tres-galant , tTes-preux) très-loyal,
& tres-chevaleureux Chevalier Mer- -corim.
~ORTiis, Gentil Chevalier, tant
outrecuidé ne fuis que de mébatreà
l'encontre de vous, qu'êtes fort,
& addextré en toute puissance d'armes
faées , & science de bon parler ,&à
qui grand los est dû pour vos vertus
qui reluisènt si tresfort, que oncques
ne vis mortelplus gracieux,à tant que
femelles d'icetuy Païs sont ébahies de
vostre accortise en beaux dicts & excellens
gestes dont vostre labeur est illustré.
Partant moy, pauvret Jouvenceau
,
à qui default toute cautelle, suis
desireux de vostre accointance, si êtes
benevole à mon vouloir,grand foulas
auray dans ma douloureuse tribulation
d'amour
>
& Dieuguerdonnera
vostre benignité. A donc, Beau
Sire, sçachez que mainte flamêche
d'amour m'époint pour tant parfaite
beauté que mon coeur en pant hele
d'émoy.
Or la Tticelle pour qui Cupidon
M'a enflambéde l'amoureux brandon)
A desesyeux la couleur radieusè,
Satendrepeau en blancheurglorieuse,
JVez, bien tourné, chevelure honorable,
Si que l'Aurore en est bien lamentable:
Finalement il n'elf une parcelle
De tout son Corps qui ne foit gente &
belle,
Et ce petit Amour qui toutfemond,
D'une Sagetteaussitosf me confond,
Que jela vit, & bien avant me fiche
Iceluidarddot il n'est pat trop chiche,
Ores je brûle&ards,dunfeupressant
Qui jusqu'aux os & moiiellemedescend.
0 moy chetif, ce me fis-je à part
moy , Convenante & fine beauté plus
charmante qu'une Colombelle,si bien
m'a éprins que ne clos plus la prti-,
nelle, ains fuis tout aheurté de tant
pognant esclandre,&vilaine perplexité
si toit ne bien heures le coeur angoisseuxde
tou éploré Amant:heureux
cil qui par Mariage te fera conjoint
, mais à si haut penser n'ose voguer
guer mon ame, que ne m'ayes octroyé
d'estre à ton servage
, parquoy si es
pourvenë de manfuerude
, ne laisses
mourir icetuy tonangoisseuxserfque
à toy s'affie par grande loyauté de perdurable
Chevalerie. Tels dicts je tins
à ma Belle navre coeur, mais
Toïntnattega ce coeur plm dur que
Roc
L'élan piteux d'un Amant qui lamente
j
Sa duretéIlinfi que vitupere
Peuttoujours fuïr toeuvre & le nom d"Arnante.
Déconforte nefaut pltu que fejpere,
Jssir ne veut pitié de son cjhc.
Lai quefaut-il que le fajfe en ma braise,
Sison bel ail aujfîtofinel'appaise ?
Que devimdray-je en ce maudit mechef
Que decourage ores mon pauvre chef?
Pesle de Dieu qui me fait larmoyer3
Pour qui si mal[çait mon coeurfeffoyer.
Tus les arçons ce Dieu porte-bandeau
Malencontreux rt/cft venu déconfite,
Plus je ne puis fuporter lefardeau
De mon rnartir qui bieneofl va moccire.
Tant me vilipandala Belle par l'aiguillon
de sa dure felonie ,que suis
tout deconforté
,
&boursoufléd'ire.
Partant, agreable Sire
, en cette mienne
anxiété ne puis trouver meilleurreconfort
dans les pleurs qui me font
bondir, que d'aller requerir joyeuseté
dans vos devis plus doux que Nectar,
parquoy vous prie n'estre pas illec
dans vostre cour si rigoureux ne sicoy
qued'éconduire mon oraison, car ne
sçauroye goûter plus émerveillable
liesse que d'estre vostre aimé, & féal
serviteur.
LE CHEVALIER DANTONIUS.
le vous faispart , Madame, deplafleurs
matières que divers Particuliers
m'engagent le vous proposer, &sur lesquelles
vos Amis pourront écrireleurs
sentimens.1
QUESTIONS A DECIDER.
I. si un Amant fort passionné qui
auroit reçeu un sensible outrage
d'une Personne tres-consideree de sa
Maistresse,
Maistresse, devroit écouter son ressentiment,
& obeïr plûtost à l'Honneur
qu'à l'Amour.
I I.
Lequel de ces mots prononcez par
la Personne aimée, :e vous aime, ou,
esperez, doit estre le plus agreable à
un Amant.
I II.
1'II Si les Femmes aiment avec une plus
violente passion que les Hommes.
IV.
Si une Maistresse doit se contenter
d'estre aimée preferablement aux autICS,
& non pas uniquement.
V.
S'il est plus cruel à une Femme d'être
négligée d'un Homme dont elle a
fait la fortune en l'épousant,qu'il n'etf
sensible àune autre, qui a esté élevée
d'unétatassez miserable à une condition
avantageuse, par un Homme qui
l'aépousée par amour, d'en recevoir
des reproches ,& d'en estre méprisée
apres que ie Mariage a éteint les premiers
feux de cet amour.
1 VI.
Quelle est l'origine de la Sculpture.
Comme on a de;a donnecelle de l'jirchitellure
& de la Peinture,rien ne manquera
pour faire de magniifquesPalais
quand on aura celle de Sculpture.
VII.
Quelle_eft l'origine des Armes ou
Armoiries,&leurprogrès.
PROPOSITION, , 7
Qu'un fo> t galant Homme loffre defoutenir,
s'Uy a qutlquun qui seyemlls
donner lapeine de la diffJUter.
Que de tous les maux de l'Amour,
celuy de n'estre point aimé est le moindre
si on excepte l'absence.
SUJET D'EPIGRAMME,
Contre une Vieille qui se radoucit,
& qui croit encor meriter qu'on luy
en conte.
La maniere difertlnu dont chaque
Particuliertraitera cette rnatiere, ne peut
produire qu'une diversité tres-agreable,
quoy que sur un mefaefijet. Feu Monr
fient
sieur deBrebeufs si fameux parsa belle
Traduiton de la Pharsale de Lucain- a
fait -çonnoifJre la fecondtté de son efjrit,
par cent cinquante Epigrarnrnes contre
une Fçmrnefardée.
1 DESSEINS DE PLANCHES.
y
I. ON demande des Armes, ou Armoiries
pour l'Amour. Comme
cè Dieu est presque toujours parmy
les Hommes , & que sa puissance el\:
d'une fort grande étendue, on a crû
qu'on luy en pourroit donner de fort
belles. Cette Proportion effc faite par
une charmante & spirituelle Personne,
qui demande aussi des Armes pour
les Amans, selon leurs diferens caracteres
expliquez dans le Triomphe de
Belise de ma Lettre du Mois d'Avril.
II.
Le Cadran Horizontal qui est dans
le dernier Extraordinaire,& qui marque
toutes les Conquestes du Roy
depuis 1671.& tousles Lieux où les
Troupes ont batu Ce) Ennemis
, a
estétrouvé si beau & ilutile
, que-le
Public verroit avec grand plaisir une
Planche aussi ingenieuse,qui luy découvrît
de la mesme forte
, c'est à dire
d'une feule veuë
, tout ce que les Armées
du Roy ont fait sur Mer depuis
la mesme année 1672.
On peut tfJûjoursenvoyer des Lettres
en chifye
,
foit en Cbifres véritables,
foit en Figures; des Hijioires Enigmlttiques;
des Questions à proposerJ & tels
Sujets de Planches qu'on voudra pour
faire graver.
le finis par deux Piecej qui ne sçauroient
manquer de vous plaire. L'une efi
de Aionfîeur leFebvre,sur une des Questions
; & l'autre sur une petite Chienne
arnoureufe.
Si un Amant qui a donnéson coeur
sans reserve, souffre plus de la
mort de sa maîtree,que de
, son infidélité cOmme rien n'etf plus naturel
que l'amour, rien ne l'est aussi
davan
davantage que l'inconstance de ce
qu'on aime. La cause de l'amour étant
& finie, & mortelle, on ne doit pas
souhaiter qu'elle produise un effet immortel
, & infiny. Je veux qu'en faveur
de la noblesse de l'ame
, & de la
pureté de l'inclination,il se trouve un
amour tel qu'on le dépeint dans les
Romans; Ce fera chez des Gens qui
n'ont jamais aimé qu'une fois,& où
il luy a fallu tan-t de temps à s'introduire
,
qu'il ne faut point s'étonner
s'il n'abandonne pas sitostlaplace.
L'experience nous fait voir cette ve-@
rité parmy les Nations où l'amour a
le plus d'empire.
Les Peuples les plus amoureUx
Sont au/li les plus infidelles.
Plus nostre ame se porte vers le
bien, & pluselles'attache aux objers
où elle le rencontre; mais lors qu'elle
est trompée, elle le cherche dans les
autres où elle espere le trouver. La
constance amoureuse s'oppose ce
desir, puis qu'elle attache nostre ame
à un objet defectueux aussi
-
bien
qu'au plus parfait; & qu'elle l'empêche
de chercher ailleurs le bienqui
luy est propre.
On ne devroit donc pas appeller infidelité
, cette inclination changeante
pour ce que nous aimons,puis qu'elle
vient de la connaissance des choses
que nous possedons,&de l'ignorance
de celles que nous voudrions avoir.
Comme il est juste de quiter un objet
défectueux
, & incapable de remplir
nos desirs, il n'est point honteux de
courir après un objet qui nous paroist
agreable. Nostre coeur ne connoistpas
encorce qu'il souhaite, il ne connoist
que trop ce qu'il abandonne.
Quand l'amour a fait un certain
chemin, il ne peut aller plus avant.
S'il trouve ce qu'il cherche,il en demeure-
là; s'il ne le rencontre point, il
retourne sur ses pas. Ce je-ne-sçayquoy
de vif& de passïonné qu'on ressent
dans un amour naissant
,
finit
quand il est consommé. L'ame se dé.-
gage peu à pen, & insensiblement on
n'aime plus, ausi on aimeA c'estailleurs..
Jamais à nos amours
NOHi ne donnons 4e fin qw ccllf de nof
purs* jEt
Et[ouvent cettenobleenvie
NOMfaitaffurer que leur cours
Durerapinsquenojlre vie ,
Cependant ce desseinnapoint de fondement,
Nul ne peut garantir d'aimer[ans changement
y
Cent fois pour m'enflétmer ,
Iris iuf I;i'au trépai m'a promis de ffl'11;- mery Et de rneflre toujours fidelle ;
Mais elleofott trop présumer
De sa confiance & deson zele,
Car helai!c'efi en vain qu'on juresurce
1
point,
Cette Infidetle chage,& nes'en repetpoint.
Si on se faisoit justice, on raisortneroit
de la sorte
, & l'infidélité d'une
Maistressè ne seroit pas le plus grand
déplaisir d'un Amant. La vostre devient
inconstante
,
hé bien changez
comme elle.Vous luy avez donné vôtre
coeur sans reserve; mais si elle vous
a aimé, n'estes-vous pas payé de votstre
amour?Si elle ne vous aimoit pas,
quelsujet avez vous devous plaindre?
Si
Si vous vous piquez de confiance, il
n'y a encor rien de perdu.
jiimez.,servez.,brûlez, avecquepatience,
Nemurmure'{ jamais contre vojire tourment
, Et ne vous lajfe^point de souffrir eonifamrnent,
Il n'est rien qui ne cede à la perseverance.
Vous regagnerez cette Infidelle.
Elle quittera son Amant pour vous,
comme elle vous a quitté pour luy ; &
vous aurez la consolation de luy voir
traiter vostreRival, comme elle vous
a traité. Enfin quoy qu'il arrive vous
aurez toujours le plaisir de la voir &
de l'entendre.
Il n'en est pasainsi de la mort de ce
qu'on aime. C'est alors qu'on a besoin
de toute sa constance
,
&de toute
sa résolution. La pensée mesme du
danger où il est exposé, est feule capable
de nous désesperer. Voyez de
quelle crainte l'aimable Hero estoit
saisie
,
lors que soncher Leandre pafsoit
l'Hellespont à la nage pour lavenir
voir.
L'appe,.
Vappercevant de loin, Diux quelle eji
son audace!
Disoit-elle; à ma crainte est ceainfi qu'on
fait grâce ?
Et Leandre peut - il feindre encor d'ie
gnorer , bazarderses jourscefl me desesPerer?
Un Ancien voyant sa Maistresse
malade,s'écrie de la fone.
Sila mort me ravit Cinthie,
le prens Efculappe à partie,
Car enfin il est criminel,
S'il n'empesche ce coup mortel.
C'est le sentiment de cet Amant
affligé dans le Temple de la Mort.
laccufe de mon fort, & la Terre) & les
Cieux3
Et je rens criminels les Hommes, & les
Dieux.
Je deviens furieux , & contraire à moymefrne,
Mon coeur forme des voeux)& ma bouche
blaJPhéme.
Que ne fit point Orphée apres la
mort d'Euridice? il allajusqu'aux
Enfers,
Enfers, pour en retirer son Epouse&
comme dit un de nos Poètes,
Il aflecby la Mort danssafnnefte Cour,
jiux pins cruels Démons ila tiré des
larmes,
Et voila qu'il ne peut enchanter [on
amour.
Mais ceque fait dire le mesme Poète
àl'inconsolable Artemise, est bien
digne de la douleur de cette Amante;
elle parle de son cher Mausole.
Non,non, si sabelle Ombre erre farmy
les Morts Il faut t que mon esprit en nourrisse laflâme,
Et que la cendre mesme en vive dansmon
corps.
Dequoyun Amant en cet estatn'estil
pas capable? Ou plûtost n'est-il pas
incapable de remede, & de consolation
? Il se flate d'avoir esté aimé; qu'il
feroit heureux, si sa Belle vivoit encor
! & quelque plaisir qu'il se fasse de
l'aimer, & de luy estre fidelle apres sa
mort, rien ne le peut consoler d'en
être privé pour toute sa vie.Si l'absence
est un si cruel supplice pour les Amans
on
on peut juger combien la mort elt
cruellequi les separe pour une éternité.
N'est - ce pas mourir doublement
que de voir mourir la moitié de foymesme?
On se trompe de croire que le
temps guérit cette playe.
Ne croy pas que le temps qui tarit tom
les pleurs,
Cet heureux Medecin de toutes les douleurs,
Luy de qui tant d'Amans ont senty le
remede,
En apportejamaié au mal qui me possede.
En effet , on n'oublie jamais une
Maistresse
, que la mort emporte durant
la violence de nostre pa ssion.
L'ame en estoitprévenue. Il ne s'estoit
encor passé nydégoust
, ny rupture.
Ainsi rien n'est capable d'en effacer la
mémoire, &c'est ce qui me fait dire,
que si un Amant trahy est à plaindre,
il est inconsolable quand il a perdu ce
qu'il aimoit sans reserve.
LYSE
LYS ETE,
OU DOUDOU,
Petite Chienne d'Olimpe,
A SA MAISTRESSE. c'En estfait, je m'en vay mourir,
Mon mal neJepeutplUd[ouffrir,
La douleur me rend indifèrtte.
Belle Olimpe
,
dans unmoment
Fous naîtrez, plus vostre Lifete,
St l'en ne luy trouve un Amant.
leffay bien qu'on enparlera
3 Que quelque Critique dira
Que le dtfcours n'est guere honnefie ;
Mais dansl'état ou je mevoy ,
Celle qui blâme ma requeste,
Peut-efireauraitfaitpû que moy.
Contre un tel aveu ma vertu
Assez. longtemps a cornbatu;
Mais enfin le besoin l'emporte , C'est luy quim'oblige à parler.
Nature efi toujours la plus forte,
Quand il luy plaifl dt s'enrnefler•
Si vous ave^fain de mes jours,
Faites-moy donner du secours.
Htltu! c'est ajfÚ. vous en dire.
Mon mal n'est pas un malnouveau,
Onsçait que t'ardeur qu'il intfirc
Nes'éteint vm avec de l'eau.
On croit qu'il n'est rien de fins doux,
O/impe) qu'estre auprès de vom )
MaÎd, cela [oit dit sansreproche s
J'aimerou bien mieux pourlongtemps
Efire Chiennede Tourne-broche,
.Í:!..!!.e perdre ainjt mes jeunes ans.
En vain dmsuperbe manteau
Vous honore'{ma maigre peau,
En vain chacun me trouve belle.
Ces honneurs me font enrager,
Et proprement cela s'appelle
Me donner un os a ronger.
rous me mettez, survosgenoux
» Je reçois chaque jour de vous
Nouvelle marque de tendreiJe.
D'autres s'en trouveroient fort bien;
Maispour moy, ma chere Maiflreffe
,
Celanemguérit de rime
Difpen
DilenfeZvous de tous vosfoins ,
Aimez. moy plutaft un peu moinl
Et que jefois moins rettnuë.
le ne crains lefroid ny le chaud,
bt si feftois dans une Rue,
f'auroisbientoflcequ'il mefaut.
S'tlfaut avec tant de rigueur
Me laisser étouffer d'honneur,
l'aimcroú autant estre Fille.
Sera-t-il dit qu'un pauvre Chien,
A moins d'assêmbler sa Famille , Pourse guerir;, nepuisse rien
Ce riefi pas quevojlreDoudon
Voulust courir le guilledou,
Ny donnerlieu de parler d'elle :
Aduisc'efl qu'il est certain moment
Oùla Chiennelapins cruelle
Nepeutsepasser d'un Amant.
le vous le dis debonne-fy ,
Necejftéria point de Lay,
Vous me feretfirefoliej
Et vous ffavezqu'en pareil cas,
Si-tost qu'on en a bienenvie , L'occasion ne manque pat,
1 Oii;,
Ouy,l'Amoursefourreen tout lieux t
Argus me[me avecses centyeux
En vain me mettoit à l'attache.
Onsçait par Gens dignes defoy,
Qu'il ne putgarder une Pache ;
Yîendra-t-qn mieux à bout de moy ?
Je voudrois choijtr un Epoux
Quipuft me faire des Doudoux
Beaux & jolis comme leur Mere ,
Maisvous me contraindreZ.enfin,
Si vous méfiéstoujours severe
A prendre » le premier Matin,
Belles qui voyi(mon tourment,
Faites moy trouver un Amant.
Ainsi l'amour vous fait en aide,
Et dans cet accident fatal,
Vousfajfe trouver le remede
4VAnt quevous[entiez, le mal.
se reçois prefcntement une Lettre de
la Lorraine Efpagnolete
,
qui vous fer.
voir que le vray sen r
de l*Enigme d'Hya.
cinte qui n'a esté trouvé de personne, ne
luy apoint êchapé.se ne vous répétépoint
que l'Enigmequevous It.vetveuë en Vtrs
sur
sur le Zéro
,
estoit d'elle. Voicy ce que
sa Lettrecontient.
Madrid 29. Juin 1679.
Sur les Enigmes du mois de May receués
a Madrid le 16. luin 1679.
La Lorraine Espagnolete, à l'Autheur
du Mercure,sur l'Enigme du Zero. cEtte Enigme efloÍt peu de chose
Vuand elle partit de ma main
» Mais vousen avez, fait soudain
Vne riche metamorphosej
Et d'elle on Pl ut dire à ce coup » Malgré l'envie & la censure,
jîyant place dans le Mercure,
Celt un Zéro qui vaut beaucoup.
Explication de la seconde
L Enigme en Vers. A Vigne pleure avant que de produire
La moindre grappe de Raisin ;
Noé fut terrassé
, pour avoir bu du
Vin;
A ceux qui l'aiment trop, le Vtn nefait
que nuire.
Le
Le Bathare, & le Turc, le traitent ajJèt
mal,
Puii que leur Alcoran en interdit t'u..
fage.
Il est vray que par tout il deviendrait
j -
fatal,
Si ce riéfloit le mariage
Qu'on luyfaitfaireavec on Element
Quin'apas tant d'emppoorrtteemmeennsf..
Explication de l'Enigme
en figure.
L'Enigmed'Hyacinte est une chofit
assée ,
Slie-nous marque la Rosée
Que le Soleil dans nos Jardins
Change ln Lys) en Oeillets, en Roses 3&
Iafmins.
Comme Hyacinte paroist couché
sur-un gazon au pied d'un Arbre, &
qu'au bout des fiens il fort une Tige
fleurie, il sembleaussi représenter assez
naturellement une Fontaine, quiarrosantdes
fleurs, leur fert de nourriture,
apres en avoir reçeu les dispositions
necessaires du Soleil, qui en agitent
les petites parties.
LA
La Cour n'ayant quité le deuil que
depuis deux jours,;e ne fnis vous envoyer
un grand Article de Modesnouvelles3 &
mesmes je n'aurois rien à VOUd mander sur
cesujet, si le deuil avoit esié aussi régulier
à la Ville qu'ill'a esié a la Cour. La
grande chaleur a faitreprendre les Gaze.
ç.On en porte qUAntité,les unes hfleurs
d'argent, & lesautres à fiewsme/lées
d'or & d'argent. OnportedesEtofesen
fason de miroirsa que les uns appellent à
carreaux, & les autres à miroirs. La
Moire rayée ombrée est à la mode,aujJibien
qu'unenouvelle Etofe appellée i'Imperceptible,
qui apris la place de VInvisible
de l'année derniere.LesEtofes a la
Bourdaloüe font toujours en regne. On
porte beaucoup d'une Etofe que l'on appellefaçon
de Mousseline. Oncommence
àfaire une Laceure de Rubans autour
des Paremens des Manteaux,& des Robes
deChambre. Cette Aicde efi fort galante
, & les premiers Manteaux qu'on
a veu de cette maniéré ont extrêmement
pin.
Il n'y a aucune Etofe nouvelle pour
les Hommes; les uns prennent des Gros
de Tours, & les autres du Moncayac qui
efi
tfl une espece de Serge. Ils ne laissentpas
d'ejtïc beaucoup parez, à cause des Rub.!
rJs,des Plumes, & des Points de France
qu'il portent. Les Baudriers garnis de
Chevilles de toutes fortes de couleurs,
estoient fort en regne il n'y a pat longtemps.
On commence à les garnir de Rubans
étroits)& la quantitéqu'il en entre
dans chaque Baudrierles rend très-chers.
Comme le deuil est quité, Yefpere avoir
quelque chose à vous mander touchant
le.r Etofes nouvelles dans ma Lettre Ordinire
que je vous enveyeray le dernier
jour de ce mois. le fUIs) Madame vojlrt-,
&c.
A Parisce 15. Juillet 1679.
fecroy vous pouvoir"envoyer en Apoftilie)
ce qui a estêfait pour Son A. R.
Monsieur, à l'occaftonduMariage de
Mademosielle. Le mtfme Monsieur de
tlfle dont vous avez, veu un Eloge Latin
du Roy
,
dans lafinde ma Lettre du mois
de May , en est l'Autheur.
PHILIP
PHILIPPO FRANCIÆ FILlO,
Aureiiahtrjikm Duct Serentjfimo.
Hispanis & Batavis fractis prostigatifque
, harumce gentium gloriam,
rerumque reetituendarum fpem
, in
Campo Cassellensi,extinguenti;
SerenissimamFiliam,Ludovici Magni
neptem,Hilpanis Reginam donaado,
tantæ gentis gloriam,pristinumque
decus, resticuenti ;
Augustissimo Hispaniarum Regis 8c
natæ fuæconju gio Pacisamorisque
fædus æternum inter Gallos, Ibe
- - 1 - J1
.,"-
EXTRAORDINAIRE
DU
TOME VI.
LA LYON,
Chez THOMAS AMAULRY,
ruë Merciere.
M. DC. LXX1X.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
LE LIBRAIRE
AU LECTEUR.
Vifque <vous HJOUlez,
que je rvOUJ
donne (Cher Lecteur,)
un Catalogue
du quartier aAurll dans
£Extraordinaire
,
je le ferayf
quoy qu'il aye déja paru dans les
trois derniers Volumes du Mercure.
Ceux qui en^oyeront des
pieces pour ledit Mercure t5
Extraordinaire,a./franehirontles
portsjsdsveulent qu'elles[oient.
tenues. -.., ..- a ij
lïon continue à diJlrihuer le
lournal des Sçavans inquarto.
Tous Us Volumes de i677.
Je rendront toujours dDuefols
leVolume. Ceux de 1678. c*
1679. uingtfolsy tantseparément
que tout ensemble
: ainft
ceux qui Attendent à en prendre
plusieurs à la [ois, pour en avoir
meilleur marché, se trompent,
car ils augmenterontplutoflque
de diminuer du prix. Les Extraordinaires
se rendront aussi
toujours trente [oIslePo/ume;
Ily en asix.
LIVRES
LIVRES NoVrEAVX
duQuartier d'Avril. TRaité des Superstitions fé-
Ion l'Ecriture Sainte 5 Les
Decrets des Conciles, & les sentimens
des Saints Peres & des
Theologiens, par Mr. Thiers,indouze,
deux livres.
Memoires pour servir à l'Histoire
des Plantes, dressés par
Monsieur Dodart de l'Academie
des Sciences, in-douze, 50sols
L'Histoire de France & l'Origine
de la Maison Royale par le
P. Adrien Jourdan de la Compagnie
de Jesus,in-quarto, 3.volumes,
18.l ivres.
Le troisiéme volume dudit
se parément, 6. 1.
L'Oraison Funebre de Monsieur
le Premier President de
Lamoignon,parMonsieur l'Abbé
Fléchier,in-quarto.
Histoire de Theodose le Grand
par lemefmc, in-quarto, 6.l.
Voyage de la Terre Sainte,
avec desremarques pourl'intelligence
de la Sainte Escriture,
in-douze, 3.l.
Nouveaux Elemens des Sections
Coniques,lieux Géométriques,
&c. par l'Academie Royale
des Sciences in-douze, 50.s.
Traités de Mechanique
,
de
l'Equilibre, desSolides & des
Liqueurs, du P.Lamy, in-douze,
30.sols.
Le troisiéme & quatrième Tomes
de la Morale de Monsieur
de Grenoble, 1. Volumes indouze,
4. 1.
La Contrecritique de la Princesse
de Cleves, in-douze, 20. f.
Le
Le Courier d'Amour
,
indouze.
L'Education des Filles, indouze,
2. livres.
Nouvelles Maximes ou Reflexions
morales, in-douze, 20.(
Casimir Roy de Pologne, Histoire
veritable & nouvelle, indouze,
2. Vol. 30. C
Le Triomphe de l'Amitié, par
Monsieur de Preschac,in-douze.
L'Illustre Parisienne par le même,
in-douze.
Derniere Campagne de Flandre
& d'Allemagne jusqu'à la
Paix, in douze, 30. f.
Voyage de Monsieur Pirard de
Laval aux Indes Orientales,Maldives,
Moluques, & au Bresil, &
les diversaccidens qui luy font
arrivez, in-quarto, 6.l.
S. Aurelij Augustins Hipponensis
Episcopi Operum Tom. I.
post Lovaniensium Theos.recensionem,
Castigatus denuo ad Ma:
Codices Gallicanos, Vaticanos,
Anglicanos, Belgicos, &c. Nec
non ad editiones antiquiores &
castigatiores
,
operâ & studio
Monachorum Ord. SanctiBenedicti,
in-fol.
Histoire Sainte de Gautruche,
in-douze, 4. Vol. 6. L
Caffiodori Opera, fol. 2. volumes,
15.l.
Dictionnaire Pharmaceutique
ou plûtost Apparat Medico-
Pharmaco-Chymique, ouvrage
curieux pour toutes fortes de
personnes, utile aux Medecins,
Apoticaires & Chirurgiens
,
&
tres necessaire pour l'avancement,
& l'instruction des jeunes
Gens, qui s'adonnent à la prosession
de la Pharmacie, & particulierement
deceux qui ne
pc:7s
possedent pas pleinement la langue
Latine, par Sieur de Meuve
Docteur en Medecine, Conseiller
& Medecin ordinaire du
Roy, In-octavo, 2. vol. 3.l.
Reponce à la Critique publiée
par Monsieur Guillet sur
le voyage de Grece de Jacob
Spon
, avec quatre Lettres sur
le mesme sujet, le Journal d'Angleterre
du sieur Vernon, & la
liste des erreurs commises par
Monsieur Guillet dans son Athenes
ancienne & nouvelle, indouze.
L'Histoirede Venise par Baptiste
Nani de la traduction de
Monsieur l'Abbé Tallement, indouze,
2.volumes.
Je continueray de donner tous
les Mois un Cayer des Nouvelles
découvertes, sur toutes
les
les parties de la Medecine pour
six sols le cayer.
Avis pour placer les Figures. LEs Devises pour les Cachets,
doivent regarder la
page 161.
Les Medailles, doivent regarder
la page 222.
EX
EXTRAIT VV PRIVILEGE
du^Roy.
pAr Grace & Privilege du Roy, donnéà
Saint Germain en Laye le 31. Decembre
1677. Signé Par le Royen son Conseil, JUNQUIERES.
Il est permis à J.D.Ecuyer, Sieur de
Vizt:, de faire imprimer par Mois un Livre intitulé
MERCURE GALANT, presenté à
Monseigneur LE DAUPHIN , & tout ce qui
concerne ledit Mercure, pendant le temps&
espace de six années,à compter du jour que
chacun desd. Volumes fera achevé d'imprimer
pour la premiere fois: Comme aussi defenses
font faites à tous Libraires,Imprimeurs, Graveurs
& autres,d'imprimer,graver & debiter
leditLivre sans le consentement de l'Exposant,
ny d'en extraire aucune Piece, ny Planches
servant à l'ornement dudit livre, mesme d'en
vendre separément, & de donner à lire ledit
Livre, le tout à peine de six mille livres d'amende,
& confiscation des Exemplaires contrefaits
,
ainsi que plus au long il est porté audit
Privilege.
Registrésurle Livre de laCommunauté le
5.Jan
5.Janvier 1678.Signé E. COUTEROT. Syndic.
Et ledit Sieur D. Ecuyer, Sieur de Vizé a
cedé & transporté son droit de Privilege à
Thomas Amaulry Libraire de Lyon, pour
en joüir suivant l'accord fait entr'eux.
Achevé d'imprimer pour la fremiere foit tl
15.Imllet1679.
EXTRA
EXTRAORDINAIRE
D U MERCURE
GALANT.
QUARTIER D'AVRIL 1679,
TOME VI.
E nepréviendraypoint
voA tre j*ugement, Madame,
sur le mérite,
des Pièces qui entreront
dans cette fixi/me Lettre ExtraordinAire.
La letture que vout
en ferez, vous persuadera plus
de ce quelles valent, que tout ce
que je vous en pourrois dire d'àvantageux.
Ily en a beaucoup
desmesmes Autheurs dont vous
Avez déja leu les Ouvrages avec
plltifir. défi tout ce que je vous
diray pour vous préparer à celuy
que vous devez attendre de ce
quilsmontfait la grace de m'envoyer
depuis ma derniere. La Lettre
quifuitytrake d'uneaffaire du
Printemps. Elle efiencor de fai-
[on)puifqHe l'Eté ne fait que de
commencer.
LETTRE
LETTRE
D E Mr D.
A MADEMOISELLE
D. L. N. D. A. vOus aviez raison de croire qtre le
Printemps ne se passeroit passans
donner lieu àquelque avanture. L'aimable
Madame D. E. nous a quitez,
& sell retirée dans sa Maison de Campagne,
d'où ellea protesté qu'ellene
reviendroit jamais. Jugez des alarmes
que cetterésolution a données à mon
Amy. Son attachement pour cette
belle Personne vous est connu. Je ne
sçay si quelque dépit amoureux n'a
point esté la cause de son départ, mais
il est certain qu'elle avoit declaré quelques
jours auparavant, qu'elle ne vouloit
plus voir mon Amy. Ainsi quand
on luy donna cette fâcheuse nouvelle,
il ne douta point qu'elle ne se fust
éloignée pour le fuir. Il disparut presque
dans le mesme temps, & personne
ne sçachant ce qu'il estoit devenu,
je ne doutay point à mon tour qu'il
ne se fust abandonné aux conseils de
sa passion. L'impatience d'en estre
éclaircy
, me mena dans un Hameau
éloigné seulement de cinq cens pas de
la Maison de la Belle. A la peinture
que j'y fis de mon Ami,on m'enseigna
où je le pourrois trouver. J'y courus.
On me dit qu'on le croyoit à la Chasse
qui sembloit estre toute son occupation.
Pour me divertir en attendant
son retour, j'allay me promener dans
un bois prochain, où il y a des Arbres
d'une prodigieuse grosseur. L'écorce
de l'un me parut pleine de caracteres
d'écriture. Je m'en approchay,
Jk y leus ces Vers.
Témoins, &seuls Objets desplaisirsde
ma Belle,
Arbres
, si confiamment elle vous est fidelle,
N'enpuu-je paseflrejaloux?
Quand elle rne quite pour vota,
N'ay-je pat sujet de rne plaindre?
JMaU non, vou*n'estes point la causede
mesmaux
Et
Etsi vom estes mes Rivauxj
Des Rivaux comme vom ne font jamais à
craindre.
Un peu plus loin il se presenta à
mes yeuxun autre Arbre sur lequel
les Vers qui suivent estoient gravez.
Depuis peu, volageBergere,
Tu fuis d'abord que tu me vois
«, Tu rnents paifire au bord du Bais
Tes moutons dessuslaFougere.
Quite ce Bois & ton couroux;
:A tes Moutons ,
a moynefoispa*si
cruelle.
Ah pourquoy mefuir> infidelle ?
Pourquoy les expofer aux Loups?
Je vous plains, Brebis innocentes,
se plains vofire rigoureux fort.
Philis vous expose a la mort,
Malgré mes larmes impuissantes.
jihy sivous coureZau trépas,
Ne dois jepassoupirer& meplaindre,
De voir qu'un Berger tfi à craindre,
Et que les Loups ne lefont pat ? -:-
A cent pas de là je leus encor ces
paroles.
Je pouvois m'estimerheureux,
Quandvivant sans amour, je vivoissans
alarmes ;
JMais pAr un fort trop rigoureux,
JJepuû qutfay veu deux beauxyeux,
A tous mornens ICI miens versent des larmes.
HellU J'Ji de Philid la tropgrAnde rigueur
A ma tendresse enfin ne rend les arma,
Dis adieu pour jamaù9rnon coeur,
A cette douce paix dont tu vantais les
charmes.
Il ne me sur pas difficile de connoistre
que ces Versestoient de mon
Amy. Je le plaignis d'aimer avec tant
d'ardeur une Personne si peu sensible
à sa passion; & j'entray encor bien
plus fortement dans ce qu'ilsoufroit,
lors que m'estant arresté à écrire sur
mes Tabletes ce qu'il n'avoit crû confier
qu'aux Arbres
,
je luy entendis
chanter ces Vers qui m'apprirent ce
que j'avois toujoursignoré, que quand
1 Epine commence à fleurir,elle poufse.
des gemilîèmens.
Vnique
ZJnique Confident de mts tendres defiril
O Myitjftn j
d'où ftntenssortir mille foû-
-
""1-;
UÉpinefleuriJfa»tà lafaison mmvellc;
Tu ne[ONfres pas tant que moy. Situteplains,c'estsanssçavoir de-
-
cptoy.
Mai4pOHr moy ,je me plains d'une Beautétruelle
Quime faitfoupirtrparfm manque de
Joy.
* Il n'eut pas plutost achevé cette
Chanson
, que je m'avançay jusqu'au
lieu d'où partoit la voix. J'y vis mon
Amy couché au pied d'un Arbre environné
d'unBuisson d'Epines. Jugez
de sa surprise quand il m'apperçeut. Il
se leva pour me venir embrasser, &
apres m'avoir écouté sur les reproches
que je luy fis de l'aveugle passion qui
ne luy laissoit aucun repos, il m'avoüa
que n'ayant encor pû trouver moyen
de fléchir sa Belle, qui ne sortoit preC
que point de peur de le rencontrer ,il
estoit resolu à demeurer dans le Hameau
,
jusqu'à ce qu'il luy eust fait
connoistre. son innocence. Je luy dis
que les remedes les plus certains
estoient ceux qu'on appliquoit à propos;
qu'il estoit quelquefois dangereux
de précipiter les choses, & qu'on
n'auroit jamais tant d'impatience de
l'entendre se justifier
, que quand il
n'en chercheroit pas l'occasionavec
tant d'empressement. Il me crût, revint
icy avec moy , & il a vescu avec
tant de tranquilité. depuis son retour,
qu'il semble qu'il ait entierement oublié
l'aimable Personne pour laquelle
il nous avoit tous abandonnez. Gleft
ce qui a donné lieu à deux Favoris des
Muses que vous connoissez, de faire
ces deux Madrigaux. MADRIGAL
D E Mr L. M.
TRonpcau que le Printemps
Rapelle dans nos Champs,
Ne -cherche"^plut un autre MaiJlrt.
Yoftre aimable Berger qui vatu avoit
quité
Pour suivre une jeune Beauté
s.
Revient vous menerpaistre,
Som
Sens les loix de la jeune lri4
Son ame rieft plus ajJervie.
Il veut passer toute sa vie
Avec [es aimables Brébid.
Bergers, dans la faison nouvelle
jQuttez. les Belles du Hameilll)
Allez, où Tirfis vous appelle.
L'exempled'un Bergersibeau,
Qui quiteson lrii si charmante &sibelle,
Fous montre qu'un Berger fidelle
Revient toûjours a [on Troupeau. MADRIGAL
DE Mr D. P.
MOutons à present fortunez.,
Que l'on avoit abandonnez»
Nesoûpirez.patdavantage,
yoflre fort rieji plut rigoureux,
Ce our vous rend les plus heureux
De tous les Bergers du VIllage.
7irfis
,
voflre aimable Berger
Ne veut plusvous changer
Pour la Bergere Annete.
MoutonJ n'en soyez. plus jaloux,
Il va reprendresaHoulete j
A(fis prés de voussurl'herbete,
Il chanterasursa Murette,
£!.y'il est charmant & qu'il est doux
De n'aimer rien que vous ?
Je chanterois volontiers la mesme
chose , & finis en vous disant,
Qu'ilest charmant & qu'il (si doux,
De s'entretenir avec vous !
LesRaisonnemens que vous allez, voir
sur le Problème qui met en quejlionsion
doit se marier font de Monsieur Taifand
Avocat au Parlement de Dijon ; & la
Pieceen Vers qui est en fuite
, & quifait
connoistre qu'une jeune Personne avec
peu de bien, esi préférable a une Vieille
Ires-riche, aesté faite par Monfieur-
Cousinet, Fds du May/re des Comptes de
saris qui porte ce nom.
Si un Homme doit se marier. cEtte Question ne peut estre quetrs-
importante , parce que le
Mariage estant la source ordinaire des
Hommes, est par conséquent le fondement
de la Societé civile. A leconsiderer
siderer politiquement
, on ne peut
douter de la necessité qu'il y a d'embrasser
cet estat de vie préferablemenc
à tout autre, puis que sans luy les
plusflorissans Empires finiroient bientôt,&
que par la suite des genérations,
il fait une espece d'immortalité en
ce monde. Mais icy mettant à parc
l'interest général
,
il faut descendreau
particulier
, & examiner s'il est expedient
que l'Homme qui se considere
seul, & qui ne songe qu'à son propre
repos, s'engage dans le Mariage.
Si un Homme est fortement touché
du desir de conduire une Famille
avec prudence, de bien vivre avec une
Femme,& d'élever des Enfans dans la
veuë d'en faire d'honnestes Gens, qui
esttoutcequ'il y a de plus recommandable
dans le Mariage, & le but que
chacun doit avoir; il peut & doit se
marier,car il n'est rien de si doux que
de menerune vie reglée avec une hon-.
nefte Femme dans un Mariage legitime.
Une honneste Femme est un des
plus grands dons du Ciel, & des plus
précieux tiésors de la Terre.Vne honneste
Femme partage avec son Mary
le
le bien & le mal qui luy arrivent. Esle
augmente sa joye. Elle diminuë ses
chagrins. Elle est sa fidelle & inseparable
Compagne,sa Confidente &
sa meilleure Amie. Ils prennent ensemble
les plus justes mesures qu'ils
peuvent dans leurs affaires. Ils ne font
rien que de concert , & la bonne intelligence
qui est entr'eux,rend leur
union infiniment agreable.
En effet quel repos n'est - ce pas
pour un Mary, de laisser les soins du
ménage à une Femme a d roite & oeconome
! Quelle douceur n'est - ce pas
pour luy d'en avoir des Enfans qui.
font les gagesprecieux de leur amour
mutuel, & les appuis de sa propre
vieillesse ! Quelle joye n'a-t-il pas,
quand ces Enfans profitentde la bonne
éducation qu'on leur inspire ? La.
Femme suivant la Paroledivine a esté
donnée à l'Homme pour luy servir
d'aide, & il est certain qu'ils se doivent
l'un à l'autre un secours, uneaffection,&
une charité sans borne & sans
mesure.Dieusemble porter l'Homme
à la recherche de la Femme ,
quand il
ditvJMalhtHYa celuy qui mene une vie,
folitaire»
solitaire, comme n'y ayant point de selicité
en ce monde sans la liaison étroite
, & indissoluble des Hommes
avec le beau Sexe. Sur ce principe, un
Ancien disoit agreablement
, que la
Femme est aussi necessaire à l'Homme
que les Habits qui le couvrent; & la
pluspart des Personnes les mieux senfées
demeurent d'accord, qu'il n'e st
rien de plus propre à rendre la vie
douce & commode,que l'union conjugale.
C'est pour cela qu'on chassoit
autrefois de Rome comme Gens inutiles
, ceux qui vivoient dans le Celibat.
Jgnavum fncos pectu À prdfepibw arcent.
D'autre part quoy que les Femmes
soient aimables & engageantes, il
faut qu'un Homme qui est encor maître
de sa liberté, s'examine & considere
avant que de la sacrifier à une
Femme par les liens étroits du Mariage,
s'il pourra s'accommoder à son humeur
; s'il pourra essuyer certaines inégalitez
ausquelles les Femmes font
sujettes de temps en temps. Il doitsçavoir
que quand une Femme est belle,
ordinal
ordinairement elle est fiere, & la fierté
est difficile à souffrir ; Que quand
une Femme est riche
,
elle est moins
soûmise,& la soûmission de la Femme
fait le charme du Mariage; Que quand
une Femme est de meilleure naissance
que son Mary, il court risque d'en
estre meprisé, & qu'y a-t-il deplus
miserable & de plus cruel? Que quand
une Femme est beaucoup plus jeune
que son Mary,elle se console des vieilles
années du bon Homme par lacquisition
d'un Galant, & qu'y a-t-il
de plus honteux pour luy? Que quand
une Femme enfin a plus d'esprit que
son Mary, elle philosophe continuellement
, & s'efforce de luy prouver
par des argumens en forme qu'il
raisonne mal, & qu'y a-t-il de plus
infuportable que ces sortes de disputes?
Ainsi Saint Paul qui sçavoit les
inconveniens du Mariage,dit, Il est
expedient à l'Homme de n'avoir point de
Femme. Quelqu'un a dit à ce sujet qu'une
laide faisoit mal au coeur,& une
belle à la tesie; & un autre poussant
la chose plus loin,soûtenoitqu'il n'y
avoit pour un Homme dans le Mariage
riage que deux beaux jours, le premier
& le dernier. Plaute nous apprend
qu'un moyen fort assuré
»
de ne
pas manquer d'embarras , c'est d'avoir
un Navire & une Femme, & à
propos de Navire,un Pilote ayant dit
pendant une tempête à ceux qui étoient
dans son Vaisseau
,
qu'ils eussent
à jetter dans la Mer ce qu'ils
avoient de plus pesant
, un Mary y
jetta sa Femme, parce qu'il n'avoit
rien, dit-il
,
desi embarrassant & de
si incommode. Vn autre s'entendant
complimenter sur ce qu'il avoit une
belle Femme , montra son soulier, disant
qu'encor qu'il fust bien fait &•
qu'il semblât estre fort propre à son
pied, on ne voyoit pas où ille bletïoiu
Le Philosophe Thalésestant consulté,
à quel âge il falloit se marier
,
§luand
on efi jeune, dit il
,
il n'est pas encor
temps, & quand on est vieux, iL nefi
plustemps. Enfin pour tout dire en
un mot, les Femmes ressemblent à peu
prés,aux Fruits de Sodome & de Gomorre.
A la verité ces Fruits font fort
agreables à laveu ë,mais dés qu'on les
touche
>
leur beauté se perd; & puis
que
que la beauté des Femmes dure si peu,
il semble qu'elle ne vaut pas qu'un
Homme l'achete au prix de son repos
&de sa liberté.
Joignez à cela que si un Homme a
des Enfans, il doit se préparer à n'en
avoir pas toûjours beaucoup de satisfaction;
car sans compter qu'ils apportent
quelquefois des defauts conside.
rables en venant au monde, quand ils
font dans leur premiere jeunelle,ils
ont ordinairement de certaines santaisies,
lesquelles estant jointes à des
cris importuns, si elles ne donnent
pas bien du chagrin, diminuënt au
moins la joye & le plaisir qu'on a de
les voir. Quand ils font dans un âge
plus avancé, ce font des Créanciers
qui demandent le payement de la debte
que leur Pere a contractée avec eux
par le titre de leur naissance. Mais ce
qui est encor plus fâcheuxque tout cela
, cest que souvent ils repondent mal
aux bonnes intentions de leurs Parens,
& aux sentimens d'honneur& de vertu
qu'on tâche de leur inspiter.
Que si cet Homme n'a point d'Ensans
, il se reproche à luy-mesme sa
stetilité.
sterilité.Ilfedeplaistdans le Mariage,
n'en ayant pas les fruits, & il envie la
condition de ceux qui ont des Heritiers
issus de leur propre fang.
Il est encore fort mal- plaisant à un
Homme marié d'estre responsable en
quelque maniere de la conduite de sa
Femme, de ses Enfans
, & de ses Domestliques
sui vant la bizarrerie d'un
usage étably sans raison & sans fondement.
Apres tout, la vie de Garçon a cela
de commode, que ceux qui vivent
ainG, font maistresabsolus de leurs
actions
,
de sorte qu'ils ne font presque
jamais exposez aux censures de
Pcrfonne. On fait mesme ordinairement
la cour à ceux qui n'ont point
d'heritiers necessaires ; & celuy quJ.
n'a pas encor choisi une Femme, est
en estat de la choisir à son gré, ce qui
est un des plus grands avantages qu'on
puisse avoir.
Si une l'emme doit se marier.
LEs Femmes ne doivent pas moins
se consulter que les Hommes
fut
sur le Mariage, car il est pour elles
comme pour eux un étatde vie où il
y a beaucoup de hazard
, puis qu'il
est tantost un Naufrage,& tantost un
Port. Si une Femme a un honneste
Homme,il n'est point de condition
plus heureuse que lasienne. Ce Mary
ne manque ny de complaisance ny de
tendresse pour saFemme, Illuydonneà
tous momens des marques d'une
amitié sincere. Il est son chef son appuy
, & son protecteur. Il n'a rien de
secret ny de reservé pour elle; & de
mesme que le Soleil communique sa
lumiere à la Lune, il l'éclairé de ses
rayons Elle partage avec luy ses avantages.
Elle entre dans tous ses interests
& ses sentimens. Elle l'aime. Elle le
respecte & l'honore comme son Dieu
visible sur la terre. Queje meur."st le
M"¡Ilge n'a beaucoup de douceurs
s
dit
une de ces heureuses Femmes, se réjoüissant
d'avoir rencontré un honneste
Homme.
Ces raisons peuvent engager une
Femme à se marie,mais il yen a d'autres
qui peuvent aussi l'en détourner.
Quand elle est sa maistresse, elle doit
penser
penser qu'en prenant un Mary, ellese
donne souvent un Maistre , pour ne
pas dire un Tyran,qui luy fait sentir
la pesanteur du joug qu'illuy impose,
qui luy fait rendre un compte exaa: de
ses moindres actions
, & qui bien loin
de la traiter comme sa Compagne, la
traite au plus comme une Servante
honorable;& quelquefois mesme plus
mal que le dernier de ses Domestiques.
Outre qu'il peut arriver que ce Mary
fera un mal-honneste Homme, qui la
fera rougir par sa mauvaise conduire;
un dissipateur
, & un débauché, qui
consumera dans une annéeceque ces
Ancestres auront eu bien de la peine
d'amasser dans le cours d'un Siecle,&
qui non content de devorer sa propre
substance
,
devorera encor, s'il peut,
celle de sa Femme , e l'entraînera
avec luy dans le précipice. De là vient
que quelqu'un demandant à Thémistocle,
à qui il donneroit plutost sa Fille
en mariage,on à un Pauvre qui feroit
honnelte Homme,ou à un Riche
dont la conduite feroit suspecte
,
& la
réputation flétrie, Thémistocle luy fie
cette belle & judicieuse reponse;j'aime
mieux
mieuxun Homme qui ait befoin d'argent,
que de l'argent qui ait besoin d'un Home.
- D'ailleurs si cette Femme a des Ensans
, comme il est ordinaire presque
à toutes les Femmes,quelle fatigue
n'aura-t-elle pas de les porter diuanc
le temps que la Nature a marqué? &:
au bout de ce terme il luy faudra les
mettre au monde avec d'extrêmes douleurs.
Si ces Enfans font mal nez,8c
s'ils ont les inclinations de leur Pere,
ce fera pour elle un redoublement de
douleur.
Mais suposons qu'elle ait un honneste
Homme, il faut pourtant luy
obéir, puis que Dieu l'a étably au desfus
d'elle, qu'illuy commande de refpectterce
Mary comme son Chef&son
Sdgneur,&qu'aurapore de Saint Ambioise
, Dieu a rendu les Femmes Servantes
de leurs Marys
, avant qu'il y
eust des Serviteurs & des Esclaves.
Saint Augustin dit à ce sujet, que ordre
est renversé, & qu'il n'y a point
d'état plus miserable que celuy d'une
Maison où la Femme a autorité sur le
Mary. Il ajoûte que mesme une Femme
pour peu qu'elle ait de pudeur,doit
estre
estre honteuse d'avoir l'empire surfou
Mary, parce qu'elle a la gloire de l'obeïssance
en partage, que le commandement
appartient au Mary par les
Loix Divines & Humaines , & que
pour marquer que cela doit estre ainsi,
c'est qu'il n'y a point,dit-il , de
Femme assez temeraire pour oser dire
que son Mary n'dl: pas le Maistre.
Or si la Femme doitobeïr à son
Mary,comme on n'en peut pas douter,
ce Mary tout honneste Homme que je
le supose , sera-t-ilraisonnable dans
tous les momens de sa vie? Ne commandera
t-il jamais rien à sa Femme
qui luy paroissè difficile,& à quoy elle
ait de la repugnance ? Aura-t il pour
elle unecomplaisance nexacte, quejamais
il ne luy ordonne rien qui ne foit
conforme à ses inclinations? Ne luy
prendra t-il jamais envie de mettre à
l'épreuve l'obeïssance & la soumission
de sa Femme ? Que si par hazard ce
Mary a quelque bizarrerie (& où est
celuy qui n'a jamais Ir moindre inégalité?)
àquoy cette pauvre Femme
ne sera-t-elle pas exposée? A combien
d'extravagances ne faudra -t-il pas
qu'elle
qu'elle se prépare? Combien d'injures
& de mauvais traitemenscette malheur
reuse n'aura-t-elle pas à essùyer, si elle
ne se met à son devoir, si elle resiste
auxordres de son Mary,si elle difere
tant-soit-peu de luy donner ds marques
de son obe'iirance?
De plus si ce Mary est jeune, & sa
Femme vieille, il la meprisera. S'il est
vieux & laid,& elle jeune & belle, il
fera dans des défiances & des jalousies
continuelles. S'il est d'humeur galante,
illuy donnera de l'ombrage. S'il
est sombre & particulier, il s'opposera
à ses divertidemens. Enfin le
Mariage est une affaire & pour les
Hommes & pour les Femmes, qui
n'est pas sans inconveniens. S'il a
ses douceurs, il a ses amertumes & ses
chagrins. Quand on ne l'a pas éprouvé
, on
s'enfait
une image agreable;
mais quand on sçait ce que c'est, souvent
on le negligle, & je doute qu'on
js'y engageâtaussi facilement que l'on
fait, si On y pensoit bien serieusement.
Neantmoins pourveu qu'on se marie
avec son égal, il n'est point d'état de
vie, à proprement'parler, plus doux
&
&plus commode que celuy du Mariage
; car outre qu'il donne la liberté de
contenter ses desirs
, & que par un
heureux mélange deux Corps ne font
qu'unmesme esprit & une mesme volonté
il est certain que nous ne [om.
mes chacun separément que des moitiez
, lesquelles estant réünies par le
Mariage,
font un tout complet &
achevé;que chaque Sexe a besoin
d'un secours réciproque ; que nous
sommes faits les uns pour les autres,
& que chacun de nous choisissant
dans la conduite du ménage l'employ
qui luy est propre, le Mary,les affaires
du dehors, la Femme celles de la
Maison, nousfaifons la plus agreable,
la plus belle, & la plus utile societé
dont la Nature humaine soit capable.
Toute la difficulté consiste à trouver
cette égalité d'âge
, de conditiont
de biens, d'inclinations, & demérité,
qui fait la felicité du Mariage; car
sans cette égalité, le Mariage court
risque non seulement de n'estre pas
heuteux, mais encor d'estre une societé
de toutes fortes de maux & de disgraces.
SEN
SENTIMENS
SUR LA PREMIERE
Question proposéedansl'Extraordinaire
du Quartier de
Janvier.
Que le party d'une jeune Personne
avec dix-huit mille Ecus, est preferable
à celuy d'une Vieille qui en a
cinquante. CE{l aux Esprits mal faits,aux
Arnes mercenaires, t/ifeindre de brûlerpour des Quinquagénaires
;
Pour moy quifuû mieux né,l'or neme
tente pas Et la , jeunessefeule a pour moy des appa*,
Que la Vieille en mon coeur n'espere point
deplace,
Auprel de ses trésors je mesens tout dé
glace;
Et si jamaûl'Hymen rend mes desirs
contens,
L'Ob
L'objet de mes amours n'aura que dixhuit
ans.
l'auray pour mon Epouse une noble tendresse,
l'amerayfa personne & non pas sa rilhejJe.
Vous donc qui pretende"^far un injnftc
abus,
Malgrévos cinquante ans, brillerpar vos
écus
FraÙ remede)s d'amour3 vojire efperanç,
est vaine»
Vous ne me tiendrez,point dans Vamonreuse
chaîne,
Vn pied dans le tombeau vous me faites
la cour. jih songez. a la mort) & non pas à l'amour
i Songez, que par -le ttmpsvojiregorgesans
grâce
Est
)
malgré vojire bien, reduite à U
besace>
Songetqu'unfrontridémechoque &me
fait peur, Qu'un honteux interefi me donne de l'horreur,
Et cessez.d'esperer que jamais l'Hymenée
Enchatne vos vieux jours avec ma dertinée.
Mauvom, jeunes Beautez, cesta vctu
que j'en veux.
A vos jeunes attraits je borne tous mes
voeHX.
L'âge de dix- huit ans est unefeûreve
Pour faire de mon coeur une amoureuft
proye
L'Inttrefl sur ce coeur ntut jamais de
pouvoir,
Par un plus beau ressort ilse JgijJe mouvoir,
Et fuit le doux fanchant ou vostre âge
l'entratne,
Sans que de vostre dot il fait beaucoup
en peint.
Quanddix-huit milleêcus feroient tout
vostre bien,
Ettjfiez-vous moins encor, neujfie^vous
mesmerient
Sur la plus riche Vitiïle>&sur son opulence,
Votre âgeflorissantauroit la preference.
le ne du pas pourtant qu'il ne sott assez.
doux
De pouvoir tftre riche en devinant
Epouxj
Je
le blâmefeulementlufois Extravagante
D'un coeur qui feint d'aimer une Veuve
opulente,
Et qui pouffe à ses pieds des soùpirs
odieux
Que fil richesse attire
»
& non pas ses
beauxyeux.
Pour choisir une Epouse t il faut avoir
dansVamt
Les pluspursfentirnenl de lapluspart
flârne;
L'Hymen est un lien bien souvent dangereux,
A moins que la tendrefft en ait ferré les
noeuds.
Quandl'Avarice ufmpe un si beau privilège
, Quandl'Jntertfl s'en mesle , on fait un
sacrilege.
Ilfaut que l'Amourseulforme des noeuds
si doux,
Ilfaut ejlre Amoureux avant que d'estre
Epoux.
Maispour qui pourrons-nous avoir dela
tendrejJe,
Sinon pour vos beaux yeux OH brille la
jeunesse ?
Fnc Vieille aura beau nous vanter [es
trésors, B ij
Ils nont rien qui ne cede aux charmes
d'un beau Corps,
Et les moindres plaisirs que nous promet
vofire âge,
Valent mieux que tout l'or du Paiïole &
du Tage.
jQuel bonheur de pouvoir admirer cent
Beaute\
Dont, ainsi que le eveur, lesyeuxfont enchant/'{!
Quel bonheur , quand charmé de tout ce
qu'on admire,
Onftait.arrestez. Mufe
,
& craignez,
de trop dire,
L'âge de dix-huit ans a des appas secrets
Dont vous ne devez, pas dtpeindrt tous
les traits.
LaijfeT^donc ce difeours, prenez, un autrefiile,
Dites que la Icunejfe est un Printemps
fertile
Qui donne abondamment & des lfeurs &
des fruits ;
Dites que taVuilhjfe engendre mille ennuir,
Et qu'elle tri de ïHyver une trissepeinture,
;
Qui ne produisant rien
>
fait honte à la
Nature ;
Dites que les Enfans fontlesfruitsles
plus doux.
Mufe
, encor unefois, c'efi assez
>
taife^
jvous.
Le mesmeAirTaifandde Dijon,
dont je vous viens de parler, a fait un
tres-bea" Difcours sur la Peinture.L'envie
de diversifier la matiere mayant empêché
la dtrniere fois de l'adjoûter aux
autres Traitez, de cette nature , jem'acquite
aujourdhul de la parole que je vous
donnay alors, de vous l'envoyer dans une
autre occafon.
DELA PEINTURE.
LA Peinture qui par une magie
innocente, & par une douce imposture
, nous trompe , & nous enchante
si agréablement, a une origine
assez obscure
, & presque inconnuë.
les Egyptiens,selon Pline, font
les Inventeurs de ce bel Art. D'autres
j'atrribuënt aux Grecs , comme Ariflote
; mais soit que les Egyptiens en
soient ou non les véritables Autheurs,
ils font extrêmement jaloux de ceç
honneur
, & de crainte qu'il ne leur
échape
,
ils soutiennent, par un mensonge
évident, que la Peinture estoit
inventée en leur Pais, plus de six mille
ans avant qu'elle passât en Grece.
Ce qu'il y a de certain en faveur des
Grecs, c'est qu'après de foibles commencemens,
elle est arrivée parmy eux,
dans la suite des temps à une tres-grande
perfection.
L'on convient que cette ingenieuse&
fçavante Imitatrice de la Nature,
commença environ la quatre-vingttroisiéme
Olympiade par des lignes
que Philocles Egyptien, ou comme
d'autres veulent, Cleanthe de Corinthe,
traça autour de l'ombre d'un
Homme
3 ou suivant quelques-autres,
ce fut un Amant qui estant sur le
point de faire un long voyage, s'avisa
de tracer le profil du visage de sa,
Maistresse sur celuy, de son ombre,
pour conserver quelque imagede ses.
traits
traits qui pût adoucir le chagrin de
son absence. Ensuite on peignit d'une
seule couleur, & puis avec plu-.
sieurs, & longtemps après, on trouva
les couleurs rompues, les divers
tons de couleurs, les reflets, l'harmonie,
& l'effet des lumieres & des ombres
,
les attitudes, le contraste, le
parfait accord des parties avec leur
tour.
Le premier qui distingua en fait
de Peinture par des traits naturels,
l'Homme d'avec la Femme, fut Hygiemon
, car auparavant,il falloit
mettre sur le Tableau, c'est un Homme,
cess uneFemme. Eumarns Athénien
entreprit d'imiter toute CHte de
Figures. Cimon Cleonéus fut le premier
quipeignit de profil,&qui exprima
les diférens airs de teste. Il divisa
les membres par des jointures, marqua
les veines,& inventa le mpyen de jetter
une draperie,& d'en bien disposer
les plis. Panéus fut plus hardy
, car il
se hazarda de peindre la fameuse Bataille
des Athéniens contre les Perses
dans la Plaine de Marathon,en quoy
il réussit de maniéré , qu'on y remar..
quoit les plus grands Capitaines des
deux Armées, & leurs principales
actions.Apollodore qui vivoitenla
quatre- vingt-treizième Olympiade,
fut le plus sçavant des anciens Peintres
dela Grece. Cependant on dit de
luy qu'il ne fit qu'ouvrir les portes de
rÂrtjOÙ Zeuxis entra le premier comme
en triomphe en la quatre - vingtquinzième
Olympiade, & eut pour
Contemporains& pour Emules, Timante,
Androcyde
,
Eupompe , Parasius.
On raconte que ce dernier entra
en lice contre Zeuxis,lequel ayant
pelnt des Raisins tellement au naturel
, que les Oyseaux y voloient pour
les bequeter
,
Parasius peignit.un Rideau
que Zeuxis voulut tirer pour
voir ce qui estoit derriere. C'est ce
qui obligea Zeuxis à se confesser vaincu
,
disant qu'il y avoit plus de gloire
à tromperies Hommes que les Animaux.
Apres ceux- là fleurirent en la centdouziéme
Olympiade, Pamphile &:
Appelle son disciple
,
qu'Alexandre
visitoiesouvent dans son Atelier, prenant
plaisir à le voir travailler
, & à.
s'aban
s'abandonner au Pinceau de ce seul
Ouvrier, car il défendit par un Edit
exprés à tout autre Peintre de faire
son Portrait. La raison est
, que ce
Peintre incomparable faisoit des Portraits
si ressemblans, qu'on dit qu'un
certain Professeur en l'art de diviner,
faisoit en les voyant des horoscopes
fort justes des Personnes qu'ils representoient.
En effet Apelle peignit si
parfaitement A lexandre,que cela donna
sujet de dire qu'il y avoit deux
Alexandres ; qu'à la vérité l'Alexandre
de Philippe estoit invincible,mais
que celuy d'Apelle estoit inimirable.
Protogene , Amphion, Afclepiodore,
Aristide, avoient aussi une grande réputation.
C'est pour cela que Demétrius
ayant pris Rhodes,conserva Protogene
comme le plus prétieux gage
de sa Victoire , car alors un habile
Peintre estoit un Personnage fort illustre,
& la Peinture estoit en si grande
estime
, que les Roys & les Empereurs
en faisoient leurs délices, &
croyoient ne pouvoir assez payer un
beau Tableau, jusque-là qu'ils en donnoient
quelque- foisdes sommes immenses
, & que quelquefois aussi ils
ne dédaignoient pas de se servir du
Pinceau de la mesme main dont ils
portoient le Sceptre. Telsestoiententr'autres
ces grands Princes François
Premier, & Loüis XIH. qui se délassoient
des fatigues de la guerre, &
des fonctions pénibles de la Royauté,
dans ce doux & tranquille exercice,
& qui en saisoient un de leurs plus
agreables divertissemens.
La Peinture dont on peut dire quep
les productions font descreations de
choses, à la véritéinsensibles, inanimées,
mais qui ont souvent plus d'agrément
que celles qui vivent & qui
respirent
, passa de la Grece en Italie,
& on y en fit tant d'état, qu'un
grand Personnage de la tres -
illustre
Famille des Fabius , tint à honneur
<Mre dJbngué par le surnom de
Peintre, & peignit le Temple du Salut,
l'an quarre cens cinquante de la
Fondation de Rome. Les plus grands
Hommes s'adonnoient pour lors à la
Peinture,ce qui durajusues foûs les
premiers Empereurs; mais quelque
temps apres, par une revolution ordinaire
Haire aux plus belles choses, elle tomba
dans le mépris, & elle demeura enfevelie
parmy les ruïnes des autres
Sciences, & des autres Arts. Elle ne
recommençadeparoistre en Italie que
long-temps apres , par les foins &
par le travail de Cimabué qui contribua
fort à la rétablir, & à III y rendre
sa premiere beauté.DomenicoGhirlandai
Maistre de Michel-Ange
,
fut
un de ceux, qui, bien que sa maniere
fût seche & gothique,s'éleva au deffus
des autres. Mais Michel- Ange
son Eleve les laissa tous bien loin derriere
luy
, & se mit par son extraordinaire
mérite dans une réputation im.
mortelle. Il excelloit sur tout dans le
ddfein. Cependant RaphaëldVrbin
acquit encor plus de gloire que Michel-
Ange
, & il a porté si loin son
Art,qu'ilsemble avoir surpassé la Nature
mesme. On remarque entr'autres
parties, qu'il avoit le talent de donner
à ses figures toutes les graces donc
elles estoient capables. Aussi plus on
voit ses Ouvrages, plus on les admire.
Il eut pour Maistre, Pietro Petugin,
mais le Disciple fut infiniment
- plus
plus habile que son Maistre.JulesRomain,
Polidore, Leonard cfeVinêi
leGeorgion
3
leT-iitien, PaulVeronese
,& Tintoret, parurent presque
en mesmetemps. Ils ont tous excellé
en quelque partie de la Peinture, 8c
quelques-uns d'entr'eux n'y ont presque
rien ignoré. Jules Romain est celuy
de tous les Disciples de Raphaël
qui a le mieux réüssi. Ses imaginations
étoient nobles & élevées. Il
avoit le goût pur & net, estoit grand
imitateur des Anciens, & avoit en
veuë de les faire servir de modeles.
Son élection des attitudes estoit admirable.
Polidore deffinoit fort bien,
& rencontroitparfaitement dans les
Grouppes. Leonard de Vinci estoit
tres-profond dans la Peinture. Son
merite est assez étably par une feu.
le circonstance de sa vie ,
qui est
que François Premier le fit venir d'Italie
, & qu'après avoir travaillé
quelque temps en France, il mourut
à Fontainebleau entre les bras de ce
Monarque qui honora de ses larmes
la mort de cet habile Peintre. Le
Georgion estoit pour les portraits & ---- pour
pour les grands Ouvrages. Il entendoit
admirablement les figures, & il
traitoit son sujet avec toute la grandeur
&la convenance possible.Le Titien
fut le plus grand coloriste qui ait
jamais esté. Il a parfaitement entendu
les masses, l'union, & la disposition
du tout ensemble. Il peignoit tout- àfait
bien les Femmes 6c les Enfans,
& il leur inspiroit un certain air doux,
mignon, & tendre qui estoit inimitable
Ses Portraits & des Passages
font merveilleux. Il donnoit à chaque
chose les touches qui leur estoient
convenables & particulieres. Toutes
ces grandes qualitez luy acquirent le
nom de Divin, avec des biens tresconsiderables
& l'amitié de Charle-
Quint. On dit que les Grands de sa
Cour ayant témoignéde la jalousie de
ce qu'il leur preferoit le Titien, cet
Empereur leur dit, Qu'il ne manqueroit
jamais de Courtisans, mais qu'il n'auroit
pas toujours un Titien, Paul Veronese
n'estoit pas bien correct,mais la beauté
de son coloris servoit de fard aux
manquemens de son dessein. Ses airs
de Femmes estoient tres-gratieux
3
8c
il
il diversisoit fort ses Draperies. Tintoret
avoit beaucoup de genie pour la
Peinture. Il a fait d'excellens Ta-
Bteauxj maisil est principalement admirable
dans le coloris qui est l'ame de
la Peinture.
Il y a eu encor d'autres fameux
Peintres en Italie , qui ont esté, ou
contemporains de ceux là
, ou qui les
ont suivis de fort près, comme les
Baffans, leCorrege
, leParmesan
,
Carrache,leGuide, les l'Albane, le Dominicain,
Poussin, & quelques autres.
Les Baffans ont fort bien peint les
animaux,&avoient un tresbon goust
de couleurs. Le Corregepeignoit
avec agrément & avec facilité. Il y
mêloit une douceur & une vivacité
de couleurs qui faisoit paroistre ses
Tableaux d'un caractere singulier
, &
par la fcavante distribution des lumieres
& des ombres, il avoit le secret
de donner beaucoup de rondeur, de
force, & de relief à ses Figures, il
scavoit conduire & finir un Tableau
d'une maniere admirable, & on y remarque
tant d'union, que ses plus
grands Ouvrages semblent avoir esté
faits
faits d'une mesme Paletede couleurs.
LeParmesan colorioit fort bien. Il
inventoit & deffinoit en perfection,
& l'on peut dire que les Graces ne le
quittoient pas, & qu'il avoir toutes
les qualitez d'un grand Peintre. Les
Carraches ont aussi esté des Hommes
célébrés dans leur Profession. Louis
Carrache rencontroit divinement
dansle Dessein & dans le choix des
couleurs. AnnibalCarrache possedoit
toutes les parties de la Peinture, &
ses Ouvrages avoient un air de grandeur
où peu d'autres font arrivez. Augustin
Carrache ne le cédoit gueres
en habileté à sonFrere Annibal. Cet
Augustin Carrache eut un Fils naturel
nommé Antoine, qui mourut fort
jeune, & qui s'y estoit pris d'une
Maniere à les passer tous ,
s'il eust
vescu. Le Guide, en remettant à sa
maniere lesTableaux d'AlbertDurer,
a plus gagnéd'argent & acquisde
reputation , qu'une grande partie
de ceux qui l'ont précédé&suivy,
quoy que Gens tres -
habiles. L^Air
bane estoit un Peintre parfait. LeDominicain
repara par son grand travail
le
le peu de disposition qu'il avoit naturellement
à la Peinture, & s'y rendit
tres- sçavant. Le fameux Poussin
a fait revivre, pour ainsi parler,dans
ses Tableaux, les plus belles Statuës
de l'Antiquité, parce qu'il sçavoit
qu'elles font la regle de la beauté.
Il réüssissoit parfaitement dans le Païsage,
& la touche de ses Arbres est
admirable. On voit de Ces Tableaux
qui ont tant d'agrement, & qui font
traitez d'une maniere si noble & si
propre au sujet qu'ils representent,
qu'on ne peut assez les admirer.
Outre tous ces grands Peintres qui
ont fleury en Italie, il y en avoit d'autres
très- habiles en divers endroits
de l'Europe; AlbertDurer en Allemagne
, Holbensen Suiffe ; Lucas enHollande;enFlandre, Rubens,le
plus habile de tous les Peintres dans
ladistributiondes lumieres, & dans
l'art d'exprimer les passions de l'ame;
& Vandeix son Disciple
,
qui estoit
fortentendu dans les Tableaux galans
& curieux;& quelques autres Favoris
de la Peinture, dont on peut
dire que le nom ne mourra jamais,
parce
parce que la beauté de leurs Ouvrages
leur répond de l'immortalité.
Cependant il semble que cet Arc
admirable qui nous fait presque croire
que les fictions font des veritez,
que les Corps peints respirent
,
qui
sçait donner la vie, pour ainsi dire,
à des choses mortes & naturellement
incapables de vivre, où celuy qui
trôpe mérite plus d'estime & de loüanges
que celuy qui ne trompe pas, il
semble, dis-je, que cet Art Divin soit
presentement en exil partout ailleurs
qu'en France
3
& qu'à l'exemple de
tous les autres Arts & de toutes les
Sciences ,
il ait choisy ce bienheureux
sejour,& se soit fixé dans l'Academie
que le Roy, qui aime toutes les
belles & grandes chôses
, a établie
pour l'attirer & pour le conserver
, &
certainement Mr. le Brun premier
Peintre de Sa Majesté
,
l'a mis parmy
nous dans une si grande perfection, &
l'a tellement élevé au dessus de l'état
où il estoit
,
lors qu'il commença de
l'embellir,qu'il ya lieu de douter si par
ses soins nous n'égalons pas aujourd'huy
l'ancienne Grece &l'Italie.
Les
Les Ouvrages de Mon(iturBrossard
Conseiller au Presidial de Bourg en Brefse
, ont toujours esté tellement de vofire
gouss
, que je croy ne vous pouvoirdivertir
plus agreablemem
,
qu'en vous envoyant
quelque cbofe desafaçon. Il afait
l'Horloge d-Sable en Vers.Rien ne peutefire
plus ingénieux, ny plusfinement
tourné que cette Fable. Celle du Colierde
ferlesefiattffideluy.
L'HORLOGE
DESABLE.
FABLE.
DEs que Vénus parut aux deux,
Vn nombre de Rivaux se déclara
pourelle,
Et lespremiers d'entre les Dieux
Voulurent s'acquérir une Epouse(î belle.
Mats i le Soleil, Yu/cain ,
efioient les
plus ardens
Et , le resse des Prétendons
Leureutbientoifcédé la place.
Le Soleil efioit beau, dançott de bonne
grace, Faisoit
Faisoit de jolis Vtrs ,loüait des Infirumens,
Avoit enfinmilleagrêmens.
Mari avoit une noble audace,
L'oeil vif, larnine hante
3
& l'air de qualité,
L'esprit aisé, galant,nullement affctlé,
Aimait le leu3 le Bal, (f la belle der.
pense,
Maistout [onbien efioitl'épée&l'esperance.
issucontraire, Vulcainnavoitrien dl
charmant,
Il efioitlaid, boiteux s&de méchante
mincy
Il avoit le coeur bas, l'esprit À la lezine,
Rien ne pouvait toucher dans un pareil
Ornant.
Au resse,,, possedoit uneforge en Sicile,
Dont ilfaisoit son domicile.
Làforgeant nuit & jour
, ce Dieulaborieux
Faisoit des armes pour les Dieux,
Et comme il passoit pour habile,
Souvent pour les Mortels il travailloit
encor
Il le fit pour Enée & pour le grand
Achille,
Sa
Sa Forgevaloit un Trésor.
On l'efiimoit commode, en fait de Mariage
C'efile point décifif,Vulcainfatpréféréj
Estre Athtur
, ou Guerrier, efi un
foible avantage,
-
Pareil mérité efi peu confideré.
££uandl'efpritylavaleur, entrenten concurrence
Avec les biens & la finance,
T'oit,ours le choix efipour l'Arne doré.
Ainsi Fuicoin obtint la préférence,
Non paspar les voeux de Vénus.
Son coeur efioit pour Mars, mais qu'eutelleffeufaire?
Ses Parensefioient prévenus,
Le Ciclope a leur sens estoit mieux leur
affaire,
Aux raifms de Famille il fallut lIljusier.
Quand l'interess décideenpareille matiere,
Le Calant rarement manque d'en prosiser.
Aussi fit Mars\pour avancer la chose
Le Mary s'avisa defaire le Jaloux;
DN affronts effetlifsque reçoit un Epoux,
Ses
Ses soupçons malfondez font biensouvent
la cause.
Amour faittoutvaloirpour venirases
finsi
Il oppose la complaisance
A la brutalité des bigarre* chagrins;
Il observe la diftrence
Dugalant tendre, & du Mary jaloux,
Pour en tirer en futtetauxdépens rie l'Epoux
Pnefackeu,fe consequence.
Vulcain rude &farouche) & Mars tendre
& fournis.
Mirent bientost a bout la vertu de la
Belle;
Malgré les Loix £Hymen, elle se crût
permis
De répondre aux ardeurs d'un Amant
plein de Zele : S. bouche l'engageait à demeurerfidèle*
Mais [on coeur n'Avoit rien promis.
Le devoir en ce cas n'est qu'une baga*
telle,
Force rendez*vousfurent pris.
Ons'y fnit dees slerlmeensyd'uneardeuréter- Et l'Amour seul fut témoin des fermens.
-
On
On trompe les Maris , mais jamais les
Amans; Le Soleil comme Mars viroit à la conquefies
Ses foins n'obtenant rien, il se mit dans
latefie
jQue Vulcainriefiant point un Rival
dangereux,
Sa femme nefioit fat de vertu si rebelle,
Qu'un Epoux mal tourné fnfi borner
ilfalltoauits ses vaux, qu'en secret quelque Amant
plus heureux
A ses tendres desirs la trouvât moins
crtiellc.
Ilobferrasibien touslespttt de la Belle,
-Qu'ildécouvritbientoif la fonrçe de fin
mal.
> Ilvititntrige &le mystere.
Et les platfirs secrets de son heureux * Rival.
Sonamour mépriséfit place à la -colere
Che'{le Mary jaloux il courut de ce past
Il luy conta toute Vhifiotre,
Tels avisa donnerfont un peu délicats.
UnEpoux quelquefois sobfiint - nt rim
".crOIre
Et
Et le Donneur d'avis en est dans l'embarras.
Le Soleille sçavoit,& ne balançapas.
flfefitfort detout, ildonna,[aparole
Defaire au bon Vulcain toucher la chose
au doigt.
C'estoit beaucoup risquer, Mars eTtoit un
adroit
Qui joüoitfinement son rolley
Et routier a conduire un commerce amoureux
, Prévenoit finement les accidensfâcheux.
Certain jeune Soldat instruit au badinage,
Faisoit exactement leguetj
Et quand Mars chez. Vénus introduit en
secret
La délajfoit d3es foins de son nouveau menage,
La vigilance de Gallm
( C'estoit le nom dupersonnage)
Trompait tous lesyeux des Argus.
Le Soleil vainement tâcha de lessurprendre,
Toujoursparl'Espion ils ejioient aver-
tis,l'Espion ilr efloient Et lors qu'ilcroyait de lesprendre f
Les Oyséaux se trouvaient pRrtl.t
Enfin
Enfin cent fois Gfilins fit par sa vigilance
Avorter les desseins du Galant irrité,
mais touteJa fidélité
Ne fut du Dieu cruel arrefier la vangeance.
Dans le fort d'un brûlant Eté
Mars aupres de Venus dormant en seûreté,
Le fide/le EspionveillaitàVordinaire,
Et laffé de veiller, pefioit contre tAmour.
Lefomrneil l'accabloit, il ne sçavoit que
faire ,
Depuislong-temps il attendoit le jour,
En vain pour s'endefendre il faisoitson
: possible,
*• llbâilloit, il dormoit debout,
Vn vent assoupissantrégnott alors par
tout, La mit luy paroissoit d'unelongueur
horrible;
Ilne s'y trompoit pat , le Soleil Arresté
Chez. Thétis a dessein nous cachoit sa
clarté.
Il refiasi longtemps déssous nofire Hémifpbere,
Due Gallusfatiguéserendit AufommtU. '- A
A peine eut-ilfermé sa pefaute paupitre,
Qu on vit Arriver le Soleil.
Il avoit prû Vulcain en passant en
Sicile ;
Tous deux entrerent chez. Vénus
Pendant le repos de Gallia,
Il n'efioitpa4fortdifficilej
A l'aide du Soleil Vulcain trouva VAmant
R'P,idanr un sombre Apartement
Dormait entre les bras de sa Femme infidelle.
Les Criminels efioient de nature immortelle
, Leur qualité lessauva du trépas
Sans la Divinité, Vulcain danssa colert
Apparemment ne les épargnoitpast
Mail enfin ne pouvantpisfaire,
D'unfiletd;jlongtemps tissupourcedefrein
Illes emy barrassa d'une te £manièrej (pour s'endégager tout effort eïloh
vain.
La longueur de la nuit, peut - eflre un*
autre cause,
Les tenoitpar malheurfortement IIJfoUpÎl.
Dés que le Soleil les vit pris,_^r
Il alla divulguer la choje , Tous les Dieuxfurent avertit.
Il mena chez. Venus toute la Cour celef/c.
Pour la chasse Diane,&lafiere Pallât,
Lefpeftacle efioit peu modefle,
Hiaispour Tunon,& tout le reste)
La nudité ne les offençapas.
Quand tout fut assemblé , Vulcain en
leurpresence
Reveilla les pauvres Amans,
Juge\.de leur surprise & de leur conte-
Mince y
Se voyant exposez. aux yeux de tant de
Gens.
Mars tacha vainement de rompre la tirasseJ
Lesfilets en efioient tropforts,
Jlfallutmalgréses efforts
Avaler toute sa disgrâce.
Le ris pciquaantdres Dieux augmentaitson
Mais tousaufonds du coeur envioientfort
atftm.
La belle Rtyne d'Amatonte
Eteiioit 4 leurs yeux de si charmans
appai y Que tous auroient voulu se voir entreses
x - bas.
.A"
Auprix d'une pareille honte.
Le Mary mesme en futtouché,
Ilfit promettre a Mars de neplu* voir la
Belle
y Et Venus desa part jurant d'eflresideliet
L'un & l'autrefutrelâché.
Pareilsferrnens ne tiennentgueres,
Tous deux au fonds de cotur enfaifotent
de contraires.
Et juraient d'effacer leur honte & leur
chagrin
Par de nouveaux plaisirs, aux despens de
Pttlç-ain.
Gallus fut cependant leur premiere vi-
Slirne,
Lefimrnetl l'accablant> il ne put refifier,
Cettefiiblejfefut un crime,
On le punit sansl'écouter.
Le malheur pres des Grands ptljfe pour
une offence , C.est eflre criminel que de les irriter.
Gallus malgréson innocence,
En Coq par le Dieu Marsfut méttwwphosé.
Sur tessoins, luy dit-il, je m'estois reparé,
Cependant par canégligence
Aux affronts du Soleil je me vois
exposé.
Malgré luy tu vivras, pour me servir
encore
Contre son noir chagrin qui nuit à
mon amour; Et ton chant prévenant l'Aurore,
M'avertira de son retour.
Mars par ce changement se cruten AjJUrance3
Et des le lendemain retourna cheZ Pénus.
Son Rival soupçonneux eufi bientofi connotjfance
Que le Coq remplissoit l'office de CaSuSj
Il résolut de s'en défaire.
Mars bravoitsapuissance
3
& sembloit
l'insulter,
En sefiatant de pouvoir éviter
Les traits perçans defit lumiere.
Vn jour le Coq chantoit perché sur un
perron ;
Le Soleilau milieu desavaste carrure
Partageoitalors l'horison,
Lors que ce chant fatal réveillant sa
colère
> Illança sur le Chantre un foudroyant ,'- rayon9
vn
Un de ces traits brulans dont le Serpent
Python
Futaccablé comme d'un coup defoudre.
Le Coqfutconsumé
)
son corpsfut misen
poudre,
Amour enfuttouché, Venant fier &
jaloux - Etendot trop loin (on courroux.
Comment, dit Cupidons eh que prétend-
il faire, -
Ce Galant furieux qui fait tant de
fracas,
Et qui persecute ma Mere,
Parce qu'un autre a sçeu luy plaire?
Non, non, dit. il à Mars qu'affligeoitce
trépAJ)
Le Soleil croit vous faire une injure
nouvelle,
Maisil ne satisfera pas
Son humeur jalouse&cruelle,
Et je feray voir dans ce jour
Qu'un Rival emporté ne peut nuire à
l'Amour.
Alors du Coq brûlé les cendres dispersées
Furent par le Dieu ramassées.
Enfuiteayantsçeu joindre & colcrpr*z*-
prernent
Veux Tommes de crifial qu'il trouvé
chez,sa Mere,
Il mit la cendre en l'une, & le fit de manitre3
Queparunpetittrou s'écoulant lentémît,
D'uns chute toûours égale,
Le Verre se vuidoitparm juste intervale
Qui ne trompoit pat d'unmoment.
Ainsi de l'Horloge de Sable
Amour viventa le secret ;
Mars trouva la choreadmirAbleJ
Etprit jour pour en voir l'effet.
Ilfit l'éprewvc, il en fut satisfait
> Tout se passa le mieux du monde;
Avant que le Soleil st fit voir hors de
l'ondey
L'heurefut écoulée,& l'Amat eut quitté.
Afars content de rHor¡oge,& feurdesa
justesse,
Vit dejlors l'aimable Déesse
Avec plus de plaisir & de tYAnquilité.
D'heure en heure avec foin l'Horloge
essais tournée , Et l'onregloitsontempssur celuy des Jaloux.
Ainft Mars triompha, depuis cette jour- néey EhniRival>& de fEpol.x.
LE
LE COLIER
DE PERLES.
FABLE.
LOrs qu'enfin par le conseil de
Neptune la confiance opiniâtre de
Peléeeuttriomphé des artifices & des
déguisemens de Thétis, cette aimable
Nere'ide se fit honneur de la chose
, &
elle consentit de bonne grace à rendre
son Amant heureux. Jupiter qui avoit
esté touché de sa beauté
, & qui conservoit
dans le fonds de l'ame une secrete
inclination pour elle, fut ravy
de la voir Epoure de son petit Fils. &
il voulut par uneassemblée extraordinaire
de tous les Dieux, solemniser le
jour decette alliance.
Chez, nous autres Mortels il n'en efipat de
rnefme.
On riefi pointsi content quand on perd ce
qu'on aime;
Et le jour qui le met aux mains d'un au..
tre EpOHX
N'est point y une tefie pour nous,
- Les Déesses du Ciel prirent toutes
leurs précautions pour paroistre avec
éclat dans cette Noce, & tous les
Dieux de la fuite de Jupiter ayant
quelque alliance avec l'Epoux,se disposerent
à luy marquer leur joye par
des présens magnifiques. Les Nereïdes
Soeurs de Thétis, & toutes les autres
Divinitez maritimes,ayant appris cette
résolution
, ne voulurent pas estre
en demeure, & dés-lors ellesn'oublierent
rien pour faire voir que la Famille
de l'Epousée n'avoit ny moins de
genérosité, ny moins demagnificence
que les Parens de l'Epoux.
Chacund'euxs'empressa.de fairevoiraux
deux.
Que cest dans la Cour de Neptune,
'!2!!'on trouve abondamment tout ce qui
la Forttllfe
Peut donner de plus précjtUx.
Les Tritons pefcherent du Corail
de diverses couleurs. Phorcis, Glauque
, & Protée, luy firent des Ouvrages
d'Ambre d'un travail & d'une vaille
admirables;le petit palemochoir,
fit
sit parmy les Coquilles un grand nombre
des plus singulieres & des plus bizarres
, & les Nereïdes foüillerent
dans tous les Golphes les plus éloignez
pour faire un amas considérable
des plus belles Perles. Comme chacune
d'entr'elles se piquoit d'encherir sur
le Présent de ses Compagnes, non feulement elles cherchoient avec un
grand foin, mais elles cachoient avec
beaucoup d'empressementtoutes les
plus grosses Perles que le hazard leur
faisoit tomber sous la main. Elles s'en
faisoient un petit mistere
, Se pendant
tout le temps que dura la pesche, ce secret fit une de leurs inquiétudes.
Rien nepDuvoitsuffire à leurs desirs avidesy
Rien nechapoita leurs perçans re- gardl,
Onlesvoyoitdetoutesparts
Courir dans ces Plaines liquides,
Se plonger à l'envy
, fouiller avec ardeur
y S'agiter à perte d'haleine f Enfinfe donner de lapeine,
Commehnmiserable Pescheur.
- Amphitrite qi estoit fort empressée
, 6. qui foüilloit avec une grande
exactitude
,
avoir d'abord rencontré
un nombre considérable des plus riches
Conques. Cet avantage luy faisoit
peine, & elle estoit extrémement
inquietée de rouver un moyen
de se conserver l'honneur de sa Pesche.
Dioneestoit de toutes les Nereïdes
celle pour laquelle elle avoit plus
d'attachement. Elles avoient un Antre
commun pour leur retraite, &
c'estoit ce qui faisoit le grand embarras
d'Amphitrite, car Dione estant
fort alerte & un peu friponne,il n'estoit
pas moins difficile qu'important
d'évirer ses yeux, & de se mettreà
couvert de ses souplesses.
Eh ce temps là, pour imiter Mercurey
On f tponnoit sans en faire façon ;
Et traiter un Dieu de Fripon,
N'eftoitpai luyfaire une injure.
Amphitrire refva inutilement. Elle
4 n'imagina aucun expédient quiluy pauuft
seur que de demeurer saisie de ses
\o.:.:.. C'estoit encor une affaire
- d'cm
d'en venir à bout. Les Nereïdes n'avoient
pendant la pesche conservé
d'autres habits que leurs longs cheveux
, & cette sorte d'habillement ne
fournissoit guere au dessein de l'aimable
Fille de Nerée.
Enfin elle s'avisa de se retirer à l'abry
d'un Rocher, & de travailler à
percer ses Perles. Elle le fit avec l'aiguillon
d'une Tareronde,& lesayant
en fuite passées dans un petit tissu de
ses cheveux, elle s'en fit un Colier,
& pouffant les Perles sur le derriere de
sa teste qui estoit couvert par sa chevelure
, il ne restoit en veuë qu'un
cordon extremément déliédont il étoit
assez difficile de s'appercevoir.
Si l'on en croit à ce que dit Ovide,
11 riejloit pas alors une Détjfe aux deux
Qui ne fut en longueur 0 beaute de che.
veux
Ah dessous de la Nereidet
L'Artifice d'Amphitrite luy réiiflu
pendant tout le temps que dura la
pesche. Tous les jours elle adjoùtoit
quelque chose à son c,o.r1deonll^psc-
elle passoit de nouveaux fils autour de
son col, sans qu'aucune de les Soeurs,
ny Dione mesme qui avoit une grande
habitude avec elle, y fist aucune re-
Hexion.
Enfin le jour de la Ceremonie arriva
, & si tost que l'Auroreeut doré
le Commet des Montagnes, toutes les
Divinitez de la Mer se disposerent
pour paroistre avec éclat, & soutenir
l'honneur de l'Empire de Neptune
dans cette grande journée.
A peint les premiers rayons
Tirent briller les ondes inconfiantes,
jQue par tout des bruyans Tritons
On oüit les Conques tonnantes.
A ce bruit persant&confai,
De kurs Antres obscurs les Echosrépondirent*
Et les Mariniers qui l'oüirent,
:EtDnne'{& tremblant>s'ejlimertntperduu
Les Nereïdes reveillées, travaillerent
d'abord avec empressement à
leur parure. Amphitrite dans cette
XonfufionçfperoU de trouver facile.
-
ment
ment une occasion de détacher son
Colier sansestre remarquée par ses
Compagnes, mais Dione rendit toute
sa précaution inutile. Cette Soeur officieuse
voulut absolument lacoëser.
Amphitrite eut beau s'en defendre.
Dione s'obstina à luy rendre ce service,
& portant les mains aux cheveux
de sa Soeur, elle découvrit malgré elle
ce qu'elle avoit caché avec tant de
soin & d'inquiétude. L'éclat & la
grosseur des Perles luy éblouirent les
yeux;mais ce qui l'étonna le plus,ce
fut cette nouvelle maniere de les placer.
Elle luy parut avantageuse,&
malgré toutes lesoppofuionsd'Amphitrite
, elle appella sur le champ
toutes ses Soeurs pour les consulter
sur cetteparure. Elles firent d'abord
une petite guerre à leur mysterieuse
Compagne. En fuite elles s'appliquerent
à l'examiner. Quelquesunes regarderont
ses Perles avec jalousie.
Quelques autres trouvèrent que cet.
ornement 1embellidbic
,
& il y en eut
aussi un grand nombre de bizarres qui
n'approuverent point ce nouvel ajustement.
On
On tint Conseil, & la Censure
Attaqua le Colier avec quelque chaleur.
Ce n'efioit point une parure»
Il nuisoit
y
disoit-on3 par sa fade blancheur
» [ rable
JMaii tout examiné3 l'on fut plus favo-
Et la plupartenfin tomba d'accord,
Que par un tifet admirable
Il donnait de l'éclat, bien loin de faire
tort.
Pour marquer leur approbation,
elles imiterent toutes Amphitrite, apres
avoirchoisi parmy leurs Perles
celles qui avoient plus de netteté &
plus d'éclat pour faire un Colier magnifique
dont on feroit present à Thétis;
& comme Amphitrite y contribua
beaucoup plus qu'aucune des autres
, elle fut choisie pour le presenter
au nom de ses Soeurs. Ainsi toutes
choses estant disposées, elles se rendirent
chez Neptune,où la marche
ayant esté reglée,la Cour superbe &
nombreuse de ce Dieu partir peu detemps
apres pour la Thessalie
,
où se
• devoir faire la cérémonie de la Nôce;
& comme Jupiter & le Dieu souverain
des.
des Eaux, agissoientdeconcertdans
cette Feste , on voyoit le Ciel aussi ferain
que la Mer estoit tranquille.Tout
contribuoit à la beauté de cette journée
, & au triomphe des Divinitez qui
vouloient faire honneur à Neptune,&
cette Cour partit dans un ordre si bien
entendu & si superbe, qu'à peine pouvoiron
s'imaginer que les Dieux du
Ciel pûssentégaler la magnificence
de cette marche.
Sabord un nombre de Tritons
Montez,fuperbernentsurd'horriblesPoissons
,
Entonnoient leur Conque enrouée ;
Et quelques-uns charmez, par ces bi"%a~
res tons ,
Formoient une Dance enjouée,
Enfautanten mille façons.
Au milieu de cette Troupe folâtre,
paroissoit sur le dos d'une Baleine le
Present destiné à Thétis. C'estoit une
Grote, faite de diverses pieces de Corail
d'une grosseur &d'une diversité
admirable. Six Tritons en estoient les
conducteurs , portant
eux-mesmesde
petits
petits Rochers garnis de touffes de
Corail, comme de petits Buissons agreablement
variez. lis estoient suivis
par un nombre confus de menues Divinitezmaritimes
qui avoient leFils
d'Ino pour leur Chef, & qui n'etoient
chargées que de Coquilles de diférentes
figures.
Le petit Palernon monté sur un Dauphin
,
Portait dans un Paniertijp* de jonc marln,
Des Etoiles de Mer, des Coquilles bigarres
; Et pour faire un present que l'on puft
eslimer;
Ilavoit fait amas des Bijoux les plus
rares
QQiu,i'"eennsfoonrfmeinerl.'OOccéeaann ecuusiil jjaammaaAisfsçsetuu
Protée, Phorcis, & Glauque,marchoient
en suite. Deux Monstres marins
attelez à une petite Barque revêtue
de Nacre, traînoient une espece
de Cabinet fait comme un Chasteau
flanqué.d'unnombre de Tours cotiu
posées
posées de diverses especes d'Ambre,
Tout le Bâtiment estoit travaillé avec
un artificequi marquoit assez que c'étoit
l'ouvrage des Dieux, & il estoit
remply de pieces d'Ambre gris d'une
valeur excessive. Derriere eux paroissoit
le Char de Neptune tiré par six
Chevaux marins. Ce Dieu armé d'un
Trident d'or,estoit seul placé sur le
derriere, comme dans une maniere de
Trône. La Coquille d'une Tortuë Indienne,
garnie de Plaques d'or, & enrichie
d'un grand nombre de Pierreries
, luy servoit de Dais, & ce Dais
estoit porté par de petites Colomnes
de Corail,rehaussées de Perles.Le travail
égaloit par tout la matiere de ce
Char superbe, & jamais Neptune n'avoir
paru avec tant de majesté ilestoit
precedé par douze Syrenes, qui formoient
par intervales des concerts si
touchans
, que tout autre que des
Dieux n'en auroit pu soûtenir les charmes.
Enfin cette marche magnifique
estoit terminée par quarante huit Néreïdes,
au milieu desquelles la feule
Amphitrite estoit portée par un Hippopotame
de l'Ecurie de Neptune.
à. Deptiiç
iDepuis rceattebjOHlrnetehe.H9reufe & favo- montra sur les eaux la naissante
Cypriss
Ce qu'aveit veu la Mer n'tftoit point
comparable
Aux appad des Soeurs de Thétis.
Bien que les Néréides fussent naturellement
d'une beauré achevée, elles
s'estoient servies dans ce grand jour
de tout ce qui pouvoit la relever. Rien
n'estoit ny plus propre ny mieux imaginé
que leur parure, & elles effaçoient
tout le reste du triomphe de
leur Souverain. Cependant les Divinitez
du Ciel estoient déjà descenduës
en Thessalie. Elles avoient à peine fait
leur premier compliment à l'Epousée,
lors que le bruit des Tritons les attira
au bord de laMer. La magnificence
de la Cour maritime les surprit. Elle
estoit assez pres du rivage pour laisser
remarquer toute sa pompe,& ce fpelhcle
avoit assurément quelque chose
d'auguste & de surprenant. Tout pa- ¡Jroit si bien concerté, que les Dieux
trou
trouvoient par tout des sujets d'admiration
& de plaisir. L harmonie des
Syrenes les enchanta; la dance & la
posture des Tritons les réjoüit. Tous
les Presens leur parurent d'une invention
singuliere , ou d'un prix considerable.
Mais rien ne fut trouvé plu,&
galant ny plus superbe que ces belles
& magnifiques esclaves qui suivoient
le Char de Neptune. Les Coliers des
Néreïdesfirent d'abord passer ces aimables
Divinitez pour des Captives;
mais lasurprise fut extréme , lors que
ces Esclaves pretenduës furent reconnuës
pour les charmantes Filles de
Nerée. Toute la Cour celeste se récria
sur leur ajustement & sur leur beauté,
& l'on n'auroit pas manqué de s'informer
du mystere des Coliers , si les
Tritons qui debarquerent leur Present
pour le porter à Thétis, n'eussent dans
cemometattiré les yeux de cetteDivineAssemblée.
Glauque,Palemon,Protée
& les autres Dieux de la suite de
Neptune,ayâtsuivy l'exemple des Tritons
, enfin Amphitrite accompagnée
de toutesses Soeurs, aborda Thétis,
& luy presenta à leur nom un Fil de
soixante
soixante Perles les plus rares & les
plus belles que l'Océan eust jamais
produites. Thétisembarrasséeparce
Present extraordinaire sembloit attendre
quelque éclaircissement
, lors
que l'enjoüée Dione prenant le Colier
des mains d'Amphitrite,
le mit ellemesme
au col de Thétis. Tous les
Dieux applaudirent à cette action. ils
se récrierent de nouveau sur la beauté
de cette Déesse, qu'ils trouverent augmentée
par cette parure. Commel'approbation
des Hommesest d'un grand
poids pour l'établissemet des modes des
Femmes, celle des Dieux fit alors que
les Déesses donnerent avec empressement
dans cette mode naissante
, &
qu'elles cajolerent les Néreïdes pour
en obtenir aussi des Coliers Ces aimables
Nymphes de la Mer
,
à qui il
estoit restéun grand nombre de Perles,
furent ravies d'estre en état desatisfaire
les Divinitez du Ciel. Toutes les
Conviées eurent bientost des Coliers;
& comme il est de la nature de la Mode
de se communiquer, les Fils de Perles
ayant passé de la Mer aux Cieux,
font depuis descendus en terre, & ils
font
font enfin peu à peu devenus communs
àtoutes les Femmes.
Enfin cette mode des Dieux
Eut le tnefme destin des noJfreJ,
Pne Divinité la fit couster aux autres;
Ce qu'inventa la Mer, s'établit dans les
deux,
Mais cet ornement precieux
Ne fut point reservé pour les feules
Dée/fes.
Bientotf les Reynes
)
les Princesses,
Prirent des Coliers à l'envy,
Etleurexemplefut suivy
Avec tant de chaleur, que la Mode indiferete
Mit enfin le Colier au col de la Grifettt.
SENTIMENS
SURLES QUESTIONS
proposées dans le dernier Extraordinaire.
A MADAME A. D.
1L estbien difficile, Madame,d'écrire
aussi juste que vous le fouhai-
» teriez
teriez sur les Questions du Mariage,
quand on n'y a point eu d'engagement
,ny d'experience capable d'instruire
celuy qui entreprend de défendre
une opinion, & un party, dans
une affaire d'une si grande importance.
Il faut, n'ayant point encor payé
ce tribut à la Loy qui l'ordonne,faire
une profession aussi particuliere de
vous obeir, que je vous l'ay témoigné
toute ma vie, pour ne pas craindre
de faillir en cette rencontre, & de
diminuer l'avantage que j'ay d'avoir
quelque part en l'honneur de vostre
estime. Je pasle pourtant, Madame,
sur toutes ces considerations avec une
soûmission entiere, dans la pensée que
vous ferez du moins satisfaite de mon
obeïssance ,si vous ne l'estes pas des
choses que je vay soûtenir.
Siun jeune Homme qui est dans le dessein
de se marier, doit preferer une Fille
de dix-huit ans, & quia dix-huit
mille Ecus3 à une de cinquante, qui
a cinquante milleEcus. sIl est vray que l'on doive considerer
le Mariage comme l'état d'une
félicité
felicité parfaite icy bas, & que les sacrez
liens du Mariage qui unissent si
étroitement ceux qui s'y engagent,
assemblent toujours deux coeurs dans
une mesme chair, & deux ames dans
i une mesmevolontéil ne faut pas dout
ter que cette heureuse satisfaction ne
f se rencontre parmy les Personnes, qui
r ont plus de conformité d'âge, d'humeur
,
de temperament, de condition,
[ qu'une sincere affection a liées enfem-
[ ble,& que les feuxardens de ces fympaties
secretes
ont parfaitement assorties
pour jouir des plaisirs d'une duraf
ble felicité.
t C'est un bel âge que celuy de dixhuit
ans. La Nature peut satisfaire
l également dans cet âge aux deux intentions
qui font souhaiter, & cherir
le Mariage; l'une par les charmes &
les graces de l'aimable jeunesse, qui
triomphe aisément de la rapidité d'une
passion violente & legere
, que des
moindres appas dans un âge plus avancé
ne seroient pas capables d'arrester;
&à l'autre par l'heureuse secondité
qui peut donner une fuite de Successeurs
césars qui remplissent les voeux, &
les desirs de ceux qui aiment lagloire
de leur sang, & l'immortalité de leur
nom.
Vn jeune Homme trouve tous ces
avantages dans la Personne qui n'a
que dix - huit ans, & dix
-
huit mille
Ecus, & il a le plaisir avec moins de
bien de satisfaire sa passion,de voir
croistre,& fleurir sa Famille,& n'ayant
qu'une bonne, &louable fin dans le
Mariage, de suivre le conseil de ce
Poëte qui dit,
Signa voles apte nubere, nube pari.
Pardonnez , Madame,ce mot de
Latin qui signifie qu'ilfaut s'assortir
dans le Mariage avec ses semblables
pour estre heureux,& y rencontrer
toute la felicité que l'on se propose.
Elle n'est jamais dans cette inégalité
d'âge, où le temps d'esperer des
successeurs est finy
, & où les plus
beaux jours de la vie font passez; ôc
quoy que l'on voye tres souvent des
Femmesfort agreables encor à cetâge,
la tendre jeunesse a quelque chose deLi
doux, & de si charmant, que l'on jugera
toûjours que celuy qui se tourne
dn
du costé de la Dame de cinquante ans,
qui a cinquante mille Ecus, a plûtost
consulté sa bourse, & son interest,
que son coeur & son inclination; tant
il est vray que le Mariage dans sa pureté
, & dans son origine, a commencé
sans l'interest, que l'avidité des
Hommes a insensiblement mêléà U
sincerité de la passion qui fait naistre
l'inclination de s'assortir.
Bien que ce pernicieux interest soit
souvent un terrible & dangereux écüeil
dans le Mariage, & que l'on
veuille qu'il ne foit rien au monde
de si insuportable qu'une Femme riche
, les plus sages neanmoins font
persuadez que les cinquante mille Ecus
font un remede admirable à plusieurs
maux, & un charmant Article
dans un Contrat.
Si l'en doit semarier, & s*ily a plus de
raison d'y songer dans l'un des deux
1
Sexes, que dans l'autre.
NOus ne consulterons pas sur cetce
seconde Question le sentiment
de ces seûrsStoïciens qui
-
estoient
, si fort persuadez que le Mariage estoit
un mal necessaire
,
qu'ils regardoient
cette importante necessité comme la
chose du monde la moins considerable.
Cependant personne ne doute
que cette merveilleuse union ne soit
le miracle de la vie civile, 8c le secret
de l'immortalité, qui a donné le
jour à un si grand nombre de Potentats
,
de Sçavans, de Peuples, & de
Nations, qu'il est sans contredit le
bien le plus necessaire --.& l'ouvrage
le plus important de la vie.
:
Cette longue suite de Successeurs,
a non seulement affermy la gloire de
chaque Nation, & soûtenu la rume
évidente des plus florissans Etats de
la Terre, mais encor des lieux les plus
deserts; des Parties du Monde les plus
affreuses
, & les moins habitables,
elle a fait des Villes, des Provinces,
8c des Royaumes,qui ont veu naistre
ces fameux Génies ausquels nous sommes
si redevables de l'invasion des
Arts, & des Sciences qui feroient
restées dans l'oubly
, & dans le néant,
si le Mariage n'avoit perpetué les
Hommes jusqu'icy
, & procuré à la
Posterité
Posterite tant de sujets de gloire à la
vertu, tant de remedes à nos maux, &
tant de commoditez au maintien
, 8c
à la tranquillité de la vie.
Il n'est donc point d'Homme prudent
& Cage, qui ne doive se proposer
le Mariage comme le but & le terme
de lafélicité, & rechercher avec
empressement cet état bien- heureux,
pour y rencontrer une consolation infaillible
dans ses disgraces, un conseil
assuré dans ses entreprises
, une
confidence fidelle dans ses secrets
, &
un bien sans pareil, lors qu'on a le
bonheur de renconner un coeur disposé
à partager l'infortune, comme la
prosperité & la joye.
Il y a plus de raison aux Filles de
prendre le party du Mariage,lorsqu'elles
n'ont pas d'autres vocations plus
particulières , qu'aux Hommes, car
l'état d'une Fille est si plein de crainte,
de respecthumain
,
de retenuë ,
de
contrainte
, & toutes leurs démarches
font tellement observées,qu'elles remblent
estre plûtost dans une honneste
servitude que dans la plus belle partie
de leur vie.
il est donc vray que rien ne peut
accomplir leurs souhaits
) & remplir
leurs desirs
, que la feule satisfaction
de parvenir au Mariage qui les tire de
la censure de certains esprits mal tournez
qui se formalisent de tout, & ne
manquent pas de critiquer par de satiriques
raisons les causes de ce retardement
,
quifait naître aux Filles de
petites impatiences, & des soupçons,
d'estre moins estimées, & de n'avoir
pas d'assez bonnes qualitez pour gagner
les coeurs des Amans, & en faire
des Marys.
En effet il leur est toûjours plus avantageux
de n'en pas diferer les occasions,
que d'attendre au temps auquelune
moindre beauté est un grand
obstacle à une meilleure fortune qui
auroit sans doute esté plus considerable,
si onavoit sçu profiter des beaux
jours, & des charmes de la jeunesse
qui triomphe si aisément des coeurs;
qu'il est plus facile à ce bel âge de
meriter des Amans & des Marys, jeunes,
riches, bien faits,& fortunez,que
quand ces aimablts Fleurs ont paff
leur printemps.
Si
Si un Amlmt qui a donné son coeur sans
reserve 3fonjfre plus de la mort de sa
Jlfaiftrejfe, que de son infidélité. sil n'est point de disgrace en amour
plus sensible que celle que
l'infidélité produit, & de ressentiment
plus violent que celuy qu'elle
cause, il ne faut pas douter que l'Amant
trompé ne souffre plus de voir
sa Maistresse infidelle
, & favoriser un
autre Amant, que de la voir mourir
; & bien que la mort soit une entiere
privation de toutes choses, qu'elle
nous paroisse le plus grand de tous
les maux, qu'elle nous ravisse ce que
nous avons de plus cher, elle
nous laisse pourtant après les soupirs
& les larmes, la satisfaction d'honorer
les Personnes que nous avons
aimez plus chèrement
,
d'un honeste
& tendre souvenir, & d'en conferver
dans nos coeurs, comme dans un
tombeau vivant,une memoire pleine
de regrets ez d'estime, pour leur souhaiter
sans celle tous les biens & toute
lafelicité possible.
La mort ne nous laisse ordinairement
qu'une feule paission, qui est une
longue tristesse à laquelle le temps est
toujoursun grand remede ; mais l'infidelité
excite à la fois toutes celles
qui font souffrir à l'Homme les plus
cruels remords, & les plus cuisantes
douleurs, lors qu'une Maistresse n'est
plus aux yeux d'un Amant infortuné
qu'un monstre de perfidie, un souvenir
odieux,& un tres-sensible sujet de
repentir d'avoir si mal placésoncoeur,
ses foins, & ses services
,
sans pouvoir
se flater d'un retour sincere, ny esperer
du temps & de la raison,lamesme
foy & les mesmes plaisirs.
Enfin on ne peut mieux exprimer
l'état déplorable d'un Amant qui
voit sa Maistresse infidelle
, que par
l'exemple du malheureux Promethée,
auquel un Vautour ne rongeoit pas
plus cruellement le coeur, que le fatal
souvenir davoir esté heureuxs &
de ne l'estre plus.
Pourquoy
Pottrquoy Venta a des Grâces avec elle,
& non pat des Laides. s'Il est plus favorable à une belle
Femme de paroistre parmy les Laides
qu'aupres des autres Belles, par
la raison que les défauts & les perfections
n'éclatent jamais mieux que
quand les uns & les autres font opposez
à leurs contraires, on a sujet
de demander pourquoy Vénus esttoûjours
accompagnée des Graces qui
pourroient diminuer le prix de ses
charmes. Il est vray que cela feroit à
craindre pour toute autre que pour
cette Divinité; mais comme elle est
la Beauté mesme, &qu'elle surpasse
en l'Art de plaire & de gagner les
coeurs, tout ce que l'on peut s'ima-
• giner de plus parfait, les Graces ne
peuvent avoir d'éclat & de brillant,
qui ne soient obscurcis par les charmans
appas de cette Mere d'Amour,
8c des Graces
,
qui ne font que des
Beautez particulieres qui sçavent si
bien charmer, où l'incomparable Venus
ne paroist pas,que par certains attraits
que l'on ne peut expliquer
,
8c
un je-ne-sçay quoy qui forme la grace
,
elles se rendent si aimables, que
l'on est quelquefois plutost surpris
par une moins belle Femme ornée
de graces , que decesBeautez finies
& achevées
, qui ne plaisent pas tant
lors qu'ellesne font pas animées par
les belles qualitez de l'esprit & de la
belle humeur. C'est à ce sujet que
l'Italien a un Proverbe si galant, Non
è bello que chè bello, ma quel che piace.
Vénus est donc si merveilleusement
pourveuë de tout ce qui peut donner
de l'admiration & de l'amour sans le
secours des Graces qui donnent le prix
aux autres Beautez ,
qu'elle est veritablement
la Mere des Graces; & les
aimables Graces Aglaïe, Talie
, Euphrosine
, & tout ce qu'il y a de plus
charmant dans toute la Nature ,
brillent
moins au pres de Vénus,que les
plus beaux Af!:r.;::s devant le Soleil.
De CArchitecture.
IE craindrois, Madame, de pousser
trop loin la complaisance que vous
avez
avez de vouloir soufrir mes raisonnemens,
si je recherchois dans toutes les
circonstances l'origine de l'Architecture.
Je diray feulement à son éloge
, que rien n'a tant contribué à l'établilssement
de la vie civile, &: pollicer
les bonnes moeurs, que l'invention
de bastir des Maisons
, & faiie
des Villes, lors que les Antres, les Forests,
& les Rochers, servoient de retraite
aux meilleures Familles qui efl
toient contraintes de disputer aux A nimaux
le plus feroces
, ces affreuses demeures
, pour ne pas succomber à la
violence des injures de l'air
, & des
faisons les plusrigoureuses.
il est si naturel à l'Homme d'inventer
& de trouver la perfection des
choses les plus difficiles & les plus
commodes, que celle de l'Architecture
qui luy manquoitfut bientost découverte
,pour donner cet important
secours à sa nuditéa à ses maux, & à
[a. gloire.
Ceux qui auront moins écrit que
moy, vous apprendront
,
Madame,le
reste de cet Arc merveilleux que je
retranche , pour ne pas sortir des
bornes d'une Lettre. La mienne est
déja si longue
1 que je dois me haster
de vous dire qu'il n'est personne aU
monde qui foit avec plusderespect 6c
de sincerité quemoy,v stretres,&c.
Les Enigmes du Moisde Mars, dont
les Mots estoient le Sang & la Fausse
Monnoye,ont donné lieu aux fPiritHelles
Explications que vous trouverez. icy..
I. cEJujet efi de Paixanssi-bien qm de
Guerre;
Etsi dans la demiere il efi remply d'horreury
LOVIS lafait changer, lors que par st
valeur IlyfaitsuccederlereposdelaTerre.
Cermne après le débris que caure le Tonnerre
,
Le Soleil de retourfaitregner la dony
ceur ;
Tel ce Prtncc aujourd'hui [fait calmer
la fureur
De tantde Potentats dont le noeud fit
deffsrre.
Fermé
Formé du mesme Sang de ces Bourbons
fameux
Que depuis si longtemps il compte pour
Ayeux,
Il n'eust pas fait sans luy trembler toute
la Flandre.
Mais c'eif lors qu'il est prest de la voir
fout les Loix, jQue plus maistre defoy que ce vain Alexandrey
Il met toute sa gloire à borner ses Exploits.
DE LA COULDRE. O I I.-
Vous ,
dont la vaine censure
S'attache aux amvrcs du Mercures
Sfltche'{ que de leur prix il est la ptfte
loy.
Il mérité bien qu'on l'en croye,
Si jusqu'a la Fauflfe Monnoye
Touts'y trouve de bon aloy. Gardien.
III.
III.
JPgts, ecoutez-moy parler;
Pour le bien de ma eonfciencc le , viens ici vous déceler
rnt affatre de consequence.
Ce voliur qui veille toujours
Comme une Chate après sa proye>
Mercure) depuis qninz.ejours
> Se mesle de FanffeMonnoye.
Ferjej ,
d'Amiu.
IV. LE Sang blessè toujours les yeux
D'un Objet remply de ttndrtffi , Et la Fausse Monnoye5 efi reaHite- en
tous lieux
Asecacherdedanslaprejfe-
Cependant aujourd'huy îles Plaisirs &
les Jellx
Setrouvent dans le Sang qu'un bel Esprit
déguise , Et par un secret merveilleux
La Fausse Monnoye eff de misèe
Fredinie
y
de Pontoise.
V. sI pour mettre tnon ane au comble de
lajoye,
Pour
Pourprix du tendre amour dont mon coeur
est épris3
fepouvoisobtenirceluy de mon Iris,
Serait-ce efire payé d'une Fausse Monnoye?
Le Rhétoricien de la Ruë
des Noyers.
p VI. Our trouver ce Corps important
Qui court & petille sans cejJe,
Cher Amy3 tiens-te pourconfiant
> Ilyfau-tallerfànsfinefe.
Place la Pièce dans [on rang Et tu le connoiftrassans pein>e;
UEnigmetfiforty d'une veine
DOH l'on ne tire que du Sang.
FERET
,
d'Amiens.
v VII. Ostre Enigme n'a rien qui doive
rn'attacher;
kuand-l'e l'expliqueray's j'en awray peu
dejoye.
Il nefautpas beaucoup chercher,
Peur trouver la Fausse Monnoye.
FREDIN, ou le Solitaire
de Potoise.
VIII.
C VIII. Efont là de vos tours; je voy ,
Seigneur
Mercure,
Que pour-avoir changé d'habit & de
figure,
Vous n'avez, pas changé d'humeur.
Sens le nom de Galant qu'onreçoit avec
joye,
Vous voulieZ nota duperj maiâ ma fiy,
frviteur,
On vous connoistpour un trompeur,
Portez, ailleurs voflre FausTe Monnoye.
DE BASE'S
3
Professeur de
Galanterie à Troyes.
v IX. Os Piècesfont de bas aloy,
Cache7-les donc, qu'on ne les voye;
CaronpunitfélonlaLoy
Les Faiseurs de Faillie Monnoye.
r GERMAIN, de Caën.
X.
A Mr L. M. D. R. sur
v son Mariage. Oicy ce que von* dit l'Enigme du
Mercure
s
Zuoyqu'elle vous paroiffc obscure.
On reconnoilf en vous le Sang de vos
Ayeux» Ce
Ce Sang qui brûle tant de rrtir de ses
veines,
Et qui dans les Combats bouillant &
furieux,
De celuy des Vaincm a fait rougir nos
Plaines
C'efilepurS,angdesDemy-Dieux.
Malgré VOMS à present la Paix qui se
déclare,
Veut reserver ce Sang ( prodigué tant de
fois
Pour servir le plus grand des Roys)
Auxplaiprs les plus doux que rHymen
vous prepare.
LE CHEVALIER DE LERY.
--- - XI. - QVoy que tout le monde vous fuye,
Etque vous en (oyez, haie , se ne
crains
pas pourtant la rigueur de la
Loy,
levous retiensavecque joye
,
Piecefausse:) on Fausse Monnoye.
Le Mercure Galant VOUd fait de bonaloy.
BESSIN, Lieutenantde Clamecy
en Nivernois.
T XII. Irfîsy entendez, vota l'Enigme du
Mercure,
C'est
C'efi tout jufie vofiresigUrs.
roui dancez: vous chantez, comme les
plus sçavans
,
Vous compose'{tn J'ers. vous composez
en Prose -
Vous faites bien à peu pres toute chose,
Et vous peez pour quelque temps.
Mau sçavez-vous ce que j'en pense ?
Vous le diraJ-je tout de bon?
Vous navez que belle apparence)
Et la mine d'unFaux Teflon.
LOUISE l'enjoüée.
v XIII. OsEnigmes du dernier Mois
Ont unsenssi cachéqu'on n'ypeut
rienconnotfire,
Et je naway pai l'honneur d'efire
Dans le Mercurecetteseis.
Ce ness point ce deffiin qui m'oblige d'écrire
; j
Si je lefais3 ce ness
quepont!
vous dire
etout le Sang qui dans!mes veines
bout
Coulerait pour vous avec joye,
Et que maVajfionde vous servir entout
N'estpoint delaFausse Monnoye,
L'Enfant Breton deTournay.
XIV.
XIV. JEfçavoiâ bien, Monfitur Mercure,
Que vous efticTun Dieu voleur
> Mais je nefçavots pds, je jure
Que 3 vousfugîtz Faux Monnoyeur.
Vous avez, donc la hardiesse
,
Sous unsens miflique & caché,
De donner une Fausse Piece,
Sans craindred'estre recherché?
L'ABBE" MELIAT.
XV. MErcure fut toujours un Dieu de
brigandage,
Celafoit ditftmff-a Divinité
Et mainte belle qualité
Qu'eut ce Dieu d'ailleurs en partAge.
L'accuser d'un tel fait rieft pas luy fairi
oUlrllge)
Fay pour garant toute l'Antiquité,
jQui contre luy souvent en a peslé.
Aprefmqu'il renonce au celtfle appanage,
Pour venir avec nom faire social
De tout ce quifesait de galant en nostre
age
NostreClimatparst bénignité,
N'a
N'a pogint cahanggé cee fauchant qui l'en- ui faire quelquefois à fonprochain dommage)
jQu'il fait (eûricy-bAi de[onimpunité,
EJî pourtantfort en dtJute,& dans nostre
Cité.
Il a deses pareils souvent venlenau.
frage,
Maû tout cela ne l'a pas fait plus
[age,
Toujours du rnefmê esprit on le voit transporté,
Et tandiiqu'il nous offre avec un doux
langage,
De mille nouveautéz.le charmant assemblage,
Tandis que de nostre cofté
Vn chacun le caresse & luy fait bon
visage,
Sice trompeur n'a pû voler nostreéquipage.
Par une Fausse Piece , il a presque affronté
Toute nostresubtilité.
Le Chevalier ArnouldeThorigny,
Officier de la Garnison de la
Ville de Lile en Flandres.
XVI.
XVI. HEros, vous renfermtzcette Enigme
nouvelle,
Vous ne pouvez, vivre sanselle,
Elle vous fait marcher sur le pas des
Césars.
Sans elle l'on verroit vos entreprises
vainesj
Et vous n'iriez, jamaidaffronter les hasards
Si , les ejprits du Sang ne regnoient dans
vos veines.
FREDIN ,
oule Solitaire de
Ponroife.
XVII.
CHez. les Devins c'est un usage;
Si L'on ne voit auparavant
En main Croix d'or, ou biend'argent»
On nefaitrien en Devinage.
PourfEnigme dont 'ls'agit,
Quand d'un Diable saurois l'adrejfe>
Si je n'ay la Croix en l'ejprit,
le ne diray jamais,c'est une fausTe Piece.
MAILLET
, Prieur de S. Lubin.
desVignes.
XVIII.
XVIII.
LE Sang efl [ans repos , sa vigueur
est extrême ;
Quand il fort de la veine, il court après
luy-mesme.
Lors qu'ilen est dehors) il ny rentre
jamais.
La chair, la peaus les os ,
tâchent de le
détruire,
Et jamai f ses Fetfins qui troublent son
Empire,
Neveulent lelaiffir en paix.
LeSangestdesHumains&le Pere, &
leFils3
Sans luy ion nefait riensur la terre &
sur l'onde»
C'eflsa chaleur & ses écrits
jQuifont agir le monde.
Il produit tous les jours des ouvrages
nouveaux)
Cent fortes d Animaux lu,Yyfont courir les font courir ler
Rlié*y
Avec tous les Oyféaux il approche des
nues,
Avec tous les Poissonsileflan fonddes
eaux.
Le
Le Sang tientson pouvoir de la Divine
Essencey
Son regne est dans les cours, l'ony craint
son abftnce
3 Presqueenfermétoûjours
,
ilse trouve en
tous lieux,
£tse laissantaller à l'ardeur qui le presse,
11gousse les plllifirs, il aime la JeullejJe,
Mais il est litnguijJAnt dans les veines
des Vieux.
C'efl du Sang que l'on tient ce qu'on a de
plus beau;
Alexandre sans luy fut réduit en poussiere;
Sans luy les plut grands Roys le fuivroient
au tombeau
Et sansluyleurs Sujetsper,droient tous
la lumière.
Personne ne doit létonner
Si du Sang répandu l'on parledansVHiftotre
;
C'est luy quifait vaincre & regner, Et qui de Mars a tcûjours fait la gloire3
Commet(si luy qui sçaitfaire àson tour
£jtsplus doux plaijirJ de l'Amour.
LA LORRAINE ESPAGNOLETE.
XIX.
XIX.
L'theur du Mercure Galant
Dont on ne peut aJftZ. efiitner le talent
A femer tous les Mois le plaisir & l*
joye,
Mértteroit que chaque jour
Chacun Iny fournit àson tour
De la bonne, & jamais de la Fausse
Monnoye.
X X. N'» E cherchons plus des temps de joye,
Le Monde va périr d'un deluge
brûlant
Tout Sang & tonte chair acorrompu sa
voye,
Puis qu le Mercure Galant
Autrefois si pompeux, sifin, & si coulant
, Debite la Faussè Monnoye,
LE P.LATOUlUOELLÉ
,
de Lyon.
XXI. AMime veut que sans replique
LafécondeEniqme j'explique-
Al'ordre qu'elle me preferit -
-
le
le úiJ obéir avec joye ,
Car sans cela je fuis dans son effrit
fkts décrié que la Fausse Monnoye.
XXII.
Lnvous tient»Monsîeur le Galant,
Maigre tous les détours que vojïrc
adr-effi employer
cftfait de vous3onvoussurprend
àiveç de la Fausse Monnoye.
La jeune Alcidalie de Troyes.
Il m'efioit refit une Piece raiformée
éinec beaucoup de méthode
3
sur une des
matierts qui ont cfté iÜja traitéesdam
l'Extraordinaire du Quartier de janvier.,
se veus l'envoyé , fort persuadé que vaut
ne la trouverez. pifS indigne d'avoir placf
dans cllfiy-cji.
S'ily a plusde gloire ase vaincre
ftymefrpc,qiiàtriompher de
-
sesEnnemis.
] L s'agit de faire le partage dela
gloire. Pour y proceder avec justice,
établissons premierement ce qu'elle est.
- La
La decision de son prix nous ouvrira
insensiblement le chemin à celle de la
Question proposée. La gloire n'est autre
chose que le souverain degré de
l'honneur,ou si vous voulez, le concours
des applaudissemens, & de l'admiration
des Peuples pour une excellente
vertu, accompagnée d'un pouvoir
merveilleux dont l'éclat ébloüit
les spectateurs,&rejalit sur les grands
Hommes quand ils font assez heureux
pour se voir combler de benedictions
à mesure qu'ils remplissent le monde
de leurs bienfaits. Voila ce qui s'appelle
gloire. Mais comme toutes les
vertus ne font pas égales, la gloire
qu'elles méritent n'en pas toûjours
celle du premier rang.
La plus grande gloire est celle
qui est,
La plus difficile à Acquerir,
La plus généralement applaudie,
La plu* Juste,
La plus pure & la pluséloignée du
mélange des vices,
La plus durable,
La plus indépendante,
LA
La plus approchante de la gloire qui
cft en Dieu, * Laplus conforme à ce qu'ily a deplia
excellent en la nature Humaine;
Enfin celle dont les moyens font les
plus légitimés
3
& dont le succésejile
plus loiiable, ;
Apres avoir fait la definition de la
gloire, & estably quelle est celle qu'on
doitestimer laplus grande, il faut faire
encor une dilHnéHon
, & remarquer
soigneusement qu'il y a une
vraye & solide gloire fondée sur la
conqueste des coeurs; & une autre
gloire vaine, fausse,trompeuse
, qui
se contente de soûmettreles corps.
Les Peuples effrayez ou ébloüis des
grands succés d'une puissance qui peut
estre effrenée autant que legitime,
comblent ses possesseurs de loüanges
& d'éloges. Les fl;acliro; plus éclairez
que !e commun des Hommes ,
se
servent de leurs lumieres pour arriver
aux fins que la plupart des Courtisans
se proposent
, & qui font toutes pour
leurs interests particuliers. Ils abondent
en paroles& en expressions magnihques
, & contribuënt souvent par
de faux brillans à une gloire dont ils
recueillent seuls tout le fruit.
Ny l'une ny l'autre de ces vaines
gloires ne nous accommode. Ce n'est
point à cela que nous pretendons.
La vraye gloire est la fille de la veritable
vertu; & pour sçavoir le prix de
la gloire dontelledoit estre couronnée
, il ne faut que décider du merite
des vertus qui entrent aujourd huy en
concurrence. Ecoutons-les. On le
peut faire mesme en leur propre cause.
L'une se vante d'avoir rendu le
Vertueux vainqueur de tous ses ennemis.
L'autre ditqu'elle luy a fait prendre
le party de se vaincre luy-mesme,
La premiere des deux Rivales assure
qu'elle a quitté le Païs de sa naissance
,
où elle auroit pû vivre & regner
paisiblement
, pour aller porter ses
armes au loin, & soûmettre à ses
loix des Peuples dont elle estoit à
peine connuë ; Qu'elle a eu en teste
des Armées nombreuses, des Nations
aguerries,de braves & experimentez
Capitaines, & qu'apres avoir elïuyé
mille travaux couru mille hazards,
elle
elle se trouve victorieuse. Ses Ennemis
à ses pieds luy demandent la Paix.
Elle ne la veut accorder qu'au prix de
leur liberté,&àcondition qu'elle en
triomphe.
Il est vray de dire que de là on pourroit
conclure en faveur des trophées
&dutriomphe, quiestl'a panage d'une
victoire remportée sur les ennemis.
Qui dit triomphe,dit une action fort
éclatante & toute pleine de gloire.
Tout triomphe brille, fait du bruit,
& demande des acclamations & des
applaudissemens. Il n'en est point
d'autre. C 'est proprement en quoy
consiste la gloire mesme la plus legitime.
On ne peut donc douter qu'il
n'yen ait beaucoup à vaincre ses ennemis.
Mais il s'agit de sç avoir s'il n'y
a pas encor plus de gloire à se vaincre
soy-mesme. La vertu qui se glorifie
d'avoir remporté la victoire sur le
vainqueur mesme ,nous dit que de
toutes les vertus elle estla plus de finteressée
,
la plus pure, la plus indépendante.
Qui ne voit qu'elle est la
plus desinteressée
, puis qu'elle n'agit
que sur elle-mesme? Et pour son indépendance
n'est-elle pas encor tresclaire&
tres assurée ? Les autres vertus
ont besoin du secours de mille fortes
de Gens. Les Capitaines, les Soldats,
les Munitions de guerre & de bouche,
font une partie de leur fameuse
besogne. Un coup où le courage,le
dessein ,& la conduite n'auront au-j
cune part, avance ou recule infiniment
les affaires. La vertu qui demande
aujourd'huy d'estre couronnée,
imitant en quelque forte le pouvoir
immense de la Divinité, fait seule tout
ce qui doit estre fait; & comme c'est
sans aide qu'elle agit, c'est aussi sans
estresujete aux hazards. Elle ajoûte
que ceux qui se contentent de vaincre
leurs Ennemis, & qui s'en tiennent
à cela ,
font sujets, quoy que
souvent il y ait de l'injustice dans les
murmures des Peuples, font dis-je, sujets
à diversesreflexions que le monde
fait sur eux.Ces refléxions-là ne regardent
aucunement le Vainqueur desoymesme.
Personne ne sçauroit estre
plus applaudv que luy
,
&si entre les
grandes vertus la liberalité pdifc pour
laplus aimable, & pour laplus charmants
mante aux yeux des Peuples, parce
que chacun espere d'y avoir part 5
il
entre tant de liberalité dansla vertu
que nous défendons,& elle est encor
accompagnée de tant d'autres vertus,
qu'elle n'est pas feulement par la la
plus aimable, mais la plus ravissante,
& la plus admirée de toutes ses soeurs.
D'ailleurs, adjoûtera-t elle, il y a
tant de manieres de vaincre ses Ennemis
} le nombre,la force, le hazard
,
la surprise
, ont tant de part à
ces victoires-là , que c'est rarement
qu'ellessont deuës à la seule vertu;
au lieu que celuy qui Vainqueur de
cent Peuples, a encor le courage &
la fermeté de se vaincre, peut dire
que sa victoire est celle de la vertu
mesme. Ce n'est point par le fang, par
la violence,par les désordres
, par la
multitude des Hommes, ny par les
stratagemes
, que cette victoire s'obtient.
C'est par de grandes lumieres,
par une admirable équité, par un détachement
dont peu de Héros font
capables, par une bonté, par une
clemence presque divine. Telles font
les voyes de la haute vertu, de
tels les moyens qu'elle employe pour
arriver à des fins aussi glorieuses que
le font toutes celles qu'elle se propose.
Combatre contre soy-mesme
,
n'est
pas un évenement aussi nouveau
qu'on pourroir peut-estre se l'imaginer
,
mais il est rare de vaincre dans
ce combat. Qui ne sçait que le premier
des Hommes pour avoir estévaincu
dans le demesléqu'il eut avec son
propre coeclf ,
apuyé des paroles
d'une autre luy-mesme
)
se perdit & sa
Posterité apres luy ? Les combats
qu'on livre à autruy n'ont point d'exemple
si ancien que celuy-là. Le
premier dont 1 Hifloire du Monde
fasse mention,c'etf le combat des deux
Freres. La victoire de l'un fut fatale
à tous les deux. Il en coûta la vie au
Vaincu , & le salut au Viaorieux.
Quelque brillance que soit la renommée
de ceux qui ont marché sur les
traces de ce premier Vainqueur, quand
ce seroit mesme les Césars & les Aléxandres
, la gloire de l'incomparable
Epaminondas surpasse de beaucoup
leur gloire aux yeux des Juges les
plus équitables. Ce n'est pourtant
tant que parce qu'ayant fait triompher
sa Patrie, il sçeut aussi triompher
de foy-mesme ; & s'il est permis d'ajoûter
encor une fois le saint & le sacré
au prophane, fut-il moins glorieux
au brave David d'avoir épargné
Saül, que d'avoir vaincu Goliath? Et
celui qui s'apelle le Dieu des Combats
& des Armees, combien desois a-t-il
fait gloire de se vaincre luy
-
mesme,
& de n'user que de sa clemence & de
sa patience mesme
, au lieu des Legions
dont il pouvoit accabler ses Ennemis
? S'abbaisser comme il a fait,
qu'estoit - ce sinon se vaincre foymesme?
Disons encor un mot de l'Ecriture.
Elle dit en quelque endroit d'un
style digne d'elle, & qui fait admirablement
pour nostresujet, que l'Epouse
dont elle nous donne l'Epithalame,
se prise d'une gloire qui est toute
en elle-mesme & dont elle est remplie
, au lieu que la gloire ordinaire
ne brille qu'au dehors. C'est pour
nous donner à entendre qu'elle fait
bien plus de cas desvictoires & des
conquestes qu'elle peut se faire sur
elle-mesme, que de toute la dépoüille
de ses Ennemis.
Pour vaincre il est necessaire de
-
combarre dans le dessein de se vaincre
soy-mesme. On peut estre combatu
par l'ambition,par la colere
, par un
juste ressentiment
, par tout ce qu'on
se doit à soy-mesme. il sied bien aux
grands Hommes de combatre & de
vaincre tous ces obstacles : mais tout
ce que je viens de dire est au dessous
de la gloire qu'il y a à vaincre la justice
& l'équité mesme, quand elles font
,.
denostre costé
,
5c à leur refuser ce qu'ellesnous demandent en nostre faveur
pour donner ou pour rendre à
des Ennemis vaincus
, ce que ny léquité,
ny la justice
, ne leur sçauroient
accorder. C'est par la qu'on approche
delaDivinité, dont les sages Payens
mesmes ont eu un si beau sentiment,
& conforme à ce qu'on en doit croire
,
qu'ils ont dit que la bonté de
Dieu estoit si grande
,
qu'ilsembloit
1
estre plusporté pour le bien des Hommes
que pour sa propre gloire. Vt dij
immertales, dit Ciceron
,
ad usum Hominum
fabrefacti penè videantur. Ces
termes
termes font encor plus forts que ceux
dont je me fers.
Douterons-nous apres cela que le
prix dont il s'agit ne foit deû à la souveraine
vertu? A celle, dis je, qui renfermant
toutes les autres, s'éleve encor
au dessus d'elles,en élevant l'Homme
au ddrus de luymesme ?
S'il y avoir eu lieu jusqu'icy de demander
en quoy il
y a plus de gloire,
sic'est à triompher de ses Ennemis,
& à faire un nombre d'Esclaves & de
Miserables
, ou à les épargner, à leur
pardonner, & à les combler de faveurs
& de bienfaits, la question seroit
hors de doute, apres le grand exemple
qui vient d'en estre donné à toute
la Terre. Celuy qui donne ce merveilleux
exemple de bonté est si grand,
que Ces actions ayant presque dés sa
naissance devancé nos paroles, & s'étant
comme exposées aux yeux des
pluséloquens pour un modele de leurs
pensées & de leurs expressions, il fait
tous les jours ce que personne n'a encor
pû dire, & il faudra pour ne pas
ternir l'éclat & la beauté de Ces aétiÓs.,
que ce soit luy-mesmequi se charge de
faire connoistre à la Posterité ce qu'il
luy plaist de faire voir à nostre âge.
Je conclus en disant que s'il y a de
la gloire à triompher de ses Ennemis,
elle est commune à beaucoup de Conquérans
; mais quand il s'agit de la
gloire d'ajouter à la defaite de Ces Ennemis
, une aussi grande victoire que
celle que le Roya remportéesurluymesme
, on ne peut qu'on ne se
r'écrie,
Peu de Héros au coeur l'ont assez. imprimée,
Pour oser aspier à tant de renommée,
£t de l'aveu des Roys 3
de fort nom
éblouis,
Cette haute vertu rlappllrtienl qu'à.
LOVIS
DIS
DISPUTE
DE JUPITER
ET DE JUNON,
ET
PREDICTIONS DE TYRESIE.
LA Mr D. cEsera
peut estre,Monsieur,avoir
donné quelque agréement aux
matieres que j'ay prises pour vous écrire
, que de leur avoir trouvé place
parmy les Incidens qui font amenez
dans Ovide, immédiatement après
les Amours de Jupiter & de Semelé.
Cet Auteur raconte que Junon
,
fous
le visage emprunté de la vieille Beroé
Gouvernante de Semelé ,
inspira
à cette jeune Nymphe le desir de voir
Jupiter dont elle estoit grosse, dans
tout l'éclat de sa Divinité, & tel enfin
qu'il se montroit à la Déesse sa
Femme quand elle avoit l'avantage
de le posseder. Ce Maistre des Dieux
avoit
avoit juré par le Stix, à sa Maîtresse,
qu'elle ne luy pouvoit rien demander
qu'il ne luy accordât dans le mesme
instant. Ce ferment estoit inviolable.
Ainsi il ne fut pas au pouvoir de Jupiter
de retenir- les rayons de sa lumiere
devant Semelé
,
lors qu'à une
visite qu'illuy rendit, elle le conjura
avec instance de les faire paroistre
dans tout leur brillant. Les feux qu'ils
jetterent furent si forts
, que cette
malheureuse Amante en futconsumée,
sans que le Dieu pust faillir d'elle
autre chose que le Fruit de leurs
amours qu'elle portoit dans fou corps,
& qu'il enferma dans sa cuisse, jusqu'à
ce que le terme des neuf mois
fuffc expiré. Cette circonstance vous
fait assez connoistre Bacchus En suite
Jupiter quita Thebes oùCadi-ntis
Pere de Semelé regnoit, & estant remontéau
Ciel ,apres qu'il se fut
un peu remis de sa douleur, il s'en
entretint avec les Dieux ses plus
Confidens. ils luy firent si bien conïioiflre
qu'il auroit encor plus Coufen,
si la Nymphe qu'il regretoit l'avoit
quité pour un autre,qu'ilfut contraint
de
de tomber d'accord, que la mort d'une
Maistresse à qui on avoir donné
son coeur sans reserve devoit estre
moins sensible que son infidelité.Mercure
qui avoit appris d'Amphion à
joüer parfaitement de la Lyre,crût
que ce feroit confirmer Jupiter dans sa
pensée d'une maniere agreable, que
de chanter sur cet Instrument les Vers
qui suivent.
Si l'on est affligé du trépas d'une Bellt
Qu'on atmoit tendrement,
La douleur de sçavoir qu'on fert. une Infidelle,
Touche bien autrement..
La haineouvrant les yeux autant que la
tendreJl,è,
Pour juger des pptU,
On compte les défauts que dans une
çJWaiftrejfe
On n'examinoit pas.
*J4lors elle rieflplus cet Objet adorablâ
Si digne de nos voeuxi
On s'accuse
, on [e hait ,
d'avoir esté
capable
De s'en rendre amoureux*
On
On blâme fm amour:) & sensible a feutrage
De le voir méprisé,
L'esprit reproche au canr le honteux
avantage.
De l'avoir abnfé.
Enfin dans nostre estime me aimable
Personne
Perd-elle de son prix;
Plus on la connoit lâche,& moins on luy
pardonne
rn orgueilleux mépru.
Le bonheur d'un Rival bannissant de notreAme
Noflre espoir le plus doux,
Le dépit aussitost convertit nostrefiame
En un cruel couroux,
On pleure une tendresse indignement
perdoë,
Et dans ce viftranfport,
D'une perfide Amante on deteste la fJIUÇ
Encor plus que la mort.
;'IL-'Ierp Mau d'unfidtUt ObjetquandlaParque
severe
A
A tranché les beaux jours,
On le perd sans qu'on ait de reproche -
luy faire
D'avoir changé d'amours.
A quelques durs ennuis que cemdbeur
nom Livre,
Du moins il nous est doux
Depenser que la Belle Ayat encor à vivre,
Youdroit vivre pour nous.
Ce tendresouvenir nous en peint tous les
charmes
Effce'{par la mort; Et sans nous plaindre d'elle , en répandant
des larmesy
Nous nous plaignons du Sort.
Jupiter ayant pris plaisir au chant
de Mercure
, se trouva dans une plus
grande tranquillité d'cfprit
, & crut
que pour se defaire tout à fait de son
chagrin, il devoit le noyer dans le
Nectar. Il se mit donc à table avec
Junon, afin de s y abandonner tout
à la joye ; & lors que dans lachaleur
du Repas il estoit en train de
dire de bons mots, & de railler avec
Ton Epouse,ill'apostropha de cette
maniere,
maniere. Vous qui presidez au Mariage,
luy dit-il, je ne demande point
que vous m'avoüyiez
,
qu'il estle lien
de la Societé civile, que sans luy on
ne parleroitny de Familles, ny de
Peuples, ny de Républiques, car je
sçay bien que vous ne feriez pas du
sentiment de ceux qui voudroient que
pour se marier on y songeât toute la
vie, & qu'on n'en vinst jamais à l'esset.
Mais tombez d'accord avec moy,
que vostre Sexe a plus de raisons qui
le portent au Mariage que n'en a le
nostre. C'est ce que je ne voy pas,
répondit Junon, & sçachez que si je
n'estois Femmeje ne me marierois
que quand je commencerois à manquer
d'Amans.Est-il rien de plus doux
au monde pour une Fille, que de se
voir sans celle l'objet des voeux, des
pensées, & des complaisances d'une
foule d'Adorateurs? Ce n'est entre
eux qu'un empressement continuel à
qui étudiera davantage les endroits
par où l'on peut venir à bout de luy
plaire. Sielle aime la joye, c'est à qui.
signalera le mieux sa on par des
Festes, & par des divertissemens, popr
Ç=
se rendre dignes de ses bonnes graces,
il naist entr'eux une certaine émulation
qui ne luy doit pas estre fort
desagreable à remarquer. Mais cette
Fille se marie t-elle, en prenant un
Mary elle prend un Maistre
, & fort
souvent un Maistre fâcheux. Il faut
qu'elle s'accommode à son humeur,
comme il s'accommodoit àlasienne
avat qu'il fust devenu Mary.Elle perd
tous les Amans qui l'environnoient,
& quand bien illuyenresteroit encor
quelques-uns, il n'est pas toûjours
feur qu'ils pourront aisément continuer
à la voir, puis que parmy les
Hommes il n'est que trop de Maris
jaloux. En fuite viennent les incommoditez
de la grossesse qui font particulierement
destinées à nostre Sexe,
& qui causent quelquefois la mort de
la Personne qui les soufre. Je m'attendois
bien, reprit Jupiter,que vous en
viendriez- là, & que vous n'oubliriez
ny les perils, ny les maux de la grossesse.
C'est en effet ce que vous avez
de plus fort à m'opposer
, car il est
aisé de vous répondre d'ailleurs que
les deux Sexes ne se doivent rien enr
matiere
matiere de défauts, & que si l'on trouve
des Maris jaloux & incommodes,
on voit aussi des Femmes emportées &
d'une humeur très fâcheuse. Cependant
, continua-t-il, pour peu qu'un
Homme ait appris à vivre, & qu'il se
foit rendu raisonnable, il ne contraint
point sa Femme à prendre une vie
plus retirée que celle qu'elle menoit
quand elle estoitFille.Il ne luy défend
ny les ajustemens
, ny les parures qui
font convenables à sa condition,& il
ne trouve point à redire que les charmes
de cette chere Moitié luy attirent
encor des Adorateurs. Il n'en est pas
de mesme d'un Mary qui dés qu'il a
reçeucette qualité, n'estplus propre
à estre Galant. Les foins de travailler
à l'établissement de sa Famille, le demandent
tout entier. Ils luy inspirent
un air plus chagrin & plus sombre,&
luy oftent en même temps tous les
agrémens d'esprit qui le faisoient souhaiter
des Belles. Enfin le titre de Pere
de Famille traîne presque toujours
après foy mille embarras & mille inquiétudes
,
qui rendent un Homme
dissemblable à luy-mesme , & qui le
font
font renoncer en quelque façon à tout
ce que la vie a de douceurs. En époufant
une Femme, repliqua Junon, je
voudrois bien qu'on se desist de la galanterie
, comme vous le dites,ou
plutost que vostre conduite,depuis le
temps que nous vivons ensemble, eust
servy de preuve à ce que vous avancez.
Je ne ferois pas réduite à me
plaindre aussi souvent que je fais du
peu de délicatesse que vous témoignez
avoir, quand vous vous arrestez aux
plaisirs languissans que vous donnent
des Beautez mortelles. La repartie inconsiderée
de Junon piqua Jupiter,&
fut cause qu'il poussa avec plus d'aigreur
le party qu'il avoit pris. Junon
de son cofté ne se rendit point,& tous
deux commençant à s'opiniâtrer sur
ce qu'ils soûtenoient, ils furent contraints
de s'en rapporter à ladécision
d'un Arbitre. Tyrésie fut nommé. Il
n'y avoit personne parmy les Mortels
qui fust aussi capable que luy de juger
de cedifférent;caron raconte qu'ayant
un jour frapé avec une houssine deux
Serpens qui s'estoient joints, il devint
Femme dans le mesme instant, &que
huit
huit années apres frapant de nouveau
les mesmes Serpens, il reprit la figure
d'Homme. Ainsi il connoissoit par
experience tout ce qu'il y avoit d'avantageux
dans l'un & dans l'autre
Sexe. Tyrésieestant venu,les deux
Divinitez luy étalerent leurs rairons.
Ce Médiateur de la dispute tomba
dans le sentiment de Jupiter, & soûtint
quele beau Sexe avoit beaucoup plus
de raisons à s'engager dans le Mariage
que les Hommes n'en avoient. Junon
chagrine de se voir vaincuë, s'en
vangea sur Tyrésie qu'elle fit aveugle.
Le malheur que luy attira sasincerité,
luy fut sensible ; mais Jupiter ne tarda
gueres à l'en consoler, puis qu'il luy
ouvrit les yeux de l'esprit, & luy donna
le pouvoir de penetrer dans les plues
cachez replis de l'avenir. Ce nouveau
Devin estant de retour sur terre,apprit
aux Personnes de sa connoissance ce
qui luy estoit arrivé
, & pour premier
coup d'essay de son art de prédire le
Futur
,
illuy tint ce discours.Vous
-
voyez comme je porte sur moy les
r
marques de la vangeance qu'a prise la
Femme de Jupiter. Retenez bien qu'un
jour
jour impunément un Berger du Mont,
Ida, nommé Pâris, rendra un Jugement
beaucoup plus desavantageux à
cette Déesse, car l'ayant choisy pour
Juge sur une dispute qu'elle aura avec
Minerve & Vénus touchant l'excellence
de la Beauté, ce Berger en donnera
le prix à Vénus. Vous fçaurez,
ajoûta-t-il
, queJunon ne peut voir
qu'avec une extréme jalousie que Vénus
soit continuellement accompagnée
des Grâces, parce qu'elles font
cause que cette Mere d'Amour est roûjours
assurée de plaire & de toucher.
Vous fçaurez encor que Junon a de
l'aversion pour Minerve, & que cela
vient de ce que cette Fille de Jupiter
préside feule aux plaisirs de l'Esprit,
qui font les Sciences & les beaux
Arts. Mais parce que l'Architecture
est du nombre,& qu'elle tire son origine
du Païs où nous vivons, je me
sens porté à vous décrire l'Histoire des
merveilles qu'elle produira dans la
fuite des temps.Vous n'ignorez peint
que les premiers Hommes n'avoient
qu'unenouriture sauvage, qu'ils ne
naissoient que dans des Cavernes, ou
dans
dans de simples Cabanes;qu'A mphion
cull: le secret de polir leurs moeurs,&
de les accoûtumer à vivre ensemble;
& que leur ayant montré la manière
de bâtir, on a pris de là sujet de feindre
qu'au son de la Lyre il construisit
les MursdeThébes. A forcedetravailler
aux Bâtimens,les mains se rendant
plus habiles
, & les Esprits devenantaussi
plus éclairez par l'exercice,
je prévois, & je vous annonce que
l'Architecture sera divisée en cinq
Ordres. Celuy qu'on nommera Dorique,
devra sa naissance au Temple que
Dorus Roy d'Achaïe fera élever en
l'honneur de Junon, dans l'ancienne
Ville d'Argos. Les Colomnesde ce
Temple auront la proportion ,
la force,
& la beauté du Corps de l'Homme,
au lieu que les Colomnes de l'Ordre
Ionique sembleront imiter la délicateflV
du Corps-d'une Femme. Cet
Ordre fera ainsinommé, à cause d'Ion
Conquerant dela Carie, & Fondateur
de plusieurs Villes fameuses, & qui
dans un Temple consacré à Diane, fera
observer cet Ordre, & luy laissera
son nom, aussi-bien qu'à la Carie qu'il
aura
aura subjuguée.Quant à l'Ordre qu'on
appellera Corinthien,voicy ce qui par
hazard y donnera lieu. Un Sculpteur
Athénien partant aupres du Tombeau
de quelque jeune Fille de Corinthe,
où Fon aura mis au Panier que pendant
sa vie elle aura aimé particulierement;
ce Sculpteur verra ce Panier couvert
d'une tuile,& pose sur des plantes
d'Achâte.Il examinera cõme les feüilles
qui aurot cru à l'entour,auront récontré
les çoins de la tuile, & auront
estécõtrantes de se recourber en leurs
extrémitez,& d'y faire un contournementqui
fera nomméVoûte. Ce fçaveut
Ouvrier Athénien, qui taillera
leMarbre avec une délicatesse admirable
, imitera cette forme nouvelle
dansles Colomnes, dont il embellira
depuistellement la Ville de Corinthe,
qu'on n'y laiilera plus entrer que d'excellens
Ouvriers, & que de là on dira
par proverbe, j~ neferapaspermis
A tout le monded'alleràCorinthe. il y
aura l'Ordre Toscan; mais parce que
ce fera le plus grossier de tous, je le
passe fous silence.Enfinl'Ordre Compositeseraainsi
appelle , à canfe qu'il
tiendra
tiendra de l'Ionique & du Corinthien.
L' Architecture commencera à devenir
florissante à Rome, lors que César, &
en suiteAuguste,y établirontle Siege
de l'Empire de l'Univers. Cet Art, qui
par l'habilité des Architectes semblera
fous la Regne des Empereurs suivans
avoir atteint toute sa sublimité
& toute sa hauteur, fera neanmoins
en quelque maniere ensevely fous les
ruines de cet Empire Romain; mais
il renaîtra beaucoup de temps apres
dans un autre Climat, c'est à dire
quand le Royaume de France fera
gouverné par François Premier de ce
nom, qui fera le Pere des beaux
Arts. Alors ce Roy inspireradu goust
pour l'Architecture ; il entreprendra
de faire bâcir un Louvre qu'illaissera
imparfait, & qui lors qu'il fera achevé,
sera la huitiéme Merveille du Monde.
Ce pompeux Edifice devra beaucoup
de Ion embellissement aux foins
d'un autre Roy, que je ne puis assez
loüer, & qui fous le nom de Loüis LE
GRAND,sera connu pour un Monarque
accomply. ilestreservéàce dernier
Prince donc je parle, d'élever
l'Ar
l' Architecture au plus haut degré de
perfectionoù elle soit jamais montée;
& parce qu'on employera tout le fin de
cet Art pour re presenter le glorieux
cours de sa vie, apprenez que les Exploits
de ce Héros, & la subtilité de
l'Architecture
,
s'aideront mutuellement
à s'éterniser. Tyréfie ne dit rien
alors davantage. Je finis comme luy,
en vous assurant que je fuis
, &c. ELEGIE.
HE' quoy, vostre raison, adorable
Sylvie,
Prendïinjufiepartyd'estremon Ennemie?
Afaii écouterez.vousses barbares discours)
Plutost que vos bontez qui conservent
mes jours?
7rabirez-vouâ l'espoir de la plus vive
< flame
Que l'amour ait jamatofait naistre dans
.<
une ame; ; Et ne fiiivrez-voui point une plus doHCC
loy,
Quand la tendresseparle drpourvous,&
lill pour moy? dit pour VOIU. Helm!Peat.efire trop
credule"
Je croy que vota [entet le beau feu qui
me brnle;
MItÏd contre mon repos je n'ose refifler
Aux ordres obligeons de n'en jamais
douter.
Vous les dvie'{ donnez, ces ordrespleins
de charmes , Ces aimables Garans avaient seché mes
larmes,
Jecomrnençoû à vivre, & mon coeur
amoureux
S'applaudifoit déja dusuccés defesfeux.
JEn vain, difois-je3en vain la Fortune
ennemie
lufqu'à, cet heureux jour a traversé ma
vie;
En vain mille douleurs pires que milles
morts,
Ontsur moydesarage ajfouvy les transports
-; VAmours Ce Dieupuijfant qui la brave
& me guide,
Contretous ses revers rend mon aine intrépide.
le
levais avec platfir son courroux défor-
1 mé. le triomphe à mtn tour, enfin je fuù
aimé,
D'unbonheur si charmant mon Ame
possedée
,
Sur ces mots jour & nuit attachoit mon
idée.
le fuis aimé ,
disois-je, & dans cet
entretien
Tous les plaisirs des Dieux n'égaloient
pas le mien.
Helas ! & q¡/AUroit dit ce coeur qui
vom adore
Qui , peut mieux soulager le feu q&U
desore,
Et que peut-il trouver d'agreable, ou de
doux,
Qite le suprême bien d'estrechery de
vous ?
Rien que vous ne le touche
, & rien ne
l'interesse,
Que de vous vir un peu sensible à sa
tendresse,
Si ce n'efi de sentir les vifs faifilfernens
Dontson amour pour vom l'agite à toto
mOlllenJ.
Omj
,
j'aime ce desordre , & jochériice
trouble)
Mon plaisir est plusgrand quand lnafiame
redouble,
Etsouventdansl'excès[estransportsfont
poujJet,
Que je mécriey Amours je n'enfins paé
asJe'(a
Pour aimer ma Sylvie autant qu'elle est
aimable,
Augmente
,
si tu peux > cette ardeur
agréable
) Perce) hule,consume3 & donne à mes
souhaits
Le plaisir de l'aimer plus qu'on n'aima
jamau.
Cependant la Raison veut détruire en
vofire ame
Leglorieuxsuccés d'unesipurefiâme.
Helai!quand sa rigueur s'oppefe à vos
bonter-
)
Vous dit-elle quels maux mon ame afuportez.
?
A-t-elle daigné voir avec un peu d'étude
Tous les transports mortels de mon inquiétude
Meslarmes, meslangueurss& mon abattement
> Mes
Mes agitations, & mon emportement,
Mes craintes, & mes foinstmonrefpeft,
matendresse,
La rage, & les foreurs qui me troublent
sans cejJe ;
Etpoursefaire entendre, a-t-elle rassemblé
Tous les traits de douleur dont jefuû
accablé ?
.Ah !sans doute l'Amour qui gouverne
ma vie
Prendra le jufle foin d'en inflruire
Sylvies
De luy representer les maux que j'ay
fouferts,
Et que je ne suis pas indignedeses
fers.
Cette raison peut bien vous engager à
croire,
Qu'en m'ailnltnt, vous risque'{ beaucoup
de vostregloire ; Que vous faire l'objet de mes plus tendres
voeux, C'eflportermon orgueilaussi haut que les
Dieux,
C'eflchérir un Objet qu'avec des foins
extremes,
fendant qu'on les adore, ilschérissent
e eux-mtfmes ; mabandonner tout AU feu qui m'a
furprû
> C'est brûler d'un amour qui INy-mefmeefl
[en prix , Et qui doit limiter sa plus douce efferance
JÎ vous voir fmplemsnt approuver ma
confiance.
Je convois mon tnerite , helas! &jesçais
bien,
Que cho-sir pour aimer, ni coeur comme le
mien, Quoy qu'il brûlepour vous de l'ardeurla
plus pure y C'efl de voftrl r"i[on exciter ie murmure,
Maii ce cruel murmure aura - t- il du
crédit ?
M'abandom,erez.-vous sur ce qu'il aura
dit ?
Evitez. , ma Sylvie, étlitc'{ la fNr-
¡riJe,
Sous le nom de Raison un M»nfire se
déguise,
rn inftir,fl malheureux) que le Sorten
conroux,
Pour
Tour troubler nostre joye , êleve contre
nous.
Lors qu'a quelqueplaisïrnostre ame est
préparée,
Cet Ennemy jaloux lempare de l'entrée
s Et par fcrfaux conseils3 il nousfait
rejetter
Ce que par tous nos foins nous devrions
acheter.
Contre ses trahisons il est peu de lumières
3 Nous voyons qu'il en est de tom les caractères
,
Le Sort en aproduit sur tous nos interests
Qui , de la Raison mtfrne imitent tout les
traits ;
Maistre des volentez, par ces noirs artifices
Ils entraînents nostre ame au gré de leurs
caprices,
Elle devient esclave & dans sesfondions
Ne peut plut resister au cours despassions,
Raisonneaveuglément3sans justiçe décide
>
Etprendpour la Raifortl'Ennemy quila
guides
Tant Ilappai suborneur desesenchantement
Changeen mauvais desseins les meilleurs
fentirnens.
L'Espritleplm[abîme, & l'ame laplut
haute,
Ignore fort erreur jufqucsIlprtl sa
faute;
Quind la droite Raisonl'éclairé d'un
regard,
Le repentir le fuit, mais cesitoujours
trop tard.
Peiii-tftre avec excès j'ay poussé la
Aioraiey
JlfaU est-il de fortune à mon bonheur
égaley
Si de cet Ennemy qui vous ose imfoftr,
La peinture vous fert à vous desabuser
?
Deqvoycjue contre rnoy son Art vous
entretienne>
Laijftz.parlervofire amt, ou consultez.la
mienne,
Observez. vostre coeur dans ses émotions
y Sui
Suivez, de son fauchant les douces passions,
Abandonnc'{;voUJ toute àsa tendre conduite,
Et sur ses mouvemens ordonne7l de la
fuite.
D'une droite Raisonlaplus severe loy
Ne peutrienopposer de jufie contre mOl;
l'en ay bien reconnu le noble caractère,
Lors que de mon amour l'ardeur a pû
vous plaire,
Et que par desconseils à mon ame bien
doux
Elle via défendu de rien aimer que VOltS.
Ah ! jarnaû son avis ne fut sujet au
change,
A diferensPartisjamais il ne se range,
Et ses moindres conseils , &ses moindres
difconrs,
Sont de justes Arrefls qui fubjiflcnt toujours.
Ainsisur mon bonheur neformez, plus de
doutesy
Elle a pul'approuver,c'efi unefois pcttr
toutes ;
Finissez. le combat,puis que sans l'offenser
Vojtre coeur sur ce point ne sçauroit balancer,
Et que ce qu'ensecret a vofire orne en
inspire,
Vient d'untraifire Ennemy qui tache À
vous seduire.
Rendez.
, rendeZ. le calme à mon coeur
a/armé,
Termettez.-rnoy de dire encory je fuis
aimé,
Et pour en affurer ma timide tendresse,
Dites-lernoyvous-mesme , & aites-ú
sans cesse.
Adjou-cz.s en faisant un aven si touchanty
Qu'il efl en vous l'effetd'unairnabU
panchant ;
jQuun Affrefllvorable
,
&sa douce influence,
Vms condamne 4 chérir mes feux , &
ma confiance,
Et que d'un heurtux fort l'indispensable
loy
Engagevostre coeur à vous parler de moy,
Le mien qui s'abandonne à sa tendresse
extrême,
L'a fait indépendant de tout, hors de
luy-me[me\
Et qnand le Sort contraire,& monAflu
en courroux,
S'oppo
S'oppoftroientanchoix qui £entraîne veirs
vous,
Ce coeur inébranlable, arméde sa constance,
De ces vains Ennemù braveroit la puissance,
Etson attachementtpar unsensible effort,
Surmonteroit pour vous les sijlres
, & le
Sort.
Voila les entretiens où mon amours'ap->
plique.
Ah! j'en sens mille fois plus que je n'en
explique.
Que ne pouvet-vous suivre un exemple
si doux!
Ces sentimens font ceux que mon coeur a
pour vous,
Et de ces sentimens la tendresse infinie
N'aura jamais de fin que celle de ma vie.
Oùy, que le Ciel mexpofe à toute sa rigueur,
Si vous feule toujours ne regnet dans
mon coeury
SSi. ce coeur enflawc, ddont vous e.s/se1s m."aitrefi>
N'a pour vous à jamais des foins pleins
de tendrejjey
Et si sur vos yeux feals réglantses mouvement,
II
11 ne vous donne pas tous ses emprefemtns.
La Pilee qui fuit sur une des demierej
Questions proposées, est de MonsieurGardienSecrétaire
du Roy, Ilfait
parler deux Amans, l'un qui regrete sa
Aïaifirejfe morte, & l'autre qui a esié
trahy par la sienne. Vous jugerez, par ce
que leurs plaintesfontparotflre d'accablementlequel
des deuxsoufre davantage.
SVR LA VESTION
Si un Amantsoufre plta par la
mort de sa hfaijirejJe que par
son infidélité.
JEntens,ce me semble, la voix de
quelqu'un qui se lamente. La Nature
comme une bonne mere , pour empescher
un coeur affligé de succomber,
luy donne ordinairement le secours
des larmes & des plaintes; la Raison
comme une fage dispensatrice, ( fouf..
frez ce mot) en permet Tufa-ge en de
pressantesoccasions , & il en est de(I
bgitimts"
legitimes
) que la Gloire cette imperieuse
maistresse qui ne veut presque
point de partage, n'ose pourtant defendre
cette consolation à ses Héros.
Mais s'il est naturel de chercher à se
soulager par des plaintes,il est de l'humanité
de compâtir à celles d'autruy:
nôtre interest,mesme, le demande,
puis que nous ne sommes tous que de
grands sujets de misere ; & qu'il n'est
point de malheur,dont si nous sommes
exempts aujourd'huy, nous ne
puissions bientost nous voir attaquez.
C'est pourquoy prestons, s'il vous
plaist,l'oreille au discours de cette
Personne affligée, sçachons quel estle
sujet de sa douleur , & tâchons d'en
profiter, s'il arrivoitque nous eussions
à soûtenir quelque chose de semblable.
Ma chere Alcidalie, je ne vous verray
plus. Non je ne vous verray plus
jamais! Ah Ciel quel coup de foudre!
Et qu'a y-je fait? ou plûtost quel crime
n'ay je pas commis, puis que vous
me punissez si cruellement ? Qu°y»
belle Alcidalie, une nuit éternelle va
nous separer : Les heures, les jours, les
années,& le reste de ma vie miserable,
se
se vont passer sans Alcidalie t Elle ne
reverra plus le jour? Et moy ne la revoyant
plus, que vay-je devenir! 0
Ciel terminez vos rigueurs, en me l'optant
cette vie infortunée,qui me seroit
plus cruelle que mille morts ! Mais où
m'emportent mes égaremens ? C'est
vous demander grace que de vous demander
la fin de mes peines;& le terrible
coup dont vous venez de m'accabler,
ne doit-il pas me faire connoître
que je ne vous fuis pasassez cher pour
estre exaucé de vous? Beautez, esprit,
vertus, bontez,charmes d'Alcidalie, je
vous perd s pour jamais, & je ne meurs
pas de cette mortelle pensée?Mais chere
ame ,ne condamnez pas pour cela
mon amour de lâcheté; si ce pauvre
coeur conferve quelque reste de vie,
c'est un pur effet du pouvoir de vostre
belle Image qui l'anime encor. Helas
que l'usage que j'en feray me fera
douloureux! si je vis, ce ne fera que
pour vous pleurer, & vous regreter
jusqu'à mon dernier soûpir. Que ne
m'est-il permis de mourir & de mourir
mille fois s'il le falloit pour vous
rejoindre ; mais je le vois bien, mon
sort
fort seroit trop doux, & ma cruelle
destinée veut qu'auparavant je celebre
icy bas la grandeur de ma perte, par
un sacrifice continuel de souffrances.
De grace , vous qui vous dites mes
Amis, & qui vous empressez à m'en
donner des marques importunes, cessez
, cessez de fatiguer vostre esprit &
le mien de vos inutiles discours. Vous
me dites que c'est une necefficé de se
consoler d'un mal sans remede. Quel
plus impitoyable & moins solide raisonnement
? Et ne voyez - vous pas
que c'est celamesme, qui me rend inconsolable
? Si apres de longues années
, si apres tous les travaux imaginables
,
je pouvois esperer de la revoir
, ô que les plus rudes peines me
feroient sinon legeres, au moins supportables!
Pour flater mes ennuis, j'écouterois
alors vos officieuses remontrances,
& je vous demanderois moymesme
ces consolations quepresentement
je ne puis recevoir. Mais je ne
la reverray plus cettecharmante Personnes
il n'y a plus de remede à sa perte
; & c'est-là ce qui me desespere
Cruels, apres que j'ay perdu Alcidalie,
vous
vous voulez encore me faire perdre
ma douleur? Ah que vous & moy
sommes opposez de sentimens ? Elle
m'est devenuë précieuse; elle m'est
devenue sacrée
, cette douleur que
vous profanez. Cieux courroucez, fut il jamais un état plus deplorable
que celuy où vous m'avez reduit ? Le
plus grand des maux est le seul bien
qui me reste. Oüy mon affliction est
aujourd'huy ce que j'ay de plus cher;
C'est elle, & ce n'est plus que par
elle qu'au defaut de la presence d'Alcidalie,
je la verray toûjours des yeux
de l'esprit
, & que je l'entreriendray
aussi toûjours du coeur & de la penfée.
Ce langage muetqui nous a esté
familier, neme fera pas interdir. Ce
fera par son moyen, belle Alcidalie,
que je continueray de vous rendre
compte de mes actions & de mes pensees
; de vous assurer de mes respects
& de ma fidelité;de vous declarer
mes inquiétudes, de prendre vos conseils,
ou plûtost de recourir à vos Oracles.
Je vous diray cent & cent fois
que je vous aime au delà du tombeau;
& je me répondray autant de fois
pour
pour vous, que vous m'aimez jusques
dans le sein de la gloire où vostre innocence
vous a placée.M'en desavoüerez
- vous, aimable Alcidalie? Non,
comme je me fuis donné à vous sans
reserve, vous m'avez permis,vous m'avez
ordonné de croire que vous feriez
éternellement toute à moy. Doux &
cruel souvenir ! agreables & fâcheuses
réveries!mais enfin vains foulagemens,
pour une douleur aussi grande que la
mienne! Si vous en suspendez pour
quelques momens la violence,helas! ce
n'est que pour la redoubler. Alcidalie,
sera-ce vous voir & vous entretenir,
que d'eltre seul à vous parler & à me
plaindre? Quoy jamais plus un de ces
favorables regards qui portoient la
joye jusqu'au fonds de mon coeur? Jamais
plus une de ces obligeantes paroles
,
capables d'appaiser tous les
troubles de mon ame? Ah pensée
qui comprend en soy l'image de tout
ce qu'il y a de dur & de cruel dans la
nature! O vous à qui la malice des
Hommes fait une guerre continuelle
, vous que les trahisons & les perfidies
consument de chagrins & de deplaisirs,
plaisirs
, vous que la fortune dépoüille
& que la calomnie déchire, vous
-
tous en un mot qui croyez éprouver
les plus rudes peines, & du corps &
de l'esprit, joignez, si vous le pouvez,
toutes vos souffrances,& soyez convaincus
que toutes ensemble elles n'égalent
point la grandeur de mes tourmens.
Vous-mesmes qui n'attendez
que le coup inévitable d'une mort
prochaine que vous voyez sous vos
yeux,vous estes moins à plaindre que
moy ; cette mort aussi épouvantable
qu'elle puissevous parostre ,
devant
bientost finir tous. vos maux, n'est
point 1 horrible des horribles
, & ce
titre effroyable ne se doit donner qu'à
la perte de l'Objet de nosaffections.
Perdre pour jamais ce que l'on aime!
Pour jamais! Ah , encor un coup,
pensée qui accable l'esprit, & contres
qui la raison ne peut rien de plus raisonnable
que de s'abandonner & de (c
confondre.Alcidalie toute belle! Alcidalie
toute parfaite! Alcidalie toutes
aimable ! où estes
- vous? où suis-je
moy-mesme?quedis-je?que fay-je;
Helas je ne me connois plus. Que.
VOUS
vous m'allez coûter de soûpirs! que
vous m'allez causer de regrets! Heureux
,
helas heureux, si je ne vous
avois jamais veuë 1 heureux, si vous
n'aviez point eu tant de charmes! &
heureux peur-estre, ou moins malheureux
,si vous m'aviez esté infidele!
Ah bouche sacrilege ,ose-tu bien proferer
ces blasphemes ? Pardon, belle
Ame,mon coeur n'y a point de part;
ce n'est qu'un effetpassager de mon
trouble & de mon desespoir
; mes maux
présens ne me feront jamais diminuer
l'estime de ma gloire passée; quelque
affligeant que m'en foit le souvenir
,
il
me fera toujours précieux Non,puis
qu'en Alcidalie j'ay perdu infiniment
plus que tous les biens ensemble
,
je ne
changerois pas le funeste avantage de
.)a regreter le reste de mes jours, pour
tout ce qu'il ya de grand, d'agréable,
ôi de satisfaisant dans le monde. N'avoir
pas connu, n'avoir pas adoré Alcidalie,
n'en avoir pasesté aimé, ce
sont, à mon sens, des néants plus malheureuxque
la realité de tous les maux
qui se puissent imaginer;mais souhaiter
des défauts dans Alcidalie pour en
tirer
tirer la jet de consolation, quelle manie
& quelle impieté? Mettre en ba":
lance sa vertu avec sa vie, ce seroit sélon
elle-mesme,luy faire le plus grand
des outrages. Helas je m'en souviens.
Dans l'une de ces spirituelles & tendres
conversations où vous me charmiez
également l'esprit & le coeurs
Pourquoy pensez -vous, me disiez
vous, que vostre Sexe rende tant d'honneur
au nostre
, & qu'il nous traiter
avec tant de déférence ? Croyez-vous
que cette beautéqui passe si viste,o
la délicatesse
, pour ne pas dire la foiblesse
de nostreconstitution en soient
les feules causes. Non, non, ce sont
les vertus dont on présuposetoujours
que nous sommes avantageusement
pourveuës, & sur tout la pudeur & la^
fidélité que le Ciel & la Nature nous;
ont princi palement donnes en partage.
Voila ce qui nous doit faire mé;J..¡
ter ces respects que vous voulez bien
quelquefois appeller des adorations.
La Vertu, poursuiviez-vous
,
n'è,
point un nom vain & inutile, comme,
ont dit quelques desesperez ; ce n-est
point un fantôme ny une chimere ,
commes
comme ses ennemisvoudroient nous le
faire croire,& comme osent dire ceux
qui ne la connoissent pas, ou qui ne la
connoissent qu'à leur confusion j c'est
à proprement parler, l'ame de nostre
ame, & par conséqnent ce que nous
devons avoir de plus cher. Dans quelque
dérèglement que nostre siecle corrompu
soit tombé, soyons bien persuadez
que le plus grand des crimes est
de préferer la vie à la venu, & de perdre
pour coserver cette vie,la seule chose
pour laquelle nous devons l'estimer.
Oüy, adjoûtiez-vous avec un regard
un peu severe
, mais tout amoureux, encore qu'un usage que je n'excuse,
ny ne condamne, n'exige pas sur ce
point (au moins dans les manieres) de
si exactes régularirez de vostre Sexe
que du nostre ; neantmoins comme
dans le fonds, & pour ce qui regarde
le coeur, ce doit estre la mesine chose,
ie~:'ous l'avoüeray sans déguisement,
quelque tendresse que j'aye pour vous,
l'Emerois mieux vous voir sans vie,
que de vous voir infidelle. Ce n'est
point l'interest de ma gloire,c'est ceiuy
de la vostre qui me fait parler de la
i.
forte,
sorte; &, ne vous plaignez point de ce
sentiment, puis que c'etf le party que
j'embraderois pour moy-mesme.Voila
,
belle Alcidalie
, comme vous raisonniez
; mais ce nettoient pas de ces
paroles qui ne font que des paroles,
encore moins de cesditcoursdécevans
& arreccez pourcouvrir adroitement la
honte du vice,ou pourinsulter malicieusement
à l'honneur de la vertu.
Vostre coeur & vostre bouche ont toujours
esté parfaitement d'accord, &
vous ne VOIis estes jamais démentie.
Helas que de défauts en moy , que de
mérite peut-estre en d'autres Amans,
& que d'avantages qui se font presentez
pour vous, auroient pu ébranler
toute autre confiance que la vostre
mais faisant justice à mon amour, vous;
m'avez fait grace sur tout le reste , &:
vous m'avez confervé vostre foy pure
avec une fermeté qui faisoit mon bonheur,&
le desespoirdemes Rivamcw
Alcidalie, puis-je sans expirer penser k
toutes vos bornez ? à cette fage, mil
engageante retenuë
, avec laquelle
vous reçeustes la déclaration de mer
feux; à cette équitable & judicieui¡]
conduit?
conduite dont vous avez sçeu entretenir
ma persévérance; & à cet aveu si
plein de modestie &: de tendresse dont
vous avez enfin couronné mon amour?
Je me perds en repassant en mon esprit
vostrebonté à me souffrir ; vostre generosité
pour mes interests; cette pleine
confiance en moy pour les vostres;
cette complaisance si obligeante pour
tout ce qui avoit quelque relation à
moy ; tant de douceur dans vos entretiens
, tant de sincerité dans vos paroles
;ce caractere amoureux & spirituel
dans vos Lettres; enfin dans toutes
vos actions toutes les marques du plus
noble,du plus tendre, & du plus parfait
amour qui fut jamais. O mort doublement
cruelle, & de m'avoir osté
Alcidalie ,& de diférer à m'y rejoindre
, toute inhumaine que tu fois, tu
ne pourras t'en dispenser dans peu. Tu
me fuis, inexorable ,mais je te chercheray
par tout où il me fera permis.
C'est en vain que tu resistes à mon
amour;sa force égale la tienne,&s'il
» a pû parer le barbare coup dont tu
viens d'immoler Alcidalie; s'il n'est
pas en son pouvoir de forcer leDestin à
me
me la rendre; du moins il sçaura trouver
le moyen de me redonner bientôt
à elle, en avançant lafin de mes jours.
Oüy , amour doux & sensible;ouiy,
mort dure & implacable,je vous uniray
l'un & l'autre en ce point malgré
vos oppositions,& de l'amour& de
la mort jevay faire le mêlange d'une
mort vivante & d'une vie mourante
d'amour. La tristesse qui regnera dans
mon ame ,
repandra au travers de mes
yeux affligez tant de noirceur & de
tencbres sur jous les Objets que j'approcheray
, que les jours ne feront
plus des jours pour moy , & que je ne
m'appercévray pas s'il y auraencor un
Soleil dans l'Univers. Les nuits ne feront
des nuits à mon égard que par
l'horreur qui leur est ordinaire;& le
repos qu'elles donnent à toute la Nature
,fera le temps de mes plus cruelles
inquiétudes. Que si quelquefois
mes forces abbatuës font contraintes
de ceder à la douce violence du
sommeil ,helas que je crains déja les
cruels momens qui viendront le finir,
& m'enlever de nouveau mÓ Alcidalie?,
Agréables illusions d'une Ombre li.
chere,
chere
, que je vous payeray cherement
! Cependant vous ferez le seul
soulagement que je permettray à mes
desirs. Mais helas vous ne viendrez
pas toujours à leur gré. Oüy, belle
imaged'Alcidalie, soit que je veille,
soit que mes ennuis me souffrent quelque
assoupissement
, vous ferez l'unique
consolation dont je feray capable;
celle-là seule exceptée,je me précautionneray
à toute heure contre
tout ce qui pourroit adoucir mes peines,&
j'y prendray autant de foin que
les Personnes heureuses en appor tent
à garantir leurs plaisirsde tout ce qui
les peut troubler. Tout ce qui me détournera
de la profonde & perpetuelle
application à méditer mon infortune,
me tiendra lieu d'un nouveau suplice;
& mon seul recours dans ces gesnantes
conjonctures, fera de me rejetter
tout entier au centre de ma douleur.
C'est là que je penseray inceffammenc
à Alcidalie
, & que je ne penseray
qu'àelle; que tous mes momens feront
pleins d'Alcidalie , &que toutes
les puissances de mon ame en feront
leur continuelle occupation; jusques
à ce que dans le repos du tombeau
j'alle retrouver ma chere
, monaimable,&
ma bien aimée Alcid.
L'Excès de sa douleur luy oste la
voix; laissons à ses Amis le soinqu'ils
doivent prendre de luy en cet état, &
tournons nous, s'il vous plaist, de ce côté, où se faitontendre un autre
Malheureux qui croit peut-estre qu'il
n'yen a point de plus à plaindre que
luy.
Perside, il est donc vray que vous
avez pû me quitter pour un autre,ôc
que ny la grandeur de ma paillon, ny
l'assiduicé de mes services,ny le don de
vôtre foy
, n'ont pû retenir vôtre volage
coeurQue font devenues, cruelle
Personne
, ces assurances tant de fois
reïterées de m'aimer eternellements
comment on pû s'évanouir cette haute
estime que vous fassiezparoistre
pour la fidélité
, & cette aversion si
délicate que vous affectiez pour tout
ce qui pouvoit en blesser jusques aux
moindres apparences? Juste Ciel, à
qui se fier desormais
,
s'il se trouve
des ames assez corrompuës pour faire
servir à la trahison tout ce qui
J con
À
condamne la trahison ? Confus Se
accable d'unévénement si surprenant
& si ternole
, par où commencerayje
à me plaindre ? & que doy
- je
plaindre le plus? Sera ce par l'aveuglement
de cette déloyale
; ou par ma
propre douleur Sera ce son erreur,ou
mon infortune ? Quel revers, ô Ciel,
&quelle chûte! Helas,il n'y a qu'un
jour que dans la possession trompeuse.
du coeur de cette infidelle
, je me
croyois au comble de la prosperité
la plus accomplie ; ce coeur,ce perfide
coeur, me tenoit lieu de toutes
choses, toutes les grandeurs, toutes
les richesses
, tous les plaisirs de la
terre, n'avoient rien qui puft me
donner de l'envie, & je croyois pouvoir
moy-mesme en donner à tout le
reste des Hommes ; & me voila précipité
du faiste d'une si charmante
élevation ,dans un abimed'ennuis &
de douleurs:tout est perdu pour moy,
& jamais perte n'a égalé la mienne.
L'Avare à qui l'on vole ses trésors,
l'Ambitieux qui trouve ses projets
renversez
, le Prince mesme dépoüillé
de ses Etats, ne souffrent rien qui approche
du mortel déplaisir d'un fidelle
Amant que son infidelle Maistresse
abandonnne & trahit; chacun de ces
grands Malheureux n'éprouve qu'une
sortededisgraces ; moy je les ressens
toutes à la fois. L'espérance les soûtient
encore; &quelquefois la Fortune
prend plaisir à leur rendre avec
usure ce qu'elle leur avoit ravy;mais
la perte d'un coeur qui s'est une fois
donné à un autre, ne se repare presque
jamais, & jamais entierement. Je doute
mesme si la mort de la Personne
aimée peur entrer en comparaison
avec ce qui fait le sujet de mon tourment.
Je sçay bien que la feule pensée
de cet autre desastre doit faire fiémir
tout coeur qui sçait aimer; cependant
ce terrible écueil qui luy cause un si
funeste naufrage, en fauve le débris le
plus prétieux, puis qu'il devient un
Port éternellement assuré pour la fidelité
de l'Objet de son amour Comme
c'est une necessité toujours préveuë
que la mort sépare enfin les Amans,
ne peut on pas dire que celuy qui
pleure la mort de son Amante, n'en
regret pas tant la perte qu'il en
plaint le trop prompt depart ? Il est
asssuré de la rejoindre, il n'en appréhende
point le changement ,
il n'a
qu'àse préserver luy mesmede changer.
Dans lechersuovenir qui l'entretient
àtout moment de sa Bien-aimée,
il la retrouve, pour ainsi dire, toute
entiere, puis qu'il la retrouve sans defaut.
Cette réflexion a , ceme rem.
ble, quelque chose de si doux, que si
elle ne guérit pas son arnidion
,
du
moins elle la charme d'une maniere,
que je ne sçay s'il n'est pas quelques
paisirseffectifs
,
moins touchans
qu'une consolation de cette nature.
Mais se voir sacifier par la personne
que l'on aime plus que toutes choses
, & dont on a sujetde croire que
l'on est aimé de mesme ; à un Ennemy
pour qui; si la haine n'est permise
j elle est au moins la plus naturelle
de toutes; voir ce que nous adorons,
nous ôter, nous arracher de ses propres
mains toutes ses faveurs & toutes ses
graces pour enrichir un Rival de nos
dépouilles;un affront aussi sanglants
un traitement aussi barbare, ne reçoit
point de consolation ; il n'inspire
que la vengeance, la fureur, & le desespoir.
Mais ne suis-je point trop
facile & trop ingénieux à me persuader
moy-mesme d'un mal qui peutestre
n est pas ? Mes sens, vos raports
sont-ilsfidelles? mes yeux, ne m'abusez-
vous point ? Helas, que je ferois
heureux, si je n'estois trompé
que par moy mesme !Mais mon malheur
n'est que trop veritabe.La cruelle
, dans le déreglement de son coeur
ôc de son esprit, dédaigne tout cequi
pourroit nous le cac her
: Elle se feroit
un reproche de nos doutes
,
& de
sa contrainte elle se plaist à étaler à
nos yeux route son infidélité. Vous le
méritez bien, perfides yeux , auteurs
de tous les maux que j'endure. C'est
vous qui avez presté aux siens vostre
lâ--lie ministere pour me séduire
; en me la faisant voir vous me
l'avez fait aimer ; en me la faisant
aimer, vous vous estes rendus ses
complices, vous ne sçauriez en estre
punis trop severement : c'est la destinée
des traistres comme vous d'etre
mal traitez par ceux qu'ils ont
le mieux servy. Mais ne feriez-vous
point
point allez ennemis de vous mesmes,
pour trouver encore quelque douceur
dans un supplice si honteux
,
& pour aimer à la voir, toute infidelle
qu'elle est? Détournez, détournez
vos regards d'un Objet si dangereux.
Si je puis gagner ce pointsur
ce mal heureux panchant auquel vous
vous estes abandonnez, je ne desespere
pas que mon coeur soûtenu de
ma raison
, ne puisse guerir des
bteilures que vous avez aidé à luy
faire, quelques profondes qu'elles
puissent estre ; mais helas, mes yeux,
mon coeur, & ma raison
, que je
crains bien que vous ne soyez toujours
d'intelligence avec cette inhumaine
! Mes yeux , vous la chercherez
par tout; mon coeur,vous la dedrerez
sans cesse ; & vous , ma rai son,
vous n'aurez peut estre jamais la force
de resister ny à mes yeux , ny à mon
coeur. Quelle vie plus déplorable
que la mienne va le devenir? Ce ne
fera plus au dedans de moy que de
perpetuels combats entre l'amour &
la haine, entre la tendresse & le ressentiment,
entremes résolutions&mes
foiblesses.Absente
, je la regreteray
cette déloyale,la revoyant, l'horreur
de sa perfidie empoisonnera tout
le plaisir que j'aurois pu tirer de sa
veuë. il y aura des momens où malgré
son inconfiance, je ne laisseray pas de
l'aimer
,
& de me croire moins malheureux
qu'elle vive pour un autre,
que si elle ne vivoit plus; il y en aura
d'autres où je trouveray qu'elle seroit
heureuse si elle avoit rendu son ame
pure & innocente.Jesouhaiterayquelquefois
de pouvoir laver de tout mon
fang la tache de son infidélité, &
d'autrefois atitti je ne l'estimeray pas
digne d'un seul de mes soupirs Je dis
que jeressentiray les gesnes de toutes
ces contrarietez, & je le puis bien dire
helas avec certitude, puis qu'au
moment que jeparle,je m'en sens déja
cruellement déchiré. Beauté barbare,
falloit-il faire succeder tant d'amertume
& rat de troubleàla douceur & au
cal me de nostre amour?Quelle utilité
trouvezvous dans un changement si
déraisonnable?Vostre nouveau Vainqueur
possede-t-ildesavantages capables
de vous justifier?S'il en: vrayqu'en
amour
amour c'estla grâdeur de la passion qui
en fait le principal merite, j'ose défier
toute la terre d'en avoir plus que moy,
puis que personne ne vous a jamais
tant aimé que je vous ay aimée. Helas!
il s'en est peu fallu, ingrate, il s'en
est peu fallu que je n'aye dit autant
que je vous aime, & je ne sçay si au
défaut de ma bouche mon lâche coeur
ne le dit point encore. Injusteque
vous estes
,
quel reproche pouvezvous
légitimement me faire? Je vous
ay servie en Souveraine, je vous ay
adorée comme une Divinité. Non,
vous n'avez ny raison
, ny pretexte,
ny excuse. il faut que vous soyez de
l'humeur de ces Personnes extraordinaires
qui n'aiment le fang que pour
le fang, & qui à la honte de la Nature
,
& par un pur esprit de cruauté
,
se
plaisent à le voir répandre. Inhumaine
, vous ne me sacrifiez que par un
semblable caprice, & pour la feule
joye de voir souffrir la victime que
vous offrez. Hé bien,barbare, goûtez
à longs trai s le funeste plaisirde
ce cruel spectacle ; mais en mesme
temps songez qu'un semblable fort
vous attend, & que vous tiendrez
bientostma place. Oüy, ce nouveau
venu à qui vous m'immolez aujotir,
d'huy, vous sacrifiera dans peu, à vôtre
tout, à quelque nouvel Objet de
ses affections. Vostre coeur ayant perdu
sa premiere innocence, il ne vous
est pas possible de ne pas commettre
plusieursinfidelitez à la fuite d'une premiere.
C'est par là que je prévoy que ds le cours des longueserreurs où vôtre
changement va vous engager,vous
ferez encore souffrir
,
& vous mesmes
aussi souffrirezsouvent, les peines
de ces fortes de sacrifices
,
jusques
à ce que l'habitude vous en ait osté le
sentiment. Quejevousplains dans un
état si indigne de ce que vous avez
esté Vous commencez une carriere
où vous ne manquerez pas de compagnie
, mais d'une compagnie qui
devroit vous donner de l'horreur.
L'emportement & l'oubly de vousmesmes
qû vous en ont ouvert l'entrée
, vont se joindre au trouble & à
l'inquiétude, pour vous accompagner
dans vostre course; & quand vous ferez
au bout, tous ensemble vous livrerout
vreront au mépris, & ce mépris au
desespoir ou à la stupidité. Arrestez,
iml- heureuse, arrestez; detournezvous
d'un pas feulement, & vous
pourrez éviter le precipice où vous
courez; sortez, sortez promptement
de ce labyrinthe
, avant que d'en avoir
franchy le premier détour; prévenez
les égaremens infaillibles où il
conduit, il en est encore temps. Quelque
coupable que vous soyez, pour
devenir innocente, vous n'avez qu'à
le vouloir, il ne faut qu'un soûpir ralumé
au feu de nostre premier amour,
il ne faut qu'une larme formée de
quelque reste de ce sang pur qui animoit
vostre coeur lors qu'il m'estoit
fidelle. Au nom de cet amour autrefois
si fort & si tendre, laissezvous
toucher à mes prieres, ne diferez point
ce salutaire retour à un temps où le
nombre de vos années, & la retraite
de vos Amans,luy feroient perdre tout
son merite. Mais l'insensible & l'insensée
qu'elle eH: ,
elle dedaigne mes
conseils
, & meprise lesperils qui la
menacent. Mon coeur dés longtemps
prévenu pour elle, ne s'estoit que trop facile
facilement attendry; l'amour & la pitié
alloient le faire succomber
, mais
puis que son orgueil & son endurcissement
la retiennent, n'ayons plus pour,,
elle que de la pitié sans amour.Venez,
venez à mon secours
,
ô la plus belle
& la plus fidelle de toutes les Maîtresses
, qui de vos Amans faites de
genereux Rivaux & de parfaits Amis,
que vous sçavez satisfaire tous sans
interesser vostre chaste & noble fierté
; c'est vous quej'implore, charmante
gloire, qui n'estes autre chose
que l'amour de la vertu, & qui en
cela feu1 elles plus estimable que toutes
choses
; c'est vous qui donnez de
justes bornes à nos desirs, & d'équitables
loix à nos passions.Vousue
nous defendez pas d'en avoir; vous
ne cherchez point par de vains raisonnemens
& par de fabuleux exemples
, à nous persuader que nous n'en
avons pas, ou à nous en cacher quelqu'une
; mais vous nous en reglez
parfaitement l'usage. Vous ne nous
dites point que l'on ne peur haïr ce
que l'on a une fois bien aimé; vous
ne dementez ny nos sens,ny la nature,
ny
nyla voix publique; maisvous nous
apprenez à surmonterces mouvemens
impetueux qui sçavent si bien nous
convaincre au dedans de nous mefmesque
les plus grandes haines viennent
des plus grandes affections. Si
vous ne commandez pas absolument
de détruire un Autel sur lequel nous
avons sacrifié, ny d'abatre une Idole
que nous avons adorée, vous nous ordonnez
au moins d'avoir pour un Autel,
profane toute l'aversion que sa.
profanation mérité; vous nous défend
dez le culte d'une Idole qui n'estplus
qu'unvain Simulacre, & vous nous
en inspirez un juste mépris. En nous
recommandant de vous suivre, vous
n'approuvez pas en noîs des emportemens
indiscrets contre ce quivous
est contraire; mais aussi vous ne pouvez
souffrir sans indignation ces basses
complaisances & ces lâches flateries
, pour des déréglerons directement
opposez à vos Loix. Enfin en
tout état & en toutes rencontres,vous
nous conduisez avec une juste moderation.
C'est vous, ô Reyne des belles
Ames , qui m'assisterez dans les
combats
combats que j'auray encore à soûtenir
contre un reste de tendresse qui
pourroit se revolter en faveur de mon
Infidelle, & qui me ferez triompher
de sa malice & de mes foiblesses. Vous
allez me degager d'un indigne esclavage
, vous allez me rendre un coeur
tout libre; mais je ne le veux recevoir
que pour vous le consacrer de nouveau
sans resèrve,& pour tout le reste
de mavie.
C omme toutes choses se reçoivent
à la maniéré de ce qui reçoit, je ne
doute point que par la raison de la
diversité des humeurs, & mesme par
un pur jeu d esprit
, on ne puisse faire
parler d'autre façon les deux Personnes
affligées qui font le sujet de nôtre
Proposition, qu'il ne foit aisé de
leur prester d'autres sentimens. Mais
pour moy j'estime qu'en fait de passions
,
il est bon d'accorder autant
qu'il se peut le naturel avec l'héroïque,
& sans trop s'écarter du premier
,
de tendre toujours au second.
Il est des galanteries serieuses
, & il
enest d'enjoüées ; les unes& les autres
ont leur mérité & leur grace.
Cela
Cela présupposé, & que le propre de
l'honneste & du galant Homme, soit
un panchant égal vers la gloire, &
l'amour selon le sens allegorique de
nostre petite Fable de Psammette sur
l'Horloge de Sable. Cela, dis-je,presuppose
; Du caractère dont nous paroissent
ces deux illustres Malheureux
que nous venons d'entendre,il est facile
de juger qu'ils font Personnes à
tenir parole. Toute la diference qu'il
y aura, c'est que la douleur du premier
ne fera pas toujours si aigre ny si
violente; le temps le rendra s ciable
& civil à peu pres comme auparavant
mais enfin il aura toujours le coeur
penetré de la grandeur de sa perte,
& sa fidelle melancolie
, quoy qu'elle
paroisse plus languissante à le conduire
à pas plus lents au sepulchre,
ne laissera pas de l'y faire tomber
avec elle. Pour le second
,
la cure
n'en fera ny trop difficile ny fort
longue;sa resolution fortifiée de l'abfence
, guerira parfaitement ses bleffures
, & les fermera G bien,qu'à peine
en restera-t-il quelque legere cicatrice.
l'estime donc que le premier a
beaucoup
beaucoup plus à souffrir que le second.
La mort fait des maux sans remede;
l'infidélité porte le fien avec foy, comme
ces Animaux qui fervent eux-mesmes
d'antidote à leur venin; c'estun
Scorpion qu'un Homme de coeur
écrase de bonne heure sur la playe.
Quand un coeurgenereux a perdu ce qu'il
aime, > Il ne luy refle qtfa mourir;
JMoeù quand on le trahit, il n'en efi pat
de rnefrne,
Sagloire a foin de le guerir.
Je vont trvoye plusieurs Devises &
Emblèmes propres à efire gravées pour
des Cachets sur dtferens ejfets de l'Amour.
Ce qui lest proposé IÀ-deffm dans
le dernier Extraordinaire ayant fait naître
au mesmeMrGardien
,
dont je voiu
viens de parler ,
l'occajion d'y donner
quelques heures du peu deloijîr que luy
laissent ses emplois, il a fait les quatorze
premières que vous trouverez, dans cette
Planche*
siX
EXPLICATION
DESDEVISESDE
CETTEPLANCHE.
I. uN Livre de Blanque fermé, avec
un Poinçon dans les feüillets, &
ces mots, l'attens mon fort. Pour representerl'état
d'un Amant apres une
déclaration damour.
II.
Une Lampe dont l'huile & le feu
font sur le point de manquer,avec ces
mots, Ne le pai nourrir,c'est l'éteindre.
Pour un Amant à qui on ne donne aucune
espérance. [! MI.
UnEncensoirfumantdel'Encens
quis'ybrûle,misau pied d'un Autel,
avec ces paroles, lemeconfirme enadorant.
C'estl'image d'un Amant parfaitement
resigné.
IV.
Une Lanterne sourde
,
& ces mots
Italiens,
Italiens,Nonsivedràmio fuocosenza
commando. Pour un Amant qui aime
en lieu élevé.
V.
Une jeune Plante de Vigne vierge
, dont les silamens s'accrochent,
& ces mors, Si le m'attache, j'iray
loin. Pour une belle Personne qui n'est
point engagée, & qui se fent le coeur
tendre.
VI.
Le mesine Corps, avec ces paroles,
Enm'attachant Je croistoH>otiri,
Pour marquer une premiere passion
qui est ordinairement très violente.
VII.
Une Ortie fleurie, & ces mots
Italiens
, Gravi para punture. Pour
une jeune Personne
,
dont la fierté
présage beaucoup de rigueurs à ses
Amans. f; VIII.
Un Oranger sous un Rocher ou
Montagne
, & le Soleil au delà de la
Montagne, avec ces mots Italiens;
Privo di te morirù. lotir un Amant qui
regrete l'absence de sa Ma»IVelle.
IX.
I X. -
Une Flâme & un Vent qui souffle
dessus, & pour ame, Dolce accenderaI,
violientospegnerai. Rien ne convient
mieux à un Amant délicat qui
ne veut pas estre traité rudement.
X.
Une Cage ouverte ,
dans laquelle
un Oyseau échapé revient, & ces
mots , Ma prison me plaist. Pour un
Amant qui renouë avec sa Maistresse
après s'estre dégagé.
XI.
Deux Flambeaux dont l'un efl;
éteint & fumant, & l'autre allumé &
panché vers celuyqui fume, avec cesparoles
Italiennes, Se 'un fuma, che
l'altros'inchini.Celafait voir que la
flâme d'un Amant revivra malgré la
fumée de la colere, pourveu que la
Personnequ'il aime faire quelque approche.
XII.
La Colere dépeinte par une Amazone,
le Casque en teste
, & baissé sur
les yeux, ayant un Lyon à costé d'elle,
& tenant un Flambeau dont elle heurte
un coeur enflâmé qu'un petit
Amour
Amour tient à la main, avec ces mots,
Fuoco fuoco non strugge. Pour montrer
que le feu dela colere ne détruit pas
ordinairement celuy de l'amour.
XIII.
Un Coeur au sommet d'une Ro-*
che escarpée de toutes parts, & un
petit Amour au bas qui regarde ce
Coeur, avec ces mots, Se non col
piede, al mencon l'ale. Pour un Amant
qui repare l'inégalité de sa naissance
par sa vertu. XIV.
Un Amour qui tournant le dos à
un Miroir rompu, lerepousseavecla
main, & ces deux mots fartais plus.
Pour un Amant qui protestedene plus
revoir une Infidelle.
Les cinq Devises suivantes font de
Âionfieur de B11'J"ItC">tJp. Il vous fera
aisé de connoifire que les trots prernieres
s'appliquent à un Ornant qui ayant
fait une tendre déclarationà(a Maistresse
sans qu'elle luy ait donnéaucune
marque ny .de fatisfattum ny de colere,
attendce quilleréfmdra de son fort.
XV.
XV.
- Un - Cupidon dans un Esquisen
pleine Mer, sans voiles & sans rames,
avec ces paroles
Helas quelfera mon
flrl!
XVI.
Deux Couronnes, l'une de Mirte,
l'autre de Cyprès, & ces mots, Vnt
des ÂfHX endécidera..
XVII.
Un petit Amour assissur un Canon,
dans lequel il met le feu pour l'essayer,
avec ces paroles, Si j'en meurs, ma
mortfera du bruit. Pour marquer que
si apres une déclaration publique,les
cruautez de la Belle font mourir l'Amant,
le bruitde sa mort imiteral'état.!
dyiCanon,qui en crevant tuë celuy
qui l'égayé.
: XVIII.
Un Phénix qui se brûle dans leBucher
qu'il s'est préparé, & qu'il a allumé
aux rayons du Soleil, avec mots,
Peut-on brûlerd'un plusbeaufeu ? Cette
Devises'entend d'elle- mesme ,ainsi
que celle qui suit
XIX.
UnCupidon qui passeleRacloir
sur
sut un Boisseau de Bled trop plein,
avec ces paroles, le rens t'ont égal.
Monsieur de Fuaubert, de Noyon,a
fait les deux premières Devises que VOIU
allez,voir.
X X.
Un miroir ardent exposéaux rayons
du Soleil, & ces mots,Uro , non uror.
Pour une Dame qui donne de l'amour
sans en prendre.XXI.
De la Neige,& ces paroles, Frigus
adurit. Pour un Amant dont les froideurs
desa Maîtresse n'ont fait qu'augmenter
l'amour. XXII.
Une Mer dans la bonace,&un Alciõ
dessus qui fait son nid, avec ces mots,
le bastis dans le calme. Pour une Femme
qui ne se montre ny en còlere,ny satisfaire,
apres une déclarationd'amour.
En voicy quelques-unes EÇfagnotes.
XXIII.
Un Coeur au milieu d'un boüillon
de flâmes, & ces mots, No arrepentido.
Pour un Amant qui aime sans se
repentir.
XXIV.
J XXIV.
La mesme Figure ,
Sala lo merece.
Pour marquer que la flâme de cet
Amant est feuledigne de brûler son
coeur. xxV.
Encor la mesme Figure, Dicheso
por ella. Pour faire voir que cet
Amant trouve son bonheur dans cet
amour. xxv I.
Le mesme Corps, & ces paroles
pour ame ,
Arde con dicha. Pour faire
connoistre qu'on se trouve heureux
d'aimer.
XXVII.
Un Coeur dans la fUme, avec ces
paroles, No se dudc desudolor. Pour
un Amantque les peines de l'amour no
rebutent point. XXVIII.
Un Boüillon de flâmes seul, Se ces
mots Italiens, Cara quarau ardente;
Pour montrer que plus l'amour est violent
, plus il a de charmes. XXIX.
Le mesme Corps, & ces paroles,
Mi "roTM" fin huno, Pour faire voir
qu'un
qu'un Amant a une entiere ifnceriiâ
dans ses desseinsx. xX.ij Le mesme Corps, & ces
paroles,
Sin ella no quiero vivir.Pour un Amanij
qui voudroit mourir plutôt que d
cesser d'aimer.
XXXI. i
Vn Carquois qui n'a point de fléches
y
& ces mots, Leu tiene mi pecho
Pour marquer un coeur entièrement
percé des traits de l'Amour.
fèicy encor treize Dtvifes de Monsieur
Gardien. i
; - XXXII.
Vn Moulin qui dit au Vent qui l'agite
, Nienre da te chegiri e travagli.
Pour un Amant à qui une Maistresse
capricieuse donne de continuelles inquietudes.
XXXIII.
Vn Chien dans une Rouë qu'il fait
tourner, avec ces mots, Pas plus en
imlle qu'en un. Pour un Amant dont
les servicesn'avancent rien aupres de
sa Belle.
XXXIV.
Vne Branche de Mirte pliée en
Cou
Couronne, avec ces mots, Pouravoir
obey. Cette Devise represente un
Amant récompensé de ses complaisances.
XXV.
Une Lampe suspenduë comme
celle des Eglises
, &ces mots, ArJ.
sospesa. Pour exprimer l'inquiétude
d'une Amante qui doute de la fidelité
de son Amant.
XXXVI.
VnSouffletquisouffle surdes Charbons
ardens
, & ces paroles, Avec
mon froid je les embrase. Pour une de
ces Belles dont le sérieux ne laisse pas
d'inspirer beaucoup d'amour.
XXXV II.
La mesme Figure, mais le Soufflet
!unP(UpluséloignédesCharbons
avec ces mots,Si j'en prenou,jen'en
caufeiois pltu. Pour une Belle quicroiroit
borner ses conquestes si elle prenoit
de l'amour. Vn Soufflet se gaste
-quand il a attiré la flâme , & il n'est
plus bon à soufler.
XXXV111.
t Vne Baguete au haut de laquelle
il y a un bout de Bougie & un Eteîgnoir.
(On s'en sert pour allumera&
pour éteindre les Bougies des Lustres.)
Ces paroles luy fervent d'ame, J'allume
& j'éteins. Pour une belle Fantasque
qui se plaist d'avoir des bortez &
des rudesses.
XXXIX.
Vn Lierre autour d'un Chesne, &
ces mots, Heureux de vivre ensemble!
Pour deux Amans satisfaits.
XL.
Vn Violon qui dit à son Archet,
tuopiacer grido, o conto. Pour un
A mant contentouchagrin,selon qu'il
est bien ou mal traitéde sa Maistresse.
XLI.
VneRaquete sur laquelle est une
Balle qui luy dit, Vont ne me recevez.*
quepour me renvoyer. Pour un Amant
dont la Maistresse ne peut conserver
un coeur. XLII.
Vn Diamant dans un Anneau, avec:
cesmots, Atoute épreuve. Cette De-,
vise n'a point besoin d'explication.
XLIII.
Le mesme Diamant, & ces paroles,
jVoly par un autre moy-mesme. Pour
tmJ
un Amantqui reconnoit que rienne
l'étant fait honneste Homme qu'une
sincere & belle amitié.
XLlV.
Vn grand Jet d'ean dans un Bassin,
avec ces mots, De ma captivité ma
gloire.
Des deux Enigmes du Mois davrif.
iln'y a eu que celle dn Tambour
, qui
ait fait faire quelques Explications. le
vous let envoyé,
I. RAssurez.-vous , trop heureux Ennemis
,
LeGrand LOVlScontent devousvoir
si[oûmis)
Veut faire cesser vos allarmes.
Il vous accorde un bien qui paffe vos
fouha t
Tout presl de ViUJdétruirl
, il arreflefis
armes ,
Renonce a triompher , & vous donne lA
Paix.
zAIlez, Galant Mercure> aIJ,tCourÎ'"
des Dieux.
Le faire ffavoir en tous lieux,
ChaujJe'{vos talons & vos AijlU; f
Volez,sans vous laffir & la nuit,& le
jour,
Et pour dire aux*Mortels ces heureuses
tiouvelles.
N'oubliez. Vas vofire Tambour.
GERMAIN, de Caën.
IL LEs conquefies de MArssefont avec
grandbruit,
Le nombre, lefracaijetumulte lesfuit.
En celles de Vénus il faut tout le contraire,
Le fecrettles écartsJefi/ence, & la nuit,
Toute cbofepropre au mistere.
',Ainsidefaites-vousdu MercureFrançois,
Marchez, toûjours en Tapinois,
Les Beautex. ont plaisir À se laisser furprendre
;
Si l'onosoit méfier le grand bruit In
amour ,
Ce feroitalors vouloir prendre
Les Lievres au son du Tambour.
LeDruide LYONNOIS.
IIL
L III. E Mercure Galant va par toute la
p
France
Publier la Paix à son tour s Etpour nous exciter à la réjouiJfaneet
JI ne manque Pas de Tambour.
- JARRES.
IV. AHcest mefaire trop chercher
Ce qu'en vain vous voulez, cacher
Sous lobfcurité d'une Enigme.
Penfet-vous que nousfojons sourds?
Non,non, malgré les tours & détours de
la Rime,
Nous entendons bien lnTambours.
HORDE' , de Senlis.
M V. Ercure que je lis & la nuit, &
leJour
Tant je t'admire, &tant je t'aime i
Certes sansbattrele Tambour,
Tufaiia(fez. de hruittoy-mesme.
MARIE GAUVIN
,
de Chastillon
surSeine.
le reviensa une des Quetfions pre
posées dans le dernier Extraordinaire. j
YOUJ la trouvere*{ traitée avec
beaucoup]
de méthode.
Si l'on doitse marier. sI l'on suposoit que tout ce qu'il y
a d Hommes au monde pussent
estre reformez de l'avis que l'on donnera
, & qu'ils en demeurassent persuadez
au point de s'y conformer, il
est C ûr que pour éviter la perte du
Genre humain par la confusion
, on
par le Céliba:
, on devroitestre pour leMariage. C'est ce qui m'obligeà
ne prendre point de party, & à laisser
à tout le monde le choix des raisons
que j'ay àalleguer pour l'un & pour
l'autre, aussi libre qu'i la estéde tout
temps à la plupart des Hommes de
suivre celles que leur esprit & leur experience
leur ont pû fournir.
DANS
DANS LEMARIAGE,
Les avantages à espérer font,
1. Avoir de la Pofierité.
2.. Vivre dansune libreydouce, &perpetuelle
focitté avec une Personne que
l'onaime.
3. Mettre defon cofiéles Loix,la couflume,
&rintereft de laplus grandepartie
des Hommes) dans la jokijfance des
plaijïrs & des douceurs de la vie.
4. Se lier d'amitié
3
& vivre dans une
étroite confidence avec une Personne qu'on
aime, jusqu'a s'en rendre inseparable,&
par là prevenir les effets de l'emportement,
0. de ces mouvemens soudains dont
les Gens se repentent à loisir.
5. Donner & recevoir lesgages les plus
précieux, & les plusfortes marquesd'une
tendre amitiéqui puissent entrer dans le
çorhmmtrce des Hommes, quifont les Ensans
, IIIpresenceperpetllelle
, le secours
dansles maladies,afflifttos, chagrins3doU"
tesycraintespartager lesplaifirsjes biens,
les honneurs, les desirs , & lespensées,
6. Peut-oncompter pourunavantage
de la vie conjugale, ctluy que de mauvais
principesfont compterpour tel à que!queJ
Femmes mariées3 qui trouvent que le ch,.
min des divertissemens estplus facile À
tenir quand on a pOHi' foy le flambeau de
l'Hymenée que quand onse contente du
voile de la Virginité r
Les inconvéniens à craindre font.
1. Eftrt attachépar des liens qu'on
ne peut rompres& ne pouvoirchAnger de
condition
t
quelque mal qu'ons'y trouve,
quand on a changé dep.ntirnem.
i. Prendresurfoy tous lesmaux, les
chagrins
y
les ennum qui peuvent arriver
à une chere Moitié.
3. Avoir des Enfans qui au lieu d'apporter
de la joye & de la covfolation, ne
font pas plutojl nez., qu'ils deviennent les
tb;etsde nos foinsJesfujets denos craintes,
qui devancent les effets de nofire tentireffe
par les inquiétudes prernaturées
qu'ils nous donnent dés qu'ils commêntent
à eflresensibles a l'arnouryptquez. au
jeu, ambitieux d'honneur, &c. Les Garçons
ont de l'emportement ; les Biles de la
tiij]imulation,& une certaine flupleffiqu;
ttaifi & qui croist toutefeule.
4. 414 lieu d'une ehere Moitié^encontre,
quelquefois ditscequiprend lenom de
Femmt
FerHmeen de Mary» un Cenpeurperpétuel
i un Ennemy domeflique qui étudi.
vos défauts , en tire 4Vanlage, r& tra»
verfeUbonheurdevoflre vie.
1. Ne pouvoir aimer ailleurs sans
trime , & sans courir le risque de voir
ielater une Femme ou un Mary quefin-
Hrefifait veiller sur vos délions.
6. Eflre accablé d'une multitudeel:Ensans
, Garçons à équiper, & Eltes à
Pourvoir.
- Voila une partie des reflexions
qn80D peut faire sur le Chapitredu
Mariage.
DANS LE CELIBAT,
Les avantages font.
Y. La liberté el/aimer en tom lieux^dc
voyager, d'étudier, de choijtr la maniéré
de vivre , &les emploû les pins proportionneralacapacité
>
lesplus conformes'
temps3 a IHnterefl, &à finclination
des Gens. i. Jouir de la quietude&du reposde
lefjrit. Lesfoins ne font point partagez»
cn n'en à que d'une feulepersonne.
3. N*eflrepoint controllé ny rojet à /4
etnfure perpétuelle d'un Ennemy dorneft;---.
tW!. H v
- 4. Tout ce qui lAppelle inconvénient
dans la condition des Gens rnariet,tO/rne
À l'avantage duCélibat.
f. On n'a ny le foin ny le bruit d'une
multitude denfans,d'inclinations & de
capacitéz. toutes d'ferentes.
6. PneFillenecourt pointlesrisques
de l'accouchement
» ny un Garçon celler
d'y voir soufrir, & d'y perdre ce qu'il
aimesi legitimement.
Les inconveniens font.
J. La solitude.
2. Le peu d'assurance qu'ily a dans
Faffeftion& dans lafidélité ordinaire de
tout ce qui s'appelle e domestique.
3.On fera regardé deses Parens &de
ses Amis,comme uneproye quela Nature
leur JeflineJ& que le terns leur doit livrer.
4. Point de tendresse quinterejfée de
qui que ce foit. Le Genre humain regarde
un vieux Garçon commt un Homme
qui fait profession d'avoir de la dureté
pour tout le monde, &il n'cft plta personne
qui n'en ait pour luy.
1.
- 5. IDigne'{que les desordres de la vie l'on voit donner la plupart de ceux qui
vtMiat éviter U lien smjugAl
>
font les
effets
effets & les accompagnement ordinaire*
auCeLibat;auLieuqtie
Quand Dame Concupiscence
Vouséguillonne, & vous lance,
il est facile aux Mariez, d'imposerfilenct
a cetteDarne, & d'appaiserpar desvoyes
toutes légitimés une passionrebelle.
Enfin quand vous aurez envisagé
distinctement tous les avantages 6c
tous les inconveniens dont je vous
donne icy les paralelles, il faudra encor
raisonner sur chaque Article en la
maniere prescripte dans le Mercure
Galant du Mois d'Octobre 1678. page
140. Je ne repete pas icy cette maniere,
parce quec'est une Regle générale
pour tous les points de Moralité.
a
A toutes ces considerations chacun
peut encor ajoûter les reflexions
particulières qu'on doit faire sur sa
propre condition, sur les qualitez des
Personnes qu'on peut regarder comme
des sujets de Mariage , & sur
l'état des affaires de l'un & de l'autre
party) & il n'y a d'ordinaire que ces
dernieres
dernieres reflexions qui déterminent
au Mariage, ou au Celibat.
Le Fïrelay que vous AI/et voir, n'est
fait que pour ceux qui en prenant le party
du Celibat, se font reservélaliberté
d'aimer en tous lieux. Il efi d'une Dame
de Province qui a infiniment de l'ejprit.
VIRELAY. 0L'étrange sottise
D'atrner avec franchise !
0 la grandebestise
D'aim r fidjlernerft !
Tout ebAlige &se deguise ,
Cheveux iiairi,tesse grise,
Brunette, blanche & bifè,
Païsanne & Marquife»
Sous l'or & fous lafrist,
Touttrompe égalementi
0 l'étrange sottise
D'aimer avec franchise !
L'une veut àl'Eglise
Conduire son Amant,
Et cellecy nevife
.Zdà le mettre en çhernfe*
L'.Il'
L'une le tyranife>
L'autre le dtvalife,
Amour n'est que feintise
»
Que rufe, & que (urprife;
jQuc si la convoittfe
Dans une ame s'atttfe>
JI passe en un moment.
Vn petit vent l'aignifes
Maid une grosse bife
L'éteint facilement.
JI n'est plus d'Artemise
Qui jusquau monument
Garde la foy promifey
La confiance efilourdise,
Et vertu £Allemand.
0 la grandesottise
D'aimer ifdellement!
Vivre sans entreprise
Et sans attachement,
Est une coû'ardife ,
YTJe faineantise,
Et principalement
Lors que la rnarchandifc
Vaut nostrechalandise. une beauté nous dosse,
.Que le coeur nous en dise,
Je veux qúon la courtise,
Et qu'on lagalantise, s~
Que de son oeilcharmant
Nostre ame foit éprises
Qu'onl'aime tendrement
Avec empreJlèment,
Petits soins, mignardise.
/* <. Que si L'évenement
Yeus qu'on vous la seduise,
Et qu'un autre l'induise
A quelque changement.
Et quelles*en avise,
le veux qu'onse conduift
Avecquejugement,
Patience, accortise,
Qu'onflate & catechise.
Ph avertissements
Vn mot, un sentiment,
Quelquefou la Yavife;
Je veux qu'on s'humanise,
Quon pardonne aisément
Viefaute commise ;
Peut-efireest-ce surprise,
Ignorance, ou fiintife,
Ou rnauvaife hanttfe.
Afaû que l'on en médift
Quel'onlafcandalife,
Que l'on la timpanifè,
Et qu'on imrnortaltft
Son Mécontentement,
El
Et [on ressentiment,
0 la grandefùttife !
Chacun aime à sa guise,
C'efl la vieille devise,
Mais le foufollement,
Le fage fagernent ;
Le fou court à la ¡ri[e,
Uautreplus finement
L'attend à la remise
Le fou se fvrmalife,
Proteste, verbalift ,
Le fage temporlfe,
Se taifl & rnoraLtfe,
Et sans que trop luy cusses
Se, grate feulement;
Le fou croit tout de mise
Dans son emportement
Le fage se maistrise,
Et quand on le méprife*
Ou quand on favorise
Vn autre avortementy
Il trousse sa valise,
Et dit tout doucement
Tonte chaîne se bnfe,
Tout changemcejfamment*
Penus changeait Anchife3
Son Ftls changeait Eltfe%
Denis ebangeoit Lojjle
Louis
Louis change Denise,
Tout changé & Je divise
En ce bat Element.
0 l'étrangesottise
D'aimer avecfrAnchise !
0 la grande befiife
D'aimerfide/Jement
JMonfieurduRosier afait la Piece qui
fuit. Elle efi pleine de Recherches trescurieuses.
QUELLE EST L'ORIGINE
DE
L'ARCHITECTURE.
L'Architecture est le plus ancien
de tous les Arts. Elle a commencé
avec le Monde. Les premiers Hommes
n'estoient encor vétus que de
Peaux, & ne vivoient que de Fruits
lorsque Caïn bâtit uneVille,& Tobal
des Tabernacles.Il faut que les Egyptiens
& les Grecs,qui se vantentd'estre
les Inventeurs de tous les beaux Arts,
le
le cedent aux Hébreux en cette rencontre;
puis quelaVille d'Enoch est
plus ancienne que Diofpolis, Sicyone,
Argos, & Athenes.
Lanecessité de l'Architecture en a
bien
- tost fait trouver l'invention.
Avant mesme que les Hommes s'assemblassent,&
vécussent en societé
,
chacun
se mettoit à couvert, & tâchoit
par quelque habitation, d'éviter le
froid, & les injures de l'air. Les uns firent
des Cavernes dans la Terre pour
se mettre; les autres firent de petites
Huttes de feüilles,& de branches d'arbres
pour se couvrir. Mais quelqu'un
ayant remarqué le Nid des Hirondelles,
il imita l'industrie de ces Oiseaux,
& se fit un logement plus propre &
plus commode. Anlugelle, dit que ce
fut un certain Doxius qui fit cette découverte,
Mais Caïn estant sans contestation,
le premier qui ait bâty, il y a
bien de l'apparence que ce sur luy qui
trouva cette invention. Quoy qu'il en
foit, le Nid de ces Oiseaux n'estoit pas,
un méchant modelle. On ne pem rien
voir de mieux joint, & de plus ferré.
Pline enrapporte une chose admirable.
Il
Il dit qu'à l'embouchure du Nil, près
Bocarré en Egypte, il y avoit un glacis
& une chaussée bâtie entièrement de
Nids dHyrondelles
,
qui avoit presque
une stade de long, & si forte
qu'elleresistoit aux inondations de ce
Fleuve. Il ajoûte qu'il y a dans le mesme
Païs, une Isledédiée à la Déeïïè
Isis,que les Oiseaux remparent & fortissent
tous les ans, de peur que. le
Nil ne l'entraîne En faut-il davantage
pour apprendre aux Hommes,
l'Art de bâtir& de fortifier?
Cette façon rustique de bâtir dura
longtemps, & se répandit dans toutes
les Parties de la Terre, où l'Architecture
estoit en usage : car il y a des
Nations entieres comme dans le Nouveau
- Monde
,
où les Peuples vivent
fous des Tentes. Vitruve dit que de
son temps on bâtissoit ainsi dans les
Gaules, en Espagne
, & en Phrygie.
On bâtit encor de cette forte dans
quelques Provinces de France, où la
plupart des Maisons font de bois,Se
de terre; & à Paris mesme, où il y a
un grand nombre de moilon , &de
plattas.
La
La Brique& la Pierre ayant sucredé
à des Matereaux si simples & si
grossiers,l'Homme quin'avoitbâty
quepour la necessité,bâtit ensuite pour
le plaisir,& pour l'utilité publique.Eurialus
& Hiperbius, deux Freres Athéniens
,
furent les premiers au rapport
de Pline, qui embellirent leur Ville de
Maisons de Brique. Cadmus trouva
l'usage de la Pierre,mais neanmoins selon
Josephe
,
les Hebreux se servoient
déja de la Pierre, & de la Brique, puis
que Seth & ses Enfans pour conferver
à la Posterité
, ce qu'ils avoient
inventé de
l'AtÏro',oP-ie
,
firent élever
deux olomnes l'unedePierre, l'autre
de Brique, sur lesquel es ils firent graver
ce qu'ils avoient observé des choses
Celestes. Cette Remarque fert encor
à prouver l'antiquité des Colomnes
, qui fait un des Ordres de l'Architecture.
Le Marbre qui fert aujourd'huy à
la magnificence desBâtimens, estoit
fort commun dans la Grece. On s'en
servit d'abord plus pour sa dureté
que pour sa beauté, mais depuis
ql\on eut découvert le Marbre de
- l'Isle
l'Isle de Scio, on en fit l'ornement des
Maisons, & desTemples.On dit qu'un
certain Mamurra fut le premier à Rome
qui en reveftit les murailles de sa
Maison. Les Juifs n'avoientpointl'usage
du Marbre. Le Temple de Salomonestoit
bâti d'une Pierre blanche &
fort polie, & lesOrnemensencroient
d'or, & de bois de Cedre Les Pyramides
&les Obelisquesd'Egypteestoient
d'une Pierre marquetée de Grains
noirs, blancs, & rouges.
Voila pour la nature des Matereaux.
Les Autheurs profanes ne conviennent
pas du premier qui les a mis en oeuvre.
Diogene Laërce dit qu'Epimenide de
Crete
,
est le premier de tous qui a
bâty. Vitruve prétendque ç'a esté un
certain Pythius qui édifia un Temple
de Minerve. Aristote croit queThrason
a le premier fait des Murailles, &
que les Cyclopes ont invété les Tours;
Mais Théophraste attribue cette invention
aux Phéniciens. Enfin ces Autheurs
ne font pas plus d'accord touchant
la premiere Ville qui a esté bâtie.
Pline & Justin veulent que Cécrops
ait construit laVille d'Athenes longtemps
temps le avant Déluge.Strabôsoûtient
que c'est Argos bâtie par Phoronens
au raport d'Homere. D'autres prétendent
que ç'a esté Sicyone, d'autres
Diofpolis. Mais il est certain,comme
j'ay déja dit, que Caïn a bâti la premiere
Ville du Monde.
Quoy qu'il en foit, l'invention de
bâtir est bien diférente de l'Architeéture
figurée & embellie, ou de ce
qu'on appelle fimetrie dans le Bâtiment.
Celle là avoit eu pour origine le
Nid des Hirondelles, celle-cy s'il m'est
permis de conjeaurer sur un Art qui
ne doit pas toute son invention au hazard
,& au caprice (comme quelquesuns
ont pensé,) celle-cy, dis-je, peut
avoir eu pour modele l'ouvrage des
Abeilles. Où peut-on voir plus d'ordonnance
& de régularité? Rien n'est
plus juste, ny mieux compassé que leurs
petites logetes. La situation & la diversité
des appartemens y est observée,
enfin l'Art ne peut rien faire de plus
solide & de plus mignon.
Mais pourquoy chercher si loin
l'origine de l'Architecture? L'Homme
ne trouve-t-il pas en luy-mefmc
l'Art
l'Art de bâtir avec simetrie ? Le corps
humain est la maison de l'ame. Elle
luy a h.(pire de faire pour luy
, ce que
la Nature avoit fait pour elle. Cette
jtuesste proportion qu'on voit dans touses
parties,ne luy a-t-elle pas fourny
l'idée de l'Architecture la plus réguliere,
De l'exacte observation des parties
qui composentl'Homme
, on a fait
cette Regle d'Architecture qu'on appelle
l'Eurithmie, qui consistedans la
justesse
, & la conformité que les pieces
d'un Bâtiment doivent avoir entr'elles.
Je croy que cette ressemblance
a fait naistre l'opinion qu'un excellent
Architecte devoit estre Medecin.
Savot se tuë de le prouver. Il ne le
fait pas sans raison
, puis qu'on demeure
d'accord que la Medecine est
necessaire pour la
-
perfection de cet
Art; & que les Maistres ne l'ont pas
oubliée dans le denombrement qu'ils
ont fait, des qualitez d'un bon Architecte.
Il faut qu'il sçache la Geometrie,
la Perspective, la Peinture, l'Histoire
,& la Philosophie. Il me semble
qu'il ne doit pas aussiignorer la Sculpture.
pture. C'efl d'elle que l'Architecture
emprunte tout ce qu'elle a de fin
, &
de plus delicat. On peut dire de ces
deux Ans, qu'ils font Jumeaux
j &
qu'ils ne peuvent se passer l'un de l'autre.
V n Bâtiment, pour simple qu'il
PllitTe estre
, a besoin desimetrie, &
de regularité. Mais la grande & lanoble
Architecture doit porter plus loin
ses idées: car si elle se conforme sur le
corps humain
, comme sur son plus
parfait modelle
,
il y a autant de diference
entre une Maison commune,&
un Palais, qu'entre un beau Corps,&
un Corps vulgaire.
On doit à Pythagore, ou à Théodore
Samien
,
l'invention de la Réglé
& du Niveau. Quelques autres
assurent
que c'est à PenthésileReynedes
Amazones; ce qui fait voir que l'Architecture
a esté longtemps inculte,&
grossiere
,
puisque chez les Grecs mesmes,
on a bâty pendant plusieurs Siècles
, sans regle & sans simetrie.
La coutume qu'on avoit d'orner
les Maisons des Triomphateurs, d'Armes
& de Trophées: a donné lieu
aux ornemens de l'Architecture. On
peut
peut dire aussi que les Arcs de Triomphes
ont ptis de là leur origine. Pline
dit que l'invention d'orner les Colomnes,
de Vases & de Chapiteaux,
commença au Temple d'Ephese.D'autres
racontent que Callimacu prit le
modelle des Chapiteaux sur le Tombeau
d'une jeune Fille de Corinthe. Sa
Nourrice ramassa sur sa Sepulture
quelques pierres, & quelques pots
cassez, qu'elle couvrit d'une grande
tuille
, dont elle luy dressa un petit
Tombeau à la mode du Paîsi mais la
Nature ayant fait pousser dessous, une
racine d'Achante , qui dans le Printemps
couvroit le Tombeau de ses
feuilles, ce Monument quoy que rustique,
fut trouvé fort agreable.
L'Ordre Corinthien a pris de là son
nom, comme le Dorique de Dorus
Fils de Neptune, pour avoir bâti un
Temple d'une invention nouvelle. Je
ne parle point des autres ordonnances
, tout le monde sçait qu'il y en a
cinq principales. Mais que je sçay bon
gréaux Architectes modernes, d'avoir
banny l'ordre Gothique comme
indigne de l'Architecture ? il
seroit
seroit à souhaiter qu'on pût entièrement
abolir en France cette bizarre
maniere de bâtir. Grâces au Ciel nous
nous sommes délivrez de tout ce que
les Goths nous avoient laissé de grosfier
, & de barbare dans les Arts, &
dans les Sciences,il n'y a plus que ce
mauvais goust qui regne encor dans
quelques-uns de nos Bâtimens. Mais
on doit esperer de le voit finir sous le
Regne d'un Prince, qui a tant de delicatesse
pour les beaux Arts, & qui
se connoist si parfaitementen Architecture.
Le Louvre & le Château de
Versailles qui paroissent plûtost: des
Palais enchantez
, que des Ouvrages
de l'Arc, font voir aux Curieux que ht
France ne cede point en Bâtimens,
aux Nations les plus polies. Où peuton
voir de plus grandes idées, plus de
justesse, & plus de magnificence
L'Architecture s'est donc toûjours
perfectionnée. Les premiers Hommes
l'ont inventée,les Rois l'ont embellie
,
les Dieux mesmes s'y font apliquez.
Apollon & Neptune bâtirent la
Ville de Troye. Minerve éleva des
Tours, & prit plaisir à l'Architecture,
Pallas,quas condidit arces, Ipsacolat.
Comme detous les Arts il n'yen a
point de plus necessaire dans la vie,
il n'yen a point qui merite mieux d'être
emblly. C'est là oùlamagnificence
est dignement employée ôcvït
la profusion semble estre permise.
C'est ce qui fait l'ornement & la majesté
de l'Empire. On parle avec éton
-
nemement de la dépense que lespremiers
Romains faisoient dans leurs
Bâtimens. Pline raporte que Matcus-
Scaurus estant Edile, fit venir à Rome
trois cens soixante Colomnes de Marbre
,
de trente- huit pieds de hauteur,
pour faire un Theatre qui devoit servir
un mois feulement.
Mais l'Architecture avoir fait paroistre
longtemps auparavant son industrie
, ik sa magnificence dans la
structure des Murailles de Babilone,&
des Jardins admirables de la Reyne
Semiramis,où elle employa plus de
trois cens mille Hommes l'espace de
plusieurs années. C. est une chose assez
remarquable, qu'excepté le Colosse de
Rhodes, & la Statue de Jupiter Olimpien,
pien , on doiveàl'Architecture les
sept Merveilles du Monde,& que l'Egypte
air esté le plus beau Theatre de
ses Miracles. Son Labyrinthe qui servit
de Modele à Dédale pour bâtir celuy
de Crete
,
contenoit seize Aparté.
mens magnifiques, pour loger les seize
Gouverneurs de l'Egypte , & on y
rencontroit tant dechemins, & tant
de detours qu'à peine en pouvait- on
sortir.
Cet Art ne parut pasmoins superbe
dans les Pyramides & les Obelisquesdes
Roys d'Egypte. Vne feule
fut l'ouvrage de six cens mille Hommes
pendant vin gt années Herodote,
Diodore, & Pline parlent de trois
Pyramides admirables, dont C hemis,
Cephus, & Mycerinus furent les Autheurs.
Elles furent ainsi appellées de
la ressemblance qu'elles avoient à la
flame qui s'éleve, ou de la Pierre dont
elles estoient construites,qui tiroit son
nom du mot Grec Pyr
,
quisignifie le
feu.Strabon dit quelque chose de particulier
de l'origine dela troisiéme.
Vne Courtisane nommée Rodope
estantdans le Bain, un Aigle enleva
un de ses Souliers des mains de sa Suivante,
& le porta dans le sein du Roy.
Le Prince étonné de cetre merveille it chercher cette Femme, & l'ayant
trouvée dans la Ville de Naucrate,l'épousa,
& après sa mort fit élever cette
pyramide pour l'amour d'elle.
Pline attribuë l'origine desObelisques
à Mitrés Roy d'Egypte. Mais elles
pourroient bien avoir pris ce nom
de celles que le Roy Pharonfit placer
dans le Temple du Soleil. L'Histoire
qu'en fait Herodote est rare, &
curieuse. Ce Roy ayant jette une Flêche
dans un Fleuve qui estoit sacré
aux Egyptiens, il perdit la veuë dans
le moment mesme. Il sur dix ans aveugle.
L'onziéme année l'Oracle
qu'il avoitconsulrérepondit, qu'il recouvreroit
la veuë, s'il lavoit ses yeux
de l'eau d'une Femme chaste, & fidelle
à son Mary. Le Roy commença d'en
faire l'draypar sa Femme, mais inutilement.
il éprouvacelle des autres, &
enfin il vid comme auparavant. Mais
il fit brûler toutes ces Femmes
,
hormis
celle dont il avoit esté guery, qu'il
épousaau lieu de laReyne.Estant delivré
livrédece mal- heur, il fie plusieurs
Presens aux Templesmais il en offrit
un au Temple du Soleil digne d'une
éternelle memoire. Ce sur deux
Eguilles de Pierres de cent coudées de
long,& de huit coudées de large.o.l
Obetos vocant à figura veru ,
dit Herodote.
Soit qu'elles ressemblassent à la
Flêche qui avoir causé le malheur du
Prince, ou aux rayons du Soleil, auquel
illes offroit,on a depuis donné le
nom d'Obelisques à ces fortes de Pyramides.
Mais c'est trop m'arrester sur cette
matiere. L'Auteur du Mercure l'a traitée
à fond en parlant de l'Obelisque
d'Arles;& c'est là que les curieux peuvent
trouver tout ce que les Anciens
en ont dit de plus remarquable.
Je ne parle point de la Tour de
Nembrot, parce que l'Architecture en
étoit aussi ridicule, que le dessein étoit
temeraire. Mais je ne puis passer sous
silence,le Temple d'Ephese,&le Tombeau
de Mausole, ces deux Chefd'oeuvres
de l'ancienne Architecture.
Le premier fut quatre cens ans à bâtir,
& soit que Cresiphon en ait fait le
Plan, ou qu'il ait achevé l'oeuvre,il en
a eu une gloire immortelle. De tresfameux
Architectes entreprirent le
Tombeau de Mausole
, & se rendirent
aussi celebres par leur Art, qu'Artemise
par ses larmes. Ils travaillerent separément.
Scopas taillale costé du Levant
, Briaxis ch isît le Septentrion,
Thimotecle Midy,Leochares le Couchant.
Ils se surpasserent de maniere,
qu'on ne pouvoir dire lequel estoit le
plus excellent Ouvrier.
Le Temple de Salomon n'estoit pas
feulement somptueux, & magninque,
il estoit encor d'une Architecture excellente
& finie. Ce Cage Prince avoit
ramasse tous les plus riches Materiaux
pour sa Sructure, & il avoit recherché
tous les plus habiles Ouvriers pourles
mettre en oeuvre. Cependant soit
par vanité, ou parce qu'en effet cet
Art s'etf toujours perfectionné dans
la fuite des Siecles
,
l'Empereur Justinien
fit mettre dans le Temple de
Sainte Sophie, qu'il avoit fait bâtir,
une Sratuë de Salomon qui se cachoit
de honte, de le voir plus superbe
, &
plus magnifique que le sien. Voila
Voila donc jusqu'où l'Architecture
s'est élevée, mais ce qui est surprenant,
c'est que les Grecsqui l'ont portée si
loin, ne nous en ayent rien laissé dans
leurs écrits. Les Romains mesmesqui
ont eu un si grand nombre d'Architectes
celebres, ne nous en ont laisse
que quelques Fragmens. Pline qui
n'oublie rien, & où l'on trouve tant
de choses,n'en parle que soit legerement,
& comme en partant,Vitruve,
Palladius Mérula,marchent à la teste
des AutheursLatins qui ont écrit de
l'Architecture, Sedie. Rusconi, Scarnotzi
,
Tomazo, composent la Troupe
des Italiens. De Serres,delaB-roci.
se ,GejTçm,Bernard>.Qerceaji, de
LÓnle , & plusieurs autres François,
ont traité de cette matiere.
La Science des Bâtimens n'est pas
indigne des beaux Esprits. Le Dieu
qui fait les Poëtes, fait les Architectes
& les Maçons, Il n'y a pas de plus
grands faiseurs de Châteaux en Espagne
que les Poëtes. Tous leurs Ouvrages
sont remplis d'Edifices merveilleux,
& de Palais enchantez.
ky s'offre un Perron, là regne hn
Condor,
Là le Balcon s'enferme en un Balustre
d'or.
Ony voit des Plafonds3 des Rondl)
& des OVAles,
Ce ne font que Festons3 ce ne font
quflyagaler.
Enfin c'est là que l'Architecture étale
ce qu'elle a de plus fin & de plus
exquis. C'est donc aux Poëtes à faire
un Monument tout François à la gloire
de Loüis LE GRAND, en attendant
que son glorieux Regne ait fait
naistre quelque Architecte capable de
luy élever un Arc de Triomphe, comme
il s'est trouvé des Peintres & des
Graveurs dignes de travailler à son
Portrait, & de consacrer son Image à
la Posterité.
HISTOIRE
ENIGMATIQUE. sAns Compltman,Afonfieu du Mar~
cnre , H voa ^'envoyon notte penfeyt,
feye, à qui vou donneréqueu nom i vou
flara. Vou l'arrié zeuë futoji , mas
j'avon fait un viage en Btaujfe pour
acheté dé Mouton
3
& fen éton revenu
aveuc une fiavre tiarfe qui nou Z,a ton démonté
le cerviau.Heureufeman avan que
de party, favion pAr le Tabailionde
Verfaille fait boutre sque ula en langage
àlaCourtisant. Si vou ne le trouvépas
bian, vou Zen fouvé changé t014 cen qui
voupltrasans que fianou déplazc.
Quoy que publient les Italiens&
les Espagnols
, je soûtiens que la Nation
Françoise est celle de toute l'Europe
, & par consequent de tout le
Monde, qui traite l'amour avec plus de
galanterie.Tous les Hommes& ls toutes Femmes y semblent estre nez pour
aimer; & si les exclamations, & les
entousiasmes n'y font pas si grands
ny si frequens que chez les Nations
quej'ay nommées, l'air libre & dégagé,
qui paroist dans toutes lesactions
des François
, & principalement ea
amour, est à preferer aux affectations
dont les autres Pais ontreçen
Futape.
Comme les Anglois approchent
de nous plus qu'aucune Nation de
l'Europe, dans les galantes manieres
d'aimer, le genre d'amour que je
propose icy en Enigme, ne se pratique
parfaitement que chez ces deux
Nations.
Les Amans dans cette sorte de passion,
& l'Objet qu'ils poursuivent,
sont toujours quasi de mesme Sexe.
Les Roys, les Princes,& les plus
grands Seigneurs, font souvent les
plus empressez dans cet amour; &
quand les Particuliers en font atteints,
ce n'estque sous les auspices de ces
Puissances, qu'ils peuvent trouver
moyen de se satisfaire.
Personne, pourveu qu'il trouve quelqueaccès
chez eux, n'est refusé pour
Rival de leur poursuites.
Ils tiennent mesme des Gens à leurs
gages, & ne les entretenant que dans
le seul dessein de les avoir pour Rivaux
, ceux qui se montrent les plus
opiniâtres,sont ceux qui en font les
plusestimez.
Chaque Poursuivant fait de la dépense,&
se donne de la peine suivant
ses
le$ forces pour parvenir à son point;
mais tous n'y arrivent pas en mesme
temps, il y en a pourtant peu qui se
retirent sans estre venus à bout de
leur dessein, quoy qu'il en arrive quantité
apres que les autres se font déja satisfaits.
Il se trouve dans le cours de cet
Amour quantité de traverses, de
tours, <5c de détours;& les chosesqui
dans la fuite d'une autre passion désesperent,
& fatiguent ordinairement les
Amans, fervent dans celle- cy à leur
donner du plaisir & de la joye.
Mais ce qu'il y a d'étonnant, c'est
que ces Gens passionnez
, comme je
vous les dépeins, n'ont ces emportemens
de passion que pendant cinq ou
six heures au plus,& cela va rarement
à une journée entiere. Cependant l'on
peut dire qu'ils conservent toûjours le
levain de la mesme passion dans l'ame,
car ils n'ont pas le plussouvent pris
un jour de repos, qu'ils cherchent un
-Objet,iiotiv,-alis'y attachent comme
au premier,& faisant la mesme poursuite,
s'engagent aux mesmes peines
& dépenses qu'ils ont déja faites,
Ce
Ce qui doit augmenter vostre étonnement
dans cette forte de passion, c'est
que l'Objet qui leur donne tant de
peine,n'est pas plutost rendu à leur
poursuite que la plupart le méprifenr,
& l'abandonnent aux plus brutaux
d'entr'eux
, qui sans songer que ces
premiers ont estimé sa conqueste digne
de leurs soins,le dépouillent cruellement,
&non contens d'un traitement
si barbare, l'abandonnent de
nouveau à de plus brutaux qu'eux, qui
pour se vanger de la peine qu'ils ont
euë à sa poursuite, le déchirent par
morceaux, & après en avoir rassasié&
assouvy leur rage, en bissent errer les
pitoyables restes de tous eofiez, sans
aucun soucyde ce qu'ils deviendront.
Si quelquefois les plus raisonnables
en prennent quelques reliques, ils ne
les conservent que pour en faire dés le
mesme jour une Enseigne à leur vanité.
Quelque étrange que vous paroisse
cette passion, elle est pourtant universellement
approuvée des honnestes
Gens, &: il s'en trouve qui en font si
possedez, qu'ils en parlent à tous propos.
pos. Jusqu'icy aucun Casuitene l'ablâmée,
& je connois des Personnes d'une
professiontrès-reguliere qui en
font leurs principaux amusemens.
le m'attan que von z-tfle aussiampafché
qu'un outre à deviné ce que je vou-
Ion dire par fle balle Aligorie , car l'an
m'a dit que Jla s'apelet cemwe ça. le von
laijferion bian deviné, mas comme ilfaut
QUE vou ]ugiéfi l'an a bian rancontré ou
non, jtvoudiron que cest Anfin,
Aionsieu du Marcure ,
je von zenvo
notte penfaye comme je vul'avon dit au
cornmencernan. Si aile est bonne tant
mieftx3ft mechante, tanp ^guefbe exporte
qui s'en soucie. le [on pourtanà vandre&
dépandre
, votte ptit (arvittur.
LE BARGE DE PORCHEFONTAINE.
LaVers qui suivent ont efléfaits pour
eflrechantez. , &formentune esfece de
Divertissement,auquel ce que disent les
JMuftsfert de Prologue.
PARO
PAROLES D'UN CONCERT
DEMUSIQJJE,
POVR UN JEUNEPRINCE.
LES MUSES.
pRINCEy vom n"entendrez que les
paisibles font
De nos tendres Chansons,
Tandis que vota suivrez. les filles de
Mémoire;
Mais lors qu'on vom verra dans toutes
les faisons
Cueillir a pleines mains les fruits de la
Fitloires
Nous prendrons bien de plm hauts tons,
Pour faire éclatervoflre gloire.
LES AVANTAGES
DE L'AMOUR.
La sierté & l'indiférence des Braves
qui font sous la protection de Minerve,
ne plaisantpas àceux qui suiventl'A-
-
mour,
mour ,
il arrive souvent quelques petites
contrarierez entre ces deux Parrys,
mais la fin en est toujours avantageuse
aux Amans; car enfin les Scavans
& les Guerriers aiment à leur tour
comme les autres. C'est l' idée de ce
Divertissement.
LEPARTY DE MINERVE,
& le Party de l'Amourensemble,
au jeune Prince.
Que de grandeurs vom promettez. !
En mille rares qualiteZ,
Pojlre aimable feunejfeabonde
, Et de l'air dont vous estes fuit ,
Votu deviendre'{le plus parfait)
Et le plm grand. Prince du Monde.
PARTY DE L'AMOUR.
Ah que ce Prince est aimable!
Ah! Dieux! qu'il a de beauté!
PARTY DE MINERVE.
Te connoù a sa fierté
Ou'tlserendra redoutable,
PARTY DE L'AMOUR.
Il faudra pourtant un jour
Qu'il obeisse à l'amour.
JJAmver
L'Amourest un Dieu plein de cbarmeJ,
On ne sçauroit luy refifler.
En vain on voudroi t contester>
Il faut qu'on luy rende les armes.
PARTY DE MINERVE.
Ungrand Prince est maistredefoy ) Et l'Amour ria rien qui l'étonne.
On ne peut recevoir la Loy,
Quand on la donne.
PARTY DE L'AMOUR.
UAmour n'exempte point les Rois
? Ils ont tous ju[qu'icl reconnu son Empire,
Et lesplus fiers n'oferoient dire
jQu'ils n'ont pas aimé quelquefois.
Les deux Partysensemble.
Puis que ce Dieu ne fait grâce a personne,
Jlfaudra que le Prince aime enfin à fort
tour,
Et nous le verrons quelque jour
Prendre autant d'amour qu'il en
donne.
Un
Un Berger tendre qui les croit d'acceri,
se mesle avec eux.
Tous trois ensemble.
Tout doit songer
Asengagers
C'efi une Loysupréme.
Tout doitsonger
A llngAger.
Le Prince comme leBtrger,
ilfltHt que tofl outardtout aime,
Tout aune
3 tout aime.
LE BERGER feak
De/Nis que fay veu Lifetes
Et que jjtimeses beauxyeuxa
IIfemble que ma Murcte
Chaque jour j'accorde mieux. lJntl Lisette vient l'entend"
s Elle a mefineunplus beauson,
Elle m'inspire un air tendre
Que jedonneà ma Cbanfon.
LesB"ergers du voiftnage
Sontsans cesse àmécouter.
Ils viennentdans ce Boccage Et tâchent de , m'imiter*,
Mapi ils y perdront leurpeine
3 Ils n'a[pfprendront jamau rien. , MA
Ma leçon leurfera vaine S'ils n'aiment , pai assez. bien.
LESDEUXPARTYS,
& le Berger ensemble.
Tout doit songer
A s'engager
C'est , une Loy supréme, &c.
PARTY DE MINERVE.
Onseplainten aimant
Quon vit incejftimmenty
Dans les feux, dansleschaîne*.
On dit qu'Amournapoint de tranquilc
loisir Et s'a , ne causemillepeines
,
Ç}j£il ne peut causer un plaisir.
PARTY DE L'AMOUR.
Tous les frivoles difcortrs
Qu'ov fait contre les Amours, Ne peuvent allarmer qu'une Ame trop
crédule;
Leurs douceurs ont charmé nos plus fameux
Héros.
Onparle des Amoursd'Hercule ,
Com?ne on parle de Ces Travallx.
LES
LES DEVX PARTYS,
avec le Berger ensemble.
Ne contenons l Necontefte^>tyamau
)
Fini[Tons nos (
Bmjfcz. „ vos
SquerrlleJ.
&Amourporte des traits
Pour punir les Rebellesj
Maupour les tendres coeurs, Et les Amansfidclles,
Il n'a que des douceurs. - Encor ensemble.
Tout doit songer
f A s1engager
3 Cess une Loysuprémes&c.
MonsieurdeS.Jeanafait la Piece qui
fuit. Ilferoiticîled traiter plus galamment
la Qucfiion qu'il décide.
S'il y aplus deraison de songerà
se marier dans run des deux
Sexes, que danstautre. ON ne peut disconvenir qu'il n'y
ait des amours légitimes & permises,
mires, qui ont besoin du Sacrement
comme d'un sceau qui en fait l'accomplissement
& la perfection Le Mariage
doit toûjours estre le but de ces sinceres
amours;mais pour les amourettes;
le Sacrement est dangereux. Il les ruine
en fort peu de temps, & pour n'avoir
plus ces douces tendresses de
coeur qui fonttout sacrifier à une
Maistresse, il suffit bien souvent d'en
faire sa Femme.
Du redoutableentejhment
Qui gagne le cerveau d'un mt'fcrfible
Amant, 1 Et qui de la raison lay fait perdre
l'usage , -
Foulez-vous guérir promptement ?
Engagez-vous au Mariage.
Le remedeest infaillible, mais je le
tiens un peu incommode, & pour dire
tout ce que j'en pense,je scay fort
bon gré aux Autheurs d'historiettes
& de nouvelles amoureuses
,
qui s'accommodant
à l'humeurdu Siecle,rendent
leurs Amans contens par le seul
plaisird'ettreaimez, sans que le Mariage
riage s'en mesle. Tous les Romains
du temps passé finissoient par l'hymenée,
& quoy que par leur longueur,
les Héros & les Héroïnes eussent le
Loisir de Ce dégager de la plus violente
passion
,
ils croyoient qu'on ne pouvoit
s'endélivrer que par là.Ils avoient
raison, mais on ne doit pas conclure
de là qu'une grande avanture ne le
puisse terminer sans Mariage.
Les H. ros de l'Histoire font à contrepied
de ceux des Romans. Nous en
voyons peu qui n'ayent eu des Femmes.
Ceïlless pas qu'un grand Homme
n'ait toujoursquelque forte d'aversion
pour le Mariage. La considération
d'une Famille, le foin qu'il faut
avoir de Ces Enfans, de leur éducation
& de leur fortune, font des occupations
peu propres a unHéros. La
Guerre, les Siences, & les beaux Arts
qui donnent l'immortalité, ne s'accommodent
point avec l'embarras
d'une Femme & d'un Ménage. Minerve
qui préside aux uns & aux autres est
demeurée vierge. Il me fâche qu'Alexandre
se soit marié. Ce n'dl pas le
plus bel endroit de sa vie. Il semble
mesme
mesme qu'il fut moins heureux depuis
ce temps là. Mais enfin je ne doute
pointqu'il n'eust refuséd'estre le Maistre
du Monde par un Mariage. En
éffet il luy fut bien plus glorieux de
le
-
conquérir que de l'avoir en dor.
Pour César, il est si galant, qu'on ne
doit pas le compter parmy les Maris,
si ce n'est au rang de ceux qui se repentent
de l'estre.
La plupart des grands Hommes
ontesté malheureux en Femmes, &
cette raison feule devroit obliger les
Héros au Célibat. On dit que le fameux
Prince Maurice ne voulut point
se marier, de crainte de n'avoir pas
des Enfans dignes de luy ; & en effet
il y a peu de Héros qui ayent épousé
des Héroïnes, & qui ayenr hHIé des
Héros. Pirrhus ne fut pas un Fils indigne
d'Achille, mais il fut le gage
des amours de Deidamie. Il est rare
que les Enfans ressemblent à leurs Peres,
ou s'il y en a, ce font des Enfans
d'amourettes. Je scay que lafin La plus
honneste du Mariage,c'est le desir d'en
avoir; mais comme on n'arrive pas
toujours à cette fin, je ne vois point
de
de raison qui oblige un Homme à se
marier , lors qu'il peut se passer de
Femme.
Le Mariage peut donc estre regardé
commeun obstacle à la gloire;& c'est
ce que vouloit dire cet Ancien qui fit
mettre sur son Tombeau, Qu'il avoit
vécusans empêchement. Il falloit bien
que le Célibat fut alors quelque chose
d'extraordinaire
, pour se loüer d'avoir
vécu sans Femme.Vn autre pour s'excuser
d'en avoir épousé une fortpetite,
disoit que la Femme estant un mal neaffaire)
il avoit choisy le plus petit;
mais cette réponse estoit badine,car les
petites Femmes ne font pas toujours
les plus commodes, & l'on a mesme
remarqué que les petites Gens ont
d'ordinaire l'espritplus malicieux que
les autres.
Vn certain Philosophe a ditautrefois
qu'il falloit estre sage pour se marier
, mais qu'on n'estoit pas sage de
vouloir se marier. Cela vouloit dire * qu'on n'y devoit jamaispenser. Tout
Mariage est un engagement qui oblige
un honnesteHomme de se soûmertre
à un joug toujours penible,s'il n'est
, pas
pas honteux. D'ailleurs avec qui porter
ce joug? avec une Femme donc
l'humeur est le plus Couvent route opposée
aux inclinations d'un Mary. Je
ne m'étonne pas si l'on voit si peu de
Mariages qui aillet bien;c'est que l'assemblage
est mal allorty. Si 1 Histoire
a quelques exemples qui nous en pourroient
faire naistre l'envie, elle en a
d'autres bien capables de vous en rebuter.
Elle nous fait voir des Messalines
aussi bien que des Lucreces,& elle
n'est pas bien d'accord avec elle-mesme
sur le fait d'Arthémise.
Je veux croire qu'un Mariage bien
entendu n'est pas sans plaisirs. Il se
fait une douce compensationdes biens
& des maux, qui rend les uns plus
charmans, & les autres plus supportables
; mais combien s'en trouve-t-il
de cette forte? Si un Homme eu: malheureux,
il se rend encor plus misérable
de prendre une Femme: car enfin
si elle devient une autre luy-mesme,
n'avoit il point assez de ses propres
malheurs ? S'il est heureux, ses maux
dans le Mariage font inévitables.
Pourquoy se faire autheur de sa misere?
L'hon
L'honneste Homme, aussi bien que
s'étourdy,se rend esclave de sa Femme.
1 n'y a que le brutal qui en reçoive
quelque plaisir, parce qu'il ne suit que
à passion, sans envisager les fuites du
Mariage. C'estcequi fait que les jeunes
Gens le regardent comme une
source inépuisable de douceurs.
Toutte bontemps qu'ona}commejecroy,
Lors qu"Amourseusejîant de la partie,
Ases cofiez.ona Femmejolie.
Mais on devroit se souvenir de ce
qu'ajoûte le galant Homme dont
j'emprunte ces Vers.
Femme jolie, &qui nesspoint afop.
Le Grifon de la Fable,nous apprend
par la maniére dont ses deux Femmes
le traiterent, que jeune ny vieux ne
doit penser à se marier.
Centfoù le pauvre Misérable,
Pour finir son tourment, pensaprendre
un licou,
Il devint chauve, dit la Fable,
Et rnoy je dis qu'il devintfou.
Mais il n'est pas ainsi des Femmes.
Elles font exposées à de grands inconveniens
dont le Mariage les délivre.
C'estunsexe foible & infirme,
qui a besoin de secours & d'appuy.La
Fei-niiie ayant esté faite pour l'Homme,
elle doit aspirer au Mariage comme
à la fin pour laquelle elle a esté
creee. C'est encor le but que la Jeunesse
à la Beauté luy proposent. Vénus,
laDéesse du beau Sexe, est la
Mere de l'Hymenée, ce qui montre
que le Mariage est l'affaireaussi-bien 1
que l'ouvrage des Femmes.Ainsi je leur
sçay bon gre de songer toutes au Sacrement.
S'il y a quelque chagrin,
elles n'en ont que le moins, & s'il y
a des douceurs, elles font toutes pour
elles. Je sçay bien qu'il y a des Femmes
j qui par ledesir de commander,
s'attirent beaucoup dechagrin du
ménage. Comme elles veulent tout
voir& tout connoistre, elles y trouvent
plus d'épines que de roses;mais il
y en a peu qui soient veritablement
touchées du désordre d'une Famille.
Elles se font un plaisir de ces embarras,&
jamais les procès & les affaires
n'ont
n'ont empesché une Veuve de songer
à prendre un second engagement. Enfin
toutes les Loix voyant que la Nature
avoic plûtost disposéle beau Sexe
au Mariage que le nostre , elles luy
en ont
aussi
plûtost permis l'usage. Si
dans l'ancienne Loy la sterilité estoit
honteuse aux Femmes,le Célibat fait
dans le Monde un peu de confusion
aux Filles. Elles ne font pas plûtost
hors de l'enfance, qu'on leur cherche
un Mary. C'est ce que vouloit dire
Horace à une jeune Romaine.
Vous mefuyez,) belle Glicere.
Le Fan lorsqu'ilcherche saMeret
Traverse les Monts& les Boisj
Les Arbres & les Vents luy donnent
de
la
craintey -
Et la vaine terreur dont son ame est
atteinte
Le met presque aux abois.
Pourrievous bien avoir une peur si
legere ?
Noen, non, les Amans fontplus doux les Tigres & que les Loups.
NefuiveT^doncplusvostre Merc,
Suivez, déformai* un Epoux.
La Nature & la Raison y engagent
le beau Sexe, &jeconsensmesme pour
l'accommodement que les Hommes y
sacrifient quelquechose de leur interest.
l'adjoûte une effece d*lnpromptu, d'un
jeune Gentilhomme, FilsdeMonfiturlt
Comte de Louville, quifaitses études à
Orléans. Il avoit ejlé voir un Homme de
qualité qui a infiniment de l'efjrit, &
l'ayant trouvé avec une violente Migraine,
sur laquelle il ftit prié de faire des
Vers, le jeune Gentilhomme dont je vous
parle luy apportalefoir ceux quisuivent.
Ils font addreffi à un Arny
, & vous
donneront sujet d'admirer le talent qu'il a
pour la Poefie.
SUR LA MIGRAINE
d'une Personne fort spirituelle. vDus dites, Coridon, que la douleur
d'AZate
Surpasse de beaucoup celle de Iupiter
Lors qu'ilfutprtfl d'enfanter
Cette Déeffi tropingrate
Qui le martirifoit
Qiimdillaproduifoit.
Vousne vous trompez,pat}ÎHpiter dans
sa verve Pensant
Penfant au bien de VPrivers,
Nesçavoit point faire de ;err,
Il n'eut en tesse que Minerve.
Maù Agate a Minerve
>
& de plus,
Apollony
Dans luy de Dieu j'accorde avccque la
Déesse,
DAns luy la Poisse efi jointe à la Sagtjfe.
Qrsui
tauroit
cru, cher Coridon ?
Si Jupiter dans sa tesie immorulle,
Portant la DéejJè cruelle,
Soufrit des maux que nul n'a fuportl\"
Il fautlqu'à plus soufrir jigate encor pprefte
Quiconque dans,le Chef a deux Divinités
,
Peut bien avoir mal à la tesie.
FoyeZ, Madame, avec quelle txa*
Elitude je cherche a vontfatisfaire- Vous
foubaitez. des Portraits, le Public en
demande comme vom, & je vous en
envoye que vous devez, croiretres-reffemblans,
puis qU',ll font gravez, d'après ad
trts-btlla Médaillés.
I. LE premier est celuy de Monsieurle
Comte deMonterey. La Medaille
fut faiteàLondresladerniereannée de
son Gouvernement dans les Pais-Bas.
Elle est du plus fameux Ouvrier que
nous ayons,c'est à dire, du mesme qui
a fait celle du Roy d'Espagne que je
vous envoyay il y a quelques Mois.
Ce Comte est representé dans la Face
droite & au Revers on voit le Canal
qu'il a fait faire d'ostende à Bruges,
avec plusieurs Figures quiviennent si
naturellement au sujet
,
qu'ellesn'ont
pas besoin d'explication. Ces paroles
font au Revers,
Cède mari, Neptunesvagis Mons Regius
undis
lmperat
,
& domUas TUndria Uta
jupn.
- II.
La Face droite de la feconde Médaille,
représente le defunt Admiral
Ruyter , &dans le Revers on voit
un Combat Naval avec ce mot Pugtiando.
Il marque qu'il est mort en
combatant.
III.
III.
La troisiéme Médaille représente
le Milord Lauderdalle , Vice - Roy
d'Ecosse. Lesnouvelles publiques qui
viennent toutes lessemaines d'Angleterre
parlent si souvent de luy,que je
ne croypas qu'il foit necessaire d'en
rien dire pour vous le faire connoistre.
Le Revers fait voir qu'il n'y a point
d'entreprise difficile à executer, quand,
la force des Armes est soûtenuë par
un bon conseil.
I V.
Il ne se peut rien de plus curieux
que cette Médaille, puis qu'elle représente
au naturel les Portraits de
deux illustres Politiques malheureux.
Ce font ceux de MeilleursdeVvitj.
On voit dans le Revers deux grands
Vaisseaux que la tempeste fait briser
l'un contre l'autre
, avec ces paroles,
una mente &sorte. Elles font très-justes
, ces deux Freres qui n'avoient
qu'une même volõté,n'ayant eu qu'un
méme fort. Cette Médaille fut faite à
Amsterdam, un peu après qu'ils eurent
esté assassinez. Ce que vous voyez gravé
entre cette Médaille &son Revers,
dl: autour du cercle de la Medaille,
yncy pluftcurs Explications en Fiers
des deux Enigmes proposées dans ma
Lettre du mois de Ma.yy. FFoouu-sr nn''aauurreezz,
fas oubliéque les Mots estoient le Zéro
Çrle Vin.Lapremièredeces Explications
est de Monsieur le Président de Silvecane
de Lyon, dont vous Avez. VCHdes
Devinssi ingénieuses à lagloire de Monfleur
Colbert. Elle comprend l'Enigme
en Figure d'Hiacinte qu'ilexpliquesur
le Printemps. Ce Présidentaesiésuivy
en cela de plusieurs autres. Les
Fleurs qui naissènt dans cette faison par
la vertu du Soleil» favorifoientassez,sa
fenfte.
I.
JE ne sçaysifaydevine'
Les trois Enigmes du Mercure;
Mais
,
a monfera, par la Figure,
Le Printemps nouseifredonné.
Par la fécondé je vois bien
£)ucpofant un Zéro je ne compte encor
rien;
Mais la troisiéme me contente
far le Vin qu'elle ne presente.
IL
II. - MOn pauvre amour qui va tout rondement
, - St qui toujoursfourni}fçait Jetaire humblement
3 .A toute heure , en tous lieux, dédaigneur,
Climene,
Vous le trattende haut en bas,
Et vous vantez de nen faire de CIU
Non plus que d'un Zéro. C'en efi trop,
inhumaine,
IlJe lasse de vos mépris,
De ce Zéro connoissezmieux le prix.
Ltfcz. bien son Enigme , apprenez du
Mercure
Que ce n'est point unt vainefigure esaféconde nullité
Iointe à vostre digne unité,
Feroit pour vous un utileassemblage.
uitlez.,ingrate Fille, allez.,
Ilvous
ferait
( voyez, quelavantage)
Neuffois valoir plus que vous ne vale7.
GARDIEN,Secretaire du Roy.
Q III. Del est donc cepetitMutin
Que notre Eniqme nous proport?
A bien considérer lachose>
Ce ne peuttftre que le Vin.
En effet, vota sçavez qu'il endormitson
Pere,
Qu'ilcause des pleursàsaMere,
Et que parmy les Turcs il efi si mal..
traité
Quel'on feroit puny pouren Avoirgousté.
se m'étendrois bien davantage,
Onva loin ensi beau chemin;
Maii a quoy bon tant de langage,
fuis que la véritése trouve dans le Vin.
GRANDIS, Fils.
v IV. Ont qui songez, à peindre Augufie,
Sur tantdegrands Patronsque vous f-ert
de rêver ?
Lagloire de Louis LE JUSTE
Seulesuffitpour l'achever,
Quand vous le tirerieZ.en Busse.
Le Mercure l'a dit en plus d'unefaçon,
En Vers, en Enigme, en Chanson.
M4 Attife
, qui pour dot n'a jamais eu
qu'un Fifre»
Chante, four tant d'ExploitsauxSiecles
inoïtii j
LAS
Les grands Héros pres de LOriS
Nefont que des Zéro enchiffre.
L>ABBEDEJanorey , autrement
le Drüide Lyonnois.
V. QVe l'on propose, qu'on devine,
Le coeur prendpart à tout, sa paf,
(zoo domine,
Vous croyez,faire honneur au Mercurd
Galant,
D'expliquer surl'Amour l'Enigme qu'il
propose.
Vous en jugez., Irùfélonvoflrépanchant,
Moy j'en pense toute autre chose.
Peut-tftre, comme vorn »
fuis-je mon ascendanté
NoUJ verrons du vray sens qui de nous
deux s'éloigne.
C'efil'Amour , dites-vout, ce Dieu fort
& mutin;
Et rnoyquand je devioispaffer pourun
Tvroigne,
le jureroû que c'efi le Vin.
Le mesme.
N VI. Vile Enigme pour moy ( dites-vom)
n'efl ob[cure
Vont
Vous mefiatez. toujoursde deviner tresbien.
le n'en sçay pourtant pas l'infaillible
moyen; 1'
Adais si de celle-cy vous voulez,l'ouverture,
Devinez, le Zéro, Phi/ú, jeveusassure
Que vous aveZ. le Mot» qu07 que vous
n'ayez, rien.
Les RECLUS de S. Leu d'Amiens. VII.
~IL est vray )
c'eji le Vin, qu'aucun ne
j'en étonne;
/Si je l'ay dtviné, c'est que je fuis Eretonne*
1 Mad. DuFLOS,Veuve.
VIII,
~JE sçay deprtftplc tout trop bien le Numéro
,
Pour ne pat- connoijîre un Zéro
Dessous vonre Enigmepremitrei
Mais pour le Mot de la derniere,
le fuis au bout de mon Latin,
Si-je
ne prens un doigt de Vin,
Le Sérieux sans Critique, de Géneve,
IX.
~JAttrape le Zéro) mais il n'est point
en croupe.
Par
Par conséquent je ne tiens rien.
Pour me récornpenfer , remplirez, cette
Coupey
Le Vin me semble le vray bien.
Latffontl*Arithmétique a MtffieHrs des
Finances,
Gardons le Vin franc & loyal,
Tres-fouvem le Zéro trompe leurs dpérances,
Mais en fidélitéle Vin n'a riend'égal.
LE MAUVILEU DE CHAUVEN, de Soissons.
v X. Raymenti Seigneur, je vousyprens,
fous ave7donc fréquentéles Ecoles
De nos beaux Ecrivains du temps ?
Quand on voit en effet tant de difeours
frivoles
N'enfermerqu'un Zéro pompeux>
Helas £dit-on
, ces Vers rnajeftulux
N'ontjtjum Rien enfermédAns de grandesparoles.
La Marquisede Sainte Catherine.
L XI. Es Biberons d'esprit doivent dire
f merveille
Sur l'Enigme exposée au Mercure Galanty
Buccbus
Baccbm leuryfournit le moyen excellent
D'en découvrir le Mot dans le jus de la
Treille:
Mais si par ignorance au milieu d'nn
Festin
Ils ne devinent pas le Mot deux&divin,
Etsisur ce su,:tt leur espritfait la Cane,
Ils meritent qu'on les condamne
A ne boire jamais de Vin.
LES RECLUS de S. Leu d'Amiens.
XII. ENfin par la bonté du plus pui/fant
desRoys,
Nom voyons la Paixfùr la Terre.
Cette aimable DéeJTe en a cbafsé la
Guerre,
Et tient tout fous [es Loix. ,.-.,
Apres l'obscurs.té l'onvoit naiflreun beau jour, Von recommence le Négoce,
7ôut jouit du repos, la Trompetéestsans
force,
Comme Ituffi le Tambour. (F
Le Marchand de Bordeaux, de Cllin,
de Saint Malo,
En
En reprenant iArithmétique
3
Souvent à deux, à troù ; aJJis dans sa
7ioutique,
Vnira le Zéro.
LE FEU, Curé de Ville.
E XIII. Nvain veut-oncacher ce quifesait
connoifire
A l'Esprit le moinsfin;
Ce secret si caché
,
de foyfesaitparoi-
Jtre,
Puis que la verité se connoiji dans le
Vin.
Le mesme.
XIV.
~UN Galant enjoué
,
brave, plein de
science,
Nobleysivom voulez., comme m LOHÍd d'Haroy • S'il ejfsans or &sans finAnce,
Dans l'ejprit du beau Sexe est en chifre
unZéro. ]oubert> de la Doüane de Lyon.
Q XV. 1Ve les Dieux soient charmez, de
leurdouce Ambroisie,
Cette boiJJÓn qutls ont chotfte
Fait l'unique régal de leur Banquet divin.
Le
Le Mercure Galant qui croit mieux J)
connoiflre»
Marquequ'ila legoust plusfin,
Et voulant régaler en Maistre
Ah doux Nettar des Dieux il préfert
le Vin.
RAULT, de Roüen.
XVI. - JAmais Boecchus nefutsilibéral.,
Partout la feigne fait merveille;
Etsile Soleil d'Aousi ne luyfaitpoint
demal,
Le Vin ne vaudra fat un Zéro la Bontetlle.
MICONET, Avocat à Châlons - sur Saône.
XVII. 0Ncroyait qu'un HJverexcefJiv
ment long
JRendroitl'année ennuyeuse & tardive;
Mais grâce au Mercure, en miracles
fécond,
On neutx jamaisdefaifonplusbative.
N'en doutons plus3 puis qu'il est vray
Qu'ilfaitnaistre le Vin en May.
Lemesme.
XVIII.
XVIII. AYAnt qu'estre conflu , 1ayfaitpleurerma
Mere.
Quentendez.-vouspar là> me dit Liféte
unfoir
Que nom foupions ensemble
,
&faisîons
bonne chere ?
Develope%-mo.ycemiflert
Ou je ne puis rien concevoir.
Vay l'tfjritfort pesant, luy diJ-j,) mais
peut-cftre
Qu'en beuvant je pourray devenir grand
Devin.
Bien souvent on fait parestre
LavéritédansleVin.
DUCHEMIN.
La derniere Lettre en Chifres compofée
d'Armes de diferentes Maisons,ejtoit
un pur jeu d'cjprit
>
les ebofes qui font en
Figures ne pouvant estre appliquées à auccuunnnnfraaggee..
Ilinl ense'aj'gaijfott que de prendre
la premiere lettre de la Dignité de celny
dont lesArmesefloient re.pprreesfeetnitteess.. Celles
de MonjîtnrleMargumaArcourt
marquoient la lettre L ) parce qu'ilefl
Lieutenant de 1{oy; celles de Monsieur
davranche
>
la lettre E , parce qu'il
1ft
est Èvtfque, & ainsi de toutes les autres.
ceux qui ont trouvé le secretfont Messieurs
deLanges-Mgjmmal
3
Avocat
au Parlement; 7aveault
,
Contrôleur
des Garnisons &Mortes-payes en Bourgogne
& BrejfejePereFronteattC.l'Antimoine
de Tours; & le bon Clerc de ha-
Ions sur Saône. Toutes cespremieres lettres
de Dignitez. raml/ffées enfetnble,
voulaient dire, Le Mercure est le plus
agreable de mes plaisirs.
Voicy une nouvelle Lettre en Chifres
que je vota propose. Chaque lettre efifeparéepar
un point, & tom les motspar
deux points, comme dans celle du Quartier
d'Otlobre 1678.
LETTRE EN CHIFRES.
735* 398. G;. 459. 88.767. 23:
56. 100. IJ+Î- 77-929.575:3557.
113. 785. 874: 121. 4. 707. 444.
432. 594. 388. 311 575. ;1.:4;z..
6. 335:7.112.S.J238.9c,Î;II,
383.463 :5.40. 50.8: 693.10.
30. 2. 581. 758. 585. 946. 686.
534.121.54J5 :1.10.6.983:921.
MX.684- 397. 90. 121.98:77Z.
9Sj. 1.; 4J4:12.,41.1.. 531 2.1.1.:
3428. 10.445.5833.: 2.3251. 7.
50 : 471. 311. 665. 12. 893.584.
8.113: 60.10.342.298: 321.100.
81,98. 221:1000.299. 10.481.
856. 5353. 389. 7.121:21.743.
561-4z6.212.j53.12. 50.881.211.
10. 3. 90. 93. 113. 953.
LInvention de ce Chifre est deü à la
Lorraine Effagnolete, qui m'a envoyé de
Madrid cette Explication sur l'Enigme
en fleure du mois d'Avril.
Narcisse avec son Arc & ses Flêches
,
qui se considere attentivement
dans l'eau d'une Fontaine, represente
une belle Personne qui apprend de son
Miroir l'art de se bien servir des traits
dont elle veut blesser les coeurs.
Le Miroirefifait pour les 2?elles3
C'est luy qui leur apprend quels font tosté
leursattraits,
C'est luy qui leur fournit les traits
Qui les font passerpour cruelles.
le vous envoye deux Sonnets ; Le premier,
de Mr de Merville Controlleur des
lG'abelles de Thiers j£r'autre, de Mr Abé_Germain.Ilsfont tous deux furia
--- - -- PAix.
SON
SONNET.
~CEs fameux Conquérant dont mus
lisons L'Hiftoirt;
Ces Grecs & ces iomains, quipar d'heureux
Exploits
Ont porté jufplÀ nous le récit de leur
gloire,
N'ont jamais égalé le Monarque François,
Mettre un brutal honneur à tout mettre
aux aboûi
•dccabler des Vaincus, outrer une Fï-
Eloire,
Toujoursfouiller de fang le 1lmple de
Memoire,
Sont les Faits éclatans des I-sérosd-autrefou.
Celuy de qui le Ciel fit m don à la
France,
jiccorde la Valeur avecque la Clemence;
.Aiéxndre) ny luy, n'ont point craint de
haz.ardi
Mai"
Maii tout efiJtngulier dans la Paix qu'il
nous donne,
Er l'on doit préférer ( n'en déplaise à
Bellonne )
L'Olivier de LOVIS, aux Lauriers des
Césars.
SONNET.
sVperbes Ennemù,efl-il de bonnefoy
let amour de la Paix quenousvoyons
paroiflre ?
lu rieif-cepoint plutost la peur qui f"
faitnaifire,
pour éviter ainjid'eifrefournis au Roy ?
Vesi pourtant vofire fert : car enfin) diteJ-
moYt
En Guerre comme en Paix, ne fait-il pat
connaifire,
Qu'il n'appartient qu'à luy d'efire toujours
le Alaifire,
Et que sesvolonteT^ doivent pffir pour
Loy?
Il veut oebfohment qu'on la craigne, ou
qu'on Cairntt
Et
Et rien ne rtfïflant a la valeur extrême
Qui conduit à leurfinCes amttfiesprojets',
Quoy qu'il eufl contre luy presque toute
la Terre, Ilfçeutfefaire craindre, en vousfaisant
la Guerre ; Ilffaitfefaire aimer3 en vous donnant
la Paix.
ïadjoutedeuxautresSomctssur des
Homs-rimez.
que vous avez, dija veus
dans l'une de mes dernieres Lettres. Ils
font de MrGauthier,l'unsur le Roy,-&
l'autresur lePrintemps de cette Année.
Vous vousfjpviendrez,
, s'il vous plaifli
Madame, que les premiers jours en ont
esté extraordinairtrneni pluvieux.
BOUTS - RIMEZ.
SUR LE ROY. L S0N-NET. Oiiis LE GRAND sçait joindre anJ
bortheur de César
- -
l
Lagloircyles vertusle nom dePôpeej-
Et la valeur en luy qui n'est jamait
trompée,
Fuit ce qu'en eux peui-eflre avoit fait le!
Hazard. Ili
Il efl plus redouté que le Turc&le Czar,
Le plut fier près de luy pvFoifl une
poupée,
Sa prudencesurrien nepeut estre dupée,
Enfin il connoit tout, ju[qtlau nom d'un
Puisard.
De la gloire fan Ame est avide & gloutonne,
Il efl dé)'a vainqueur quand la Rose boutonne,
Et chez ses Ennemis il mange l'Artit
chaud.
îamaà plus digne Roy neporta la Couronne;
Se faut - il étonner si son grand Nom
bourdonne
Iufq.z/oJe r/eft point allé l'usage du Réchaud?
BOUTS-RIMEZ
Prcfcrits sur le Printemps
de cette Année.
SONNET. NOus sommes au Printemps, temps
ou Jadû CéCir
Com
Commença cCeffacerlagloiredePompée,
Lors que de ce Héros la valeur fut
trompée,
Et fut contrainte enfin de ceder - au
Hazard.
Mais il fait encor froid comme au Pais
du Czar,
21 faut garder la chambre ainsi qu'une
Poupée,
A chercher du beau tempsnostre attente
efl dupée,
Car le Ciel verse l'eau tout les jours en
Puisard.
L'on ne voit point encor que la Mouche
gloutonne
Aille pilier le suc de la fleur qui boutonne,
Et nous ne mangerons de longtemps lAttichaud.
A peine est-il des fleurs pour faire une
Couronne,
Et loin de voir aux Champs l'Abeille qui
bourdonne,
L'on est contraintd'avoirfous lespieds
un Réchaud.
LET
L E T T R E -
EN VIEUX LANGAGE.
A tres-galant , tTes-preux) très-loyal,
& tres-chevaleureux Chevalier Mer- -corim.
~ORTiis, Gentil Chevalier, tant
outrecuidé ne fuis que de mébatreà
l'encontre de vous, qu'êtes fort,
& addextré en toute puissance d'armes
faées , & science de bon parler ,&à
qui grand los est dû pour vos vertus
qui reluisènt si tresfort, que oncques
ne vis mortelplus gracieux,à tant que
femelles d'icetuy Païs sont ébahies de
vostre accortise en beaux dicts & excellens
gestes dont vostre labeur est illustré.
Partant moy, pauvret Jouvenceau
,
à qui default toute cautelle, suis
desireux de vostre accointance, si êtes
benevole à mon vouloir,grand foulas
auray dans ma douloureuse tribulation
d'amour
>
& Dieuguerdonnera
vostre benignité. A donc, Beau
Sire, sçachez que mainte flamêche
d'amour m'époint pour tant parfaite
beauté que mon coeur en pant hele
d'émoy.
Or la Tticelle pour qui Cupidon
M'a enflambéde l'amoureux brandon)
A desesyeux la couleur radieusè,
Satendrepeau en blancheurglorieuse,
JVez, bien tourné, chevelure honorable,
Si que l'Aurore en est bien lamentable:
Finalement il n'elf une parcelle
De tout son Corps qui ne foit gente &
belle,
Et ce petit Amour qui toutfemond,
D'une Sagetteaussitosf me confond,
Que jela vit, & bien avant me fiche
Iceluidarddot il n'est pat trop chiche,
Ores je brûle&ards,dunfeupressant
Qui jusqu'aux os & moiiellemedescend.
0 moy chetif, ce me fis-je à part
moy , Convenante & fine beauté plus
charmante qu'une Colombelle,si bien
m'a éprins que ne clos plus la prti-,
nelle, ains fuis tout aheurté de tant
pognant esclandre,&vilaine perplexité
si toit ne bien heures le coeur angoisseuxde
tou éploré Amant:heureux
cil qui par Mariage te fera conjoint
, mais à si haut penser n'ose voguer
guer mon ame, que ne m'ayes octroyé
d'estre à ton servage
, parquoy si es
pourvenë de manfuerude
, ne laisses
mourir icetuy tonangoisseuxserfque
à toy s'affie par grande loyauté de perdurable
Chevalerie. Tels dicts je tins
à ma Belle navre coeur, mais
Toïntnattega ce coeur plm dur que
Roc
L'élan piteux d'un Amant qui lamente
j
Sa duretéIlinfi que vitupere
Peuttoujours fuïr toeuvre & le nom d"Arnante.
Déconforte nefaut pltu que fejpere,
Jssir ne veut pitié de son cjhc.
Lai quefaut-il que le fajfe en ma braise,
Sison bel ail aujfîtofinel'appaise ?
Que devimdray-je en ce maudit mechef
Que decourage ores mon pauvre chef?
Pesle de Dieu qui me fait larmoyer3
Pour qui si mal[çait mon coeurfeffoyer.
Tus les arçons ce Dieu porte-bandeau
Malencontreux rt/cft venu déconfite,
Plus je ne puis fuporter lefardeau
De mon rnartir qui bieneofl va moccire.
Tant me vilipandala Belle par l'aiguillon
de sa dure felonie ,que suis
tout deconforté
,
&boursoufléd'ire.
Partant, agreable Sire
, en cette mienne
anxiété ne puis trouver meilleurreconfort
dans les pleurs qui me font
bondir, que d'aller requerir joyeuseté
dans vos devis plus doux que Nectar,
parquoy vous prie n'estre pas illec
dans vostre cour si rigoureux ne sicoy
qued'éconduire mon oraison, car ne
sçauroye goûter plus émerveillable
liesse que d'estre vostre aimé, & féal
serviteur.
LE CHEVALIER DANTONIUS.
le vous faispart , Madame, deplafleurs
matières que divers Particuliers
m'engagent le vous proposer, &sur lesquelles
vos Amis pourront écrireleurs
sentimens.1
QUESTIONS A DECIDER.
I. si un Amant fort passionné qui
auroit reçeu un sensible outrage
d'une Personne tres-consideree de sa
Maistresse,
Maistresse, devroit écouter son ressentiment,
& obeïr plûtost à l'Honneur
qu'à l'Amour.
I I.
Lequel de ces mots prononcez par
la Personne aimée, :e vous aime, ou,
esperez, doit estre le plus agreable à
un Amant.
I II.
1'II Si les Femmes aiment avec une plus
violente passion que les Hommes.
IV.
Si une Maistresse doit se contenter
d'estre aimée preferablement aux autICS,
& non pas uniquement.
V.
S'il est plus cruel à une Femme d'être
négligée d'un Homme dont elle a
fait la fortune en l'épousant,qu'il n'etf
sensible àune autre, qui a esté élevée
d'unétatassez miserable à une condition
avantageuse, par un Homme qui
l'aépousée par amour, d'en recevoir
des reproches ,& d'en estre méprisée
apres que ie Mariage a éteint les premiers
feux de cet amour.
1 VI.
Quelle est l'origine de la Sculpture.
Comme on a de;a donnecelle de l'jirchitellure
& de la Peinture,rien ne manquera
pour faire de magniifquesPalais
quand on aura celle de Sculpture.
VII.
Quelle_eft l'origine des Armes ou
Armoiries,&leurprogrès.
PROPOSITION, , 7
Qu'un fo> t galant Homme loffre defoutenir,
s'Uy a qutlquun qui seyemlls
donner lapeine de la diffJUter.
Que de tous les maux de l'Amour,
celuy de n'estre point aimé est le moindre
si on excepte l'absence.
SUJET D'EPIGRAMME,
Contre une Vieille qui se radoucit,
& qui croit encor meriter qu'on luy
en conte.
La maniere difertlnu dont chaque
Particuliertraitera cette rnatiere, ne peut
produire qu'une diversité tres-agreable,
quoy que sur un mefaefijet. Feu Monr
fient
sieur deBrebeufs si fameux parsa belle
Traduiton de la Pharsale de Lucain- a
fait -çonnoifJre la fecondtté de son efjrit,
par cent cinquante Epigrarnrnes contre
une Fçmrnefardée.
1 DESSEINS DE PLANCHES.
y
I. ON demande des Armes, ou Armoiries
pour l'Amour. Comme
cè Dieu est presque toujours parmy
les Hommes , & que sa puissance el\:
d'une fort grande étendue, on a crû
qu'on luy en pourroit donner de fort
belles. Cette Proportion effc faite par
une charmante & spirituelle Personne,
qui demande aussi des Armes pour
les Amans, selon leurs diferens caracteres
expliquez dans le Triomphe de
Belise de ma Lettre du Mois d'Avril.
II.
Le Cadran Horizontal qui est dans
le dernier Extraordinaire,& qui marque
toutes les Conquestes du Roy
depuis 1671.& tousles Lieux où les
Troupes ont batu Ce) Ennemis
, a
estétrouvé si beau & ilutile
, que-le
Public verroit avec grand plaisir une
Planche aussi ingenieuse,qui luy découvrît
de la mesme forte
, c'est à dire
d'une feule veuë
, tout ce que les Armées
du Roy ont fait sur Mer depuis
la mesme année 1672.
On peut tfJûjoursenvoyer des Lettres
en chifye
,
foit en Cbifres véritables,
foit en Figures; des Hijioires Enigmlttiques;
des Questions à proposerJ & tels
Sujets de Planches qu'on voudra pour
faire graver.
le finis par deux Piecej qui ne sçauroient
manquer de vous plaire. L'une efi
de Aionfîeur leFebvre,sur une des Questions
; & l'autre sur une petite Chienne
arnoureufe.
Si un Amant qui a donnéson coeur
sans reserve, souffre plus de la
mort de sa maîtree,que de
, son infidélité cOmme rien n'etf plus naturel
que l'amour, rien ne l'est aussi
davan
davantage que l'inconstance de ce
qu'on aime. La cause de l'amour étant
& finie, & mortelle, on ne doit pas
souhaiter qu'elle produise un effet immortel
, & infiny. Je veux qu'en faveur
de la noblesse de l'ame
, & de la
pureté de l'inclination,il se trouve un
amour tel qu'on le dépeint dans les
Romans; Ce fera chez des Gens qui
n'ont jamais aimé qu'une fois,& où
il luy a fallu tan-t de temps à s'introduire
,
qu'il ne faut point s'étonner
s'il n'abandonne pas sitostlaplace.
L'experience nous fait voir cette ve-@
rité parmy les Nations où l'amour a
le plus d'empire.
Les Peuples les plus amoureUx
Sont au/li les plus infidelles.
Plus nostre ame se porte vers le
bien, & pluselles'attache aux objers
où elle le rencontre; mais lors qu'elle
est trompée, elle le cherche dans les
autres où elle espere le trouver. La
constance amoureuse s'oppose ce
desir, puis qu'elle attache nostre ame
à un objet defectueux aussi
-
bien
qu'au plus parfait; & qu'elle l'empêche
de chercher ailleurs le bienqui
luy est propre.
On ne devroit donc pas appeller infidelité
, cette inclination changeante
pour ce que nous aimons,puis qu'elle
vient de la connaissance des choses
que nous possedons,&de l'ignorance
de celles que nous voudrions avoir.
Comme il est juste de quiter un objet
défectueux
, & incapable de remplir
nos desirs, il n'est point honteux de
courir après un objet qui nous paroist
agreable. Nostre coeur ne connoistpas
encorce qu'il souhaite, il ne connoist
que trop ce qu'il abandonne.
Quand l'amour a fait un certain
chemin, il ne peut aller plus avant.
S'il trouve ce qu'il cherche,il en demeure-
là; s'il ne le rencontre point, il
retourne sur ses pas. Ce je-ne-sçayquoy
de vif& de passïonné qu'on ressent
dans un amour naissant
,
finit
quand il est consommé. L'ame se dé.-
gage peu à pen, & insensiblement on
n'aime plus, ausi on aimeA c'estailleurs..
Jamais à nos amours
NOHi ne donnons 4e fin qw ccllf de nof
purs* jEt
Et[ouvent cettenobleenvie
NOMfaitaffurer que leur cours
Durerapinsquenojlre vie ,
Cependant ce desseinnapoint de fondement,
Nul ne peut garantir d'aimer[ans changement
y
Cent fois pour m'enflétmer ,
Iris iuf I;i'au trépai m'a promis de ffl'11;- mery Et de rneflre toujours fidelle ;
Mais elleofott trop présumer
De sa confiance & deson zele,
Car helai!c'efi en vain qu'on juresurce
1
point,
Cette Infidetle chage,& nes'en repetpoint.
Si on se faisoit justice, on raisortneroit
de la sorte
, & l'infidélité d'une
Maistressè ne seroit pas le plus grand
déplaisir d'un Amant. La vostre devient
inconstante
,
hé bien changez
comme elle.Vous luy avez donné vôtre
coeur sans reserve; mais si elle vous
a aimé, n'estes-vous pas payé de votstre
amour?Si elle ne vous aimoit pas,
quelsujet avez vous devous plaindre?
Si
Si vous vous piquez de confiance, il
n'y a encor rien de perdu.
jiimez.,servez.,brûlez, avecquepatience,
Nemurmure'{ jamais contre vojire tourment
, Et ne vous lajfe^point de souffrir eonifamrnent,
Il n'est rien qui ne cede à la perseverance.
Vous regagnerez cette Infidelle.
Elle quittera son Amant pour vous,
comme elle vous a quitté pour luy ; &
vous aurez la consolation de luy voir
traiter vostreRival, comme elle vous
a traité. Enfin quoy qu'il arrive vous
aurez toujours le plaisir de la voir &
de l'entendre.
Il n'en est pasainsi de la mort de ce
qu'on aime. C'est alors qu'on a besoin
de toute sa constance
,
&de toute
sa résolution. La pensée mesme du
danger où il est exposé, est feule capable
de nous désesperer. Voyez de
quelle crainte l'aimable Hero estoit
saisie
,
lors que soncher Leandre pafsoit
l'Hellespont à la nage pour lavenir
voir.
L'appe,.
Vappercevant de loin, Diux quelle eji
son audace!
Disoit-elle; à ma crainte est ceainfi qu'on
fait grâce ?
Et Leandre peut - il feindre encor d'ie
gnorer , bazarderses jourscefl me desesPerer?
Un Ancien voyant sa Maistresse
malade,s'écrie de la fone.
Sila mort me ravit Cinthie,
le prens Efculappe à partie,
Car enfin il est criminel,
S'il n'empesche ce coup mortel.
C'est le sentiment de cet Amant
affligé dans le Temple de la Mort.
laccufe de mon fort, & la Terre) & les
Cieux3
Et je rens criminels les Hommes, & les
Dieux.
Je deviens furieux , & contraire à moymefrne,
Mon coeur forme des voeux)& ma bouche
blaJPhéme.
Que ne fit point Orphée apres la
mort d'Euridice? il allajusqu'aux
Enfers,
Enfers, pour en retirer son Epouse&
comme dit un de nos Poètes,
Il aflecby la Mort danssafnnefte Cour,
jiux pins cruels Démons ila tiré des
larmes,
Et voila qu'il ne peut enchanter [on
amour.
Mais ceque fait dire le mesme Poète
àl'inconsolable Artemise, est bien
digne de la douleur de cette Amante;
elle parle de son cher Mausole.
Non,non, si sabelle Ombre erre farmy
les Morts Il faut t que mon esprit en nourrisse laflâme,
Et que la cendre mesme en vive dansmon
corps.
Dequoyun Amant en cet estatn'estil
pas capable? Ou plûtost n'est-il pas
incapable de remede, & de consolation
? Il se flate d'avoir esté aimé; qu'il
feroit heureux, si sa Belle vivoit encor
! & quelque plaisir qu'il se fasse de
l'aimer, & de luy estre fidelle apres sa
mort, rien ne le peut consoler d'en
être privé pour toute sa vie.Si l'absence
est un si cruel supplice pour les Amans
on
on peut juger combien la mort elt
cruellequi les separe pour une éternité.
N'est - ce pas mourir doublement
que de voir mourir la moitié de foymesme?
On se trompe de croire que le
temps guérit cette playe.
Ne croy pas que le temps qui tarit tom
les pleurs,
Cet heureux Medecin de toutes les douleurs,
Luy de qui tant d'Amans ont senty le
remede,
En apportejamaié au mal qui me possede.
En effet , on n'oublie jamais une
Maistresse
, que la mort emporte durant
la violence de nostre pa ssion.
L'ame en estoitprévenue. Il ne s'estoit
encor passé nydégoust
, ny rupture.
Ainsi rien n'est capable d'en effacer la
mémoire, &c'est ce qui me fait dire,
que si un Amant trahy est à plaindre,
il est inconsolable quand il a perdu ce
qu'il aimoit sans reserve.
LYSE
LYS ETE,
OU DOUDOU,
Petite Chienne d'Olimpe,
A SA MAISTRESSE. c'En estfait, je m'en vay mourir,
Mon mal neJepeutplUd[ouffrir,
La douleur me rend indifèrtte.
Belle Olimpe
,
dans unmoment
Fous naîtrez, plus vostre Lifete,
St l'en ne luy trouve un Amant.
leffay bien qu'on enparlera
3 Que quelque Critique dira
Que le dtfcours n'est guere honnefie ;
Mais dansl'état ou je mevoy ,
Celle qui blâme ma requeste,
Peut-efireauraitfaitpû que moy.
Contre un tel aveu ma vertu
Assez. longtemps a cornbatu;
Mais enfin le besoin l'emporte , C'est luy quim'oblige à parler.
Nature efi toujours la plus forte,
Quand il luy plaifl dt s'enrnefler•
Si vous ave^fain de mes jours,
Faites-moy donner du secours.
Htltu! c'est ajfÚ. vous en dire.
Mon mal n'est pas un malnouveau,
Onsçait que t'ardeur qu'il intfirc
Nes'éteint vm avec de l'eau.
On croit qu'il n'est rien de fins doux,
O/impe) qu'estre auprès de vom )
MaÎd, cela [oit dit sansreproche s
J'aimerou bien mieux pourlongtemps
Efire Chiennede Tourne-broche,
.Í:!..!!.e perdre ainjt mes jeunes ans.
En vain dmsuperbe manteau
Vous honore'{ma maigre peau,
En vain chacun me trouve belle.
Ces honneurs me font enrager,
Et proprement cela s'appelle
Me donner un os a ronger.
rous me mettez, survosgenoux
» Je reçois chaque jour de vous
Nouvelle marque de tendreiJe.
D'autres s'en trouveroient fort bien;
Maispour moy, ma chere Maiflreffe
,
Celanemguérit de rime
Difpen
DilenfeZvous de tous vosfoins ,
Aimez. moy plutaft un peu moinl
Et que jefois moins rettnuë.
le ne crains lefroid ny le chaud,
bt si feftois dans une Rue,
f'auroisbientoflcequ'il mefaut.
S'tlfaut avec tant de rigueur
Me laisser étouffer d'honneur,
l'aimcroú autant estre Fille.
Sera-t-il dit qu'un pauvre Chien,
A moins d'assêmbler sa Famille , Pourse guerir;, nepuisse rien
Ce riefi pas quevojlreDoudon
Voulust courir le guilledou,
Ny donnerlieu de parler d'elle :
Aduisc'efl qu'il est certain moment
Oùla Chiennelapins cruelle
Nepeutsepasser d'un Amant.
le vous le dis debonne-fy ,
Necejftéria point de Lay,
Vous me feretfirefoliej
Et vous ffavezqu'en pareil cas,
Si-tost qu'on en a bienenvie , L'occasion ne manque pat,
1 Oii;,
Ouy,l'Amoursefourreen tout lieux t
Argus me[me avecses centyeux
En vain me mettoit à l'attache.
Onsçait par Gens dignes defoy,
Qu'il ne putgarder une Pache ;
Yîendra-t-qn mieux à bout de moy ?
Je voudrois choijtr un Epoux
Quipuft me faire des Doudoux
Beaux & jolis comme leur Mere ,
Maisvous me contraindreZ.enfin,
Si vous méfiéstoujours severe
A prendre » le premier Matin,
Belles qui voyi(mon tourment,
Faites moy trouver un Amant.
Ainsi l'amour vous fait en aide,
Et dans cet accident fatal,
Vousfajfe trouver le remede
4VAnt quevous[entiez, le mal.
se reçois prefcntement une Lettre de
la Lorraine Efpagnolete
,
qui vous fer.
voir que le vray sen r
de l*Enigme d'Hya.
cinte qui n'a esté trouvé de personne, ne
luy apoint êchapé.se ne vous répétépoint
que l'Enigmequevous It.vetveuë en Vtrs
sur
sur le Zéro
,
estoit d'elle. Voicy ce que
sa Lettrecontient.
Madrid 29. Juin 1679.
Sur les Enigmes du mois de May receués
a Madrid le 16. luin 1679.
La Lorraine Espagnolete, à l'Autheur
du Mercure,sur l'Enigme du Zero. cEtte Enigme efloÍt peu de chose
Vuand elle partit de ma main
» Mais vousen avez, fait soudain
Vne riche metamorphosej
Et d'elle on Pl ut dire à ce coup » Malgré l'envie & la censure,
jîyant place dans le Mercure,
Celt un Zéro qui vaut beaucoup.
Explication de la seconde
L Enigme en Vers. A Vigne pleure avant que de produire
La moindre grappe de Raisin ;
Noé fut terrassé
, pour avoir bu du
Vin;
A ceux qui l'aiment trop, le Vtn nefait
que nuire.
Le
Le Bathare, & le Turc, le traitent ajJèt
mal,
Puii que leur Alcoran en interdit t'u..
fage.
Il est vray que par tout il deviendrait
j -
fatal,
Si ce riéfloit le mariage
Qu'on luyfaitfaireavec on Element
Quin'apas tant d'emppoorrtteemmeennsf..
Explication de l'Enigme
en figure.
L'Enigmed'Hyacinte est une chofit
assée ,
Slie-nous marque la Rosée
Que le Soleil dans nos Jardins
Change ln Lys) en Oeillets, en Roses 3&
Iafmins.
Comme Hyacinte paroist couché
sur-un gazon au pied d'un Arbre, &
qu'au bout des fiens il fort une Tige
fleurie, il sembleaussi représenter assez
naturellement une Fontaine, quiarrosantdes
fleurs, leur fert de nourriture,
apres en avoir reçeu les dispositions
necessaires du Soleil, qui en agitent
les petites parties.
LA
La Cour n'ayant quité le deuil que
depuis deux jours,;e ne fnis vous envoyer
un grand Article de Modesnouvelles3 &
mesmes je n'aurois rien à VOUd mander sur
cesujet, si le deuil avoit esié aussi régulier
à la Ville qu'ill'a esié a la Cour. La
grande chaleur a faitreprendre les Gaze.
ç.On en porte qUAntité,les unes hfleurs
d'argent, & lesautres à fiewsme/lées
d'or & d'argent. OnportedesEtofesen
fason de miroirsa que les uns appellent à
carreaux, & les autres à miroirs. La
Moire rayée ombrée est à la mode,aujJibien
qu'unenouvelle Etofe appellée i'Imperceptible,
qui apris la place de VInvisible
de l'année derniere.LesEtofes a la
Bourdaloüe font toujours en regne. On
porte beaucoup d'une Etofe que l'on appellefaçon
de Mousseline. Oncommence
àfaire une Laceure de Rubans autour
des Paremens des Manteaux,& des Robes
deChambre. Cette Aicde efi fort galante
, & les premiers Manteaux qu'on
a veu de cette maniéré ont extrêmement
pin.
Il n'y a aucune Etofe nouvelle pour
les Hommes; les uns prennent des Gros
de Tours, & les autres du Moncayac qui
efi
tfl une espece de Serge. Ils ne laissentpas
d'ejtïc beaucoup parez, à cause des Rub.!
rJs,des Plumes, & des Points de France
qu'il portent. Les Baudriers garnis de
Chevilles de toutes fortes de couleurs,
estoient fort en regne il n'y a pat longtemps.
On commence à les garnir de Rubans
étroits)& la quantitéqu'il en entre
dans chaque Baudrierles rend très-chers.
Comme le deuil est quité, Yefpere avoir
quelque chose à vous mander touchant
le.r Etofes nouvelles dans ma Lettre Ordinire
que je vous enveyeray le dernier
jour de ce mois. le fUIs) Madame vojlrt-,
&c.
A Parisce 15. Juillet 1679.
fecroy vous pouvoir"envoyer en Apoftilie)
ce qui a estêfait pour Son A. R.
Monsieur, à l'occaftonduMariage de
Mademosielle. Le mtfme Monsieur de
tlfle dont vous avez, veu un Eloge Latin
du Roy
,
dans lafinde ma Lettre du mois
de May , en est l'Autheur.
PHILIP
PHILIPPO FRANCIÆ FILlO,
Aureiiahtrjikm Duct Serentjfimo.
Hispanis & Batavis fractis prostigatifque
, harumce gentium gloriam,
rerumque reetituendarum fpem
, in
Campo Cassellensi,extinguenti;
SerenissimamFiliam,Ludovici Magni
neptem,Hilpanis Reginam donaado,
tantæ gentis gloriam,pristinumque
decus, resticuenti ;
Augustissimo Hispaniarum Regis 8c
natæ fuæconju gio Pacisamorisque
fædus æternum inter Gallos, Ibe
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