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p. 1125-1131
LE MÉPRIS DES RICHESSES. ODE. Qui a remporté le premier Prix à l'Académie des Jeux Floraux. Par M. Rainaud, de l'Oratoire, Préfet du College de Soissons.
Début :
Plutus, qui de nos coeurs avides, [...]
Mots clefs :
Plutus, Vol, Coeur, Coeurs, Désirs, Richesses, Plaisirs, Bonheur, Luxe, Académie des jeux floraux
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texteReconnaissance textuelle : LE MÉPRIS DES RICHESSES. ODE. Qui a remporté le premier Prix à l'Académie des Jeux Floraux. Par M. Rainaud, de l'Oratoire, Préfet du College de Soissons.
E MEPRIS DES RICHESSES.
ODE.
Qui a remporté le premier Prix à
l'Académie des Jeux Floraux .
Par M. Rainaud , de l'Oratoire , Préfet du
College de Soissons.
PLutus , qui de nos coeurs avides ;
Bannis les innocens plaisirs ,
I. Vol.
Dvj Jusqu'à
1126 MERCURE DE FRANCE
Jusqu'à quand tes trésors perfides ,
Irriteront- ils nos désirs ?
Jusqu'à quand irons-nous , par d'aveugles ma
ximes ,
D'un Encens criminel et du sang des Victimes >
Offrir l'hommage à tes Autels ?
Tes funestes présents, enfantent nos miséres ,
Et qui sçait mépriser ces biens imaginaires ,
Est le plus riche des Mortels..
C'est en vain que
粥
de l'Opulence ,
'Adorant l'Eclat suborneur ,
Dans le luxe et dans l'abondance ,
On met le suprême bonheur.
Contemplons ce Crésus , pour qui les Arts s'épuisent
,
Pour qui la Terre et l'Onde à l'envi reprodui—
sent ,
Tout ce qui peut combler ses voeux ;
Dans le sein des plaisirs qu'enfante la molesse ,
Ce superbe mortel , aux yeux de la sagesse,
N'est qu'un illustre malheureux.
Quels traits à ma vûë il décéle !
Des besoins , toujours renaissans ;
J'apperçois la Troupe cruelle,
1. Vol. Qui
JUIN. 1733. 11-27
Qui le rend Esclave des sens.
Que de pâles soucis ! que de mortelles® craintes !
Sous ses lambris dorez , j'entends les tristes plaintes
;
C'est peu , quel spectacle nouveau !
Implacable Vautour , dans sa tristesse extrême ,
Son coeur qui se déchire , est toujours de luimême
,
Et la Victime et le Bourrean.
Doux repos que l'homme désire ,
Heureuse Paix , charme des coeurs r
Tu n'établis pas ton Empire ,
Dans les fastueuses grandeurs.
Loin des Palais pompeux , que le Luxe envi
ronne ,
De ceux que nos respects accablent sur le Thrône
,
Tu fuis la haute Majesté ;
Et des coeurs sans désirs , délicieux partage ;
Tu vas sous l'humble toît , habité par le Sage
Assurer sa félicité.
諾
Là , des Trésors , à qui tout céde ,
II dédaigne les vains appas ;
Trop content de ce qu'il possede',
Il méprise ce qu'il n'a pas..
I. Vol A
T128 MERCURE DE FRANCE
1
A l'envie , aux soupçons toujours inacsessible ,
L'inquiete Avarice , à son bonheur paisible ;
Ne vient jamais mêler l'ennui ;
Soleil , tu ne vois rien , dont son coeur soit
avide ;
Trop heureux ! il jouit d'un trésor plus solide ,
Qu'il porte toujours avec lui.
Fidelle aux Loix de la nature ,
Et Souverain de ses désirs ,
Sans soins , sans trouble , sans murmure ,
Il goute de parfaits plaisirs.
Envain sur l'Ocean , s'élevent les Tempêtes ;
Les Foudres menaçans , qui grondent sur nos
têtes
,
Ne l'arrachent point au sommeil ;
Tranquille , il ne va point , affrontant les maufrages
,
De leurs riches métaux , dépoüiller des rivages,
Eclairez d'un autre Soleil.
粥
Aveugle et bizare * Déesse ,
Qui regles le sort des humains ,
Dont les Autels fument sans cesse ;
De l'encens que t'offrent leurs mains ,
Tes éclatans revers signalant ta puissance ,
* La Fortune.
1. Vel. Ne
JUIN . 1733 .
1129
Ne sçauroient de son ame , ébranler la constance
Il brave leurs vaines rigueurs ,
Que pourroit contre lui ton courroux infléxible
Tu ne fais qu'affermir son courage invincible ,
En multipliant ses malheurs
Mais Dieux ! quel spectacle m'étonne !
L'Orage fond sur ses Moissons ,
L'Air s'embraze , l'Olympe tonne ,
Les Vents ont forcé leurs prisons.
Des Aquilons fougueux la cohorte effrénée ;
Emporte avec les dons de Cérès consternée ;
Ceux de Pomone et de Bachus .
De regreter ces biens ne peut -il se deffendre ›
Non , non , son coeur tranquille , avoit sçû les
attendre ,
Et tranquile, il les a perdus.
*
Vous qu'une implacable furie ,
Retient sous un joug odieux ,
Ministres de sa barbarie ,;
Brisez ses fers injurieux .
Dans ces frêles trésors , vos cruelles délices ,
Vous trouvez vos tourmens
supplices.
* L'Avarice.
Vous trouvez vos
1. Vol.
Ardens
1130 MERCURE DE FRANCE
Ardens à vous tyranniser ;
Plus heureux , ce * Romain , dont la vertu constante
,
Préfére au vain éclat de l'or qu'on lui présente ,
La gloire de le mépriser.
柒
Heureux le monde en son Enfance ,
Où l'homme , maître de son coeur
Dans la paix et dans l'innocence
Trouvoit un solide bonheur !
y
Pomone , tes présens faisoient sa nourriture ;
Son corps d'un vil feuillage , empruntoit sa pa→
rure "
Modeste ouvrage de ses mains ;
Et toujours affranchi de la sombre tristesse ,
Il goutoit ces vrais biens qu'au sein de la mo→
lesse ,
Regretent encor les humains.
Revivez „ antiques Exemples ,
De l'active frugalité ;
Que nos coeurs ne soient plus les temples
D'une aveugle Divinité.
Etoufons , au mépris de ses vaines largesses ,
Les désirs effrénez , qu'enfantent les Richesses ,
Sources fécondes de nos maux ,
* Curius.
I. Vol. Ec
JUIN. 1733. - 1131
It bornant ces besoins d'où renaissent nos peines
,
Sur les débris du faste et des grandeurs humai
mes ,
Etablissons notre repos,
潞
Quantò quisque sibi plura negaverit ,
A dis plura feret.
រ
Horat. Ode 16. lib. 3 .
ODE.
Qui a remporté le premier Prix à
l'Académie des Jeux Floraux .
Par M. Rainaud , de l'Oratoire , Préfet du
College de Soissons.
PLutus , qui de nos coeurs avides ;
Bannis les innocens plaisirs ,
I. Vol.
Dvj Jusqu'à
1126 MERCURE DE FRANCE
Jusqu'à quand tes trésors perfides ,
Irriteront- ils nos désirs ?
Jusqu'à quand irons-nous , par d'aveugles ma
ximes ,
D'un Encens criminel et du sang des Victimes >
Offrir l'hommage à tes Autels ?
Tes funestes présents, enfantent nos miséres ,
Et qui sçait mépriser ces biens imaginaires ,
Est le plus riche des Mortels..
C'est en vain que
粥
de l'Opulence ,
'Adorant l'Eclat suborneur ,
Dans le luxe et dans l'abondance ,
On met le suprême bonheur.
Contemplons ce Crésus , pour qui les Arts s'épuisent
,
Pour qui la Terre et l'Onde à l'envi reprodui—
sent ,
Tout ce qui peut combler ses voeux ;
Dans le sein des plaisirs qu'enfante la molesse ,
Ce superbe mortel , aux yeux de la sagesse,
N'est qu'un illustre malheureux.
Quels traits à ma vûë il décéle !
Des besoins , toujours renaissans ;
J'apperçois la Troupe cruelle,
1. Vol. Qui
JUIN. 1733. 11-27
Qui le rend Esclave des sens.
Que de pâles soucis ! que de mortelles® craintes !
Sous ses lambris dorez , j'entends les tristes plaintes
;
C'est peu , quel spectacle nouveau !
Implacable Vautour , dans sa tristesse extrême ,
Son coeur qui se déchire , est toujours de luimême
,
Et la Victime et le Bourrean.
Doux repos que l'homme désire ,
Heureuse Paix , charme des coeurs r
Tu n'établis pas ton Empire ,
Dans les fastueuses grandeurs.
Loin des Palais pompeux , que le Luxe envi
ronne ,
De ceux que nos respects accablent sur le Thrône
,
Tu fuis la haute Majesté ;
Et des coeurs sans désirs , délicieux partage ;
Tu vas sous l'humble toît , habité par le Sage
Assurer sa félicité.
諾
Là , des Trésors , à qui tout céde ,
II dédaigne les vains appas ;
Trop content de ce qu'il possede',
Il méprise ce qu'il n'a pas..
I. Vol A
T128 MERCURE DE FRANCE
1
A l'envie , aux soupçons toujours inacsessible ,
L'inquiete Avarice , à son bonheur paisible ;
Ne vient jamais mêler l'ennui ;
Soleil , tu ne vois rien , dont son coeur soit
avide ;
Trop heureux ! il jouit d'un trésor plus solide ,
Qu'il porte toujours avec lui.
Fidelle aux Loix de la nature ,
Et Souverain de ses désirs ,
Sans soins , sans trouble , sans murmure ,
Il goute de parfaits plaisirs.
Envain sur l'Ocean , s'élevent les Tempêtes ;
Les Foudres menaçans , qui grondent sur nos
têtes
,
Ne l'arrachent point au sommeil ;
Tranquille , il ne va point , affrontant les maufrages
,
De leurs riches métaux , dépoüiller des rivages,
Eclairez d'un autre Soleil.
粥
Aveugle et bizare * Déesse ,
Qui regles le sort des humains ,
Dont les Autels fument sans cesse ;
De l'encens que t'offrent leurs mains ,
Tes éclatans revers signalant ta puissance ,
* La Fortune.
1. Vel. Ne
JUIN . 1733 .
1129
Ne sçauroient de son ame , ébranler la constance
Il brave leurs vaines rigueurs ,
Que pourroit contre lui ton courroux infléxible
Tu ne fais qu'affermir son courage invincible ,
En multipliant ses malheurs
Mais Dieux ! quel spectacle m'étonne !
L'Orage fond sur ses Moissons ,
L'Air s'embraze , l'Olympe tonne ,
Les Vents ont forcé leurs prisons.
Des Aquilons fougueux la cohorte effrénée ;
Emporte avec les dons de Cérès consternée ;
Ceux de Pomone et de Bachus .
De regreter ces biens ne peut -il se deffendre ›
Non , non , son coeur tranquille , avoit sçû les
attendre ,
Et tranquile, il les a perdus.
*
Vous qu'une implacable furie ,
Retient sous un joug odieux ,
Ministres de sa barbarie ,;
Brisez ses fers injurieux .
Dans ces frêles trésors , vos cruelles délices ,
Vous trouvez vos tourmens
supplices.
* L'Avarice.
Vous trouvez vos
1. Vol.
Ardens
1130 MERCURE DE FRANCE
Ardens à vous tyranniser ;
Plus heureux , ce * Romain , dont la vertu constante
,
Préfére au vain éclat de l'or qu'on lui présente ,
La gloire de le mépriser.
柒
Heureux le monde en son Enfance ,
Où l'homme , maître de son coeur
Dans la paix et dans l'innocence
Trouvoit un solide bonheur !
y
Pomone , tes présens faisoient sa nourriture ;
Son corps d'un vil feuillage , empruntoit sa pa→
rure "
Modeste ouvrage de ses mains ;
Et toujours affranchi de la sombre tristesse ,
Il goutoit ces vrais biens qu'au sein de la mo→
lesse ,
Regretent encor les humains.
Revivez „ antiques Exemples ,
De l'active frugalité ;
Que nos coeurs ne soient plus les temples
D'une aveugle Divinité.
Etoufons , au mépris de ses vaines largesses ,
Les désirs effrénez , qu'enfantent les Richesses ,
Sources fécondes de nos maux ,
* Curius.
I. Vol. Ec
JUIN. 1733. - 1131
It bornant ces besoins d'où renaissent nos peines
,
Sur les débris du faste et des grandeurs humai
mes ,
Etablissons notre repos,
潞
Quantò quisque sibi plura negaverit ,
A dis plura feret.
រ
Horat. Ode 16. lib. 3 .
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Résumé : LE MÉPRIS DES RICHESSES. ODE. Qui a remporté le premier Prix à l'Académie des Jeux Floraux. Par M. Rainaud, de l'Oratoire, Préfet du College de Soissons.
L'ode 'E Mepris des Richesses' de M. Rainaud, préfet du Collège de Soissons, a remporté le premier prix à l'Académie des Jeux Floraux. Ce texte critique la quête incessante des richesses matérielles, qualifiées de 'trésors perfides' qui irritent les désirs et engendrent des misères. Rainaud dénonce l'adoration de l'opulence et du luxe, illustrée par l'exemple de Crésus, un homme riche mais malheureux, esclave de ses besoins et de ses craintes. Selon l'ode, la véritable richesse réside dans le mépris des biens imaginaires et dans la paix intérieure, loin des fastes et des grandeurs. Le sage, content de ce qu'il possède, est inaccessible aux soucis et aux désirs, et jouit d'une tranquillité inébranlable face aux tempêtes et aux malheurs. L'ode appelle à briser les fers de l'avarice et à revenir à une vie simple et frugale, comme celle des hommes dans leur enfance, où le bonheur était solide et affranchi de la tristesse. Elle conclut par une citation d'Horace, soulignant que celui qui se refuse beaucoup de choses recevra beaucoup des dieux.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
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