Résultats : 2 texte(s)
Accéder à la liste des mots clefs.
Détail
Liste
1
p. 2223-2232
Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, &c. [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des hommes illustres dans la République des Lettres [...]
Mots clefs :
Mémoires, Histoire des hommes illustres, République des Lettres, Armée, Roi, Évêque, Jean de Sponde, Cardinal, Pape, Église
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, &c. [titre d'après la table]
MEMOIRES pourfervir à l'Hiftoire des
hommes illuftres dans la République des Lettres
avec un Catalogue raisonné de leurs
Ouvrages. Tome XI . Vol. in 12. pages 405.
fans les Tables. A Paris, chez Briaſſon , ruë
S. Jacques , à la Science. 1730.
On trouve dans ce volume les Vies de
trente-fept Sçavans , qui font Profper Alpin
, Annius de Viterbe , François de Belle
foreft , Pierre Bembo , Pierre le Brun , Louis
Bulteau , Jean Cajus , Jean Cheke , Urbain
Chevreau , Daniel le Clerc , François
Combefis , Angelo di Coftanzo , Abraham
Cowley, Jean Deslions , Claude de Ferrieres,
Antoine Galateo , François Hotman ,
Auguftin Inveges , Philippe de Limborch ,
Baptifte Nani , Ferôme Oforio , Mathieu
Palmieri , Mathias Palmieri , Antoine Pa
rent , Paul Paruta , Pierre Petit , François
Poupart , Certorio Quatromani , Jean Raulin
, Maturin Regnier , Jean Chilter , Michel
Servet , Henry de Sponde Auguftin.
Torniel , Pierre Varignon Claude de Vert ,
Jean Facq. Vepher.
,
Nous donnerons, felon notre coutume,
une de ces Vies pour faire connoître le
ftile & l'ordre de l'Auteur des Mémoires,
Nous avons choifi celle du fameux Sponde
Evêque de Pamiers.
Henri de Sponde naquit le 6. Janvier
1568. à Mauleon , petite ville du Païs de
1226 MERCURE DE FRANCE
Soulle , entre la Navarre & le Bearn.
Son pere qui étoit Secretaire & Confeiller
de la Reine de Navarre , Jeanne
d'Albret , le fit tenir fur les fonts de Baptême
par Henri de Bourbon fon fils , qui
fut depuis Roy de France & comme il
faifoit profeffion du Calviniſme , il l'éleva
dans les mêmes fentimens .
I alla faire fes études à Ortez , où les
Réformez avoient alors un College , & il
s'y diftingua par la facilité avec laquelle
il apprit les Langues Latine & Grecque.
Il fit enfuite un voyage en Ecoffe à la
fuite de Guillaume Salufte du Bartas , Ambaffadeur
du Roy de Navarre , & y apprit
en peu de tems la langue du Païs.
De retour en France , il s'appliqua à
Fétude du Droit civil , & du Droit Canon
, dont il lût prefque tous les Livres.
lalla à Tours , où le Parlement de Paris
avoit été transferé ; fon fçavoir , &
fon éloquence dans le Barreau porterent
le Roy Henri IV. à le faire Maître des Requêtes
de la Navarre .
Les Livres de controverfe de Bellarmin
& de du Perron qu'il lut alors avec
avidité , commencerent à lui ouvrir les
yeux fur les erreurs , dans lesquelles il
avoit été engagé ; il fe prêta aux impref
fions de la grace , qui agirent fur lui , &
animé par l'exemple de fon frere aîné
Jean!
OCTOBRE. 1730. 2227
Jean de Sponde , qui avoit déja abandonné
Pheréfie , il en fit abjuration à Paris le 21 .
Septembre 1599. à l'âge de vingt- fept
ans ,
De Sponde réuni à l'Eglife Catholique'
voulut s'engager dans l'Etat Eccléfiaftique
, & obtinten 1599. de l'Evêque d'Oferon
un démiffoire pour recevoir les Ordres
, même hors du Royaume. Cette
derniere claufe étoit neceffaire , parce qu'il
avoit deffein d'aller à Rome gagner le
-Indulgences de l'année fainte.
Il alla effectivement en 1600. à la fuite
du Cardinal de Sourdis , & demeura quel
ques années dans cette Ville , où il reçut
Ordre de Prêtrife le 27 Mars 1606.
La connoiffance qu'il eût du Cardinal
Baronius , & l'étroite amitié qu'il'lia avec
lui , lui fit naître le deffein de faire un
Abregé de fes Annales ; deffein qu'il
exécuta dans la fuite , après avoir obtenu
fon agrément pour cela.
Il revint à Paris en 1606. mais il retourna
quelque tems après à Rome , où
le Pape Paul V.qui l'aimoit beaucoup, lui
commit la révifion des expéditions du
Tribunal de la Pénitencerie.
La confideration qu'on avoit pour lui
en Italie , l'avoit porté à s'y fixer pour le
refte de fes jours , & il ne fongeoit plus
à revenir en France ; mais le Seigneur en
difpofa
1228 MERCURE DE FRANCE
difpofa autrement. Le Roy Louis XIII .
le nomma à l'Eveché de Pamiers au commencement
de l'année 1626. Il fit d'abord
quelque difficulté d'accepter cette dignité
; mais le Pape Urbain VIII. le lui ayant
ordonné , il fe foumit à fes ordres , & fut
facréà Rome par le Cardinal de Marquemont
, Archevêque de Lyon dans l'Eglife
de S. Louis , dont il avoit eu longtems
la conduite , le 16. Août de la même
année , & non pas le 17 Septembre
comme le marque M. Perrault , qui n'a
pas pris garde à l'expreffion latine de fa
vie , die decima feptima Cal. Septembris:
De Sponde vint peu de tems après à
Paris , où le Roy le reçut avec des marques
fingulieres d'eftime. Il fe rendit de- là
a Pamiers , où il fit fon entrée le 23 May
1627. Il s'y appliqua avec beaucoup d'ardeur
à procurer le falut des ames , qui lui
avoient été confiées , & à retirer de l'erreur
ceux qui y étoient engagez. Il faifoit
fréquemment des vifites dans fon
Diocéfe , & y rétablit la diſcipline trop
négligée en quelques endroits.
Le Duc de Rohan, chefdes Huguenots ,
étant entré au mois de Novembre de l'année
de fon inſtallation dans Pamiers par
trahison , de Sponde fe fauva par un trou
qu'on fit aux murailles. L'année fuivante
le Prince de Condé ayant repris la Ville ,
&
OCTOBRE . 1730. 22 29
& les Huguenots ayant été chaffez , le
Pape Urbain VIII, en écrivit à de Sponde
des lettres de compliment , qui marquoient
une eftime extraordinaire de fon
mérite.
Son grand âge lui ayant fait prendre
Jean de Sponde fon neveu pour Coadjuteur
, il revint à Paris dans le deffein de
ſe donner tout entier à l'Edition de fes
Annalles.
Il quitta cette ville en 1642. pour aller
à Toulouſe , où il mourut le 18 May 1643. -
âgé de 75. ans
Il laiffa par fon Teftament , qu'il fit
peu de jours avant la mort , fa Bibliotheque
aux Minimes de Toulouſe , & tous
fes biens à Pierre Frizon de Rheims , Docteur
de la Maiſon de Navarre , avec lequel
il avoit vêcu dans une étroite amitié pen
dant quinze ans,tant à Rome , qu'à Paris,
Son corps fut inhumé dans l'Eglife Cathedrale
de Toulouſe . & on mit fur fon
tombeau cette Epitaphe qu'il s'étoit faite
lui-même.
Hicjacet corpus Henrici Spondani , quona
dam Epifcopi Apamiarum , cujus anima requiefcat
in pace.
Catalogue de fes Ouvrages.
1. Les Cimetieres facrez , Bourdeaux.
1596. in 12. fixième Edition augmentée.
Paris
2230 MERCURE DE FRANCE
Paris 1600. in 12. Item , trad. en Latin
avec de grandes augmentations . Paris
1638. in. 4° . Le but de l'Auteur eft de
faire voir que les Cimetieres ayant toûjours
été regardés comme facrez chez toutes
les Nations & dans toutes fortes de
Religions , les Proteftans avoient tort de
traiter d'injuftice le refus que faifoient , &
qu'avoient toûjours fait les Catholiques
de fouffrir que les Cimetieres de leurs
Eglifes fuffent communs entre eux & les
Proteftans.
2. Annales Ecclefiaftici Cafaris Baronii in
Epitomen redacti¸ Parifiis 1612. fol. L'Auteur
dédia cette premiere Edition au
Clergé de France qui approuva l'ouvrage
, & marqua l'eftime qu'il en faifoit
par plufieurs gratifications confiderables
dont il honora l'Auteur. Il a été imprimé
plufieurs fois depuis. La bonne Edition
felon M. l'Abbé Lenglet , eft celle qui a
paru à Paris chez la Noue en 1639. en fix
volumes in fol. avec la continuation , &
les Annales facrées. La meilleure après
celle- la eft celle qui a été donnée par la
Compagnie des Libraires, à Paris 1647.
fol. 2. vol. & la moindre eft celle de Lyon
de l'an 1660 fol. 2. vol. Il y en a une traduction
Françoife , de même que des Annales
facrées faite par Pierre Coppin , &
imprimée à Paris en 1654. 55. & 57. en
6.vol infol.
3.
OCTOBRE. 1730. 2231
3. Annalesfacri à Mundi creatione ad
ejufdem Redemptionem . Parifiis 1637. fol.
Item . Ibidem 1699. Item Colonia Agr.
1640. fol. Item , Parifiis 1660. ces Annales
font un Abregé de celles de Torniel .
4 Annalium Baronii Continuatio ab anno
1197. quo is defiit ad annum 1640. Pas
rifiis 1639. fol. 2. vol. Il y en a eu plu
fieurs autres Editions depuis .
5. Ordonnances Synodales. Toulouse
1630 in 8° .
6. M. de la Monnoye , dans fa Lettre
fur le prétendu Livre des trois Impofteurs,
attribue à Henri de Sponde un petit
Livre intitulé Le Magot Genevois 1613 .
in 8. p. 98. fans nom de Lieu.
Voyez la vie par Pierre Frizon à la tête
de fa continuation des Annales de Baronius
, dans les Editions faites après fa
mort , & les Hommes illuftres de Perrault.
L'Auteur des Mémoires nous permettra
d'ajoûter ici deux ou trois faits , qui
concernent le fçavant Evêque de Pamiers
& qui fans doute ne font pas venus à fa
connoiffance. Il eft certain que c'eft au
Cardinal du Perron que l'Eglife doit la
converfion d'Henry de Sponde , avant
même que ce Cardinal fût dans les Ordres
facrez : de Sponde & Jean de Salertes
, l'un & l'autre Bearnois , s'attacherent
à M. du Perron dans fon premier
voyage
2232 MERCURE DE FRANCE
voyage de Rome , où ils lui rendirent de
grands fervices pour le grand ouvrage de
la converfion de Henry IV. & ce Prince
ayant nommé du Perron à l'Evêché d'Evreux
en 1595. les deux premiers Canonicats
, dont le nouveau Prélat fut le maître
dans fa Cathedrale , furent donnez à
ces deux fçavans avant l'année 1600. Salettes
fut nommé Evêque de Lefcar en
1609. & mourut en 1632. & Sponde ,
comme on l'a vû ci-deflus , fut Evêque
de Pamiers en 1626. & mouruten 1643 ,
Evreux ne fut , pour ainfi dire , qu'un Cabinet
d'étude pour ce dernier , comme
Condé Maifon de campagne des Evêques
d'Evreux , le fut pour le Cardinal fon
Protecteur , jufqu'à ce qu'il fut nommé à
l'Archevêché de Sens.
hommes illuftres dans la République des Lettres
avec un Catalogue raisonné de leurs
Ouvrages. Tome XI . Vol. in 12. pages 405.
fans les Tables. A Paris, chez Briaſſon , ruë
S. Jacques , à la Science. 1730.
On trouve dans ce volume les Vies de
trente-fept Sçavans , qui font Profper Alpin
, Annius de Viterbe , François de Belle
foreft , Pierre Bembo , Pierre le Brun , Louis
Bulteau , Jean Cajus , Jean Cheke , Urbain
Chevreau , Daniel le Clerc , François
Combefis , Angelo di Coftanzo , Abraham
Cowley, Jean Deslions , Claude de Ferrieres,
Antoine Galateo , François Hotman ,
Auguftin Inveges , Philippe de Limborch ,
Baptifte Nani , Ferôme Oforio , Mathieu
Palmieri , Mathias Palmieri , Antoine Pa
rent , Paul Paruta , Pierre Petit , François
Poupart , Certorio Quatromani , Jean Raulin
, Maturin Regnier , Jean Chilter , Michel
Servet , Henry de Sponde Auguftin.
Torniel , Pierre Varignon Claude de Vert ,
Jean Facq. Vepher.
,
Nous donnerons, felon notre coutume,
une de ces Vies pour faire connoître le
ftile & l'ordre de l'Auteur des Mémoires,
Nous avons choifi celle du fameux Sponde
Evêque de Pamiers.
Henri de Sponde naquit le 6. Janvier
1568. à Mauleon , petite ville du Païs de
1226 MERCURE DE FRANCE
Soulle , entre la Navarre & le Bearn.
Son pere qui étoit Secretaire & Confeiller
de la Reine de Navarre , Jeanne
d'Albret , le fit tenir fur les fonts de Baptême
par Henri de Bourbon fon fils , qui
fut depuis Roy de France & comme il
faifoit profeffion du Calviniſme , il l'éleva
dans les mêmes fentimens .
I alla faire fes études à Ortez , où les
Réformez avoient alors un College , & il
s'y diftingua par la facilité avec laquelle
il apprit les Langues Latine & Grecque.
Il fit enfuite un voyage en Ecoffe à la
fuite de Guillaume Salufte du Bartas , Ambaffadeur
du Roy de Navarre , & y apprit
en peu de tems la langue du Païs.
De retour en France , il s'appliqua à
Fétude du Droit civil , & du Droit Canon
, dont il lût prefque tous les Livres.
lalla à Tours , où le Parlement de Paris
avoit été transferé ; fon fçavoir , &
fon éloquence dans le Barreau porterent
le Roy Henri IV. à le faire Maître des Requêtes
de la Navarre .
Les Livres de controverfe de Bellarmin
& de du Perron qu'il lut alors avec
avidité , commencerent à lui ouvrir les
yeux fur les erreurs , dans lesquelles il
avoit été engagé ; il fe prêta aux impref
fions de la grace , qui agirent fur lui , &
animé par l'exemple de fon frere aîné
Jean!
OCTOBRE. 1730. 2227
Jean de Sponde , qui avoit déja abandonné
Pheréfie , il en fit abjuration à Paris le 21 .
Septembre 1599. à l'âge de vingt- fept
ans ,
De Sponde réuni à l'Eglife Catholique'
voulut s'engager dans l'Etat Eccléfiaftique
, & obtinten 1599. de l'Evêque d'Oferon
un démiffoire pour recevoir les Ordres
, même hors du Royaume. Cette
derniere claufe étoit neceffaire , parce qu'il
avoit deffein d'aller à Rome gagner le
-Indulgences de l'année fainte.
Il alla effectivement en 1600. à la fuite
du Cardinal de Sourdis , & demeura quel
ques années dans cette Ville , où il reçut
Ordre de Prêtrife le 27 Mars 1606.
La connoiffance qu'il eût du Cardinal
Baronius , & l'étroite amitié qu'il'lia avec
lui , lui fit naître le deffein de faire un
Abregé de fes Annales ; deffein qu'il
exécuta dans la fuite , après avoir obtenu
fon agrément pour cela.
Il revint à Paris en 1606. mais il retourna
quelque tems après à Rome , où
le Pape Paul V.qui l'aimoit beaucoup, lui
commit la révifion des expéditions du
Tribunal de la Pénitencerie.
La confideration qu'on avoit pour lui
en Italie , l'avoit porté à s'y fixer pour le
refte de fes jours , & il ne fongeoit plus
à revenir en France ; mais le Seigneur en
difpofa
1228 MERCURE DE FRANCE
difpofa autrement. Le Roy Louis XIII .
le nomma à l'Eveché de Pamiers au commencement
de l'année 1626. Il fit d'abord
quelque difficulté d'accepter cette dignité
; mais le Pape Urbain VIII. le lui ayant
ordonné , il fe foumit à fes ordres , & fut
facréà Rome par le Cardinal de Marquemont
, Archevêque de Lyon dans l'Eglife
de S. Louis , dont il avoit eu longtems
la conduite , le 16. Août de la même
année , & non pas le 17 Septembre
comme le marque M. Perrault , qui n'a
pas pris garde à l'expreffion latine de fa
vie , die decima feptima Cal. Septembris:
De Sponde vint peu de tems après à
Paris , où le Roy le reçut avec des marques
fingulieres d'eftime. Il fe rendit de- là
a Pamiers , où il fit fon entrée le 23 May
1627. Il s'y appliqua avec beaucoup d'ardeur
à procurer le falut des ames , qui lui
avoient été confiées , & à retirer de l'erreur
ceux qui y étoient engagez. Il faifoit
fréquemment des vifites dans fon
Diocéfe , & y rétablit la diſcipline trop
négligée en quelques endroits.
Le Duc de Rohan, chefdes Huguenots ,
étant entré au mois de Novembre de l'année
de fon inſtallation dans Pamiers par
trahison , de Sponde fe fauva par un trou
qu'on fit aux murailles. L'année fuivante
le Prince de Condé ayant repris la Ville ,
&
OCTOBRE . 1730. 22 29
& les Huguenots ayant été chaffez , le
Pape Urbain VIII, en écrivit à de Sponde
des lettres de compliment , qui marquoient
une eftime extraordinaire de fon
mérite.
Son grand âge lui ayant fait prendre
Jean de Sponde fon neveu pour Coadjuteur
, il revint à Paris dans le deffein de
ſe donner tout entier à l'Edition de fes
Annalles.
Il quitta cette ville en 1642. pour aller
à Toulouſe , où il mourut le 18 May 1643. -
âgé de 75. ans
Il laiffa par fon Teftament , qu'il fit
peu de jours avant la mort , fa Bibliotheque
aux Minimes de Toulouſe , & tous
fes biens à Pierre Frizon de Rheims , Docteur
de la Maiſon de Navarre , avec lequel
il avoit vêcu dans une étroite amitié pen
dant quinze ans,tant à Rome , qu'à Paris,
Son corps fut inhumé dans l'Eglife Cathedrale
de Toulouſe . & on mit fur fon
tombeau cette Epitaphe qu'il s'étoit faite
lui-même.
Hicjacet corpus Henrici Spondani , quona
dam Epifcopi Apamiarum , cujus anima requiefcat
in pace.
Catalogue de fes Ouvrages.
1. Les Cimetieres facrez , Bourdeaux.
1596. in 12. fixième Edition augmentée.
Paris
2230 MERCURE DE FRANCE
Paris 1600. in 12. Item , trad. en Latin
avec de grandes augmentations . Paris
1638. in. 4° . Le but de l'Auteur eft de
faire voir que les Cimetieres ayant toûjours
été regardés comme facrez chez toutes
les Nations & dans toutes fortes de
Religions , les Proteftans avoient tort de
traiter d'injuftice le refus que faifoient , &
qu'avoient toûjours fait les Catholiques
de fouffrir que les Cimetieres de leurs
Eglifes fuffent communs entre eux & les
Proteftans.
2. Annales Ecclefiaftici Cafaris Baronii in
Epitomen redacti¸ Parifiis 1612. fol. L'Auteur
dédia cette premiere Edition au
Clergé de France qui approuva l'ouvrage
, & marqua l'eftime qu'il en faifoit
par plufieurs gratifications confiderables
dont il honora l'Auteur. Il a été imprimé
plufieurs fois depuis. La bonne Edition
felon M. l'Abbé Lenglet , eft celle qui a
paru à Paris chez la Noue en 1639. en fix
volumes in fol. avec la continuation , &
les Annales facrées. La meilleure après
celle- la eft celle qui a été donnée par la
Compagnie des Libraires, à Paris 1647.
fol. 2. vol. & la moindre eft celle de Lyon
de l'an 1660 fol. 2. vol. Il y en a une traduction
Françoife , de même que des Annales
facrées faite par Pierre Coppin , &
imprimée à Paris en 1654. 55. & 57. en
6.vol infol.
3.
OCTOBRE. 1730. 2231
3. Annalesfacri à Mundi creatione ad
ejufdem Redemptionem . Parifiis 1637. fol.
Item . Ibidem 1699. Item Colonia Agr.
1640. fol. Item , Parifiis 1660. ces Annales
font un Abregé de celles de Torniel .
4 Annalium Baronii Continuatio ab anno
1197. quo is defiit ad annum 1640. Pas
rifiis 1639. fol. 2. vol. Il y en a eu plu
fieurs autres Editions depuis .
5. Ordonnances Synodales. Toulouse
1630 in 8° .
6. M. de la Monnoye , dans fa Lettre
fur le prétendu Livre des trois Impofteurs,
attribue à Henri de Sponde un petit
Livre intitulé Le Magot Genevois 1613 .
in 8. p. 98. fans nom de Lieu.
Voyez la vie par Pierre Frizon à la tête
de fa continuation des Annales de Baronius
, dans les Editions faites après fa
mort , & les Hommes illuftres de Perrault.
L'Auteur des Mémoires nous permettra
d'ajoûter ici deux ou trois faits , qui
concernent le fçavant Evêque de Pamiers
& qui fans doute ne font pas venus à fa
connoiffance. Il eft certain que c'eft au
Cardinal du Perron que l'Eglife doit la
converfion d'Henry de Sponde , avant
même que ce Cardinal fût dans les Ordres
facrez : de Sponde & Jean de Salertes
, l'un & l'autre Bearnois , s'attacherent
à M. du Perron dans fon premier
voyage
2232 MERCURE DE FRANCE
voyage de Rome , où ils lui rendirent de
grands fervices pour le grand ouvrage de
la converfion de Henry IV. & ce Prince
ayant nommé du Perron à l'Evêché d'Evreux
en 1595. les deux premiers Canonicats
, dont le nouveau Prélat fut le maître
dans fa Cathedrale , furent donnez à
ces deux fçavans avant l'année 1600. Salettes
fut nommé Evêque de Lefcar en
1609. & mourut en 1632. & Sponde ,
comme on l'a vû ci-deflus , fut Evêque
de Pamiers en 1626. & mouruten 1643 ,
Evreux ne fut , pour ainfi dire , qu'un Cabinet
d'étude pour ce dernier , comme
Condé Maifon de campagne des Evêques
d'Evreux , le fut pour le Cardinal fon
Protecteur , jufqu'à ce qu'il fut nommé à
l'Archevêché de Sens.
Fermer
Résumé : Memoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, &c. [titre d'après la table]
Le volume XI des mémoires pour l'histoire des hommes illustres dans la République des Lettres, publié à Paris en 1730, présente les vies de trente-sept savants, parmi lesquels Prosper Alpin, Annius de Viterbe et Henri de Sponde, évêque de Pamiers. Henri de Sponde naquit le 6 janvier 1568 à Mauleon, dans le Pays de Soule, entre la Navarre et le Béarn. Son père, secrétaire et conseiller de la reine de Navarre Jeanne d'Albret, l'éleva dans le calvinisme. Sponde fit ses études à Orthez, où il apprit le latin et le grec, puis voyagea en Écosse et étudia le droit civil et canonique. En 1599, à l'âge de vingt-sept ans, il abjura le calvinisme et se convertit au catholicisme, influencé par les écrits de Bellarmin et du Perron ainsi que par l'exemple de son frère aîné. Devenu prêtre en 1606, Sponde se lia d'amitié avec le cardinal Baronius et entreprit d'abréger ses annales. Il revint à Paris en 1606, mais retourna à Rome où il fut chargé de la révision des expéditions du Tribunal de la Pénitencerie. En 1626, le roi Louis XIII le nomma évêque de Pamiers. Sponde s'appliqua à procurer le salut des âmes et à rétablir la discipline dans son diocèse. Il mourut à Toulouse le 18 mai 1643, à l'âge de 75 ans. Ses œuvres principales incluent 'Les Cimetières sacrés' et les 'Annales ecclésiastiques' de Baronius en abrégé. Il laissa également des ordonnances synodales et un petit livre intitulé 'Le Magot Genevois'.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer
2
p. 2453-2459
Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres &c. [titre d'après la table]
Début :
MEMOIRES pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres, dans la République [...]
Mots clefs :
Hommes illustres, Histoire des hommes illustres, République des Lettres, Académie, Mémoires, Eusèbe Renaudot
Afficher :
texteReconnaissance textuelle : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres &c. [titre d'après la table]
MEMOIRES pour fervir à l'Hiftoire
des Hommes Illuftres , dans la République
des Lettres , avec un Catalogu: raisonné de
leurs Ouvrages , tom . 12. vol. 8. de 405
pages , fans les Tables. A Paris, chez Briaffon
, rue S. Jacques , à la Science. 1730 .
La premiere Table de ce Volume indique
les Noms des Sçavans au nombre de
34. qui en font le fujet , & que nous rapporterons
icy, pour la fatisfaction de ceux
qui ne font pas à portée de voir le Livres
même , & qui ne fe déterminent pour
Facquerir qu'après quelque inftruction.
Benoit Bacchini , Jean de Barrus , Char
les Cefar Baudelot de Dairval, Jean Bau-'
douin , Jacques Boileau , François Bofquet,
Jean de la Cafa , Ferone Colonna , Diego
Fiij de
2434 MERCURE DE FRANCE
de Couto , Jean Devaux , Michel- Ange
Fardella , Michel Fofcanni , Pierre Franeius
, Adam Fumano , Jean Guiddiccione ,
Jan Guintier', Nicolas Henrion , George-
Mathias Koenig , Jean - Marie Lancifi ,
Pierre de Marca , Guill. Maffien , Jean'
Menofius, Daniel- Guill. Mollerus , Etienne
Morin , Louis Morin , André Morofini ,
Louis Nogarola , Pierre Paaw , Ifaac la
Peyrere , Roger de Liles , Eufebe Renaudot,
Marc- Antoine Coccius , Sabellicus - Martin
Schoockius , Jean- François Simon .
L'Article qui concerne Eufebe Renau
dot nous ayant paru l'un des plus curieux
& des mieux remplis , nous le prefenterons
icy à nos Lecteurs , tel que
l'Editeur des Mémoires l'a publié , &
nous prendrons la liberté de fuppléer à
quelques omiffions , &c.
Eufebe Renaudot naquit à Paris le 20
Juillet 1646. & fût l'aîné de quatorze
freres ou foeurs , fon pere après avoir
acquis beaucoup de réputation dans la
pratique de la Medecine , mourut en
1679. premier Medecin de Monſeigneur
le Dauphin.
Il entra à l'âge de onze ans au College
des Jéfuites , où il fit fes Humanitez ;
& paffa enfuite à celui d'Harcourt ; pour
y faire fa Philofophie , dont il foûtint publiquement
des Théfes en Grec & en Latin
C
鹰
NOVEMBRE. 1730. 2455
tin , qui firent beaucoup d'honneur au
College & à l'Ecolier.
pren
On croit que l'envie de pouffer les étu
des bien au - delà du terme , qu'y mettent
ordinairement les gens du monde , fut le
feul motif qui l'engagea pour lors à
dre l'habit Ecclefiaftique ; car il ne fongea
jamais , ni à entrer plus avant dans les
Ordres , ni à prendre des dégrez en Sorbonne
, ni même à fe charger d'aucun Bé,
nefice.
Il fe livra donc par choix & par gout
l'Etude de la Théologie la plus profon
de , où négligeant de fuivre les fentiers
communs de l'Ecole , il fe jetta d'abord
dans la connoiffance des Langues Orien
tales , qui lui fût fi utile dans la fuite.
L'Emploi de premier Medecin , que
fon pere exerçoit auprès de Monfeigneur,
le produifit de bonne heure à la Cour, où
il acquit une politeffe & des manieres
aifécs , qui accompagnent rarement les
études férieufes. M. le Duc de Montaufier
, & M. Boffuet lui accorderent leur
eftime dès qu'ils le connurent. M. Colbert,
M.de Seignelay & M.de Croiffy l'honorerent
d'une amitié finguliere. Le Prince
de Condé , & les deux Princes de Conti ,
fes neveux , lui donnerent leur confiance,
& l'admirent à leur familiarité. Le Roy,
même trouva bon que fes Miniftres lui
Fiiij com
2456 MERCURE DE FRANCE
communicaffent certaines affaires , & luf
fent fes Mémoires au Confeil.
En 1689. l'Academie Françoiſe le choifit
pour y remplacer Monfieur Doujat, &
deux ans après , c'est- à- dire en 1691. il fue
reçu à l'Academie des Infcriptions , à la
place de M. Quinault , mort dès l'an
1688.
En 1700. il accompagna à Rome M. le
Cardinal de Noailles , & entra avec lui
dans le Conclave . Clement XI . qui y fur
élu , prévenu depuis long-temps fur fon
mérite , lui donna dès les premiers jours
de fon Pontificat , des marques publiques
de fa confidération : Il l'engagea à refter
à Rome , fept ou huit mois encore après
le départ du Cardinal . Outre les Audiances
réglées qu'il avoit au Palais , Sa Sainteté
ordonna qu'il y fut admis toutes les
fois qu'il le préfenteroit , grace des plus
diftinguées , & qui n'avoit encore été accordée
à aucun François . Il lui donna pendant
fon féjour à Rome un Prieuré en
Bretagne , que l'Abbé Renaudot eut de
la peine à accepter , s'en deffendant fur le
plan de vie qu'il avoit pris. Mais l'empreffement
du Pape , la modicité du revenu
& l'efpece d'ordre qu'il reçut de la
part du Cardinal de Noailles , furmonte--
rent fa délicateffe fur l'acceptation de ce
Benefice.
Lorf
NOVEMBRE . 1730. 2457-
Lorfqu'il fut parti de Rome , le Grand
Duc ayant fçû qu'il prenoit la route de
Florence , envoya fort loin au-devant de
lui , le retint dans fon Palais un mois entier
, pendant lequel il fut reçu à l'Academie
de la Crufca , & après l'avoir char
gé de riches prefents de Litterature , il lui
donna des Félouques pour le ramener à
Marſeille.
4. L'Académie des Infcriptions avoit
éprouvé un grand changement en fon
abfence. Quand il partit, elle n'étoit com--
pofée que de huit perfonnes , dont les
conferences ne demandoient prefque aucune
préparation . A fon retour il trouva
ce nombre augmenté jufqu'à quarante
par le Reglement de 1701. qui donnoit
d'ailleurs une face toute nouvelle aux
exercices de l'Académie. Il fut un des
Anciens qui accepta le plus volontiers la
reforme , & un des plus exacts à en remplir
dans la fuire les devoirs , comme il
paroît par les Mémoires qu'il compoſa
jufqu'à l'année 1711. où il demanda le
Titre de Veteran , pour ne plus s'occuper,,
du moins effentiellement , que des ma
tieres de la Religion ..
Il mourut le Septembre 1720. épuifé
par de violens accès de colique & de fiévre
, qu'il avoit méprifez & même cachez
dans Fy
2458 MERCURE DE FRANCE
dans les commencemens. Il avoit alors
foixante & quatorze ans .
Il étoit d'un jugement net & folide, ſa
critique étoit sûre , exacte & d'un tour
aifé , & naturel , quoique méthodique &
preffante. L'aufterité de fes moeurs , loin
de le fequeftrer de la fociété civile , ne
fervoit qu'à le rendre plus cher & plus
défiré dans celle des gens capables & vertueux.
Il ne fe défendoit pas d'y être le
fléau des Efprits forts , des Eſprits vains ›
& des hypocrites , parce qu'il croyoit
qu'il étoit du bien public de les démafquer;
& perfonne n'étoit plus heureux à
leur appliquer, à chacun dans fon efpece,
ces qualifications , qui peignent les caracteres
d'après nature. Dans le commerce
de l'amitié,il étoit d'une tendreffe & d'une
fidelité à toute épreuve.
Sa piété marquée dans tous fes Ou
vrages , l'étoit encore bien plus dans fa
conduite. Il avoit d'abord eu un appar
tement à S. Denys , & puis à S. Germain
dés Prez , où fuivant les faifons , il ſe retiroit
le Samedy & la veille des grandes
Fêtes ,,
pour y affifter avec les Religieux
aux Offices du jour & de la nuit . Tous
les mois on diftribuoit chez lui des aumônes
confiderables, & perfonellement il ne
refufoit jamais un pauvre, ni ne le laiſſoir
aller fans lui avoir donné ces inftructions
&
NOVEMBRE . 1730. 2455
& ces avis , que les malheureux ne reçoivent
bien que de ceux qui foulagent leur
mifere.
Il a laiffe aux Benedictins de l'Abbaye
de S. Germain des Prez fa Biblioteque
qui étoit de 8 à 9000 volumes , avec les
Ouvrages manufcrits , dont le nombre
paffe de beaucoup celui des imprimez.
Nous venvoyons au mois prochain le Ca-.
talogue de fes Ouvrages , & c.
des Hommes Illuftres , dans la République
des Lettres , avec un Catalogu: raisonné de
leurs Ouvrages , tom . 12. vol. 8. de 405
pages , fans les Tables. A Paris, chez Briaffon
, rue S. Jacques , à la Science. 1730 .
La premiere Table de ce Volume indique
les Noms des Sçavans au nombre de
34. qui en font le fujet , & que nous rapporterons
icy, pour la fatisfaction de ceux
qui ne font pas à portée de voir le Livres
même , & qui ne fe déterminent pour
Facquerir qu'après quelque inftruction.
Benoit Bacchini , Jean de Barrus , Char
les Cefar Baudelot de Dairval, Jean Bau-'
douin , Jacques Boileau , François Bofquet,
Jean de la Cafa , Ferone Colonna , Diego
Fiij de
2434 MERCURE DE FRANCE
de Couto , Jean Devaux , Michel- Ange
Fardella , Michel Fofcanni , Pierre Franeius
, Adam Fumano , Jean Guiddiccione ,
Jan Guintier', Nicolas Henrion , George-
Mathias Koenig , Jean - Marie Lancifi ,
Pierre de Marca , Guill. Maffien , Jean'
Menofius, Daniel- Guill. Mollerus , Etienne
Morin , Louis Morin , André Morofini ,
Louis Nogarola , Pierre Paaw , Ifaac la
Peyrere , Roger de Liles , Eufebe Renaudot,
Marc- Antoine Coccius , Sabellicus - Martin
Schoockius , Jean- François Simon .
L'Article qui concerne Eufebe Renau
dot nous ayant paru l'un des plus curieux
& des mieux remplis , nous le prefenterons
icy à nos Lecteurs , tel que
l'Editeur des Mémoires l'a publié , &
nous prendrons la liberté de fuppléer à
quelques omiffions , &c.
Eufebe Renaudot naquit à Paris le 20
Juillet 1646. & fût l'aîné de quatorze
freres ou foeurs , fon pere après avoir
acquis beaucoup de réputation dans la
pratique de la Medecine , mourut en
1679. premier Medecin de Monſeigneur
le Dauphin.
Il entra à l'âge de onze ans au College
des Jéfuites , où il fit fes Humanitez ;
& paffa enfuite à celui d'Harcourt ; pour
y faire fa Philofophie , dont il foûtint publiquement
des Théfes en Grec & en Latin
C
鹰
NOVEMBRE. 1730. 2455
tin , qui firent beaucoup d'honneur au
College & à l'Ecolier.
pren
On croit que l'envie de pouffer les étu
des bien au - delà du terme , qu'y mettent
ordinairement les gens du monde , fut le
feul motif qui l'engagea pour lors à
dre l'habit Ecclefiaftique ; car il ne fongea
jamais , ni à entrer plus avant dans les
Ordres , ni à prendre des dégrez en Sorbonne
, ni même à fe charger d'aucun Bé,
nefice.
Il fe livra donc par choix & par gout
l'Etude de la Théologie la plus profon
de , où négligeant de fuivre les fentiers
communs de l'Ecole , il fe jetta d'abord
dans la connoiffance des Langues Orien
tales , qui lui fût fi utile dans la fuite.
L'Emploi de premier Medecin , que
fon pere exerçoit auprès de Monfeigneur,
le produifit de bonne heure à la Cour, où
il acquit une politeffe & des manieres
aifécs , qui accompagnent rarement les
études férieufes. M. le Duc de Montaufier
, & M. Boffuet lui accorderent leur
eftime dès qu'ils le connurent. M. Colbert,
M.de Seignelay & M.de Croiffy l'honorerent
d'une amitié finguliere. Le Prince
de Condé , & les deux Princes de Conti ,
fes neveux , lui donnerent leur confiance,
& l'admirent à leur familiarité. Le Roy,
même trouva bon que fes Miniftres lui
Fiiij com
2456 MERCURE DE FRANCE
communicaffent certaines affaires , & luf
fent fes Mémoires au Confeil.
En 1689. l'Academie Françoiſe le choifit
pour y remplacer Monfieur Doujat, &
deux ans après , c'est- à- dire en 1691. il fue
reçu à l'Academie des Infcriptions , à la
place de M. Quinault , mort dès l'an
1688.
En 1700. il accompagna à Rome M. le
Cardinal de Noailles , & entra avec lui
dans le Conclave . Clement XI . qui y fur
élu , prévenu depuis long-temps fur fon
mérite , lui donna dès les premiers jours
de fon Pontificat , des marques publiques
de fa confidération : Il l'engagea à refter
à Rome , fept ou huit mois encore après
le départ du Cardinal . Outre les Audiances
réglées qu'il avoit au Palais , Sa Sainteté
ordonna qu'il y fut admis toutes les
fois qu'il le préfenteroit , grace des plus
diftinguées , & qui n'avoit encore été accordée
à aucun François . Il lui donna pendant
fon féjour à Rome un Prieuré en
Bretagne , que l'Abbé Renaudot eut de
la peine à accepter , s'en deffendant fur le
plan de vie qu'il avoit pris. Mais l'empreffement
du Pape , la modicité du revenu
& l'efpece d'ordre qu'il reçut de la
part du Cardinal de Noailles , furmonte--
rent fa délicateffe fur l'acceptation de ce
Benefice.
Lorf
NOVEMBRE . 1730. 2457-
Lorfqu'il fut parti de Rome , le Grand
Duc ayant fçû qu'il prenoit la route de
Florence , envoya fort loin au-devant de
lui , le retint dans fon Palais un mois entier
, pendant lequel il fut reçu à l'Academie
de la Crufca , & après l'avoir char
gé de riches prefents de Litterature , il lui
donna des Félouques pour le ramener à
Marſeille.
4. L'Académie des Infcriptions avoit
éprouvé un grand changement en fon
abfence. Quand il partit, elle n'étoit com--
pofée que de huit perfonnes , dont les
conferences ne demandoient prefque aucune
préparation . A fon retour il trouva
ce nombre augmenté jufqu'à quarante
par le Reglement de 1701. qui donnoit
d'ailleurs une face toute nouvelle aux
exercices de l'Académie. Il fut un des
Anciens qui accepta le plus volontiers la
reforme , & un des plus exacts à en remplir
dans la fuire les devoirs , comme il
paroît par les Mémoires qu'il compoſa
jufqu'à l'année 1711. où il demanda le
Titre de Veteran , pour ne plus s'occuper,,
du moins effentiellement , que des ma
tieres de la Religion ..
Il mourut le Septembre 1720. épuifé
par de violens accès de colique & de fiévre
, qu'il avoit méprifez & même cachez
dans Fy
2458 MERCURE DE FRANCE
dans les commencemens. Il avoit alors
foixante & quatorze ans .
Il étoit d'un jugement net & folide, ſa
critique étoit sûre , exacte & d'un tour
aifé , & naturel , quoique méthodique &
preffante. L'aufterité de fes moeurs , loin
de le fequeftrer de la fociété civile , ne
fervoit qu'à le rendre plus cher & plus
défiré dans celle des gens capables & vertueux.
Il ne fe défendoit pas d'y être le
fléau des Efprits forts , des Eſprits vains ›
& des hypocrites , parce qu'il croyoit
qu'il étoit du bien public de les démafquer;
& perfonne n'étoit plus heureux à
leur appliquer, à chacun dans fon efpece,
ces qualifications , qui peignent les caracteres
d'après nature. Dans le commerce
de l'amitié,il étoit d'une tendreffe & d'une
fidelité à toute épreuve.
Sa piété marquée dans tous fes Ou
vrages , l'étoit encore bien plus dans fa
conduite. Il avoit d'abord eu un appar
tement à S. Denys , & puis à S. Germain
dés Prez , où fuivant les faifons , il ſe retiroit
le Samedy & la veille des grandes
Fêtes ,,
pour y affifter avec les Religieux
aux Offices du jour & de la nuit . Tous
les mois on diftribuoit chez lui des aumônes
confiderables, & perfonellement il ne
refufoit jamais un pauvre, ni ne le laiſſoir
aller fans lui avoir donné ces inftructions
&
NOVEMBRE . 1730. 2455
& ces avis , que les malheureux ne reçoivent
bien que de ceux qui foulagent leur
mifere.
Il a laiffe aux Benedictins de l'Abbaye
de S. Germain des Prez fa Biblioteque
qui étoit de 8 à 9000 volumes , avec les
Ouvrages manufcrits , dont le nombre
paffe de beaucoup celui des imprimez.
Nous venvoyons au mois prochain le Ca-.
talogue de fes Ouvrages , & c.
Fermer
Résumé : Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes illustres &c. [titre d'après la table]
Le texte présente les 'Mémoires pour servir à l'Histoire des Hommes Illustres dans la République des Lettres', un ouvrage de 405 pages publié à Paris en 1730. Cet ouvrage liste 34 savants, dont Eufebe Renaudot est particulièrement mis en avant. Né à Paris le 20 juillet 1646, Renaudot était l'aîné de quatorze enfants. Son père, médecin du Dauphin, mourut en 1679. Renaudot entra au Collège des Jésuites à onze ans, puis au Collège d'Harcourt pour étudier la philosophie. Il se distingua par des thèses en grec et en latin. Renaudot choisit la vie ecclésiastique sans entrer dans les ordres ni prendre de bénéfices. Il se consacra à l'étude approfondie de la théologie et des langues orientales. Grâce à son père, il fréquenta la cour et acquit une politesse rare. Il fut estimé par des personnalités comme le Duc de Montausier, Bossuet, Colbert, et le Roi, qui lui confia certaines affaires. En 1689, il fut élu à l'Académie Française et en 1691 à l'Académie des Inscriptions. En 1700, Renaudot accompagna le Cardinal de Noailles à Rome et fut reçu en audience par le Pape Clément XI. Il reçut un prieuré en Bretagne et fut retenu par le Grand-Duc de Toscane à Florence. À son retour, il trouva l'Académie des Inscriptions réformée et augmentée. Renaudot accepta les réformes et continua ses travaux jusqu'en 1711. Il mourut en septembre 1720 à l'âge de soixante-quatorze ans, après avoir souffert de violentes coliques et fièvres. Renaudot était connu pour son jugement solide et sa critique précise. Sa piété et sa générosité étaient marquées par des aumônes régulières et des instructions aux pauvres. Il légua sa bibliothèque de 8 000 à 9 000 volumes aux Bénédictins de l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Généré par Mistral AI et susceptible de contenir des erreurs.
Fermer