Titre
SECONDE LETTRE écrite de Châlons en Champagne, à M. *** au sujet des Peintres Flamands, &c.
Titre d'après la table
Seconde Lettre au sujet des Peintres Flamands,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
1505
Page de début dans la numérisation
48
Page de fin
1513
Page de fin dans la numérisation
56
Incipit
Vos reproches sont justes, Monsieur, et il est de mon interêt de vous
Texte
SECONDE LETTRE écrite de
Châlons en Champagne , à M. *** au 、
sujet des Peintres Flamands , &c .
V
Os reproches sont justes , Monsieur,
et il est de mon interêt de vous
répondre au sujet des Peintres de PEcole
Flamande dont j'ai parlé dans ma
Lettre inserée dans le Mercure du mois
de Mars dernier . Toutes mes inclinations,
dites - vous , semblent se renfermer dans
l'Ecole Flamande , et vous m'appliquez
ce Vers de Virgile :
Non omnes Arbusta juvant humilesque myrica
1506 MERCURE DE FRANCE
Je conviens avec vous , Monsieur , que
tous les Curieux ne sont pas du même
goût ; tous ne se contentent pas du naturel
, du simple , du naïf et du champêtre
; il leur faut du grand , du pathétique
, du sublime , de l'extraordinaire , et
la Nature toute seule ne fait presque jamais
uniquement l'objet de leur admiration
, que lorsqu'elle se présente dans ce
point de vue dans lequel les Grecs autrefois
et de nos jours les Italiens et les
François , ont eu l'art de la répresenter.
Le détail suivant suffira , je crois , pour
vous guérir de toute prévention pour
les Flamands ; et pour vous convaincre que
les Italiens et les François ont sçû trouver
dans mon estime la place qu'ils méritent.
Peut être même dois-je cette explication
au Public , aussi- bien quà vous,
pour être plus exact au sujet du Cabinet
de M. Dargenville , et justifier son goût ,
qu'on pourroit supposer , comme vous
avez fait du mien , de pancher trop pour
l'Ecole Flamande. C'est le Curieux de
tous les Pays, l'Amateur de tous les Arts ;
ses momens les plus chéris sont ceux que
des occupations plus sérieuses lui permettent
de donner au Dessein ,età la Peinture
; il sçait partager cet amour avec
tant de justesse entre les Ecoles qui ont
conJUILLET.
1733. 1507
contribué à faire fleurir les Arts , qu'on
ne peut point l'accuser de cette partialité
qui caractérise plutôt un homme préyenu
, qu'un vrai connoisseur. On ne
< voit en effet chez plusieurs Amateurs
que des Desseins et des Tableaux d'une
espece ; ils épousent , pour ainsi dire , une
Ecole et ils consacrent leur passion à ce
qu'elle a mis au jour , quelquefois au préjudice
de ce que toutes les autres ont produit.
Vous me dites si agréablement dans
votre Lettre , Monsieur , et ce sont vos
propres termes :» Vous vous êtes assez
promené dans les Paysages du Breughel,
» vous avez suffisamment pris part aux
»Scenes divertissantes de Teniers , de
» Brauver et de Van- Ostade , enfin vous
» avez assez rêvé dans les Antres sauvages
>> et au bord des Fontaines avec les Ber-
" gers de Bloemart et de Berghem ; il
faut que vous passiez des Grottes que
» la main de la Nature a creusées dans les
» Montagnes , dans les Temples dont la
» belle Architecture a décoré les céle-
»bres Villes de Rome , de Florence , de
»Venise , de Naples , de Genes et de Pa
> ris. Vous devez у considerer ce que la
>> Peinture et la Sculpture y ont fait de
plus beau , soit pour l'ornement des
>> voutes , soit pour la décoration des Au-
» tels
>>
1508 MERCURE DE FRANCE
» tels. Sortez des Cabanes et des Chau-
>> imines enfumées ; transportez - vous dans
» les Palais des Rois , dans les Hôtels des
» Grands , dans les Edifices publics , dans
» les Cabinets des Particuliers , et racontez-
>> nous ce que le Pinceau , le ciseau , la plume;
» le crayon et le burin ont produit , soit
» pour conserver la memoire des princi-
» paux évenemens de l'Antiquité sacrée
» et profane , pour donner un nouveau
» jour à l'Histoire , pour ajouter un nou-
» veau lustre à la vertu héroïque ; soit
» enfin pour faire les délices des yeux et
» pour relever les charmes de la Poësie.
»par les agrémens de la Peinture , & c.
Vous serez fatisfait , Monsieur , et
nous allons faire ensemble le voyage
d'Italie , en présentant à vos yeux ce que
la Collection de M Dargenville a de plus
favorable , pour faire voir que les grands
Maîtres d'Italie et de France dans leur
génie , leur goût , le tour d'imagination,
l'expression , la correction , et les grandes
ordonnances surpassent infiniment les
Flamands , qui n'ont de leur côté que la
couleur et le vrai en partage.
Trois cent desseins de l'Ecole Romaine
, depuis Raphaël jusqu'à Carlomarati
& ses Disciples , donnent l'idée la plus
juste de la correction et de la précifion
des
JUILLET. 1733. 1509
des contours dans ceux qui font arrêtez;
Cl ceux qui ne sont que l'effet du, premier
feu de l'imagination , secondée par une
main libre sure et legere , offrent ces
de traits hardis , ces touches fieres et spirituelles,
qui caracterisent l'impétuosité du
ezegenie ; et les uns et les autres contribuent
à faire sentir qu'elle a été la naissance
, le progrès et la perfection des plus
grands morceaux de Peinture .
On peut remarquer dans ces précieux
a restes des études des Peintres celebres , la
fécondité , la rapidité , l'exactitude , et là
netteté avec laquelle ils ont mis leurs idées
dau jour. La verité qu'ils ont donnée aux
airs de têtes , les contrastes qu'ils ont
cherchés dans les atitudes, les belles formes
equ'ils ont choisies , les graces qu'ils ont
étudiées , et les caprices ingénieux et les
bizareries élégantes dont ils se sont servis
pour reveiller l'attention du Spectateur ,
et pour jetter du vif et du piquant dans
leurs Tableaux .
Ici l'on aime la sagesse de la composition
de Raphaël ; là Jule Romain éton .
ae par les saillies de son imagination ,
l'un charme par la douce majesté de ses
figures , l'autre surprend par l'air impoant
qu'il donne aux siennes. Le premier
ffre dans ses Tableaux le sublime de
la
1510 MERCURE DE FRANCE
1
la Poësie ; le second en exprime le merveilleux,
la fureur et l'entousiasme . Leurs
Disciples se sont efforcez à l'envi de
les imiter , et dans les caracteres de douceur
ou de fierté qu'ils font sentir dans leurs
Desseins , on reconnoît lequel des deux en
particulier ils ont choisi pour modele.
Quel plaisir n'a - t'on pas d'éprouver en
quelque sorte l'impression du génie terrible
de Michel Ange , dans les Desseins de
sa main, que l'on voit à la tête de l'Ecole
Florentine ; la collection en monte à 200
pieces , dont les dernieres sont reconnues
pour être de Benedette Lutti , le plus habile
homme que cette Ecole ait produit
de nos jours vous sçavez , Monsieur ,
combien les Poëtes Toscans se sont rendus
recommandables par le beau feu de
leur imagination , l'agrément et la pureté
de leur stile. Les Peintres de cetre Nation
se sont distinguez par des qualitez
semblables ; j'en appelle à témoin les Ouvrages
du Rosso , d'André del Sarté , du
Pontorme , de Salviati , Procacini , Prietro,
de Cortone , Cyroferri , Tempeste , Stephano
della Bella , également celebres du côté des
riches inventions et des traits hardis et gracieux
sur lesquels ils ont sçû les produire.
L'Ecole Lombarde , depuis le Correge
jusqu'à Daniel Crespi , dit l'Espagnol ,
qui
JUILLET.. 1733. 1511.
*
qui est encore vivant , compose deux
gros volumes in folio , d'environ 390.
Desseins. Le nom du Correge ne vous présente-
t'il pas l'idée d'un homme qui doit
plus qu'un autre à la faveur particuliere
du genie ? et dont les Desseins portent le
caractere des graces dont personne n'a été
autant doué que lui ? excepté neanmoins le
Parmesan et le Baroche . Les Carache, le Guide
, le Dominiquain , le Lanfranc , le Guerchin
, ornent infiniment cette Ecole.
L'Ecole Venitienne , qui s'étend depuis
les Bellins jusqu'à Sebastien Ricci
encore vivant, offre environ 200. Desseins
dans un volume , où ceux de Paul Veronese
et duTintoret,brillent et par leur nombre et -
par leur choix . Vous sentez , M. combien
cet article est interessant , puisque
rien n'a été plus abondant que le génie ,
plus magnifique que l'ordonnance , et
plus fier que l'execution de ces Maîtres ,
dont les Tableaux surprenants font le
principal ornement des Eglises et des Palais
de Venise.
La cinquiéme Ecole est subdivisée en
trois autres , qui sont , l'Ecole Napolitaine
, la Genoise et celle de Luques . Cette
collection comprend environ 200. pieces,
entre lesquelles plusieurs grandes ordonnances
du Cangiage , se font remarquer
par
1512 MERCURE DE FRANCE
par la singularité de sa maniere. On y
voit aussi de beaux Morceaux de Salvator
Rosa , de Lucas fordans et de Solimene ;
Ensorte que l'Ecole d'Italie en general , en
y ajoûtant les Desseins de l'Ecole des Caraches
, est composée de 1500. Desseins.
L'Ecole Françoise , suivie depuis deux
cens ans sans interruption , est composée
de six volumes in folio , et comprend
près de 1000. Desseins choisis ; elle commence
à Freminet et à Jean Cousin , et
offrant des Ouvrages de Vouet , de Blanchan,
du Poussin , du Bourdon , de le Sueur,
de le Brun et autres , elle passe jusqu'aux
habiles Modernes actuellement vivans.
Les trois volumes de l'Ecole Flamande
dont je vous ai tant parlé précédemment ,
contiennent près de six cent Desseins , et
l'Ecole Allemande et Hollandoise , environ
400 ; de maniere qu'avec un vòlume
de Desseins d'après Nature , un autre
de Desseins à la plume , et un troisiéme
de Desseins d'Architecture ; la collection
de M. Dargenville , monte à 4000. Desseins
originaux et choisis , qu'il a apportés
de ses voyages et qu'il fait venir tous
les jours des Pays Etrangers.
4
Je ne vous dis rien de ses Tableaux
de ses Livres , de 100. volumes d'Estam-
>
pes choisies des meilleurs Maîtres , d'une
TopoJUILLET.
1733. 1513
Topographie très - ample,d'une collection
de Pierres , de Coquilles rares , de Mineraux
et d'autres Morceaux concernant
l'Histoire Naturelle .
•
Si je n'avois pas tant de preuves de
votre attachement à cette partie de l'Histoire
de l'Esprit humain , qui sert en particulier
à prouver l'ascendant du génie
la force de l'imagination , et les differens
caracteres que lui imprime la varieté des
climats , des préjugez des moeurs , et de
tout ce que M. l'Abbé du Bos entend
par Causes Phisiques et Causes Morales
je vous prierois de me pardonner un si
long détail. Mais je suis persuadé que
tout dépourvû qu'il est des graces du
stile , il vous fera quelque plaisir. Je
suis , & c.
Châlons en Champagne , à M. *** au 、
sujet des Peintres Flamands , &c .
V
Os reproches sont justes , Monsieur,
et il est de mon interêt de vous
répondre au sujet des Peintres de PEcole
Flamande dont j'ai parlé dans ma
Lettre inserée dans le Mercure du mois
de Mars dernier . Toutes mes inclinations,
dites - vous , semblent se renfermer dans
l'Ecole Flamande , et vous m'appliquez
ce Vers de Virgile :
Non omnes Arbusta juvant humilesque myrica
1506 MERCURE DE FRANCE
Je conviens avec vous , Monsieur , que
tous les Curieux ne sont pas du même
goût ; tous ne se contentent pas du naturel
, du simple , du naïf et du champêtre
; il leur faut du grand , du pathétique
, du sublime , de l'extraordinaire , et
la Nature toute seule ne fait presque jamais
uniquement l'objet de leur admiration
, que lorsqu'elle se présente dans ce
point de vue dans lequel les Grecs autrefois
et de nos jours les Italiens et les
François , ont eu l'art de la répresenter.
Le détail suivant suffira , je crois , pour
vous guérir de toute prévention pour
les Flamands ; et pour vous convaincre que
les Italiens et les François ont sçû trouver
dans mon estime la place qu'ils méritent.
Peut être même dois-je cette explication
au Public , aussi- bien quà vous,
pour être plus exact au sujet du Cabinet
de M. Dargenville , et justifier son goût ,
qu'on pourroit supposer , comme vous
avez fait du mien , de pancher trop pour
l'Ecole Flamande. C'est le Curieux de
tous les Pays, l'Amateur de tous les Arts ;
ses momens les plus chéris sont ceux que
des occupations plus sérieuses lui permettent
de donner au Dessein ,età la Peinture
; il sçait partager cet amour avec
tant de justesse entre les Ecoles qui ont
conJUILLET.
1733. 1507
contribué à faire fleurir les Arts , qu'on
ne peut point l'accuser de cette partialité
qui caractérise plutôt un homme préyenu
, qu'un vrai connoisseur. On ne
< voit en effet chez plusieurs Amateurs
que des Desseins et des Tableaux d'une
espece ; ils épousent , pour ainsi dire , une
Ecole et ils consacrent leur passion à ce
qu'elle a mis au jour , quelquefois au préjudice
de ce que toutes les autres ont produit.
Vous me dites si agréablement dans
votre Lettre , Monsieur , et ce sont vos
propres termes :» Vous vous êtes assez
promené dans les Paysages du Breughel,
» vous avez suffisamment pris part aux
»Scenes divertissantes de Teniers , de
» Brauver et de Van- Ostade , enfin vous
» avez assez rêvé dans les Antres sauvages
>> et au bord des Fontaines avec les Ber-
" gers de Bloemart et de Berghem ; il
faut que vous passiez des Grottes que
» la main de la Nature a creusées dans les
» Montagnes , dans les Temples dont la
» belle Architecture a décoré les céle-
»bres Villes de Rome , de Florence , de
»Venise , de Naples , de Genes et de Pa
> ris. Vous devez у considerer ce que la
>> Peinture et la Sculpture y ont fait de
plus beau , soit pour l'ornement des
>> voutes , soit pour la décoration des Au-
» tels
>>
1508 MERCURE DE FRANCE
» tels. Sortez des Cabanes et des Chau-
>> imines enfumées ; transportez - vous dans
» les Palais des Rois , dans les Hôtels des
» Grands , dans les Edifices publics , dans
» les Cabinets des Particuliers , et racontez-
>> nous ce que le Pinceau , le ciseau , la plume;
» le crayon et le burin ont produit , soit
» pour conserver la memoire des princi-
» paux évenemens de l'Antiquité sacrée
» et profane , pour donner un nouveau
» jour à l'Histoire , pour ajouter un nou-
» veau lustre à la vertu héroïque ; soit
» enfin pour faire les délices des yeux et
» pour relever les charmes de la Poësie.
»par les agrémens de la Peinture , & c.
Vous serez fatisfait , Monsieur , et
nous allons faire ensemble le voyage
d'Italie , en présentant à vos yeux ce que
la Collection de M Dargenville a de plus
favorable , pour faire voir que les grands
Maîtres d'Italie et de France dans leur
génie , leur goût , le tour d'imagination,
l'expression , la correction , et les grandes
ordonnances surpassent infiniment les
Flamands , qui n'ont de leur côté que la
couleur et le vrai en partage.
Trois cent desseins de l'Ecole Romaine
, depuis Raphaël jusqu'à Carlomarati
& ses Disciples , donnent l'idée la plus
juste de la correction et de la précifion
des
JUILLET. 1733. 1509
des contours dans ceux qui font arrêtez;
Cl ceux qui ne sont que l'effet du, premier
feu de l'imagination , secondée par une
main libre sure et legere , offrent ces
de traits hardis , ces touches fieres et spirituelles,
qui caracterisent l'impétuosité du
ezegenie ; et les uns et les autres contribuent
à faire sentir qu'elle a été la naissance
, le progrès et la perfection des plus
grands morceaux de Peinture .
On peut remarquer dans ces précieux
a restes des études des Peintres celebres , la
fécondité , la rapidité , l'exactitude , et là
netteté avec laquelle ils ont mis leurs idées
dau jour. La verité qu'ils ont donnée aux
airs de têtes , les contrastes qu'ils ont
cherchés dans les atitudes, les belles formes
equ'ils ont choisies , les graces qu'ils ont
étudiées , et les caprices ingénieux et les
bizareries élégantes dont ils se sont servis
pour reveiller l'attention du Spectateur ,
et pour jetter du vif et du piquant dans
leurs Tableaux .
Ici l'on aime la sagesse de la composition
de Raphaël ; là Jule Romain éton .
ae par les saillies de son imagination ,
l'un charme par la douce majesté de ses
figures , l'autre surprend par l'air impoant
qu'il donne aux siennes. Le premier
ffre dans ses Tableaux le sublime de
la
1510 MERCURE DE FRANCE
1
la Poësie ; le second en exprime le merveilleux,
la fureur et l'entousiasme . Leurs
Disciples se sont efforcez à l'envi de
les imiter , et dans les caracteres de douceur
ou de fierté qu'ils font sentir dans leurs
Desseins , on reconnoît lequel des deux en
particulier ils ont choisi pour modele.
Quel plaisir n'a - t'on pas d'éprouver en
quelque sorte l'impression du génie terrible
de Michel Ange , dans les Desseins de
sa main, que l'on voit à la tête de l'Ecole
Florentine ; la collection en monte à 200
pieces , dont les dernieres sont reconnues
pour être de Benedette Lutti , le plus habile
homme que cette Ecole ait produit
de nos jours vous sçavez , Monsieur ,
combien les Poëtes Toscans se sont rendus
recommandables par le beau feu de
leur imagination , l'agrément et la pureté
de leur stile. Les Peintres de cetre Nation
se sont distinguez par des qualitez
semblables ; j'en appelle à témoin les Ouvrages
du Rosso , d'André del Sarté , du
Pontorme , de Salviati , Procacini , Prietro,
de Cortone , Cyroferri , Tempeste , Stephano
della Bella , également celebres du côté des
riches inventions et des traits hardis et gracieux
sur lesquels ils ont sçû les produire.
L'Ecole Lombarde , depuis le Correge
jusqu'à Daniel Crespi , dit l'Espagnol ,
qui
JUILLET.. 1733. 1511.
*
qui est encore vivant , compose deux
gros volumes in folio , d'environ 390.
Desseins. Le nom du Correge ne vous présente-
t'il pas l'idée d'un homme qui doit
plus qu'un autre à la faveur particuliere
du genie ? et dont les Desseins portent le
caractere des graces dont personne n'a été
autant doué que lui ? excepté neanmoins le
Parmesan et le Baroche . Les Carache, le Guide
, le Dominiquain , le Lanfranc , le Guerchin
, ornent infiniment cette Ecole.
L'Ecole Venitienne , qui s'étend depuis
les Bellins jusqu'à Sebastien Ricci
encore vivant, offre environ 200. Desseins
dans un volume , où ceux de Paul Veronese
et duTintoret,brillent et par leur nombre et -
par leur choix . Vous sentez , M. combien
cet article est interessant , puisque
rien n'a été plus abondant que le génie ,
plus magnifique que l'ordonnance , et
plus fier que l'execution de ces Maîtres ,
dont les Tableaux surprenants font le
principal ornement des Eglises et des Palais
de Venise.
La cinquiéme Ecole est subdivisée en
trois autres , qui sont , l'Ecole Napolitaine
, la Genoise et celle de Luques . Cette
collection comprend environ 200. pieces,
entre lesquelles plusieurs grandes ordonnances
du Cangiage , se font remarquer
par
1512 MERCURE DE FRANCE
par la singularité de sa maniere. On y
voit aussi de beaux Morceaux de Salvator
Rosa , de Lucas fordans et de Solimene ;
Ensorte que l'Ecole d'Italie en general , en
y ajoûtant les Desseins de l'Ecole des Caraches
, est composée de 1500. Desseins.
L'Ecole Françoise , suivie depuis deux
cens ans sans interruption , est composée
de six volumes in folio , et comprend
près de 1000. Desseins choisis ; elle commence
à Freminet et à Jean Cousin , et
offrant des Ouvrages de Vouet , de Blanchan,
du Poussin , du Bourdon , de le Sueur,
de le Brun et autres , elle passe jusqu'aux
habiles Modernes actuellement vivans.
Les trois volumes de l'Ecole Flamande
dont je vous ai tant parlé précédemment ,
contiennent près de six cent Desseins , et
l'Ecole Allemande et Hollandoise , environ
400 ; de maniere qu'avec un vòlume
de Desseins d'après Nature , un autre
de Desseins à la plume , et un troisiéme
de Desseins d'Architecture ; la collection
de M. Dargenville , monte à 4000. Desseins
originaux et choisis , qu'il a apportés
de ses voyages et qu'il fait venir tous
les jours des Pays Etrangers.
4
Je ne vous dis rien de ses Tableaux
de ses Livres , de 100. volumes d'Estam-
>
pes choisies des meilleurs Maîtres , d'une
TopoJUILLET.
1733. 1513
Topographie très - ample,d'une collection
de Pierres , de Coquilles rares , de Mineraux
et d'autres Morceaux concernant
l'Histoire Naturelle .
•
Si je n'avois pas tant de preuves de
votre attachement à cette partie de l'Histoire
de l'Esprit humain , qui sert en particulier
à prouver l'ascendant du génie
la force de l'imagination , et les differens
caracteres que lui imprime la varieté des
climats , des préjugez des moeurs , et de
tout ce que M. l'Abbé du Bos entend
par Causes Phisiques et Causes Morales
je vous prierois de me pardonner un si
long détail. Mais je suis persuadé que
tout dépourvû qu'il est des graces du
stile , il vous fera quelque plaisir. Je
suis , & c.
Lieu
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Mots clefs
Domaine
Constitue la suite d'un autre texte
Provient d'un lieu