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1
p. 147-149
LETTRE écrite à M. le Chevalier de Mouhy, de l'Académie des Belles-Lettres de Dijon ; par M. le Marquis d'Argens, Chambellan de Sa Majesté le Roi de Prusse.
Début :
J'ai été vivement mortifié, Monsieur, en apprenant le juste sujet que vous [...]
Mots clefs :
Académie des belles-lettres de Dijon, Lettres juives
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texteReconnaissance textuelle : LETTRE écrite à M. le Chevalier de Mouhy, de l'Académie des Belles-Lettres de Dijon ; par M. le Marquis d'Argens, Chambellan de Sa Majesté le Roi de Prusse.
LETTRE écrite à M. le Chevalier de
Mouhy , de l'Académie des Belles - Lettres
de Dijon ; par M. le Marquis d'Argens
Chambellan de Sa Majesté le Roi de
Pruffe.
J
'Ai été vivement mortifié , Monfieur ,
en apprenant le jufte fujet que vous
avez de vous plaindre de ce qui fe trouve
encore dans la nouvelle édition des
Lettres Juives dont vous me parlez . Je
vous jure , Monfieur , que je n'ai eu aucune
connoiffance de cette édition ; & elle
Gij
TS MERCURE DE FRANCE.
me furprend d'autant plus , que j'étois à la
veille d'en faire faire une par un Libraire
d'Amfterdam , qui a acheté le droit de copie
de cet ouvrage , & à qui cet accident
ne peut être que très- defavantageux . J'avois
réfolu de mettre à la tête de mon ouvrage
une préface que j'ai déja envoyée
en Hollande , dans laquelle je rends à votre
mérite perfonnel , à vos talens & à votre
politeffe la juftice que leur doit tout
homme équitable & éclairé. Mais comme
il pourroit arriver aujourd'hui que l'édition
d'Amfterdam fût retardée , & que je
fuis intéreffé encore plus que vous ne l'êtes
, que ma façon de penfer foit connue
du public , & qu'il fçache que la réflexion ,
un jugement plus mûr & la lecture de plufieurs
ouvrages très - ingénieux que vous
avez composés depuis quinze ans , m'ont
évidemment convaincu de la précipitation
& du peu de jufteffe de mon jugement ; je
vous prie , Monfieur , de vouloir communiquer
la lettre que j'ai l'honneur de vous
écrire , àM. l'Abbé Raynal , qui me fait la
grace de m'accorder fon amitié , & qui aura
la bonté de vouloir la faire inférer dans
le premier Mercure.
Je ne fçaurois vous exprimer , Monfieur ,
quel est mon chagrin . Je me rappelle fans:
celle que bien éloigné de fuivre la maxime:
DECEMBRE . 1754 149
des Auteurs qui cherchent à accabler d'injures
ceux qui ont ofé blâmer leurs ouvrages
, j'ai toujours trouvé en vous , Monfieur
, un défenfeur ; & dans le tems que
vous aviez à vous plaindre de moi , vous
ne vous en vengiez qu'en me rendant fervice
. Votre conduite , Monfieur , m'a plus
puni de mon impoliteffe que les réponfes
les plus piquantes , & elle m'a convaincu
que je ne pouvois trop dans toutes les
occafions vous donner des marques de mon
fincere attachement. Jugez donc de ma
douleur , lorsque j'ai vû que l'imprudence
de certains Libraires , en imprimant un
livre fans confulter l'Auteur , renouvelloit
une chofe que je voudrois mettre , s'il étoit
poffible , dans un éternel oubli .
J'ai l'honneur d'être , & c.
Le Marquis d'Argens.
A Poftdam, ces Octobre 1754.
Mouhy , de l'Académie des Belles - Lettres
de Dijon ; par M. le Marquis d'Argens
Chambellan de Sa Majesté le Roi de
Pruffe.
J
'Ai été vivement mortifié , Monfieur ,
en apprenant le jufte fujet que vous
avez de vous plaindre de ce qui fe trouve
encore dans la nouvelle édition des
Lettres Juives dont vous me parlez . Je
vous jure , Monfieur , que je n'ai eu aucune
connoiffance de cette édition ; & elle
Gij
TS MERCURE DE FRANCE.
me furprend d'autant plus , que j'étois à la
veille d'en faire faire une par un Libraire
d'Amfterdam , qui a acheté le droit de copie
de cet ouvrage , & à qui cet accident
ne peut être que très- defavantageux . J'avois
réfolu de mettre à la tête de mon ouvrage
une préface que j'ai déja envoyée
en Hollande , dans laquelle je rends à votre
mérite perfonnel , à vos talens & à votre
politeffe la juftice que leur doit tout
homme équitable & éclairé. Mais comme
il pourroit arriver aujourd'hui que l'édition
d'Amfterdam fût retardée , & que je
fuis intéreffé encore plus que vous ne l'êtes
, que ma façon de penfer foit connue
du public , & qu'il fçache que la réflexion ,
un jugement plus mûr & la lecture de plufieurs
ouvrages très - ingénieux que vous
avez composés depuis quinze ans , m'ont
évidemment convaincu de la précipitation
& du peu de jufteffe de mon jugement ; je
vous prie , Monfieur , de vouloir communiquer
la lettre que j'ai l'honneur de vous
écrire , àM. l'Abbé Raynal , qui me fait la
grace de m'accorder fon amitié , & qui aura
la bonté de vouloir la faire inférer dans
le premier Mercure.
Je ne fçaurois vous exprimer , Monfieur ,
quel est mon chagrin . Je me rappelle fans:
celle que bien éloigné de fuivre la maxime:
DECEMBRE . 1754 149
des Auteurs qui cherchent à accabler d'injures
ceux qui ont ofé blâmer leurs ouvrages
, j'ai toujours trouvé en vous , Monfieur
, un défenfeur ; & dans le tems que
vous aviez à vous plaindre de moi , vous
ne vous en vengiez qu'en me rendant fervice
. Votre conduite , Monfieur , m'a plus
puni de mon impoliteffe que les réponfes
les plus piquantes , & elle m'a convaincu
que je ne pouvois trop dans toutes les
occafions vous donner des marques de mon
fincere attachement. Jugez donc de ma
douleur , lorsque j'ai vû que l'imprudence
de certains Libraires , en imprimant un
livre fans confulter l'Auteur , renouvelloit
une chofe que je voudrois mettre , s'il étoit
poffible , dans un éternel oubli .
J'ai l'honneur d'être , & c.
Le Marquis d'Argens.
A Poftdam, ces Octobre 1754.
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Résumé : LETTRE écrite à M. le Chevalier de Mouhy, de l'Académie des Belles-Lettres de Dijon ; par M. le Marquis d'Argens, Chambellan de Sa Majesté le Roi de Prusse.
Le Marquis d'Argens écrit au Chevalier de Mouhy pour exprimer sa surprise et sa mortification après avoir découvert une nouvelle édition des 'Lettres Juives' contenant des éléments dont Mouhy se plaint. D'Argens affirme ignorer cette édition, alors qu'il préparait une nouvelle version via un libraire d'Amsterdam, incluant une préface pour rendre hommage au mérite, aux talents et à la politesse de Mouhy. Craignant que ses réflexions actuelles soient publiées, il demande à Mouhy de transmettre sa lettre à l'Abbé Raynal pour publication dans le Mercure de France. D'Argens admire la conduite de Mouhy, qui malgré les raisons de se plaindre, a toujours défendu d'Argens et lui a rendu service. Il condamne l'imprudence des libraires qui impriment sans consulter l'auteur, renouvelant une situation qu'il souhaiterait oublier.
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