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1687, 02
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DEDIE’ A Monseigneur.
“6$; ON donnera toujours un Volume»
nouveau du Mercure Galant le
premier jour de chaque Mois, & on
le vendra, Trente fols relié en Veall,
& Vingt-cinqfols en Parchemin.
(
A PARI S, ti
Chez G. DE LUYNE, au Palais, dans h
Salle des Merciers, àlajuftice.
4
Enla Boutique de la Veuve C.BLAGEART;
Court neuve du Palais, au DAUPHIN. | 0
ET. GIRARD, au Palais, dans la Grand
L
Salle, à l’Envie. Z
M. DC. LXXXVII. 6
EC PRIVILEGE DF R07, a
c
I
C 1 t
COmme les Fejees folemnelles
qui ont efiéfaites dans
toute lu Prance , pour marquer
sh lufoye que U guérifin du Ry
a caufée a tous les Peuples,
j/ ont ypour ainfîdire ^efié jufqua
ïinfiny fil a efté impoffble de
les faire entrer toutes dans trois
ou quatre Volumes
3
€) on, l'a pu
d autant moins 5 qu ilarme en^^
core tous lesjours des Mémoires
des Provinces les plus éloignées^
ainfi l on efi obligé de différerpuff
a.1).
AVIS.
qu’au mois prochain à donner h c
refie de ces fiâmes réjoüiflances. fi ilnefieroitpas jufte que lavenir n
rien trouvafique la moitiédam s‘
rHiftoire journalière que venih
ferment les Mercures 3 & Ion da
auroit lieu de croire qu il ny
roit quune partie de la France
quifeferoit impofie ce pieux de^p
voir, quoy que le ze le ardentch
de l'autre naît pas paru avectâ
moins d'éclat. Quelques
- uns aui
croyent que parce que l'on ne^
prie plus , on doit cefier de direct
quon a prié. Mais ces raifins^u
nefiont pointpour un Hifiorien,
( es puis quon en trouve qui ne
AVIS.
le commencentaujourdihuy des Hi-
25. foires de ce qui s efi pafe il ‘ll mille y a ans , onpeut donner ce qui
75 s eft pafé ily a un mois. D'aiF ” leurs, outre lajuflice quon ren^
)n draa ceux qui ont fait éclater
t-hur %ele pour le Roy , 8 qui
iauraient fajet de fe plaindre on ne parloit point d'eux, tchacun ne peut efperer
que du
^plaifir en apprenant ce que les
S autresontfait,)puis
que lapluf
art de ces Fefies ont efléGagnées accom- de ftperbes
ornement ^rur dembedifèment des Egli
ses
, dont on ne s efloit point
i ncoreawiféen France, 6 quun
A V I S.
zele de rendreplus d'honneur dl
Dieu, @ de prier pour le Royy
avec plus de pompe, a fait im^
tenter. Les réjoüijfances qui ont^
efiéfaites aufinir des Eglifes, g
font encore une purtie de ces Fe^
fies. On achèvera le mois prc a
chain de donner tout ce
détaif
Onyferaentrerce quiilya encor c
à dire’de Paris du refie de^
France,0 1 on
ménagera lesM
fis dunemaniéré.quele Mercfi
ne
laijfera pas d efire remply de
Nouvelles ordinaires. On aur^
fait desfécondes Parties de tel
tes ces
Fefies ,
mais on n a.fi
voulu en
charger le Publieyp
s,
I
aîcs- quatre Volumes que ton:
dotent de luy donner de l Am-
^afiade de Siam, quoy que ces
MquatreVolumesfientdune très-
^grande utilité, puis quils ap-
Eprennent à connoifire ce quil y
r0 a deplus beau €) deplus curieux:
ii\
€n France , dont on na^voit en-
0i cote fait qu ébaucher la déferle
?
^tion,.
Extra't du Privilège du Roy.
Ar Grâce & Privilège du Roy, donné à
Chaville, le 18. Juillet 1683. Signé, Par :
le Roy en Ton Confeil
,
JuNQUIERES. Il cil ;
permis au Sieur DANNEAU , Ecuyer, Sieur p
Devizé, de continuer de faire imprimer, vendre
& débiter le Livre intitulé, MERCURE
GALANT, contenant plufieurs Relations;
Hiftoires
, & généralement tout ce qui dé
pend dudit Livre , par tel imprimeur qu’il
voudra choifir; Etdefenfes font faites à tous
Imprimeurs & Libraires, & tous autres,, de
faire imprimer,vendre & debiter ledit Livre,,
ny graver aucunes Planches fervant à l’orne-
,
ment d'iceluy
, ny mcCme de le donner à 3
lire,. pendant le temps & efface de dix années 3
entières
,
le tout à peine de fix mille livres
d’amende contre les Contrevenans, ainfi que
plus au long il est porté efditcs Lettres. . d
Regiftré fur le Livre de la Communauté, fa
aux charges & conditions portées, le 14.
Septembre 1683. Signé, ANGOT, Syndic. Du
Ledit Sieur Devize* a cédé fon droit da Tl
préfent Privilège à C. Blageart, Imprimeur-
Libraire, pour en jouir fuivant l’accord fais
entr'eux.
il
é LEVRIER 1^7.
' K) Uoy que le Roy,
s I ‘ comblé des faveurs
e
sr. du Ciel & fatisfair
de tout ce que les peuples ont

fait d’extraordinaire
, tant
pour demander à Dieu là guéi
rison
, que pour l’en remer-
Eévrier 1687. A
2 MERCURE
cier , ait marqué il y a w { mois qu’il fouhaitoit qu'or
a arreftait les effets d’un f
{ grand zele qu’il voyoits'aug
(
menter de jour en jour, 8
1
qu’aprés un Mandement d(
M l'Archevefque i de Pari
< donné fur ce fujec, les Egli j
fes n’ayentplus efté décorées 1
& remplies que pour quel
c
ques fuperbes Feftcs, dont h p
permiflion avoit efté accore
dée avant ce judicieux Man q
dément, je ne puis fi
-
tolli
cefler de vous entretenir dir
ces faintes réjoiiflances. Ellefe
ont efté faites en tant d'en
ul droits dans un mefme temps,
on & avec une fi fervente rapif
dite, que depuis quelles ont
18 commencé, les jours n’ont
8 pas efté affez
di permettre d’
longs pour me
écrire I tout ce qui s’y eft paflé; de forte que
je ne pourray vous parler ce
es mois-cy que d’une partie de
e
ce qui me relie à vous en ap- 1 prendre. Mais fi je n’ay pu 2 encore achever de vousmarinquer
la ferveur des Particu-
Olliers fur cet Article ,jay du Cinoins caché à diverfes repri- Hfes de vous faire une peinture " generale de ce Peuple pleu4
MERCURE
rant & priant aux pieds des ]
Aucels, lors qu’il eltoit acca. *
blé de douleur, & de crainte, 1
& rendant,aprés eftre revenu •
de fa frayeur, des grâces folemnellesauCiel
pardesCan- 1
tiques d'allegrefe, chantez a. ‘
vec tout ce que la Mufique 1
a de plus touchant & de plus ]
beau, comme s’il euft cher- 1
ché par cette fainte mélodie )
à rendre fes remerciemens 4
plus agréables à Dieu
,
& H
faire voir à toute la Terre, 1
par l’ingenieux travail &par 1
la pompe des diverfes déco- ]
rayons, qu’il n’épargnoit rien 1
es pour lai fier à la pofterité d’é-
1. clatantes marques de la fine
cerité de fon zele. Après vous
u avoir fait plufieurs de ces
l Peintures, & leur avoir donn.
né, non pas toute la vivacité
1.
qu’ellesdevroient avoir^mais
ie toute celle dont j’ay elle ca-
1s
pable , je dois aujourd'huiy
r. vous reprefenter ce melme
ie
Peuple au milieu des épan-
1s
chemens de jove, s’il m’eft
J permis de parler ainfi , que
;
luy caufe la prefence de ion
u Prince. Il a prié , il a fou pire
). pour luy, & il l’a fait d’une
n manière fi tendre , que les
Siècles paffez ne nous four-
1 nifent rien de pareil dans des
< occalions de cette nature, [ Doit-on s‘étonner aprés cela,
( fi tout remply par avance du
1 plaifir dont la veuë eftoit fur
< le point de le combler, il n’a ]
plus garde' de mefures dans fes
1 tranfports, & fi on l’a veu i
courir au devant de ce Mo. é
narque, & fe trouver enfuite
4 dans tous les lieux de ion paf
1
fage
j
n'efant pas fatisfait de
i
ne le voir qu’une fois & feu-
1 lement en paffant, mais ef-
1
tant toujours en mouvement, i
pour fe rencontrer en un mêGALANT.
7
r nie jour dans tous les endroits
es qu’il devoit honorer de fa
e,
prefence?Quelquefurprenans
a, que foient les appreits d'ulu
ne Fefte toute magnifique, &
ir quelque vafte matière qu el-
’a le offre à ceux qui en entre,
es prennent la defcription, c'elt
u moins au fuperbe appareil 5
). au bon ordre , & aux mets

e délicats qu’ils fe doivent at- f tacher dans une occasion pae
reille à celle cy, qu’à faire
L un Tableau naturel, & bien
f reflemblant de l'allegrefe put,
blique, & à bien peindre les
- vifs tranfports du tendre &
A iiij
8 MERCURE
ardent amour des Peuples,
l’excés des bontez du Souar
verain. J’ay cherché à m'encé
inftruire avec tant de foin il
& j’ay apporté tant d'exacti.co
tude à bien remarquer cesii
differens mouvemens , quep:
j’ay lieu de croire que mato
Relation vous paroiftra nou-cc
velle par un grand nombre^
de ces endroits, que ceux quio
ont traité la melme matiere,‘e
n’ont point touchez, de for-k
te que ion pourra dire en lae
lifant
, que fi les coeurs dek
tout le peuple de Paris n'a.la
voient pas cité veritablementk
GALANT. 9
penetrez d’un fincere & fort
amour pour le Roy , ce Prin-
Ice leur auroit infpiré des fenimens
qui auroient beaucoup
approche' de l'adorastion;&
que fi le Roy n'avoit
epas eu pour des Sujets fi zelez
atoute la tendrefle, & toute la
-confiance que l’exces de fa
éhonté leur fit paroiftre ce
iour-là , il n’auroit pu fe dé-
,endre d’aimer un Peuple
dont il fe feroit connu fi forlement&
fi tendrement aime,
ekdont toute l'ame lu y parut
dans les yeux, fur les lévres,
tkdans tous les mouvemens
IO MERCORE
qui luy furent infpirez PA
fon exceflive joye. la
Quoyque leRoy euft déja rPt
mercié Dieu du parfait rétau
bliflement de fa Santé, & qupr
s‘acquita( encore chaqul
jour de ce devoir par de bott
nes oeuvres & par des prierez
Sa Majefté rélolut d’en rer
dre encore publiquement déi
nouvelles actions de gracav
dans l'Eglife Cathédrale OEa
Paris, en venant entendre IV
Melle à la Chapelle de In
Vierge e , Protectrice de fo
Royaume
,
& d’aller enfuitor
dilner à l'Hoftel de Villqu
GALANT. n
pAinfil’on peut dire que dans
la principaleEglife deParis,ce
rPrince a remercie' toutes les
tautres qui avoient ouvert les
uprieres pour le parfait rétabliflement
de la Santé', avant
que les Peuples euffent comemencé
à faire prier ; que fa
errefence à l’Hoftel de Ville a
témoigné la fatisfaction qu'il
cavoit de tous les Habitans de
daris qui avoient fait prier
ivecun zete qui n'avoir point
l|ncore eu d’exemple^ qu’en
gênant dans la Capitale de
ion Royaume pour luy marquer
à quel point il en eltoit
12 MERCURE
fatisfait, il faifoit connoil,
combien il eftoit content C
toutes les autres Villes qui
ne pouvoit honorer de Fc
prefence. h
Comme on n’avoir poier
demande'au Roy qu’il vinfu
Paris , & qu’on nauroitoL
le prier de difner à l'Holi
de Ville, ce mouvement fk
un effet des bontez de vo
Monarque. Lors qu’il euti
folu ce qu’il avoir deflein:h
faire dans cette memorabal
journée qui rendra les Archr
ves de la Ville recomma ij
dables à la pofterite , il dova
"ha ordre à M‘ le Pelletier
Contrôleur General, défaire
"dire
a MF le Prefident de
2 Fourcy , Prevoft des Mar
chands, qu’il avoir à lu y par-
)L er. M'le Pelletier luy écrivit
ifi uffi tof
,
de fe rendre à Ver-
0 ailles le matin du 26 de Jan-
"vier qui eftoit un Dimanche,
&le jour que Sa Majefté aloir
marqué. ME de Fourcy
i ftant arrivé dés le matin,alla
1 thez Mr le Contrôleur Genequi
luy dit
,
quil appren-
"iroit de la bouche du Roy
}
le
•^jet pour lequel on tapait
blindé, @ qu il efloit fiur que
14 MERCURE
la ebofe ne luy feroitpas def^
greable. Ce Prefident fe reM
dit enfuite au lever de Sa Mm
jefté , & le Roy l’ayant aM
perçu au travers de la foule
qui l’environne ordinaire?
ment à ces heures-là. Sa Maa
jefté le fit entrer dans fo
Cabinet , & luy dir qu'El
iroit le Jeudy fuivant entef4
dre la Mefle à Noltre-Damf
& de là difer à l'Hoftel r
Ville ; qu’il luy fift prepar#)
une Table de vingt cin"f
Couverts , & deux ou tro 0
autres de quinze à vin"
Couverts pour les Seigneul'
GALANT. 15
ede la Cour. ME le Prevof des
Marchands luy ayant de-
Amandé de quelle manière Sa
aMajefté vouloir eftre fervie , je Roy luy répondit , que ce
$Ÿpit comme il voudrait, @
Mila^oït une telle confiance en
^iperjonne , aux Officiers de la
[fille, €) a tous les Habitant,
equ ilmangeroit tout ce qu on luy
1
croit âprefier. Avoüez , Ma-
(
lame , qu’on ne peut rien
rjoûter aux manières honpelles
& obligeantes du Roy,
oorfque Sa Majefté juge à
Propos de donner des maru
ues de fes bontez, & qu’il
16 MERCURE
eft tout à fait impoflible
(
trouver des termes pour 1
bien exprimer. On a mein
de la peine a décider fi lot
que ce Prince fait du bien
quelqu’un, ce bien, quelq
grand qu’il puifle dire
, i
quelque befoin qu’en ait et
luy à qui il eft fait, ne I
doit pas moins toucher qu
la manière dont il le reçoit
ou dont Sa Majefté luy at
corde les honneurs qu’il
;
fouhaitez , s’il s'agit de chc
fes de cette nature. Il y a plu
dans ce qui regarde aujour
d’huy la Ville de Paris. L
GALANT 17
J Roy fait plus que prévenir
k fes fou haies, puisqu’elle n'aum
or
n
roit ofé fouhaiter ce que ce
Prince propose luy meime de
faire,& que la nouvelle qu’elpie
en apprend de fa bouche,
,
aeft accompagnée de fi glocarieuses
circonftances , & de
| paroles fi obligeantes pour
p MES de Ville, & pour tous les
itHabirans de Paris , qu’elle
a0n‘en fçauroit marquer aflez
.
dereconnoiflance,n‘en ayant
0point d'autres moyens que
lu des acclamations pleines d'a-
11 mour ,
& fouvent reperces,
& la fincerite de fes voeux.
février 1687.
18 MERCURE
M le Prévoit des Marchands
comblé pour la Ville des
bontez du Roy , mais trou-J
vanten mefme temps com.
me impoflible de le recevoir
aflez bien fans le fecours des
Officiers de Sa Majefté, luy
demanda la permiflion de
s’en fervir , & le Roy conti
nuant par fes maniérés oblii
géantes à faire voir qu’il fe
i
confoit entièrement aux Of
1
liciers delà Ville, & à fes Ha- 1
bitans, répondit à Mr le Prevolt
des Marchands
, J
wauloit eftre fervypar les Offi
tiers de U yille, mais que fi elle
;
. GALANT. 19
n^voit befiin des fiens , il don^
neroit ordre à M de Livry,
fin premier Maifire d’Hofief de
laider de tout ce quil pourvoit» M de Fourcy fe retira après
avoir remercié le Roy de
l’honneur qu’il vouloir faire à
fa Ville de Paris, & alla trou
ver M5 le Marquis de Livry ;
avec lequel iFne put prendre
aucunes mefures, jufqu'à ce
que ce Marquis euft receu
les ordres de Sa Majefté. Elle
hy ordonna pendant fon dî
ner, De donner à M5 le Prevofi
des Marchands tous les Officiers
y t) toutes les autres chofes qidil
demanderait, @ de laider luy.
/ •‘t C • AV - — 2 V - J X) “— " 1 v* v IC
la volonté du Roy, dit à M def
Fourcy que le lendemain furd
les quatre heures il fe ren-i
droit à l’Hoftel de Ville, afin
auroit à prendre fur ce qu’onm
pourroit fouhaiter de luye
Pendant tous ces mouver
mens M le Prévoit des Marq
chands ; qui jugea que lene
temps qui reftoit jufqu’au
Jeudy devoir eitre entiere-h
ment employé, fans qu’il ya
en eult un feul moment deqi
GALANT , 21
éperdu
,
avoir dépefché un
"Courrier aux Echevins , pour
"les avertir de fe trouver à l’Holestel
de Ville fur les fix heures
"dufoir, afin qu’en arrivant
1de Verfailles,il pult leur faire
"part d’une fi bonne nouvelle
,
& voir ave eux de quelle
tanière ils agiroient
, pour
‘repondre autant qu'il feroit
en leur pouvoir, à l’honneur
Eque Sa Majefté avoir deflein
ede leur faire.
u M‘ le Prévoit des Marchands
citant arrivé ce foir-
Yaa Paris beaucoup plus tard
equ'il nel’avoit cru,&l‘Afem.
22, MERCURE
blée ne s’eftant pas trouvé
complété , parce que la pluk
part des Echevins n’eftoieb
pas chez eux lors que le Cou»
rierde M‘ de Fourcy arrivée
l’ordre fut donné pour les Sa
vertirde le trouvera l'Hol
de Ville le lendemain à serq
heures du matin, avec M'de
Procureur du Roy, le Greso
fier,& le Receveur de la Villdi
Ainfi le Bureau eftant afler
blé le Lundy, on y réfoluT
que pour donner à mang£
au Roy on prendroit fes mele
mes Officiers , & qu’en sda
abandonnant entièrement
GALANT
.
23
won leur laifferoit le foin de
atout ce qui concernoit la Taeible
de Sa Majesté.
4 Que la Table du Roy fevoit
dreflée dans la grande
Salle. I Qu’on s'informeroit autant
apqu'on pourroit du nombre
‘des Seigneurs, & autres peresonnes
de la Cour qui vien-
Ildr oient à l'Hoftel de Ville.
n Qu’on feroit préparer trois
Tables de vingt à vingt-cinq
Couverts chacune,l‘unedans
elle Bureau , & les deux autres
idans la Salle des Capitaines.
1 Qu’on prendroit un ou plu24
MERCURE
fieurs Traiteurs pour fervol
ces trois Tables. le
Qu’à chacune de ces T&
bles il y auroit deux Maiftr
d'Holtel , & un Contrôleur,^
y i On réfolut aufi plufieuR
chofes concernant ces Ta
blés ,afin que tout s’y paflaldo
avec ordre , & que quelquA
grand que fuft le nombre dele
perfonnes qui pourroient fu^
venir, la confusion n’empeljo
chaft pas l’abondance de toun
tes chofes.
On arrefta en même temple
que la grande Salle feroit ta-n
piflee, excepte aux endroits pi

.
voù font les Tableaux de MS
es
Prevofts des Marchands
& des Echevins.
re Qu’on t en droit un magni
fique Dais à l’endroit où le
Roy mangeroit.
a Qu’on drefleroit dans un
iies bouts proche la porte un
uAmphitheatre , pour placer
eles vingt
- quatre Violons
1& les Hautbois du Roy , qui
joierent pendant tout le dî
ié.
.
Que la Salle des Conlcildersde
Ville, dite de la Reyine,
feroit ornéede riches Taspifferies,
de très-beaux Meu*
i Février 1637. C
bles , & de Tapis de piedC
comme un lieu où le Roy ht
retireroit en forçant de Tabo
ble. tic
Que les deux Chambres dto
Greffier, à cofté de la grandda
Sa île,feroient parées de mêmk
pour Madame la Dauphinep.
& les Dames de fa fuite. k
Que tous les lieux del'Ho
fiel de Ville feroient vus &e
vifirez par le Maiftre deo
Oeuvres
,
& par le Char
pentier de la Ville
,
& qu'ilsef
feroient étayez aux endroits
e
ce d’un ou deux de Mefieursyi
GALANT 27
d Le n’eftoit pas qu’il y cuft
aucun endroit qui en cuit
abefoin
;
mais cette précauion
eft toûjours bonne par
dutout où va le Roy, à caufe de
la foule qui l’accompagne
,
1& qui eft encore augmentée
epar l'emprefement qu’on a
le le voir.
o, On arrefta de plus, qu'on
&feroit bien nettoyer la Place
)
ale Greve, & qu’on feroit en.
rever tout le bois qu’on avoit
lesté obligé d’y mettre , à
tcaufe du defordre que la ge-
Jée venoit de caufer fur la Risviere.
On réfolut auffi qu’on
Cij
fableroit le devant de l’Hostel
de Ville. Le relie de L
journée fe pafla à donner le,
ordres pour l’execution dg
toutes ces chofes.
M‘ le Marquis de Livry f
trouva fur les quatre heure f
à l'Hoftel de Ville, ainfi qui
lavoit promis le jour préce
v
dent à M‘ le Prévoit des Mar.
£ chands. Mrs Vielle & Pouge,
s'y trouvèrent aufi avec plu
Leurs Officiers de la Bouche
1
& du Gobelet. ME de Livry 1 dit à ME le Prévoit des Man ;
chands, que le Roy avoir dei
mandé qu’on augmentait fa
*4*, " 10 Table de dix Couverts , ce
qui obligea de changer les
melures qu’on avoir prifes ,
d& d’ordonner une Table de
C(
trente- cinq Couverts, qui auroit
à peu prés la figure d’un
fer à cheval.
C
i.
e
ue,
vaut ce qui avoir efté refolu
de donner les ordres neceflaires
à tous les Officiers de la
Bouche, & du Gobelet du
Roy,ce qu’il fit fur le champ
1.92 1 )) 2 — 01 2?
) la plufpart eftant prefens. Il
r
' leur ordonna au Hi de fairecn- “ lever a Paris , &mefme à
14 planeurs lieues aux environs.
C iij
tout ce qu’ils trouveroientd
plus délicat , de plus exquis
& de plus rare , & dépelch
un homme à Roüen pour a voir des Veaux de rivière
il fatisfit par là aux prières d
MP de Ville qui auroientfou
haitéque la terre euft produi
quelque chofe de. nouveau
s’il euft efté pollible , & d
plus exquis que tout ce qu'el
le a jamais porté , afin de
montrer en n'épargnant rier
pour lavoir , que leur plu
grande joye auroit efté , de
le pouvoir diftinguer dans L
réception qu'ils avoient à fai
re à Sa Majefté.
d On refolut en mefme temps
iis que la Table feroit fervie par
h le dedans, & qu’il y auroit
a
trois Services.
re Que le fervice fe feroit fur
i trois files , à la telle defquel.
u
les marcheroient trois Huifj]
fiers avec leurs Robes de
u
Livrée.
de Que les plats feroient porl
tez par les Archers de Ville
dé précédez de leur Colonel.
n
Que le Maiftre d'Hoftel de
u;
la Ville auroit 1 honneur de
le poser les plats devant le Roy
la fuivant l’intention de Sa Mai.
jefté ; que M s Vieife & Pou-
C iiij
32 MERCURE
get Controleurs de la Maifo 7
du Roy , les poferoient f 4
les deux collez , & qu’afira
que la chofe puft eftre exer
cutée fans confufion , la Taa
ble feroit dreflée dès le lendea
main,& que tous ceux qui de
a voient fervir fe trouveroien’
à l’Hoftel de Ville le Mardyf
au foir pour repeter le Seri
vice.
- a
M le Prévoit des Mar-4
chands écrivit par un Exprès h
à M' de Seignelay , pour Iça-o
voir fi le Rov trouveroit bonk
qu’on filt trois décharges des e
Boëtes, & du Canon de ha
GALANT 33
loille;la première lorsque Sa
fuMajelté entreroit dans Paris,
fin fécondé lors qu’Elle feroit
KC rrivée à l’Hoftel de Ville , &
aa troisiéme lors qu’Elle en
leartiroit ; fi l’on ne feroit pas
Jeaire de feux le foir& 1i l’on
‘ni En feroit pas Elire un d'Ardy
fice devant l'Hoftel deVille;
r les Boutiques ne feroient
las fermées ce jour là , &
tr-" les Prevoft des Maréshands
& Echevins ne leavaient
pas reveftus de leurs
nkobes de velours
,
qui font
es
elles des plus grandes Cere---------------------
34 MERCURE
On fe raflembla le Mard,
matin , & l’on refolut qu'o
auroit deux endroits ou Bi
reaux , l’un dans l'Hoftel de
Ville , & l’autre dehors
, QIi feroient remplis de Boutep
les du meilleur vin, de pain
de parez de toutes façons ,d&
jambons, de viandes froided
de toutes fortes, & de lan
gués de boeuf, & qu’il y
ait
toit dans chaque endroitle
trois perfonnes qui diftribued
roient depuis le matin jufqus
au foir
, à tous ceux qui et
demandcroient, l'un du pair!
Vautre du vin, & le troisiémcl
GALANT. ,35
Me la viande , & que l’on
‘mettroit en plusieurs endroits
"de l'Hoftel de Ville des pla-
Tards qui défineroient les
lieux où le feroit cette dittri-
"bution ; qu’il y auroit des
"Luftres dans toutes les Salles
I& dans toutes les Chambres
je l’Hoftel de Ville ; que
don feroit inceflamment du
"feu par tout afin d'échufer
les lieux , & qu’on mettroit
des braziers dans la grande
"Salle
, qui (croient oftez fi.
Ctoft que le Roy arrivèrent. 1 M le prévoit des Mar.
"chands receut une réponse à
la Lettre donc je vous ay de”
parle'. Elle portoit ,
queleR"
ne voulait point quion tirafi r
Canon , mais que Sa Majt
permettait quon fift le Joir^
feux , quily en euflun d Aif
fice devant iHfel de
€) quon nouvrift point 1
Boutiques ce jour la. M‘ le Pr
volt des Marchands reç auli une Lettre de cach
1a
r
es
qui luy eltoit adreflée air
qu’aux Echevins
, & par I e
quelle on leur permette 1
d'eltre ce jour là veftus 0
leurs Robes de Ceremonie;11
On donna auflitoft cor
JAmEi: 37
4S ordres neceflaires pour
lut
ce qui regardoit le Feu
(Artifice
, & le Sieur Rosert,
fameux Traiteur, fut
2 barge du foin des Tables qui
dévoient eftre fervies en Pi mef
l. e temps que celle du Roy.
Le Mercredy au matin on
parqua quatre endroits dans
.
Place de Greve pour dreffer
i es
Décorations qui devoient
ervir a autant de Fontaines
i e vin qui couleroient depuis
matin jufques au foir, &
:c où l’on jetteroit continuelement
du pain au Peuple.
5 n refolut auffi de faire quaLe
premier ligna]
la grofle Cloche
Dame fonneroit

38 MERCURE
tre ou cinq feux dans la Placg
pour échaufer les Soldats,
qu’il y auroit un fignal que
avertiroit lors que le Roy lee
roit arrivé à Noftre-Damer
un autre lors que la Mefle feto
roit à moitié dite , & le troigfiéme
lors qu’elle feroit finieL
eftoit quie
de Noftrepr
en faux.L
bourdon , le fécond qu’on
expoferoit au haut d’une dese
Tours un Drapeau blanc , &il
letroifiéme que les deux grol.
4 o “ fes Cloches fonneroient. qi
Sur les cinq heures du foir,le
GALANT. 39
COTs de Ville eurent ordre
S‘augmenter la Table du Roy
Ue vingt couverts. Ils jugee
enr à propos d’en ajouter
une quatrième à celles qui é-
Soient deftinées pour la fuite,
‘&: prirent de fi promptes, &
de fi juRes mefurespour tou-
"tes ces chofes , que tout fut
prefque auffi-toft exécuté
qu'ordonné.
" Il feroit impoflible de faire
sle détail de tous les preparatifs
qui furent faits, des foins
qu'on prit, & des précautions
qu’on aporta pour empescher
le defordre , & rendre cette
40 MERCURE
Fefte complette. Ceux G 4
ordonnoient ainfi que ceu
, qui travailloient
,
avoient !
coeur plein de joye , & quan 1
on elt content ,
il n’eft rie
( donc on ne vienne aifemen
1
à bout. y
Outre que le détail où j
2
viens d’entrer vous apren ]
beaucoup de particularité
r
que je n’aurois pû placer au {
tre-part , il va me donne
a
lieu de vous marquer de fuit 1
ce que le Roy a fait à l’Hofle t
de Ville , fans que j'inter y
rompe ce que j’ay à vous s (
dire , par plu fleurs de ce e
.GALANT. 4l
defcriptions , que j’aurois
elté obligé de faire.
Vous venez de voir tous les
1 mouvemens de la Ville juL
: qu’au Mercredy au foir. Le
1 lendemain 30. du mois , le
Roy, qui dans la plus vive ‘
1 ardeur de fon mal, n’a voir
11 hifle paffer aucun jour fans
" tenir Confeil , partir de Ver-
1 failles pour fe rendre à Paris ,
e après avoir travaillé pendant
" la plus grande partie de la ma- *
6 tinée. Il trouva fur fa route
| ME le Prevof de l’ifle avec fal
1 Compagnie , qui luy parut:
6 en fort bon ordre. Le che—
Février 1687, D>
42 MERCURE
min eftoit auffi bordé plusv
d’une lieue au delà des Portes <
par quantité de peuple , quil
prefle de l’impatience quiS
avoir de voir ion Prince, et f
toit lorry dés le matin, de t
forte que la Campagne ne e fut pas moins remplie que h d
Ville , de cris de Vive le Ro^ n
Sa Majefté, après avoir paffi
e
la porte de la Conférence, p
trouva M le Chevalier duf
Guet à la telle de fa Compagnie,
qui eftoit en haye. Elle
fut regardée Je toute la Cour
à caufe du bon eftat où elle
qi
F
E
eft par les foins que ce Che k
UAnt" i • 43
valier en prend. Le peuple
qui avoir cité au devant du
Roy
j
& qui eftoit rentré avec
Sa Majeité , commençant à
fe joindre avec ceux qui l’attendoient
dans la Ville, fit
entendre un redoublement
décris de Vive le Roy , & aug
menta tellement la foule qui
eftoit déjà fort grande , qu’à,
peine le Carofle de Sa Majeâé
pouvoir avancer , quoy
qu’il allait fort lentement.
Les Regimens des Gardes
Françoifes & Suifles dévoient
former deux bayes dans tous,
les lieux où Sa Majefté de44
MERCURE
voir pafler, félon ce quif
pratique ordinairement dan
une femblable occafion,mai
ce Prince n’avoir point voul
qu’il y euft de Soldats, tan
afin que fes peuples pu fient 1(
voir de plus prés, que pou
marquer la confiance qui
avoir en eux, & qu’il ne vou
loir ce jour, là pour Garde que
leur Amour. Le Carofle du
Roy n'eftoit encore qu’au
Quay des Thuilleries , lors
qu’ayant efté apperceu de
deflus les Tours de Noftre
Dame, on fonna la Cloche
Emanuel, dont le Roy eft le
parrain, & qui ne peut eftre
fonnée en branle que par
trente
-
quatre hommes. Cependant
plus le Caroffe du
Roy tâchoit d’avancer,& plus
les acclamations publiques
redoubloient. Autrefois la
enle jeunefe , & le menu
euple faifoien: entendre ces
cris de joye,mais aujourd'huy
e n’eft plus de mefme, &
ans diftinction d'âge & de
jualité
,
ils font dans la boudie
de tous les Sujets de Sa
ajefté. J’ay vu plus en cette
ccafion
,
& je fuis témoin
46 MERCURE
répandre beaucoup de larnies.
Le chemin qui con
duit à Noffre-Dame fe trou
va tellement rem pi y ,
qui
fut impollible à M le Car.
dinal Ranuzzi
, qui vouloir
dire à la Mefle du Roy,
de percer la foule. Ainfi i
fut obligé de s’arrêter à la
Place Dauphine
,
& de mon
ter à une Chambre jufqu a ce
que le Roy fuir paflé. L'af
fluence ne fe trouva pas moins
grande dans Noftre-Dame,
le Roy n’ayant point voulu
que les portes en fuflent gardées.
On n’y avoit néanmoins
1(7 A T A 11’3 / - / x 3.4,11 44
2
• 4/
daine entrer que des perfonnes
qui ne paroifloient pas eftre
routa.fait du menu peuple.
M l’Archevefque en
Camail
&en Rocher, y receut le Roy
à la telle du Chapitre; & presenta
la vraye Croix à Sa Majefté.
Le Roy la bail à ge
noux , & prie de l’Eau benite.
Comme il avoir ordonnéqu’
on ne luy filt point de com
pliment , ME l'Archevefque
ne luy dit que ces paroles:
Sire ,
Majefté nous a fer^
me la bouche pendant qu'Elle
l'a ouverte à la joye publique.
Le Roy répondit, je nienfais
apperceu pur ou fay p^c
elle me paroifl encore plus gra
de icy. A quoy ME l’Arché
de , Sire , quelle ne nous fij
manquer au refpecl que
ruons devons. Le Roy & tou
te la Cour eurent enfuit
beaucoup de peine à paffe
julqu’à la Chapelle de la Vier
ge ; cependant Sa Majefté n
voulut point que les Garde
repouflaflent le Peuple pou:
luy faire faire place. Ils de
meurerent derrière , & et
Prince entouré d’un nombn
incroyable de Sujets pleins de
zele
GALANT. 49
t zele, approcha enfin de cette
1
Chapelle. Il y entendit la
f Mese qui fut celebrée par
% un de fes Chapelains 3 &
/ pendant ce temps on chanta
« un Motet fur la deftrudion
1 de l’Herefie , que M‘ l’Abbé
t de la Mothe Archidiacre de
tlEglile qui eftoit auprès du
r Prie Dieu du Roy
,
prefenta à
1 Sa Majefté & à Monseigneur
: le Dauphin.
1 La Mefle finie, la foule re-
“ doubla autour du Roy, & l’on
1 peut dire qu'il ne vit qu’un
* Peuple extraordinairement
s
prefle
,
& qu’il n'entendit
)
Verrier i^s/. E
50,MERCURE
qu’un choeur de Vive le Ro)
julques à l'Hoftel de Ville. Il
y avoir dans la Place deux
Compagnies du Régiment
des Gardes en haye, à la tefte
defquelles eftoit M‘ le Maref.
chai Duc de la Feüillade, la
demy-Pique à la main. M‘ le
Prevoft des Marchands, M"
Geoffroy , Gayot, Chuppin,
& Sanguiniere Echevins , M'
Titon Procureur du Roy,M
Mitantier Greffier , & M1
Boucot Receveur , tous en
Robes rouges de velours, re
ceurent le Roy à la deicente
de fon Carrofle. M‘ le Prevoft
))
II
x
it
e
c
a
e
b
l'
n
3
e
1
GALANT. 51
des Marchands luy dit.
Sire
,
La plus ive élo
quence nefl pas capable de
mieux exprimer a Vofere Majeflé
Ujoye de tous fies Peuples , que
les cris qui nous interrompent.
Ce put, Sire, les plus finceres
expreffions de leurs coeurs
remplis de refised dlam&ur
5 t)
de fidélité pour leur Roy , que
nous efierons rendre éternels
par nosexemples.
Le bruit des acclamations
du Peuple efoit h grand,
que M‘ le Prevof des Mar
chands ne put entendre ce
que le Roy luy revendit. Sa
E ij
52 MERCURE
Majefté ayant aperçu Me de
Fourcy , luy dit en luy mon.
trant Madame la Dauphine,
Madame la Prewofte des Mai
chands , voilà une grande Prin
ceffe que je vous amené. On
monta enfuite au bruit d’ur
grand nombre d’Inftrumens
& le Roy eflanr entre dan
la grande Salle
,
falua tou
ceux qui s y trouvèrent, ave
cet air engageant qui lu
gagne tous les coeurs. Je n’a
rien a adjoûter à ce quej
vous ay dit de l’ornement d
cette Salle, finon que le gran
Buffet de la Ville qui eft 1
GAI AHT u
te Table.

GALANT 53
vermeil doré y eftoit dreflé
avec plusieurs autres.
On avoir pris des mefures
fi juftes pour le Service,qu’on
achevoit de couvrir la Table
quand le Roy entra. Elle étoit
de cinquante cinq cou
verts ; je vous en envoyé le
Plan. Peur eftre , n'eft-il pas
dans les proportions qu’il
doit eftre ; mais comme les
longueurs & les largeurs y
font marquées, on connoiftra
ailement la diftance oui de.
voit eftre d’un endroit jà l’au
tre. Voie y les noms d’une
nie de ceux qui eftoient à
te Table. E iij
54 MERCURE
A lu main droite du Roy.
Monfeigneur.
Monfieur.
Monfieur le Duc de Chartres!
Mademoifelle d’Orleans.
Madame la Princeffe.
Monfieur le Duc.
Mademorfelle de Bourbon.
Monfieur le Duc du Maine
Mr le Comte de Touloufe.
Me la Princefle d'Harcour.
M la Maréchalle de Rochefort.
Mde Louvois.
Me de Villeroy.
Me de Croifly.
Mde Saint Geran.
M6 de Richelieu.
Me la Comtefle de Gramont,
&c.
Et a la main gauche de
Sa Majefié.
Madame la Dauphine.
Madame.
Mademoifelle.
Madame la Grande Duchefle.
Madame de Guife.
Monfieur le Prince.
Madame la Princefle de Conty.
Me d’Arpajon.
Me de Vantadour.
Me de Foix.
Me de la Ferré.
E iiij
56 MRRCURE
Me de Nangis.
Me de Bellefonds.
M6 de Blainville.
Les Filles de Madame la Dau.
phine
Me de Monchevreüil, @c.
Mr le Prevoft des Mar.
chands eut l’honneur de don
ner la Serviette au Roy, & de
le fervir. Mr Geoffroy, premier
Echevin ,fervit Monfei.
gneur. Madame la Dauphine
fut fervie par Me la Préfdente
de Fourcy. Monsieur
fut fervy parM' Gayot, Eche
vin, & Confeiller de Ville;
Madame par M‘ Chuppin,
F'
de
ni
fe
re
d‘
G
di
V
c
Q
m
K
d;
le
B
d
GALANT. 57
Echevin ;
Monsieur le Duc
de Chartres par ME Sanguiniere
,
Echevin ;
Mademoiu.
felie par ME Titon , Procu
reur du Roy
-,
Mademoifelle
:
d’Orléans par M'Mitantier ,
n Greffier
; & Madame la Granni
de Duchefle de Tofcane par
de MF Boucot Receveur. M les
e. Conleillers de Ville & les
i Quarteniers fervirent Madae
me la Duchefle de Guife,
1-
Monfieur le Prince & Mair
dame la Princefe ,
Monfieur
. le Duc ,
Mademoifelle de
;
Bourbon ,
Monfieur le Duc
,
du Maine, Monfieur le Com58
MERCURE
te de Thouloufe, & les Prin
ceffes & les Dames qui é
toient à la melme Table.
Il y eut trois Services.
1 Le premier eftoit de 21
grands potages dans des plat
de ( 9. marcs. ]
De 22. grandes entrées dans
des plats de ( 12. marcs. 1 Et de 64. petits potages re- 1 levez par autant de hors
d’oeuvres. 1
Au fécond il < y avoit 22. 1
Vingt deux petits plats de Rol.
Vingt & un grands plats
d’entremets..
n.
é.
GALANT. 59
Trente-fix falades.
Douze fauces.
Le fruit eftoit fur trois lignes.
Celle du milieu eftoit
21 de 29. grands quarrez de fruit
it cru,& les deux autres et oient,
l'une de 56 plats en Porcelaine
1s
de toutes fortes de confitures
S
c
s
feches & liquides, ornez de
fleurs, & garnis dans les vuides
de quantité de compotes,
& d’aflietes de corners, &
l’autre de 33. Sous-coupes de
toutes fortes de liqueurs.
M" Vielle , Pouget , Cornillot,&
Dupleflis, & M‘ le
Févre ,
Maiftre d’Hoftel de
60 MERCORE
la Ville, poferent les plats fui 1
la Table. On en fervit en me [
me temps quatre autres de 1
vingt cinq Couverts chacu (
ne , pour les Seigneurs & 1
pour la fuite de la Cour. La v magnificence y parut gran i
de , & chaque Table fut
fervie par deux Maiftres d’Ho ( fiel, un Controleur, & plu. 1
ficurs autres Officiers.Les Ta. ( bleaux qui reprefentoient les
(
anciens Prevolts des Mar- ] chands,& qui eltoient dans 1
la Salle où le Roy mangeoit, i donnèrent occasion à Sa Ma. ’
jesté de den parler à Mr de
GALANT 61
Fourcy pendant le difné. Elle
parla aufi des Officiers dont
le Corps de Ville eftoit compo,
des Archers de Ville,
de leur nombre, de leurs Pri
vilèges, & des Officiers qui
les commandent.
M le Prévoit des Mar
chands demanda au Roy la
liberté des Prifonniers qui
estoient alors dans les Prifons
de l’Hoftel de Ville
,
melme
pour dettes , avec la permit,
lion de fatisfaire à leurs Par
ties , en cas qu’ils n’en enflent
pas le moyen ; ce que Sa Majelté
accorda à l’infiant. Elle
62 MERCURE
eut melme la bonté d’ordon t
ner une Comme pour cet effet [
M le Prevoft des Marchand' J
donna aufi-toft ordre de la (
part du Roy au Greffier de k 1
Ville, d’aller élargir ces Pri.
fonniers, & de décharger leur
t
Ecrou. i à
; Le Roy receut en ferrant 1
de Table la ferviette des j
mains de M le Prevoft des
J
Marchands. Sa Majefté, &
Madame la Dauphine entre- -
rent enfuite chacun dans h
chambre qui leur avoir elté
préparée. Pendant ce temps
lei Deflert fut abandonné à
n tous ceux qui en voulurent
t prendre. Sa Majefté avoir die
dà M5 le Prevoft des Mar
is chands un peu avant que de
i fortir de Table, Voilà nn beau
i- Deffert, mais il ne reftera pas
1
encore long-temps en mejme états
à quoy ME le Prevoft des
H Marchands avoir répondu , il
S faut bien , Sire , que chacunje
‘$ fente de la Fefte.
k Quoy que le Roy euft trou-
‘ véla Place fi remplie de Peu-
4 pie lors qu’il arriva à l'Hoftel
é de Ville , qu’il y avoir lieu
S de croire qu’elle n’en pou-
4 voir contenir davantage
.
k
64 MERCURE
foule ne laifla pas d’augmen. ]
ter pendant le difner, de for- 2
te que ce grand Corps fe trou. 1
vant extrémement refferré,i ‘
ne lu y refta de libre que la J
voix , pour faire retentir l’ait 1
de cris continuels d‘allegre
fe. Le Roy qui les entendoit,
, eut la bonté de fe mettre à là
feneftre pour voir ce Peuple i
fi zélé. La prefence de Sa Majefté
augmenta une joye qui
fembloit un peu auparavant
ne pouvoir recevoir d’ac ;
croiflement
,
& fit redoubler
des acclamations qu’on ne
croyoit pas qui puflent aller
GALANT 65
1 plus loin. Rien ne confirme
. mieux la grandeur , & la bonj
té du Roy , & l’amour que
il ces Peuples ont pour ce Prin-
|a ce, que ces emportemens de
i joye , & ces cris d'allegrefle
[ pouffez jufqu'au Ciel. Ces ap-
(
plaudiffemens publics & uni-
2
verfels, ces louanges 1icee
res qui ne font point embel
lies par l’art, & que la vérité
i fait forcir de la bouche, & du
t coeur des Peuples , juftifient
.
les louanges que les François,
1 & la plufpart des Etrangers
e
donnent tous les jours auRoy,
r & font voir que la flaterie
Février 1687. F
66 MERCURE
n’y fçauroit avoir de part.
Le Roy aprés avoir conf.
deré à trois reprifes differen
tes qu'il fe mit à la feneftre
ce Peuple tout pénétré d’a
mour pour lu y, & luy avoi
par des lignes de telte obli
geans donnédes marques de
la fatisfaction & de la recon. noifance, autant qu’il eftoit
poflible d’en donner de fi
loin , & de les faire voir à une multitude fi prodigieufe de
monde , qui fans la prefencc
de Sa Majefté auroit dû pouf
fer des cris plûtof de douleur
que de joye à caufe de l’inT
1
. GALANT. 67
commodité qu’elle fouffroit ;
1 le Roy „dis-je,aprés avoir fais
i, voir à tout ce grand Peuple
a
combien il en eltoitfatisfait,
t fe retira de la feneftre pour
i le marquer plus particulieri
ment à ce ux qui font comme
e
les Chefs de ce Peuple. Sa
H Majelté ne fe contenta pas
t
de témoigner à M le Prévoit
î des Marchands la fatisfaction
e
qu’Elle avoir de la manière
:
dontElle avoit eftéreceuë,EIe
le fit encore affembler les E-
«
chevins^es Confeillers deVilr
le, & les Quarteniers, qui fe
.
mirent fur une mefmeLigneà
I E "
1j
68 MERCURE.
la relie de laquelle eftoit M
de Fourcy. Le Roy fit l’hon.
neur démarquer àM's les E
chevins qu’il eftoit tres-con
tent d’eux. Il parla aufli aux
autres Oficiers,& dit à l’égard
desQuarteniers,qu‘il avoir ap
pris qu’ils s’aquittoient bien
du devoir de leurs Charges,
Monfeigneur le Dauphin &
Madame la Dauphine firent
aufli l’honneur aux Echevins
de leur parler, & de témoi
gner à tout le Corps de la
Ville combien ils eftoientfatisfaits.
Toute cette Auguste
Compagnie prit enfuite le
chemin. de l’Efcalier pour
s’en retourner. Il n'eftoit pas
moins remply qu’on l’avoit
trouvé en arrivant. On avoit
voulu en faire retirer quel
ques gens de la populace qui
s’y eftoient gliflez. Ilsavoient
demandé tout haut à voir le
Roy, d’une manière àembarafler
ceux qui les vouloient
faire forcir, & Sa Majeftéqui
les avoir entendus, avoir eu la
bonté d’ordonner qu’on ne
les inquietalt pas. M‘ le Prevoft
des Marchands,les Echevins,
le Procureur du Roy, le
Greffier, & le Receveur de la
70 MERCURE
Ville conduifirent Sa Maje.
{té jufqu a fon Caroffe. Elle
fut fi fatis faite , qu’Elle
a
dit de puis , Que le Repai
avoir efté délicat, magnifique
6) fort à propos. On a
iceu aulli que Madame la
Dauphine avoit efté très con
tente de Madame de Four
I
g
c
t
c
(
cy. , I
Au fortir de l'Hofel à
Ville, le Roy alla voir le Mo. v
nument que M‘ le Maréchal j
Duc de la Feüillade a fait éri.
1
ger à fa gloire
, non pas à la
( place des Victoires
, car ce
lieu n’ayant point encore à
4
GALANT: ,71
: nom lors qu’on y a élevé ce
e grand Ouvrage, les Vicoires
a de Sa Majefte qu’il represen.
« te, luy ont fait donner celuy
de Place des Victoires.
a Quand le Roy fortit de
a PHoftel de Ville , il trouva
1 dans la Place, & dans toutes
r les rues de Ion paflage une af
fluence inconcevable de peue
pie, qui eftoit venu pour le
h voir de tous les Quartiers de
il Paris. Il en receut tant debe-
*
nedictions, & elles luy furent
a données avec un zele fi fine
cere
,
& fi plein d’ardeur,
6 quiln’ef pas poflible que ja7i
MERCURE
mais Monarque ait veu d’auf
grands emportemens d’a.
mour,& d’un peuple auf
nombreux. M‘ le Maréchal
de la Feüillade avoir fait pré.
parer des Feux de joye au
Carefour de la Croix des Pe
tits chimps,par où SaMajeste
pafla, & l’on y diftribuoit du
vin par fon ordre à tous ceux
qui en vouloient. Les avenues
des cinq rues qui aboutifient
à la Place des Victoires et
toient gardées par quatre
cens Soldats des Gardes, ran
gez en haye , afin que n'eftant
point remplies de peu.
pie,
GALANT 73
ple,Sa Majesté en puft faire
le tour plus aifement, il y avoie
de differens Concerts
d’Inftrumens en divers en
droits de cette place, avec
plufieurs Fontaines de vin.
Le Roy mit pied à terre en y
entrant, & fut receu par M5
delà Feüillade. Sa Majefté fit
le tour du piedellal pour confiderer
la Statue de tous coliez,
pour voir tous les Efclaves
qu'Elle trouva très-beaux,
& pour examiner de prés tous
les Bas-reliefs. Elle fortit enfuite
de l’enceinte de fer qui
environne le piedeftal , & fe
Février 16S7. E 2
5o MERCURE
promena dans la Place , tan.
dis que Madame la Dauphine
alla à l’Hoftel delà Feüillade,
où ce Duc la conduifit. Ce.
pendant le Roy alla voir les
Groupes des Colomnes
, les
modelles des Bas-reliefs, à
des autres ornemens que l’on
y doit attacher, & l’effet de la
lumière des Fanaux qui font
au deflus des Groupes de Co.
lomnes. M des Jardins , fa
meux Sculpteur, & qui a fait,
la Statue du Roy pour M de
la Feüillade
,
ainfi que les Ef
claves, & les Bas-reliefs, eut
l’honneur d’accompagner Sa
GALANT. v
Majefté, & de répondre à diverfes
chofes qu’Elle lu y de
manda touchant fon Ouvra
ge. Le Roy vitauffiles Baftimens
que la Ville a fait conftruire
par fon ordre à l'un
des coftez de la Place. Le re
lie de cette Place choit tapifé
de grandes toiles pein
tes, qui reprefentant les Baftimens
qui y manquent, faifoient
voir la manière donc
elle doit ehre quand elle fera
achevée.
Pendant que le Roy eftoic
ainfi occupé, M‘ delaFeüillade
qui avoir l’honneur d'entre-
E ij
52 MERCURE
tenir Madame la Dauphine!
fit prefent à cette Princes
d’un Ecran de Petit - point
qu’il a fait faire avec quanti,
té de beaux Ouvrages de cette
nature aul quels il fait travail,
1er. Cet Ecran reprefenteles
hommages que les Nations
les plus éloignées ont envoyé
faire au Roy.
Sa Majesté ayant achevé le
tour de la Place , où Elle eut
la bonté de laiffer approcher)
d’Elle quantité de peuple, qui
dans l’impatient defir de la
voir avoit comme forcé les
Gardes
; alla retrouver Mada.
GALANT., 53
me laDaupcine, & fit l’hon
neur à M‘ de la Feüillade de
vifiterfon Hoftel, où il vit
dans un Sallon un très-grand,
nombre de Bas-reliefs en for
me de medailles,qui reprefentent
toutes les principales Aétions
de faVie,& qui doivent
efre attachées au premier
jouraux Groupes desColomnes
qui font aux quatre coins
de la Place.
Le Roy,après avoir témoi
gné à MF de la Feüillade la fatisfaction
que luy avoient
donné tant de belles choies,
remonta en Carofle pour aller
E iij
U MERCURE
voir les Ouvrages qu’on fait
au lieu ou eftoit cy -
devant
l'Hoftel de Vendolme. Non
feulement il trouva la mefme
multitude de peuple, & en. tendit les meimes acclama»
lions, mais il fut encore furpris
de voir tout le Fauxbourg
Saint Honoré bordé de Reli
gieux. Tous ceux qui rempliflent
les Convents qui y font en grand nombre, en
eftoient fortis pour voir ce
Monarque, & pour mefler
leur joye à l'allegrefe publi
que ,
à laquelle ces faintes Ames
ne prennent pas moins
GALANT 55
de part que les autres ,
le
Roy ayant fait tant de chofes
fi glorieules , & fi utiles à
C • l’Eglife. Sa Majeflé les regar
da d’une manière qui leur fie
connoître qu’Elle leur fçavoit
bon gré de leur empreflement
& de leur zele, &remarquant
beaucoupde Perfonnes diftinguées
qui s'eftoient mifes aux
feneftres pour la voir paffer ,
Elle leur fit l’honneur de les
faluër.Lors qu’Elle fut arrivée
au lieu qui n’a point encore
d’autre nom que celuy de Pla
ce de Vendolme, & où ME de
Vilacerf l’attendoit, à caufe
E iiij
56 MERCURE
de fa nouvelle Charge dans
les Baftimens
, au lieu de vi.
fiter cette Place
, comme il
fembloit qu’Elle devoir faire,
fa pieté la fit aller d’abord à
l'endroit où l’on travaille à
l'Eglife qu’Elle fait baftir
les Capucines. Ce Prince a.
prés l’avoir regardée en ge
neral
, en examina quelques
endroits ,ainfi que du Baftiment
des Religieufes , & s’en
expliqua enfuite d’une manié
ré qui fit connoiftre que tous
les Arts ne luy font pas moins
connus que l’Art de régner. Il voulut après cela faire le
GALANT 57
tour de la Place, dont il fe
fit apporter le Plan
,
afin
d’en examiner toutes les par
ties enfemble. Il en parla avec
beaucoup de juftefle, &
d’une manière avantageufe
pour ME Manfard , fon pre
mier Architecte, à qui l’on
en doit tous les defleins.il par
la aufi à M Girardon, dont
la réputation eft connue pour
tout ce qui regarde la Scul
pture , & qui a fait non feule
ment lemodelle de la Figure
Equeftre du Roy , que l’on a
defein de mettre au milieu
de cette Place , mais encore
58 MERCURE
celuy des Figures, Bas reliefs,
& ornemens qui doivent lac.
compagner. Sa Majette parut
très contente de la difpofi.
tion, & de ce qu’Elle put voir
des Figures,dont ileftoit malaife
de juger tout-a-fait, parce
qu’eftant fort élevées , il fal.
loir monter pour les voir de
prés,de forte qu’Elle dit à M‘
Girardon qu’il étoit trop tard,
& qu’Elle les verroit une au
tre fois. Je ne vous donne
point icy une defcription de
cette Place
; il me feroit impoflible
de la faire exacte (ans
quelle fuft longue- & je croy
GALANT 59
ne devoir pas interrom pre par
un fi grand morceau, la pein
ture de l’allegrefe publique.
Le Roy la trouva égale par
tout, le chemin depuis Paris
jufquesàVerfailles eftantremply
desHabitans des Villages
des environs, qui eftoient ac
courus pour le voir. Il partit
du bord de la Riviere un fi
grand nombre de Fulées vo-
Olantes depuis la porte de la
Conférence jufques à Seve,
qu’on euftdic que l’eau produifoit
du feu pour le divertiflement
de ce grand Prince,
dont pendant tout le chemin
60 MERCURE
leCaroffe fut couvert d’une
manière de berceau de feu. Il
y avoir une très belle Illumi
nation au bout du Pont de
Seve, d’où l’on vit encore for.
tir de nouveaux Feux d’artifi
ce en confuCon
3
pendant que
des Fontaines de vin cou.
loient de toutes parts. Après
que l’on eut quitté le bord de
laRiviereon vit de nouvelles
Fusées volantes
; mais au lieu
de paroiftre fortir de l’eau,
on les voyoit s’élever du haut
des montagnes. Ce brillant
Spectacle dura jufqu'au grand
Réfervoir de Verfailles, d’où
GALANT: 61
pertirent cinquante douzai
nes de Fufées
,
qui couvrirent
le Roy
,
& toute la Cour,
de feux grondans agréablement
dans les airs.
Tout Paris estant en joye
ce jour là , les Comédiens
marquèrent la leur au Public
en donnant la Comedie fans
prendre d’argent. L'Aflembléeeftoit
nombreufe. M‘ de
la Grange dit au Peuple lorf.
que la Piece fut finie
, que
n^kntpu garder lefilenre pen^
dant toutes les marques d'aile-^
greffe que tout Parisfzifitécla»
ter 3 ils aboient fait ouvrir les
62 MERCURE
portes de leur Hofielpour soir
des témoins de leur ^ele partie
culier, €) qùils soient voulu
profiter d une occafionfisauta*
geufiepourjoindre leurs acclama*
. lions anx applaudijfiemens pu*
blicsdX ajoûtaque les plus beaux
triomphes n soient jamais eu
rien defifinfible pour ceux qui
en avaientobtenu la gloire , que
ces cris d allégrefifipoufic^parune
fibule emprefiee , @ ces accla*
mations unserfiilles qui partent
du coeur enmefime temps quelles
fibrtent de la bouche, €) que la
plus wive éloquence aurait de la
peine a bien dépeindre. Il pourGALANT.
63
fuivit en disant qu'ils dévoient
fins cejfformer des oeux pour
ld confirmation @ la profpérité
lu Roy , qui ayant toujours eu
en meuë le bon-heur de fes Peu^
pies, a mis la France en eftat de
ne rien craindre au dehors ,
ld fait jouir au dedans dune
félicitéfi parfaite quil ne luy
refle rien a defirer. Admirons,
dit - il 5 pendant toute nofire
^ie amec un profond rejpeci
fes mertus héroïques, trop heu
reux de jouir en paix de tous
les biens quelles nous procurent,
€) marquons nofire fînee^
re reconnoiffance amant que IAf
64 MERCURE
jembléeJe fepare par des cris rc
doubles de VIVE le Roy. A
peine eut il achevé ces der.
niers mots, que toute l’Afem
blée les répéta plu fleurs fois,
& qu’il s’en forma comme
un Concert qui remplit long,
temps toute la Salle. Comme
toutes les Boutiques avoient
elle fermées ce jour-là, on fe
réjoüifloit dans tous les quar
tiers de Paris, & les diver
tifemens aufquels chacun
eftoit occupé, n'eftoientque
des préludés de ceux qu’on
devoir prendre le foir. Ils
commencèrent par le Feu
GALANT 65
d’Artifice qui eftoit drefle
devant l'Holtel de Ville. Il
eftoit extremément bien dé
coré , & orné de plusieurs
infcriptions , & Devifes , qui
avoient toutes pour Corps un
Navire fous les rayons du Soleil.
La premièreJ marquoit
que la prefence du Roy faioit
ceffer toute la crainte que
le Peuple avoit eue durant fa
maladie. La féconde faifant
voir que le Roy montroit le
droit chemin au Vaifleau qui
luy fervoit de Corps , falloir
connoiftre l’obligation que
ceux qui eftoient engagez
février 1687. F 2
66 MERCURE
dans l’Herefie ont à ce Prin.
ce, de ce qu’il les a ramenez
au chemin du falut. La troifiéme
marquoitque la feure,
té dont jouit la Ville eft due
à Sa Majefté, & la quatrième
réprefentoit l'eftat floriffant
de la Marine fous le Règne
du Roy , qui a porté la re
nommée de fes grandes aétions
aux extremitez du
monde & qui a attirél'Ambaffade
folemnelledu Roy de
Siam. Au defus de chaque
Devife il y avoit une Infcription
qui enmarquoit le Sujet,
& audeflus des Infcriptions,
9
.
GALANT. 67
une Figure de Femme qui representoit
la Ville de Paris.
Ce feu fut précédé par les dé
charges du Canon & des Boëtes,
& par un fort grand nom
bre de très-belles Fufées vo.
lantes. Mademoifelle fe trou
va à ce Feu, & y fut regalée
d’une Collation magnifique.
Il feroit difficile d'exprimer
la joye qui régna à l'Hoftel
de Ville pendant le refte du
|
foir. 11 y eut Bal dans trois
Salles en mefme temps. On y
receut une fort grande quan
tité de Mafques , & les liqueurs
ne leur furent point
F y
68 MERCURE
épargnées. Pendant ce temps
toutes les rues de Paris brilloient
par les feux qu’on y
avoir allumez, & par les Illu
minations donc toutes les feneftres
eftoient décorées. Ce
. n'eft oient par tout que dan.
fes
,
& par tout on prefentoit
du vin aux paflans. Le Pont
Noftre-Dame dont toutes les
maifons avoient elle dés le
matin ornées de riches Tapif- |
fériés, de Tableaux
,
de Lu- ,
itres, & de Mroirs
, receut un
nouvel éclat parceluy des lumieres
, ce qui eltoit caufe,
que dans les autres quartiers
GALANT. 69
de la Ville, on failoit des par
ties de divertiffement pour
l’aller voir. Certe allegrefle
publique ne regnoit pas feulement
au milieu de Paris,
elle citoit égale dans les Fauxbourgs,
& s'eftendoit mefme
au de là, & ce qu’un homme
feul fit devant l'Hoftel des
Gobelins où il demeure
, &
où font logez une partie des
Illuftres qui fe diftinguent
dans les beaux Arts, mérité
d’eftre remarqué. Comme fa
joye éclata par une dépenfe
qu'il fit feul, il eft jufte de le
feparer de la foule ; c’eftM
70 MERCURE
Vandermeulen, Peintre ordi
naire de l’Hiftoire du Roy,
dont je vous ay déjà parlé plu- |
{leurs fois, & dont les Ouvragesfont
fi eftimez. Il fit faire
|
un grand feu accompagné
de Boètes,& d’un grand nombrede
Fufées volantes de di.
verfes maniérés, & diftribuer
du pain à tous les pauvres qui
fe prefenterent, &de tres-ex. i cellent vin à tous ceux qui
voulurent boire à la Santé du
, Roy,dontle nombre fur très*
grand; de forte qu'à voir cette
profufion, on n'auroit jamais
cru qu’un Particulier eult fait
GALANT. 71
féal cette dépense. Rien ne
pouvait le faire connoiftre
quel’activitéavec laquelle on
le voyoit agir pour excitera
boire , & à le réjouir , & l’on
peut dire que fon coeur & fon
amour pour le Roy paroifsoient
dans fesyeux, & dans
toutes fes actions. Ce qu’il y
a de furprenant , c'elt qu’il
neil Sujet de Sa Majesté qu’à
caufe de la beauté de fes Ou
vrages qui l’ont fait retenir
en France, où ilelt entretenu
par le Roy pour qui feul il
travaille. 11 eft né Flamand,&
fon inclination l’a tellement
72 MERCURE
rendu François, que Sa Ma.
jefté n’a point de Sujet qui foit
plus zélé. Il pouvoir s'exemp.
ter de cette dépenfe dans cet
te derniere occafion, ayant
contribué à celle de deux
f Corps dont il a l’avantage
d'eftre. Le premier eft celuy
des Illuftres de plufieurs Pro.
feflions,qui logent dans l'Hôtel
des Gobelins, & le fécond
celuy de la fameufe, & fçavante
Academie de Peinture
,
& de Sculpture, dont ’
j’ay à vous entretenir
-,
mais
rien ne peut arrefter l’ardeur
• d’un vray zele. | 1
La i
GALANT. 73
.„La joyeque l’entière guét
rifon du Roy a eau fée par
. tout, a paru trop grande,
. - pour ne pas continuer à vous
; '
parler des Actions de grâces
:
qui en ont elle rendues à
I

, A r •
:
Dieu* Entre ce qui soit fait
déplus fingulicr&de plus ma-
.
gnidque fur ce fujet, on peut
.
dire qu’on s’ell particulière-
,
ment difti ngué au Havre. Le
zele queMr le Duc de Saint
Aignan
,
Gouverneur de cet
te Place, avoir fait paroiftre
le 8. de Décembre
, par un
I Te Deum 3 & par une Procef-
I fion generale dans la Ville ,
1 Février 16S7. G
74 MERCURE
à laquelle il aflifta accompa
gné de plus de vingt
-
cinq
mille perfonnes , y a fervy
d’un fi bon exemple, que M5
de Montmor, Intendant Ge
neral de la Marine de la Pro
vince de Normandie,a voulu
le fiiivre.il choifit le Jeudy
30.
du mois pafle,pour faire chan
teruneMefle avec beaucoup
de folemnité dans la Chapelle
de l'Arfenal, qui eftoit extré
mement parée & très-bienil
luminée. Le Portrait du Roy
élevé fur des Trophées, eftoit
au deflus de la porte de PArfenal,
& aux collez on voyoi
GALANT:
* 75
ceux de Monfeigneur le Dau
phin & de Madame la Dauphine,
avec ces mots, la
gloire triomphante , €) éternelle
Rofterïté de L O v 1S LE
GRAND. Toute cette por
te ,
& les courts de l’Arfenal,
eftoient tendues de Pavois ,
& ornées de Chifres du Roy
& de Devifes, fur les principales
Victoires, & fur les plus
grandes Actions de Sa Majefté.
Au deffus du Portrait
de ce Monarque brilloit un
Soleil fortant d une nue obfcure
avec ces mots, Amplius
wirefcit. Tout le Corps de la
G ij
76 MERCURE
Marine affita à cette Ceremonie,
avec Ml le Lieute
nant de Roy & Madame fa
Femme, qui eftoient accom
pagnez de tous les Officiers
de la Citadelle & de la Ville,
& d’un grand nombre de Da
mes. La Mefle commença fur
les onze heures par un Vent
Creator en Mufique , & fut
fuivie d’un Exaudiat , aprés
lequel on n’entendit que
cris de Vive le Roy , meflez
d’une falve de Boëtes & de
Moufqueterie , qui fe fît au
fon des Trompettes , des
Tambouts
,
& des Timbales,
, GALANT 77
& d un très-grand nombre
de Violons & de Hautbois.
Il n’y avoir rien de plus furprenant
que de voir l'extraordinaire
foule de peuple, qui
s'eftoit affemblé autour de
cette Chapelle pour s’unir
aux Prières qu’on y faifoir.
Tout l’Arfenal & les rues eftoient
remplies d hommes &
de femmes^ même de quan.
tiré de nouveaux Convertis,
dont le zele qui paroifloit en
eux pour le Roy , ne touchoit
pas moins le coeur que
la dévotion qu’ils faifoient
paroi lire* Au for tir de cette
78 MERCURE
Ceremonie, on alla difner
chez M‘ le Lieutenant de
Roy ,
qui donna un magni
fique Repas , où la joye &
l’abondance remuèrent égale-
, O. O ment. On n en fortit que lrui*
les quatre heures du foir,
pour fe rendre à l'Arfenal,
où M‘ de Montmor fit chan
ter un Te Deum en Mufique
fur le Vaifleau qui fert d’Ami
ral dans ce Port. M‘ l’Abbé
de dieu , Cure du Havre, y
officia avec fon Clergé ,
&
non feulement tous les Corps
v affifterent avec un tresjgrand
concours de peuple,
mais les Capucins & les Penitens
v vinrent aufi en ProceflioJn.
Il y avoit un Autel à
jour, fuperbement élevé fur
la Dunette de ce Vaiffeau,au
haut duquel eftoit pofé un
grand Crucifix qui fortoic
d’un coeur enflâmé , avec
cette infcription, L^utur @
offertur. Aux coftez eftoient
deux Caffoletes quijettoient
des parfums, & l’on voyoit
quantité d’Argenterie,& pluheurs
piramides de Cierges
qui failoient une très-belle
illumination. Tous les Vaiféaux
eftoient pavoifez avec
G iiij
80 MERCURE
leurs Fiâmes & leurs Pavil
lons. Lors que le TeDeum fut
finy, on rira le Canon, & alors
le bruit des Trompettes,
des Tambours, des Hautbois
& des Violons se joignit aux
cris de Vive le Roy 5 que pouffoie
le peuple répandu en
foule fur les Vaifleaux & au
tour des Quais du Ballin. Les
portes ;
les grilles, & la façade
edoient auffi remplies de
Deviles & d Emblèmes à la
louange du Roy
, avec des
Trophées,dont les ornemens
eltoient pleins de Feux d’ar
tifices
,
aufquels un Amour
tenant plufieurs Couleuvres
enfâmées , avec ces mots,
Prudentid (% ardore excita
omnes }
mit le feu fur les fix
heures du foir. Les Armes de
Sa Majefté eftoient au milieu
de cette grande façade, tou
tes bridantes & environnées
d’une très-belle Illumination.
Il y avoir deux Devifes
aux collez. L’une eftoit une
Perle qui fortoit d’une co
quille
, que les rayons du So
leil faifoient ouvrir avec ces
mots, Exit pulchrior. L’autre
repre/entoit un Phoenix qui
eftoit au haut d’un bûcher.
Si MERCURE
&qui fe piquoit le coeur,
vec ce mot, Renovabïtur. Les
Armes de M‘ le Marquis à
Seignelay eft oient aux collez
avec des Trophées de Man
ne. Il y avoir fur le Canal vis
à vis la porte de M de Mont
mor,un Feu d’artificed’une
invention toute nouvelle. On
voyoit un Trône élevé fur le
Mont de la Gloire , que les
Vertus & les Grâces foûtenoient.
Un Bufte doré du
Roy eftoit fur ceTrône,avec
la Fidelité au bas. Elle venoit
offrir à cet Augufte Monat
que tous les coeurs de fes Su
A
: jets, qui eftoient tenus par
s
des Amours. Quatre Figu.
e res
reprefentant les quatre
z Parties du Monde, eftoient
.
profernées devant le Roy ,
s&luy rendoient leurs hom-
- mages , ainfi que le Dieu
e Neptune. Le Bufte eftoit
a couronné par la Victoire ha.
e
billée en Ange, qui eftoit en
$
l’air, foutenant au deflus de
fa telle une Couronne fer-
1mée, fort brillante
; avec ces
: mots, ]/rlve a jamais cet
teble Héros. Une len tin elle &
quatre Suifles del'Arfenal filent
garde autour du Trône
4 MERCURE
pendant tout le temps quela
figure parut. Toute la déco,
ation de ce Feu eftoit femée
ie coeurs enfâmez & Je
ambeaux d’amour disposez
n fautoir, & tres-richement
eints. Le Feu fut allumé fur
.es huit heures du foir, vis à
vis la porte de M'de Mont
m or, par un Amour qui ef
oiraufli en l’air, &qui tenoit
dans la main un coeur enflane.
Ce fut cet Amour qui
mbraia tous les coeurs qui
oient autour du Trône,
vec ces mots, Zelo @ a7
re excitât omîtes. Si-toft que
Ion eut tiré ce Feu, on vit
e
allumer plufieurs Girandoles
e
de Cristal foûtenuës par des
z
Amours, qui éclairèrent penf
dant toute la nuit le Bufte
it 1 .

du Roy, dont la Couronne
; fut pareillement illuminée,
.
ce qui faifoit le plus bel effet
du monde, & retint le peuj
pie, qui ne cefla point jufques
.
au jour de donner des mari
ques de fa joy e. Sur les neuf
| heures toute la Compagnie
fe rendit chez M- l’Inten-
| dant, qui avoit fait préparer
un très -
fuperbe Repas, &
dune grande delicateffe.il s’y
86 MERCURE
trouva plus de cent Per.
Tonnes, Dames ,
Officiers
& autres Gens diftinguez
La Maifon eltoit fort parée
& rien n’avoit eflé oublie
pour y faire voir une Illumi
nation des plus agréables, Ai
deffus de la porte eltoit ur
Dais , & fous ce Dais 01
voyoit un grand Portrait d
Roy à cheval, orné de Tro
phées& de plufieurs Deviles
avec ces infcriptions, Ah
gloire immortelle de L 00L
LE G RA N D, le Héros da
Héros, Roy très-Clerejlien^ toi •
jours Augufie, toujours V'A
1
GALANT. §7
% rieux, toujours Triomphant, le
s, Pere des Peuples
5 ladmiration
z
des Nations 3 @ les delices de
e toute la Terre. Il li y avoir une Renommée au deflus avec
i une Trompette
,
& ces
It mors, Terra, mari/que Domi-
M utori. Les Portraits de M‘ le
x Duc de S. Aignan &de ME le
i Marquis deSeignelay croient
o au deflous
, environnez de
3
Soleils. Des Dauphins fork
moient deux Fontaines de
1 vin, qui coulèrent tout le
4 jour. On diftribua au Peuple,
i &àtous les Pauvres quantité
if de pain & de viande. Tout le
88 MERCURE
monde y vint boire, jufque
aux gens les plus confidera
bles de la Ville , afin de crier
Vive le Roy. On eut foin
de leur faire trouver des
fruits & des viandes fur des
tables vis à vis la porte de
M‘ l’Intendant, où cette Fefte
fut celebrée en beuvant
la Santé du Roy , & de toute
la Maifon Royale. La façade
de la Maifon de cet Intendant,
chez lequel il y eut Bal
après le foupé, eftoit tendue
de très- belles Tapifferies
& de riches Tapis, avec une
illumination qui dura juf
GALANT 88
ques au jour , accompagnée
d’un grand bruit de Timba
les, de Tambours & de Tr cm*
petes , qui eiloient au bas du
Trône de Sa Majesté, au.
tour duquel le peuple danfa
toute la nuit. Tous les Vaifféaux
Marchands & Etran
gers qui eftoient dans le Port,
eltoient tous parez avec de
grandes illuminations. Les
Mufes du Havre n’ont pas*
elté muettes dans une fi belle
occafion de parler. Elles ont
rendu compte de toute cette
pelle à M‘ le Duc de Saint Ab
gnan par des Stances irregu-
Février 87. H
99 MERCURE
lietes, que M’du Mefnil, Ca.
pitaine Quartenier , qui en
elt l’Autheur, a rendues pu
bliques. Le tour des Vers
donne beaucoup d’agrément
à cette defcription , & on
peut dire qu’ils font dignes
du fujet.
Cette éclatante Solemnité
a tellement excité le zélé des
Habitans de ce Pays-là, &
elle a eu tant de force, particulierement
fur les nouveaux
Convertis , qu’ils ont fait
chanter une grand’Méfiée
un Te Deum, dans l'Eglife de
Noftre
.
Dame du Havre,
GALANT. 9r
pour rendre grâces à Dieu de
la parfaite Santé du Roy. Plufieurs
d’entre-eux y commu
nièrent. Ils avoient fait parer
leur Eglife, & mis quantité
de Cierges avec un Portrait
du Roy , & ceux de M le
Duc de S. Aignan, & de ME
de Seignelay. Ilsn’oublierent
pas de mettre auffi celuy de
M le Coadjuteur de Roüen .
afin de marquer la reconnoiffance
qu'ils ont des foins que
cet infatigable Prélat a pris
& prend encore pour eux.
Le Mercredy 5. de ce mois,
on chanta un fécond Te
92 MERCORE
Deum très -
folemnellement
dans la Chapelle de la Cita
delle du Havre par les ordres
de M le Duc de S. Aignan,
& par les foins de ME de Vi
vier , Lieutenant de Roy,qui
traita enfuit e M l’Intendant,
& tous les Officiers de la
Garni'on & de la Marine a.
beaucoup de magnifia
la defcription de cette nou
velle Felte. Il vous fera aile
de juger qu’elle fut faite avec
tous les témoignages
de joye que l’on peut donner
dans une femblable occalion.
après que vous aurez leu ce
que les Echevins du Havre
en ont écrit à M le Duc de
S. Aignan. Ils marquent d’abord
que fuivaut fes ordres
ils avoient terminé les Réjouifances
publiques pour le
précieux rétablifement de la
lanté du Roy , par une Fefte
à laquelle il fembloit que rien
neuft manqué que fa prefence
, & qu’ils tâcheroient de
luy en faire la defcription
s’ils n'efoient perfuadez que
de plus çavantes plumes que
les leurs fe chargeroient de
ce foin..
94 'MERCURE
Quelle grande matière powt ïétendue de leurbeaugenie di
fent-ils enfuite , que de voiï
un nombrepre/que infiny de -
ritables Sujets de Sa Majefté
s annoncer a eux-mejmes cette
Juperbe Pefle^ sy préparer avec
des marques d une allegrepe incroyable
, 6) comme inJpire^poM
leur Aagufte Prince du zele^
Vojlre Grandeur, ne trouvé
rien ddmpojjlble chacun dansfin
ejlat pourJe fignaler G pourfie
dijlinguer d une façon mer^A
bufe ! Point de Maijons, Mo^
Jeigneur, fans eftre décorées d
Tapijferies , d'illuminations, @
GALANT. 95
f de feux
; point de Fables fins
i- tfre garnies de viandes s point
ir de Buffets fans flacons 5 fins
%
bouteilles 6fins vin ; point de
, particuliers fins Couronnes ;
te point de Chanfins que pour le
X Roy j point dapplaudiffcmens
2- ope pour le Roy 3 point de Fe^
tr fins, de Dances , de feux que
il pour le Roy ; la Santé du Roy
7 par tout, @par tout Vive le
n Roy. Ce neft la, MONSED
R GNEDR , quune faible pein^
• titre que nous ne pouvons nous
2.
empeficher de faire à Voflre
b Grandeur, des témoignages Fu^
) biles que tous les Sujets de S^
Majefléfournisa U prndence de
vofire Gouvernement , ont ta
ché defaireparoïfire en cettefimeufe
journée. Les Trompettes,
les Tambours, les Hautbois, les
violons , la Simphonie la
Mufique nous accompagnèrent
partout, @jamais lesfoins de
M‘ le Lieutenant de Roy ne réùffrent avec plus d'éclat G
plus de pompe. M ïIntendant
accompagné de Mri les Officiers
de la Marine, honora par tout
cette illufire Refte defa prefence,
€ ne voulut faire , pour ainf
dire, quun Corps avec tous les
autres Corps, afin que cette d
arcabU
GALANT. 97
^Mc 6)Jurprenante conf^fion
produififi le plus bel effet €) in
plus belle chofie du monde. Enfin,
MONSEIGNEUR , le bon
exemple de M. nofire Rufieur
pi u encore chunte uujourd huy
une Meffefolemnellc ou tous les
Corpsfifonttrou^e^ en uclion
de grâces de lu Suntéde SuMit
jefié pour plufieurs nouveaux
Convertis ; le coeur généreux de
M. le Licutenunt de R y , la
pofufion de fin mugnifique Re^
fus,() fi nous o^yns le dire,
MONSEIGNEUR
>
nofireun
leur 6) nofire uttuchement in^
Miolablepour toutce qui regurde
Février 1687. I
98 MERCURE
nofire bon Maiftre @ noflre
grand Roy ; tout fut animé des
jentimens de Noflre Grandeur,
que nous ne cejfafmesjamais di^
voir devant lesyeux , efiant a
oùmt
ec tout le refpeci €) toute U
^on poffble, &c.
La Compagnie des Mailtrès
Chirurgiens Jurez de Paris
ayant efté la première à
marquer Ion zele pour le Roy
par des Prières folemnelles
qu’elle fit faire auffi-toft que
l’Operation eutétéfaiteà (on
mal, pour en obtenir un heu
reux fuccés,s‘eft crue obligée
de rendre grâces à Dieu de fa
; GALANT; 99
guérifon. C’eft ce qu’elle fie
le Vendredy 24. du mois pafle
par un Salue folemnel , & un
Te Deum qu’elle fit chanter
dans l'Eglife de S. Colme, La
Mufique eftoit delacompofition
de M‘ Moreau.Il y eut
un excellent Motet, dont
vous ne ferez pas fâchée de
voir les paroles, puis qu’elles
font particulières pour ce
grand Monarque.
Vox populi audita efl ex alp.
Régi falus reddita GalHcum
orbem Utific&t. Luget boerefis
marore confecla. Plaudunt ^en
cultus ^indices gloriofi. Sewa 5
I ij
100 MERCURE:
Domine , in longum tempus Re.
gem noflrum. Pro te régnât per
te regnet in sternum.
Ces paroles font expliquées
par ces Vers.
POUR LE ROY.
A voix du Peuple efi du
Cielentendue,
"Nos foupirs nos voeuxfont enfin
exauce^
La Santé de LOUIS anso pleurs
efi rendue ;
Mais, Seteneur,cen'efi pas- affe^
Ll faut de ce grand Poy prolonger
les années
3
GALANT IOI
Changer en fa faveur l'ordre des
deftinèes,
Retrancher de nos jours Rour aug
menter les fiens ,
Rt la France a jamais fera pleine
de biens.
De vofre Caere PTom il foutient la
défen/e ,
Sous défijufes Loia Calvin effanspuijfance
j
Que nos defirs, SeiRjieur
3
foient en
core écoute^
Conferve^ ce FLcros , vofre rIus
vive 7m ife,
9
Et nous laijfc^ long-temps un
gage
Qui nous répond luy reul de toutes
vos bontev.
La mefme Compagnie des1o2.
MERCURE
fer à la pofterité le zele fou.
mis & refpectucux qu’elle a
pour le Roy , a fait fraper un
jetton d'argent, fur lequel
e le s elt appliquée à repre.
fenter ingeniculement quel
que chole qui ait rapport à
la Santé de ce Prince, quiluy
elt infiniment chere, & à la
confervarion de laquelle elle
peut dire qu’elle contribue
en quelque forte parles foins
& par l’application de M‘ Felix,
premier Chirurgien de
Sa Majesté
, qu’elle regarde
comme fon Supérieur & ion
Chef, Je vous envoyé ce
GALANT 103
e
t
t
plus particullercHCtiL
e
e
ir
1
il
• n
rua.
ur
nn,
fur•

GALANT 103
Jetton gravé. Dans la face
droite eft un Soleil qui fore
d’un nuage avec plus d'éclat
qu’on ne luy en a encore vu ,
ce qui fait entendre que le
Roy heureufement guéry de
fa maladie , jouira à l’avenir
d’une meilleure fanté , & qui
fera plus durable. Le Soleil
répand fes rayons fur un
Parterre femé de toutes for
tes de fleurs, pour faire allufion
aux bontez que Sa Ma.
jefté verfe fans celle fur
tous fes Sujets, fans diftindion
d'eftat ny de condition,
& plus particulierement fur
I iiij
lo4 MERCURE
la Compagnie des Maiftres
Chirurgiens de Paris, qu’Elle
honore de la protection
Royale, comme ont fait fes
Auguftes Prédecefeurs
,
de
puis S. Louis qui en a efté le
Fondateur. Le tour du cer
cle elt bordé de cette legen.
à^LVDOKICVS MAGNVS
SANITAS 0RBfS^c coûtait
connoiftre que lors que le
Roy eft dans une lamé parfaite,
non feulement laFrance,
mais aufi la plus grande par
tie de l’Univers joliit d’un
bonheur parfait.
Au revers de ce jet ton on
C)
Q
GALANT- 105
voit Apollon en relief. C
Dieu, qui eft l’Inventeur d
la Medecine & de la Chirur
gie, tient d’une main fa Lyre,
Inftrument qui marque la
Paix, & de l’autre un ballon
noueux entortille d’un Ser
pent , pour faire connoiftre
que fi ceux qui exercent ces
Arts, veulent arriver au but
qu’ils fe propofent , ils ont
également befoin de lexperience
qui ne s’acquiert que
par de fort longs travaux ,
&
d’une prudence confommée.
On lit autour ces deux mots,
Salus publiez. Ils font placez
106 MERCURE
en ce lieu à l’imitation de;
Anciens
,
& font entent
que ce Corps n’eft pas moins
pénétré' d'eftime pour noftr
Augufte Monarque, que dévoùé
au fer vice de tous fes
Peuples, pour leur donner
ii beau Regne.
La Compagnie des Apo
tiquaires des Maifons Roya
les s’acquitta du mefine de.
voir le 12. du dernier mois.
dans lEglife Collegiale de
S Thomas du Louvre, oule
le Doyen de ce Chapitre of
ficia avec toute la dévotion
-21/08. -
GALANT. 107
qui luy eft ordinaire. Le
Corps de la Mufique de Saint
Germain l’Auxerrois fe furpafla
dans tout ce qui fut
chanté
; mais il n’y a pas lieu
d’en eftre furpris , puis que
M‘ Foflié en eftoit le Maiftre.
Son mérité eft fort connu.
! a efte un des premiers Difiptes
deM l’Abbé Robert,
ont il a concouru à eftre le
ucceffeur. Tout cela fe fit
ar les foins de MP de Rouviere&
Habert, Syndics. Je
vous ay déjà parlé du premier
au fujet delà Theriaque.
Le jour des Rois les Percs
Io8 MERCURE
Capucins de la rue Saint Ho.
noré, aufi zelez pour le Roy,
qu’ardenspour ce qui regarde
le falut des Ames, rendirent
à Dieu les melmes actions à
grâces dans leurEglife. Voi
cy le Difcours qui fut pro.
nonce' parle Pere André Sé
raphin de Paris , au fujetà
Te Deum que l’on y chanta.
Mis dans ce jour fi rempli
de joye ( d'aUegreJfe , peut-on
finir TEloge des Roisfans parla
du plus grand Roy de la Terre]
Peut-on avoir fenty les peines de
fa maladie jufqua ^afrdes larmes
, €) ne pas chercher dans le
GALANT 109
1 récit de fès louanges à Jefiula-
, de fin ajliclion : Un An^
f
tien regardoit les malheurs de la
H République comme fis propres
e
grâces. Toute la France a con-
- fideréle danger
3

s et trouvé
• ce Monarque incomparable, com*
- ne fin propre péril , 6 on l'a
1 Wè défilée & tremblante ^pen^
Untque tout ejloit a craindre
1 four la noie de Sa Majefté. Mais
‘i fuis quune parfaite guerifin a
7
^fpénojlre crainte , nofirejoye
2 ne doit pas moins éclater que
’ noflre douleur, Qui ne jugera
• que la maladie du Roy efi un
’ nouveau Jujet de ^icloire 3 qui
fefiade qu il ejl 6feratoujours
Io MERCURE
invincible ? Je regarde fa now
velle fanté comme un nouuew
règne qui nous promet des
veilles encore plus grandes que
celles dont IVnivcrs à efiéfùr^
pris. Le Soleilparoifi plus écl^
tant après une éclipfi ; lesgrave
des actions que Sa Majeflé va
fairefurpafieront celles qui nous
ont le plus charme^ Tous les
momens de fa vie ont efte ewe
facre^ a la gloire 6 aux trirre
phes^ la dévotion, la faintetéacheverontde
la couronner- .
Quel
le joye pour I Eglife de voir le
premierTrince du mondefi
mettre a Dieu parfit Religion^
, GALANT III
: après avoir fournis tous fasEn-
6 nemis parfa valeur
s
triompher

de foy-mcjmeparfa modération
y
2 après avoir triomphé de PEuro^
• pe par laforce defez armes. En
• gagnant des Batailles il a vaincu

des Rois s en fefarmontant il a
! vaincu le Vainqueur de 1 Vni^
vers. Une refloitplus à
cegrand
Monarque après tant dédélions
'
mortelles, que d eftre auff
grandpar fa pieté qu il l'eftoit
par/ Couronne, €) c eft c? quon
ef obligéd avouer. Mille rares
(pdite^qui brillent en fan Au^
gufte Perfanne le rendent l’admiration
de toute la terre ; de
112 MERCURE
plus rares vertus nous montrent
quil en eft 1 édification 6 IC
xemple. Il nefiplus de Lauriers
icy-bas qui doivent tenter fin
coeur
y
le Ciel feul peut fujfire à
une âme aufil grande que lu
fienne. Par toutfinaleparoifi
donnépar unfieul trait de plume
le coup mortel a l Herefie que U
perte de quatre Batailles ran
gées riavoit pu exterminer
y
6
il préparé a l Egli/è Catholique
plufieurs autres triomphes. Déjà
les lumières de l Evangile font
portées par fies ordresju/quaux
extrémités du monde , S on
GALANT, iq
connoifl le\noem de LOVIS LE
GRAND où le nom des Cefars
n a pointefié connu.SJne infinité
éautres bellesdélions voudroient
trouver place dans cet éloge ,
mais je croy qu‘en prefence des
faints Autelsje dois plûtoftlouer
la piétéque la valeur, les vertus•
drefiiennes que les militaires,
ce qui fiait les Saints que ce qui
fait les Héros. Que peut-on dire '
encore de ce Prince qui riditefté
dit mille fois ? Si par fabonté
ila captivé tous les coeurs
il a parfies Victoires épuifié tou-
-
tes les louanges. Prions Dieu de
o
nous le conférer , €) quilfaits
Février 1687. K
JM MERCURE
toujours comme il efi a prefint
les délices de fis Peuples 5 l’arbitre
de PEurope 3 lu crainte t)
1 admiration de toutes les autres
dations.
Le trop de matière ne me
permit point la derniere fois
de vous parler de la mort du
Pere Dom Benoift Brachet,
Supérieur General des Religieux
Benedictins reformez
de la Congregation de Saint
Maur
, en France , arrivée
dans l’AbbayedeS. Germain
des Prez
,
le mardy 7. du
mois paflé, dans la 77. anliée
de fon âge. Quoy que je
vous aye déjà écrit de ce Pere
lors qu’il fut éleu General de
fa Congrégation au mois d'Avril
1682.. vous ferez bien aile
de trouver icy un plus grand
détail de (es vertus , & de fa
Famille , à prefent que fa mo -
deltie n eft plus en eftat de
s'oppofer aux éloges dont il
s'elt rendu fi digne. Il y a des
Illuftres dont on ne parle
qu’avec crainte pendant leur
vie -parce que la grande pieté
dont ils font profefion ,
leur fait chercher l'obicurité,
& les rend ennemis des
louanges, & de tout ce qui
fe refent du monde ; mais
quelque foin qu’ils prennent
de fe cacher, on rend juftice
à leur mérité après leur mort,
&le déplaifir qu’on a de leur
perte fait voir l'efime qu’on
avoir pour eux. C'eft ce qui
a paru avec éclat au lu jet du
Pere Bracket, lorfque le Roy
a eu la bonté de témoigner
plu heurs fois , quil ejloitfdfl
ché defi mort 3 t) que ceftoit
un très-bon Religieux dont le
mérite luy efioit connu depuis
long-temps. Cet éloge venant
d’un Prince dont le difcernement
eft h jufte , fuffit pour
GALANT. HT
donner l’idée la plus avantageufe
que l’on puifle conce
voir d’un homme. La Cour
& les Ordres du Royaume
ont rendu juftice à la mé
moire de ce bon Religieux,
& une perfonne qui tient un
rang confiderableen France,
autant par fa dignité que par
fa naiffance, a dit, que le eritable
caractère du Pere Brachet
, efioit d'avoirfait du bien
à tout le monde , € de n avoir
jamais fait de mal a perfenne.
L’on çait qu’il avoir une fimplicité
chreftiennedans les
actions & dans fes paroles.
118 MERCURE
une pénétration d’efprit ai
mirable
, une mémoire fort
heureufe , & par deflus cout
cela une probité & une droi
ture d’ameà l‘épreuve de tous
les artifices du fiecle. Il fut
élevé tout jeune dans l’Ab
baye de Fleury , que l’on
nomme plus ordinairement
Saint Benoilt - fur. Loire. Il
n'eftoit encore âgé que de
16. ans, lors que les Religieux
de cette Maifon connoiflant
ion mérité extraordinaire,
luy offrirent des avantages
fort confiderables pour le re
tenir chez eux. Il renonça à
GALANT- 119
ces offres & à une penfion,
: pour embrafler la reforme de
: fon Ordre , dans laquelle il a
vefeu avec une grande piété
i pendant foixante ans. On le
t fit Sous-prieur de l’Abbaye
de Tiron , & Maiftre de Phi-
1 lofophie à l’âge de 22. ans.
‘ Lors que les deux Congrega-
' tions de Clugny & de Saint
2 Maur furent unies, il fut élu
‘ Prieur de Saint Martin des
: Champs de Paris ,quoy qu’il
» ne fult pas encore Preftre, &
i qu’il n’eu ft que vingt - cinq
1 ans. Enfuite il fut fait Prieur
1 de l’Abbaye de S. Germain
120 MERCURE
des Prez , dont il repara I’E.
glife & le Monaftere , avec
autant de prudence que de
bon goult, puis qu’il y fit tout
ce que l’on y voit de beau,
fans engager le revenu de la
Mailon, Depuis ce temps ila
continué à rendre de grands
fervices à l’Edi e & à fon Or.
dre dans les premières Char
ges qu’il a exercées avec une
humilité & une charité ad
mirable. Le feu Roy luy of
frit un Eveché qu’il refusa,
aufli-bien qu’une penfion de
douze mille livres qu’un Prin
ce luy vouloir faire. Les Car.
dinaux
GALANT. 121
. dinaux de Richelieu & Ma-
: zarin connoiflant fon mérité
e & fa pieté,le mirent dans leur
t Confeil pour les affaires Ec-
,
clefaftiques. Il a elle député
a
deux fois à Rome pour le bien
a
de l’Eglife & pour la reforme
s
de fon Ordre. Sa Majefté luy
.
a
fait l’honneur de le nom-
- mer plufieurs fois Commit
2
faire pour des affaires Eccle-
-
faftiques
, avec des Cardi-
. naux, Archevefques
,
Evet
,
ques
,
& Conseillers d'Eftat ,
:
& le Parlement luy a aulli

donne' plus de dix fois la met
122 MERCURE
me Commiflion. Il y a envi,
ron vingt-deux ans qu’il fut
l'un des Commiflaires nom.
mez par la Cour pour une
affaire d’importance qui com
cernoitles Peres Cordeliers*
& en 1670. Sa Majesté donna
des marques tres-particulie.
res de l'eftime qu’Elle avoit
pour lu y , en le choififfant
pour aller recevoir de fa part
fur la frontière de France Je
Roy Cafimir de Pologne. Ce
n'étoit pas aflez pour latisfairele
zele qu’il avoir pourla reforme,
de l’avoir établie dans
plus de foixante & dix Mo*
GALANT. 123
.
nafteres de fon Ordre
3 avec
: des travaux incroyables ; il
. avoulu laiffer à la pofterité
2 un monument éternel de fa
. pieté
5 en donnant à fa Con-
.
gegation le Prieuré de Boni
ne. nouvelle d’Orleans 3 que
.
Mefire François Brachet fon
t Frere refigna l’an 1658. au
t
Pere Dom Jean Barré, Pro-
: tuteur de Saint Germain
,
qui
;
l’unic à fa Congrégation. Cet-
2 te union fut luivie d'une do-
. nation de quinze mille livres
.
que firent MES Brachet au
sMonaftere de Bonne nou-
,
velle
, en comideration de
124 MERCURE
leur illuftre Parent. Aprés une
vie remplie par tant d’actions
faintes , ce Pere a eu la con
folation de mourir avec gran.
de tranquillité entre les bras
de fes Religieux, qui le cheriffoient
& l’honoroient ve j
ritablement , auffi-bien que j
MEs fes Ne veux qu’il a édifiez j
jufqu'au dernier moment d
(
fa vie
, par les bons exemple (
qu’il leur a lai fiez
,
& par un t
entière refignation aux or t
dres du Ciel. Plu fieu rs Evel i
ques, Abbez de la premier
ç
qualité
,
Ducs& Pairs
,
Pre k
miersPrefidens desParlemel
v
ne
ns
n.
n.

e
e
u
rez
de
If
or
ert
re
en
&des autresCoursSuperieurs,
Grands Officiers de la Maifon
du Roy , Confeillers d’Eftat ,
Mailtres des Requeltes , Prefidens
, Confeiilers au Parlement
& au Grand Confeil,
Mailtres des Comptes ; en un
mot ce qu’il y a de plus confiderabledans
tous les Ordres
du Royaume , aflifterent à
fon Enterrement, où fe trou
vèrent aufii des Religieux de
toutes les Communaurez Religieufes
de cette Ville , ainfi
qu’au Service qui fut chanté
le lendemain par plus de fixvingtsReligieux,
qui avoient
126 MERCURE
chacun unCierge à la main
La Ville d’Orléans a voulu
donner en particulier des
marques de fa douleur pour la
perce de cetillüftre Citoyen
On fit pour lu y un Service
fort folemnel le Vendredy
100 de Janvier dans le Mo.
aaftere de Bonne-nouvelle.
Tout ce qu’il y a de perfonnes
diffinguées dans la
Ville & aux environs, fe fit
un honneur d’y aflifter. M
de Creil,Maiftre des Requê.
tes & Intendant de la Province,
mena le Deiiii, & Ma
dame fa Femme y afliftaauf
i
n
bien que le Prefidial. Les
du prières durèrent trois jours
e$
dans cette Eglife qu’on avoir
la tendue de noir.
n Ce n'eft pas d'aujourd'huy
que le nom de Brachet elt
[y llluftre. Cette ancienne Famille
, qui eft tres-noble &
e fort confiderable par fes Al-
: liances , tire fon origine de
a
la Ville de Blois , & s'eftde.
it puis établie à Orléans & à Paf
ris, ayant produit plufieurs
. perfonnes d’un très grandme-
. rite qui ont donné des preu-
. ves de leur fidelité dans les
i temps fa 1clieux , & que nos
L iiij
128 MERCURE
Rois ont choifis pour main,
tenir leur authorité dans les
Villes du Royaume. Cathe
rine Brachet fut mariée en
1460. à Meffire Jean , dit Poton,
Seigneur de Saintrailles,
de Salignac & de Villeton,
Maréchal de France, premier
Ecuyer du Corps, & Maiftre
de l’Ecurie du Roy , Grand
Bailly de Berry
,
& Sénéchal
du Limofin, quief fi fameux
dans nos Hiftoires par les
belles actions qu’il fît fous
les Rois Chasles VL & Char
les VIL Elifabeth Brachet
époufa en 1450. Geofroy de
GALANT. 129
Roche-choüart , Sr de Jars,
deCharroux, Yvoy , &c. de
la Famille de M s les Ducs de
Vivonne & de Mortemart.
De ce mariage vinrent entre
autres Enfans , Ilabeau Fem
me de Jean d’Eftampes , S r de
la Ferté-Imbaut, & Catherine
qui fut mariée au Seigneur
d’Aubufion-la Feüillade. Jac
ques de Roche-choüart leur
Frere aifné époufa en premieres
Noces Loiife d’Aubuffon
, & en fécondés Anne
de la Tremoüille. Jean Bracher,
Sieur de Pomeran & de
Frouillé , Secrétaire du Roy ,
130 MERCURE
époufa en 1545. une Soeur du
Prefident Hennequin , & de
Jeanne Femme de Henry de
Melmes , Seigneur de Roilly,
Conseiller dEftat ordinaire,
& Chancelier de Navarre.
De ce mariage vint une Fille
unique,qui fut mariée à Melfire
Germain le Rebours,
Sieur de Morfontaine. Marie
Brachet Soeur de Jean ,époula
M™ Jean le Prevof, Confeiller
au Parlement de Paris,
& Prefident aux Enqueltes.
Jean Brachet Confeiller au
Parlement de Paris en 1544. fut Pere de Jerome Brachet,
GALANT. 131
Sieur deNerry & de Villiers,
Bailly & Gouverneur de Valois.
La Soeur de ce Jean Brachet
époufa le Sr le Rebours,
Seigneur de Chaufly & de
Morfontaine. Un Nicolas
Brachet eftoit Confeiller au
Parlement de Paris en 1500.
& Préfident en la Première
des Enqueftes l’an 1534. Jean
Brachet, fon Frere, S1 de Pormoran
,
eftoit Secrétaire du
Roy
,
l’un des quatre Rece
veurs Generaux de France ,
0*
& depuis Treforier de Fran
ce en la Généralité de Lan-.,
guedocdl époufa Jeanne Luit
132 MERCOURR
lier, de la tresilluftre Famil
le , que l’on diftingue par les
coquilles qu’ils ont dans leurs
Armes. Jacques Brachet, Se
crétaire du Cabinet du Roy,
& Fre re du Pere General donc
je vous apprens la mort, fut
intendant de l’Armée d’Ita
lie pendant vingt-cinq ans,
& mourut au fervice du Roy
en 1659. Charles Brachet, Ion
fécond Frere, fut auffi Intendant
de l’Armée dans le Luxembourg
Cette Famille s'elt
divilée en pluficurs branches
fous le nom des Seigneurs de
C
1 Marolles , de la Boüache, de
GALANT. 133
h Miltiere & de Perufe.
Comme la derniere action
d’éclat que le Pere Brachet a
faite avant la maladie dont il
eltmort, c’eft d’avoir ordonnédes
Prières pour l'heureux
fuccés de l’Operation duRoy,
le Pere Dom Claude Boiltard
qui gouverne à prefent la
Congrégation en qualité de
Vicaire General, jufqu'a ce
que le Chapitre, qui fe doic
tenir après Pafques, ait don
né un Succeffeur au Défunt,
a commencé l’exercice de la
Charge par un ordre qu’il a
envoyé dans tous les Mona-
4
134 MERCURE.
fteres de fa Congrégation,
pour faire des Prières en Ac
tions de grâces de l’heureuse
guérifon de Sa Majefté. Cel
les qui avoient eftefaitesàS
Germain des Prez ; & qu’on
n’avoit point interrompues
depuis le commencement de
l’Operation
, y furent terminéesleis.
de Janvier par unTe
'Deum
y
que l’on y chanta. On
fit une aumône generale à la
porte de l’Abbaye- on affifta
quantité'de pauvres honteux,
& on délivra ce qu’il y avoit
de Prifonniers pour dettes
danslesPrifons duFauxbourg;
GALANT. 135
& afin que les autres mifera-
— bles qui gemiflent dans ce
lieu pour leurs fautes, pu fient
prendre part à la joye com.
mune, on les tira des cachots
pour les amener dans la Cha
pelle de la Prifon, où on leur
fit auffi chanter le Te Deum?
après quoy on leur envoya de
l’Abbaye , un fou per que
Ion peut appeller regale pour
des gens chargez de chaînes.
Tout cela fe fît par les foins
du Pere Dom Claude BretagUne,
Prieur de Saint Germain,qui J a auffi témoigné7 fon zele
dans cette occalion , par plu336
MERCURE
{leurs prières extraordinaires
& d’autres bonnes oeuvre;
qu’il a fait pratiquera les Re
ligieux.
Les Benedictins du Mona.
ftere des Blanc
- manteaux
ont fuivy l’exemple de ceux
de l’Abbaye. Ils avoient fait
une Neuvaine , & exposé le
Saint Sacrement, avec un Sa
lut folemnel pendant neuf
jours ,
fans qu’ils enflent dilcontinué
les Prières & autres
actions de pieté qu'ils avoient
commencées dès les
premiers jours de l'Operation.
Ils chantèrent un Te
GALANT. 137
s,
Dewmfolemnel le Dimanche
$ 19.
du mefme mois. Dom
: Pierre Coquebert, Prieur de
h Mailon
j
officia ce jour là,
. ce qu’il fit encore les autres
x jours , où plufieurs Compax
gnies célébrés firent faire des
it Prières pour le Roy aux
e Blanc-manteaux. On les a-
1 cheva le Mardy 18. L'Eglife
f eltoit tendue de riches Ta-
_ pifleries
,
& ornée magnifi-
's quement par les foins de MS
-
les Secrétaires du Roy
,
Au-
S
dienciers & Controlleurs en
. la Chancellerie de Paris. Plu-
? fieurs perfonnes demandent
Février 1687. M
pourquoy les Peres Bene.
divins de ce Monallerefont
appeliez Blanc-manteaux,é.
tant du mefme Ordre & de
la mefme Congrégation que
ceux de l’Abbaye de S Ger.
main. Ils ont fuccedé dans
cette Maifonaux Servîtes ou
Serviteurs de la Vierge, in
itituez à Marfcille l’an 1257.
& comme ils eftoient vêtus
de blanc , non feulement le
nom de Blanc- Manteaux à
efté donné à la rue qu’on
nommoit auparavant de U
vieille Parcheminerie ; mais il
eft toujours demeuré auxRe
ligieux qui ont occupé le
Monaftere, Saint Louis y avoit
étably les Servîtes , & le
feu Roy y a mis les Peres Benedictins
La Province du Bugey n’eut
pas plâtoft appris la mort de
Honneur le Prince, qu’elle
fongea aux moyens d'honorer
la mémoire d’un Gouver
neur qu’elle avoit toujours regarde
comme fonilluftre Protecteur.
Dans ce deflein le
Clergé, les Syndics de la No*
blese, & de la Province fe
rendirent le 7. du dernier
mois à Bellay, qui en eftlai
M ij
i4o MERCURE
Capitale , pour aflifter aux
quatre Services folemnels
que chaque Corps devoir
faire faire. Le premier fut
celuy du Clergé ; le fécond,
de la Noblefle ; le troifieme,
du Tiers-Eftat, & le quatriè
me, celuy de la Ville. M’l’E.
vefque y officia pontificalement.
La Mufi que de la Sain
te Chapelle de Chambéry,
avec celle de la Cathédrale,
fe furpafla dans cette lugu
bre Ceremonie. M ie Théo
logal de Bellay
,
& d’autres
célébrés Prédicateurs, pro
noncèrent avec beaucoup
GALANT. 141
d’éloquence l’Eloge de ce
grand Prince , & chaque
Corps fe diftingua par divers
ornemens funèbres. Le Dais
eftoit d’un velours noir,garny
d’une frange d'argent.
Une Couronne de prince
couverte d’un Crelpe , paroisfoit
fur le Poêle qui eftoit
auffi d’un velours noir, croifé
d’Hermine. L'Eglife eftoit
rendue de noir, aux Armes de
S A. S. avec des inscriptions,
&bordée de grandsCierges de
cire blanche, Je ne vous parleray
point des autres Prières
que ME l'Evefque de Bellay a
142 MERCURE
ordonnées dans fon Diocele,
il fuffit de dire que ce Prelat
a tant honoré Monfieur le
Prince pendant là vie , qu’il
n’a rien oublié après fa mort,
pour lu y donner des marques
de ion fou venir & de ion zele.
Ce mefme Prélat ayant ap
pris que la Santé du Roy
eftoit parfaitement rétablie,
fit chanter le Dimanche fuivant
par la mefme Mufque
de Chambéry , jointe à
celle de Bellay , une grand’
Mefle dans la Cathédrale, &
le Te Deum enfuite , auquel
affilterent les mefmes Corps 3
GALANT. 143
outre les Prières publiques
qu’il avoir ordonnées dans
ion Diocefe pour obtenir du
Ciel la guérifon deSaMajefté.
On a fait aufi un Service
folemnel pour le repos de
l’Ame de Mon heur le Prince,
dans la Ville de Senlis, à la
quelle levoifinage de Chantilly
, qui n’en eft qu’à une
lieue
, a fait fouvent reffentir
les effets de fa bonté7 & de
fa protection. ME le Marquis
de Saint Simon , qui en eft le
Gouverneur, ayant envoyé
fes ordres aux Echevins , ce
Service fut fait dans la Ca.
144MRCORE
thedrale le Lundy 30. de Dé.
cembre. Elleeftoit toute ten.
due de noir, avec les Armes
de ce Prince, & l’on n’oublia
rien de ce qui pouvoir donner
de l éclat à cette pieufe &
trille Ceremonie. Les Eche.
vins fe firent conduire en
deüilà l'Eglife parles princi
paux de la Ville, & les Of
ciers du Préfidial, & des autrès
Corps s’y rendirent. M‘
Sanguin
,
Evefque de Senlis,
célébra la Mefle, qui fut
chantée en Mufique. La plut
part des Officiers de ce Prin.
ce qui elloient demeurez à
Chantilly,
GALANT. 145
Chantilly , ne manquèrent:
pas de s’y trouver. Vous fçavez
, Madame, que ME le
Marquis de S. Simon eft Frere
de M‘ le Duc de S. Simon,
Gouverneur deBlaye,
La Ville deSenlis n’a pas
eu befoin d’exemple pour s'acquiter
de ce qu'elle devoir
à ion Souverain. M‘ lEveD
que, l’un des plus zelez Pré
lats du Royaume
,
fit faire
un Service folemnel , le pre
mier jour de l'année dans fa
Cathédrale, pour remercie
ment à Dieu de l'entiere guérifon
de Sa Majefté. La Mef-
Février 1687. N
146 MERCURE
fe qu’il célébra pontificale,
ment, y fut chantée en Mufique,
en prefence des Echevins,
des Officiers du Préfidial,
& de tous les autres
Corps de la Ville.
M s du Chapitre de S.Marcel
deParis ayant apris l'heureufe
Operation que le Roy s'eftoit
fait faire
,
arreiterent qu’on
diroit le lendemain une Mefle
folemnelle dans leur Eglife,
& que tous les jours on feroit
des Prières extraordinaires
dans toutes les Méfiés, & une
Proceflion à l'ifluë de Vefpres,
jufques à l’entier rétablifeGALANT
147
ment de fa Santé. Leurs voeux
ayant efté exaucez ainfi que
ceux de toute la France , ils
en rendirent grâces à Dieu le
4.5. & 6. jour du mois paflé
par des Prières de quarante
heures. Rien ne manqua a
cette folemnité. L’Eglife étoit
tendue de riches Tapifferies ,
& ornées de Tableaux de
grand prix, avec quantité de
Luftres
, & plu (leurs Pièces
confiderables d’argenterie.
La Mefiè , les Velpres & le
Salut furent chantez chaque
jour par une tres-belle Mufique
, accompagnée d’une
N ij
148 MERCURE
excellente Simphonie d’Inftrumens
, & cette Ceremonie
fut terminée par le Te Deum,
Le 15. les Religieux de la
Charité qui depuis le commencement
de la maladie du
Roy , avoient fait des Prieres
trois fois le jour avec leurs
Malades , pour demander à
Dieu le retour d’une fanté fi
precieule à l'Eftat, firent auf
chanter un Te Deum en Muhque
,
de la Compofition de
M‘ Ni vers, Organifte de Sa
Majelté. Ils folemniferent ce
jour là comme une des plus
grandes Felles de leur Ordre.
GALANT- 149
]] y eut Expofition pendant
tout le jour, & Proceflion du
Saint Sacrement par les Infirmeries.
Les Malades avoient
des Cierges allumez en leur
lit, &joignoient leurs prierez
à celles que faifoit la Com
munauté , en action de grâces
de la guerifon de ce grand
Monarque.
Le 10 on rendit à Dieu les
mefmes actions de grâces par
les foins de M le Chevalier
du Guet dans l’Eglife de S.
Michel qui eft dans l’enclos
du Palais, & dans laquelle les
Officiers du Guet ont une
N iij
Iso MERCURE
Chapelle tres ancienne, dé
diée à Saine Georges leur Pa
tron. Toute la Compagnie
s’y trouva fous les Armes. Il
y eut grand’ Mefle , Velpres,
Salut & Te Dem en Mu ique,
& MTEvelquedeCouftance,
Tréforier de la Sainte Cha,
pelle , donna la Bénédiction,
après laquelle les Officiers firent
plusieurs décharges en
prefence de leur Capitaine.
Ce melme Prélat officia le
29. dans la Sainte Chapelle,
où Mrs lesTréforiers de France,
de la Généralité de Paris,
firent chanter en Mufique
G A L A NT. I51
- une Mefle folemnelle & enfuite
le Te Deum.
e Le melme jour les Officiers
! de l'Election de Paris , que
j leur zele pour les intereftsdu
, Roy a fait diftinguer dans
, tous les temps , firent cele.
>
brer dans la Salle de leur Au-

dit oire une grand’ Méfié à laquelle
afilterent tous les ReligieuxCarmes
de la Place Maubert.
Cette Salle eftoit ornée
de riches Tapifleries, & d une
infinité d’Ouvrages d’or &
d’argent. Pour mieux fignaler
leur joye , ils contribuèrent à
la liberté' de plusieurs Prifon.
N iiij
192 MERCURE
niers retenus pour dettes à
Paris & dans l’étenduë de
l'Election , & firent faire des
diftri butions pour foulager
de pauvres Familles de la
Campagne. M‘ de Chenedé,
Procureur du Roy en la mefme
Election , qui a agy de
tout fon pouvoir dans toutes
ces choies , fit suffi chanter
un Te Deum en Mufique. Il y
employa des voix choifies,&
un fort grand nombre d'Infini
mens. C'eft l'effet du zele
& du refpect qu'il a fait voir
pour le fervice de Sa Majefté
dans toutes les occasions qui
GALANT. 153
ont regardé le bien de l’Eftat
& la joye publique. On fe
souviendra toujours à Angers
lieu de fa naiflance , ou il a
elté Conseiller au Prefidial ,
& Maire de la Ville
,
des réjouifances
extraordinaires,
dont il prit le foin, dans le
temps de la Paix des Pyré
nées, & dans celuy du Ma.
riage du Roy, & de la naiffance
de Monfeigneur le Dauphin.
Le 3. de ce mois, M‘ DeL
marefts, qui a efté élevé dans;
la Mufique du Roy
,
voulant
faire voir en ion particu154
MERCURE
lier l’intereft qu’il prend
au rétablillement de la Santé à
ce grand Monarque,fit chan.
ter dans l'Eglise des Peres de l’Oratoire
, un Te Deum de fa
compofition
, qui eut un ap
plaudiflement general. Cette
Eglife eftoit fort illuminée^
Sa Majesté luy avoir permis
de prendre fa Mulique pour
lexecurion de ce deflein.
Quoy qu’il n'ait pas encore
vingt ans, il a déjà fait plufleurs
Motets, avec d’autres
divertiflemens en Mufique,
qui luy ont fait mériter une
pension du Roy. Madame la
GALANT. 155
u
Dauphine,qui eft en tout d’un
le goult merveilleux, eftime fort
1.
les Ouvrages ; & comme il fe
e
donne tout entier à ce qui
à regarde fa Profeflion, on n’en
1 peut attendre que de belles
e
choies.
( L’ordre de faire rendre
$
les melmes actions de grâces
r ayant efté donné àCompiegne
par ME le Maréchal de
;
Humieres, qui en elt Gou-
.
verneur , il fut annoncé le 30.
;
du dernier mois fur les huit
heures du foir, par le fon des
Cloches de toute la Ville, &
par la décharge du Canon.
156 MERCURE
Le lendemain ce Maréchal,
accompagné des Corps de
Juftice & de la Ville , fe rendit
de fon Chafteau de Monchy
où il eft oit,à l’Abbaye Royale
de S. Corneille , où ilfutre.
ceu par le Prieur, qui après
lu v avoir fair un difcours auff
J preux qu'éloquent , entonna
le Te Deum. Il fut chanté aux
fanfares des Trompetes , &
au bruit du Canon , & de
toute la Moufqueterie des
Habitans qui s'eftoient mis
fous les armes. Leur joye pa
rut extraordinaire
,
& fut di
gne d’une Ville qui porte
GALANT 157
pour fa Devile, Deo Regi, &
Regno fideliffima. Il y avoir un
Feu d’artifice dans la Place
de l'Hoftel de Ville. M‘ le
Gouverneur l’alluma avec un
flambeau queluy prefenta le
premier Echevin. Alors les
eris de joye & les acclamarions
du peuple fe firent entendre.
On fit le foir des feux
dans toutes les rues, & ce ne
furent qu’Il luminations dans
chaque Quartier.
M‘ de Dijon n’ont pas ou
blie de marquer leur zele
dans la melme occafion. Le
Parlement choifit le 30. du
158 MERCURE
mois paflé
, pour faire chan.
ter le Te Deum dans la Sainte
Chapelle, qui eft le lieu de.
Aine à ces forces de Ceremo.
nies. La Compagnie s’y ren
dit au nombre de fix Pref.
dens au Mortier, & de plus
de foixance Confeillers , pré,
cedez de leurs Huiffiers , &
fuivis des Officiers du Bail,
liage, de ceux de la Ville,
des Avocats, & de tous les
Procureurs. Jamais l'Aflemblée
n’avoit eftén nombreu.
fe. On voyoit lajoye fi univerfellement
répandue fur
leurs visages , qu’il fembloit
GALANT. 159
qu’ils dévoient marquer tou
te
celle delà Province. L'Eglife
eftoit tendue des plus
riches Tapifferies de la Ville,
avec la plus grande Illumi
nation qu’on euft encore vue.
Il y eutuneSimphonie admi
rable
, & le Te Deum fut chan
té par les plus belles voix de
la Ville, pendant que le Ca
non fe faifoit entendre de
toutes parts. Cette action fi
ni: à fix heures, & en mefine
temps on fit ceder l'obfcurité
de la nuit au grand nombre
de lumières dont tous les
Quartiers furent éclairez. M5
160 MERCURE
le Prefident Boyer ;
dont le
mérite eft fi reconnu & f
fingulier , fit garnir toute la
façade & toutes les feneftres
de fa maifon de tant d’illu.
minations, quelle parut d’a.
bord toute en feu. Il en fit
allumer un fort grand devant
fi. porte , & ton exemple fut
fuivy de tous ceux dont ce
Parlement eft compolé. Il y
avoit plus de cent lumières
fur le grand Balcon qui regne
dans toute la largeur de
la maifon de M5 Bonchu,
Conleiller,qui fitaufli allumer
un grand feu devant fa porte,
GALANT. 161
MlePrefidentde Migieuquii
a lame grande& genereule,
&dont rattachement pour la
perfonné du Roy n’a rien qui
legale que fon extrême fidelité,
invita les plus belles Da
mes, & les perfonnesles plus
distinguées de la Ville, à venir
chez lu y entendre un
concert de voix & d'Inftrumens,
qui fut terminé par une:
collation , où l’abondance &
la delicatefle marquèrent affez
lès manieres magnifiques:
de ce Prefident. Il y eut deux:
grands feux allumez devant:
lamaifon de M‘le Prefident:
février 1687., O
162 MERCURE
deBarbifey, & toutes les fe.
neftres furent garnies de flam
beaux de poing,& de quantité
de lanternes faites exprès, qui
rendoient une clarté admi.
rable.Maisces premières mar
ques de joye ne fuffirent pas à
fon zele. Comme les boutez
que le Roy luy a toujours
fait paroiftre
,
luy donnent
pour ce grand Prince un amour
auffi tendre que fidelle,
& qu’il v enoit encore d’en
recevoir de nouvelles mar
ques par la difpenfe d’âge &
d'incompatibilité que Sa Majefté
luy avoir accordée pour
GALANT. 163
M fon Fils, dans un Parle
ment où fes Ayeux ont paru
avec tant de capacité 6c
d’honneur , fans nulle inter
ruption depuis qu’il eft étably,
il voulut faire connoiftre
par des réjouiflances parti
culières la part qu’il prenoit
àlheureufe convalefcence du
plus grand , du plus lage , &
du meilleur Prince de la Ter
re. Ainfi quelques jours après
il fit une Fefte dans fon Châ
teau de Vanfon à deux lieues
de la Ville , avec toute la
magnicence imaginable. Sa
Chapelle eltoit parée de ri164
MERCURE
ches Tapifferies,avec de gran
des Illuminations, qui furent
accompagnées de tout ce que
fa pieté & fon zele pour le
Roy luy purent infpirer. Il y
avoir deux Portraits de Sa
Majefté,au bas defquels on lifoit des Vers qui invitoientà
fe réjoüir du recouvrement
de fa Santé. On dit quantité
de Mefles bafles dans cette
Chapelle, & enfuite on en
célébra une grande en Mufque,
après laquelle le Te Deum
fut chanté par les meilleurs
Muficiens de Dijon. Ilschanterent
aufi plusieurs beaux
GALANT. 165
Motets, pendant qu’une dé
charge de Moufqueterie & de
Fauconneaux publioit dans le
Voifinage ce qui fe faifoit
dans le Château. Ce bruit y
attira un fort grand nombre
de gens, qui eurent la fatis.
faction de fe rafraifchir au
près des Fontaines de vin qui
coulèrent fort lon g-temps.
Plufieurs Prefidens & Conseillers
du Parlement de Di
jon
,
affillerent à cette Cere
monie
,
qui fut fuivie d’un
magnifique Repas. On y but
àla Santé du Roy au bruit des
Fauconneaux & de quelques
166 MERCURE
Boëtes qui recommencèrent
la nuit , avec quantité de lan
ternes & de fufées volantes,
dont le fpectacle termina la
Feste.
Le mefme jour 30. la Cham
bre desComptes deDijon qui
ne s’eftoit jamais feparée à
Mrs du Parlement dans ces
fortes de Ceremonies , fit ce
lebrer en particulier une
Melle en Mufique dans l’Eglife
des Cordeliers qui efteit
tendue magnifiquement, %
illuminée de melme. Tout le
Corps y affifta en habits de
Ceremonie , & une afluence
GALANT. 167
extraordinaire de peuple qui
sy trouva fembloit ne pou
voir aflez applaudir à l’honneur
qu’avoit cette Compagnie
de faire l’ouverture d'unefijufte
réjouifance. Aprés
laMefle on chanta folemnellement
le Te Deum , & quelques
Motets. Tout parut fé
conder ce pieux defein. La
matinée fut fi belle , que les
Dames qui fe rendirent en
grand nombre à cette Fefte ,
furent lieu de croire que
Hyver s’eftoit adoucy en
leur faveur. ME de Marfol de
Montmoyen , fécond Prefi.
168 MERCURE
dent, qui depuis près de trois
ans fait la fonction de premier
Prefident en cetteCham
bre , voyant qne tout contre
buoit à remplir les voeux de
l’Afemblée , invita Mr de la
Monnoye Correcteur des
Comptes en la mefmeChambre
,
à exprimer dans un Son
net la joye de la Compagnie
pour la parfaite guerifon du
Roy. Le mérité de M‘ de la
Monnoye vous eft connu par
les beaux Ouvrages qu’il a
donnez au Public
,
& parles
trois prix de Poëfie qu’il a
remportez au jugement de
l’Academie
GALANT. 169
l’Academie Françoise, Voicy
ce qu’il fit fur cefujet.
POUR LA CHAMBRE
desComptes deDijon fur le
rétabliffement de la Santé
du Roy.
U el miracle , grand Roy 5
quelle hcureufe avanture
A redoubler nos chants émeutnofire
rai(bn!
Ron diroit quavec nous tout veut
dans la Nature
Çelebrer le bonheur de voflre guerifon.
•e
II (emble que lyRîyver dépouil
lant fa froidure
Février 1687. P
i7o MERCURE
Emprunte les attraits de la verte
Salfion,
Et que l'Altre du jour d'une clarté
plus pure
Soit venu ce matin embellir ihori
z^n.
ele
Charmez^ de lafante que le Ciel
vous renvoyé,
ETous en pouffions icy les premiers
cris dejoye,
Jful exemple en ces lieux n'a fieu
nous prévenir.
ele
Agréez^ ce transport d'une Trou
pefidelle^
Dijon qui voit pour vous commenter
nofre zple
jamais pour vous , grand Roy , 20
le verrafinir.
GALANT. i7i
M Moreau, Avocat General
en la mefme Chambre,
voulut auffi exprimer les fentimens
de cette Compagnie
pour noftre Augufte Monar
que , & il le fit par la Prière
fuivante.
Ciel 3
de noftre Monarque aug
mente les beauxjours,
Que de ce orand Soleil rien n
le cours }
arrefte
Qfil remporte toujours victoire fur
victoire,
Qfil imposefies Poix à cent Peuples
divers 3
Qu’il vive enfin , o Ciel 3 il y va
de ta gloire
3
Et du repos de l'Univers.
172 MERCURE
MES les Treforiers de Fran.
ce de la mefme Ville, firent
chanter auffiun TeDeumà^
l’Eglife de Noftre-Dame, où
la Mulique & les illuminations
ne manquèrent pas.
Toutes les Paroiffes; tous les
Religieux & Religieufes, les
differens Corps de Mar
chands & laplufpart de ceux
de Métier; enfin chacun a
voulu rendre des actions de
graces en general & en par
ticulier
, tant les Bourguignons
ont de zele pour le
Roy. Parmy les Religieufes,
les Dames Bernardines fe
GALANT 173
font diftinguees. Au devant
de la porte de leur Eglife,
on lifoit des Vers qui marquoient
leur reconnoiflance
pour Sa Majefté
,
qui par Ion
équité ordinaire leur a confervé
le droit d’élire une Abbefle,
& la joye qu’elles ref
fentent pour le rétabliflement
de la fanté de ce grand Mo.
narque.
La Cour des Monnoyes
s'eft acquittée de Ion devoir,
parunTe Deum chanté à Paris
en fa Chapelle de ion appar
tement au Palais. Elle eftoit
en habits de ceremonie. Les
174 MERCURE
Prefidens avoient leurs Ro
bes de velours noir , les Con.
feillers & gens du Roy en
avoient de Satin noir. M‘ de
Lomenie de Brienne Evel.
que de Coutance officia; la
Mufique eftoit de M Loren.
zani.
M‘ l’Archevefque d’Arles
qui n’a jamais laide échaper
aucune occafion de fignaler
fon zele pour les interefts
de S. M. ayant eu l’honneur
d'eftre le premier Prélat de
fi nomination , & le plus
ancien Commandeur de fes
Ordres, s’eft rendu fi recoinGALANT.
175
mandable par fon extrême
application, à faire faire des
Prières pour la fanté de ce
Prince dans toute lerendue
de fon Di ocefe, qu’il les fit
commencer par une Ordon.
nance la plus touchante &
la plus précife que l’on puiflè
faire, depuis le 4.
Decembre
jufqu a la veille de Noël qui
en fut la clofture
-,
après laquelle
ce melme Prélat re,
nouvellant fa ferveur fur les
nouvelles de la guerilon du
Roy, a effé des premiers à
faire chanterle TeDeumdans
fa Cathédrale
.
où M‘ (on
^6 MERCURE
Coadjuteur officia avec tou.
te la folemnité poflible, en
prefence de Mrles Confuls,
de toute la Noblefle qui s’y
rendit en foule, & d’un nom.
bre infiny de peuple
, ce qui
a efté depuis folemnellement
executé par une fécondé Or
donnance de ce prélat dans
tout le refte de fon Diocese,
Les Confrères Penitens Bleus
de la mefme Ville d'Arles,
qui ont une Chapelle parti
culière deffervie par les Ja
cobins, fatisfirent à cette Or
donnance le de ce mois,
avec un zele extraordinaire.
GALANT 177
Cette Chapelle eftoit fort il
luminée. On l’avoit ornée
fuperbement , & le maiftre
Autel qui eft parfaitement
beau, brilloit d’un fort grand
éclat, tant par la quantité
de l’argenterie que par celle
des lumières. La Proceffion
fut tres-nombreufe, & après
les Vefpres qui furent chan
tées par les Penitens,on com
mença le Te Deum en mufi-.
que. C'eftoit celle de la Ca
thédrale, & M5 Aubert Maî
tre de Chapelle s’y fit admi
rer. La ceremonie fe termina
parla décharge d’un tresgrand
nombre de boëtes.
Le Dimanche 2. de ce
mois, jour de la Purification
de la Vierge , Madame l’Ab.
befle de Noftre- Dame du
Trefor , Ordre de Cifléaux
Diocele de Roüen
,
fit ren*
dre les mefmes actions de
graces dans fon Eglife, où
la Mefle, Vefpres, le Salut,
& le Te Deum furent chan
tez en mufique ,
de la compofition
du fieur Laurent du
Chefne , fçavant Organiste
& Muficien. Il y eut Sermon
par le Pere Bruno Penitent,
qui fit admirer fon eloquenCALANT.
179
ce
dans l’eloge de Sa Majesté,
La court eftoit parée de Taifleries
avec le Tableau du
(oy , qui fut falüé de pluleurs
décharges de Moufueterie.
Tout cela fut acompagné
de Hautbois , de
rompettes , de feux de joye
:
de liberalitez de Vin. Il
eut aufli de grandes aulônes
que fit faire Madae
l’Abbefe. Je croy , Maime
, que vous n’ignorez
is qu’elle eff foeur de Mame
de Croifly.
Voicy trois Deviles qui
it elfe faites à l'occafion
180 MERCURE
de la maladie & de la gueri
fon du Roy. Elles font de
M5 Bordelon
,
Auteur des
Dialogues, qui ont pourri,
tre , Des chofis difficiles d
croire. La première, elt une
Eclipfe avec ces mots de
Cafliodore fur l’Eclipse, illias
ex labore omnium Ubor
i pour
montrer que la douleur que
tout le Royaume a reffentie
de la maladie du Roy, n’a
eu pour caufe que ce qu'on
a crû qu’elle luy faifoit fouffrir,
de melme que certains
Peuples s'affligeoient autre
fois de l'Eclipse du Soleil,
GALANT. 181
i
plus par la commune crean-
: ce qu’ils avoient de ce qu’il
>
en fouffroit , que par la con-
| ideration des maux que ceti
te Eclipse leur faifoit apprêt
: hender. La feconde ell un
: Globe terreftre au deffous
$
d’un Soleil, reprefenté d’un
t cofté dansfon Eclipfe,& d’un
: lutre Portant de l’Eclipfe avec
* two, pour faire voir par la
I
tritefle que montre toute la
: Terre , pendant l’Eclipfe du
i Soleil, qui en eit comme la

maladie , l'abatement où a
paru tout le Royaume pen182
MERCURE
dant celle de Sa Majesté,
par la joye que reprend auf
toute la Terre, lors queleSo.
leil fort de fon Eclipfe, l’a
legrefle qui s’eft répandue
par tout ,
lors qu’on a veu
la fanté du Roy parfaitemen
rétablie. Le corps de la troi«
Diéme Devile, elt un Rof.
gnol & le retour du Prin
temps ,
reprefenté par un So.
leil dans le Zodiaque, fortant
du figne des Poiffons,
avec ces mots, Mihi dumni^
devis, amnid vcddis. L'application
en eft ailée ; cette De.
vife convenant particulière.
GALANT: 183
tuent à une perfonne de Let
tres toute devoüée au Roy,
qui ne reprend fon chant
ordinaire que pour publier les
loüanges de cet Aftre bien
faifanr, qui luy rend la vie ,
la voix & la joye.
Entre quantité d’Ouvrages
qui ont efté faits fur la ma
ladie de Sa Majefté , je ne
vous envoyeray aujourd’huy
que deux Sonnets, dont le
premier eft de M‘ Boyer de
1 Academie Françoife, & l'autre
de M‘ Mallement de Méffange.
Ils font des premiers
quiayent efté faits,
184 MERCURE
SUR SA MALADIE
Cetmiracle, grandRoy, quel
ascendant heureux
Vous fauve du péril, dont ilhorreur
noies accable 1
Nofire zyle alarme d'un mal fidan
gereux
Nous enfai/bitfans ceffe une ima^e
effroyable.
4r
Vous - me[me , en cet cftat péni
ble C douloureux,
Ayant pour vos Sujets unfoin infa
tigable ,
Vous augmentiez^ leur crainte en
vous faifant pour eux
GALANT. 185
yitlime d‘un devoir toujours inexo--
rable. _ 4
Tofire confiance en vain tache à
noirs confiler,
ptfous un front tranquille a beau
difiimuler
le mal qui menaçait uue 2 belle vie
a J
Nous avons plus tremblépour la
Iran e 0 pour Vous,
Que fi cent Rois unis, pleins déra
pe 6 d'envie-^
4vec tout lJfUnivers venaient fou--
dre fur nous.
69
Février 1687.
186 MERCURE
SUR LA FERMETE’ DU ROY
dans fa Maladie.
‘Invicible LOVAIS au milieu
desfrimats
3 Eait ceder les Hyvers à [on ardent
querriere,
Et bravant les chaleurs
}
fait treize
bler des Climats,
Ou le Ciel verfe plus defeu, que de
lumière^
Neptune affujety neluy reffelas.
Sa valeura fs Loixfoumet la Terre
entière,
JTEnfer a fuccombe fous Teffort de
[on bras ;
Ze monde a [es Exploits n‘offre plu
de matière.
GALANT. 187
II s‘cft vaincu luy mefme, G re
niantfes defirs,
Pour la Gloire centfois a dompté les
plaifirs :
lefin n"avait encor pour luy rien
de contraire.
el
il f ne luy manquait plus qua
vaincre la douleurj il vient de triompher de. toute fa
rigueur.
Pour un parfait Héros>que refle-t-il
à fairel
Je finis par un Sonnet de
M de la Porte ,quiaefléprefenté
au Roy , & qui a receu
beaucoup d’applaudiflemens.
Il contient les principales a.
étions de ce Monarque.
Y Oudroyer la Ho r:ande , hamilierl'Efiagne
s A la Franche-Comté joindre les
Païs-Bas, A la tefle des fions s'expofer aux
Combats,
Le front ceint de Lauriers finir chaque
Campagne.
de
Lmprimer la terreur à toute
l'Allemagne,
2Fett) e à couvert fin Sceptre^agran
dir fis Etats,
"Tenir tefle tout feul à tant de Po
tentats
y Ç'efl pafer de bien loiu Clovis &
Charlemag*ne.
GALANT. 189
La Saberbe abbatué ètcnncrbLJnivers,
porterie nom de G R A N D che^
centPeuples divers
3
Pour abifmer l'Erreur
3
rompre torts
les obflacles.I
PEurope doit trembler à cesfaits
inoüis,
Et tous les autres Roys , admirer ces
miracles.
Cefi ce qnils n'ont pointfait ; &ce
qu'a fait LOLJ IS.
Rien ne doit furprendre,
puis qu’il arrive tous les jours
des chofes extraordinaires, &
en Couvent par des caufes
.
on auroit peine à s'imagir.
Ce qui s'eft paflé depuis
J90 MERCURE
quelque temps entre deux
Freres, elt une preuve de ce
que je dis. L’un avoir trente
ans, & l’autre vingt-huit lors
que leur Pere mourut-& com.
me ils avoient toujours vefcu
avec beaucoup d’union pendant
qu’il eftoit au monde,ils
continuèrent aprés fa mort
de vivre l’un avec l’autre dans
la meime intelligence. Il leur
laifla quelque bien , & ils en
jouirent la première année
félon que chacun en avoir befoin,&
fans s’en rendre au
cun compte. Il s'agifloit
cependant de le partager.
GALANT. I91
Ceftoit ce que leurs Amis
leur confeilloient , mais lors
fois enfemble,ils convenoient
que le partage feroit incommode,&
que le tout n’avoit
rien de trop pour mettre l’un
d'eux un peu à fon aife. Ils
eftoient tous deux affez Phiofophes,
tous deux affez dé
tachez des plaifirs du monde,
& la probité qu’ils faifoient
paroiftre dans toutes leurs
actions , eftoit foûtenuë d’u
ne pieté qui eft fort rare dans
de jeune gens. Un jour qu’ils
eftoient encore tombez fur le
I. ono g
216 MERCURE,
partage ,
le Cadet dit à l’Ait
ne ,
qu'afin de s’exempter à
le faire
,
il avoit envie de le
mettre dans un Cloiftre,oi
il eftoit afleuré qu’il n'auroi
aucune peine à pafler fes jours
tranquillemenr. L'Aifné lü)
répondit en riant, que s’i
falloir qu’il n’y en euft qu’un
des deux qui demeuraft dans
le' monde 3 il avoit toujours
allez aimé la retraite pour
prendre aifement party , &
que comme aifné il prêter
doit avoir droit de choifir la
folitude. Cette conteftation
fut fouvent renouvellée
,
&
pendant
GALANT 217
£ pendant deux ou trois mois
le ils fe dirent là- deflus mille
fe choies agréables , qui femd
bloient fort éloignées du
it serieux qu’auroit demandé
rs une réfolution de cette nan
15
rs
ir
k
L
a
n
k
t
ture. Enfin l’Aiinés’avifa de
dire à fon Cadet, que tant de
disputes eftoient inutiles, &
que puis qu’ils avoient tous
deux plus de pan chant à quitter
le monde qu’à y demeuter,
il falloir qu’une partie de
Piquer en décidaft , & que
fil vouloir y confentir, celuy
qui la gagneroit, auroir tout
e Bien que leur Pere avait
Varier 1687. R
218 MERCURE
laide. Ils prirent des Cartes,
& la fortune fe montra d’a.
bord fi favorable à l’Aifné,
que pour gagner il lu y man.
quoit feulement deux points,
Déja le Cadet qui n’en avoit
que dix huit, fe préparoit à
porter le Froc, & difoit fort
plailamment
,
qu’il croyoit
qu’au moins on lu y voudroit
bien accorder un mois pour
en choifir la couleur, quand
par un bonheur qu’il n'ofoit
attendre
, une quinte & un
quatorze le firent victorieux.
Il le mit à rire,& s'ettima fort
heureux de ce qu’on n’auroit
c
(
V
b
/
é
n
o
r
GALANT. 219
j
plus droit de le preffer de fii-
' re partage , puis que tout le
, Bien eftoit à luy. L’Aifné enchérit
fur la plailanterie du
i Cadet, & dit que dans l’obli-
J gation où il eftoit de fe re-
1 veftir d’un froc, le noir ,le
t blanc & le gris le touchant
t (galement, il avoir befoin de
[ plus d’un mois pour déterminer
laquelle de ces couleurs
1 ilpréfereroit aux autres. il fit?
‘ paroiftre depuis ce temps-là
1 une gayeté extraordinaire, &

quand fon Cadet tailloir quelc
quefois fur ce qu’il marquoit
c navoir point hafte de fe
220 MERCURE
faire Moine, il répondoit d’un
air enjoué qu’il avoir peineà
résoudre s’il choifiroit le noit
ou le gris. Voilà l'eftat ou é.
toient les chofes lors qu’un
Fermier qui leur devoir une
fomme fort confiderable
manquant tout à coup, ilsse
virent obligez de faire des
procedures, L'Aifné fe char,
gea du foin d’aller fur les lieux
donner ordre à cette affaire.
Il en vint à bout en fort peu
de temps, & informa ion Ca.
det de toutes les chofes qu’il
avoir faites pour leurs com
muns interelts. Cette Terre
11/13/1* f Z 21
eftoit à trente lieuës de Paris
dans le voifinage d’une Ville ,
où il luy manda qu’il eftoit
bien aile de faire quelque féjour.
Il y pafla environ deux
mois, & écrivit enfuite à fon
Frere , que s’il vouloir l'obliger
, il viendroit eftre témoin
D 7
de l'heureufe vie qu’il menoit
en ce lieu-là. Ce Frere partit
à l’heure mefme
,
& comme
laimoit on Aifné fort ten.
rement , il k fit un véritable
olaifir de l’aller trouver. Siof
qu’il fut arrivé, il le renlit
à une Maifon qu’on luy avoit
donnée pour adrefle. A
R iij
222 MERCURE
peine eut-on feeu qui il eftoir,
que fans luy rien découvrir
on le conduifit où il devoir voir
ion Frere. Jugez de la fur prise
qu’il eut lors qu’on le fit ar refter à la porte d’un Convent.
Son efprit fut tout à
coup dans un defordre in
croyable, & fans rien dire à
ion Conducteur
, il s’aban
donna à une profonde refverie
, qui Toccupoit encore
tout entier, lors qu’il apperceut
un Religieux qui venait
a luy d un air content, & qui
l'embrafa avec beaucoup de
tendrefle. Ce fut pour luy un
GALANT. 223
f grand étonnement de reconnoiftre
ion Frere , qu’il
eut de la peine à en revenir.
Illuy demanda ce qui l’avoir
obligé à cette metamorphofe,
à la réponfe du Religieux fur
qu’il y avoit déjà plus d’un an
que fa réfolution eftoit prife ;
que lors qu'il avoir fait la
plaisanterie de lu y propofer
de voir par le fort des Cartes
qui des deux auroit l’entiere
fucceflion de leur Pere , il avoit
déjà renoncé au monde ,
que rien n’appi ochoit du re
pos d’efprit que l’heureufe
vie qu’il me noir dans le Con224
MERCURE
vent luy faifoit goûter , &
qu’il avoir voulu exécuter fon
deffein fans l’en avertir , afin
de ne pas avoir à fe deffendre
des efforts qu’il auroit faits
pour l'en détourner. Tout ce qu’il dit fit fi bien connoiftre
que la Grâce avoir agy, que
fon Cadet le félicita fur fon
bon-heur puique fa vocation
eftoit fincere , & qu’il mar.
quoit tant de joye d'eftre re
veltu de l’habit qu’il luy
voyoit. On croit ce Cadet
touché de l’exemple, & com
me il vit dans une plus gran.
de retraite qu’il n’a encore
à
tr
r
)
0
n
k
il
(
1
(
GALANT. 225
hit, il y en a qui fe perfuadéni
qu'il fonge auflià fe met
tre dans un Cloiftre. Cela feroit
grand plaifir à quelques
Parens Collateraux
,
dont le
bien qu’il quitteroit rétablie
roit les affaires.
Quand je vous ay appris
la mort de M leTellier,Confeiller
en la Cour des Ay des,
je croyois avoir allez diftingué
cette Famille de quel
ques autres qui portent le mê
me nom , en vous difant qu’il
eftoit fils de feu Meflire Re
né le Tellier, Seigneur de
Morfans ,
Confeiller en la.
mefine Cour, & Coufin ger. d
main de feu 7M‘ le ChancOe. I 0
nées en plu fleurs occafions,
l’ayant fait juger digne d’elf
tre Maiftre des Requeftes,
on teceut au mois de Sep.
tembre 1685. fa confignationI
• • I
pour cette Charge, qu’il eut(
fans doute exercée avec au.
tant d’éclat qu'il avoir de
mort avec une grande refgnation
dans fa 27. année, &
a laide deux Enfans de Da
me Marie Anne Chevalier,
GALANT. 227
defcenduë de MT Chevalier,
originaires de la Province de
O - < . Champagne , ou iis ont remply
les Charges le plus confiderables
en la Ville de Rheims
fous les Régnés de Henry III.
&deHenry IV.Il l’avoir époufée
depuis trois ans.Cette jeu
ne Veuve n’en a que 17.Il laifse
encore Meffire Adrien le
Tellier, Chevalier de Malthe
son frere,qui commande une
Compagnie de Dragons. ME
le Tellier leur Pere avoitefté
honoré d’un Brevet de Confeiller
d’Etat, dont il prefta
le ferment en 1648. entre les:
:i
228 MERCURE
mains de M‘ le Chanceliets
Seguier. Il avoir épousé Da-,
me Françoile Briçonnet de
i
cette illuftre Maifon ,
dans8
laquelle il y a eu un Cardi. ‘
nal,des Archevefques, Eves
ques, Abbez, Chevalier, des
Malthe, un Secrétaire d’Etat,
& plusieurs grands Hommes
qui ont pofledé les premières |
Charges de l’Epée & de la
Robe.
Meffire Jean Baptiste Hau. t
1 tin, Confeiller honoraire au
Chaftelet de Paris, eft ( mort
depuis peu de temps après (
avoir fcrvy le Roy avecpro- |
GALANT: 229
tiré pendant cinquante ans,
tant en l’exercice de la Char,
ge qu’en divers autres emplois.
Il avoit une grande
connoiflance de l’Antiquité
& des belles Lettres, &eftoit
fils de Meffire Jean-Baptifte
Hautin,Sous Doyen des Confeillers
du Chaftelet , mort en
1640. fort verfé aufi en la
connoiflance des belles Let
tres , & qui a donné des Ou
vrages au Public. Son Aycul
eftoit JeanHautin, Médecin
de Henry le Grand quil'honoroit
d’une eftime particu
lière. Il avoir époufe Dame
230 MERCURE
Marie Mantelqui defcend’de de
l’illuftre Jean Mantel, un des de
premiers inventeurs de l’Im. H
primerie. Il a laifle trois Enfans
, dont l’aîné a efté Sub. dr
ftitud du Procureur General re
au grand Confeil, & fuit les C
traces de fes Anceltres. Une D
de fesTantes avoir époufé Me re
Nicolas Rigault , Doyen des “
Confeillers du Parlement de 01
Mets, & Procureur General P
pour le Roy en fon Confeil d
Souverain de Nancy, très. n
fçavant en l'Hiftoire ancien "
ne , & qui a donné divers c
ouvrages fur la découverte (
de la véritable explication
des partages obfcurs dans les
Hiltoriens Grecs & Latins.
J’ay encore à vous. appren
dre la mort de M‘ de MartereyDortan
, arrivée dans fon
Chaltcau de Marterey en
Dauphiné. Il ert extrêmement
regreté en ce pays là, où il
eltoit fort aimé. On avoit
beaucoup de confiance en fa
probité, & il fe faifoit peu
accommodemens confiderables
parmy la Noblefle de
fon voifinage
,
où il ne fuit
choifi pour arbitre. On croit
que la mort de M" le Chevalier
de Dortan fon Fils, tué
depuis peu de temps à Na,
poli deRomanie,a fort avancé
les jours. Ce Chevalier
,
qui
n’avoit pas encore vingt ans,
étoit déjà Lieutenant d un des
Bataillons de Malthe
,
où il
s’eftoit fignalé en plu heurs
Cmpagnes. M‘ de Dortan a.
voitétéCapitaine deChevaus
Légers dans le Régiment de
Monheur , appelle pour lors
le Régiment d’Anjou. Enfuite
il commanda toute la Ca
valerie dans Bethune, après
quoy ME le Maréchal de Crequi
le mit en qualité de Co-
1
fi
v
c
ti
1
F
ÿ
|
GALANT. 233
fond à la tefte d’un Regiment
de Cavalerie qu’il leva
fur le pied Allemand. Dans le
temps de la Guerre de Hollande
on luy propofa le com
mandement d’un Régiment
de Cavalerie , mais fa mau
vaise faute ne luy permit pas
Je l'accepter. Il eftoit alors
contraint par les indifpofrions
continuelles de le faire
porter en Litiere à Grenoble ,
Chambéry , & ailleurs, ou
appel l oient fes affaires. Il avoit
receu plufieurs bleflures,
& entre autres à la Bataille de
Dunkerque , où tout blefle
Février S
234 MERCURE
qu’il eftoit, il rallia d'abord
fon Efcadron
; ce qui obligea
M'de Turenealuy dire, qu’il
eftoit bien-aife de le voir en
cet eftat, & que l’on connoif.
foit bien les bons Officiers.il
avoir eu des chevaux tuez à
blefez fous luv dans cette
dangereufe oceauon.Ce Gen
tilhomme avoir de grands
biens en Dauphiné & en Savoye,
où il avoir époulé la
Soeur de Madame la Comtese
de Gerbais, Ces deux Soeurs
ont leparé le Bien de M‘ le
Sénateur de Coudré leur Pere.
M5 le Comte de Gerbais elt
UAL,1 I • 239
fort confideré en ce Pays-là.
Il elt Gentilhomme de la
Chambre de S. A. K. de Savoye,
& Gouverneur du Fore.
d’Alinge. Le Frere ailne de
feu M‘ de Dortan avoir aum
fcvy en divers Emplois. Il
eut une jambe emportée d’un
coup de Canon au Siege de
Turin, eftanc pour lors Capiraine
au Regiment de Lefdide
la Maifon de Dortan dans
mes Lettres de Janvier & d‘ Avril
1680. Elle a donné des-
Ambafladeurs , des Gouverneurs
de Places importantes,
S ij
236 MERCURE
des Colonels, des Baillis ,des
Comtes de S. Jean de Lyon,
des Chevaliers de Malthe,&
des Dames de Remiremont
en Lorraine , ce qui fuffit
pour juftifier qu’elle eft de la
bonne marque.
Mefire Nicolas Lambert,
S‘ de Thorigny , receu en
1671 Prefrdent en la Chambre
des Comptes de Paris , arefigné
cette Charge à Meffire
Jean Baptilte Lambert Sr de
Thorigny fon Fils, Confeil.
1er en la Cinquiéme des Enqueftes;
& Meffire Honore' le
Roy de Jumelles , a refigné
GALANT- 237
celle de Prefident en la Cour
des Monnoyes , où il avoir
esté receu en 16 63. à Meffirc
Nicolas le Vacher, qui eftoit
Avocat General en la melme
Cour des l’an 1678.
Les affaires vont toujours
très- bien à Venife , & les preparatifs
que l’on y fait pour la
Guerre
,
n’ont point empefthé
les plaifirs du Carnaval.
W‘ l'Electeur de Bavière, M5
e Duc de Mantouë , & pluleurs
autres Princes ont efé
'prendre part aux Divertifleliens
de cette Saifon. Ils ont
/eu tous les Opéra qui s’y font
238 MEBCORE
reprefentez
, & le Bacha de
Napoli de Romanie & fou
Frere qui font toujours à Ve
nife , les ont aufli vus avec
beaucoup de plaifir. Ce n‘
pas efté fans faire une refitxion
qui les a touchez. Ils ont
dit qu 'ils reconnûtfiaient bien
que le grand Dieu efiait en colm
contre les Otomans^puis quefiani
continuellement en prières @
dans 1 exercice de la Penitenc^
ils voyaient dejour enjour lew
affaires dans un plus méchant
état,c) que les Chreftiens au cow
traire, quoy quils ne finge^
fentqüafi divertir, gagnoM
i
t
e

8
Z
s
I
v
Y
Ci
mceamment des Victoires.
Comme je prens grand intereft
à voftre fanté , je vous
envoyé un Livre dont je vous
prie défaire une très exacte
étude, il eftde Mr de Blegny,
&a pour titre. Le bon ujage d^
The, duCafe,^ du Chocolat.pour
lapréfetnation pour laguérijindes
Maladif, Je fçay que le
Thé& le Café font des breu
vages qui vous font fort ordinaires
; mais je ne fçay fi
vous fçavez aflez-bien tout
ce qu’il faut faire pour les pré
parer. C’eft ce que vous ap
prendrez par la lecture de ce
240 MERCURE
Livre, avec la nature, les pro: t
prierez & le bonulage de l’un
1
& de l'autre
,
ainfi que du
y
Chocolat. Aprés cela vous €
en pourrez prendre en feure- t
té. Si vous voulez enseigner
1
ce Livre à vos Amies, il fe
t
vend à Paris chez le S‘ Micha
g
1er, & à Lyon chez le Sr Tho i
mas Amaulry. Quoy qu’on
u
y trouve beaucoup de Figures t
dont l’explication eft donnée t
dans la quatrième Partie de t
cet Ouvrage , le prix n’en eft (
que de trente fols.
é
Je fuis bien aife que vous t
trouviez que je ne vous ay 1
point
point trop vante'les nouvelles
Lettres du Chevalier d’Her...
Vousme dites que ce qui vous
en plaift, c’eft que les galan
teries en font fines, & qu on
n’y rencontre point ce faux
plaifant dont on a peine à fe
garantir quand on le hazarde
à badiner. Je croy vous faire
un fort grand plaifir en vous
épondant que vous êtes tombee
dans le fentiment d’un
res-habile-homme, dont les
ement bien des chofes. C’eft
Autheur de la Republique
Vmïerifây. T
242 MERCURE
des Lettres
,
qui dans fes nou
velles du mois de Décembre
dernier
,
aprés avoir dit que
la première Partie des Lettres
de M‘ le Chevalier d’Her.
vient d’eftre imprimée à Am
fterdam
,
pourfuit en ces
termes. Ily a trois ans que cm
Lettres ont eflé imprimées d
^Paris. Ellesfont d'unflile
f
co
a
s
«
f
m
hle, vif
z
naturel
,
€) quifini
plus 1 homme du monde, qù^ 6
Seclrteurfcrupuleux des rem^ t
ques far la Langue Fran^oif^
Ony trouve centjolis traits, ( le
unfeu d imagination qui a bien
désagrément, & qui pourlo^
GALANT 243
: dnaire ne donne pas dans la
€ faje pl^fintcrie'
La Lettre 46.
^mticut une defcription fort
5 wyfcmblable de deux Partions
"fi partageaient tout le beau
4 Monde d’une Lille .fus la pres
flence de deux Dames dont luavait
fait des plaifinteries
4 fir un habit que l autre avait
^woenté. La Lettre 12. a quelque
" ife de divertffntfurla Philo-
'fyhiede M Defcartes 5 que bon
ç tfhe de rendre odieu/è au beau
" Sexe a caufe quellefiûtient que
I les couleurs ne font pas dans les
1 objets, d où bon inféré la de-
^btion de la beauté, ( laneantijfiement
total des lys €) des
mes.Ce tour nefipas mal ima^
pour les irriter contre cette Ph
ment, mais onypeutapportera
bon remede. Les Cartefiens a
vâent pas [apparence des cote
leurs ; ainfilesDame-s nyperdent
rien, carfi elles ont de la beM
dansle Syfteme des autres Philofopbies,
elles paroifient en a^oit
dans celle de M Defiartes. Ot
cef le principal 6 le tout en
ces ebofesda que deparoifire , 6
fans doute celles qui [ont sert
-contentent , E nefoubaitent qat
(ALANT.. 2 A5
l Minuntioa, La Trefiice nous
ü
y
«i
e
«
L
a
t
0.

»
3
w
i^cure que ces Lettres ont eflé
lentes, 6 que les Sujets en finir
tres-réels. Quelques-uns feront
^culté de le croire a Fégard de
la Lettre 36. car elle roule fur
an employ quon donne tres-raremt
à un Cavalier. C eft de
chercher dans les Kegifires de la
Paroiffè Fâge dune Lille. Ily a
uneautre chofi bien rare dans la
me’me Lettre. Laperfinne a qui
on l'écrit riavoit que vingt ans^
6 ellefe croyait âgée de vingtleux.
L Autheurplaijantefiirfà
^mmijfon d'une manière tout a
fit filide. On pourrait faire
T iij
246 MERCURE
quantité de reflexionsfar la Let
tre qu il écrit a une jeune Diwioifèlle
qui efloitfarlepointé, fifaire Catholique, 6 &) dlépoi^
fier un Marquis ; quelqu'un l4
déjà remarqué il y a grande
apparence que dans le mefme
Journal, nous verrons au pre
mier jour un Article auffi avanta^
euxuant fur la fécondé
Partie de ces Lettres, que fur
les dialogues Satyriquez t
Moraux
,
qui {ont extréme.
mène eftimez de tous ceux
qui les ont lus.
Je pafle à ce que je vous ay
promis de vous apprendre
GALANT. :47
iant M ? de l’Academie
oife. Le zele qu’ils ont
tout ce qui regarde
ugufte Protecteur, leur
:
fait prendre un intetout
particulier au réement
de fa fanté , ils
ent rendre grâces à Dieu
idy 27. du dernier mois
a
Chapelle du Louvre,
eftoit magnifiquement
,
& rien n'y manquoir
qui pouvoir donner de
à cette FeRe. M 1*Abla
Vau, l'un des Acaiens,
célébra la Mefle,
utile ils affifterent en
T iiij
248 MERCURE
fort grand nombre. Le Te
Demi y fut chanté en Muf.
que. Elle eftoit de la com.
pofition de M‘ Oudot, &
receu. de grands applaudife.
mens, Ils n’avoient différé
ces marques de leur zele &
de leur respect pour Sa Majefté
, qu ‘afin de donner le
temps de Elire un difcours
fur la guerifon de ce Monar
que à celuy de leur Corps
qu’ils avoient choifi pour par.
1er au nom de tous. Lafeance
qu’ils ont accoutumé de
tenir tous les Lundis pour le
travail du Dictionnaire, fut.
GALANT. 249
2
publique ce jour-là. Elle fut
ouverte par M‘ Boyer, qui
JÆ prefentement Directeur
:
de la Compagnie. Il dit d’u-
-
ne
maniéré modefte
,
mais
; pi foûtenoit la dignité de ce
: Corps, Que l'entier rétMijTe^
ment de la fanté du Roy efioit
ine Refie publique. &) que comme
il n'y devait jamais eu de
wrifinfi ardemmentJbuhaitée,
G demandée du Ciel avec tant
lieferveur, nulle aufil riavoit
mais efié obtenue a^ec tant de
joec) fidemnifée avec tant de
munificence ; que tous les Corps
de l Efiat sefiant fignale^, en
250 MERCURE
cette occdfi^n , I Academie Fran. (6
çoije que tant de raifons intt a
rejfoient dans une fanté auji i
précieufe que celle defin augt h
fie Protecteur, dewoitfairepM- m
ticuliercment éclater fin %ela
}
m0
@ qu il fembloit mefme que p
dans ces Cantiques de louants M
€) d'aVions de grâces quela con- h
mune allegrejje faifiit retentir *
dans toutes les parties du Royale d
me
y
la voix de ceux qui compo- "
fine cette Compagnie Je devoir oh
diftinguer des autres , & fe fit "
re entendrefur un ton plus écl^ "
tant. Il ajoura que la place oh "
GALANT. 255
qoit entre tous ceux de ce
richefie de la matière, lafilemté
de la lefie, la beauté de
jfimblée , firvoient puifiam^
lent une en^ie de parler
'ilavoit de la peine à retenir.
ais
y
MejJleurs^pom'iuLMÙaïy
^prebendc^ rien 3 je ne me
idray point à une tentation fi
ngereufie. Pour repondre à wd~
attente, IAcademie a fieu
ifir un Orateur éprouvé @r
toujours applaudy ; () vous alavoirdans
MF 1 Abbé Tallent^
un digne interprète de nos
tvmens € de nofirejoye..
252 MERCURE
11 s’éleva un applaudife.4
ment extraordinaire qui ren., dit juftice à la modeltie de.
M‘ Boyer , & qui 5c con
noiftre avec quel plaifir
on
le préparoit à écouter M
l'Abbé Tallemant le jeune,
fi
0
il
Comme tous les Difcours
pus blics qu’on a entendus de luy,
onteftétres-bien receus, plu.
fieurs perfonnes fe font atta
Bo
Di
al
en chées à retenir celuy-cy,&on
pa m’en a donné des morceaux le
entiers ,dont je vay vous faiq
re part, il dit d’abord en par- le lant au nom de toute l'Acate
demie
, Que dans ce jour on p
GALANT. 253
lf-tnuate la France s
abandonnait à
la j°ye
?
€) ou ^on n entendait
par tout que des Cantiques d abs
de grâces pour ïentière
périfin du plus grand Monarque
qui futjamais 5 apres avoir
[leur tour remercie la divine
D.
j
n
on
Y
le,
U fonte de ce bien ineflimable que
Y Dieu a^voit bien voulu accorder
fleurs fiuhaits , il leur reftoit
4: éicore de témoigner leurailegreffe
1 par des chants de victoire qui
13 leur dévoient eflre particuliers s
1 que c eftoit a eux a dépofer entre
P les mains de la Renommée les
lr
10
tendres alarmes de tout un Peu*
fie tremblant au pied des Au*
554 MERCURE
tels 5 pendant le cruel mal
dont une fi belle vie eftoit att^
quée
, € les jufies tranfion\
de joye où
ce mefine Peuple fi
lhroit tout entier, par le n*
tour de cette Santéfi necef. fiire @ fi defirée. Il pei
gnit enfui te d’une manier
fort délicate les mortelles
craintes qu'un mal fenfible
mais peu dangereux ,
, avoir
caulées à tous les François. Il
dit quencore que IOperation
efii fiéheureufè^ quelle neafi
fiait prévoiraucunefia'cheufefiai
te} tous les Sujets de Sa Majeflé
aboientgemy dans les Temples,
a soientfait profufion de dons^
voient priésoient invoqué les
4.
+,
pintes Puijfances, pour détourner
de dejfus eux une dijgrace
fils navoientpas mefine trop
^jet dappréhender, @ que la
e
woit enfüte causédes transports
le joye dont il riy avoit jamais
» dexemples, tant il eft vray,
’ continua -1 il, que le violent a^
| mar s alarme de peu de chofe,
,
tombe aisément dans lapprehen^
i
(ion qu on ne luy enleve ce qui luy
ef le plusprécieux, &fe réjouit
tuffi avec excès @ avec empor
tement quand on luy conferve
256 MERCURE
ou quon luy rend ce que fa di
cite inquiétude luy reprefen^
défi comme -perdu. Vous dle
woas figmler^Meffaeur^^']^ t
t-il forint les rires talent
OS
mi
puionsgenies 3 mey s/enco
coûtume, peut^eflre un p ne
trop témenive , mils excufi tri
as moins pir mon obééjjince^
pir mon %ele , j entre le prem T
dins h arriéré que vous m 7
vez mirquée ;

1 honneur de voflre choix ; M I
encourage p
me pir voflre prefènee dans ces
lieux, oh voflre éloquence
d
f
jouvent triomphé, il me Jembl
que fe/prit univerfel de enta
B
GALANT. 257
4
^ompdgnie me a infpirer tout
queje dois dire 3 6 mempefitl
liera de mégarerdans unfiwfte
fi noble Sujet.
, MF l’Abbé Tallemant fit:
zconnoiftre après cela qu’on
p ne s'eftonneroit point de l'exairéme
affection des Peuples,,
giiy des voeux extraordinaires
iqu'on leur avoir veu faire
A pour la confervation de leur'
Roy , fi l’on faifoit réflexion
ni
fur tout ce que ce grand Mownarque
avoir fait pour fes Su—
ijets,& fur les foins aflidus
l qu'il prenoit pour la gloire &
t pour le bonheur delà Nation»
Février 1687.. Ni
258 MERCURE.
Ce fut avec des traits vifs &
pleins d’eloquence «qu’il par
la des nouveaux biens quel
France en a receus,depuis cet
te heureufe Paix que ce Mo
narque imposa fi glorieuse,
ment à fes Ennemis. Il fit voir
qùil ejlait bien different de ces
Princes, qui croyentpouvoir en
treprendre tout ce que leurpuif
fonce 6 leur courage les mettent
en eftatd exécuter, @ qui nefavent
dautre chemin pouralleri
lagloire, que celuy d'envahir des
Eftats 5 defabjuguerdes Provin
ces , ^jdjntaffer victoirefar .
Boire. Nofire Roy,pourfuivit-il,
«
a
4
J t
L
r
a
l
/
4
GALANT. 209
: toujours fuge €) toûjoursjufie,
.
croitque la véritablegloireconfie
Mca bien conformerfin Efiat €)
*
UcsPeuples.La raifim luy afourny
i.
assez, d'occafionsd exercerfi ver-

tu guerrière , € la Hollande ,
r la Elandre 6 l Allemagne, ^er-^
s ront long-temps dans leur fiin
- de funejtes effets de fi valeur,
y Ou riaurait-il point portéfis
t Armes , s il riavait cherchéqua
-
vaincre 6 à conquérir ? Content
! de s eflre rendu redoutable a tout
/ IVni^ers , d'avoir réduit fi&^

Pnnemis a le craindre, ilfiemble
• qu il veuille defirmais s applij
quer uniquement au bonheur de
Vij
prend de rendre la France inae
cefilble , on voit qu il a moim
lcombatu pour la gloire que pour éternelle feureté defin Royau.
me. Il nafaitque des Conqueftes
necejfaires au bien defin Eftat,
moins pour [agrandir que pour
le mettre a couvert des infaltes
ou il le voyoit expofé. Le Rhin
voit fis bords remplis de Forte,
refies qui font finies de terre
comme par enchantement. La
Meufe, la Mofilie , la Sambre,
lEfiaut @ la Lys coulent aux
pieds d un nombre infiny de Ba^
fiions, &) au milieu de tous les
00
l
I
DH
dd
1e
w
uit
GALANT. 261
mures dont Ienvie fe fert
wr alarmer nofre bonheur. A
Jryde ces remparts quiavonsus
déformais a appréhender :
WIS veille pour nous, nos
mns 6 nos vies font dans une
faitefureté. Le ^ele toujours
fantdece Prince incomparae
ne sefl pas borné a, ajfurer
ii Royaume au dehors } il a A affeurerfa tranquillité au
iins , 6 a cru avec raifon
te pour ofier toutefemence de
'mifion
5 ilfalloity établir une
ité de Foy, qui réunifl tous les
\ùts dans un ful culte. La
étique ordinairefefroit con*
262 MERCURE
tentée d'affaiblirpeu a peu catni
nouvelle Secte de Calvin^
avec Le temps aurait eu lefort d l
toutes les Herefies, @ fefin 6
évanouit comme tant dam
Erreurs qui ne fefiutenant qi
par leur nouveauté, tombentn 4 fin d elles -mefmes ( cedm
à. la Vérité, qui est éternel
@ immuable, L 0 v 1 S LI
GEANDavait long-tempsM
té cettepolitique,privant de fe
5
grâces
y
ceux queTob/lination^
tenoit , 6 comblant de Üü
fait?, ceux qui occupe^dufoinh
leur falut, embraffoient la Foll
Catholique ; mais ce riefl p
GALANT. 263
inf quil a accoutumé d'agir
/ de vaincre. Sa pieté ne fie
ut accommoder de cette lenne
peut fiufir quil y ait
un Heretique dansfin Royaué^
eur tombent en peu de
urs. Les Minifires fuyent de
# cofie^ Les billes entières
Ment au pied de nos Autels ,
' il Je trouve a peine quel
lefirits rebelles quunefaujfe
mutation de confiance retient
core, mais que la patience €)
\)onté du Royforceront enfin
fi réunir. Tous les évenemens
de ce Regne ont de l’airfa |
miracles. Plus de deux million,
dames renoncent en mefine tet^ t
a des opinions dans lejquelleA,
ont efie élever @ embra^^
une Religion pour laquelle om A
toujours eu foin de leurinjpin\
de lhorreur. JSou peuvent u
0
confiance exttérne des Peapld
en 1amour de leur Prince pour
eux ‘ Ils ne peuvent s imagina
d qùil exige d'eux aucune

chof
d
qui nefoit pour leur bien Gd
pour leur avantage. Ils nep^^
vent croire qu un Princefi d fi modéré, fifage, fiit dan^ h
d
GALANT 265
"eoye de lerreur; t) fir cette
vfinféeils courentfansbalaneerou
7 les appelle fa voix ; cedantfins
fine à tout ce quil luy plafil de
fl leurinjpirer () Dieu voit ainfi
14 i fils aine de fin Eglifi triomm
'fbant.de lherefie €) du menfin-
" Erance ne fiifintplus
p un Troupeau, ®neréconnofi
4 fit qu un fiul Pafieur.
7411 II s’adrefla enluite à ceux
M qui les armes à la main pour-
‘hnivant l’Ennemy commun
Ode la Chreftienté, & aprés
“avoir fait voir que tandis
" qu’un petit nombre de Me*
“contens Hérétiques qu’ils
y février 1687* X
266 MERCURE
n’avoient pu fubjuguer,lesa.
voit prefque réduits à la fa.
dieuCe extrémité de voir la
Capitale de l’Empire entre les
mains des Otomans, le Roy
fans effort ramenoit à l'Eglile
tous ceux qui s’en eftoient
feparez ; cent mille bras, dit-il,
vous aident à éloigner les Turcs
de quelques journées , la feule
volonté de Louys chaffe TErreur
du Royaume pour jamais. De-
<vions~ nous croire
5
Meffieurs^
ajoûta-t-il
, que dans le temps
qu il travaillait fi utilement
pour les interefls de TEglifD
Dieu je plairoit à luy envoyer
GALANT 267
Attaques de maladies,
F à alarmer ainfi fis Sujets,
lors qu'ils attendaient de noucelles
bénédictions du Cielpour
la récompenfie d'un fi beau rde ?
U divine. Providence
5
dont les
jecrets ne peuvent e tre pénétré^
jeplaifi ainfi quelquefois acon^
jmdre la prudence humaine qui
veut fie mefier de donner des re^ fs 6 des bornes' à la volonté
ilun Dieu indépendant €) me^
jurerfa juflice au gré du cours
ks actionséxtevieures des hom*
ras. Plofire bonhénrcroijfit tous
les jours. La Pran.ce plus flo; ifi
jw quejamais
3 ne voyait que
268 MERCURE
grandeur €) pro/perité^ - vor (
la que la main de Dieu feM f
s appefantirfar elle. Tantoft an d
mal leg découvre qui
>
er je
G puis recommence. Tantôt 4
l’ardente figure vient trouble 9
le plus beaufiang du monde. Oi t
ne voit rien de dangereux 5 @ *
cependant l’Europe attentif f
Jemble riavoir d’yeux & d’oreib d
les que pour le mal de Louis le 4
Grand. Les Erançois alarme^ 0
tantoft prefament tout de lew I
fortune, @ de la rigueur A d
tempérament de leur Maifire; d
‘tantoft abatus S tremblant ils d
femblent avoir perdu cornet 9
ün craint, on ejpere, eftat plus
fifible €) plus douloureux or*,
kuirement que fi Von éprouvoit
le malheur mefine que Von
^rehende. Mais c efi icy peutfie
la première fois que l inceritude
a paru plus douce que le
mI. Les uns ^vouloient que ce
f/t une maladie tres-legere , les
mires la croyoient incurable
Jets contraires d un mefineprin
ce , 6 ou 1 inquiétude de ceux
pi aimentfie découvre aifiement
9
ette tendre paffion ne s attaunt
qu aux chofis extrêmes, 6
diminuant le mal à celuy qui
pere, & l'augmentant confide^
270 MERCURE
rublementa çeluy qui craint Ou eflie^ous^réduite, France maL
heureufe 3 Je wous oy dép
tre^Miinte 6 defejperé^ 11/em.
ble que tout vous abandonne.
Efl-ce en vain qnun fi grand
Roy vous a.fi bienfortifiée coït I
tre toutesles entreprises, de os
Ennemis 1 Efi-ce en wain quil
vous a mifè en cfl.it de ne- rien
craindre ? Ab , Mefeurs, elle fiait ajfi^ quellepeutfé défen
dre. Elle ne manquera, ny de
Chefny deTroupes ny de moyens
mais elle fiait encore mieux
quen un feul homme confifi
toute fa force €) toute fif''^
GALANT 251
u tune. Louis eft parmy nous plus
L Lue le Palladium nefutII Troyc.’
aMuis ce n eft pus encore la fa
LI plus grande inquiétude ; elle ai-
2. me fan Prince j 6 la feule pend
Lee de le perdre luy eft une peine
§
faïufitpportable. Elle ne peut erdurer
qu une wie quefesfaubaits
l rendent éternelle , fauffre la
2
moindre attaque. Cefi la biefer
?
mortellement, que de luy faire
Ifintir quon peut luy enlever ce
1
quelle chérit le plus. Se murà
ajous peindre ces mumens de
douleur & duffliciion, lors que
nous n devons plus que desfujets
272 MERCURE
de joye ; mais il eji néanmoins
bien doux de fi fiuvenir des
dangers que ton a courus ; 6 es nefpas une des moindres matques
de nofire fatisfattion, que
le plaifir que nous prenons d
nousfaire confidence de nos alarmes
, & à nous redire lespeines
extrêmes ou tinquiétude nous avait réduits. C'efi maintenant
que fans trouble 6 fans agita
tion il nous eflpermis de conf
derer Louis, plus grand encore
au milieu de tousfis maux,
la tefe de fis Armées. La fut
wy defis plus braves Sujets, U
plufpart infruits 6 élevez def
GALANT 273
s sain, il co^Yt à la yicfoire
3
icy
s
liexercefui avec la douleur
y
e 6 ne voit qu'unefuite incertain
'dpqùil ne peutprévoir. La fl
e
mbattoit avec tous les avantai
p quefaprudence luyfitggeroit
pr la connoiffance au il avoit
:
des forces de fs Ennemis ; icy,
es Ennemisfont cacher 6font
difficiles a détruire. La enfin
y
il
é fervoit de fs Soldats pour
Iwncre ; icy, il fut quil far^
wnte le malparfn propre cou<
uge, 6 parfafeule intrépidité
En effet
y
Mfleurs, pendant
tust le cours dun malfdoulou^
rux, a^t-on veu. la tranquillité
274 MRCURE
de noflre Héros un fieul moment
altérée ? Sa tendre bonté a ép^ t
gnéa tout le monde H peine de 6 fiAvoir tout ce qu'il ulloit fif. y frir ; il n .1 pas ofté unfieul jom b
Ia confioUtion de le voir. Aumim
lieu des grffperite^ dont le Ciel le
1a omblé , a J il prru qu'il ) l
eufl Aucune AttAche ? Quel Autre h
eutjremuis glus de fujet de defii
rer La «ie, 6 quel Autre témoi fi
gnu jumtis plus d indifférence t
g^ur elle ? P.ffble clins lespim
d
J&nfibles miux., il tientfes Coït p fiils afin ordinaire
s ilfuit cm-p
tinuer les innocens plaifirs défi
t
Cour, @ Attend aujcc putience
4
GALANT 275
2 lu Maifire Eternelde ï'Univers-
7- te fiil luy plaira d'ordonner de
1 es jours. Je niégare Meneurs
y f t je voy icy tant de vertus a
" ïùer, que je nefiay a laquelle
I iAttacher; grandeurdéame dans
e le mépris de la vie ; confiance
) Uns les douleurs ;
tranquillité}
e
\woïque dans la longueur du
1 ul; pietéJolide dans la refigna-
4 ton a la volonté de Dieu-, bon-
? fiéternelle en ne changeantrien
3 Uns l ordre de fis Confiils de
- ftar d'alarmerfis Peuples. A-
- wons, Mejfieurs juifique toui
^s vos craintesfint pajfies ; ae
étions que la gloire de Louis
276 MERCORE
avolt encore befiin de ce dem
traitpour acheterfi Couronne,
€ que la menace d'une adverji
té & dune difirace luy a Jêr
a de^vetoper a L^nfiers la plus
belle partie de fin ame. Nousk
connoiffons vaillant 6 întrepüi
dans les Combats. Nous conncd
finsfi prudence dans toutes les
affaires. Nous l'avons veu fi
fie, bon, liberal, magnifique,
cette derniere épreuve enfin n
donne en luy un Héros parfait.
La fortune toujours favorable
luy a^voit offert toutes fortes
d'occafions de faire connoijhi
les hautes qualité^ quil a Ye
GALANT. 277
"ruës du Ciel & lors quelle
"a paru l'abandonner, ce neft
hyut-eftre pas la moindrefaveur
C
1
pelle luy aitfaite , puis quelle
by a fourny par là dequoy Je
Montrer par l'endroit le plus a^
mtageux, en éprouvantfapa^
we 6 fa fermeté. Reprenez
‘s burage 5
braves François , heu-
-» Sujets R'un Roy fi aimable
26 fi digne de nos voeux ; refi.
$ ^defirmaisen liberté. Cenefl
• fus fans raifin que vous faites
? dater vofire joye de tant de
s lumières , 6 que vous vous fi-
‘ gwalez à l envy pour marquer
* ^fire zele. Ou’avons -nous à
278 MERCURE
faire que des Fefies €) des fieux
dans les beaux jours dont nous
allons jouir f fievoy vofilre impa
tience, Me/fieurs , il efi temps
de me taire, 6 je ne dois plus,
différer a ceux qui m écoutentle
plaifir que vous leur prepm.
L‘ Eloquence () la Poëfie vont
s exercer a^vec émulation a nous
peindre la joye des Peuples en
cent manières differentes, 6 tou
tes agréables. feuille le Ciel
nous faire goûter long-temps les
douceurs d unfibeau regne les
continuer long-temps après nom.
C efipeu des ans de Neftor. Clos
oeux peuvent aller jufqua U
GALANT. 279
derée des jours de nos premiers
^es^ïlny a point de nür^
de que nous ne puisions efiperer
pr le Prince le plus fige @-
tylusparfait
3 quifuit jamais
mtéfur le Trûne des Pois.
)
Ce Difcours qui fut pro
noncé avec beaucoup degra_
ce& de force, charma toute
‘Afemblee & les interruprions
qui s’y firent par les
applaudiflemens qu’on lu y
donna,frent connoiftre com
bien chacun en eftoit touché.
Le refte de la Séance fe pafla
ala lecture de divers Ouvra280
MERCURE
ges faits à la gloire du Rov,0
M:
l’AbbéRegnier, Secretair )
perpétuel de la Compagnie,"
leut un Poëme qu’il a eu l'hond
peur de lire à Sa Majefté
les travaux de la Riviere d'Eu
re , & fur les Eaux de Ver.]1
failles. Les beautez qui y font
en très grand nombre,n‘échaq
perent pas à fes Auditeurs
On eut le plaifir d'entendref
un fort agréable Madrigal deP
M Doujat Doyen, fur la guelav
rifon du Roy, une Paraphral
deM Charpentier fur l'Exale
diat, qui fut extrémem ent ap
Pi
prouvée
,
& une tres-bell
Ode de ME le Clerc. ME le
Duc de S. Aignan , qui ne
voulut pas demeurer muet
dans une fi belle occafion de
parler , pria M l’Abbé de la
Yau de lire un petit Ouvrage
qu’il avoir fait fur la Santé de
notre Auguite Monarque,&
ju'il adrefloit à M's de l'Acalemie.
L'approbation qu’elle
eceut fut generale, & ayant
our çe Duc l'eftime que vous
vez , vous ne me pardonnelez
pas fi joubliois à vous;
envoyer. En voicy une Co
ïmier 168^
282 MEKCOR
SUR LA GUERISONE
A Meflicurs de l’Academie
Françoile.
SC avans 6 rares Génies,
Oue l'Europe eftime tant ,
J)ont les vertus infinies
Ont un mérité éclatantr
l^oye^ les fruits d'une Mufit
Qui fuit un ordre abfolu,
Et qui votes dit -pour exeufie , C'et vous qui l'avez^ voulu.
La politeffe O la grâce
Ne fuivent point les Guerriers , *
Mars, & le Dieu du Parnaffe
Ont de différent Lauriers 5 '
Et quand la main occupée
Pourfervir utilement,
A long temps tenu l’Épée,
la Plume a^it faiblement.
4
1 Sans étude & fans metode
Marchant d’un pas inégal,
Au lieu d’entreprendre une Ode,
Ceftoit trop du Madrigal.
Arbitres de l’Éloquence,
Mon efpoir^
1 mon appuy,
Que toute voflre indulgence
Mefl neceffaire aujourd’huy !
ele
Pour conferver mon ejlime
larmy tant de beaux ÉfpriM
à ce qui m 'anime,
Et non à ce que j‘écris.
Mon humeur ejl vive 0- prompte^
Jfay peu d3art & de favoir,
Mais je riay jamais de honte
Lors que je fais mon devoir.
4
Charme^d3un Au^ufte Maifte}
Ln l3eftat où je vous voy,
Que vous faites bien paroifire
Combien vous aime^le Roy !
Dans vos yeux où P on remarque
Ce feu d3efprit tant vanté,
De nofire puiffant Monarque
fe reconnois la Santé.
Dans un accident terrible jl ne fut point abatu,
L3atteinte la plus (enfible
N‘ofia rien à fa Vertu,
'fùùjours gay *
toujours luy-mefme
3
Cet Aupufic Souverain
Lut dans Ca douleur extrême
Ce qu’ilfut aux bords du Rhin. I
Son coeur fans trouble &fans crainte
Suivitfes nobles Projets ,
jamais ny foupir ny plainte
falarmèrent fies Sujets.
Il oufrit tout en filence,
Et fa rare fermeté
fignit mefme à fa confiance
La grâce 6- la majefiè.
ole
4 ,i Ce Héros que la Victoire
N’a jamais abandonné,
Que la lÀaiffance 6- la Gloire
Ont doublement couronné,
Lors qu’une humeur ennemie
Laifoitfonplus yrand effort,
Dans une fibelle vie
3
Ne craignit jamais la mort.
286 MERCURE
el
Enfin dans ce vafie Empire
Tout s'accorde a nos defirs.
En repos chacun foupire,
On peut poùter les plaifirs j Et quand un Prince aufji rare
iPlar le Ciel nous efi rendu , Cembic que tout déclare
Combien nous aurions perdu.
y
Ne craignons donc plus Porape^
Amis, le vent a cefié,
Nbus fommes loin du naufrage,
Dont on efioit menacé. TAutheur de nos defiinées
Touché des voeux qu on luy rend,
Pour un qrand nombre d’années
Hous donne Loürs le Grand.
MTAbbé de la Vau leut
ncore ce Sonnet de ce mef-
DK DuC.
Ore Grand Roy quiyar Jes
armes
leÇt vi toujours vittorieux,
Par /e s bontéAO par des charmes-
Enchante le coeur C les yeux. 4
Pour luy nous n aurons plus d'a--
larmes,
Ses jour s a.u- Ciel font précieux,
Et Ça Çantè tarit les larmes
pie Ponverfoit en tant de lieux. •
Après-cette infipne victoire,
Célébrons tous icy la ploire
De ce digne objet de nos Cens,
ele
Qui, plus jujlcment qu Alexan-
ILI 'dre 2. J ) 1.
288 MERCURE
Sans la Paix aurait deu prétend h
— l'Empire de l,eUnivers.
M l’AbbéTallemant Fait 5
né lent trois Sonnets , dont C
il y en avoir un fur la mala. k
die que le Roy eut à Calais,
M Quinaut joignit à un Son- 2
net fur le retour de la Santé
de ce Prince, la defcriptiont
en Vers libres d’un Tableau )
de Mr le Brun-, on y trouvay
de grands traits de Maiftre. «
M de Benserade, dont le ge- 1
nie eft toujours galant & en. 4
joué, fit part à la Compagnie 1
d’une Lettre en Profe &
en «
Vers qu’il avoir écrire à un t
GALANT. 289
t
de ses Amis, fur le mouvemen
t de tout Parispendant les
Te Deum qu’on y a chanrez.
Cette Piece fut trouvée digne
le fon Auteur , & c’eft vous
lire tout ce qu’on en peut
enfer d’avantageux, Après
toutes ces lectures, M‘ d'Aucour
prononça un fécond
Discours en Profe , dans lequel
il s’étendit avec beau,
tup d’ardeur & de zele fur
ajoye que toute la France
evoit montrer pour le reour
de la Santé de fon Prine.
Cette Séance finit par la
dure de deux Ouvrages qui
mer 1 6 87. Z
290 MERCURE
prouvoient le contraire I’un
de l’autre. L’un eftoit de M
de la Fontaine , fur l'avanta.
ge que les Anciens ont fur les
Modernes ; & l’autre de M
Perrault, fur ce que les Mo.
dernes ne cedentauxAnciens
ny dans les Arts
, ny dans les
Sciences. Mr l'Abbé de la
Vau
,
qui fut prié de les lire
l’un & l’autre
,
prépara fes
Auditeurs à l’écouter par un
Di (cours, dans lequel il fit
entrer d’une manière fine &
délicate des loüanges parti
culières du Roy ,& un court
Eloge de Mr l'Archevefque
GALANT 291
je Paris, qui eftoit prefent.
' On rendit juftice à M5 de la
.
Fontaine fur beaucoup d’enj
droits ; & l’Ouvrage de M‘
7 C.
1 Perrault, donc il croyoit ne
.
faire lire que le commence-
5 ment , parce qu’il contient
s
prés de fixcens Vers, & qu’il
1
embloit que l’attention duft
: eftre épuilée , fat tellement
s
applaudy
, qu’on interrom-
1
pit vingt fois Me de la Vau ,
t par le plaifir que l’on recevoit
: de cette lecture. Cependant,
-Madame , le pourrez-vous
t croire ? Ce Poëme que fon
: Autheur a intitulé, Le Siècle
292 MERCURE
de Louis le Grand
,
malgré
toute l’approbation qu’on luy
a donnée,ne laifle pas de cau.
fer uneefpecede Schifme par.
my les Efprits du premier or.
dre* Il yen a qui ne peuvent
fouffrir qu’on parle fi avants
geufe ment des Modernes. Ils
2 -
diient que C } elt manquer de
refpect à la docte Antiquité,
pour laquelle ils ont une veneration
aveugle. Je ne fçay
a quoy aboutira la difpute,
mais je fçay que M‘ Perrault
a beaucoup de gloire de l’a
voir caufée
3 & qu’il fe trouve
quantité de gens de fort bon
.
GALANT 293
é goust, qui n’eftiment
.
pas
y
moins la folidité de fes raifons
. que la beauté de les Vers.
. Les Peuples n’ont pas eftéles
. seuls qui ayent rendu d'éclat
tantes actions de grâces, pour
b
le retour de la fanté du
s Roy; tout ce qu’il y a de plus
e
augufte dans le Royaume s'eft
,
impofé ce meime devoir, &
-
le premier Sénat du monde,
y
c'elt à dire le Parlement de
, Paris, n’oubliant rien de tous
t ce qui pouvoir marquer fa
.
joye, à bien fécondé l’ardeur
: que M‘ le premier Prefidens
1 a fait voir en cette occafion,
Z iij
294 MERCURE
La ceremonie fe fit le Jeudy (
6. de ce mois dans la grande 1
Salle du Palais. Je ne vous di- (
ray point la manière dont '
cette Salle eltoit decorée; '
imaginez
- vous que ce vaite
Corps de bâtiment etoit
tendu de plufieurs rangs
des plus riches Tapifferies, &
que quelque fpacieux qu’il
loit, il eltoit tout entouré de
lumières, & de tout ce qui
peut former une fuperbe dé,
cotation. Le jour qui avoir
elle marque pour cette cere
monie , M s du Parlement fe
rendirent dans la grand"
Chambre, où ils attendirent
ME le Chancelier , qui eftant
Chefde toute la Juftice, vou
lut honorer de fa prefence
uneaction auffi juftequ’eftoit
celle de rendre grâces à Dieu
de nous avoir confervé le
Roy. M5 du Parlement en
voyèrent leurs deux Doyens
recevoir M‘ le Chancelier
,
c’eftà dire le Doyen des Confeillers
Laïques, & celuy des
Conseillers Clercs. Ne foyez
point furprife fi je nomme les
Laïques les premiers, c’eft
le rang qu'ils ont au Parle.
0.11
ment, Ces deux Doyens ions:
Z iiij
296 MERCURE
MEs Hervé & Fragué. M’le
Chancelier arriva précédéde
fes Huifliers à la Chaife. Il
eftoit veltu de la Robe de ve. Jours rouge doublée de Satin
cramoify, & accompagné de
de quatre Confei 11 ers d’E.
rat, qui font auffi Confeillers
d’honneur du Parlement, &
de M‘ d'Aligre Confeiller d'Etat. Les • quatre anciens
Miiftres des Requeltes
y étoient
auffi, ainfi que plu.
ficus Officiers du Conseil &
de la Maifon de M le Chan
celier. Il fit un discours qui
marqua à M" du Parlemen1 t,
La*I AATkAA 13,7i72: 2 97
le qu'il a, & beaucoup d’eftime
lepour leur Corps, &uneconlibération
particulière pour
. leurs Arrefts. Il dit que c’én
toit chez eux qu’il avoir puifé
e es premières lumières qui
-ly avoient fervy à rendre
s i jultice ; après quoy il paru
de la Juftice en general, &
: I connoiftre qu’il y avoir
encore beaucoup d’abus à
corriger. Comme c’eftoit
heureux rétablifement de
i faute du Roy qui les avoit
lemblez, il dit auffi quelfte
choie fur ce fujet, &
pus jugez bien que parlant.
298 MERCURE
du Roy il en fit l’éloge, puilpi
qu’on ne peut rien dire decb
Prince, mefmefansart & fanel
préparation, que ce qu'on ei
rapporte nepuiffe être le fujgir
d’un Panégyrique. On alla
enfuite entendre la Meflop,
dont la Mufique eftoit de Mes
Capron , Mailtrede Mufiqu
de la Sainte Chapelle. Toue
l'Aflemblée fut fort fatisfaily
de ce qu’il fit chanter ; il e
avoir dans un autre endrok
de la Salle un Concert (
Hautbois avec de fort bellgn
voix qui répondoient à cet
Mufique. M‘ l'Archevel
GALANT. 299
"Duc de Rheims eftoit placé
Cous un Dais à cofté de Î’Auikel,
& donna la benedilion
à l’Aflemblée. Au for-
Iirde là M le Chancelier fur
traité chez M‘ le Premier
Rrefident , avec les principa-
Mes personnes qui avoient af-
|htéà cette ceremonie. Le
lepas fut magnifique. On
11 voit efté jufqu’a trente lieues
le Paris, chercher des cho.
Us qui le rendirent fingulier.
d Si plusieurs Corps célébrés
4nr rendu les melmes actions
" grâces avant l’Academie
Royale de Peinture & de
Sculpture} ce n'eR pas qu-ellea
n’ait efté des premières à done
ner des ordres pour s’acquite
d’un devoir fi jufte ; mais 4
longueur des préparatifs l‘o
bligea de retarder l’effet £
fonzelejuiqu’au Samedy 8.00e
ce mois. Elle choifit l’Eglil
des Peres de l’Oratoire comde
me un lieu fort propre à eltre
décoré,& dont ceux qui la de [
£ fervent ont un attachemen
très, particulier pour toute le
Maifon Royale ; auficonfen
tirent-ils avec beaucoup dhu
joye à la propofition qu’on
leur fit fur ce fujet. M5 deM^
GALANT 301
(demie prièrent le Pere Soa-
"mem, célébré Prédicateur, de
ouloir bien prefcher ce jour
4,& M Charpen:ier,qui a a-
0 ns la Mufique à Rome fous
GChariflimi , eflimé le meil.
Our Maiftre d’Italie, fut em.
illoyé pour travailler à celle
le cette Fefte. Quoy que MES
"le l’Academie ayent plu-
• leurs Salles toutes remplies
1 le Tableaux qui font autant
He Chef-d'oeuvres , puifque
1
:e font ceux des perfonnes
^jui ont efté reçues dans ce
avant Corps , & qu’ils en
tufent pu remplir plufieurs
302 MERCURE
Eglifes beaucoup plus gran.
des que celle des Peres de
l’Oratoire-,ils aimèrent mieua
faire beaucoup de dépensel
& que toute la décoration db
l'Eglife regardait le Roy. On
fixa pour cet effet la fommay
que chacun devoit donner
& ceux qui ne font point
dans les Charges ,
voulurent
contribuer autant que les au 0
très. On choifit les plus lui
biles Peintres de l'Academii
pour faire neuf grands Ta.ll
bleaux,&24. Bas-reliefs qun
dévoient reprefenter les prin
cipales actions de Sa Majeftét
GALANT 303
1M‘ Quinaut voulut bien
le charger d’en faire l'explination
en Vers François pour
ere mife au bas de chaque
dableau , & de chaque BashJief.
M‘ le Brun travailla
nay.mefme à un Tableau
t ii’on a admiré, & qui reprennte
l'Eglife wi&orieufe de
Merefie ,& il contribua beau-
U ou p par les idées qu’il donna,
a par les foins qu’il prit de
b faire exécuter ,
à l'embelallement
de cette grande, &
uügenicufe Fefte. Je n’entre-
D4ly point dans un plus grand
épetail
, parce qu’on en a déjà
304 MERCURE
donne un Livre au Public,&
qu’on travaille à un fécond
dans lequel feront les Eftam
pes de tous les Tableaux. Ce
pendant je ne fçaurois m’em
pelcher de vous dire , que les
éloges que le Pere Soanemfi
du Roy en divers endroits de
fa Prédication
,
receurent de
fifrequens applaudifemens,
qu’il eut befoin d’une grande
prefence d’efpritpour ne rien
perdre de l’ordre de fon Dif
cours dans ces continuelles
acclamations qui l’interrom
pirent. Il parla fur les actions
du Roy reprefentées dans
'
chaque Tableau , & ces diffe-
1
rens éloges firent une divers
"fté de matière qui luy fournit
’ un ample fujet de faire écla-
' ter fon éloquence. MTS de
8 l’Academie l’ont fort prié de
permettre qu’on donne au
“Public ce Panégyrique
,
afin
qu'on lepuifle répandre avec
»
le récit de leur Fefte
, non
e feulement dans toute la Fran-
? ce, mais encore chez les ERangers.
Quoy que ce Per®
5 n’ait jamais voulu qu'on ait
' imprimé aucun de fes Ouvras
ges ,
il ne doit pas apporter
dobftacle àleurdefein ,puif
Février 1687. A a
306 MERCURE
que ce feroit priver le Public
de ce qui eft fi glorieux à Sa
Majefte , & qui doit en quel,
que forte appartenir à ceux
qu’il a bien voulu obliger en
compofant ce Panégyrique,
Le 19. & le 30. du mois pa£
fé, ME le Prefident de Met
mes fit chanter le Te Doum^
dans l'Eglile des Cordeliers.
& dans celle du Grand Convent
des Anguitins de Paris,
en action de graees à Dieu
pour le parfait rétabli flement
de la Santé de Sa Majefte. Il y
affita avec fa Famille , & fit
enfuite un magnifique Feftin
à tous les Religieux de ces
deux Maifons , dont il eft le
Protecteur, quoy que les Cor
deliers foient au nombre de
deux cens cinquante, & les.
Auguftins de cent quarante.
Je ne dois pas oublier à vous
parler du zele qu’ont fait paroiftre
les quatorze Peres Af
filiez au Grand Convent &
College des Jacobins de Pa
ris, rue Saint Jacques. Leur
attachement à la Perfonne facrée
du Roy eft d’autant plus
particulier, qu’ils font dépofitaires
des Cendres précieu -
fes de Robert de Clermont,
Aa ij.
308 MERCURE
cinquième Fils de S. Loiis,&
des Princes fes Enfans, qui
font enterrez dans leur Eglife,
& que vous fçavez ellre la
tige de la Royale Maifon de
Bourbon. Ces Peres qui des
le 21. de Novembre avoient
commence chez eux des prie,
res publiques qu’ils continue,
rent neuf jours avec Expohtion
du Saint Sacrement,
voyant leurs voeux exaucez
par l'entiere guerifon de Sa
Majefté , en rendirent des aétions
de traces à Dieu d’une
manière tr—es-éclatante , le i.
3. & 4. de Janvier, & les terminerent
le jour des Rois par
n Te Deum , qui attira une
î
fluence de Peuple incroyale.
Madame Colbert, Abbeffe
le l’Abbaye Royale de Saint
oüis de Rouen, eliant d’une
amille qui s’elt toujours 1imalée
quand elle a trouvé
’occafion de faire connoiftre
ombien elle elt dévoüée au
Roy, s’elt acquitée du melme
levoir , en faifant chanter
2
Méfié & le Te Deum dans
on Eglife , par les plus habi
les Muficiens de la Ville.
Outre quantité d'aumônes
3io MERCURE
qu’elle fît faire pour marque
fa joye , elle fecourut beaé
coup de pauvres Familles,
délivra plu fleurs Prifonnien,
Les Consuls & les Habin
tans de Romans ont pareil^
ment fait chanter un Te Dea
avec beaucoup de folemnitd
par les ordres de M le Ma I
quis de Lionne , Maiftre d
la Garderobe leur Gouve
neur , & par les foins de M
l’Abbé de Leifleins. Il y eu enfuite un grand Feu de joy
dans la principale Place d
la Ville, & de grandes Illumi
nations à toutes les feneftres
GALANT: 311
’ Toutes ces marques de l’AIlegreffe
publique font voir
combien le Roy eft aimé de
Hious fes Sujets. C’ef cet a-
Amour tendre & refpectueux
Aqui a fait dire à une Dame
Alun fort grand mérité , &
dont l’efprit n’eft pas moins
bolide qu’il eft fin & délicat.
Avec fortpeu de bien, moins cn-
" cor dejeunejfe
3
v Avec une Famille aujjî pauvre
(1 que moy,
1
Je ne demande à Dieu ny yani
deur ny richejje ,
Jefuis ajfe^contente, il afauvé
1 le Roy.
Meffire François , Sire del
Crequi , Marquis de Marine,
mourut icy le 4. de ce mois
avec beaucoup de refignall
tion & de fermeté, il avoir clte
fait Lieutenant General dos
Armées du Roy en 1655. Gene)
ral des Galeresen 1661. Maré.l
chai de France en 1668. Gout
verneur de Lorraine en 16761
& avoir époule Dame Cathe.l
rine de Rouge
,
Fille de Me®
fire Jacques•de• Rouge S diH
Plefis Belliere
5
Lieutenant
General des Armées du Royp
mort en 1654 & de Dame Su* (
faune de Bruc. De ce Mariage 1
GALANT. 313
ont fortis François Jofeph,
Marquis de Crequi , Colonel
sdu Regiment Royal , ne en
11662. & marié le 4. Février
41685. avec Anne
-
Charlotte
zdAumont, fécondé Fille de
JME leDuc d‘Aumont,& Char-
'.les François de Crequi, Comme
de Blanchefort , né en
1669. ME le Maréchal fon Pere
,fe voyant preft de mourir, le
.Stapporter, tout malade que
1ce jeune Comte eftoit, pour
tluy recommander de crain-
;
dre Dieu
,
& d’avoir un atta-
.chement inviolable pour le
Service du Roy. Je ne vous
Février 16S7, B b
CV parleray point des grandes
actions de ce Maréchal, elles 111
font connues de tout le mon
de. Vous fçavez qu’il a long. P
temps commandé en Chef 11
les Armées du Roy, & qu’aprés
avoir fait retirer celles sa
de l’Empereur & de l'Em- s
pire
, que l'efperance de 1
frire de grandes Conqueftes ,c
avoir fait avancer fur nos
la
frontières, il fe rendit Maiftre 4
de Fribourg,qui eft une place "
tres-confiderable. La dernie-T
re occafion ou il s’eft fignale,""
a efé le Siège de Luxem-"
bourg Mr de Bellefond eft. U
UIAM1 i •
319
evenu par fa mort le plus
acien Maréchal de France.
Cette mort fut fuivie le
de celle de Meflire Charles
laréchal
,
Duc & Pair de
rance , Chevalier des Ortes
du Roy
,
Premier Genthomme
de fa Chambre,
Gouverneur de Paris,& grand
ailly de Hedin. Il eft more
ans fa 63. année aprés une
ngue maladie ,
pendant lauelle
il a donné toutes les
larques pofibles d’une ve.
table pieté. Il avoit comandé
la Cavalerie dans les
B b ij
316 MERCURE
Armées de Catalogne & dans
celle d’Italie , & fut blefé:
d’un coup de Moulquet au
Siege d'Orbitelle, après quoy.
Sa Majefté le nomma Lieute.
liant General defes Armées,!.
Il a foutenu avec beaucoup^
d’éclat & de dignité l'employ,
d'Ambafladeur extraordinaip
re à Rome. Il alla depuis en^
Angleterre en la mefmequa,
lité , 3c fut envoyé Extraordile
naire à Munich , pour porter
les Prefens de Noces à Ma-c
dame la Dauphine, &poure
la conduire en France. Il |
avoir époufé Armande deS(
GALANT. 317
ISGelais de Lulignan de Lan-
"ac , Dame d’Honneur , &
“Dame du Palais de la Reyne ,
YFille heritiere de Gilles de S.
“'Gelais de Lufignan , Sr de
SLanfac , Marquis de Balon ,
D& de Marie de la Valée des
YFoffez , Marquife d'Everly.
'De ce mariage eft venue
Dame Madelaine de Crequi,
mariée le 3. Avril 1675. à M5
le DucdelaTremoüille. Meffire
Alphonfe de Crequi ;
Comte de Canaples qui vit
encore & quin’elt point ma
rié, eftFrere de M1 le Duc de
Crequi qui vient de mourir,
B b iij

318 MERCURE
M‘ le Maréchal de Crequié
toic fon cadet. 1
Le jour que ce Duc fut in 1
humé, MES de Ville allèrent
le matin en Corps luy jette (
de l’Eau benifte
,
après quoy ‘
M‘ le Duc de la Trimoulill
les pria de vouloir bien af !
fter le foir à l'Enterremen
qui fe devoir faire. Quoy
qu’ils n'ayent point efté à à
pareilles ceremonies depuis
un grand nombre d’années,
& qu’on ait mefme eu de la
peine à en trouver des exem
ples, ils ne laifferent pas de
luy accorder ce qu’il deman.
(doit. Ils voulurent en-fuite alfer
à l’Hoftel de Crequi fai-
1 re des complimens de condoleance
à Me la Duchefle
de Crequi, mais on leur dit
qu’elle eftoit à l'Hoftel de
Lediguieres. Ils s’y rendirent
C auffi-toft, & y trouvèrent M5
le Duc de Villeroy, qui après
leur compliment voulut les
reconduire, quelque inftance
qu’ils fiflent pour l’en empê
cher. Ils fe trouvèrent le foir
à l’Hoftel de Crequi pour
affifter au Convoy dont voicy
l’ordre. La marche commençoit
par plu fieurs Pages
B b iiij.
320 MERCURE
à cheval portant des flam.
t beaux de cire blanche. Is
eftoient fuivis de c quatre cens c Religieux Mandians de di. d
vers Ordres , entre lefquels
v eftoient d’efpace en efpace
plufieurs Domeftiques c de la
Maifon du Deffunt portant auflî des flambeaux. Après
cela paroifloit tout le Clergé
i de Saint Sulpice, & vers la
fin de ce grand Corps étoient,
mais un peu éloignez & fur
les aîles,deux
rangs d’Archers
de Ville portant des flam
beaux de poing aux Armesde
la Ville. Ils coftoy oient une
GALANT. 321
.
partie de ce Clergé , ainh
s que le Corps de Ville, & tous
$ ceux qui le fuivoient. Imme-
.
diatement après le Clergé on
svoyoit plufleurs Domefti-
2 ques du Deffunt
, au milieu
i defquels on portoit une Coutonne
Ducale. Le Cercüeil
: ivoit & eftoit environné
des Gardes qu’a voit feu M5
de Crequi, comme Gouver
neur de Paris. Le Maiftre
d'Hoftel & le Colonel de la
Ville marchoient après le
Corps, & precedoient Mr le
Prevoft des Marchands, &
M‘ Geoffroy premier Eche322
MERCURE
vin qui alloient ensemble.
Tour le Corps de Ville fui.
voir chacun dans fon rang.
Une grande quantité' de flam.
beaux qu’on voyoit enfuite,
éclairoient le Deuil, à la te. fie duquel eftoient M5S les
Ducs de la Trimouille & de
Villeroy. On le rendit en cet
état à l'Eglife Saint Sulpice;
& quoy que leCorps n’y deuil
pas eftre inhumé, on ne laifa
- pas de jetter de l'Eau benifle
deffus. MF de la Trimouille
en jetta le premier, & après
luy M de Fourcy
,
puis M
le Duc de Villeroy & M‘
GALANT. 323
Geoffroy, & toutlerefte dans
le melme ordre, c’eft à di
re un Parent & un Officier
de Ville alternativement. Après
que l’Eau benifte eut
efté jettée, M'de Ville mon
tèrent en caroflepour s’en re
tourner, & le cercueil ayant,
efté mis dans un carofle, ceux
qui reprefentoient le Deüil
le mirent dans plu fleurs au
tres ; & le conduifirent jufques
à l'Eglife des Capucines,
lieu de fa fepulture , ou ce
Duc donna le Corps de Saint
Ovide au retour de ion Amlbaflade
de Rome..
324 MERCURE
La Maifon de Crequi,
très-noble & très-ancienne,
a pris fon nom de la Seigneu.
rie de Crequi en Artois fa
les confins de Picardie. Jean
VIII. S1 de Crequi & de Ca
naples mort en 1554. eut de
Marie d’Affigny Jean IX. qui
mourut jeune , après avoir
elté fiance avec Henriette de
Savoy e, riche heritiere, qui
fut depuis mariée à Charles
de Lorraine Duc de Mayen.
ne ; Antoine Cardinal de
Crequi ; Louis SP de Pontdormy
tué à la bataille de S.
Quentin, & Marie de Crequi
GALANT 325
mariée en 1545. à Gilbert de
Blanchefort, & demeurée enfuite
heritiere de cette Mau
on. Elle fut mere d’Antoine
de Blanchefott, dit de Cre.
qui, que le Cardinal de Crequi
fon Oncle fit fon heri
tier, à la charge que luy &
fa polierite porteroient le
nom & les Armes de Crequi,
qu’ils ont rendu très, il lu lire.
Antoine époula Chriftine
d'Aguerre
,
dont il eut Char
les I. de ce nom , Sire de Cre
qui & de Canaples, Prince de
Poix , Duc de Lefdiguieres,
Pair & Maréchal de France,
326 MERCURE
Comte de Sault, Chevalier ;
des Ordres du Roy, Gouver le
neur de Dauphiné, & l’un
ne
des plus grands Capitaines Fr
de fon temps. Il fut tué d'un )
coup de canon en 1658. en ve
voulant jetter du fecours 6
dans la Ville de Breme que it
les Efpagnols avoient aflie- R
gée, & laifa de Madelaine
e
de Bonne la première fem- de
me, fille de François Duc g
de Lefdiguieres, Connétable AG
de France, & de Claudine de
Ca
Berenger, François de Cre- ch
qui, dit de Bonne
,
Duc de é
Lefdiguieres, Pair de France de
GALANT 327
: Comte de Sault , Chevalier

les Ordres du Roy, Gouver-
1 neur de Dauphiné, Pere de
i François Emanuelde Crequi,
1 Duc de Lefdiguicres
,
Gou-
1 semeur de Dauphiné, qui en
1 675. époufa Paule Marguetite
Francoife de Gondy de
Rets, fille puifnée & heritie-
:e de Pierre de Gondy, Duc
le Rets, Pair de France, Chealier
des Ordres du Roy,
General des Galeres, & de
Catherine de Gondy
,
Du.
chefle de Rets, dont il a laiflé
un fils, aujourd’huy Duc
de Lefdiguicres.
328 MERCURE
Le mefine Charles Sire
de Crequi, Maréchal de
France, eut un fécond fils,
Charles II. Sire de Crequi,
qui fut fait Mettre de Camp
du Régiment des Gardes, &
qui mourut en 1630. d’une
bleflure qu’il receut devant
Chambéry. Il avoit épousé en
1610. Anne du Roure, fille
de Claude SR de Bonneval
& de Combalet, & de Ma
rie d'Albret-Luynes
,
dont
il eut feu M" le Duc de Crequi,
M" le Comte de Canapies
, que je vous ay déjà
dit qui vit encore , & feu
G AXANT 329
!M‘ le Maréchal de Crequi.
; Du mariage de Charles
, Sire de Crequi I. du nom ,
k de Madelaine de Bonne
vinrent encore deux filles,
:
fçavoir Françoife de Crequi
;
mariée en 1609. à Maximi-
;
lien de Bethune II. du nom
( morte en 1657 & Madelaine
:
mariée en 1617. à Nicolas de
Neufville Duc de Villeroy,
Pair & Maréchal de France.

& morte en 1675.
Le 13. de ce mois le Roy
ayant appris à fon lever la.
more de ML le Duc de Crequi,
Gouverneur de Paris, ar-
Février 1687. Ce
.
330 MERCURE
rivée ce mefme jour à trois
heures du marin , nomma
aufli-toft Mr le Duc de Ge!
vres pour remplir cette Pla-1
ce. Il eft Fils de M‘ le Duc 1
de Trefmes , qui eftoit Pair 1
de France, Chevalier des Or-t
dre du Roy , Capitaine de la
première Compagnie desGar I
des du Corps, Gouverneur & I
Lieutenant general des Paysd
du Maine, Laval, & le Per. d
che, & qui avoit eu toute t
forte de beaux Emplois, &6
d’Ambaflades extraordinai- F
res. Ce fut luy qui eut Thon- J
rieur d’eftre choifi pour celle
e
==- gzo 2 g suh oes * GALANT
du Mariage du feu Roy avec
Anne d’Auftriche, Mere de
Sa Majesté. Il avoir époufé
Marguerite de Luxembourg,
Fille de François de Luxem
bourg , Duc de Piney,de cet.
te il luftre Maifon dont il eft:
forty tant d’Empereurs & de
Princes Souverains
-, & de
Diane de Lorraine. M5 le Duc
deTrefmes eut trois Garçons,
de ce Mariage , qui fe font
tous trois diftinguez par les
fervic.es qu’ils ont rendus à
Eftat.L‘Aifné,fous le nom de:
Marquis de Gefvres, s'acquit:
en fort peu de temps une tres--
G c ij;
332 MERCURE
grande réputation dans les
armes , mais il en jouit fort
peu , ayant efté enfevely
en 1643. dans une Mine
que les Ennemis firent jouer
fous un Baltion de Thion.
ville , lors qu’il remenoit
les noftres à l'afaut de cet.
te Place , donc il comman
doit une des Attaquesen qua
lité de Lieutenant general de
l’Armée de Champagne. Il
fut honoré du Brevet de Maréchal
de France, & avoir cité
un an avant la mort pourveu
du Gouvernement de Tou.
raine. Il mourut âgé feuleGALANT.
333
; ment de trente-trois ans avec
: ce glorieux avantage , que le
i
nombre de (es blefures furpaffoit
de beaucoup celuy de
r
fes années. Le fécond mar.
.chant fur les pas de fon Aifné,
t
fut tué au Siege de Lerida en
.
1646. répondant une fortie ge
.
nerale de la Garnifon de la
.
Ville. Il n’avoit que vingt-
: cinq ans, & eftoit premier
I Maréchal des Camps & Ar-
.
niées du Roy.
• Le troifiéme , qui eft M
1
le Duc de Gefvres d'aprefent,
.
luivant de fi nobles traces,
fut Capitaine dans le Regi334
MERCURE
ment de Cavalerie du Cardi.
nal Mazarini des l’an 1644.
& fer vit aufl-toft en Allema.
gne ,
où il fe trouva à la Ba
taille de Fribourg , & l’année
fuivante à celle de Norlingue
il y fut fait prifonnier après
é plufieurs fois les
Ennemis, & eut deux che
vaux tuez fous luy ; mais s'eftant
heureusement débarafé
dans une meflée, il prit un
autre cheval, & eut part en
core à la gloire de leur défai
te. Il fervit les deux Campa
gnes fuiv antes dans lamefmc
Armée d’Allemagne en quaGALANT.
335
,
lité de Mettre de Camp, & en-
.
fuite en Flandres au Siège de
’ Courtray où il fut pourveu du
‘ Régiment d’Infanterie defon fe-
' cond frété qui venoit d’eftre
:
tué Après le Siège de Courtray,

il revint en Cour, où il prit poflesfion
de la furvivance de la
1 Charge de Capitaine de la premiere
Compagnie des Gardes du
Corps d Sa Majefté
; il eut en
mefme temps les furvivances du
Gouvernement & de la Capi
tainerie Royale de Monceaux,
lu Gouvernement du Païs de
Valois & de celuy du Mayne,
Laval & le Perche. En 1647. il
fervit encore en Flandre & com
manda la Cavalerie à laprife de
a Ville d’Ipre. En 1650. il fut
ait Lieutenant General des
Camps & Armées du Roy , &c
en cette qualité il fit la Campai
gneen Guyenne. En 1651. fervant
toujours auprès de Sa Majefte;
dans fa Charge
,
il la fuivit dam
C •. V tousies voyages juiqu’à ce qu’El
{
le revint à Paris après les trouble
de 1652. L'année fuivante le Ror
luy donna des provisions de Cont
feiller d’Etat, & en 1669. Sa Ma 1
jefté l honora de la Charge de;
premier Gentilhomme de f
|
Chambre
,
dans laquelle il a tou
jours fervy pendant l’année de fe 1
fonctions, ayant fuivy la Cou I
dans tous les voyages, & toute ]
les fois que le Roy s’eft rendu al
la tefte de les A mées. Enfin é |
tant entré le premier jour de cette
année pour fervir auprès du Roy,
dans fa charge de premier Gen
tilhomme
2.
GALANT. 337
tilhomme de la Chambre, Sa Majesté
oui prévient toûjours par fes bien faits
ceux dont Elle a éprouvé le zele
,
le grangtifia
du Gouvernement de Paris avec
i des marques particulières de fou eftime.
M.le Duc de Gefvres à quatre garçons
P vivans. L’Ailné, M. le Marquis de Gel-
-lyres, Metre de Camp du Régiment
Cqui porte ion nom, eft receu en furviavance
delà charge de premier Gentil-
D
a.
de
1.
homme de la Chambre, du Gouverne
ment 8c de la Capitainerie Royale de
Monceaux , & de celuy du Pays de Val
ois. On ne peuteftre plus attaché à la
berfonne du Roy. Le fécond eft M.
‘Abbé de Gefvres, Abbé & Comte de
eBernay & d’Aurillac, diftingué par fa
ur fagefe & par fa pieté
,
& encore plus
e par le grand éclat avec lequel il a paf
] par tous les degrez delà Sorbonne. Le
' troifiéme eft M. le Marquis de Gandelu,
£ Colonel du Régiment Royal des VaiD
c féaux
,
dont la fagefle 8c la conduite
Y, répondent à l’attachement qu’il a. pour
) fonmeftier.M. leChevalierde Gelvre eft
Dd
K Février 1687.
le quatrième, il n’a pas encore dix-neuf te
ans, &a efté nommé depuis deux mois di
Capitaine de Vaifleau, après avoir fer- hë
vy avec diftinction les trois dernieres
pi Campagnes dans les expéditions de dt
Gênes, d'Alger & de Tripoly. Le Cadet
m de tous eftoit M. le Chevalier de Tref- fi
mes qui fut tué il y a prés de deux ans à C
la prife de Coron. Il eftoit dans le ba- dé taillon de Malthe. On le trouva fur la x brèche
, tenant encore fon épée enfon- ii
cée dans le corps d’un Turc. k
Meffire François Annibal, Ducd'E- pi trées
, IL du nom , Pair de France, de
Marquis de Coeuvres
,
Comte de Nan- V teüil, premier Baron & Sénéchal du 2 Boulenois, Vicomte de Soiftons, Gou- h
verneur & Lieutenant Generel de lifte ,t de France, mourut le jeudy 30. de Jan- l
vier d’une apoplexie qui l’avoit furpris G la nuit precedente. Il y avoit quinze ans 1 qu’il eftoit à Rome, où il exerçoit l'em- 1 ploy d'Ambafladeur Extraordinaire de | France. C'eltuncaractere qu’il a fou- t
GALANT. 339
tenu avec toute la conduite & toute la
dignité qu'on pouvoir attendre d’un
homme de fa naiffance , qu’une longue
pratique de négociations
,
& une pru
dence confommée rendoient parfaitement
éclairé fur les affaires les plus difhciles.
Il avoir époufe en 1647. Dame
Catherine de Lauzieres-Themines , Fille
de Charles de Lauzieres , & d’Anne Ha
bert
, dont il a eu François Annibal III.
du nom, Marquis de Coeuvres & Comte.
leNantcüifprefen'tement Duc d’Eftrées,
qui épousa en 1670. Dame Madelaine
de Lionne
,
Fille de Hugues de Lionne,
Marquis de Berny , Miniftre & Secretaire
d’Eftat. L’ancienne Maifon d‘Eliées,
originaire de Picardie,a donné de
ands hommes à la France. Jean d‘Etrées
, Sieur de Vallieu & de Coeuvres,
Grand Maiftre de l’Artillerie, fut un des
lus habiles Capitaines de fon Siecle.
Antoine d’Eftrées IV. du nom , Mari|
nisde Coeuvres, Chevalier des Ordres
lu Roy en la première création de l’an
778. fut pourveu en 1597. de la Charge
Dd ij
340 MERCURE
de Grand Maiftre de l’Artillerie qu'avoi
polledé fon Pere. Il époufa Françoil
Babou
,
Fille de Jean Sieur de la Bour
daifiere, dont il eut François-Loulis tu
au Siege de Laon en 1594 ; François An
nibal I. du nom ; Diane, fécondé Femm
de jean de Monluc , Sieur de Balugny
Maréchal de France ; Marguerite marié
à Gabriel de Bournel
,
de Namps ; An
gelique
,
Abbelle de Maubuifton ; Ga
biielle,Duchelïede Beaufort
,
dont Hen
ry IV. eut Cefar Duc de Vendofme
Julienne- Hipolite
,
Femme de Georges
de Brancas , Duc de Villars
,
6e Francoife
,
Femme de Charles , Comte de
Sanfay. François Annibal I. du nom,
Di c d’F tirées
,
Pair & Maréchal de
France
,
Chevalier des Ordres du Roy,
fut envoyé Amballadeur extraordinaire
en Suifle
,
& vers les Princes d'Italie. Il
étroit à Rome en cette qualité en
& il y foutint la gloire de la France avec
un fort grand éclat. Il époufa en 1622
Marie de Bethune , Fille de Philippes,
Comte de Selles & de Charoft , & il en ]
t G A L A NT. 341
e ent François Annibal II. Duc d’Eftrées,
- dont je vous apprens la mort ; Jean
C Comte d’Eftrées, Maréchal & Vice-A-
• mirai de France , & Cefar , Cardinal
U’Eftrées. En 1634. il prit une féconda
Alliance avec Anne Habert Fille de
elean , Sieur de Montmor , Tréforier de
D’Epargne,Veuve de Charles de Themi-
"nes Sieur de Laufieres
,
dont il eut Louis
'Marquis d'Eftrées , tué en 1656. à la
;
levée du Siege de V alenciennes ,
& Christine
, première Femme de Francois-

Marie, dit Jules de Lorraine, Prince de
Liflebonne, morte en 1658. & enfin il
) eut pour troisiéme Femme , Gabrielle de
Longueval, Fille d’Achille Sieur de Mai
nicamp
,
morte fubitement à Paris depuis
e quinze jours. Il mourut en 16-0 âgé de
198, ans ; quelques-uns difent de 101.

Meffire Michel Amelot Archevelqus
C de Tours, mourut le 17. de ce mois dans
Ton Diocefe. Il eftoitdans fa 63. année.
>
Dame Marie Lefcalopkr
,
Veuve de
* Meffire Louis de Béthune, Duc de Charoft
, Chevalier des Ordres du Roy
D d iij
342 MERCURE
Capitaine des Gardes du Corps, & G ou- 0
verneur de Calais, cft morte aulh depuis 1
peu de jours. Elleestoit Fille de Meffire
t
Jean Lefcalopier
,
Prelidentau Mortier
du Parlement de Paris , & de Dame
Marthe Gobelin.
La première Enig me du dernier mois
avoir efté faite fur les Adouchzrons qui
naiflent du vin
,
& qui entourant les
tonneaux des qu’ilsen font pleins,tâchent
de les percer. Elle a efté expliquée dans
Ton vray feus par la jeune Beauté d’Arras
,
regretée des Ambaladeurs de Siam.
Ceux qui ont expliqué la féconde fut
l'Or qui enettoitle vray Cens, font Mrs
C. F. Lourdet ; le grand Tribardeut
François,dela Tour d’argent à V. Cleante
de Sarrelouis
; la Menageredu bon &
gros Gafcon de la Cour
-,
l’Aimable Jivote
aux airs langoureux de la rue des
Follez S. Germain ; la Belle & inhumaine
Confeillere de la rue des Gentilshommes
de Quimper
,
âgée de 12. ans, & la Belle
Indolente delà rue desJ efuites delà melme
Ville. Voicy les noms de ceux qui
GALANT. 343
ont trouvé le vray fens de l’une & de
l’autre. Mrs Blary de Montauban
,
Avo
cat au Parlement 3 Bertonville de la rue
S, Bon ; l’Amant inconnu de la Blonde
le Rheims ; Meriel, Maiftre à chanter à
Caën;l‘Interprete Academique, l’Amant
le la Belle Hortenfede la rue S. Martin ;
Amant berné ,& l’Amant de la Potière
l’étain de la rue de la Monnoye.
Je vous envoyé à mon ordinaire deux
autres Enigmes nouvelles. La première
elt de M. de Leipficot de Vernon.
ER**E E*£4 EE EE‘F55
ENIGMEEvïens
a monde avec quatre vifages
s
De quatre Soeurs toujours accompagné,
Qui tour a tour font le partage
bu plus heureux& du moins fortuné.
que toujours pour valoir quelque
chofe
Vonfait contraint de me faire marcher.
D d iiij
344 MERCURE
,. C’e)? lors que jo fitis las & f que je me r-) pose.
Que l’on s'occupe À me plus rechercher.
Quoy que je fois &fans langue &faits
bouche,
. En ce moment je décide en Latin
Du bon ou du mauvais deflin
De celuy qui me touche-
.
AUTRE ENIGME.
* " 7 Oule^-vous connoifre mon Perd
V Il efl Filsdema Mere,
Dîmes Freres & moy nous naifons parfa
mort,
C'‘e( elle qui le tué, & qui de noftre fort
Prendfoin , nous nourrit tous jufques a
certain aire.
Oui ne nous permet pas de croifre danam
fage« Dès que nous fommes grands , nous mou*
rons la plufpart
t D'une mort rude, inventée avec art,
Mais en quoy nous pouvons efire d'anes
a envie,
GALANT. 345
C'efi qu’en mourant nous foutenons la
vie
Je vone —
.
grands , & fouventréiferez.
Le Roy a donné de grands reT
q1
te
GALANT. 345
C'efi qu‘ en mourant nous foutenons la
vie
Je vous envoyé encore un Air nou
veau dont les paroles ont efté faites con
tre les Avares.
AIR. NOUVEAU.
J ’Entens murmurer tout le monde ,
Et dire qu il nefl plus d’argent.
Tel aflèiïe Jeftre indigent,
Bien qu en richefes il abonde.
Ah ! que je les tiens malheurenx
Tous ces Pleureux
Qui font les gueux,
Et fe plaignent Le neccfaire !
Chers .Amis
, moguons^nous d'eux
,
En beuvant a gai mieux mieux ,
Et rions de leur mfere.
Je ne vous dis rien des divertillemens
que la Cour a pris ce Carnaval, quoy
qu’ils ayent efté grands, & Couvent réi
térez. Le Roy a donné de grands re34.6
MERCURE
pas avec fa magnificence ordinaire. Les f
grands appartemens de Verfailles ont
efte ouverts à toute la Cour , & on les a
veus plusieurs fois remplis d’un nombre N
infiny de Mafques. Il s’en trouva un V
vêtu en Avocat qui donna au Roy les
g
Vers fuivants le dernier jour du Carna- C
yal. p
De tant d‘Avocats que nous femmes
Je ne Cçaurois plaider qu‘ avec un bon fic. t
cès, 9
Jefoutiens que Louis efi le plus prand fiées 1
hommes, i ^tjefsis afieuré de gagner mon procès. ;
c Le Roy lut ces Vers de remercia l’A- {
vocat, de quoy qu’il y euf beaucoup 1
d’autres Avocats dans l'Aflemblée ,il 1
ne s’en trouva aucun qui vouluf plai- I
der contre luy , ainfi il fe retira ,
&
ne
parut plus. On crût que cette galante
rie eftoit de M. le Duc de S. Aignan, &
l’on ne fe trompa pas.
Pendant que plusieurs Villes de France
GALANT 347
font travaillera des Statues du Roy pour
les mettre dans leurs places publiques,des
Particuliers font élever des Buftes de ce
Monarque pour avoir la farisfaction de
voir fon Image, en attendant que ces
grands ouvrages foient achevez. C’elt
ce qui eft arrivédans la Ville du Mans le
premier jour de cette année.Le Directeur
des Fermes du Roy dans la Province du
Maine y a fait placer un Bufte de ce
grand Prince
,
devant fa Maifon fituée
au haut de la Place publique, & cette Ce
remonie Ce fit au fou de plufieurs Inftrument
guerriers & autres. Le; Compagnies
du Régiment de Picardie qui font
an Mans , eltoient en bataille , Enfeignes
déployées
,
& avoient leurs Offitiers
à leur teste. Les Officiers falüerent
ce Bufte
,
la pique à la main ; on
eut donna enfuite un fort grand diné,
& le zele & la magnificence de ce Directeur
furent fort eftimez. Je fuis,
Madame, voftre
,
&c.
A Paris ce 28. Février. 1687.
MMAY dua05ésAtAd
TABLE DES MATIERES
contenues dans ce Volume.
RElation exacte de ce qui s'eft pagë à
la réception du Roy à Paris. 1
-A Etions de grâces rendues e^pld]tours Mil
les pour l’entier ratablifement de la
Santé du Roy. 73
Eloge du Roy
,
prononcé aux Capucins de
la ru é S. Honoré. 103
^fort du Pere Brachet, Supérieur Gene
ral des Bénédictins , avec un abrégé di
pavie. 114
AutresaCtions de grâces. 133
Servicesfaits endiverfes filles du Royau
me pour le repos de Came de feu Aïonfieur
le Prince. 139
Autres aCtions de grâces rendues en plufleurs
Eglifes de Paris, & en plufeurs
filles de France’ 145
Devises. 197
Sonnets. 184
Hfoire. 139
TABLE.
Murs. 225
Refigntrüons de Chargef, 237
Nouvelles de Penife. 237
Livre nouveau touchant le bon uÇage du
7 hè, du Café , & du Chocolat. 239
Article tiré de la République desLetref.
241
Détail de tout ce qui s ef pafé a LAca
demie Françoife
,
le jour quelle afait,
rendre des allions de grâces pour le retour
delà Santé du Roy , 246
Tout ce qui s'efpafsj au Parlement, le
jour des actions de grâces qui ont efé
rendues dans la grande Salle du Palais,
pour le retour de la Santé du Roy. 273
ALiions degrâces rendues parMrs de PA
s
cademie de Peinture & de Sculpture,
pour le mefmefujet. 29 •
Autres allions de grâces. 369
Mort de Ad. le Maréchal de Crequi. 312
Mort de M. le Duc de Crequi. 315
M. le Duc de Gffvres ef fait Gouverneur
de Paris. 329
Mort de M. le DucTEfrées. 338
Enigmes. 3 43
Ceremonie faite au Mans ou fon a élevé
un Rafle du Roy. 347
Fin de la Table.
Fautes a corriger dans la TheJe Royale
du Mercure deJanvier.
Age 31. I. i. au travail, li/ez, le travail.
P. 34. 1. 8. Empoifonneurs 1676. 1. 1679,
P. 36. 1. 2. d’Amiens ihje'i d’Angers.
P. 71.1.15. dedefordres , /, de fesordres.
P. 71.1. 6. par Loiiis le Grand
, /. par les armes
de Louis le Grand.
Dans la mefme page 1, 14. d'Emsheim , lifez
Deinsheim.
vis pour placer les Figures. LE Plan de la Table du Roy à l’Hô
tel de Ville, doit regarder la page 53
LeJetton doit regarder la page 103.
L’Air qui commence par
murmurer, doit regarder la
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le