Titre
EPITRE. De Madame des Houlieres à M. le Duc de Montausier.
Fait partie d'une livraison
Page de début
30
Page de début dans la numérisation
237
Page de fin
38
Page de fin dans la numérisation
245
Incipit
Le Dieu couronné de pavots
Texte
EPITRE.
De Madame des Houlieres à
M. le Ducde Montaufur.
E Dieu couronné de pavots
Apeinece matin m'avoit abandonnée,
Qu'Apollon à mes yeux encor à demi clos
S'eft fait voir de lauriers la tefte environnée,
Luy que j'avois prié,depuis prés d'une
année',
De ne plus troubler mon repos.
Vien chanter , m'a- t-il dit , vien , il
faut te réfoudre,
A célébrer encor de glorieux Exploits.
31 LOUIS à fon Dauphin vient de pref
ter fa foudre ;
Et ce jeune Heros , dont tout fuivra
les Loix ,
A pour fon coup d'Effay mis Philisbourg en poudre.
Quel plus noble Employ
pour ta voixà
Apollon , à ces mots , m'a préfenté fa
Lyre , (fons.
Dont j'ay déja tiré tant d'agréables
Je l'ay prife ; & malgré les mauxdont
jefoupire ,
Pleine du beau feu qu'il
m'inſpire , Je vais recommencer d'héroïques
chanfons.
IlluAre Montaufier , daigne les faire
entendre.
Au Vainqueur , à qui je les doy.
Sur elles tu fçauras répandre Uncharme , à qui fon coeur fe laiffera
furprendre :
b iv
32
Sers mon zele, & dis-
**
lny pour moy :
La Saifon , la Nature , & l'Art unis
enfemble
On fait pour Philisbourg des efforts
inoüis.
Tu les as furmontez ; par toy l'Empire
tremble ;
Tu reffembleras à LOUIS ,
Grand Prince , s'il fe peut que quelqu'un luy reffemble.
哈哈
Je m'étois attendue à tout ce que tu fais. (racles,
Le Dieu des Vers , dans fes OQuoy qu'on ait dit
jamais.
› ne ment
Lors qu'un Fils vint remplir tes plus
tendres fouhaits,
Apollon par ma bouche annonça les
miracles
Que tu ferois , lors que la paix
A ta fiére valeur ne mettroit plus
d'obstacles.
-33
Tu n'as que trop tenu ce qu'il avoit
promis.
Exposé nuit & jour au feu des Ennemis
On t'a yeû méprifer , en jeune teme- raire ,
Mille & mille volantes morts ,
Et l'on diroit à te voir faire
Que tu crois , qu'en naiffant on ait
plonge ton corps,
Comme celuy d'Achille , au fond des
eaux fatales ,
Qui voyent fur leurs fombres
bords ,
Des Rois & des Bergers les fortunes
égales.
Qu'on vient de découvrir de vertus.
dans ton cœur
Et que tu fais du temps un glorieux
partage!
Que ce partage cauſe &de joye &de
peur !
Reut, onregarder ſans frayeur
34
Les differens perils où ta valeur t'engage ?
Peut-on , fans t'adorer , te voir donnertes foins ,
Tantoft à pourvoir aux befoins
Des Guerriers que la gloire a couverts
de bleſſures ,
Et tantoft à tracer de fidelles peintures
Des grandes actions dont tes yeux
asl
font témoins ?
<
Le Soleil , infortuné Pere
D'un Fils indocile , imprudent ,
Depuis que Philisbourg a fenti ta colere ,
(dent,
Moins lumineux , & moins arD'un cours precipité paffe à l'autre
hemifphere ; (ploy;
11 remplit à regret fon glorieux emTu renouvelles fa trifteffe ,
Lors qu'il te voit conduire avec tant
de fageffe
Les deffeins dont Louis s'eft réposé
fur toy.
35
De quel oil penfes tu que l'Europe
regarde
Ce que tu viens d'executet ?
Tant d'Eftats , qu'en deux mois ton
bras vient d'ajoûter
Aux Eftats que le Ciel te garde,
Luyfont voir tout ce qu'on hazarde
Et tout ce qu'on s'apprête encore de
regrets
Quand on irrite un Roy , de qui rien
ne retarde
Ni les deffeins, ni les progrés.
Quelque loin que ta gloire aujour d'hui foit allée , f
Elle fait le plaifir du plus fage des Rois ,
Quand il voit ta prudence à ta valeur
mcflée ,
Affeurer le bonheur de l'Empire Fran
çois.
Plus feur de fon deftin que ne fut autrefois
b vj
36
Le tonnant Rival de Pelée , 10
Il ne craint point qu'un Fils, efface fes
exploits.
Arrêté une courfe fi belle ,
Aux douceurs du repos la faifon te
rappelle ,
Mars fuit les Aquilons & cherche les
Zephirs ,
Vien fécher les beaux yeux d'une augufte Princelle
Vien remplir fes plus doux defirs:: Ton ardeur pour la gloire allarme fa
tendreffe :
L'inquietude &la trifteffe
En ton abfence ont pris la place des
plaifirs.
Tu jouis , Montaufier , du doux
fruit de tes peines ,
Ton jeune Achille eft triomphant
De l'orgueil des Aigles Romaines ;
Vainement contre lui l'Empire. Le.
défend.
37
Philisbourg , Frankendal , Manhein,
Treves , Mayence ,
Que leurs Dieux n'ont pû garantir ,
Font bien voir,de quel fang le Ciel l'a
fait fortir ,
Et quelle habile main cultiva dés l'enfance ,
Lavaleur du Heros qui vient d'affu
jettir
Et du Necre & du Rhin l'orgueilleu
le puiffance..
Sur nos facrez Autels , on voit fumerl'encens ,.
Pourune fi grande victoire ;
Tout retentit icy du doux bruit de fa
gloire ::
Mais rien n'eft comparable aux tranf
ports que je fens.
Oui , l'amitié , l'eftime , & la recon
noiffance
Que depuis long- temps je te
doy,
38
Me font bien mieux fentir qu'au refte
de la France ,
Unfuccés dont l'éclat réjaillit jufqu'à
toy
De Madame des Houlieres à
M. le Ducde Montaufur.
E Dieu couronné de pavots
Apeinece matin m'avoit abandonnée,
Qu'Apollon à mes yeux encor à demi clos
S'eft fait voir de lauriers la tefte environnée,
Luy que j'avois prié,depuis prés d'une
année',
De ne plus troubler mon repos.
Vien chanter , m'a- t-il dit , vien , il
faut te réfoudre,
A célébrer encor de glorieux Exploits.
31 LOUIS à fon Dauphin vient de pref
ter fa foudre ;
Et ce jeune Heros , dont tout fuivra
les Loix ,
A pour fon coup d'Effay mis Philisbourg en poudre.
Quel plus noble Employ
pour ta voixà
Apollon , à ces mots , m'a préfenté fa
Lyre , (fons.
Dont j'ay déja tiré tant d'agréables
Je l'ay prife ; & malgré les mauxdont
jefoupire ,
Pleine du beau feu qu'il
m'inſpire , Je vais recommencer d'héroïques
chanfons.
IlluAre Montaufier , daigne les faire
entendre.
Au Vainqueur , à qui je les doy.
Sur elles tu fçauras répandre Uncharme , à qui fon coeur fe laiffera
furprendre :
b iv
32
Sers mon zele, & dis-
**
lny pour moy :
La Saifon , la Nature , & l'Art unis
enfemble
On fait pour Philisbourg des efforts
inoüis.
Tu les as furmontez ; par toy l'Empire
tremble ;
Tu reffembleras à LOUIS ,
Grand Prince , s'il fe peut que quelqu'un luy reffemble.
哈哈
Je m'étois attendue à tout ce que tu fais. (racles,
Le Dieu des Vers , dans fes OQuoy qu'on ait dit
jamais.
› ne ment
Lors qu'un Fils vint remplir tes plus
tendres fouhaits,
Apollon par ma bouche annonça les
miracles
Que tu ferois , lors que la paix
A ta fiére valeur ne mettroit plus
d'obstacles.
-33
Tu n'as que trop tenu ce qu'il avoit
promis.
Exposé nuit & jour au feu des Ennemis
On t'a yeû méprifer , en jeune teme- raire ,
Mille & mille volantes morts ,
Et l'on diroit à te voir faire
Que tu crois , qu'en naiffant on ait
plonge ton corps,
Comme celuy d'Achille , au fond des
eaux fatales ,
Qui voyent fur leurs fombres
bords ,
Des Rois & des Bergers les fortunes
égales.
Qu'on vient de découvrir de vertus.
dans ton cœur
Et que tu fais du temps un glorieux
partage!
Que ce partage cauſe &de joye &de
peur !
Reut, onregarder ſans frayeur
34
Les differens perils où ta valeur t'engage ?
Peut-on , fans t'adorer , te voir donnertes foins ,
Tantoft à pourvoir aux befoins
Des Guerriers que la gloire a couverts
de bleſſures ,
Et tantoft à tracer de fidelles peintures
Des grandes actions dont tes yeux
asl
font témoins ?
<
Le Soleil , infortuné Pere
D'un Fils indocile , imprudent ,
Depuis que Philisbourg a fenti ta colere ,
(dent,
Moins lumineux , & moins arD'un cours precipité paffe à l'autre
hemifphere ; (ploy;
11 remplit à regret fon glorieux emTu renouvelles fa trifteffe ,
Lors qu'il te voit conduire avec tant
de fageffe
Les deffeins dont Louis s'eft réposé
fur toy.
35
De quel oil penfes tu que l'Europe
regarde
Ce que tu viens d'executet ?
Tant d'Eftats , qu'en deux mois ton
bras vient d'ajoûter
Aux Eftats que le Ciel te garde,
Luyfont voir tout ce qu'on hazarde
Et tout ce qu'on s'apprête encore de
regrets
Quand on irrite un Roy , de qui rien
ne retarde
Ni les deffeins, ni les progrés.
Quelque loin que ta gloire aujour d'hui foit allée , f
Elle fait le plaifir du plus fage des Rois ,
Quand il voit ta prudence à ta valeur
mcflée ,
Affeurer le bonheur de l'Empire Fran
çois.
Plus feur de fon deftin que ne fut autrefois
b vj
36
Le tonnant Rival de Pelée , 10
Il ne craint point qu'un Fils, efface fes
exploits.
Arrêté une courfe fi belle ,
Aux douceurs du repos la faifon te
rappelle ,
Mars fuit les Aquilons & cherche les
Zephirs ,
Vien fécher les beaux yeux d'une augufte Princelle
Vien remplir fes plus doux defirs:: Ton ardeur pour la gloire allarme fa
tendreffe :
L'inquietude &la trifteffe
En ton abfence ont pris la place des
plaifirs.
Tu jouis , Montaufier , du doux
fruit de tes peines ,
Ton jeune Achille eft triomphant
De l'orgueil des Aigles Romaines ;
Vainement contre lui l'Empire. Le.
défend.
37
Philisbourg , Frankendal , Manhein,
Treves , Mayence ,
Que leurs Dieux n'ont pû garantir ,
Font bien voir,de quel fang le Ciel l'a
fait fortir ,
Et quelle habile main cultiva dés l'enfance ,
Lavaleur du Heros qui vient d'affu
jettir
Et du Necre & du Rhin l'orgueilleu
le puiffance..
Sur nos facrez Autels , on voit fumerl'encens ,.
Pourune fi grande victoire ;
Tout retentit icy du doux bruit de fa
gloire ::
Mais rien n'eft comparable aux tranf
ports que je fens.
Oui , l'amitié , l'eftime , & la recon
noiffance
Que depuis long- temps je te
doy,
38
Me font bien mieux fentir qu'au refte
de la France ,
Unfuccés dont l'éclat réjaillit jufqu'à
toy
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Est adressé ou dédié à une personne
Est rédigé par une personne
Remarque
Édité par Sophie Tonolo dans Antoinette Deshoulières, Poésies, Paris, Classiques Garnier, 2025, no XCIV, p. 266-269.
Fait partie d'un dossier