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1683, 01 (Lyon)
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Bibliothecæ quam Illuſtriſſimus
Archiepifcopus &Prorex Lugdunenfis
Camillus de Neufville Collegio SS .
Trinitatis Patrum Societatis JESU
Teſtamenti tabulis attribuit anno 1693 .
4
807156
MERCURE
GALANT LO
DEDIE' A MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
ANVIER 1683 .
DE
LA
*
1893 *
A LYON ,
Chez THOMAS AMAULRY,
ruë Merciere , au Mercure Galant .
M. DC. LXXXΙΙΙ.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
folos fore food forg , fola foRA Eokg for ES EOFO EX
CATALOGVE DES PIECES
contenues dans le XX.Extraordinaire
du Mercure Galant du
Quartier d'Octobre 1682. donné
au Public le is.Ianvier 1683 .
IL CONTIENT,
i
N Traité de l'origine &de
Un Traité du Secret...
Un Traité de la Converſation .
Une Réponſe en Profe,& une
en Vers, à la Queſtion ,lequel eft
le plus à estimer de l'Homme de
Conversation , ou de celuy de Ca.
binet.
C
Une Réponſe en Vers à la
Queſtion , fi la vengeance produit
de plus dangereux effets dans le
coeur d'une Femme irritée, que dans
celuy d'un homme offende , colou
Une Réponſe en Versy& tune
en Profe , à la Queſtion , s'il est
... aij
mieux feant à un Chrétien de ſe
marier que de fe retirer dans un
Convent, &fi unhomme étant marie
peut aussibien fervir Dieu qu'un
homme retiré dans un Manastere.
Une Réponſe en Profe, & une
en Vers à la Queſtion , quel est le
lien qui unit te Corps àl'Ame.
Une Réponſes en Versa la
Queſtion, fi une Fille riche & laide
, eft à preferer à une autre qui
n'a point de bien , mais qui est belle,
& d'une humeur très douce.c
Une Réponſe en Vers , à la
Queſtion ,fi le fentiment de Phinée
dans l'opera de Persée ; est d'un ve !
ritable Amant , lors qu'il dit qu'il
aime mieux vair Andromede devorée
par un Monstre,qu'entre les bras
d'un Rival.cars ?
Une Réponſe en Vers , à la
Queſtion , fi l'amour qu'on a pour
une Femme , doit empêcher qu'on en
prenne en or pour toutes les belles
Personnes qu'on rencontre.
Vne Réponſe en Vers , à la
Queſtion , comment doit étre fait
un homme pour étre parfaitement
heureux.
-Vne Réponſe en Vers à la
Queſtion,fur l'origine du Droit .
Vne Réponſe en Vers , à la
Queſtion , quellesfont les qualitez
neceffaire's pour la Conversation .
Une Réponſe à la Queſtion ,
quel est l'Autheur des Lunetes.
Une Réponſe d'un Docteur de
Paris au difcours de M.le Franc,
Docteur de Montpellier , ſur le.
fujet de la frequente Saignée.
Le Portrait d'un Homme parfaitement
heureux .
L'expofition d'une premiere
Ecriture Univerſelle .
Un Echantillon du Dictionnaire
Univerſel , ſuivant la methode
commune.
Seconde & troiſiéme Partie de
ce Dictionnaire .
aiij
La maniere d'exprimer les Variations
des mots de ce Dictionnaire.
Vne ſeconde Partie du Di-
Aionnaire Vniverſel , ſuivant la
methode commune.
La derniere Partie de ce Di-
@ionnaire Vniverſel . T
Les Explications de l'Enigme
en Proſe du dernier Extraordinaire.
Pluſieurs Sonnets , & Madrigaux
fur les fix Enigmes des trois
derniers Mois.
Les Noms de ceux qui on expliqué
les deux Enigmes du dernier
Mois.
Vne réponſe à la Queſtion, lequel
est le plus à eſtimer de l'homme
de Conversation . ou de celuy de
Cabinet.
Vne piece en Vers contre la
frequente Saignée.
QUESTIONS A DECIDER
Pour le XXI. Extraordinaire..
I.
I la beauté de l'eſprit , eſt
Splus
celle du corps.
II.
Pourquoy les Nouveautez plaiſent
d'abord, & dégouſtent dans
la ſuite.
III.
S'il faut plus d'Eloquence àun
General pour animer ſon Armée
au Combat , à un Avocat General
, ou autre Orateur, pour perſuader
ſes Juges de la bonté de
la Cauſe qu'il défend , ou à un
Amant pour faire connoiſtre ſon
amour à ſa Maiſtreſſe .
IV.
Quelles ſont les qualitez pour
- bien écrire les Lettres , ou du
ſtile Epiſtolaire .
sent.
V.
Quelle eſt l'origine des Cloches
, & leur antiquité.
Avis pour placer les Figures.
II
L'Ait de
Violon , doit regar-
✓der la page 104.
La Piece de Lut,doit regarder
la page 175.
La Planche des Jetons , doit
regarder la page 182 .
ว
MERCV
:
1
好好好好好好好好好好好好好好
I
15
7
LIVRES NOUVEAUX
du mois de Ianvier 1683. qui
Se trouvent à Lyon chez le Sieur
AMAULRY.
Es Comedies de Plautes traduites
par Mademoiselle Lefebvre
, qui a traduit l'Anacreon,
in 12.3 . vol . sliv.
Le deuxiéme & ttoifiéme
Tome d'Horace, de Mr. Acier, in 12. 2. vol.
4. liv. 10. f.
Lepremier Tome ſe trouve auffi dans la
méme Boutique.
LeDialogue des Morts , in 12. 30. f.
Les Meditations de Dupont , traduction
nouvelle , in 4. 6. liv .
En attendant pluſieurs autres nouveautez
, comme les Arcs de Triomphe , &
la défence de la Langue Françoife. Les
Voyages de Provence , remplis d'Hiſtoriettes
Galantes. Le Portrait des Foibleſſes
Humaines , de Madame de Ville-Dieu.
L'Hiſtoire des Empereurs d'Orient , depuis
Charlemagne , par Mr. Cousin , in4. Et
'Hiſtoire de Charles IX. par Mr. de Var
J
rillas , in4. 2, vol. &pluſieurs autres dont
je vous envoyeray en méme tems.
L'on acheve d'imprimer chez le Sieur
AMAULRY , les Conferances de Monfeigneur
de Luçon , en 3. vol. in 12. tres-bien
imprimées , & fur du beau Papier, que l'on
donnera pour 25. fols le vol. bien relié, c'eſt
3.liv. 15.
f. les trois vol. ledit AMAUERY a
traité dulu Privilege .
УЯЛНАМА
smilt
.for
SmoT
vil
2
1
よしぶ
7
; 2-3
LIVRES NOUVEAUX
qui se trouveront à Lyon chez le
: Sieur A MAULRY; depuis l'année
1678. jusqu'à preſent .
RATIQUE de Pieté , ou
Entretiens pour tous les
jours de l'année, ſuivant les
Maximes de l'Evangile, 12 .
3. vol 2. livr . dix fols .
L'Art Poëtique du Pere
Lamy, 12. 30. fols .
Nouveaux Plaidoyez de M. Patru,in 4. 40.f.
Le Conte d'Effex , Tragedie de l'illuftre
M. de Corneille le jeune, 12. 15. fols.
Les Nobles de Province , Comedie de
Monfieur de.Haute Roche, 10 fols.
Le Comte d'Ulfeld, 12, 10.fols.
Memoires du Marquis d'Almachu , 12 .
2. vol. 20. fols.
Traité des Armes' , des Machines deGuer-
⚫re , enrichies de figures , par le Sieur Gaya,
12.30. fols.
Les Livres de S. Auguſtin de la maniere
d'enſeigner les principes de la Religion , 12 .
2. livres.
Remarque ſur Ecrit dicté à Doüay, in dou
ze, 30. fols.
LaVie & la Mort Chreſtienne par le Pere
Cyprien de Gamache, 12.40. fols.
Gatalogue .
-
La Princeſſe de Cleves, 12. 4. vol. 5. l.
Idem la Critique, 12. 30. fols .
Nouvelles Amoureuſes & Galantes , 12 .
30. fols.
Heures en Vers de l'incomparable Sieur
de Corneille l'aîné, 12. fig . 3. livr.
La Diſcipline de l'Egliſe du P. Thomaffin
, fol . 3. vol. 45. livr.
Architecture Navale, 4. 6. livres .
De Lazarille de Tornes, Traduction nouvelle,
12. 2. vol. 40. ſols.
Jeu Royal de la Langue Latine avec les
Cartes , 8. so.fols.
Nouveau jeu de Carte du Blazon , 30. f.
Hiſtoire de la Chancellcrie par Monfieur
Teſſereau , fol . 15. livres .
Capitularia Regum Francorum Auctoris
Steph. Baluz, fol . 2.vol . 30. livr.
Sentences& Instructions Chreftiennes , tirées
des Oeuvres de S. Aug. par ledit Laval,
12. 7. vol. 15. livr. 15. fols.
Phedre & Hippolite, Tragedie, 12.15. Γ.
Origine des Guerres par P. Linace de
Vaucienne, 12. 2. vol. 4, livres .
Origine des François, 12. 2. vol. 4.1.
Hiftoire du Schiſme d'Angleterre , 12.
2. vol. 3. livr.
Conſeilde la Sageſſe, 12. 30. fols.
Converſiondes Pecheurs, 12.2.1.
Methode de la Penitence , 12. 2. livr.
Maldonat . de Sacramentis , fol . 9. livr.
L'Art de Parler, 12. 30. fols,
L'Avocat des Pauvres de M. Thiers , indouze,
2. livres.
Recher
Catalogue.
Recherches de la Verité, indouze, 3. vol.
6. li vres 15. fols.
Idem , inquarto , 8. livr.
Oeuvres de M. Pradon, 12. 3.1.
Idem deM. Poiffon, 12.40. fols.
Idem de M. Racine, 12. 2.vol. 7.1.
Nouveau Recueil de Comedies, indouze,
20. fols.
Theodori de Poenit. 4. 2.vol . 10. livres.
Medecin à la Cenſure , 12. 30. fols.
Avantage de la Vieilleſſe, 12. 40. fols.
1
Avanture de M. d'Afloucy de France , 12.
2. vol. 3. livr.
-
Idemd'Italie, indouze, 30. ſols..
Priſon dudit, indouze, 20. fols .
-Pensée dudit indouze , 20. ſols...
Recueil de l'Academie , indouze , 6. vol.
9. livres 10. fols .
Combatdes Chreftiens S.Ifidore, 12. deux
livres.
Correction fraternelle, indouze, 2. 1.
Idée de la Morale Chreftienne, 12. 2.vol.
livres .
Prince de Perſe, Nouvelle Hiſtorique , Is.
10. fols.
-. La Rivale, Nouvelle Hiſtorique, indouze,
10. fols. 05
Oeuvresde M. d'Andilly, fol.3.vol. 45.1.
Nouveau Pſeaumes du P. Mege, 8. 4. livr.
La Vie de Sainte Gertrudre , 8. 4. livr.
Union des Ecclefiaftiques avec les Religieux,
8. 20.fols.
Expoſition du S. Sacrement par M.Thiers,
11. 2. vol.4. livr
a ij
Catalogue.
4
Methode de la Geographie par le Sieur
Robbé, 12. 2.vol . 4. livr. مر
Hift. du Gouvernement de Cifteaux , inquarto,
6. livres.
ViedeJESUS- CHRIST par M. l'Abbé S.Real,
inquarto, 4. livr.& indouze, 30. fols.
Defence de l'ancienne Tradition des Egliſes
de France, indouze, 40. fols . clot.os
Aftrée, indouze , 2. vol. Nouvelle Tradu-
Etion, 2. livr.
Methodus Hiftoriarum Anatomico- Medi-
.carum, 12. 30. fols.
Heroine Moufquetaire , indouze,
4 vol. 40. fols.
Jolande de Cicile, indouze,
2. vol. 20. folsat
Voyage de Fontainebleau,
10. fols.
Ambitieuſe Grenadine , indouze,
dix fols .
Comte d'Eflex , 12. 2. vol.
20. fols.
DeM. de
Preſchac.
LesPreceptes Galands de M. Ferrier , indouze,
30. fols.
Nouvelles & faciles inſtructions pour réünir
les Eglifes Pretenduës Reformées , indouze,
30. fols.
Reflexion Chreftienne ſur les Principes de
la Morale, 12. 30. fols.
Maximes de Madame la Marquiſe de Sablé,
indouze.
Confolateur Chrêtien , ou Recueil de Lettre,
indouze, 30. fols.
Fable d'Eſope en Rondeaux par Benferade,
Catalogue.
de , indouze , quarante ſols.
Adventdu Pere d'Affier , 8. 4. li vr.
Vie de S. Ambroiſe par M. Herman , inquarto,
8. livres ..
Nouvelles de Miguel de Cervantes , in- .
douze, 2. vol. 3. livr.
Hift . des Amazones, 12. 2.vol. 10.fols.
-Les Promenades de Livri , 12. 2.vol. 20.f.
Meroüé fils de France, 12:10 . fols .
Alfrede Reyne d'Angleterre , 12. 10. fols.
De l'Origine des Romans de Monfieur
Huet, indouze, 30 fols
D. Juan d' Autriche, indouze , 30.fols.
Memoires d'Hollande, indouze, 30. fols.
Relation des Religieux de la Trape , indouze,
30. fols .
Relation du Siege de Grave avec le Plan,
indouze, 30 fols . swite 1
Conduite du Sage, indouze, 2. vol. 4.livr.
Remarque fur-la Theologie Morale deM.
Genett , approuvé par M. de Grenoble , 12 .
2. vol.40. fols.
La veritable forme du Sacrement de l'Euchariftie,
de M. Arnaut, 8. 30. fols.
La Vie Chreftienne , ou les Principe de la
Vie Chreſtienne , tres-utile & neceſſaire à
toutes fortes de perfonne , 24.
L'Academie des Sciences &des Arts pour
raifonner detoutes choſes , indouze , 3. vol.
4. livres 10. fols.
Oeuvresde Grenade, fol. 2. vol .
Defonſe du Renverſement de la Morale
d'un Particulier , 12.30. fol . 01
Horace Traduction nonvelle , 12.22..7V.4.1.
a išj
Catalogue.
Critique du Voyage de Grece de M.Spon ,
Medecin&Antiquaire , indouze , avec une
Carte en taille douce, 30. fols.
Le Pilote de Londe-Vive , ou les Secrets
du Flux &Reflux de la Mer, contenant XXI .
Mouvemens&du Point fixe d'un Voyage
abregé des Indes , & de la Quadrature du
Cercle, compoſez ſur les Principes de la Nature
, nouvellement découvertes , & mis en
lumiere par Marhurin Eyquem , sieur du
Martineau ; Outre que ce Livre montre par
des Syſtemes nouveaux , faciles & dont on !
n'a jamais parlé , ces points qu'il eſt ſçavant,
curieux,&plaiſant à lite. Les Doctes en
choſes naturelles croyent qu'il montre la
Medecine Univeiſelle ſous des figures & des
principes familiers , ce qui luy donne de la
reputation , ce Livre eſt indouze , imprimé à
Paris,& le vend 30. fols, relié.
LIVRES
L
NOUVEAUX
:
de l'Année 1679.
(3.14
ANoble Venitienne , & le Nouveau
Jeu de la Baffète , où les Perſonnes de
qualité de la Cour ſont nommées , par M. de 3
Preſchac, indouze. 10. fols.
NouvelleGalantes du temps, contenant, la
Jaloufie Flamande , & le Mary heureux
Amant,deMonfieurdde Prefchac,1122.: 10. fols.
Les Exilez de Madame de Ville Dieu, tout
rechangé & augmenté de deux Volumes in-
12.6.vol.impreffion de Paris,ils ſe vendent 6.1 .
Idem
Catalogue.
- Idem impreffion de Lyon , bien imprimé,
de la meſme lettre du Mercure , les 6.
vol. reliez en 3. & ſe vend 45. ſols .
Les 5. & 6. Tom. ſeparez ſe vend 20. fols.
Hiftoire du Serrail , auſſi nouvelle Edition ,
augmenté d'un tiers, indouze, fix volumes, ſe
vendent fix livres.
Anne de Bretagne Reyne de France , Tragedie
de M. Ferier, qui a fait les Preccp.es
Galants, 12. ſe vend 15. fols.
-
Differtationes Philoſophicæ in 12.
Nouvelle. Ameriquaine , Hiſtoire veritable
, indouze, 2. vol. 20. fois.
LeNouveau jeu de l'Ombre, 12. 10. fols.
La Priaceſſe de Montpenfier , indouze , de
l'Autheur de la Princefle de Cleves , avec
des vers à la fin ſur la Paix , par M. de Corneille
l'Aifné, 12. fols.
LesOeuvres Chrétiennes & Spirituelles
de M. l'Abbé de S. Cyran , 12. 4.vol . 6.livr .
Le 4. Tome ſe ſepare, indouze, 30. fols.
Le Journal des Saints du R. P. Groſez de
la C. de Jesu , reveu , corrigé & augmente,
nouvelle Edition, indouze, 3.vol. so.fols.
Le vray Devot conſideré à l'égard du Mariage
, & des peines qui s'y rencontrent , indouze,
20. fols.
t
Du culte des Saints , & principalement
de la tres- ſainte Vierge , par ces Meſſieurs,
inoctavo, 4.1.
Levray Devot en toute forte d'état ſelon
l'Ecriture ſainte, & les Peres de l'Eglife, inoctavo
, 4. livres.
Le troiſiéme Tome du Roman Comique de
a iiij
Catalogue.
Monfieur Scaron,par M.dePreſchac, 12. 30.f.
Traité des Superftitions ſelon l'Ecriture
fainte . Les Decrets des Conciles , & lesſentimens
des Saints Peres & des Theologiens,
par M. Thiers, indouze, 40. fols.
L'Hiftoire de France & l'Origine de la
MaiſonRoyale par le P. Adrien Jourdan de
la Compagnie de Jesus , inquarto, 3 vol.18.1.
L'Oraiſon Funebre de Monfieur le Premier
Preſident de Lamoignon, par Monfieur l'Abbé
Flechier.
Hiſtoire de Theodoſe le Grand par le même
, 3. livres.
Voyage de la Terre Sainte , avec des remarques
pour l'intelligence de la ſainte
Ecriture, indouze, 3. livres.
Nouveaux Elemens des Sections Comiques,
lieux Geometriques , &c . par l'Academie
Royales des sciences, indouze. so. fols.
Traitez de Mechanique, de l'Equilibre, des
Solides & des Liqueurs, duP.Lamy, 12. 30.f.
La Contrecritique de la PrinceffedeCleves,
indouze , 20. fols.
Le Courier d'Amour, indouze, 10.f.
L'Education desFilles, 12.40. ſols.
Nouvelles Maximes ou Reflexions Morales,
indouze, 20. fols.
Cafimir Roy de Pologne , Hiſtoire veritable&
nouvelle, indouze, 2.vol . 30. f.
Le Triomphe de l'Amitié , par Monfieur
de Preſchac, 12. 10. fols.
Derniere Campagne de Flandre & d'Allemagne
juſqu'à la Paix, indouze , 30..
Voyage de Monfieur Pirard de Laval aux
Indes
Catalogue.
Indes Orientales , Maldives , Moluques ,&
au Brefil , & les divers accidens qui luy ſont
arrivez , inquarto, 6. livres.
Hiſtoire Sainte de Gautruche , indouze,
4. vol. 6. livres.
Caffiodori Opera, fol . 2.vol. 15.1.
Dictionaire Pharmaceutique , ou plutôt
Apparat Medico-Pharmaco- Chymique , ouvrage
curieux pour toutes fortes de Perfonnes,
utile aux Medecins, Apoticaires &Chirurgiens
, & tres- neceſſaire pour l'avancement&
l'inſtruction des jeunes Gens , qui
s'addonnent à la Profeſſion de la Pharmacie,
&particulierement de ceux qui ne poffedent
paspleinement la Langue Latine, par le Sieur
deMeuve Docteur en Medecine , Conſeiller
& Medecin ordinaire du Roy , in- octavo,
2. vol.3 1.10. fols.
Réponſe à la Critique publiée par Monfieur
Guillet , fur le voyage de Grece de Jacob
Spon , avec quatre Lettres ſur le meſime
ſujet. Le Journal d'Angleterre du Sieur Vernon
,& la Lifte des Erreurs commiſes par
Monfieur Guillet dans ſon Athenes Ancienne&
Nouvelle, indouze, 20. fols.
Aſſociation fur la Paſſion de N. Seigneur,
indouze avec des figures.
La meſme, in vingt- quatre ſans figures.
Regles de la Diſcipline Eccleſiaſtique, recueillies
des Conciles des Synodes de France,
& des Saints Peres, indouze, 30.fols.
Inftructions Chreftiennes ſur le Mariage
& fur l'éducation desEnfams, 12. 30. fols.
La Vie de S.Ignace,par le P.Behour Jeſuite.
Catalogue.
La Foy des derniers fiecles , du Pere Rapin,
indouze.
Methode pour converſer avec Dieu , de
l'Autheurdu Conſeil de la Sageſſe, 20. ſols.
La Hardie Meſſinoiſe, 12. 12 fols.
Dom Sebaftien Roy de Portugal, indouze,
15. fols.
Relation curieuſe de l'état preſent de la
Ruffie, indouze, 40. fols.
Arithmetique de le Gendre, inquarto , nou-
V elle Edition augmentée, 4. livres.
Amours des grands hommes , de Mademoiſelle
de Ville-Dieu, 12. 6. vol. reliez en
trois, 45. fols.
L'Hiſtoire d'un Eſclave qui a eſté quatré
années prifonnier , 10. fols .
Le Mariage de la Reyne d'Eſpagne , indouze,
20. fols.
Originedu Blazon du Pere Meneftrier, indouze,
2.vol. 4. livres.
Memoire de l'EmpireOttoman , indouze,
2. vol. 20. ſels.
Lettres Portugaiſes ,avec les Réponſes, indouze,
2.vol. 20 fols.
Hiſtoire de la Reünion de Portugal , indouze,
2. vol. 4. livres .
Criſpin Precepteur, Comedie, 12. 15. fols.
LesNouvelles de la Reyne d'Angleterre,
indouze, 2. vol. 25. fols.
La Ville & Republique de Venise , in 12.
Ce n'eſt pas l'Hiſtoire de Veniſe de Nani,
c'eſt l'Hiftoire de la Ville & Republiquede
Veniſe, tres-bien écrit, 50. ſols.
La Devotion vers Nôtre Seigneur Jesus-
CHRIST,
Catalogue.
CHRIST , pour ſervir de lecture à l'Homme
d'Oraiſon pendant tout le cours de l'année
par le Reverend Pere Noüet , 4. 3.vol. 16. 1.
Recueil de diverſes Retraites , premiere,
ſur la qualité d'Enfant de Dieu ; La feconde
, ſur l'Habitude de la preſence de Dieu;
La troiſieme ,ſur le dépoüillement du vieil
Homine, indouze, 30. fols.
LIVRES NOUVEAUX
de l'année 1680.
A veritable Devotion envers la Sainte
LViergeblie défenduë par le Pere
Craffet Jefuite, inquarto, 5. livres.
La Devinereſſe ou le faux Enchantement,
par l'Autheur du Mercure Galant , indouze,
avec neuffigures, 30. fols .
Viedu Cardinal Commandon par Monfieur
l'Abbé Flechier, indouze , 3. livr .
Le Chreftienqui veut eſtre ſauvé, 24. 20.
L'Illuftre Parifienne de Monfieur de Prefchac,
indouze , 2. vol . 20.ſols .
Hiftoire de la Conqueſte d'Eſpagne par les
Maures, indouze, 2. vol .
Meditations pour tous les jours de la Semaine
fainte, indouze , 20. ſols.
Des obligations des Eccleſiaſtiques, tirées
l'Ecriture fainte & des Saints Peres de l'Eglife
& de S. Chriſoſtome , 12. 40. fols.
Le Journal Amoureux par Madame de Ville-
Dieu, indouze, 6. vol. relié en trois , 45.f.
Federic Prince de Sicile, 12.3 . vol. 36.f.
Lettre d'un Eccleſiaſtique à un Minittre
de
Catalogue.
delaReligionPretenduë Reformée pourſervir
de Réponſe à diverſes Questions qui luy
onteſté faites par ce Miniſtre, dans lesquelles
il traite& prouvepluſieurs Points importans
de la Religion, par la doctrine de S.Cyprien,
avec une Differtation du mefine Ecclefiaftique,&
d'un des principaux du Confiftoirede
Charanton& une liste tres curieuſe desEvéques
de Rhodes & de Vabres, indouze.
Adelaide de Champagne, 12. 4.vol.so. f.
Cleon ou le Parfait Confident, 12. 12. f.
Le Conte Genevois , indouze , 12. fols .
La Valiſe ouverte, in 12. Preſchac, 12. f.
Le Voyage du Royaume de Congo , indouze,
20. fols.i
Reflexions ſur la Mifericorde de Dieu de
Madame la Valiere .
LesMadrigaux de M.la Sabliere, 12. 15.f.
Les Peintures Sacrées de la Bible , indouze,
3. vol. 4. livres 10. fols figures .
Le Gridelin , dedié à Madame , la Dauphine,
dePreſchac, indouze, 12. fols .
Memoires touchant la Religion par Monfieur
du Pleffis Praflin Eveſque de Tournay,
indouze, 2. vol. 35. fols.
Le Voyage de la Reyne d'Eſpagne , indouze,
2. vol. Prefchac. 20. fols.
Converſations ſur divers ſujets par Mademoifelle
Scudery , indouze. 2. vol. so. f. de
Lyon,& 6. livres de Paris .
Projet de Conference fur diverſes matieres
de Controverſe , 12. 30. fols .
LesNouvelles de Dona Maria de Zayas,
traduit de l'Eſpagnol en François, indouze,
savol. z.livres. La
Catalogue.
La Vie & Actionsde Monfieur l'Eveſque
de Munſter, indouze, 20. (ols.
Le Nouvel Eſtat de la France , avec la
Maiſon de Monſeigneur & Madame la Dauphine,
indouze, 2. vol. 4. livres,
Les Penſées pieuſes, troifiéme Edition, s.f.
Le Quinte Curce de Vaugelas de Monfieur
d'Ablancourt , Nouvelle Edition, in 12.
2.vol. groſſe lettre, 4. livres .
Eclairciſſement Apologetique de la Morale
Chreftienne , touchant le choix des
Opinions avec des Reflexions ſur des Remarques
du Sieur I. Remonde , composépar
l'ordre de M. l'Eveſque de Grenoble, 12. 3.f.
Les Oeuvres de Madame la Comteſſe Lazuſe,
12. 4.vol . nouvelle Edition, 4. liv. 10.f.
Le Nouveau Praticien François , inquarto,
4. livr. 10. fols.
Les Deviſes du R.P.Meneftrier , in 8. so.f.
Les Dominicales de Texier , in- octavo ,
2. vol. 6. livres.
- Idem les Panegyriques, oct. 2.vol. 6.t.
Les Ceremonies Nuptiales de toutes les
Nations, indouze, 20. fols.
Reflexion ſur l'Oraiſon, 12. 20. ſols.
JESUS Penitent, indouze, 30. fols.
Horlogiographie du Pere Feüillant de la
Magdelaine , nouvelle Edition , in-octavo ,
figures 3. livres.
Le Conte de Richemont, HiſtoireGalante,
indouze, 12. fols
Les Memoires Galans ou les Amours d'une
perſonne de qualité, 12. 15. fols.
Deſcription de la France de du Val, indouze,
20. fols. Vies
Catalogue.
Vies depluſieurs Saints illuftres de M. Arnaud
d'Andilly , 12.40. fols.
Pratique de pieté ou les Conduites de la
Vie Spirituelles , ſuivant les Maxime de
l'Evangile , diviſées en divers Entretiens
pour ſervir de Meditations pour tous les
joursde l'Année par le R. P. le Mailtre , 12 .
2. vol. 30. fols.
La Découverte de l'Admirable Remede
Anglois pour la gueriſon des Fiévres par M.
deBlegny, 12. 20. fols.
Revolutions de l'Estat Populaire en Monarchie,
parile Different de Cefar & de Pompée
par Monfieur de Martignac , 12. 20. fols.
Antonij Dadini Altaſſerræ , Notæ & Obſervationes
in Anaftafium de vitis Romanorum
Pontificum, in 4. 10. fols.
Le Chemin de perfection de ſainte Thereſe
, traduit par Monfieur l'Abbé Chanut ,
inoctavo, z. livr.
Le Voyage d'Italie , nouveau & curieux,
avec deux Liftes des Sçavans & Curieux de
toute l'Italie par Monfieur Spon, Docteur en
Medecine de Lyon , vingt ſols.
Lettres Chreftiennes& Spirituelles deM.
Varet Grand Vicaire de feu M. de Condren
Archevéque de Sens, in 12. 3. vol. 6. livres.
Traité de la Grandeur en general , qui
comprend l'Arithmetique, Algebre , l'Analyſe
,& les principes de toutes les Sciences,
qui ont la grandeur pour objet,par le P. Lamy
de l'Oratoire , indouze, 40. fols .
Dictionarium novum Latinum & Gallicum
,par Monfieur l'Abbé d'Anet pourMonſeigneur
Catalogue.
feigneur le Dauphin , augmenté d'un tier à
cette nouvelle Edition , & mis le tout par
ordre Alphabetique , inquarto, 6. livres.
Origine des Noms par Monfieur la Rocque,
indouze, 30. fols.
Theatre des beaux Eſprits, 12. z.vol. 40.
Hiſtoire de Veniſe de Nani , traduit par
Monfieur l'Abbé Tallement, indouze , 4. vol.
10. livres.
Semaine Sainte de la bonne Traduction
de toutes grandeurs.
Inſtructions Spirituelles pour la guerifon&
la conſolation des Malades par Craffet , indouze,
2.vol. 3. livres.
LIVRES
L
NOUVEAVX
de l'Année 1681 .
Es Satyres de Juvenal, in 12. 2.vol. Traduction
nouvelle , Paris , 5. livres , &
de Lyon, 50. fols.
LeGrand Soliman, Tragedie , 12 15. fols.
L'Egliſe Romaine reconnue toûjours des
Lutheriens, pour vraye Egliſe de Jesus , inoctavo,
40. fols.
Inſtitutiones Juris Canonic. par Monfieur
de Roye, in 12. 40. fols.
Les Foux divertiſſants de Monfieur de
Poiffon, Comedie , indouze , 15. fols.
La Comete, Comedie, 15. fols.
Inſtruction Chreſtienne ſur les Myſteres
deNoſtre Seigneur Jeſus - Chrift Nouvelle
Edition, augmentée & corrigée en beaucoup
d'endroits in 8.5 . vol.15. live.
Catalogue.
Moyensde ſe guerir de l'Amour, Conver
ſation galante , indouze, 15. fols.
Traitté du droit de Chaſſe , 12.20. fols. )
Zaïde, Tragedie par Monfieur l'Abbé la
Chapelle, 12. 15. fols.
DeMarca Opufcula , in octavo 3. livres.
Cofmographie aifée contenant la Sphere
l'uſage duGlobe Terrestre,& laGeographie
en faveurde la Nobleſſe, 12.30. fols.
La Vie du Pere Charles Spinola , de la
Compagnie de Jeſus, 12. 25. fols .
La Douce & Sainte Mort,par le P. Craffet,
de la Compagnie de Jeſus, 12., 30. fols .
La Science & Pratique du Chrétien par
Monfieur Boudon, 12. 20. ſols.
La Philofophiedes Gens de Cour , 12 .
Difcours ſur l'Hiſtoire Vniverſelle, à Monſeigneur
le Dauphin , pour expliquer la ſuite
de la Religion , & les changemens des Empires
, depuis le commencement du Monde ,
juſques à l'Empire de Charlemagne, par M.
Boſſuet, Eveſque de Condom , in 4. 6. livr .
Les Carroffes d'Orleans , Comedie , par
Monfieur l'Abbé la Chapelle, 12. 15. fols.
Philoſophia Vetus & Nova ad usu Scholæ
accommodata,par Monfieur l'Abbé Colbert ,
augmentéd'un tiers en cette nouvelle Edition
, 12. 6.vol. 10. livres.
Les Lettres de M. de Bongars , Latin Fran.
çois, Nouvelle Edition, 12. 2. vol. 4. livres.
Hiftoire d'Henry IV. 12..Nouvelle Edition,
40. fols.
Methode pour lire Chrétienement lesPoëtes
ſuivant l'Ecriture Sainte & les Peres , du
Pere Tomaffin , 8. 3.vol. 10.livr. 10. fols.
Catalogue,
Dictionaire François de Richelet. 4. 2.vol.
Poëfies & Pensées Chrétienes,par Monfieur
l'Abbé Gouffaut, 12.30. fols.
Difcours prononcé parMonfieur de Launay,
Advocat en Cour, indouze , 15. fols.
Le Virgile , traduit par Monfieur l'Abbé
de Martignac , avec pluſieurs figures entailles
douces , 3. vol. 7. livres 10.fols.
La Vie du Duc de Guiſe, in 12. 30.fols .
Ammiani Marcellini Opera, fol. 12.livres.
Un nouvel Horace , avec des Remarques,
indouze, 2. livr. 5. fols .
L'Homere , Traduction nouvelle par Monfieur
l'Abbé de la Valtrerie, en 4. vol.12.10.1.
Officina Latinitatis, inquarto, 6.livres.
Diſcours du Chevalier Digbi de ſa Guerifon
des Playes par la Poudre de Sympathie,
nouvelle Edition, indouze, 30.fols.
Cicutæ Aquaticæ Hiſtoria, & Noxx Commentario
illuſtratæ à Jacobo VVepphero,
Med.Doct.Scaphuſiano, inquarto .
La Princeſſe de Fez , 2. vol. 12. 1. livres.
Lebeau Polonnois , par Monfieur de Prefchac
, 12. 12.fols .
Remedes Charitables , de Madame Fouquet,
augmentez d'un tiers en cette nouvelleEdition,
20. fols .
Les Caprices de l'Amour , par Mademoiſelle
de Villedieu , 2.vol. 1.livre.
Plaidoyers de Monfieur Patru , augmenté
de ſes Oeuvres diverſes , oct. 2.vol. 5.4 10.f.
Artifices des Heretiques, 12. 2.livres .
La Comparaiſon de Thucydide & de Tite-
Live, du P. Rapin, indouze, 30. fols .
Memoires
Catalogue .
Memoires du Chevalier de Terlon , 2.v.4.1 .
Mariagedu Duc de Savoye avec
l'Infante
dePortugal ,par l'Autheur du Mercure Galant,
12. 20. fols.
Les Entretiens Galans, 2.vol. 12. 30 f.
Repreſentations en Muſique , du P. Meneſtrier,
12. 30 fols.
Traité de la Cloſture des Religieuſes , de
Monfieur Thiers , indouze, 40. fols.
Ecclefiæ Græcæ Monumenta , Tomus ſecundus
, Studio atque Opera Joannis Baptiſtæ
Cotelerij , inquarto.
LaCircé de Jean-Baptiste Gelly, traduit en
François, indouze , 30. fols .
La Methode Latine de ces Meffieurs , nouvelle
Edition augmentée , octavo , 4.liv .
Le Voyage de Texeira , ou l'Hiſtoire des
Roys de Perſe, 2. vol . 3. livres.
Le Prix de l'Academie de 1681. 12.30.f.
Le 2. Tome des Ordonnances des Aydes
&Gabelles, 12. 1.livr. 5.fols.
La Beauté de l'Eſprit, comparée à celledu
Corps, Traduction nouvelle , 25. fols.
Le Meflager Celeſte , Extraordinaire de
M.de Blegny, 30. fols.
La Princeffe de Milan de Monfieur de
Preſchac , indouze , 12. ſols.
La Conduite du Sage dans les differens
Etats de la vie, 2.vol . 3. livres.
Des Ballets anciens & modernes felon les
Regles du Theatre, du P.Meneſtrier, 12. 30.f.
La Vie de Chriſtophle Colomb,avec laDécouverte
qu'il a faite des Indes Occidentales,
vulgairement appellées le NouveauMondes2.
vol. in 12. 3. livr, 10. fols. Les
:
;
E
Catalogue.
Les Lettres Familieres de Monfieur Conrard
à Monfieur Felibien , 12. 30. fols .
Le Prudent Voyageur, 12 3.vol. 4.1. 10. f.
Homelies fur les Dimanches & Feſtes de
l'Année, par feu M.Godeau, in 4. 6.livr.
Les Preuves de Nobleſſe du R.P. Meneſtrier
, c'eſt le 3. Tome des Blaſons de fon
grandOuvrage, indouze, 2. livres.
Criſpin belEſprit, Comedie, 12. 15. fols.
Les fragmens de Moliere, 12. 15.fols .
Theophili Anteceſſoris Inftitutionum, Libri
quatuor, Auctore Doujacio, 12. 2.vol. 4.1.
Marie d'Anjou Reyne de Majorque , du
Sieur S. Bremont Auteur du double Cocu,
12. 4. vol. Lyon, 50. fols.
Lettres deMonfieur le Chevalier de Méré,
indouze, 2.vol. 4.livres.
La Comteſſe de Salisbury, Nouvelle d'Angleterre,
2. vol. indouze, 25. ſols .
LIVRES NOUVEAUX
de l'Année 1682 .
Es Poëfies d'Anacreon &de Sapho, Traduites
Remarques,par
Mademoiselle le Fevre ,indouze , Grec & François
, 45: fols.
IdeGrec en François , avec des
Poëme du Quinquina de Monfieur de la Fontaine,
indouze,45.fols .
PerefiusSuper Institutiones, 12. 40.fols .
Hiftoiredes Homines illuſttes Grec & Romain
dePlutarque ,12. 2.vol. 4.livr.
Les Memoires de la Religion de M. l'Eveſque
deTournay, indouze, 2.vol. 35.fols.
La Cleopatre , Tragedie de Monfieur de la
Chapelle, 12. 15 fols.
Le
Catalogue.
LeGrandHercule, Tragedie, 12. 15.fols.
Memoires Generaux pour l'execution des nouvelles
Ordonnances diviſez en deux Parties , inoctavo,
30. fols.
Le Remede Anglois pour la guerifon des Fiévres,
publié par ordre du Roy, avec les Obfervationsde
Monfieur lepremier Medecin de SaMajefté
ſurla Compofition, llees Vertus ,&l'uſagede
ce Remede, par M.de Blegny, 12. 20.fols .
Nouvelles explication dela Gangrene proposée
& demandée par Meſſieurs de l'Académie de
Paris , in octavo, 20. fols..
Hiftoire de Mahomet , ſecond Empereur des
Turcs, par M. Guillet , 12. 2.vol. 4. 1. 10. fols ,
Nouvelle Methode Grecque , nouvelle Edition,
inoctavo , 4. livres .
La connoiffance certaine , & la prompte &
facile guerifon des Fiévres , avec les Particularitez
,& utile fur le RemedeAnglois , par Monfieur
de Blegny, 12. fols .
La Vie de S.Fran .Xavier du P.Bourg, in-4. 6.1.
Rapini Opera omnia, 12. 2. livres .
Morini Antiquitates Eccl Ortentatis, 8.31.10.6.3
Le Commerce Galant ou Lettre tendre & Galantede
la jeune Iris& de Timandre , 12. 3.1 .
L'Hiſtoire de Sultan Mahomet quatrieme ,
treiziéme Empereur des Turcs , traduit de l'Anglois
du Sieur Ricaut ,par le Sieur de Rozemont.
indouze, 4.vol. 10. livres .
Hiftoire de Uſcoques, indouze, 45. fois.
Reflexions fur le Portrait du Roy , parM.Ma
réchal Avocat en Parlement, 12. 12.fols. T
La Ducheffe d'Eſtramene , 12.2.vol . 25.fol.
Hift. de la Ville & de l'Estat de Genève parM.
Spon, 12. 2.vol.reveú, corrigé & augmenté,nouvelle
Edition , avec pluſieurs figures en tailles
douces, 50, fols.
Le fameux Voyageur de Monfieur de Prefchac,
indouze, 25. fols .
Epistolarum Innocentij III . Romani Pontificis libri
undecim,accedunt Gesta ejusdem Innocentij,&
prima
Catalogue.
A
prima collectio Decretalium compoſita à Rainerio
Diacono, & Pompoſiano auct. Stephanus Balufius,
fol. 2. vol . 24. livres .
Hift. des Edits de Pacification , & des moyeus
que les Pretendus Reformez ont employez pour
les obtenir, contenant ce qui s'eſt paſsé de plus
remarquables depuis la naiſſance du Calviniline
juſqu'àpreſent ; avec la réponce àun nouveau
Libelle, intitulé Les derniers efforts de l'Innocence
affligée,par le Sieur Soulier Prêtre. Ce Livre eft
tres- curieux&ſçavamment écrit, inoct.3. livr.
Les Moeurs des Chretiens,parMM..FFlleeuurryyPrêtre,
PrecepteurdeMonſeign.de Vermandois , 12.40.f.
LesMoeursdes Iſtaëlites par Monfieur Fleury,
indouze, 30.fols.
AcademieGalante, 12. 30. fols .
Recüeil des Edits, Declarations & Arrefts, qui
ont eſté donnez fur diverſes occurrences concernant
lajufticedepuis le premierde Janvier 1678 .
juſques au dernier de Mars 1682. inquarto.
Oraifon Funebre de Madame de Rohan Abbefſe
de Malnouë , par Monfieur l'abbé Anfelme,
inquarto, 20. fols.
Traitéde l'Euchariftie , ou Réponce à l'Ecrit
de M. C. Miniftre de Charanton fur la prefence
Réelle, indouze, 20. fols :
Les Voyages de Jean Struys en Moſcovie , en
Tartarie, en Perſe, aux Indes ,& en pluſieurs autres
Païs Etrangers, accompagnez de Remarques
particulieres fur la Qualité, la Religion , le Gou
vernement, les Coûtumes & le Negoce, &c . avec
laRelation d'un naufrage , dont les ſuites ont
produits des effets extraordinaires en 3. vol.indouze,
avec 29. figures en taille douce, 4.1. 10.f.
Relation dela Řivieredes Amazones , traduite
par Mde Gomberville de l'Academie Françoiſe,
avec une Differtation fur la meſime Riviere, pour
fervirde Preface, indouze, 4. vol . 5. livres .
Zelonide Princeffe de Sparte,Tragedie, 12. 20.f.
La Ruë S. Denis, Comedie, 12. 15.fols.
L'Hiftoire deDom Quichot de la Manche,
traduction
Catalogue.
traduction nouvelle avec 18. fig . en taille douces,
6. livres.
4
Ata Eruditorum Lipfie publicata. 40 Lipfia,
1682.C'eſt un Journal des Sçavans, qu'on a commencé
à faire cette année en Allemagne , où l'on
verratout ce qui s'imprime de livres curieux,
non ſeulement en Allemagne , mais aufli en Angleterre,
Hollande, Suede, Danemarc , & italie,
fans oublier meſme ceux de France , avec des
Obſervations de Mathematiques, de Phyſique
&de Medecine , & des figures preſquedans tous
les Journaux. On n'en donnera un chaque Mois,
&ils auront environ cinq feüilles chacun. Jay
les quatre premiers mois, 15. fols piece.
Miscellanea erudita Antiquitatis Sectio 1 1. do
Baccho, Sileno , Satyris , Faunis , Muſis ,, Manadibus,
Fanaticis, Sortilegis , Nymphipiss Hercule,
Explicatio Muſivi antiqui Lugdunensis Item Sectio
111. IIggnnoottorum Deorum ara, cui adjecta estdiffertatio
de Tripodibus fol . cum multis figuris : par
Monfieur Spon , qui avoit donné il ya deux ans
la premiere Section. Ces deux ont 24. feüilles,
& 19. planches; il ſe vendent 50. fols lesdeux.
TraitédelaCommunion ſous les deux Eſpeces,
parMeilire Benigne Boſſuet Evéque de Meaux,
indouze, 45. fols.
Sentences & Instructions Chrêtiennes, tiré des
Oeuvresde S. Jean Chryfoftome par le sieur de
Laval , indouze, 2,vol. 4.livres 10. fols.
TroisTraitez de Controverſes par M. Mainbourg,
indouze, 45. fols .
Abregéde lanouvelle Methode Grecque par
ces Meilieurs, indouze, 30. fols.
De l'Amedes Plantes,de leur naiſſance ,deleur
nourriture , & de leurs progrez , Effay de Phyſifique
par Monfieur de Du , Docteur en Medecine
deMontpellier, indouze, 15. ſols .
Le nouveauPraticien Françoisde Monfieurde
•Ferriere; inquarto, s . livres.
La Science des Notaires auſſi de Monfieur de
Ferriere, inquarto , 4. livres .
Les
Catalogue.
Les Inſtituts de Juftinian par Monfieur de Ferriere,
indouze, 2.vol . 4. livres .
Abregéde la Juriſprudence Romaine parMonſieurColombet,
inquarto, 3.livr. 10. fols.
Hiſtoiredes Mazures de l'Abbaye_Royale de
l'Ifle Barbe les Lyon, par Monfieur le Laboureur,
inquarto, 2.vol.7. livres.
Theatrede la Turquie , où ſont repreſentées
les Chofſes les plus remarquables
aujourd'huy touchant les
qui s'y paffent
Moeurs , leGouvernement
, les Coûtumes & la Religion des Turcs ,
inquarto , 6. livres .
Nouvelle Methode pour dreſſer les Chevaux
en ſuivant la Nature & meſime la perfectionnant
par la ſubtilité de l'Art,par M.Solciſel , 4. 4.livr.
Ceremonie des Juifs , Nouvelles Edition augmentée
de plus de la moitié , indouze ,45.f.
La Querelle des Dieuxſurla Groſſeſſe de Madame
laDauphine , indouze, 20. fols.
Journéemeinorable des François,12. 2. vol. 3.1 .
Viedes Saints , inquarto , de Meſſieurs du Port
Royal , s . livres .
Voyaged'Italie, par Laſſel , indouze , 2. vol.
augmenté, 3. livres 10. fols.
Les oeuvres de Meſſieurs de Corneille, indouze,
9 vol. nouvelle Edition , 18. livres.
Le Chrêtien en ſolitude par le Pere Craffer,
indouze , 40. fols.
Relation del Apoſtaſie deGeneve , 12. 25.f.
Art de Preſcher à un Abbé , s . fols.
Le Predicateur Evangelique , 12. 5. vol. 9.1 .
LesCeſa.s invitez à la tabledes Dieux, Satyre
ingenieuſe, indouze, 20. fols.
Oeuvres Poſthumes de M. Rohault, in 4. contenant
les Elemens d'Euclide , la Geometrie Pratique,
le Mechaniques , la Perſpective & l'Arithmetique,
9. livres.
Eclairciſſemens ſur le Diſcours de Zachée à
Caracteres de l'Homme ſans paſſions felon les
Jeſus-Chrift, 12. Paris, 20. fols .
ſentimensde Seneque , 12. 30. fols.
Difcours
Catalogue.
Diſcours Politique des Roys de Scudery , in
douze, 40. fols .
L'Art de tracer des Cadrans par Monfieur de
laHire, 30. fols.
2
Des Offices de Judicature en general parMonfieur
Borion ,12. 30. fols.
Poëfies nouvelles, indouze, 20. fols.
Hift.de Baviere par M.le Blanc, 12.4.vol . 7.1 .
Lettres fur la neceſſité de la Retraites écrites à
diverſes perſonnes par le Pere le Valois Jefuite,
indouze,20. fols.
L'Optique, divisée entrois Livres, où l'on démontre
d'une maniere aisée tout ce qui regarde
premierement la F Propagation&les proprierez
Premiereme
la lumiere. 2. La Viſion . 3. La figure & la difpode
àla perfectionner -fition des Verres qui ffeerrvvent à
par le PereHugo Jeſuite, indouze, 30. fols .
Les Conferances de Luçon ſur les matieres les
plus importantes pour l'inſtruction des Curez &
des Confeffeurs , 12. Tome 3. 50.fols.
Lesdeux premiers Tome ſe trouvent dans la
mefmeboutique.
Controverfes familieres où les Erreurs de la
Religion Pretenduë Reformée ſont refutées par
l'Ecriture, les Conciles , les Peres, divisées en trois
Parties. 1. Qu'ils n'ont point de regle de Foy.
2. Qu'ils font horsde l'Eglife. 3. De la Tranfubftantiationdela
primautédes Saints Peres, &
de la Viſibilité de l'Eglife, 12. 40.fols .
Heures nouvellesimprimé par ordre de Madame
la Dauphine ſansrenvoy, ſeconde Edition,
augmenté , in feize, 40. fols .
Memoires ſur la grace du Pere Thomaſſin, inquarto,
8. livres.
La viede ſainte Geneviefve par le Pere l'Allemant,
indouze, 20. fols .
Hiftoire desGuerres Civile de Grenade,indouze,
3.vol.4. livr. 10.fols .
LesConferences de Caſſien, inoct. 2.vol . 3.1.
FIN.
I
MERCURE
THEQUE GALANT YON
*
1893
FANVIER 1683
'AY preſque toûjours
commencé ma premiere
Lettre de chaque
Année , par un abregé
des Eloges du Roy , répandus
dans celles des onze derniers
Mois de la précedente. le m'en
diſpenſeray celle- cy , non feulement
parce que cet abregé demandant
trop d'étenduë , occuperoit
toute la place que doi-
Janvier 1683 . A
DE
LA
VILL
2
MERCURE
vent remplir les Nouvelles particulieres
; mais parce que toute
la Terre ayant les yeux attachez
fur ce grand Monarque , il n'y
a point de lieu qui ne retentiſſe
de ſes loüanges . Les Souverains,
qui le regardent comme un parfait
Modelle des Roys , étudient
ſes actions , & font à ſon imitation
des Reglémens dans leurs
Etats. Cependant , Madame ,
pour ne point quiter une matiere
qui vous eſt ſi agreable , il
faut vous faire entendre nos
Muſes. M' Tavault , Avocat au
Parlement , demeurant à Nuys
en Bourgogne , les a fait parler
d'une maniere ſi ſpirituelle fur
les merveilleuſes qualitez de
LOUIS LE GRAND , que ſon Ouvrage
a reçen l'approbation des
Connoiffeurs les plus délicats.
Vous demeurerez d'accord, aprés
GALANT.
3
3
l'avoir lû , qu'il eſt digne de la
vôtre .
ELOGE
DU ROΥ.
Driſſant Roy des François ,Monarque
incomparable ,
A qui doivent ceder les Héros de
la Fable.
Les Hercules , fameux par cent Travaux
divers ,
Qui de Monstres cruels purgerent
l'Univers ;
→
Achile ſi vanté par son noble courage
,
Et qui reçent des Dieux la valeur
pour partage;
Des Indes le Vainqueur ,le celébre
Bacchus ,
A 2
4
MERCURE
Qui fe fit adorer par cent Peuples
vaincus ;
t
Le Prince des Troyens , le genéreux
Enée ,
Qui laſſa de Junon la colere ob-
Stinée;
Hector , Vlyſſe , Ajax , & tous ces
demy- Dieux ,
Que les Peuples groſſiers placerent
dans les Cieux , :
N'ont jamais poffedé la véritable
gloire ,
Quand leur Roman flateur feroit
mesme une Hiftoire.
Souvent on les y voit par le vice
abbatus ,
C
Et parmy cent défauts on lit peu de
vertus .
Mais les Cieux , ô Grand Prince , à
nos voeux ſi propices .
T'ont donné leurs Vertus exemptes
de leurs vices ,
2.
Et raſſemblé dans toy , par unSecret
nouveau ,
GALANT.
5
Tout ce que ces Héros poſſedoient de
plus beau.
L'Autheur de la Nature en formant
ton visage ,
A fait de fes Grandeurs la plus
parfaite Image;
Il a mis dans tes yeux une douce
fierté ,
Imprimé sur ton front un air de
Vne mine charmante & digne de
majesté ,
l'Empire ,
qu'on t'admire.
Qui te fait redouter dans le temps
1
L'Esprit ne dément pas un ſi riche
dehors ,
Il renferme dans ſoy de précieux
trésors.
Il est vaste, élevé, genéreux ,magnanime
,
blime ,
Eclairé , penetrant , équitable , fu-
Grand dans tous ſes deſſcins , juste
dansſes projets,
A
3
6 MERCURE
Travaillant fans relâche au bien de
Ses Sujets.
Les Ieux, les Carrousels , les Balets,
les Spéctacles ,
miracles
2
Du Théatre François ces ſurprenans
La Chaffe, les Concerts , ces plaisirs
innocens ,
Qui peuvent d'un Monarque enchanter
tous les sens ,
Sembloient te délaſſer dans tes nobles
fatigues;
Mais l'esprit prévenu de cespuiſſantes
Ligues ,
Queformoient contre toy tes illustres
Rivaux ,
Tu méditois pour lors ces glorieux
Travaux ,
Qui t'ont rendu Vainqueur ſur la
Terre & fur l'onde ,
Et porté de ton Nom , la gloire au
nouveau Monde.
Tranquille en apparence au milieu
du repos,
GALANT.
-Nous faisant voir le Roy , tu eachois
le Héros.
95
Tel est l' Aftre du jour , cet Aftrefalutaire
,
Si juste ,fireglé, dans ſon cours circulaire.
Ilpeint l'émail des Fleurs dans la
belle Saison ,
Moiſſon ,
Il meûrit le Raisin , il jaunit la
Et du mesme rayon il tire de la
Terre ,
C
Les fubtiles vapeurs dont il fait le
Tonnerre .
Aucun Prince avant toy dans le métier
de Mars 3
N'a tant vû de dangers, ny tentéde
hazards ;
Iamais onn'a tant fait de Marches
Surprenantes , 21 th
Ny jamais tant donné de Batailles
Sanglantes .
Tant d'Exploits diférens , tant de
Siéges fameux
A 4
8 MERCURE
vis de nos Entrepris jours , ſurprendront
nos Neveux .
Quelautre Conquérant ofe attaquer
des Places ,
Qui semblent à couvert par la neige
& les glaces ?.
La fidelle Victoire attachée à tes
A toniours fecondé la force de ton
Bras.
८
Changrant en ta faveurſa nature
changeante ,
T
Elle afixé pour toy fon humeur inconftante.
Sans te faire éprouver aucun fåcheux
revers ,
Elle alloit fous tes Loix ranger tout
l'Univers ;
Mais quand rien ne réſiſte aupouvoir
de tes Armes ,
On te voit tout d'un coup renoncer à
Ses charmes ,
Et de tes Ennemis prévenant les
Souhaits 29
GALANT.
9
- Applanir les chemins qui tendoient
àla Paix.
Alexandre le Grand, ce démon de la
Guerre ,
Emporté d'un orgueilsifuneste à la
Terre ,
Ne peut se contenir dans ſes vaſtes
Projets ,
Pour luy le monde entier a trop pen
de Suiets.
César bannit la Paix de ſa propre
Famille ,
Ilne voit qu'a regretle Mary de fa
Fille
Partager avec luy le Souverain pouvoir
,
Il veut tout poſſeder , ou bien ne vien
avoir.
LOVIS , du Genre - Humain les
nouvelles délices ,
Sçait d'un coeur héroïque arreſter les
caprices.
Sa gloire n'a pour luy quede foible
appas
ي ف
As
10
MERCURE
Si le bien des Mortels ne s'y rencontre
pas.
C'est le plus haut degré de la valeur
fupréme ,
Quand on peut vaincre tout , de fe
vaincre foy mesme.
D'une gloire nouvelle alors environné
,
Grand Roy ,je te connus pour le Roy
Dieu donné ,
En effet tes vertus , ta conduite divine
,
Nous font voirque le Cieleft taſeule
origine ,
L'ardeur dont tu ſoûtiens les droits
defes Autels ,
Te fera mériter des honneurs immortels.
Doux Climat , beau Païs , agreable
Contrée,
France charmant feiour de la divine
Aſtrée ,
Tandis que tes Voiſins au milieu des
horreurs
GALANT. 11
Eprouvoient des Soldats les terribles.
fureurs Li :
Les Délices, les Ieux , les Festins &
la Dance,
Le tranquille repos , & l'heureuse
abondance.
Te faisoient reſſentir leurs effets les
plus doux , १
Et rendoient de ton fort mille Peuples
jaloux.
Dans cet heureuxſejour où tout plai-
- fir abonde ,
Regne le GRAND LOVIS , la
Merveille du Monde. :
La Naiſſance de Monſeigneur
ie Duc de Bourgogne eſtant une
des, plus illuftres matieres qui
puiffent jamais exercer les Orateurs
, M. Herfan , qui profeffe
la Rhetorique dans le celebre
College du Pleſſis - Sorbonne
avec un fuccés mer
veilleux & une réputation
2
i
A 6
12 MERCUREO
digne de fon rare mérite,prononça
un des jours du mois dernier,
dans la Salle de ce College , un
Difcours tres- éloquent ſur ce
fujet , en prefence de Mr l'Archevêque
de Paris , à la teſte d'un
grand nombre de Docteurs de
cette Maiſon . Pluſieurs Prélats,
&autres Perſonnes de confidération
, honorerent cette Cérémonie
de leur préſence , &tout
le monde en fut extraordinairement
fatisfait. 2
Ce Difcours contenoit deux
Parties. Dans la premiere , l'Orateur
fit voir le bonheur du Roy
dans la Naiſſance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , &
releva d'une maniere auffi fpirituelle
qu'agreable , la qualité de
Grand- Pere , qu'il fit valoir plus
que celles d'Invincible , de Vi
Aorieux , d'Arbitre de la Paix &
C
GALANT.
13
de la Guerre. Il exécuta cela
avec une éloquence incomparable
; & pour diftinguer ſon Dif
cours des Actions profanes , il finit
cette premiere Partie par une
reflexion Chreſtienne,attribuant
cette rare félicité du Roy à ſa
pieté ſfinguliere , & à ce zele admirable
qu'il fait paroiſtre pour
la Religion . Cette reflexion le
fitentrer fort naturellement dans
un Compliment qu'il fit à M
l'Archevêque de Paris,pour marquer
combien les fages Conſeils
dont ce Prélat accompagne le
zele de Sa Majesté , contribuënt
de jour en jour au grand nombre.
de Converſions qui ſe font dans
toutes les Provinces que l'heréfie
de Calvin a autrefois infetées.
٠٤
Dans la ſeconde Partie , M
Herſan fit voir le bonheur de ce
14
MERCURE
jeune Prince , faiſant conſiſter,
ce bonheur principalement dans
quatre illuftres Perſonnes dont il
eſt le Fils , ſçavoir le Roy , la
Reyne , Monſeigneur le Dauphin
, & Madame la Dauphine ;
ce qui luy donna occafion de faire
le Portrait de ces quatre Per
ſonnes incomparables. On peut
dire que ſi l'Eloquence n'a jamais
rien entrepris de fi beau
de ſi difficile , ny de fi grand ,
elle n'a jamais eu de ſuccès plus
heureux . Ces quatre Portraits
font quatre chef d'oeuvres , & je
ſuis perfuadé , Madame , que ces
fameux Peintres dont les noms
font immortels , n'ont rien faic
de fi brillant avec leurs couleurs ,
que ce que cet excellent Orateur
a peint avec ſes paroles. Il
finit , en congratulant la France,
& adreſſant ſes yoeux pour la du
GALANT.
15
rée & la félicité du Regne de Sa
Majeſté .
Comme les ordres de faire des
Réjoüiſſances publiques pour la
Naiſſance de Monſeigneur le
Duc de Bourgogne , n'ont eſté
envoyez qu'aux plus confidérables
Villes de chaque Province,
ily en a eu pluſieurs à quil'exemple
a fervi de regle. Celles de
Bourgogne ont prétendu qu'elles
devoient avoir toutes un privilege
particulier qui les diftinguaſt
des autres , & c'eſt par là qu'une
de ces Villes s'eſtant plainte de
n'avoir point reçeu d'ordre , trois
Divinitez qui préſident aux productions
de la Terre , ont eu en
ſemble l'entretien qui fuit.
16 MERCURE
CONVERSATION
DE POMONE ,
ET DE FLORE ,
AVEC CERE'S LEUR VOISINE ,
Sur Monseigneur le Duc
de Bourgogne.
POMONE A CERE'S.
Stes - vous encore à sçavoir ,
Egrande Deeffe, qu'il est né en
France , au mois d'Auguste , Sous
le Signe du Lyon , le jour de fupi.
ter , d'une Mere appellée Vittoire,
un Enfant Royal le plus beau du
monde?
FLORE .
Et n'auriez-vous pas appris qu'un
!
GALAN T. 17
Feu extraordinaire brilla dans l'air
la veille de cette Naiſſance , &
qu'il s'en est allumé depuis par tout
ce Royaume , & dans tous les Etats
voisins , pour en celébrer la joye en
Terre , à l'imitation du Ciel ?
CERE' S.
- Cette Naiſſance m'est connuë ,
aussi bien qu'à vous , mes cheres
Voisines , & je n'ignore aucune des
merveilles qui l'ont précedée , ac
compagnée , &suivie. Je ſçay que
cet Enfant Royal est le Fils d'un
Prince accomply , &d'une Princes-
Se adorable ; le Petit - Fils du plus
grand Roy , & de la plus vertueu-
Se Reyne , qui furent jamais ; le
Protecteur de cette Province ; en
un mot , Monsieur le Duc de Bourgogne.
Jesçay encore , & de bonne
part , que le tremblement de Terre
qui arriva le fixiéme mois de ſa
formation , est un préſage certain
18 MERCURE
qu'il fera tout trembler , lors qu'il
fera dans ſon ſixiéme lustre. Les
Infidelles n'ont qu'à ſe bien tenir ;
il y aura bien du malheur s'il ne
les renverse ; & je sçay de plus ,
que le Ciel a voulu confirmer lepré-
Sage de la Terre , par la Comete
qu'il a fait paroître aprés le redoutable
tremblement.
POMONE .
Eb , puis que vous Sçaviez tou
tes ces chofes , dites nous , de gra
ce,pourquoy vous ne vous en étes
non plus remuée , que si elles n'avoient
pas estéde vostre connoiſfance
; & pourquoy la Ville que nous
voyons , & qui vous appellefon ancienne
Déeffe , n'a pasfignalé, comme
les autres , la joye qu'elle a d'un
fi bel accroiſſement de la Famille
Royate ? Voſtre immobilité vientelle
de vostre admiration , n'au
GALANT.
19
Iriez vouspas averty vôtre Ville de
Son devoir ?
CERE'S.
Ne nous flatons point. Si cette.
Ville reconnoist la Déeſſe des Moif-
Sons poursa Déeffe du temps paffé,
elle ne la reconnoist pas pour celle
du temps preſent , quoy qu'elle ne
Subſiſte encore aujourd'huy que de
mes faveurs , & que de celles de
mon Amy , le Dieu des Vandanges.
A la verité , le Temple que voila
dansſa Plaine , porte toûjours mon
nom ,puis qu'on l'appelle encore Cerée
, mais c'est tout ce qui m'en refte.
On nem'y adreſſe plus de pricres
ny de voeux , d'offrandes ny de
Sacrifices ; on m'en a chaffée pour
y arborer la Croix ; & comme je
ne vois plus icy que des Ingrats
je ne me meſle non plus d'y donner
des avis , que d'y rendre des Oracles.
20 MERCURE
ΡΟΜΟΝΕ .
Il est vray que le changement
des Peuples est étrange ; mais vous
n'étes pas la seule Divinité qui en
Souffre , c'est un mal commun à toutes.
Il me semble neanmoins qu'il
étoit de la genérosité celeste , de ne
pas laiſſer les Habitans d'une Ville
qui vous a fi longtemps adorée,
dans l'ignorance de ce qu'ils avoient
àfaire. Ils cultivent vos Guérets,
comme d'autres cultivent nos Vergers
& nos Parterres.C'est une eſpece
de culte qu'ils nous rendent , &
qu'ils nous rendront toûjours . Il
faut s'en contenter , puis qu'il n'y
en a plus d'autres à attendre ,
ن م
dans le besoin , leur accorder noftre
aſſiſtance.
FLORE .
J'avois bien crû qu'ils renouveleroient
les charmans Spéctacles &
GALANT. 21.
*
les agreables Concerts , qu'ils employerent
il y a 21 an , pour celé
brer la Naiſſance du Pere du nouveau
Prince , & 23 ans auparavant
, celle de fon auguste Ayeul;
& je me souvenois avec plaiſir de
ces temps heureux , de ces Pyrami
des de feu , de ces Obéliques de lumiere
, de ces Etoiles nouvelles , de
ces Harmonies de Guerre & de
Paix , & de toutes les autres Réjouiſſances
qu'ils firent éclater dans
l'une& dans l'autre occaſion ; mais
ces doux ſouvenirs n'ont pas esté
rafraîchis , comme je l'esperois . La
joye est demeurée toute entiererenfermée
dans leurs coeurs ; ou s'ilen
a paru quelque chose au dehors , ce
n'a étéque dans leurs yeux .
CERE'S.
Quelque ſujet de plainte qu'ils
m'ayent donné , je dois vous dire à
leur décharge , qu'il n'a pas tenu
22 MERCURE
à eux qu'ils n'ayent recommencé les
Réjoüiffſances dont vous parlez ;
mais vous sçavez que cet Etat est
Si bien policé , que rien ne s'y fait
fans ordre , & je vous apprens qu'ils
n'en ont point reçeu qui leur permist
de s'affembler , de se mettre sous
les armés , d'allumer des Feux , &
de celebrer enfin la nouvelle Feste
du Royaume.
FLORE .
Leur procedé ceſſe de mefurprendre
; mais je m'eſtonne de l'omiſſion
de ces ordres , ſur un sujet pour lequel
on auroit plûtoft deû en envoyer
cent fuperflus , que d'en oublier
un neceffaire . Il est vray que cha.
cun a este fi fort occupé à donner
chez foy des marques de ſon allegreſſe
, que la memoire a bien pû
manquer dans ces tranſports , elle
qui manque ſouvent au milieu de la
tranquillité. :
GALANT. 23
ز
1
ز
POMONE.
La Renommée a porté par tout
Theureuse Nouvelle dont nous parlons
, & ç'a esté un ordre general
qu'elle a donné à toutes les Villes
du Royaume , d'en temoigner hautement
leur joye ; & rien qu'un de
faut de zele n'a pû retenir les Ha ..
bitans de vostre Ville dans l'oifiveté
& dans le filence , tandis que
l'Espagne & l'Allemagne faisoient
même des Feux & des acclamations
à la gloire du nouveau Prince.
CERE'S.
Pouvez- vous avoir cette pensée
d'une Ville Françoise , d'une Ville
Royale , & d'une ville encore qui
- eft de la Province dont l'auguſte En
fant porte le nom ? Faites- luy plus
de justice, j'en connois les coeurs . Il en
est peu de plus ſenſibles au bonheur
de la Couronne ; & la grande Princeffe
à qui ils appartiennent , leur
24
MERCURE
imprime trop bien cette ſenſibilité
parson exemple , pour en manquer,
quand bien toutes les autres raiſons
ceſſeroient. Mais quoy , c'eſt aux
grands Peuples à regler la conduite
des petits . Leurs Voiſins qui habitent
comme eux les bords de la Seine
, & qui les furpaſſent en puiſſance
, n'ont rien entrepris ſans en avoir
reçeu auparavant des ordres particuliers
. Il a donc fallu qu'ils en
attendiffent. Leur attente a esté
inutile , iln'en est point venu . C'est
leur malheur , & non pas leur
faute.
POMONE
Ils devoient s'en plaindre , on
leur en auroit fait raison , ou plutoft
ils devoient paffer sutre. Qui
l'auroit pû trouver mauvais ? Mais
la coûtume , direz vous , les a trom.
pe.z Eh bien , excuſons- les donc ,
& Supleons même à leur defaut,
puis
GALANT.. 25
j
puis que c'est un party plus honneſte
que celuy de les blâmer.
FLORE .
Nous ne pouvons rien faire de
mieux . Voila l'Arbre Fée à cent
- pas de nous. C'est le plus fameux du
Pais ; mettons -y le feu de toutes
parts ; & tandis que ce Flambeau
vivant changera en beau jour cette
Sombre muit , chantons chacune une
Chanson à la gloire des Princes qui
forment la Maiſon Royale. L'Echo
de la Perriere nous répondra ; &
les Nymphes d'Arſe' , d'Ourſe , &م
de Leigne , qui ont joint celle de
Seine dans vostre Contrée
écouteront avec elle ; puis témoins
de nostre Feste , elles en iront en-
Semble porter la nouvelle à Paris &
àVersailles , où Mercure qui ſçait
tout ce qu'on y dit , l'annoncera
bientoftà toute laTerre .
Janvier 1683 .
,
B
nous
26
MERCURE
POMONE .
Nous ſommes dans la ſaiſon des
Ardans , & nous pouvons encore inviter
la Seine d'en faire paroître
quelques-uns pour dancer fur fes
Eaux , ou dans cette Prairie , tandis
que nous chanterons ; & il ne fiera
pas mal aux Napées de se mesler
avec eux , s'ils viennent sur le ri.
vage . Je ſerois même d'avis que
nous priaſſions la Nuit de diſſiper
fon obfcurité , afin que l'air eftant
Sans nuages , le Ciel nous donne par
Son bel azur , &par le bel ordre &
le doux brillant de ſes Etoiles , la
plus belle des Illuminations.
CERE'S .
Je n'ay garde , mes cheres Compagnes
, de desaprouver des penféesfi
raisonnables ; il en faut venir
aux effets ; & pour commencer,
ucicy ce que je chanteray à la gloire
de l'auguste Monarque.
GALANT.
27
LOUIS LE GRAND reſſemble au
*** puiſſant Jupiter ,...
Il en a le regard , la majeſté , tout
Pairs
Titans , Geans , craignez ſa
foudre ;
Il vous a pardonné , mais ne l'offencez
plus .
Cris, regrets , ſeroientfuper-
Aus,
Il vous reduiroit tous en poudre.
POMONE .
Voila s'attacher de bonne grace
à la Tige. Pour moy , je me prendray
à la Branche ; & voicy ce
que je diray du Fils de ce Grand
Royal1
Legenéreux DAUPHIN tient de
noſtre Dieu Mars ,
Il en a l'action, le bras ,& le courage.
B 2
28 MERCURE
Aigles, Lions , & Léopards , I
Tréve d'humeur vaine & fauvage
;
Apprenez aujourd'huy ,
Que quelque, bruit que voſtre
union faſſe ,
La Guerre contre vous ne ſeroit
rien pour luy
Qu'un divertiſſement de Chaſſe .
FLORE.
Il me reste donc à parler de la
Fleur , & du jeune Lys qui fort des
deux autres ; & cette chanson expliquera
ce que j'en pense.
Ce cher Enfant eſt beau comme
l'Amour ,
Il en a les traits & les graces.
Combien nous luy verrons un
jour :
Donner d'Affauts , prendre de
Places! :
GALANT.
29
a
Sçachez, fieres Beautez, & vous,
fiers Ennemis ,
Que par la douceur de ſes charmestat
m
Ou par la force de ſes armes ,
Tout luy ſera ſoûmis .
CERE'S.
Ces loüanges ne sont pas indignes
de ces Princes , & nous ne
pouvions mieux les comparer qu'à
nos Dieux. Mais ajoûtons enfaveur
du Nouveau né quelques-uns de ces
Souhaits efficaces , qui ne manquent
jamais d'arriver quand ils partent
du fonds de nos coeurs.
FLORE .
Nous vous obéirons avecjoye; &
pour ne point diférer, je ſouhaite &
refouhaite que tout ce que je viens
de dire du jeune Prince , se trouve
veritable dans le temps , que les
Jeux , les Ris , & tous les honneſtes
Exercices ,fleuriffent avec luy ; que
B 3
30
MERCURE
la Galanterie , la Fortune , la
Victoire l'accompagnent par bout ;
& qu'il soit comme for Ayent , un
fulet continuel d'admiration &م
d'amour.l.com daquo
POMONE
Je souhaite de mesme , qu'il ait
un fonds inépuisable de bonté ; qu'il
ne paffe point de jour fans faire
beaucoup de bien qu'il mette dans
cette profusion Son plus grand plaifir
&Sa principale gloire;&que
le fruit d'une inclination fa loäable
Soit l'engagement volontaire de toutes
les Nations aux Loix de fon
Empire.
CERE'S.
Et moy jeſouhaite quefon Regne
ait plus de felicité& de durée que
celuy d'Auguste ; que l'Abondance
&la Paix en foient inséparables ;
que les Arts , les Sciences , & toutes
les Vertus , s'y pouffent dans la
GALANT. 31
plus haute perfection ; & que ce
Prince Surpaffe autant en merites
fes Sujets , qu'ils furpaſſeront alors
en bonheur tous les autres Peuples
de la Terre.
POMON E.
Son illustre Naissance ayant fervy
de fondement à nos fouhaits , il
eft impoſſible qu'il ne ſoit un iourin
finiment brave , galant , bienfaifant,
Sage, & heureux ; mais pour
achever ſafelicité , il me semble
qu'ily a encore un ſouhait àformer,
dont l'importance demande noſtre
ionction. C'est qu'il se voye un tour,
comme fon Ayeul se voit auiourd'huy
, un Fils quiſoit veritablement
dignement de luy , & un Petit- Fils
qui luy donne de belles esperances
de parvenir à lamesme gloire.
Les deux autres Déeſſes approuverent
& confirmerent ce
favorable ſouhait ; aprés quoy,
B 4
32
MERCURE
Pexécution ſuivit leurs projets.
Il n'en couta pourtant que les
Branches à l'Arbre Fée , la Tige
eſt demeurée en ſon entier
Le Berger de Flore qui oüit
cet agreable entretien , & qui
en vit l'effet ; comme il retournoit
de la Ville de queſtion dans
fon Hameau , eſt celuy qui m'en
a donné la connoiſſance ; mais
quelque fécondité qu'il y ait
dans les ſouhaits de ces Déeffes
champeſtres , il a trouvé qu'il y
manquoit encore quelque choſe;
& c'eſt que le jeune Prince ,
plus heureux que François II .
que Charles le Sage , que Philippe
le Bel & que S. Loüis , qui
eurent le bonheur de voir les
fameux Roys leurs Ayeux , mais
ſeulement durant de petits eſpaces
de temps , voye le ſien pendant
un grand nombre d'anGALAN
T.
33.
nées , afin qu'il puiſſe apprendre
à regler ſes moeurs & fes actions
fur la veuë de celles du plus ſage
des Monarques , & recevoit des
Leçons de bien regner , du plus
grand Maiſtre en cet Art qui fut
jamais.
Je croy en effet qu'on ne luy
peut rien ſouhaiter de plus
avantageux , quelques ſouhaits
qu'on faffe à fon avantage. t
Comme il faut du temps pour
recevoir les Nouvelles des Lieux
éloignez , je n'ay appris que depuis
fort peu de jours ce qui
s'eſt paſſe à Malte à l'occaſion
⚫de cette meſme Naiſſance . On
n'en fut pas plûtoſt informé dans
l'ifle , que Monfieur le Crand
Maiſtre , de l'illustre Maiſon des
Caraffes , & le facré Confeil,
ordonnerent un Feu d'artifice ,
BS
34
MERCURE
2
dont le deſſein fut formé avec
beaucoup d'art & de foin , &
executé avec une entiere magnificence
, ſous la conduite & les,
ordres de M le Chevalier de
Beaujeu d'Arles , Commandeur
del'Artillerie de la Religion , qui
donna cette Feſte publique le Dimanche
au ſoir 18.d'Octobre,avec
la décharge de toute l'Artillerie,
Le Clergé de la grande Egliſe
Conventuelle chanta le Te Deum
en Pontificat , & fit le meſme
jour une. Proceffion folemnelle ,
qù toute la Religion aſſiſta. Le
Feu de joye eſtoit composé de
quatre grandes Tours. Ellesfoutenoient
des Galeries & des Trophées
d'armes , portées par quatre
grands Dauphins , qui firent
feu tres - longtemps. Des Vers
Latins compoſez par M de
GALANT.
35
=
-
-
Champotfim , Preſtre Conventuel
de l'Auberge de Provence ,
- ſe liſoient aux quatre faces des
Tours. Les Armes de France ,
de Baviere , & des Païs Conquis,
en faifoient l'ornement extérieur.
Les Peintures & les Deviſes occuperent
agreablement les yeux
d'un nombre infiny de Spectateurs.
Le lendemain 19. Monfieur
le Grand Maître fit ſon Feu
particulier au Palais , avec mille
marques de grandeur
Joye. Toute la Ville ou Cité
Valeſe , fut illuminée pendant
trois nuits. On y permit tout le
Dimanche , Lundy & Mardy , la
-liberté de ſe déguiſer en maſque,,
& les autres divertiſſemens du
- Carnaval . L'Auberge de Provence
, comme la premiere , fit ſa
= Feſte particuliere le Lundy , &
=
&de
B 6
36 MERCURE
donna une Fontaine de Vin au
Peuple. Elle couloit par quatre
Canaux devant ſa maiſtreſſe
Porte. Le Te Deum fut chanté à
la Chapelle de Sainte Barbe , au
ſon de l'Artillerie du premier
Baſtion de Provence . L'Auberge
d'Auvergne , qui eſt la ſeconde
en préeminence , fit la meſme
choſe le Mardy , & Mles Chevaliers
de Carros , & de la Fare,
conduiſirent le deſſein , comme
Procureurs . Le Dimanche ſuivant
, 25. du meſme mois , l'Auberge
de France s'acquita du
meſme devoir avec grand éclat .
Il y eut deux Fontaines de Vin ,
l'une devant la Porte de la Chapelle
de S. Loüis à l'entrée du
Port , & l'autre devant la Porte
de l'Auberge. Les Galeres de
l'Ordre donnerent auffi le SpéGALAN
Τ. 37
コ
e
e
e
t
e
e-
5.
コ
,
e
e
r
tacle d'une Feſte aux frais de
l'Ordre. Il n'y avoit rien de ſi
beau à voir , que le Feu qu'elles
firent lors que la nuit commença.
Tout ce qu'on ſe peut
imaginer de marques de joyer
fincere , parut dans les Vivat du
Peuple , des Soldats , & meſme
des Eſclaves , qui ſuivirent admirablement
l'exemple des Chefs .:
Le huitième de ce mois , M
de Maupeou fut reçeu Conſeiller
au Parlement , avec une approbation
generale. Il a eſté
Chevalier de Malte , & eſt Fils
de Me de Maupeou , Préſident
en la Premiere Chambre des
Enquestes , & de Dame Marie
Doujat. Jay ſi ſouvent parlé
dans més Lettres precedentes ,
de la Famille & du mérite de
cet illuſtre Préſident , que je me
contenteray de repéter que M
38
MERCURE
fon Pere eſtoit Préſident en la
Cour des Aydes , & qu'il a eu
pour Enfans feu Mr l'Eveſque
deChâlons- fur-Saone , & quatre
Capitaines aux Gardes , qui font
tous morts au ſervice de Sa Majeſté.
Le dernier avoit eſté Major
des Gardes , & eſtoit Gouverneur
d'Athe lors qu'il eſt
mort. M' l'Evefque de Castres
eſt Frere du Conſeiller nouvel
lement reçeu. Lors qu'il a eſté
nommé à cette Charge , il exerçoit
celle d'Avocat General au
Grand Confeil , qu'il avoit euë
par la mort de Me ſon Frere ,
qui s'en acquittoit tres - dignement.
こLa Famille de Madame la Préfidente
de Maupeou n'eſt pas
moins illustre. Elle eſt Fille de
fea Mr Doujat , Conſeiller en la
Grand Chambre , qui s'eſt acGALAN
T.
39
Π
e
e
.
s
e
11
S
e
a
quispendantcinquante ans , une
haute eſtime dans les fonctions
de cette Charge ; & Soeur de
Mr Doujat , Conſeiller en la mê
me Chambre , dont la capacité
eſt connuë de tout le monde.
Mr Doujat eſtoit Fils de Meffire
lean Doujat , Conſeiller en la
Cour des Aydes , que ſa fcience
& ſa probité avoient mis dans
une ſi grande réputation que
Mª Chevalier Premier Préfident
de cette Compagnie, le propoſa
dans la Harangue qu'il fit le
lendemain de la Saint Martin en
l'année 1611.comme le modelle
d'un parfait Magiftrat. M' Doujat
ſon Pere avoit eſté Avocat
General au Grand Conſeil , &
c'eſt cette meſme Charge que
Meſſieurs de Maupeou ſes Petits
Fils , ont fi dignement exercée
depuis peu.
40
MERCURE
On travaille à l'Etabliſſement
d'une Manufacture d'Ecarlate
fixe , par le moyen des Eaux de
Verſailles . Cette Ecarlate que
rien ne ſçauroit tacher , eſt à la
maniere de la Pourpre des Anciens
, fur laquelle je vous ay
déja envoyé trois Diſcours trescurieux
dans mes Lettres Extraordinaires
. Cependant le Mémoire
qui vient de tomber entre
mes mains , me donne lieu de
vous en dire encor des choſes
nouvelles .
La Pourpre qui fit tant de
bruit autrefois , & dont les Hiftoire
Sainte & Prophane nous
parlent en mille endroits , n'étoit
le ſymbole de la Puiſſance fouveraine
, que parce qu'elle eſt la
veritable couleur du Feu , qui
eſt ſupérieur aux trois autres
Elémens. Ainſi l'on peut dire
2.
GALANT.
41
ا
a
que ſi les Roys s'en parent encor
en certaines occaſions, auſſi-bien
que les Princes de l'Egliſe , dont
la Pourpre n'eſt diferente de
celle des Monarques que par ſon
feu violet , qu'ils prétendent être
le plus ardent & le plus épuré ;
_ c'eſt ſeulement pour marquer à
leurs Sujets leur autorité ſouveraine.
Les Autheurs Latins , qui
par excellence nomment la Pourpre
Purpura d'un mot Grec qui
fignifie double éclat , ou d'un
autre qui veut dire feu , raportent
que les Empereurs avoient
tant d'eſtime pour cette couleur ,
que non ſeulement ils creérent
des Charges imporrantes pour y
avoir une tres- exacte inſpection
dans leurs Etats , mais encore
qu'ils la dédierent à Jupiter , &
qu'à cet effet ils en firent appendre
des Pieces dans le Capitole,
1
42
MERCURE
comme le Chefd'oeuvre de la
Teinture, & un effet miraculeux
de l'artifice des Hommes .
Quelques - uns affurent que
trois raiſons bien remarquables, la
firent particulierement honorer
par les Anciens. La premiere ,
parce qu'elle estoit la ſeule couleur
fixe & ineffaçable , à la di
férence des autres couleurs qui
fe perdent en fort peu de temps;
ce qui a donné lieu de foûtenir
qu'il y avoit la meſme diférence
à faire de cette Teinture fixe ,
dont nous avons perdu le ſecrer,
à celle de l'Ecarlate qui ſe fair
aujourd'huy , que d'une Pierre
précieuſe d'Orient dont la counleur
eſt naturellement fixe , àun
morceau de Verre teint. Auffr
eſt-ce pour cela que la Pourpre
fe vendoit au poids de l'or, & que
le Grand Alexandre fit , felon
GALANT
43
ة
a
Plutarque, plus de cas de la Pourpre
d'Hermione qu'il trouva para
my les riches Dépoüilles que ce
Monarque remporta de la prife
de Suze,dont il y avoit pour plus
de cinquante mille Talens , que
les Roys de Perſe y faifoient conferver
depuis prés de deux cens
ans, que de toutes les Pierres prétieuſes
qui y estoient en une prodigieuſe
quantité parce que
comme il eſtoit magnifique , &
qu'il en ſçavoit bienl'inaltérable
-fixité , ce Prince méditoit d'en
- laiſſer à la Poſtérité des monumens
pour ſa gloire.
La ſeconde raiſon, c'eſt que non
- ſeulement la Pourpre étoit fixe,
maisencorintachable, s'il eſt permis
de ſe ſervirde ce terme. Ce
e fut ce qui obligea les Romains,
autrefois ſi poliques, à n'en permettre
l'usage qu'à ceux d'entre
44
MERCURE
eux qui ſe trouvoient élevez en
dignité. Auſſi les Sénateurs ſe
tenoient- ils bien plus honorez du
titrede Peres Empourpres, Patres
Purpurati, que de tout autre éloge
, parce qu'outre que la Pourpre
leur donnoit par analogie la
glorieuſe marque d'eſtre eſtimez
irrepréhenſibles , & fans tache,
cette auguſte couleur faiſoit encor
briller en eux la Puiſſance
fouveraine.
La troiſieme,c'eſt qu'ils étoient
bien aſſurez qu'elle n'avoit rien
decontraire à la ſanté. La teintu
re ne s'en faiſoit qu'avec le Sel,
le Vin & le Miel , avec lesquels
&le ſangdu petit Poiffon qui fervoit
à cet uſage , on en faiſoit la
compofition ; & c'eſt auſſi pour
cette raiſon que quelques Medecins
appliquoient des pieces de
Pourpre fur le coeur aux palpitaGALAN
T.
45
■ tions , & fur la teſte de ceux qui
eſtoient travaillez de migraines
■ aiguës, particulièrement des Enfans
qui avoient trop long-temps
- la fontaine de la teſte ouverte.
- Mais ce qui eſt bien plus remarquable
, les Enfans des Empereurs
de Conſtantinople n'étoient
nommez Porphirogenites,
( qualité dont on faiſoit tant d'état)
que parce que les Imperatrices
faifoient leurs Couches dans
l'Apartement le plus ſacré , auſſi
bien que le plus fecret du Palais,
qui s'appelloit la Pourpre , dont
les Murs incruſtez de Porphire
eſtoient tapiſſez de pieces de
Pourpre . Le Lit, & les Langes,
tout eſtoirde cette prétieuſe matiere
, tant on eſtoit alors perfuadé
qu'elle fortifioit la ſanté de
ces Enfans , fi précieux à l'Empi
re. En un mot l'excellence de
46 MERCURE
cette exquiſe Teinture, ſe tiredu
privilege qu'il falloit avoir pour
en faire la confection & le trafic,
& de l'honneur qui luy eſtoit
rendu par l'uſage auquel elle étoit
ordinairement deſtinée .
On a perdu cette maniere de
teindre , & il eſt certain que l'on
ne voit point d'Auteurs aujourd'huy,
ny de Voyageurs,qui nous
diſent qu'il y ait aucune Contrée
, où il ſoit reſté le moindre
uſage de cette Teinture ; ce qui
eſt aſſez digne d'étonnement ,
aprés la vogue qu'elle a euë anciennement
preſque par toute la
Terre. On tâche pourtant de réparer
cette perte en quelque maniere
, & de contrefaire autant
que l'on peut la Pourpre , par le
moyen de l'Ecarlate , & des autresCouleurs
rouges de cette nazure
; mais qui bien loin d'avoir
GALAN T.
47
コ
C
1
e
cette fixité ſi recommandable
qu'avoit la Pourpre , perdent
auffi-toſt leurs couleurs dans les
Tapiſſeries , les Ameublemens, &
ot les Paremens des Egliſes , où
l'on ne s'en peut plus ſervir
qu'avec chagrin , les rouges y
paroiſſant bien plûtoſt effacez
que toutes les autres couleurs où
il n'y eut jamais de fixité. Bien
loin encor que nos rouges modernes
ſoient intachables comme
l'étoient les rouges des Anciens,
ceux qui font obligez de s'en fervir
aujourd'huy , ne s'apperçoivent
que trop toſt qu'une goute
d'eau , un peu de bouë , d'urine,
ou choſes ſemblables , les tachent
ſans aucun remede , & l'on voit
tous les jours les Soldats obligez
de porter leurs Habillemens à
moitié déteints,par les taches qui
s'y font preſque auffi- toſt qu'ils
en ſont vétus.
لا
1
e
48 MERCURE
Pour ce qui regarde ce qu'on
peut nommer la falubrité ſi averée
dans la Pourpre , l'on eſt
bien éloigné de la rencontrer
dans l'Ecarlate , puis que nous
n'en avons point à préſent en
laine ny en ſoye qui ne ſoit empoiſonnée
par l'Arsenic & par
l'Eau - forte , qui comme on ſçait
font des poiſons ſans remede , &
fans leſquels toutefois on ne ſçait
point faire ces couleurs ; ce qui
fait qu'on ne ſçauroit affez s'étonner
, que juſqu'icy l'on n'ait
pas averty le Public du danger
qu'il y a de ſe couvrir le nez
d'un Manteau d'Ecarlate , &
c'eſt apparemment auſſi pour
cela que l'on a ceſſé de recevoir
les Enfans des Souverains dans
des Langes de cette Teinture
moderne , ce qui empêche qu'on
ne les nomme comme autrefois
Porphiro
GALANT.
49
1
1
5
5
,
Porphirogenites. Mais comme ce
ſiecle eſt celuy des prodiges &
des miracles , l'on ne doit pas
eſtre ſurpris que le ſecret d'une
Teinture qui ſe fait de la même
maniere & qui a les meſmes
qualitez à peu prés qu'avoit la
Pourpre , ſe ſoit heureuſement
découvert ſous le Regne , &
dans le Royaume de nôtre grand
Monarque , avec les meſmes pré
rogatives qu'autrefois .
Il eſt vray que l'eau qui eſt neceſſaire
à ſa confection , ſe trouve
par tout fort bonne aux environs
de Paris , mais particulierement
à Verſailles , où elle eſt admirable
par ſa nature pour la fixité
de la couleur , & pour la penétration
de la teinture qui ne ſe
trouve point dans les Ecarlates
ordinaires,qui ne font teintes que
ſuperficiellement.On a des preu-
Janvier 1683 . C
MERCURE
ves incontestables de ce que je
dis , par les expériences réïterées
qui en ont eſté faites de l'ordre
des Puiſſances , en préſence de
Perſonnes choiſies & fort éclairées
, ſur le raiſonnement phiſique&
naturel qui ne laiſſe pas
douter, que plus l'eau qui ſert de
véhicule aux Teintures, eſt meûrie
, batuë , & diviſée , plus elle
concentre le ſel qui contribuë à
la fixité , & c'eſt par cette raiſon
que celle de la Riviere des Gobelins
a eſté juſques icy eſtimée
plus propre aux Teintures , que
toutes les autres du Royaume . Il
y a cependant une ſenſible diférence
entre les eaux de Verfailles
,& les autres eaux dont on fe
fert, non ſeulement pour la legereté
, mais encor parce que dans
l'épreuve qui s'en fait aisément,
celle de Versailles éleve ſenſibleGALANT.
S!
ment la couleur beaucoup plus
que les autres, quoy que fort eftimées
, qui ſemblent , en comparaiſon
de celle de Verſailles , la
meurtrir , d'où s'enſuivent les taches
violetes qui ſe voyent aux
Ecarlates modernes , ce qui ne
peut arriver à la Couleur qu'on
propoſe ; & comme il n'y eut jamais
d'eau plus circulée que celle
de Verſailles , qui ſe trouve ſeparéedans
l'air en mille particules
par les Jets d'eau , elle y reçoit
auſſi plus aisément l'impreſſion de
l'eſprit aftral & lumineux , qui
fait en toutes les Teintures la
perfection des Couleurs hautes,
aufli-bien que leur diverſité.
Il eſt conſtant que cette Couleur
de feu propoſée , à la même
fixité que celle des Anciens,
puis que l'examen ordinaire du
Tartre & de l'Alun , qui eſt l'é-
C 2
52 MERCURE
1
preuve reglée par l'ordonnance,
auffi -bien que celuy du Soulphre
& du Savon qui détruit toutes
les autres Ecarlates , exalte la
couleur de celle-cy au lieu de
l'alterer ; & fur ce pié-là , il ſe
pourroit faire des Tapiſſeries en
maniere de Camayeux , dont les
ombres ſont marquées par la feule
diverſité des nuances , comme
on peut le faire comprendre aux
Intelligens en ce travail. Ces Tapiſſeries
fe pourroient aisément
ſavonner , pour en faire revivre
les couleurs , & par ce moyen elles
laiſſeroient à ceux qui nous
furvivront apres pluſieurs fiecles
, les incroyables Actions de
celuy-cy, & juſques au coloris
meſme des Perſonnes de la Cour
d'aujourd'huy , que le Bronze &
le Marbre,qui ne reçoivent point
de couleur comme font les Ta
GALAN T.
53
piſſeries , ne ſçauroient avec leur
dureté tranſmettre à la Poſterité
dans une pareille perfection.
Il eſt encor vray que cette
Ecarlate eſt intachable , c'eſt à
dire , que les Etofes qui en ſont
teintes,ſe peuvent ſavonner comme
la Toile , ce qui , comme on
peut juger , n'eſt pas d'un médiocre
ſecours au Soldat , auquel,
au lieu de Linge, on peut donner
des Cravates & autres menuës
Hardes de cette fixe couleur,qui
fera d'autant plus agreable à voir,
que juſques icy l'on ne s'en eſt
point encor aviſé.
-Pour la troiſième condition ,
puis que cette Ecarlate n'eſt faite
qu'avecdes choſes qui ſont amies
de l'Homme , & qui meſme luy
peuvent ſervir d'aliment , on ne
peut pas raiſonnablement douter
qu'elle ne ſoit fort bonne pour la
C
3
54
MERCURE
fanté , & qu'à la diférence des
autres Teintureries dont les vapeurs
font malfaiſantes , celles
de la Manufacture propoſée ne
ſoient agreables & aromatiques.
Et comme l'on juge affez que
le Roy fera faireun examen tresexact
de ce qui entre dans leur
compoſition, avant que d'en permettre
l'établiſſement dans un
Lieu qu'il honore ſouvent de ſa
Royale preſence , ou dans aucun
autre endroit , ou l'on pourroit
eſtre obligé de faire apporter de
ces eaux , par ledéfautd'un Lavoir
qui ne ſe peut trouver commode
que dans les eaux courantes
, l'on oſe s'aſſurer qu'il ne ſera
rien trouvé de temerairedans
toutes les parties de cette propoſition
, dont ceux qui l'examineront
avec te plus de rigueur , ſeront
convaincus ſenſiblement
GALAN T.
55
par'telles experiences qu'il ſera
jugé à propos de faire , & qui fe
font aisément , & en fort peu de
temps. Ainfi, s'il plaiſt à Sa Majeſté
de favoriſer l'établiſſementde
cette Royale Manufacture , &
d'accorder à cet effet ce qui ſe
perd des eaux de Verſailles,aprés
qu'elles auront ſervy à la divertir
, foit pour les employer ſur
le lieu , ſoit pour les tranſporter
ailleurs par le défaut de Lavoir,
on a fujet d'eſperer que le plus
ſuperbe Lieu du Monde , comme
le plus heureux par la Naiſſance
d'un auguſte Porphirogénite,
deviendra bien -toſt une des plus
grandes Villes du Royaume , par
ce qu'un tel établiſſement en attirera
neceſſairement pluſieurs
autres tres- conſiderables. Voila,
Madame , ce que contient leMemoire
que l'onm'a donné ſur cet.
C4
56
MERCURE
Article. Je n'ay rien changé aux
termes , pour laiſſer le ſens dans
toute fa force.
Les Vers qui ſuivent fur divers
ſujets , ſont tous de Mr Daubaine.
Vous ſçavez , Madame,
qu'il conte agreablement , & que
fon nom eſt un éloge fort grand
pour tous les Ouvrages qui le
portent.
BEAU DIT D'UNE
Servante d'Hôtellerie .
E logeay l'autre jour dans une
Hôtellerie,
Où je trouvay bon Vin, &Servante
jolie;
Le gifte n'estoit pasmauvais.
Attendant le Soupé , je gobe deux-
* oeufsfrais ,
Et je bois quatre coups. Là deſſus
Claudinete
GALANT.
57
(C'est la Servante ) estant dans la
Chambre où j'eſtois ,
J'entre en humeur , je pouſſe lafleurete.
De l'air dont je la debitois ,
I'aurois fort avancé l'affaire ;
Mais nous estions en présence de
Gens
Qui ne nous auroient pas peut- estre
laifféfaire.
Je réſous donc de prendre mieux
mon temps .
Tout- à.propos, dans l'entrefaite,
Claudinetefortit ,& s'en alla ſeulete
Dans le Grenier à foin. Je la ſuis
pas-à-pas ,
Croyant déja que c'étoit Ville priſe,
Vrayment , vrayment , je ne la tenois
pas .
Mon procede l'offence, elle s'en formalife.
F'ay beau luy protester queſes char
mans appas
:
CS
:
58 MERCURE
Me font tout - de-bonſa conquestes
De mon honneur j'eus toûjours
un grand foin ,
Me dit- elle, enprenant un gros bouchon
de Foin ,
Avancez ſeulement,je vous caſſe
la teſte.
PAROLES DU POЕТЕ
Anaxagoras .
A
Ntigonus campé , vit Anaxagoras
Fricaffer à grands tours de bras
Des Congres , & d'abord s'aviſa de
luy dire;
Crois- tu qu'Homore éterniſoit
le nom
Du grand Agamennon ,
En tenant une Poële à frire !
Non , répondit le Poëte , enſeprenant
à rires
Mais, dit- il àson tour. Antigonus
fçais-tu
GALANT.
$9
Que ce Roy dont le coeur & la
grandevertu
Répondirent fi bien à ſa noble
origine,
Viſitoit ſon Camp pour ſcavoir
Si le Soldat y faiſoit ſon devoir,
Et non pour critiquer Homere
en ſa Cuifine.
Anaxagoras eut raiſon ;.
Ce qu'il dit est une Leçon
Que tout Cenfeur devroit apprendre
,
Et que Cenſeur jamais n'apprit.
Tel qui ſe meſle de réprendre ,
Meriteroit ſouvent qu'on le repriſt.
ETREINES.
Youslefçavez. Iris. Iadisàtout
( Mais principalement
C6
60 MERCURE
Dans le temps des Etreines )
Ie vous faifois Vers , Chansons,
Billets doux ,
Le toutfans defort grandes peines
こ
Et la raiſon , c'est que pour vous
L'amour me donnoit du génie.
Sur vostre teint,ſur vos cheveux,
Sur vostre bouche, fur vos yeux,
Ie trouvois matiere infinie ,
Et i' estois toûjours bien- difant.
Cen'est pas de même à preſent ;
Depuis que vous avez ceffé d'estre
fidelle ,
Le fais pour vous loüer des efforts
Superflus.
Ma Muse me foûtient que vous
nestes point belle ,
Et ie pensequ'enfin ie ne vous aime
plus.
Je croy , Madame , vous avoir
déja dit plus d'une fois que Gree
GALAN T. 61
noble eſt une des Villes de France
, qui honore le plus ſes Magiſtrats
, par la veneration qu'elle
a naturellement pour tout ce
qui luy vient de la part du Roy.
En voicy de nouvelles marques .
La mort de M² le Duc de Leldiguieres
ayant fait vaquer plufieurs
Gouvernemens particuliers
, qui luy avoient été accordez
par Sa Majesté avec le Gouvernement
de Dauphiné , en reconnoiſſance
des importans fervices
de ceux de cette Maiſon ,
Mr le Comte de Marcieu a été
pourvû de celuy de Grenoble,
Ville Capitale de cette Province,
de fon Arsenal,& de toute l'étenduë
du Bailliage de Graiſivaudan
. D'abord le Corps de Ville,
& lesCapitaines de la Milice , réfolurent
de rendre les honneurs
deûs à leur nouveau Gouver-
Σ
62 MERCURE
neur , & en allerent prendre les
ordres de M'le Marquis de S.André
Virieu, Premier Préſident au
Parlement de la même Ville ,
Commandant dans la Province
en l'absence de Mr le Maréchal
Duc de la Feüillade , qui en eft
preſentementGouverneur,& de
M le Comte de Tallard, qui en
eft LieutenantGeneral. Le Mardy
15. du dernier mois , Mr de
Marcieu alla au Palais accompagné
d'un grand nombre de
Gentilshommes. Il y preſta le ferment
dans la Premiere Chambre,
& fut receu publiquement par
Arreſt prononcé par M de S.André,
contenantle dénombrement
des obligations du Gouverneur.
Cette prononciation fut faite
avec l'air majestueux , qui eſt ſi
naturel à ce Magiſtrat .Tous ceux
qui compoſent cetteChambrey
GALAN T.
63
eſtoient auſſi , & entre autres M
de la Pocpe S. Iullin , ſecond
Préſident , & M le Baron de
Montmiral de Mistral , Doyen
des Conſeillers de la mesme
Chambre , Pere du Sous- Lieutenant
aux Gardes , connu ſous
lenomde Mº de Bagnols. Le lendemain
, Made Marcieu alla à la
Chambre des Comptes, faire enregiſtrer
ſes Proviſions ; & le ſoir
un Détachement des Compagniesde
Milice commandé par un
des Capitaines, vint faire des ſalves
devant ſa maiſon .Le jour ſuivant
17. de Decembre, on fit un
pareil Acte de regiſtrement au
Bureau des Finances ; & auffitoſt
aprés , les Confuls vinrent
en cerémonie Conſulaire,le complimenter
par la bouche de M
Chorier leur Avocat. Son nom
eſt celebre par divers Ouvrages,
64
MERCURE
&particulierement par l'Hiſtoire
de Dauphiné qu'il a donnée au
Public. Le meſme jour , les Capitaines
, & autres Officiers des
onze Penonnages , accompagnez
de leurs Sergens portant
leurs Hallebardes , au nombre
de quatre de la Compagnie
Colonelle , & de deux de chaque
autre Compagnie , le complimenterent
auffi. Mt Reynaud
, ſecond Capitaine porta la
parole.
Le Vendredy 18. les Tambours
batirent la Generale dés
fix heures du matin , & entre
dix & onze , toutes les Compagnies
furent aſſemblées. Elles
paſſerent , chacune ſelon ſon
rang , devant la Maiſon de ce
nouveau Gouverneur , & apres
qu'elles eurent filé , & que chaque
Officier eut fait le ſalut de
GALANT. 65
la Pique à Mº de Marceau qui
eſtoit à la Porte avec quantité
de Gentilshommes , M. de S.
Sauveur Lafrey les rangea en
haye , depuis cette Maiſon jufqu'à
la Porte de l'Arſenal. La
haye fut doublée à meſure qu'on
approchoit du terrain de cette
Place , & que le nombre des
Soldats y pouvoit fournir. M² de
Marcieu paſſa au milieu , & ſe
rendit dans la Place pour en
prendre poffeffion. Dés qu'il fut
entré , la Garniſon parut rangée
en bataille dans la Place d'armes
; & à la teſte du Bataillon ,
Mr Vernay Major , fit reconnoiſtre
Mt le Comte de Marcieu
pour Gouverneur. Ce Comte
reçeut enſuite Mª de Moranſol
☐☐ pour Lieutenant de Roy dans
la meſme Place ; & en meſme
temps , le bruit des Boëtes & du
66 MERCURE
Canon ſe meflerent parmy les
congratulations qu'ils reçeurent
de tout le monde. Cela eſtant
fait , M de Marcieu retourna
chez luy par les meſmes Ruës,..
qui demeurerent toûjours bordées
des meſmes Compagnies ,
& fut une ſeconde fois ſalüé
des Officiers , & de la Mouft
queterie. On avoit orné d'un
Obéliſque le frontiſpice de ſon
Hôtel , & l'on y avoit joint
une Deviſe qui convenoit à ſa
dignité nouvelle. Ce n'eſt pas
la premiere qui ait eſté dans ſa
Famille , puis qu'on y trouve des
Préſidens , & des Conſeillers au
Parlement de Grenoble , & au
Sénat de Turin ; des Maiſtres des
Requeſtes , & des Conſeillers
d'Etat. Le nom de Madame ſa
Mere , eſt Monteynard. C'eſt
une Maiſon dans laquelle il y a
GALANT. 67
eu trois Lieutenans de Roy en
Dauphiné , des Chambellans ,
des Lieutenans Genéraux dans
les Armées , & des Chevaliers de
l'Ordre du Roy. Son Tris- Ayeul
maternel fut le celébre Chevalier
de Boutieres , Guigues de
Guifray , dont la Vie a eſté écri
te par M le Préſident Allard ,
&qui tient rang parmy les Heros
de la France , s'eſtant acquis
une réputation extraordinaire
dans les Guerres d'Italie , ſous
les Roys Charles VIII. & Loüis
XII. Mr de Marcieu eſt d'une
finguliere pieté ; & ſa douceur ,
ſon honneſteté , &fa prudence,
le font conſidérer & aimer de
tout le monde. Il a ſervy en qualité
de Capitaine de Cavalerie ,
& s'eſt trouvé à l'Expédition de
Gigery , où l'un de ſes Freres fut
tue. Il porte d'azur à l'Agneau
68 MERCURE
paſſant d'argent , au Chef d'or ,
chargé de trois rencontres de Vâche
de fable . Madame la Comteſſe
de Marcieu ſa Femme , eſt de la
Maiſon de Groliez , ancienne
& conſidérable dans le Lyonnois.
M fon Pere , connu fous
le nom de Mt de Caſſout , eſtoit
Homme de mérite & a eſté
Prevoſt des Marchands. Les Genéalogies
d'Emé de Monteynard,
& de Guifray , paroîtront bientoſt
par les ſoins du meſme Préfident
Allard.
د
Mª de Moranſol , a ſervy dans
le Regiment de Sault. Il fut enſuite
Cornete de la Compagnie
des Gardes de Mr le Duc de
Leſdiguieres , & Major de la
Ville de Rye. Il'eſt Fils de M
Dauby , qui estoit Lieutenant
au Gouvernement de la mesme
Ville de Grenoble . C'eſtoit un
GALANT. 69
des plus ſages Hommes de ſon
temps. Aufſi toutes les Perſonnes
de qualité alloient prendre
fon avis , ſur leurs affaires les
plus importantes. 3
Je vous ay parlé de pluſieurs
Enfans nez doubles en divers
lieux . Ce que je vous en ay
écrit , a donné lieu à la Lettre
que vous allez voir.
AM DE CHAMBON.
E doute fort , Monsieur , si enlaſſeray
fin je ne me point d'estre
de vos Amis . Vous me demandez
trop , & à trop bon marché , pour
garder entre nous quelque espece
de justice. Quand vous m'avez
demandé ce que je penſe du monstrueux
Enfant de Gramat , dont il
70
MERCURE
eſt parlé dans l'un des Mercures , il
falloit me prévenir , en m'appre
nant quel est voſtre ſentiment fur
cette naissance. Mais il est trop
tard de me plaindre. Vous estes en
poſſeſſion d'en user de mesme , &
je devrois avoir contracté l'habitude
de'vous donner toûjours Sans
intéreſt. L'avoue avec Meſſieurs de
Medecine , que leurs anciens Au
theurs ne font mention d'aucun En-
'fant qui reſſemble à celuy- cy par
toutesses parties ; mais il faut auſſi
reconnoiſtre que ce n'est pas un prodige
tout-à fait inoüy. Les Chirur.-
giens modernes , qui ont écrit les
monstrueuſes naiſſances arrivées de
leur temps , en rapportent quelquesunes
à peu prés ſemblables ; ou du
moins on trouveroit en pluſieurs les
diférentes parties du nouveau né.
Au mois de Iuillet 1676. à Breteüil
en Normandie , Loüise de
7
GALANT.
71
Fontaines , Femme de Guillaume
Prestrel Boucher , accoucha d'un
Enfant parfaitement ſemblable ,
au moins pour ce qui regarde les
parties extericures , avec la diférence
dusexe. C'estoient deux Filles
bien formées , continuës depuis
le Sternum jusqu'à l'Ombilic . L'accouchement
en fut difficile , parce
que la Sage. Femme n'estoit pas accoûtuméeàde
pareilles avantures ;
Si bien qu'un de ces Enfans ſouffrit
contertion aux parties principales ,
cela fit que la vie de tous les
deux ne fut pas de longue durée.
Ilsvécurent trois jours entiers &une
nuit. Le Baptefme fut conferé à
chacun d'eux en particulier , & on
leur donna les noms d'Anne & de
Madelaine. Celle qui avoit esté
bleffée en naiſſant , ne prit aucune
nourriture. Anne estoit vigoureuſe ,
ufort tous les alimens qu'on luy
MERCURE
e
faisoit prendre & toutes deux
avoient un mouvement fort vivant
dans toutes leurs parties , finon que
Madelaine estoit languiſſante. La
curiosité m'engagea à les voir ,&
je remarquay avec tous ceux qui
s'y trouverent , au nombre de plus
de cent cinquante , à divers temps ,
que quand la petite Anne avoit pris
le lait qu'on luy faisoit teter par le
moyen d'un petit Vafe, que lesNourrices
du Païs appellent un Biberon,
Madelaine revenoit auſſi- toſt de ſa
langueur, mais si foiblement qu'on
iugea bien dés lors que ſes iours ne
Seroient pas fortlongs ; elle changea
bien- toft de couleur , & on la
crût morte dés le deuxième jour de
Sanaiſſance. Cependant elle vivoit
de la vie de fa Soeur , & elle luy
Survécut d'un petit foûpir. Les Chirurgiens
du lieu affez experimentez
dans leur Profeſſion , s'offrirent d'en
faire
GALANT
73
l
1
faire l'ouverture , mais la Mere ne
voulut pas le permettre . Ainsi on ne
peut en inger que par l'exterieur.
Ces deux Enfans n'avoient qu'un
- nombril , comme ceux d'autourd'huy;
mais il eſtſans contestation que n'é
tant unis qu'au Sternum, ils avoient
- chacun un coeur. On nehefita point
à croire que ce double corps avoit
deux ames. Le principe d' Aristote,
quand il feroit vray , ne repugne
point à ce iugement , puis qu'il y
avoit deux coeurs.Si vous voulez que
ie vous découvre icy mon fentiment,
ie vous avoüeray que l'axiome de ce
Philosophe ne passe pas chezmoy
pour infaillible. Ie ne trouve point
L'absurditéqu'un coeurſuffifeàdeux
corps informes chacun d'une ame.
L'attens que vous me tiriez de cette
erreur ,si c'en est une.
Si le ſentiment de Me Descartes
estoitſuivy , ma pensée ne souffri-
Janvier 1683 . D
74 MERCURED
roit pas de difficulté. Vous sçavez
ce qu'il a crû de la partie où l'ame
fait immédiatement ſes fonctions,
& qu'il luy donne pourfiege principal
la petite glandule que le cerveau
renferme au milieu de fa fub-
Stance , au deſſus du canat par où
les efprits des cavitez anterieures
ont communication avec ceux de la
pofterieure d'où il s'enfuivroit que
l'Enfant de Gramat ayant deux têtes
& deux cerveaux bien formez ,
auroit eu neceffairement deux ames ,
parce qu'une ame ne peat pas faire
Ses opérations immediates en deux
endroits. Par exemple , s'il avoit
vécu jusqu'à un âge de difcernement
, & que fes deux teftesſe ſuf
Sent à la fois diferemment appli
quées aux exercices de teursfens exterieurs
, comment une feule ame
auroit- elle pû former nettement les
appréhenſions des divers objets,dont
2
GALANT.
75
elle auroit reçeu les images diferentes
, confuses , opposées, & peutestre
incompatibles . Mais laiſſons
cette matiere aux Sçavans , qui ne
manqueront pas de raiſonnerfur cest
nouveaux prodiges. Je suis vôtre
, &c .
DU MOULIN
Le Roy ayant eſté averty par
Ma le Marquis de Louvois, (vous
ſcavez , Madame , que ce Miniſtre
a le département de laGuer
re , comme Secretaire d'Etat )
qu'il s'eſtoit commis beaucoup
d'abus pendant les dernieres
Guerres , dans la diſtribution &
le payement des ſommes pour
les TroupesdeCavalerie & d'Infanterie
, par quelques Tréforiers
Provinciaux & Commiſſaires des
Guerres , SaMajesté aumois de
Juin dernier, nomma Mode la
D
2
76 MERCURE
Fond de la Beuvriere , Maître
des Requeſtes, pour faire l'inſtrution
des Procés criminels des
Coupables ; & à cet effet il ſe
rendit à Abbeville. Mrs Quentin
de Richebourg , de Breteüil,
Benoiſe, & d'Arnothon, Maiſtres
des Requeſtes , furent en ſuite
nommez , pour juger en dernier
reffort les Accuſez , avec les Officiers
du Préſidial d'Abbeville;
ce qui fut executé au mois de
Septembre dernier , quelquesuns
des Coupables ayant eſté
condamnez à des peines afflicti- .
ves , les uns aux Caleres , d'autres
à faire amende honorable, &
les autres àun banniffement perpetuel
hors le Royaume , & àreſtituer
au Roy les ſommes mal
priſes à Sa Majefté. Comme ce
Lugement porte des Decrets de
priſe de corps contreipluſieurs
G
GALANT.
77
autres Coupables des meſmes
abus & malverſations , Sa Majeſté
voulant que la juſtice en
ſoit entierement faite , afin de
prévenir la ſuite de ces deſordres;
a étably une Chambre à l'Arfenal
, compoſée de M' Boucherat
Conſeiller d'Etat & au Conſeil
Royal , & de Mrs de Ribere ,
Quentin de Richebourg , du
Gué- Bagnolle , de la Fond de la
Beuvriere , de Gourgues , & du
Buiſſon , Maîtres des Requeſtes,
pour juger ſouverainement & en
dernier reffort tous les Procez
civils & criminels concernant
cette matiere . Tous ces Meſſieurs
ſont d'une probité , & d'une penetration
d'eſprit reconnuë. Ie
ne vous rapporte point en combien
d'occaſions ils ont ſervy le
Roy & l'Etat ; j'aurois trop à vous
dire. Mr de Chenedé , Procureur
D
3 4.
78 MERCURE
&Avocat du Roy en l'Election
de Paris , a eſté nommé pour
faire la fonction de Procureurde
Sa Majesté dans cette Chambre.
Le choix de cet Officier est fon
dé ſur la distinction qu'il s'eſt ac
quiſe dans les Charges & dans les
Emplois qu'il a exercez depuis
vingt années. Il a eſté Maire de
la Ville d'Angers dés l'âge de
vingt-cinq ans ,& a eſté depuis
employé dans pluſieurs Commiffions
extraordinaires pour les
affaires du Roy.
l'ay oublié de vous aprendre
la mortde Mule Comte de Maulevrier
de Normandie , dont je
vous appris le mariage il y a trois
ans avec Mademoiselle de Mon
telon. Cette mort est arrivée à
Roüen depuis deux mois. Il étoit
dans ſes plus belles années , &
c'eſt quelque chofe de furpre
GALAN T.
79
:
:
nant que la refignation avec laquelle
il s'eſt preparé à ce terrible
paſſage dans un âge fi peu
avancé. Madame la Comte ffe de
Maulevrier ſa Veuve , qui eſt
une perſonne tres bien faite &
d'un grand merite , eſt demeurée
dans unedéſolation & une douleur
, qu'il n'est pas facile de s'imaginer
, à moins que d'avoir .
connu l'étroite union qui étoit
entr'eux.
Il y a des momens inévitables
pour aimer , & en vain
chercheroit - on la raiſon pourquoy
ces momens ont plus de
force que d'autres. Un Homme
qui avoit déja paſſé trente années
de ſa vie dans le monde ,
ſans y prendre aucune paffion
bien vive , ſe leve un matin
fort de fa Chambre , & ne s'attend
pas qu'il n'y rentrera qu'a-
D 4
80 MERCURE
vec de l'amour. En paſſant par
une Gallerie , il voit dans une
Chambre d'une Maiſon voiſine ,
dont la Feneſtre eſtoit ouverte,
une jeune Perfſonne qui joüoit
du Claveffin. Elle eſtoit dans un
def habillé affez propre. Les
Manches d'une Robe de Chambre
luy tomboient ſur les bras ,
& les couvroient à demy ; mais
ce qu'elles en laiſſoient voir , paroiffoit
fort beau , & ſes mains
voloient fur le Claveſſin avec
beaucoup de viteſſe & de grace.
Elle accompagnoit de quelques
petits mouvemens de teſte tout
ce qu'elle joüoit ; & à voir ces
mouvemens , on pouvoit juger
que l'air étoit languiſſant & tendre.
Aufſi c'eſt ce que crût le Cavalier
, car il étoit trop éloigné
pour entendre l'Air. L'Agrément
qu'avoit la Demoiſelle à joüer
GALANT. 81
e
duClaveffin , la propreté de l'équipage
où elle étoit , ſa taille
qui luy paroiſſoit jolie , ſes bras
qu'il croyoit beaux quoy que de
loin , l'idée qu'il conçut qu'elle
s'étoit levée matin pour joüer
5 quelque choſe de doux , & de
conforme à ſes penſées , & pour
réver avec ſon Claveffin ; enfin
la fatalité du moment , tout cela
fit ſon effet ſur le Cavalier. Il ne
la voyoit que de côté, & de ſorte
qu'il ne découvroit rien de ſon
viſage. Cependant il ſe figura
qu'elle étoit belle , & ſouhaitra
mille fois qu'elle ſe détournât
vers luy ; mais elle étoit trop appliquée
à ce qu'elle faifoit. Cet
air d'application le confirma
dans la penſée qu'elle révoit
tendrement , & fur cela il ſe l'imaginoit
encor plus aimable. II
cût déja ſouhaité eſtre celuy à
DS
82 MERCURE
:
qui elle penſoit ; cet AirdeCla
veffin joué pour luy , luy auroit
paru d'un grand prix. Il s'arreſtoit
à la regarder ſans pouvoir
lever les yeux de deſſus elle, toûjours
dans l'eſperance qu'elle ſe
détourneroit. Il ſe ſentoit déja
une certaine émotion qui annonce
l'amour , ou qui eſt l'amour
elle-même , & la vûë des
plus aimables Perſonnes ne luy
avoit rien inſpiré de fi tendre ,
que le Claveſſin, & les mains, &
Pair d'une Perſonne qu'il ne voyoit
point. Eût elle crû que dans
le moment qu'elle estoit ſeule
dans ſa Chambre ,à ne s'occuper
*que de ce qu'elle jotuoit , elle
faifoit une conqueſte ? Enfin elle
fortit fans que le Cavalier eût
vů fon viſage. Il demeura quelque
tems dans la Gallerie , tout
rempli d'elle . Il l'avoit trop vûë,
GALANT. 83
1
1
5
&trop peu. Il connut bien d'a
bord la bizarrerie , & peut- eftre
même l'extravagance des mouvemens
qu'il ſentoit ; mais il ne
laiſſa pas de s'y abandonner.
C'eſtoit un de ces Hommes d'i
magination , qui ne font jamais
gouvernez que par des regles
de fantaifie. Il n'avoit point vû
celle qu'il commençoit d'aimer,
&ne doutant nullement qu'elle
ne fuſt belle , il ſoûpiroit déja
- pour la beauté qu'il luy donnoic
luy meſme. Il ne ſçavoit point
du tout qui elle eſtoit. Il y avoit
peu de temps qu'il logeoit dans
la Maiſon qu'il occupoit alors ,
&, ainſi qu'il arrive ſouvent à
-Paris , il ne connoiffoit point fon
- voiſinage. Il s'en informa , & apprit
que la Maiſon où il avoit vu
laimable Joüeuſe de Claveſffin ,
estoit tenue par un Gentilhom-
D6
:
84
MERCURE
me qui avoit trois Filles , & qui
vivoit à Paris , apres s'eftre retiré
du fervice. Le Cavalier l'alla
voir à droit de Voiſin. Il en fut
fort bien reçen , & vit les trois
Demoiſelles , qui ſans eſtre des
beautez régulieres , eſtoient toutes
trois fort agreables. Il y avoit
entre - elles peu de diférence
d'agrément. Si l'une avoit le vifage
plus joly , l'autre avoit la
taille plus fine ; ſi l'une avoit la
bouche plus petite , l'autre avoit
les yeux plus grands . Il en eſtoit
de meſme de l'eſprit. L'une réparoit
par une langueur douce ,
ce qu'elle avoit d'enjouëment &
de vivacité moins que l'autre .
Cette égalité de mérite embazaſſa
le Cavalier. Il s'eſtoit tenu
bien für que celle qu'il aimoit ,
eſtoit la plus aimable , & qu'à
cette marque il ne manqueroit
GALANT. 85
i pas de la reconnoiſtre ; mais par
malheur les trois Soeurs s'entre-
-valoient bien. Il eſt vray qu'il
- n'avoit qu'à laiſſer parler fon
coeur ; mais il avoit peur que ſon
coeur ne ſe mépriſt , & ne choiſiſt
pas juſte celle qui avoit joüé du
Claveffin , car c'eſtoit abſolument
à celle- là qu'il en vouloir.
Ainſi , quoy que la Cadette luy
paruſt la plus touchante par des
airs doux & languiſſans qu'elle
avoit, il n'oſa en croire tout- àfait
ce qu'il fentoit pour elle , &
il fufpendit fon choix juſqu'à ce
qu'il ſceuſt ſi c'eſtoit elle qu'il
avoit veuë de ſa Gallerie. Il crût
qu'il avoit un moyen infaillible
de le ſçavoir , en s'informantei
elle jouoit du Claveffin , mais il
ne put s'en éclaircir à la premieare
viſite ,& il partit bien sûr qu'il
aimoit l'une des trois , ſans ſca-
(
86 MERCURE
voir pourtant laquelle; mais fouhaitant
que ce fufſt la Cadette..
Peu de jours apres , il retourna
chez ſes aimables Voiſines , &
il rencontra heureuſement cette
Cadette dans la Chambre où
Teſtoit leClaveſſin. Ilne manqua
pas de luy dire qu'il n'y avoit pas
d'apparence qu'elle laiſsât cet
Inſtrument inutile. Elle en convint
, & auſſi tốt , comme il crût
que c'eſtoit elle qu'il avoit vûë ,
il ſedetermina à l'aimer.Les deux
autres Soeurs entrerent, & il les
trouva beaucoup moins belles.
Il eſtoit trop plein de la Cadette ;
& de fon Claveffin , pour ne la
prierpas d'en joüer. Elle s'endéfendit
fort modeſtement , & làdeſſus
l'Aînée dit que ſa Soeur ,
par les façons qu'elle faiſoit ,
donneroit lieu de croire qu'elle
eſtoit bonne Joüeuſe de ClavefGALANT.
87
י
fin, & que cependant la verité
-eſtoit qu'elles n'en joüoient pas
caffez bien toutes trois pour ſe
= -faire prier. Cette declaration embarraffa
de nouveau le Cavalier.
C'eſtoit trop que trois Soeurs
-qui jouaſſent du Claveffin. Il ne
pouvoit plus diftinguer celle qu'il
aimoit qu'à une ſeule marque ;
je veux dire, asla Robe de
chambre qui luy avoit vûë. Il ſe
ſouvenoit qu'elle estoit bleuë ,
car l'idée de toute ſon avanture
-luy eſtoit demeurée bien vive , &
il n'eſpera plus qu'en cette Robe
de chambre. Il conta à ces
Demoiselles que de fa Gallerie
Til en avoit vu une jouer du Cla-
-veffin , & qu'il avoit bien envie
de ſçavoir laquelle c'eſtoit. Il leur
-nomma le jour, mais elles ne s'en
fouvinrent point. Enfin il leur
demanda à laquelle des trois étoit
88 - MERCURE
laRobe de chambre bleuë . Il ſe
trouva qu'elle estoit à la Caderte
, mais que les deux autres ne
laiſſoient pas de la prendre quelquefois.
Ainfi il ne fortoit point
d'embarras . Claveſſin , Robe de
chambre , tout eſtoit commun
aux trois Soeurs . Ce n'est pas
qu'il ne ſe ſentit plus de penchantpour
laCadette,& qu'il ne
fût déja en état de l'aimer,quand
même ce n'eût pas été elle qu'il
cût vû joner , mais enfin il auroit
bien voulu que ç'eût été elle
, & peut-eftre c'eſtoit parce
qu'il aimoit plus qu'il ne penſoit,
qu'il avoit envie de luy pouvoir
appliquer l'agreable idée qu'il
avoit conçuë de la petite Joüenſe
de Claveſſin. Cependant il n'y
avoit plus de moyen de la demêler.
Il eût falu qu'il eût vû de ſa
Gallerie , les trois Soeurs joüer
GALAN T. 89
fe
1
コ
e
en Robe de chambre bleuë, pour
tâcher à reconnoître celle qu'il
avoit déja vûë ; mais comme il
n'étoit pas aiſé de faire cette ex
perience , il fut reduit à aimer la
Cadette, ſans avoir bien éclaircy
la choſe. Enfin il en vint au point
de ne douter plus que ce n'eût
êté ellepour qui ſon coeur avoit
fi fortement parlé , & les ſentimens
qu'il conçût l'aſſurerent
que ceux qu'il avoit conçus auparavant
ne pouvoient regarder
qu'elle. Il la demanda à ſon Pere,
& l'obtint ſans peine ; & cette
aimable Perſonne , depuis qu'elle
fut mariée , ne négligea pas le
Claveſſin , qui avoit fait pour elle
☐ les commencemens d'une Conquête
4 affez agreable
On m'a fait part d'un Sonnet
- que vous ferez bien- aiſe de voir.
Il eſt de Me de Maupertuis,Gen
१०
MERCURE
tilhomme de Normandie , qui
l'envoya le premier jour de l'Année
à Me Berthelot , Secretaire
des Commandemens de Madame
la Dauphine..
D
SONNET.
Ans se jour où par tout on
P commence l'Année
Par des voeux établis ſous de com
munes Loix ,
1
Soufrez que jusqu'à vous j'oſe porter
ma voix ,
Pour vous laſouhaiter tranquile &
fortunée.
Du plus rare bonheur voſtre vie est
ornée ,
Tout abonde chez vous , la Faveur,
les Emplois ,
L'Authorité , l'Estime ; & le plus
granddes Roys
GALANTM
90
コ
Donne un oeil favorable àvostre deftinée.
A
Mais ces titres d'honneurfuivis de
tant d'éclat ,
Cette belle fortune , & ce rang dans
l'Etat ,
N'ont jamais eu pour vous des appas
veritables .
Le feul bien qui vous touche , & qui
vous ſemble doux ,
C'est lors que vous jettezdes regards
favorables
Sur milleMalheureux qui périroient
Sansvous.
Voicy d'autres Vers de Mr
Petit de Roüen , que vous trouverez
fort agreable .
92 MERCURE
....
IRIS A LISANDRE .
MADRIGAL.
Evousvoisd'unoeilaffez doux,
Ie me plais fort àvous entendre,
Queveut dire cela , Lifandre ?
Aurois - je de l'amour pour vous ?
Puis qu'enfin Caliste est partie ,
Puis- je profiter du moment ,
Et luy dérobant un Amant ,
Surprendre voſtre ſympathie ?
Toutſemble autoriser cette nouvelle
ardeur.
Caliste est éloignée ; &moy , je suis
préſente.
Tandis que la place est vacante
Parlez , la pourroit on remplir dans
vostre coeur ?
REPONSE.
Vous pouvez tout ,
aimable
GALAN T.!!
932
?
Le plaisir de vous voir m'enchante ;
Si mon coeur n'est pas déja pris ,
Iesens qu'il n'en perd que l'attente.
Tandis que Calište est abfente,
De qui le puis- je mieux remplir
Que d'un Objet d'une beauté charmante?
It a déia pour vous poufféplus d'un
Soupir.
Ie vous parle ſans artifice.
Entrez , entrez-y donc , pourjamais
n'en fortir ,
Il est fort àvoſtreſervice.
REPLIQUE
Sur les meſmes Rimes .
E beau Régale pour Iris ,
S'il est vray qu'elle vous enchante,
De ne voir voſtre coeur encor qu'à
demi pris , e
Et de languir dans cette vaine at
tente!
94 MERCURE
Tandis que Califte eſt abſente ,
Dequoy le puis jemieux remplir,
Dites-vous ? En effet, lafleurette est
charmante!
Lifandre, ce Tandis ne vautpas un
Soupir.
C'est me dire fans artifice,
Qu'à son retour vous m'en ferez
Sortir,
Et que le pis-aller est fort à mon
Service .
REPONSE A LA REPLIQUE.
coeurn'est Ris,mon coeurn pas deces coeurs
du vulgaire ,
Qui n'ont qu'un seul apartement ;
Plus d'une agreable Bergere
Ypeut loger commodément.
Entrez-y donc , &hardiment.
Que fivous pretendezestrefa feule
Hôtesse
Jeleveux bien ; mais en ce cas,
GALAN TA
95
Que le vostre àson tour iamais ne
S'intereffe
Pour Tircis, ny pour Lycidas.
Quoy que beaucoup de Parties
ſoient neceſſaires à un parfait
Orateur , il y en a deux qui
contribuent ordinairement plus
que les autres à luy attirer ces
nombreuſes Aſſemblées, qui mettent
en reputation ceux qui parlent
en public. Il en eſt traité
dans le diſcours dont je vousenvoye
une copie . L'Autheur nous
cache ſon nom , mais il ne peut
4
cacher ſon eſprit . Lifez , Madame
, & vous ferez de mon ſentiment.
2 23
$
960 MERCURE
V
:
DE L'ART
ORATOIRE .
Ce n'est pas affez qu'un,Ora
teur ait de l'esprit pour rai-
Sonnerjudicieusement , & pour parler
avec politeffe ; qu'il ait de la
memoire,pour prononcer un Discours;
il faut de plus qu'il ait un exterieur
agreable , afin de persuader, &de
plaire à mesme temps. Nos fensfont
les premiers Iuges qui connoiffent
d'une Oraiſon. On ne peut gagner
ces fuges que par l'action & par
la parole, C'est pourquoy l'on veut
bien traiter icy de l'une &de l'autre
, mais d'une maniere nouvelle,
&qui ne fera peut- estre pas au def-
Sous de l'Eloquence moderne.
La
1
GALANT.
97
La Parole n'a jamais plus de
charme , que quand elle plaiſt aux
oreilles , ce qui dépend principalement
de la voix ; & comme rien
n'apprend micux à conduire la voix,
que laMusique , on ne fait pas difficulté
d'avancer que la Musique
feroit neceffaire à un Orateur. La
propoſition n'est passi hardie, qu'on
ne puiffe bien lafoutenir.
Pour l'Action, commesa beauté
dépend du geſte , & que le gestene
Se regle que par les diverſes ſituations
du Corps , on peut dire que
pour avoir des geſtes bien compofez,
ilfaut avoir appris àdancer.
Il paroît d'abord furprenant,pour
ne dire pas abfurde , qu'on veüille
fairefervirla Musique & la Dance
à l'Art Oratoire ; & une telle
propofition merite bien un peu d'éclairciſſement.
La Musique est utile à un Ora-
Ianvier 1683 . E
98 MERCURE
teur pour la conduite de ſa voix ,
dont les inflexions doivent s'accom.
moder àla diverſité des Sujets qu'il
traite . Ceux qui ont donné desprereptes
fur l'Art Oratoire , conviennent
qu'on doit élever plus ou moins
la voix aux diférentes parties d'une
Oraiſon ; que l'on doit continuer,&
finir autrement que l'onne commence
; qu'onn' w'agite pas toutes les paf.
ſions d'une égale maniere,&qu'ainfi
on ne garde pas toûjours le mesme
ton de voix dans le Discours. Ily a
des tons propres à certains fentimens
; d'où vient qu'on parle autrement
en colere que de Sang
froid ; d'où vient que la joye & la
triſteſſe s'expriment diverſement ,
&que l'on ne répond pas toûjours
Sur le mesme ton que l'on est interrogé.
On peut remarquer que les
divers tons de voix viennent fouvent
ינ
diferentes paſſions quinous
YON
GALANT.
99
1
agitent; & les paſſions dépendent
quelquefois des humeurs que domite
nent dans nos corps , tandyrode
raport entre le corps & l'eving
raport est d'autant plus fort , que
c'est la Nature elle- mefme qui l'a
formé. Auſſi on nesçauroit separer
les paſſions des humeurs. C'est pour
cela que les Paroles font les images
de nos pensées ,&qu'elles nous expriment
au dehors ce que nous fentons
au dedans. La Parole est éloquente
, selon qu'elle s'accommode
aux oreilles de ceux qui l'écoutent.
Je diray plus. Les fons mesme peuvent
exciter en nous quelque paffion
; de forte qu'à la Guerre on
n'est jamais plus animé que par te
bruit du Canon , & par celuy des
Tambours & des Trompetes . L'Hiſtoirerapporte
qu'un Capitaine Grec
Sefervoiràl'Armée d'un Instrument
pourfonner tantoft la Charge , tan-
E 2
100 MERCURE
,
toſt la Retraite , ſuivant qu'il en
jooit d'une maniere élevée ou
tendre. L'expérience nous montre ,
que les plus beaux Sentimens perdent
toute leur force quand ils ne
Sont pas Soûtenus par une voix qui
leur foit propre. Les Comédies &
les Tragédies en Musique ne font
plus agreables que les autres , que
parce que le Chant y rend les paffions
plus naturelles. C'eſt là où l'on
Sent bien mieux qu'on ne le peut
dire , le raport qu'il y a entre la
douceur de la voix , & la tendreſſe
de l'amour , & où l'on éprouve qu'on
Se laiſſe aisément perfuader pardes
Sons , qui semblent faits pour nos
humeurs , & pour nos tempéramens.
Mais puis que l'Eloquence n'est pas
moins utile au Barreau qu'à la
Chaire,on peut remarquerdes exem.
ples moins profanes. La Religion ne
nous enpreſente- t'ellepas de tresGALANT.
IOI
* beaux dans l' Ancien Testament , où
Dieuſembloit se plaire aux Cantiques
& aux Instrumens ? La Mufique
n'est pas moins agreable dans
l'Eglise , puis que quand elle y est
bien chantée , elle éleve l'ame à
Dieu , & luy donne , s'il faut ainsi
dire , un avant - gouft des plaiſirs
du Ciel.
La Dance est utileà une Perſonne
qui doit parler en public , non
Seulement pour luy fortifier les organes
de la voix ( comme nous apprend
Démostene qui prononçoitfouvent
un Difcours à haute voix en
montant avec violenceſur une haute
Montagne ) mais encore pour luy
former une action qui n'ait rien de
géné ny de contraint ; d'où vient
qu'anciennement les Orateurs par
-loient en public fur des Galeries ;
&à leur exemple en Italie lesPrédicateurs
preſchent encore dans de
L
E
3
102 MERCURE
grandes Chaires , où ils peuvent
facilement se promener , & avoir
une action libre . On ne voudroit pourtant
pas donner un Orateur Italien
pour modelle à un François . Un Ita-
Lien feroit plas propre à former un
Bouffon de Theatre , qu'à faire l'ornement
d'une Chaire. Ilfaut de la
moderation & de la retenue dans
l'action.C'est pourquoy l'action Françoise
estsi agreable. Elle n'est point
contrainte ; elle est libre , hardie ;
elle s'accommode au Discours ,&n'a
que des mouvemens naturels. On ne
doute pas que les gestes ne foient
quelquefois aussi éloquens que les
Paroles . Pour marque de cela , l'Inquisition
d'Espagne a esté obligée de
défendre la Sarabande , à cause
qu'elle excitoit trop les paſſions. On
peut dire que le geste est proprement
L'ame de l'action. En effet , Ciceron
ne fit pas difficulté ( pour perfeGALANT.
103
4
ctionner son geſte ) de consulter
long- temps des Comediens , comme
des Gens qui font profeſſion de plaire
par là . Il n'y a que la Dance qui
puiffe faire acquerir cette perfection
degefte qui estsi propre àpersua
der , qu'on tient que Socrate n'apprit
àdancer fur la fin deses jours,
qu'afin de pouvoir profeffer la Phi
lofophie avec une action plus libre
&plus insinuante .
Cependant pour tirer quelque
fruit de ceDiscours , ilfaut remarquer
qu'on n'entend pas impofer icy
aux Orateurs une neceffité abfoluë
de chanter & de dancer. On pré.
tend ſeulement leurfaire connoître
combien le Chant& la Dancepourroient
leur estre utiles pour gagner
un Auditoire , s'ils en sçavoient
faire un bon usage; la Musique fervant
à parler d'un ton propre à perfuader,
foit en fléchiffant la voix
E4
104 MERCURE
dans les diferentes paſſions , foit en
Iaccommodant aux parties du Difcours
, aux Auditeurs , & au Liew
où l'on parle ; & la DanceServant
à fortifier le geste , à donner une
fituation naturelle au Corps , à enbardir
l'Orateur , à le faire parler
de bonne grace , & d'une maniere
ngreable ; de forte qu'il est à préfumer
qu'avec une voix & une
action reglées parla Musique &
par la Dance , on auroit acquis deux
belles diſpoſitions à perfuader &à
plaire dans l'Art Oratoire.
Les Airs de Violon qui étoient
dans ma Lettre du mois paffé ,
ayant efté trouvez beaux , j'en
ay fait graver une Suite que je
vous envoye. Vous trouverez le
veritable nom de l'Auteur dans
la meſme Planche. Je dis veritable
, parce qu'on le donna peu
correct la derniere fois ,& qu'on
GALANT.
105 :
(s
{
ymitdes lettres pour d'autres . A)
peine a t'il eu le temps de revoir
cette ſeconde Planche de ſes
Airs , eſtant party pour retourner
auprés de Mr l'Electeur de
Saxe ſon Prince , qui veut l'employer
pour les divertiſſemens
du Carnaval .
Ie vous ay déja parlé des ſuperbes
Ecuries du Chaſteau de
Verſailles. Leur magnificence &
leur grandeur , ont dequoy donner
de la ſurpriſe & de l'admiration
à tous ceux qui les regardent.
Le Roy y mena le mois
paſſeMadame la Dauphine,pour
luy en faire voir la beauté. Rien
n'eſt égal à la propreté avec laquelle
ontient les Chevaux dans
res Ecuries.Ce Prince commença
par la Grande. M' le Grand
l'attendoit à la Porte , & aprés
l'avoir reçeu à la defcentede fon
106 MERCURE
Carroffe,il luy préſenta un Foüer
& une Houffine . Sa Majesté prit
la Houffine , & fit en ſuite le
tour. Elle vit tous les Chevaux
demain demanége , &les Coureurs
qu'Elle monte quand Elle
va à la Chaffe. Le tout fut trouvé
admirable. Madame la Dauphine
qui ſuivoit le Roy à pied,
menée par M' le Maréchal de
Bellefond , ne pouvoit ſe laſſer
d'admirer l'ordre avec lequel Sa
Majesté eſt ſervie dans cet endroit.
De là ils rentrerent dans
leur Carroffe , & allerent voir
la Petite Ecurie , qu'ils ne trouverent
pasmoins belle ; la quanrité
d'Attelages de Carroſſe de
ChevauxEtrangersqu'on n'avoit
jamais veus en France , & celle
des Coureurs que Sa Majesté y
tient pour ſa Perſonne , comme
auffi ceux de Monſeigneur le
GALANT.
,
-
107
Dauphin qui en occupent une
partie , la rendant admirable ..
Madame la Dauphine paroiffoit
tres fatisfaite , & le parut encor
- davantage,lors qu'elle entra dans
la Sellerie. C'eſt un endroit où
l'on tient tous les Harnois des
Chevaux de Selle que monte
Monſeigneur leDauphin. On ne
peut rien voir de plus magnifique
ny de plus propre. Les Houſſes
en broderie , & galonnées ,
étoient rangées dans de grandes
Armoires qui laiſſoient voir leur
beauté & leur richeſſe. Les Selles
étoient auſſi en tres-bon ordre,
avecun Billet au bout de chacune.
Ce Billet faiſoit connoiftre
pour quel Cheval elle eſtoit. Les
Brides ne furent pas moins admirées
. Toutes ces chofes firent
la Cour de Medu Mont, qui étoit
alors en Normandie , puis que
108 MERCURE
c'eſt à luy que l'on en doit la
propreté & le bel ordre . Me du
Mont eſt un Gentilhomme , qui
a eſté nourry Page de la Chambre
du Roy , & qui s'eſt toûjours
diſtingué par l'application qu'il
a euë à bien faire ſes Exercices,
& par une ſageſſe naturelle . Sa
Majesté , aprés l'avoir mis quelque
temps dans ſes Gardes du
Corps , luy donna la conduite de
l'Ecurie de Monſeigneur le Dauphin.
Il s'en acquite fi bien, que
les agréemens qu'il reçoit de ſes
Maiſtres ,doivent luy donner une
tres-grande fatisfaction .
Au fortir de la Petite Ecurie,
Sa Majesté mena Madame la
Dauphine,Monſeigneur le Dauphin,
Monfieur, & Madame,tous
dans un mesme Carroffe , au
Manége decouvert , où M² le
Comte de Brione fit la Charge
GALANT. FO
de Grand Ecuyer , en montant
un des plus beaux Chevaux que
☐ l'on puiſſe voir . Il luy fit faire diverſes
paſſades , qu'il alloit toujours
finir devant le Roy. Aprés
luy , on vit paroître dans la Carriere
M'le Prince Camille ,ſecond
Fils de Mr le Grand , & Frere de
M le Comte de Brione. Quoy
qu'il n'ait encor que douze ans,
ou environ , il mania deux ou
trois Chevaux avec une adreſſe
ſurprenante. Mr du Pleffis, comme
Premier Maiſtre, entra aprés
cesdeux Princes . Il eſt inutile de'
parler de fon adreſſe, puis qu'elle
eſt connuë de tout le monde. M
Deneau , Second Maiſtre , parut
aprés Mr du Pleffis , & fit à fon
ordinaire , c'eſt à dire qu'il s'attira
beaucoup d'aplaudiſſement.
Monſeigneur le Dauphin, qui ne
pût voir tant d'habiles Gens à
Irl(OL
MERCURE
cheval, ſans ſentir une loüable
émulation , fortit du Carroſſe de
Sa Majeſté. Un Page qui alloit
paroiſtre à cheval , luy donna ſes,
Eperons , & ainſi en Bas de ſoye,
il en monta deux avec une vigueur
admirable. Il leur fit faire
des choses qui ne marquerent
pas moins ſa force que ſon adreffe,&
dont le Roy fut tres-fatisfait
M le Grand Admiral le releva,
& comme il réüffit à ſouhait , &
que M' du Pleſſis en prend de
grands foins, il parut un des plus
beaux Hommes de cheval que,
nous ayons . On fit en ſuite monter
cinq ou fix Pages du Roy, qui
par leur adreſſe firent voir le
fruit qu'ils retirent des Leçons
de Medu Pleffis. Ily en eut quelques-
unsqui monterent des Sauteurs.
Mr le Comte de Brione en
monta un , qui donnoit de la terGALANT.
reur à tous ceux qui le voyoient,
& & qui oſoient s'en approcher à
portée.On ne vit jamais un Cheval
de cette force. La nuit qui
furvint , mit fin à ces Exercices
.
Henry de Matignon , Comte
de Torigny , proche Allié des
Maiſons de Soiffons , & de Longueville
, Lieutenant General de
- la Baſſe- Normandie, & Gouverneur
de Cherbourg , de Granville
, de S. Lo , & des Iflesde
Chauzay , mourut à Caën la nuit
du 27.au 28. de Decembre,dans
le temps qu'on croyoit qu'il fuft
hors de peril . Il avoit dormy tranquillement
juſques à minuit. A
fon réveil , il ſe fit donner fon
Crucifix , & aprés avoir dit des
choſes fort chrétiennes ſur ledevoir
des Hommes envers Dieu ,
il demanda l'abſolution,&mou112
MERCURE
rut aufſi- toſt qu'il l'eût reçeuë. Il
avoit eſté long temps Mestre de
Camp du Regiment du Roy de
Cavalerie , où il avoit paru avec
gloire, & il s'en eſtoit demis entre
les mains de M'de Torigny
fon Frere , à préſent Mt de Matignon.
Il n'a laiſſé que deux Filles
, dont l'Aînée à épousé le
meſme Me de Torigny ſon Oncle
; & la Cadette , Mr le Marquis
de Seignelay , Miniſtre &
Secretaire d'Etat. Feu M² de Matignon
ne s'eſt jamais démenty
dans aucune occafion , ſur l'exate
fidelité qu'il devoit à ſon
Prince , ayant toûjours efté dans
les plus grands Troubles inviolablement
attaché à ſon devoir,
Il faiſoit de grandes& continuelles
aumônes , & Meffieurs fes
Freres ſuivoient fon exemple. Il
a fondé par ſon Testament , un
GALANT.
3
1I1I
Hôpital ſur ſes Terres. Cet Hôpital
paroiſtra dans peude temps.
Il a imité en cela pluſieurs de ſes
Anceſtres. Je vous ay déja parlé
de Mr de Torigny l'un de ſes
Freres ; les autres font , Mr. de
Gaffé , Succeſſeur d'un Frere du
meſme nom qui fut tué à la Bataille
de Senef; & Meſſieurs les
Eveſques de Liſieux, & de Con-
- dom. Feu Mr de Matignon estoit
- Beau - Frere de Mt le Comte de
- Cogny , Gouverneur de Caën ,
Commandant du Regiment Royal
de Cavalerie , & de Mr le
Marquis de Névet , qui a eſté la
terreur des Rebelles de Bretagne.
Ie n'ay rien a adjoûter à ce
que je vous ay dit pluſieurs fois
de l'illustre Maiſon de Matignon.
Nous avons perdu dans le même
mois Mr du Mats , Maré-
2
?
114
MERCURE
chal des Camps & Armees du
Roy ; & Gouverneur de l'Iſle
de Ré .
Madame des Marais , Fille de
Mr Berrier , Secretaire du Confeil
, & Femme de M' Huraut ,
Comte des Marais , eſt auſſi morte
depuis peu de jours. Elle n'avoit
que 32. ans. De pareilles
morts nous font tous les jours
connoiſtre , que nous n'avons
point de jours aſſurez , & qu'il
n'y a rien qui pafſſe ſi viſte. C'eſt
une pensée que vous trouverez
exprimée d'une maniere fort ſpirituelle
dans le Sonnet que vous
allez voir. Il eſt fait ſur le ſujet
d'un Torrent, qui a eſté propoſé
dans quelqu'une de mes Lettres..
GALANT. I
רי
コ
ISUR UN TORRENT.
SONNET.
Miroir waste & pompeux des
plus belles journées,
Tu me fais concevoir par ce rapide
cours,
Que comme tu te perds apres ces
grands détours ,
Un cours presque inſenſible emporte
mes années.
Apeine les reçois- je , ellesfont terminées.
L'instant de leur croiſſant m'enmarque
le détours;
Enfin,comme tes eaux,elles sont tous
Les jours :
Rapides,fans retour , orageuſes , bornées.
116 MERCURE
Mais tu m'inſtruis de plus parta rapidité
,
Que je cours dans leſein de la Divinité
,
Si i'ay le coeur exempt d'attache criminelle;
Que suivant les moyens qui doivent
m'y mener ,
Iediſpoſe mon cours à la Source eternelle
,
Puis qu'en estant forti, ie doisy retourner.
Mr Hubin, Emailleur du Roy,
fi connu dans toute l'Europe par
les yeux poſtiches, & par les belles
lumieres qu'il a dans la nouvelle
Phyſique , eſt de retour
d'Angleterre , où il eut l'honneur
de preſenter au Roy un Thermometre,
& un Barometre de fa faGALANT.
117
çon. Comme Sa Majesté Britan-
- nique entend parfaitement bien
la belle Philoſophie : Elle prit
plaiſir à voir toutes les Experiences
de la peſanteur de l'air,
qu'il fit avec ſon adreſſe accoûtumée.
Mª Hubin répondit ſi ſolidement
à toutes les ſçavantes
- objections du Roy, que ce Prince
declara hautement qu'il l'avoit
convaincu de la peſanteur
de l'air . Il a apporté d'Angleterre
pluſieurs Phoſphores ou Matieres
lumineuſes , deſquels il a fait
preſent à M' Comiers ſon ancien
Ami, qui a bien voulu m'en faire
voir les Experiences.
Le Phosphore ſec , ſemble un
morceau d'écorce d'Orange.Il ſe
conſerve dans l'eau commune. Il
fume ſi tôt qu'on l'a mis à l'air,&
lors qu'on en a écrit ſur un papier
blanc , il ne paroît rien au
118 MERCURE
jour ſur le papier ; mais dans
l'obſcurité l'écriture paroît tout
en feu , & dure pluſieurs heures.
On n'a qu'à s'en frotter le viſage,
&il paroît auſſi tout en feu. On
n'en reffent pourtant aucune
chaleur.
L'autre Phoſphore eſt liquide.
On en met un pouce de hauteur,
dans une fiole de verre cylindrique
de cinq pouces de hauteur,
& fermée tres- exactement avec
unbouchon de verre, qui eſt une
Invention admirable que Glauber
publia en l'année 1651. dans
la cinquiéme Partie des Fourneaux
Philofophiques. Ce Phofphore
liquide eſt de couleur
orangé.Si dans un lieu obſcur on
Louvre tant ſoit peu la bouteille ,
on voit deſcendre une lumiere
tres- agreable qui la remplit toute
entiere,& par le moyen de cette
GALANT.
119
lumiere on peut diſtinguer les
lettres d'un Livre.Lors qu'on bouche
bien la fiole , cette lumiere
- ceſſe peu à peu , & enfin on ne
voit plus rien , à moins que de
rouvrir la bouteille .
Mr Comiers,en me faiſant voir
l'effet de ces deux Phoſphores ,
m'a afſuré que le Phosphore de
Baldoüin , qui imbibe la lumiere
du Soleil du Feu ,& de l'Air éclairé,
eſt un eſprit de nitre fait avec
de la craye, avec lequel on oingt
un corps blanc tres- poreux , tel
que celuy des Coupelles qu'on
faitdes cendres d'os brulez ; &
que le liquide ſe fait avec le ſel
noir , car eſtant diſtilé dans l'obfcurité
, on voit monter des ruifſeaux
de feu dans la cucurbite ,
leſquels ruiſſeaux de feu deſcendent
par l'alembic dans le récipient.
Ily en a qui le font avec
120 MERCURE
unehuile , ou foulfre concentré
& exalté d'urine de Bûveurs de
Biere.
Il m'a en même tems communiqué
la Lettre de M' Hubin le
cadet , Chirurgien de l'Hôpital
Royal de Londres , dattée du 9.
Decembre 1682. Elle contient
pluſieurs chofes extraordinaires
trouvées à l'ouverture du Corps
du Prince Robert , appellé dans
les Païs Etrangers le Prince Rupert.
Je vous promis la derniere
fois de vous parlerde fa mort , arrivée
à Londres le 9. Decembre,
& il eſt juſte que je vous tienne
parole. Ce Prince avoit ſoixantetrois
ans,& eſtoit Fils de Frideric
V. Electeur Palatin , qui en 1613 .
épouſa Elizabeth Stuard , Fille de
Jacques I. Royde la Grand' Bretagne.
Ses Titres eſtoient Comte
Palatindu Rhin , Duc de Cumberland
,
GALANT. 121
-1 ,
berland , Comte d'Holderneſſe ,
Chevalier de la Jarretiere &
Conſeiller du Conſeil Privé du
- Roy d'Angleterre. Je ne vous dis
rien dela grandeur de la Maiſon
Palatine , qui ſans contredit ,
tient le premier rang apres la
Maiſon d'Autriche. Il eſt certain
que depuis l'an 1253. auquel
- Oton Vvitelſpach , furnommé
l'Iliuſtre Comte de Shiern , épouſa
Agnes , Heretiere du Palatinat
& de Baviere , ou que ces
Principautez eurent eſté données
à fon merite , ( car il y a diverſité
d'opinions fur cette acquiſition
; ) il eſt certain , dis-je ,
quedepuis ce tems , cette Maiſon
a poffedé ces deux grandes
Principautez,avec la qualité d'Electeur
, & de Grand Maître de
l'Empire. Elle a donné deux Empereurs
à l'Allemagne , un Roy
Janvier 1683 . F
122 MERCURE
au Dannemarck , à la Suede , &
àla Norvege conjointement , &
deux autres à la Suede ſeule, ſans
conter une infinité de Generaux
qui ont conduit des Armées en
Italie , en Hongrie , en France ,
en Angleterre , & en Dannemarck.
Le corps du Prince Robert
, accompagné de pluſieurs
Chevaliers de la Jarretiere , &
de quantité de Perſonnes du
premier rang, fut porté le 16.du
même Mois, du Palais de Vveſtminſter,
à l'Abbaye, & reçû à la
Porte de l'Egliſe par le Doyen ,
& les Chanoines de Vveſtrinſter,
qui avec les Chantres, & les
autres Officiers du Choeur , le
conduifirent à la Chapelle de
Henri VII . où il fut inhumé
avec les Princes de la Famille
Royale . M le Comte de Craven
menoit le Deüil , & un des HéGALANT.
123
コ
ros d'Armes portoit ſa Couronne
& fon Ecuſſon.
r
Pour revenir à la Lettre de
■ Mr Hubin le cadet , il mande à
M' Hubin ſon Frere , que lors
qu'onouvrit le corps de ce Prince,
on luy trouva dans le bas de
Ventricule droit du coeur, un os
comme celuy de la premiere
phalange du petit doigt , & de
conſiſtance fort folide,&dans le
Rhein gauche , une pierre pefant
deux onces & demie , de
forme triangulaire. On luy trouva
auſſi au defſſous du Crane, un
os de la grandeur & épaiſſeur
d'une piece de quinze ſols , de
couleur blanche , & de confi
ſtance fort ſolide , dans un lit
que la Nature luy avoit fait entre
les deux Peleüvres de la fubſtance
cendrée du cerveau , qui
eſtoit tout - à - fait détachée du
E 2
124 MERCURE
Cane.Mr Perfe, premier Chirurgien
du Roy d'Angleterre, ayant
preſenté à Sa Majesté ces os du
coeur & du cerveau , & cette
pierre des Reins, eut ordre de les
mettre dans le Cabinet de ce
Prince , qui eſt rempli de mille
productions extraordinaires de la
Nature.On porta en même tems
au Roy , un Animal fort monſtrueux
, qui tient de la nature
du Chat & du Rat , & en effet il
eſt produit de l'une & de l'autre
eſpece ; fçavoir , d'une Chate &
d'un Rat, duquel cette Chate en
adéja fait deux portées.
Le même M' Comiers m'a auſſi
affure , que le Samedi 9. de ce
Mois , il avoit eſté avec Mle
Prince de Borghezy , &M Hubin
l'aîné , dans la Rue Jean-Robert
, à l'ouverture d'un Enfant
à deux têtes, & à quatre bras, &
GALANT.
125
10
S
e
qui n'avoir que deux jambes , le
tout bien formé ; & ce qui eſt en
cor ſurprenant, c'eſt que la Metre
accoucha enſuite d'un autre
Garçon , qui ſe porte fort bien ,
ainſi que la Mere. Il m'a promis
eune ample Relation de cet accouchement
, avec la Figure de
cet Enfant monstrueux. Je vous
en feray part de Mois prochain .
Je vous parlay il y a un mois
d'un Météore. Voicy des nouvelles
d'un autre,qui ſemble ne rien
prédire que d'avantageux. Le
Mardy 15.du dernier mois, il parut
fur le Château d'Hombourg ,
Frontiere d'Allemagne , un Feu
clair & fort brillant, qui tomba du
Ciel en forme de fusée volante .
Il formoit pluſieurs étoiles , & l'on
entendit un bruit , tel que celuy
d'un coup de Canon , & enfuite
un autre moins grand, comme ce-
F 3
126 MERCURE
luydes ſalves de Mouſqueterie ,
ce qui dura preſque un quart
d'heure. La fumée produite par
ce Feu estoit en forme de nüée,
& alloit de l'Occident à l'Orient.
On y remarqua la figure d'un
Dauphin.
Il ne ſe paſſe aucun mois, pendant
lequel on ne démoliffe quelques-
uns des Temples , où ſe
faiſoit l'exercice de la Religion
Pretenduë Reformée. Les ordres
que Sa Majesté donne pour cela,
font toujours fondez fur de fi
juſtes raiſons , que ceux que de
pareilles démolitions touchent le
plus , demeurent d'accord qu'il
leur feroit impoffible d'en trouver
pour y répondre. Celle du
Temple de S. Jean d'Angely , fut
ordonnée le 4. de ce mois par un
Arrest du Conseil d'Etat , &
L'exercice de cette Religion in
GALANT.
127
terdite dans la Ville . Ses Habitans,
qui en faifoient preſque tous
profeſſion , s'eſtant revoltez ſous
Charles IX. qui leur avoit pardonné
, oublierent la grace qu'ils
avoient reçeuë par ce pardon ; &
en 1621. ils refuſerent encor
d'ouvrir leurs Portes au feu Roy .
On les afſiegea , & après une
défenſe opiniâtrée, ils furent contraints
de ſe rendre à diſcretion .
Sa Majesté les punitde leur revolte
en faiſant raſer leurs murailles
, & les privane de tous
leurs Privileges. Celuy qui leur
permetroit de profeſſer publiquement
leur Religion, eſtoit un des
principaux. Cependant ils en
avoient toûjours continué l'exercice
ſans en avoir obtenu aucune
permiſſion du Roy. Il a eſtéauſſi
ordonné par le Conſeil , que le
Temple de Bazac dans le Dioce
E 4
128 MERCURE
ſe de Sarlat , & celuy de Garreau
en Xaintonge , feroient démolis.
Si le Roy donne ſes ſoins à la
converfion des Pretendus Reformez
, quantité de Perſonnes de
ceParty travaillent de leur coſté
à leur converſion particuliere,
en recevant les Inſtructions ,
qu'on cherche par tout à leur
donner avec un zele tout Apoſtolique.
M² de Veſc , Fils de
MeffireMary de Veſc , Seigneur
de Veſc , Compſtruinas , & autres
Lieux , abjura le s . de ce
mois aux Iefuites de la RuëS.Antoine
, entre les mains du R.Pere
de la Chaiſe. Il avoit eſté inſtruit
par le Pere Droüet , leſuite au
Novitiat. Me de Montauban ,
Lieutenant de Roy au Comté
de Bourgogne , Mr de Montanegre
, Lieutenant de Roy en LanGALANT.
129
guedoc , & pluſieurs autres Perſonnes
de qualité , y estoient
préſens , comme Parens de M
de Veſc , qui a fuivy l'exemple
de ſon Frere aîné . Le Roy a donné
ordre à Mr de Fourbin d'équiper
ce dernier, & de luy donner
place dans ſes Mouſquetairés.
C'eſt icy une occafion de vous
parler de Madame de la Primaudaye
, Veuve du Seigneurde ce
nom , d'une des plus qualifiées,
Maiſons d'Anjou , morte depuis
quelque temps en fon Château
de Lyon en Beauffe , dans ſa
vingt-cinquième année. Elle eſt
regretée de tous ceux qui ſe connoiſſent
en merite & en beauté,
peu de Femmes ayant jamais eu
des qualitez auſſi eſtimables pour
l'eſprit & pour le corps.Ses Amis
fouhaitoient avec une paſſion
F
130 MERCURE
extraordinaire de la voir changer
de Religion ; & fans doute
ils auroient eu cette joye , fi dans,
les derniers momens, de ſa vie,
toute ſa famille n'euſt mis divers
obſtacles à ſa converfion , qu'elle
meditoit depuis long-temps.
Elle ſe trouvoit fi fort diſpoſée à
executer un deſſein ſi avanta
geux à ſon ſalut , que quelques
mois avant fon deceds , elle entendit
trois fois la Meſſe dans la
Sainte Chapelle,en la prefence,
& à la perfuafion d'un de ſes plus
intimes Amis , auquel elle proreſta,
qu'elle ne mourroit jamais
dans la Religion de ſes Anceſtres
juſque-là même , qu'elle
eat toûjours depuis ce temps- là
un Crucifix dans ſa Chambre,.
&pluſieurs Tableaux de devotion
. Elle a laiſſé des Enfans fort
jeunes , dont on a lieu d'eſperer
こ
GALANT.
131
beaucoup, s'ils peuvent ſe retirer
de l'abîme où ils ſe trouvent malheureuſement
engagez . Les Armes
de ſa Maiſon ſont , un Ecuf-
Son en champ d'azur , chargé de
Fleurs de Lys d'or fans nombre , &
une Pate de Griffon d'or traverſant
l'Ecuffon , couronné d'une Couronne
de Comte ; pour Suports , deux Salamandres.
Sa Deviſe , Le Feu est
mon élement.
La perte de cette aimable Perſonne
a jetté dans une extréme
conſternation une grande foule
d'Amis qu'elle avoir. Le Sonnet
qui fuit fur cette mort , eſtde
l'un d'eux.
N
SONNET.
Lle n'est plus au monde , &le
Ciel l'a ravie
De ce coup imprévû,Paſſans, verſez,
des pleurs
F6
132 MERCURE
La mort , dont on ne peut éviter les
rigueurs ,
Triomphe impunément des beaux
jours de Sylvie.
Elle estoit de fon Sexe , & la gloire
& l'envie ,
Ses vertus la faisoient regner fur
tous les coeurs ;
Etfes appas estoient fuivis d'Adorateurs
,
Quandla Parque coupa la trame de
favie.
D'un trépassi cruel , tout l'Univers
en dewit ,
Par des regrets publics honore fon
Cercüeil ;
Mais moy qui luy jurois une ardeur
toute entiere ,
Qui ne trouvois qu'en elle un veri
table bien
GALANT.
133
Puis-je voir ſes beaux yeux privez
de la lumiere ,
Et diférer d'unir mon triſte fort au
fien ?
Le Roy qui parmy tant de
Sujets d'admiration qu'il donne
de jour en jour , conſerve une
modeſtie qui n'a jamais eu d'égale
, entendant parler à ſon retour
d'une Chaffe , ceux qui avoient
l'honneur d'eſtre auprés de luy ,
de quelques Places que l'on affiegea
pendant la guerre de Flandre
, & leur impoſant toûjours
filence fur ce qui le regardoit
perſonnellement ; quelqu'un ne
laiſſa pas de prendre la liberté de
le faire ſouvenir , que le voyant
monter ſur la Tranchée au Siege
de Tournay , il avoit osé luy
prendre les jambes pour le faire
rentrer dans la Tranchée , tan
134 MERCURE
disqu'un autre luy ôtoit ſon chapeau
couvert de plumes blanches.
Sa Majeſté s'adreſſa à Mr le
Duc de S. Aignan, & luy dit que
c'eſtoit tout ce qu'il auroit pû
faire à quoy ce Duc répondit,
que ceux qui ſe trouvoient de
ſa ſuite dans ces fortes d'occaſions
, étoient trop heureux ,puis
qu'au moins ils ſe voyoient le
foir hors d'inquietude pour les
perils auſquels Sa Majesté s'étoit
expoſée le jour ; & le matin
, pour les dangers qu'Elle
avoit courus la nuit ; mais que
pour luy qui paſſoit preſque tout
ce temps- là aux ſoins qu'il devoit
au gouvernement du Havre , il
n'avoit point de veritable repos,
connoiſſant le courage du Roy,
& le mépris qu'il faiſoit desdangers
.Cette converſation finit par
les louanges qui furent données
GALAN Τ.
135
à ces quatre Vers , que ce Duc
fit Inpromptu.
Grand
AU ROY.
Rand Roy , dont tout le monde
admire la valeur ,
Je dois me conſoler de n'avoir pû
vous fuivre. 1
La crainte de vous voir avec tant
de chaleur
En danger de mourir , m'eust fait
ceffer de vivre.
Il eſt aisé de voir par ces Vers,
que quelque proteſtation que
M² le Duc de Saint Aignan ait
faite de n'en faire plus , il luy
ſera difficile de s'en empeſcher,
quand il s'agira de la gloire de
Sa Majeſté .
Il eſt arrivé ces derniers jours
une choſe que vous trouverez
136 MERCURE
1 ,
fort finguliere. Pluſieurs Perfonnes
conſidérables par leur naiffance
& par leur mérite , s'eſtant
rencontrées dans une Maiſon,où
il ne vient ordinairement que
des Gens choiſis on y parla
d'abord de Nouvelles ; & un
Mariage qui s'eſtoit fait le matin
dans la Paroiſſe voiſine , fut
mis auſſi - toſt ſur le tapis. Quelques
loüanges ayant eſté données
à la Mariée , la Dame.chez
qui cette Affemblée ſe tenoit ,
dit que quoy qu'elle fuſt de fon
quartier , elle ne l'avoit jamais
veuë , mais qu'elle en avoit toûjours
entendu parler d'une
maniere fort avantageuſe. Làdeſſus
une autre Dame qui prétendoit
la connoître , s'étendit
fur fon mérite. Elle ne trouva
perſonne qui fuſt contraire à ſes
fentimens tant qu'elle vanta
2
GALANT.
137
l'agrément de ſon eſprit , & l'égalité
de ſon humeur ; mais elle
- n'eut pas ſi- toſt ajoûté qu'elle
-étoit de ces belles tailles que l'on
diftingue par tout , que trois ou
quatre Perſonnes de la Compagnie
dirent à la Dame qu'on
avoit lieu de douter qu'elle la
connuſt, puis que la Mariée dont
il s'agiſſoit , eſtoit plûtoſt petite
que grande, quoy que d'une taille
aiſée & bien priſe. La Dame
s'en fit redire le nom ; & comme
elle eſtoit fort ſeûre que la Demoiſelle
qu'on luy nommoit s'étoit
mariée ce meſme jour dans
la Parroiſſe qu'on avoit marquée
d'abord , elle répondit qu'à la
verité elle n'avoit avec elle aucun
commerce qui la luy eût
fait connoiſtre particulierement;
mais que l'ayant veuë pluſieurs
fois aux Tuileries & ailleurs , il
138 MERCURE
eſtoit impoffible qu'elle ſe trompast.
En meſme temps elle en
voulut faire le Portrait plus exa
tement , & dit qu'elle avoit le
viſage affez rond, les yeux bleus,
le teint fort vif , & des cheveux
blonds les plus beaux du monde.
Les mêmes Perſonnes qui
l'avoient déja combatuë fur la
grande taille , la combattirent
encor bien plus fortement fur
cette peinture. On foûtint que
la Mariée en queſtion avoit les
cheveux fort noirs, le viſage ovale
; & la difpute commençoit à
s'échauffer , lors qu'un Cavalier
entra connu de la Dame pour
Amy du Pere de la Demoiselle.
La Dame luy demanda auſſi toſt
s'il ſçavoit que la Fille de ſon
Amy eſtoit mariée. Il répondit
qu'il venoit d'apprendre que le
Mariage s'eſtoit fait avantle jour;
GALANT.
139
& fur la priere qu'on luy fit de
-vouloir dire comment la Mariée
eſtoit faite , il la peignit grande,
avec des yeux bleus , & des cheveux
blonds. Ceux de l'Aſſemblée
qui ne la connoiffoient
point , ne ſçavoient que croire,
de voir des Gens entierement
oppoſez ſur le même fait. Dans
- ce moment ſurvint une Dame ,
qui ayant appris le ſujet de la
diſpute , s'offrit à la terminer
comme eftant Amie particuliere
de la Mariée. Elle la fit brune
, d'une taille médiocre ,
luy donna un viſage ovale . Des
Portraits fi diférens euſſent caufé
de longs embaras , fi par hazard
quelqu'un n'euſt nommé
le Marié , qui estoit Homme de
Robe. Alors la Dame , qui avoit
toûjours ſoûtenu que la Mariée
eſtoit grande & blonde , dit
140
MERCURE
qu'elle ne ſçavoit plus de qui
l'on parloit , puis que la Démoi
ſelle qui estoit de ſa connoiſſance
, avoit épousé un Officier qui
par de fort longs ſervices s'eſtoit
acquis beaucoup de réputation
à l'Armée . On s'informa de la
Ruë où demeuroit cette Mariée;
&comme elle ſe trouva diferente
, felon qu'on parloitde lablonde
ou de la brune , on connut
enfin que deux aimables Perſonnes
portant toutes deux le mefme
nom , s'eſtoient mariées le
mefme jour de tres grand matin,
&dans la mesme Paroiffe . Cela
parut fort nouveau , & fit parler
long-temps de l'une & de
l'autre.
Loüis -César de Bourbon , Comte
du Véxin , Légitimé de France
, eſt mort le Dimanche 10.de
ce mois , fort regreté de tous
GALANT.
141
- ceux qui l'ont connu. Il n'avoit
que dix ans , & quoy qu'il euſt
paſſé les premiers jours de ſa vie
dans des incommoditez continuelles
, il avoit avec un eſprit
extraordinaire une capacité fort
au deſſus de fon âge. Il eſtoit
déja capable des plus hautes
Sciences , & il ſe donnoit ſi entierement
à l'étude , qu'on peut
dire qu'il fatiguoit tous ceux qui
avoient eſté mis auprés de luy
pour l'aider ; de forte que s'il
avoit vécu , il y a ſujet de croire
qu'il auroit eſté un grand ornement
de l'Etat Eccléſiaſtique où
il eſtoit deſtiné . Si ce Prince s'amuſoit
quelquefois à jouer , &
ſe divertiſſoit des choſes , qui
font le plus ſouvent toute l'occupation
des Perſonnes de fon
âge , il ſemble que ce n'eſtoit
que pour obeïr à la Nature , à
1427
MERCURE
,
qui ce petit relâchement étoit
neceſſaire . Ce qu'il a ſouffert
pendant ſa derniere maladie eſt
incroyable mais la conſtance
avec laquelle il a ſouffert ne ſcauroit
ſe concevoir. Il vit le peril
où il eſtoit avec une fermeté digne
des plus grandes Ames , &
la connoiffance qu'il en eut ne
ſervit qu'à luy faire ſonger à l'au -
tre vie , & à faire des actions
méritoires pour le Ciel. Il demanda
avec beaucoup d'emprefſement
qu'il luy fuſt permis de
faire ſa premiere Communion.
Il la reçeut des mains de Mr le
Curé de S. Germain l'Auxerrois,
& remplit d'étonnement M' I'Evefque
de Meaux , & le Pere
Confeffeur du Roy , avec toUS
ceux qui ſe trouverent à cette
Ceremonie , qui admirerent en
meſme temps ſa connoiffance ,
GALAN Τ. 143
>
ſa fermeté , & ſa devotion. M
l'Archeveſque de Paris luy donna
l'Extréme- Onction , & s'em
- retourna furpris , & édifié , d'avoir
trouvé dans ce jeune Prince
, ce qu'on demande dans les
Chreſtiens les plus éclairez , &
les plus réſignez . On ne remarquoit
en luy rien qui ne fut
grand , & qui ne fiſt defirer
pour la Terre , ce que le Ciel
vouloit luy ravir. On ne luy cacha
pas un inſtant l'état où il
eſtoit ; mais s'il parut ſouhaiter
la vie , il ne fit rien que pour la
mort . Aprés qu'il eut reçeu tous
ſes Sacremens , ont eu quelque
eſperance que les voeux d'une
infinité de Perſonnes qui s'intereſſoient
à ſa conſervation , ſeroient
exaucez ; mais le peu de
jours que Dieu accorda à leurs
prieres , ne luy ſervit qu'à don144
MERCURE
ner à tous momens des marques
d'une entiere reſignation à fa
volonté , & à faire voir une conſtance
digne des plus grands.
courages , & digne veritablement
de l'auguſte Sang dont il
eſt ſorty , auſſi-bien qu'à faire
connoiſtre la ſolidité de ſon efprit
, & tout ce qu'on en devoit
attendre. Le jour de fa mort venu
, il l'enviſagea avec la même
intrepidité , & connut l'extremité
où il eſtoit , ſans autre regret
que de ne pouvoir pas fai-
're affez pour meriter le Ciel ;
mais il faiſoit ſur tout paroiſtre
une grande paffion de recevoir
le Saint Viatique , & la Benediction
de ſon Archeveſque , qui
arriva peu de temps aprés. Enfin
on peut dire qu'il ſe trouva,
comme il ſeroit à ſouhaiter à
tous les Chrétiens d'eſtre dans
ces
GALANT
145
ces derniers momens. Quelque
fort que fuſt le defir que ce
Prince avoit de communier avất
- que de mourir , il ne fut pas pofſible
de luy donner cette confo
lation , à cauſe de ſa foibleffe,
& de la violence d'une Auxion
qui l'étoufoit . M'l'Archevêque,
en preſence du Pere Confeſſeur
de Sa Majesté , luy parla comme
il a accoûtumé de parler , c'eſt
à dire , d'une maniere toute édifiante.
Il luy fit voir l'impoſſibilité
qu'il y avoit de le ſatisfaire,
& il le vit auſſi-toſt ſe ſoûmettre
à ſes raifons , avec une humilité
digne des Chrétiens les
plus parfaits . Ceux qui feront
ſon Hiſtoire , vous en diront da
vantage , & vous apprendront
des choſes qui vous étonneront,
quoy que vous ſoyez affez accoûtumée
aux événemens extraordinaires
.
Ianvier 1683 . G
146
MERCURE
Si toſt que Sa Majeſté eut appris
la mort de ce jeune Prince,
Elle deſtina de ſon propre choix,
l'Egliſe de S. Germain des Prez
pour le lieu de ſa Sepulture ; &
ordonna à M'de Seignelay , Secretaire
d'Etat , d'aller dés le
lendemain dans cette Abbaye,
pour convenir avec le Pere
Prieur , du lieu où le Corps ſeroit
inhumé. On choiſit la place
la plus honorable au milieu dụ
Choeur , entre l'Aigle & le Tombeau
du Roy Childebert , premier
Fondateur de ce celebre
Monastere . On travailla dés ce
moment à tous les preparatifs
neceſſaires . On tendit l'Eglife,
le Choeur , & la Nef , de quatre
Lais d'Etofe blanche ; & on
dreſſa devant le Grand Autel ,
une Repreſentation tres- magnifique.
Elle estoit portée ſur une
GALANT. 147
élevation de cinq degrez , &
couverte d'un Poële de Damas
blanc , croisé d'une Moëre d'argent
, & ſous un riche Dais
I de même couleur , chargé des
Ecuſſons du Prince défunt , &
orné de ſes Pommes & de fes
Crépines. Un tres grand nombre
de Chandeliers d'argent envi
ronnoit cette Repreſentation.
L'Autel eſtoit fort ſuperbement
paré. On avoit decouvert la
Contretable , ou Devant d'Autel
, qui eſt de vermeil doré ,
ſemée de Pierreries , d'un ouvrage
fort ancien & tres excellent.
Les Grandins eſtoient éclairez
par vingt- quatre Cierges de
Cire blanche , ſoûtenus par autant
de Chandeliers d'argent .
On fonna durant prefque toute
la journée les Cloches de la
groſſe Tour , qui font des plus
G 2
148 MERCURE
belles , & des plus harmonieuſes
du Royaume ; & fur les cinq
heures du foir , les Religieux de
cette Maiſon ſe diſpoſerent à recevoir
ce Corps , avec tout le
reſpect & toute la pompe qu'on
doitaux Princes de cette naiſſance.
Le Pere Bracher , Genéral
de la Congrégation , officia à
cette Cérémonie . Il eſtoit aſſiſté
d'un Diacre , & d'un Soûdiacre.
Quatre Chantres en Chapes l'accompagnoient
, avec le reſte des
Officiers ordinaires à ces Pompes
funebres . Plus de quatre- vingts
Religieux , chacun un Cierge
à la main , formoient une double
haye , qui occupoit toute la
Nefde l'Eglife , depuis la grande
Porte juſques à l'Autel. Mr le
Marquis de Seignelay arriva à
ſept heures & demie , & bientôt
aprés on vit venir le Carroſſe
1
GALAN T.
149
- qui portoit le Corps du Prince.
Voicy l'ordre de la marche du
Convoy. Soixante Perſonnes en
deüil de la Maiſon de Mr le Comte
du Véxin , eſtoient à la teſte ,
& tenoient chacun un Flambeau
de Cire blanche. Douze
Pages à cheval , de la Petite-
Ecurie, marchoient enſuite , précedez
de leur Gouverneur , &
portoient auſſi chacun un Flambeau
. Dix Grands , & dix Petits
Valets de pieds ſuivoient , avec
pluſieurs Officiers des Ecuries de
Sa Majesté , le tout montant
juſqu'au nombre de ſoixante. Ils
avoient tous des Flambeaux , &
environnoient le Carroſſe qui
portoit le Corps. C'eſtoit un de
ceux du Roy . Il eſtoit à fix Chevaux
, auffi -bien que trois autres
de Sa Majesté qui le ſuivoient.
Mr le Curé de S. Germain l'Au
G3
150
MERCURE
xerrois , & pluſieurs Preſtres de
la Paroiſſe eſtoient dans ce Carroffe
, & M² de Beringhen , comme
Premier Ecuyer du Roy, étoit
dans celuy qui marchoit enſuite.
Il y en avoit encor pluſieurs autres
, remplis d'un grand nombre
de Perſonnes qui compofoient
le Deüil.
Mr le Curé de S. Germain
l'Auxerrois préſenta le Corps du
Prince , & fit une Harangue en
Latin avec beaucoup d'éloquence.
Le Pere General , qui le reçeut
, luy répondit en la meſme
Langue. Les quatre Chantres
commencerent l'Antienne accoûtumée
, Subvenite , & l'on
porta le Corps ſur la Repréſentation.
Les Religieux précedoient
en ordre. Six d'entre eux portoient
le Corps , & quatre Aumôniers
ſoûtenoient les quatre
1
GALANT.
151
coins du Drap mortuaire. On
chanta enſuite les Veſpres des
- Morts , & à la fin on fit l'Inhu-
-mination avec les Ceremonies ,
& les Prieres accoûtumées. On
attacha fur le Cercueil de ce
jeune Prince , une Plaque de
Cuivre , fur laquelle on avoit
gravé ces mots.
TRES- HAUT , TRES PUISSANT
ET EXCELLENT PRINCE MONSEIGNEUR
LOUIS - CESAR DE
BOURBON , LEGITIME DE FRANCE
, COMTE DU VEXIN , DE-
,
CEDE LONZIEME ANNEE DE
SON AGE LE 10. Janvier 1683 .
Le 20. du meſme mois , on
celébra dans la meſme Abbaye
de S. Germain des Prez , par
ordre de Sa Majesté , un Service
tres- folemnel . L'Egliſe eſtoit pa-
১
G4
152 MERCURE
rée comme le jour de l'Enterre .
ment ; & ces Peres s'acquiterent
de cette Cerémonie avec toute
la devotion & la modeſtie qui
leur eſt ordinaire. Un Religieux
de cette ſçavante Communauté
a reçeu beaucoup d'aplaudiſſed'un
Eloge funebre Latin qu'il
a compoſé à l'avantage de ce
jeune Prince. Cet Eloge eſt fait
en maniere d'Epitaphe , & marque
les hautes eſperances qu'on
avoit fujet de concevoir de ſes
grandes qualitez.
Il y a du changement dans les
Officiers des Gendarmes Ecoffois.
M le Baron de Tauriac ,
qui estoit Enſeigne de ces Gendarmes
, en a eſté fait Capitaine
Sous- Lieutenant , en la place de
M le Marquis de Flamanville ,
qui a acheté la Charge de Capitaine-
Lieutenant des Gendar
GALANT.
153
mes Bourguignons , qu'avoit Mr
t le Comte de Broglio. M'le Comte
d'Onſeigne , Neveu de Mr le
Marquis de Pianeſſe , & Frere
de Mr le Marquis de Rivarole,
- qui estoit Guidon des meſmes
Gendarmes Ecoſſois , en eſt de-
- venu l'Enſeigne ; & M de Chan-
- rond , Neveu de Mr le Comte
d'Amanzé , a acheté le Guidon .
Comme jamais la gloire d'un
Souverain n'a eſté dans une fi
haute élevation que l'eſt aujourd'huy
celle du Roy , jamais
les évenemens heureux des autres
Monarques n'ont cauſéune
ſi ſenſible joye , que ce qui
arrive à Sa Majeſté. C'eſt par
là que toute la France a fait des
Réjoüiſſances ſi extraordinaires
pour la Naiſſance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Les Particuliers , qui ſont diftin-
GS
154
MERCURE
guez dans le monde par leur
efprit , apres avoir contribué à
Fallégreſſe publique par leurs
Feux , & par les autres démon.
ſtrations de joye , ont travaillé
fur cet auguſte Sujet. Mr Perrault
, fi connu dans l'Empire
des beaux Arts & des belles Lettres
, eſt un de ceux qui a témoigné
le plus de zele de toutes
manieres dans cette importante
occaſion. Il a fait paroître ſur
tout par un Ouvrage d'une invention
tres- particuliere , combien
il s'intéreſſoit dans le bonheur
de la France. Je ne puis
yous le donner icy tout entier,
parce qu'il occuperoit trop de
place dans ma Lettre. Je vous
diray ſeulement qu'il l'a intitulé,
Le Banquet des Dieux pour la Naiffance
de Monseigneur le Duc de
Bourgogne. Il feint que fur la fin
GALANT.
155
R
r
コ
1
de ce Celeste Repas , une Symphonie
de toutes fortes d'Inftrumens
, la plus grave & la plus
majestueuſe qui fut jamais , furprit
agreablement toute l'Affemblée
, & qu'aprés qu'elle eut
duré quelque temps , elle ceffa
pour faire place à une autre
Symphonie moins forte , mais
qui n'eſtoit pas moins agreable ,
& fur laquelle Jupiter chanta
ces.Versa isang Info
Vous avez fçeu , Troupe immor-
: L'agreable nouvelle
Qui rend de toutes part les Peuples
réjoüis ,
Et qui vient de combler le bonheur
Celebrons Pheureuse Naiſſance
Du Héros qu'en ce jour le Ciel donne
à la France
G6
156
MERCURE
Voicy ce qu'ajoûte l'Autheur
de ce meſme Ouvrage. Tous les
Dieux ayant repeté enſemble
ces deux derniers Vers , Jupiter
pourſuivitde cette forte.
:
C'est le fang de LOVIS , ce Roy
victorieux ,
Sous qui toute l'Europe tremble ,
Et qui nevoit rienſous les Cieux
Qui l'égale, ou qui luy reſſemble.
C'estpour lay queje vous aſſemble
Dans ce Palais délicieux.
Prenons part tous ensemble
Au bonheur d'un Hérosſi grand, ſi.
glorieux,
LeModelle des Roys, & l'Image des
Dieux.
Le Choeur des Dieux ayant
repeté les trois derniers Vers de
ce Couplet , & la grande Symphonie
ayant joüé encor quelGALANT.
157
que temps , Apollon prit ſa Lyre,
& chanta les Paroles ſuivanres .
Je voy dans l'Avenir , malgréses
replis fombres
Dont mes regards percent les ombres
,
De ce jeune Héros mille exploits
éclatans.
Iamais la Fable , ny l'Histoire ,
N'ont rien dit de plus beau dans la
Suitedes temps ,
Et rien négalerafon bonheur&Sa
gloire.
Les Muſes , qui s'eſtoientran
gées auprés d'Apollon , & qui
avoient fait avec leurs Inſtrumens
une Symphonie admirable
pendant qu'il chantoit , reprirent
les trois derniers Vers ; aprés
quoy , ce Dieu ſe tournant vers
elles, & les regardant,chantace
qui ſuit.
158 MERCURE
Combien de fois les Exploits de
LOVIS , Factor
Que vos beaux Vers àjamaisferont
vivre ,
Vous ont- ils les yeux ébloüis ,
Et causé la douleur de ne les pouvoir
Suivre !
Filles de Iupiter , avoüezentre nous,
Qu'aprés tant de chats de Victoire,
Et tant de Monumens d'eternelle
mémoire, la I
Le repos vousſembleroit doux.
Non, non, son immortelle Race
Suivra ſa glorieuse trace,
Il n'eſt point de repos pour vous.
Les Muſes ayant encor repris
les trois derniers de ce Couplet ,
Apollon continüa en cette ma-
१
"
Chantez cette aimable Princeffe
Dont le Cielafait choix pour l'Em
GALANT.
159
pire des Lys' ,
Qui par la Naiſſance d'un Fils
Le remplit de bonheur, de gloire ,&
d'allégreffe ,
Et rend tous ſes voeux accomplis.
Chantez cette Princeffe heureusement
féconde ,
Qui donne pour jamais des Roys à
tout le Monde.
Les Choeur des Muſes ayant
répeté ces deux derniers Vers ,
Venus & Mars chanterent ceuxcy
en Dialogue.
VENUS. storo
Que nous verrons un jour de Festes
de Ieux !
MARS.
Quenous verrons un jour de Combats
dangereux
160 MERCURE
VENUS.
Héros ne futjamais plus beau , ny
plus aimable ,
On ne pourra luy refuſerſon coeur.
MARS.
Héros nefut jamais plus grand,plus
redoutable ,
Tout fléchira ſous ſa valeur.
VENUS.
Ieunes beautez , craignezses
charmes.
MARS.
Braves Guerriers , craignezſes
armes.
VENUS .
Redoutez ſa douceur.
MARS .
Redoutez fon couroux.
VENUS & MARS.
Son fort fera mille Ialoux ,
Ilſera couronné de gloire
Par l'Amour, &par la Victoire.
GALANT. 161
1
Ce Dialogue finy , les Graces
ſe mirent adancer une eſpece
de Menüet; & en ſuite Bacchus
ayant le Verre en main ; ſe tourna
avec un air riant vers le
Buffet , & chanta ces paroles ,
en regardant Silene , & les Satyres.
Allons , mes chers Enfans , &vous,
Pere Silene ,
:
Qui nem'avésjamais abandonné
Buvons, buvons à Taffe pleine
Au Prince qui nous est donné.
Que chacun de ce jus enlumine ſa
trogne ,
Et faſſe honneur au Prince fortune
Du fameux terroir de Bourgogne.
Silene & les Satyres ayant répeté
les trois derniers Vers , Bac
chus pourſuivit.
162 MERCURE
Il vainera comme nous les Climats
de l'Aurore ,
Et le long du rivage More
Son Bras établira noftre Empire
divin , ..
Et fon foudroyant Cimeterre
Délivrera toute la Terre
De ce Peuple maudit qui ne boit point
de Vin.
t
)
La Feſte ſe termina par ces
Vers que Jupiter chanta ſur une
Symphonie grave & tres -
rieuſe.
fé-
Que de bonheur ! que d'abondance
!
Que de gloire , & que de repos
Aux peuples qui vivront ſous l'auguste
puiſſance
De LOVIS , de fon Fils , & du jeune
Héros
Dont nous celébrons la Naiſſance!
GALANT. 163
Iamais le Cielne vit unfi long cours
D'heureux fuccés , & de beaux
jours.
Tous les Dieux reprirent les
deux derniers Vers , & Jupiter ,
continüa .
Nous pouvons deformais dans une
Paix profonde
Ioüir de nos heureux deſtins ,
Et parmy les Plaisirs , les Ieux , &
les Festins ,
Nous reposer sur eux de l'Empire
du Monde.
:
Tous ces Vers ont eſté mis
en Muſique par M.Oudot , &
chartez à la Cour , où ils ont
receu beaucoup d'aplaudiſſemens.
C
Les Réjoüiſſances publiques,
pour la Naiſſance de Monfeii
>
4
164
MERCURE
gneur le Duc de Bourgogne ont
continué , & il s'en eſt fait de
tres - grandes à Tournon en Vivarez
, qui commencerent le 28.
Novembre. Je paſſetout cequ'on
y a veu de commun aux autres
Villes , pour vous parler du Feu
d'artifice que l'on avoit préparé
fur le Rhône. C'eſtoit une Machine
quarrée à trois étages. Sur
le plus bas , regnoient fur des
Pilaſtres quatre Corniches , où
l'on voyoit les Armes des Maiſons
de Vantadour , de Levy , de
Tournon , & de la Ville. Le ſecond
étage portoit de meſme ſur
des Corniches , les Armes de
Monſeigneur le Dauphin , de
Madame la Dauphine , & du
. jeune Prince ; & fur le plus haut
étage , s'élevoit une Pyramide ,
qui ſoûtenoit les Armes du Roy
à ſes quatre faces , & portoit ſur
GALANT. 165
-ſa pointe un grand Soleil , qui
un peu plus bas , en avoit deux
autres moins grands à ſes côtez .
Les Jeſuites firent une Feſte particuliere.
Parmy les Deviſes dont
ils ornerent leur Court , on remarqua
ces quatre ſur toutes les
autres.
La premiere eſtoit un Soleil au
milieu de deux Parélies ,
Lux omnibus una.
La ſeconde , regardoit Monſeigneur
le Dauphin. C'eſtoit un
Parélie , avec ce demy Vers du
Poëte ,
Quantum instar in ipfo eft ?
Les deux autres eſtoient à
l'honneur du jeune Prince , &
avoient toutes deux le même
corps, c'eſt à dire , un Soleil naifſant.
L'une avec ces mots ,
Quid nonsi crefcat ?
L'autre avec ceux-cy.
166 MERCURE
Nafcitur orbi.
: L'Illumination que firent paroître
ces Peres , attira longtemps
les yeux & l'admiration de tout
le monde. On fut charmé fur
tout du Spectacle d'une Baluſtrade
de feu , qui regnoit le long
d'une Terraſſe du College , qui
domine le Rhône . Ce College
de Tournon eſt un des plus maguifiques
du Royaume. Il reconnoît
pour ſon Fondateur, le grand
Cardinal de Tournon , fi celebre
dans l'Hiſtoire ſous les Regnes
de François I. d'Henry II.
&de leurs Enfans. La Maiſon
de Tournon eſtoit des plus illuſtres
par ſon ancienneté , & par
ſes Alliances avec les premieres
Maiſons de France. Elle s'éteignit
en 1644. par la mort de Juſte-
Louis II. Maréchal de Camp
des Armées du Roy , & LieuteGALANT.
167
1
nant de Sa Majeſté dans les Provinces
de Dauphiné , & de Languedoc
, qui fut tué au Siege de
Philifbourg , où il ſervoit fous
Monfieur le Prince , de qui il
avoit l'honneur d'eſtre proche
- Parent. Madame la Ducheffe de
-Vantadour , fon Ayeule maternelle,'
en recueillir la Succeffion.
:
Parmy les diverſes Feſtes que
l'on a faites à Niſmes dans la
méme occafion , Mus du Préſidial
ſe ſont extremement diftinguez.
Aprés avoir donné à ſouper
aux Priſonniers, & fait chanter
le Te Deum dans la Chapelle
de leur Palais , ils en ſortirenten
Corps , & en habit de ceremonie
, precedez par la Baſoche ,
qui faisoit une Compagnie de
trois cens Clercs , ou Praticiens,
tous fort leſtes , & qui avoient
168 MERGURE
des Tambours , des Trompetes,
des Hautbois , & des Violons à
la teſtede leur Drapeau . La Maréchauffée
ſuivoit la Bafoche.
Les Huiffiers venoient enſuite.
Les Officiers du Préſidial , portoient
chacun un Flambeau de
Cire blanche. Aprés eux mar
choit le College des Avocats ,
auſſi en Robes. Quoy que ce
Corps foit libre , & qu'il n'ait
pas accoûtuméde ſe trouver dans
des occafions de réjoüiſſance , il
ne voulut pas manquer en cellecy
, pour mieux marquer la part
qu'il prenoit à la joye publique.
Le Corps des Procureurs marchoit
le dernier dans le même
ordre , & les uns & les autres
portoient auſſi des Flambeaux.
On avoit preparé dans la Place
de la Tréſorerie un fort beau
Feu d'artifice . C'eſtoit une Pyramide
GALAN T. 169
ramide de vingt pieds de hauteur
, appuyée ſur un grand Piédeſtal
, dont les quatre faces re
preſentoient les quatre Vertus
morales . Ce Feu réüſſit admirablement.
L'Obeliſque , au haut
duquel brilloit un Soleil , eſtoit
chargé de quantité de Deviſes,
queMe Graverel Avocat , & qui
eſt de l'Academie Royale , avoit
compoſées. En voicy les princi
pales.
L'Ecu de France ſur le dos de
deux Dauphins ,
Imperiamfiue fine.
Un Soleil , & dans les nuës
qui luy ſont oppoſées , deux Parélies
, l'un deſquels commence
àſe former ,
Surgit , non aliis Impar.
Un grand Lys couronné , &
un petit à chaque coſté , ſortant
de la tige,
Janvier 1683 . H
170
MERCURE
Nulli excelfitas major, par alluſion
àce que dit Pline en parlant du
Lys , Nulli Florum excelfitas major.
Un Anneau avec un gros
Diamant, accompagné d'un petit
à chaque coſté ,
Quò plures , co splendidior.
Une Aigle , tenant dans ſes
ferres un Aiglon , auquel elle
fait regarder le Soleil fixement,
Nec erit virtutis avita degener.
La Maffue d'Hercule fun la
Peau d'un Lyon ,
Non inferiora fequetur.
Un Grenadier , chargé de
quelques Grenades , avec une
Grenade qui n'est qu'en fleur ,
Regios affumet honores...
Un Vaiſſeau Fleurdeliffé , fur
les Mats duquel on voit ces Feux
qui preſagent le calme ,
Jubent spes effe ratas.
GALANT.
171
Un Lierre au pied d'un Pal
- mier , :
Scandet veftigia.
Une Aigle fort élevée en l'air,
au deſſous de laquelle il y en a
une plus petite qui vole auffi , &
fur terre une Aire , où l'on voit
un Aiglon qui bat des aifles ,
pour tâcher de volercomme les
autres.
Aliquando.
:
UnuNid d'Alcions fur la Mer,
Non opus atates Gallis orare fe
renas.
Un Flambeau allumé , auquel
une Main en preſenteune autre
pour l'allumer.obs
3
1
Splendore effulgebit codem
Vous m'avez demandé les
noms de ceux qui font venus faire
des Complimens à la Cour,
de la part des Princes leurs Maiſtres
, fur la Naiſſance du Prince
H 2
172 MERCURE
qui a donné lieu à toutes cesFeſtes
. Je vous les envoye ſelon
l'ordre qu'ils font venus. Je vous
dirois inutilement qu'ils font tous
d'un merite diftingué dans la
Courde leurs Princes , puis qu'on
n'en choiſfit point d'autres pour
venir dans celle d'un Souverain,
qui fait aujourd'huy l'admiration
de toute la Terre .
Milord Duras de Féverſham,
Envoyé Extraordinaire du Roy
de la Grand' Bretagne...
M' Graham , Envoyé de M'le
Duc d'Yorck .
Mr Ingelheim, Envoyé Extraordinaire
de Mr l'Electeur de
Mayence, de
Mr Vvitgenſteim, Envoyé Extraordinaire
de Me l'Electeur Palatindigmo
Mile Baron d'Alemagne , Envoyé
Extraordinaire de Savoye.
GALANT. 173
MªChapeaurouge , Député de
la Ville de Genève .
Mle Comte de Creange ,
Envoyé Extraordinaire de Baviere.
M leo Marquis de Castiglio
nés,Envoyé Extraordinaire de
Florence.
:: Me le Marquis de Briſſac, Neyeu
de Me de Briffac , Major des
Gardes du Corps, Deputé de la
Ville d'Avigno
Mr Sagramoſi , Envoyé Extraordinaire
de. Mantouë.
L Me de Shutz , Envoyé Extraordinaire
de Mile Duc de Zell.
Male Rhaugraff , Envoyé Extraordinaire
de Mr le Duc de
Hanover, S
Mr le Marquis de Gherardini ,
Envoyé Extraordinaire de Modéne.
Me le Comte d'Anguifciola,
ءال
3
174
MERCURE
Envoyé Extraordinaire de Parme.
Mr Imoff , Envoyé Extraordinaire
de Me leDuc de Vvolfembutel.
Dom Carlos-Antoniodel Catillo
, Envoyé Extraordinaire
d'Eſpagne .
Pluſieurs autres Souverains
ont envoyé aux Ambaſſadeurs,
& aux Envoyez qu'ils ont icy,
des Lettres de congratulation fur
la Naiſſance de Monſeigneur le
Duc de Bourgogne. Voicy un
Madrigal que cette Naiſſance a
fait faire à Mr Daubaine .
A MADAME :
LA DAUPHINE.
E
Nnous donnant un Prince, adorable
Princeſſe ,
Fendant tout l'anpafflévous nousfi-
Aes joyeux.
GALAN T.
175
:
Dien veuille en céluy- cy que pleine
d'allegreffe.
La Francepuiffe en conter deux.
Non , nous ne sommes pas au comble
de nos voeux..
Si parautant de Victoires gagnées
De l' Auguste LOVIS mous comptons
les journées ,
Nousvoudrions que dans cent ans,
Luy mesme comptastfes années
Parautant de fes Defcendans.
Comme je ſçay que vous eſtimé
beaucoup Mr Gallot, je vous
envoye une de ſes Piecesde Lut,
quim'eſt tombée entre les mains;
&que j'ay faitgraver. Cet habile
Maistre eſt revenu du long
Voyage qu'il eſtoit allé faire , &
qui a privé Paris des Concerts
qu'il donnoit tous les Samedis
au Public. Il les doit recommencer
dans peu de temps , & l'on
二
H4
176
MERCURE
aura le plaifir d'entendre cet excellent
Homme . qui réüſſit ſi
bien, tant pour la fineſſe du Jeu,
que pour la poſition des doigts,
&la propreté.
Si je ne vous parle pas tous
les mois des Chaſſes du Roy , ce
n'eſt pas que ce divertiſſement
ne ſoit ſouvent un de ſes plaifirs
. Comme l'exercice contribuë
beaucoup à la ſanté, & que celuy-
là, non ſeulement entretient
la vigueur , mais repreſente toûjours
une image de la Guerre,
ce Prince a l'ame trop martiale
pour l'abandonner. Il eſt ſervy
en ce qui regarde la Chaſſe,comme
en toutes les autres choſes,
c'eſt à dire d'une maniere admirable
, Mr le Duc de la Rochefoucaut,
Grand Veneur de France
, s'acquitant de cette Charge
avec le même zele , & la même
GALANT. 177
-ponctualité , que de celle de
Grand-Maistre de laGarderobe.
Rien n'eſt mieux imaginé que
l'ordre qu'il obſerve, & qu'il fait
obferver dans les fonctions de
l'une&de l'autre. Htient un Regiſtre
de tous les Cerfs qu'on
prend chaque année , des lieux
où ont eſté les Laiſſez - courres ,
du nom du Valet de Limier qui
Cardaiffé- courre ; comme auſſi du
lieu où le! Cerf a eſté pris ou
manqué . Jamais Homme n'a eu
plus d'attachement , & d'exactitude
que ce Duc , dans tous les
ſervices qu'il rend à Sa Majesté
Tous ceux qui ont l'honneur de
ſervir ſous ſes ordres , en reçoivent
beaucoup d'agrément. Feu
ME de Poids , qui a commandé
cet Equipage ſous ce Duc , a eu
longtemps ce plaifir, Il eſtoit
tres- capable de cet Employ , &
H
:
178 MERCURE
l'on a toûjours parlé, de luy, com
me d'un Homme fort experi
menté dans les choſes de Chaffe
dont il ſe méloit. Il mourut l'année
derniere de ſa mort naturelle
, après avoir fait cent cheûtes
terribles , inévitables pour
ceux de fa profeffion , & qui devoient
pluſieurs fois luy avoir
coûté la vie. Celuy qui luy a
fuccedé , n'entend pas moins
bien le meſtier de la Chale;
& Mt le Grand Veneur , quien
connoiſt la capacité & le merite,
n'a pas attendu longtemps aprés
Ja mort de Mt de Poids , à le
faire jouir du fruit qu'il pouvoit
attendre de ſes ſervices. Il fe
homme M² de Fourcy. C'eſt un
Gentilhomme bien fait , honne
fte , & judicieux. Il eſtoit da
temps de M² de Poids. l'un des
quatre Lieutenans , que Sa MaGALAN
T.
179
jeſté entretient dans cet Equipage
ſous le nomde Lieutenans.
Il tient auſſi un Regiſtre de tous
les Cerfs qu'on prend, chaque
année,avec le meſme ordre que
celuy de ſon Superieur. Il s'en
trouva l'année derniere cent de
foreez& pris , quoy que leRoy
n'euſt commencé à chaffer cet
te année- là que fur la fin de
Fevrier. L'année 1681. fut plus
forte de trois Cerfs . Mrs de la
Rochette , de la borde , de Varfenay
, & de Nonchelle, font
les quatre. Lieutenans dont je
viens de vous parler. Ils font
tres-habiles dans leur Employ.
Il ſeroit mal aiſe qu'ils ne le fuf
ſent , ayant un Chef auffi vigilant
& auſſi éclairé , que l'eſt M
le Grand Veneur.
J'ay veu des Lettres d'Amiens
qui portent , qu'il s'y eſt fait dé-
H 6
180 MERCURE
puis peu un Mariage tres - confiderable
, entre Mr le Marquis
d'Ally de l'ancienne Maiſon
d'Ally , & Mademoiselle de
Gouffier , Fille de Mr le Marquis
d'Epagny de l'illuſtre Maifon
de Gouffier. Toute la Province
a pris part à une alliance
ſi ſortable . La Ceremonie ſe fit
par Me l'Eveſque d'Amiens . M
l'Intendant y aſſiſta , avec un
grand nombre de Perſonnes de
qualité.
Dame Magdelaine de Beaumanoir
de Lavardin , Comteſſe
de Teſſé , Veuve de Meffire
René de Froullay , Comte de
Teſſe , Lieutenant General des
Armées du Roy , mourut icy fur
la fin de l'autre mois , âgée de
64. ans. Elle estoit Petite- Fille
du Maréchal de Lavardin , Soeur
de M'l'Evefque du Mans le der
GALAN T. 181
nier mort , & de m' le Marquis
de Lavardin , Pere de celuy d'aujourd'huy.
Elle a laiſſe deux
Fils , M² le Comte , & Mr le Chevalier
de Teſſé , tous deux Colonels
de Dragons. L'Aîné eſt Brigadier
General. Je vous ay fouvent
parlé de l'un & de l'autre.
Madame la Comteſſe de Teſſé
leur mere , eſtoit d'un merite
generalement connu .Jamais Femme
n'eut tant d'eſprit , de grandeur
d'ame , & de beauté tout
enſemble . On ne peut avoir plus
de distinction dans les Armes ,
qu'en a male Comte de Teſſé,
Brigadier , & Lieutenant de Roy
du Maine. Il est tres bien fait ,
& a épousé l'Heritiere de la
Maiſon d'Aunay auprès de Caën,
qui eſt une des meilleures , &
des plus anciennes de la Province.
Il y a une Abbaye dans
182 MERCURE
r
da Terne d'Aunay , fondée par
Deux de cette Maiſon. C'eſt M
Hüet de chez Monſeigneur le
Dauphin , qui en eſt Abbé prefentement.
- Je viens à l'Article des Jetons
que l'on fait batre pour eſtre diſtribuez
le premier Iour de l'An,
&dont je vous envoye toûjours
une Planche gravée dans ma
Lettre de Janvier.
こ
1.
Le Tréfor Royal. Cette Devife
repréſente une Urne , ſur laquelle
un Dieu de Fleuve eſt appuyé ,
&d'où fortent des eaux en abondance
, qui forment une Riviere
, avec ces mots de Virgile ,
Semperque recentes.
Cette Urpe eſt l'image du
Tréſor Royal , d'où les Finances
de Sa Majesté , toûjours inépuifables
, & toûjours nouvelles ,
r 183
BIBLIO
LYON
C
LA
our por-
:Royau-
: appuyé
y a quel
a'humain
x qui eſt
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diſtribuë
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1
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les ans entre pluieurs que
l'on luy préſente , font
イ
Le Trésor Royal
Les Bâtimens , LYON
Les Revenus Cafuels
L'Admirauté,
Et les Galeres...
*1893
182 N
Ja Terne
Deux de
Hüet de
Dauphit
fentemen
Je vie
que l'on E
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Le Tréf
repréſente
unDieu
(
&d'où for
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re ,avec ces mots de Virgile ,
Semperque recentes.
Cette Urpe eſt l'image du
Tréſor Royal , d'où les Finances
de Sa Majesté , toûjours inépuifables
, & toûjours nouvelles ,
GALANT. 183
coulent inceſſamment pour porter
l'abondance dans le Royaume.
Le Dieu du Fleuve appuyé
fur l'Urne, marque qu'il y a quelque
choſe de plus qu'humain
dans l'ordre merveilleux qui eſt
étably dans les Finances. Cette
Deviſe eſt de M' Quinaut , &
du nombre des cinq que M
Colbert choifit , & qu'il diſtribuë
aux Graveurs qu'il juge les plus
habiles. Mr Chéron a en cette
année le Tréſor Royal . Il a pour
fon droit deux mille cinq cens
livres. Les cinq Deviſes que Me
Colbert prend. ſoin de choiſir
tous les ans entre pluſieurs que
l'on luy préſente , font
こ
LeTréforRoyal
T
Les Bâtimens ,
Les Revenus Cafuels
L'Admirauté,
Et les Gaberes....
LYON
13
1
184 MERCURE
-Il faut pour le Tréſor Royal
huit cens Jetons d'or , & deux
mille fix cens d'argent. Ces.Jetons
ſont diftribuez par le Garde
du Treſor Royal en année. Vous
ſçavez , Madame , que ce grand
Employ eft remply par deux Perſonnes
qui fervent alternativement
, qui font Mr de Bertillac,
& du Metz . Me du Metz eſt entré
en exercice cette année. Cét
Employ n'eſt pas le ſeuldans lequel
il fert le Koy avec un zele
&une fidelité éprouvées depuis
fort long- tems .
Ce Jeton eſt pour la Reine. II
en faut fix mille cent d'argent.
Medu Vaux qui les diſtribuë, eſt
Tréſorier de la Maiſon de cette
Princeſſe.
La Deviſe eſt un Lys épanoüi ,
fur lequel des goutes de Lait
(
GALANT. 185
tombent du Ciel.Elle a été trouvée
parMr Vielle, premier Commis
de M Berrier .
Les Poëtes diſent que Iunon
ayant épanché quelques goutes
de Lait de ſes mamelles , des Lys
en fortirent. Ce leton a été gravé
par Mr Chéron .
III .
:
Les Revenus Cafuels. C'eſt un
Port de Mer , où l'on voit quelques
Vaiſſeaux , avec ces mots,
Tuti quos recipit.
Vn Port de Mereſt une image
parfaite des Parties Caſuelles, où
les Officiers qui ont eſté reçûs ,
font dans une entiere fûreté , &
ceſſent d'etre expoſez au peril
de perdre leurs Charges. La Deviſe
eſt de Mr Quinaut. Ce leton
a eſté gravé par Mr le Ferme. II
en faut cent d'or , & trois mille.
cinq cens d'argent. Mr Teſtu eſt
Treſorier .
186 MERCURE
1
I V.
-L'Admirauté. Vne Bombe , &
un Port de Mer. Cette Deviſe eſt
de Me Charpentier de l'Académie
Françoiſe , & a esté gravée
par Mt Rottier. Il faut quatre
mille cinq cens letons d'argent.
Mr Lubert eſt Tréſorier de la
Marine,
V.
Les Galeres. La Foudre , avec
ces mots,
Obluctantia quarit.
Comme c'eſt le propre de la
Foudre, de chercher de la refiſtance
, c'eſt auſſi ce que le Roy
veut que ſes Galeres entreprennent
, en attaquant tout cequ'il
yade plus redoutable & de plus
grand. La Deviſeeſt de Me Quinant
, & le leton gravé parM
Loir. Il en faut deux mille huit
censd'argent. M. Henrieſt Treforiers
des Galeres .
GALANT. 187
: :
VI.
L'Artillerie. CeJeton eft gravé
par Mr Aury.
VII.
Les Bâtimens.Un Apollon debout
, appuyant ſa Lyre ſur un
Pilaſtre , pendant qu'il ordonne
à des Ouvriers d'élever un Palais
,
Nec ceffat luftrare orbem.
Quoy que le Soleil , ou Apollon
qui repreſente le Roy , donne
ſes ſoins à faire bâtir , il ne
laiſſe pas d'éclairer le Monde.
On croit que cette belle Devife
a efté faite par M. Colbert. Elle
a eſté gravée par M Bernard. IH
faut ſeize cens lettons d'argent
pour les Bâtimens. Mr de la Planche
en eftoit Treſorier , mais il a
depuis peu vendu ſa Charge à
Mr Maneffier , qui entre cette
année en exercice .
188 MERCURE
Voicy des Vers qui ont eſté
fait pour la Deviſe des Bâtimens
de cette année.
Y
Dans le tems qu'il construit de pompeux
Bâtimensντρες α
De fon noble loisir lezers amusemens
,
Mais chef-d'oeuvres parfaits d'éternelle
memoire ,
Il ne ceffe , occupé de mille emplois
divers ,
De porter ſes ſoins &sa gloire .
Dans tous les coins de l'Univers.
Ordinaire des Guerres . Cette
Deviſe repreſente un Grenadier
,
Dat Fructus , datque coronas,
Rien n'eſt plus intelligible .
Mr Paparel en eſt Treſorier. Le
Ieton a eſté gravé par Me Chéron.
4
GALAN T. 189
:
IX.
Extraordinaires des Guerres . Un
Trophée d'Ames gravé par le
même Mª Chéron.
X.
La Chambre aux Deniers . Vn
Autel , ſur lequel il y a des Epis
deBled, des Fruits,& des Raiſins,
Primitia Superis.g
Cette Deviſe eſt du Pere Menêtrier
Jeſuite. Le Ieton eſt encor
gravé par Mr Chéron , ainſi que
eeluy qui fuit . Alaschey
Les Ponts & Chaußées. LaDe
viſe a ces paroles pour ame ,
-Vicit Iter durum
2
ΧΙΙ.
La Ville de Paris. Vn Lys, avec
deux Rejetons , s
Et ab unoflore quid ambo ?
Cette Deviſe eſt de Mide
190 MERCURE
Santeüil . Elle eſt gravée parM²
Aury.
ΧΙΙΙ.
Pour les Notaires. Cette Deviſa
eſt ſur le ſujet de la Naiſſance
deMonſeigneur leDucde Bourgogne
...
A
Quieta tempora damus .........
Elle eſt gravée par Mr Rottier.
XIV.
Pour les Gardes & Marchands
de Vin. Sept Vaiffeaux , & ung
Grape de Raiſin,qui font les Ars
mes de la Compagnie, avec une
Coupe ſurunAutch
Regum menfis , ariſque Deorum
La Deviſe eſt de M.de Sanzeüil
, & le leton gravé par Mr
Rottier.
XV
T
Huiffiers de Confeito parab
Pour les Etats de Bourgogne.
GALANT. 191
Le Signe du Belier ſur le Zodiaque
, avec ces mots ,
Noftrum uni exfuperis nomen.
Le Belier qui portoit une Toiſon
d'or , donna le nom à la premiere
Maiſon du Soleil. Ainſi la
Duché de Bourgogne , où l'Ordre
de la Toiſon a eſté inſtitué ,
a eu l'honneur de voir donner
fon nom au Petit- Fils Loürs LE
GRAND , dont le Soleil eſt le
Symbole. Cette Deviſe eſt deMe
l'Abbé Tallemant Intendant des
Deviſes. Elle eſt gravée parM
Chéron.
2
I'ay reçû fi tard le leton de
Madame la Dauphine , que je
ſuis obligé de le réſerver pour le
moisprochain.
Le Mardy 19.de ce mois, on fit
la Ceremonie de la Benediction
des trente Drapeaux du Regis
ment des Gardes. On avoit fait
192 MERCURE
un détachement de dix Moufquetaires
pour Compagnie , qui
font trois cens hommes , dont
trente furent poſtez avec trois
Sergens , aux trois portes du
Choeur de Notre- Dame , pour
empêcher la confufion , & les
deux cens foixante & dix au
tres Mouſquetaires firent une
hayedans la ruë,des deux côtez ,
à commencerdepuis la Porte de
l'Eglife autant que l'on ſe pût
s'étendre. La marche des trente
drapeaux ſe fit de cette maniere.
Le Tambour Major, vétu d'un
Iuft'au- corps bleu , galonné d'argent
, avec un Baudrier de Tabis
gris , piqué d'argent , fortit des
Tuilleries pour aller à Notre-
Dame , ſuivi de ſoixante Tambours
battans , veſtu de luftaucorps
bleus,chamarrez en Trompetes
de Galon de ſoye rouge ,
argent
GALAN T.
193
argent & bleu , des Livrées du
Roy. Ils avoient des Baudriers de
Buffe galonnez du même Galonargent
& bleu , des chapaux auſſi
galonnez , des Echarpes de ſoye,
avec des rubans aſſortiſſans au
chapeau, & à la cravate . On voyoit
les Armes du Roy fur leurs
Caiſſes. Enſuite paroiſſoit Me
d'Artagnan Major, à cheval, ſuivi
de Me de Montdegeorge , & de
Vitry , Aydes Major , & de Mrs
Luzancy , Vauroüy , Candot , &
Cliffon, Sous-Aydes Major, tous
àcheval.Soixante Sergens à pied,
fix de front , marchoient apres
eux, armez de leurs Hallebardes .
Ils eſtoient vétus d'un Iust'aucorps
bleu galonné d'argent , &
avoient un Baudrier de Buffe
galonné de même , la culote , &
des bas rouges , un chapeau gris,
avec un ruban couleur de feu à
Ianvier 1683 .
1
194 MERCURE
l'êpée & à la cravate. Les Trente
Enſeignes ſuivoient à cheval,
portant chacun leur Drapeau .
Ils alloient quatre de front , &
precedoient ſoixante autres Sergens
vétus comme les premiers ,
&ſuivisde foixante autre Tambours.
Quand ils arriverent prés
de Nôtre - Dame,M' le Major, ſes
Aydes , & les Enſeignes , mirent
pied à terre , & entrerent dans la
Nef, où les Sergens & Tambours
ſe mirent en haye à droit & à
gauche. Les Enſeignes & Drapeaux
occuperent dans le milieu .
Vn peu apres , Mr le Major &
ſes Aydes , avec les trente Enſeignes
& leurs Drapeaux , furent
reçûs dans le Choeur , où ſe
trouva Monfieur l'Archevêque
affis dans un Fauteüil au pied
des Marches du Maître Autel.
GALAN T.
195
Ce fut là qu'il fit la Ceremonie.
Le Drapeau blanc qui eſt pour
la Colonelle, eſtoit le premier. II
y avoit cinq Couronnes peintes
en or dans ce drapeau.Les vingtneuf
autres eſtoient de taffetas
bleu Fleurdelisé auſſi en or, avec
une Croix blanche où estoient
les cinq Couronnes. L'Enſeigne
qui portoit ce premier drapeau ,
ſe mit à genoux aux pieds de
Mr l'Archevêque , & ſe releva
apres avoir reçû l'Eau- benîte . La
meſme choſe ſe fit pour tous les
autres drapeaux .Enſuite Mr l'Archeveſque
ſe leva, & s'alla mettre
dans ſa Chaiſe Archiepifcopale,
où il dit les Oraiſons , avec
la Muſique . On y chanta le Veni
Creator ; & cela fait, on ſortit dans
le meſme ordre qu'on eſtoit enteé.
Lors qu'on fut hors de l'Egliſe
, chaque Compagnie des dix
I 2
196 MERCURE
Mouſquetaires & Sergens , qu'on
avoit poſtez en haye dans la ruë,
prit les Drapeaux d'entre les
mains des Enſeignes , & les emporta
chacune dans ſon Quartier
de Compagnie des Fauxbourgs
de Paris .
Mr Chaiffon, de Montelimart
en Dauphiné , s'eſtant rendu à
l'Arsenal le Lundi 25. de ce mois
y fit l'épreuvede ſa Poudre foudroyante
, en preſence de Mr le
Duc de Lude. Vn Canon de
l'Hôtel de Ville,du calibre de fix
livres de bale , y avoit eſté conduit.
Ille chargea de deux livres
de ſa Poudre renforcée , & puis,
de ſa Boëte foudroyante. Elle
avoit environ trois pouces de
diametre , & dix pouces en longueur.
Elle estoit de dix huit livres
de poids. La force de cette
Poudre porta la Boëte juſques au
GALANT
197
Moulin prés de Ville-juif, qui eſt
à une lieuë de l'Arsenal . Elle éclata
avec tant de bruit , & fit un fi
grand fracas , qu'on la peut nommer
un nouveau Foudre de
guerre.
Vous aurez ſans doute appris
que Mr le Marquis de Beauveau
a eſté reçeu Capitaine des Gardes
de Monfieur. C'eſt un Poſte
digne des Perſonnes de la plus
haute naiſſance. Auffi ce Marquis
eſt- it d'une des plus confiderables
Maiſons du Royaume.
Il eſt Frere de Me l'Eveſque de
Nantes , & a épousé depuis peu
Mademoiselle de S. André , âgée
de dix ſept ans . Cette jeune
Mariée a beaucoup d'eſprit , &
ſçait tout ce qu'une Perſonne de
fon Sexe peut ſçavoir pour eſtre
eſtimée parfaite.
La premiere des deux Eni-
I
3
198 MERCURE
gmes du mois de Decembre , a
eſté expliquée par ce Madrigal
de l'Albaniſte de Roüen.
Ans vous plaindre , Philis , des
rigueurs de l'Hyver ,
Approchez vous du feu , pourquoy
vous en priver ?
Si fa brûlante ardeur vous gaste le
visage ,
Mercure vous oblige au premierjour
de l' An;
Ilvous étreine d'un Ecran,
Vous pouvez le mettre en usage.
Ceux qui l'ont encore expliquée
ſur l'Ecran , ſont M's de la
Martiniere , d'Epoiſſe en Auxois ,
au Duché de Bourgogne ; De
Vallaunay , Sous - Brigadier dans
les Chevaux - Legers ; L. Serrant,
Curé de Nogent le Roy ; Louvart
, J. B. du Moulin , de la Ruë
GALAN T. 199
S. Denys ; Des Portes , Faillet ,
& Bailly , de la meſme Ruë ,
Pinchon , de Roüen ; D.Teſtard ;
Leger de la Verbiſſonne ; Crochat
, de Torchefelon en Dauphine
, Profeffeur és Mathematiques
, L'aimable Comte de C...
Penſionnaire au College de Harcourt;
& le Parifien ſolitaire du
Cabinet obſcur , de Tours , Mefdemoiselles
Serain; Marie Dourdilly,
de la RuëS.Denys ; Nanon
Provins, de laméme Ruë ; Made-
Ion Prouais ; Baron, de la Ruë
S. Bon ; Journet , de l'Hôtel des
Urfins ; Le Mary jaloux , de
Dreux; L'Amant tenebreux des
delices du bon Vin , d'Amiens ;
L'indiférend de l'aimable Philis ,
du Marais; L'indiférend chatoüilleux
de S. Germain en Laye, du
Quartier des Recolets ; Le Medecin
Amant de la belle manon,
14
200 MERCURE
de Xaintes ; le Roy , & la belle
Reine du ſecond Bal de la ruë de
la Verrerie , proche la ruë de
Mouffy ; la belle Lyſere , de
Dreux , la belle Terbocher , à
l'Anagramme Bel Aftre cher objet,
de la rue S.Victor ; la belle Edrobale
, de la ruë Grenier S. Lazare
; la charmante Brune du Faux-
"bourg Cauchoiſe de Roüen ; l'infidelle
mere de l'amoureuſe Fille
; l'Amante deſeſperée par le
peu de reſolution de ſon Pere ;
la Beauté Affriquaine , du Quay
de la megiſſerie ; l'aimable Catautdu
meſme lieu , ſa Maîtreſſe ;
la Blondine à l'Anagramme Afa
vûë il n'y a guere d'ame libre , de
devant l'Eſtrapade ;la Bergere de
la ruë Simon le Franc ; la Muſete
à l'Anagramme L'esprit hâté
délié, de la rue Grenelle ; l'aimable
future Champenoise ; &
GALANT. 201
fon inſenſible Soeur du Quartier
des Halles. En Vers , Mts Rault ,
de Roüen, Avice, de Caen, ruë de
Ia Harpe; Burel,de Vitré en Bretagne
; Carriere,du meſme lieu ;
le Secretaire du Parnaffe ; Forteau,
Avocat à Semeur ; Droüart
de Roconval ; & l'Ennemy d'amour
, à l'Anagramme l'Héroïne
m'y entraîne ; Mademoiselle Guillemete
manin , de Semeur ; la
Belle Priſonniere du Fauxbourg
S.Antoine; la Belle à l'Anagramhors
le merite , mefe n'aime rien
45
de la ruëde la Licorne ; la Blondine
à l'Anagramme Héroïne cache
d'attraits mortels , de la ruë
Trouſſe vache ; & la Brunete à
l'Anagramme H. M. est à ſa Cour,
de la meſme ruë ..
LeManchon & le Paravent ſont
les autres mots fur leſquels on a
expliqué la meſme Enigme..
15
202 MERCURE
M² Vignier de Richelieu a ren
fermé le vray mot de ſa ſeconde
Enigme dans cet autre Madrigal.
Noguecon pointed Lastes
Ous reconnoiſſons tous les jours
amours ,
Quand on aime, fût-ce uunneeGaupe,
Si l'on voit boire àſa ſanté,
Celuy qui s'en trouve enchanté ,
Ne ceſſe pas de dire Taupe.
Meſſieurs Bouchet,ancien Curé
de Nogent le Roy ; Vilain , de
Roüen ; Diéreville ; la ſpirituelle
Nanon du Pont S. Michel ; & le
trop patient Cavalier en amour ,
ont expliqué cette meſme Enigme
ſur le mot de Taupe.
Un Lièvre , une Bale ; un Verre
à boire , du Sel , & un Champignon,
ſont les autres ſensqu'on
luy a donnez. 1
GALANT.
203
J'ajoûte les noms de ceux qui
ont expliqué l'une & l'autre Enigme
. Mr Semulier , Maire de
Semeur en Auxois ; Conſtantin
Renneville , de Caën ; Mignot,
de la Court du Palais ; B. D. B..
à l'Anagramme Le Blond joly ,
Lieutenant au Regiment Royal
des Vaiſſeaux ; Le Grand , Controlleur
de la Porte Cauchoiſe à
Roüen ; Mademoiselle Aubin, de
la Ruë de la Verrerie ; M. D. B.
à l'Anagramme A midy je brille.
de la Ruë Villedot ; Les trois
Vierges de la Vigne , de la Ruë
groſſe Horloge de Roüen ; Le
Becot vermeil , de la même Ruë;
Tamirifte , de la Ruë de Cerifaye
; Le bon Gonneffier ; Les
deux Voyageurs d'Orient &
d'Occident ; La belle Blonde
de la Ruë neuve des Perits-
Champs ; La ſpirituelle Mere
16
204
MERCURE
des charmantes blondes de
Dreux ; La jeune Beauté de la
Ruë Pariſie de la méme Ville ;
La ſçavante Minerve de la Ruë
Monconſeil ; Les trois aimables
& belles Brunes , cheries d'Apollon
& des Muſes , de la Ruë
S. Denys. En Vers. Mrs de Flefſel
de Vermolet , d'Amiens ;
De la Tronche , de Roüen ;
Allard ; C. Hutuge d'Orleans ,
demeurant à Metz ; E. Foineau ,
Sous Chantre de la Cathedrale
de Vennes ; L'Amant diſcret &
fidelle ; Le Manan de la Belle
Etoile de la Ruë S. Antoine ;
Le Marquis inconnu de la belle
Françoiſe Iofephine ; L'aimable
à l'Anagramme La Guerre est
fur ma vie , d'Amiens ; & la
Nymphe de S. Paul , avec ſa
Suite.
Ie vous envoye deux nouvelGALANT.
205
les Enigmes. La premiere eſt de
Mr Germain de Caën ; & la feconde
, de Mr de la Barre de
Tours.
ENIGME.
Q
Voy que je fois formé d'une
matiere dure ,
Rien de durtoutefois n'entre enmon
aliment... ?
Mon corps plus long que large est
de telle figure ,
Que je n'ay que deux yeux, & deux
bras seulement .
f
Ces deux bras pour agir meferoient
inutiles ,
Sans l'aide de deux Soeurs , qui d'un
commun effort ,
Faifant de mon travail&lefoible
&lefort
1
206 MERCURE 1
(
Me promenent par tout dans les
Champs & les Villes.
Jefers également le Sujet & le Roy.
Que l'on me couvre d'or , qu'on me
charge d'ordure ,
>
Ien'enfaispas moins mon employ?
Et si quelquefois je murmure
Ce n'est jamais dema parure ?
M'estant indiférent quoy qu'on
mettefur moy.
AUTRE ENIGME.
J'Ay la mesme Mereque l'horma- me;
Chez mille Autheurs l'on me
compare à luy ;
Mon usage me rendſi commun au
jourd'huy
Qu'on me voit au Japon comme on
me voit à Rome
GALAN T. 207
Si je tombe , au moment qu'on me
donne le jour ,
Mon Pere par un heureux tour ,
Des débris de mon Corps fait une
Creature ,
Qu'on peut dire mon Frere ; admirez
mon amour!
Pour purger les défauts demapauvre
Nature ,
A peine ſuis -je fait , qu'on me met
dans lefeu;
I'y Souffre , j'y rougis , & je m'y
plains unpeu ,
Mais ma vie en devient & plus
forte, &pluspure.
Malgré mes foins pour plaire en
diverſes façons ,
Etmalgré les ſecours que je donne
àla vie
208 MERCURE
L'homme jamais n'a l'ame plus
ravie ,
Qu'en me voyant prés des tiſons.
7
Pour vous montrer combien j'aime
mon Pere ,
Je le nourris quand il m'a fait ,
Pour le produire, helas, ilentr'ouvre
: ma Mere
Et plus en me faifant fa main paroiſt
fevere ,
Et plus je fuis parfait.
Iefuis en bonne odeur ſelon qui je
frequente
Quelquefois jeſens bon , ſouvent je
Sensmauvais;
Je donne du dégoust , je donne des
attraits,
Selon que le casſepréfente.
3
GALANT.
209.
L'onde & le feu , qui ſont élemens
oppofez ,
Par mon moyen apprivoiſez ,
Paroiffent l'un & l'autre estre d'accord
enſemble ,
Quanddans mon corps j'aſſemble,
Un Tout de plusieurs composez.
t
Mais enfin , comme l'Homme , &
mortel , &fragile ,
Selon que j'ay fouffert pendant que
j'ay vécu ,
UnSoufle bien ſouvent , ou le moindre
festu,
Me tuë , & me rend inutile.
Monfieur de Bellievre , Marquis
de Grignan Confeiller
d'honneur au Parlement de Paris
, eſt mort icy le Mardy vingt210
MERCURE
fixiéme de cemois.Meffire Pompone
de Belliévre , qui aprés
avoir eſté Ambaſſadeur en Angleterre
, & Plenipotentiaire au
Traité de Paix conclu à Vervins
en 1598. fut fait Chancelier
de France par Henry IV.
laiſſa pour Fils Meſſire Nicolas de
Bellievre , Preſident à Mortier
au Parlement de Paris , Conſeiller
d'Etat , & Doyen du Conſeil.
DeNicolas de Bellievre ſont ſortis
, Meffire Pompone de Bellievre
, qui a eſté Ambaſſadeur en
Italie , en Hollande , & en Angleterre
, & Premier Preſident
au Parlement ; & Meffire Pierre
de Bellievre , qui eſt celuy dont
je vous parle , & qui a eſté auſſi
envoyé Ambaſſadeur en Angleterre.
Il eſtoit Abbé de S. Vincent
de Metz , & eſt mort âgé de
72. ans.
GALANT. 211
Monfieur Guitoneau , premier
Valet de Garderobe du Roy , qui
eſt mort quelques jours auparavant
, n'en avoit encor que qua
rante- fept . Il eſtoit fils de mon
fieur Guitoneau , l'un des pla
anciens Secretaires du Roy qu
nous ayons , & fort entendu dar
ce qui regardoit la fonction de ſ
Charge. Il ſervoit le Roy fort
fon gré. Auſſi en avoit- il reçe
des bienfaits conſiderables , pui
qu'il en tenoit une Abbaye , &
qu'il joüiſſoit outre cela d'un
Penſion confiderable ſur un au
treBenefice.
Voyez , madame , la diverſit
des choſes du monde. Les un
meurent jeunes , & les autres
tirent des bras de la mort da
un âge fort avancé. C'eſt ce q
arriva le dernier mois à Monfie
le Preſident Charreton , doi
212 MERCURE
vous me demandez des nouvelles.
Le bruit de ſa mort qui s'eſt
repandu juſqu'en voſtre Ville ,
ſemble avoir couru par tout .
Voicy ce qui a donné occaſion
à cebruit. Cet illuftre Preſident
eſtant follicitépar pluſieurs Perſonnes
de la premiere qualité ,
de ſe trouver à ſa Chambre un
jour que ſa ſanté ne le devoit pas
permettre , il ſe fit un devoir d'y
aller , pour rendre ſervice à ſes
Amis. A peine y fut- il arrivé ,
qu'il luy prit une foibleſſe qui
alarma tous ceux qui estoient
preſens , à cauſe de ſon grand
âge. Elle fut ſuivie d'une ſeconde
,qui parut encor plus dangereuſe
, & il en eut une troifiéme
ſi grande , qu'on la prit
pour l'effet d'une apoplexie. Au
bruit qui en courut d'abord au
Palais , la pluſpart des Preſidens
GALANT.
213
& des Conſeillers , vinrent s'informer
eux mêmes de l'état où
il eſtoit , & fa Chambre en fut
auſſi- toſt remplie . Monfieur le
Preſident de la Barde y vint des
premiers , & dans l'incertitude
du retour de ſa ſanté , il commença
ce qu'il avoit à luy dire,
par les choſes qui regardoient
ſon ſalut , & fut meſme ſur le
point de luy donner l'abſolution .
Vous ſçavez qu'il eſt d'Eglise ,&
revétu des caracteres neceſſaires
pour adminiſtrer ce Sacrement.
Mais le bon ſens , & une parfaite
connoiſſance que M² Charreton
conſerva toûjours , luy firent juger
que la choſe ne preſſoit pas.
On le remporta chez luy , où la
bonté de ſon temperament , &
ſa forte conſtitution , ont plus
ſervy à le rétablir , que toute la
ſcience , & l'habilité des mede
214
MERCURE
cins. Cela doit paroiſtre extraordinaire
dans un Homme de
ſon âge. Il eſt Sous- Doyen du
Parlement , où il fut reçeu Conſeiller
le 17. Ianvier de l'année
1626. c'eſt à dire , qu'il y a cinquante-
sept ans paſſez qu'il
poſſede cette Charge ; & ce
que vous trouverez d'aſſez fingulier
, c'eſt que M² de la Douze-
Charreton ſon Pere , qui
mourut Conſeiller de la Grand'
Chambre à Paris en 1625. avoit
eſté reçeu dans ſa Charge en
1584. Ainſi le Pere & le Fils,
ont quatre- vingts dix- huit années
de ſervice dans le Parlement
, ſans autre interruption
que celle de quelques mois ; &
comme il ne s'en manque plus
quedeux pour faire le ſiecle , Mr
le Preſident Charreton peut efperer
d'aller au delà .
GALANT.
215
Je ne vous ay point encor parlé
du retour de Mile Duc de
Noailles , quoy qu'il ſoit arrivé
dés l'autre mois, mais un peu indiſposé
, tant à cauſe de la fatigue
du chemin , que de la continuelle
application avec laquelle
il a donné tous ſes ſoins aux affaires
de Sa Majeſté. Je vous ay
fait le détail de ſon voyage , & de
tout ce qui s'eſt paſſe ſur ſa route
, & aux Etats de Languedoc.
Il ne me reſte à vous entretenir
aujourd'huy, que de ſa promptitude
pleine de zele à executer
les ordres du Roy pour le ſervice
de l'Eglife . Le Parlement de
Toloze , par Arrét du 16.de Novembre,
avoit défendu l'exercice
de la Religion Prétenduë Reformée
dans la Ville de Montpellier
, & ordonné que le Temple
qui y eſt , ſeroit razé juſqu'aux
216 MERCURE
fondemens , parce qu'au préjudice
de la Déclaration donnée en
1680. les Religionnaires avoient
reçû à leur Prêche , & même à
leur Cene , une Demoiselle qui
avoit fait profeffion de la Religion
Catholique. L'execution de
cet Arrés ayant eſté diferée ,
M le Duc de Noailles en fur
chargée par un ordre qu'il reçût
le premier jour de Decembre ; &
ce qui est fort remarquable , c'eſt
que dés ce meſme jour toutes les
choſes neceſſaires ſe trouverent
prêtes , non ſeulement pour ce
qui regardoit la démolition du
Temple, mais encor pour tout ce
qui pouvoit empêcher le deſordre
dans une pareille occafion ,
ceux meſmes qui en devoient
avoir de la joye , pouvant cauſer
quelque trouble parl'aviditéd'e-.
tre Spectateurs de ce qu'on alloit
executer.
GALAN T. 217
executer. M² de Noailles qui avoit
prevû à tout,trouva en peu d'heu.
res tous les Ouvriers dont il eut
beſoin. Il ſe rendit donc dés le
meſme jour à la porte de ce Temple,
accompagné de toute la Nobleſſe
des Etats de Languedoc
aſſemblez à Montpellier , & de
pluſieurs Bourgeois,& apres avoir
declaré les ordres du Roy, il donna
le ſignal , & vit commencer la
démolition ; apres quoy il monta
à cheval , & fuivi de ſes Gardes,
& de pluſieurs Gentilhommes ,
il paſſa dans toutes les ruës , où
tout eſtoit fort tranquille. La
Bourgeoisie eſtoit ſous les armes ,
&un détachement de la Garniſon
de la Citadelle gardoit les .
Portes de la Ville. Ce qu'il y eut
d'étonnant , c'eſt que le Temple
fut démoli en beaucoup moins
de tems que ne portoient les
Janvier 1683 .
K
218 MERCURE
ordres du Roy , tant Mr le Duc
de Noailles avoit pris des meſures
juſtes pour les faire executer
avec promptitude. Ces ordres ne
pouvoient tomber en de meilleures
mains que dans celles de ce
Duc. Quand on a une veritable
pieté , on ne s'applique à rien
avec plus d'ardeur qu'à ſervir
l'Eglife ; & quand on eſt honnête
homme, qu'on fait ſon devoir, &
qu'on n'a point une vertu farouche,
on eft aimé meſme de ceux
contre qui on eft obligé d'agir.
C'eſt ce qui eſt arrivé à Mode
Noailles, pour qui tout le Peuple
de Montpellier a fait des prieres,
juſques aux Religionnaires même.
Voilà comme les matieres
honnêtes ſçavent gagner tout le
monde. Tant que Monfieur de
Noailles a demeuré à Montpellier
, il a donné audience à tous
2 :
GALAN T.
219.
ceux qui ont ſouhaité de luy parler
, & il a plus vuidé d'affaires
en quelques jours , qu'on n'en
avoit fait en ce Païs-là en pluſieurs
années ; & cela, ſans avoir
voulu permettre que perſonne
de ſa maiſon ait pris aucuns
droits.
l'aurois pû vous parler ſur la
fin du mois paffé , de la priſe du
Vaiſſeau nommé la Regle , faite
par M. Forant ; mais comme mes
Lettres fontmoins pour vous apprendre
les premieres nouvelles
de ce qui ſe paſſe de fingulier ,
que pour vous en faire un recit
exact , je ne vous mande jamais
-ce qui ſe publie d'une affaire fur
les premiers bruits qui s'en répandent,
parce que chacun parlant
ſelon ſa paſſion ou ſon interét
, il eſt rare que ces bruits ſe
trouvent entierement verirables .
K 2
220 MERCURE
Cen'eſt que de la priſe d'un ſeul
Vaiſſeau qu'il s'agit icy; mais les
circonstances de cette action la
rendent fi glorieuſe pour les
François, qu'il eſt des rencontres
où des Batailles gagnées le ſont
moins pour les Vainqueurs.Vous
enjugerez fur ce que je vay vous
dire. Le Vaiſſeau nommé la Regle
, ayant eſté enlevé aux Maloüins
par les Corſaires d'Alger ,
tous nos Vaiſſeaux eurent ordre
de le reprendre . Ce n'eſtoit pas
une choſe aisée,un Vaiſſeau ſeul
ne ſe retrouvant pas fort facilement
ſur de vaſtes mers ; mais le
Roy le ſouhaitoit, & ce Vaiſſeau
ne pouvoit éviter d'eſtre repris.
Deux Juifs d'Alger l'acheterent ,
& l'ayant monté de matelots
Hollandois , ils l'envoyerent en
Hollande pour s'y fournir de munitions
de guerre , & des chofes
GALAN Τ. 221
neceſſaires pour l'équipement
des Vaiſſeaux. Ce Navire ſe joignit
au retour à une Flote de
trente Vaiſſeaux Marchads Hollandois
, eſcortez par trois Vaifſeaux
de guerre , dont l'un eſtoit
monté de ſoixante pieces de canon
, l'autre de quarante fix , &
le dernier de quarante. Il arriva
au commencement du mois dernier
à la Rade d'Alicante. Mefſieurs
Forant, & de S.Aubin, qui
croiſoient dans ces Mers- là ,
eſtant allez moüiller dans la
meſme Rade , ayant eu avis de
ſon arrivée , l'envoyerent reconnoître
par leur Chaloupe , &
par quelques Matelots Maloüins,
qui le trouverent à l'anchre entre
la Flote & les Fortereſſes
d'Alicante; de maniere que tout
ce qui l'environnoit pouvoit fervir
à le mettre en ſûreté , puis
K 3
222 MERCURE
qu'il pouvoit eſtre défendu du
Canon des Fortereſſes ,& qu'outre
les Vaiſſeaux Hollandois , il
y en avoit plus de cinquante autres
de diverſes Nations , mais
rien n'eſt capable d'étonner des
François , & comme le peril augmente
la gloire, il ne ſert jamais
qu'à les exciter.Monfieur de Pal
lieres,& de Sainte Maure ,eurent
ordre de ſe rendre maîtres de ce
Vailleau avec deux Chaloupes
armées qu'ils commandoient. Ils
s'en emparerent à la faveur de la
nuit avec beaucoup d'intrepidité&
de conduite , monterent dedans
, & le remarquerent à travers
tous les Vaiſſeaux dont je
viens de vous parler. Les Commandans
Hollandois s'en eſtant
apperçus trop tard , envoyerent
demander ce qui obligeoit les
François d'en uſer de cette for
GALANT.
223
te , puis que le Vaiſſeau qu'on
avoit pris portoit le Pavillon de
Hollande , & qu'il eſtoit ſous la
protection des Etats. Les mefmes
qui furent envoyez , avoient
ordre de dire , que ſi l'on refufoit
de le rendre , on ſeroit obligé
de l'avoir par force. Cela fut
cauſeque les François ſe mirent
en état de recevoir ceux qui entreprendroient
de les attaquer.
Les trois Capitaines Hollandois
l'ayant appris , vinrent à bord de
Monfieur Forant , pour luy perfuader
de rendre ſa priſe. Il leur
répondit que ce Navire appartenoit
à des Juifs d'Alger , qu'il
eſtoit deſtiné pour la melme
Ville , & chargé de munitions
de guerre , & de plufieurs autres
choſes dont les Algériens
avoient beſoin , & qu'enfin il
n'avoit ny connoiſſement , ny
K 4
224
MERCURE
charte partie. Ces trois Commandans
ne ſcachant que répondre
à de ſi juſtes raiſons , le
prierent de montrer ſes ordres ;
ce qu'il voulut bien leur accorder.
Ils s'en retournerent auſſitôt
apres , & les François ſe retirerent
avec leur priſe , à la
vûë des Vaiſſeaux de diverſes
Nations.
La Cour de France , qui eſt
non ſeulement la plus grande
&la plus galante de l'Europe ,
mais encor la plus floriſſante &
la plus tranquille , continue à
prendre part aux plaiſirs que le
Roy à la bonté de luy procurer.
Il y en a de marquez pour chaque
jour de la Semaine. Le Lundy
, le Mercredy , & le Vendredy,
font deſtinez pour le Jeu ; &
ces trois jours- là ſont toûjours
nommez Iours d'Apartement. Ie
GALANT.
225
vous en fis il y a un mois une
affez longue deſcription pour
ne vous en point parler davantage.
Le Dimanche , le Mardy ,
& le leudy , ſont marquez . Il y a
Bal & Comedie Françoiſe ou
Italienne. L'Opera eſt le divertiſſement
du Samedy. Celuy
qu'on y repreſente , eſt intitulé
Phaëton. Les Vers ſont de Monſieur
Quinaut , Auditeur des
Comptes , & la Muſique , de
Monfieur de Lully. On affeure
qu'il n'y a rien de plus beau
que celle de cette Piece , & que
la Symphonie en eft admirable.
Comme il n'y a point encor d'affez
grande Salle à Verſailles pour
y faire des Machines , il n'y en
a point dans cet Opéra ; de forte
que la grandeur du Spéctacledépend
des habits . Monfieur
BerrinDeſſignateur ordinaire du
Κ
226 MERCURE
Cabinet du Roy , n'en a pas feulement
fait les Deſſeins , mais il
a- auſſi pris ſoin de les faire executer.
On les a trouvez tres-bien
entendus , & d'une façon toute
finguliere.
le croy devoir encor vous apprendre
, avant que de fortir de
Verſailles , que leurs Majeſtez ,
& toute la Maiſon Royale , y
ont fait l'honneur à Monfieur
de Châteaurenard , Conſeiller
au Parlement , & Fils de Monfreur
Daquin premier Medecin,
de Sa Majesté , de ſigner ſon
Contrat deMariage. Il a épousé
depuis peu de jours Mademoiſelle
del'ifle, Fille du Secretaire
du Royde ce nom....
Rien n'est plus noble que
le Meſtier des Armes ; mais
comme ceux qui le font le
mieux , l'ont appris , il eſt ne
GALANT. 227
ceſſaire qu'on reçoive des Maiſtres
pour en inſtruire les autres.
Cette reception eſt aſſez
éclatante , & fe fait toûjours en
prefence de Monfieur le Procureur
du Roy , entre les mains
duquel le nouveau Maiſtre preſte
le ferment. La derniere fut
faite dans la Grande Ecurie du
Roy , & Monfieur de Rians affifta
à cette Ceremonie , avec
Monfieur de Grand- Maiſon ,
Prevoſt de l'ifle. Le Sieur de
Liancourt , eſtoit celuy qui ſoûtenoit
les Affauts pour eſtre
reçeu. Le combat ſe fit à l'Epée
& au Poignard. Parmy tous
les Maiſtres qui firent affaut .
le Sieur Girier ſe ſignala. Toute
la Compagnie fut enſuite traitée
par Monfieur Renard , Doyen
des Maiſtres en- fait-d'Ar
mes, & Oncle de celuy qui ve
noit d'eſtre receu .
K 6
228 MERCURE
Le Roy ayant nommé Monfieur
le Preſident de Fourcy
pour remplir la place de Prevoſtdes
Marchands , aprés Monfieur
de Pomereu , ce Preſident
reçeut le jour même un Paquer
où eſtoient ces quatre Vers .
:
La Fortune aujourd'huy vous rend
une viſite,
Jalouse de montrer envers vousfon
ےک
devoir ;
Mais elle pourra bien épaiſer ſon
pouvoir ,
Sans qu'elle égale encor vostre rare
merite.
Monfieur le Preſident de Fourcy
eſt generalement eſtimé. Il
eft tres - habile , & tres - hon
nefte Homme , & d'une naiſſance
illuftre.
?
Je ne vous dis rien de la Foire
GALAN T. 229
de Saint Germain , dont l'ouverture
ſe doit faire dans deux
jours. Tous ſes Divertiſſemens
n'y feront pas ſans utilité , puis
que Monfieur de Jaugeon , qui
l'année derniere y fit joüer au
Jeu du Monde , y fera voir cette
année le leu des Conqueſtes
du Roy , avec les Lieux où elles
ſe ſont faites. Il en donnera
la deſcription le mois prochain.
3
Vous vous ſouvenez , Madame
, que Monfieur Mignon ,
Maiſtre de la Muſique de l'Egliſe
de Paris , propoſa il y a
quelque mois , des Bouts- rimez
remplis à la loüange du Roy ,
fur les Rimes de Pan & Gue
nuche , & promit la Médaillede
Sa Majesté à celuy qui feroit
leplus beau Sonnet. Celuy qui
a remporté le Prix commence
par,
230
MERCURE
Ioins un courage d'Aigleà lafierté
d'un Pan.
On le trouvera à la teſte
d'un Recueil , que le Sieur Quinet
Libraire , dans la Gallerie
des Priſonniers , a fait imprimer.
Ce Recueil contient la
plus grande partie des Sonnets
qui ont eſté faits fur ces Boutsrimez.
Ils ont chacun leur beauté
, & font connoiſtre la diverfité
des Genies. Perſonne n'eſt.
venu demander le Prix , que
Monfieur Mignon eſt preſt de
delivrer à celuy qui luy fera,
connoiſtre que le Sonnet eſt de
ſa façon. Ceux qui ont bien
voulu preſider au jugement de
ces Sonnets , font d'un rang du
premier ordre , & d'un eſpric
wes diftingué
GALANT.
231
Il eſt vray que Madame la
Ducheſſe de la Feüillade , pour
laquelle vous me témoignez de
l'inquietude , a eſté condamnée
des Medecins ; mais comme ils
ne jugent pas en dernier reffort,
leurs Arreſts demeurent ſouvent
fans effet. Cette Ducheſſe ayant
un eſprit folide , &de bon gouft,
avec une grande modeſtie , a
bien cauſe des alarmes à toutes
les Perſonnes qui aiment le vray
merite...
Les Modes nouvelles font rares
, & d'ailleurs , la Cour eſt en
deüil dépuis la mort de Monfieur
le Comte du Vexin. Cependant
j'en ay une grande à vous
mander ; c'eſt que les Femmes
portent preſentement desManteaux
, & des Jupes , des mêmes
Damas dont on fait les
Lits
232 MERCURE
Voſtre impatience pour les
Dialogues des Morts , dont je
vous parlay la derniere fois ,
ſera fatisfaite au premier jour.
Les Sieurs Blageart & Quinet,
Libraires , commenceront à les
debiter cette ſemaine. Ils font
dediez à Lucien , qui a fourny
à l'Autheur l'idée de faire parler
des Morts. Le Volume contient
dix-huit Dialogues , fix
deMorts anciens , fix de Morts
anciens avec des modernes , &
fix autres de Morts modernes.
Vous y trouverez par tout un
tour fin & delicat , qui vous en
rendrala Morale tres-agreable ;
& je ſuis perfuadé que les Dialogues
de Socrate avec Montagne
, & d'Anacreon avec Aritote
, quoy que ſur des matieres
ferieuſes , ne feront pas moins
de voſtre gouſt , que ceux d'A
GALANT.
233
, & de lexandre avec Phriné
Sapho avec Laure , dont les ſujets
font galans . Vous m'en ferez
ſçavoir voſtre ſentiment.
Comme il n'eſt point d'Ouvra-
*ge parfait, l'Autheur qui a beaucoup
d'eſtime pour vous , vous
demande une Critique . 1
Je me ſuis trompé en vous
mandant il y a un mois que M
de la Prouſtiere eſtoit Prefident
de la Cinquiéme des Enqueſtes.
le devois vous dire , de la Quatrième.
Une Belle , pleine de merite
& de vertu , pretend n'avoir que
de l'eſtime pour un Cavalier ,
qui luy écrit tres- ſouvent avec
beaucoup de tendreſſe. Luy- même
il la porte à brûler ſes Lettres
; mais quoy qu'elle ſe diſe
tous les jours à elle - même ,
qu'elle doit le faire , à cauſe des
234 MERCURE GAL.
confequences que l'on en pourroit
tirer s'il arrivoit qu'elles
fuſſent veuës , elle ne peut s'y
refoudre . Croyez -vous , Madame
, que fon coeur agiſſe de
bonne-foy avec elle, & qu'il ne
luy cache pas une partie de ce
qu'il reſſent pour le Cavalier ,
s'il eſt vray qu'elle foit perfuadée
que l'eſtime ſeule a part au
plaifir qu'elle ſe fait de recevoir
de ſes Lettres ?
- le vous entretiendray le mois
prochain de pluſieurs grands
Mariages. Ie fuis , Madame ,
voſtre , &c.
AParis , ce 31. Ianvier 1683 .
YONE
*
TABLE DES MATIERES
contenuësdans ce Volume.
DRélude ,
du Roy en Vers ,
I
3
Sujet du Discoursde M.Herfan prononcé
au College du Pleßis , 1
Conversation de Pomone ,de Flore ,
& Céres , 16
Malte , 33
M. de Maupeou eft reçû Conseiller
au Parlement ,
37
Manufacture d'Ecarlatefine , à la
maniere de la Pourpre des Anciens
,
40
Paroles du Poëte Anaxagoras , 58
Etreines ,
59
Reception de M.le Comte de Marcieu
au Gouvernement de Grenoble
,
,
Lettre curieuse ,
60
69
Etabliſſement d'une nouvelle ChamTABLE.
bre àl'Arsenal,
Mort de M.le Comtede Maulevrier
57
de Normandie , 78
Histoire , 1 79
Sonnet , १०
Madrigal, 92. Réponſe, là même.
Repliqueſur les mêmes Rimes, 93
Réponse à la replique , 94
De l'Art Oratoire , 96
Ecuries du Roy à Versailles, 105
Mort de M. de Matignon , II
Mort de M.du Mats, 113
Mort de Madame la Comteffe des
Marais ,
Sonnet ,
Experiences ,
114
115
116
Mort du Prince Robert , & autres
chofes curieuses concernant l'ouverture
deſon corps , 120
Naiſſance d'un Enfant à deux têtes
, quatre bras , & deux jambes
,
९ 124
Meteore apparuSur le Château de
Hombourg , Frontiere d'AllemaTABLE.
gne, 125
Converfion ,
Temples démolis ,
Mort de Madame de la Primau
126
128
daye , 129
Sonnet , 131
Modeftic du Roy , 133
Avanture , 135
Eloge , mort & Convoy de M. le
Comte d'Vuexin , 140
Charges , 152
Ouvrage galant , &plein d'invention
, remply de Profe &de Vers,
155
Tournon en Vivarez,
Nifmes,
164
167
Noms de tous les EnvoyezExtraor
dinaires qui font venus en France
, fur le ſujet de la Naiſſance
deMonseigneur le Ducde Bourgogne
, 272
Madrigal , 174.
Chaffes, 176
Mariage deM. le Marquis d'Ally,
TABLE .
&de Mademoiselle Gouffier, 180
Mort de Madame la Comteſſe de
Teffé, là-même.
Devisedes Fetons de cette année. 182
Benediction des Drapeaux . 191
Epreuve d'une nouvelle Poudre, 196
Mariage de M. le Marquis de
Beauveau, 197
Explication en Vers de la premiere .
Enigme du dernier mois , 198 .
Noms de ceux qui en ont trouvé le
Sens, 199
Explicationen Vers,&noms de ceux
qui ont trouvé le sens de laſeconde
Enigme , 200
Noms de ceux qui ont expliqué toutes
les deux , 201
Enigme , 202
Autre Enigme , 206
Mort de M. de Bellievre. 209
Mort de M. Guitonneaux 211
Accident de Mile President Charreton
, 213
TABLE .
Divertiſſement de la Cour ,
Maistre d'Armes,
Demolition du Temple de Montpellier,
215
Priſe du Vaiſſeau la Regle, 219
Reception du Sieur de Liancourt ,
224
226
M.le President de Fourcy nommé
Prevoſt des Marchands. 228
Ieu des Conquestes du Roy , 229
Recueil des Sonnets fur les Boutsrimez
de Pan & Guenuche .
là-même
Retabliſſement de laſanté deMadame
la Duchiffe de la Feuillade,
231
Nouveaux Dialogue des morts, 232
FIN.
1
EXTRAIT DV PRIVILEGE
Ar Grace&
du Roy.
PSaint Germain en Laye le 31. Decembre
1677. Signé Par leRoy en fon Confeil , Iun-
QUIERES. Il eſt permis à I.D. Ecuyer, Sieur de
Vizé, de faire imprimer par Mois un Livre
intitulé MERCURE GALANT , preſenté à
Monſeigneur LE DAUPHIN , & tout ce qui
concerne ledit Mercure, pendant le temps &
eſpace de fix années , à compter du jour que
chacun defd. Volumes ſeraachevé d'imprimer
pour la premiere fois : Comme aufli defonfes
font faites à tous Libraires , Imprimeurs,
Graveurs & autres, d'imprimer, graver
& debiter ledit Livre ſans le confentement
de l'Expoſant, nyd'en extraire aucune Piece,
nyPlanches fervant à l'ornement dudit livre,
meſme d'envendre ſeparément, & de donner
à lire ledit Livre , le tout à peine de fix mille
livres d'amende ,& confiſcation des Exemplaires
contrefaits , ainſi que plus au long il
eſt porté audit Privilege.
Privilege du Roy , donné à
Regiſtré ſur le Livre de la Communautéle
5. Janvier 1678.
Signé E. CouTEROT , Syndic.
Et ledit Sieur D. Ecuyer , Sieur de Vízéa
cedé & tranſporté fon droit de Privilege à
Thomas Amaulry Libraire de Lyon , pour
en joüir ſuivant l'accord fait entr'eux .
Achevé d'imprimer pour la premierefois le 31 .
Ianvier 1683.
Archiepifcopus &Prorex Lugdunenfis
Camillus de Neufville Collegio SS .
Trinitatis Patrum Societatis JESU
Teſtamenti tabulis attribuit anno 1693 .
4
807156
MERCURE
GALANT LO
DEDIE' A MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
ANVIER 1683 .
DE
LA
*
1893 *
A LYON ,
Chez THOMAS AMAULRY,
ruë Merciere , au Mercure Galant .
M. DC. LXXXΙΙΙ.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
folos fore food forg , fola foRA Eokg for ES EOFO EX
CATALOGVE DES PIECES
contenues dans le XX.Extraordinaire
du Mercure Galant du
Quartier d'Octobre 1682. donné
au Public le is.Ianvier 1683 .
IL CONTIENT,
i
N Traité de l'origine &de
Un Traité du Secret...
Un Traité de la Converſation .
Une Réponſe en Profe,& une
en Vers, à la Queſtion ,lequel eft
le plus à estimer de l'Homme de
Conversation , ou de celuy de Ca.
binet.
C
Une Réponſe en Vers à la
Queſtion , fi la vengeance produit
de plus dangereux effets dans le
coeur d'une Femme irritée, que dans
celuy d'un homme offende , colou
Une Réponſe en Versy& tune
en Profe , à la Queſtion , s'il est
... aij
mieux feant à un Chrétien de ſe
marier que de fe retirer dans un
Convent, &fi unhomme étant marie
peut aussibien fervir Dieu qu'un
homme retiré dans un Manastere.
Une Réponſe en Profe, & une
en Vers à la Queſtion , quel est le
lien qui unit te Corps àl'Ame.
Une Réponſes en Versa la
Queſtion, fi une Fille riche & laide
, eft à preferer à une autre qui
n'a point de bien , mais qui est belle,
& d'une humeur très douce.c
Une Réponſe en Vers , à la
Queſtion ,fi le fentiment de Phinée
dans l'opera de Persée ; est d'un ve !
ritable Amant , lors qu'il dit qu'il
aime mieux vair Andromede devorée
par un Monstre,qu'entre les bras
d'un Rival.cars ?
Une Réponſe en Vers , à la
Queſtion , fi l'amour qu'on a pour
une Femme , doit empêcher qu'on en
prenne en or pour toutes les belles
Personnes qu'on rencontre.
Vne Réponſe en Vers , à la
Queſtion , comment doit étre fait
un homme pour étre parfaitement
heureux.
-Vne Réponſe en Vers à la
Queſtion,fur l'origine du Droit .
Vne Réponſe en Vers , à la
Queſtion , quellesfont les qualitez
neceffaire's pour la Conversation .
Une Réponſe à la Queſtion ,
quel est l'Autheur des Lunetes.
Une Réponſe d'un Docteur de
Paris au difcours de M.le Franc,
Docteur de Montpellier , ſur le.
fujet de la frequente Saignée.
Le Portrait d'un Homme parfaitement
heureux .
L'expofition d'une premiere
Ecriture Univerſelle .
Un Echantillon du Dictionnaire
Univerſel , ſuivant la methode
commune.
Seconde & troiſiéme Partie de
ce Dictionnaire .
aiij
La maniere d'exprimer les Variations
des mots de ce Dictionnaire.
Vne ſeconde Partie du Di-
Aionnaire Vniverſel , ſuivant la
methode commune.
La derniere Partie de ce Di-
@ionnaire Vniverſel . T
Les Explications de l'Enigme
en Proſe du dernier Extraordinaire.
Pluſieurs Sonnets , & Madrigaux
fur les fix Enigmes des trois
derniers Mois.
Les Noms de ceux qui on expliqué
les deux Enigmes du dernier
Mois.
Vne réponſe à la Queſtion, lequel
est le plus à eſtimer de l'homme
de Conversation . ou de celuy de
Cabinet.
Vne piece en Vers contre la
frequente Saignée.
QUESTIONS A DECIDER
Pour le XXI. Extraordinaire..
I.
I la beauté de l'eſprit , eſt
Splus
celle du corps.
II.
Pourquoy les Nouveautez plaiſent
d'abord, & dégouſtent dans
la ſuite.
III.
S'il faut plus d'Eloquence àun
General pour animer ſon Armée
au Combat , à un Avocat General
, ou autre Orateur, pour perſuader
ſes Juges de la bonté de
la Cauſe qu'il défend , ou à un
Amant pour faire connoiſtre ſon
amour à ſa Maiſtreſſe .
IV.
Quelles ſont les qualitez pour
- bien écrire les Lettres , ou du
ſtile Epiſtolaire .
sent.
V.
Quelle eſt l'origine des Cloches
, & leur antiquité.
Avis pour placer les Figures.
II
L'Ait de
Violon , doit regar-
✓der la page 104.
La Piece de Lut,doit regarder
la page 175.
La Planche des Jetons , doit
regarder la page 182 .
ว
MERCV
:
1
好好好好好好好好好好好好好好
I
15
7
LIVRES NOUVEAUX
du mois de Ianvier 1683. qui
Se trouvent à Lyon chez le Sieur
AMAULRY.
Es Comedies de Plautes traduites
par Mademoiselle Lefebvre
, qui a traduit l'Anacreon,
in 12.3 . vol . sliv.
Le deuxiéme & ttoifiéme
Tome d'Horace, de Mr. Acier, in 12. 2. vol.
4. liv. 10. f.
Lepremier Tome ſe trouve auffi dans la
méme Boutique.
LeDialogue des Morts , in 12. 30. f.
Les Meditations de Dupont , traduction
nouvelle , in 4. 6. liv .
En attendant pluſieurs autres nouveautez
, comme les Arcs de Triomphe , &
la défence de la Langue Françoife. Les
Voyages de Provence , remplis d'Hiſtoriettes
Galantes. Le Portrait des Foibleſſes
Humaines , de Madame de Ville-Dieu.
L'Hiſtoire des Empereurs d'Orient , depuis
Charlemagne , par Mr. Cousin , in4. Et
'Hiſtoire de Charles IX. par Mr. de Var
J
rillas , in4. 2, vol. &pluſieurs autres dont
je vous envoyeray en méme tems.
L'on acheve d'imprimer chez le Sieur
AMAULRY , les Conferances de Monfeigneur
de Luçon , en 3. vol. in 12. tres-bien
imprimées , & fur du beau Papier, que l'on
donnera pour 25. fols le vol. bien relié, c'eſt
3.liv. 15.
f. les trois vol. ledit AMAUERY a
traité dulu Privilege .
УЯЛНАМА
smilt
.for
SmoT
vil
2
1
よしぶ
7
; 2-3
LIVRES NOUVEAUX
qui se trouveront à Lyon chez le
: Sieur A MAULRY; depuis l'année
1678. jusqu'à preſent .
RATIQUE de Pieté , ou
Entretiens pour tous les
jours de l'année, ſuivant les
Maximes de l'Evangile, 12 .
3. vol 2. livr . dix fols .
L'Art Poëtique du Pere
Lamy, 12. 30. fols .
Nouveaux Plaidoyez de M. Patru,in 4. 40.f.
Le Conte d'Effex , Tragedie de l'illuftre
M. de Corneille le jeune, 12. 15. fols.
Les Nobles de Province , Comedie de
Monfieur de.Haute Roche, 10 fols.
Le Comte d'Ulfeld, 12, 10.fols.
Memoires du Marquis d'Almachu , 12 .
2. vol. 20. fols.
Traité des Armes' , des Machines deGuer-
⚫re , enrichies de figures , par le Sieur Gaya,
12.30. fols.
Les Livres de S. Auguſtin de la maniere
d'enſeigner les principes de la Religion , 12 .
2. livres.
Remarque ſur Ecrit dicté à Doüay, in dou
ze, 30. fols.
LaVie & la Mort Chreſtienne par le Pere
Cyprien de Gamache, 12.40. fols.
Gatalogue .
-
La Princeſſe de Cleves, 12. 4. vol. 5. l.
Idem la Critique, 12. 30. fols .
Nouvelles Amoureuſes & Galantes , 12 .
30. fols.
Heures en Vers de l'incomparable Sieur
de Corneille l'aîné, 12. fig . 3. livr.
La Diſcipline de l'Egliſe du P. Thomaffin
, fol . 3. vol. 45. livr.
Architecture Navale, 4. 6. livres .
De Lazarille de Tornes, Traduction nouvelle,
12. 2. vol. 40. ſols.
Jeu Royal de la Langue Latine avec les
Cartes , 8. so.fols.
Nouveau jeu de Carte du Blazon , 30. f.
Hiſtoire de la Chancellcrie par Monfieur
Teſſereau , fol . 15. livres .
Capitularia Regum Francorum Auctoris
Steph. Baluz, fol . 2.vol . 30. livr.
Sentences& Instructions Chreftiennes , tirées
des Oeuvres de S. Aug. par ledit Laval,
12. 7. vol. 15. livr. 15. fols.
Phedre & Hippolite, Tragedie, 12.15. Γ.
Origine des Guerres par P. Linace de
Vaucienne, 12. 2. vol. 4, livres .
Origine des François, 12. 2. vol. 4.1.
Hiftoire du Schiſme d'Angleterre , 12.
2. vol. 3. livr.
Conſeilde la Sageſſe, 12. 30. fols.
Converſiondes Pecheurs, 12.2.1.
Methode de la Penitence , 12. 2. livr.
Maldonat . de Sacramentis , fol . 9. livr.
L'Art de Parler, 12. 30. fols,
L'Avocat des Pauvres de M. Thiers , indouze,
2. livres.
Recher
Catalogue.
Recherches de la Verité, indouze, 3. vol.
6. li vres 15. fols.
Idem , inquarto , 8. livr.
Oeuvres de M. Pradon, 12. 3.1.
Idem deM. Poiffon, 12.40. fols.
Idem de M. Racine, 12. 2.vol. 7.1.
Nouveau Recueil de Comedies, indouze,
20. fols.
Theodori de Poenit. 4. 2.vol . 10. livres.
Medecin à la Cenſure , 12. 30. fols.
Avantage de la Vieilleſſe, 12. 40. fols.
1
Avanture de M. d'Afloucy de France , 12.
2. vol. 3. livr.
-
Idemd'Italie, indouze, 30. ſols..
Priſon dudit, indouze, 20. fols .
-Pensée dudit indouze , 20. ſols...
Recueil de l'Academie , indouze , 6. vol.
9. livres 10. fols .
Combatdes Chreftiens S.Ifidore, 12. deux
livres.
Correction fraternelle, indouze, 2. 1.
Idée de la Morale Chreftienne, 12. 2.vol.
livres .
Prince de Perſe, Nouvelle Hiſtorique , Is.
10. fols.
-. La Rivale, Nouvelle Hiſtorique, indouze,
10. fols. 05
Oeuvresde M. d'Andilly, fol.3.vol. 45.1.
Nouveau Pſeaumes du P. Mege, 8. 4. livr.
La Vie de Sainte Gertrudre , 8. 4. livr.
Union des Ecclefiaftiques avec les Religieux,
8. 20.fols.
Expoſition du S. Sacrement par M.Thiers,
11. 2. vol.4. livr
a ij
Catalogue.
4
Methode de la Geographie par le Sieur
Robbé, 12. 2.vol . 4. livr. مر
Hift. du Gouvernement de Cifteaux , inquarto,
6. livres.
ViedeJESUS- CHRIST par M. l'Abbé S.Real,
inquarto, 4. livr.& indouze, 30. fols.
Defence de l'ancienne Tradition des Egliſes
de France, indouze, 40. fols . clot.os
Aftrée, indouze , 2. vol. Nouvelle Tradu-
Etion, 2. livr.
Methodus Hiftoriarum Anatomico- Medi-
.carum, 12. 30. fols.
Heroine Moufquetaire , indouze,
4 vol. 40. fols.
Jolande de Cicile, indouze,
2. vol. 20. folsat
Voyage de Fontainebleau,
10. fols.
Ambitieuſe Grenadine , indouze,
dix fols .
Comte d'Eflex , 12. 2. vol.
20. fols.
DeM. de
Preſchac.
LesPreceptes Galands de M. Ferrier , indouze,
30. fols.
Nouvelles & faciles inſtructions pour réünir
les Eglifes Pretenduës Reformées , indouze,
30. fols.
Reflexion Chreftienne ſur les Principes de
la Morale, 12. 30. fols.
Maximes de Madame la Marquiſe de Sablé,
indouze.
Confolateur Chrêtien , ou Recueil de Lettre,
indouze, 30. fols.
Fable d'Eſope en Rondeaux par Benferade,
Catalogue.
de , indouze , quarante ſols.
Adventdu Pere d'Affier , 8. 4. li vr.
Vie de S. Ambroiſe par M. Herman , inquarto,
8. livres ..
Nouvelles de Miguel de Cervantes , in- .
douze, 2. vol. 3. livr.
Hift . des Amazones, 12. 2.vol. 10.fols.
-Les Promenades de Livri , 12. 2.vol. 20.f.
Meroüé fils de France, 12:10 . fols .
Alfrede Reyne d'Angleterre , 12. 10. fols.
De l'Origine des Romans de Monfieur
Huet, indouze, 30 fols
D. Juan d' Autriche, indouze , 30.fols.
Memoires d'Hollande, indouze, 30. fols.
Relation des Religieux de la Trape , indouze,
30. fols .
Relation du Siege de Grave avec le Plan,
indouze, 30 fols . swite 1
Conduite du Sage, indouze, 2. vol. 4.livr.
Remarque fur-la Theologie Morale deM.
Genett , approuvé par M. de Grenoble , 12 .
2. vol.40. fols.
La veritable forme du Sacrement de l'Euchariftie,
de M. Arnaut, 8. 30. fols.
La Vie Chreftienne , ou les Principe de la
Vie Chreſtienne , tres-utile & neceſſaire à
toutes fortes de perfonne , 24.
L'Academie des Sciences &des Arts pour
raifonner detoutes choſes , indouze , 3. vol.
4. livres 10. fols.
Oeuvresde Grenade, fol. 2. vol .
Defonſe du Renverſement de la Morale
d'un Particulier , 12.30. fol . 01
Horace Traduction nonvelle , 12.22..7V.4.1.
a išj
Catalogue.
Critique du Voyage de Grece de M.Spon ,
Medecin&Antiquaire , indouze , avec une
Carte en taille douce, 30. fols.
Le Pilote de Londe-Vive , ou les Secrets
du Flux &Reflux de la Mer, contenant XXI .
Mouvemens&du Point fixe d'un Voyage
abregé des Indes , & de la Quadrature du
Cercle, compoſez ſur les Principes de la Nature
, nouvellement découvertes , & mis en
lumiere par Marhurin Eyquem , sieur du
Martineau ; Outre que ce Livre montre par
des Syſtemes nouveaux , faciles & dont on !
n'a jamais parlé , ces points qu'il eſt ſçavant,
curieux,&plaiſant à lite. Les Doctes en
choſes naturelles croyent qu'il montre la
Medecine Univeiſelle ſous des figures & des
principes familiers , ce qui luy donne de la
reputation , ce Livre eſt indouze , imprimé à
Paris,& le vend 30. fols, relié.
LIVRES
L
NOUVEAUX
:
de l'Année 1679.
(3.14
ANoble Venitienne , & le Nouveau
Jeu de la Baffète , où les Perſonnes de
qualité de la Cour ſont nommées , par M. de 3
Preſchac, indouze. 10. fols.
NouvelleGalantes du temps, contenant, la
Jaloufie Flamande , & le Mary heureux
Amant,deMonfieurdde Prefchac,1122.: 10. fols.
Les Exilez de Madame de Ville Dieu, tout
rechangé & augmenté de deux Volumes in-
12.6.vol.impreffion de Paris,ils ſe vendent 6.1 .
Idem
Catalogue.
- Idem impreffion de Lyon , bien imprimé,
de la meſme lettre du Mercure , les 6.
vol. reliez en 3. & ſe vend 45. ſols .
Les 5. & 6. Tom. ſeparez ſe vend 20. fols.
Hiftoire du Serrail , auſſi nouvelle Edition ,
augmenté d'un tiers, indouze, fix volumes, ſe
vendent fix livres.
Anne de Bretagne Reyne de France , Tragedie
de M. Ferier, qui a fait les Preccp.es
Galants, 12. ſe vend 15. fols.
-
Differtationes Philoſophicæ in 12.
Nouvelle. Ameriquaine , Hiſtoire veritable
, indouze, 2. vol. 20. fois.
LeNouveau jeu de l'Ombre, 12. 10. fols.
La Priaceſſe de Montpenfier , indouze , de
l'Autheur de la Princefle de Cleves , avec
des vers à la fin ſur la Paix , par M. de Corneille
l'Aifné, 12. fols.
LesOeuvres Chrétiennes & Spirituelles
de M. l'Abbé de S. Cyran , 12. 4.vol . 6.livr .
Le 4. Tome ſe ſepare, indouze, 30. fols.
Le Journal des Saints du R. P. Groſez de
la C. de Jesu , reveu , corrigé & augmente,
nouvelle Edition, indouze, 3.vol. so.fols.
Le vray Devot conſideré à l'égard du Mariage
, & des peines qui s'y rencontrent , indouze,
20. fols.
t
Du culte des Saints , & principalement
de la tres- ſainte Vierge , par ces Meſſieurs,
inoctavo, 4.1.
Levray Devot en toute forte d'état ſelon
l'Ecriture ſainte, & les Peres de l'Eglife, inoctavo
, 4. livres.
Le troiſiéme Tome du Roman Comique de
a iiij
Catalogue.
Monfieur Scaron,par M.dePreſchac, 12. 30.f.
Traité des Superftitions ſelon l'Ecriture
fainte . Les Decrets des Conciles , & lesſentimens
des Saints Peres & des Theologiens,
par M. Thiers, indouze, 40. fols.
L'Hiftoire de France & l'Origine de la
MaiſonRoyale par le P. Adrien Jourdan de
la Compagnie de Jesus , inquarto, 3 vol.18.1.
L'Oraiſon Funebre de Monfieur le Premier
Preſident de Lamoignon, par Monfieur l'Abbé
Flechier.
Hiſtoire de Theodoſe le Grand par le même
, 3. livres.
Voyage de la Terre Sainte , avec des remarques
pour l'intelligence de la ſainte
Ecriture, indouze, 3. livres.
Nouveaux Elemens des Sections Comiques,
lieux Geometriques , &c . par l'Academie
Royales des sciences, indouze. so. fols.
Traitez de Mechanique, de l'Equilibre, des
Solides & des Liqueurs, duP.Lamy, 12. 30.f.
La Contrecritique de la PrinceffedeCleves,
indouze , 20. fols.
Le Courier d'Amour, indouze, 10.f.
L'Education desFilles, 12.40. ſols.
Nouvelles Maximes ou Reflexions Morales,
indouze, 20. fols.
Cafimir Roy de Pologne , Hiſtoire veritable&
nouvelle, indouze, 2.vol . 30. f.
Le Triomphe de l'Amitié , par Monfieur
de Preſchac, 12. 10. fols.
Derniere Campagne de Flandre & d'Allemagne
juſqu'à la Paix, indouze , 30..
Voyage de Monfieur Pirard de Laval aux
Indes
Catalogue.
Indes Orientales , Maldives , Moluques ,&
au Brefil , & les divers accidens qui luy ſont
arrivez , inquarto, 6. livres.
Hiſtoire Sainte de Gautruche , indouze,
4. vol. 6. livres.
Caffiodori Opera, fol . 2.vol. 15.1.
Dictionaire Pharmaceutique , ou plutôt
Apparat Medico-Pharmaco- Chymique , ouvrage
curieux pour toutes fortes de Perfonnes,
utile aux Medecins, Apoticaires &Chirurgiens
, & tres- neceſſaire pour l'avancement&
l'inſtruction des jeunes Gens , qui
s'addonnent à la Profeſſion de la Pharmacie,
&particulierement de ceux qui ne poffedent
paspleinement la Langue Latine, par le Sieur
deMeuve Docteur en Medecine , Conſeiller
& Medecin ordinaire du Roy , in- octavo,
2. vol.3 1.10. fols.
Réponſe à la Critique publiée par Monfieur
Guillet , fur le voyage de Grece de Jacob
Spon , avec quatre Lettres ſur le meſime
ſujet. Le Journal d'Angleterre du Sieur Vernon
,& la Lifte des Erreurs commiſes par
Monfieur Guillet dans ſon Athenes Ancienne&
Nouvelle, indouze, 20. fols.
Aſſociation fur la Paſſion de N. Seigneur,
indouze avec des figures.
La meſme, in vingt- quatre ſans figures.
Regles de la Diſcipline Eccleſiaſtique, recueillies
des Conciles des Synodes de France,
& des Saints Peres, indouze, 30.fols.
Inftructions Chreftiennes ſur le Mariage
& fur l'éducation desEnfams, 12. 30. fols.
La Vie de S.Ignace,par le P.Behour Jeſuite.
Catalogue.
La Foy des derniers fiecles , du Pere Rapin,
indouze.
Methode pour converſer avec Dieu , de
l'Autheurdu Conſeil de la Sageſſe, 20. ſols.
La Hardie Meſſinoiſe, 12. 12 fols.
Dom Sebaftien Roy de Portugal, indouze,
15. fols.
Relation curieuſe de l'état preſent de la
Ruffie, indouze, 40. fols.
Arithmetique de le Gendre, inquarto , nou-
V elle Edition augmentée, 4. livres.
Amours des grands hommes , de Mademoiſelle
de Ville-Dieu, 12. 6. vol. reliez en
trois, 45. fols.
L'Hiſtoire d'un Eſclave qui a eſté quatré
années prifonnier , 10. fols .
Le Mariage de la Reyne d'Eſpagne , indouze,
20. fols.
Originedu Blazon du Pere Meneftrier, indouze,
2.vol. 4. livres.
Memoire de l'EmpireOttoman , indouze,
2. vol. 20. ſels.
Lettres Portugaiſes ,avec les Réponſes, indouze,
2.vol. 20 fols.
Hiſtoire de la Reünion de Portugal , indouze,
2. vol. 4. livres .
Criſpin Precepteur, Comedie, 12. 15. fols.
LesNouvelles de la Reyne d'Angleterre,
indouze, 2. vol. 25. fols.
La Ville & Republique de Venise , in 12.
Ce n'eſt pas l'Hiſtoire de Veniſe de Nani,
c'eſt l'Hiftoire de la Ville & Republiquede
Veniſe, tres-bien écrit, 50. ſols.
La Devotion vers Nôtre Seigneur Jesus-
CHRIST,
Catalogue.
CHRIST , pour ſervir de lecture à l'Homme
d'Oraiſon pendant tout le cours de l'année
par le Reverend Pere Noüet , 4. 3.vol. 16. 1.
Recueil de diverſes Retraites , premiere,
ſur la qualité d'Enfant de Dieu ; La feconde
, ſur l'Habitude de la preſence de Dieu;
La troiſieme ,ſur le dépoüillement du vieil
Homine, indouze, 30. fols.
LIVRES NOUVEAUX
de l'année 1680.
A veritable Devotion envers la Sainte
LViergeblie défenduë par le Pere
Craffet Jefuite, inquarto, 5. livres.
La Devinereſſe ou le faux Enchantement,
par l'Autheur du Mercure Galant , indouze,
avec neuffigures, 30. fols .
Viedu Cardinal Commandon par Monfieur
l'Abbé Flechier, indouze , 3. livr .
Le Chreftienqui veut eſtre ſauvé, 24. 20.
L'Illuftre Parifienne de Monfieur de Prefchac,
indouze , 2. vol . 20.ſols .
Hiftoire de la Conqueſte d'Eſpagne par les
Maures, indouze, 2. vol .
Meditations pour tous les jours de la Semaine
fainte, indouze , 20. ſols.
Des obligations des Eccleſiaſtiques, tirées
l'Ecriture fainte & des Saints Peres de l'Eglife
& de S. Chriſoſtome , 12. 40. fols.
Le Journal Amoureux par Madame de Ville-
Dieu, indouze, 6. vol. relié en trois , 45.f.
Federic Prince de Sicile, 12.3 . vol. 36.f.
Lettre d'un Eccleſiaſtique à un Minittre
de
Catalogue.
delaReligionPretenduë Reformée pourſervir
de Réponſe à diverſes Questions qui luy
onteſté faites par ce Miniſtre, dans lesquelles
il traite& prouvepluſieurs Points importans
de la Religion, par la doctrine de S.Cyprien,
avec une Differtation du mefine Ecclefiaftique,&
d'un des principaux du Confiftoirede
Charanton& une liste tres curieuſe desEvéques
de Rhodes & de Vabres, indouze.
Adelaide de Champagne, 12. 4.vol.so. f.
Cleon ou le Parfait Confident, 12. 12. f.
Le Conte Genevois , indouze , 12. fols .
La Valiſe ouverte, in 12. Preſchac, 12. f.
Le Voyage du Royaume de Congo , indouze,
20. fols.i
Reflexions ſur la Mifericorde de Dieu de
Madame la Valiere .
LesMadrigaux de M.la Sabliere, 12. 15.f.
Les Peintures Sacrées de la Bible , indouze,
3. vol. 4. livres 10. fols figures .
Le Gridelin , dedié à Madame , la Dauphine,
dePreſchac, indouze, 12. fols .
Memoires touchant la Religion par Monfieur
du Pleffis Praflin Eveſque de Tournay,
indouze, 2. vol. 35. fols.
Le Voyage de la Reyne d'Eſpagne , indouze,
2. vol. Prefchac. 20. fols.
Converſations ſur divers ſujets par Mademoifelle
Scudery , indouze. 2. vol. so. f. de
Lyon,& 6. livres de Paris .
Projet de Conference fur diverſes matieres
de Controverſe , 12. 30. fols .
LesNouvelles de Dona Maria de Zayas,
traduit de l'Eſpagnol en François, indouze,
savol. z.livres. La
Catalogue.
La Vie & Actionsde Monfieur l'Eveſque
de Munſter, indouze, 20. (ols.
Le Nouvel Eſtat de la France , avec la
Maiſon de Monſeigneur & Madame la Dauphine,
indouze, 2. vol. 4. livres,
Les Penſées pieuſes, troifiéme Edition, s.f.
Le Quinte Curce de Vaugelas de Monfieur
d'Ablancourt , Nouvelle Edition, in 12.
2.vol. groſſe lettre, 4. livres .
Eclairciſſement Apologetique de la Morale
Chreftienne , touchant le choix des
Opinions avec des Reflexions ſur des Remarques
du Sieur I. Remonde , composépar
l'ordre de M. l'Eveſque de Grenoble, 12. 3.f.
Les Oeuvres de Madame la Comteſſe Lazuſe,
12. 4.vol . nouvelle Edition, 4. liv. 10.f.
Le Nouveau Praticien François , inquarto,
4. livr. 10. fols.
Les Deviſes du R.P.Meneftrier , in 8. so.f.
Les Dominicales de Texier , in- octavo ,
2. vol. 6. livres.
- Idem les Panegyriques, oct. 2.vol. 6.t.
Les Ceremonies Nuptiales de toutes les
Nations, indouze, 20. fols.
Reflexion ſur l'Oraiſon, 12. 20. ſols.
JESUS Penitent, indouze, 30. fols.
Horlogiographie du Pere Feüillant de la
Magdelaine , nouvelle Edition , in-octavo ,
figures 3. livres.
Le Conte de Richemont, HiſtoireGalante,
indouze, 12. fols
Les Memoires Galans ou les Amours d'une
perſonne de qualité, 12. 15. fols.
Deſcription de la France de du Val, indouze,
20. fols. Vies
Catalogue.
Vies depluſieurs Saints illuftres de M. Arnaud
d'Andilly , 12.40. fols.
Pratique de pieté ou les Conduites de la
Vie Spirituelles , ſuivant les Maxime de
l'Evangile , diviſées en divers Entretiens
pour ſervir de Meditations pour tous les
joursde l'Année par le R. P. le Mailtre , 12 .
2. vol. 30. fols.
La Découverte de l'Admirable Remede
Anglois pour la gueriſon des Fiévres par M.
deBlegny, 12. 20. fols.
Revolutions de l'Estat Populaire en Monarchie,
parile Different de Cefar & de Pompée
par Monfieur de Martignac , 12. 20. fols.
Antonij Dadini Altaſſerræ , Notæ & Obſervationes
in Anaftafium de vitis Romanorum
Pontificum, in 4. 10. fols.
Le Chemin de perfection de ſainte Thereſe
, traduit par Monfieur l'Abbé Chanut ,
inoctavo, z. livr.
Le Voyage d'Italie , nouveau & curieux,
avec deux Liftes des Sçavans & Curieux de
toute l'Italie par Monfieur Spon, Docteur en
Medecine de Lyon , vingt ſols.
Lettres Chreftiennes& Spirituelles deM.
Varet Grand Vicaire de feu M. de Condren
Archevéque de Sens, in 12. 3. vol. 6. livres.
Traité de la Grandeur en general , qui
comprend l'Arithmetique, Algebre , l'Analyſe
,& les principes de toutes les Sciences,
qui ont la grandeur pour objet,par le P. Lamy
de l'Oratoire , indouze, 40. fols .
Dictionarium novum Latinum & Gallicum
,par Monfieur l'Abbé d'Anet pourMonſeigneur
Catalogue.
feigneur le Dauphin , augmenté d'un tier à
cette nouvelle Edition , & mis le tout par
ordre Alphabetique , inquarto, 6. livres.
Origine des Noms par Monfieur la Rocque,
indouze, 30. fols.
Theatre des beaux Eſprits, 12. z.vol. 40.
Hiſtoire de Veniſe de Nani , traduit par
Monfieur l'Abbé Tallement, indouze , 4. vol.
10. livres.
Semaine Sainte de la bonne Traduction
de toutes grandeurs.
Inſtructions Spirituelles pour la guerifon&
la conſolation des Malades par Craffet , indouze,
2.vol. 3. livres.
LIVRES
L
NOUVEAVX
de l'Année 1681 .
Es Satyres de Juvenal, in 12. 2.vol. Traduction
nouvelle , Paris , 5. livres , &
de Lyon, 50. fols.
LeGrand Soliman, Tragedie , 12 15. fols.
L'Egliſe Romaine reconnue toûjours des
Lutheriens, pour vraye Egliſe de Jesus , inoctavo,
40. fols.
Inſtitutiones Juris Canonic. par Monfieur
de Roye, in 12. 40. fols.
Les Foux divertiſſants de Monfieur de
Poiffon, Comedie , indouze , 15. fols.
La Comete, Comedie, 15. fols.
Inſtruction Chreſtienne ſur les Myſteres
deNoſtre Seigneur Jeſus - Chrift Nouvelle
Edition, augmentée & corrigée en beaucoup
d'endroits in 8.5 . vol.15. live.
Catalogue.
Moyensde ſe guerir de l'Amour, Conver
ſation galante , indouze, 15. fols.
Traitté du droit de Chaſſe , 12.20. fols. )
Zaïde, Tragedie par Monfieur l'Abbé la
Chapelle, 12. 15. fols.
DeMarca Opufcula , in octavo 3. livres.
Cofmographie aifée contenant la Sphere
l'uſage duGlobe Terrestre,& laGeographie
en faveurde la Nobleſſe, 12.30. fols.
La Vie du Pere Charles Spinola , de la
Compagnie de Jeſus, 12. 25. fols .
La Douce & Sainte Mort,par le P. Craffet,
de la Compagnie de Jeſus, 12., 30. fols .
La Science & Pratique du Chrétien par
Monfieur Boudon, 12. 20. ſols.
La Philofophiedes Gens de Cour , 12 .
Difcours ſur l'Hiſtoire Vniverſelle, à Monſeigneur
le Dauphin , pour expliquer la ſuite
de la Religion , & les changemens des Empires
, depuis le commencement du Monde ,
juſques à l'Empire de Charlemagne, par M.
Boſſuet, Eveſque de Condom , in 4. 6. livr .
Les Carroffes d'Orleans , Comedie , par
Monfieur l'Abbé la Chapelle, 12. 15. fols.
Philoſophia Vetus & Nova ad usu Scholæ
accommodata,par Monfieur l'Abbé Colbert ,
augmentéd'un tiers en cette nouvelle Edition
, 12. 6.vol. 10. livres.
Les Lettres de M. de Bongars , Latin Fran.
çois, Nouvelle Edition, 12. 2. vol. 4. livres.
Hiftoire d'Henry IV. 12..Nouvelle Edition,
40. fols.
Methode pour lire Chrétienement lesPoëtes
ſuivant l'Ecriture Sainte & les Peres , du
Pere Tomaffin , 8. 3.vol. 10.livr. 10. fols.
Catalogue,
Dictionaire François de Richelet. 4. 2.vol.
Poëfies & Pensées Chrétienes,par Monfieur
l'Abbé Gouffaut, 12.30. fols.
Difcours prononcé parMonfieur de Launay,
Advocat en Cour, indouze , 15. fols.
Le Virgile , traduit par Monfieur l'Abbé
de Martignac , avec pluſieurs figures entailles
douces , 3. vol. 7. livres 10.fols.
La Vie du Duc de Guiſe, in 12. 30.fols .
Ammiani Marcellini Opera, fol. 12.livres.
Un nouvel Horace , avec des Remarques,
indouze, 2. livr. 5. fols .
L'Homere , Traduction nouvelle par Monfieur
l'Abbé de la Valtrerie, en 4. vol.12.10.1.
Officina Latinitatis, inquarto, 6.livres.
Diſcours du Chevalier Digbi de ſa Guerifon
des Playes par la Poudre de Sympathie,
nouvelle Edition, indouze, 30.fols.
Cicutæ Aquaticæ Hiſtoria, & Noxx Commentario
illuſtratæ à Jacobo VVepphero,
Med.Doct.Scaphuſiano, inquarto .
La Princeſſe de Fez , 2. vol. 12. 1. livres.
Lebeau Polonnois , par Monfieur de Prefchac
, 12. 12.fols .
Remedes Charitables , de Madame Fouquet,
augmentez d'un tiers en cette nouvelleEdition,
20. fols .
Les Caprices de l'Amour , par Mademoiſelle
de Villedieu , 2.vol. 1.livre.
Plaidoyers de Monfieur Patru , augmenté
de ſes Oeuvres diverſes , oct. 2.vol. 5.4 10.f.
Artifices des Heretiques, 12. 2.livres .
La Comparaiſon de Thucydide & de Tite-
Live, du P. Rapin, indouze, 30. fols .
Memoires
Catalogue .
Memoires du Chevalier de Terlon , 2.v.4.1 .
Mariagedu Duc de Savoye avec
l'Infante
dePortugal ,par l'Autheur du Mercure Galant,
12. 20. fols.
Les Entretiens Galans, 2.vol. 12. 30 f.
Repreſentations en Muſique , du P. Meneſtrier,
12. 30 fols.
Traité de la Cloſture des Religieuſes , de
Monfieur Thiers , indouze, 40. fols.
Ecclefiæ Græcæ Monumenta , Tomus ſecundus
, Studio atque Opera Joannis Baptiſtæ
Cotelerij , inquarto.
LaCircé de Jean-Baptiste Gelly, traduit en
François, indouze , 30. fols .
La Methode Latine de ces Meffieurs , nouvelle
Edition augmentée , octavo , 4.liv .
Le Voyage de Texeira , ou l'Hiſtoire des
Roys de Perſe, 2. vol . 3. livres.
Le Prix de l'Academie de 1681. 12.30.f.
Le 2. Tome des Ordonnances des Aydes
&Gabelles, 12. 1.livr. 5.fols.
La Beauté de l'Eſprit, comparée à celledu
Corps, Traduction nouvelle , 25. fols.
Le Meflager Celeſte , Extraordinaire de
M.de Blegny, 30. fols.
La Princeffe de Milan de Monfieur de
Preſchac , indouze , 12. ſols.
La Conduite du Sage dans les differens
Etats de la vie, 2.vol . 3. livres.
Des Ballets anciens & modernes felon les
Regles du Theatre, du P.Meneſtrier, 12. 30.f.
La Vie de Chriſtophle Colomb,avec laDécouverte
qu'il a faite des Indes Occidentales,
vulgairement appellées le NouveauMondes2.
vol. in 12. 3. livr, 10. fols. Les
:
;
E
Catalogue.
Les Lettres Familieres de Monfieur Conrard
à Monfieur Felibien , 12. 30. fols .
Le Prudent Voyageur, 12 3.vol. 4.1. 10. f.
Homelies fur les Dimanches & Feſtes de
l'Année, par feu M.Godeau, in 4. 6.livr.
Les Preuves de Nobleſſe du R.P. Meneſtrier
, c'eſt le 3. Tome des Blaſons de fon
grandOuvrage, indouze, 2. livres.
Criſpin belEſprit, Comedie, 12. 15. fols.
Les fragmens de Moliere, 12. 15.fols .
Theophili Anteceſſoris Inftitutionum, Libri
quatuor, Auctore Doujacio, 12. 2.vol. 4.1.
Marie d'Anjou Reyne de Majorque , du
Sieur S. Bremont Auteur du double Cocu,
12. 4. vol. Lyon, 50. fols.
Lettres deMonfieur le Chevalier de Méré,
indouze, 2.vol. 4.livres.
La Comteſſe de Salisbury, Nouvelle d'Angleterre,
2. vol. indouze, 25. ſols .
LIVRES NOUVEAUX
de l'Année 1682 .
Es Poëfies d'Anacreon &de Sapho, Traduites
Remarques,par
Mademoiselle le Fevre ,indouze , Grec & François
, 45: fols.
IdeGrec en François , avec des
Poëme du Quinquina de Monfieur de la Fontaine,
indouze,45.fols .
PerefiusSuper Institutiones, 12. 40.fols .
Hiftoiredes Homines illuſttes Grec & Romain
dePlutarque ,12. 2.vol. 4.livr.
Les Memoires de la Religion de M. l'Eveſque
deTournay, indouze, 2.vol. 35.fols.
La Cleopatre , Tragedie de Monfieur de la
Chapelle, 12. 15 fols.
Le
Catalogue.
LeGrandHercule, Tragedie, 12. 15.fols.
Memoires Generaux pour l'execution des nouvelles
Ordonnances diviſez en deux Parties , inoctavo,
30. fols.
Le Remede Anglois pour la guerifon des Fiévres,
publié par ordre du Roy, avec les Obfervationsde
Monfieur lepremier Medecin de SaMajefté
ſurla Compofition, llees Vertus ,&l'uſagede
ce Remede, par M.de Blegny, 12. 20.fols .
Nouvelles explication dela Gangrene proposée
& demandée par Meſſieurs de l'Académie de
Paris , in octavo, 20. fols..
Hiftoire de Mahomet , ſecond Empereur des
Turcs, par M. Guillet , 12. 2.vol. 4. 1. 10. fols ,
Nouvelle Methode Grecque , nouvelle Edition,
inoctavo , 4. livres .
La connoiffance certaine , & la prompte &
facile guerifon des Fiévres , avec les Particularitez
,& utile fur le RemedeAnglois , par Monfieur
de Blegny, 12. fols .
La Vie de S.Fran .Xavier du P.Bourg, in-4. 6.1.
Rapini Opera omnia, 12. 2. livres .
Morini Antiquitates Eccl Ortentatis, 8.31.10.6.3
Le Commerce Galant ou Lettre tendre & Galantede
la jeune Iris& de Timandre , 12. 3.1 .
L'Hiſtoire de Sultan Mahomet quatrieme ,
treiziéme Empereur des Turcs , traduit de l'Anglois
du Sieur Ricaut ,par le Sieur de Rozemont.
indouze, 4.vol. 10. livres .
Hiftoire de Uſcoques, indouze, 45. fois.
Reflexions fur le Portrait du Roy , parM.Ma
réchal Avocat en Parlement, 12. 12.fols. T
La Ducheffe d'Eſtramene , 12.2.vol . 25.fol.
Hift. de la Ville & de l'Estat de Genève parM.
Spon, 12. 2.vol.reveú, corrigé & augmenté,nouvelle
Edition , avec pluſieurs figures en tailles
douces, 50, fols.
Le fameux Voyageur de Monfieur de Prefchac,
indouze, 25. fols .
Epistolarum Innocentij III . Romani Pontificis libri
undecim,accedunt Gesta ejusdem Innocentij,&
prima
Catalogue.
A
prima collectio Decretalium compoſita à Rainerio
Diacono, & Pompoſiano auct. Stephanus Balufius,
fol. 2. vol . 24. livres .
Hift. des Edits de Pacification , & des moyeus
que les Pretendus Reformez ont employez pour
les obtenir, contenant ce qui s'eſt paſsé de plus
remarquables depuis la naiſſance du Calviniline
juſqu'àpreſent ; avec la réponce àun nouveau
Libelle, intitulé Les derniers efforts de l'Innocence
affligée,par le Sieur Soulier Prêtre. Ce Livre eft
tres- curieux&ſçavamment écrit, inoct.3. livr.
Les Moeurs des Chretiens,parMM..FFlleeuurryyPrêtre,
PrecepteurdeMonſeign.de Vermandois , 12.40.f.
LesMoeursdes Iſtaëlites par Monfieur Fleury,
indouze, 30.fols.
AcademieGalante, 12. 30. fols .
Recüeil des Edits, Declarations & Arrefts, qui
ont eſté donnez fur diverſes occurrences concernant
lajufticedepuis le premierde Janvier 1678 .
juſques au dernier de Mars 1682. inquarto.
Oraifon Funebre de Madame de Rohan Abbefſe
de Malnouë , par Monfieur l'abbé Anfelme,
inquarto, 20. fols.
Traitéde l'Euchariftie , ou Réponce à l'Ecrit
de M. C. Miniftre de Charanton fur la prefence
Réelle, indouze, 20. fols :
Les Voyages de Jean Struys en Moſcovie , en
Tartarie, en Perſe, aux Indes ,& en pluſieurs autres
Païs Etrangers, accompagnez de Remarques
particulieres fur la Qualité, la Religion , le Gou
vernement, les Coûtumes & le Negoce, &c . avec
laRelation d'un naufrage , dont les ſuites ont
produits des effets extraordinaires en 3. vol.indouze,
avec 29. figures en taille douce, 4.1. 10.f.
Relation dela Řivieredes Amazones , traduite
par Mde Gomberville de l'Academie Françoiſe,
avec une Differtation fur la meſime Riviere, pour
fervirde Preface, indouze, 4. vol . 5. livres .
Zelonide Princeffe de Sparte,Tragedie, 12. 20.f.
La Ruë S. Denis, Comedie, 12. 15.fols.
L'Hiftoire deDom Quichot de la Manche,
traduction
Catalogue.
traduction nouvelle avec 18. fig . en taille douces,
6. livres.
4
Ata Eruditorum Lipfie publicata. 40 Lipfia,
1682.C'eſt un Journal des Sçavans, qu'on a commencé
à faire cette année en Allemagne , où l'on
verratout ce qui s'imprime de livres curieux,
non ſeulement en Allemagne , mais aufli en Angleterre,
Hollande, Suede, Danemarc , & italie,
fans oublier meſme ceux de France , avec des
Obſervations de Mathematiques, de Phyſique
&de Medecine , & des figures preſquedans tous
les Journaux. On n'en donnera un chaque Mois,
&ils auront environ cinq feüilles chacun. Jay
les quatre premiers mois, 15. fols piece.
Miscellanea erudita Antiquitatis Sectio 1 1. do
Baccho, Sileno , Satyris , Faunis , Muſis ,, Manadibus,
Fanaticis, Sortilegis , Nymphipiss Hercule,
Explicatio Muſivi antiqui Lugdunensis Item Sectio
111. IIggnnoottorum Deorum ara, cui adjecta estdiffertatio
de Tripodibus fol . cum multis figuris : par
Monfieur Spon , qui avoit donné il ya deux ans
la premiere Section. Ces deux ont 24. feüilles,
& 19. planches; il ſe vendent 50. fols lesdeux.
TraitédelaCommunion ſous les deux Eſpeces,
parMeilire Benigne Boſſuet Evéque de Meaux,
indouze, 45. fols.
Sentences & Instructions Chrêtiennes, tiré des
Oeuvresde S. Jean Chryfoftome par le sieur de
Laval , indouze, 2,vol. 4.livres 10. fols.
TroisTraitez de Controverſes par M. Mainbourg,
indouze, 45. fols .
Abregéde lanouvelle Methode Grecque par
ces Meilieurs, indouze, 30. fols.
De l'Amedes Plantes,de leur naiſſance ,deleur
nourriture , & de leurs progrez , Effay de Phyſifique
par Monfieur de Du , Docteur en Medecine
deMontpellier, indouze, 15. ſols .
Le nouveauPraticien Françoisde Monfieurde
•Ferriere; inquarto, s . livres.
La Science des Notaires auſſi de Monfieur de
Ferriere, inquarto , 4. livres .
Les
Catalogue.
Les Inſtituts de Juftinian par Monfieur de Ferriere,
indouze, 2.vol . 4. livres .
Abregéde la Juriſprudence Romaine parMonſieurColombet,
inquarto, 3.livr. 10. fols.
Hiſtoiredes Mazures de l'Abbaye_Royale de
l'Ifle Barbe les Lyon, par Monfieur le Laboureur,
inquarto, 2.vol.7. livres.
Theatrede la Turquie , où ſont repreſentées
les Chofſes les plus remarquables
aujourd'huy touchant les
qui s'y paffent
Moeurs , leGouvernement
, les Coûtumes & la Religion des Turcs ,
inquarto , 6. livres .
Nouvelle Methode pour dreſſer les Chevaux
en ſuivant la Nature & meſime la perfectionnant
par la ſubtilité de l'Art,par M.Solciſel , 4. 4.livr.
Ceremonie des Juifs , Nouvelles Edition augmentée
de plus de la moitié , indouze ,45.f.
La Querelle des Dieuxſurla Groſſeſſe de Madame
laDauphine , indouze, 20. fols.
Journéemeinorable des François,12. 2. vol. 3.1 .
Viedes Saints , inquarto , de Meſſieurs du Port
Royal , s . livres .
Voyaged'Italie, par Laſſel , indouze , 2. vol.
augmenté, 3. livres 10. fols.
Les oeuvres de Meſſieurs de Corneille, indouze,
9 vol. nouvelle Edition , 18. livres.
Le Chrêtien en ſolitude par le Pere Craffer,
indouze , 40. fols.
Relation del Apoſtaſie deGeneve , 12. 25.f.
Art de Preſcher à un Abbé , s . fols.
Le Predicateur Evangelique , 12. 5. vol. 9.1 .
LesCeſa.s invitez à la tabledes Dieux, Satyre
ingenieuſe, indouze, 20. fols.
Oeuvres Poſthumes de M. Rohault, in 4. contenant
les Elemens d'Euclide , la Geometrie Pratique,
le Mechaniques , la Perſpective & l'Arithmetique,
9. livres.
Eclairciſſemens ſur le Diſcours de Zachée à
Caracteres de l'Homme ſans paſſions felon les
Jeſus-Chrift, 12. Paris, 20. fols .
ſentimensde Seneque , 12. 30. fols.
Difcours
Catalogue.
Diſcours Politique des Roys de Scudery , in
douze, 40. fols .
L'Art de tracer des Cadrans par Monfieur de
laHire, 30. fols.
2
Des Offices de Judicature en general parMonfieur
Borion ,12. 30. fols.
Poëfies nouvelles, indouze, 20. fols.
Hift.de Baviere par M.le Blanc, 12.4.vol . 7.1 .
Lettres fur la neceſſité de la Retraites écrites à
diverſes perſonnes par le Pere le Valois Jefuite,
indouze,20. fols.
L'Optique, divisée entrois Livres, où l'on démontre
d'une maniere aisée tout ce qui regarde
premierement la F Propagation&les proprierez
Premiereme
la lumiere. 2. La Viſion . 3. La figure & la difpode
àla perfectionner -fition des Verres qui ffeerrvvent à
par le PereHugo Jeſuite, indouze, 30. fols .
Les Conferances de Luçon ſur les matieres les
plus importantes pour l'inſtruction des Curez &
des Confeffeurs , 12. Tome 3. 50.fols.
Lesdeux premiers Tome ſe trouvent dans la
mefmeboutique.
Controverfes familieres où les Erreurs de la
Religion Pretenduë Reformée ſont refutées par
l'Ecriture, les Conciles , les Peres, divisées en trois
Parties. 1. Qu'ils n'ont point de regle de Foy.
2. Qu'ils font horsde l'Eglife. 3. De la Tranfubftantiationdela
primautédes Saints Peres, &
de la Viſibilité de l'Eglife, 12. 40.fols .
Heures nouvellesimprimé par ordre de Madame
la Dauphine ſansrenvoy, ſeconde Edition,
augmenté , in feize, 40. fols .
Memoires ſur la grace du Pere Thomaſſin, inquarto,
8. livres.
La viede ſainte Geneviefve par le Pere l'Allemant,
indouze, 20. fols .
Hiftoire desGuerres Civile de Grenade,indouze,
3.vol.4. livr. 10.fols .
LesConferences de Caſſien, inoct. 2.vol . 3.1.
FIN.
I
MERCURE
THEQUE GALANT YON
*
1893
FANVIER 1683
'AY preſque toûjours
commencé ma premiere
Lettre de chaque
Année , par un abregé
des Eloges du Roy , répandus
dans celles des onze derniers
Mois de la précedente. le m'en
diſpenſeray celle- cy , non feulement
parce que cet abregé demandant
trop d'étenduë , occuperoit
toute la place que doi-
Janvier 1683 . A
DE
LA
VILL
2
MERCURE
vent remplir les Nouvelles particulieres
; mais parce que toute
la Terre ayant les yeux attachez
fur ce grand Monarque , il n'y
a point de lieu qui ne retentiſſe
de ſes loüanges . Les Souverains,
qui le regardent comme un parfait
Modelle des Roys , étudient
ſes actions , & font à ſon imitation
des Reglémens dans leurs
Etats. Cependant , Madame ,
pour ne point quiter une matiere
qui vous eſt ſi agreable , il
faut vous faire entendre nos
Muſes. M' Tavault , Avocat au
Parlement , demeurant à Nuys
en Bourgogne , les a fait parler
d'une maniere ſi ſpirituelle fur
les merveilleuſes qualitez de
LOUIS LE GRAND , que ſon Ouvrage
a reçen l'approbation des
Connoiffeurs les plus délicats.
Vous demeurerez d'accord, aprés
GALANT.
3
3
l'avoir lû , qu'il eſt digne de la
vôtre .
ELOGE
DU ROΥ.
Driſſant Roy des François ,Monarque
incomparable ,
A qui doivent ceder les Héros de
la Fable.
Les Hercules , fameux par cent Travaux
divers ,
Qui de Monstres cruels purgerent
l'Univers ;
→
Achile ſi vanté par son noble courage
,
Et qui reçent des Dieux la valeur
pour partage;
Des Indes le Vainqueur ,le celébre
Bacchus ,
A 2
4
MERCURE
Qui fe fit adorer par cent Peuples
vaincus ;
t
Le Prince des Troyens , le genéreux
Enée ,
Qui laſſa de Junon la colere ob-
Stinée;
Hector , Vlyſſe , Ajax , & tous ces
demy- Dieux ,
Que les Peuples groſſiers placerent
dans les Cieux , :
N'ont jamais poffedé la véritable
gloire ,
Quand leur Roman flateur feroit
mesme une Hiftoire.
Souvent on les y voit par le vice
abbatus ,
C
Et parmy cent défauts on lit peu de
vertus .
Mais les Cieux , ô Grand Prince , à
nos voeux ſi propices .
T'ont donné leurs Vertus exemptes
de leurs vices ,
2.
Et raſſemblé dans toy , par unSecret
nouveau ,
GALANT.
5
Tout ce que ces Héros poſſedoient de
plus beau.
L'Autheur de la Nature en formant
ton visage ,
A fait de fes Grandeurs la plus
parfaite Image;
Il a mis dans tes yeux une douce
fierté ,
Imprimé sur ton front un air de
Vne mine charmante & digne de
majesté ,
l'Empire ,
qu'on t'admire.
Qui te fait redouter dans le temps
1
L'Esprit ne dément pas un ſi riche
dehors ,
Il renferme dans ſoy de précieux
trésors.
Il est vaste, élevé, genéreux ,magnanime
,
blime ,
Eclairé , penetrant , équitable , fu-
Grand dans tous ſes deſſcins , juste
dansſes projets,
A
3
6 MERCURE
Travaillant fans relâche au bien de
Ses Sujets.
Les Ieux, les Carrousels , les Balets,
les Spéctacles ,
miracles
2
Du Théatre François ces ſurprenans
La Chaffe, les Concerts , ces plaisirs
innocens ,
Qui peuvent d'un Monarque enchanter
tous les sens ,
Sembloient te délaſſer dans tes nobles
fatigues;
Mais l'esprit prévenu de cespuiſſantes
Ligues ,
Queformoient contre toy tes illustres
Rivaux ,
Tu méditois pour lors ces glorieux
Travaux ,
Qui t'ont rendu Vainqueur ſur la
Terre & fur l'onde ,
Et porté de ton Nom , la gloire au
nouveau Monde.
Tranquille en apparence au milieu
du repos,
GALANT.
-Nous faisant voir le Roy , tu eachois
le Héros.
95
Tel est l' Aftre du jour , cet Aftrefalutaire
,
Si juste ,fireglé, dans ſon cours circulaire.
Ilpeint l'émail des Fleurs dans la
belle Saison ,
Moiſſon ,
Il meûrit le Raisin , il jaunit la
Et du mesme rayon il tire de la
Terre ,
C
Les fubtiles vapeurs dont il fait le
Tonnerre .
Aucun Prince avant toy dans le métier
de Mars 3
N'a tant vû de dangers, ny tentéde
hazards ;
Iamais onn'a tant fait de Marches
Surprenantes , 21 th
Ny jamais tant donné de Batailles
Sanglantes .
Tant d'Exploits diférens , tant de
Siéges fameux
A 4
8 MERCURE
vis de nos Entrepris jours , ſurprendront
nos Neveux .
Quelautre Conquérant ofe attaquer
des Places ,
Qui semblent à couvert par la neige
& les glaces ?.
La fidelle Victoire attachée à tes
A toniours fecondé la force de ton
Bras.
८
Changrant en ta faveurſa nature
changeante ,
T
Elle afixé pour toy fon humeur inconftante.
Sans te faire éprouver aucun fåcheux
revers ,
Elle alloit fous tes Loix ranger tout
l'Univers ;
Mais quand rien ne réſiſte aupouvoir
de tes Armes ,
On te voit tout d'un coup renoncer à
Ses charmes ,
Et de tes Ennemis prévenant les
Souhaits 29
GALANT.
9
- Applanir les chemins qui tendoient
àla Paix.
Alexandre le Grand, ce démon de la
Guerre ,
Emporté d'un orgueilsifuneste à la
Terre ,
Ne peut se contenir dans ſes vaſtes
Projets ,
Pour luy le monde entier a trop pen
de Suiets.
César bannit la Paix de ſa propre
Famille ,
Ilne voit qu'a regretle Mary de fa
Fille
Partager avec luy le Souverain pouvoir
,
Il veut tout poſſeder , ou bien ne vien
avoir.
LOVIS , du Genre - Humain les
nouvelles délices ,
Sçait d'un coeur héroïque arreſter les
caprices.
Sa gloire n'a pour luy quede foible
appas
ي ف
As
10
MERCURE
Si le bien des Mortels ne s'y rencontre
pas.
C'est le plus haut degré de la valeur
fupréme ,
Quand on peut vaincre tout , de fe
vaincre foy mesme.
D'une gloire nouvelle alors environné
,
Grand Roy ,je te connus pour le Roy
Dieu donné ,
En effet tes vertus , ta conduite divine
,
Nous font voirque le Cieleft taſeule
origine ,
L'ardeur dont tu ſoûtiens les droits
defes Autels ,
Te fera mériter des honneurs immortels.
Doux Climat , beau Païs , agreable
Contrée,
France charmant feiour de la divine
Aſtrée ,
Tandis que tes Voiſins au milieu des
horreurs
GALANT. 11
Eprouvoient des Soldats les terribles.
fureurs Li :
Les Délices, les Ieux , les Festins &
la Dance,
Le tranquille repos , & l'heureuse
abondance.
Te faisoient reſſentir leurs effets les
plus doux , १
Et rendoient de ton fort mille Peuples
jaloux.
Dans cet heureuxſejour où tout plai-
- fir abonde ,
Regne le GRAND LOVIS , la
Merveille du Monde. :
La Naiſſance de Monſeigneur
ie Duc de Bourgogne eſtant une
des, plus illuftres matieres qui
puiffent jamais exercer les Orateurs
, M. Herfan , qui profeffe
la Rhetorique dans le celebre
College du Pleſſis - Sorbonne
avec un fuccés mer
veilleux & une réputation
2
i
A 6
12 MERCUREO
digne de fon rare mérite,prononça
un des jours du mois dernier,
dans la Salle de ce College , un
Difcours tres- éloquent ſur ce
fujet , en prefence de Mr l'Archevêque
de Paris , à la teſte d'un
grand nombre de Docteurs de
cette Maiſon . Pluſieurs Prélats,
&autres Perſonnes de confidération
, honorerent cette Cérémonie
de leur préſence , &tout
le monde en fut extraordinairement
fatisfait. 2
Ce Difcours contenoit deux
Parties. Dans la premiere , l'Orateur
fit voir le bonheur du Roy
dans la Naiſſance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne , &
releva d'une maniere auffi fpirituelle
qu'agreable , la qualité de
Grand- Pere , qu'il fit valoir plus
que celles d'Invincible , de Vi
Aorieux , d'Arbitre de la Paix &
C
GALANT.
13
de la Guerre. Il exécuta cela
avec une éloquence incomparable
; & pour diftinguer ſon Dif
cours des Actions profanes , il finit
cette premiere Partie par une
reflexion Chreſtienne,attribuant
cette rare félicité du Roy à ſa
pieté ſfinguliere , & à ce zele admirable
qu'il fait paroiſtre pour
la Religion . Cette reflexion le
fitentrer fort naturellement dans
un Compliment qu'il fit à M
l'Archevêque de Paris,pour marquer
combien les fages Conſeils
dont ce Prélat accompagne le
zele de Sa Majesté , contribuënt
de jour en jour au grand nombre.
de Converſions qui ſe font dans
toutes les Provinces que l'heréfie
de Calvin a autrefois infetées.
٠٤
Dans la ſeconde Partie , M
Herſan fit voir le bonheur de ce
14
MERCURE
jeune Prince , faiſant conſiſter,
ce bonheur principalement dans
quatre illuftres Perſonnes dont il
eſt le Fils , ſçavoir le Roy , la
Reyne , Monſeigneur le Dauphin
, & Madame la Dauphine ;
ce qui luy donna occafion de faire
le Portrait de ces quatre Per
ſonnes incomparables. On peut
dire que ſi l'Eloquence n'a jamais
rien entrepris de fi beau
de ſi difficile , ny de fi grand ,
elle n'a jamais eu de ſuccès plus
heureux . Ces quatre Portraits
font quatre chef d'oeuvres , & je
ſuis perfuadé , Madame , que ces
fameux Peintres dont les noms
font immortels , n'ont rien faic
de fi brillant avec leurs couleurs ,
que ce que cet excellent Orateur
a peint avec ſes paroles. Il
finit , en congratulant la France,
& adreſſant ſes yoeux pour la du
GALANT.
15
rée & la félicité du Regne de Sa
Majeſté .
Comme les ordres de faire des
Réjoüiſſances publiques pour la
Naiſſance de Monſeigneur le
Duc de Bourgogne , n'ont eſté
envoyez qu'aux plus confidérables
Villes de chaque Province,
ily en a eu pluſieurs à quil'exemple
a fervi de regle. Celles de
Bourgogne ont prétendu qu'elles
devoient avoir toutes un privilege
particulier qui les diftinguaſt
des autres , & c'eſt par là qu'une
de ces Villes s'eſtant plainte de
n'avoir point reçeu d'ordre , trois
Divinitez qui préſident aux productions
de la Terre , ont eu en
ſemble l'entretien qui fuit.
16 MERCURE
CONVERSATION
DE POMONE ,
ET DE FLORE ,
AVEC CERE'S LEUR VOISINE ,
Sur Monseigneur le Duc
de Bourgogne.
POMONE A CERE'S.
Stes - vous encore à sçavoir ,
Egrande Deeffe, qu'il est né en
France , au mois d'Auguste , Sous
le Signe du Lyon , le jour de fupi.
ter , d'une Mere appellée Vittoire,
un Enfant Royal le plus beau du
monde?
FLORE .
Et n'auriez-vous pas appris qu'un
!
GALAN T. 17
Feu extraordinaire brilla dans l'air
la veille de cette Naiſſance , &
qu'il s'en est allumé depuis par tout
ce Royaume , & dans tous les Etats
voisins , pour en celébrer la joye en
Terre , à l'imitation du Ciel ?
CERE' S.
- Cette Naiſſance m'est connuë ,
aussi bien qu'à vous , mes cheres
Voisines , & je n'ignore aucune des
merveilles qui l'ont précedée , ac
compagnée , &suivie. Je ſçay que
cet Enfant Royal est le Fils d'un
Prince accomply , &d'une Princes-
Se adorable ; le Petit - Fils du plus
grand Roy , & de la plus vertueu-
Se Reyne , qui furent jamais ; le
Protecteur de cette Province ; en
un mot , Monsieur le Duc de Bourgogne.
Jesçay encore , & de bonne
part , que le tremblement de Terre
qui arriva le fixiéme mois de ſa
formation , est un préſage certain
18 MERCURE
qu'il fera tout trembler , lors qu'il
fera dans ſon ſixiéme lustre. Les
Infidelles n'ont qu'à ſe bien tenir ;
il y aura bien du malheur s'il ne
les renverse ; & je sçay de plus ,
que le Ciel a voulu confirmer lepré-
Sage de la Terre , par la Comete
qu'il a fait paroître aprés le redoutable
tremblement.
POMONE .
Eb , puis que vous Sçaviez tou
tes ces chofes , dites nous , de gra
ce,pourquoy vous ne vous en étes
non plus remuée , que si elles n'avoient
pas estéde vostre connoiſfance
; & pourquoy la Ville que nous
voyons , & qui vous appellefon ancienne
Déeffe , n'a pasfignalé, comme
les autres , la joye qu'elle a d'un
fi bel accroiſſement de la Famille
Royate ? Voſtre immobilité vientelle
de vostre admiration , n'au
GALANT.
19
Iriez vouspas averty vôtre Ville de
Son devoir ?
CERE'S.
Ne nous flatons point. Si cette.
Ville reconnoist la Déeſſe des Moif-
Sons poursa Déeffe du temps paffé,
elle ne la reconnoist pas pour celle
du temps preſent , quoy qu'elle ne
Subſiſte encore aujourd'huy que de
mes faveurs , & que de celles de
mon Amy , le Dieu des Vandanges.
A la verité , le Temple que voila
dansſa Plaine , porte toûjours mon
nom ,puis qu'on l'appelle encore Cerée
, mais c'est tout ce qui m'en refte.
On nem'y adreſſe plus de pricres
ny de voeux , d'offrandes ny de
Sacrifices ; on m'en a chaffée pour
y arborer la Croix ; & comme je
ne vois plus icy que des Ingrats
je ne me meſle non plus d'y donner
des avis , que d'y rendre des Oracles.
20 MERCURE
ΡΟΜΟΝΕ .
Il est vray que le changement
des Peuples est étrange ; mais vous
n'étes pas la seule Divinité qui en
Souffre , c'est un mal commun à toutes.
Il me semble neanmoins qu'il
étoit de la genérosité celeste , de ne
pas laiſſer les Habitans d'une Ville
qui vous a fi longtemps adorée,
dans l'ignorance de ce qu'ils avoient
àfaire. Ils cultivent vos Guérets,
comme d'autres cultivent nos Vergers
& nos Parterres.C'est une eſpece
de culte qu'ils nous rendent , &
qu'ils nous rendront toûjours . Il
faut s'en contenter , puis qu'il n'y
en a plus d'autres à attendre ,
ن م
dans le besoin , leur accorder noftre
aſſiſtance.
FLORE .
J'avois bien crû qu'ils renouveleroient
les charmans Spéctacles &
GALANT. 21.
*
les agreables Concerts , qu'ils employerent
il y a 21 an , pour celé
brer la Naiſſance du Pere du nouveau
Prince , & 23 ans auparavant
, celle de fon auguste Ayeul;
& je me souvenois avec plaiſir de
ces temps heureux , de ces Pyrami
des de feu , de ces Obéliques de lumiere
, de ces Etoiles nouvelles , de
ces Harmonies de Guerre & de
Paix , & de toutes les autres Réjouiſſances
qu'ils firent éclater dans
l'une& dans l'autre occaſion ; mais
ces doux ſouvenirs n'ont pas esté
rafraîchis , comme je l'esperois . La
joye est demeurée toute entiererenfermée
dans leurs coeurs ; ou s'ilen
a paru quelque chose au dehors , ce
n'a étéque dans leurs yeux .
CERE'S.
Quelque ſujet de plainte qu'ils
m'ayent donné , je dois vous dire à
leur décharge , qu'il n'a pas tenu
22 MERCURE
à eux qu'ils n'ayent recommencé les
Réjoüiffſances dont vous parlez ;
mais vous sçavez que cet Etat est
Si bien policé , que rien ne s'y fait
fans ordre , & je vous apprens qu'ils
n'en ont point reçeu qui leur permist
de s'affembler , de se mettre sous
les armés , d'allumer des Feux , &
de celebrer enfin la nouvelle Feste
du Royaume.
FLORE .
Leur procedé ceſſe de mefurprendre
; mais je m'eſtonne de l'omiſſion
de ces ordres , ſur un sujet pour lequel
on auroit plûtoft deû en envoyer
cent fuperflus , que d'en oublier
un neceffaire . Il est vray que cha.
cun a este fi fort occupé à donner
chez foy des marques de ſon allegreſſe
, que la memoire a bien pû
manquer dans ces tranſports , elle
qui manque ſouvent au milieu de la
tranquillité. :
GALANT. 23
ز
1
ز
POMONE.
La Renommée a porté par tout
Theureuse Nouvelle dont nous parlons
, & ç'a esté un ordre general
qu'elle a donné à toutes les Villes
du Royaume , d'en temoigner hautement
leur joye ; & rien qu'un de
faut de zele n'a pû retenir les Ha ..
bitans de vostre Ville dans l'oifiveté
& dans le filence , tandis que
l'Espagne & l'Allemagne faisoient
même des Feux & des acclamations
à la gloire du nouveau Prince.
CERE'S.
Pouvez- vous avoir cette pensée
d'une Ville Françoise , d'une Ville
Royale , & d'une ville encore qui
- eft de la Province dont l'auguſte En
fant porte le nom ? Faites- luy plus
de justice, j'en connois les coeurs . Il en
est peu de plus ſenſibles au bonheur
de la Couronne ; & la grande Princeffe
à qui ils appartiennent , leur
24
MERCURE
imprime trop bien cette ſenſibilité
parson exemple , pour en manquer,
quand bien toutes les autres raiſons
ceſſeroient. Mais quoy , c'eſt aux
grands Peuples à regler la conduite
des petits . Leurs Voiſins qui habitent
comme eux les bords de la Seine
, & qui les furpaſſent en puiſſance
, n'ont rien entrepris ſans en avoir
reçeu auparavant des ordres particuliers
. Il a donc fallu qu'ils en
attendiffent. Leur attente a esté
inutile , iln'en est point venu . C'est
leur malheur , & non pas leur
faute.
POMONE
Ils devoient s'en plaindre , on
leur en auroit fait raison , ou plutoft
ils devoient paffer sutre. Qui
l'auroit pû trouver mauvais ? Mais
la coûtume , direz vous , les a trom.
pe.z Eh bien , excuſons- les donc ,
& Supleons même à leur defaut,
puis
GALANT.. 25
j
puis que c'est un party plus honneſte
que celuy de les blâmer.
FLORE .
Nous ne pouvons rien faire de
mieux . Voila l'Arbre Fée à cent
- pas de nous. C'est le plus fameux du
Pais ; mettons -y le feu de toutes
parts ; & tandis que ce Flambeau
vivant changera en beau jour cette
Sombre muit , chantons chacune une
Chanson à la gloire des Princes qui
forment la Maiſon Royale. L'Echo
de la Perriere nous répondra ; &
les Nymphes d'Arſe' , d'Ourſe , &م
de Leigne , qui ont joint celle de
Seine dans vostre Contrée
écouteront avec elle ; puis témoins
de nostre Feste , elles en iront en-
Semble porter la nouvelle à Paris &
àVersailles , où Mercure qui ſçait
tout ce qu'on y dit , l'annoncera
bientoftà toute laTerre .
Janvier 1683 .
,
B
nous
26
MERCURE
POMONE .
Nous ſommes dans la ſaiſon des
Ardans , & nous pouvons encore inviter
la Seine d'en faire paroître
quelques-uns pour dancer fur fes
Eaux , ou dans cette Prairie , tandis
que nous chanterons ; & il ne fiera
pas mal aux Napées de se mesler
avec eux , s'ils viennent sur le ri.
vage . Je ſerois même d'avis que
nous priaſſions la Nuit de diſſiper
fon obfcurité , afin que l'air eftant
Sans nuages , le Ciel nous donne par
Son bel azur , &par le bel ordre &
le doux brillant de ſes Etoiles , la
plus belle des Illuminations.
CERE'S .
Je n'ay garde , mes cheres Compagnes
, de desaprouver des penféesfi
raisonnables ; il en faut venir
aux effets ; & pour commencer,
ucicy ce que je chanteray à la gloire
de l'auguste Monarque.
GALANT.
27
LOUIS LE GRAND reſſemble au
*** puiſſant Jupiter ,...
Il en a le regard , la majeſté , tout
Pairs
Titans , Geans , craignez ſa
foudre ;
Il vous a pardonné , mais ne l'offencez
plus .
Cris, regrets , ſeroientfuper-
Aus,
Il vous reduiroit tous en poudre.
POMONE .
Voila s'attacher de bonne grace
à la Tige. Pour moy , je me prendray
à la Branche ; & voicy ce
que je diray du Fils de ce Grand
Royal1
Legenéreux DAUPHIN tient de
noſtre Dieu Mars ,
Il en a l'action, le bras ,& le courage.
B 2
28 MERCURE
Aigles, Lions , & Léopards , I
Tréve d'humeur vaine & fauvage
;
Apprenez aujourd'huy ,
Que quelque, bruit que voſtre
union faſſe ,
La Guerre contre vous ne ſeroit
rien pour luy
Qu'un divertiſſement de Chaſſe .
FLORE.
Il me reste donc à parler de la
Fleur , & du jeune Lys qui fort des
deux autres ; & cette chanson expliquera
ce que j'en pense.
Ce cher Enfant eſt beau comme
l'Amour ,
Il en a les traits & les graces.
Combien nous luy verrons un
jour :
Donner d'Affauts , prendre de
Places! :
GALANT.
29
a
Sçachez, fieres Beautez, & vous,
fiers Ennemis ,
Que par la douceur de ſes charmestat
m
Ou par la force de ſes armes ,
Tout luy ſera ſoûmis .
CERE'S.
Ces loüanges ne sont pas indignes
de ces Princes , & nous ne
pouvions mieux les comparer qu'à
nos Dieux. Mais ajoûtons enfaveur
du Nouveau né quelques-uns de ces
Souhaits efficaces , qui ne manquent
jamais d'arriver quand ils partent
du fonds de nos coeurs.
FLORE .
Nous vous obéirons avecjoye; &
pour ne point diférer, je ſouhaite &
refouhaite que tout ce que je viens
de dire du jeune Prince , se trouve
veritable dans le temps , que les
Jeux , les Ris , & tous les honneſtes
Exercices ,fleuriffent avec luy ; que
B 3
30
MERCURE
la Galanterie , la Fortune , la
Victoire l'accompagnent par bout ;
& qu'il soit comme for Ayent , un
fulet continuel d'admiration &م
d'amour.l.com daquo
POMONE
Je souhaite de mesme , qu'il ait
un fonds inépuisable de bonté ; qu'il
ne paffe point de jour fans faire
beaucoup de bien qu'il mette dans
cette profusion Son plus grand plaifir
&Sa principale gloire;&que
le fruit d'une inclination fa loäable
Soit l'engagement volontaire de toutes
les Nations aux Loix de fon
Empire.
CERE'S.
Et moy jeſouhaite quefon Regne
ait plus de felicité& de durée que
celuy d'Auguste ; que l'Abondance
&la Paix en foient inséparables ;
que les Arts , les Sciences , & toutes
les Vertus , s'y pouffent dans la
GALANT. 31
plus haute perfection ; & que ce
Prince Surpaffe autant en merites
fes Sujets , qu'ils furpaſſeront alors
en bonheur tous les autres Peuples
de la Terre.
POMON E.
Son illustre Naissance ayant fervy
de fondement à nos fouhaits , il
eft impoſſible qu'il ne ſoit un iourin
finiment brave , galant , bienfaifant,
Sage, & heureux ; mais pour
achever ſafelicité , il me semble
qu'ily a encore un ſouhait àformer,
dont l'importance demande noſtre
ionction. C'est qu'il se voye un tour,
comme fon Ayeul se voit auiourd'huy
, un Fils quiſoit veritablement
dignement de luy , & un Petit- Fils
qui luy donne de belles esperances
de parvenir à lamesme gloire.
Les deux autres Déeſſes approuverent
& confirmerent ce
favorable ſouhait ; aprés quoy,
B 4
32
MERCURE
Pexécution ſuivit leurs projets.
Il n'en couta pourtant que les
Branches à l'Arbre Fée , la Tige
eſt demeurée en ſon entier
Le Berger de Flore qui oüit
cet agreable entretien , & qui
en vit l'effet ; comme il retournoit
de la Ville de queſtion dans
fon Hameau , eſt celuy qui m'en
a donné la connoiſſance ; mais
quelque fécondité qu'il y ait
dans les ſouhaits de ces Déeffes
champeſtres , il a trouvé qu'il y
manquoit encore quelque choſe;
& c'eſt que le jeune Prince ,
plus heureux que François II .
que Charles le Sage , que Philippe
le Bel & que S. Loüis , qui
eurent le bonheur de voir les
fameux Roys leurs Ayeux , mais
ſeulement durant de petits eſpaces
de temps , voye le ſien pendant
un grand nombre d'anGALAN
T.
33.
nées , afin qu'il puiſſe apprendre
à regler ſes moeurs & fes actions
fur la veuë de celles du plus ſage
des Monarques , & recevoit des
Leçons de bien regner , du plus
grand Maiſtre en cet Art qui fut
jamais.
Je croy en effet qu'on ne luy
peut rien ſouhaiter de plus
avantageux , quelques ſouhaits
qu'on faffe à fon avantage. t
Comme il faut du temps pour
recevoir les Nouvelles des Lieux
éloignez , je n'ay appris que depuis
fort peu de jours ce qui
s'eſt paſſe à Malte à l'occaſion
⚫de cette meſme Naiſſance . On
n'en fut pas plûtoſt informé dans
l'ifle , que Monfieur le Crand
Maiſtre , de l'illustre Maiſon des
Caraffes , & le facré Confeil,
ordonnerent un Feu d'artifice ,
BS
34
MERCURE
2
dont le deſſein fut formé avec
beaucoup d'art & de foin , &
executé avec une entiere magnificence
, ſous la conduite & les,
ordres de M le Chevalier de
Beaujeu d'Arles , Commandeur
del'Artillerie de la Religion , qui
donna cette Feſte publique le Dimanche
au ſoir 18.d'Octobre,avec
la décharge de toute l'Artillerie,
Le Clergé de la grande Egliſe
Conventuelle chanta le Te Deum
en Pontificat , & fit le meſme
jour une. Proceffion folemnelle ,
qù toute la Religion aſſiſta. Le
Feu de joye eſtoit composé de
quatre grandes Tours. Ellesfoutenoient
des Galeries & des Trophées
d'armes , portées par quatre
grands Dauphins , qui firent
feu tres - longtemps. Des Vers
Latins compoſez par M de
GALANT.
35
=
-
-
Champotfim , Preſtre Conventuel
de l'Auberge de Provence ,
- ſe liſoient aux quatre faces des
Tours. Les Armes de France ,
de Baviere , & des Païs Conquis,
en faifoient l'ornement extérieur.
Les Peintures & les Deviſes occuperent
agreablement les yeux
d'un nombre infiny de Spectateurs.
Le lendemain 19. Monfieur
le Grand Maître fit ſon Feu
particulier au Palais , avec mille
marques de grandeur
Joye. Toute la Ville ou Cité
Valeſe , fut illuminée pendant
trois nuits. On y permit tout le
Dimanche , Lundy & Mardy , la
-liberté de ſe déguiſer en maſque,,
& les autres divertiſſemens du
- Carnaval . L'Auberge de Provence
, comme la premiere , fit ſa
= Feſte particuliere le Lundy , &
=
&de
B 6
36 MERCURE
donna une Fontaine de Vin au
Peuple. Elle couloit par quatre
Canaux devant ſa maiſtreſſe
Porte. Le Te Deum fut chanté à
la Chapelle de Sainte Barbe , au
ſon de l'Artillerie du premier
Baſtion de Provence . L'Auberge
d'Auvergne , qui eſt la ſeconde
en préeminence , fit la meſme
choſe le Mardy , & Mles Chevaliers
de Carros , & de la Fare,
conduiſirent le deſſein , comme
Procureurs . Le Dimanche ſuivant
, 25. du meſme mois , l'Auberge
de France s'acquita du
meſme devoir avec grand éclat .
Il y eut deux Fontaines de Vin ,
l'une devant la Porte de la Chapelle
de S. Loüis à l'entrée du
Port , & l'autre devant la Porte
de l'Auberge. Les Galeres de
l'Ordre donnerent auffi le SpéGALAN
Τ. 37
コ
e
e
e
t
e
e-
5.
コ
,
e
e
r
tacle d'une Feſte aux frais de
l'Ordre. Il n'y avoit rien de ſi
beau à voir , que le Feu qu'elles
firent lors que la nuit commença.
Tout ce qu'on ſe peut
imaginer de marques de joyer
fincere , parut dans les Vivat du
Peuple , des Soldats , & meſme
des Eſclaves , qui ſuivirent admirablement
l'exemple des Chefs .:
Le huitième de ce mois , M
de Maupeou fut reçeu Conſeiller
au Parlement , avec une approbation
generale. Il a eſté
Chevalier de Malte , & eſt Fils
de Me de Maupeou , Préſident
en la Premiere Chambre des
Enquestes , & de Dame Marie
Doujat. Jay ſi ſouvent parlé
dans més Lettres precedentes ,
de la Famille & du mérite de
cet illuſtre Préſident , que je me
contenteray de repéter que M
38
MERCURE
fon Pere eſtoit Préſident en la
Cour des Aydes , & qu'il a eu
pour Enfans feu Mr l'Eveſque
deChâlons- fur-Saone , & quatre
Capitaines aux Gardes , qui font
tous morts au ſervice de Sa Majeſté.
Le dernier avoit eſté Major
des Gardes , & eſtoit Gouverneur
d'Athe lors qu'il eſt
mort. M' l'Evefque de Castres
eſt Frere du Conſeiller nouvel
lement reçeu. Lors qu'il a eſté
nommé à cette Charge , il exerçoit
celle d'Avocat General au
Grand Confeil , qu'il avoit euë
par la mort de Me ſon Frere ,
qui s'en acquittoit tres - dignement.
こLa Famille de Madame la Préfidente
de Maupeou n'eſt pas
moins illustre. Elle eſt Fille de
fea Mr Doujat , Conſeiller en la
Grand Chambre , qui s'eſt acGALAN
T.
39
Π
e
e
.
s
e
11
S
e
a
quispendantcinquante ans , une
haute eſtime dans les fonctions
de cette Charge ; & Soeur de
Mr Doujat , Conſeiller en la mê
me Chambre , dont la capacité
eſt connuë de tout le monde.
Mr Doujat eſtoit Fils de Meffire
lean Doujat , Conſeiller en la
Cour des Aydes , que ſa fcience
& ſa probité avoient mis dans
une ſi grande réputation que
Mª Chevalier Premier Préfident
de cette Compagnie, le propoſa
dans la Harangue qu'il fit le
lendemain de la Saint Martin en
l'année 1611.comme le modelle
d'un parfait Magiftrat. M' Doujat
ſon Pere avoit eſté Avocat
General au Grand Conſeil , &
c'eſt cette meſme Charge que
Meſſieurs de Maupeou ſes Petits
Fils , ont fi dignement exercée
depuis peu.
40
MERCURE
On travaille à l'Etabliſſement
d'une Manufacture d'Ecarlate
fixe , par le moyen des Eaux de
Verſailles . Cette Ecarlate que
rien ne ſçauroit tacher , eſt à la
maniere de la Pourpre des Anciens
, fur laquelle je vous ay
déja envoyé trois Diſcours trescurieux
dans mes Lettres Extraordinaires
. Cependant le Mémoire
qui vient de tomber entre
mes mains , me donne lieu de
vous en dire encor des choſes
nouvelles .
La Pourpre qui fit tant de
bruit autrefois , & dont les Hiftoire
Sainte & Prophane nous
parlent en mille endroits , n'étoit
le ſymbole de la Puiſſance fouveraine
, que parce qu'elle eſt la
veritable couleur du Feu , qui
eſt ſupérieur aux trois autres
Elémens. Ainſi l'on peut dire
2.
GALANT.
41
ا
a
que ſi les Roys s'en parent encor
en certaines occaſions, auſſi-bien
que les Princes de l'Egliſe , dont
la Pourpre n'eſt diferente de
celle des Monarques que par ſon
feu violet , qu'ils prétendent être
le plus ardent & le plus épuré ;
_ c'eſt ſeulement pour marquer à
leurs Sujets leur autorité ſouveraine.
Les Autheurs Latins , qui
par excellence nomment la Pourpre
Purpura d'un mot Grec qui
fignifie double éclat , ou d'un
autre qui veut dire feu , raportent
que les Empereurs avoient
tant d'eſtime pour cette couleur ,
que non ſeulement ils creérent
des Charges imporrantes pour y
avoir une tres- exacte inſpection
dans leurs Etats , mais encore
qu'ils la dédierent à Jupiter , &
qu'à cet effet ils en firent appendre
des Pieces dans le Capitole,
1
42
MERCURE
comme le Chefd'oeuvre de la
Teinture, & un effet miraculeux
de l'artifice des Hommes .
Quelques - uns affurent que
trois raiſons bien remarquables, la
firent particulierement honorer
par les Anciens. La premiere ,
parce qu'elle estoit la ſeule couleur
fixe & ineffaçable , à la di
férence des autres couleurs qui
fe perdent en fort peu de temps;
ce qui a donné lieu de foûtenir
qu'il y avoit la meſme diférence
à faire de cette Teinture fixe ,
dont nous avons perdu le ſecrer,
à celle de l'Ecarlate qui ſe fair
aujourd'huy , que d'une Pierre
précieuſe d'Orient dont la counleur
eſt naturellement fixe , àun
morceau de Verre teint. Auffr
eſt-ce pour cela que la Pourpre
fe vendoit au poids de l'or, & que
le Grand Alexandre fit , felon
GALANT
43
ة
a
Plutarque, plus de cas de la Pourpre
d'Hermione qu'il trouva para
my les riches Dépoüilles que ce
Monarque remporta de la prife
de Suze,dont il y avoit pour plus
de cinquante mille Talens , que
les Roys de Perſe y faifoient conferver
depuis prés de deux cens
ans, que de toutes les Pierres prétieuſes
qui y estoient en une prodigieuſe
quantité parce que
comme il eſtoit magnifique , &
qu'il en ſçavoit bienl'inaltérable
-fixité , ce Prince méditoit d'en
- laiſſer à la Poſtérité des monumens
pour ſa gloire.
La ſeconde raiſon, c'eſt que non
- ſeulement la Pourpre étoit fixe,
maisencorintachable, s'il eſt permis
de ſe ſervirde ce terme. Ce
e fut ce qui obligea les Romains,
autrefois ſi poliques, à n'en permettre
l'usage qu'à ceux d'entre
44
MERCURE
eux qui ſe trouvoient élevez en
dignité. Auſſi les Sénateurs ſe
tenoient- ils bien plus honorez du
titrede Peres Empourpres, Patres
Purpurati, que de tout autre éloge
, parce qu'outre que la Pourpre
leur donnoit par analogie la
glorieuſe marque d'eſtre eſtimez
irrepréhenſibles , & fans tache,
cette auguſte couleur faiſoit encor
briller en eux la Puiſſance
fouveraine.
La troiſieme,c'eſt qu'ils étoient
bien aſſurez qu'elle n'avoit rien
decontraire à la ſanté. La teintu
re ne s'en faiſoit qu'avec le Sel,
le Vin & le Miel , avec lesquels
&le ſangdu petit Poiffon qui fervoit
à cet uſage , on en faiſoit la
compofition ; & c'eſt auſſi pour
cette raiſon que quelques Medecins
appliquoient des pieces de
Pourpre fur le coeur aux palpitaGALAN
T.
45
■ tions , & fur la teſte de ceux qui
eſtoient travaillez de migraines
■ aiguës, particulièrement des Enfans
qui avoient trop long-temps
- la fontaine de la teſte ouverte.
- Mais ce qui eſt bien plus remarquable
, les Enfans des Empereurs
de Conſtantinople n'étoient
nommez Porphirogenites,
( qualité dont on faiſoit tant d'état)
que parce que les Imperatrices
faifoient leurs Couches dans
l'Apartement le plus ſacré , auſſi
bien que le plus fecret du Palais,
qui s'appelloit la Pourpre , dont
les Murs incruſtez de Porphire
eſtoient tapiſſez de pieces de
Pourpre . Le Lit, & les Langes,
tout eſtoirde cette prétieuſe matiere
, tant on eſtoit alors perfuadé
qu'elle fortifioit la ſanté de
ces Enfans , fi précieux à l'Empi
re. En un mot l'excellence de
46 MERCURE
cette exquiſe Teinture, ſe tiredu
privilege qu'il falloit avoir pour
en faire la confection & le trafic,
& de l'honneur qui luy eſtoit
rendu par l'uſage auquel elle étoit
ordinairement deſtinée .
On a perdu cette maniere de
teindre , & il eſt certain que l'on
ne voit point d'Auteurs aujourd'huy,
ny de Voyageurs,qui nous
diſent qu'il y ait aucune Contrée
, où il ſoit reſté le moindre
uſage de cette Teinture ; ce qui
eſt aſſez digne d'étonnement ,
aprés la vogue qu'elle a euë anciennement
preſque par toute la
Terre. On tâche pourtant de réparer
cette perte en quelque maniere
, & de contrefaire autant
que l'on peut la Pourpre , par le
moyen de l'Ecarlate , & des autresCouleurs
rouges de cette nazure
; mais qui bien loin d'avoir
GALAN T.
47
コ
C
1
e
cette fixité ſi recommandable
qu'avoit la Pourpre , perdent
auffi-toſt leurs couleurs dans les
Tapiſſeries , les Ameublemens, &
ot les Paremens des Egliſes , où
l'on ne s'en peut plus ſervir
qu'avec chagrin , les rouges y
paroiſſant bien plûtoſt effacez
que toutes les autres couleurs où
il n'y eut jamais de fixité. Bien
loin encor que nos rouges modernes
ſoient intachables comme
l'étoient les rouges des Anciens,
ceux qui font obligez de s'en fervir
aujourd'huy , ne s'apperçoivent
que trop toſt qu'une goute
d'eau , un peu de bouë , d'urine,
ou choſes ſemblables , les tachent
ſans aucun remede , & l'on voit
tous les jours les Soldats obligez
de porter leurs Habillemens à
moitié déteints,par les taches qui
s'y font preſque auffi- toſt qu'ils
en ſont vétus.
لا
1
e
48 MERCURE
Pour ce qui regarde ce qu'on
peut nommer la falubrité ſi averée
dans la Pourpre , l'on eſt
bien éloigné de la rencontrer
dans l'Ecarlate , puis que nous
n'en avons point à préſent en
laine ny en ſoye qui ne ſoit empoiſonnée
par l'Arsenic & par
l'Eau - forte , qui comme on ſçait
font des poiſons ſans remede , &
fans leſquels toutefois on ne ſçait
point faire ces couleurs ; ce qui
fait qu'on ne ſçauroit affez s'étonner
, que juſqu'icy l'on n'ait
pas averty le Public du danger
qu'il y a de ſe couvrir le nez
d'un Manteau d'Ecarlate , &
c'eſt apparemment auſſi pour
cela que l'on a ceſſé de recevoir
les Enfans des Souverains dans
des Langes de cette Teinture
moderne , ce qui empêche qu'on
ne les nomme comme autrefois
Porphiro
GALANT.
49
1
1
5
5
,
Porphirogenites. Mais comme ce
ſiecle eſt celuy des prodiges &
des miracles , l'on ne doit pas
eſtre ſurpris que le ſecret d'une
Teinture qui ſe fait de la même
maniere & qui a les meſmes
qualitez à peu prés qu'avoit la
Pourpre , ſe ſoit heureuſement
découvert ſous le Regne , &
dans le Royaume de nôtre grand
Monarque , avec les meſmes pré
rogatives qu'autrefois .
Il eſt vray que l'eau qui eſt neceſſaire
à ſa confection , ſe trouve
par tout fort bonne aux environs
de Paris , mais particulierement
à Verſailles , où elle eſt admirable
par ſa nature pour la fixité
de la couleur , & pour la penétration
de la teinture qui ne ſe
trouve point dans les Ecarlates
ordinaires,qui ne font teintes que
ſuperficiellement.On a des preu-
Janvier 1683 . C
MERCURE
ves incontestables de ce que je
dis , par les expériences réïterées
qui en ont eſté faites de l'ordre
des Puiſſances , en préſence de
Perſonnes choiſies & fort éclairées
, ſur le raiſonnement phiſique&
naturel qui ne laiſſe pas
douter, que plus l'eau qui ſert de
véhicule aux Teintures, eſt meûrie
, batuë , & diviſée , plus elle
concentre le ſel qui contribuë à
la fixité , & c'eſt par cette raiſon
que celle de la Riviere des Gobelins
a eſté juſques icy eſtimée
plus propre aux Teintures , que
toutes les autres du Royaume . Il
y a cependant une ſenſible diférence
entre les eaux de Verfailles
,& les autres eaux dont on fe
fert, non ſeulement pour la legereté
, mais encor parce que dans
l'épreuve qui s'en fait aisément,
celle de Versailles éleve ſenſibleGALANT.
S!
ment la couleur beaucoup plus
que les autres, quoy que fort eftimées
, qui ſemblent , en comparaiſon
de celle de Verſailles , la
meurtrir , d'où s'enſuivent les taches
violetes qui ſe voyent aux
Ecarlates modernes , ce qui ne
peut arriver à la Couleur qu'on
propoſe ; & comme il n'y eut jamais
d'eau plus circulée que celle
de Verſailles , qui ſe trouve ſeparéedans
l'air en mille particules
par les Jets d'eau , elle y reçoit
auſſi plus aisément l'impreſſion de
l'eſprit aftral & lumineux , qui
fait en toutes les Teintures la
perfection des Couleurs hautes,
aufli-bien que leur diverſité.
Il eſt conſtant que cette Couleur
de feu propoſée , à la même
fixité que celle des Anciens,
puis que l'examen ordinaire du
Tartre & de l'Alun , qui eſt l'é-
C 2
52 MERCURE
1
preuve reglée par l'ordonnance,
auffi -bien que celuy du Soulphre
& du Savon qui détruit toutes
les autres Ecarlates , exalte la
couleur de celle-cy au lieu de
l'alterer ; & fur ce pié-là , il ſe
pourroit faire des Tapiſſeries en
maniere de Camayeux , dont les
ombres ſont marquées par la feule
diverſité des nuances , comme
on peut le faire comprendre aux
Intelligens en ce travail. Ces Tapiſſeries
fe pourroient aisément
ſavonner , pour en faire revivre
les couleurs , & par ce moyen elles
laiſſeroient à ceux qui nous
furvivront apres pluſieurs fiecles
, les incroyables Actions de
celuy-cy, & juſques au coloris
meſme des Perſonnes de la Cour
d'aujourd'huy , que le Bronze &
le Marbre,qui ne reçoivent point
de couleur comme font les Ta
GALAN T.
53
piſſeries , ne ſçauroient avec leur
dureté tranſmettre à la Poſterité
dans une pareille perfection.
Il eſt encor vray que cette
Ecarlate eſt intachable , c'eſt à
dire , que les Etofes qui en ſont
teintes,ſe peuvent ſavonner comme
la Toile , ce qui , comme on
peut juger , n'eſt pas d'un médiocre
ſecours au Soldat , auquel,
au lieu de Linge, on peut donner
des Cravates & autres menuës
Hardes de cette fixe couleur,qui
fera d'autant plus agreable à voir,
que juſques icy l'on ne s'en eſt
point encor aviſé.
-Pour la troiſième condition ,
puis que cette Ecarlate n'eſt faite
qu'avecdes choſes qui ſont amies
de l'Homme , & qui meſme luy
peuvent ſervir d'aliment , on ne
peut pas raiſonnablement douter
qu'elle ne ſoit fort bonne pour la
C
3
54
MERCURE
fanté , & qu'à la diférence des
autres Teintureries dont les vapeurs
font malfaiſantes , celles
de la Manufacture propoſée ne
ſoient agreables & aromatiques.
Et comme l'on juge affez que
le Roy fera faireun examen tresexact
de ce qui entre dans leur
compoſition, avant que d'en permettre
l'établiſſement dans un
Lieu qu'il honore ſouvent de ſa
Royale preſence , ou dans aucun
autre endroit , ou l'on pourroit
eſtre obligé de faire apporter de
ces eaux , par ledéfautd'un Lavoir
qui ne ſe peut trouver commode
que dans les eaux courantes
, l'on oſe s'aſſurer qu'il ne ſera
rien trouvé de temerairedans
toutes les parties de cette propoſition
, dont ceux qui l'examineront
avec te plus de rigueur , ſeront
convaincus ſenſiblement
GALAN T.
55
par'telles experiences qu'il ſera
jugé à propos de faire , & qui fe
font aisément , & en fort peu de
temps. Ainfi, s'il plaiſt à Sa Majeſté
de favoriſer l'établiſſementde
cette Royale Manufacture , &
d'accorder à cet effet ce qui ſe
perd des eaux de Verſailles,aprés
qu'elles auront ſervy à la divertir
, foit pour les employer ſur
le lieu , ſoit pour les tranſporter
ailleurs par le défaut de Lavoir,
on a fujet d'eſperer que le plus
ſuperbe Lieu du Monde , comme
le plus heureux par la Naiſſance
d'un auguſte Porphirogénite,
deviendra bien -toſt une des plus
grandes Villes du Royaume , par
ce qu'un tel établiſſement en attirera
neceſſairement pluſieurs
autres tres- conſiderables. Voila,
Madame , ce que contient leMemoire
que l'onm'a donné ſur cet.
C4
56
MERCURE
Article. Je n'ay rien changé aux
termes , pour laiſſer le ſens dans
toute fa force.
Les Vers qui ſuivent fur divers
ſujets , ſont tous de Mr Daubaine.
Vous ſçavez , Madame,
qu'il conte agreablement , & que
fon nom eſt un éloge fort grand
pour tous les Ouvrages qui le
portent.
BEAU DIT D'UNE
Servante d'Hôtellerie .
E logeay l'autre jour dans une
Hôtellerie,
Où je trouvay bon Vin, &Servante
jolie;
Le gifte n'estoit pasmauvais.
Attendant le Soupé , je gobe deux-
* oeufsfrais ,
Et je bois quatre coups. Là deſſus
Claudinete
GALANT.
57
(C'est la Servante ) estant dans la
Chambre où j'eſtois ,
J'entre en humeur , je pouſſe lafleurete.
De l'air dont je la debitois ,
I'aurois fort avancé l'affaire ;
Mais nous estions en présence de
Gens
Qui ne nous auroient pas peut- estre
laifféfaire.
Je réſous donc de prendre mieux
mon temps .
Tout- à.propos, dans l'entrefaite,
Claudinetefortit ,& s'en alla ſeulete
Dans le Grenier à foin. Je la ſuis
pas-à-pas ,
Croyant déja que c'étoit Ville priſe,
Vrayment , vrayment , je ne la tenois
pas .
Mon procede l'offence, elle s'en formalife.
F'ay beau luy protester queſes char
mans appas
:
CS
:
58 MERCURE
Me font tout - de-bonſa conquestes
De mon honneur j'eus toûjours
un grand foin ,
Me dit- elle, enprenant un gros bouchon
de Foin ,
Avancez ſeulement,je vous caſſe
la teſte.
PAROLES DU POЕТЕ
Anaxagoras .
A
Ntigonus campé , vit Anaxagoras
Fricaffer à grands tours de bras
Des Congres , & d'abord s'aviſa de
luy dire;
Crois- tu qu'Homore éterniſoit
le nom
Du grand Agamennon ,
En tenant une Poële à frire !
Non , répondit le Poëte , enſeprenant
à rires
Mais, dit- il àson tour. Antigonus
fçais-tu
GALANT.
$9
Que ce Roy dont le coeur & la
grandevertu
Répondirent fi bien à ſa noble
origine,
Viſitoit ſon Camp pour ſcavoir
Si le Soldat y faiſoit ſon devoir,
Et non pour critiquer Homere
en ſa Cuifine.
Anaxagoras eut raiſon ;.
Ce qu'il dit est une Leçon
Que tout Cenfeur devroit apprendre
,
Et que Cenſeur jamais n'apprit.
Tel qui ſe meſle de réprendre ,
Meriteroit ſouvent qu'on le repriſt.
ETREINES.
Youslefçavez. Iris. Iadisàtout
( Mais principalement
C6
60 MERCURE
Dans le temps des Etreines )
Ie vous faifois Vers , Chansons,
Billets doux ,
Le toutfans defort grandes peines
こ
Et la raiſon , c'est que pour vous
L'amour me donnoit du génie.
Sur vostre teint,ſur vos cheveux,
Sur vostre bouche, fur vos yeux,
Ie trouvois matiere infinie ,
Et i' estois toûjours bien- difant.
Cen'est pas de même à preſent ;
Depuis que vous avez ceffé d'estre
fidelle ,
Le fais pour vous loüer des efforts
Superflus.
Ma Muse me foûtient que vous
nestes point belle ,
Et ie pensequ'enfin ie ne vous aime
plus.
Je croy , Madame , vous avoir
déja dit plus d'une fois que Gree
GALAN T. 61
noble eſt une des Villes de France
, qui honore le plus ſes Magiſtrats
, par la veneration qu'elle
a naturellement pour tout ce
qui luy vient de la part du Roy.
En voicy de nouvelles marques .
La mort de M² le Duc de Leldiguieres
ayant fait vaquer plufieurs
Gouvernemens particuliers
, qui luy avoient été accordez
par Sa Majesté avec le Gouvernement
de Dauphiné , en reconnoiſſance
des importans fervices
de ceux de cette Maiſon ,
Mr le Comte de Marcieu a été
pourvû de celuy de Grenoble,
Ville Capitale de cette Province,
de fon Arsenal,& de toute l'étenduë
du Bailliage de Graiſivaudan
. D'abord le Corps de Ville,
& lesCapitaines de la Milice , réfolurent
de rendre les honneurs
deûs à leur nouveau Gouver-
Σ
62 MERCURE
neur , & en allerent prendre les
ordres de M'le Marquis de S.André
Virieu, Premier Préſident au
Parlement de la même Ville ,
Commandant dans la Province
en l'absence de Mr le Maréchal
Duc de la Feüillade , qui en eft
preſentementGouverneur,& de
M le Comte de Tallard, qui en
eft LieutenantGeneral. Le Mardy
15. du dernier mois , Mr de
Marcieu alla au Palais accompagné
d'un grand nombre de
Gentilshommes. Il y preſta le ferment
dans la Premiere Chambre,
& fut receu publiquement par
Arreſt prononcé par M de S.André,
contenantle dénombrement
des obligations du Gouverneur.
Cette prononciation fut faite
avec l'air majestueux , qui eſt ſi
naturel à ce Magiſtrat .Tous ceux
qui compoſent cetteChambrey
GALAN T.
63
eſtoient auſſi , & entre autres M
de la Pocpe S. Iullin , ſecond
Préſident , & M le Baron de
Montmiral de Mistral , Doyen
des Conſeillers de la mesme
Chambre , Pere du Sous- Lieutenant
aux Gardes , connu ſous
lenomde Mº de Bagnols. Le lendemain
, Made Marcieu alla à la
Chambre des Comptes, faire enregiſtrer
ſes Proviſions ; & le ſoir
un Détachement des Compagniesde
Milice commandé par un
des Capitaines, vint faire des ſalves
devant ſa maiſon .Le jour ſuivant
17. de Decembre, on fit un
pareil Acte de regiſtrement au
Bureau des Finances ; & auffitoſt
aprés , les Confuls vinrent
en cerémonie Conſulaire,le complimenter
par la bouche de M
Chorier leur Avocat. Son nom
eſt celebre par divers Ouvrages,
64
MERCURE
&particulierement par l'Hiſtoire
de Dauphiné qu'il a donnée au
Public. Le meſme jour , les Capitaines
, & autres Officiers des
onze Penonnages , accompagnez
de leurs Sergens portant
leurs Hallebardes , au nombre
de quatre de la Compagnie
Colonelle , & de deux de chaque
autre Compagnie , le complimenterent
auffi. Mt Reynaud
, ſecond Capitaine porta la
parole.
Le Vendredy 18. les Tambours
batirent la Generale dés
fix heures du matin , & entre
dix & onze , toutes les Compagnies
furent aſſemblées. Elles
paſſerent , chacune ſelon ſon
rang , devant la Maiſon de ce
nouveau Gouverneur , & apres
qu'elles eurent filé , & que chaque
Officier eut fait le ſalut de
GALANT. 65
la Pique à Mº de Marceau qui
eſtoit à la Porte avec quantité
de Gentilshommes , M. de S.
Sauveur Lafrey les rangea en
haye , depuis cette Maiſon jufqu'à
la Porte de l'Arſenal. La
haye fut doublée à meſure qu'on
approchoit du terrain de cette
Place , & que le nombre des
Soldats y pouvoit fournir. M² de
Marcieu paſſa au milieu , & ſe
rendit dans la Place pour en
prendre poffeffion. Dés qu'il fut
entré , la Garniſon parut rangée
en bataille dans la Place d'armes
; & à la teſte du Bataillon ,
Mr Vernay Major , fit reconnoiſtre
Mt le Comte de Marcieu
pour Gouverneur. Ce Comte
reçeut enſuite Mª de Moranſol
☐☐ pour Lieutenant de Roy dans
la meſme Place ; & en meſme
temps , le bruit des Boëtes & du
66 MERCURE
Canon ſe meflerent parmy les
congratulations qu'ils reçeurent
de tout le monde. Cela eſtant
fait , M de Marcieu retourna
chez luy par les meſmes Ruës,..
qui demeurerent toûjours bordées
des meſmes Compagnies ,
& fut une ſeconde fois ſalüé
des Officiers , & de la Mouft
queterie. On avoit orné d'un
Obéliſque le frontiſpice de ſon
Hôtel , & l'on y avoit joint
une Deviſe qui convenoit à ſa
dignité nouvelle. Ce n'eſt pas
la premiere qui ait eſté dans ſa
Famille , puis qu'on y trouve des
Préſidens , & des Conſeillers au
Parlement de Grenoble , & au
Sénat de Turin ; des Maiſtres des
Requeſtes , & des Conſeillers
d'Etat. Le nom de Madame ſa
Mere , eſt Monteynard. C'eſt
une Maiſon dans laquelle il y a
GALANT. 67
eu trois Lieutenans de Roy en
Dauphiné , des Chambellans ,
des Lieutenans Genéraux dans
les Armées , & des Chevaliers de
l'Ordre du Roy. Son Tris- Ayeul
maternel fut le celébre Chevalier
de Boutieres , Guigues de
Guifray , dont la Vie a eſté écri
te par M le Préſident Allard ,
&qui tient rang parmy les Heros
de la France , s'eſtant acquis
une réputation extraordinaire
dans les Guerres d'Italie , ſous
les Roys Charles VIII. & Loüis
XII. Mr de Marcieu eſt d'une
finguliere pieté ; & ſa douceur ,
ſon honneſteté , &fa prudence,
le font conſidérer & aimer de
tout le monde. Il a ſervy en qualité
de Capitaine de Cavalerie ,
& s'eſt trouvé à l'Expédition de
Gigery , où l'un de ſes Freres fut
tue. Il porte d'azur à l'Agneau
68 MERCURE
paſſant d'argent , au Chef d'or ,
chargé de trois rencontres de Vâche
de fable . Madame la Comteſſe
de Marcieu ſa Femme , eſt de la
Maiſon de Groliez , ancienne
& conſidérable dans le Lyonnois.
M fon Pere , connu fous
le nom de Mt de Caſſout , eſtoit
Homme de mérite & a eſté
Prevoſt des Marchands. Les Genéalogies
d'Emé de Monteynard,
& de Guifray , paroîtront bientoſt
par les ſoins du meſme Préfident
Allard.
د
Mª de Moranſol , a ſervy dans
le Regiment de Sault. Il fut enſuite
Cornete de la Compagnie
des Gardes de Mr le Duc de
Leſdiguieres , & Major de la
Ville de Rye. Il'eſt Fils de M
Dauby , qui estoit Lieutenant
au Gouvernement de la mesme
Ville de Grenoble . C'eſtoit un
GALANT. 69
des plus ſages Hommes de ſon
temps. Aufſi toutes les Perſonnes
de qualité alloient prendre
fon avis , ſur leurs affaires les
plus importantes. 3
Je vous ay parlé de pluſieurs
Enfans nez doubles en divers
lieux . Ce que je vous en ay
écrit , a donné lieu à la Lettre
que vous allez voir.
AM DE CHAMBON.
E doute fort , Monsieur , si enlaſſeray
fin je ne me point d'estre
de vos Amis . Vous me demandez
trop , & à trop bon marché , pour
garder entre nous quelque espece
de justice. Quand vous m'avez
demandé ce que je penſe du monstrueux
Enfant de Gramat , dont il
70
MERCURE
eſt parlé dans l'un des Mercures , il
falloit me prévenir , en m'appre
nant quel est voſtre ſentiment fur
cette naissance. Mais il est trop
tard de me plaindre. Vous estes en
poſſeſſion d'en user de mesme , &
je devrois avoir contracté l'habitude
de'vous donner toûjours Sans
intéreſt. L'avoue avec Meſſieurs de
Medecine , que leurs anciens Au
theurs ne font mention d'aucun En-
'fant qui reſſemble à celuy- cy par
toutesses parties ; mais il faut auſſi
reconnoiſtre que ce n'est pas un prodige
tout-à fait inoüy. Les Chirur.-
giens modernes , qui ont écrit les
monstrueuſes naiſſances arrivées de
leur temps , en rapportent quelquesunes
à peu prés ſemblables ; ou du
moins on trouveroit en pluſieurs les
diférentes parties du nouveau né.
Au mois de Iuillet 1676. à Breteüil
en Normandie , Loüise de
7
GALANT.
71
Fontaines , Femme de Guillaume
Prestrel Boucher , accoucha d'un
Enfant parfaitement ſemblable ,
au moins pour ce qui regarde les
parties extericures , avec la diférence
dusexe. C'estoient deux Filles
bien formées , continuës depuis
le Sternum jusqu'à l'Ombilic . L'accouchement
en fut difficile , parce
que la Sage. Femme n'estoit pas accoûtuméeàde
pareilles avantures ;
Si bien qu'un de ces Enfans ſouffrit
contertion aux parties principales ,
cela fit que la vie de tous les
deux ne fut pas de longue durée.
Ilsvécurent trois jours entiers &une
nuit. Le Baptefme fut conferé à
chacun d'eux en particulier , & on
leur donna les noms d'Anne & de
Madelaine. Celle qui avoit esté
bleffée en naiſſant , ne prit aucune
nourriture. Anne estoit vigoureuſe ,
ufort tous les alimens qu'on luy
MERCURE
e
faisoit prendre & toutes deux
avoient un mouvement fort vivant
dans toutes leurs parties , finon que
Madelaine estoit languiſſante. La
curiosité m'engagea à les voir ,&
je remarquay avec tous ceux qui
s'y trouverent , au nombre de plus
de cent cinquante , à divers temps ,
que quand la petite Anne avoit pris
le lait qu'on luy faisoit teter par le
moyen d'un petit Vafe, que lesNourrices
du Païs appellent un Biberon,
Madelaine revenoit auſſi- toſt de ſa
langueur, mais si foiblement qu'on
iugea bien dés lors que ſes iours ne
Seroient pas fortlongs ; elle changea
bien- toft de couleur , & on la
crût morte dés le deuxième jour de
Sanaiſſance. Cependant elle vivoit
de la vie de fa Soeur , & elle luy
Survécut d'un petit foûpir. Les Chirurgiens
du lieu affez experimentez
dans leur Profeſſion , s'offrirent d'en
faire
GALANT
73
l
1
faire l'ouverture , mais la Mere ne
voulut pas le permettre . Ainsi on ne
peut en inger que par l'exterieur.
Ces deux Enfans n'avoient qu'un
- nombril , comme ceux d'autourd'huy;
mais il eſtſans contestation que n'é
tant unis qu'au Sternum, ils avoient
- chacun un coeur. On nehefita point
à croire que ce double corps avoit
deux ames. Le principe d' Aristote,
quand il feroit vray , ne repugne
point à ce iugement , puis qu'il y
avoit deux coeurs.Si vous voulez que
ie vous découvre icy mon fentiment,
ie vous avoüeray que l'axiome de ce
Philosophe ne passe pas chezmoy
pour infaillible. Ie ne trouve point
L'absurditéqu'un coeurſuffifeàdeux
corps informes chacun d'une ame.
L'attens que vous me tiriez de cette
erreur ,si c'en est une.
Si le ſentiment de Me Descartes
estoitſuivy , ma pensée ne souffri-
Janvier 1683 . D
74 MERCURED
roit pas de difficulté. Vous sçavez
ce qu'il a crû de la partie où l'ame
fait immédiatement ſes fonctions,
& qu'il luy donne pourfiege principal
la petite glandule que le cerveau
renferme au milieu de fa fub-
Stance , au deſſus du canat par où
les efprits des cavitez anterieures
ont communication avec ceux de la
pofterieure d'où il s'enfuivroit que
l'Enfant de Gramat ayant deux têtes
& deux cerveaux bien formez ,
auroit eu neceffairement deux ames ,
parce qu'une ame ne peat pas faire
Ses opérations immediates en deux
endroits. Par exemple , s'il avoit
vécu jusqu'à un âge de difcernement
, & que fes deux teftesſe ſuf
Sent à la fois diferemment appli
quées aux exercices de teursfens exterieurs
, comment une feule ame
auroit- elle pû former nettement les
appréhenſions des divers objets,dont
2
GALANT.
75
elle auroit reçeu les images diferentes
, confuses , opposées, & peutestre
incompatibles . Mais laiſſons
cette matiere aux Sçavans , qui ne
manqueront pas de raiſonnerfur cest
nouveaux prodiges. Je suis vôtre
, &c .
DU MOULIN
Le Roy ayant eſté averty par
Ma le Marquis de Louvois, (vous
ſcavez , Madame , que ce Miniſtre
a le département de laGuer
re , comme Secretaire d'Etat )
qu'il s'eſtoit commis beaucoup
d'abus pendant les dernieres
Guerres , dans la diſtribution &
le payement des ſommes pour
les TroupesdeCavalerie & d'Infanterie
, par quelques Tréforiers
Provinciaux & Commiſſaires des
Guerres , SaMajesté aumois de
Juin dernier, nomma Mode la
D
2
76 MERCURE
Fond de la Beuvriere , Maître
des Requeſtes, pour faire l'inſtrution
des Procés criminels des
Coupables ; & à cet effet il ſe
rendit à Abbeville. Mrs Quentin
de Richebourg , de Breteüil,
Benoiſe, & d'Arnothon, Maiſtres
des Requeſtes , furent en ſuite
nommez , pour juger en dernier
reffort les Accuſez , avec les Officiers
du Préſidial d'Abbeville;
ce qui fut executé au mois de
Septembre dernier , quelquesuns
des Coupables ayant eſté
condamnez à des peines afflicti- .
ves , les uns aux Caleres , d'autres
à faire amende honorable, &
les autres àun banniffement perpetuel
hors le Royaume , & àreſtituer
au Roy les ſommes mal
priſes à Sa Majefté. Comme ce
Lugement porte des Decrets de
priſe de corps contreipluſieurs
G
GALANT.
77
autres Coupables des meſmes
abus & malverſations , Sa Majeſté
voulant que la juſtice en
ſoit entierement faite , afin de
prévenir la ſuite de ces deſordres;
a étably une Chambre à l'Arfenal
, compoſée de M' Boucherat
Conſeiller d'Etat & au Conſeil
Royal , & de Mrs de Ribere ,
Quentin de Richebourg , du
Gué- Bagnolle , de la Fond de la
Beuvriere , de Gourgues , & du
Buiſſon , Maîtres des Requeſtes,
pour juger ſouverainement & en
dernier reffort tous les Procez
civils & criminels concernant
cette matiere . Tous ces Meſſieurs
ſont d'une probité , & d'une penetration
d'eſprit reconnuë. Ie
ne vous rapporte point en combien
d'occaſions ils ont ſervy le
Roy & l'Etat ; j'aurois trop à vous
dire. Mr de Chenedé , Procureur
D
3 4.
78 MERCURE
&Avocat du Roy en l'Election
de Paris , a eſté nommé pour
faire la fonction de Procureurde
Sa Majesté dans cette Chambre.
Le choix de cet Officier est fon
dé ſur la distinction qu'il s'eſt ac
quiſe dans les Charges & dans les
Emplois qu'il a exercez depuis
vingt années. Il a eſté Maire de
la Ville d'Angers dés l'âge de
vingt-cinq ans ,& a eſté depuis
employé dans pluſieurs Commiffions
extraordinaires pour les
affaires du Roy.
l'ay oublié de vous aprendre
la mortde Mule Comte de Maulevrier
de Normandie , dont je
vous appris le mariage il y a trois
ans avec Mademoiselle de Mon
telon. Cette mort est arrivée à
Roüen depuis deux mois. Il étoit
dans ſes plus belles années , &
c'eſt quelque chofe de furpre
GALAN T.
79
:
:
nant que la refignation avec laquelle
il s'eſt preparé à ce terrible
paſſage dans un âge fi peu
avancé. Madame la Comte ffe de
Maulevrier ſa Veuve , qui eſt
une perſonne tres bien faite &
d'un grand merite , eſt demeurée
dans unedéſolation & une douleur
, qu'il n'est pas facile de s'imaginer
, à moins que d'avoir .
connu l'étroite union qui étoit
entr'eux.
Il y a des momens inévitables
pour aimer , & en vain
chercheroit - on la raiſon pourquoy
ces momens ont plus de
force que d'autres. Un Homme
qui avoit déja paſſé trente années
de ſa vie dans le monde ,
ſans y prendre aucune paffion
bien vive , ſe leve un matin
fort de fa Chambre , & ne s'attend
pas qu'il n'y rentrera qu'a-
D 4
80 MERCURE
vec de l'amour. En paſſant par
une Gallerie , il voit dans une
Chambre d'une Maiſon voiſine ,
dont la Feneſtre eſtoit ouverte,
une jeune Perfſonne qui joüoit
du Claveffin. Elle eſtoit dans un
def habillé affez propre. Les
Manches d'une Robe de Chambre
luy tomboient ſur les bras ,
& les couvroient à demy ; mais
ce qu'elles en laiſſoient voir , paroiffoit
fort beau , & ſes mains
voloient fur le Claveſſin avec
beaucoup de viteſſe & de grace.
Elle accompagnoit de quelques
petits mouvemens de teſte tout
ce qu'elle joüoit ; & à voir ces
mouvemens , on pouvoit juger
que l'air étoit languiſſant & tendre.
Aufſi c'eſt ce que crût le Cavalier
, car il étoit trop éloigné
pour entendre l'Air. L'Agrément
qu'avoit la Demoiſelle à joüer
GALANT. 81
e
duClaveffin , la propreté de l'équipage
où elle étoit , ſa taille
qui luy paroiſſoit jolie , ſes bras
qu'il croyoit beaux quoy que de
loin , l'idée qu'il conçut qu'elle
s'étoit levée matin pour joüer
5 quelque choſe de doux , & de
conforme à ſes penſées , & pour
réver avec ſon Claveffin ; enfin
la fatalité du moment , tout cela
fit ſon effet ſur le Cavalier. Il ne
la voyoit que de côté, & de ſorte
qu'il ne découvroit rien de ſon
viſage. Cependant il ſe figura
qu'elle étoit belle , & ſouhaitra
mille fois qu'elle ſe détournât
vers luy ; mais elle étoit trop appliquée
à ce qu'elle faifoit. Cet
air d'application le confirma
dans la penſée qu'elle révoit
tendrement , & fur cela il ſe l'imaginoit
encor plus aimable. II
cût déja ſouhaité eſtre celuy à
DS
82 MERCURE
:
qui elle penſoit ; cet AirdeCla
veffin joué pour luy , luy auroit
paru d'un grand prix. Il s'arreſtoit
à la regarder ſans pouvoir
lever les yeux de deſſus elle, toûjours
dans l'eſperance qu'elle ſe
détourneroit. Il ſe ſentoit déja
une certaine émotion qui annonce
l'amour , ou qui eſt l'amour
elle-même , & la vûë des
plus aimables Perſonnes ne luy
avoit rien inſpiré de fi tendre ,
que le Claveſſin, & les mains, &
Pair d'une Perſonne qu'il ne voyoit
point. Eût elle crû que dans
le moment qu'elle estoit ſeule
dans ſa Chambre ,à ne s'occuper
*que de ce qu'elle jotuoit , elle
faifoit une conqueſte ? Enfin elle
fortit fans que le Cavalier eût
vů fon viſage. Il demeura quelque
tems dans la Gallerie , tout
rempli d'elle . Il l'avoit trop vûë,
GALANT. 83
1
1
5
&trop peu. Il connut bien d'a
bord la bizarrerie , & peut- eftre
même l'extravagance des mouvemens
qu'il ſentoit ; mais il ne
laiſſa pas de s'y abandonner.
C'eſtoit un de ces Hommes d'i
magination , qui ne font jamais
gouvernez que par des regles
de fantaifie. Il n'avoit point vû
celle qu'il commençoit d'aimer,
&ne doutant nullement qu'elle
ne fuſt belle , il ſoûpiroit déja
- pour la beauté qu'il luy donnoic
luy meſme. Il ne ſçavoit point
du tout qui elle eſtoit. Il y avoit
peu de temps qu'il logeoit dans
la Maiſon qu'il occupoit alors ,
&, ainſi qu'il arrive ſouvent à
-Paris , il ne connoiffoit point fon
- voiſinage. Il s'en informa , & apprit
que la Maiſon où il avoit vu
laimable Joüeuſe de Claveſffin ,
estoit tenue par un Gentilhom-
D6
:
84
MERCURE
me qui avoit trois Filles , & qui
vivoit à Paris , apres s'eftre retiré
du fervice. Le Cavalier l'alla
voir à droit de Voiſin. Il en fut
fort bien reçen , & vit les trois
Demoiſelles , qui ſans eſtre des
beautez régulieres , eſtoient toutes
trois fort agreables. Il y avoit
entre - elles peu de diférence
d'agrément. Si l'une avoit le vifage
plus joly , l'autre avoit la
taille plus fine ; ſi l'une avoit la
bouche plus petite , l'autre avoit
les yeux plus grands . Il en eſtoit
de meſme de l'eſprit. L'une réparoit
par une langueur douce ,
ce qu'elle avoit d'enjouëment &
de vivacité moins que l'autre .
Cette égalité de mérite embazaſſa
le Cavalier. Il s'eſtoit tenu
bien für que celle qu'il aimoit ,
eſtoit la plus aimable , & qu'à
cette marque il ne manqueroit
GALANT. 85
i pas de la reconnoiſtre ; mais par
malheur les trois Soeurs s'entre-
-valoient bien. Il eſt vray qu'il
- n'avoit qu'à laiſſer parler fon
coeur ; mais il avoit peur que ſon
coeur ne ſe mépriſt , & ne choiſiſt
pas juſte celle qui avoit joüé du
Claveffin , car c'eſtoit abſolument
à celle- là qu'il en vouloir.
Ainſi , quoy que la Cadette luy
paruſt la plus touchante par des
airs doux & languiſſans qu'elle
avoit, il n'oſa en croire tout- àfait
ce qu'il fentoit pour elle , &
il fufpendit fon choix juſqu'à ce
qu'il ſceuſt ſi c'eſtoit elle qu'il
avoit veuë de ſa Gallerie. Il crût
qu'il avoit un moyen infaillible
de le ſçavoir , en s'informantei
elle jouoit du Claveffin , mais il
ne put s'en éclaircir à la premieare
viſite ,& il partit bien sûr qu'il
aimoit l'une des trois , ſans ſca-
(
86 MERCURE
voir pourtant laquelle; mais fouhaitant
que ce fufſt la Cadette..
Peu de jours apres , il retourna
chez ſes aimables Voiſines , &
il rencontra heureuſement cette
Cadette dans la Chambre où
Teſtoit leClaveſſin. Ilne manqua
pas de luy dire qu'il n'y avoit pas
d'apparence qu'elle laiſsât cet
Inſtrument inutile. Elle en convint
, & auſſi tốt , comme il crût
que c'eſtoit elle qu'il avoit vûë ,
il ſedetermina à l'aimer.Les deux
autres Soeurs entrerent, & il les
trouva beaucoup moins belles.
Il eſtoit trop plein de la Cadette ;
& de fon Claveffin , pour ne la
prierpas d'en joüer. Elle s'endéfendit
fort modeſtement , & làdeſſus
l'Aînée dit que ſa Soeur ,
par les façons qu'elle faiſoit ,
donneroit lieu de croire qu'elle
eſtoit bonne Joüeuſe de ClavefGALANT.
87
י
fin, & que cependant la verité
-eſtoit qu'elles n'en joüoient pas
caffez bien toutes trois pour ſe
= -faire prier. Cette declaration embarraffa
de nouveau le Cavalier.
C'eſtoit trop que trois Soeurs
-qui jouaſſent du Claveffin. Il ne
pouvoit plus diftinguer celle qu'il
aimoit qu'à une ſeule marque ;
je veux dire, asla Robe de
chambre qui luy avoit vûë. Il ſe
ſouvenoit qu'elle estoit bleuë ,
car l'idée de toute ſon avanture
-luy eſtoit demeurée bien vive , &
il n'eſpera plus qu'en cette Robe
de chambre. Il conta à ces
Demoiselles que de fa Gallerie
Til en avoit vu une jouer du Cla-
-veffin , & qu'il avoit bien envie
de ſçavoir laquelle c'eſtoit. Il leur
-nomma le jour, mais elles ne s'en
fouvinrent point. Enfin il leur
demanda à laquelle des trois étoit
88 - MERCURE
laRobe de chambre bleuë . Il ſe
trouva qu'elle estoit à la Caderte
, mais que les deux autres ne
laiſſoient pas de la prendre quelquefois.
Ainfi il ne fortoit point
d'embarras . Claveſſin , Robe de
chambre , tout eſtoit commun
aux trois Soeurs . Ce n'est pas
qu'il ne ſe ſentit plus de penchantpour
laCadette,& qu'il ne
fût déja en état de l'aimer,quand
même ce n'eût pas été elle qu'il
cût vû joner , mais enfin il auroit
bien voulu que ç'eût été elle
, & peut-eftre c'eſtoit parce
qu'il aimoit plus qu'il ne penſoit,
qu'il avoit envie de luy pouvoir
appliquer l'agreable idée qu'il
avoit conçuë de la petite Joüenſe
de Claveſſin. Cependant il n'y
avoit plus de moyen de la demêler.
Il eût falu qu'il eût vû de ſa
Gallerie , les trois Soeurs joüer
GALAN T. 89
fe
1
コ
e
en Robe de chambre bleuë, pour
tâcher à reconnoître celle qu'il
avoit déja vûë ; mais comme il
n'étoit pas aiſé de faire cette ex
perience , il fut reduit à aimer la
Cadette, ſans avoir bien éclaircy
la choſe. Enfin il en vint au point
de ne douter plus que ce n'eût
êté ellepour qui ſon coeur avoit
fi fortement parlé , & les ſentimens
qu'il conçût l'aſſurerent
que ceux qu'il avoit conçus auparavant
ne pouvoient regarder
qu'elle. Il la demanda à ſon Pere,
& l'obtint ſans peine ; & cette
aimable Perſonne , depuis qu'elle
fut mariée , ne négligea pas le
Claveſſin , qui avoit fait pour elle
☐ les commencemens d'une Conquête
4 affez agreable
On m'a fait part d'un Sonnet
- que vous ferez bien- aiſe de voir.
Il eſt de Me de Maupertuis,Gen
१०
MERCURE
tilhomme de Normandie , qui
l'envoya le premier jour de l'Année
à Me Berthelot , Secretaire
des Commandemens de Madame
la Dauphine..
D
SONNET.
Ans se jour où par tout on
P commence l'Année
Par des voeux établis ſous de com
munes Loix ,
1
Soufrez que jusqu'à vous j'oſe porter
ma voix ,
Pour vous laſouhaiter tranquile &
fortunée.
Du plus rare bonheur voſtre vie est
ornée ,
Tout abonde chez vous , la Faveur,
les Emplois ,
L'Authorité , l'Estime ; & le plus
granddes Roys
GALANTM
90
コ
Donne un oeil favorable àvostre deftinée.
A
Mais ces titres d'honneurfuivis de
tant d'éclat ,
Cette belle fortune , & ce rang dans
l'Etat ,
N'ont jamais eu pour vous des appas
veritables .
Le feul bien qui vous touche , & qui
vous ſemble doux ,
C'est lors que vous jettezdes regards
favorables
Sur milleMalheureux qui périroient
Sansvous.
Voicy d'autres Vers de Mr
Petit de Roüen , que vous trouverez
fort agreable .
92 MERCURE
....
IRIS A LISANDRE .
MADRIGAL.
Evousvoisd'unoeilaffez doux,
Ie me plais fort àvous entendre,
Queveut dire cela , Lifandre ?
Aurois - je de l'amour pour vous ?
Puis qu'enfin Caliste est partie ,
Puis- je profiter du moment ,
Et luy dérobant un Amant ,
Surprendre voſtre ſympathie ?
Toutſemble autoriser cette nouvelle
ardeur.
Caliste est éloignée ; &moy , je suis
préſente.
Tandis que la place est vacante
Parlez , la pourroit on remplir dans
vostre coeur ?
REPONSE.
Vous pouvez tout ,
aimable
GALAN T.!!
932
?
Le plaisir de vous voir m'enchante ;
Si mon coeur n'est pas déja pris ,
Iesens qu'il n'en perd que l'attente.
Tandis que Calište est abfente,
De qui le puis- je mieux remplir
Que d'un Objet d'une beauté charmante?
It a déia pour vous poufféplus d'un
Soupir.
Ie vous parle ſans artifice.
Entrez , entrez-y donc , pourjamais
n'en fortir ,
Il est fort àvoſtreſervice.
REPLIQUE
Sur les meſmes Rimes .
E beau Régale pour Iris ,
S'il est vray qu'elle vous enchante,
De ne voir voſtre coeur encor qu'à
demi pris , e
Et de languir dans cette vaine at
tente!
94 MERCURE
Tandis que Califte eſt abſente ,
Dequoy le puis jemieux remplir,
Dites-vous ? En effet, lafleurette est
charmante!
Lifandre, ce Tandis ne vautpas un
Soupir.
C'est me dire fans artifice,
Qu'à son retour vous m'en ferez
Sortir,
Et que le pis-aller est fort à mon
Service .
REPONSE A LA REPLIQUE.
coeurn'est Ris,mon coeurn pas deces coeurs
du vulgaire ,
Qui n'ont qu'un seul apartement ;
Plus d'une agreable Bergere
Ypeut loger commodément.
Entrez-y donc , &hardiment.
Que fivous pretendezestrefa feule
Hôtesse
Jeleveux bien ; mais en ce cas,
GALAN TA
95
Que le vostre àson tour iamais ne
S'intereffe
Pour Tircis, ny pour Lycidas.
Quoy que beaucoup de Parties
ſoient neceſſaires à un parfait
Orateur , il y en a deux qui
contribuent ordinairement plus
que les autres à luy attirer ces
nombreuſes Aſſemblées, qui mettent
en reputation ceux qui parlent
en public. Il en eſt traité
dans le diſcours dont je vousenvoye
une copie . L'Autheur nous
cache ſon nom , mais il ne peut
4
cacher ſon eſprit . Lifez , Madame
, & vous ferez de mon ſentiment.
2 23
$
960 MERCURE
V
:
DE L'ART
ORATOIRE .
Ce n'est pas affez qu'un,Ora
teur ait de l'esprit pour rai-
Sonnerjudicieusement , & pour parler
avec politeffe ; qu'il ait de la
memoire,pour prononcer un Discours;
il faut de plus qu'il ait un exterieur
agreable , afin de persuader, &de
plaire à mesme temps. Nos fensfont
les premiers Iuges qui connoiffent
d'une Oraiſon. On ne peut gagner
ces fuges que par l'action & par
la parole, C'est pourquoy l'on veut
bien traiter icy de l'une &de l'autre
, mais d'une maniere nouvelle,
&qui ne fera peut- estre pas au def-
Sous de l'Eloquence moderne.
La
1
GALANT.
97
La Parole n'a jamais plus de
charme , que quand elle plaiſt aux
oreilles , ce qui dépend principalement
de la voix ; & comme rien
n'apprend micux à conduire la voix,
que laMusique , on ne fait pas difficulté
d'avancer que la Musique
feroit neceffaire à un Orateur. La
propoſition n'est passi hardie, qu'on
ne puiffe bien lafoutenir.
Pour l'Action, commesa beauté
dépend du geſte , & que le gestene
Se regle que par les diverſes ſituations
du Corps , on peut dire que
pour avoir des geſtes bien compofez,
ilfaut avoir appris àdancer.
Il paroît d'abord furprenant,pour
ne dire pas abfurde , qu'on veüille
fairefervirla Musique & la Dance
à l'Art Oratoire ; & une telle
propofition merite bien un peu d'éclairciſſement.
La Musique est utile à un Ora-
Ianvier 1683 . E
98 MERCURE
teur pour la conduite de ſa voix ,
dont les inflexions doivent s'accom.
moder àla diverſité des Sujets qu'il
traite . Ceux qui ont donné desprereptes
fur l'Art Oratoire , conviennent
qu'on doit élever plus ou moins
la voix aux diférentes parties d'une
Oraiſon ; que l'on doit continuer,&
finir autrement que l'onne commence
; qu'onn' w'agite pas toutes les paf.
ſions d'une égale maniere,&qu'ainfi
on ne garde pas toûjours le mesme
ton de voix dans le Discours. Ily a
des tons propres à certains fentimens
; d'où vient qu'on parle autrement
en colere que de Sang
froid ; d'où vient que la joye & la
triſteſſe s'expriment diverſement ,
&que l'on ne répond pas toûjours
Sur le mesme ton que l'on est interrogé.
On peut remarquer que les
divers tons de voix viennent fouvent
ינ
diferentes paſſions quinous
YON
GALANT.
99
1
agitent; & les paſſions dépendent
quelquefois des humeurs que domite
nent dans nos corps , tandyrode
raport entre le corps & l'eving
raport est d'autant plus fort , que
c'est la Nature elle- mefme qui l'a
formé. Auſſi on nesçauroit separer
les paſſions des humeurs. C'est pour
cela que les Paroles font les images
de nos pensées ,&qu'elles nous expriment
au dehors ce que nous fentons
au dedans. La Parole est éloquente
, selon qu'elle s'accommode
aux oreilles de ceux qui l'écoutent.
Je diray plus. Les fons mesme peuvent
exciter en nous quelque paffion
; de forte qu'à la Guerre on
n'est jamais plus animé que par te
bruit du Canon , & par celuy des
Tambours & des Trompetes . L'Hiſtoirerapporte
qu'un Capitaine Grec
Sefervoiràl'Armée d'un Instrument
pourfonner tantoft la Charge , tan-
E 2
100 MERCURE
,
toſt la Retraite , ſuivant qu'il en
jooit d'une maniere élevée ou
tendre. L'expérience nous montre ,
que les plus beaux Sentimens perdent
toute leur force quand ils ne
Sont pas Soûtenus par une voix qui
leur foit propre. Les Comédies &
les Tragédies en Musique ne font
plus agreables que les autres , que
parce que le Chant y rend les paffions
plus naturelles. C'eſt là où l'on
Sent bien mieux qu'on ne le peut
dire , le raport qu'il y a entre la
douceur de la voix , & la tendreſſe
de l'amour , & où l'on éprouve qu'on
Se laiſſe aisément perfuader pardes
Sons , qui semblent faits pour nos
humeurs , & pour nos tempéramens.
Mais puis que l'Eloquence n'est pas
moins utile au Barreau qu'à la
Chaire,on peut remarquerdes exem.
ples moins profanes. La Religion ne
nous enpreſente- t'ellepas de tresGALANT.
IOI
* beaux dans l' Ancien Testament , où
Dieuſembloit se plaire aux Cantiques
& aux Instrumens ? La Mufique
n'est pas moins agreable dans
l'Eglise , puis que quand elle y est
bien chantée , elle éleve l'ame à
Dieu , & luy donne , s'il faut ainsi
dire , un avant - gouft des plaiſirs
du Ciel.
La Dance est utileà une Perſonne
qui doit parler en public , non
Seulement pour luy fortifier les organes
de la voix ( comme nous apprend
Démostene qui prononçoitfouvent
un Difcours à haute voix en
montant avec violenceſur une haute
Montagne ) mais encore pour luy
former une action qui n'ait rien de
géné ny de contraint ; d'où vient
qu'anciennement les Orateurs par
-loient en public fur des Galeries ;
&à leur exemple en Italie lesPrédicateurs
preſchent encore dans de
L
E
3
102 MERCURE
grandes Chaires , où ils peuvent
facilement se promener , & avoir
une action libre . On ne voudroit pourtant
pas donner un Orateur Italien
pour modelle à un François . Un Ita-
Lien feroit plas propre à former un
Bouffon de Theatre , qu'à faire l'ornement
d'une Chaire. Ilfaut de la
moderation & de la retenue dans
l'action.C'est pourquoy l'action Françoise
estsi agreable. Elle n'est point
contrainte ; elle est libre , hardie ;
elle s'accommode au Discours ,&n'a
que des mouvemens naturels. On ne
doute pas que les gestes ne foient
quelquefois aussi éloquens que les
Paroles . Pour marque de cela , l'Inquisition
d'Espagne a esté obligée de
défendre la Sarabande , à cause
qu'elle excitoit trop les paſſions. On
peut dire que le geste est proprement
L'ame de l'action. En effet , Ciceron
ne fit pas difficulté ( pour perfeGALANT.
103
4
ctionner son geſte ) de consulter
long- temps des Comediens , comme
des Gens qui font profeſſion de plaire
par là . Il n'y a que la Dance qui
puiffe faire acquerir cette perfection
degefte qui estsi propre àpersua
der , qu'on tient que Socrate n'apprit
àdancer fur la fin deses jours,
qu'afin de pouvoir profeffer la Phi
lofophie avec une action plus libre
&plus insinuante .
Cependant pour tirer quelque
fruit de ceDiscours , ilfaut remarquer
qu'on n'entend pas impofer icy
aux Orateurs une neceffité abfoluë
de chanter & de dancer. On pré.
tend ſeulement leurfaire connoître
combien le Chant& la Dancepourroient
leur estre utiles pour gagner
un Auditoire , s'ils en sçavoient
faire un bon usage; la Musique fervant
à parler d'un ton propre à perfuader,
foit en fléchiffant la voix
E4
104 MERCURE
dans les diferentes paſſions , foit en
Iaccommodant aux parties du Difcours
, aux Auditeurs , & au Liew
où l'on parle ; & la DanceServant
à fortifier le geste , à donner une
fituation naturelle au Corps , à enbardir
l'Orateur , à le faire parler
de bonne grace , & d'une maniere
ngreable ; de forte qu'il est à préfumer
qu'avec une voix & une
action reglées parla Musique &
par la Dance , on auroit acquis deux
belles diſpoſitions à perfuader &à
plaire dans l'Art Oratoire.
Les Airs de Violon qui étoient
dans ma Lettre du mois paffé ,
ayant efté trouvez beaux , j'en
ay fait graver une Suite que je
vous envoye. Vous trouverez le
veritable nom de l'Auteur dans
la meſme Planche. Je dis veritable
, parce qu'on le donna peu
correct la derniere fois ,& qu'on
GALANT.
105 :
(s
{
ymitdes lettres pour d'autres . A)
peine a t'il eu le temps de revoir
cette ſeconde Planche de ſes
Airs , eſtant party pour retourner
auprés de Mr l'Electeur de
Saxe ſon Prince , qui veut l'employer
pour les divertiſſemens
du Carnaval .
Ie vous ay déja parlé des ſuperbes
Ecuries du Chaſteau de
Verſailles. Leur magnificence &
leur grandeur , ont dequoy donner
de la ſurpriſe & de l'admiration
à tous ceux qui les regardent.
Le Roy y mena le mois
paſſeMadame la Dauphine,pour
luy en faire voir la beauté. Rien
n'eſt égal à la propreté avec laquelle
ontient les Chevaux dans
res Ecuries.Ce Prince commença
par la Grande. M' le Grand
l'attendoit à la Porte , & aprés
l'avoir reçeu à la defcentede fon
106 MERCURE
Carroffe,il luy préſenta un Foüer
& une Houffine . Sa Majesté prit
la Houffine , & fit en ſuite le
tour. Elle vit tous les Chevaux
demain demanége , &les Coureurs
qu'Elle monte quand Elle
va à la Chaffe. Le tout fut trouvé
admirable. Madame la Dauphine
qui ſuivoit le Roy à pied,
menée par M' le Maréchal de
Bellefond , ne pouvoit ſe laſſer
d'admirer l'ordre avec lequel Sa
Majesté eſt ſervie dans cet endroit.
De là ils rentrerent dans
leur Carroffe , & allerent voir
la Petite Ecurie , qu'ils ne trouverent
pasmoins belle ; la quanrité
d'Attelages de Carroſſe de
ChevauxEtrangersqu'on n'avoit
jamais veus en France , & celle
des Coureurs que Sa Majesté y
tient pour ſa Perſonne , comme
auffi ceux de Monſeigneur le
GALANT.
,
-
107
Dauphin qui en occupent une
partie , la rendant admirable ..
Madame la Dauphine paroiffoit
tres fatisfaite , & le parut encor
- davantage,lors qu'elle entra dans
la Sellerie. C'eſt un endroit où
l'on tient tous les Harnois des
Chevaux de Selle que monte
Monſeigneur leDauphin. On ne
peut rien voir de plus magnifique
ny de plus propre. Les Houſſes
en broderie , & galonnées ,
étoient rangées dans de grandes
Armoires qui laiſſoient voir leur
beauté & leur richeſſe. Les Selles
étoient auſſi en tres-bon ordre,
avecun Billet au bout de chacune.
Ce Billet faiſoit connoiftre
pour quel Cheval elle eſtoit. Les
Brides ne furent pas moins admirées
. Toutes ces chofes firent
la Cour de Medu Mont, qui étoit
alors en Normandie , puis que
108 MERCURE
c'eſt à luy que l'on en doit la
propreté & le bel ordre . Me du
Mont eſt un Gentilhomme , qui
a eſté nourry Page de la Chambre
du Roy , & qui s'eſt toûjours
diſtingué par l'application qu'il
a euë à bien faire ſes Exercices,
& par une ſageſſe naturelle . Sa
Majesté , aprés l'avoir mis quelque
temps dans ſes Gardes du
Corps , luy donna la conduite de
l'Ecurie de Monſeigneur le Dauphin.
Il s'en acquite fi bien, que
les agréemens qu'il reçoit de ſes
Maiſtres ,doivent luy donner une
tres-grande fatisfaction .
Au fortir de la Petite Ecurie,
Sa Majesté mena Madame la
Dauphine,Monſeigneur le Dauphin,
Monfieur, & Madame,tous
dans un mesme Carroffe , au
Manége decouvert , où M² le
Comte de Brione fit la Charge
GALANT. FO
de Grand Ecuyer , en montant
un des plus beaux Chevaux que
☐ l'on puiſſe voir . Il luy fit faire diverſes
paſſades , qu'il alloit toujours
finir devant le Roy. Aprés
luy , on vit paroître dans la Carriere
M'le Prince Camille ,ſecond
Fils de Mr le Grand , & Frere de
M le Comte de Brione. Quoy
qu'il n'ait encor que douze ans,
ou environ , il mania deux ou
trois Chevaux avec une adreſſe
ſurprenante. Mr du Pleffis, comme
Premier Maiſtre, entra aprés
cesdeux Princes . Il eſt inutile de'
parler de fon adreſſe, puis qu'elle
eſt connuë de tout le monde. M
Deneau , Second Maiſtre , parut
aprés Mr du Pleffis , & fit à fon
ordinaire , c'eſt à dire qu'il s'attira
beaucoup d'aplaudiſſement.
Monſeigneur le Dauphin, qui ne
pût voir tant d'habiles Gens à
Irl(OL
MERCURE
cheval, ſans ſentir une loüable
émulation , fortit du Carroſſe de
Sa Majeſté. Un Page qui alloit
paroiſtre à cheval , luy donna ſes,
Eperons , & ainſi en Bas de ſoye,
il en monta deux avec une vigueur
admirable. Il leur fit faire
des choses qui ne marquerent
pas moins ſa force que ſon adreffe,&
dont le Roy fut tres-fatisfait
M le Grand Admiral le releva,
& comme il réüffit à ſouhait , &
que M' du Pleſſis en prend de
grands foins, il parut un des plus
beaux Hommes de cheval que,
nous ayons . On fit en ſuite monter
cinq ou fix Pages du Roy, qui
par leur adreſſe firent voir le
fruit qu'ils retirent des Leçons
de Medu Pleffis. Ily en eut quelques-
unsqui monterent des Sauteurs.
Mr le Comte de Brione en
monta un , qui donnoit de la terGALANT.
reur à tous ceux qui le voyoient,
& & qui oſoient s'en approcher à
portée.On ne vit jamais un Cheval
de cette force. La nuit qui
furvint , mit fin à ces Exercices
.
Henry de Matignon , Comte
de Torigny , proche Allié des
Maiſons de Soiffons , & de Longueville
, Lieutenant General de
- la Baſſe- Normandie, & Gouverneur
de Cherbourg , de Granville
, de S. Lo , & des Iflesde
Chauzay , mourut à Caën la nuit
du 27.au 28. de Decembre,dans
le temps qu'on croyoit qu'il fuft
hors de peril . Il avoit dormy tranquillement
juſques à minuit. A
fon réveil , il ſe fit donner fon
Crucifix , & aprés avoir dit des
choſes fort chrétiennes ſur ledevoir
des Hommes envers Dieu ,
il demanda l'abſolution,&mou112
MERCURE
rut aufſi- toſt qu'il l'eût reçeuë. Il
avoit eſté long temps Mestre de
Camp du Regiment du Roy de
Cavalerie , où il avoit paru avec
gloire, & il s'en eſtoit demis entre
les mains de M'de Torigny
fon Frere , à préſent Mt de Matignon.
Il n'a laiſſé que deux Filles
, dont l'Aînée à épousé le
meſme Me de Torigny ſon Oncle
; & la Cadette , Mr le Marquis
de Seignelay , Miniſtre &
Secretaire d'Etat. Feu M² de Matignon
ne s'eſt jamais démenty
dans aucune occafion , ſur l'exate
fidelité qu'il devoit à ſon
Prince , ayant toûjours efté dans
les plus grands Troubles inviolablement
attaché à ſon devoir,
Il faiſoit de grandes& continuelles
aumônes , & Meffieurs fes
Freres ſuivoient fon exemple. Il
a fondé par ſon Testament , un
GALANT.
3
1I1I
Hôpital ſur ſes Terres. Cet Hôpital
paroiſtra dans peude temps.
Il a imité en cela pluſieurs de ſes
Anceſtres. Je vous ay déja parlé
de Mr de Torigny l'un de ſes
Freres ; les autres font , Mr. de
Gaffé , Succeſſeur d'un Frere du
meſme nom qui fut tué à la Bataille
de Senef; & Meſſieurs les
Eveſques de Liſieux, & de Con-
- dom. Feu Mr de Matignon estoit
- Beau - Frere de Mt le Comte de
- Cogny , Gouverneur de Caën ,
Commandant du Regiment Royal
de Cavalerie , & de Mr le
Marquis de Névet , qui a eſté la
terreur des Rebelles de Bretagne.
Ie n'ay rien a adjoûter à ce
que je vous ay dit pluſieurs fois
de l'illustre Maiſon de Matignon.
Nous avons perdu dans le même
mois Mr du Mats , Maré-
2
?
114
MERCURE
chal des Camps & Armees du
Roy ; & Gouverneur de l'Iſle
de Ré .
Madame des Marais , Fille de
Mr Berrier , Secretaire du Confeil
, & Femme de M' Huraut ,
Comte des Marais , eſt auſſi morte
depuis peu de jours. Elle n'avoit
que 32. ans. De pareilles
morts nous font tous les jours
connoiſtre , que nous n'avons
point de jours aſſurez , & qu'il
n'y a rien qui pafſſe ſi viſte. C'eſt
une pensée que vous trouverez
exprimée d'une maniere fort ſpirituelle
dans le Sonnet que vous
allez voir. Il eſt fait ſur le ſujet
d'un Torrent, qui a eſté propoſé
dans quelqu'une de mes Lettres..
GALANT. I
רי
コ
ISUR UN TORRENT.
SONNET.
Miroir waste & pompeux des
plus belles journées,
Tu me fais concevoir par ce rapide
cours,
Que comme tu te perds apres ces
grands détours ,
Un cours presque inſenſible emporte
mes années.
Apeine les reçois- je , ellesfont terminées.
L'instant de leur croiſſant m'enmarque
le détours;
Enfin,comme tes eaux,elles sont tous
Les jours :
Rapides,fans retour , orageuſes , bornées.
116 MERCURE
Mais tu m'inſtruis de plus parta rapidité
,
Que je cours dans leſein de la Divinité
,
Si i'ay le coeur exempt d'attache criminelle;
Que suivant les moyens qui doivent
m'y mener ,
Iediſpoſe mon cours à la Source eternelle
,
Puis qu'en estant forti, ie doisy retourner.
Mr Hubin, Emailleur du Roy,
fi connu dans toute l'Europe par
les yeux poſtiches, & par les belles
lumieres qu'il a dans la nouvelle
Phyſique , eſt de retour
d'Angleterre , où il eut l'honneur
de preſenter au Roy un Thermometre,
& un Barometre de fa faGALANT.
117
çon. Comme Sa Majesté Britan-
- nique entend parfaitement bien
la belle Philoſophie : Elle prit
plaiſir à voir toutes les Experiences
de la peſanteur de l'air,
qu'il fit avec ſon adreſſe accoûtumée.
Mª Hubin répondit ſi ſolidement
à toutes les ſçavantes
- objections du Roy, que ce Prince
declara hautement qu'il l'avoit
convaincu de la peſanteur
de l'air . Il a apporté d'Angleterre
pluſieurs Phoſphores ou Matieres
lumineuſes , deſquels il a fait
preſent à M' Comiers ſon ancien
Ami, qui a bien voulu m'en faire
voir les Experiences.
Le Phosphore ſec , ſemble un
morceau d'écorce d'Orange.Il ſe
conſerve dans l'eau commune. Il
fume ſi tôt qu'on l'a mis à l'air,&
lors qu'on en a écrit ſur un papier
blanc , il ne paroît rien au
118 MERCURE
jour ſur le papier ; mais dans
l'obſcurité l'écriture paroît tout
en feu , & dure pluſieurs heures.
On n'a qu'à s'en frotter le viſage,
&il paroît auſſi tout en feu. On
n'en reffent pourtant aucune
chaleur.
L'autre Phoſphore eſt liquide.
On en met un pouce de hauteur,
dans une fiole de verre cylindrique
de cinq pouces de hauteur,
& fermée tres- exactement avec
unbouchon de verre, qui eſt une
Invention admirable que Glauber
publia en l'année 1651. dans
la cinquiéme Partie des Fourneaux
Philofophiques. Ce Phofphore
liquide eſt de couleur
orangé.Si dans un lieu obſcur on
Louvre tant ſoit peu la bouteille ,
on voit deſcendre une lumiere
tres- agreable qui la remplit toute
entiere,& par le moyen de cette
GALANT.
119
lumiere on peut diſtinguer les
lettres d'un Livre.Lors qu'on bouche
bien la fiole , cette lumiere
- ceſſe peu à peu , & enfin on ne
voit plus rien , à moins que de
rouvrir la bouteille .
Mr Comiers,en me faiſant voir
l'effet de ces deux Phoſphores ,
m'a afſuré que le Phosphore de
Baldoüin , qui imbibe la lumiere
du Soleil du Feu ,& de l'Air éclairé,
eſt un eſprit de nitre fait avec
de la craye, avec lequel on oingt
un corps blanc tres- poreux , tel
que celuy des Coupelles qu'on
faitdes cendres d'os brulez ; &
que le liquide ſe fait avec le ſel
noir , car eſtant diſtilé dans l'obfcurité
, on voit monter des ruifſeaux
de feu dans la cucurbite ,
leſquels ruiſſeaux de feu deſcendent
par l'alembic dans le récipient.
Ily en a qui le font avec
120 MERCURE
unehuile , ou foulfre concentré
& exalté d'urine de Bûveurs de
Biere.
Il m'a en même tems communiqué
la Lettre de M' Hubin le
cadet , Chirurgien de l'Hôpital
Royal de Londres , dattée du 9.
Decembre 1682. Elle contient
pluſieurs chofes extraordinaires
trouvées à l'ouverture du Corps
du Prince Robert , appellé dans
les Païs Etrangers le Prince Rupert.
Je vous promis la derniere
fois de vous parlerde fa mort , arrivée
à Londres le 9. Decembre,
& il eſt juſte que je vous tienne
parole. Ce Prince avoit ſoixantetrois
ans,& eſtoit Fils de Frideric
V. Electeur Palatin , qui en 1613 .
épouſa Elizabeth Stuard , Fille de
Jacques I. Royde la Grand' Bretagne.
Ses Titres eſtoient Comte
Palatindu Rhin , Duc de Cumberland
,
GALANT. 121
-1 ,
berland , Comte d'Holderneſſe ,
Chevalier de la Jarretiere &
Conſeiller du Conſeil Privé du
- Roy d'Angleterre. Je ne vous dis
rien dela grandeur de la Maiſon
Palatine , qui ſans contredit ,
tient le premier rang apres la
Maiſon d'Autriche. Il eſt certain
que depuis l'an 1253. auquel
- Oton Vvitelſpach , furnommé
l'Iliuſtre Comte de Shiern , épouſa
Agnes , Heretiere du Palatinat
& de Baviere , ou que ces
Principautez eurent eſté données
à fon merite , ( car il y a diverſité
d'opinions fur cette acquiſition
; ) il eſt certain , dis-je ,
quedepuis ce tems , cette Maiſon
a poffedé ces deux grandes
Principautez,avec la qualité d'Electeur
, & de Grand Maître de
l'Empire. Elle a donné deux Empereurs
à l'Allemagne , un Roy
Janvier 1683 . F
122 MERCURE
au Dannemarck , à la Suede , &
àla Norvege conjointement , &
deux autres à la Suede ſeule, ſans
conter une infinité de Generaux
qui ont conduit des Armées en
Italie , en Hongrie , en France ,
en Angleterre , & en Dannemarck.
Le corps du Prince Robert
, accompagné de pluſieurs
Chevaliers de la Jarretiere , &
de quantité de Perſonnes du
premier rang, fut porté le 16.du
même Mois, du Palais de Vveſtminſter,
à l'Abbaye, & reçû à la
Porte de l'Egliſe par le Doyen ,
& les Chanoines de Vveſtrinſter,
qui avec les Chantres, & les
autres Officiers du Choeur , le
conduifirent à la Chapelle de
Henri VII . où il fut inhumé
avec les Princes de la Famille
Royale . M le Comte de Craven
menoit le Deüil , & un des HéGALANT.
123
コ
ros d'Armes portoit ſa Couronne
& fon Ecuſſon.
r
Pour revenir à la Lettre de
■ Mr Hubin le cadet , il mande à
M' Hubin ſon Frere , que lors
qu'onouvrit le corps de ce Prince,
on luy trouva dans le bas de
Ventricule droit du coeur, un os
comme celuy de la premiere
phalange du petit doigt , & de
conſiſtance fort folide,&dans le
Rhein gauche , une pierre pefant
deux onces & demie , de
forme triangulaire. On luy trouva
auſſi au defſſous du Crane, un
os de la grandeur & épaiſſeur
d'une piece de quinze ſols , de
couleur blanche , & de confi
ſtance fort ſolide , dans un lit
que la Nature luy avoit fait entre
les deux Peleüvres de la fubſtance
cendrée du cerveau , qui
eſtoit tout - à - fait détachée du
E 2
124 MERCURE
Cane.Mr Perfe, premier Chirurgien
du Roy d'Angleterre, ayant
preſenté à Sa Majesté ces os du
coeur & du cerveau , & cette
pierre des Reins, eut ordre de les
mettre dans le Cabinet de ce
Prince , qui eſt rempli de mille
productions extraordinaires de la
Nature.On porta en même tems
au Roy , un Animal fort monſtrueux
, qui tient de la nature
du Chat & du Rat , & en effet il
eſt produit de l'une & de l'autre
eſpece ; fçavoir , d'une Chate &
d'un Rat, duquel cette Chate en
adéja fait deux portées.
Le même M' Comiers m'a auſſi
affure , que le Samedi 9. de ce
Mois , il avoit eſté avec Mle
Prince de Borghezy , &M Hubin
l'aîné , dans la Rue Jean-Robert
, à l'ouverture d'un Enfant
à deux têtes, & à quatre bras, &
GALANT.
125
10
S
e
qui n'avoir que deux jambes , le
tout bien formé ; & ce qui eſt en
cor ſurprenant, c'eſt que la Metre
accoucha enſuite d'un autre
Garçon , qui ſe porte fort bien ,
ainſi que la Mere. Il m'a promis
eune ample Relation de cet accouchement
, avec la Figure de
cet Enfant monstrueux. Je vous
en feray part de Mois prochain .
Je vous parlay il y a un mois
d'un Météore. Voicy des nouvelles
d'un autre,qui ſemble ne rien
prédire que d'avantageux. Le
Mardy 15.du dernier mois, il parut
fur le Château d'Hombourg ,
Frontiere d'Allemagne , un Feu
clair & fort brillant, qui tomba du
Ciel en forme de fusée volante .
Il formoit pluſieurs étoiles , & l'on
entendit un bruit , tel que celuy
d'un coup de Canon , & enfuite
un autre moins grand, comme ce-
F 3
126 MERCURE
luydes ſalves de Mouſqueterie ,
ce qui dura preſque un quart
d'heure. La fumée produite par
ce Feu estoit en forme de nüée,
& alloit de l'Occident à l'Orient.
On y remarqua la figure d'un
Dauphin.
Il ne ſe paſſe aucun mois, pendant
lequel on ne démoliffe quelques-
uns des Temples , où ſe
faiſoit l'exercice de la Religion
Pretenduë Reformée. Les ordres
que Sa Majesté donne pour cela,
font toujours fondez fur de fi
juſtes raiſons , que ceux que de
pareilles démolitions touchent le
plus , demeurent d'accord qu'il
leur feroit impoffible d'en trouver
pour y répondre. Celle du
Temple de S. Jean d'Angely , fut
ordonnée le 4. de ce mois par un
Arrest du Conseil d'Etat , &
L'exercice de cette Religion in
GALANT.
127
terdite dans la Ville . Ses Habitans,
qui en faifoient preſque tous
profeſſion , s'eſtant revoltez ſous
Charles IX. qui leur avoit pardonné
, oublierent la grace qu'ils
avoient reçeuë par ce pardon ; &
en 1621. ils refuſerent encor
d'ouvrir leurs Portes au feu Roy .
On les afſiegea , & après une
défenſe opiniâtrée, ils furent contraints
de ſe rendre à diſcretion .
Sa Majesté les punitde leur revolte
en faiſant raſer leurs murailles
, & les privane de tous
leurs Privileges. Celuy qui leur
permetroit de profeſſer publiquement
leur Religion, eſtoit un des
principaux. Cependant ils en
avoient toûjours continué l'exercice
ſans en avoir obtenu aucune
permiſſion du Roy. Il a eſtéauſſi
ordonné par le Conſeil , que le
Temple de Bazac dans le Dioce
E 4
128 MERCURE
ſe de Sarlat , & celuy de Garreau
en Xaintonge , feroient démolis.
Si le Roy donne ſes ſoins à la
converfion des Pretendus Reformez
, quantité de Perſonnes de
ceParty travaillent de leur coſté
à leur converſion particuliere,
en recevant les Inſtructions ,
qu'on cherche par tout à leur
donner avec un zele tout Apoſtolique.
M² de Veſc , Fils de
MeffireMary de Veſc , Seigneur
de Veſc , Compſtruinas , & autres
Lieux , abjura le s . de ce
mois aux Iefuites de la RuëS.Antoine
, entre les mains du R.Pere
de la Chaiſe. Il avoit eſté inſtruit
par le Pere Droüet , leſuite au
Novitiat. Me de Montauban ,
Lieutenant de Roy au Comté
de Bourgogne , Mr de Montanegre
, Lieutenant de Roy en LanGALANT.
129
guedoc , & pluſieurs autres Perſonnes
de qualité , y estoient
préſens , comme Parens de M
de Veſc , qui a fuivy l'exemple
de ſon Frere aîné . Le Roy a donné
ordre à Mr de Fourbin d'équiper
ce dernier, & de luy donner
place dans ſes Mouſquetairés.
C'eſt icy une occafion de vous
parler de Madame de la Primaudaye
, Veuve du Seigneurde ce
nom , d'une des plus qualifiées,
Maiſons d'Anjou , morte depuis
quelque temps en fon Château
de Lyon en Beauffe , dans ſa
vingt-cinquième année. Elle eſt
regretée de tous ceux qui ſe connoiſſent
en merite & en beauté,
peu de Femmes ayant jamais eu
des qualitez auſſi eſtimables pour
l'eſprit & pour le corps.Ses Amis
fouhaitoient avec une paſſion
F
130 MERCURE
extraordinaire de la voir changer
de Religion ; & fans doute
ils auroient eu cette joye , fi dans,
les derniers momens, de ſa vie,
toute ſa famille n'euſt mis divers
obſtacles à ſa converfion , qu'elle
meditoit depuis long-temps.
Elle ſe trouvoit fi fort diſpoſée à
executer un deſſein ſi avanta
geux à ſon ſalut , que quelques
mois avant fon deceds , elle entendit
trois fois la Meſſe dans la
Sainte Chapelle,en la prefence,
& à la perfuafion d'un de ſes plus
intimes Amis , auquel elle proreſta,
qu'elle ne mourroit jamais
dans la Religion de ſes Anceſtres
juſque-là même , qu'elle
eat toûjours depuis ce temps- là
un Crucifix dans ſa Chambre,.
&pluſieurs Tableaux de devotion
. Elle a laiſſé des Enfans fort
jeunes , dont on a lieu d'eſperer
こ
GALANT.
131
beaucoup, s'ils peuvent ſe retirer
de l'abîme où ils ſe trouvent malheureuſement
engagez . Les Armes
de ſa Maiſon ſont , un Ecuf-
Son en champ d'azur , chargé de
Fleurs de Lys d'or fans nombre , &
une Pate de Griffon d'or traverſant
l'Ecuffon , couronné d'une Couronne
de Comte ; pour Suports , deux Salamandres.
Sa Deviſe , Le Feu est
mon élement.
La perte de cette aimable Perſonne
a jetté dans une extréme
conſternation une grande foule
d'Amis qu'elle avoir. Le Sonnet
qui fuit fur cette mort , eſtde
l'un d'eux.
N
SONNET.
Lle n'est plus au monde , &le
Ciel l'a ravie
De ce coup imprévû,Paſſans, verſez,
des pleurs
F6
132 MERCURE
La mort , dont on ne peut éviter les
rigueurs ,
Triomphe impunément des beaux
jours de Sylvie.
Elle estoit de fon Sexe , & la gloire
& l'envie ,
Ses vertus la faisoient regner fur
tous les coeurs ;
Etfes appas estoient fuivis d'Adorateurs
,
Quandla Parque coupa la trame de
favie.
D'un trépassi cruel , tout l'Univers
en dewit ,
Par des regrets publics honore fon
Cercüeil ;
Mais moy qui luy jurois une ardeur
toute entiere ,
Qui ne trouvois qu'en elle un veri
table bien
GALANT.
133
Puis-je voir ſes beaux yeux privez
de la lumiere ,
Et diférer d'unir mon triſte fort au
fien ?
Le Roy qui parmy tant de
Sujets d'admiration qu'il donne
de jour en jour , conſerve une
modeſtie qui n'a jamais eu d'égale
, entendant parler à ſon retour
d'une Chaffe , ceux qui avoient
l'honneur d'eſtre auprés de luy ,
de quelques Places que l'on affiegea
pendant la guerre de Flandre
, & leur impoſant toûjours
filence fur ce qui le regardoit
perſonnellement ; quelqu'un ne
laiſſa pas de prendre la liberté de
le faire ſouvenir , que le voyant
monter ſur la Tranchée au Siege
de Tournay , il avoit osé luy
prendre les jambes pour le faire
rentrer dans la Tranchée , tan
134 MERCURE
disqu'un autre luy ôtoit ſon chapeau
couvert de plumes blanches.
Sa Majeſté s'adreſſa à Mr le
Duc de S. Aignan, & luy dit que
c'eſtoit tout ce qu'il auroit pû
faire à quoy ce Duc répondit,
que ceux qui ſe trouvoient de
ſa ſuite dans ces fortes d'occaſions
, étoient trop heureux ,puis
qu'au moins ils ſe voyoient le
foir hors d'inquietude pour les
perils auſquels Sa Majesté s'étoit
expoſée le jour ; & le matin
, pour les dangers qu'Elle
avoit courus la nuit ; mais que
pour luy qui paſſoit preſque tout
ce temps- là aux ſoins qu'il devoit
au gouvernement du Havre , il
n'avoit point de veritable repos,
connoiſſant le courage du Roy,
& le mépris qu'il faiſoit desdangers
.Cette converſation finit par
les louanges qui furent données
GALAN Τ.
135
à ces quatre Vers , que ce Duc
fit Inpromptu.
Grand
AU ROY.
Rand Roy , dont tout le monde
admire la valeur ,
Je dois me conſoler de n'avoir pû
vous fuivre. 1
La crainte de vous voir avec tant
de chaleur
En danger de mourir , m'eust fait
ceffer de vivre.
Il eſt aisé de voir par ces Vers,
que quelque proteſtation que
M² le Duc de Saint Aignan ait
faite de n'en faire plus , il luy
ſera difficile de s'en empeſcher,
quand il s'agira de la gloire de
Sa Majeſté .
Il eſt arrivé ces derniers jours
une choſe que vous trouverez
136 MERCURE
1 ,
fort finguliere. Pluſieurs Perfonnes
conſidérables par leur naiffance
& par leur mérite , s'eſtant
rencontrées dans une Maiſon,où
il ne vient ordinairement que
des Gens choiſis on y parla
d'abord de Nouvelles ; & un
Mariage qui s'eſtoit fait le matin
dans la Paroiſſe voiſine , fut
mis auſſi - toſt ſur le tapis. Quelques
loüanges ayant eſté données
à la Mariée , la Dame.chez
qui cette Affemblée ſe tenoit ,
dit que quoy qu'elle fuſt de fon
quartier , elle ne l'avoit jamais
veuë , mais qu'elle en avoit toûjours
entendu parler d'une
maniere fort avantageuſe. Làdeſſus
une autre Dame qui prétendoit
la connoître , s'étendit
fur fon mérite. Elle ne trouva
perſonne qui fuſt contraire à ſes
fentimens tant qu'elle vanta
2
GALANT.
137
l'agrément de ſon eſprit , & l'égalité
de ſon humeur ; mais elle
- n'eut pas ſi- toſt ajoûté qu'elle
-étoit de ces belles tailles que l'on
diftingue par tout , que trois ou
quatre Perſonnes de la Compagnie
dirent à la Dame qu'on
avoit lieu de douter qu'elle la
connuſt, puis que la Mariée dont
il s'agiſſoit , eſtoit plûtoſt petite
que grande, quoy que d'une taille
aiſée & bien priſe. La Dame
s'en fit redire le nom ; & comme
elle eſtoit fort ſeûre que la Demoiſelle
qu'on luy nommoit s'étoit
mariée ce meſme jour dans
la Parroiſſe qu'on avoit marquée
d'abord , elle répondit qu'à la
verité elle n'avoit avec elle aucun
commerce qui la luy eût
fait connoiſtre particulierement;
mais que l'ayant veuë pluſieurs
fois aux Tuileries & ailleurs , il
138 MERCURE
eſtoit impoffible qu'elle ſe trompast.
En meſme temps elle en
voulut faire le Portrait plus exa
tement , & dit qu'elle avoit le
viſage affez rond, les yeux bleus,
le teint fort vif , & des cheveux
blonds les plus beaux du monde.
Les mêmes Perſonnes qui
l'avoient déja combatuë fur la
grande taille , la combattirent
encor bien plus fortement fur
cette peinture. On foûtint que
la Mariée en queſtion avoit les
cheveux fort noirs, le viſage ovale
; & la difpute commençoit à
s'échauffer , lors qu'un Cavalier
entra connu de la Dame pour
Amy du Pere de la Demoiselle.
La Dame luy demanda auſſi toſt
s'il ſçavoit que la Fille de ſon
Amy eſtoit mariée. Il répondit
qu'il venoit d'apprendre que le
Mariage s'eſtoit fait avantle jour;
GALANT.
139
& fur la priere qu'on luy fit de
-vouloir dire comment la Mariée
eſtoit faite , il la peignit grande,
avec des yeux bleus , & des cheveux
blonds. Ceux de l'Aſſemblée
qui ne la connoiffoient
point , ne ſçavoient que croire,
de voir des Gens entierement
oppoſez ſur le même fait. Dans
- ce moment ſurvint une Dame ,
qui ayant appris le ſujet de la
diſpute , s'offrit à la terminer
comme eftant Amie particuliere
de la Mariée. Elle la fit brune
, d'une taille médiocre ,
luy donna un viſage ovale . Des
Portraits fi diférens euſſent caufé
de longs embaras , fi par hazard
quelqu'un n'euſt nommé
le Marié , qui estoit Homme de
Robe. Alors la Dame , qui avoit
toûjours ſoûtenu que la Mariée
eſtoit grande & blonde , dit
140
MERCURE
qu'elle ne ſçavoit plus de qui
l'on parloit , puis que la Démoi
ſelle qui estoit de ſa connoiſſance
, avoit épousé un Officier qui
par de fort longs ſervices s'eſtoit
acquis beaucoup de réputation
à l'Armée . On s'informa de la
Ruë où demeuroit cette Mariée;
&comme elle ſe trouva diferente
, felon qu'on parloitde lablonde
ou de la brune , on connut
enfin que deux aimables Perſonnes
portant toutes deux le mefme
nom , s'eſtoient mariées le
mefme jour de tres grand matin,
&dans la mesme Paroiffe . Cela
parut fort nouveau , & fit parler
long-temps de l'une & de
l'autre.
Loüis -César de Bourbon , Comte
du Véxin , Légitimé de France
, eſt mort le Dimanche 10.de
ce mois , fort regreté de tous
GALANT.
141
- ceux qui l'ont connu. Il n'avoit
que dix ans , & quoy qu'il euſt
paſſé les premiers jours de ſa vie
dans des incommoditez continuelles
, il avoit avec un eſprit
extraordinaire une capacité fort
au deſſus de fon âge. Il eſtoit
déja capable des plus hautes
Sciences , & il ſe donnoit ſi entierement
à l'étude , qu'on peut
dire qu'il fatiguoit tous ceux qui
avoient eſté mis auprés de luy
pour l'aider ; de forte que s'il
avoit vécu , il y a ſujet de croire
qu'il auroit eſté un grand ornement
de l'Etat Eccléſiaſtique où
il eſtoit deſtiné . Si ce Prince s'amuſoit
quelquefois à jouer , &
ſe divertiſſoit des choſes , qui
font le plus ſouvent toute l'occupation
des Perſonnes de fon
âge , il ſemble que ce n'eſtoit
que pour obeïr à la Nature , à
1427
MERCURE
,
qui ce petit relâchement étoit
neceſſaire . Ce qu'il a ſouffert
pendant ſa derniere maladie eſt
incroyable mais la conſtance
avec laquelle il a ſouffert ne ſcauroit
ſe concevoir. Il vit le peril
où il eſtoit avec une fermeté digne
des plus grandes Ames , &
la connoiffance qu'il en eut ne
ſervit qu'à luy faire ſonger à l'au -
tre vie , & à faire des actions
méritoires pour le Ciel. Il demanda
avec beaucoup d'emprefſement
qu'il luy fuſt permis de
faire ſa premiere Communion.
Il la reçeut des mains de Mr le
Curé de S. Germain l'Auxerrois,
& remplit d'étonnement M' I'Evefque
de Meaux , & le Pere
Confeffeur du Roy , avec toUS
ceux qui ſe trouverent à cette
Ceremonie , qui admirerent en
meſme temps ſa connoiffance ,
GALAN Τ. 143
>
ſa fermeté , & ſa devotion. M
l'Archeveſque de Paris luy donna
l'Extréme- Onction , & s'em
- retourna furpris , & édifié , d'avoir
trouvé dans ce jeune Prince
, ce qu'on demande dans les
Chreſtiens les plus éclairez , &
les plus réſignez . On ne remarquoit
en luy rien qui ne fut
grand , & qui ne fiſt defirer
pour la Terre , ce que le Ciel
vouloit luy ravir. On ne luy cacha
pas un inſtant l'état où il
eſtoit ; mais s'il parut ſouhaiter
la vie , il ne fit rien que pour la
mort . Aprés qu'il eut reçeu tous
ſes Sacremens , ont eu quelque
eſperance que les voeux d'une
infinité de Perſonnes qui s'intereſſoient
à ſa conſervation , ſeroient
exaucez ; mais le peu de
jours que Dieu accorda à leurs
prieres , ne luy ſervit qu'à don144
MERCURE
ner à tous momens des marques
d'une entiere reſignation à fa
volonté , & à faire voir une conſtance
digne des plus grands.
courages , & digne veritablement
de l'auguſte Sang dont il
eſt ſorty , auſſi-bien qu'à faire
connoiſtre la ſolidité de ſon efprit
, & tout ce qu'on en devoit
attendre. Le jour de fa mort venu
, il l'enviſagea avec la même
intrepidité , & connut l'extremité
où il eſtoit , ſans autre regret
que de ne pouvoir pas fai-
're affez pour meriter le Ciel ;
mais il faiſoit ſur tout paroiſtre
une grande paffion de recevoir
le Saint Viatique , & la Benediction
de ſon Archeveſque , qui
arriva peu de temps aprés. Enfin
on peut dire qu'il ſe trouva,
comme il ſeroit à ſouhaiter à
tous les Chrétiens d'eſtre dans
ces
GALANT
145
ces derniers momens. Quelque
fort que fuſt le defir que ce
Prince avoit de communier avất
- que de mourir , il ne fut pas pofſible
de luy donner cette confo
lation , à cauſe de ſa foibleffe,
& de la violence d'une Auxion
qui l'étoufoit . M'l'Archevêque,
en preſence du Pere Confeſſeur
de Sa Majesté , luy parla comme
il a accoûtumé de parler , c'eſt
à dire , d'une maniere toute édifiante.
Il luy fit voir l'impoſſibilité
qu'il y avoit de le ſatisfaire,
& il le vit auſſi-toſt ſe ſoûmettre
à ſes raifons , avec une humilité
digne des Chrétiens les
plus parfaits . Ceux qui feront
ſon Hiſtoire , vous en diront da
vantage , & vous apprendront
des choſes qui vous étonneront,
quoy que vous ſoyez affez accoûtumée
aux événemens extraordinaires
.
Ianvier 1683 . G
146
MERCURE
Si toſt que Sa Majeſté eut appris
la mort de ce jeune Prince,
Elle deſtina de ſon propre choix,
l'Egliſe de S. Germain des Prez
pour le lieu de ſa Sepulture ; &
ordonna à M'de Seignelay , Secretaire
d'Etat , d'aller dés le
lendemain dans cette Abbaye,
pour convenir avec le Pere
Prieur , du lieu où le Corps ſeroit
inhumé. On choiſit la place
la plus honorable au milieu dụ
Choeur , entre l'Aigle & le Tombeau
du Roy Childebert , premier
Fondateur de ce celebre
Monastere . On travailla dés ce
moment à tous les preparatifs
neceſſaires . On tendit l'Eglife,
le Choeur , & la Nef , de quatre
Lais d'Etofe blanche ; & on
dreſſa devant le Grand Autel ,
une Repreſentation tres- magnifique.
Elle estoit portée ſur une
GALANT. 147
élevation de cinq degrez , &
couverte d'un Poële de Damas
blanc , croisé d'une Moëre d'argent
, & ſous un riche Dais
I de même couleur , chargé des
Ecuſſons du Prince défunt , &
orné de ſes Pommes & de fes
Crépines. Un tres grand nombre
de Chandeliers d'argent envi
ronnoit cette Repreſentation.
L'Autel eſtoit fort ſuperbement
paré. On avoit decouvert la
Contretable , ou Devant d'Autel
, qui eſt de vermeil doré ,
ſemée de Pierreries , d'un ouvrage
fort ancien & tres excellent.
Les Grandins eſtoient éclairez
par vingt- quatre Cierges de
Cire blanche , ſoûtenus par autant
de Chandeliers d'argent .
On fonna durant prefque toute
la journée les Cloches de la
groſſe Tour , qui font des plus
G 2
148 MERCURE
belles , & des plus harmonieuſes
du Royaume ; & fur les cinq
heures du foir , les Religieux de
cette Maiſon ſe diſpoſerent à recevoir
ce Corps , avec tout le
reſpect & toute la pompe qu'on
doitaux Princes de cette naiſſance.
Le Pere Bracher , Genéral
de la Congrégation , officia à
cette Cérémonie . Il eſtoit aſſiſté
d'un Diacre , & d'un Soûdiacre.
Quatre Chantres en Chapes l'accompagnoient
, avec le reſte des
Officiers ordinaires à ces Pompes
funebres . Plus de quatre- vingts
Religieux , chacun un Cierge
à la main , formoient une double
haye , qui occupoit toute la
Nefde l'Eglife , depuis la grande
Porte juſques à l'Autel. Mr le
Marquis de Seignelay arriva à
ſept heures & demie , & bientôt
aprés on vit venir le Carroſſe
1
GALAN T.
149
- qui portoit le Corps du Prince.
Voicy l'ordre de la marche du
Convoy. Soixante Perſonnes en
deüil de la Maiſon de Mr le Comte
du Véxin , eſtoient à la teſte ,
& tenoient chacun un Flambeau
de Cire blanche. Douze
Pages à cheval , de la Petite-
Ecurie, marchoient enſuite , précedez
de leur Gouverneur , &
portoient auſſi chacun un Flambeau
. Dix Grands , & dix Petits
Valets de pieds ſuivoient , avec
pluſieurs Officiers des Ecuries de
Sa Majesté , le tout montant
juſqu'au nombre de ſoixante. Ils
avoient tous des Flambeaux , &
environnoient le Carroſſe qui
portoit le Corps. C'eſtoit un de
ceux du Roy . Il eſtoit à fix Chevaux
, auffi -bien que trois autres
de Sa Majesté qui le ſuivoient.
Mr le Curé de S. Germain l'Au
G3
150
MERCURE
xerrois , & pluſieurs Preſtres de
la Paroiſſe eſtoient dans ce Carroffe
, & M² de Beringhen , comme
Premier Ecuyer du Roy, étoit
dans celuy qui marchoit enſuite.
Il y en avoit encor pluſieurs autres
, remplis d'un grand nombre
de Perſonnes qui compofoient
le Deüil.
Mr le Curé de S. Germain
l'Auxerrois préſenta le Corps du
Prince , & fit une Harangue en
Latin avec beaucoup d'éloquence.
Le Pere General , qui le reçeut
, luy répondit en la meſme
Langue. Les quatre Chantres
commencerent l'Antienne accoûtumée
, Subvenite , & l'on
porta le Corps ſur la Repréſentation.
Les Religieux précedoient
en ordre. Six d'entre eux portoient
le Corps , & quatre Aumôniers
ſoûtenoient les quatre
1
GALANT.
151
coins du Drap mortuaire. On
chanta enſuite les Veſpres des
- Morts , & à la fin on fit l'Inhu-
-mination avec les Ceremonies ,
& les Prieres accoûtumées. On
attacha fur le Cercueil de ce
jeune Prince , une Plaque de
Cuivre , fur laquelle on avoit
gravé ces mots.
TRES- HAUT , TRES PUISSANT
ET EXCELLENT PRINCE MONSEIGNEUR
LOUIS - CESAR DE
BOURBON , LEGITIME DE FRANCE
, COMTE DU VEXIN , DE-
,
CEDE LONZIEME ANNEE DE
SON AGE LE 10. Janvier 1683 .
Le 20. du meſme mois , on
celébra dans la meſme Abbaye
de S. Germain des Prez , par
ordre de Sa Majesté , un Service
tres- folemnel . L'Egliſe eſtoit pa-
১
G4
152 MERCURE
rée comme le jour de l'Enterre .
ment ; & ces Peres s'acquiterent
de cette Cerémonie avec toute
la devotion & la modeſtie qui
leur eſt ordinaire. Un Religieux
de cette ſçavante Communauté
a reçeu beaucoup d'aplaudiſſed'un
Eloge funebre Latin qu'il
a compoſé à l'avantage de ce
jeune Prince. Cet Eloge eſt fait
en maniere d'Epitaphe , & marque
les hautes eſperances qu'on
avoit fujet de concevoir de ſes
grandes qualitez.
Il y a du changement dans les
Officiers des Gendarmes Ecoffois.
M le Baron de Tauriac ,
qui estoit Enſeigne de ces Gendarmes
, en a eſté fait Capitaine
Sous- Lieutenant , en la place de
M le Marquis de Flamanville ,
qui a acheté la Charge de Capitaine-
Lieutenant des Gendar
GALANT.
153
mes Bourguignons , qu'avoit Mr
t le Comte de Broglio. M'le Comte
d'Onſeigne , Neveu de Mr le
Marquis de Pianeſſe , & Frere
de Mr le Marquis de Rivarole,
- qui estoit Guidon des meſmes
Gendarmes Ecoſſois , en eſt de-
- venu l'Enſeigne ; & M de Chan-
- rond , Neveu de Mr le Comte
d'Amanzé , a acheté le Guidon .
Comme jamais la gloire d'un
Souverain n'a eſté dans une fi
haute élevation que l'eſt aujourd'huy
celle du Roy , jamais
les évenemens heureux des autres
Monarques n'ont cauſéune
ſi ſenſible joye , que ce qui
arrive à Sa Majeſté. C'eſt par
là que toute la France a fait des
Réjoüiſſances ſi extraordinaires
pour la Naiſſance de Monfeigneur
le Duc de Bourgogne.
Les Particuliers , qui ſont diftin-
GS
154
MERCURE
guez dans le monde par leur
efprit , apres avoir contribué à
Fallégreſſe publique par leurs
Feux , & par les autres démon.
ſtrations de joye , ont travaillé
fur cet auguſte Sujet. Mr Perrault
, fi connu dans l'Empire
des beaux Arts & des belles Lettres
, eſt un de ceux qui a témoigné
le plus de zele de toutes
manieres dans cette importante
occaſion. Il a fait paroître ſur
tout par un Ouvrage d'une invention
tres- particuliere , combien
il s'intéreſſoit dans le bonheur
de la France. Je ne puis
yous le donner icy tout entier,
parce qu'il occuperoit trop de
place dans ma Lettre. Je vous
diray ſeulement qu'il l'a intitulé,
Le Banquet des Dieux pour la Naiffance
de Monseigneur le Duc de
Bourgogne. Il feint que fur la fin
GALANT.
155
R
r
コ
1
de ce Celeste Repas , une Symphonie
de toutes fortes d'Inftrumens
, la plus grave & la plus
majestueuſe qui fut jamais , furprit
agreablement toute l'Affemblée
, & qu'aprés qu'elle eut
duré quelque temps , elle ceffa
pour faire place à une autre
Symphonie moins forte , mais
qui n'eſtoit pas moins agreable ,
& fur laquelle Jupiter chanta
ces.Versa isang Info
Vous avez fçeu , Troupe immor-
: L'agreable nouvelle
Qui rend de toutes part les Peuples
réjoüis ,
Et qui vient de combler le bonheur
Celebrons Pheureuse Naiſſance
Du Héros qu'en ce jour le Ciel donne
à la France
G6
156
MERCURE
Voicy ce qu'ajoûte l'Autheur
de ce meſme Ouvrage. Tous les
Dieux ayant repeté enſemble
ces deux derniers Vers , Jupiter
pourſuivitde cette forte.
:
C'est le fang de LOVIS , ce Roy
victorieux ,
Sous qui toute l'Europe tremble ,
Et qui nevoit rienſous les Cieux
Qui l'égale, ou qui luy reſſemble.
C'estpour lay queje vous aſſemble
Dans ce Palais délicieux.
Prenons part tous ensemble
Au bonheur d'un Hérosſi grand, ſi.
glorieux,
LeModelle des Roys, & l'Image des
Dieux.
Le Choeur des Dieux ayant
repeté les trois derniers Vers de
ce Couplet , & la grande Symphonie
ayant joüé encor quelGALANT.
157
que temps , Apollon prit ſa Lyre,
& chanta les Paroles ſuivanres .
Je voy dans l'Avenir , malgréses
replis fombres
Dont mes regards percent les ombres
,
De ce jeune Héros mille exploits
éclatans.
Iamais la Fable , ny l'Histoire ,
N'ont rien dit de plus beau dans la
Suitedes temps ,
Et rien négalerafon bonheur&Sa
gloire.
Les Muſes , qui s'eſtoientran
gées auprés d'Apollon , & qui
avoient fait avec leurs Inſtrumens
une Symphonie admirable
pendant qu'il chantoit , reprirent
les trois derniers Vers ; aprés
quoy , ce Dieu ſe tournant vers
elles, & les regardant,chantace
qui ſuit.
158 MERCURE
Combien de fois les Exploits de
LOVIS , Factor
Que vos beaux Vers àjamaisferont
vivre ,
Vous ont- ils les yeux ébloüis ,
Et causé la douleur de ne les pouvoir
Suivre !
Filles de Iupiter , avoüezentre nous,
Qu'aprés tant de chats de Victoire,
Et tant de Monumens d'eternelle
mémoire, la I
Le repos vousſembleroit doux.
Non, non, son immortelle Race
Suivra ſa glorieuse trace,
Il n'eſt point de repos pour vous.
Les Muſes ayant encor repris
les trois derniers de ce Couplet ,
Apollon continüa en cette ma-
१
"
Chantez cette aimable Princeffe
Dont le Cielafait choix pour l'Em
GALANT.
159
pire des Lys' ,
Qui par la Naiſſance d'un Fils
Le remplit de bonheur, de gloire ,&
d'allégreffe ,
Et rend tous ſes voeux accomplis.
Chantez cette Princeffe heureusement
féconde ,
Qui donne pour jamais des Roys à
tout le Monde.
Les Choeur des Muſes ayant
répeté ces deux derniers Vers ,
Venus & Mars chanterent ceuxcy
en Dialogue.
VENUS. storo
Que nous verrons un jour de Festes
de Ieux !
MARS.
Quenous verrons un jour de Combats
dangereux
160 MERCURE
VENUS.
Héros ne futjamais plus beau , ny
plus aimable ,
On ne pourra luy refuſerſon coeur.
MARS.
Héros nefut jamais plus grand,plus
redoutable ,
Tout fléchira ſous ſa valeur.
VENUS.
Ieunes beautez , craignezses
charmes.
MARS.
Braves Guerriers , craignezſes
armes.
VENUS .
Redoutez ſa douceur.
MARS .
Redoutez fon couroux.
VENUS & MARS.
Son fort fera mille Ialoux ,
Ilſera couronné de gloire
Par l'Amour, &par la Victoire.
GALANT. 161
1
Ce Dialogue finy , les Graces
ſe mirent adancer une eſpece
de Menüet; & en ſuite Bacchus
ayant le Verre en main ; ſe tourna
avec un air riant vers le
Buffet , & chanta ces paroles ,
en regardant Silene , & les Satyres.
Allons , mes chers Enfans , &vous,
Pere Silene ,
:
Qui nem'avésjamais abandonné
Buvons, buvons à Taffe pleine
Au Prince qui nous est donné.
Que chacun de ce jus enlumine ſa
trogne ,
Et faſſe honneur au Prince fortune
Du fameux terroir de Bourgogne.
Silene & les Satyres ayant répeté
les trois derniers Vers , Bac
chus pourſuivit.
162 MERCURE
Il vainera comme nous les Climats
de l'Aurore ,
Et le long du rivage More
Son Bras établira noftre Empire
divin , ..
Et fon foudroyant Cimeterre
Délivrera toute la Terre
De ce Peuple maudit qui ne boit point
de Vin.
t
)
La Feſte ſe termina par ces
Vers que Jupiter chanta ſur une
Symphonie grave & tres -
rieuſe.
fé-
Que de bonheur ! que d'abondance
!
Que de gloire , & que de repos
Aux peuples qui vivront ſous l'auguste
puiſſance
De LOVIS , de fon Fils , & du jeune
Héros
Dont nous celébrons la Naiſſance!
GALANT. 163
Iamais le Cielne vit unfi long cours
D'heureux fuccés , & de beaux
jours.
Tous les Dieux reprirent les
deux derniers Vers , & Jupiter ,
continüa .
Nous pouvons deformais dans une
Paix profonde
Ioüir de nos heureux deſtins ,
Et parmy les Plaisirs , les Ieux , &
les Festins ,
Nous reposer sur eux de l'Empire
du Monde.
:
Tous ces Vers ont eſté mis
en Muſique par M.Oudot , &
chartez à la Cour , où ils ont
receu beaucoup d'aplaudiſſemens.
C
Les Réjoüiſſances publiques,
pour la Naiſſance de Monfeii
>
4
164
MERCURE
gneur le Duc de Bourgogne ont
continué , & il s'en eſt fait de
tres - grandes à Tournon en Vivarez
, qui commencerent le 28.
Novembre. Je paſſetout cequ'on
y a veu de commun aux autres
Villes , pour vous parler du Feu
d'artifice que l'on avoit préparé
fur le Rhône. C'eſtoit une Machine
quarrée à trois étages. Sur
le plus bas , regnoient fur des
Pilaſtres quatre Corniches , où
l'on voyoit les Armes des Maiſons
de Vantadour , de Levy , de
Tournon , & de la Ville. Le ſecond
étage portoit de meſme ſur
des Corniches , les Armes de
Monſeigneur le Dauphin , de
Madame la Dauphine , & du
. jeune Prince ; & fur le plus haut
étage , s'élevoit une Pyramide ,
qui ſoûtenoit les Armes du Roy
à ſes quatre faces , & portoit ſur
GALANT. 165
-ſa pointe un grand Soleil , qui
un peu plus bas , en avoit deux
autres moins grands à ſes côtez .
Les Jeſuites firent une Feſte particuliere.
Parmy les Deviſes dont
ils ornerent leur Court , on remarqua
ces quatre ſur toutes les
autres.
La premiere eſtoit un Soleil au
milieu de deux Parélies ,
Lux omnibus una.
La ſeconde , regardoit Monſeigneur
le Dauphin. C'eſtoit un
Parélie , avec ce demy Vers du
Poëte ,
Quantum instar in ipfo eft ?
Les deux autres eſtoient à
l'honneur du jeune Prince , &
avoient toutes deux le même
corps, c'eſt à dire , un Soleil naifſant.
L'une avec ces mots ,
Quid nonsi crefcat ?
L'autre avec ceux-cy.
166 MERCURE
Nafcitur orbi.
: L'Illumination que firent paroître
ces Peres , attira longtemps
les yeux & l'admiration de tout
le monde. On fut charmé fur
tout du Spectacle d'une Baluſtrade
de feu , qui regnoit le long
d'une Terraſſe du College , qui
domine le Rhône . Ce College
de Tournon eſt un des plus maguifiques
du Royaume. Il reconnoît
pour ſon Fondateur, le grand
Cardinal de Tournon , fi celebre
dans l'Hiſtoire ſous les Regnes
de François I. d'Henry II.
&de leurs Enfans. La Maiſon
de Tournon eſtoit des plus illuſtres
par ſon ancienneté , & par
ſes Alliances avec les premieres
Maiſons de France. Elle s'éteignit
en 1644. par la mort de Juſte-
Louis II. Maréchal de Camp
des Armées du Roy , & LieuteGALANT.
167
1
nant de Sa Majeſté dans les Provinces
de Dauphiné , & de Languedoc
, qui fut tué au Siege de
Philifbourg , où il ſervoit fous
Monfieur le Prince , de qui il
avoit l'honneur d'eſtre proche
- Parent. Madame la Ducheffe de
-Vantadour , fon Ayeule maternelle,'
en recueillir la Succeffion.
:
Parmy les diverſes Feſtes que
l'on a faites à Niſmes dans la
méme occafion , Mus du Préſidial
ſe ſont extremement diftinguez.
Aprés avoir donné à ſouper
aux Priſonniers, & fait chanter
le Te Deum dans la Chapelle
de leur Palais , ils en ſortirenten
Corps , & en habit de ceremonie
, precedez par la Baſoche ,
qui faisoit une Compagnie de
trois cens Clercs , ou Praticiens,
tous fort leſtes , & qui avoient
168 MERGURE
des Tambours , des Trompetes,
des Hautbois , & des Violons à
la teſtede leur Drapeau . La Maréchauffée
ſuivoit la Bafoche.
Les Huiffiers venoient enſuite.
Les Officiers du Préſidial , portoient
chacun un Flambeau de
Cire blanche. Aprés eux mar
choit le College des Avocats ,
auſſi en Robes. Quoy que ce
Corps foit libre , & qu'il n'ait
pas accoûtuméde ſe trouver dans
des occafions de réjoüiſſance , il
ne voulut pas manquer en cellecy
, pour mieux marquer la part
qu'il prenoit à la joye publique.
Le Corps des Procureurs marchoit
le dernier dans le même
ordre , & les uns & les autres
portoient auſſi des Flambeaux.
On avoit preparé dans la Place
de la Tréſorerie un fort beau
Feu d'artifice . C'eſtoit une Pyramide
GALAN T. 169
ramide de vingt pieds de hauteur
, appuyée ſur un grand Piédeſtal
, dont les quatre faces re
preſentoient les quatre Vertus
morales . Ce Feu réüſſit admirablement.
L'Obeliſque , au haut
duquel brilloit un Soleil , eſtoit
chargé de quantité de Deviſes,
queMe Graverel Avocat , & qui
eſt de l'Academie Royale , avoit
compoſées. En voicy les princi
pales.
L'Ecu de France ſur le dos de
deux Dauphins ,
Imperiamfiue fine.
Un Soleil , & dans les nuës
qui luy ſont oppoſées , deux Parélies
, l'un deſquels commence
àſe former ,
Surgit , non aliis Impar.
Un grand Lys couronné , &
un petit à chaque coſté , ſortant
de la tige,
Janvier 1683 . H
170
MERCURE
Nulli excelfitas major, par alluſion
àce que dit Pline en parlant du
Lys , Nulli Florum excelfitas major.
Un Anneau avec un gros
Diamant, accompagné d'un petit
à chaque coſté ,
Quò plures , co splendidior.
Une Aigle , tenant dans ſes
ferres un Aiglon , auquel elle
fait regarder le Soleil fixement,
Nec erit virtutis avita degener.
La Maffue d'Hercule fun la
Peau d'un Lyon ,
Non inferiora fequetur.
Un Grenadier , chargé de
quelques Grenades , avec une
Grenade qui n'est qu'en fleur ,
Regios affumet honores...
Un Vaiſſeau Fleurdeliffé , fur
les Mats duquel on voit ces Feux
qui preſagent le calme ,
Jubent spes effe ratas.
GALANT.
171
Un Lierre au pied d'un Pal
- mier , :
Scandet veftigia.
Une Aigle fort élevée en l'air,
au deſſous de laquelle il y en a
une plus petite qui vole auffi , &
fur terre une Aire , où l'on voit
un Aiglon qui bat des aifles ,
pour tâcher de volercomme les
autres.
Aliquando.
:
UnuNid d'Alcions fur la Mer,
Non opus atates Gallis orare fe
renas.
Un Flambeau allumé , auquel
une Main en preſenteune autre
pour l'allumer.obs
3
1
Splendore effulgebit codem
Vous m'avez demandé les
noms de ceux qui font venus faire
des Complimens à la Cour,
de la part des Princes leurs Maiſtres
, fur la Naiſſance du Prince
H 2
172 MERCURE
qui a donné lieu à toutes cesFeſtes
. Je vous les envoye ſelon
l'ordre qu'ils font venus. Je vous
dirois inutilement qu'ils font tous
d'un merite diftingué dans la
Courde leurs Princes , puis qu'on
n'en choiſfit point d'autres pour
venir dans celle d'un Souverain,
qui fait aujourd'huy l'admiration
de toute la Terre .
Milord Duras de Féverſham,
Envoyé Extraordinaire du Roy
de la Grand' Bretagne...
M' Graham , Envoyé de M'le
Duc d'Yorck .
Mr Ingelheim, Envoyé Extraordinaire
de Mr l'Electeur de
Mayence, de
Mr Vvitgenſteim, Envoyé Extraordinaire
de Me l'Electeur Palatindigmo
Mile Baron d'Alemagne , Envoyé
Extraordinaire de Savoye.
GALANT. 173
MªChapeaurouge , Député de
la Ville de Genève .
Mle Comte de Creange ,
Envoyé Extraordinaire de Baviere.
M leo Marquis de Castiglio
nés,Envoyé Extraordinaire de
Florence.
:: Me le Marquis de Briſſac, Neyeu
de Me de Briffac , Major des
Gardes du Corps, Deputé de la
Ville d'Avigno
Mr Sagramoſi , Envoyé Extraordinaire
de. Mantouë.
L Me de Shutz , Envoyé Extraordinaire
de Mile Duc de Zell.
Male Rhaugraff , Envoyé Extraordinaire
de Mr le Duc de
Hanover, S
Mr le Marquis de Gherardini ,
Envoyé Extraordinaire de Modéne.
Me le Comte d'Anguifciola,
ءال
3
174
MERCURE
Envoyé Extraordinaire de Parme.
Mr Imoff , Envoyé Extraordinaire
de Me leDuc de Vvolfembutel.
Dom Carlos-Antoniodel Catillo
, Envoyé Extraordinaire
d'Eſpagne .
Pluſieurs autres Souverains
ont envoyé aux Ambaſſadeurs,
& aux Envoyez qu'ils ont icy,
des Lettres de congratulation fur
la Naiſſance de Monſeigneur le
Duc de Bourgogne. Voicy un
Madrigal que cette Naiſſance a
fait faire à Mr Daubaine .
A MADAME :
LA DAUPHINE.
E
Nnous donnant un Prince, adorable
Princeſſe ,
Fendant tout l'anpafflévous nousfi-
Aes joyeux.
GALAN T.
175
:
Dien veuille en céluy- cy que pleine
d'allegreffe.
La Francepuiffe en conter deux.
Non , nous ne sommes pas au comble
de nos voeux..
Si parautant de Victoires gagnées
De l' Auguste LOVIS mous comptons
les journées ,
Nousvoudrions que dans cent ans,
Luy mesme comptastfes années
Parautant de fes Defcendans.
Comme je ſçay que vous eſtimé
beaucoup Mr Gallot, je vous
envoye une de ſes Piecesde Lut,
quim'eſt tombée entre les mains;
&que j'ay faitgraver. Cet habile
Maistre eſt revenu du long
Voyage qu'il eſtoit allé faire , &
qui a privé Paris des Concerts
qu'il donnoit tous les Samedis
au Public. Il les doit recommencer
dans peu de temps , & l'on
二
H4
176
MERCURE
aura le plaifir d'entendre cet excellent
Homme . qui réüſſit ſi
bien, tant pour la fineſſe du Jeu,
que pour la poſition des doigts,
&la propreté.
Si je ne vous parle pas tous
les mois des Chaſſes du Roy , ce
n'eſt pas que ce divertiſſement
ne ſoit ſouvent un de ſes plaifirs
. Comme l'exercice contribuë
beaucoup à la ſanté, & que celuy-
là, non ſeulement entretient
la vigueur , mais repreſente toûjours
une image de la Guerre,
ce Prince a l'ame trop martiale
pour l'abandonner. Il eſt ſervy
en ce qui regarde la Chaſſe,comme
en toutes les autres choſes,
c'eſt à dire d'une maniere admirable
, Mr le Duc de la Rochefoucaut,
Grand Veneur de France
, s'acquitant de cette Charge
avec le même zele , & la même
GALANT. 177
-ponctualité , que de celle de
Grand-Maistre de laGarderobe.
Rien n'eſt mieux imaginé que
l'ordre qu'il obſerve, & qu'il fait
obferver dans les fonctions de
l'une&de l'autre. Htient un Regiſtre
de tous les Cerfs qu'on
prend chaque année , des lieux
où ont eſté les Laiſſez - courres ,
du nom du Valet de Limier qui
Cardaiffé- courre ; comme auſſi du
lieu où le! Cerf a eſté pris ou
manqué . Jamais Homme n'a eu
plus d'attachement , & d'exactitude
que ce Duc , dans tous les
ſervices qu'il rend à Sa Majesté
Tous ceux qui ont l'honneur de
ſervir ſous ſes ordres , en reçoivent
beaucoup d'agrément. Feu
ME de Poids , qui a commandé
cet Equipage ſous ce Duc , a eu
longtemps ce plaifir, Il eſtoit
tres- capable de cet Employ , &
H
:
178 MERCURE
l'on a toûjours parlé, de luy, com
me d'un Homme fort experi
menté dans les choſes de Chaffe
dont il ſe méloit. Il mourut l'année
derniere de ſa mort naturelle
, après avoir fait cent cheûtes
terribles , inévitables pour
ceux de fa profeffion , & qui devoient
pluſieurs fois luy avoir
coûté la vie. Celuy qui luy a
fuccedé , n'entend pas moins
bien le meſtier de la Chale;
& Mt le Grand Veneur , quien
connoiſt la capacité & le merite,
n'a pas attendu longtemps aprés
Ja mort de Mt de Poids , à le
faire jouir du fruit qu'il pouvoit
attendre de ſes ſervices. Il fe
homme M² de Fourcy. C'eſt un
Gentilhomme bien fait , honne
fte , & judicieux. Il eſtoit da
temps de M² de Poids. l'un des
quatre Lieutenans , que Sa MaGALAN
T.
179
jeſté entretient dans cet Equipage
ſous le nomde Lieutenans.
Il tient auſſi un Regiſtre de tous
les Cerfs qu'on prend, chaque
année,avec le meſme ordre que
celuy de ſon Superieur. Il s'en
trouva l'année derniere cent de
foreez& pris , quoy que leRoy
n'euſt commencé à chaffer cet
te année- là que fur la fin de
Fevrier. L'année 1681. fut plus
forte de trois Cerfs . Mrs de la
Rochette , de la borde , de Varfenay
, & de Nonchelle, font
les quatre. Lieutenans dont je
viens de vous parler. Ils font
tres-habiles dans leur Employ.
Il ſeroit mal aiſe qu'ils ne le fuf
ſent , ayant un Chef auffi vigilant
& auſſi éclairé , que l'eſt M
le Grand Veneur.
J'ay veu des Lettres d'Amiens
qui portent , qu'il s'y eſt fait dé-
H 6
180 MERCURE
puis peu un Mariage tres - confiderable
, entre Mr le Marquis
d'Ally de l'ancienne Maiſon
d'Ally , & Mademoiselle de
Gouffier , Fille de Mr le Marquis
d'Epagny de l'illuſtre Maifon
de Gouffier. Toute la Province
a pris part à une alliance
ſi ſortable . La Ceremonie ſe fit
par Me l'Eveſque d'Amiens . M
l'Intendant y aſſiſta , avec un
grand nombre de Perſonnes de
qualité.
Dame Magdelaine de Beaumanoir
de Lavardin , Comteſſe
de Teſſé , Veuve de Meffire
René de Froullay , Comte de
Teſſe , Lieutenant General des
Armées du Roy , mourut icy fur
la fin de l'autre mois , âgée de
64. ans. Elle estoit Petite- Fille
du Maréchal de Lavardin , Soeur
de M'l'Evefque du Mans le der
GALAN T. 181
nier mort , & de m' le Marquis
de Lavardin , Pere de celuy d'aujourd'huy.
Elle a laiſſe deux
Fils , M² le Comte , & Mr le Chevalier
de Teſſé , tous deux Colonels
de Dragons. L'Aîné eſt Brigadier
General. Je vous ay fouvent
parlé de l'un & de l'autre.
Madame la Comteſſe de Teſſé
leur mere , eſtoit d'un merite
generalement connu .Jamais Femme
n'eut tant d'eſprit , de grandeur
d'ame , & de beauté tout
enſemble . On ne peut avoir plus
de distinction dans les Armes ,
qu'en a male Comte de Teſſé,
Brigadier , & Lieutenant de Roy
du Maine. Il est tres bien fait ,
& a épousé l'Heritiere de la
Maiſon d'Aunay auprès de Caën,
qui eſt une des meilleures , &
des plus anciennes de la Province.
Il y a une Abbaye dans
182 MERCURE
r
da Terne d'Aunay , fondée par
Deux de cette Maiſon. C'eſt M
Hüet de chez Monſeigneur le
Dauphin , qui en eſt Abbé prefentement.
- Je viens à l'Article des Jetons
que l'on fait batre pour eſtre diſtribuez
le premier Iour de l'An,
&dont je vous envoye toûjours
une Planche gravée dans ma
Lettre de Janvier.
こ
1.
Le Tréfor Royal. Cette Devife
repréſente une Urne , ſur laquelle
un Dieu de Fleuve eſt appuyé ,
&d'où fortent des eaux en abondance
, qui forment une Riviere
, avec ces mots de Virgile ,
Semperque recentes.
Cette Urpe eſt l'image du
Tréſor Royal , d'où les Finances
de Sa Majesté , toûjours inépuifables
, & toûjours nouvelles ,
r 183
BIBLIO
LYON
C
LA
our por-
:Royau-
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y a quel
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1
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les ans entre pluieurs que
l'on luy préſente , font
イ
Le Trésor Royal
Les Bâtimens , LYON
Les Revenus Cafuels
L'Admirauté,
Et les Galeres...
*1893
182 N
Ja Terne
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Le Tréf
repréſente
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(
&d'où for
dance , qui forment une
re ,avec ces mots de Virgile ,
Semperque recentes.
Cette Urpe eſt l'image du
Tréſor Royal , d'où les Finances
de Sa Majesté , toûjours inépuifables
, & toûjours nouvelles ,
GALANT. 183
coulent inceſſamment pour porter
l'abondance dans le Royaume.
Le Dieu du Fleuve appuyé
fur l'Urne, marque qu'il y a quelque
choſe de plus qu'humain
dans l'ordre merveilleux qui eſt
étably dans les Finances. Cette
Deviſe eſt de M' Quinaut , &
du nombre des cinq que M
Colbert choifit , & qu'il diſtribuë
aux Graveurs qu'il juge les plus
habiles. Mr Chéron a en cette
année le Tréſor Royal . Il a pour
fon droit deux mille cinq cens
livres. Les cinq Deviſes que Me
Colbert prend. ſoin de choiſir
tous les ans entre pluſieurs que
l'on luy préſente , font
こ
LeTréforRoyal
T
Les Bâtimens ,
Les Revenus Cafuels
L'Admirauté,
Et les Gaberes....
LYON
13
1
184 MERCURE
-Il faut pour le Tréſor Royal
huit cens Jetons d'or , & deux
mille fix cens d'argent. Ces.Jetons
ſont diftribuez par le Garde
du Treſor Royal en année. Vous
ſçavez , Madame , que ce grand
Employ eft remply par deux Perſonnes
qui fervent alternativement
, qui font Mr de Bertillac,
& du Metz . Me du Metz eſt entré
en exercice cette année. Cét
Employ n'eſt pas le ſeuldans lequel
il fert le Koy avec un zele
&une fidelité éprouvées depuis
fort long- tems .
Ce Jeton eſt pour la Reine. II
en faut fix mille cent d'argent.
Medu Vaux qui les diſtribuë, eſt
Tréſorier de la Maiſon de cette
Princeſſe.
La Deviſe eſt un Lys épanoüi ,
fur lequel des goutes de Lait
(
GALANT. 185
tombent du Ciel.Elle a été trouvée
parMr Vielle, premier Commis
de M Berrier .
Les Poëtes diſent que Iunon
ayant épanché quelques goutes
de Lait de ſes mamelles , des Lys
en fortirent. Ce leton a été gravé
par Mr Chéron .
III .
:
Les Revenus Cafuels. C'eſt un
Port de Mer , où l'on voit quelques
Vaiſſeaux , avec ces mots,
Tuti quos recipit.
Vn Port de Mereſt une image
parfaite des Parties Caſuelles, où
les Officiers qui ont eſté reçûs ,
font dans une entiere fûreté , &
ceſſent d'etre expoſez au peril
de perdre leurs Charges. La Deviſe
eſt de Mr Quinaut. Ce leton
a eſté gravé par Mr le Ferme. II
en faut cent d'or , & trois mille.
cinq cens d'argent. Mr Teſtu eſt
Treſorier .
186 MERCURE
1
I V.
-L'Admirauté. Vne Bombe , &
un Port de Mer. Cette Deviſe eſt
de Me Charpentier de l'Académie
Françoiſe , & a esté gravée
par Mt Rottier. Il faut quatre
mille cinq cens letons d'argent.
Mr Lubert eſt Tréſorier de la
Marine,
V.
Les Galeres. La Foudre , avec
ces mots,
Obluctantia quarit.
Comme c'eſt le propre de la
Foudre, de chercher de la refiſtance
, c'eſt auſſi ce que le Roy
veut que ſes Galeres entreprennent
, en attaquant tout cequ'il
yade plus redoutable & de plus
grand. La Deviſeeſt de Me Quinant
, & le leton gravé parM
Loir. Il en faut deux mille huit
censd'argent. M. Henrieſt Treforiers
des Galeres .
GALANT. 187
: :
VI.
L'Artillerie. CeJeton eft gravé
par Mr Aury.
VII.
Les Bâtimens.Un Apollon debout
, appuyant ſa Lyre ſur un
Pilaſtre , pendant qu'il ordonne
à des Ouvriers d'élever un Palais
,
Nec ceffat luftrare orbem.
Quoy que le Soleil , ou Apollon
qui repreſente le Roy , donne
ſes ſoins à faire bâtir , il ne
laiſſe pas d'éclairer le Monde.
On croit que cette belle Devife
a efté faite par M. Colbert. Elle
a eſté gravée par M Bernard. IH
faut ſeize cens lettons d'argent
pour les Bâtimens. Mr de la Planche
en eftoit Treſorier , mais il a
depuis peu vendu ſa Charge à
Mr Maneffier , qui entre cette
année en exercice .
188 MERCURE
Voicy des Vers qui ont eſté
fait pour la Deviſe des Bâtimens
de cette année.
Y
Dans le tems qu'il construit de pompeux
Bâtimensντρες α
De fon noble loisir lezers amusemens
,
Mais chef-d'oeuvres parfaits d'éternelle
memoire ,
Il ne ceffe , occupé de mille emplois
divers ,
De porter ſes ſoins &sa gloire .
Dans tous les coins de l'Univers.
Ordinaire des Guerres . Cette
Deviſe repreſente un Grenadier
,
Dat Fructus , datque coronas,
Rien n'eſt plus intelligible .
Mr Paparel en eſt Treſorier. Le
Ieton a eſté gravé par Me Chéron.
4
GALAN T. 189
:
IX.
Extraordinaires des Guerres . Un
Trophée d'Ames gravé par le
même Mª Chéron.
X.
La Chambre aux Deniers . Vn
Autel , ſur lequel il y a des Epis
deBled, des Fruits,& des Raiſins,
Primitia Superis.g
Cette Deviſe eſt du Pere Menêtrier
Jeſuite. Le Ieton eſt encor
gravé par Mr Chéron , ainſi que
eeluy qui fuit . Alaschey
Les Ponts & Chaußées. LaDe
viſe a ces paroles pour ame ,
-Vicit Iter durum
2
ΧΙΙ.
La Ville de Paris. Vn Lys, avec
deux Rejetons , s
Et ab unoflore quid ambo ?
Cette Deviſe eſt de Mide
190 MERCURE
Santeüil . Elle eſt gravée parM²
Aury.
ΧΙΙΙ.
Pour les Notaires. Cette Deviſa
eſt ſur le ſujet de la Naiſſance
deMonſeigneur leDucde Bourgogne
...
A
Quieta tempora damus .........
Elle eſt gravée par Mr Rottier.
XIV.
Pour les Gardes & Marchands
de Vin. Sept Vaiffeaux , & ung
Grape de Raiſin,qui font les Ars
mes de la Compagnie, avec une
Coupe ſurunAutch
Regum menfis , ariſque Deorum
La Deviſe eſt de M.de Sanzeüil
, & le leton gravé par Mr
Rottier.
XV
T
Huiffiers de Confeito parab
Pour les Etats de Bourgogne.
GALANT. 191
Le Signe du Belier ſur le Zodiaque
, avec ces mots ,
Noftrum uni exfuperis nomen.
Le Belier qui portoit une Toiſon
d'or , donna le nom à la premiere
Maiſon du Soleil. Ainſi la
Duché de Bourgogne , où l'Ordre
de la Toiſon a eſté inſtitué ,
a eu l'honneur de voir donner
fon nom au Petit- Fils Loürs LE
GRAND , dont le Soleil eſt le
Symbole. Cette Deviſe eſt deMe
l'Abbé Tallemant Intendant des
Deviſes. Elle eſt gravée parM
Chéron.
2
I'ay reçû fi tard le leton de
Madame la Dauphine , que je
ſuis obligé de le réſerver pour le
moisprochain.
Le Mardy 19.de ce mois, on fit
la Ceremonie de la Benediction
des trente Drapeaux du Regis
ment des Gardes. On avoit fait
192 MERCURE
un détachement de dix Moufquetaires
pour Compagnie , qui
font trois cens hommes , dont
trente furent poſtez avec trois
Sergens , aux trois portes du
Choeur de Notre- Dame , pour
empêcher la confufion , & les
deux cens foixante & dix au
tres Mouſquetaires firent une
hayedans la ruë,des deux côtez ,
à commencerdepuis la Porte de
l'Eglife autant que l'on ſe pût
s'étendre. La marche des trente
drapeaux ſe fit de cette maniere.
Le Tambour Major, vétu d'un
Iuft'au- corps bleu , galonné d'argent
, avec un Baudrier de Tabis
gris , piqué d'argent , fortit des
Tuilleries pour aller à Notre-
Dame , ſuivi de ſoixante Tambours
battans , veſtu de luftaucorps
bleus,chamarrez en Trompetes
de Galon de ſoye rouge ,
argent
GALAN T.
193
argent & bleu , des Livrées du
Roy. Ils avoient des Baudriers de
Buffe galonnez du même Galonargent
& bleu , des chapaux auſſi
galonnez , des Echarpes de ſoye,
avec des rubans aſſortiſſans au
chapeau, & à la cravate . On voyoit
les Armes du Roy fur leurs
Caiſſes. Enſuite paroiſſoit Me
d'Artagnan Major, à cheval, ſuivi
de Me de Montdegeorge , & de
Vitry , Aydes Major , & de Mrs
Luzancy , Vauroüy , Candot , &
Cliffon, Sous-Aydes Major, tous
àcheval.Soixante Sergens à pied,
fix de front , marchoient apres
eux, armez de leurs Hallebardes .
Ils eſtoient vétus d'un Iust'aucorps
bleu galonné d'argent , &
avoient un Baudrier de Buffe
galonné de même , la culote , &
des bas rouges , un chapeau gris,
avec un ruban couleur de feu à
Ianvier 1683 .
1
194 MERCURE
l'êpée & à la cravate. Les Trente
Enſeignes ſuivoient à cheval,
portant chacun leur Drapeau .
Ils alloient quatre de front , &
precedoient ſoixante autres Sergens
vétus comme les premiers ,
&ſuivisde foixante autre Tambours.
Quand ils arriverent prés
de Nôtre - Dame,M' le Major, ſes
Aydes , & les Enſeignes , mirent
pied à terre , & entrerent dans la
Nef, où les Sergens & Tambours
ſe mirent en haye à droit & à
gauche. Les Enſeignes & Drapeaux
occuperent dans le milieu .
Vn peu apres , Mr le Major &
ſes Aydes , avec les trente Enſeignes
& leurs Drapeaux , furent
reçûs dans le Choeur , où ſe
trouva Monfieur l'Archevêque
affis dans un Fauteüil au pied
des Marches du Maître Autel.
GALAN T.
195
Ce fut là qu'il fit la Ceremonie.
Le Drapeau blanc qui eſt pour
la Colonelle, eſtoit le premier. II
y avoit cinq Couronnes peintes
en or dans ce drapeau.Les vingtneuf
autres eſtoient de taffetas
bleu Fleurdelisé auſſi en or, avec
une Croix blanche où estoient
les cinq Couronnes. L'Enſeigne
qui portoit ce premier drapeau ,
ſe mit à genoux aux pieds de
Mr l'Archevêque , & ſe releva
apres avoir reçû l'Eau- benîte . La
meſme choſe ſe fit pour tous les
autres drapeaux .Enſuite Mr l'Archeveſque
ſe leva, & s'alla mettre
dans ſa Chaiſe Archiepifcopale,
où il dit les Oraiſons , avec
la Muſique . On y chanta le Veni
Creator ; & cela fait, on ſortit dans
le meſme ordre qu'on eſtoit enteé.
Lors qu'on fut hors de l'Egliſe
, chaque Compagnie des dix
I 2
196 MERCURE
Mouſquetaires & Sergens , qu'on
avoit poſtez en haye dans la ruë,
prit les Drapeaux d'entre les
mains des Enſeignes , & les emporta
chacune dans ſon Quartier
de Compagnie des Fauxbourgs
de Paris .
Mr Chaiffon, de Montelimart
en Dauphiné , s'eſtant rendu à
l'Arsenal le Lundi 25. de ce mois
y fit l'épreuvede ſa Poudre foudroyante
, en preſence de Mr le
Duc de Lude. Vn Canon de
l'Hôtel de Ville,du calibre de fix
livres de bale , y avoit eſté conduit.
Ille chargea de deux livres
de ſa Poudre renforcée , & puis,
de ſa Boëte foudroyante. Elle
avoit environ trois pouces de
diametre , & dix pouces en longueur.
Elle estoit de dix huit livres
de poids. La force de cette
Poudre porta la Boëte juſques au
GALANT
197
Moulin prés de Ville-juif, qui eſt
à une lieuë de l'Arsenal . Elle éclata
avec tant de bruit , & fit un fi
grand fracas , qu'on la peut nommer
un nouveau Foudre de
guerre.
Vous aurez ſans doute appris
que Mr le Marquis de Beauveau
a eſté reçeu Capitaine des Gardes
de Monfieur. C'eſt un Poſte
digne des Perſonnes de la plus
haute naiſſance. Auffi ce Marquis
eſt- it d'une des plus confiderables
Maiſons du Royaume.
Il eſt Frere de Me l'Eveſque de
Nantes , & a épousé depuis peu
Mademoiselle de S. André , âgée
de dix ſept ans . Cette jeune
Mariée a beaucoup d'eſprit , &
ſçait tout ce qu'une Perſonne de
fon Sexe peut ſçavoir pour eſtre
eſtimée parfaite.
La premiere des deux Eni-
I
3
198 MERCURE
gmes du mois de Decembre , a
eſté expliquée par ce Madrigal
de l'Albaniſte de Roüen.
Ans vous plaindre , Philis , des
rigueurs de l'Hyver ,
Approchez vous du feu , pourquoy
vous en priver ?
Si fa brûlante ardeur vous gaste le
visage ,
Mercure vous oblige au premierjour
de l' An;
Ilvous étreine d'un Ecran,
Vous pouvez le mettre en usage.
Ceux qui l'ont encore expliquée
ſur l'Ecran , ſont M's de la
Martiniere , d'Epoiſſe en Auxois ,
au Duché de Bourgogne ; De
Vallaunay , Sous - Brigadier dans
les Chevaux - Legers ; L. Serrant,
Curé de Nogent le Roy ; Louvart
, J. B. du Moulin , de la Ruë
GALAN T. 199
S. Denys ; Des Portes , Faillet ,
& Bailly , de la meſme Ruë ,
Pinchon , de Roüen ; D.Teſtard ;
Leger de la Verbiſſonne ; Crochat
, de Torchefelon en Dauphine
, Profeffeur és Mathematiques
, L'aimable Comte de C...
Penſionnaire au College de Harcourt;
& le Parifien ſolitaire du
Cabinet obſcur , de Tours , Mefdemoiselles
Serain; Marie Dourdilly,
de la RuëS.Denys ; Nanon
Provins, de laméme Ruë ; Made-
Ion Prouais ; Baron, de la Ruë
S. Bon ; Journet , de l'Hôtel des
Urfins ; Le Mary jaloux , de
Dreux; L'Amant tenebreux des
delices du bon Vin , d'Amiens ;
L'indiférend de l'aimable Philis ,
du Marais; L'indiférend chatoüilleux
de S. Germain en Laye, du
Quartier des Recolets ; Le Medecin
Amant de la belle manon,
14
200 MERCURE
de Xaintes ; le Roy , & la belle
Reine du ſecond Bal de la ruë de
la Verrerie , proche la ruë de
Mouffy ; la belle Lyſere , de
Dreux , la belle Terbocher , à
l'Anagramme Bel Aftre cher objet,
de la rue S.Victor ; la belle Edrobale
, de la ruë Grenier S. Lazare
; la charmante Brune du Faux-
"bourg Cauchoiſe de Roüen ; l'infidelle
mere de l'amoureuſe Fille
; l'Amante deſeſperée par le
peu de reſolution de ſon Pere ;
la Beauté Affriquaine , du Quay
de la megiſſerie ; l'aimable Catautdu
meſme lieu , ſa Maîtreſſe ;
la Blondine à l'Anagramme Afa
vûë il n'y a guere d'ame libre , de
devant l'Eſtrapade ;la Bergere de
la ruë Simon le Franc ; la Muſete
à l'Anagramme L'esprit hâté
délié, de la rue Grenelle ; l'aimable
future Champenoise ; &
GALANT. 201
fon inſenſible Soeur du Quartier
des Halles. En Vers , Mts Rault ,
de Roüen, Avice, de Caen, ruë de
Ia Harpe; Burel,de Vitré en Bretagne
; Carriere,du meſme lieu ;
le Secretaire du Parnaffe ; Forteau,
Avocat à Semeur ; Droüart
de Roconval ; & l'Ennemy d'amour
, à l'Anagramme l'Héroïne
m'y entraîne ; Mademoiselle Guillemete
manin , de Semeur ; la
Belle Priſonniere du Fauxbourg
S.Antoine; la Belle à l'Anagramhors
le merite , mefe n'aime rien
45
de la ruëde la Licorne ; la Blondine
à l'Anagramme Héroïne cache
d'attraits mortels , de la ruë
Trouſſe vache ; & la Brunete à
l'Anagramme H. M. est à ſa Cour,
de la meſme ruë ..
LeManchon & le Paravent ſont
les autres mots fur leſquels on a
expliqué la meſme Enigme..
15
202 MERCURE
M² Vignier de Richelieu a ren
fermé le vray mot de ſa ſeconde
Enigme dans cet autre Madrigal.
Noguecon pointed Lastes
Ous reconnoiſſons tous les jours
amours ,
Quand on aime, fût-ce uunneeGaupe,
Si l'on voit boire àſa ſanté,
Celuy qui s'en trouve enchanté ,
Ne ceſſe pas de dire Taupe.
Meſſieurs Bouchet,ancien Curé
de Nogent le Roy ; Vilain , de
Roüen ; Diéreville ; la ſpirituelle
Nanon du Pont S. Michel ; & le
trop patient Cavalier en amour ,
ont expliqué cette meſme Enigme
ſur le mot de Taupe.
Un Lièvre , une Bale ; un Verre
à boire , du Sel , & un Champignon,
ſont les autres ſensqu'on
luy a donnez. 1
GALANT.
203
J'ajoûte les noms de ceux qui
ont expliqué l'une & l'autre Enigme
. Mr Semulier , Maire de
Semeur en Auxois ; Conſtantin
Renneville , de Caën ; Mignot,
de la Court du Palais ; B. D. B..
à l'Anagramme Le Blond joly ,
Lieutenant au Regiment Royal
des Vaiſſeaux ; Le Grand , Controlleur
de la Porte Cauchoiſe à
Roüen ; Mademoiselle Aubin, de
la Ruë de la Verrerie ; M. D. B.
à l'Anagramme A midy je brille.
de la Ruë Villedot ; Les trois
Vierges de la Vigne , de la Ruë
groſſe Horloge de Roüen ; Le
Becot vermeil , de la même Ruë;
Tamirifte , de la Ruë de Cerifaye
; Le bon Gonneffier ; Les
deux Voyageurs d'Orient &
d'Occident ; La belle Blonde
de la Ruë neuve des Perits-
Champs ; La ſpirituelle Mere
16
204
MERCURE
des charmantes blondes de
Dreux ; La jeune Beauté de la
Ruë Pariſie de la méme Ville ;
La ſçavante Minerve de la Ruë
Monconſeil ; Les trois aimables
& belles Brunes , cheries d'Apollon
& des Muſes , de la Ruë
S. Denys. En Vers. Mrs de Flefſel
de Vermolet , d'Amiens ;
De la Tronche , de Roüen ;
Allard ; C. Hutuge d'Orleans ,
demeurant à Metz ; E. Foineau ,
Sous Chantre de la Cathedrale
de Vennes ; L'Amant diſcret &
fidelle ; Le Manan de la Belle
Etoile de la Ruë S. Antoine ;
Le Marquis inconnu de la belle
Françoiſe Iofephine ; L'aimable
à l'Anagramme La Guerre est
fur ma vie , d'Amiens ; & la
Nymphe de S. Paul , avec ſa
Suite.
Ie vous envoye deux nouvelGALANT.
205
les Enigmes. La premiere eſt de
Mr Germain de Caën ; & la feconde
, de Mr de la Barre de
Tours.
ENIGME.
Q
Voy que je fois formé d'une
matiere dure ,
Rien de durtoutefois n'entre enmon
aliment... ?
Mon corps plus long que large est
de telle figure ,
Que je n'ay que deux yeux, & deux
bras seulement .
f
Ces deux bras pour agir meferoient
inutiles ,
Sans l'aide de deux Soeurs , qui d'un
commun effort ,
Faifant de mon travail&lefoible
&lefort
1
206 MERCURE 1
(
Me promenent par tout dans les
Champs & les Villes.
Jefers également le Sujet & le Roy.
Que l'on me couvre d'or , qu'on me
charge d'ordure ,
>
Ien'enfaispas moins mon employ?
Et si quelquefois je murmure
Ce n'est jamais dema parure ?
M'estant indiférent quoy qu'on
mettefur moy.
AUTRE ENIGME.
J'Ay la mesme Mereque l'horma- me;
Chez mille Autheurs l'on me
compare à luy ;
Mon usage me rendſi commun au
jourd'huy
Qu'on me voit au Japon comme on
me voit à Rome
GALAN T. 207
Si je tombe , au moment qu'on me
donne le jour ,
Mon Pere par un heureux tour ,
Des débris de mon Corps fait une
Creature ,
Qu'on peut dire mon Frere ; admirez
mon amour!
Pour purger les défauts demapauvre
Nature ,
A peine ſuis -je fait , qu'on me met
dans lefeu;
I'y Souffre , j'y rougis , & je m'y
plains unpeu ,
Mais ma vie en devient & plus
forte, &pluspure.
Malgré mes foins pour plaire en
diverſes façons ,
Etmalgré les ſecours que je donne
àla vie
208 MERCURE
L'homme jamais n'a l'ame plus
ravie ,
Qu'en me voyant prés des tiſons.
7
Pour vous montrer combien j'aime
mon Pere ,
Je le nourris quand il m'a fait ,
Pour le produire, helas, ilentr'ouvre
: ma Mere
Et plus en me faifant fa main paroiſt
fevere ,
Et plus je fuis parfait.
Iefuis en bonne odeur ſelon qui je
frequente
Quelquefois jeſens bon , ſouvent je
Sensmauvais;
Je donne du dégoust , je donne des
attraits,
Selon que le casſepréfente.
3
GALANT.
209.
L'onde & le feu , qui ſont élemens
oppofez ,
Par mon moyen apprivoiſez ,
Paroiffent l'un & l'autre estre d'accord
enſemble ,
Quanddans mon corps j'aſſemble,
Un Tout de plusieurs composez.
t
Mais enfin , comme l'Homme , &
mortel , &fragile ,
Selon que j'ay fouffert pendant que
j'ay vécu ,
UnSoufle bien ſouvent , ou le moindre
festu,
Me tuë , & me rend inutile.
Monfieur de Bellievre , Marquis
de Grignan Confeiller
d'honneur au Parlement de Paris
, eſt mort icy le Mardy vingt210
MERCURE
fixiéme de cemois.Meffire Pompone
de Belliévre , qui aprés
avoir eſté Ambaſſadeur en Angleterre
, & Plenipotentiaire au
Traité de Paix conclu à Vervins
en 1598. fut fait Chancelier
de France par Henry IV.
laiſſa pour Fils Meſſire Nicolas de
Bellievre , Preſident à Mortier
au Parlement de Paris , Conſeiller
d'Etat , & Doyen du Conſeil.
DeNicolas de Bellievre ſont ſortis
, Meffire Pompone de Bellievre
, qui a eſté Ambaſſadeur en
Italie , en Hollande , & en Angleterre
, & Premier Preſident
au Parlement ; & Meffire Pierre
de Bellievre , qui eſt celuy dont
je vous parle , & qui a eſté auſſi
envoyé Ambaſſadeur en Angleterre.
Il eſtoit Abbé de S. Vincent
de Metz , & eſt mort âgé de
72. ans.
GALANT. 211
Monfieur Guitoneau , premier
Valet de Garderobe du Roy , qui
eſt mort quelques jours auparavant
, n'en avoit encor que qua
rante- fept . Il eſtoit fils de mon
fieur Guitoneau , l'un des pla
anciens Secretaires du Roy qu
nous ayons , & fort entendu dar
ce qui regardoit la fonction de ſ
Charge. Il ſervoit le Roy fort
fon gré. Auſſi en avoit- il reçe
des bienfaits conſiderables , pui
qu'il en tenoit une Abbaye , &
qu'il joüiſſoit outre cela d'un
Penſion confiderable ſur un au
treBenefice.
Voyez , madame , la diverſit
des choſes du monde. Les un
meurent jeunes , & les autres
tirent des bras de la mort da
un âge fort avancé. C'eſt ce q
arriva le dernier mois à Monfie
le Preſident Charreton , doi
212 MERCURE
vous me demandez des nouvelles.
Le bruit de ſa mort qui s'eſt
repandu juſqu'en voſtre Ville ,
ſemble avoir couru par tout .
Voicy ce qui a donné occaſion
à cebruit. Cet illuftre Preſident
eſtant follicitépar pluſieurs Perſonnes
de la premiere qualité ,
de ſe trouver à ſa Chambre un
jour que ſa ſanté ne le devoit pas
permettre , il ſe fit un devoir d'y
aller , pour rendre ſervice à ſes
Amis. A peine y fut- il arrivé ,
qu'il luy prit une foibleſſe qui
alarma tous ceux qui estoient
preſens , à cauſe de ſon grand
âge. Elle fut ſuivie d'une ſeconde
,qui parut encor plus dangereuſe
, & il en eut une troifiéme
ſi grande , qu'on la prit
pour l'effet d'une apoplexie. Au
bruit qui en courut d'abord au
Palais , la pluſpart des Preſidens
GALANT.
213
& des Conſeillers , vinrent s'informer
eux mêmes de l'état où
il eſtoit , & fa Chambre en fut
auſſi- toſt remplie . Monfieur le
Preſident de la Barde y vint des
premiers , & dans l'incertitude
du retour de ſa ſanté , il commença
ce qu'il avoit à luy dire,
par les choſes qui regardoient
ſon ſalut , & fut meſme ſur le
point de luy donner l'abſolution .
Vous ſçavez qu'il eſt d'Eglise ,&
revétu des caracteres neceſſaires
pour adminiſtrer ce Sacrement.
Mais le bon ſens , & une parfaite
connoiſſance que M² Charreton
conſerva toûjours , luy firent juger
que la choſe ne preſſoit pas.
On le remporta chez luy , où la
bonté de ſon temperament , &
ſa forte conſtitution , ont plus
ſervy à le rétablir , que toute la
ſcience , & l'habilité des mede
214
MERCURE
cins. Cela doit paroiſtre extraordinaire
dans un Homme de
ſon âge. Il eſt Sous- Doyen du
Parlement , où il fut reçeu Conſeiller
le 17. Ianvier de l'année
1626. c'eſt à dire , qu'il y a cinquante-
sept ans paſſez qu'il
poſſede cette Charge ; & ce
que vous trouverez d'aſſez fingulier
, c'eſt que M² de la Douze-
Charreton ſon Pere , qui
mourut Conſeiller de la Grand'
Chambre à Paris en 1625. avoit
eſté reçeu dans ſa Charge en
1584. Ainſi le Pere & le Fils,
ont quatre- vingts dix- huit années
de ſervice dans le Parlement
, ſans autre interruption
que celle de quelques mois ; &
comme il ne s'en manque plus
quedeux pour faire le ſiecle , Mr
le Preſident Charreton peut efperer
d'aller au delà .
GALANT.
215
Je ne vous ay point encor parlé
du retour de Mile Duc de
Noailles , quoy qu'il ſoit arrivé
dés l'autre mois, mais un peu indiſposé
, tant à cauſe de la fatigue
du chemin , que de la continuelle
application avec laquelle
il a donné tous ſes ſoins aux affaires
de Sa Majeſté. Je vous ay
fait le détail de ſon voyage , & de
tout ce qui s'eſt paſſe ſur ſa route
, & aux Etats de Languedoc.
Il ne me reſte à vous entretenir
aujourd'huy, que de ſa promptitude
pleine de zele à executer
les ordres du Roy pour le ſervice
de l'Eglife . Le Parlement de
Toloze , par Arrét du 16.de Novembre,
avoit défendu l'exercice
de la Religion Prétenduë Reformée
dans la Ville de Montpellier
, & ordonné que le Temple
qui y eſt , ſeroit razé juſqu'aux
216 MERCURE
fondemens , parce qu'au préjudice
de la Déclaration donnée en
1680. les Religionnaires avoient
reçû à leur Prêche , & même à
leur Cene , une Demoiselle qui
avoit fait profeffion de la Religion
Catholique. L'execution de
cet Arrés ayant eſté diferée ,
M le Duc de Noailles en fur
chargée par un ordre qu'il reçût
le premier jour de Decembre ; &
ce qui est fort remarquable , c'eſt
que dés ce meſme jour toutes les
choſes neceſſaires ſe trouverent
prêtes , non ſeulement pour ce
qui regardoit la démolition du
Temple, mais encor pour tout ce
qui pouvoit empêcher le deſordre
dans une pareille occafion ,
ceux meſmes qui en devoient
avoir de la joye , pouvant cauſer
quelque trouble parl'aviditéd'e-.
tre Spectateurs de ce qu'on alloit
executer.
GALAN T. 217
executer. M² de Noailles qui avoit
prevû à tout,trouva en peu d'heu.
res tous les Ouvriers dont il eut
beſoin. Il ſe rendit donc dés le
meſme jour à la porte de ce Temple,
accompagné de toute la Nobleſſe
des Etats de Languedoc
aſſemblez à Montpellier , & de
pluſieurs Bourgeois,& apres avoir
declaré les ordres du Roy, il donna
le ſignal , & vit commencer la
démolition ; apres quoy il monta
à cheval , & fuivi de ſes Gardes,
& de pluſieurs Gentilhommes ,
il paſſa dans toutes les ruës , où
tout eſtoit fort tranquille. La
Bourgeoisie eſtoit ſous les armes ,
&un détachement de la Garniſon
de la Citadelle gardoit les .
Portes de la Ville. Ce qu'il y eut
d'étonnant , c'eſt que le Temple
fut démoli en beaucoup moins
de tems que ne portoient les
Janvier 1683 .
K
218 MERCURE
ordres du Roy , tant Mr le Duc
de Noailles avoit pris des meſures
juſtes pour les faire executer
avec promptitude. Ces ordres ne
pouvoient tomber en de meilleures
mains que dans celles de ce
Duc. Quand on a une veritable
pieté , on ne s'applique à rien
avec plus d'ardeur qu'à ſervir
l'Eglife ; & quand on eſt honnête
homme, qu'on fait ſon devoir, &
qu'on n'a point une vertu farouche,
on eft aimé meſme de ceux
contre qui on eft obligé d'agir.
C'eſt ce qui eſt arrivé à Mode
Noailles, pour qui tout le Peuple
de Montpellier a fait des prieres,
juſques aux Religionnaires même.
Voilà comme les matieres
honnêtes ſçavent gagner tout le
monde. Tant que Monfieur de
Noailles a demeuré à Montpellier
, il a donné audience à tous
2 :
GALAN T.
219.
ceux qui ont ſouhaité de luy parler
, & il a plus vuidé d'affaires
en quelques jours , qu'on n'en
avoit fait en ce Païs-là en pluſieurs
années ; & cela, ſans avoir
voulu permettre que perſonne
de ſa maiſon ait pris aucuns
droits.
l'aurois pû vous parler ſur la
fin du mois paffé , de la priſe du
Vaiſſeau nommé la Regle , faite
par M. Forant ; mais comme mes
Lettres fontmoins pour vous apprendre
les premieres nouvelles
de ce qui ſe paſſe de fingulier ,
que pour vous en faire un recit
exact , je ne vous mande jamais
-ce qui ſe publie d'une affaire fur
les premiers bruits qui s'en répandent,
parce que chacun parlant
ſelon ſa paſſion ou ſon interét
, il eſt rare que ces bruits ſe
trouvent entierement verirables .
K 2
220 MERCURE
Cen'eſt que de la priſe d'un ſeul
Vaiſſeau qu'il s'agit icy; mais les
circonstances de cette action la
rendent fi glorieuſe pour les
François, qu'il eſt des rencontres
où des Batailles gagnées le ſont
moins pour les Vainqueurs.Vous
enjugerez fur ce que je vay vous
dire. Le Vaiſſeau nommé la Regle
, ayant eſté enlevé aux Maloüins
par les Corſaires d'Alger ,
tous nos Vaiſſeaux eurent ordre
de le reprendre . Ce n'eſtoit pas
une choſe aisée,un Vaiſſeau ſeul
ne ſe retrouvant pas fort facilement
ſur de vaſtes mers ; mais le
Roy le ſouhaitoit, & ce Vaiſſeau
ne pouvoit éviter d'eſtre repris.
Deux Juifs d'Alger l'acheterent ,
& l'ayant monté de matelots
Hollandois , ils l'envoyerent en
Hollande pour s'y fournir de munitions
de guerre , & des chofes
GALAN Τ. 221
neceſſaires pour l'équipement
des Vaiſſeaux. Ce Navire ſe joignit
au retour à une Flote de
trente Vaiſſeaux Marchads Hollandois
, eſcortez par trois Vaifſeaux
de guerre , dont l'un eſtoit
monté de ſoixante pieces de canon
, l'autre de quarante fix , &
le dernier de quarante. Il arriva
au commencement du mois dernier
à la Rade d'Alicante. Mefſieurs
Forant, & de S.Aubin, qui
croiſoient dans ces Mers- là ,
eſtant allez moüiller dans la
meſme Rade , ayant eu avis de
ſon arrivée , l'envoyerent reconnoître
par leur Chaloupe , &
par quelques Matelots Maloüins,
qui le trouverent à l'anchre entre
la Flote & les Fortereſſes
d'Alicante; de maniere que tout
ce qui l'environnoit pouvoit fervir
à le mettre en ſûreté , puis
K 3
222 MERCURE
qu'il pouvoit eſtre défendu du
Canon des Fortereſſes ,& qu'outre
les Vaiſſeaux Hollandois , il
y en avoit plus de cinquante autres
de diverſes Nations , mais
rien n'eſt capable d'étonner des
François , & comme le peril augmente
la gloire, il ne ſert jamais
qu'à les exciter.Monfieur de Pal
lieres,& de Sainte Maure ,eurent
ordre de ſe rendre maîtres de ce
Vailleau avec deux Chaloupes
armées qu'ils commandoient. Ils
s'en emparerent à la faveur de la
nuit avec beaucoup d'intrepidité&
de conduite , monterent dedans
, & le remarquerent à travers
tous les Vaiſſeaux dont je
viens de vous parler. Les Commandans
Hollandois s'en eſtant
apperçus trop tard , envoyerent
demander ce qui obligeoit les
François d'en uſer de cette for
GALANT.
223
te , puis que le Vaiſſeau qu'on
avoit pris portoit le Pavillon de
Hollande , & qu'il eſtoit ſous la
protection des Etats. Les mefmes
qui furent envoyez , avoient
ordre de dire , que ſi l'on refufoit
de le rendre , on ſeroit obligé
de l'avoir par force. Cela fut
cauſeque les François ſe mirent
en état de recevoir ceux qui entreprendroient
de les attaquer.
Les trois Capitaines Hollandois
l'ayant appris , vinrent à bord de
Monfieur Forant , pour luy perfuader
de rendre ſa priſe. Il leur
répondit que ce Navire appartenoit
à des Juifs d'Alger , qu'il
eſtoit deſtiné pour la melme
Ville , & chargé de munitions
de guerre , & de plufieurs autres
choſes dont les Algériens
avoient beſoin , & qu'enfin il
n'avoit ny connoiſſement , ny
K 4
224
MERCURE
charte partie. Ces trois Commandans
ne ſcachant que répondre
à de ſi juſtes raiſons , le
prierent de montrer ſes ordres ;
ce qu'il voulut bien leur accorder.
Ils s'en retournerent auſſitôt
apres , & les François ſe retirerent
avec leur priſe , à la
vûë des Vaiſſeaux de diverſes
Nations.
La Cour de France , qui eſt
non ſeulement la plus grande
&la plus galante de l'Europe ,
mais encor la plus floriſſante &
la plus tranquille , continue à
prendre part aux plaiſirs que le
Roy à la bonté de luy procurer.
Il y en a de marquez pour chaque
jour de la Semaine. Le Lundy
, le Mercredy , & le Vendredy,
font deſtinez pour le Jeu ; &
ces trois jours- là ſont toûjours
nommez Iours d'Apartement. Ie
GALANT.
225
vous en fis il y a un mois une
affez longue deſcription pour
ne vous en point parler davantage.
Le Dimanche , le Mardy ,
& le leudy , ſont marquez . Il y a
Bal & Comedie Françoiſe ou
Italienne. L'Opera eſt le divertiſſement
du Samedy. Celuy
qu'on y repreſente , eſt intitulé
Phaëton. Les Vers ſont de Monſieur
Quinaut , Auditeur des
Comptes , & la Muſique , de
Monfieur de Lully. On affeure
qu'il n'y a rien de plus beau
que celle de cette Piece , & que
la Symphonie en eft admirable.
Comme il n'y a point encor d'affez
grande Salle à Verſailles pour
y faire des Machines , il n'y en
a point dans cet Opéra ; de forte
que la grandeur du Spéctacledépend
des habits . Monfieur
BerrinDeſſignateur ordinaire du
Κ
226 MERCURE
Cabinet du Roy , n'en a pas feulement
fait les Deſſeins , mais il
a- auſſi pris ſoin de les faire executer.
On les a trouvez tres-bien
entendus , & d'une façon toute
finguliere.
le croy devoir encor vous apprendre
, avant que de fortir de
Verſailles , que leurs Majeſtez ,
& toute la Maiſon Royale , y
ont fait l'honneur à Monfieur
de Châteaurenard , Conſeiller
au Parlement , & Fils de Monfreur
Daquin premier Medecin,
de Sa Majesté , de ſigner ſon
Contrat deMariage. Il a épousé
depuis peu de jours Mademoiſelle
del'ifle, Fille du Secretaire
du Royde ce nom....
Rien n'est plus noble que
le Meſtier des Armes ; mais
comme ceux qui le font le
mieux , l'ont appris , il eſt ne
GALANT. 227
ceſſaire qu'on reçoive des Maiſtres
pour en inſtruire les autres.
Cette reception eſt aſſez
éclatante , & fe fait toûjours en
prefence de Monfieur le Procureur
du Roy , entre les mains
duquel le nouveau Maiſtre preſte
le ferment. La derniere fut
faite dans la Grande Ecurie du
Roy , & Monfieur de Rians affifta
à cette Ceremonie , avec
Monfieur de Grand- Maiſon ,
Prevoſt de l'ifle. Le Sieur de
Liancourt , eſtoit celuy qui ſoûtenoit
les Affauts pour eſtre
reçeu. Le combat ſe fit à l'Epée
& au Poignard. Parmy tous
les Maiſtres qui firent affaut .
le Sieur Girier ſe ſignala. Toute
la Compagnie fut enſuite traitée
par Monfieur Renard , Doyen
des Maiſtres en- fait-d'Ar
mes, & Oncle de celuy qui ve
noit d'eſtre receu .
K 6
228 MERCURE
Le Roy ayant nommé Monfieur
le Preſident de Fourcy
pour remplir la place de Prevoſtdes
Marchands , aprés Monfieur
de Pomereu , ce Preſident
reçeut le jour même un Paquer
où eſtoient ces quatre Vers .
:
La Fortune aujourd'huy vous rend
une viſite,
Jalouse de montrer envers vousfon
ےک
devoir ;
Mais elle pourra bien épaiſer ſon
pouvoir ,
Sans qu'elle égale encor vostre rare
merite.
Monfieur le Preſident de Fourcy
eſt generalement eſtimé. Il
eft tres - habile , & tres - hon
nefte Homme , & d'une naiſſance
illuftre.
?
Je ne vous dis rien de la Foire
GALAN T. 229
de Saint Germain , dont l'ouverture
ſe doit faire dans deux
jours. Tous ſes Divertiſſemens
n'y feront pas ſans utilité , puis
que Monfieur de Jaugeon , qui
l'année derniere y fit joüer au
Jeu du Monde , y fera voir cette
année le leu des Conqueſtes
du Roy , avec les Lieux où elles
ſe ſont faites. Il en donnera
la deſcription le mois prochain.
3
Vous vous ſouvenez , Madame
, que Monfieur Mignon ,
Maiſtre de la Muſique de l'Egliſe
de Paris , propoſa il y a
quelque mois , des Bouts- rimez
remplis à la loüange du Roy ,
fur les Rimes de Pan & Gue
nuche , & promit la Médaillede
Sa Majesté à celuy qui feroit
leplus beau Sonnet. Celuy qui
a remporté le Prix commence
par,
230
MERCURE
Ioins un courage d'Aigleà lafierté
d'un Pan.
On le trouvera à la teſte
d'un Recueil , que le Sieur Quinet
Libraire , dans la Gallerie
des Priſonniers , a fait imprimer.
Ce Recueil contient la
plus grande partie des Sonnets
qui ont eſté faits fur ces Boutsrimez.
Ils ont chacun leur beauté
, & font connoiſtre la diverfité
des Genies. Perſonne n'eſt.
venu demander le Prix , que
Monfieur Mignon eſt preſt de
delivrer à celuy qui luy fera,
connoiſtre que le Sonnet eſt de
ſa façon. Ceux qui ont bien
voulu preſider au jugement de
ces Sonnets , font d'un rang du
premier ordre , & d'un eſpric
wes diftingué
GALANT.
231
Il eſt vray que Madame la
Ducheſſe de la Feüillade , pour
laquelle vous me témoignez de
l'inquietude , a eſté condamnée
des Medecins ; mais comme ils
ne jugent pas en dernier reffort,
leurs Arreſts demeurent ſouvent
fans effet. Cette Ducheſſe ayant
un eſprit folide , &de bon gouft,
avec une grande modeſtie , a
bien cauſe des alarmes à toutes
les Perſonnes qui aiment le vray
merite...
Les Modes nouvelles font rares
, & d'ailleurs , la Cour eſt en
deüil dépuis la mort de Monfieur
le Comte du Vexin. Cependant
j'en ay une grande à vous
mander ; c'eſt que les Femmes
portent preſentement desManteaux
, & des Jupes , des mêmes
Damas dont on fait les
Lits
232 MERCURE
Voſtre impatience pour les
Dialogues des Morts , dont je
vous parlay la derniere fois ,
ſera fatisfaite au premier jour.
Les Sieurs Blageart & Quinet,
Libraires , commenceront à les
debiter cette ſemaine. Ils font
dediez à Lucien , qui a fourny
à l'Autheur l'idée de faire parler
des Morts. Le Volume contient
dix-huit Dialogues , fix
deMorts anciens , fix de Morts
anciens avec des modernes , &
fix autres de Morts modernes.
Vous y trouverez par tout un
tour fin & delicat , qui vous en
rendrala Morale tres-agreable ;
& je ſuis perfuadé que les Dialogues
de Socrate avec Montagne
, & d'Anacreon avec Aritote
, quoy que ſur des matieres
ferieuſes , ne feront pas moins
de voſtre gouſt , que ceux d'A
GALANT.
233
, & de lexandre avec Phriné
Sapho avec Laure , dont les ſujets
font galans . Vous m'en ferez
ſçavoir voſtre ſentiment.
Comme il n'eſt point d'Ouvra-
*ge parfait, l'Autheur qui a beaucoup
d'eſtime pour vous , vous
demande une Critique . 1
Je me ſuis trompé en vous
mandant il y a un mois que M
de la Prouſtiere eſtoit Prefident
de la Cinquiéme des Enqueſtes.
le devois vous dire , de la Quatrième.
Une Belle , pleine de merite
& de vertu , pretend n'avoir que
de l'eſtime pour un Cavalier ,
qui luy écrit tres- ſouvent avec
beaucoup de tendreſſe. Luy- même
il la porte à brûler ſes Lettres
; mais quoy qu'elle ſe diſe
tous les jours à elle - même ,
qu'elle doit le faire , à cauſe des
234 MERCURE GAL.
confequences que l'on en pourroit
tirer s'il arrivoit qu'elles
fuſſent veuës , elle ne peut s'y
refoudre . Croyez -vous , Madame
, que fon coeur agiſſe de
bonne-foy avec elle, & qu'il ne
luy cache pas une partie de ce
qu'il reſſent pour le Cavalier ,
s'il eſt vray qu'elle foit perfuadée
que l'eſtime ſeule a part au
plaifir qu'elle ſe fait de recevoir
de ſes Lettres ?
- le vous entretiendray le mois
prochain de pluſieurs grands
Mariages. Ie fuis , Madame ,
voſtre , &c.
AParis , ce 31. Ianvier 1683 .
YONE
*
TABLE DES MATIERES
contenuësdans ce Volume.
DRélude ,
du Roy en Vers ,
I
3
Sujet du Discoursde M.Herfan prononcé
au College du Pleßis , 1
Conversation de Pomone ,de Flore ,
& Céres , 16
Malte , 33
M. de Maupeou eft reçû Conseiller
au Parlement ,
37
Manufacture d'Ecarlatefine , à la
maniere de la Pourpre des Anciens
,
40
Paroles du Poëte Anaxagoras , 58
Etreines ,
59
Reception de M.le Comte de Marcieu
au Gouvernement de Grenoble
,
,
Lettre curieuse ,
60
69
Etabliſſement d'une nouvelle ChamTABLE.
bre àl'Arsenal,
Mort de M.le Comtede Maulevrier
57
de Normandie , 78
Histoire , 1 79
Sonnet , १०
Madrigal, 92. Réponſe, là même.
Repliqueſur les mêmes Rimes, 93
Réponse à la replique , 94
De l'Art Oratoire , 96
Ecuries du Roy à Versailles, 105
Mort de M. de Matignon , II
Mort de M.du Mats, 113
Mort de Madame la Comteffe des
Marais ,
Sonnet ,
Experiences ,
114
115
116
Mort du Prince Robert , & autres
chofes curieuses concernant l'ouverture
deſon corps , 120
Naiſſance d'un Enfant à deux têtes
, quatre bras , & deux jambes
,
९ 124
Meteore apparuSur le Château de
Hombourg , Frontiere d'AllemaTABLE.
gne, 125
Converfion ,
Temples démolis ,
Mort de Madame de la Primau
126
128
daye , 129
Sonnet , 131
Modeftic du Roy , 133
Avanture , 135
Eloge , mort & Convoy de M. le
Comte d'Vuexin , 140
Charges , 152
Ouvrage galant , &plein d'invention
, remply de Profe &de Vers,
155
Tournon en Vivarez,
Nifmes,
164
167
Noms de tous les EnvoyezExtraor
dinaires qui font venus en France
, fur le ſujet de la Naiſſance
deMonseigneur le Ducde Bourgogne
, 272
Madrigal , 174.
Chaffes, 176
Mariage deM. le Marquis d'Ally,
TABLE .
&de Mademoiselle Gouffier, 180
Mort de Madame la Comteſſe de
Teffé, là-même.
Devisedes Fetons de cette année. 182
Benediction des Drapeaux . 191
Epreuve d'une nouvelle Poudre, 196
Mariage de M. le Marquis de
Beauveau, 197
Explication en Vers de la premiere .
Enigme du dernier mois , 198 .
Noms de ceux qui en ont trouvé le
Sens, 199
Explicationen Vers,&noms de ceux
qui ont trouvé le sens de laſeconde
Enigme , 200
Noms de ceux qui ont expliqué toutes
les deux , 201
Enigme , 202
Autre Enigme , 206
Mort de M. de Bellievre. 209
Mort de M. Guitonneaux 211
Accident de Mile President Charreton
, 213
TABLE .
Divertiſſement de la Cour ,
Maistre d'Armes,
Demolition du Temple de Montpellier,
215
Priſe du Vaiſſeau la Regle, 219
Reception du Sieur de Liancourt ,
224
226
M.le President de Fourcy nommé
Prevoſt des Marchands. 228
Ieu des Conquestes du Roy , 229
Recueil des Sonnets fur les Boutsrimez
de Pan & Guenuche .
là-même
Retabliſſement de laſanté deMadame
la Duchiffe de la Feuillade,
231
Nouveaux Dialogue des morts, 232
FIN.
1
EXTRAIT DV PRIVILEGE
Ar Grace&
du Roy.
PSaint Germain en Laye le 31. Decembre
1677. Signé Par leRoy en fon Confeil , Iun-
QUIERES. Il eſt permis à I.D. Ecuyer, Sieur de
Vizé, de faire imprimer par Mois un Livre
intitulé MERCURE GALANT , preſenté à
Monſeigneur LE DAUPHIN , & tout ce qui
concerne ledit Mercure, pendant le temps &
eſpace de fix années , à compter du jour que
chacun defd. Volumes ſeraachevé d'imprimer
pour la premiere fois : Comme aufli defonfes
font faites à tous Libraires , Imprimeurs,
Graveurs & autres, d'imprimer, graver
& debiter ledit Livre ſans le confentement
de l'Expoſant, nyd'en extraire aucune Piece,
nyPlanches fervant à l'ornement dudit livre,
meſme d'envendre ſeparément, & de donner
à lire ledit Livre , le tout à peine de fix mille
livres d'amende ,& confiſcation des Exemplaires
contrefaits , ainſi que plus au long il
eſt porté audit Privilege.
Privilege du Roy , donné à
Regiſtré ſur le Livre de la Communautéle
5. Janvier 1678.
Signé E. CouTEROT , Syndic.
Et ledit Sieur D. Ecuyer , Sieur de Vízéa
cedé & tranſporté fon droit de Privilege à
Thomas Amaulry Libraire de Lyon , pour
en joüir ſuivant l'accord fait entr'eux .
Achevé d'imprimer pour la premierefois le 31 .
Ianvier 1683.
Qualité de la reconnaissance optique de caractères