→ Vous voyez ici les données brutes du contenu. Basculez vers l'affichage optimisé.
Nom du fichier
1682, 11 (Google)
Taille
10.90 Mo
Format
Nombre de pages
399
Source
Année de téléchargement
Texte
embris
Loannis
het
I 1 **HIS
Ben b.lft,只
MENTEM ALIT ET EXCOLIT
on opellin lo cono
K.K. HOFBIBLIOTHEK
OSTERR . NATIONALBIBLIOTHEK
BE.6 .zz.2.

MERCURI
CALINT
ه ن ا ف ع ل ا م ل ا
LEDIE A MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN . "
A PARIS ,
AV PALAIS.
VOS
N donnera toujours un Volume
نیر
A PARIS ,
Chez G. DE LUYNE, au Palais , dans la
Chez C. BLAGEART , Ruë S. Jacques,
Et T. GIRARD , au Palais , dans la Grande
Ele
M. DC . LXXXII.
WEC PRIVILEGE DV ROI :
Le XX . Extraordinaire du Quartier
d'Octobre 1683. fe diftribuira le is .
Janvier 1682
و
KOENIGING
TICHE
AISET
HOFBIBITORIEL
e
n
MERCVRE
NOVEMBRE 1682 .
s,
S ;
EC
I je ne commence
point aujourd'huy
er
2 MERCURE
Je ne vous écris que tous les
mois ; & ce que ce grand
Monarque fait chaque jour ,
donne de nouyeaux ſujets de
le louer ; mais le moyen d'o
ſer l'entreprendre, quand on
a l'eſprit remply du Sonner
que vous allez lire ? Il eſt de
M ' Magnin , Conſeiller au
Bailliage & Siege Préſidial
de Mâcon .
Sur ce qu'on ne peut loüer
grand des Humains,
Ceſſez d'importuner les Filles de
P
que
tous
les
3
Beaux et rares Eſprits, tous vos
ne ce grand
chaque
jour, de gloire.
S2
aux ſujets
de
e, quand
on
e ? Il eſt de
onſeiller
au
moyen
d'o.
Brúlez
ſur
les
Autels
l'Encens
a plej
peut
loüer
LOVIS ,
• Roy
.. nement
le plus
mains
,
Le Soleil fon fimbole eſt moins inac
Aij
es
Filles
de
4 MERCURE
SG
· Tout élevé qu'il eft, on le ſçait me
M' Diérville du Poncle
veſque, animé du meſme
zele, a fait cet autre Sonnet.
I
L me faudroit la voix de routes les
Neuf sæurs,
Pour chanter de LOV IS la valeur
GALANT
S JRE
le ſçait me
* c'eft texter
SG
Apres s'eſtre fait voir le plus grand
voir , ſe taire,
du Poncle
47 autre
oix
de soutes
les
VIS
la valeur
Dont le brillant éclat ébloäiten naiſ
belles années,
D'un ſeul de fes regards obſcurcir
prodiges

plus fameux
6 MERCURE
La gloire du Roy n'a be
ſoin
JRE
7
coy n'a be
cyriques, ny
re connuë.
aconter les
marquables
ſon Royau.
sfont preſ.
Hecs
de la
e la bonté
Roğale de Peinture & de
Sculpture eſt utile pour l'a
vancement & la perfection
des beaux Arts. On n'oublie
rien pour la mettre dans tout
l'éclar qu'elle peut avoir ; &
le Samedy 10. du dernier
mois , M Colbert fit l'hon
neur à cette Compagnie,
dont il eſt le Protecteur, de
venir y préſider pour la dil:
tribucion des quatre Prix
que Sa Majeſté accorde cous
les ans à ceux d'entre les jeu.
nes Etudians qui ont le plus
profité dans l'étude du Mo
delle ., & ſur les Leçons du
u du pieux
ours
donné
es font
ſon
mieux que
plus grand
cherchées
.
bien
l'Era
'Académie
A üij
8 MERCURE
Deſſein ; Geométrie , Perſpé
Etive, & Anatomie, qui ſe
donnent tous les jours dans
cette Académie , & dont les
Ouvrages qu'on leur fait
faire pour ce ſujet ſont eſti
mez les plus beaux . Le Chan
celier & les Officiers en exer
cice , accompagnez des au
tres Officiers & Académi
ciens , vinrent le recevoir au
bas de l'Eſcalier , & le con .
duifirent en ſuite dans tous
les Apartemens qu'il voulut
bien le donner la peine de
voir . Il entra d'abord dans
la Salle deſtinée pour les Le ;
* Perfpé ,
e, qui ſe
ours dans
9
çons d'Anatomie , Geomé
trie , & Perſpective , & pour
l'étude de ceux qui commen :
cent à deſſiner d’apres les
Defſeins des Profeſſeurs,
Rondes- boffes, & Bas -reliefs
antiques qui y ſont expoſez.
Cette Salle , ainſi que tous
les Paſſages , eſtoit remplie
des Tableaux de ceux qui
ont déja remporcé des Prix.
il vint de la dans la Salle où
font rangez par ordre les
Portraits des Officiers déce
dez , qui ſe ſont acquitez di
gnement de leurs Emplois,
& les Tableaux des Peintres
peine
de
s
ord
dans
ir les Le
10 MERCURE
qui ont des calens particu
liers, c'eſt à dire , qui ne pro
feſſent
JRE
GALANT
. Il ns particu
nture
dans
Il paſſa de
une autre,
ux Model
Miniſtre entra dans la grande
qui ne pro
, qui
deli
onduite
du
ns
&
Bas
.
es Profef
ps
de
leur
ir d'Exem
En ſuite
ce
12 MERCURE
de diférens Ouvrages, & de
diferentes manieres. Auſſi
toſt
que
GALANT . 13
démie avoit tirée d'une Con
férence tenue ſur un Dif
cours prononcé autrefois par
un des Profeſſeurs, touchant
un excellent Tableau de M *
Pouſſin . Le ſujer du Tableau
& du Diſcours avoir eſte pris
de l'Hiſtoire de Rébecca, &
du Serviteur d'Abraham , ra
portée dans le 24. Chap . de
la Géneſe . L'Hiſtoriographe
marqua d'abord que
TE
14 MERCURE
intentions de M " Colbert,
alloit s'appliquer avec une
nouvelle ardeur aux Confé
rences & aux Diſſertations
qui ont eſté interrompuës.
Il rapporta diverſes raiſons
de cette diſcontinuation , 80
dit qu'elle venoit particulie
rement de ce que les Acadé
miciens avoient fait pluſieurs
Diſcours de vive voix , qui
n'ont efté ny recueillis , ny
examinez , & qu'on s'eſtoit
contenté de faire ſur les au
tres des Queſtions indéciſes,
& des Reflexions genérales
ſans aucun Réſultat; mais il
GALANT .
IS
une
Ons
es.
15
belt adjollca qu'à l'avenir les Con
16 MERCURE
faite ſur le Tableau de Ré
becca, que l'Académic agita
une Queſtion tirée eſſentiel
lement de cette Matiere . Elle
mit donc en délibération , Si
un Peintre peut ſuprimer dans
les Sujets qu'il traite, les circonſ
tances bizarres de embaraſſan
tes, que l'Hiſtoire où la Fable
luy fourniffent, en forte toutefois
qu'en retranchant ces circonſtan
ces ,
GALANT: 17
2
3
ment, le Secretaire de l'Aca “"
démie luy expoſa ceux de la
Compagnie pour le juge
ment des Prix . Il le trouva
juſte , & en fit en ſuite la diſ
tribution aux Etudians qui
les avoient méritez . Avant
que de fortir , il exhorta les
Académiciens à continuer
leurs foins pourla perfection
de leurs Ouvrages , afin de
les rendre dignos de celebrer
la grandeur du Roy , & la
ſplendeur de la France . Les
Prix conſiſtoient en quatre
Médailles d'or , deux pour la
Peinture , & deux pour la
Novembre 16824
3
+
3
$
18 MER CURE
Sculpture ; mais ces Médail
les ne font
GALANT . 19
3
3
3
I
tre leur nourriture pendant
deux ou trois années, & leurs
voyages payez pour aller &
revenir.
3
B ij
20 MERCURE
& qui font une partie de la
richeffe de ce beau Païs.
Vous ne doutez pas , Ma..
dame , que les louanges de
Sa Majeſté n'y retentiſſent
par l'Etabliſſement qu'Elle à
fait de l'Académie de Rome.
Il faut encor vous les faire
entendre ailleurs.' La Suille
m'en fournit l'occafron . L'ef.
prit y regne auſſi bien que
la valeur , & je puis dire que
M ' l’Avoyer Wagner eſt un
de ceux qui a le mieux fait
l'Eloge du Roy . Vous le pou
vez voir dans le détail des
Réjouiſſances faites à So
GALANT. 21
leurre pour la Naiſſance de
Monſeigneur le Duc de Bour
gogne, que je vous envoye,
& dont je ne pûs vous faire
part
22 MERCURE
& d'habileté à bien conduire
une Feſte , qu'il marque de
puis cinq ou ſix ans d'intel .
ligence & de zele dans ſon
Ambaſſade , j'ay crû vous
devoir faire part de ce quiſuit
GALANT. 23
le génie qu'a M de Gravel
pour les grandes Negotia
tions. Si- coft qu'il ſçeut - la
Naiſſance de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne , il en
donna avis aux Magnifiques
Seigneurs des Cantons ; mais
comme il fait fon ſejour or
dinaire à Soleurre , il com
mença par celuy qui porte
le nom de certe Ville. Le 29 .
Aouſt , vers le ſoir , Soleurre
fir tirer pluſieurs volées de
tout ſon Canon pour le pré
lude de la Feſte . Le lende
main 30. à huic heures du
matin , Leurs Excellences de
24 MERCURE
12
Soleurre députerent à M
l'Ambaſſadeur deux des prin
cipaux Conſeillers d'Etat,
pour ſçavoir de luy l'heure
où il voudroit recevoir une
Audience de cerémonie . " Il
leur répondit , qu'il eſtoit
prelt de ſe rendre à la Mai
ſon de Valle, fi -toit qu'on l'a
vertiroit ; & ſur cette ré
ponſe, Leurs Excellences luy
députerent une ſeconde fois
les Seigneurs Banneret &
Bourſier , & fix autres du
Conſeil d'Etat , pour le yenir
prendre dans ſon Hoſtel, &
pour l'accompagner dans la
GALANT. 25
Maiſon de Ville , où il fuc
reçeu dans la Chambre des
Audiences
ر
26 MERCURE
que la Dépeſche du Roy luy euſt
efté apportée , Sa Majeſté luy
avoit encore envoyé des ordres
précis d'en donner part de vive
voix aux Magnifiques Seigneurs
de Soleurre, comme à ſesmeilleurs
Amis , Voiſins, en Alliez , ne
doutant pas qu'ils ne mêlaſſent
leur joyé avec celle qu'on faiſoit
paroiſtre dans toute la France par
des Réjouiſſances extraordinaires;
Qu'il pouvoit les aſſurer que Sa
Majeſté auroit grand ſoin de
faire élever ce Prince dans les
memes fentimens d'affection dg
de bienveillance qu'Elle avoit
témoignez juſqu'alors pour les
GALANT. 27
Lojables Cantons, afin de main .
tenir la bonne intelligence qui
dure depuis ſi longtemps entre la
Couronne de France ego le Corps
Helvétique ; Que pour luy , il
feroit toûjours tres - aiſe de profe
ter des occaſions de leur rendre fes
ſervices à tous en general
+
-
5
1
5
Cij
28 MERCURE
11
1
duire M ' de Gravel juſques à
la Porte du Conſeil; & M'les
Huit Députez le reconduiſi
rent juſque dans la grăde Sal
le de ſon Hoſtel,où MflAm
baſſadeur les ayant remer
ciez de leur civilité,ils retour
ncrent à la Maiſon de Ville .
GALANT. 29
5
Que tout le monde eſtoit ſuffi
Samment informé des bénédi.
Etions qu'il avoit plú à Dieu de
verſer ſur Sa Majefté Tres
Chreſtienne de France en de
Navarre LOUIS XIV . de ce
non , leur Allié e Conféderé,
depuis le commencement de fora
Regne, par les Victoires conti
nuelles remportées ſur ſes Enne
mis , leſquelles avoient pouſſé ſa
renommée non ſeulement dans
toute l'Europe, mais juſqu'aux
Païs les plus éloignez , e dans
tes autres Parties du Monde,
par l'augmentation conſidérable
defon Royaume e de ſes Etats,
1
1
[
C iij
30. MERCURE
parla gloire qu'il avoit euë dang
la derniere Guerre d'obliger ses
Ennemis d'accepter les conditions
qu'il leur avoit preſcrites à ſon
bon plaiſir, gou d'eſtre l'Arbitre
.
GALANT. : 31
5
5
ño
2
s.
22
Henry IV . fon Trifayeul, de la
juſtice de Loüis XIII. fon Bif
ayeul, de la valeur victorieuſe
e invincible de Louis XIV .
fon Ayeul, & de la félicité de
Monſeigneur le Dauphin for
j
y
f
C iijj
32. MERCURE
Qu'ils remercioient auſſi Son Ex
cellence de l'affection qu'elle leur
avoit toujours témoignée, & qu'
ils luy en demandoient la conti
nuation. M ' l’Avoyer finit, en
diſant, Quę M " les Conſeillers
préſens, & luy, eſtoient venus
pour avoir l'honneur de l'accom
pagner à l'Egliſe . Sur quoy
M'de Gravel répondit, Qu'il
les remercioit des nouvelles mar
ques de leur affection , leur eſtant
obligé de la civilité qu'ils luy ren .
doient ; Qu'au reſte il les aſſu .
roit qu'il informeroit tres- fidelle
ment le Roy des démonſtrations
de joye publique qu'ils faiſoient
GALANT 33
paroiſtre dans cette rencontre, ce
qui ſeroir agreablement reçeu de
Sa Majeſté . Le Diſcours que
venoit de faire M " | Avoyer,
répondoit à l'opinion que
l'on a de ſa capacité, & c'eſt
dire beaucoup ; car il faut
que vous ſçachicz , Madame,
que M Wagner eſt un des
Hommes de la République
qui s'eſt attiré le plus de cor
lidération par fon mérite .
De la Charge de Secretaire
d'Etat , il monta d'abord à
celle de Bourſier, qui eſt la
troiſiéme de Soleurre ; & de
là on l'a élevé à celle d'A .
2
34 MERCURE
voyer , qui est la premiere.
M ' fon Fils, qui luy a luc
cedé dans la charge de Se
cretaire d'Etat , donne beau
coup de ſujet d'eſpérer, qu'en
montant par les mcines de
grez , il arrivera au melme
point de gloire . M 'l'Ambal
ſadeur , & M'l’Avoyér, ayant
pris le chemin de la grande
Egliſe, accompagnez des Sei
gneurs du Conſeil, & ſuivis
d'un tres - grand nombre de
Perſonnes cófidérables, troui
verentles Ruës bordées d'Ha
bicans de Soleurre ſous les
armes . M ' Sury, autrefais Ca
GALANT. 35
e
2
1.
.
ce
picaine aux Gardes Suiſſes, à
préſent Conſeiller d'Etat , &
Major à Soleurre , à la teſte
de la Milice , falüa de la Pique
M ' l'Ambaſſadeur; &
M fon Frere le ſalüa du Dra
peau , ayant bien voulu en
certe Solemnité faire la fon .
3 :
21
1
2
36 MERCURE
ſur des Inſcriptions & des
Deviſes Latines, que M'Go
chart Chanoine , ſçavant &
habile Prédicateur, avoit fai
tes pour le Roy, pour la Mai
fon Royale , & meſme pour
M de Gravel. M' le Prevoſt,
à la teſte de M ' les Chanoi
nes , reçeut cet Ambaſſadeur
à la Porte de l'Egliſe. On
chanta un Te Deum & une
Meſfe ſolemnelle , où il y eut
de tres - beaux Motets enMu
fique , de la compoſition de
M Michel , Chantre à so
leurre. Apres que M' l'Am
baſſadeur fuc retourné à ſon
GALANT . 37
menter
Hoſtel, M " du Chapitre y al
lerent en Corps le compli
ces Meſſieurs d'un
grand Repas qu'il donnoic
dans l'Hoſtel de Ville à M'S
du Grand & du Petit Con
feil , & il demanda à M' Go
38 MERCURE
chart en particulier ſes Vers
& ſes Deviſes, pour les en
voyer à la Cour , & félicita
M ' Michel ſur la beauté de
fa Muſique. Les meſmes Sei
gneurs du Conſeil d'Etat qui
avoient conduit M * l'Ambal
ſadeur à l'Audience , l'alle
rent prendre pour l'accom
pagner à la Maiſon de Ville.
Rien ne peut eſtre ny plus
magnifique, ny plus propre
que le fut ce Dîne. Il y avoit
meſme des Vins de S. Lau
rens & de Gréce , qu'on ne
voit preſque jamais en Suiſſe,
Le Lundy 31. on traita tous
GALANT. 39
les Officiers & Valets de Ville ,
à la Confrérie des Arquebu
fiers. Peut -eſtre , Madame,
ne ſera c-ilpas inutile de vous
1
1
i
40 MERCURE
24
d'autres , Confréries, & l'on
ne peut arriver à aucune
Charge de l'Ecar , qu'on ne
ſoit auparavant reçeu dans
quelqu'une ou de ces Con
fréries, ou de ces Abbayes.
Le premier de Septembre ,
M de Gravel alla chez Ma
damte la Colonelle de Roll ,
dont il avoit emprunté la
Maiſon , parce qu'eſtant fi
tuée dans une grande Place
où il y avoit une belle Fon
taine , elle eſtoit propre aux
deſſeins qu'il vouloit exécu
ter . Madanie de Roll elt ve.
nuë d'un Homme qui s'eſ. 1
GALANT . 41
01
Te
75
1
$
2 .
toit acquis beaucoup d'eſti
me & de conſidération dans
la Charge de Colonel en
France . Elle'a deux Fils tres
recommandables par leur
mérite &
2
42 MERCURE
bles Perſonnes de la Ville,
M'T'Avoyer Wagner , M ' le
Banneret Beſenyal, qui oc
cupe ſi dignement une des
premieres Charges de l'Etat ,
& M ' le Bourſier Sury , qu'on
a ſi louvent député à des Am
baffades importantes , & donc
le nom eft fi connu à la Cour
par luy -meſme, & par Milon
Frere , qui eſtant Capitaine
aux Gardes , ' fur tué à Doël
bourg pour le ſervice du
Roy . Dés que M ' l'Ambaf
ſadeur füt entré chez Ma
dame la Colonelle , cette
Fontaine qui eſt dans la Pla,
GALANT. 43
ce , commença à jetter du
Vin blanc & rouge . Elle
avoit changé de figure par
les ſoins & les ordres de M
de Gravel. C'eſtoient deux
Dauphins , au deſſus defa
quels on voyoit un Soleil &
une Couronne fermée. Le
Vin coula en abondance de
puis une heure apres midy,
juſqu'à dix heures du loir.
M ' l'Avoyer parut à la Fe
neſtre, bûvant dans un grand
Verre fore profond à la ſanté
du Roy , & , la portant au Peu .
ple, & auſſitoit il y eut preſſe
à qui luy en feroit mieux rat
Dij
44 MERCURE
fon . Cependant M.l'Am
baſſadeur fit diverſion à l'em
preſſement que le Peuple
avoit de boire, lors qu'il jetta,
& pria M " l’Avoyer & Bour
fier , & les Dames , de jetter
auffi-bien que luy, quantité
de Médailles d'or & d'argent
d'un bon poids . Elles repré
fentoient des Dauphins , avec
ces mots , Hoc fidere firmant.
On liſoit ſur le Revers, Luda
Mag. glor : Proli , Duca
Burg . 1682. & autour du mcf
me Revers , Sparſa publice
P.D. R. de Graveli p . t. Leg.
Solød, Concevez bien , May
GALANT. 45
dame, quelle fut la joye de
Madame de Roll, en voyant
M de Gravel faire
46 MERCURE
de cette Feſte , regréterent
fort Madame l'Ambaſſa
drice , que ſon indiſpoſition
en avoit éloignée. Ce fut à
cauſe de la maladie
GALANT. 47
7! eſtoient placez aux deux
: bords de la Riviere d’Are,
toure l'abondance & toute
48 MERCURE
pas en
la délicateſſe poſſible. Le 3.
M'lAmbaſſadeur fic publier
par toute la Ville que tous
les Bourgeois allafſent ſe ré
jouir dans leurs Confréries,
& qu'ils ne ſe miſſent
peine de la dépenfe. L'ordre
furſuivy avec joye. Ces Bour
geois n'ayant pas de Canon,
ils tirerent en bûvant les San
tez du Roy & de la Maiſon
Royale , quantité de coups
de grosMouſquets , qui ne
faiſoiét guére moins de bruit
que des Pieces de Campa
gne ; & M'de Gravel crût ne
pouvoir mieux finir ſes Ré
GALANT . 49
joüiſfances que par ce Feſtin
et qu'il fit à tout Soleurre,
US
31
TC
: Des deux Sonnets que
: j'adjoûte à cette Relation,
re
-0,
.01.
701
10
ic
2
C
-
Novembre 1682 . E
50 MERCURE
SUR LA LUMIERE QUI
parut en l'air la nuit
SONNET.
Q 1
Vand le ciel veut donner un
Inivers,
Y vint parmy les feux ( 2) d le bruit
GALANT. 51
Et ce Thébain ( 3) qui mit
feux :
MOUVC4H
Au moment que ce Prince entre dans
le Berceau ,
Ce fex marque déja ja grande des
tinée.
E ij
52 MERCURE
ID:
T
fit
HOROSCOPE
DE MONSEIGNEUR
le Duc de Bourgogne.
v ſeras plüss que
GALANT. 53
SS
Dieu le Pere, le fils, Sanctus
Chacun tâche d'épurer ſon
ſtile , & d'élever ſes penſées,
en parlant du Roy & de la
Maiſon Royale. Cependant
il y a des manieres de loüer
E iij
54 MERCURE
JDE
en langage du Païs, qui ne
manquent pas
GALANT . 55
ZSSZS S22SS S3S223
2
V
E iiij
56 MERCURE
Granda chauza joujour donen pene
d'aviy.
bezozigno,
Sembaro fon Gran- Pay, ou zouferey
GALANT . 57
De la Guerro ou la Pax fero Meytré
la guerro;
.
Eou n'iguro de Moulfur, ny de Rey
fou Amis.
58 MERCURE
I dizen que déija ey tan bravé do
goun cou ,
La Pruna feconden , & de fi Eylar
GALANT. $ 9
-
Ma fi di notro Vigno cow yavio de la
60 MERCURE
Dougé Froum
tem .
Méſenté, Diæu zou fa, poufa d'un
GALANT . 61
Per quitta mou Moutou
may enquera ,
Un Eychirpeou * tout niau qu'ay fa
62 MERCURE
Anen vité, parten , belcou di canques
5
lou ley,
Souhaiten ly qu'un jou l’un lou pecho
1
GALANT. 63
par une Gavote.
Quy vivan 10u conten en fanta dy
4
.
64 MERCURE
pour
VOUS
GALANT. 65
7
1
5
font remarquables & tres
funeſtes à tout le Païs, on en
tient un compte exact. On
ſçait qu'avant l'Empire d'Au
guſte il y a eu cinq de ces
Débordemens de fâmes , &
depuis ce temps - là on en a
veu quinze . Le premier en
l'an si. de l'Ere Chreſtienne,
le ſecond en 243. le troiſiéme
en 421. le quatriéme en 685 .
le cinquiéme en 983. le fi
xiéme en 993 : le ſeptiéme en
1036. le huitiéme en 1038. le
neuviéme en 1138. le dixiéme
en 1139. l'onziéme en 1430.
le douziéme en 1500. le
Novembre 1632.
-
5
1
trei
66 MERCURE
ziéme en 1631. le quatorzić
me en 1660. Le quinziéme
& le dernier , eſt celuy de
cette année 1682. En parcou
rant toutes ces dattes on
trouve que les débordemeris
du Véſuve font fort irrégu
fiers . Les'uns font éloignez
de trois cens ans. Les autres
ne le font que d'un an. La
Phyſique ne peut rendre au
cune raiſon de cette inéga
lité. Elle n'en rend
GALANT. 67
1
ES
EZ
- les , toutes ſemblables à cel
35
La
se
de
+
51

F ij
68 MERCURE
lent. De là viennent les trem
blemens de terre . Lors qu'ils
ſont tres- forts , comme le
dernier du Canada , la terre
vomit des feux, parce que les
exhalaiſons ont pû l'entrou
vrir ; máis ce qui fait qu'il
n'y a pas des feux à tous les
tremblemens, c'eſt que les
exhalaiſons ont bien la force
de foûlever la terre qui eſt au
deſſus d'elles , mais non pas
* de l'entrouvrir ; de ſorte qu'
elles ſe font des chemins à
cofté par où elles s'échapent ,
& à la fin ſe perdent . Si elles
ont des ouvertures toutes faia
GALANT. 69
tes , elles ſortent toûjours par
là , & c'eſt là la cauſe des Àâ
mes du Véluve , & de toutes
les autres Montagnes qui en
jectent ; car outie le Véſuve,
il
70 MERCURE
ples, la Sicile, & les petites
Illes voiſines, & que ces trois
Montagnes ardentes
1
GALANT. 71
$
S
3
S.
s jour on vit la Mer étrange
0
72 MERCURE
Véluve, & ces feux ſortent du
milieu de la neige & desiglas
ces dont tout ce Pais - la eft
preſque toûjours_couvert
Mais il ne faut compter poud
rien cerce froideur extérieure
qui eſt ſur la ſurface de la
terre. Elle a des, fources ide
fâme dans les encraillés. Pars
donnez - moy ces digreſſions,,
Madaine. Je reviens au Véa
ſuve. Ses débordemens de
feu commencerent le 147
d'Aouſt. Tout le Pais de
Maffe fuc couvert de cendresi
d'une tres - mauvaiſe odeur,
& les flâmes ſe jetterent juf-,
GALANT. 73
. que dans le Bois d'Otrajano,
où elles firent bien du ravage.
Le 16. il y cuc de grandes
pluyes . Le 20.la terre trem
bla perdant trois heures en
cieres , & le tremblement
alla juſqu'à Naples, qui eft à
buit milles du Véluve. Les
Habitans de tous les envia
rons de cette Montagne,
pourſuivis par un deluge de
feu, & craignant d'eftre enfe
velis fous les cendres , fe reti
rerent dans Naples , où ils
trouverent la conſternation
prelque auſſi grande qu'elle
eſtoit dans les. Licux qu'ils
Novembre 1682. G
74 MERCURE
venoient d'abandonner. On
ne pût avoir recours qu'aux
larmes & aux prieres. Le 22
vers les fix heures du ſoir, la
Montagne jetta vers Mada
loni une horrible quantité de
cendres & de fumée ; &
quand la nuit cominença ,
ce fut une pluye comme de
charbons broyez fort menu .
Cependant toute la terre
trembloit . On entendoit le
bruit affreux
GALANT. 75
EL
X
A l'horreur de cette nuit-là , y
105 ajoûtoit les éclats de ſon
U
STE
ܝܐ
VE
1
U
Acer
Gij
76 MERCURE
. On vient de me donner
un Rondeau , dont je vous
fais
pare
GALANT. 77
I
S
1
11
0
& les Poëſies de Baif cftoient
fon modele . Sa Bibliotheque
auſti ſinguliereque ſon eſprit,
eſtoit compoſée de tout ce
qu'il avoit pû trouver de
vieux Romanciers . Il avoit
Marot & du Bartas , quoy
qu'il les trouvaſt un peu mo
dernes, ſans oublier Ron
fard, qu'il réveroit particu.
lierement comme le Prince
des Poeces François. Il avoit
auſſi les Oeuvres de Sarazin
& de Voiture , mais il ne les
eſtimoit qu'à cauſe des Ron deaux & desBallesRon
1
$
u
1
parmy
G iij
78 MERCURE
1
Ouvrages. Il traitoit les bel
les Lettres du dernier de ba.
gatelles , propres keulement
pour amuler les jeunes Ef
prits ; mais il admiroit les
Lettres Gauloiſes que le meſ.
me Autheur a écrites au
Comte Guicheüs , au Cheva ,
lier de l'Iſle inviſible. Lebon
Homme qui n'a point dé
menty cette belle inclina
rion tant qu'il a vécu ,
GALANT. 79
!
la charge qu'il en feroit un
certain nombre en ſtile Gau :
lois , ou de Ballades. Si les
Ballades eſtoient de ſon
goult , il ſeroit blâmable , fi .
eſtant ſon Légataire , il né
gligeoit d'accomplir les der
nieres volontez.
3
1
ROND EAU
G iiij
80 MERCURE
SS
Que n'avient-il
Voicy d'autres Vers que
vous trouverez forr agrea
bles . Vous ſçavez,Madame,
que ſelon les Poëtes, chaque
GALANT. 81
Fontaine a ſa Nymphe. Vous
ſerez peuteſtre bien aiſe d'en
entendre parler une à une
Perlonne auſſi diſtinguée par
ſon mérite que par la nail
ſance.
LA NYMPHE
D
Epais que je fournis du ſecours
aux Humains,
Et que je verfe à pleinesmains
Sur leurs maux cnvicillis ma ligueur
82 MERCURE
Etalant à l'envy leurs plus riches tré
7 ay veu venir & Brane & Blonde,
Avecun attirail de charmes pré
GALANT. 83
to De moment en moment naiſſent deſ
Yous vos pas.
***
14
Anſi vous voyant fanspareille ,
//
penſée
Le plaiſir que je fers à préſent de
84 MERCURE
VOZ
Le non de Mademoiſelle
de Caſtille ' eſt connu
par beaucoup de jolis Vers
que je vous ay envoyez de
ſă façon dans pluſieurs de
mes Lettres. Elle revenoit il
y a quelque temps d'Arnou
ville à Paris en fort bonne
compagnie , & fut priée de
donner un Inpromptu fur
deux Papillons qui
pour
fuivoient dans la Campagne,
en tournant l'un fur l'autre.
Voicy le Madrigal qu'elle
fic.
GALANT. 85
V
OX
7.016
M ADRIGAL
VA LYSET E.
Oy ces deux Papillors fefuir
W
On ne s'eſt pas montré
moins zelé en Picardic que
86 MERCURE
dans les autres Provinces .
Amiens donna l'exemple dés
le Samedy . 15. d'Aouſt , &
par les décharges du Canon
de la Citadelle , les Feux, les
Illnminations , & les Fon :
taines de Vin . Cette Ville
fit connoiſtre l'attachement
qu'elle a pour le Roy, & pour
toute la Famille Royale , le
lon fa Deviſe qui porte ,
Lilijs tenaci vimine jungor.
GALANT. 87
5
l'Artillerie , pår des Feux , &
des Illuminations. Le ſecond
jour appartient au Corps , de
Ville, qui fit couler des Fon
taines de Vin en pluſieurs en
droits, mit les Bourgeois ſous
les armes , & donnaun grand
Repas , & le divertiſſement
d'un Feu d'artifice,à M' l'E .
veſque Duc de Laon , qui ce
meſme jour avoit fait chan ,
fer le TeDeum , & y avoit affifté
en Habits pontificaux. Le
troiſiéme jour fut celuy de
ce Prélat. Il avoit fait mettre
au milieu de la Courc de l'E
veſché, un Dauphin qoi jeco,
5
a
}
88 MERCURE
toit du Vin excellent. Toutes
les Feneſtres de ſon Palais
furent éclairées de groſſes
Bougies. Il regala magnifi
quement les plus confidera
bles Perſonnes du Clergé &
de tous les autres Corps; &
pour rendre la joye univer
ſelle, il jetta quantité d'ar
gent à tout le Peuple
GALANT. 89
Les
&
&
1
tir de là, M'Aubert,Ecuyer,
215 Préſident au Grenier à Sel ,
= 1
7
0
90 MERCURE
d'un des Gardes . & d'un Ser
gent de Ville . Les décharges
de toute la Bourgeoifie , de
la Jeuneſſe, & de la Cavale
ric qui eftoient rangée en
bataille fur la Place , ſe firent
entendre dans le meline
temps , & furent fuivies du
bruit du Canon , & des ſalves
de l'Artillerie. Il y eut le ſoir
à l'Hoſtel de Ville deux Ta
bles, chacune de vingt Cout
verts magnifiquement fer
vies ; & M. Aubert Majeur ,
envoya du Vin à tous les
Convents . On ne vit par
tout que Feſtins publics , &
GALANT. 91
1
ľ
3
le lendemain on continua les
i Réjouiſſances.
다.
Hij
92 MERCURE
On chanta une grandeMef
ſe le matin , & l'aprefdînée
des Veſpres, où ſe trouverent
les Corps de Juſtice & de Vil
le, precédez de leur Officiers
& de leurs Maſliers. Les Vef
pres furent ſuivies d'une Pro
Ceſſion generale , & au re
tour on chanta le Te Deum ;
apres quoy le Héraut d'Ar
mes qui eſtoic placé fur les
degrez de la Chaiſe Abba.
ciale, ayant crié Vive le Roy,
Vive Monſeigneur le Dauphin ,
Vive Monſeigneur le Duc de
Bourgogne, tout le Peuple ré
pondit avec mille acclama
GALANT 93
tions . Au ſortir de l'Egliſe on
entra dans l'Abbaye , où le
Prieur donna une Collation
magnifique aux Magiftrats ,
& tout le Peuple meſme y
eut bonne part . Pendant tout
ce temps , une Fontaine de
Vin couloit du premier éca
ge de l'Abbaye. En ſuite le
Prevoſt fit battre la Genéra.
le , & tous les Bourgeois s’ć
tant trouvez fous les armes ,
ils le rendirent en bel ordre
au grand Marché, où ils fu
renc rangez en bataille au
cour d'un Feu de joye qu'on
avoir préparé. Le Prieur de
94 MERCURE
l'Abbaye , ſuivy de la plů .
part de ſes Religieux , vint
l'allumer , & auſſi- toft les
Bourgeois firent leurs dé .
charges avec tant d'ordre,
qu’on avoia qu'ils n'avoient
pas encore oublié le métier
de la Guerre . Les Capitaines
régalerent leurs Soldats d'u
ne grande profuſion de Vin ,
& M le Prevoft donna un
Repas magnifique à tous les
Officiers de Juſtice , tandis
que tous les Quartiers fai
ſoient leurs afſemblées par
ticulieres, avec une joye fe
cntiere & fi parfaite , que
GALANT. 95
lendemain ſans ordre on
continua la Feſte.
.
ES
96 MERCURE
SUR LA NAISSANCE
F
Ab fove Principium .
Rance, cet henrcux jour, qui
bruit de ſes Faits,
GALANT. 97
Qu'au plus fort de la Guerre il filt
Novimbre 1682, I
98 MERCURE
De fagloire à venir fit briller mille
airs.
De ce Prince en ce point il marquoit
Ce qui ſait eſt encor de M
Raule .
GALANT. 99
O
SUR LA MESME
I ij
100 MERCURE
Martial , qui commence par
Nullus in urbe fuit,& c .
Q
1
Wand de concert avec 1.1
.. Ta Maiſon de Galants eft fans celle
GALANT. 101
la Cour;
A ta Femme chacun aujourd'buy fait
tout le jour.
Pour paſſer d'une matiere
un peu galante à quelque
choſe de plus ſérieux , je vous
envoye une Harangue que
M'Amelot Ambaſſadeur de
France à Veniſe , a faite au
Sénat de cette République.
Je vous en parlay le dernier
mois dans la Deſcription de
ſon Entrée ; & ſi la galanterie
& la magnificence de cet
I iij
102 MERCURE
Ambaſſadeur ont paru en
cette occafion, ſon eſprit ne
paroiſt pas moins dans ceite
Harangue. It adreſſe d'a :
bord la parole au Doge , &
en ſuite à tout le Sénat.
SERENISSIME PRINCE ERENISSIME PRINCE ,
TRES- ILLUSTRES , & TRES
GALANT. 103
devant le Trône de la Seréniſime
République, que je regarde com
me celuy de la plus profonde Sa
gefle; mais quelque défiance que
jaye juſtement de moy -meſme;
tout eſt ſi grand & fi admirable
dans le Prince qui m'envoyer fa
puiſſance fi connuë de tous ego ſo
redoutée de fes Ennemis , fes ver
tus ſi éclatantes e dans un de
gré ſi héroïque, ſon amitié ſi glow
rieuſe, fi utile , gu tant de fois
éprouvée par les Alliez , que je
trouve avec raiſon toutes ſortes
d'aſſurances dans l'honneur que
jay d'eftre chargé de ſes ordres.
5
I iiij
104 MERCURE
Tres - Illuſtres Tres Excellens
Seigneurs, renouveler à Voſtre
Serénité d à Vos Excellences,
les aſſurances de l'affection du Roy
mon Maiſtre , ego vous proteſter
de ſa part, qu'Elle ſera toujours
tres -ardente en tres forte ; qu'il
eſt plus que jamais dans les dif
poſitions d'en donner à cet illuſtre
GALANT. 105
e qu'il ne ſouhaite rien plus' ar
demment que la durée & g l’aug
mentation d'une union que
106 MERCURE
par là ſe faire des degrez de gloire
inconnus aux Siecles paflez ,
je pus dire avec verité qu'il a eſté
beaucoup plus ſenſible au repos
qu'il a donné à l'Europe par le
Traité de Nimégue , qu'aux
grandes que continuelles profpé
ritez de ſes Armes.
GALANT. 107
jamais en état de faire valoirles
juftes prétentions", o de leur
donner avec juſtice une bien plus
grande étenduë que les bornesque
ſa modération s'eſt elle - meſme
preſcrite par ſes offres
31
108 MERCURE
neceſſaire, pour le ſecours de fes
Amis, entre leſquels la Serenif
fime République tiendra toûjours
le premier rang:
14
GALANT. 109
luftre amitié qui lie depuis tant
de Siecles là Couronne de France
avec cet Etat ; elle a eſtéreſſerrée
par tant de nauds : fortifiez par
110 MERCURE
de l'ancienneté de ſon origine,
fameuſe par de grandes Con
questes, recommandable par ſa
pureté conſtante dans la Religion,
e par ſon attachement aux
intereſts de l'Egliſe. Elle a ferty
d'azile aux Souverains Pontifes
opprimez ; elle a cent fois réprimé
l'audace du plus redoutable En
nemy
GALANT. 111
27 #
mérite-t-elle l'admiration de tous
les Peuples , féconde en grands
112 MERCURE
Peuple de Sages, ſi neantmoins
on peut appeller de ce nom de
Peuples la Nobleſſe la plus an
cienne a la plus illuftre.
GALANT . 113
PS
-
mo
le reſpect & la venération que
j'ay pour la Sereniffime Républi.
que et pour vosPerſonnes ; mais
ce qui donnera le prix à une choſe
qui vous eft deuë de tous ceux qui
vous approchent, c'eſt qu'en ſui
vant en cela mon inclination ,
j'exécuteray fidellement les ordres
que j'ayreçeus du Roy mon Mah
tre, a vous donneray par là tous
les jours de nouveaux témoigna
ges de ſon eſtime de ſon affe
etion.
-,
1
114. MERCURE
Elle eſt âgée de 18 à 19. ans,
& Sour de Mile Marquis
d'Anſpach , qui eſt auſſi ma
rié depuis peu de temps
avec la belle Princeſſe d'Ey
fenach , dont les Nouvelles
publiques ont tant parlé . M
le Duc de Wirtemberg , âgé
d'environ trente ans , eſt allié
de la Maiſon de Baviere , &
ſe nomme Charles - Frederic .
Il fic de foregrands prépara
tifs
:
GALANT. 115
5
eſprit tout de feu comme ſon
courage , & l'un des plus vi
goureux & robuſtes Princes
d'Allemagne ; & fur tout à la
Chaſſe , où l'Epée à la main ,
& à pied , il attend & terraſſe
les plus énormes Sangliers.
Quard Straſbourg rendit ſes
ſoûmiſſions au Roy, il y vint
ſalüer Sa Majeſté, qui le re
çeut en Prince Souverain , &
luy fit préſent d'une Epée
1
116 MERCURE
tres qui en ont beaacoup plus
pour les Ames devotes . Telle
eſt celle qui s'eſt faite proche
Orleans dans l'Abbaye de
$ . Meſmin , de l'Ordre de
S. Bernard , pour la Tranſla
tion des Reliques des Saints
Martyrs Fauſte & Libérat, .
& des Saintes Illuminée &
Victoire , Vierges & Marty
res, que Meſfire Nicolas Gé
doin , Abbé Commandataire
de cette Abbaye, avoit ob
tenuës à Rome . L'Eglife el
toit ornée des plus belles Ta
piſſeries du Païs , les Corni
ches chargées de Bouquets
GALANT. 117
& de Chandeliers, & leGrand
Aurel paré de Châſſes d'é
beine, avec leur bronze doré,
de Caffoletes d'argent, de
Chandeliers en grand nom
bre, de Bouquets, de Pantes ,
avec les Rideaux relevez en
broderier, de Tapis de Tur
quie , & de pluſieurs autres
Ornemens convenables à la
Felte. Quoy que cette Egliſe
foit fort ſpacieuſe, elle ne pût
contenir que la moindre par
tie de ceux qui eſtoient ac
courus de toutes parts . La
Proceſſion en ſortir ſur les
dix heures pour aller à la Pan
118 MERCURE
roiſſe prendre les Reliques
qu'on y avoit miſes en dé
poſt. Les Paroiſſes qui dé
pendent de l'Abbaye, mar
choient les premieres avec
leurs Bannieres & leursCroix ,
& eſtoient ſuivies de la Sim.
phonic ,compoſée de Violons
avec leurs Baſſes, & de toutes
forces d'autres Inſtrumens.
Les Religieux de l'Abbaye
paroiſſoient en ſuite reveſtus
de Chapes . Le Diacre & le
Sousdiacre qui devoient fer
vir à la grande Meffe , al
loient l'un apres l'autre en
Dalmatiques, l'un portant
GALANT. 119
-
}
la Mîcre , & l'autre la Crofſe.
M l'Abbé marchoic le der
nier , ayant à ſes deux coſtez
les Prieurs des Abbayes des
Feüillans de Celles & de
S. Meſinin . M' Larcher, Ab
be Commandataire de S. Vi
120 MERCURE
Proceſſion revint dans le
meſme ordre. Deux Diacres
reveſtus de tres - riches Dal
matiques, portoient les Reli
ques, autour deſquelles les
Gens de Livrée de M " les
Abbez furent placez à droite
& à gauche avec des Flan
beaux de cire blanche , & deux
autres foútenoient un Daiz
magnifique. Lors qu’on fut
rentré dans l'Egliſe de l’Ab
baye , M “ les Abbez de S. Vi
certe & de Coulon fe place
rent ſur des Fauteuils du côté
de l'Evangile ; & les Reli
gieux & autres Eccleſiaſti
GALANT. 128
V
Í
1
ques , remplirent les Chaires
du Chour, M ' l'Abbé de
S. Melinin celebra la Meſſe;
& dans les endroits où le
3
1
3
122 MERCURE
plaiſir une occaſion ſi favo
rable de la faire encor pa
roître en chantant le Te Deum
& l'Exaudiat. M ' l'Abbé de
S. Meſmin , Beaufrere de M
de Boisfranc, eſt un Homme
d'une pieté tres-exemplaire.
Les diverſes Miſſions qu'il a
entrepriſes, & qu'il continue
toûjours d'entreprendre
au
dehors comme an dedans du
Royaume , font mieux fon
éloge que tout ce que je
pourrois vousdire à ſon avan
la con
tage. Son zele
GALANT. 123
7
©
2
France . Il l'a pouſſé juſqu'aux
Herétiques de Genéve , de
Chablais, & des Montagnes
des Suiſſes , qui ont reſſenty
1
)
2
7
ai
Lij
124 MERCURE
reule occaſion de la Naiſſan
ce du nouveau Prince , à ce
que
IA
GALANT. 125
1
1
14
ܪܵVio
qui ne ſe trouve que dans
quatre Familles du Royau
me . " Le 30 .. d'Aouſt, M le
Marquis de Poyanne , ſuivy
de toutes les Comgagnies de
la Ville , affiſta au Te Deum
qui fut chanté ſolemnelle
ment dans l'Egliſe Cathé
drale, Le ſoir, les Habitants
ſous les armes , ayant à leur
tefte M de Saint Pée , Lieute
nant de Roy de la Place, al
lerent prendre au Chaſteau
M'le Gouverneur ; & en ſui
te marcherent vers le lieu ou
l'on avoit préparé le Feu qui
fur allumé au bruit des Tam
ES
US
30
2U
31
L iij
126 MERCURE
bours, des Trompetes , & de
toute l'Artillerie . Pédant tou
te la nuit , la Ville fut auffi é
clairée qu'en plein jour. M'le
Marquis de Poyanne fitmet
tre des Feux ſuc cous les Cré
neaux du Chaſteau , qui pa
roiſfoit couronné de Lumie .
res ; & toutes les Feneſtres
qui regardent la Riviere ,
avoientdes Illuminations qui
faiſoient un fort bel effet. Sur
la Porte de l'Hoſtel de Ville ,
il y eut un Emblêmė aſſez
ingénieux & aſſez particu
lier. C'eſtoit un Tableau où
l'on voyoit tous les Dieux
GALANT. 127
allis dans leurs Trônes , à la
reſerve de Mars , qui paroif
ſoit en avoir efté chaſſé
s
L iiij
128 MERCURE
و
France , & qui eſt pourtane
un des plus anciens qui s'y
pratiquent , ſe fait en cette
maniere . On a bấty fur les
bords de l'Adour , qui baigne
les Murailles d'Aqs , une eſ
pece de Tour de bois à deux
étages , qu'on appelle le Châ
telet. Sur l'étage le plus éle .
vé , il y a deux Hommes ar
mez d'une Cuirafle , d'un Caf
que , & d'une Rondache de
Fer, qui ſont comme les Te.
nans du Combat . Sur la Ri
viere . il y a ſept Hommes.
dans un Bateau , revétus de
Camiſoles blanches , ayans
1
GALANT. 129
ron mille
des Bonnets à leurs teftes.
tout chargez de Rubans
bleus, & leurs bras noüez
avec des Rubans de meſme
couleur. Ils partent d'envi
5
2을
130 MERCURE
Ennemis des Boules de ter
re cuite . Il eſt aſſez plailane
d'entendre le bruit des Cru
ches qui tombent ſur les Pa
vois, & des Boulets qui don.
nent contre les Caſques & les
Cuiraſſes ; & de voir quel
quefois ces melmes Boulers
caffer de la Potrerie dans les
airs . Cependant les Com
batans font animez par les
Inſtrumens qui jouent ſur le
bord de la Riviere , & par la
veuë des Spéctateurs , qui
rempliſſent d'ordinaire plus
de deux cens Bateaux , qui
font une eſpece de petite
GALANT . 131
.
S
Armée Navale . S'il y a quel .
ques Bleflez , les playes ne
ſont jamais dangereuſes; &
apres le Combat, qui dure
prés d'une heure , les Enne
Ś
3
.
122 MERCURE
avoit miſe dans d'autres Ba
teaux . Jamais il n'y eut plus
de Spectateurs que ce jour
là ; jamais plus de vigueur
dans les combatans ; jamais
un plus agreable - mêlange
d'Inſtrumens & de Voix. Ce
Jeu fur ſuivy d'un magnifi
que Repas que M ' le Gou
verneur donna aux Dames,
qui furent ſervies à table ,
chacune par un Gentilhom
me ; apres quoy on conimen
ça le Bal , qui dura juſqu'au
jour. Parmiy tant de Dames,
& bien faites & fort parées,
qui y attiroient les regards de
GALANT. 133
5
د
&
5
tout le monde , Mademoiſel
le de Poyanne , Sæur de M
le Gouverneur , ſe diſtingua,
3
134 MERCURE .
des Cloches & des Tam
bours , qui de concert avec
les Canons & les Boëtes , for
merent une harmonie que
l'on entédit de loin . La Bour
geoiſie lous les armes com
poſa une Milice nombreufe
tres- bien ordonnée , & des
plus leſtes . Leurs décharges
continuelles ne contribue
rent pas peu au plaiſir qu'on
eur d'un Feu d'artifice qui fuc
auſſi bien executé qu'il eſtoit
entendu . On l'avoit orné
d'inſcriptions,parmy leſquel
les eſtoient ces quatre Devi.
les.
1
GALANT . 135
3
Un Dauphin naiſſant,
. fam ludit in igne natusaquis.
136 MERCURE
.
tant d'artifice, que la Croix ,
Etendarc de leurCompagnie,
y brilloit comme un Oriflâ
me . Les Fontaines jetterent
du Vin par ordre des Magif
trats . Il y eut des Combats
fur la Riviere , où des Naya
des firent un ſpectacle tres
divertiſſant. Des Tritons y
diſputerent le Prix
GALANT. 137
receu ſur le fujet de la Haye
d'Epines que je propoſay il
y a quelques mois dans une
de mes Lettres. Je n'ay pů
vous l'envoyer plucoſt ,à cauſe
d'un grand nombre d'Arti
cles auſquels il m'a falu don
ner place .
coups .
Novembre 1682. M
1
VOUS
tons ,
138 MERCURE
SS
Et vous , d'un Fer tranchant vous y
vojtre Challen
GALANT . 139
Et laif zamon Maiſtre une petite
Guérets .
Qoy que rien ne paroiſſe
plus ſtérile
S:
1
Mij
140 MERCURE
Septembre ,dontla plus gran
de partie du Peuple de Dant
zic fùc témoin . On le vir
avec plaiſir, parce qu'il n'eſ
soit qu'entre deux Poiſſons.
J'en ay receu une Lettre ,
avec la figure d'un des Com
batans, que j'ay fait graver ..
Vous la pouvez voir dans la
Planche que je vous en en
voye . Je croy que vous n'a
vez jamais oüy parler d'un
pareil Poiſſon. Il le batit fört
longtemps contre un autre
de fon cſpece ; & ils ſe ſervi
rent tous deux pour cela des
Epées que laNacure leur avoit
141
t lon
buvez
ire; &
Pois
ins la
celle
' il ne
e l'un
temps
lée à
tion ,
cit un
i cette
v l'on
liza
beth Rifina ,
140 M
Septemb
de partie
zic fùc 1
avec plai :
soit qu'ei
J'en ay
avec la fiş
batans , i
Vous la
rer
Nature leur avoit
GALANT. 141
1
fournies. Elles ſont fort lon
gues , comme vous pouvez
remarquer dans la Figure; &
je doute qu'il y ait desPoiſ
fons mieux armez dans la
Mer. Ils s'opiniâtrerent celle
ment au combat, qu'il ne
ceſla que par la mort de l'un
d'eux .
quoy l'on
142 MERCURE
Pierre - Antoine Conſiglio ,
Habitant de la Ville de Bi
ſeiglia dans la Poüille, allant
ſouvent laver des Draps dans
une Riviere abondante en
Poiſſons Marins & écaillez,
les regardoit toûjours avec
grande attention ; & lors
qu'elle avoit quitté le bord
de cette Riviere , elle révoit
aux Poiſſons, & s'imaginoit
toûjours les voir , de forte
qu’eſtant devenue groſſe
dans ce temps - là, elle accou
cha d'un Enfant qui nâquit
le crane écaillé ,& dont le cer
veau n'eut point d'imaginati,
.
GALANT. 143
.
1
7
1
Z
ve.CetEnfant a le viſage aſſez
beau , & les cheveux blonds .
La couleur de ſon
me une
144 MERCURE
1
à s'aller jecter dans la Mer ,
ce qu'il auroit déja fait ſi l'on
n'avoit ſoin de le retenir. On
en a toûjours pris beaucoup à
le cacher , ' & il n'a eſté de
couvert que cette année .
quatre
GALANT. 145
1
3
quatre pieds avec leurs
doigts, & tout ce qui peut
rendre deux Hommes par
faits , ſans qu'il y manque au
cune choſe . Les deux bras de
chaque coſté eſtoient ſcitucz
naturellement, & les viſages
bien fairs , avec les parties
des deux teftes. M' de Pey
rot, fameux Chirurgien , qui
en a fait l'ouuerture , n'y
trouva qu'une poitrine, avec
un mamelon de chaque cô
té, comme on l'a ordinaire :
ment , mais pourtant deux
épines de dos. Ayant viſité
les parties contenuës dans la
Novembre 1682. N
146 MERCURE
capacité du Thorax, il connut
qu'il n'y avoit qu'un mediaſ
tin, qu'un pericarde, & qu'un
ſeul cour , qui avoit à chaque
côté un petit lobe de poulmó .
La figure de ce cæur n'eſtoit
point du tout naturelle,eſtant
tout- à -fait applaty comme
un rein , & n'ayant point la
forme ronde & piramidale.
GALANT. 147
i
.
ſeptum medium , pour la divi-,
iſion des deux ventricules. Il
)
Nij
148 MERCURE
velie auſſi de chaque cofté,
- & ce qui eſt ſurprenant un
ſeul foye de figure longue,
& un peu quarrée. C'eſtoit
une maſſe d'aſſez belle cou
leur, ſans eftre diviſée en au
cun lobe , ſituée tranſverſale
ment cntre les deux eſto
machs . Les deux cerveaux
eſtoicnt fort naturels, avec
leurs ventricules , & les autres
parties de deux teftes. A pres
que l'on eut examiné les par
ties qui compofoient ce Pro
dige, on entra dans le doute
s'il y avoit plus d'une ame
dans ce corps, & fi ayant re
GALANT. 149
201
st
ľ
s
marqué la vie à un pied de
cec Enfant, ſans pourtant l'a
voir reconnue aux autres , le
tout pour lors eſtoit vivant,
puis qu'il n'y avoit qu'un
nombril par lequel il rece
voit ſa nourriture, un ſeul dia
phragme , un ſeulfoye , & un
ſeul cæur, qui ſont au moins
dans le ſentiment des An
ciens , le principe du ſang &
de la vie ; autrement on pour
roit dire qu'un corps pour
roit vivre ſans ces parties,
qui ne s'eſt jamais vû , la plû
part eſtant des parties no
bles, & fi neceſſaires à la vie ,
3
E1
-.
7.
C
-
N iij
150 MERCURE
4 .
que leurs fonctions venant
GALANT. 151
1
.
& une autre de trois Enfans.
Deux moururent quelques
heures apreš , & le troiſiéme
eſt encore en vie.La Mere de
cet Enfant eſt dans un aufli
bon état qu'elle a elté dans
trois diverſes couches d'En
fans malles, qui ſont en bon
ne ſanté , & dans leſquels on
voit la plậpart des traits ſem
blables aux deux viſages de
celuy dont je vous viens de
faire la deſcription . M “ de
Pelaprat & Caille, Docteurs
en Medecine , qui ont eſté
préſens à l'ouverture de cet
Enfant faite par M ' Peyrot,
1
Niij
152 MERCURE
ont ſigné cette Relation .
L'Enfant ſe voit à Paris .
GALANT. 153
5
1
noiſſent le mérite de la Mai
ſon des Urſins, & l'attache.
ment que les Princes qui en
fontont depuis pluſieurs fie
cles pour cette Couronne ,
dont ils ont dóné des preuves
en une infinité de rencon
tres , particulierement dans
les Guerres , que la Maiſon
d'Anjou , les RoisLouis XII .
& Charles VIII . ont euës au
Royaume de Naples , dont
les ſuccés peu favorables ont
coûté à cette illuſtre Mais
ſon beaucoup de ſang , &
la perte de tant d'Etats,
qu'ils compoſent preſque
154 MERCURE
le tiers du Royaume de Na
ples .
GALANT. 155
ſon Lanty ſous ſa protection.
ASSES:SEZSS S23223
LES ARBRES
156 MERCURE
Grand Dieu , les Humains ſont
GALANT. 157
Parmy nous le Tonnerre cſt bien
158 MER CURE
le Cas ,
Ils vinrent tous,o l'Allemblée
F # i aufitoſt dans lesformes reglée
dent ?
Il fut donc réſolu , pour terminer
GALANT. 159
Qu'aucun Mortel luy portaft pré
de les jouses,
N'en feroit pas ſes plus cheres a
mours .
Leſçavant Apollon menaça d'igno
rance
. Celuy qui n'auroit pas un reſpect tout
entier
160 MERCURE
Dont il dit qu'il vouloit veiller à la
la veuë,
Dit le fameux Hercule ; & fi quel
que Mortel
Oſe eſtre à ſon égard tant ſoit
GALANT. 161
1
Mais , ma Fille , eſt.ce - là ce qui
162 MERCURE
Chacun ſoutient qu'on doit meſler le
L'accablement des ma
tieres ne me permit point le
mois paſſé de vous parler de
la mort de Meſfire Gabriel
de Voyer de Paulmy, Evel
que & Seigneur de Rhodez ,
GALANT. 162
arrivée dans ſon Palais Epif
copal l'onziéme d’octobre.
Il eſtoit âgé de ſoixante &
treize ans , & conſidérable
par ſon mérite & par la nail,
fance . Au ſortir de les Etudes
de Theologie, il pafla fes pre
mieres années aupres de feu
M' le Cardinal de Richelieu ,
par
O ij
164 MERCURE
qu'il eut l'honneur de pref
cher diverſes fois en préſence
de la Reyne Mere du Roy,
& s'en acquita tres - digne
ment ; ce qu'il fit aufli avec
beaucoup de ſuccés dans les
premieres Chaires de Paris ,
où il donna lieu d'admirer
fon éloquence. Sa Majeſté
le gratifia en ſuite de l'Évef
che de Rhodez . Il y a fait
une réſidence fi exacte , &
folltenu avec tant de gloire
les foin's aſlidus d'un bon
Paſteur, parmy les Viſites
des Montagnes, & des Lieux
difficiles qui ſe rencontrent
GALANT. 165
dans tout ce grand Dioceſe,
qu'on peut dire qu'il a con
ſumé ſa vie dans les devoirs
de la Charge , & en ſervant
l'Etat dans la Profeſſion
166 MERCURE
ques , & tres - fidelles & invio.
lables Serviteurs de leurs Sou
verains . Nos Hiſtoriens en
parlent en divers endroits ;
& dans tout ce qu'ils en di
ſent, on n'en voit aucun qui
air eſté engagé dans des Par
tys contraires à ſes devoirs.
Ils ſont d'une Nobleſſe ſi
ancienne , qu'on n'en ſçau
roit découvrir le commence
ment . L'Hiſtoire leur donne
le titre de Chevaliers il y a
pres de huit cens ans , ſous
Charles I 1. ſurnommé le
Chauve. Ce Prince ayant
attiré pluſicurs Etrangers à
GALANT. 167
M
ſon ſervice, Bazile de Voyer,
Chevalier Grec , eut l'avan .
tage de ſe ſignaler par fes
Exploits , & celuy de poffe
der les bonnes graces de
Charles , qui pour récom
penſe de les ſervices , lyy
donna une Contrée dans la
Touraine , où il fit baſtir fon
Chaſteau de Paulmy . Belle
foreſt dans ſon Hiſtoire fous
Charles le Chauve , & dans
fa Coſmographie , remarque
que ' ce Chaſteau fur ainſi
nommé, à cauſe des Palmes
& des Victoires de Bazile . Il
eur deux Enfans, Conrard,
$
168 MERCURE
à leur nom ,
& Othon de Voyer , dignos
Succeſſeurs de ſes vertus ;
mais comme je ſerois trop
long, ſi je m'écendois icy ſur
leurs actions, & ſur celles de
quantité de leurs Deſcen
dans, qui ont donné du luſtre
par eux-met
qu'il
GALANT. 169
qu'il n'abandonna dans au
cune occaſion , quelque pé
rilleule qu'il la viſt. Ilſe trou
va à la Bataille de Pavie , où
deux de ſes Freres furent cuez.
Apres le malheur qui arriva
à la France, il aſſiſta au Traité
de Madrid , & avant cela , il
eur l'honneur de travailler
plufieurs fois pour la liberté
du Roy. Il ne rendit
170 MERCURE
dans des temps tres-difficiles,
& déja réduit à une extréinc
vieilleſſe. L'amour des Scien
ces, & les belles connoiffan .
ces qu'il joignoit à ſes gran
des qualitez, luy acquirent
pendant qu'il vivoit l'amitié
des beaux Eſprits & des Gens
de Lettres. Ainſi on ne doit
pas s'étonner ſi apres ſa mort,
pluſieursà l'enyy voulurent
éterniſer ſa mémoire par leurs
Ouvrages, & par pluſieurs
Epitaphes dont les Livres de
ce temps - là ſont remplis. En
voicy une qui contient toute
fa vie en deux Vers Latins.
GALANT 176
C'eſt ſi peu de choſe , que vos
Amics voudront bien leur
faire grace.
Dux, Legatas, Eques fidit,for
Pij
172 MERCURE
levée du Siege de Cazal par
les Eſpagnols ; & depuis
René de Voyer, Comte d'Ar
genſon, apres pluſıcurs Em
plois & Negotiations conſi .
dérables en Allemagne, Ita
lie , & Catalogne , finit glo
rieuſement ſa vie dans l'Am
baſſade de Veniſe ; & dans
ces derniers jours , Armand
de Voyer, Marquis de Paula
my ; & Jofeph de Voyer ,
Comte de Dorcé, ſon couſin
germain , & Fils de Madame
la Comteſſe de Dorcé , dont
le mérite eſt connu à la Cour,
furent tuez à la Bataille de
GALANT. 173
1
Senef , le premier eſtane
Meſtre de Camp d'un Regi
ment de Cavalerie ; & le le
cond , qui eſtoit fort jeune,
pourveu d'une Enſeigne au
Regiment des Gardes.
P iij
r4 MERCURE
1
jours eu une paſſion fi forte
pour ce qui regarde la Cava .
ſerie , & en melme temps un
foin fi patriculier de l'édua
cation des Gentilshommes
qu'on luy donne à élever
dans ſon Académie, qu'ayant
appris qu'il y avoit des Che
vaux.extraordinairemét bons
& bien faits dans les Antilles ,
il a fait partir exprés depuis
quelques jours M * de Pain
& du Cornet ſes Parens , &
Ecuyers de Sa Majeſté, pour
aller dans les Illes de Bon
naire , Córroſfole, & Roubbe,
d'où ils en doivent amener
GALANT. 175
en France un nombre confi
dérable . On dit que les Che
vaux de ces Mes font d'une
admirable beauté, que la vî
teſſe en ett ſurprenante , &
qu'ils ont des agrémens qui
paſſent tout ce qu'on peut
s'en imaginer . Comme M "
de Pain & du Cornet ont tra
vaillé fort longtemps ſous M
Coulon , on a ſujetd'eſpérer
unheureux ſuccés de cette En
trepriſe, puis qu’om demeure
d'accord qu'il eſt l'un des
Hommes du monde qui a le
plus d'expérience, & qui ſe
connaît le mieux à rout ce
P iijj
176 MERCURE
qui eſt du fait de la Cavalerie.
Il
GALANT. 177
für tout les Fortificacions, qui
en font une des parties les
plus utiles pour ceux qui ſont
nez pour le Meſtier de la
Guerre , les Evolutions Mili
taires , l'Exercice du Moul
quer, de la Pique , & du Dra
peau, l'Hiſtoire, la Géogra
phie , & la Politique . Il n'y a
pas bien longtemps qu'on
voyoit dans l'Académie de
M Coulon cinq Princes Sou .
verains , deux Fils naturels de
Roy , fix ou ſept Fils de Ducs
& Pairs ; & maintenant elle
eft remplie d'une Nobliſle
fort nombreuſe & fort illuf
178 MERCURE
tre , tant de ce Royaume que
des Pais Etrangers .
GALANT. 179
Meſſieurs leurs Enfans , des
Princes & Princeſſes , des
Dames , & des Gentilshoin
mes de leur Cour, des Minif
tres Etrangers , & de tout ce
qu'il y avoir de Perſonnes
conſidérables dans la Ville,
fe rendirent dans la Maiſon
deſtinée à les recevoir , avec
un concours incroyable de
Gens de qualité de l'un & de
l'autre Sexe , non ſeulement
de la Province , mais aufli des
environs . Au
180 MERCURE
de verdure, qui ſoâtenoicnt
pluſieurs Pots deFleurs. Para
myces ornemens, de chaque
colté du Frontiſpice, il y avoid
unc Fontaine de relief dreſſée
dans une Grote , d'où huic
Dauphins jetterent au Peu
ple pendant tout le jour une
tres - grande abondance de
Vin . Les Feneſtres eſtoient
entourées de Feſtons remplis
de Fleurs & de Fruits , & tous
les eſpaces d'une Feneſtre à
une autre eſtoient ornez de
Tableaux ovales, remarqua
bles par quantité de Deviſes,
qui convenoient au ſujet , le
GALANT. 181
tout avec la meſme Bordure,
& la meſme régularité. Sur
la Corniche de la Porte eſtoit
appuyé un grand Tableau
qui repréſentoit le Triomphe
des Argonautes , apres la
Conqueſte de la Toiſon d'or.
Au deſſus eſtoit attaché lo
Collier de l'Ordre ,qui ren
fermoit les Armes de France
& de Navarre, couvertes d'u
ne grande Couronne en re .
lief, au haut de laquelle on
voyoit un Soleil avec la De
viſe de Sa Majeſté. La Com
pagnie eſtant entrée ſur le
midy , on ſervir cinq Tables
182 MER CURE
de trente. Couverts chacune.'
La premiere fut remplie de
Leurs Alteſſes Electorales,
des Princes & Princeſſes, des
Miniſtres Etrangers, & des
Officiers Genéraux. Les au
tres le furent des Dames de
la Cour & de la Ville , des
Officiers , & de ce qui s'y
Trouva de plus conſidérable.
Ce fut une magnificence
achevée , ſoit pour l'abon
dance des Mets , foit pour la
délicaceſſe. Pendant ce Re
pas , un grand nombre de
Hautbois , de Violons , & de
Flûtes douces, formerent un
GALANT. 183
agreable Concert , qui fut
tres- fouvent interrompu par
le bruit des Trompetes , des
Timbales , & d'une infinité
de
184 MERCURE
on apporta du Sorbet , & des
Liqueurs de toutes les fortes.
Le jour commençoit à peine
à finir ,qu'il en parut un nou
veau , formé d'une Illumina
tion qui ſe fic dans toute la
Ruë . Des Luſtres chargez
de Bougies fortoient des Fe.
neltres . Toutes les Pyrami
des , les Colomnes , les Fon
caines , & la Façade entiere ,
parurent en feu par plus de
fix mille Lampes qu'on y
avoit attachées : Quantité de
Fleurs de Lys, de Dauphins,
de Pyramides , & autres Fi
gures illuminées , bordoient
GALANT. 185
les Fenettres. Les Corniches
eſtoient couvertes de Feux,
& enfin des deux coſtez de
la Ruë on ne voyoit rien qui
ne brillaſt de Lumieres. Ce
pendant on ſervit le meſme
nombre de Tables au Soupé,
qui ne ceda en rien à la pro
preté & à la magnificence du
premier Repas. On com
mença en fuite le Bal , qui
dura bien avant dans la nuit,
& chacun ſe ſépara fort con
tent. Le lendemain on fut
occupé à ſe maſquer, dans le
deſſein qu'on prit de faire un
Wirtschaff. Le ſoir venu, tous
Novembre 1682.
186 MERCURE
eux qui y devoiene faire
quelque Perſonnage , s'af
femblerent chez M'le Prince
& Madame la Princeſſe Ele
étorale qui avoient bien vou
lu en eſtre , & qui précedez
des Hautbois & des Violons,
pafferent dans l'Apartement
de Madame l’Elečtrice, où :
Monſieur l'Electeur ſe trou
va , apres avoir paru devant
eux dans une grande Salle
bien éclairée , où l'on pou
voit remarquer la richeſſe &
la galanterie des Habits.
Toute la Maſcarade fe ' ren
dit au meſme Lieu où elle
GALANT. 187
و
s'eſtoit trouvée le jour pré
çedent , accompagnée de
quantité de Flambeaux , &
éclairée d'une Illumination
encor plus grande qu'on ne
l'avoit déja faite. Quelque
temps apres qu'elle fut en
trée dans un Apartement
tout éclatant de Lumieres ,
on la pria de vouloir paſſer
dans une grande Salle , où
eſtoit une Table en demy
cercle de quatre -vingts Cou
verts . Elle n'eſtoit que pour
les Perſonnes maſquées. En
meſme temps d'autres. Tam
bles furent ſervies pour ceux
Qii
188 MERCURE
1 qui n'eſtoient point du Wirts :
chaff. La profuſion & le
choix des Viandes , tour fut
admirable. Mille nouveaux
ſujets de plaiſirs qui furent
ſuivis du Bal , ayant terminé.
la Feſte, la Compagnie fe re
tira , en témoignant qu'elle
eſtoit fort ſatisfaire du defir
que ſon Hofte avoit eu de .
luy plaire , & des ſoins qu'il
avoit pris pour y réüſlir.
GALANT: 189
de Léon, qui a l'oppoſite à la
Bource des Marchands ſur
le Quay de Tréguier , ſeparé
par la Riviere , & au bout
dans une petite Ille qui eſt
au Midy , l'aſpect & 'le Fron
tiſpice de l'Hoſtel de Ville ,
remarquable tant pour ſon
agreable ſituation , qui le fait
arrofer de deux Rivieres nom
mées Larleau , & Quevaler,
que pour la riche ſtructure.
Au milieu d'un grand Thea
tre de ſix pieds de haut, & de
quinze pieds'en quarré, ef
toit une Tour, ayant dix pieds
en quarré, & dix de hauteur.
190 MERCURE
Il y avoit un Platfond fur
cette Tour , & aux quatre
coins de ce Platfond, quatre
autres Tours de quatre pieds
de hauteur & de largeur. El
les eſtoient ornées de Cré
neaux , entre leſquels il y
avoit des Murailles d'une al
fez juſte hauteur, & au mi
lieu de tout un Piedeſtal, fur
lequel eſtoit poſée une Py
ramide, large'de ſept pieds en
quarré , & haute de fept &
demy. Le haut avoit un pied
de diametre , & ſur la pointe
de la Pyramide eſtoit un
Globe marbré , de plus de
GALANT. 196
treize pieds de circonférence:
Au deſſus il y avoir une Gi
randole, ou Rouë à feu, fize
à plat, fur laquelle cftoit po
fée une Lance à feu de la
groſſeur de la jambe, de plus
de deux pieds de haut , avec
un Sauciſſon au haur, accom
pagné de quatre autres Lan
ces à feu plus petites, qui for
moient une eſpece de Vaze
brûlant. Tout ce Bâtiment;
depuis le bas juſqu'au haut,
eſtoit faic en forme de Mu
railles de brique , les quatre
Tours & les Cartieres toutes
garnies par dedans de Fuſées
192 MERCURE
volantes de diferentes groſ
ſeurs, & des plus belles qu'on
ait jamais tirées en Province.
Au baur de la Pyramide, aux
quatre coins , eſtoient quatre
Figures qui repréſentoient
les Quatre Vents. Une groſſe
Lance à feu ſortoit de la bou
che de chacun . La premiere
Face regardant l'Hoſtel de
Ville ; eſtoit ornée d'une
grande Rouë à feu , repré
lentant un Soleil, avec ces
mots tout autour, Oriente Sole
Gallus cantat. La Face oppo .
fée avoir ſur une autre Rouë
à feu, une Lune qui s'éclip
foic
GALANT. 193
foit à la veue du Soleil . Aux
deux autres Faces eſtoient
l'Etoile du Nort, & une Coa
mere. Au dehors des Tours
& des Murailles , il y avoir un
bout de Platfond d'un pied
& demy, qui faiſoit comme
un pecit Dehors , gårny de
demy- pied en demy - pied,
de Lanternes ornées deFleurs
de Lys , & de Bandes rouges ,
bleues , & blanches. Elles fu
rent allumées bien løgtemps
avant le Feu , & ſervirent à en
faire voir la ſtructure, Quatre
grands Ecuſſons , garnis de
Feſtons & de Lauriers , ou
Novembre 1682. R
194 MERCURE
l'on , voyoit les Armes du
Roy , eſtoicnt au dehors de
la Tour ; & au bas, il y avoit
des Cartouches couronnez
de Fleurs & de Fruits de tou
tes ſortes. Une Compagnic
de Mouſquetaires fit les dé
charges pendant le Feu , qui
fut allumé au bruit des Tam
bours , des Violons, & des
Trompetes Marines. Jugez,
Madame , quelles furent les
Réjouiſſances de coute la
Ville, puis que ce que je
yous dis n'eſt que la dépenſe
d'un Particulier, qui termina
ce Régale en faiſant lancer
GALANT . 195
une cinquantaine de Fuſées
de plus de deux livres cha
cunc. L'effet en fur merveil
Jeux ; & les Pailans qui les
virene- du -cofté des Monta
gires, ſe perſuadant que c'el
coient des Cometes quitom
boient, en firene des Pronoſ
tics à la mode de leur Vil ;
lage .
Rij
196 MERCURE
Place publique ; & toute la
Nobleſſe du Païs s'estano
renduë aupres de M ' de Fon
tenay , Gouverneur de cette
Place, il la traïra magnifique
ment. Le ſoir, la melme No
bleſſe l'ayant accompagné
fur le principal Baſtion de la
Ville, qui eſt celuy de Mati
gnon, on y alluma un grand
Feu au bruit du Canon , des
Trompetes , Tambours , &
* Hautbois. Ce Feu fut ſuivy ,
de deux ſuperbes Collations,
*Pune pourles Dames, & l'au
tre pour la Nobleſſe, les Of.
ficiers, & les plus conſidéras
GALANT. 197
bles Bourgeois , qui bûrent
la Santé du Roy & de la
Maiſon Royale , aux déchar
ges du Canon , & des accla
nations generales . Les Ha
bitans paſſerent la nuit à vi
fiter tous les Feux avec un
Concert de Violons , de Haut
bois, & d'autres Inſtrumens,
qui firent faire des Dances
par tout
Vous m'avez ſouvent de
mandé des nouvelles des
Ambaſſadeurs que le Roy
de Siam envoye en France.
Je croy vous avoir déja mar
que dans quelqu'une de mes
Riij
198 MERCURE
Lettres , qu'ils s'eftoient en
barquez å Bantam le fixié
me de Seprembre de l'année
derniere , dans le Navire du
Soleil d'Orient , qui appar
tient à la Compagnie Roya
les des François. Ce Navire
eſtoit attendu au Port Louis ,
où il devoit arriver ; & com
me on n'en avoit eu aucunes
nouvelles depuis ce temps
là, il y avoit lieu de crain
dre qu'il n'euſt fait naufrage,
n'y ayant que pour ſix -mois
de route , de ce lieu- là juf
ques à celuy que je viens de
vous nommer . En effet plu
>
GALANT. 199
Geurs autres Baſtimens par-.
tis de la meſmeCoſte des In
des plus de ſix mois apres le
Soleil d'Orient, ſont tous ar
rivez heureuſement en Eu
rope. Ainſi on eſtoit fort en
peine de ce qu'il pouvoir
cítre devenu , à cauſe des
Ambaſſadeurs de Siam , &
du Vaiſſeau meſme, qui eſt
beau , grand & tres- riche
ment chargé; mais enfin le
Capitaine Gomet a mis les
Intéreſſcz hors d'inquietude.
Ce Capitaine qui eſt rentré
au Port Louis le premier jour
de ce mois , rovenant des
R inj
200 MERCURE
Illes Açores , a dit qu'eſtant
à la Rade du Fayal, l'une de
ces Illes , le trentiémeSeptem
bre dernier , un Anglois de
fes Amis y eſtoit arrivé lors
qu'il eſtoit preſt de mettre à
la voile ;. Que cec Anglois
avoit rapporté qu'eſtant à
Fernambouc au Bréſil, d'où
il eſtoit party le 28. Aouſt. Il
y eſtoit entré le precedent un
Navire Hollandois , qui ve
noit du Cap de Bonne Eſpé
rance ; & que le Capitaine
de ce Navire , qui en avoit
fait voile ſur la fin de Juiller ,
diſoit y avoir- laiſſé un grand
GALANT. 201
Navire François appellé "le
Soleil d'Orient , qui y eſtoic
de relâche , avec ſix autres
Navires Hollandois , qui
comme luy revenoient des
Indes . Cette Nouvelle a paru .
d'abord mal inventée, n'y
ayant al cun aparenc qu'un
Hollandois , que l'on en fai."
foit le premier Autiseur, cuft
oſé partir ſeul du Cap 'de
Bonne Eſpérance , dans la
plus fâcheuſe faiſon de toute
l'année , ſans ,attendre la
Compagnie d'un Eſcadre de
ſa Nation , qui eſtoit en rou.
te comme luy pour revenir
#
202 MERCURE
y eut
en Europe ; car de prétendre
qu'il fuſt volontairement ve
nu au Bréſil, c'eſt ce qu'on
n'avoit aucun lieu de croire ,
puis qu'on ſçait qu'il
jamais de commerce à faire
du Cap de Bonne Eſpérance
au Bréſil , & bien moins'en
cor pour les Hollandois , que
pour aucune autre Nation .
Les Hollandois n'y peuvent
eſtre receus qu'avec de tres
grandes précautions. Onen
voye des Gardes à leur Bord ,
& on ne leur permet la deſ
cente à terre que pour trois
Perſonnes au plus de cha
GALANT. 203
}
que Navire , depuis que les -
Portugais qui ſe ſont rendus
maiſtres du Bréſil ſurles Hol..
landois, ont connu que ces
derniers ſeroient fort ailes
de trouver l'occaſion de le
reprendre. Ainſi l'on avoit
peine à juſtifier l'endroit de
cette nouvelle . Cependant
apres tant de circonſtances
rapportées par le Capitaine
Gomet arrivé au Port Louis,
il y avoit apparence que ny
lúy, ny l'Anglois
204 MERCURE
pas ſongé à l'inventer. Dans
cet embarras, quelques Per
ſonnes entenduës en ces rou
tes , ſe ſont appliquées à exa
miner exactement, de quel
le maniere on pourroit jufti
fier la Nouvelle . Voicy leur
raiſonnement . Le Soleil d'O .
rient partit de Bantam le 6.
de Septenibre 1681.fix ſemai
nes plůcoſt qu'il ne falloit,
pour doubler le Cap de Bon
ne Eſpérance. Son deſſein
eſtoit de s'arreſter à l'ille
Bourbon ou Maſcarcigne , au
moins pendant un grand
mois ; & ayantmanquécette
5
GALANT. 205
trop toſt
Inle , comme il arrive ſou
vent à la Mer , il s'eſt trouvé
*
206 MERCURE
qui leur ſont venus des In
des , & encore auſſi pour
GALANT. 207
celle de Hollande . Le Na.
vire dépeſché du Cap par les
Hollandois , ſera venu au
Bréſil malgré luy, ou par gros
temps , ou pour éviter des
Courans, qui dans cette fai
ſon - là entraînent à la Corte
d'Afrique. De cette façon la
Nouvelle eſt vraye , & on
peur
208 MERCURE
lors qu'il
plaire d'autant plus que vous
aimez fort qu'un grand Sci
gneur réponde par un vray
mérite aux avantages de la
naiſſance ; &
GALANT . 209
gnité que je vous marque. Il
n'avoit point encor eſté en
cette Province. Je ne vous
diray rien de ce qui s'eſt
paffé dansſon Voyage , de
puis Paris juſques en Lan
guedoc. Il fit ce chemin
avec beaucoup de diligence ,
pour ſatisfaire plus prompte
ment aux ordres du Roy . Il
dîna le 14. Octobre à Bourg
chez M ' l'Evefque de Vi
viers , Doyen des Eveſques
de Languedoc . H fue noms
mé à cet Eveſché pendant la
Régence de Marie de Médi
çis. Ce Prélat eſt magnifi
Novembre 1632 S
210 MERCURE
A
que, & fait fort bien les hon
neurs de la Maiſon De
· Bourg , M de Noailles alla
au Pone Saint - Eprit . C'eſt
l'entrée du Languedoc : Il
fut receu au delà du Pont
avec le Daiz , & harangué
par les Conſuls, qui luy pré
ſenterent les Clefs de la Vit
le . Il ſe rendit en ſuite à l'E
gliſe , où apres que le Curé
l'euc complimenté, on chan
tá le Te Deum . Dés qu'il fut '
Con
Dirol dans la Mai
GALANT. 211
quelques Villes de Langue
doc, & de quelques Compa
gnies, & partit en ſuite pour
aller coucher à Bagnols ,qui
appartient à M' le Prince de
Conty . On l'y reçeur avec
les mêmes ceremonies qu'on
avoir fait au lieu qu'il venoic
de quitter. Le 15
Sij
212 MERCURE
bourg , juſqu'à l'Eveſché où il .
logca. Pluſieurs Compagnies
avoient des Habits neufs d'é
carlate ,avec de la Dentelle or
& argent . M* de Noailles
GALANT. 213
le régala magnifiquement.
La Chambre eſtoit ſi remplie
du beau Monde de la Ville ,
qu'il eſtoit preſque impoſſi
ble de ſervir .. Le Fruit fur dif
tribué aux Dames .
و
214 MERCURE
du Canon de la Citadelle .
Les Conſuls luy préſenterent
le Daïz à la Porce , & le con
duiſirent dans l'Eglise Ca
thédrale , où M ' l'Evefque
de Montpelier le harangua,
On chanta les Prieres ordi
naires . Ce Duc fe rendit en
fuite dans une Maiſon tres
belle & tres - commode , qui
ſert deLogement au Gouver
neur , & qui appartient à M"
Nefplans, l'un des Préſidens
de la Chambre des Comptes.
Ily receut un grandnombre
de Harangues, que la Com
pagnie prit grand plaiſir à
GALANT. 215
.
entendre. La Faculté le ha
rangua en Latin ſelon la coû
tume . Le nom & les vertus
des Anceſtres de ' M'de
Noailles y furent forcélevées,
& particulierement de M '
d'Aqs. Je vous en ay parlé
plus au long dans une de
mes Lettres . Les Députez de
toutes les Villes de la Provin
ce qui n'avoient pas eſté au :
delà de Montpellier, s'y ren
dirent , de maniere que les
Harangues durerent deux ou
trois jours . Tous ceux qui .
porterent- la parole, curent
l'avantage de voir leurs Dil
.
216 MERCURE .
cours ſuivis de grands applau .
diſſemens. M de Noailles
ſoupa le premier jour chez
M " le Marquis de Caſtries,
qui le traica avec beaucoup
de magnificence , & de déli
carefle . Il dîna le lendemain
chez M ' Bon , Premier Pré
fident de la Chambre des
Compres & Courdes Aydes ,
car ces deux Corps ſont
unis . Il ſe rendit le 20. dans
la Chambre des Comptes',
pour y prendre ſéance de
Premier Preſident né. Il fic
un Diſcours à cette Cham
bre, & parla avec l'éloquence
GALANT. 217
.
& la dignité convenables
au caractere qu'il avoit à loû
tenir. M * le Premier Préſi .
dent luy répondit au nom du
Corps , pour le remercier de
l'honneur qu'il leur faiſoiss
& il s'en acquitca avec ſu.c
cés.
218 MERCURE
faiſoit l'Office. Les Conſuls
portoient le Daiz . M ' le Duc
de Noailles eſtoit à la teſte
de la Chambre des Comptes;
ayant le Premier Préſident à
Ta gauche , & eſtoit précedé
d'un grand nombre de Gen
tilshommes de la Suite .
.
GALANT. 219
.
fe rendirent chez M' le Duc
de Noailles entre neuf & dix
heures du matin, & l'accom
pagnerent dans ſon Carroſſe
à l'Hoſtel de Ville. Les Syn
dics de route la Province le
reçeurent à la Porte de la
Ruë , & tous les Barons en
Corps au bas du Degré. Aca
compagné de cette Suite , il
entra dans la Salle des Etats,
où il trouva un Fauteuil doré
préparé pour luy. Il eſtoit de
Velours bleu , couvert de
Fleurs - de - Lys d'or , & élevé
de trois marches . Il y avoit
un Daiz au deſſus de ce Faul,
Tij
220 MERCURE
teüil, avec un Carreau au bas
pour mettre les pieds. Les
Barons eltoient à la droite,
précedez de M " les Comuni
faires du Roy ,& les Eveſques
à la gauche. On commença
par la lecture de la Lettre de
Sa Majeſté aux Etats , des
Commiſſions, & des Prélimi.
naires accoûtumez. M' le
Duc de Noailles fit un Dif.
cours parfaitement beau, & il
charma autant par l'air noble
& aiſé dont il le prononça ,
que par l'éloquencedont il
le remplit
GALANT. 221
veſque de Toulouſe , Préfi
dent des Etats , répondit, &
n'adreſſa ſon Diſcours qu'à
M de Noailles ;-apres quoy
la Séance finir . Cette Allem
blée eſt la plus belle du
Royaume . Elle eſt compo
ſée de vingt- deux Archeveſ,
qués , ou Eveſques , & d'un
pareil nombre de Barons.
M de Noailles donna le
meſme jour à dîner à tant
d'illuſtres Perſonnes . C'eſt
ce qu'on appelle le Feftin des
Etats. Il y avoit deux Tables,
l'une de trente Couverts , &
l'autre de dix -huit. Le Gou
Tiij
222 MERCURE
verneur de la Province a un
Fauteuil à ce Dîné. Le mi
lieu de la grande Table eſtoit
remply d'un Oranger envi
ronné de Vazes de Fleurs . Il
couvroit l'eſpace auquel on
ne peut atteindre, quand les
Tables font grandes. Il ne ſe
peut rien adjoûter à l'aboni
dance des Mers , à la délica
teſſe , à la propreté , & à la
magnificence de ce Repas.
La Santé du Roy y fut bûë
d'abord fuivant la coûtume .
M' le Cardinal de Bonzi,
Archeveſque de Narbonne,
arriva le ſoir de ſon Abbaye
GALANT . 223
de Valmagne , ſituée à cinq
lieuës de Montpelier , & alla
voir M ' le Duc de Noailles.
Tiijj
224 MERCURE
& laiſſe la place à MlAr
cheveſque de Toulouſe
GALANT. 225
Mirpoix prêcha . On fit en
fuite la Proceſſion des Etats ,
à laquelle affifterent tous les
Evelques , & M le Duc de
Noailles à la reſte de tous les
Barons.
226 MERCURE
m.ro
1
ar
D
ve
quatre cens mille livres . Il
parla avec beaucoup d'élo
quence & de politeſſe. M
l'Archeveſque de Toulouſe
répondit auxDemandes avec
beaucoup de reſpect & de
follmiffion aux volontez de
Sa Majeſté, & parla auſſi en
faveur de la Province . M'le
Duc de Noailles , accompa
gné des autres Commiſſaires
du Roy , employa le reſte de
la journée , & le lendemain ,
à une Cerémonie pratiquée
de tout temps par tous les
Gouverneurs de cette Pro
vince . C'eſt de viſiter tous
Q
GALANT . 227
les Eveſques & tous les Ba.
rons , ſur le ſujet des Deman
des . Il envoya chercher les
Députez du Tiers Etat, pour
leur recommander de faire
leur devoir envers Sa Ma
jeſté.
228 MERCURE
louſe , M ' l'Eveſque de S. Pa
poul , & M " les Barons de
Villeneuve & de Rebé, pour
luy porter leur Déliberation ;
& le meſme jour M ' de
Noailles dépeſcha un Gen
tilhomme au Roy pour luy
en donner la nouvelle.
GALANT . 229
Tables a augmenté
.
&
230 MERCURE
Royaume. Il n'y a perſonne
dans toute la Province , qui
ne ſoit charmé de ſes hon
neſtetez. Loin d'avoir trouvé
des difficultez ſur les hon
neurs qui eſtoient dûs à ſa
Dignité, il a eu le ſoin de les
modérer , parce qu'on vou
loit lay en rendre qu'il ne
croyoit pas luy eſtre dûs .
On a peu veu de grands Sei
gneurs remplir des poſtes ſi.
glorieux à l'âge de 31. an ;
mais auſſi en eſt - il peu à
âge- là qui ayent autant de
fageffe qu'en fait paroître
M de Noailles. La Cour eft
GALANT. 231
bien redevable à ſes Pareils,
quand elle en trouvė , puis
qu'ils ſervent d'exemple aux
autres, & que cet exemple
y eft extrémemét neceſſaire.
Outre le plaiſir que tout
honnefte Homme doit ſen
tir en foy -meſme lors qu'il a
ſujet decroire qu'il s'eſt ren
du digne de ce nom , l'avan .
tage eſt grand pour les Per
ſonnes du premier rang, qui
ont un véritable mérite, puis
que le Roy le ſçait démeller
d'avec le faux, & ne le laiſſe
jamais ſans récompenſe en
232 MERCURE
fonne deM'le Duc de Noail
les .
GALANT. 233
Bellefond , & Sæur de l'il
luſtre Madame de Bellefond ,
Abbeſſe des Religieuſes Be
nedictines de Rouen, fi gené
raralemene admirée pour ſon
efprit & pour ſa vertu . CeMa
réchal , qui eſt Couſin ger
main de cette nouvelle Ab .
beſſe, & qui ayant demandé
au Roy l'Abbaye pour elle ,
avoit aiſément perfuadépar la
pieté exemplaire dont il don
ne tous les jours de ſi nobles
marques, qu'il la demandoit
pour une Perſonne que ſes
grá des qualitez en rendoient
tres - digne , eſtant arrivé à
Novembre 1682. V
234 MERCURE
Moncivilier le Lundy 9. de
ce mois avec toute la Famil
le , Madame de Sepville ne
voulut point diférer la Céré
monie de la Priſe de poſſef
fion. Elle fut faire par M
l'Official de certe Exemption ,
en préſence des plus confide
rables & des plus illuſtres du
Païs. Il fit un tres - beau Dil
cours dans le Chapitre ſur les
mérites & ſur les vertus de la
Défunte , & de la nouvelle
Abbeffe. En ſuite il fit faire
la lecture des Bulles de la der
niere ; & tous les Auditeurs
s'eſtant retirez, à l'exception
GALANT. 235
;
des Religieuſes, ilprit la voix
de chacune. Elles donnerent
coutes leur conſentement
avec plaiſir pour Madamede
Sepville , qu'il plaça dans la
Chaire Abbatiale
VVij
236 MERCURE
Quatre Officiers de cette
Abbaye porroient un Daiz
fous lequel elle inarchoir.
Elle rentra dans le Monal
tere avec les meſmes ceré
monies ; & apres qu'elle eut
pris poſſeſſion dans leChæur,,
clle ſe plaça dans la Chaire ,
Abbatiale, où toutes les Re
ligieuſes vinrent ſe mettre à
genoux devant elle, chacune
ſelon ſon rang , & luy baiſe
rent la main , la prenant en
tre les leurs . Cette Cerémo .
nie eſtant faite, elle alla viſi -
ter l'Apartement du dehors
de la Maiſon. Le Corps de
GALANT. 237
Juſtice la vint haranguerdans
la grande Salle . M de Can
telou, Lieutenant Civil & Cris
minel au Bailliage de Monti:
villier, porta la parole, & luy
fic ce Complinient.
C
?Eft aſſez , Madame , de
238 MERCURE
eftime eſtoit deuë à vos grandes
qualitez ; mais quand il vous a
choiſie entre toutes les Performes
conſidérables de fon Royaume,
pour remplir la place que vous
occupez préſentement, il nous a
fait voir en mefme temps qu'il ſe
connoiſt en vertu , en mérite,
en pieté, aufi.bien qu'en valeur,
en victoires , eg en conqueſtes.
En effet , Madame , pouvoit- il
trouver ailleurs un Swjet plus
propre à bien foûtenir une Dia
gnité ſi éminente, que dans voſtre
illuſtre Famille, qui a déja donné
à la France un ſigrand nombre
de vertueuſes Abbeſſes , de
GALANT. 239
Supérieurs de Maiſons Reli.
gieuſes, qu'il ſemble qu'elle ſoit
une Source féconde de devotion,
de virginite', eo de pureté ? Ce
grand
240 MERCURE
Saintes leçons, o imiter la cha
rité, fon humilité , la grande
douceur, qu'outre l'approbation
do le reſpect de toute voſtre Com
munauté, vous vous estes acquis
l'eſtime de tous ceux qui ont
l'honneur de vous connoistre.
Ainſi, Madame , je ne doute
point que les ſoupirs , les jeúnes,
egu les prieres de l'une , og les
vænxegui les ſouhaits des autres,
n
que
GALANT. 241
1
que
celle
gravez
dans
242 MERCURE
vous rendre ſes devoirs, Z VOUS.
allurer, Madame, c.
Voicy une Chanſon donc
les paroles ne vous ſont pas
inconnuës . Je vous les en
voyay au commencement
de l'Hyver dernier , notées
par un habile Maiſtre. Elles
ont
paru
243
til
trt de
23
Prairie
n .
1
bes
les
eften
UY
Ji tou
eu
Tyver ti
1V
be
ie
me
24
vou
ally
les
ind
VO
de
par
on
MI
fes
de
cil
p
GALANT. 243
prens
de vous
Npeut encor dans la Prairie
Les cinq Volumes que je
vous ay deja envoyez , preſ
que entierement remplis des
X ij
244 MERCURE
1
Réjouiſſances faites pour la
Naiſſance de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne, n'ayát
pû épuiſer cette matiere , je
luis obligé de rendre la juf
tice qui eſt deuë à pluſieurs
Villes dont je ne vous ay
point encor parlé.
GALANT. 245
qui ſe tenoir aupresdeR oüen .
Il avoit eſté choiſy pour cet
Employ par Sa Majeſté
12
X iij
246 MERCURE
toient au Port de Dieppe,
ayant arboré leurs Etendards.
& leurs Flâmes , & les Capi
taines ayant fait la reveuë de
leurs Equipages , tout fuc
preſt à exécuter les ordres
qu'on avoir reçeus de faire
jouer le Canon & la Mouf
queterie , dés qu'on auroit
entendu la premiere déchar
ge du Chaſteau & du Poller,
& d'allumer des Feux pen
dant trois nuits au haut des
Mats des Navires. A midy,
toutes les Boutiques de la
Ville furenc fermées, & les
Tambours des douze Com .
L
GALANT . 247
(
6
pagnies des Bourgeois pu
blierent qu'on le mettroit le
lendemain fous les armes .
Le ſoir , M ' de la Boiſſiere
ayant faic tirer cinq coups
de Canon du Chatteau, où il
régaloit ſes Amis , les Vaiſ
feaux luy répondirent , & en
meſme temps on ne vit que
Lumieres fur.la Mer . Le len
deinain , les douze: Compa
gnies ſe trouverent fous les
armes, & menerent à l'ESIS
de S. Remy M'le Major, 26
compagné des Corps de JA
tice & de Ville , & de M " ,
Coquet,de Joux , & le Pautre,
xilij
248 MERCURE
Capitaines au Regiment de
Champagne , de la Garniſon
du Chaſteau . Le Te Deum
fue chanté en Muſique. En
fuite on alla à l'Hoſtel de
Ville , où M'le Major mit lo
feu à trois Buchers dreſſez
dans la Place . Il y couloit
trois Fontaines de Vin de la
bouche de trois Dauphins,
au milieu deſquels on avoit
mis une Statuë de l'Eſpéran
ce , couronnée de Laurier.
On entendit auffitoft le bruit
de toute l'Artillerie des Forts.
& des Navires . Ce n'eſtoient
que Feux & que Repas aux
A
GALANT. 249
Portes des Maiſons particu .
culieres , où l'on tâchoit à
ſuivre l'exemple de M ' de
Radiolle , Lieutenant Gene
ral du Bailliage de Caux, qui
donnoit ce ſoir - là un grand
Soupé aux plus conſidérables
Perſonnes de Dieppe. Le
Lundy ſe paſſa en de ſem
blables divertiſſemens. Il y
eur des Illuminations fort
agreables chez les Jeſuites,
chez les Peres de l'Oratoire ,
& chez M * Croiſé, Procureur
du Roy en l'Amirauté. Ce
dernier avoit repréſenté les
Armes de France, écartelées
1
250 MERCURE
de Bourgogne, à la Couronne
Royale Dauphine , avec ces
paroles , A majoribus maximus ,
pour exprimer que le jeune
Prince dés ſa naiſſance eſtoit
déja cres - grand par
GALANT . 251
M. le Comte de Grancé,
Gouverneur d'Argentan , y
fit faire les Réjouiſſances pur
pliques le Dimanche 23.
d'Aouſt. Toute la Bourgeoi
fie ſous les armes alla le
252 MERCURE
de la Ville, & du Canon du
Chaſteau , ſe meſla aux dé
charges que firent trois fois
les Mouſquetaires, ils reme
nerent M leGouverneur dans
le meſme ordre juſques au
Chaſteau , qui fut éclairé le
foir dedans & dehors d'une
infinité de Lumieres ſur les
Balcons & ſur les Feneſtres,
Il donna un magnifique Re
pas dans la grande Salle à
quantité de Perſonnes con
{idérables, Gentilshommes,
Magiſtrats , Officiers de la
Ville , & du Voiſinage ; &
apres qu’on cut ſoupé, il fit
GALANT. 253
jouer un Feu d'artifice, drejté
ſur une Terraſſe qui donne
ſur le Cours , & compoſé de
Boëres , Roües à feu , Lances,
& Fuſées volantes. Les Ca
pitaines de la Milice Bour
geoiſe s'eſtant retirez dans
leur Quartier, y tinrent table
ouverte devant leurs Mai
fons'; & à leur exemple, les
principaux Habitans firent
des Feſtins publics . La Feſte
fut continuée le lendemain
au Chaſteau , où M ' le Gou
verneur , en préſence des
Dames & de toutes les Per
ſonnes diſtinguées , fit faire
5 .
254 MERCURE
la Curée d'un gros Cerf qu'il
avoit pris . C'eſtoit un plaiſir
de voir cent des meilleurs
Chiens qu'il y ait en France,
dont fa Meute eſt compoſée,
démiembrer & manger ce
Cerf au ſon de vingt Cors de
Chaffe.
1
GALANT. 255
2
de la Trinité , où s'eſtoient
rendus tous les Preſtres des
Paroiſſes de la Ville , avec
toutes les Communautez
Religieuſes. Cette Egliſe ef
toit tendue depuis le haut
juſqu'au bas , des plus ri
ches Tapiſſeries, & ornée
de la plus belle Argenterie
de Madame la Marquiſe de
Putange ; qui ſe diſtingua
fort dans cette rencontre par
les témoignages de fa joye &
de fon zele. On avoir mis fur
de grands Cartouches les
Portraits du Roy , & de la
Famille Royale , au devant
256 MERCURE
& en pluſieurs endroits de
l'Egliſe. Si - toſt qu'on eu
commencé le Te Deum , on
entendit le bruit du Canon
& des Boëtes du Chaſteau ;
& M ' le Chevalier de Corde,
Lieutenant de Roy , qui don
noit les ordres neceſſaires à
la Milice, luy fit faire dix ou
douze fois des décharges qui
furent tres - bien exécuçées; apres quoy les Marchands
de la Foire , qui commence
le 16. d'Aouſt, & qui ſe tient
dans un Fauxbourg de la Ville
appellé Guibray , prierend
M de Ville de ſoufrir qu'ils
Q
2
GALANT. 257
.
fiffent éclater leur joyé avec
eux. On fit faire un Echafaut
tres- élevé dans le milieu de
la Foire , avec un'autre au
deſlus, ſur lequel eſtoit une
fort belle Figure, qui repré
fentoit la Victoire, Toûtenuë
de deux Dauphins, & ayant
pour Piédeſtal un Soleil,dont
les rayons eſtoient autant de
Fuſées diférentes, ce quipro
duiſit un tres-bel effet. Il
i
258 MERCURE
trumens, tout couverts de
Fleurs & de Feuillées , mar
choient avant la Milice . Un
autre fermoir la marche , &
dans ce dernier eſtoit un Bac
chus ſur un Tonneau , tenant
des Bouteilles dont il verſoic:
ſans ceſſe à tous les Paſlans,
& portant un Etendard de
Satin garny
GALANT. 259
pluſieurs Tables devant la
Maiſon de M ' l'Intendant ,
ſomptueulemét fervies; pour
tous ceux qui voulurent y
prendre place. Madame la
Marquile de Putange, en l'ab .
fence de M. le Marquis ſon
Fils,Gouverneur du Chaſteau
& Ville de Falaiſe, & de Mor
tagne au Perche, en fit met
tre auſſi pluſieurs bien gar
nies devant la porte du Châ :
teau, avec pluſieurs Muids de
Vin , envoya à ſouper à tous
les Religieux Mandians, aut
Hofpicaux, & aux Priſons , &
délivra pluſieurs Malheureux
ES
Y ij
260 MERCURE
G
h
détenus pour debres, que
GALANT. 261
de l'heureux Accouchement
de Madame la Dauphine.
Auſficoft il marqua la joye
par des Repas magnifiques
qu'il donna à tout ce qu'il
pût aſſembler de Perſonnes
conſidérables. Il voulut mef
me que fa Maiſon fuſt ou
verte aux Paiſans du Lieu .
Ils y vinrent en foule , & il
les fít dancer dans un grand
Bois , Hommes , Femmes , &
Filles . Cette Dance cham.
pêcre ne laiſfoit pas d'eſtre
agreable. Mʻl'Intendant fai
ſoit fournir du Vin en abon
dance aux Danccurs , afin
1
262 MERCURE
que les forces ne leur marz
quaſſent pas ; & Madame
l'intendante diſtribuoic aux
jolies Païſannes des Préſens
qui leur convenoient , com
me des Nõuds de Rubans,
& des Miroirs. Ce ne fur là
que
GALANT. 263
ne furent
par tou .
th
Bourgeois , que leurs Capi
taines avoient fait mettre
fous les armes . Dés le com
mencement de la nuit , ce
.
264 MERCURE
Lys à trois fleurs, dont celle
du milieu eſtoit la plus éle
vée , avec ces mots de Vir
gile , Seris factura . Nepotibus
umbram . Elle eſtoit de l'in
vention de M du Mouſtier,
Lieutenant General , ſi connu
pour un Homme qui a beau
coup d'eſprit & de belles Let:
tres . Il ne s'eſt
de témoigner ſa joye par des
Deviſes; il l'a encore mar
quée par un Repas magnifi
que qu'il donna ce mefme
foir du 27. Au ſortir de chez
luy , on alla dans une grande
Prairie, ou l'on trouva un Feu
d'artifice
pas contente
1
GALANT. 265
3
1
d'artifice élevé ſur un Thea
tre de treize à ſeize pieds de
haur, avec des Obéliſques
aux coins, & un Neptune
au milieu , tenant un Dau
phin . Tout ça Theatre ef
toit éclairé par des Feux
que porroient quarance Co
lomnes. Le Feu réüſlit fort
bien , & donna de la ſurpriſe
à tout le monde . M ' l'Evef
que de Bayeux ayant man .
dé qu'on chantait le Te
Teum dans toutes les Paroiſ
ſes, les Réjouiſſances ſe re
nouvelerent. Chaque Pa
roiſſe fit les ſiennes en parti ,
Novembre 1682. Z
266 MERCURE
1
culier , où elle mettoit fes
Bourgeois ſous les armes , &
inventoir des Illuminations
pour fon Clocher. Celuy de
S. Pierre entr'autres a eu juf
qu'à ſept ou huit cens Lam
pes & Flambeaux, dont tou .
ccs ſes Pyramides eſtoient
couvertes. Les Peres Corde
liers firent une Feſte qui dura
trois jours . Le dernier jour,
le petit Marquis de Fran
quetot , Fils de M ' le Comte
de Coicgny, Gouverneur de
la Ville,aſſiſta à une Procef
fion & à une grande Meſſe
folemnelle , où il portoit un
C
1
1
GALANT. 267
n
Cierge chargé de Fleurs de
Lys d'or, & de Rubans , avec
lequel il alla à l'Offrande.
La Porte de l'Egliſe eſtoit
toute ornée de Deviſes fort
juſtes. On y voyoit celles - cy
entr'autres. Un Soleil nail
fant , Sol novus in orbe. Un
Hercule écraſant deux Ser
pens dans ſon Berceau , In
cunis triumphat
z ij
208 MER CURE
cira mcſme des Feux d'arti
fice.
و
GALANT. 269
eſtoit né. "Auſſicoſt il'envoya
ſes ordres à la Ville. Trois
jours apres, les Habitans s'ef
tant mis ſous les armes, alle
rent au devant de luy juſqu'à
un quart de lieuë , & le con
duiſirent à l'Egliſe de Noſtre
Dame , où il entendir le Te
Deum , qui fut chanté ſolem
nellement. En ſuite il alluma
le Feu de joye avec M'de Ti
ville -Boullemer , Lieutenant
General du Bailliage d'Alen
çon , Maire de la Ville , & M '
de la Normanderie , Vicomte
& Premier Echevin , apres
quoy il ſe rendit chez M * de
Z iij
270 MERCURE
Tiville, qui avoit fait prépa
rer une Collation magnifi
que pour Mefdames de Mar
tignon & de Thorigny , fui:
vies d'un grand nombre
d'autres Danies des plus con
fidérables du Païs . Le foir,
M ' de Matignon mena à ſon
Chaiteau de Lonray toute
certe grande Compagnie. La
plậpart de la Nobleſſe des
environs s'y trouva . Le Ré
gale fut ſuperbe. La Santé
du jeune Prince y fut bûë au
bruit de vingt- quatre Pieces
de Canon qui ſont ſur le lieu .
Un grand Bal ſuivit le Repas,
GALANT . 271
1
mais on le quitta pour voir
un Feu : d'artifice qui avoit
eſté compoſé par des Ingé
nieurs que M'de Nfatignon
avoic fait venir exprés de
Paris. Jamais rien ne réuſſit
mieux, La nuit fut la plus
belle & la plus agreable du .
monde à Lonray . Pendant
ce temps- là , Alençon imi
toic ces Réjouiſſances ſelon
ſon pouvoir. Tous les Parci
culiers faiſoient des Repas
publics devant leurs Portes,
diſtribuoient du Vin à tous
les Paſſans , & inventoient
des Illuminations à l'envy les
uns des autres .
272 MERCURE
ti
J'adjoûte à ces Réjouif- c
fances ce qu'on n'en écrit
de particulier de Padouë: Le
Pere Maiſtre Louis de Mo
linot , Cordelier du Grand
Convent de Bourg en Breſſe,
étably Confeſſeur des Fran
çois par M le Comte d'A
vaux dans le Convent de
S. Antoine à Padouë ., ayant
appris l'heureuſe Nouvelle
de l'Accouchement de Ma
dame la Dauphine , fit chan
ter dans la melme Egliſe une
grande Meſſe, avec un Te
Deum , à quatre Orgues , &
quatre Cheurs de Muſique,

GALANT. 273
On fit -trois décharges d'un
tres - grand nombre de Boëtes
au bruit des Tambours & des
Tronpetes . Ce Pere traita
la Communauté deux jours
de ſuite , le premier jour en
Poiſſon , & le ſecond en Vian
de , & la pria de remercier
Dieu dans ſes Sacrifices, des
graces qu'il luy avoit plû de
faire à la France . Cette Com
munauté eſt de cent Reli
gieux .
2
274 MERCURE
ont pas veu finir . M Du .
chemin , Eveſque de Baby
lone, eft de ce nombre . Son
Evefché eſtoit in partibus In
fidelium , c'eſt à dire qu'il eſt
ſitué dans des Païs qui font
ſous la domination des Infi .
deles " , & . dans leſquels il
y a encor quelques Chreſ
ticns . Le Pape nomme à tous
cos Eveſchez, qui ne ſont que
Titulaires . Il fournit à la ſub
ſiſtance d'une partie de ces
Evelques; & quelques Ames
charitables ont étably des
Fonds pour faire ſubſiſter les
autres. La mort de cet Evef
GALANT. 275
que a eſté ſuivie de celle de
M de Ligny , Chevalier, Sei
gneur de Grognévil, S. Piac ,
Charcanvillier , Boigneville,
& d'Yermenonville . Il eſtoit
Neveu de feu M ' le Chance
lier Seguier , dont Madame
de Ligny eſt Sæur . M l'E .
vefque de Meaux , dernier
mort , eſtoit ſon Frere. M'de
Ligny eſt mort âgé de 64
ans. Madame de Fuſtemberg,
Femme de M le Prince de
Fuſtemberg , Neveu de feu
M l'Evefque de Straſbourg,
eft fa Fille .
3)
-รี
ES
276 MERCURE
P
S. Léger, Cornete de la Pre
miere Compagnie des Moul
quetaires à cheval de la Garde
du Roy, eſt mort dans le mef.
me temps, Ila paſſé par cous
les degrez de ſimple Soldat,
& eſt parvenu par ſes belles
actions à la Charge de Cor
nete . Le Roy l'avoir gratifié.
de la Charge d'Enſeigne,
dont il le remercia . Sa Ma.
jelté luy fit donner trente
mille Ecus . Il s'eſt beaucoup
fignalé dans les Campagnes
de Flandre, où les Mouſque
taires animez par la préſence
de ce grand Monarque , ont
GALANT. 277
ment .
faiç des actions qui ont rem
ply toure l'Europe d'étonne.
278 MERCURE
de
12
Fils. L'aîné eſt René Chopin
d'Arnouville, reçeu en 1675.
GALANT. 279
r
& Montmarqué. Elle eſtoit
Femme de M ' le Marquis
d'Eſtrade , Fits du Maréchal 1
de ce nom , Gouverneur en
ſurvivance de la Ville & Ci
tadelle de Dunkerque , &
Maire perpétuel de la Ville
de Bordeaux.
2
280 MERCURE
a
3
M ' le Fevre de Caumartin ,
Conſeiller au Parlement ,
cfté auſſi reçeu Maiſtre des
Requeſtes. Il eſt Fils de M
de Caumartin , Conſeiller
d'Etat . Son Biſayeul eſtoit
Garde des Sceaux de France,
GALANT 281
i
1
i avantage des Pauvres , &
Аа
282 MERCURE
n
a
C
penſent d'une autré . M'Tré
ton , Conſeiller en la melme
Cour des Aydes, Fils de M
Tréton , Secretaire du Roy,
a époulé Mademoiſelle de
Varoquier, Fille de M ' de
Varoquier, Chevalier de l'un
des Ordres du Roy , & Pre
mier Préſident au Bureau des
Finances, & de Dame Marie
Phelippe de Billy , Sour de
M'de Billy , Conſeiller au
Parlement, d'une réputation
univerſelle. M ' Tréton eft
bien fait de la perſonne, &
d'un mérite connu. La Ma
rjee a la plus jolie caille du
GALANT . 283
monde , & les cheveux d'un
noir qui combat agreable
ment avec la blancheur de
fon teint . Elle a auſſi les yeux
noirs , vifs , & tres -perçans.
Peu de Perſonnes dancent
auſli - bien qu'elle fait, & elle
chance & touche le Claveſſin
comme elle dance . Elle eſt
connuë à Paris pour une Per
fonne cres -vertueuſe, & d'une
conduite ſinguliere , quoy,
qu'ayant perdu Madame la
Mere en bas âge , elle n'ait
eu que l'éducation que luy,
a donnée M ' fon Pere . Sa
naiſſance et des plus nobles,
1
2
Aa ij
284 MERCURE
M ' de Varoquier eltant des
plus anciennes Maiſons du
Pais- Bas; & celle de Billy,
dont Madame la Mere eſtoic
deſcenduë , appartenant aux
principales & plus conſidé
rables de Paris .
,
*
285
ition
déja
tion
ette
ro
1 .
ne
iſe
ir,
у
ui
2841
wang
M do
plus a
Pais -1
dont
defce
princ
rable
vanta
Nom
LE G
Vous
gravi
préfe
autr
en'
GALANT . 285
role , par cette repréſentation
du Char dont je vous ay déja
parlé dans la Deſcription
d'une de ſes Feſtes. Cette
Planche vous fait voir la
France qui tient Monſei
gneur le Duc de Bourgogne.
Elle eſt accompagnée des
quatre Ducs de la derniere
Race ; & le Génie de la Pro
vince conduit le Char .
286 MERCURE
n'y font forcez que par
0
GALANT. 287
Paris a auffi reçeu depuis peu
de temps l’Abjuration de M
Gautereau, Député de Poitou
pour les Affaires de la Reli
gion Prétenduë Reformée.
Comme tous les Députez
doivent eſtre fort intelligens
dans les Affaires qu'on leur
confie , & fortement atta
7
288 MERCURE
TE
qu'il avoit pour la défendre,
il en a découvert la faufferé,
ce n'eſt
VE
Ils
GALANT. 289
* Its furent complimentez au
11 ment.
- Quoy qu'on cuft déja ce
lébré dans la Ville d'Arles la
Naiſſance de Monſeigneur
le Duc de Bourgogne par
Novembre 1682
290 MERCURE
des Feux d'artifice , des Illu
minations , & des Fontaines
de Vin , on y a fait encor
pour ce grand Sujet une Feſte
bien finguliere. Ceux qui
cópoſent l'Académie Royale
que Sa Majeſté y a établic,
y
GALANT. 291
ture de cette Aſſiemblée: M
d'Ubaye de Vacheres , recita
un Panegyrique du Roy ; &
tous les autres Académiciens
montrerent divers Ouvrages
en Vers & en Profe ſur l'heu .*
reuſe Naiſſance du jeune
Prince . On y remarqua
beaucoup d'eſprit & de po
liteſſe. Ces belles Produ
ctions furent deux fois inter
rompuës par des Concerts
de Muſique, où l'on chanra
les Louianges de Leurs Ma
jelkez , de Monſeigneur le
1
Bb ij
292 MERCURE
gneur le Duc de Bourgogne.
L'Aſſemblée finit par un
Diſcours que fit encor le
Directeur. Toute la Compa
gnie paſſa deux heures avec
beaucoup de plaiſir à écou
ter tant de belles choſes , &
l'on demeura d'accord que
s'il y avoit eu dans le Royau
me des Feſtes plus magnifi
ques, il n'y en avoit point cu
de plus agreables. J'en attens
un Mémoire plus ample,
avec les Diſcours qui one
eſté prononcez dans cette
docte Aſſemblée. Vous fça
yez qu'elle ſe tient dans l'Hô
GALANT . 293.
tel deVille . En vous appre
nant dans l'une de mes Let
tres les noms de tous ceux
qui la compoſent, je vous ay
parlé des talens de chacun ,
& des Ouvrages par leſquels
ils ſe ſont rendus illuſtres
dans l'Empire des belles Let
tres.
Bb iij
294 MERCURE
de Theatre. Il y en a trente
deux de M de Corneille
l'aîné . Ne vous imaginez
pas , Madame, que ceux qui
auront ces neuf Volumes,
ayent ſeulement des Pieces
de Theatre , puis qu'elles ſont
accompagnées de Traitez
donc la lecture ne peut eſtre
que fort utile. Ce fameux
Autheur rend raiſon dans le
premier des Innovations qu'il
a faites en l'Ortographe,pour
faciliter aux Etrangers la pro
nonciation de noſtre Lan
gue. On trouve dans le mef
me Volume, un Diſcours de
GALANT. 295
l'Utilité & des Parties des
Poemes Dramatiques, & l'E
xamen de huit Pieces de
Theatre, qui dans leur temps
ont eu des ſuccés fort avan
tageux. Ce ſont Mélite, Cli
tandre, la Veuve, la Galerie du
Palais , la Suivante, la Place
Royale, Médée, & l Illuſion.
Bb. iiij
296 MERCURE
&
me
& p
Menteur, & de Théodore . dic
c
prad
nen
men
que
GALANT. 297
111
1
die . Tite & Berenice, Pulchérie
& Suréna , font dans ce mef
meVolume,
298 MERCURE
nous en avons . L'Examen
qu'il a fait de la plûpart de
fes Pieces, n'eſt pas pour
GALANT . 299
plies . On les admire tous
les jours , & ſur tout cette
Politique admirable qui a ſu
ſouvent fait dire à M le Ma
réchal de Gramont , que
300 MERCURE
bicrac , pour
Soy-meſme , & du Baron d' Al
२०
GALANT. 301
tail, des Cerémonies que l'on
obſerve à l'ouverture du Par
lement; & que je vous ay
meſme parle de l'origine de
pluſieurs choſes qui les re
2
302 MERCURE
re
ta
dans la grande Salle du Pa .
lais , où ce grand & auguſte
ALE
7
GALANT 303
re fois qu'on en a vû en de pa
304 MERCURE
Harangue, mais avec tant
d'éloquence & d'érudition ,
que tout l'Auditoire en au
roit eſté ſurpris, ſi un autre
que ce Prelat euſt parlé.
Comme les Copies qui en
ont eſté faites par ceux qui
écrivoient en meſme temps
qu'il parloit, ne me ſemblent
pas exactes, je vous envoye
ſeulement la Péroraiſon qui
me paroît plus correcte ,& qui
felon que j'ay pû la recueil
lir , eſtoit à peu prés en ces
Sa
jp
termes .
Il me ſemble, Meffieurs , que
tout le ſujet de ce Diſcours eft
GALANT. 305
RO
entierement épuisé , e que j'ay
fidelement executé ma parole ,
puis que je vous ay fait voir les
' éclatantes e ſolides preuves
fances fpirituelles temporelles,
dans l'æconomie de la Nature ,
qui unit l'ame iegu le corps ; dans
la Lettre de la Loy,and
206 MERCURE
l'exemple dit Prince, dont le re
gne eſt également religieux ege
glorieux ; dans la regle de l'Em
piré, qui demeure ſoumis à la Pri
marité Apoſtolique au milieu de
Les franchiſes ; dans la Feſte du
Sénat , qui ſoấtient la Religion
parla latice ; u dans la dignité
de mon Siege , qui me partage
entre l'Egliſe egl'Etat .Cepen
dant, Meffieurs
GALANT. 307
ce , la communion pour
Cç ij
308 MERCURE
ment fut remiſe au Lundy
23. Çe jour- là eſt appellé jour
des Harangues. On choiſit
ordinairement le premier
Lundy d'aprés la premiere
ſemaine qui ſe rencontre
fans Feſte . M le Premier
Préſident peut l'avancer ou
reculer ; mais comme Mde
Novion, qui poſſede aujour
d'huy cette grande Charge,
n'oublie rien pour empel
cher la longueur des Procés,
il recule le moins qu'il peut
ce jour qui eſt ſouhaité par
un grand nombre de Partics.
Apres les remerciemens de
GALANT. 309
wird
M ' le Premier Préſident au
nom de la Compagnie & du
Prélat Officiant , qui fe font
le lendemain de la S. Mar
tin , M ' le Premier Préſident
donne un magnifique Repas
au Prelar , & à tous ceux du
Corps du Parlement , qui
veulent aller
310 MERCURE
C
0
1
0
C
celuy qui a parlé cette année.
Le ſujet de ſon Diſcours étoit
qu’un Jugedoit avoir trois qua
litez , ſçavoir, la crainte deDieu ;
0
0
GALANT. 311
il fic voir la grande diféren ,
ce qu'il y avoit d'aimer la ve
rité & de la pratiquer ; qu'on
pouvoit l'aimer ſans la prati
quer , & que la pratiquer,
c'eſtoie l'avoir en ſoy , & en
eſtre tout remply . Il peignit
l'auarice avec toutes ſes cou
leurs , & fic voir le peu de ſûre
té qu'il y avoit pour la Juſtice,
qui dépendoit d'un Honime
capable de recevoir des pré
fens. Il n'oublia rien des
traits qu'on peut ſouhaiter
dans le Portrait d'un vray
Juge. Il dit , qu'il ne devoit
avoir ny conſidération pour ſes
312 MERCURE
c
C
&
C
Amis, ny tendreſſe pour ſes Pa
Xems ; que lis Juges qui avoient
le moindre défaut , quoy qu'ils
euffent mille autres qualitez re
commandables , reſſembloient à
Achille , qui n'eftant vulnéra
ble qu'au talon , fut attaqué o
perit par cet endroit ; de qu'en
fin la Juſtice devoit eſtre comme
Lucreſſe, qui croyoit que
ز
Voit
17
GALANT. 313
?
un Page Payen . Il eſt import
ble d'exprimer les applaudiſ
{ emens qui furent donnez à
ce Diſcours. Il fit connoiſtre
la force & la délicateſſe de
l'eſprit de M ' de Monchal ;
& voicy dequoy vous faire
connoiſtre la Maiſon .
314 MERCURE
2
en odeur de Sainteté l'an
1215. En 1359. Jean de Mont
chal , Chevalier, qualifié.
Noble & paiſlant Seigneur,
eſtoit Maiſtre des Requeſtes
& Bailly de Vivarets . Il avoit
épouſé la Niéce des Cardi.
naux Bertrand.
D
C
2
GALANT . 315
1.
10 veſque de Bourges en 138r.
Dd ij
316 MERCURE
C
Second dans le Combat ſin
gulier qu'il fit en Piémont
contre le Marquis de Peſcai
re , un des Commandans des
Troupes de l'Empereur .
Dans ce Combat le Capitai
ne Montchal eur pour
1
GALANT. 317
1. de fa Chambre , qui ſuivit
comme ſon Pere & les An
ceſtres la profeſſion des Ar
mes, où il acquit beaucoup
de gloire . Il épouſa en pre
mieres noces Anne de Guil .
lon , & en ſecondesCatherine
de Torveon , Fille de Nery
de Torveon , Lieutenant
pour le Roy au Gouverne.
ment de Lionnois , Foreſts ,
& Beaujolois . Il eut deux
Enfans. L'aîné eſtoit Char .
les de Montchal , Archevel
que de Toulouſe , qui eſt
mort en 1951 , avec la répu .
tation d'un des plus ſçavans
Dd iij
318 MERCURE
& des plus vertueux Prélats
de l'Europe, apres avoir pré
lidé pluſieurs fois aux Etats
de Languedoc, & aux Al
ſemblées generales du Cler
gé . Il a gouverné ſon Dioce
fe pendant 24. ans, & l'on y
reſpecte aujourd'huy ſa mé
moire comme celle d'un
Saint. Le ſecond fur Jean
Pierre de Montchal , Maiſtre
des Requeſtes, qui eſtoit un
parfaitement bon Juge , &
qui avoit auſſi bien
GALANT . 319
31
.
épouſé Elizabeth Dupré, Fil.
le de M ' Dupré , Maiſtre des
Requeſtes , qui s'eſt acquis
tant de reputation dans le
Conſeil , & quia ſi bien ſer
vy dans les Intendances de
Poitou , de Bourbonnois , &
de Languedoc . Il n'eſt reſté
de ce Mariage que Charles
Louis de Montchal , Avocat
General de la Cour des Ay
70
320 MERCURE
d'or, chargé de trois Molle .
tes d'Eperon d'azur , & pour
tenans deux Sauvages de
carnation , & pour cimnier
un Sauvage de meſme,tenant
en la main une Lance buzel
lée d'argent & de gueulles,
avec une Couronne de Lau .
• rier , & ces mots , je l'ayga
gnée
GALANT. 321
Torveon , Allefſo, Dargou
ges , Raſuës, Clermont-Geif
fans, Murviel , Foix , & à plu
ſieurs autres Familles confi
dérables
322 MERCURE
&
parce que l'on commence ce
jour là à en appeller , & que
l'on cótinue les jours ſuivans
à entrer . M l'AvocatGeneral
Talon fit un Diſcours plein
d'érudition ſur les qualitez de
l'Ame & dicaux Avocatsqu'ils , a
ne devoient point employer
leurs beaux talens à défen
12
0
01
ir
GALANT. 323
ES M'le Premier Préſident
parla peu, & parla bien. Ce
qu'il dic fur brillant & juſte,
& il fit à ſon ordinaire com
prendre beaucono de choſes
en peu de paroles. Il parla
aux Avocats & aux Procu .
reurs , & pric pour ſujet de la
Remontrance , qui fut auſſi
vive que peu étenduë, l'en
vie
que
324 MERCURE
ceux de leur profeſſion qui s'é.
levent davantage , & qui par
mérite ou autrement , acqués
rent de plus grands biens.
Cet illuſtre Magiſtrat lear
dit que les plus foibles d'en
tre eux , au lieu d'examiner
en quoy ceux qui avoient le
plus de ſuccés méritoient
d'eſtre imitez , s'appliquoient
à rechercher juſqu'à leurs
moindres défauts , pour
condamner; & qu'en cela
ils rellembloient à Momus ,
qui voyant la Staruë de vé
nus , & n'y découvrant aucun
défaut, s'avila de dire que le
les
GALANT. 325
Ć
's
Ć Soulier en eſtoit mal fait,
326 MERCURE
1 S
diſant aux Procureurs qu'ils
devoient facrifier l'Envie
ſur le bel Autel qu'ils ve
noicnt de faire élever. Je
ne içay , Madame , ſi vous
[çavez que ce sont les Pro
cureurs . qui ont ſoin de la
Chapelle de la Grand Salle
du Palais , & qu'ils en one
fait conſtruire une
cette année , à laquelle on
peut donner le nom de Mas
gnifique.
neuve
6
GALANT. 327
و
Harangues. Ce Mercredy
s'eſt trouvé remply cette an
née par la Felte de Sainte
Catherine ; & comme cette
Feſte eſt de Palais, & qu'elle
empeſche d'entrer , la Mer
curiale a eſté remiſe au Ven
dredy. M ' l'Avocat General
Talon , continua ce jour-là le
328 MERCURE
on
gues , & l'on
n'y fait point de Haran- >
GALANT: 329
1 mes Lettres hiſtoriques, il
2. ne s'eſt preſque point paſſé de
u mois ſans qu'on m'ait preſſé
puis que
1
23
EC
330 MERCURE
1
rans, qui ſans avoir rien ap
pris , le vantenr de ſçavoir :
tout; ou ſi je vous ay parlé !
de quelqu'un d'eux , il eſtoit
veritablement Medecin , &
meſme je l'ay fait tres- rare
ment , parce qu'on eſt peu
perſuadé du ſçavoir de tous
les Gens à Secrets. Il n'en
eſt pas de meſme de celuy
dont j'ay aujourd'huy à vous ?
parler. C'eſt un Homme ſça- c
vant , & qui eſt connu pour
tel , & par les expériences ?
qu'on ſçait qu'il a faites, &
par les choſes qu'on luy a
entendu dire. Il eſt Medecin ,
1
GALANT. 331
mais Medecin remply d'é
rudition. Auſſi fur quelque
mal qu'on le puifle conſulter,
il en raiſonne fi juſte , qu'il
en fait connoiſtre la nature,
les progrés , & par où on le
peut guérir , ſupoſé qu'il ne
foit pas incurable . Jamais
Homme n'eut une fi belle
mémoire . Il n'y a point de
Paſſage qu'il ne cite ſur le
champ ſur la plậpart des
mala dies qui arrivent aux
Hommes. On dira que ce
n'eſt qu'un effet demémoire,
que &
Еe ij
332 MERCURE
1
b
vouë , mais peu le font, &
tous les Malades ſont ravis
d'entendre d'habiles Géns
raiſonner à fonds ſur leurs
maux , & répondre à coutes
les Queſtions qu'on leur fair .
La plớpart de ceux qui ſe
vantent d'avoir des Secrets,
font ignorans , & difene ſeu .
lement que leur Remede
guérit. Ce feroit affez , s'ils
diſoient vray. Celuy dont je
vous parle eſt de la Ville
d'Arles. Il a faic plufieuts
Livres de Medecine. C'est
un Homme âgé, venérable ,
& donçla fortunę eft établie .
d
1
· GALANT. 333
Celle des Charlatans l'elt
rarement; auſſi reſſemblent.
ils à ces Gens qui promet
tent aux autres des millions
d'or , & qui ont ſouvent
beſoin d'un Ecu. Celuy -cy
n'eſt pas de ce nombré. it
loge en cette Ville dans la
Rue des deux Ecus , proche
l'Hoſtel de Soiſſons, à la Fleur
de Lys d'or. Il ſe nomme
M' Şerrier. On ſçaura de luy
toutes les Perſonnes de

334 MERCURE
que pour la Nephrétique, &
la Pierre qu'il fait diſſoudre
& vuider, il y en a parmy ſes
Cures des exemples éclatans
à la Cour . Quand la ſcience
n'iroit pas plus loin , c'eſt
toûjours dequoy rendre de
grands ſervices aux Hom
mes; mais ceux qui auront
beſoin de luy , connoiſtront
par
leur
4
335
2or
ha
lus
de
lre.
d'un
lus
plus
vidis
li bil
334
que
la Pi
& vu
Cure
à la
n'iro
toûje
gran
mes
beloi
par
In
5
|
Mc
PO
Il
qu'il
GALANT . 335
d'une maniere aſſez extraor
dinaire. L'Air eſt d'un ha-.
bile Maiſtre .
CHANSO N.
V
Ous ne voulez donc plus
Ah ! j'ay déjà trop attendu.
Mais c'eſt to iriſte fort que celuy d'un
336 MERCURE
Il y a longtemps que je ne
vous ay parlé de Chaſſes. Ce
que je vay vous en dire , vous
fera connoiſtre que l'on ne man
que pas à la Cour de la vigueur
qui eſt neceſſaire pour cet Exer
cice. Le Roy a eſté à Chun .
bord neuf fois à la Chalte au
Cerf , & en a quelquefois pris
deux en un jour. Dans ceux d'in
tervale , Sa Majeſté alloic tirer
aux Faiſäns & aux Perdreaux.
On a pris auſſi neuf Cerfs à Fon .
tainebleau en neuf fois
a eſté à certe Chafle. Monfei.
gneur le Dauphin alloit à celle
du Loup les jours qu'on ne cour
roit point le Cerf , & il n'en eft
jamais revenu fans des marques
de victoire. Un jour que le Roy
devoit å l'illuë de fon Dîner don .
que l'on
GALANT. 337
ner aux Dames le plaiſir de cour .
re le Cerf aux environs du Châ .
teau , avec une nouvelle Meute
de petits Chiens que M. le Duc
de la Rochefoucaut a fait dref .
ſer par M de la Rochette, ſecond
Lieutenant de la Vénerie . Mon.
ſeigneur mena Madame la Dau ..
phine dans ſon Carroſſe à demy
ſieuë de là , où il ſçavoit que l'on
trouveroit un Loup . Si - toſt
qu'il fut arrivé , M'le Marquis
d'Eudicourt , Grand Louvecier
de France , attaché par l'ordre
du Royaux plaiſirs de ce Prince,
plaça fes Acours ( c'eſt à dire , ſes
lefes de Levriers ) dans des lieux
propres à donner de la ſatisfa .
& ion à Madame la Dauphine, &
à vingt pas du Carroſſe de cette
Princeſſe. Cela eſtant fait , les
Novembre 1682. Ff

338 MERCURE
Gentilshommes de cerce Equi
page allerent à la ſuite de leur
Chef fouler le Buiſſon , où l'on
croyoit que devoit eſtre le Loup .
A peine y fut -on entré, qu'il da.
bucha dans l'Acour qu'on luy
avoir tendu . Il donna dans les
Levriers, & ſe defendit juſqu'à la
Portiere du Carroſſe de Madame
la Dauphine, où il fut contraide
retour, cequifurtrouvé fort galar.
507 J'ay à vous parler d'une autre
GALANT: 339
tree , qu'il avoit mis pluſieurs
Sangliers dans les Toiles, parmy
defquels il y en avoit d'extraordi
naires , l Sa Majefté y mena la
Reyne , avec les Dames. Les
Toiles eſtoienç renduës au Bois
zde Boiſſiere , qui eſt à deux lieuës
nde' Fontainebleau , ſur le che
Min de Paris. L'Acour , ou le
alieu où l'on force d'ordinaire çes
Animaux - là , eſtoit fort petit.
V
Ffij
340 MERCURE
On en prit onze , entre leſquels
on en trouva cing fort grands,
& parmy ces cinq il y en avoit
deux qui eſtoient dans leur Car .
tan , & deux autres dansleur Ti.
tan . Ces quatre, ſur tous les au
tres, ſe défendirent longtemps;
& le premier que Monſeigneur le
Dauphin attaqua , fauca à ſon
Cheval , & luy porta un coup de
défence qui le mic en péril. C'eſt
un Cheval de cres - grand prix.
On l'a laiſſé à Fontainebleau
juſqu'à ce qu'il ſoit guéry , s'il le
peut eſtre. Le Roy qui avoit
abandonné à la Cour le plaiſir de
cette Chaſſe , n'en vouloit eſtre
que Spéctaceur. Il eſtoit à che.
val , en Souliers , & envelope
dans fon Manteau ; mais Sa Ma
jeſté voyant que ces Animaux fe
défendoient avec une vigueur
GALANT. 341
extraordinaire , ſe fit donner un
Dard , & ſans oſter ſon Manteau
de deſſus ſon viſage, Elle le darda
ſur le plus fier li adroitement ,
qu'Elle luy perça le col d'outre
en outre. Le Dard ne put eſtre
retiré qu'apres la mort de cet
Animal
coups de ce grand Monar
que: Monſeigneur le Dauphin
parut fort intrépide à ſon ordi.
naire , & tua de la main avec
Ff iij
342 MERCURE
ion Dard , & avec fon Epée , la
plus grande partie de ces Amis
maux . Meffieurs les Princes de
Conty , & de la Roche ſur - Yon ,
fe diſtinguerent beaucoup en
ce rencontre . Ils
ا ل ا ن م
GALANT. 343
Xi monte fort ſouvent devant
Monſeigneur le Dauphin , & fait
eſperer qu'il ſera un jour un tres
bel Homme de cheval . Mi du
Pleſſis qui en a le ſoin , en eſt tres .
content , & en parle d'une ma ,
piere tres avantageuſe .
9 M ' le Comte de Brione , qui
fait la Charge de Grand Ecuyer
aupres de Monfeigneur le Dau .
pbin , ſe diſtingua auſſi beaucoup
dans cerce Chaſſe. Il eſt plein de
feu , & d'adreſie, & l'on nefçau ,
roit dire trop de choſes à ſon
avantage touchant ſes exercices,
Les autres Divertiſſemens de
Fontainebleau ont eſté des Ca.
yalcades , où les Dames ont parų
en Amazones , la Comédie Fran .
çoiſe , & Italienne , meſlée de
Muſique , le Bal , & les Media

F f iiij
344 MERCURE
noche. Rien n'eſtoit plus ſomp
tueux que ces Repas , dont tous
tes les Dames eſtoient. Les Con ..
trolleurs de la Maiſon de Sa Mai
jeſté ſervoienr fur Table . C'eſt
un uſage , quand la dépenſe des
Repas excede le fonds ordinaire,
& qu'ils ſont ſur l'Etar de la Mai
fon , comme extraordinaires. si
P
en
GALANT. 345
El
médie & de Muſique Italienne,
Diane parut d'abord ſeule dans
ſon Jardin , appuyée contre un
Oranger , affligée du prompe de .
part du Roy & jalouſe de ce
qu'il quiroir Fontainebleau, pour
aller ,à Verſailles goûter les plai .
firs qu'il y faiſoit préparer pour
ſa Cour. Apres qu'elle eut fair
entendre ſes plaintes , les Nyın .
phes , & les Dieux des Eaux &
des Bois de Fontainebleau , ac
coururent pour ſçavoir le ſujet
de ſon affliction , & voir s'ils ne
pourroient point y donner re
ta
346 MERCURE
y chercher du ſoulagement, que
de s'en lailler ainſi accabler .
Diane en tomba d'accord , & ſes,
Nymphes avec les Dieux Cham ,
peſtres , propoſerent d'inventer
quelques divertiſſemensqui pul
ſent arreſter le Roy , & offrirent
de faire tout ce qui ſe poarroit
imaginer dans un deffein , où les
ſentimens qu'elles avoient pour
ce grand Monarque , leur faifoit
prendre le meſme intereſt qu'elle
y prenoit; mais la Dée de leur
répondit qu'elle ne pouvoit ſe
perſuader que les Divinitez de
ce Païs- là , qui faiſoient leur or
dinaire ſejour dans de fi ſauvages
Lieux , púſſent fournir dequoy
faire une Feſte qui pluſt au Roy,
dont le gouft eftoit fi fin & fi de.
licar,
GALANT
. 347
11
que l'on en fiſt une épreuve . En
meline temps , ces Divinitez
348 MERCURE
gouſt d'un Prince , qui a un dir.
cernement fi juſte pour toutes
chofes, & d'eſtre comparez à ceux
qu'il ordonne luy- meſme, Apof.
lon propoſa un Opéra du Che .
valier du Soleil ſon Frere , qu'une
Mule , qui l'avoit compoſé pour
Véniſe, luy avoit donné à exami.
ner . C'eſtoit la Guerre que ce
Frere eut contre les Geans qui
youloient s'oppoſer à ſes Con
queſtes, & particulierement pour
l'amour de la Princeſſe Cla :
ridiane , où les Geans ne dou
tant point que le Chevalier n'eoft
pour luy tout le Ciel, à cauſe de
Ton Frere le Soleil , eurent re
cours à un fameux Magicien ,
pour attirer toutes les Puiſſances
Infernales dans leur
GALANT. 349
lon fit chapter par Diane , par
les Nymphes , & par les Divi.
nitez Champeſtres , un Magi.
cien évoqua les Furies. & les
Ombres de l'Enfer , qui conju .
rerent avec luy la perte de l'En .
nemy des Geans. Les Heures du
point du jour les ſurprirent . Il fe .
fic avec elles une longue diſpu.
te , & le tout enſemble fic voir
le deſſein de l'Opéra ; mais la
nuit eſtant trop avancée pour le
pouvoir repercer , ils convinrent
tous enſemble apres cet eſſay ,
qu'il n'y avoit rien qui puſt éga
ler les divertiſſemens que le Roy,
ordonne , & demeurerent d'ac .
cord qu'ils feroient mieux d'al.
- ler à Verſailles prendre leur part
de ces Feſtes, que d'avoir la
préſomption de croire que vou
M
1
350 MERCURE
tes celles qu'on luy pourroie pre
parer , fullene capables de le di
1
GALANT. 351
3
quatre Morets qui ont extreme
ment réüffy. Le Roy en a re
demandé un . Tour , ce divertiſ
fement avoit eſté préparé fans
qu'on en ſçeuſt rien . Il s'eſtoit
trouvé preſt en cinq ou fix jours,
& des Gens d'un tres-bon gouſt
352 MERCURE
lul
qu
qu
en
Сс
Le Roy ayant à donner l'a .
lio
&
tus
rai
tro
ne
SE
GALANT. 353
1
Madame la Dauphine . Cet il
luſtre Abbé preſcha ſur l'Evan
gile du jour & fic voir
354 MERCURE
Monarque , que ne pouvantplas
rien ajoûter a la gloire, 1-dont le
Guerre & la Paix Bavoient could
vere , il ne lay reſtoit squ'à bien
travailler à fon ſalut. On fçait
que ce Prince s'y applique avec
un zele d'autant plus. ſincere ,
qu'il tâche de le cacher ; mais il
eſt difficile que les a & ions des
Roys foient long-temps igoon
rées. Ainſi quand Mi l'Abbé
Flechier parloir à ce Monarque
de ſonger ſérieuſement à ſon ſa
luc , il eſtoit bien informé qu'il
le faiſoit ; mais en luy parlant
ainſi avec la fainre hardieffe que
donne la Chaire de Verire il
faiſoit entendre à tous les Coard
tiſans , qu'ils devoient en tout
fajvre l'exemple qu'ils recevoiena
de leur Maiſtre , & faire des soz
GALANT. 356
34
traices au milieu de la Cour, afin
de penſer au peu de ſtabilité de :
choſes du monde. Sa Majeſté
dic cout haut au ſortir de ce Ser .
mon , que M l'Abbé Flechier
avoit fait connoiſtre de folides
veritez. Il
faut
avoüer, Mada .
me , que ſes Prédications font
bien Ghreſtiennes. Il prefche
noblèment, il ne Aaré poine, ſes
expreſſions ſont juſtes , & tout
ce qu'il dic eſt du grand gouft.
Gg ij
356 MERCURE
de l'Etat n'a point empeſche le
Roy de donner ſes ordres pour
la commodité de la Cour. Il a
9
GALANT. 357
niere . Comme M ° de S. Aignan
envoya ſes Vers à Madame de
Maintenon , auffi- roſt qu'il les
cur fairs, je ne doute point que
vous ne ſoyez bien aiſe de voir
la Lettre dont il les accompa
gna.
ZSSCS:S22SS S28222
DO A MADAME
LA MARQUIS E
DE MAINTENON .
1
M40
.
ADANE,
- Quoy que vous ſoyez fort gené
reuſ , je ne laiſſe pas d'avoir lieu de
araindre que vous n'approwviez pas
la liberté que je prens aujourd'huy ;
da je n'ay pas moins de ſujet d'apprés
hender la délicateſſe de votre esprit
358 MERCURE
pour ce que j'ofe von envoyer. Ainsi
vous voyez , MADAME , que j'ay
beſoin de voſtre indulgence en plus
d'une maniere. Je n'ay på me ré
Soudreà donner au Roy les Vers que
je viens de fairefur ce queje vis hyer
Aveo admiration . To ne crains
GALANT. 359
SUR LA BEAUTE DES
NE
ou fçavions que LOVIS
des Batailles,
ghe rien ne s'oppoſoit à l'effort de
360 MERCURE
Que l'Hyver, ny les Eaux , ne'le " :
reçer ſes Loix .
0
1
S2
Nous eftions convaincus qu'avec tant
de merveilles ,
E
GALANT. 361
Que jamais l'Univers n'en a veu
de pareilles.
362 MERCURE
De få gloire ſupréme éclater les
rayons.
reux momens .
GALANT. 363
Qui font voir ces Beautez en dife
cidé,
1
th
Hh ij
364 MERCURE
Sans qu'on air licu de craindre ox
regret;
Sans murmure elfans bruit,ilpenſo
GALANT. 365
Peut lors charmer le gonjt, apres i'æil,
une bonté
Hh lij
366 MERCURE
Encor moins de re/pect, que a'ud .
l'Aſie;
Et je croy, Sansflater ce Prince que
je fers,
Qu'il ne tiendroit qu'à Lwy de régir
GALANT. 367
Toute la Terre alloit luy donner un
368 MERCURE
le Roy
Ces Vers tout heroiques & remplis
de grandes & brillantes penſées , ſont
du nombre de ces Pieces qui deman
dent beaucoup de temps à les faire. Ce
pendant ce Duc y en a fi peu employé,
qu'il ſemble
.
GALANT. 369
des fonds de couleur. Chacun choiſit
celle qu'il trouve le plus à ſon gré. On
lizere le contour de ces Fleurs avec un
Cordonec d'or ou d'argent. On croit
que ſi l'Hyver eſt froid , on reprendra
les doublures de Pluche, pluſieurs Fem
mes de qualité en ayant déja fait dou
bler des Robes. On porte en ſoye beau .
coup de Satins fores, qui ſont rayez da.
fayez largesd’uppouce. Ceuxd’entre ces
Satins qui ont le plus de cours , & mef
me parmy les Dames du meilleur gouft,
font cramoiſy & blanc. On mer des .
Franges campanées ſur les Jupes de ces
fortes d'Erofes. On a cominencé l'Au .
tomne dernier, à porter des Jupons pi
quez à careaux ,avec de l'or,de l'argent
ou delaſove, & certe Mode continuë cet
Hyver. On en fait beaucoup de Satin
de la Chine . On voit beaucoup de pe
tits Manchons blancs friſez. Je paſſe à
ce qui regarde les Hommes. On porte
toûjours desJuſte - au. Corps & des Cu
lores, & la taille eſt toûjours de meſme.
Les bouts des Máches de combent plus,
370 MERCURE
mais le renvers eſt relevé fort haur , &
fait une forme de Raquete. Les Habits
ſont tout unis ,& ſontou tout gris brun,
ou tout gris blanc. Les Culotes font de
Velours, & les Veſtes d'un petit Velours
à fleurs en forme de Brocard . La plů .
part des fonds de ces Velours font
blancs , avec des fleurs de couleur de
feu , de crainoiſy , ou de muſc . Les re
versdes Minches de ces Veſtes font fort
beaux . On porte des Bas mêlez de ſoye,
de poil de Chevre , & des Baudriers du
meſme Drap que l'Habit. Le bord de
ces Baudriers eft à jour , & le fond d'une
autre coiflenr que le Baudrier . Les
Noeuds d'épaule font de deux ſortes de
Rub ıns ; ils font larges de deux doigts ;
l'un eſt uny , & l'aptre rebrodé. Les
Næuds d'Epée ſont or & irgent de ntel
me couleur que le Næd d'épaule. Les
Brandebourg font toûjours de Camelot
de Bruxelles avec des Boutonnieres bro
dées,ou du Point d'Eſpagne. Elles ſont
doublées de Panne verte, violete, ou de
couleur de feu . On porte des Gands
GALANT. 371
blancs à Frange d'or . Les Juſte-aul
Corps bleus ſont toûjours chamarez de
trois ou quatre petits galons étroits &
à fleurs d'or. On ne porte plus que des
Chapeaux noirs.
Suw
Ans mon eſtré on ne connoit
D
nature ,
Ie fais en meſme temps, le mal,
e le bien ,
372 MERCURE
le flate e donne la torture .
Te fuis cruel, j'ay des appas
Qui charment, & qui
AUTRE ENIGME.
JEEfwis lafigure du Monde,
Comme le Monde auſi je n'ay que
GALANT . 373
Ne rencontreroit rien pour arrefter
Car bien ſouvent
SZS22 : SS & ss 2 ZSSS
TABLE DES MATIERES
P Félmade
2
So
S2
Sonner,
Corbie, 91
TABLE
101
.
Harangue de M. Amelot ; Ambaſa
195
li
TABLE
.
Padovë 272
277
de Siam font embarquez, 197
279
TABLE
328
le - Roy ,
368
371
FIN .

.
pour une jolie Femme , ne doit point em
peſcher gr'on n'en prenne encer pour 10 %
tes les Belles qu’on rencontre'; & fi quand
on aime une Femme , l'amour que l'on a
pour elle , doit enlaidir tout le reſte du
bean Sexe à l'égard de celuy qui aime.
QUESTIONS A DECIDER .
IV . -
Quel eft le lien qui unit le Corps à
l'Ame.
EIN .
Avis
KOENIGEL
1
2
Osti Nationalbibliothek
5006000
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le