Titre
EPITRE DE MADAME DES HOULIERES, A LA GOUTTE.
Titre d'après la table
Epistre de Madame des Houlieres.
Fait partie d'une livraison
Page de début
25
Page de début dans la numérisation
30
Page de fin
35
Page de fin dans la numérisation
40
Incipit
L'Illustre Madame des Houlieres qui ne suit jamais / Fille des plaisirs, triste Goutte,
Texte
L'Illuftre Madame
S
des
Houlieres qui ne fuit jamais
la route commune & qui
donne toujours fujet d'admirer le furprenant & rare talent qu'elle a pour les Vers,
a trouvé un tour ingenieux
pour peindre les alarmes que
nous caufe l'intrepidité qui
porte le Roy à méprifer le
peril. Vous en conviendrez
quand vous aurez leu l'Ouvrage qui fuit.
Aoust 1692.
26 MERCURE
222252555222 22252
E PITRE
DE MADAME
DES HOULIERES,
A LA GOUTTE.
FIlle des plaifirs , trifte Goutte,
Qu'ondit que la Richeſſe accompagne
toujours,
Vous que jamais on ne redoute
Quandfous un toit ruftiqueon voit
couler fesjours ;
Je ne viens pas icy pleine d'impa- tience ,
Effayerpar des vœux d'ordinaire impuiffans,
GALANT. 27
D'adoucir voftre violence.
Goutte, le croirez- vous ? C'est par
reconnoiffance
Queje vous offre de l'encens
2
De cette nouveauté vous paroissez
charmée.
Faite pour n'infpirer que de durs
fentimens,
A de tendres remercimens .
Vous n'eftespas accoutumée.
Commencez à goûter cequ'ils ont de
douceurs.
Qu'on vous rende par tout defu
prêmes honneurs;
Qu'en bronze, qu'en marbre on
vous voye
Triomphante de la Santé
Rétablir dans nos cœurs le repos
la
joye.
شیخ
Acombien deperils LOVIS feroit em
(proye
Cij
28 MERCURE
Si vous n'aviez pas mis fesjours en
feureté !
2
Toutce qu'affrontoitfon courage
Enforçant deNamur les orgueilleux
Rampars ,
Peignoit l'effroy fur le vifage
Desgenereux Guerriers dont ce Heros
partage
Les penibles travaux , les glorieux
hazards.
Dans la crainte de luy déplaire
On n'ofoit condamnerfon ardeur témeraire,
Bien qu'elle puft nous mettre au comble du malheur.
Aforce de refpect on devenoit coupable.
Vous feule, Goutte fecourable,
Avez ofé donner un frein à favaleur.
GALANT. 29
2
Helas ! qui l'auroit dit , à voir
couler nos larmes
Dans ce temps que la paix confacroit
au repos ,
Où de vivesdouleurs attaquoient ce
Heros ,
Quefes maux quelque jourauroient'
pour nous des charmes?
Mais quel bruit quelle voix fe répard
dans les airs?
Quoy done , Meffagere inviſible
De tout ce qui fe fait dans ce vafte
Univers,
Auprés du grand Roy que tu fers
On voit couler le fang ! Evenement
terrible !
Quelle idée offrez- vous à mon cœur
agité?
Sur l'excés de valeur &d'intrepidité,
Plufieurs perfonnes bleffées auprés du Roy.
Cij
30 MERCURE
Ce Heros fera-t-il toujours incorrigi
ble?
28
Vousn'avez pas affez duré,
Goutte , dont j'eftois fi contente,,
Vous trompez ma plus douce attente ,
Vous en quij'efperois , &quej'avois
juré
De celebrer un jour par quelquegrandefefte ( Tefte ,
Si pour nous conferver une fi chere
Dansle Campde Namur vous aviez
mesuré
Vostre durée à fa conquefte.
S
Ab! que ne laiffe-t-il à son augufte
Fils
Dompterde mortels Ennemis
Fameuxpar leur rang, par leur.
nombre
GALANT. 31
Mais qu'à fuivre fon char le Ciel a
condamnez!
Qu'ilne nous quitte plus , qu'ilje
repose à l'ombre
Des Lauriers qu'il a moiffonnez.
N'eft-ilpoint las de wainore ? & ne
doit- il pas croire
Quefon nompour durertoujours
N'a plus affaire dufecours
De quelque nouvelle Victoire ?
Ces Grecs & ces Romains fi vantez
dans l'Hiftoire
Ont fauvé leurs noms du trépas
Par des faits moins brillans , moins
dignes de memoire.
Affreuse avidité degloire !
La fienne efface tout, & ne luyfuffit
pas.
S
De tant de Nations la chere & vaine
Idole
Cilj
32 MERCURE
Naffau , par plus d'un crime en Mo
narque érigé,
Dés qu'il fçait Namur affiegés
Fremit , raffemble tout, & vers la
Sambre vole ,
A voir fi prés de nous floter fes Etendars..
A quelque noble effort qui n'auroit
du s'attendre?
Mais toutfçavant qu'il eft dans le
Métier de Mars ,
Ilfemble n'eftre enfin venu que pour
apprendre
Le grand Art de forcer une Place à
Se rendresses
E1 pour fes Alliez toujours remply
d'égards ,
Lancerfur noftre Camp de menaçans.
regards ,
Eft tout ce qu'il ofe entreprendre.
GALANT.
33
2
Tout ce qui justifie &nourrit les terreurs ,
་
L'Art , la Nature, cent mille hommes ,
Et ce que l'byver a d'horreurs ;
Malgré lafaifon où nous fommess
Auront vainement entrepris
De rendre Namur imprenable,
Quand Louis l'attaque, il eftpris,
Etces amas de Rois que fa puiſſance
accable ,
Eft la Montagne de la Fable,
Quide l'attention fait passer au mépris.
2
Non, je ne mefuis point trompée,
Je voy courirle Peuple , & je lis dans
fesyeux
Que LOVIS eft victorieux.
Macrainte pourfa vie est enfindiffi
pée,
34 MERCURE
Etje n'afpire plus qu'à revoir dans
ces lieux
Ce Heros dont mon ame est toujours
occupée.
Goutte , qu'on vit trop toft finir ,
Et dontje viens d'avoir l'audace de
me plaindre
Puis que pour ce Vainqueur on n'a
plus rien à craindre,
Gardez-vous bien de revenir.
2.
Ne le dérobez point à noftre impatience.
Lors qu'il eft éloigné de nous
Tout est enfevely dans un morne fi- lence ,
Et le foible plaifir que donne l'efpe
rance,
Eft le feul plaifir qnifoit doux.
Mais , Goutte, s'il eft vray ce qu'on
nous ditfans ceffe ,
GALANT: 35
Que jusqu'à l'extrême vieillefe
Fous conduisez les jours lors que
vous ne venez
Qu'aprésqu'on apaßéhuitLuftres,
Pour des jours précieux , &toujours´
fortunez
Fours quifont tous marquezpar quelquesfaits illuftres ,
Quelle esperance vous donnez !
S
des
Houlieres qui ne fuit jamais
la route commune & qui
donne toujours fujet d'admirer le furprenant & rare talent qu'elle a pour les Vers,
a trouvé un tour ingenieux
pour peindre les alarmes que
nous caufe l'intrepidité qui
porte le Roy à méprifer le
peril. Vous en conviendrez
quand vous aurez leu l'Ouvrage qui fuit.
Aoust 1692.
26 MERCURE
222252555222 22252
E PITRE
DE MADAME
DES HOULIERES,
A LA GOUTTE.
FIlle des plaifirs , trifte Goutte,
Qu'ondit que la Richeſſe accompagne
toujours,
Vous que jamais on ne redoute
Quandfous un toit ruftiqueon voit
couler fesjours ;
Je ne viens pas icy pleine d'impa- tience ,
Effayerpar des vœux d'ordinaire impuiffans,
GALANT. 27
D'adoucir voftre violence.
Goutte, le croirez- vous ? C'est par
reconnoiffance
Queje vous offre de l'encens
2
De cette nouveauté vous paroissez
charmée.
Faite pour n'infpirer que de durs
fentimens,
A de tendres remercimens .
Vous n'eftespas accoutumée.
Commencez à goûter cequ'ils ont de
douceurs.
Qu'on vous rende par tout defu
prêmes honneurs;
Qu'en bronze, qu'en marbre on
vous voye
Triomphante de la Santé
Rétablir dans nos cœurs le repos
la
joye.
شیخ
Acombien deperils LOVIS feroit em
(proye
Cij
28 MERCURE
Si vous n'aviez pas mis fesjours en
feureté !
2
Toutce qu'affrontoitfon courage
Enforçant deNamur les orgueilleux
Rampars ,
Peignoit l'effroy fur le vifage
Desgenereux Guerriers dont ce Heros
partage
Les penibles travaux , les glorieux
hazards.
Dans la crainte de luy déplaire
On n'ofoit condamnerfon ardeur témeraire,
Bien qu'elle puft nous mettre au comble du malheur.
Aforce de refpect on devenoit coupable.
Vous feule, Goutte fecourable,
Avez ofé donner un frein à favaleur.
GALANT. 29
2
Helas ! qui l'auroit dit , à voir
couler nos larmes
Dans ce temps que la paix confacroit
au repos ,
Où de vivesdouleurs attaquoient ce
Heros ,
Quefes maux quelque jourauroient'
pour nous des charmes?
Mais quel bruit quelle voix fe répard
dans les airs?
Quoy done , Meffagere inviſible
De tout ce qui fe fait dans ce vafte
Univers,
Auprés du grand Roy que tu fers
On voit couler le fang ! Evenement
terrible !
Quelle idée offrez- vous à mon cœur
agité?
Sur l'excés de valeur &d'intrepidité,
Plufieurs perfonnes bleffées auprés du Roy.
Cij
30 MERCURE
Ce Heros fera-t-il toujours incorrigi
ble?
28
Vousn'avez pas affez duré,
Goutte , dont j'eftois fi contente,,
Vous trompez ma plus douce attente ,
Vous en quij'efperois , &quej'avois
juré
De celebrer un jour par quelquegrandefefte ( Tefte ,
Si pour nous conferver une fi chere
Dansle Campde Namur vous aviez
mesuré
Vostre durée à fa conquefte.
S
Ab! que ne laiffe-t-il à son augufte
Fils
Dompterde mortels Ennemis
Fameuxpar leur rang, par leur.
nombre
GALANT. 31
Mais qu'à fuivre fon char le Ciel a
condamnez!
Qu'ilne nous quitte plus , qu'ilje
repose à l'ombre
Des Lauriers qu'il a moiffonnez.
N'eft-ilpoint las de wainore ? & ne
doit- il pas croire
Quefon nompour durertoujours
N'a plus affaire dufecours
De quelque nouvelle Victoire ?
Ces Grecs & ces Romains fi vantez
dans l'Hiftoire
Ont fauvé leurs noms du trépas
Par des faits moins brillans , moins
dignes de memoire.
Affreuse avidité degloire !
La fienne efface tout, & ne luyfuffit
pas.
S
De tant de Nations la chere & vaine
Idole
Cilj
32 MERCURE
Naffau , par plus d'un crime en Mo
narque érigé,
Dés qu'il fçait Namur affiegés
Fremit , raffemble tout, & vers la
Sambre vole ,
A voir fi prés de nous floter fes Etendars..
A quelque noble effort qui n'auroit
du s'attendre?
Mais toutfçavant qu'il eft dans le
Métier de Mars ,
Ilfemble n'eftre enfin venu que pour
apprendre
Le grand Art de forcer une Place à
Se rendresses
E1 pour fes Alliez toujours remply
d'égards ,
Lancerfur noftre Camp de menaçans.
regards ,
Eft tout ce qu'il ofe entreprendre.
GALANT.
33
2
Tout ce qui justifie &nourrit les terreurs ,
་
L'Art , la Nature, cent mille hommes ,
Et ce que l'byver a d'horreurs ;
Malgré lafaifon où nous fommess
Auront vainement entrepris
De rendre Namur imprenable,
Quand Louis l'attaque, il eftpris,
Etces amas de Rois que fa puiſſance
accable ,
Eft la Montagne de la Fable,
Quide l'attention fait passer au mépris.
2
Non, je ne mefuis point trompée,
Je voy courirle Peuple , & je lis dans
fesyeux
Que LOVIS eft victorieux.
Macrainte pourfa vie est enfindiffi
pée,
34 MERCURE
Etje n'afpire plus qu'à revoir dans
ces lieux
Ce Heros dont mon ame est toujours
occupée.
Goutte , qu'on vit trop toft finir ,
Et dontje viens d'avoir l'audace de
me plaindre
Puis que pour ce Vainqueur on n'a
plus rien à craindre,
Gardez-vous bien de revenir.
2.
Ne le dérobez point à noftre impatience.
Lors qu'il eft éloigné de nous
Tout est enfevely dans un morne fi- lence ,
Et le foible plaifir que donne l'efpe
rance,
Eft le feul plaifir qnifoit doux.
Mais , Goutte, s'il eft vray ce qu'on
nous ditfans ceffe ,
GALANT: 35
Que jusqu'à l'extrême vieillefe
Fous conduisez les jours lors que
vous ne venez
Qu'aprésqu'on apaßéhuitLuftres,
Pour des jours précieux , &toujours´
fortunez
Fours quifont tous marquezpar quelquesfaits illuftres ,
Quelle esperance vous donnez !
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Est rédigé par une personne
Fait partie d'un dossier