→ Vous voyez ici les données brutes du contenu. Basculez vers l'affichage optimisé.
Titre

SUR LA MORT De Mr le Duc de Montausier. Idille

Titre d'après la table

Idille de Madame des Houlieres sur la mort de ce Duc.

Page de début
101
Page de début dans la numérisation
108
Page de fin
108
Page de fin dans la numérisation
115
Incipit

Cependant pour ne vous pas priver du plaisir de voir / Sur le bord d'un ruisseau paisible

Texte
Cependant
pour ne vous pas priver du
plaifir de voir ce qui s'eft
fait à la gloire de ce Duc,
dont les grandes qualitez ont
fait tant de bruit dans tout
le Royaume , je vous envoye un Ouvrage de Madame
des Houlieres , fur le malheur arrivé aux Mufes , qui
en le perdant , ont perdu leur
Protecteur.
i
I iij
102 MERCURE
T
§ 2552225222255SSS
SUR LA MORT
De Mile Duc de Montaufier.
I DILLE
Ur le bord d'un ruiſſeau paiSo
Sible
Olimpe fe livroit à de vives douleurs ,
Et malgré fes autres malheurs
Au fort de Montaufier attèntive &
fenfible ,
Difoit en répandant des pleurs :
Qu'allez- vous devenir , belles Infortunées,
Mufes, qu'il protegea dés fes jeunes
années ?
GALANT. 103
Qu'allez- vous devenir , Heroïques
Vertus ,
Vous qui tremblantes , éplorées,
Aprés vos Temples abbatus ,
Chez luy vous eftiez retirées ?
Lestitresprécieux dontfurent revêtus
Ces Grecs & ces Romains , ornemens
de l'Hiftoire ,
Sont dûs à ce Heres d'immortelle
memoire ,
Quipar des fentiers peu battus.
Marcha d'un pas égal vers lafolide
gloire.
2
Mufes , Vertus , helas ! qui fera voftre appuy?
Et qui regardera comme d'affreux
Spectacles
Voftre mifere & voftre ennuy ?
Qui vous écoutera ? Qui voudra
comme luy
I iiij
104 MERCURE
Vous conduire à travers d'innom
brables obftacles
Au grand Roy qui regne aujourd'buy ?
Ah , qu'une telle perte ouvre de
precipices !
Qu'elle va vous livrer à d'injuftes
caprices !
Que de dédains, que de dégoufts ?
Mafes , Vertus , helas ! l'Ignorance
ules Vices
Peut-etre par fa mort triompheront
de vous.
2
Injustice de la Nature !
Les arbres dont l'ombrage embellit
ces cofteaux ,
Ne craignent point des ans l'irreparable injure ;
Leur vieilleffe ne fert qu'à les rendre
plus beaux.
GALANT. 105
Aprés avoir d'un fiecle achevé la
mesure ,
Ils paffent bien avant dans des fiecles nouveaux.
Où voit-on quelque homme qui
dure
Autant que les fapins , les chefnes,
les ormeaux ?
S
Mais pourquoy m'amufer dans ma
douleur mortelle
Afaire à la nature une vaine querelle ?
Arbres qui vivezplus que nous
Foüiffez d'un deftin fi doux ;
Faybien d'autresfujets de murmurercontr'elle.
Puis-je voirfans blâmer des ordres
fi cruels ,
Qu'un de ces indignes Mortels
Queue dansfa pareffe elle forme
106 MERCURE
De ce qu'elle a de plus mauvais,
Plus tard qne Montaufier s'en.
dorme
De ce fatal fommeil qui ne finit
jamais ?
Un excés de douleur & de delica.
teffe
Porte ma colere plus loin.
Tout homme , quel qu'il foit , dont
elle a pris le foin
De conduire la vie à l'extrême vieilleffe ,
Quand il s'offre à mes yeux les
bleffe.
Non , je nefçaurois plus fouffrir
Que delafin d'un fiecle icy quel
qu'un approche,
Sans luy faire un fecret reproche
Du long-temps qu'il eft à mourir.
S
GALANT. 107
Vous , qu'avec une ardeur fincere
F'invoquois pourfauver une Teftefi chere ,
Dieux , quelquefois ingrats &
Sourds!
Seize luftres entiers ne firent pas le
Cours
D'une vie également belle,
Et qui devoit durer toujours
Sile merite eftoit un affeuré fecours
Contre une loy dure & cruelle.
Vous ne vouliez pas que fon cœur
Euft le plaifir de voir ce Prince dont
l'enfance
Fut confiée àfa prudence ,
Unefeconde fois Vainqueur
Des fieres Nations que l'Envie &
[Erreur
Ofent armer contre la France.
Vous eftes fatisfaits Satisfaits . Les barbares
efforts
108 MERCURE
De la Déeffe qui delie
Les invifibles nauds qui joignent
l'ame au corps,
Ont fait quefurles fombres bords
Montaufier a rejointfa divineJulie.
Tous deuxmalgré cette Eau qui fait
que tout s'oublie,
Sentent encor de doux tranſports ;
Et tous deux fontfuivis de as illuftres Morts ,
Quidans unefaifon aux Muſes plus
propice ,
Firent de leurs charmans accords
Retentirfi longtemps le Palais d'Artenice,
Tandis que des grands noms du Heros que je plains
Auxfiecles à venir on transmet la memoire ,
Etque les plus fçavantes mains
Elevent à l'envi des Temples à fa
gloire
Genre
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Est rédigé par une personne
Fait partie d'un dossier
Soumis par delpedroa le