Titre
ODE A la Vérité.
Titre d'après la table
Ode à la Vérité, par M. Poinsinet,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
55
Page de début dans la numérisation
574
Page de fin
57
Page de fin dans la numérisation
576
Incipit
Du sein de la voûte azurée
Texte
ODE
A la Vérité.
DUfein de la voûte azurée
Quel rayon
éblouit mes yeux !
Quelle eft cette vierge facrée ,
Qui vers moi s'élance des cieux ?
A ſon éclat , à cette flamme
Qui pénétre & remplit mon ame
C'eft toi , célefte vérité ;
,
Tu viens me rendre à ta lumière ,
Tu viens brifer fur ma paupiere
Le fceau de la crédulité .
Les rives de l'Inculte Ingrie , ( a )
Tôt ou tard rompent leurs glaçons ;
Tôt ou tard les vents en furie
Laiffent flotter les Alcions.
Le jour ferain qui fuit l'orage ,
Offre enfin l'éclatante image
Du calme fûr où je me voi.
Laiffons la foibleffe au vulgaire ,
Tout change , mon ame s'éclaire ,
Un ciel nouveau s'ouvre pour moi.
(a ) Pays très-froid , conquis par les Suédois fur
les Mofcovites , arrofé par la Nieva.
Civ
56 MERCURE DE FRANCE.
Je connois enfin ces perfides
Que ma foibleffe ofoit aimer ;
Tandis que leurs coeurs parricides
Ne confpiroient qu'à m'opprimer.
Mon oeil franchit le labyrinthe ,
Où ces coeurs fermés par la crainte ,
Cachent l'enfer & fes fureurs ;
Plus d'égards , le Dieu qui m'éclaire ,
Cruels , pour indigner la terre ,
Vous livre à mes crayons vengeurs .
Parlez , Tyrans de ma foibleffe ,
Vils artifans de mes malheurs ,
N'avez-vous flaté ma tendreffe
Que pour vous nourrit de mes pleurs.
Coeurs ingrats , vous tramiez ma perte,
Lorfque pour vous mon ame ouverte ,
A vous aimer bornoit fes foins ;
Ainfi l'agneau , dès fa jeuneffe ,
Chérit la main qui le careffe
Pour l'immoler à nos beſoins.
Venge-moi , Dieu de l'innocence ,
Toi qui feul moteur des deſtins
Foule à tes pieds l'intelligence ,.
Et les vains projets des humains ,
De ces cruels Punis les crimes ...
SEPTEM BR E. 1755.
57
Que dis-je ces lâches victimes
Sont trop indignes de tes coups :
Je veux moi ſeul venger la terre ;
Grand Dieu , prête- moi ton tonnerre
Et laiffe éclater mon couroux.
Fuffent- ils dans les noirs abîmes ,
Je les pourfuivrai chez les morts.
J'irai leur reprocher leurs crimes ,
Trainer fur leurs pas
les remords.
J'écraferai leur tête altiere ,
Leurs fronts briſés fur la pouffiere
N'outrageront plus les vertus :
Mais qu'eft-il befoin de ta foudre ,
Ton fouffle peut les mettre en poudre ?
Grand Dieu , parle , & qu'ils ne foient plus.
Poinfinet le jeune.
L'Auteur dans fa noble colere , prend
ici le ton du Pfalmifte : L'agneau timide
eft tout à coup transformé en aigle , qui
porte & lance la foudre , on peut dire de
jui ,
Facit indignatio verfum.
A la Vérité.
DUfein de la voûte azurée
Quel rayon
éblouit mes yeux !
Quelle eft cette vierge facrée ,
Qui vers moi s'élance des cieux ?
A ſon éclat , à cette flamme
Qui pénétre & remplit mon ame
C'eft toi , célefte vérité ;
,
Tu viens me rendre à ta lumière ,
Tu viens brifer fur ma paupiere
Le fceau de la crédulité .
Les rives de l'Inculte Ingrie , ( a )
Tôt ou tard rompent leurs glaçons ;
Tôt ou tard les vents en furie
Laiffent flotter les Alcions.
Le jour ferain qui fuit l'orage ,
Offre enfin l'éclatante image
Du calme fûr où je me voi.
Laiffons la foibleffe au vulgaire ,
Tout change , mon ame s'éclaire ,
Un ciel nouveau s'ouvre pour moi.
(a ) Pays très-froid , conquis par les Suédois fur
les Mofcovites , arrofé par la Nieva.
Civ
56 MERCURE DE FRANCE.
Je connois enfin ces perfides
Que ma foibleffe ofoit aimer ;
Tandis que leurs coeurs parricides
Ne confpiroient qu'à m'opprimer.
Mon oeil franchit le labyrinthe ,
Où ces coeurs fermés par la crainte ,
Cachent l'enfer & fes fureurs ;
Plus d'égards , le Dieu qui m'éclaire ,
Cruels , pour indigner la terre ,
Vous livre à mes crayons vengeurs .
Parlez , Tyrans de ma foibleffe ,
Vils artifans de mes malheurs ,
N'avez-vous flaté ma tendreffe
Que pour vous nourrit de mes pleurs.
Coeurs ingrats , vous tramiez ma perte,
Lorfque pour vous mon ame ouverte ,
A vous aimer bornoit fes foins ;
Ainfi l'agneau , dès fa jeuneffe ,
Chérit la main qui le careffe
Pour l'immoler à nos beſoins.
Venge-moi , Dieu de l'innocence ,
Toi qui feul moteur des deſtins
Foule à tes pieds l'intelligence ,.
Et les vains projets des humains ,
De ces cruels Punis les crimes ...
SEPTEM BR E. 1755.
57
Que dis-je ces lâches victimes
Sont trop indignes de tes coups :
Je veux moi ſeul venger la terre ;
Grand Dieu , prête- moi ton tonnerre
Et laiffe éclater mon couroux.
Fuffent- ils dans les noirs abîmes ,
Je les pourfuivrai chez les morts.
J'irai leur reprocher leurs crimes ,
Trainer fur leurs pas
les remords.
J'écraferai leur tête altiere ,
Leurs fronts briſés fur la pouffiere
N'outrageront plus les vertus :
Mais qu'eft-il befoin de ta foudre ,
Ton fouffle peut les mettre en poudre ?
Grand Dieu , parle , & qu'ils ne foient plus.
Poinfinet le jeune.
L'Auteur dans fa noble colere , prend
ici le ton du Pfalmifte : L'agneau timide
eft tout à coup transformé en aigle , qui
porte & lance la foudre , on peut dire de
jui ,
Facit indignatio verfum.
Signature
Poinsinet le jeune.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Est rédigé par une personne