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Titre

LE RUISSEAU AMANT, A LA PRAIRIE.

Titre d'après la table

Declaration d'amour d'un Ruisseau à une Prairie.

Page de début
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Page de début dans la numérisation
21
Page de fin
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Page de fin dans la numérisation
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Incipit

Quant à vos Amies qui trouvent mauvais que dans les / J'ay fait pour vous trouver un assez long voyage,

Texte
uant à
A
GALANT. 5
vos Amies qui trouvent mau- vais que dans les Fléches de l'A-- mour on ait pretendu que l'Or euſt une vertu infaillible pour adoucir la fierté desBelles , voicy une declaration en forme qui leur fera connoiſtre qu'on ne ſe fert pas toûjours des meſmes moyens pour réüſſir. Elle est d'un Amantqui pour gagner les bonnes graces de ſa Maîtreſſe,
ne trouve que de l'eau à luy of- frir. Comme l'offre eſt fort extraordinaire , le genre d'Amant l'eſt de meſme. C'est un Ruiffeau qui est devenu amoureux d'une Prairie. Unpeud'audian- ce, je vous conjure. Tout froid qu'il eſt ( car les Ruiſſeaux le font naturellement ) il debite ſes raiſons d'aſſez bonne gracepour meriter que vous l'écoutiez. Si quelqu'un dans voſtre Province
A iij
6 LE MERCVRE
(
-eſt embarraffé de l'Allégorie ,
-dites-luyqu'elle ne luy doit fai- re aucune peine , & que par ces Torrens qui font du fracas &dont les eaux ſe tariffent in- continent , il eſt aiſé d'enten- dre ces Amans qui fontd'abord de fi ardentes proteftations , &
qui ne ſçavent ce quec'eſtque d'aimer avec conſtance.
નોરલ
LE RVISSEAU
ΑΜΑΝΤ ,
A LA PRAIRIE.
J'Aylongfaitvoyage pour,vous trouver un affez.
Mon aimable Prairie , enfin je viens àvous ,
Recevezun Ruiffean dont lefort leplus doux
GALANT.
Serade voirſes eaux couler pourvostre usage.
C'est dans ceſeul espoir quesans aucun
repos, :
,
Depuis quej'ayquitéma Source ,
L'ay toûjours jusqu'icy continué ma course,
Toûjours roulé mespetits flots.
D'un coursprécipitéj'ay paſſé des Prai- ries
Où tout autre Ruiſſeau s'amuse avec
plaifir ;
Jen'ay point serpenté dansles Routes fleuries ,
Ien'enavois pas le loiſir.
Tel que vous me voyez , sçachez, ne vous déplaiſe,
(Car il est bon desefaire valoir )
Queplus d'une Prairie auroit esté bienaife De me donner paſſage,&de me rece- voir.
A iij
8 LE MERCVRE
Mais ce n'estoit pas là mon compte,
P'en fuſſe un peuplus tard arrivé dans
ceLien,
Etpar unefuite affez prompte ,
Gazoüillantfierement ,je leur diſoisadien.. :
Ilfautvousdire tout,lafeinte est inutile
I'en trouvois la plupart dignes de mes -refus;
Les unes entre nous,ſont d'accésfifacile,,
Que tous Ruisseaux y font les bien:
ورية
venus.
Ellesveulent toûjours en avoirun grand nombre ,
Etmay dans le grand nombre aussi - tost
je me pers ;
D'autresfont dans des lieux un peu trop
découverts ,
Et moy j'aime à couler à l'ombre.
L'estois bien inspiré de megarder pour
vons ;
GALANT.
:
9
Vous eſtes bien monfait ,jeſuis affez le voſtre ;
Mais aussi ,moy reçen ,n'en recevez

point d'autre ,
Car jesuis un Ruiſſean jaloux.
Acela pres, qui n'estpas un grand vice,
l'ay d'affez bonnes qualitez
Ne craignez pas que jamais je tariffe,
Iepuis défier les Etez.
Ieſcay que certaines Prairies D'un Ruiffeau comme moy ne s'accom modent pas ; Ad Illeur faut ces Torrens quifont tant de fracas,
Mais fort ſouvent on voit leurs eaux
taries.
Mon cours entout temps est égal ,
Ieſuis tranquille &doux,nefais point
de ravage ;
Deplus ,je viens vousfaire hommage D'une eau pure comme cristal....
Il est telle Prairie,&peut-eſtre affez belle دو
A V
10 LE MERCVRE
د
Aqui leplus petit Ruiffean ,
Suivantſapente naturelle N'iroit jamais porterdeux goutes d'eau,
Amoins que détournépar un chemin
nouveau ,
Elle n'en amenaſt quelqu'un juſque chez
elle.
Mais pour vous ,sans vous mettre en frais ,
Sans vousfervir d'un pareil artifice ,
Vous voyez des Ruiſſeaux qui viennent
tout exprés Vous faire ofre de leur ſervice ,
Et le toutpourvos intéreſts.
Apreſent ,je l'avonë , on vous trouve agreable ,
Vous donnezduplaisir auxyeux;
Mais avecun Ruiſſeau ,rien n'est plus véritable ,
Que vous en vaudrez beaucoup mieux.
Decent Fleur, qui naiſtront vous vous
verrez ornée,
Ievous enrichiray deces nouveauxTré- fors,
GALANT. II
Et voustenant environnée ,
Avec mes eauxje munirayvos bords.
Reposez-vous sur moyduſoin de lesdé.
fendre;
Aquoyplus fortement puis-je m'inte.
reffer ?
Déja meſme en deux Bras iem'apreste àmefendre,
Pour tâcher de vous embraffer.
Mes ondes lentement de toutesparts errantes
Nepourrontde ce Lieu se résoudre à
partir;
Etquand i'aurayformé cent Routes di- férentes ,
Ie meperdray chez vous,plutoſt que d'enfortir.
Iesens, iesens mes eauxqui boüillonnentde ioye ,
Deles tantreteniràlafin ieſuis las ,
Ellesvontse répandre , & se faire une
voye,
Iln'estplus tempsàvous den'y conſentirpas.
4
Avj
Genre
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Est rédigé par une personne
Soumis par delpedroa le