Titre
LETTRE du P. Androl, Celestin, écrite de Sens, le 7 Novembre 1731. à un Seigneur de la Cour.
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
2673
Page de début dans la numérisation
206
Page de fin
2675
Page de fin dans la numérisation
208
Incipit
Monsieur, Ce que j'ai l'honneur de vous écrire, vous paroîtra venir des antipodes, si je ne
Texte
LETTRE du P. Androl , Celestin , écrite
de Sens , le 7 Novembre 1731. à un Seis
gneur de la Cour.
MONSIE
ONSIEUR ;
Ce que j'ai l'honneur de vous écrire
vous paroîtra venir des antipodes , si je ne
trouve le moyen de rappeller dans votre
souvenir le P. Androl , ce Celestin à qui
vous donniez autrefois une petite part de
votre estime et de votre bienveillance . Je
me flatte que vous n'avez pas entierement
oublié une de mes Lettres, qui vous parut
assez jolie , pour mériter d'être lûe à une
illustre Compagnie , qui se réjouissoit avec
vous à Versailles. Autre époque plus marquée
; c'est la visite que je vous rendis
aux petites Ecuries , où la goutte vous
avoit surpris , et où vous m'assurâtes que
mon enjouëment avoit suspendu les violeutes
douleurs que vous soufriez depuis
quinze jours. En voilà assez , Monsieur
pour rafraichir dans votre esprit une idée
qui n'a jamais dû vous occuper.
Je m'adresse à vous preferablement à
tout autre, pour présenter une petire Requête
à M.le Cardinal de Fleury.Elle n'est
pas du caractere de celles dont on a pei-
I ne
.
2674 MERCURE DE FRANCE
ne à se mêler.Un mouvement , un mot de
votre part en avancera sans doute le suc
ces. Si son Eminence désiroit d'en aprendre
les motifs , vous lui pouvez dire secretement
que toute ma famille a péri au service
du Roy, et qu'il ne me reste plus que
deux neveux usez , dont la Croix de saint
Louis est presque tout le bien . Si elle
ajoutoit que les Celestins ont la réputation
de n'en point manquer , je répondrois
que notre maison menaçant ruine ,
nous l'avons rebâtie de fond en comble ,
et que cet Edifice m'a mis assez au large
pour l'habitation , et fort à l'étroit pour
les commoditez que mon grand âge me'
rend si nécessaires. J'entrai dans notre
Ordre dans un temps où les pensions
étoient inusitées , et d'ailleurs vous sçayez
qu'elles sont aussi rares pour les Cadets
du Vivarez, que les Lettres de Change
pour ceux de Gascogne;, nous sommes
obligez de chercher un établissement
dans les avantures, et nous n'avons d'auxres
partis à prendre que le Froc ou l'Epée.
Le pis aller pour moi , c'est que ma.
Requête ne serve qu'à divertir son Eminence
et lui faire esperer de longs jours.
Il ne me paroît pas que les miens ni ma
Conversation fatiguent encore le monde.
Je me sens même propre à vous dire avec
NOVEMBRE . 1731. 2675 :
autant de feu et de gayeté que jadis , que,
je suis avec une parfaite reconnoissance ,
& c .
de Sens , le 7 Novembre 1731. à un Seis
gneur de la Cour.
MONSIE
ONSIEUR ;
Ce que j'ai l'honneur de vous écrire
vous paroîtra venir des antipodes , si je ne
trouve le moyen de rappeller dans votre
souvenir le P. Androl , ce Celestin à qui
vous donniez autrefois une petite part de
votre estime et de votre bienveillance . Je
me flatte que vous n'avez pas entierement
oublié une de mes Lettres, qui vous parut
assez jolie , pour mériter d'être lûe à une
illustre Compagnie , qui se réjouissoit avec
vous à Versailles. Autre époque plus marquée
; c'est la visite que je vous rendis
aux petites Ecuries , où la goutte vous
avoit surpris , et où vous m'assurâtes que
mon enjouëment avoit suspendu les violeutes
douleurs que vous soufriez depuis
quinze jours. En voilà assez , Monsieur
pour rafraichir dans votre esprit une idée
qui n'a jamais dû vous occuper.
Je m'adresse à vous preferablement à
tout autre, pour présenter une petire Requête
à M.le Cardinal de Fleury.Elle n'est
pas du caractere de celles dont on a pei-
I ne
.
2674 MERCURE DE FRANCE
ne à se mêler.Un mouvement , un mot de
votre part en avancera sans doute le suc
ces. Si son Eminence désiroit d'en aprendre
les motifs , vous lui pouvez dire secretement
que toute ma famille a péri au service
du Roy, et qu'il ne me reste plus que
deux neveux usez , dont la Croix de saint
Louis est presque tout le bien . Si elle
ajoutoit que les Celestins ont la réputation
de n'en point manquer , je répondrois
que notre maison menaçant ruine ,
nous l'avons rebâtie de fond en comble ,
et que cet Edifice m'a mis assez au large
pour l'habitation , et fort à l'étroit pour
les commoditez que mon grand âge me'
rend si nécessaires. J'entrai dans notre
Ordre dans un temps où les pensions
étoient inusitées , et d'ailleurs vous sçayez
qu'elles sont aussi rares pour les Cadets
du Vivarez, que les Lettres de Change
pour ceux de Gascogne;, nous sommes
obligez de chercher un établissement
dans les avantures, et nous n'avons d'auxres
partis à prendre que le Froc ou l'Epée.
Le pis aller pour moi , c'est que ma.
Requête ne serve qu'à divertir son Eminence
et lui faire esperer de longs jours.
Il ne me paroît pas que les miens ni ma
Conversation fatiguent encore le monde.
Je me sens même propre à vous dire avec
NOVEMBRE . 1731. 2675 :
autant de feu et de gayeté que jadis , que,
je suis avec une parfaite reconnoissance ,
& c .
Lieu
Date, calendrier grégorien
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Mots clefs
Domaine
Provient d'un lieu