Titre
.... ANA, ou Bigarures Calotines, A Paris, chez la Mesle, ruë de la Vieille-Bouclerie, à la Minerve ; & A. Huqueville, Quay des Augustins, au coin de la ruë Gille-Coeur. Brochure in 12.
Titre d'après la table
Ana, ou Bigarures calotines,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
2668
Page de début dans la numérisation
121
Page de fin
2671
Page de fin dans la numérisation
124
Incipit
L'Hymen, dit l'Auteur dans sa Préface, refusa de présider à ma naissance ;
Texte
2668 MERCURE DE FRANCE
ANA , Ou Bigarures Calotines,
A Paris , chez la Mefl:, ruë de la Vieille-
Bouclerie , à la Minerve ; & A. Huqueville
, Quay des Auguftins , au coin de la
rue Gille - Coeur. Brochure in 12.
» L'Hymen , dit l'Auteur dans fa Préface
, refufa de préfider à ma naiffance ;
» je dois le jour à un vieux Seigneur que
» je n'ai jamais vû , & dont une vieille
» femme , qui m'a élevé , & qui appȧ-
>> remment fçavoit tout ce myftere , ne
» m'a jamais pû ou voulu dire le nom.
» Il combattit toute fa vie fous les étendarts
de l'Amour , & Dieu fçait quels
» Myrthes il en rapporta bien fou-
» vent. Dans les dernières années , il s'at-
» tacha à une Danfeufe , qui pour avoir
» trop fatigué fa groffeffe , mourut en
» me mettant au monde. Sans ce con-
» tre-tems , je ferois peut - être Marquis
» ou Comte ; car mon pere en étoit fi fort
» enchanté , qu'il l'auroit infailliblement
» épousée , & c .
>> Au refte, ajoute-t- il plus bas , on trou-
» vera icy quantité d'Anecdotes curieu-
» fes & litteraires , qui n'ont jamais été
imprimées , &c.
Donnons- en quelques Echantillons.
2 Quand M. de Sacy , Avocat au Con-
•
I, Vole
» feil
DECEMBRE . 1730. 2669
feil , & l'un des 40. de l'Académie
>> Françoiſe , mort en 1728. eut mis au
»jour fon Traité de l'Amitié ; un bel ef
prit , qui avoit penfé être fon gendre
» fit les deux couplets fuivans ; fur l'air
» des Fanatiques:
» Sur l'amitié paroît au jour
Un admirable ouvrage ,
» L'Auteur fur un nouveau tour ,
Y brille à chaque page ;
Il en a fait pour l'amour
Un qui plaît davantage.
On n'y voit que de la douceur ,
» De la délicateffe ;
Tous les traits percent le coeur ,'
» Inſpirent la tendreſſe ,
ود
Trop heureux eft l'Imprimeur ,
Qui le met fous la Preſſe.
M. Autreau , connu par plufieurs
» Comédies , joüées fur le nouveau Théa-
» tre Italien , & entr'autres par Démo
» crite, prétendu fou , qui vient de lui faire
>> tant d'honneur , avoit fait des paroles
fort jolies fur un air d'un Opera nou-
» veau. Un petit Maître , fur un de ces
Bancs qui environnent le grand Baffin
» des Tuilleries , fe les attribuoit & en re-
I. Vol F » cevoir
2670 MERCURE DE FRANCE
ע
» cevoit les complimens. Le hazard fic
paffer M. Autreau . Un de ſes amis qui
» étoit fur le même banc , l'arrêta, & lui
» dit : Voilà un Monfieur qui fe dic Aureur
de ces paroles qui courent , fur
» tel air , & qui commencent par...
Pourquoi , Monfieur , ne les auroit- il
» pas faites , répondit M. Autreau , je les
wai bien faites , moi.
Le Comte de Gram. entendoit un
bruit d'épées affez loin de fon apparte
ment ; il y court & fepare deux de fes
Valets de chambre qui fe battoient ; il en
voulut fçavoir le fujet : L'agreffeur lui
dit naïvement : Nous vous avons volé de
concert cinq Loüis d'or , il ne m'en veut
donner que deux . Maraut, lui dit le Comte
, n'as-tu point de honte de l'égorger
pour fi de chofe ? Tiens , voilà un
Louis.
peu
Louis XIV. fit ce bel éloge du Cardinal
de Coiflin , en apprenant fa mort....
Il m'a toujours dit du bien de tout le monde,
perfonne ne m'a dit du mal de lui.
Dans une affemblée nombreuſe de l'Académie
Françoife , l'Abbé Regnier , qui
en étoit Secretaire , fit la collecte dans
lon Chapeau , d'une Pistole que chaque
I.Vol. AcaDECEMBRE.
1730. 2671 :
'Académicien devoit donner pour une
certaine affaire ; & n'ayant pas vû un de
ces Meffieurs , qui paffoit pour être fort
avare, donner fa piſtole , il la lui demanda.
Celui-cy affura qu'il l'avoit miſe dans
le Chapeau. Je le crois , dit l'Abbé Re
gnier , mais je ne l'ai pas vû : & moi ,
ajouta M. de Fontenelle qui étoit auprès ;
je l'ai vû , mais je ne le crois pas.
ANA , Ou Bigarures Calotines,
A Paris , chez la Mefl:, ruë de la Vieille-
Bouclerie , à la Minerve ; & A. Huqueville
, Quay des Auguftins , au coin de la
rue Gille - Coeur. Brochure in 12.
» L'Hymen , dit l'Auteur dans fa Préface
, refufa de préfider à ma naiffance ;
» je dois le jour à un vieux Seigneur que
» je n'ai jamais vû , & dont une vieille
» femme , qui m'a élevé , & qui appȧ-
>> remment fçavoit tout ce myftere , ne
» m'a jamais pû ou voulu dire le nom.
» Il combattit toute fa vie fous les étendarts
de l'Amour , & Dieu fçait quels
» Myrthes il en rapporta bien fou-
» vent. Dans les dernières années , il s'at-
» tacha à une Danfeufe , qui pour avoir
» trop fatigué fa groffeffe , mourut en
» me mettant au monde. Sans ce con-
» tre-tems , je ferois peut - être Marquis
» ou Comte ; car mon pere en étoit fi fort
» enchanté , qu'il l'auroit infailliblement
» épousée , & c .
>> Au refte, ajoute-t- il plus bas , on trou-
» vera icy quantité d'Anecdotes curieu-
» fes & litteraires , qui n'ont jamais été
imprimées , &c.
Donnons- en quelques Echantillons.
2 Quand M. de Sacy , Avocat au Con-
•
I, Vole
» feil
DECEMBRE . 1730. 2669
feil , & l'un des 40. de l'Académie
>> Françoiſe , mort en 1728. eut mis au
»jour fon Traité de l'Amitié ; un bel ef
prit , qui avoit penfé être fon gendre
» fit les deux couplets fuivans ; fur l'air
» des Fanatiques:
» Sur l'amitié paroît au jour
Un admirable ouvrage ,
» L'Auteur fur un nouveau tour ,
Y brille à chaque page ;
Il en a fait pour l'amour
Un qui plaît davantage.
On n'y voit que de la douceur ,
» De la délicateffe ;
Tous les traits percent le coeur ,'
» Inſpirent la tendreſſe ,
ود
Trop heureux eft l'Imprimeur ,
Qui le met fous la Preſſe.
M. Autreau , connu par plufieurs
» Comédies , joüées fur le nouveau Théa-
» tre Italien , & entr'autres par Démo
» crite, prétendu fou , qui vient de lui faire
>> tant d'honneur , avoit fait des paroles
fort jolies fur un air d'un Opera nou-
» veau. Un petit Maître , fur un de ces
Bancs qui environnent le grand Baffin
» des Tuilleries , fe les attribuoit & en re-
I. Vol F » cevoir
2670 MERCURE DE FRANCE
ע
» cevoit les complimens. Le hazard fic
paffer M. Autreau . Un de ſes amis qui
» étoit fur le même banc , l'arrêta, & lui
» dit : Voilà un Monfieur qui fe dic Aureur
de ces paroles qui courent , fur
» tel air , & qui commencent par...
Pourquoi , Monfieur , ne les auroit- il
» pas faites , répondit M. Autreau , je les
wai bien faites , moi.
Le Comte de Gram. entendoit un
bruit d'épées affez loin de fon apparte
ment ; il y court & fepare deux de fes
Valets de chambre qui fe battoient ; il en
voulut fçavoir le fujet : L'agreffeur lui
dit naïvement : Nous vous avons volé de
concert cinq Loüis d'or , il ne m'en veut
donner que deux . Maraut, lui dit le Comte
, n'as-tu point de honte de l'égorger
pour fi de chofe ? Tiens , voilà un
Louis.
peu
Louis XIV. fit ce bel éloge du Cardinal
de Coiflin , en apprenant fa mort....
Il m'a toujours dit du bien de tout le monde,
perfonne ne m'a dit du mal de lui.
Dans une affemblée nombreuſe de l'Académie
Françoife , l'Abbé Regnier , qui
en étoit Secretaire , fit la collecte dans
lon Chapeau , d'une Pistole que chaque
I.Vol. AcaDECEMBRE.
1730. 2671 :
'Académicien devoit donner pour une
certaine affaire ; & n'ayant pas vû un de
ces Meffieurs , qui paffoit pour être fort
avare, donner fa piſtole , il la lui demanda.
Celui-cy affura qu'il l'avoit miſe dans
le Chapeau. Je le crois , dit l'Abbé Re
gnier , mais je ne l'ai pas vû : & moi ,
ajouta M. de Fontenelle qui étoit auprès ;
je l'ai vû , mais je ne le crois pas.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux