Titre
LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure, touchant un ancien Vocabulaire des Villes de France.
Titre d'après la table
Lettre sur un ancien Vocabulaire des Villes de France,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
1975
Page de début dans la numérisation
82
Page de fin
1978
Page de fin dans la numérisation
85
Incipit
Ce que j'ai lû, Messieurs, dans le Mercure de Mars dernier, touchant les
Texte
LETTRE écrite aux Auteurs du Mercure,
touchant un ancien Vocabulaire des Villes
de France.
E que j'ai lu,Messieurs,dans le Mer-
CEcure de Mars dernier , touchant les
différens noms des Académies d'Italie , et
ce qu'on y ajoute , tiré d'un Jurisconsulte
, touchant certains noms populaires et
triviaux , attribuez à quelques Villes de
France , m'a engagé de consulter mes
Recueils , et de vous proposer une Liste
de Proverbes qui m'a paru beaucoup
plus curieuse , et par le nom des Villes
qui y sont distinguées , et par son antiquité.
Elle a été tirée d'un Manuscrit de la
Bibliotheque de M. Seguier ou de Coaslin
, cotté lors . Il en contient trente - six ,
mais pour cette fois - ci je me propose de
ne vous en envoyer que la moitié , et je
Dij vous
1976 MERCURE DE FRANCE
vous prie de les faire imprimer en colonne
, tels que je les représente icy , afin
que le Lecteur soit moins fatigué les
lire. Le langage vulgaire de cette Liste
me paroît de 4 à 500 ans ; si j'avois vû
l'original , j'en jugerois plus affirmativement
par le caractere de l'Ecriture ; au
cas que la Coppie dont je me suis servi
soit fautive , vous êtes plus à portée que
moi de la rectifier , en consultant l'ori
ginal : En voici les termes ;
Personnes de Rains.
Seignor de Laon.
Cervoice de Cambrai.
Buriers de Tornai.
Li prive de S. Denise.
Li esgare de Teroane .
Li garsilleor de Roan .'
Li Doneor de Lisisies.
Lijureor de Baiex.
Li Sorcuidie de Coutances.
Li Cloistrier de Canz.
Li poure orgueillox de Tors;
Li enfrun de Tol.
Li Damoisel d'Amiens.
La Bachelerie de Beauvèz.
Li Bordeor d'Arraz.
La Nience de Chaalons.
Li Chanteor de Sens,
Voil
SEPTEMBRE. 1733 1977
Voilà dequoi exercer l'esprit de ceux
qui connoissent les anciennes Coutumes
et les génies des peuples. J'entrevois que
quelquefois il peut y avoir de la badinerie
dans le nom adjectif ou substantif
qui
qui est joint a celui de ces Villes ; mais
sera toujours bon d'en avoir le dénouement.
Je ne croi pas qu'on puisse se fâcher
de cette recherche , puisque les
moeurs sont bien changées depuis ce
temps-là , et que souvent ce qui fait désigner
telle Ville , par telle ou telle dénomination
, peut ne venir que d'un petit
nombré de ses habitans , et d'une société
particuliere qui s'y distinguoit , ou
de quelque histoire qui sera arrivée une
fois. Dailleurs un particulier auroit grand
tort de prendre pour lui ce qui ne se die
qu'en général. Voit-on les Normands se
fâcher de l'Epithete qu'on attribue communément
à leur Nation ? Et les Picards
se mettre en colere quand on leur dit
qu'ils ont la tête caude ? M. du Cange
qui étoit Picard , n'a pas même dédaigné
de fournir quelques preuves , que ce mot
de Picard n'a pas une origine des plus
honorables ; quoiqu'un peu plus bas il se
mocque de celle que M. de Valois lui attribue
dans sa Notice des Gaules . Un bon
Curé Champenois , du quatorziéme sié-
D, iij cle
1978 MERCURE DE FRANCE
cle , inséra autrefois dans son Livre d'Eglise
, ces deux Vers Léonins , sur les
Picards :
Isti Picardi non sunt ad pralia tardi :
Primò sunt hardi , sed sunt in fine åardi.
Ces deux Vers étoient apparemment
dans la bouche des Nouvellistes . Le dernier
mot y étant par abrégé , n'est pas
tout à - fait clair ; cependant il est sûr que
la quantité du Vers exige un terme de
trois syllabes ainsi il faut lire , Conardi
ou Conardi, et plus probablement Coйardi
, qui aura été dit par opposition à
Hardi , puisque Conar signifie , en vieux.
langage , Timide , Fuyard.
Au reste , Messieurs , faites en sorte , je
vous prie , que le distique de ce bon
Prêtre Champenois ne soit point cause
que la Nation Picarde intente à la Champenoise
un Procès pareil à celui que les
habitans de Dreux lui intenterent il y a
quelques années ; Procès que avez eu bien
de la peine à assoupir. Je suis , &c.
touchant un ancien Vocabulaire des Villes
de France.
E que j'ai lu,Messieurs,dans le Mer-
CEcure de Mars dernier , touchant les
différens noms des Académies d'Italie , et
ce qu'on y ajoute , tiré d'un Jurisconsulte
, touchant certains noms populaires et
triviaux , attribuez à quelques Villes de
France , m'a engagé de consulter mes
Recueils , et de vous proposer une Liste
de Proverbes qui m'a paru beaucoup
plus curieuse , et par le nom des Villes
qui y sont distinguées , et par son antiquité.
Elle a été tirée d'un Manuscrit de la
Bibliotheque de M. Seguier ou de Coaslin
, cotté lors . Il en contient trente - six ,
mais pour cette fois - ci je me propose de
ne vous en envoyer que la moitié , et je
Dij vous
1976 MERCURE DE FRANCE
vous prie de les faire imprimer en colonne
, tels que je les représente icy , afin
que le Lecteur soit moins fatigué les
lire. Le langage vulgaire de cette Liste
me paroît de 4 à 500 ans ; si j'avois vû
l'original , j'en jugerois plus affirmativement
par le caractere de l'Ecriture ; au
cas que la Coppie dont je me suis servi
soit fautive , vous êtes plus à portée que
moi de la rectifier , en consultant l'ori
ginal : En voici les termes ;
Personnes de Rains.
Seignor de Laon.
Cervoice de Cambrai.
Buriers de Tornai.
Li prive de S. Denise.
Li esgare de Teroane .
Li garsilleor de Roan .'
Li Doneor de Lisisies.
Lijureor de Baiex.
Li Sorcuidie de Coutances.
Li Cloistrier de Canz.
Li poure orgueillox de Tors;
Li enfrun de Tol.
Li Damoisel d'Amiens.
La Bachelerie de Beauvèz.
Li Bordeor d'Arraz.
La Nience de Chaalons.
Li Chanteor de Sens,
Voil
SEPTEMBRE. 1733 1977
Voilà dequoi exercer l'esprit de ceux
qui connoissent les anciennes Coutumes
et les génies des peuples. J'entrevois que
quelquefois il peut y avoir de la badinerie
dans le nom adjectif ou substantif
qui
qui est joint a celui de ces Villes ; mais
sera toujours bon d'en avoir le dénouement.
Je ne croi pas qu'on puisse se fâcher
de cette recherche , puisque les
moeurs sont bien changées depuis ce
temps-là , et que souvent ce qui fait désigner
telle Ville , par telle ou telle dénomination
, peut ne venir que d'un petit
nombré de ses habitans , et d'une société
particuliere qui s'y distinguoit , ou
de quelque histoire qui sera arrivée une
fois. Dailleurs un particulier auroit grand
tort de prendre pour lui ce qui ne se die
qu'en général. Voit-on les Normands se
fâcher de l'Epithete qu'on attribue communément
à leur Nation ? Et les Picards
se mettre en colere quand on leur dit
qu'ils ont la tête caude ? M. du Cange
qui étoit Picard , n'a pas même dédaigné
de fournir quelques preuves , que ce mot
de Picard n'a pas une origine des plus
honorables ; quoiqu'un peu plus bas il se
mocque de celle que M. de Valois lui attribue
dans sa Notice des Gaules . Un bon
Curé Champenois , du quatorziéme sié-
D, iij cle
1978 MERCURE DE FRANCE
cle , inséra autrefois dans son Livre d'Eglise
, ces deux Vers Léonins , sur les
Picards :
Isti Picardi non sunt ad pralia tardi :
Primò sunt hardi , sed sunt in fine åardi.
Ces deux Vers étoient apparemment
dans la bouche des Nouvellistes . Le dernier
mot y étant par abrégé , n'est pas
tout à - fait clair ; cependant il est sûr que
la quantité du Vers exige un terme de
trois syllabes ainsi il faut lire , Conardi
ou Conardi, et plus probablement Coйardi
, qui aura été dit par opposition à
Hardi , puisque Conar signifie , en vieux.
langage , Timide , Fuyard.
Au reste , Messieurs , faites en sorte , je
vous prie , que le distique de ce bon
Prêtre Champenois ne soit point cause
que la Nation Picarde intente à la Champenoise
un Procès pareil à celui que les
habitans de Dreux lui intenterent il y a
quelques années ; Procès que avez eu bien
de la peine à assoupir. Je suis , &c.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Mots clefs
Constitue la réponse à un autre texte
Est adressé ou dédié à une personne