Titre
L'INTEREST, ODE Qui par le jugement de l'Académie des Jeux Floraux, a remporté cette année 1731. le Prix de l'Amarante d'or, destiné à ce genre de Poësie ; elle est de M. l'Abbé Poncy de Neuville ; c'est pour la septiéme fois qu'il est couronné dans cette Académie.
Titre d'après la table
L'Interêt, Ode,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
1235
Page de début dans la numérisation
40
Page de fin
1240
Page de fin dans la numérisation
45
Incipit
Quelle est cette horrible furie !
Texte
L'INTEREST ,
ODE
Quipar lejugement de l'Académie des Jeux
Floraux , a remporté cette année 1731 .
le Prix de l'Amarante d'or , destiné à
cegenre de Poësies elle est de M. l'Abbé
Poncy de Neuville ; c'est pour la septième
fois qu'il est couronné dans cette Académie.
Quelle
Uelle est cette horrible furie !
Son souffle empoisonne les Airs ;
Sa pernicieuse industrie ,
De crimes remplit l'Univers
D'un glaive sa main est armée
Elle va de rage animée
Creuser en cent lieux des Tombeaux
L'ambition et l'avarice ,
L'affreuse envie et l'injustice ,
L'éclairent de leurs noirs flambeaux,
I. Vol
By C'est
1236 MERCURE DE FRANCE
C'est l'Interêt ; non. le Tartare ,
Fécond en vices éclatans ,
N'a rien vomi de plus barbare
Depuis la naissance des temps ,
Sur un vaste amas de ruines ,
Il s'éleve fier des rapines >
Dont on enrichit ses Autels
Les insatiables harpies ,
Volent autour des dons impies
Que lui prodiguent les Mortels.
Le Nocher , loin de sa Patrie ,
Pour lui seul renonce au repos ;
Il part , il brave la Furie ,
Des Vents déchaînez et des Flots
Si- tôt que l'Interêt décide ,
Rien n'arrête , rien n'intimide ,
Que dis- je ? on renonce aux plaisirs ,
Les esprits opposez s'unissent
Les plus indociles fléchissent
Tout change au gré de ses desirs.
&
Tyran que l'Univers encense
Malgré l'honneur et la raison ,
Sous le regne de l'innocence ,
On ignoroit jusqu'à ton nom
Dans les flancs des profonds abymes
2
1
I. Vol.
Les
JUIN.
1731. 1237
Les trésors , source de nos crimes ,
Etoient encore resserrez •
Nous n'aurions point connu la guerre ,
Sï jamais du sein de la Terre ,
Ton bras ne les avoit tirez.
{
Quelles horribles funerailles !
Je nâge en des Fleuves de sang ;
Le cruel démon des batailles ,
Porte la mort de rang en rang ;
Les Provinces sont ravagées ;
Les Citez tombent saccagées ;
Et sous ces Palais désolez ,
Je vois par d'odieuses trames ,
Parmi les cris , parmi les flâmes ,
Périr cent Princes immolez.
Quand les feux des guerres publiques ,
S'éteignent aux pieds de la Paix ,
Auteu: des troubles domestiques ,
Tu vas causer d'autres forfaits ,
Le fils s'arme contre le pere ,
Le frere attente sur le frere ,
L'ami méconnoît ses amis ,
Grands Dieux , ses maximes sinistres ,
Souillent quelquefois vos Ministres ,
Et corrompent ceux de Tlémis.
9
I. Vol.
Par
B vj
1238 MERCURE DE FRANCE
Par les coupables artifices ,
On trahit , on vend l'équité ,
On profane les Sacrifices ,
Que vous offre la pieté;
Combien ... mais non…….. que mon silence },
Dérobe à l'injuste licence ,
Des Portraits toujours dangereux ;
Craignons de lui fournir des armes ;
Effaçons plutôt par nos larmes ,
Tout ce que leurs, traits ont d'affreux.
Ce ne sont plus ces simpaties ,
Desames qu'un rapport heureux
Auroit l'une à l'autre assorties ,.
Qui de l'Hymen forment les noeuds
Toi seul regle la destinée ,
De la Victime infortunée ,
Qu'on entraîne aux pieds de l'Autel ;
Interêt , quel est ton empire-?
Le tendre Amour en vain soupire,
Il y reçoit le coup mortel.
Delà ces feux illegitimes ,
Par qui le Ciel est irrité.
Ah ! n'imputons qu'à toi les crimes ;
Que commet l'infidelité ;
On s'est uni sans se connoître ,
..
* 15 :
I. Vol. On
JUIN. 1731 8239
On se seroit aimé peut-être ;
Le coeur au moins eût combattu :
Mais par ton funeste caprice ,
Barbare , tu forces au yice ,
Ce coeur formé pour lá vertu.
Qu'elle est cette Idole fragile ,
Livrée au caprice du vent è
La tête est d'or , les pieds d'argile
Ont pour baze un sable mouvant
J'entends les fiers Sujets d'Eole ;
Ils s'unissent contre l'Idole ;
Quel bruit ! quel fracas ! quel débris !
Le decret des Cieux s'execute
Et le lieu même de sa chute ,
Disparoît aux regards surpris
.
>
De votre sort c'est là l'image
De l'Interêt vils Partisans ,
La Fortune abbat son ouvrage ,
Fuyez ses perfides présens
Quand elle seroit plus constante ,
Quand tout rempliroit votre attente ,
Par un long et coupable abus ,
Les plus formidables Monarques ,
Naissent tributaires des Parques ,
Vous leur devez mêmes tributs
D
i ita
I. Vol. Des
1240 MERCURE DE FRANCE
Des Sysiphes , des Promethées ,
Vous méritez les châtimens ,
Les Eumenides irritées ,
Vous préparent mêmes tourmens ;
Vos vains honneurs , coupables Ombres ,
N'ont plus d'éclat dans ces lieux sombres ,
Ou tous les rangs sont confondus ,
Et ces biens pour qui l'on soupire ,
Ne peuvent rien dans un Empire ,
Où l'on juge au poids des vertus.
Va par tes brigues infernales ,
Sordide Interêt , Monstre affreux ,
Regner sur des ames vénales ;
Reçois l'hommage de leurs voeux ;
Je préfère à ton opulence ,
Une vertueuse indigence ;
Tu ne peux séduire mon coeur ;
Et je le percerois moi- même ,
Si par un changement extrême ,
Il t'avouoit pour son Vainqueur.
ODE
Quipar lejugement de l'Académie des Jeux
Floraux , a remporté cette année 1731 .
le Prix de l'Amarante d'or , destiné à
cegenre de Poësies elle est de M. l'Abbé
Poncy de Neuville ; c'est pour la septième
fois qu'il est couronné dans cette Académie.
Quelle
Uelle est cette horrible furie !
Son souffle empoisonne les Airs ;
Sa pernicieuse industrie ,
De crimes remplit l'Univers
D'un glaive sa main est armée
Elle va de rage animée
Creuser en cent lieux des Tombeaux
L'ambition et l'avarice ,
L'affreuse envie et l'injustice ,
L'éclairent de leurs noirs flambeaux,
I. Vol
By C'est
1236 MERCURE DE FRANCE
C'est l'Interêt ; non. le Tartare ,
Fécond en vices éclatans ,
N'a rien vomi de plus barbare
Depuis la naissance des temps ,
Sur un vaste amas de ruines ,
Il s'éleve fier des rapines >
Dont on enrichit ses Autels
Les insatiables harpies ,
Volent autour des dons impies
Que lui prodiguent les Mortels.
Le Nocher , loin de sa Patrie ,
Pour lui seul renonce au repos ;
Il part , il brave la Furie ,
Des Vents déchaînez et des Flots
Si- tôt que l'Interêt décide ,
Rien n'arrête , rien n'intimide ,
Que dis- je ? on renonce aux plaisirs ,
Les esprits opposez s'unissent
Les plus indociles fléchissent
Tout change au gré de ses desirs.
&
Tyran que l'Univers encense
Malgré l'honneur et la raison ,
Sous le regne de l'innocence ,
On ignoroit jusqu'à ton nom
Dans les flancs des profonds abymes
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1
I. Vol.
Les
JUIN.
1731. 1237
Les trésors , source de nos crimes ,
Etoient encore resserrez •
Nous n'aurions point connu la guerre ,
Sï jamais du sein de la Terre ,
Ton bras ne les avoit tirez.
{
Quelles horribles funerailles !
Je nâge en des Fleuves de sang ;
Le cruel démon des batailles ,
Porte la mort de rang en rang ;
Les Provinces sont ravagées ;
Les Citez tombent saccagées ;
Et sous ces Palais désolez ,
Je vois par d'odieuses trames ,
Parmi les cris , parmi les flâmes ,
Périr cent Princes immolez.
Quand les feux des guerres publiques ,
S'éteignent aux pieds de la Paix ,
Auteu: des troubles domestiques ,
Tu vas causer d'autres forfaits ,
Le fils s'arme contre le pere ,
Le frere attente sur le frere ,
L'ami méconnoît ses amis ,
Grands Dieux , ses maximes sinistres ,
Souillent quelquefois vos Ministres ,
Et corrompent ceux de Tlémis.
9
I. Vol.
Par
B vj
1238 MERCURE DE FRANCE
Par les coupables artifices ,
On trahit , on vend l'équité ,
On profane les Sacrifices ,
Que vous offre la pieté;
Combien ... mais non…….. que mon silence },
Dérobe à l'injuste licence ,
Des Portraits toujours dangereux ;
Craignons de lui fournir des armes ;
Effaçons plutôt par nos larmes ,
Tout ce que leurs, traits ont d'affreux.
Ce ne sont plus ces simpaties ,
Desames qu'un rapport heureux
Auroit l'une à l'autre assorties ,.
Qui de l'Hymen forment les noeuds
Toi seul regle la destinée ,
De la Victime infortunée ,
Qu'on entraîne aux pieds de l'Autel ;
Interêt , quel est ton empire-?
Le tendre Amour en vain soupire,
Il y reçoit le coup mortel.
Delà ces feux illegitimes ,
Par qui le Ciel est irrité.
Ah ! n'imputons qu'à toi les crimes ;
Que commet l'infidelité ;
On s'est uni sans se connoître ,
..
* 15 :
I. Vol. On
JUIN. 1731 8239
On se seroit aimé peut-être ;
Le coeur au moins eût combattu :
Mais par ton funeste caprice ,
Barbare , tu forces au yice ,
Ce coeur formé pour lá vertu.
Qu'elle est cette Idole fragile ,
Livrée au caprice du vent è
La tête est d'or , les pieds d'argile
Ont pour baze un sable mouvant
J'entends les fiers Sujets d'Eole ;
Ils s'unissent contre l'Idole ;
Quel bruit ! quel fracas ! quel débris !
Le decret des Cieux s'execute
Et le lieu même de sa chute ,
Disparoît aux regards surpris
.
>
De votre sort c'est là l'image
De l'Interêt vils Partisans ,
La Fortune abbat son ouvrage ,
Fuyez ses perfides présens
Quand elle seroit plus constante ,
Quand tout rempliroit votre attente ,
Par un long et coupable abus ,
Les plus formidables Monarques ,
Naissent tributaires des Parques ,
Vous leur devez mêmes tributs
D
i ita
I. Vol. Des
1240 MERCURE DE FRANCE
Des Sysiphes , des Promethées ,
Vous méritez les châtimens ,
Les Eumenides irritées ,
Vous préparent mêmes tourmens ;
Vos vains honneurs , coupables Ombres ,
N'ont plus d'éclat dans ces lieux sombres ,
Ou tous les rangs sont confondus ,
Et ces biens pour qui l'on soupire ,
Ne peuvent rien dans un Empire ,
Où l'on juge au poids des vertus.
Va par tes brigues infernales ,
Sordide Interêt , Monstre affreux ,
Regner sur des ames vénales ;
Reçois l'hommage de leurs voeux ;
Je préfère à ton opulence ,
Une vertueuse indigence ;
Tu ne peux séduire mon coeur ;
Et je le percerois moi- même ,
Si par un changement extrême ,
Il t'avouoit pour son Vainqueur.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Est rédigé par une personne