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Titre d'après la table

Lettre sur la petite Vérole, dont les Religieuses & les Demoiselles de S. Cyr ont été affligées,

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105
Incipit

Il est aisé de voir par votre Lettre, MADAME, qu'on ne nous a point épargnées dans le Public

Texte
NOUS croyons faire plaifir au Public ,
de lui communiquer une Lettre qui nous
eft tombée entre les mains ; elle eft d'une
Religienfe de S. Cyr , qui rend compte à
une de fes amies , de la conduite qu'on a
tenue dans la petite Vérole , dont cette
Maifon a été affligée cette année. Nous
aurions fouhaité pouvoir la donner en
entier; mais comme il n'étoit pas poffible
de la renfermer dans un feul volume
nous nous fommes déterminez à retrancher
de cent trente articles qu'elle contenoit
ceux qui étoient les moins interreffans.
1
L eft aifé de voir par votre Lettre, MADAME ,
qu'on ne nous a point épargnées dans le Public
fur la conduite que nous avons tenue dans la
petite Verole , dont notre Maiſon vient d'être
accablée . On nous blafme fur tour de n'avoir pas
féparé du reste de la Maifon celles qui en ont été
attaquées. Des perfonnes refpectables , dites -vous,
nous accufent de témerité & d'imprudence . Le
reproche auroit fans doute été plus loin , fi l'on
avoit fçû le traitement, avant que d'être informé
du fuccès. Je vais vous rendre compte de ce qui
s'eft paffé chez nous dans cette occafion ; ce fera
un expofé fimple de notre conduite. Vous y
verrez la maniere dont on a penfé fur la crainte
de gagner la petite Vérole , les moyens dont on
s'eft fervi pour la détruire;les obſervations qu'on
a faites , l'ordre qu'on a gardé dans les Infirmeries,
l'état des malades & les remedes qu'on a em-
LI, Vol. ployez
DECEMBRE. 1730. 2841
ployez. L'efperance de nous juftifier du moins
auprès de vous , me fait entreprendre ce détail.
Les preuves que j'ai de votre amitié pour notre
Mailon & de votre indulgence pour moi , achevent
de m'y déterminer ; je ne vous écrirai que
des faits ils fuffiront pour les perfonnes équitables
& fenfées .
Au commencement de cette année nous eûmes
à S. Cyr quelques Fiévres malignes . Vers les
premiers jours de Février , il parut tout à coup
quatorze petites Véroles. L'effroi fe rendit auffitôt
dans la Maiſon. Madame la Superieure confulta
le Medecin , fur le parti qu'il y avoit à
prendre , en prefence des Infirmieres & de plufieurs
autres Religieufes. Le temps feul , nous
dit-il , ou la conftitution particuliere de l'air
difpofe infenfiblement les liqueurs à produire la
petite Vérole , bien- tôt l'experience vous convaincra
que cette caufe agit également fur toutes
les perfonnes qui habitent le même lieu ; que la
fréquentation des malades n'y a aucune part , &
qu'il est bien plus fage de ne point féparer les
malades , & de ne mettre aucune difference dans
leur fervice. Il ajouta pour celles qui étoient
chargées du foin des Infirmeries , que l'ancienne
méthode de donner des cordiaux & de procurer
une chaleur exceffive aux malades , étoit meurtriere
, que l'Emétique & la Saignée étoient prefles
feuls fecours fur lefquels il y eut à compter
, & que dans les cas preffans , il faudroit y
recourir , pour ainfi dire , fans nombre & fans
mefure.
que
Un pareil difcours , de tou autre , nous auroit
paru fort étrange ; mais comme il nous eft atta
ché depuis plufieurs années , & qu'il a notre confiance
, fa maniere de penfer fut notre regle. On
laila les malades enfemble , & tout le monde
II. Vol com- Dij
4
2842 MERCURE DE FRANCE
cominença à fe raffurer . Dix- huit ou vingt jours
s'écoulerent & la convalefcence de nos malades
s'avançoit , lorfqu'il nous furvint en moins de
trois jours près de cinquante petites Véroles.
L'inquiétude vint , mais nous trouvâmes dans
cet évenement même de quoi la diffiper. 1. Prefque
aucune des dernieres malades , n'avoit eu de
communication avec les précédentes . 2. Nos Infirmieres
auffi - bien que Madame la Superieure ,
qui partageoit leurs travaux , étoient préfervées
au milieu des malades , quoique la pluſpart n'euffent
point en la petite Vérole.Ces deux faits diffiperent
nos préventions , & l'expérience du paffé
nous rendit cette vérité plus fenfible.
L'ancien ufage de la Maiſon étoit de ſéparer
les malades au moindre foupçon de petite Vérole
; malgré cette précaution,nos Journaux font
foy , qu'il n'y avoit pas moins de malades , &
nous fçavons par le témoignage des anciennes ,
que celles qui avoient le plus d'attention à fuír le
danger , étoient ordinairement plutôt attaquées
que les autres,
Mais fi la chofe étoit alors égale pour le nombre
, lorfque la communication étoit févérement
interdite , il n'en étoit plus de même pour les inconveniens.
La féparation jettoit dans les malades
qu'on tranfportoit un effroy inévitable , qui
en augmentoit infiniment le danger. C'étoit au
commencement de l'éruption qu'on les changeoit
de lieu ; moment précieux pour agir &
qu'on ne retrouve quelquefois plus dans le cours
de la maladie ; ( on fçait à quel point la crainte
ralentit le mouvement du coeur , & qu'elle donne
occafion à l'air d'agir fur les liqueurs avec plus
de force ) d'ailleurs , au milieu de la confternation
, le fecours manque , peu de perfonnes ont
affez de courage pour folliciter les malades , &
LL. Vol.
nc
DECEMBRE. 1730. 2843
ne le font qu'en tremblant. La Maiſon regrette
encore les funeftes fuites & la féparation à laquelle
on étoit autrefois affervi.
Affranchies de bonne heure des préjugez ordinaires
, nous fûmes en état d'examiner les differens
momens qui fe paffoient dans nos petites
Véroles , & de les comparer aux veritez que
nous avions déja apperçues. Notre Medecin nous
les dévelopoit d'une maniere fi fimple, que nous
étions à portée de les entendre. Elles ont tant de
rapport entr'elles qu'elles forment une démonftration
pour les perfonnes qui aiment à voir
clair.
;
Pendant trois mois que la petite Vérole a regné
à S.Cyr , nous n'avons pas eu une feule maladie
d'une autre nature les fantés délicates
étoient plus fermes , quelques perfonnes qui
avoient eu déja la petite Vérole , font venues à
l'Infirmerie avec des maux de Coeur , des douleurs
de reins , une pefanteur de Tête & la Fiévre
vive ; tous ces accidens ont ordinairement
diminué du 3 au 4, & le refte de la maladie a été
fi conforme à la petite Vérole, que quoi qu'il n'y
ait point eu d'éruption , nous n'avons pas douté
que ce ne fut une vraye Fiévre de petite Vérole.
On ne pouvoit les diftinguer au commencement
que parce que la malade avoit eu déja la petite
Vérole ; car il eft prefque fans exemple que quelqu'une
dans la maiſon l'ait euë veritablement
deux fois .
Toutes nos malades en general ont rendu une
Bile extremement verte dans les petites Véroles
dans les Fiévres du même caractere , dans les
convalefcences , dans les perfonnes qui ont été
purgées par précaution ou après des chutes ; nous
avons toujours remarqué le même caractere
d'humeur. Dès que le temps changeoit, nous re-
11. Vol.
Diij mar2844
MERCURE DE FRANCÈ
marquions du changement dans nos petites Véroles
, & lorfque le vent tournoit bruſquement
au Nord ,
ordinairement les accidens reparoiffoient
ou devenoient plus preffans.
De plus de vingt perfonnes qui ont rempli les
diverfes fonctions de l'Infirmerie , dont plus de
la moitié n'avoient pas eu la petite Vérole , une
feule en a été attaquée , encore par un effet viſible
de la frayeur ; car ce fut à la fuite d'un Difcours,
fur la crainte de gagner cette maladie , dont elle
fut fi vivement faifie, qu'elle tomba ſur le champ
dans des
friffonnemens qui ne cefferent que par
l'éruption.
Raffemblons ces faits & convenons du vrai,
Puifqu'il n'y a eu aucun autre genre de maladie
à S. Cyr pendant plus de trois mois que la
petite Vérole y a régné ; puifque toutes les
fonnes de la Maiſon qui ont été purgées dans
perquelque
circonftance que ce fut , ont rendu une
bile
extrémement verte; puifque les
changemens
de temps, en ont régulierement produit dans nos
malades ,, que d'ailleurs les perfonnes écartées des
malades , en ont été par proportion moins ga-
Tanties que celles qui en approchoient, & ces faits
conftament obfervez dans une
Communauté de
près de quatre cent perfonnes ; où l'on a compté
130 malades ; il faut
neceffairement reconnoître
une caufe generale dans l'air ,
de cette maladie , & avouer que la
fréquentation , pour feul principe
des malades n'y a aucune part.
Les differentes époques de petite Vérole qu'a
eues notre Maiſon , font voir qu'elle attaque plus
de perfonnes àproportion qu'il s'eft écoulé plus de
temps fans qu'elle y ait paru. En 1715. nous en
eûmes près de cent ; il n'y avoit alors pas plus de
quatre ans que nous en étions exemtes. Depuis il
n'en a pas paru à S. Cyr , & la Maiſon s'eſt preſ-
11. Vel.
que
DECEMBRE 1730. 2845
que entierement renouvellée; ainfi il n'eft pas furprenant
qu'en dernier lieu , le nombre de nos
malades ait été plus confidérable .
Nous remarquâmes dès les premiers temps que
celles qui n'avoient pas été faignées & purgées
dans le commencement de leur maladie , avoient
une fupuration & une convalefcence plus difficiles.
Dans la fuite on a d'abord employé ces fetours
, pour peu que la Fiévre fut forte , & on
prenoit foin de faire les faignées fort grandes
pour ne pas effrayer le nombre ; très- fouvent des
petites Véroles qui s'annonçoient par les accidens
les plus effrayans , prenoient un caractere heureux
après trois ou quatre faignées du pied , brufquement
faites , & d'amples évacuations , procurées
par l'Emétique .
Je viens à l'état de nos malades , je ne m'arreterai
point fur les accidens ordinaires , ni fur la
figure des boutons à laquelle notre Médecin ne
faifoit aucune attention à moins qu'ils n'euffent
difparu. Vous verrez par les partis qu'il a pris
dans les cas particuliers , que le feul dégré de la
Fiévre , comparé avec l'état du cerveau , a toujours
déterminé fa conduite. Pour éviter la confufion
& n'être point obligée de citer l'âge de
chaque Demoiselle , je fuivrai l'ordre des Claffes.
Comme il fera neceffaire de parler de leur temperamment
, j'ai cru devoir me difpenfer de vous
marquer leurs noms. Les Demoifelles Noires font
dans leur vingtiéme année ; les Bleues ont depuis
dix-fept jufqu'à vingt ans ; les Jaunes depuis quatorze
jufqu'à dix fept ; les Vertes , depuis onze
jufqu'à quatorze , les Rouges , depuis fept jufqu'à
onze.
Demoiselles NOIRES . 19. Infirme , quoique replette
, & fe plaignant d'une douleur habituelle
au côté droit , eut une Fiévre affez forte , des
II. Vol. D iiij maux
2846 MERCURE DE FRANCE
maux de reins & une pefanteur de tête . Elle fut
faignée du pied le 1 & le 2 jour , & le 3 abondamment
purgée avec l'Emétique. Immédiatement
après la petite Vérole parut en petite quantité.
Dans la fupuration , un mal de gorge
étouffement confiderable donnerent de l'inquiétude.
Une troifiéme faignée du pied la diffipa.
& un
2º. D'une forte conftitution , eût la Fiévre
très-vive,un grand accablement, la poitrine ferrée
& un mal de tête des plus violens. En quatre jours
elle fut faignée huit fois du pied. Le cinquiéme
on donna l'Emétique en lavage , qu'on continua
plufieurs jours. Les accidens diminuerent par ces
évacuations ; mais la convalefcence avoit de la
peine à fe montrer. Vers le 20. à la fuite d'un
mouvement de Fiévre plus fort & d'une augmentation
de mal de tête , la petite Vérole fe declara.
Comme elle ne parut pas confidérable par la
quantité,& que les accidens fe calmerent , on ne
fit rien jufqu'au temps de la fupuration , qu'on
fut obligé de purger la malade,& de foûtenir l'évacuation
à caufe d'une bouffifure confidérable
& que la tête redevenoit pefante.
30. Tres-infirme depuis long-temps, & épuisée
par beaucoup de maladies , eut la Fiévre & une
pefanteur de tête confidérable. On la faigna du
pied le 1 & le 2 jour. Le 3 il furvint un dévoiement
fereux ; on purgea la malade avec deux
grains de Tartre émétique , qu'on réitera le lenlemain.
L'éruption fe fit , & le refte de la maladie
fe paffa fans accidens , quoique la petite Vérole
fut fort abondante & prefentât un mauvais
aspect.
4°. D'une bonne fanté , tomba dans un accablement
profond , la Fiévre étoit forte & la tête
prife ; on lui tira d'abord fix paletes de fang du
pied. La faignée fut réiterée le ſoir , dans la nuit
II. Vel. &
DECEMBRE. 1730. 2847
& le lendemain , le troifiéme jour il furvint une
perte abondante ; la petite Vérole fortit en médiocre
quantité , la Fiévre & les accidens furent
plus moderés , le 2 , le 3 & le 4 de l'éruption.
Les , la perte ceffa, le tranfport devint plus violent
& fut accompagné de convulfions . În tenta
quatre grains de Tartre émétique en lavage ,
qu'on réitera fans fuccez. La Fievre ayant redoublé
du 5 au 6 , on réitera la faignée du pied ; il falut
encore y revenir le lendemain une fixiéme &
feptiéme fois, enfuite les boiffons émétiſées qu'on
fut obligé de changer jufqu'à en confommer
plus de trente grains en 24 heures , & d'y joindre
les Ptifannes laxatives. Il fallut continuer les
évacuations jufqu'au 18 de l'éruption , à cauſe de
la pefanteur de tête qui fe renouvellois ; des Symcopes
dans le temps des convulfions firent recourir
au Lilium deux fois . Il eft à remarquer que
fur la fin , lorfque le tranfport ceffoit , la vue
reftoit éteinte, & que la malade fe plaignoit d'une
péfanteur , & d'un froid infuportable à la tête
enfin tous les accidens difparurent & la malade
revint en convalefcence.
;
5º. D'un temperamment robufte , fa maladie
commença par une Fiévre forte , avec des redoublemens
fréquens , des maux de reins & une
grande pefanteur de tête ; on la faigna du pied.
La nuit il y eu du tranſport ; on réitera la faignée
la même nuit , & le lendemain ; le 3 il y eut
du relâche dans la Fiévre ; on jetta fix grains de
Tartre émétique fur la boiffon ; l'évacuation fut
ample , la petite Vérole fortit confluante, les accidens
& la Fiévre diminuerent, la liberté du ventre
fut foûtenue par une boiffon émétiſée. Du 4
aus de l'éruption , la Fiévre devint plus forte ,
la gorge & la tête enflerent fi prodigieufement ,
qu'il fallut faire deux faignées dupied ; on char-
>
II. Vol: D Y gea
2848 MERCURE DE FRANCE
gea enfuite davantage les boiffons émétifées, l'é
vacuation diffipa les accidens. La nuit du 10 au
1 la tête devint plus pefante & la gorge plus
ferrée. On revint aux évacuations , qu'on continua
jufqu'à la convaleſcence.
6º. Délicate , fentit d'abord du mal aux reins
& à la tête, avec peu de Fiévre , on la faigna du
pied. La nuit fuivante la fiévre devint forte , le
poux paru embarraffé ; on réitera la faignée du
pied deux fois , la fiévre & le mal de tête ayant
diminué , le 3 on la purgea avec l'émétique
abondamment ; à l'entrée du 4 la petite Vérole
fortit confluante , la fiévre diminua confiderablement.
Du 3 au 4 de l'éruption , la gorge fut
tres douloureufe , la tête enfla exceffivement , il
furvint une forte hémoragie , la tête étoit embaraffée
, on revint à la faignée du pied , qu'ilfailut
réiterer jufqu'à la fixième fois , alors l'hémoragie
ceffa , & les autres accidens diminuerent ; on
chargea les boiffons d'émétique , & on les continua
jufqu'au 14 de l'éruption , que tous les
accidens difparurent.
I
7. D'une affez bonne fanté , eut des maux de
reins & de tête , & la fiévre affez forte ; on la
faigna du pied le 1 & le a jour , le 3 elle fut purgée
avec l'émétique en lavage . La petite Vérole
fortit le 4, en médiocre quantité , la fiévre & les
accidens tomberent dans la fupuration, la tête devint
fort lourde , la fiévre étoit forte , on réitera
la faignée du pied jufqu'à la quatrième fois , on
y joignit les boiffons émétifées , & tous les accidens
cefferent.
Demoiselles BLEUES. 8. Languiffantes. de pâles
couleurs depuis long - temps , avoit effuie une
diffen rie extrême , pour laquelle on l'avoit faignée
8 fois, dont elle étoit à peine rétablie, tomba
dans un profond accablement , avec des élan
11. Vola cemen
DECEMBRE. 1730. 2849
cemens à la tête & une fiévre fi vive , qu'il fallut la
faigner 3 fois du pied le mêmejour. Le lendemain.
le poux s'étant un peu relâché, on tenta un lavage
de Tartre émétique; les élancemens de tête qui augmentoient,
obligerent de l'interrompre. A la fin
du 3 la petiteVérole fortit confluante,la fiévre& les .
accidens diminuerent fort peu. Le 3 de l'éruption
la petite Vérole n'avoit prefque point fait de progrès
, on revint à la faignée du pied , les boiffons
émétifées pafferent. La petite Vérole fit du progrès
& il y cut plus de modération dans les accidens
jufques au 6. La nuit fuivante la fiévre devint
plus forte , les élancemens à la tête furent
extrêmes , on la refaigna 2 fois du pied & les
boiffons émétifées furent continuées plufieurs
jours de fuite. La convalefcence ne fe montra que
yers le 17. Il y eut plufieurs Sincopes dans le
cours de la maladie qui firent recourir au Lilium.
9. Sujette à de fréquents éréfipelles à la tête
fentit tout à coup un violent mal de tête,il parut
une difpofition éréfipélateufe au vifage. La fiévre
devint quarte , la malade fut faignée du pied les
a premiers jours ; le 3 il y eut du relâche , on
lui donna 4 grains de Tartre émétique en lavage,
l'évacuation fut abondante & produifit un calme
de trois jours ; la fiévre fe ralluma, le mal de tête
& les élancemens furent extrêmes ; on revint à la
faignée du pied 2 fois le même jour . Le lendemain
la petite Vérole fe déclara en médiocre
quantité , avec une difpofition éréfipélateuſe ; la
fiévre & les accidens perfifterent. Comme il n'y
avoit point de diminution le 3. de l'éruption , on
la faigna , on jetta quelques grains de Tartre
émétique fur les boiffons ; malgré ce fecours ,
aídé des lavemens , les élancemens à la tête & la
fiévre augmenterent à un point , qu'il fallut la
11. Vol. D vj refai
2850 MERCURE DE FRANCE
refaigner dans le temps de la fupuration une fixiéme
& feptiéme fois du pied , & entretenir les
boiffons émétifées jufqu'au is de l'éruption que
l'état de la malade fut affuré.
10. D'un temperament robufte , avec de l'embonpoint
, eut une fiévre forte , de grands maux
de reins & la tête extrêmement pefante ; on la
faigna 2 fois du pied le 1 jour ; dès le fecond la
petite Vérole parut confluante ; la fiévre & les
autres accidens ne diminuerent prefque point;les
boutons ne faifoient aucun progrès . On réitera
la faignée du pied le 1 & le 2 jour de l'éruptions
il y eut quelque relâche. Les boiffons furent égui
fées par le Tartre émétique , mais une perte
abondante qui furvint , obligea de le fufpendre.
Le même état continua jufqu'au temps de la fapuration
que la fiévre devint plus vive , avec
des feux à la tête & un gouflement prodigieux .
On réitera deux fois la faignée du pied; on chargea
les boiffons de Tartre émétique , quoique la
perte continua. Les premieres évacuations firent
ceffer la perte & modererent les autres accidens ;
il fallut infifter fur la liberté du ventre pour
combattre la pefanteur de tête , juſqu'au 16 de
l'éruption que la convalefcence parut.
11. Peu forte , tomba dans un grand affou
piffement ; la fiévre & l'accablement étoient confiderables.
Les deux premiers jours elle fut faignée
du pied 3 fois. Le 3 , il y eut quelque degré
de moderation dans la fievre ; on tenta l'émetique
en lavage ; mais comme les accidens
augmentoient , il fallut l'interrompre & revenir
à la faignée du pied . La petite Verole fortit le
4 , la fievre fut plus moderée. Le 4 de l'éruption
on tenta de nouveau les boiffons émétifées ; la
fievre devint plus forte ; on les fufpendit ; on fit
une cinquiéme faignée du pied à l'entrée de la
II. Vola ſup
DECEMBRE. 1730. 2851
.
fupuration ; alors les boiffons émétifées pafferent
; on les continua juſqu'à la fin de la maladie,
parce que la tête redevenoit pefante dès que le
ventre ceffoit d'aller.
12. D'une bonne fanté , fut prise d'une fievre
qui augmentoit par redoublement , accompagnée
de maux de reins & d'une violente douleur de
tête. Les 2 premiers jours on la faigna 3 fois du
pied. Le 3 & le 4 on effaya le Tartre émetique
en lavage , fans prefque aucun fruit ; les , la petite
Verole fortit très- abondante , & en mêmetemps
il furvint une pcrte ; la fievre ſe ſoutint .
Le z de l'éruption , la tête fut priſe ; on revint à
la faignée du pied . Les accidens ayant augmenté
à l'entrée de la fuppuration , on fir une cinquiéme
faignée du pied , & on jetta, malgré la perte,
quelques grains de Tartre émetique fur la boiffon.
Ôn continua les évacuations , jufqu'à ce que tous
les accidens euffent entierement diſparu.
2
13. D'un bon temperament , eut une fievre &
un mal de reins , des élancemens à la tête violens
qui obligerent de la faigner 3 fois du pied les 2
premiers jours. Le 3 on chargea la boiffon de
Tartre émetique ; la petite Verole fortit pendant
l'évacuation & fut affez abondante , mais la
fievre perfifta . Le 3 de l'éruption elle devint plus
forte , la tête s'embaraffa , on recourut à la faignée
du pied, & on la réitera pour la cinquième
fois dans la fupuration , parce que l'embaras de
la tête fubfiftoit , & qu'il y avoit une tenfion generale.
Les boiffons émetifées pafferent avec le
fecours des lavemens enfuite , & il fallut foutenir
les évacuations jufqu'au 14. de l'éruption .
14. D'une forte fanté , eut une fievre & un
mal de tête fort vifs ; les 2 premiers jours , elle
fut faignée 3 fois du pied ; le 3 purgée avec l'émetique
, immédiatement après la petite Vérole
II. Vol
fortit
2852 MERCURE DE FRANCE
fortit abondamment; il reftoit encore de la fieyre.
Le 3 de l'éruption , la tête devint fort pefante ;
on revint à la faignée du pied & on éguifa les
boiffons de Tartre émetique , jufqu'à la conva¬
lefcence , pour empêcher que la tête ne s'embaraffât.
Le 4,

15.Bien conftituée, eut d'abord une fievre tres- violente
avec des élancemens à la tête & un faigne.
ment de nez confiderable. On la faigna 3 fois du
pied la même nuit . Il parut le lendemain quelque
modération dans la fievre & dans les accidens.On
tenta l'émetique en lavage , qu'on continua le 3 .
la petite Verole fortit en médiocre quan→
tité,mais elle fut accompagnée d'une oppreffion &
d'un fond d'affoupiffement ; la fievre étoit affez
forte ; on revint à la faignée & à l'émetique.L'abondance
des évacuations procura de la modération
dans les accidens jufqu'au 5. La nuit du 5 au
6 , les boutons rentrerent , & à leur place parut
un Eréfipelle univerfel. La fievre & l'affoupiffement
devinrent plus forts ; la tête ſe prit , le poux
étoit embaraffé , ou réitera la faignée du pied 2
fois à peu de diftance ; quelques heures après on
revint à l'émetique en lavage , on foutint les évacuations
par des Prifannes laxatives. Dans le tems
des évacuations il furvint une Syncope fi forte ,
qu'on fut obligé de recourir au Lilium .La petite
Verole reprit fon cours , les accidens fe modererent
, on continua les évacuations juſqu'au 14 de
P'éruption que tous les accidens furent calmez.
16. Délicate , eut une fievre affez forte , un faignement
de nez , & la tête extrêmement lourde .
Le 1 jour elle fut faignée 2 fois du pied ; la petite
Verole fortit le 2 abondante, entremêlée de marques
pourprées. Le 3 , on employa les boiffons
émetifées , l'évacuation modera les accidens. La
fievre fe foutenoit , elle augmenta vivement du s
IL, Vol.
au •
9
DECEMBRE. 1730. 2853
au 6 de l'éruption ; la tête fe prit , on réitera la
faignée du pied la nuit & le lendemain pour la
cinquième fois. Enfuite on continua les boiffons
émetifées , qu'il fallut foutenir jufqu'au 14.
17. Très-forte , tomba dans un accablement
profond , la tête prife , des convulfions & des
fyncopes ; la fievre étoit forte , le poux embaraffé
.Ces accidens augmenterent à tel point qu'on
fut obligé de faigner la malade du pied , f fois
en moins de 30 heures ; enfuite l'émétique en lavage
, qu'il fallut aider par les lavemens & des
ptifannes laxatives; on infifta fur l'émétique for
tement ; à la fin le ventre ſe déboucha , l'évacuation
fut foutenuë , & la nuit du 3 au 4 la petite
Verole fortit abondamment , les accidens fe calmerent
, & la maladie finit fans autre fecours
qu'une boiſſon émetifée , aux aproches de la fupuration
, parce que la tête redevenoir pefante.
Damoifelles JAUNES. 18. D'une bonne fanté..
Sa fievre marqua d'abord entiere ; au troifiéme
accès elle devint continuë ; la douleur de tête étant
devenue forte , on la faigna du pied ; il fallut réiterer
la nuit & le lendemain. On purgea la ma→
lade avec l'émetique , l'évacuation fut abondante
, & fuivie d'un relâchement prefque entier.
Trois jours fe pafferent dans le même calme. La
petite Verole parut le quatriéme en médiocre
quantité & fans accidens , le 4 de l'éruption les
boutons difparurent, la fievre fe railuma , la tête
fut prife avec de violents étouffemens ; on revint
à la faignée du pied , qu'on repeta 3 fois à peu de
diftance. Toute l'habitude du corps étoit devenue:
érefipelateufe. Le 6 , la malade fouffroit exceffivement
, il fallut faire une e faignée du pied..
Quelques heures après on chargea la boiffon de
Tartre émetique , la tenfion érefipelateufe dimi
nua ; les boutons reprirent corps , on foutint les
Io. Vola
éva
2854 MERCURE DE FRANCE
évacuations jufqu'au 17 de l'éruption pour def
fendre la tête qui fe reprenoit de tems en tems.
19. La poitrine délicate , parut fort afſoupie
avec une fievre ardente ; on la faigna 2 fois du
pied le même jour ; dès le foir il parut quelquesboutons
, fans que les accidens euffent diminués ;
la peau devint pourprée ; on revint à la faignée
du pied le 2 , & le 3 la petite Verole ne faifoit
aucun progrès , & les accidens avoient fort peu
relâché. Les de l'éruption, la fievre augmenta, on
fit une se faignée ; il furvint un vomiffement
que l'on foutint par une boiffon émetifée. Les
accidens fe calmerent , on continua la même
boiffon le refte de la maladie.
20. D'une grande délicateffe , fut prise d'un
mal de tête & d'une fievre fi forte , qu'on fut obligé
de la faigner cinq fois du pied les deux premiers
jours. Le 3. il y eut de la modération
on mit trois grains de tartre fur la boiſſon. A
la fuite de l'évacuation , la petite Verole fortit
& tous les accidens tomberent .
21. D'une forte fanté , eut la fievre , des maux
de coeur & une pefanteur de tête confiderable.
Le premier jour on la faigna deux fois du pied.
Dès le fecond la petite Verole fortit très- abondante.
La pefanteur de tête continuoit : on chargea
les boiffons de tartre émetique qu'il fallut
continuer toute la maladie , & les foutenir par
des ptifanes laxatives ; car dès que le ventre ceffoit
de couler , la pefanteur de tête augmentoit.
L'état de la malade ne fut certain que vers le 14.
de l'éruption .
22. D'un temperament délicat , avoit une fievre
vive & des redoublemens fréquens. La tête étoit
menacée ; on la faigna du pied quatre fois les
deux premiers jours. Le la 3 on purgea avec
l'émetique en lavage ; l'éruption fe fit. L'embardda
Vol
ras
DECEMBRE. 1730. 2855
ras de la tête continuoit encore le 3. de l'éruption
; on fit une cinquiéme faignée du pied ; l'émetique
en lavage fut repeté chaque jour juſqu'
la fin de la maladie .
que
23. Foible , fe plaignoit d'un grand mal de
tête , quoique la fievre ne fut pas forte. Une faignée
du pied calma cette douleur pendant deux
jours. Le 3. elle eut un tranfport & un étouffement
violent fans la fievre fut beaucoup augmentée
; on fit une feconde & une troifiéme faignée
du pied , & enfuite l'émetique en lavage.
La petite Verole fe déclara à la fin de l'évacuation
; mais fon progrès fut lent , la tête demeura
embaraffée , on réitera chaque jour l'émetique
en lavage. Le 6. de l'éruption le poux parut embaraffé
, le tranfport étoit plus violent , & la tête
avoit prodigieufement enflé ; on fit une cinquié
me faignée du pied qui produifit un relâchement)
fenfible. On infifta fur les évacuations , & tous
les accidens fe calmerent.
24. Bien conftituée , eut des élancemens à la
tête , & une fievre vive qui augmentoit à differentes
heures . Les deux premiers jours elle fut
faignée du pied trois fois. Le 3. il furvint un af
foupiffement , un tranfport & des étouffemens
fréquents ; on fut obligé de réiterer la faignée'
du pied deux fois ; il falut y revenir le lendemain
pour la fixième fois , enfuite l'émetique en lavage
; comme elle avoit de la peine à pouffer , on
eut recours aux ptifannes laxatives. Après deux
jours d'évacution la petite Verole fortit , & tous
les accidens tomberent.
25. D'une fanté foible , eut la fievre & mal à
la tête pendant près de huit jours fans fe plaindre
; alors la fievre & le mal de tête ayant augmenté
, elle fut faignée trois fois du pied en deux
jours , & purgée enfuite avec l'émétique en la-
II. Vol. vage!
2856 MERCURE DE FRANCE
vage. Le furlendemain la petite Verole fe déclara
; commè les accidens réfiftoient encore , on
continua les boiffons émetifées jufqu'à la fin de
la maladie .
26. D'une bonne conftitution ,fut prise d'un vo .
miffement & d'un accablement confiderable . La
fievre étoit forte , & marquoit par redoublemens .
Elle fut faignée trois fois du pied les deux premiers
jours ; le 3 purgée avec l'émetique en
lavage , la petite Verole fortit abondamment , les
accidens fe modererent. A l'entrée de la fuppuration
, la malade tomba dans une fincope qui
fut fuivie de mouvemens convulfifs & d'une
falivation abondante. Comme la fievre n'avait
pas augmenté à proportion des accidens , on fe
contenta de revenir au tartre émetique dont il
fallut aider l'effet par les ptifanes laxatives. Dès
que les évacuations diminuoient , il furvenoit des
étouffemens , ce qui obligea de les continuer juf
qu'au quatorze de l'éruption.
1. A
27. D'une bonne fanté , eut une fievre forte ,
accompagnée d'un point fixe dans les reins ,
d'un faignement de nez & d'une douleur de tête
infuportabie. On la faigna quatre fois du pied los
deux premiers jours.. Le 3. il y eut de la modération
, le 4. elle fut purgée avec l'émetique en
lavage ; la petite Verole fortit confluante , les
accidens diminuerent confiderablement ; on favorifa
la liberté du ventre par quelques grains
de tartre émetique fur la boiffon jufqu'à la fin
de la maladie , qui fe termina fans aucun autre
accident.
"
28. Sujette aux maux d'eftomach eut les mêmes
douleurs. Comme elles augmentoient , qu'il
y avoit de la fievre , accompagnée de mal de tête ,
on la faigna du pied le 3 , fes & le 6. Le 7. elle
tomba dans la tranfport , le poux étoit concen-
II. Vol. tré ;
DECEMBRE. 1730. 2857
éré ; on lui donna un lavage de tartre émetique ,
l'évacuation ne fut pas abondante , la fievre devint
plus forte , & l'embarras de la tête continuoit
. On fit deux faignées du pied à peu de diftance
, & on revint à l'émetique qui paffa plus
heureufement. La petite Verole fortit , & ne fut
fuivie d'aucun accident .
: on
D'une forte ſanté , tomba dans un abbatement
extrême , quoique la fievre ne fut pas forte :
la faigna du pied. Le 2. la fievre augmenta , la
faignée fut réiterée. La nuit fuivante la malade
cut de fortes convulfions & une fincope qui fut
portée à l'excès . Il fallut recourir au Lilium
& le repéter au delà des dofes ordinaires : le
poux revint : on fit une troifiéme faignée du pied,
& immédiatement après on donna l'émetique
l'évacuation fut abondante. La petite Verole fortit
en grande quantité , & les accidens commencerent
à fe calmer. On continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie , à cauſe que
la tête n'étoit pas dans fon caractere ordinaire.
30. Infirme , eut une fievre vive , accompagnée
d'élancemens à la tête , le poux étoit embaraffé :
on fit trois faignées du pied les deux premiers
jours. La nuit du 2 au 3. la tête fut menacée ,
on revint à la faignée du pied , qui produifit un
relâchement dans la fievre ; l'émetique en lavage
fut employé le lendemain. Après l'évacuation
la petite Verole fortit en médiocre quantité , les
accidens diminuerent ; mais comme il reftoit un
fond de fievre , & que la tête laiffoit quelque inquiétude
on continua les boiffons émetifées
jufqu'à la fin de la maladie.
>
31. Sujette à une toux habituelle , & crachant
quelquefois du fang , fut prife d'une fievre trèsvive
fuivie de fréquents redoublemens. Les
deux premiers jours on fit trois faignées du
II. Vel. pied..
2858 MERCURE DE FRANCË
pied. Le 3. la tête fe prit : on réïtera la faignée
du pied qui produifit quelque modération dans
la fievre. La nuit du 4. la malade tomba dans
un affoupiffement profond ; le poux étoit emba
raffé , on tenta l'émetique inutilement , il fallut
revenir à une cinquiéme faignée du pied . Quelques
heures après la malade eut de fortes convulfions
, accompagnées de fréquentes fyncopes ,
on revint à l'émetique qu'on cut bien de la peins
à faire avaler. Comme il n'agiffoit point , on
força la dofe , le vomiffement débaraffa la tête.
Cependant fur le foir les convulfions redoublerent
, le hoquet fut fréquent & les extrémités
devinrent froides. On infifta fur l'émerique qui
à la fin produifit une abondante évacuation , les
accidens fe calmerent , la petite Verole fortit
très abondante , & finit fans donner d'autre inquiétude.
32. D'une fanté languiffante , cut une fievre
qui varioit à toute heure , accompagnée d'un
grand mal de tête ; elle fut faignée du pied , &
purgée le lendemain avec l'émetique en lavage.
Le foir la malade entra dans un calme parfait ;
les . la fiévre fe ralluma & fut accompagnée
d'un rire continuel & forcé ; on la faigna deux
fois du pied le même jour. Le lendemain la petite
Verole fortit affez abondante , cependant la
fievre & l'embarras de la tête continuerent. Le
3. de l'éruption , la malade tomba dans un aſſoupiffement
profond ; le poux étoit envelopé , on
fit une quatriéme faignée du pied , & enfuite
l'émetique en lavage qu'on réitera le lendemain ,
alors le poux fe dévelopa ; la petite Verole fit du
progrès ; la tête demeura pourtant embaraffée
on continua les boiflons émetifées jufques dans
le fort de la fupuration . Comme la tête étoit un
peu plus libre , & que la fievre avoit augmenté ,
II. Vol. 01 .
DECEMBRE. 1730. 2859
on en fufpendit l'uſage . 24. heures après la petite
Verole rentra: le tranfport accompagné de convulfrons
fut violent, la gorge prodigieufement enflée :
on revint à la faignée du pied , & immédiatement
après l'émerique , l'évacuation fut abondante ; la
petite Verole reprit cours , les accidens fe calmerent
; mais on ne difcontinua plus l'ufage de
la boiffon émetifée , aidée par les lavemens juſqu'au
16. de l'éruption qui termina la maladie.
Demoiselles VERTES . 33. D'une mauvaiſe
fanté , tomba dans un grand accablement , la
févre étoit vive ; elle fut faignée trois fois du
pied le même jour , la petite Verole fortit abondamment.
Il reftoit un fond de fievre à la malade
qui ayant mal à la gorge depuis long- tems
ne put rien avaler le 2 & le 3. de l'éruption . Le
4. on réitera la faignée , & les boiffons émetifées
pafferent enfuite , il falut les continuer le refte
de la maladie à caufe que la gorge & la tête
étoient menacées .
34 D'une fanté foible , cut des maux de reins ,
de violens élancemens à la tête & une fievre quartes
on la faigna deux fois du pied à une heure
de diſtance , on réitera la faignée le lendemain.
Le 3. il y eut du mieux , on employa le tartre
émetique en lavage , la perite Verole fortit trés
abondante , il y eut une remiffion prefque entiere
. A l'entrée de la fupuration la tête devint
fort pefante , la malade y fentoit de grands feux,
la fievre n'étant point forte , on fe contenta
d'employer les boiffons émetifées pendant la fupuration.
35. D'un temperament foible , eut d'abord peu
de fievre. Le 3. la fievre s'alluma avec un violent
tranfport , on la faigna trois fois du pied à
peu de distance , la fievre fe modera , on mit
trois grains de tartre émetique fur la boiffon.
14. Vol.
Après
2860 MERCURE DE FRANCE
Après l'évacuation la petite Verole fortit confluante
, la tête refta embaraffée , & la fievre ,
quoique moderée , perfiftoit ; on réitera la faignée
du pied le 3. de l'éruption , & on reprit
l'ufage des boiffons émetifées , qu'on continua
jufqu'au 14. de l'éruption que la tête fut totalement
debarraffée.
36. D'une forte fanté , eut de grands maux de
reins , un faignement de nez , la fievre étoit vive,
& fuivie de redoublemens . Les deux premiers
jours on la faigna du pied trois fois , à l'entrée
du 4. on reitera la faignée , la petite Verole ne
fit que fe montrer pendant deux jours , & dif-
La malade tomba dans un accablement
parut.
& un affoupiffement profond , le poux étoit petit ;
on jetta quatre grains de tartre émetique fur la
boiffon , l'évacuation fut abondante. La petite
Verole fit des progrès , & les accidens tomberent,
la fupuration fut longue , mais elle n'exigea aucun
fecours.
37. Délicate , avoit de la fievre depuis plufieurs
jours , & mal à la tête ; elle fut faignée & purgée.
Il y eut du mieux pendant huit jours , enfuite
elle tomba dans une fincope forte , la tête.
fe prit , la fievre étoit vive ; on la faigna deux
fois du pied à une heure de diftance. Quelque
tems après il y eut du relâche dans la fievre , on
mit quatre grains de tartre dans la boiffon , on
infifta fur le même remede . Le lendemain l'évacuation
fut forte , les accidens diminuerent , la
petite Verole fortit abondament , on continua
les évacuations juſqu'à la fin de la maladie.
38. D'une délicateffe extrême , eut un grand
accablement , la tête embarraffée , & une fievre
vive qui augmentoit par redoublemens ; le premier
jour on lui fit 2. faignées du pied ; le 2. on
réitera ; le 3. il y avoit quelque relâche , on
11. Vol "
mit
DECEMBRE. 1730. 2.86-1
mit deux grains de Tartre émetique fur la boiffon
, la petite Verole fortit confluante , la fievre &
l'embarras de tête diminuerent confiderablement,
il reftoit encore une grande pefanteur qui détermina
à continuer la boiffon émetiſée pendant le
refte de la maladie , qui par ce moyen finit heureufement.
39. D'un bon tempérament , eut un grand accablement
, un point fixe dans les reins ; la fievre
étoit forte & le poux embarraffé , des redoublemens
fréquents , le tranfport s'y joignit ; le premier
jour on lafaigna deux fois du pied , on réi
tira la faignée la nuit , le lendemain la fievre étoit
relâchée , on mit 4. grains de Tartre émetique
fur la boiffon ; la petite Verole fortit confluante,
du 3 au 4 les accidens tomberent prefque entierement;
le 4 de l'éruption la petite Verole rentra,
la tête fe prit , il y avoit de l'embarras dans le
poux & des étouffemens frequens ; on fit une 4° .
& se. faignée du pied , & enfuite l'émetique en
lavage fur lequel on infifta ; l'évacuation fur
abondante , la petite Verole reprit corps , les ac
cidens diminuerent , on continua la boiffon émetifée
jufqu'au 14. de l'éruption qu'on foutenoit
les lavemens : dès le ventre ceffoit d'aller
l'embarras de la tête & les étouffemens reparoif
foient .
par
que
40. Damoifelles ROUGES. Fort replette ,
tomba dans un grand affoupiffement , la fievre
étoit forte , la refpiration gênée ; elle fut faignée
3. fois du pied les 2. premiers jours ; le 3. on mit
3. grains de Tartre émetique fur la boiffon ;
L'embarras de la tête ceffa , la petite Verole
fortit en grande quantité , les accidens fe calmerent
, la fuppuration fut très- laborieufe ; mais
comme la fievre n'étoit pas forte , on fe contenta
de tenir le ventre libre par les boiffons émetiſées,
AI. Volo
2862 MERCURE DE FRANCE
& les lavemens jufqu'à la fin de la maladie.
41. D'une forte fanté, eut la fievre vive , accompagnée
de tranfport ; on la faigna 2. fois du
pied le même jour ; le lendemain le relâchement
de la fievre donna lieu à Pémetique ; l'évacuation
fut abondante & fuivie de l'éruption , l'embarras
de la tête & un mouvement de fievre continuoits
on infifta fur la boiffon émetifée pendant toute
la maladie , parce que la tête fe broüilloit dès que
le ventre n'alloit plus.
1
42. Delicate , fut près de 8. jours languiffante,
eut enfuite un éclat de tranfport & un rire forcé
qui ne difcontinuoit pas ; la fievre n'étoit pas vive;
elle fut faignée 3. fois du pied les 2. premiers jours
& purgée le 3. avec l'émerique ; une éruption
abondante fuivit de près l'évacuation ; les accidens
diminuerent , mais il reftoit une pente à l'affoupiffement
& la tête n'étoit pas entierement libre
, ce qui détermina à continuer les boiffons
émetifées pendant la maladie.
43. Valetudinaire , eut la fievre par redoublemens
; la tête étoit prife , elle fut faignée 2. fois
du pied le premier jour ; le fecond , à la faveur
d'une rémiffion fenfible dans le poux , on tenta
l'émetique qu'il fallut interrompre & revenir à la
faignée le foir ; le 3. la tête étoit toujours priſe ,
mais le poux étoit petit ; après quelques grains
de Tartre émetique fur la boiffon qui n'agiffoient
pas , on donna le vin d'Eſpagne émetique ; l'évacuation
fut foutenuë le lendemain , le 5. P'éruption
fut très -abondante , les accidens fe calmerent
; on aida la liberté du ventre dans le cours
de la maladie , parce que la tête avoit une difpotion
à s'embarafler.
44. D'une bonne fanté , eut une forte fievre ,
accompagnée d'un faignement de néz. On fit 3 .
Laignées du pied le premier jour ; la petite Ve
11. Vol
role
DECEMBRE. 1730. 2863
role fortit le lendemain ; comme les accidens s'étoient
moderez , on ne fit rien juſqu'au 3. de l'éruption
que la fievre augmenta ; la tête ſe prit ,
on revint à la faignée du pied , & enfuite à l'émetique
en lavage ; les évacuations débarafferent la
tête , on les a continuées jufqu'à la fin de la fupuration.
45. D'une fanté médiocre , fut prife d'un grand
accablement ; la fievre étoit forte , on la faigna
2 fois du pied le premier jour ; un peu de relâche
le lendemain détermina à donner un lavage de
Tartre émetique; l'évacuation fut fuivie d'un calme
de 4. jours ; la fievre fe ralluma , le tranſport
& de fortes convulfions s'y joignirent , le poux
étoit embaraffé ; on refit deux faignées du pied à
peu de diftance , & immediatement après l'émetique
en lavage ; on foutint l'évacuation ; la petite
Verole fortit le lendemain , accompagnée de
marques pourprées ; les accidens ſe modererent ,
on a foutenu foigneuſement la liberté du ventre
jufqu'à la fin de la maladie.
45. Robufte , eut une groffe fievre , accompa
gnée d'un faignement de nez & de violens élancemens
à la tête ; on la faigna du pied & la petite
Verole parut le même jour confluante. Les accidens
ne diminuerent point ; les boutons ne faifoient
aucun progrès ; la faignée du pied fut réïterée
le 2. & le 3. La nuit du 3. au 4. de l'éruption
il furvint un redoublement vif ; on refaigna
la Malade , elle fut vuidée le lendemain avec l'E
netique en lavage. L'évacuation qui fut abondante
modera les accidens jufqu'au 7. que la
fievre devint plus forte ; la tête fe prit & enfla
prodigieufement. On réïtera la faignée du pied
& l'ufage des boiffons émetifées qui furent continuées
jufqu'à la fin de la maladie.
47. Bien conftituée , fut lauguiffante plufieurs
11. Vol.
jours E
2864 MERCURE DE FRANCE
jours , la petite Verole fortit en petite quantité
fans accident ni mouvement de fievre. Le 4. de
P'éruption elle tomba dans un affoupiffement ;
la tête fut prife , il furvint un faignement de nez ;
on fit deux faignées du pied à peu de diftance , &
Pufage d'une boiffon emetifée qu'on continuą
plufieurs jours , débaraffa la tête.
48. Infirme & fujette à des coliques d'eftomach
, eut le même accident , accompagné d'une
fievre très-vive & d'une grande pefanteur de tête;
elle fut faignée quatre fois du pied les deux premiers
jours , le trois il y eut de la moderation ;
on jetta 4. grains de Tartre émetique fur la boif
fon , qui pafferene heureufement , & à la fin de
Pévacuation la petite Verole fortit ; il a fallu
foutenir la liberté du ventre le reſte de la maladie,
pour combattre la pefanteur de tête.
49. D'une médiocre fanté , eut une grande pefanteur
de tête , un faignement de nez , la fievre
étoit vive , les 2. premiers jours elle fut faignée
4. fois du pied ; le 3. la petite Verole fortit , le
4. l'éruption ne faifoit nul progrès ; on éguifa les
boiffons de quelques grains de Tartre émetique ,
il fallut en augmenter la doſe dans les tems de la
fupuration.
so, Dune délicateffe extrême , la fievre & les
accidens ne furent pas confiderables ; on ne fit
rien , la petite Verole fortit en médiocre quantité.
A l'entrée de la fupuration là fievre devint vive ,
la tête fè prit ; on fit deux faignées du pied à peu
de diftance , & les boiffons émetifées enfuite
qu'on continua jufqu'au 12. de l'éruption .
SI. DAMES RELIGIEUSES. Agée de
8, ans , d'un tempérament affez fort , quoique
fujette à des maux d'eftomach , cut une fievre des
plus vives , un grand accablement , des maux de
teins , un fond d'affoupiffement & des friffonne-
11. Vols
mens
DECEMBRE. 1730. 2865
3.
mens continuels ; on lui fit quatre fortes faignées
du pied les deux premiers jours ; comme il y eur
de la modération dans la fievre , le elle fut purgée
avec quatre grains de Tartre émetique en layage
, qui produifirent peu d'effet . On y revint le
lendemain , l'évacuation fut plus heureuſe , la petite
Verole fe déclara confluante & fut accompagnée
d'un fond de fievre & d'affoupiffement ; on
continua les boiffons émetifées qu'on aidoit par
les lavemens foir & matin. Malgré ces fecours le
. de l'éruption le ventre ne coula plus , l'affoupiffement
devint profond ; la fievte n'ayant pas
augmenté à proportion des autres accidens , on
fe contenta de doubler la doſe de l'émetique ; le
ventre ne s'ouvrant pas , on infifta fur le même
remede , aidé par les Ptifannes laxatives ; enfin on
eut recours au vin d'Efpagne émerique qui fut
fuivi d'une évacuation abondante . La Malade
avoit pris dans les 24 heures la valeur de plus de
30 grains de Tartre émetique ; la petite Verole
repouffa , la tête fut déchargée ; on continua les
boiffons émetifées jufqu'à la fin de la maladie :
l'état de la Malade n'a été certain que vers le 15
de l'éruption.
52. Agée de 56 ans , d'un temperament trèsdélicat
, fujette à cracher du fang , & les jambes
fouvent enflées , eut une fievre affez vive , accompagnée
de maux de reins & d'une grande
douleur de tête , on la faigna deux fois du pied
les deux premiers jours ; le 3. il y eut un dévoiement
; on mit deux grains de Tartre fur la boiffon
, qu'on réitera le lendemain. La petite Verole
fortit à la fin du 4. en médiocre quantité, tous les
accidens fe modererent. Le 5. de l'éruption , la
pefanteur de tête & le dévoiement recommencerent
, on mit encore deux. grains de Tartre fur
la boiffon , on les repeta le lendemain & la maladie
finit heureuſement. Eij 53
2866 MERCURE DE FRANCE
53. Agée de 24. ans , d'un tempérament fort
vif , dans une difpofition à une fievre étique , eut
des élancemens à la tête , des maux de reins , des
fux dans la poitrine ; la fievre étoit forte , elle
fut faignée trois fois du pied les 2 premiers jours,
il y eut peu de moderation le 3. Le 4. elle étoit
plus fenfible ; on mit deux grains de Tartre fur
la boiffon ; la petite Verole fortit en affez grande
quantité. Le 3. de l'éruption la fievre & les élancemens
à la tête augmenterent ; on revint à la faignée
du pied qui calma les accidens ; le refte de
la maladie elle n'eut befoin que d'une Eau de
Pavot pour calmer les tiraillemens de poitrine
qui fe réveilloient de tems en tems , plutôt comme
une fuite de fa difpofition habituelle , que de
la maladie preſente.
>
54. Agée de 23. ans , fortoit d'une fluxion de
poitrine , pour laquelle on avoit été obligé de la
faigner plufieurs fois ; la convalefcence n'étoit
pas entièrement confirmée , lorfqu'elle fut prife -
d'une fievre vive , accompagnée d'élancemens à
la tête , & en même- tems d'une perte confiderable.
On fit 2. faignées du pied le premier jour
le 3. on réitera ; de la moderation dans la
fievre & dans la perte firent paffer à un lavage
de Tartre émetique ; l'évacuation fut ample , elle
diminua tous les accidens , fit ceffer la perte . La
petite Verole fortit abondante ; le 5. l'éruption ,
la pefanteur de tête revint , on mit quelques
grains de Tartre fur la boiffon, qui ne produifirent
prefque aucun effet ; la pefanteur de tête fut plus
forte & la fievre augmenta , on fit une quatrième
faignée du pied & enfuite les boiffons émetifées
pafferent heureufement , on en continua l'ufage
jufqu'à la fin de la maladie.
55. Agée de 35. ans , d'un bon temperament
& fort replete,cut de violens maux de reins,la tête
14 Vol
CxDECEMBRE
. 1730. 2867
extrémement pefante & la fievre forte ; on fit 4.
grandes faignées du pied les deux premiers jours ;
le 4. il fallut réiterer quelque moderation
donna lieu à l'émetique en lavage ; après l'évacuation
la petite Verole fortit confluante ; il reftoit
encore de la pefanteur à la tête ; on inſiſta
fur les boiffons émetifées qu'il fallut aider plus
d'une fois par des Ptifannes laxatives & les lavemens
jufqu'au 14. de l'éruption .
Voilà,Madame,un Extrait bien fidele du Journal
de nos Malades ; j'y ai trouvé qu'en 3. mois nous
avons fait près de 500. faignées du pied , &
donné environ 2000. grains de Tartre émetique ;
à la verité je comprens toujours dans nos petites
Veroles , les fievres du même tems , parce qu'excepté
les boutons , c'étoit le même caractere , &
qu'on y a employé les mêmes fecours ; j'en citerai
feulement une des plus fortes pour exemple.
>
Mle *** âgée de 18. ans , avoit de l'embonpoint
& des couleurs vives , toutefois fujette aux
maux de tête ; elle tomba dans un grand accablement
la fievre étoit forte & la pefanteur de tête extrême
, elle avoit des maux de reins,des envies de
vomir & un fond d'oppreffion ; on la faigna 5 .
fois du pied les deux premiers jours ; le 3, un peu
de modération fit tenter l'émetique en "lavage
mais inutilement ; la fievre augmenta , on réïtera
la faignée le foir ; le 4. il y eut du mieux ; on
revint à l'émetique , on y joignit le fecours des
lavemens ; on continua le 5. le 6. & le 7. la pefanteur
de tête diminuoit à mefure des évacuations
. Du 8. au 9. la fievre devint plus forte , la
tête fe prit totalement ; on apperçut quelques
mouvemens convulfifs ; il fe répandit un engourdiffement
abfolu fur tout le côté droit ; on fit
2. faignées du pied à peu de diſtance; la fievre ſe
modera , & on revint à l'émetique en lavage ; les
II. Vol.
éva- E iij
2868 MERCURE DE FRANCE
évacuations foutenues pendant plufieurs jours
diffiperent enfin les accidens , & là convalefcence
commença vers le 20 .
Notre Medecin avoit extrémement fimplifié
notre travail , la boiffon étoit l'eau naturelle ; on
la faifoit tiédir lorfque les malades étoient dans
la moiteur ; la nourriture , un bouillon fort fimple
que l'on fuprimoit les premiers jours , & méme
dans le cours de la maladie , lorfque les accidens
étoient violens. On changeoit les Malades
de linge & de lit dans tous les tems de la maladie,
lorfqu'elles en avoient befoin. Il n'y avoit ni plus
de couvertures , ni plus de feu dans les Infirme
ries que pendant les autres maladies . Les lavemens
étoient d'un ufage journalier. Quelque narcotique
, du Lilium dans les fyncopes fortes , nul
remede exterieur pour préferver les Malades de
l'impreffion que cette maladie laiffe ordinairement,
perfuadez qu'ils font inutiles, & que c'eft du caractere
du fang que dépend cette impreffion,du refte
la faignée & l'émetique. On adopte fans peine
une pratique aufli fimple, fur tout lorfqu'elle eft
fuivie d'un fuccès auffi heureux . Il paroiffoit difficile
à croire à ceux qui n'en ont pas été témoins.
De plus de 125. Demoifelles, il n'en eft pas inort
une feule , & de 7. Religieufes & une Soeur , nous
n'en avons perdu qu'une , plus encore par fes
grandes infirmitez & fon âge avancé , que par la
maladie courante qui ne put pas fortir
J'avoue qu'il y a des années où la petite Verole
n'eft pas meurtriere, & qu'elle feroit peu de ravage
, quand même on n'y donneroit aucun fecours;
mais celle-cy étoit bien differente , l'excès où l'on
a été obligé de porter la faignée du pied & les autres
évacuations dans la plupart des Malades , ne
prouve que trop fa violence. Dans le Village de S.
Cyr,où cette maladie étoit en même tems répan-
II. Vol
duë ,
DECEMBRE . 1730. 2869
2
due , & fans autre fecours que celui qu'admet le
préjugé, on a perdu un grand nombre de Malades;
or fi la petite Verole a fait beaucoup de defordre
dans un Village où la jeuneffe jouit d'une forte
fanté , parce qu'elle vit dans une liberté entiere
quel ravage n'auroit-elle pas fait avec de fi foibles
fecours dans une Maifon où un grand nombre
de Demoifelles raffemblées dès leur enfance , vi
vent dans une grande régularité & dans une con
tention d'efprit perpetuelle à remplir leur devoir,
on parconfequent les meilleures fantez ne font pas
fans nuage, & parmi lesquelles il y en a beaucoup
d'infirmes ?
Mais s'il a fallu porter les évacuations auffi
loin dans des perfonnes qui menent une vie fimple
, que ne faudrait - il point faire dans celles
dont le fang nourri d'excès & de Liqueurs fpiritueufes
eft toujours prêt à s'enflammer ?
Ce n'eft pas pour faire valoir nos foins que
fais ici ces Reflexions , c'eft uniquement pour
détruire la prévention où prefque tout le monde
eft de croire que l'émetique & la faignée font
d'un ufage dangereux , fur tout lorfque la petite
Verole eft fortie. Je vous avoue que je fuis indi
gnée contre moi- même d'avoir penfé de la forte
autrefois , revenue de mon erreur , je ne laiffe
paffer aucune occafion d'écrire ou de parler des
prodiges que la faignée & l'émetique ont operez
chez nous dans cette maladie. Je fuis bien affurée
que vous ne trouverez pas l'expreffion trop forte,
fi vous vous faites une idée qui approche de la
réalité fur les horreurs où nous nous fommes
trouvées. Il y a eu des nuits où nous avions 5. à
6.Malades à tel point d'extrémité, qu'on n'auroit
ofé répondre de la vie d'aucune pour quelques
heures. Il nous eft arrivé plus d'une fois d'abandonner
une Malade avec la veine ouverte dans
II. Vol. Ejuj l'eau
2870 MERCURE DE FRANCE
l'eau pour courir à une autre qui tomboit dans
an accident plus brufque. Nous ne manquions
pas alors de propofer à notre Medecin d'employer
une quantité de remedes vantez pour cette malaladie
, comme la Poudre de la Comteffe , le Befoard
, la Poudre de Vipere , le Sang de Bouquetin
, &c. mais il nous répondoit froidement que
´ces cas là étoient trop férieux pour s'en tenir à
des amufemens. Les Vefiçatoires furent rejettez ,
même en nous difant leur effet étoit d'entreque
tenir & de fondre le fang , deux écueils les plus
redoutables dans cette maladie.
Je crois n'avoir pas befoin de vous dire que ce
récit eft d'une grande exactitude , je fuis perfuadée
que vous n'aurez aucun doute fur cela ; mais comme
vous pouriez le faire lire à d'autres perfonnes ,
& que je fuis bien aife que le parti de la verité ait
de la force , j'ai prié Mefdames de Garnier , de
Vaudancour , de Montchevreuil , d'examiner s'il
ne me feroit point échappé d'alterer ou de groffir
quelque circonftance , & d'y mettre leurs fignatures
, fi elles le trouvoient dans une exacte verité.
Leur témoignage doit faire foi , puifque les deux
premieres ont foutenu le fort du travail en qualité
d'Infirmieres principales , & que la troifiéme partageoit
avec moi les foins de l'Apoticairerie . J'ai
l'honneur d'être , &c. Signé , Soeurs de Garnier.
De Vaudancour. De Montchevreüil. De Texier.
AS. Cyr , ce 30. Août 1730.
Signature

Signé, Soeurs de Garnier. De Vaudancour. De Montchevreüil. De Texier. AS. Cyr, ce 30. Août 1730.

Activité
Genre
Collectivité
Faux
Lieu
Date, calendrier grégorien
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Provient d'un lieu
Soumis par kipfmullerl le