Titre
ODE Sur la gloire des Saints, à l'occasion de la Ceremonie faite pour la Canonisation des S. S. Stanislas Kostka & Louis de Gonzague.
Titre d'après la table
Ode sur la gloire des S S. &c.
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
2597
Page de début dans la numérisation
50
Page de fin
1602
Page de fin dans la numérisation
55
Incipit
Esclaves de la renomée,
Texte
O DE
Sur la gloire des Saints , à l'occafion de la
Ceremonie faite pour la Canonifation des
SS. Stanislas Koftka & Louis de Gonzague.
Esclaves de la
renommée ,
Dont la frivole paffion ,
N'a point d'autre occupation ,
Que de pourfuivre une fumée ;
Que votre fort me ſemble dur ,
Quand l'efpoir d'un nom moins obſcur
De votre fang vous rend prodigues ;
Quand pour vivre dans l'avenir
Vous trainez parmi les fatigues ,
Des jours que les regrets ne font plus revenir,
Couverts d'une noble pouffiere ,
En vain vous cherchez les hazards ,
En vain vous voit -on des beaux arts;
-Courir l'épineuſe carriere ;
Souvent l'honneur capricieux ,
Echappe aux voeux ambitieux ,
Qui s'obftinent à le pourſuivre ;'
De fes partifans empreffez ,
I. Vol. C Com
2598 MERCURE DE FRANCE
Combien en voyons- nous furvivre ,
A leur gloire expirante , à leurs noms éclipfez !
>
Mais je veux que les Deftinées ,
Vous réfervent un fort plus doux ,
Qu'honoré long-temps après vous
Votre nom brave les années ;
O foins ! O déplorable effort ,
Qui n'a pour objet que le fort
D'un Cefar , ou d'un Alexandre !
Eh ! que fervent à ces Héros ,
Les honneurs qu'on rend à leur cendre ,
Quand l'ire du Seigneur les inonde à grands flots ?
W
Venez , venez ; de plus furs guides
Vous découvriront en ce jour ,
La route qui mené au ſéjour ,
Des biens , & des honneurs folides ,
Voyez STANISLAS , & LOUIS ,
Offrir à VOS yeux éblouis ,
La vraye image de la gloire ;
Tandis qu'à l'envi nos Autels ,
Confacrent ici leur mémoire ,
Ils regnent dans l'Olimpe , heureux, grands , immortels.
Ils n'ont point tenté ces conquêtes ,
Qui font triompher nos Guerriers :
1. Vol. Ils
DECEMBRE . 1730. 2599
Ils ont dédaigné ces Lauriers ,
Dont nos Sçavans parent leurs têtes
Chercher Dieu dans l'obfcurité ,
Gouter fa paix , ſa verité ,
Voilà leur fçavoir , leur étude :
Ils n'ont combatu que leur coeur :
Guerre de toutes la plus rude ,
Où l'ennemi qu'on frappe eft cher à ſon vainqueur
?
L'un dans la fleur de fa jeuneffe ,
Voit avec un noble dédain
Et le titre de Souverain ,
Et les droits flateurs de l'aineffe .
Il rougiroit de s'abaiffer
A des grandeurs qu'on voit paſſer
Comme l'éclair qui fend la nuë.
Pour arriver à la fplendeur ,
Que l'oeil mortel n'a point connue ,
C'est dans l'abbaiffement qu'il cherche fa gran
deur.
Victime de l'Amour Célefte ,
L'autre a tout ſouffert , tout quitté ;
Haï tour à tour , & flatté ,
D'un monde que fon coeur détefte.
Non , l'Enfer & tous les affauts ,
Ni tous les biens , ni tous les maux ,
N'ébranleront point fa conftance :
1. Vole Cij 31
2600 MERCURE DE FRANCE
Il franchit tout , il eft au port ,
Mais , redoublant ta violence ,
Là , tu l'attens, Amour, pour lui donner la moit.
潞
Il eſt donc jufte qu'en nos Faſtes ,
Leurs noms occupent déformais ,
Un rang que n'obtinrent jamais
Les grands exploits , les projets vaftes.
S'ils n'euffent tendu vers les Cieux ,
De tant de Princes leurs Ayeux ,
Ils auroient fubi la fortune ,
Et dans un éternel oubli ,
Peut-être une tombe commune ,
Tiendroit avec leur corps leur nom enſeveli.
Aujourd'hui du haut de leurs Trônes ;
Combien verront - ils à leurs pieds ,
De Souverains humiliez ,
Venir déposer leurs Couronnes !
C'est pour eux que brillent ces feux ,
Que l'air retentit de nos voeux ,
Que cette pompe orne nos Temples .
Et par mille organes divers ,
C'eſt leur gloire , c'eſt leurs exemples ,
Que la voix du Seigneur propoſe à l'Univers.
O qui me donnera des aîles,
I. Vol. Pour
DECEMRBE . 1730. 2601
"
Pour m'élever jufqu'au féjour ,
Où le Jufte enyvré d'amour ,
Brille de fplendeurs éternelles !
Lieux éclatans d'or & d'azur ,
Quand donc s'écroulera le mur
Qui me fépare de vos fêtes !
Jamais ne verrai - je , grands Saints ,
Ces Diadêmes fur vos têtes ,
Que de fa propre main l'Eternel vous a ceints !
來
Mais votre voix fe fait entendre !
► Mortel , au bonheur des Elus
"
>
•
» Apprends que tes voeux fuperflus ,
» Sans efforts ne peuvent prétendre.
" .. Qui donc t'arrête ? . hâte toi :
» Armé de courage & de foi ,
» Marche , cours , vole fur nos traces
» Et fçache qu'aux Céleftes Choeurs ,
Les enfans d'Adam n'ont de places ,
Qu'à titre de foldats, d'athletes, de vainqueurs
來
C'en eft fait , & mon coeur docile
Se foumet à tout fans regret ;
Trop long- temps il fuivit l'attrait
Des faux biens , de l'honneur fragile.
Brifez-vous , fers injurieux ,
Fers , dont le poids impérieux ,
I. Vo!. Ciij Me
2602 MERCURE DE FRANCE
Me tenoit courbé vers la Terre.
Monde pervers , fens ennemis >
Je vous déclare à tous la guerre :
Qu'attendrois-je de vous quand le Ciel m'eft
promis.
J. F. FLEURIAU , de la Compagnie
de J fus.
Sur la gloire des Saints , à l'occafion de la
Ceremonie faite pour la Canonifation des
SS. Stanislas Koftka & Louis de Gonzague.
Esclaves de la
renommée ,
Dont la frivole paffion ,
N'a point d'autre occupation ,
Que de pourfuivre une fumée ;
Que votre fort me ſemble dur ,
Quand l'efpoir d'un nom moins obſcur
De votre fang vous rend prodigues ;
Quand pour vivre dans l'avenir
Vous trainez parmi les fatigues ,
Des jours que les regrets ne font plus revenir,
Couverts d'une noble pouffiere ,
En vain vous cherchez les hazards ,
En vain vous voit -on des beaux arts;
-Courir l'épineuſe carriere ;
Souvent l'honneur capricieux ,
Echappe aux voeux ambitieux ,
Qui s'obftinent à le pourſuivre ;'
De fes partifans empreffez ,
I. Vol. C Com
2598 MERCURE DE FRANCE
Combien en voyons- nous furvivre ,
A leur gloire expirante , à leurs noms éclipfez !
>
Mais je veux que les Deftinées ,
Vous réfervent un fort plus doux ,
Qu'honoré long-temps après vous
Votre nom brave les années ;
O foins ! O déplorable effort ,
Qui n'a pour objet que le fort
D'un Cefar , ou d'un Alexandre !
Eh ! que fervent à ces Héros ,
Les honneurs qu'on rend à leur cendre ,
Quand l'ire du Seigneur les inonde à grands flots ?
W
Venez , venez ; de plus furs guides
Vous découvriront en ce jour ,
La route qui mené au ſéjour ,
Des biens , & des honneurs folides ,
Voyez STANISLAS , & LOUIS ,
Offrir à VOS yeux éblouis ,
La vraye image de la gloire ;
Tandis qu'à l'envi nos Autels ,
Confacrent ici leur mémoire ,
Ils regnent dans l'Olimpe , heureux, grands , immortels.
Ils n'ont point tenté ces conquêtes ,
Qui font triompher nos Guerriers :
1. Vol. Ils
DECEMBRE . 1730. 2599
Ils ont dédaigné ces Lauriers ,
Dont nos Sçavans parent leurs têtes
Chercher Dieu dans l'obfcurité ,
Gouter fa paix , ſa verité ,
Voilà leur fçavoir , leur étude :
Ils n'ont combatu que leur coeur :
Guerre de toutes la plus rude ,
Où l'ennemi qu'on frappe eft cher à ſon vainqueur
?
L'un dans la fleur de fa jeuneffe ,
Voit avec un noble dédain
Et le titre de Souverain ,
Et les droits flateurs de l'aineffe .
Il rougiroit de s'abaiffer
A des grandeurs qu'on voit paſſer
Comme l'éclair qui fend la nuë.
Pour arriver à la fplendeur ,
Que l'oeil mortel n'a point connue ,
C'est dans l'abbaiffement qu'il cherche fa gran
deur.
Victime de l'Amour Célefte ,
L'autre a tout ſouffert , tout quitté ;
Haï tour à tour , & flatté ,
D'un monde que fon coeur détefte.
Non , l'Enfer & tous les affauts ,
Ni tous les biens , ni tous les maux ,
N'ébranleront point fa conftance :
1. Vole Cij 31
2600 MERCURE DE FRANCE
Il franchit tout , il eft au port ,
Mais , redoublant ta violence ,
Là , tu l'attens, Amour, pour lui donner la moit.
潞
Il eſt donc jufte qu'en nos Faſtes ,
Leurs noms occupent déformais ,
Un rang que n'obtinrent jamais
Les grands exploits , les projets vaftes.
S'ils n'euffent tendu vers les Cieux ,
De tant de Princes leurs Ayeux ,
Ils auroient fubi la fortune ,
Et dans un éternel oubli ,
Peut-être une tombe commune ,
Tiendroit avec leur corps leur nom enſeveli.
Aujourd'hui du haut de leurs Trônes ;
Combien verront - ils à leurs pieds ,
De Souverains humiliez ,
Venir déposer leurs Couronnes !
C'est pour eux que brillent ces feux ,
Que l'air retentit de nos voeux ,
Que cette pompe orne nos Temples .
Et par mille organes divers ,
C'eſt leur gloire , c'eſt leurs exemples ,
Que la voix du Seigneur propoſe à l'Univers.
O qui me donnera des aîles,
I. Vol. Pour
DECEMRBE . 1730. 2601
"
Pour m'élever jufqu'au féjour ,
Où le Jufte enyvré d'amour ,
Brille de fplendeurs éternelles !
Lieux éclatans d'or & d'azur ,
Quand donc s'écroulera le mur
Qui me fépare de vos fêtes !
Jamais ne verrai - je , grands Saints ,
Ces Diadêmes fur vos têtes ,
Que de fa propre main l'Eternel vous a ceints !
來
Mais votre voix fe fait entendre !
► Mortel , au bonheur des Elus
"
>
•
» Apprends que tes voeux fuperflus ,
» Sans efforts ne peuvent prétendre.
" .. Qui donc t'arrête ? . hâte toi :
» Armé de courage & de foi ,
» Marche , cours , vole fur nos traces
» Et fçache qu'aux Céleftes Choeurs ,
Les enfans d'Adam n'ont de places ,
Qu'à titre de foldats, d'athletes, de vainqueurs
來
C'en eft fait , & mon coeur docile
Se foumet à tout fans regret ;
Trop long- temps il fuivit l'attrait
Des faux biens , de l'honneur fragile.
Brifez-vous , fers injurieux ,
Fers , dont le poids impérieux ,
I. Vo!. Ciij Me
2602 MERCURE DE FRANCE
Me tenoit courbé vers la Terre.
Monde pervers , fens ennemis >
Je vous déclare à tous la guerre :
Qu'attendrois-je de vous quand le Ciel m'eft
promis.
J. F. FLEURIAU , de la Compagnie
de J fus.
Signature
J. F. FLEURIAU, de la Compagnie de Jsus.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Domaine
Est rédigé par une personne