Titre
A Mlle de Malcrais de la Vigne, STANCES IRREGULIERES Pour servir de Réponse à son Madrigal imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
Titre d'après la table
Stances à Mlle de Malcrais,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
2814
Page de début dans la numérisation
525
Page de fin
2817
Page de fin dans la numérisation
528
Incipit
Au Parnasse François mon nom est ignoré,
Texte
A Mile de Malcrais de la Vigne ,
STANCES IRREGULIERES
Pour servir de Réponse à son Madrigal
imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
AuParnasse François mon nom est ignoré;
Malcrais, de le sçavoir n'ayez aucune envie;
Trouvez bon seulement qu'en stile bigaré
Je vous offre aujourd'hui le Tableau de ma vie.
L'amour propre d'abord y place mon Portrait.
L'attitude n'en est pas sûre , ´
Mais l'air de tête n'est pas laid.
Par certains dons de la Nature
Le correctifest apporté
Aux défauts que dans ma figure
II. Vol. Aux
DECEMBRE. 1732 2815
Exagere l'adversité ,
Et de mes amis l'équité
Me sçait venger de cette injure.
Mon esprit curieux cherche la verité
Dont le charme secret l'attire
Après elle , mon cœur n'aspire
Qu'à la parfaite liberté.
2
Sans accuser le sort , content du necessaire ,
Debarassé des soins qui chargent le vulgaire ,
Je renferme mes vœux dans un petit réduit ,
Loin des Grands , loin des sots , de la pompe et
du bruit
Je n'y songe qu'à satisfaire
Mon penchant pour les Arts , et mon goût solftaire.
A l'ombre des Ormeaux dans mes momens per- dus,
Des champêtres plaisirs je trace des images,
Je veux qu'en ces petits ouvrages
On me retrouve encor quand je ne serai
plus.
Je ressens l'aiguillon de l'immortelle gloire,.
Et pressé du desir d'assurer ma mémoire
Ne pouvant partager les travaux des Guer
Je
riers ,
cultive le Mirthe au défaut des Lauriers.
Mon instinct m'a conduit aux Rives du Permesse ;
Euterpe quelquefois m'y donne des leçons ,
II. Vol Sut
2816 MERCURE DE FRANCE
Sur la Flute de Pan je les redis sans cesse
Aux Driades de nos valons ,
Et je décris les lieux où jadis la tendresse
Dicta mes premieres chansons.
Simple sans être sot , Champenois sans ru- desse ,
'Ami du naturel je cherche quand j'écris
Plus à toucher les cœurs qu'à flatter les esprits.
Pour la Ville , la Cour , les Grands et leur es- time ,
Je n'eus jamais la passion
Que fait naître l'ambition ,
Toujours sur la raison , rarement sur la rime
Je fixe mon attention ,
Et c'est moins la refléxion
Que le sentiment qui m'anime ,
Qui régle mon expression.
Permettez donc, illustre Fée
Qu'ici j'exprime simplement
Que je regrette amerement
Le tems où la bonne Zirphée
Sensible à mon empressement
M'eut des plaines de la Champagne
Jusqu'aux rives de la Bretagne
Transporté par enchantement.
Les cœurs qu'un desir héroïque
Portoit aux sublimes amours ,
Contre l'absence tirannique
II. Vol. Dans
DECEMBRE. 1732. 2817
Dans son Art trouvoient des secours ;
Son Char plus rapide qu'Eole ,
Plus prompt que l'Aigle qui s'envole ,
Les entraînoit vers leur beauté ;
Je sens leurs flâmes les plus vives ;
O Marne ! pourquoi sur tes Rives ,
Suis-je donc encor arrêté ?
Un cœur n'est pas toujours son maître ;
Je sçais qu'il viendroit un moment ,
Où le plaisir de vous connoître ,
Se feroit payer cherement.
Mais pour vous voir , pour vous entendre,
Tout risquer et tout entreprendre ,
Ne me paroît point une erreur.
A vos charmes , Fille divine ,
Dans l'ardeur qui me prédomine ,
Je suis prêt à livrer mon cœur.
STANCES IRREGULIERES
Pour servir de Réponse à son Madrigal
imprimé dans le Mercure d'Octobre 1732.
AuParnasse François mon nom est ignoré;
Malcrais, de le sçavoir n'ayez aucune envie;
Trouvez bon seulement qu'en stile bigaré
Je vous offre aujourd'hui le Tableau de ma vie.
L'amour propre d'abord y place mon Portrait.
L'attitude n'en est pas sûre , ´
Mais l'air de tête n'est pas laid.
Par certains dons de la Nature
Le correctifest apporté
Aux défauts que dans ma figure
II. Vol. Aux
DECEMBRE. 1732 2815
Exagere l'adversité ,
Et de mes amis l'équité
Me sçait venger de cette injure.
Mon esprit curieux cherche la verité
Dont le charme secret l'attire
Après elle , mon cœur n'aspire
Qu'à la parfaite liberté.
2
Sans accuser le sort , content du necessaire ,
Debarassé des soins qui chargent le vulgaire ,
Je renferme mes vœux dans un petit réduit ,
Loin des Grands , loin des sots , de la pompe et
du bruit
Je n'y songe qu'à satisfaire
Mon penchant pour les Arts , et mon goût solftaire.
A l'ombre des Ormeaux dans mes momens per- dus,
Des champêtres plaisirs je trace des images,
Je veux qu'en ces petits ouvrages
On me retrouve encor quand je ne serai
plus.
Je ressens l'aiguillon de l'immortelle gloire,.
Et pressé du desir d'assurer ma mémoire
Ne pouvant partager les travaux des Guer
Je
riers ,
cultive le Mirthe au défaut des Lauriers.
Mon instinct m'a conduit aux Rives du Permesse ;
Euterpe quelquefois m'y donne des leçons ,
II. Vol Sut
2816 MERCURE DE FRANCE
Sur la Flute de Pan je les redis sans cesse
Aux Driades de nos valons ,
Et je décris les lieux où jadis la tendresse
Dicta mes premieres chansons.
Simple sans être sot , Champenois sans ru- desse ,
'Ami du naturel je cherche quand j'écris
Plus à toucher les cœurs qu'à flatter les esprits.
Pour la Ville , la Cour , les Grands et leur es- time ,
Je n'eus jamais la passion
Que fait naître l'ambition ,
Toujours sur la raison , rarement sur la rime
Je fixe mon attention ,
Et c'est moins la refléxion
Que le sentiment qui m'anime ,
Qui régle mon expression.
Permettez donc, illustre Fée
Qu'ici j'exprime simplement
Que je regrette amerement
Le tems où la bonne Zirphée
Sensible à mon empressement
M'eut des plaines de la Champagne
Jusqu'aux rives de la Bretagne
Transporté par enchantement.
Les cœurs qu'un desir héroïque
Portoit aux sublimes amours ,
Contre l'absence tirannique
II. Vol. Dans
DECEMBRE. 1732. 2817
Dans son Art trouvoient des secours ;
Son Char plus rapide qu'Eole ,
Plus prompt que l'Aigle qui s'envole ,
Les entraînoit vers leur beauté ;
Je sens leurs flâmes les plus vives ;
O Marne ! pourquoi sur tes Rives ,
Suis-je donc encor arrêté ?
Un cœur n'est pas toujours son maître ;
Je sçais qu'il viendroit un moment ,
Où le plaisir de vous connoître ,
Se feroit payer cherement.
Mais pour vous voir , pour vous entendre,
Tout risquer et tout entreprendre ,
Ne me paroît point une erreur.
A vos charmes , Fille divine ,
Dans l'ardeur qui me prédomine ,
Je suis prêt à livrer mon cœur.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Domaine
Constitue la réponse à un autre texte
Est adressé ou dédié à une personne
Remarque
Arthur de La Borderie attribue ce texte à « M***, de Châlons » qui avait déjà adressé une ode (livraison de mai 1732) à Mademoiselle de Malcrais de La Vigne. Voir Paul Desforges-Maillard, Oeuvres nouvelles de Des Forges Maillard publiées avec notes, étude biographique, et bibliographie par Arthur de La Borderie et René Kerviler, Nantes, Société des bibliophiles bretons et de l'histoire de Bretagne, t. 1, 1888, p. 126.
Fait partie d'un dossier