Titre
EPITRE, De Mlle de Malcrais de la Vigne, à M. V. D. G. de Marseille, pour répondre à ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188.
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
2781
Page de début dans la numérisation
492
Page de fin
2785
Page de fin dans la numérisation
496
Incipit
Monsieur, dont l'ame perplexe,
Texte
EPITRE,
De Mede Malcrais de la Vigne , à M.
V. D. G. de Marseille , pour répondre à
ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188 .
{
Monsieur , dont l'ame perplexe ,
S'alambique en cent façons ,
II. Vol. Cij Votre
2782 MERCURE DE FRANCE
Votre idée est circonflexe ;
Sous le grand lambris convexe ,
Il est des gens de tous noms.
Mais sçavez- vous qu'au beau Sexe ,
Vos Vers sont injurieux ?
'Arrêtez , Messieurs les hommes :
Vous êtes si glorieux ,
Que vous croyez que nous sommes ,
Auprès de vous des Atomes ,
Ou des riens harmonieux.
Sçachez pourtant que les Dames ,
Quoiqu'en dise un fol Auteur ,
Ainsi que vous ,
ont des ames ,
Et que les celestes flâmes ,
Ont coulé dans notre cœur ;
Cependant n'allez pas croire ,
Ou je garde le tacet ,
Qu'ici je veuille avec gloire ,
Mettre du Docteur Docet ,
Sur ma coeffe le bonnet ;
J'en romprois mon Ecritoire ,
Et m'irois pendre tout net ,
M'étreignant de mon lacet,
Cés Pédans à l'humeur cruë ,
Dès qu'ils s'offrent à ma vue ,
Me plaisent moins qu'un Valet,
Qui dans chaque coin de ruë ,
II, Vol. Fait
DECEMBRE. 1732. 2783
Fait entendre son siflet.
Si je voulois , par exemple,
Trancher ici du Docteur ,
Je dirois , mon cher Seigneur ,
Vous, qui fréquentez le Temple
Du Dieu Versificateur ,
Connoîtriez -vous Corine
Leontion , Eccello ,
Sapho , Prasille , Occello ,
Théano , Cléobuline ?
>
Au monde est- il un canton
Qui ne vante des Poëtes ,
Qui , quoi qu'ayant des cornettes .
Ont fait sonner leurs Musettes ,
Sur plus d'un merveilleux ton ,
Aussi-bien que Coridon ?
L'Antique et Moderne Rome ,
Vit et voit briller les siens ,
Notre France en a tout comme
Ces doubles Italiens ,
Et par tout on les renomme,
Plus que Donna Giustina ,
Et Signora Colonna.
Si point ici ne les nomme
C'est pour abreger chemin ,
Et je croi bien qu'en Provence ,
Le beau Sexe feminin ,
II. Vol. C
Mieux iij
2784 MERCURE DE FRANCE
Mieux qu'en nul endroit de France ,
Fait voir qu'il a l'esprit fin ,
Assaisonné de Science :
Beau Païs des Troubadours !
C'est chez vous que l'Italie >
De l'Art de la Poësie ,
Apprit les excellens tours.
Mais alte - là , mon génie ,
Je vois que je passerois ,
Pour une grande Pédante ,
Moi , qui passer ne voudrois ;
Que pour petite Sçavante.
'Au surplus bien mieux que vous ,
Des Vers nous devrions faire ,
La raison en est très claire ,
Si , comme vous dites tous
Caprice domine en nous >
Avec cervelle legere.
Mais ce n'est point là le fait ,
Et votre ame impatiente ,
Me demande mon Portrait ;
Je vais être complaisante ,
Et vous serez satisfait ;
C'est trop , et j'en suis dolente ,
Avoir suspendu l'attente ,
D'un aimable Curieux.
Taille un peu courte , grands yeux ,
II. Vol. Bouche
DECEMBRE. 1732. 2785
Bouche riante et vermeille ,
Avec un air de douceur ,
Monsieur l'Auteur de Marseille ,
C'est-là Malcrais ou sa Sœur.
De Mede Malcrais de la Vigne , à M.
V. D. G. de Marseille , pour répondre à
ses Vers, imprimez dans le Mercure d'Octobre 1732. page 2188 .
{
Monsieur , dont l'ame perplexe ,
S'alambique en cent façons ,
II. Vol. Cij Votre
2782 MERCURE DE FRANCE
Votre idée est circonflexe ;
Sous le grand lambris convexe ,
Il est des gens de tous noms.
Mais sçavez- vous qu'au beau Sexe ,
Vos Vers sont injurieux ?
'Arrêtez , Messieurs les hommes :
Vous êtes si glorieux ,
Que vous croyez que nous sommes ,
Auprès de vous des Atomes ,
Ou des riens harmonieux.
Sçachez pourtant que les Dames ,
Quoiqu'en dise un fol Auteur ,
Ainsi que vous ,
ont des ames ,
Et que les celestes flâmes ,
Ont coulé dans notre cœur ;
Cependant n'allez pas croire ,
Ou je garde le tacet ,
Qu'ici je veuille avec gloire ,
Mettre du Docteur Docet ,
Sur ma coeffe le bonnet ;
J'en romprois mon Ecritoire ,
Et m'irois pendre tout net ,
M'étreignant de mon lacet,
Cés Pédans à l'humeur cruë ,
Dès qu'ils s'offrent à ma vue ,
Me plaisent moins qu'un Valet,
Qui dans chaque coin de ruë ,
II, Vol. Fait
DECEMBRE. 1732. 2783
Fait entendre son siflet.
Si je voulois , par exemple,
Trancher ici du Docteur ,
Je dirois , mon cher Seigneur ,
Vous, qui fréquentez le Temple
Du Dieu Versificateur ,
Connoîtriez -vous Corine
Leontion , Eccello ,
Sapho , Prasille , Occello ,
Théano , Cléobuline ?
>
Au monde est- il un canton
Qui ne vante des Poëtes ,
Qui , quoi qu'ayant des cornettes .
Ont fait sonner leurs Musettes ,
Sur plus d'un merveilleux ton ,
Aussi-bien que Coridon ?
L'Antique et Moderne Rome ,
Vit et voit briller les siens ,
Notre France en a tout comme
Ces doubles Italiens ,
Et par tout on les renomme,
Plus que Donna Giustina ,
Et Signora Colonna.
Si point ici ne les nomme
C'est pour abreger chemin ,
Et je croi bien qu'en Provence ,
Le beau Sexe feminin ,
II. Vol. C
Mieux iij
2784 MERCURE DE FRANCE
Mieux qu'en nul endroit de France ,
Fait voir qu'il a l'esprit fin ,
Assaisonné de Science :
Beau Païs des Troubadours !
C'est chez vous que l'Italie >
De l'Art de la Poësie ,
Apprit les excellens tours.
Mais alte - là , mon génie ,
Je vois que je passerois ,
Pour une grande Pédante ,
Moi , qui passer ne voudrois ;
Que pour petite Sçavante.
'Au surplus bien mieux que vous ,
Des Vers nous devrions faire ,
La raison en est très claire ,
Si , comme vous dites tous
Caprice domine en nous >
Avec cervelle legere.
Mais ce n'est point là le fait ,
Et votre ame impatiente ,
Me demande mon Portrait ;
Je vais être complaisante ,
Et vous serez satisfait ;
C'est trop , et j'en suis dolente ,
Avoir suspendu l'attente ,
D'un aimable Curieux.
Taille un peu courte , grands yeux ,
II. Vol. Bouche
DECEMBRE. 1732. 2785
Bouche riante et vermeille ,
Avec un air de douceur ,
Monsieur l'Auteur de Marseille ,
C'est-là Malcrais ou sa Sœur.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Domaine
Constitue la réponse à un autre texte
Est rédigé par une personne
Remarque
Republié dans [Paul Desforges-Maillard], Poësies de Mademoiselle de Malcrais de La Vigne, Paris, veuve Pissot, Chaubert, Clousier, Neuilly, Ribou, 1735, p. 229-232.
Fait partie d'un dossier