Titre
ODE. A LA POESIE.
Titre d'après la table
Ode à la Poësie,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
s. p.
Page de début dans la numérisation
444
Page de fin
2738
Page de fin dans la numérisation
449
Incipit
C'est toi, divine Poësie,
Texte
OD E.
A LA POESIE.
'Est toi , divine Poësie ,
Qu'on entend seule dans les Cieur
De concert avec l'Ambroisie ,
Tu donnes l'être à tous les Dieux {
Apollon te tient lieu de Pere ;
Il commande qu'on te revere ,
Et qu'on t'éleve des Autels,
II. Vol. A ij Los
2734 MERCURE DE FRANCE
Les chastes filles de memoire ,
Ne cessent de chanter ta gloire ,
Et de l'inspirer aux Mortels,
Ils étoient avant te connoître ,
Errans dans le vaste Univers ;
Mais dès qu'ils te virent paroître ,
Charmez de tes accens divers ,
Ennemis de la solitude ,
Ils coururent en multitude ,
Jouir des fruits de ta beauté ;
Bien-tôt leurs rustiques aziles ,
Formerent de superbes Villes ,
Ou ton nom seul fut respecté.
諾
Quelle fut alors ta puissance
Tu regnois seule dans les cœurs ;
Sans effort et sans violence ,
Tout fléchissoit sous tes douceurs,
Maîtresse de toute la Terre ,
Tu sçus sans le Dieu de la guerre ,
Sur le Trône placer des Rois ;
Et des fiers Lions de la Thrace ,
Adoucir la féroce audace ,
Par les seuls charmes de ta voix.
II, Vol.
On
DECEMBRE. 1732. 2735.
On ne vit plus cet air sauvage ,
Regner parmi les Nations,
Chacun de ton divin langage .
Faisoit ses occupations.
Jusques à la Philosophie ,
Cette fille du Ciel chérie ,
Emprunta l'éclat de tes sons;
Afin d'être sûre de plaire ,
Et de paroître moins severe ,
En donnant ses sages leçons.
Dans peu sur la double Colline ,
On vit monter tes Favoris ,
Soutenus de l'ardeur divine ,
Dont tu remplissois leurs esprits.
Une Couronne toute prête ,
Les attendoit au haut du faîte ,
Pour prix de leurs rares efforts ;
Les Mortels qui s'en voyoient ceindre ,
N'avoient plus desormais à craindre ,
D'augmenter le nombre des Morts.
Par ton secours le tendre Orphée,
Jadis dans l'infernal séjour ,
Se sçut élever un Trophée ,
Dont se glorifia l'Amour.
11. Vol. A
Pluton iij
736 MERCURE DE FRANCE
Pluton , Némesis , les Furies ,
Suspendirent leurs barbaries ,
Et Cerbere ses hurlemens ;
Aux premiers accords de sa Lyre ,
Les plaisirs dans le sombre Empire ,
Prirent la place des tourmens.
Arion en Proye aux Corsaires ,
'Alloit voir terminer son sort :
Déja par leurs mains sanguinaires ,
Il voyoit préparer sa mort ,
Mais par la puissance infinie ,
De ton attrayante harmonie ,
Il désarma leur cruauté ;
Et força le Peuple de l'Onde ,
A quitter sa Grotte profonde ,
Pour lui rendre la liberté.
來
Thebes vit jadis ses murailles ,
Renaître à la voix d'Amphion.
Oui, c'est ainsi que tu travailles.
Fille pleine d'invention ;
Tului fis faire ce miracle ,
Sans qu'il trouvât aucun obstacle ,
Dans son projet audacieux.1
Quel n'est pas ton bonheur suprême ?
II. Vol. Le
DECEMBRE. 1732 2737
Le Dieu du Tonnerre lui-même ,
Tient de toi le Sceptre des Cieux !
Qu'un Héros gagne des batailles ,
Et renverse mille remparts ;
Que la mort et les funerailles ,
Suivent par tout ses Etendarts.
Quoiqu'en dise la Renommée ,
Cette gloire n'est que fumée ,
Le temps la met vite au tombeau ;
Son bras eût-il lancé la foudre ,
Réduit tout l'Univers en poudre ,
Cela n'est rien sans ton Pinceau ,
Le Dieu qui fit armer la Grece ,
Contre les malheureux Troyens ,
Le Dieu qui nous plaît , qui nous blesse ,
Le fait souvent par tes moyens.
De l'ame la plus indocile ,
Tu lui rends la route facile ,
Tu l'y fais regner en vainqueur.
Il en seroit bien moius à craindre ,
Si tu ne l'aidois à se plaindre ,
Quand on l'accable de rigueurs.
Je ne marche dans ta carriere ,
II. Vol. A iiij En-
2738 MERCURE DE FRANCE
Encore que d'un pas tremblant ;
Depeur
de heurter la barriere ,
Qui deffend d'aller en avant.
Heureux si dans cette peinture ,
Ebauche foible et sans parure ,
De ce que peuvent tes attraits ,
Je pouvois avoir l'avantage ,
.
Que l'on reconnut ton ouvrage ,
Ou du moins quelqu'un de tes traits.
M. de S. R.
A LA POESIE.
'Est toi , divine Poësie ,
Qu'on entend seule dans les Cieur
De concert avec l'Ambroisie ,
Tu donnes l'être à tous les Dieux {
Apollon te tient lieu de Pere ;
Il commande qu'on te revere ,
Et qu'on t'éleve des Autels,
II. Vol. A ij Los
2734 MERCURE DE FRANCE
Les chastes filles de memoire ,
Ne cessent de chanter ta gloire ,
Et de l'inspirer aux Mortels,
Ils étoient avant te connoître ,
Errans dans le vaste Univers ;
Mais dès qu'ils te virent paroître ,
Charmez de tes accens divers ,
Ennemis de la solitude ,
Ils coururent en multitude ,
Jouir des fruits de ta beauté ;
Bien-tôt leurs rustiques aziles ,
Formerent de superbes Villes ,
Ou ton nom seul fut respecté.
諾
Quelle fut alors ta puissance
Tu regnois seule dans les cœurs ;
Sans effort et sans violence ,
Tout fléchissoit sous tes douceurs,
Maîtresse de toute la Terre ,
Tu sçus sans le Dieu de la guerre ,
Sur le Trône placer des Rois ;
Et des fiers Lions de la Thrace ,
Adoucir la féroce audace ,
Par les seuls charmes de ta voix.
II, Vol.
On
DECEMBRE. 1732. 2735.
On ne vit plus cet air sauvage ,
Regner parmi les Nations,
Chacun de ton divin langage .
Faisoit ses occupations.
Jusques à la Philosophie ,
Cette fille du Ciel chérie ,
Emprunta l'éclat de tes sons;
Afin d'être sûre de plaire ,
Et de paroître moins severe ,
En donnant ses sages leçons.
Dans peu sur la double Colline ,
On vit monter tes Favoris ,
Soutenus de l'ardeur divine ,
Dont tu remplissois leurs esprits.
Une Couronne toute prête ,
Les attendoit au haut du faîte ,
Pour prix de leurs rares efforts ;
Les Mortels qui s'en voyoient ceindre ,
N'avoient plus desormais à craindre ,
D'augmenter le nombre des Morts.
Par ton secours le tendre Orphée,
Jadis dans l'infernal séjour ,
Se sçut élever un Trophée ,
Dont se glorifia l'Amour.
11. Vol. A
Pluton iij
736 MERCURE DE FRANCE
Pluton , Némesis , les Furies ,
Suspendirent leurs barbaries ,
Et Cerbere ses hurlemens ;
Aux premiers accords de sa Lyre ,
Les plaisirs dans le sombre Empire ,
Prirent la place des tourmens.
Arion en Proye aux Corsaires ,
'Alloit voir terminer son sort :
Déja par leurs mains sanguinaires ,
Il voyoit préparer sa mort ,
Mais par la puissance infinie ,
De ton attrayante harmonie ,
Il désarma leur cruauté ;
Et força le Peuple de l'Onde ,
A quitter sa Grotte profonde ,
Pour lui rendre la liberté.
來
Thebes vit jadis ses murailles ,
Renaître à la voix d'Amphion.
Oui, c'est ainsi que tu travailles.
Fille pleine d'invention ;
Tului fis faire ce miracle ,
Sans qu'il trouvât aucun obstacle ,
Dans son projet audacieux.1
Quel n'est pas ton bonheur suprême ?
II. Vol. Le
DECEMBRE. 1732 2737
Le Dieu du Tonnerre lui-même ,
Tient de toi le Sceptre des Cieux !
Qu'un Héros gagne des batailles ,
Et renverse mille remparts ;
Que la mort et les funerailles ,
Suivent par tout ses Etendarts.
Quoiqu'en dise la Renommée ,
Cette gloire n'est que fumée ,
Le temps la met vite au tombeau ;
Son bras eût-il lancé la foudre ,
Réduit tout l'Univers en poudre ,
Cela n'est rien sans ton Pinceau ,
Le Dieu qui fit armer la Grece ,
Contre les malheureux Troyens ,
Le Dieu qui nous plaît , qui nous blesse ,
Le fait souvent par tes moyens.
De l'ame la plus indocile ,
Tu lui rends la route facile ,
Tu l'y fais regner en vainqueur.
Il en seroit bien moius à craindre ,
Si tu ne l'aidois à se plaindre ,
Quand on l'accable de rigueurs.
Je ne marche dans ta carriere ,
II. Vol. A iiij En-
2738 MERCURE DE FRANCE
Encore que d'un pas tremblant ;
Depeur
de heurter la barriere ,
Qui deffend d'aller en avant.
Heureux si dans cette peinture ,
Ebauche foible et sans parure ,
De ce que peuvent tes attraits ,
Je pouvois avoir l'avantage ,
.
Que l'on reconnut ton ouvrage ,
Ou du moins quelqu'un de tes traits.
M. de S. R.
Signature
M. de S. R.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Mots clefs
Domaine