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Titre

LES TOURTERELLES. IDILLE. Par Mlle de Malcrais de la Vigne, du Croisic, en Bretagne. A Madame Deshoulieres.

Titre d'après la table

Les Tourterelles, Idille de Mlle de la Vigne,

Fait partie d'une section
Page de début
1013
Page de début dans la numérisation
412
Page de fin
1017
Page de fin dans la numérisation
416
Incipit

HELAS ! constantes Tourterelles,

Texte
LES TOURTERELLES ,
IDILL E.
Par Me de Malcrais de la Vigne , du
Croisie , en Bretagne.
A Madame Deshoulieres.
H Elas constantes Tourterelles ,
Que vos carresses et vos jeux
Ont des attraits touchans pour un coeur amoureux
!
Redoublez , s'il se peut , vos flammes mutuelles
2
-Pâ mez - vous , languissez , mourez dans les plaisirs
,
Ah j'entends yos petits soupirs ,
De
1014 MERCURE DE FRANCE ,
De vos transports secrets , interprètes fidelles,
Profitez de la vie heureux couple d'Amans ,
Joüissez d'un bonheur dont la source est si
pure ;
L'instinct que vous donna la prudente Na
ture ,
Vaut mieux que tous nos sentimens.
Sans vous embarrasser dans d'inutiles peines ,
Le sang qui coule dans vos veines ,
Nous instruit cent fois mieux que tout l'Art des
Romans.
Plus votre ardeur vieillit , plus vous la trouvez
belle ,
Malgré l'effort des ans , vos coeurs sont enflam
mez ,
Et pour une autre Tourterelle ,
Vous ne quittez jamais celle que vous aimez.
Si les Amans , et les Amantes
Avoient pour s'envoler des aîles comme vous ,
On verroit encor parmi nous ,
Plus d'inconstans , et d'inconstantes.
C'est vous que l'on doit appeller
De vrais modéles de tendresse ,
Vous avez seulement des aîles pour voler
Après le cher objet qui vous charme sane
cesse.
Dans votre commerce amoureux
La défiante jalousie ,
Ne
MAY. 1731 .
Ne répandit jamais le poison dangéreux ,
Qui parmi nous brise les noeuds
De l'amitié la plus unic.
Si vous paroissiez quelquefois
Disputer et hausser la voix ,
Je n'y découvre rien que la loüable envie
De deux Amans ambitieux ,
Du prix de s'entr'aimer le mieux ;
Et de pareils débats toute aigreur est bannie.
Vous fréquentez les mêmes lieux ,
Vous ne cherchez jamais nulle autre compa
gnie.
Vous bûvez au même ruisseau ,
Vous vous perchez toujours sur le même rameau
,
Quand vos paupieres sont forcées ,
De céder aux pavots que le sommeil répand ,
Vous craignez de vous perdre , et vos plumes
pressées
Paroissoient être entrelassées .
Que votre langage est charmant !
Qu'il a
land !
› je ne sçai quoi , d'honnête et de ga-
Que vos accens plaintifs sont poussez d'un air
tendre !
Ce n'est qu'aux coeurs comme le mien ,
A qui Venus permet d'entendre
Et de goûter votre entretien.
B Après
016 MERCURE DE FRANCE ,
Après avoir cueilli des douceurs infinies
Dans vos embrassemens savourez à longs traits ;
Si vos forces sont affoiblies ,
Votre amitié ne l'est jamais .
Ah ! quand vous vous plaignez , c'est un regret
extrême ,
Qui vous fait l'une à l'autre adresser ce discours
:
Faut-il , mon petit coeur , toujours aimer de
même ,
Sans pouvoir cependant se carresser toujours ?
Depuis le lever de l'Aurore ,
Vous sçavez vous donner jusques à son retour ,
Differentes marques d'amour.
Recommencez vos jeux , recommencez encore ,
Hôtes légers des Bois il n'est rien sous les
Cieux
>
Qui puisse tant flatter et mon coeur et mes
усих .
Mais , si le Berger que j'adore
N'avoit plus aujourd'hui pour moi le même
coeur ,
Si l'Amour avoit fait éclore
Dans son ame changée une nouvelle ardeur.
Tourmens affreux ! douleurs cruelles !
Soupçons persuasifs ! doutes impérieux !
Cessez , helas ! cessez, constantes Tourterelles ,
N'offrez pas désormais ces plaisirs à mes yeux.
S'ils leur doivent coûter des larmes éternelles .
Du
1
MAY. 1017 1731.
Du beau Séxe François , ô la gloire et l'honneur
,
Deshoulieres , dont le génie
Sçut chanter des Amans la douce maladie ,
Et des Heros Guerriers célébrer la valeur ;
Du Pinde où tu jouis d'une meilleur vie ,
Regarde ici bas , et reçoi
L'Idille que je te dédie >
C'est à ton goût que je la doi .
Si je puis aujourd'hui mériter ton suffrage ,
Phébus et les neuf Soeurs s'unissant avec toi ,
Avoûront ce galant Ouvrage.
Genre
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Est adressé ou dédié à une personne
Est rédigé par une personne
Provient d'un lieu
Remarque

Republié dans [Paul Desforges-Maillard], Poësies de Mademoiselle de Malcrais de La Vigne, Paris, veuve Pissot, Chaubert, Clousier, Neuilly, Ribou, 1735, p. 67-70 ; Poësies diverses de M. Desforges-Maillard [...], Amsterdam, Rey, 1750, 2nde partie, p. 216-219 ; Œuvres en vers et en prose de M. Desforges-Maillard [...], Amsterdam, Jean Schreuder, Pierre Mortier le jeune, 1759, t. 1, p. 286-289 ; Poésies diverses de Desforges-Maillard [...], Honoré Bonhomme (éd.), Paris, A. Quantin, 1880, p. [45]-48.

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