Titre d'après la table
Bibliotheque choisie de Colomiés,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
950
Page de début dans la numérisation
125
Page de fin
959
Page de fin dans la numérisation
134
Incipit
LA BIBLIOTHEQUE CHOISIE de M. Colomiés. Nouvelle Edition, augmentée des
Texte
LA BIBLIOTHEQUE CHOISIE de M. Co
lomiés. Nouvelle Edition , augmentée des
Notes de M M. Bourdelot et de la Monnoye et autres , avec quelques Opuscules
du même Colomiés , qui n'avoient point
été recueillis. Vol. in 12. de 376. pages
sans la Préface et les Tables. A Paris
chez Gabriel Martin , ruë S. Jacques
P'Etoile , 1731.
On peut juger du mérite de cet Ouvrage par les Editions qui en ont été faites. La premiere fut publiée à la Rochelle
en 1682. in 8. La deuxieme à Amsterdam en 1750. in 8. Dans cette Edition
M. Colomiés retrancha quelques traits
qui se trouvoient dans la premiere , et
y insera quelques Additions , comme il
nous l'apprend lui-même dans l'Avertissement
MAY. 17328 958
sement qu'il met à la tête. La troisiéme
fut publiée à Hambourg, réunie avec les
autres Ouvrages du même Auteur , dont
M. Fabricius donna la collection en 1709.
Dans celle- cy on a suivi la seconde Edition donnée par l'Auteur , comme avoit
fait M. Fabricius ; on y a même ajoûté
aubas des pages plusieurs traits queM.Colomiés avoir retranchez de la premiere
Edition : Elle est encore enrichie des Notes que Pierre Bonet Bourdelot , avoit faites sur cette Biblio.heque et de celles que
M. de la Monnoye y ajoûta depuis.
Cette Bibliotheque ne renferme pas le
détail de toute sorte de Livres; M. Colomiés n'a eu en vûë dans cet Ouvrage
que quelques- uns de ceux qui regardent
les Belles Lettres ou qui ont fait et font
encore les délices des Sçavans ; c'est ce
qu'il dit lui-même dans l'Avertissement
dont nous avons parlé plus haut. Il ne
rend compte qued'une centaine de Livres.
Son but principal , est de nous en faire connoître les vrais Auteurs , lorsqu'ils se
sont déguisez sous des noms étrangers ,
ou que faute d'avoir mis leur nom à la
tête de leurs Ouvrages , on est en peine
de sçavoir à qui les attribuer, Il à soin de marquer les meilleures Editions qui
ca ont été faites de son temps ; il y mêle
des
952 MERCURE DE FRANCE
des Anecdotes qui servent à faire connoî
tre le caractere de chaque Auteur , et
l'occasion qui a fait naître son Ouvrage.
Il s'attache à recueillir tous les Eloges que
lesSçavans ont donnés à celui dont il parle.
Quelquefois il assaisonne ses Remarques
Historiques de quelques traits de Criti
que , par lesquels il releve des fautes
mais il le fait toujours avec une moderation qui lui fait honneur et dont personne
ne peut lui sçavoir mauvais gré. Et ce qui
n'est pas peu rare , et qui devroit servir
de modele aux Ecrivains de Religion differente , M. Colomiés , quoique né et
mort Protestant , en donnant aux Sçavans
de son parti les louanges qu'ils méritent
n'a pas frustré les Catholiques de celles qui
leur étoient dûës. Les Auteurs de la Bibliotheque Raisonnée , imprimée à Amsterdam , et ceux de la Bibliotheque Germanique , pourront-ils rendre compte de
celle- cy au Public sans y reconnoître la
condamnation de leur partialité ? M. Colomiés a fait plus , car il a composé la vie
de l'illustre P. Sirmond , Jesuite ; il a
même poussé son impartialité jusqu'à
donner des éloges à ceux d'entre les Protestans qui s'étoient de son temps soumis
à l'Eglise Romaine, il en donne une es
pece de Catalogue dans un des articles de
sa
M A Y. 17320 953
sa Bibliotheque choisie , pag. 191. et 192.
Entre tant d'articles , tous plus interessans les uns que les autres , dont cette
Bibliotheque est composée ; nous n'en
cho sirons que deux. Le premier peut faire connoître que M. Colomiés étoit en
état de hazarder des conjectures aussi justes que celles des Turnebes , des Lipses ,
des Scaliger , &c. C'est à la page 124.
l'Auteur y parte d'un Ouvrage intitulé :
Ezech. Spanhemii Dissertationes de prastantia et usu numismatum. Amstel. 1671.
in 4. deux volumes.
Il n'est jamais sorti de la Presse des Imprimeurs , dit M. Colamiés , un si docte Livre que celui - cy touchant les Médailles. Feu M. Seguin en avoit loüé l'ébauche dès l'an 1665. dans ses Médailles
choisies ; aujourd'hui tous les Antiquaires font , comme à l'envi , l'éloge de cette
seconde Edition , qui est beaucoup plus
ample que celle de Rome. Il y a un seul
endroit qui me fait de la peine ; c'est à la
page 385. où ce sçavant homme prétend
que Scaliger s'est trompé , assurant sur
la foi d'une Médaille de Cléopatre , que
cette Reine fut surnommée en Egyptien
Daravow Tespa. Que dira M. Spanheim de
la Médaille de Cléopatre , dont parle Antoine le Pois , qui avoit pour Inscription
BA-
954 MERCURE DE FRANCE
ΒΑΣΙΛΙΣΣΗΣ ΚΛΗΟΠΑΤΡΑΣ ΩΣΣΑΝ
ENTHPAZ , que ce même Le Pois interprete , Regina Cleopatra omnium (sive uni
versi ) Servatricis Soutiendra - t'il aussi
que Le Pois s'est trompé ? Pour moi , j'in.
clinerois volontiers à croire qu'OZEAN
seroit un mot Egyptien , signifiant Tout
ou l'Univers , me souvenant d'avoir lû
dans le Traité de Plutarque d'Isis et d'Osiris, qu'o en Egyptien , vouloit dire
plusieurs d'où j'infere qu'OZZAN pourroit
biendans la même LanguesignifierTout.Je
m'en rapporte pourtant à M" Spanheim,
Carcavi , Patin , Spon , dont les décisions
me seront toûjours des Loix. Depuis la
premiere Edition de cet Ouvrage sur une
Médaille de Marc- Antoine et de Cléopatre, rapportée par M. Spanheim , dans
son Commentaire sur les Cesars de l'Empereur Julien, je conjecture qu'il faut lire,
dans celle de Le Poix , ΒΑΣΙΛΙΣΣΗΣ
ΚΑΜΟΠΑΤΡΑΣ ΘΗΑΣ ΝΕΩΤΕΡΑΣ.
Le reste de cet Article est une énumération des Ouvrages de M. Spanheim ; le
même Auteur le croit Auteur d'une Lettre anonime écrite à un ami , sur l'Histoire Critique du vieux Testament du
P. Simon.
Lesecond article est à la page 196. il
sontient des Anecdotes curieuses. Le voicy.
MAY.
•
&
1732.
cy.
Desiderii Erasmi Colloquia , cum notis 955
Arnoldi Montani,
Amstelodami , 1658. in
12.
Bien que l'on ait fait à diverses fois des Notes sur les Entretiens d'Erasme
c'est encore M. Colomiés qui parle , il
reste pourtant des endroits que l'on n'a
pas encore éclaircis. Par exemple , quand
Erasme parle sur la fin de l'Entretien qui
a pour titre Abbatis et Erudita , de quelques femmes sçavantes de l'Angleterre
et de l'Allemagne , qu'il nomme Moricas ,
Bilibaldicas et Blaurericas , personne ne nous a dit bien distinctement qui
elles étoient. Il faut donc sçavoir que
Morica sont les filles de Thomas Morus,
Chancelier d'Angleterre ,
Marguerite ,
Elizabeth et Cecile.
Marguerite entre les
autres étoit fort heureuse à corriger les
Auteurs. Jean Costerius dans ses Notes
sur Vincent de Lerins , rapporte d'elle
une correction d'un passage de S.Cyprien
qui ne cede point , à mon avis , à celles
des Scaligers , des Tunerbes et des Saumaises. B.libal lica sont les sœurs de Bilibaldus Pirck. ymerus , Conseiller de l'Empereur, dont l'une se nommoit Charité
et l'autre Claire , toutes deux Religieuses.
Ce Pirckeymerus , de qui le sçavant et
pieux Rittershusius a écrit la Vie , dédie
956 MERCURE DE FRANCE
sa sœur Charité la Traduction d'un
Traité de Plutarque , et ses œuvres de
S. Fulgence ; et à Claire son autre sœur
la Traduction des Sentences de Nilus Evêque et Martyr. Voici comme il parle de
ses deux sœurs dans une Lettre à Erasme
écrite de Nuremberg le 20. Mars 1516.
Salutant te gemina mea sorores , Abbatissa
S. Clare una ( c'est Charité qui étoit l'aînée ) altera ejusd. Regula Sectatrix , qua
assiduè tua scripta manibus retinent; maximè veròjam novo ablectanturTestamento :
quo mirè afficiuntur mulieres , multis viris
qui sibi scioli videntur , doctiores. Scribe-.
rent ad te latinè nisi indignas suas existimarent Litteras. Il y a plusieurs Lettres
de Charité dans les Oeuvres de Pirckeymerus, recueillies et publiées par Goldart.
Pour Blaurerice, je crois qu'Erasme entend
par là Marguerite Blaurer , dont Bullinger
fait l'éloge à la page 339. de son Commentaire sur les Epitres. Rodolphe Gualter
Théologien de Zurich, a fait des Vers Lagins sur sa mort , qu'il adresse à Ambroise
et à Thomas Blaurer ses freres. On ne nous
a point dit non-plus qui étoit ce Cephalus,
wir trium linguarum gnarus , dont Erasme
parle dans l'Entretien de Piscium esu. Ce
Cephalus est Wolphgang Fabrice Lapito,
Théologien de Strasbourg , qui mourut
Pan
MAY. 1732. 957
l'an 1541. et qui a fait plusieurs Livres.
Les Entretiens d'Erasme ont été fort bien
traduits en Italien par Pietro Lauro de
Modéne , qui a aussi traduit Joseph; mais
ils ont été mal tournez en notre Langue
par un nommé Chapuzeau. Touchant ces
Entretiens voici ce qu'écrit Clenard à un
Evêque nommé Jean Petit de Fez le 4.
Decembre 1540. Scripsit modo ad me Bominus Marchio Granatensis Colloquia Erasmi ignibus destinata esse ; periclitari etiam
vivum. Quid mefuturum censes ubi nomen
Aiccrani audiverint. Finissons par ce joli
distique de Louis Mosius sur la mort d'Erasme.
Fatalis series nobis invidit Erasmum ;
Sed Desiderium tollere non potuit.
Nous finirons le compte que nous rendons au Public de cet Ouvrage , par donner une idée de la vie de notre Auteur.
Paul Colomiés naquit à la Rochelle en
1638. de parens élevez dans la Religion
Protestante. Il étoit fils d'un Docteur en
Medecine , et petit-fils d'un Ministre.
Jean Colomies son pere , qui étoit sçavant , lui fit faire ses prémieres études
sous ses yeux , et l'envoya ensuite à Saumur, âgé de 16. ans , où le jeune homme
Fij fit
MERCURE
DE FRANCE
fit son cours de Philosophie et de Théologie et apprit l'Hebreu sous Louis Cappel. En 1664. il vint à Paris , âgé alors
de 26. ans. Il y lia avec Isaac Vossius une
amitié très-étroite qui dura toute sa vie.
Vossius l'emmena avec lui en Hollande,
d'où Colomiés revint en France un an
après. Il y demeura jusqu'en 1681. qu'il
passa en Angleterre où Vossius le reçut encore chez lui. Là il fut fait Lecteur
d'une Eglise Françoise qu'on y érigea ,
selon le Rit des Episcopaux , pour le
parti desquels il inclinoit depuis quelque temps, comme il le fit assez entendre
dans un Ouvrage intitulé , Theologorum Presbyterianorum Icon , qui lui attira bien
des ennemis.
-Deux ans après Colomiés quitta Londres pour aller à Lambeth , en qualité
de Bibliothecaire de l'Archevêque de
Cantorbery Guillaume Sancrost. Ĉe Prélat ayant été disgracié de la Cour d'Angleterre et dépouillé de son Temporel,
Colomiés perdit son emploi et en conçut
un tel chagrin qu'il en tomba dabord
malade, et ensuite dans une langueur
qui le conduisit enfin à la mort , ce fur
à Londres , âgé seulement de 54. ans en
1692 , dans le temps même qu'on parloit
delui faire avoir la Direction de la belle
Bibliotheque
MAY. 1732 95%
Bibliotheque de Gottorp , qui est dans le
Palais d'Holstein ; ses Livres et ses Manuscrits passerent entre les mains de son
cousin germain et son heritier M. Ha
melot.
Les deux Pieces de Colòmiés , qui sont
ajoûtées dans cette derniere Edition de sa
Bibliotheque choisie, sont la Vie du P. Sitmond, Jesuite , imprimée à la Rochelle
en 1671. petit in 8. et l'Exhortation aux
Martyrs , traduite de Tertullien , imprimée à la Rochelle en 1673. petit in 8.
Ilya à la fin de cette Edition , des Notes de M. de là Monnoye , sur plusieurs
autres Ouvrages de Colomiés ; et enfin
une Table des Auteurs dont il est parlé
dans cette Bibliothèque choisie.
lomiés. Nouvelle Edition , augmentée des
Notes de M M. Bourdelot et de la Monnoye et autres , avec quelques Opuscules
du même Colomiés , qui n'avoient point
été recueillis. Vol. in 12. de 376. pages
sans la Préface et les Tables. A Paris
chez Gabriel Martin , ruë S. Jacques
P'Etoile , 1731.
On peut juger du mérite de cet Ouvrage par les Editions qui en ont été faites. La premiere fut publiée à la Rochelle
en 1682. in 8. La deuxieme à Amsterdam en 1750. in 8. Dans cette Edition
M. Colomiés retrancha quelques traits
qui se trouvoient dans la premiere , et
y insera quelques Additions , comme il
nous l'apprend lui-même dans l'Avertissement
MAY. 17328 958
sement qu'il met à la tête. La troisiéme
fut publiée à Hambourg, réunie avec les
autres Ouvrages du même Auteur , dont
M. Fabricius donna la collection en 1709.
Dans celle- cy on a suivi la seconde Edition donnée par l'Auteur , comme avoit
fait M. Fabricius ; on y a même ajoûté
aubas des pages plusieurs traits queM.Colomiés avoir retranchez de la premiere
Edition : Elle est encore enrichie des Notes que Pierre Bonet Bourdelot , avoit faites sur cette Biblio.heque et de celles que
M. de la Monnoye y ajoûta depuis.
Cette Bibliotheque ne renferme pas le
détail de toute sorte de Livres; M. Colomiés n'a eu en vûë dans cet Ouvrage
que quelques- uns de ceux qui regardent
les Belles Lettres ou qui ont fait et font
encore les délices des Sçavans ; c'est ce
qu'il dit lui-même dans l'Avertissement
dont nous avons parlé plus haut. Il ne
rend compte qued'une centaine de Livres.
Son but principal , est de nous en faire connoître les vrais Auteurs , lorsqu'ils se
sont déguisez sous des noms étrangers ,
ou que faute d'avoir mis leur nom à la
tête de leurs Ouvrages , on est en peine
de sçavoir à qui les attribuer, Il à soin de marquer les meilleures Editions qui
ca ont été faites de son temps ; il y mêle
des
952 MERCURE DE FRANCE
des Anecdotes qui servent à faire connoî
tre le caractere de chaque Auteur , et
l'occasion qui a fait naître son Ouvrage.
Il s'attache à recueillir tous les Eloges que
lesSçavans ont donnés à celui dont il parle.
Quelquefois il assaisonne ses Remarques
Historiques de quelques traits de Criti
que , par lesquels il releve des fautes
mais il le fait toujours avec une moderation qui lui fait honneur et dont personne
ne peut lui sçavoir mauvais gré. Et ce qui
n'est pas peu rare , et qui devroit servir
de modele aux Ecrivains de Religion differente , M. Colomiés , quoique né et
mort Protestant , en donnant aux Sçavans
de son parti les louanges qu'ils méritent
n'a pas frustré les Catholiques de celles qui
leur étoient dûës. Les Auteurs de la Bibliotheque Raisonnée , imprimée à Amsterdam , et ceux de la Bibliotheque Germanique , pourront-ils rendre compte de
celle- cy au Public sans y reconnoître la
condamnation de leur partialité ? M. Colomiés a fait plus , car il a composé la vie
de l'illustre P. Sirmond , Jesuite ; il a
même poussé son impartialité jusqu'à
donner des éloges à ceux d'entre les Protestans qui s'étoient de son temps soumis
à l'Eglise Romaine, il en donne une es
pece de Catalogue dans un des articles de
sa
M A Y. 17320 953
sa Bibliotheque choisie , pag. 191. et 192.
Entre tant d'articles , tous plus interessans les uns que les autres , dont cette
Bibliotheque est composée ; nous n'en
cho sirons que deux. Le premier peut faire connoître que M. Colomiés étoit en
état de hazarder des conjectures aussi justes que celles des Turnebes , des Lipses ,
des Scaliger , &c. C'est à la page 124.
l'Auteur y parte d'un Ouvrage intitulé :
Ezech. Spanhemii Dissertationes de prastantia et usu numismatum. Amstel. 1671.
in 4. deux volumes.
Il n'est jamais sorti de la Presse des Imprimeurs , dit M. Colamiés , un si docte Livre que celui - cy touchant les Médailles. Feu M. Seguin en avoit loüé l'ébauche dès l'an 1665. dans ses Médailles
choisies ; aujourd'hui tous les Antiquaires font , comme à l'envi , l'éloge de cette
seconde Edition , qui est beaucoup plus
ample que celle de Rome. Il y a un seul
endroit qui me fait de la peine ; c'est à la
page 385. où ce sçavant homme prétend
que Scaliger s'est trompé , assurant sur
la foi d'une Médaille de Cléopatre , que
cette Reine fut surnommée en Egyptien
Daravow Tespa. Que dira M. Spanheim de
la Médaille de Cléopatre , dont parle Antoine le Pois , qui avoit pour Inscription
BA-
954 MERCURE DE FRANCE
ΒΑΣΙΛΙΣΣΗΣ ΚΛΗΟΠΑΤΡΑΣ ΩΣΣΑΝ
ENTHPAZ , que ce même Le Pois interprete , Regina Cleopatra omnium (sive uni
versi ) Servatricis Soutiendra - t'il aussi
que Le Pois s'est trompé ? Pour moi , j'in.
clinerois volontiers à croire qu'OZEAN
seroit un mot Egyptien , signifiant Tout
ou l'Univers , me souvenant d'avoir lû
dans le Traité de Plutarque d'Isis et d'Osiris, qu'o en Egyptien , vouloit dire
plusieurs d'où j'infere qu'OZZAN pourroit
biendans la même LanguesignifierTout.Je
m'en rapporte pourtant à M" Spanheim,
Carcavi , Patin , Spon , dont les décisions
me seront toûjours des Loix. Depuis la
premiere Edition de cet Ouvrage sur une
Médaille de Marc- Antoine et de Cléopatre, rapportée par M. Spanheim , dans
son Commentaire sur les Cesars de l'Empereur Julien, je conjecture qu'il faut lire,
dans celle de Le Poix , ΒΑΣΙΛΙΣΣΗΣ
ΚΑΜΟΠΑΤΡΑΣ ΘΗΑΣ ΝΕΩΤΕΡΑΣ.
Le reste de cet Article est une énumération des Ouvrages de M. Spanheim ; le
même Auteur le croit Auteur d'une Lettre anonime écrite à un ami , sur l'Histoire Critique du vieux Testament du
P. Simon.
Lesecond article est à la page 196. il
sontient des Anecdotes curieuses. Le voicy.
MAY.
•
&
1732.
cy.
Desiderii Erasmi Colloquia , cum notis 955
Arnoldi Montani,
Amstelodami , 1658. in
12.
Bien que l'on ait fait à diverses fois des Notes sur les Entretiens d'Erasme
c'est encore M. Colomiés qui parle , il
reste pourtant des endroits que l'on n'a
pas encore éclaircis. Par exemple , quand
Erasme parle sur la fin de l'Entretien qui
a pour titre Abbatis et Erudita , de quelques femmes sçavantes de l'Angleterre
et de l'Allemagne , qu'il nomme Moricas ,
Bilibaldicas et Blaurericas , personne ne nous a dit bien distinctement qui
elles étoient. Il faut donc sçavoir que
Morica sont les filles de Thomas Morus,
Chancelier d'Angleterre ,
Marguerite ,
Elizabeth et Cecile.
Marguerite entre les
autres étoit fort heureuse à corriger les
Auteurs. Jean Costerius dans ses Notes
sur Vincent de Lerins , rapporte d'elle
une correction d'un passage de S.Cyprien
qui ne cede point , à mon avis , à celles
des Scaligers , des Tunerbes et des Saumaises. B.libal lica sont les sœurs de Bilibaldus Pirck. ymerus , Conseiller de l'Empereur, dont l'une se nommoit Charité
et l'autre Claire , toutes deux Religieuses.
Ce Pirckeymerus , de qui le sçavant et
pieux Rittershusius a écrit la Vie , dédie
956 MERCURE DE FRANCE
sa sœur Charité la Traduction d'un
Traité de Plutarque , et ses œuvres de
S. Fulgence ; et à Claire son autre sœur
la Traduction des Sentences de Nilus Evêque et Martyr. Voici comme il parle de
ses deux sœurs dans une Lettre à Erasme
écrite de Nuremberg le 20. Mars 1516.
Salutant te gemina mea sorores , Abbatissa
S. Clare una ( c'est Charité qui étoit l'aînée ) altera ejusd. Regula Sectatrix , qua
assiduè tua scripta manibus retinent; maximè veròjam novo ablectanturTestamento :
quo mirè afficiuntur mulieres , multis viris
qui sibi scioli videntur , doctiores. Scribe-.
rent ad te latinè nisi indignas suas existimarent Litteras. Il y a plusieurs Lettres
de Charité dans les Oeuvres de Pirckeymerus, recueillies et publiées par Goldart.
Pour Blaurerice, je crois qu'Erasme entend
par là Marguerite Blaurer , dont Bullinger
fait l'éloge à la page 339. de son Commentaire sur les Epitres. Rodolphe Gualter
Théologien de Zurich, a fait des Vers Lagins sur sa mort , qu'il adresse à Ambroise
et à Thomas Blaurer ses freres. On ne nous
a point dit non-plus qui étoit ce Cephalus,
wir trium linguarum gnarus , dont Erasme
parle dans l'Entretien de Piscium esu. Ce
Cephalus est Wolphgang Fabrice Lapito,
Théologien de Strasbourg , qui mourut
Pan
MAY. 1732. 957
l'an 1541. et qui a fait plusieurs Livres.
Les Entretiens d'Erasme ont été fort bien
traduits en Italien par Pietro Lauro de
Modéne , qui a aussi traduit Joseph; mais
ils ont été mal tournez en notre Langue
par un nommé Chapuzeau. Touchant ces
Entretiens voici ce qu'écrit Clenard à un
Evêque nommé Jean Petit de Fez le 4.
Decembre 1540. Scripsit modo ad me Bominus Marchio Granatensis Colloquia Erasmi ignibus destinata esse ; periclitari etiam
vivum. Quid mefuturum censes ubi nomen
Aiccrani audiverint. Finissons par ce joli
distique de Louis Mosius sur la mort d'Erasme.
Fatalis series nobis invidit Erasmum ;
Sed Desiderium tollere non potuit.
Nous finirons le compte que nous rendons au Public de cet Ouvrage , par donner une idée de la vie de notre Auteur.
Paul Colomiés naquit à la Rochelle en
1638. de parens élevez dans la Religion
Protestante. Il étoit fils d'un Docteur en
Medecine , et petit-fils d'un Ministre.
Jean Colomies son pere , qui étoit sçavant , lui fit faire ses prémieres études
sous ses yeux , et l'envoya ensuite à Saumur, âgé de 16. ans , où le jeune homme
Fij fit
MERCURE
DE FRANCE
fit son cours de Philosophie et de Théologie et apprit l'Hebreu sous Louis Cappel. En 1664. il vint à Paris , âgé alors
de 26. ans. Il y lia avec Isaac Vossius une
amitié très-étroite qui dura toute sa vie.
Vossius l'emmena avec lui en Hollande,
d'où Colomiés revint en France un an
après. Il y demeura jusqu'en 1681. qu'il
passa en Angleterre où Vossius le reçut encore chez lui. Là il fut fait Lecteur
d'une Eglise Françoise qu'on y érigea ,
selon le Rit des Episcopaux , pour le
parti desquels il inclinoit depuis quelque temps, comme il le fit assez entendre
dans un Ouvrage intitulé , Theologorum Presbyterianorum Icon , qui lui attira bien
des ennemis.
-Deux ans après Colomiés quitta Londres pour aller à Lambeth , en qualité
de Bibliothecaire de l'Archevêque de
Cantorbery Guillaume Sancrost. Ĉe Prélat ayant été disgracié de la Cour d'Angleterre et dépouillé de son Temporel,
Colomiés perdit son emploi et en conçut
un tel chagrin qu'il en tomba dabord
malade, et ensuite dans une langueur
qui le conduisit enfin à la mort , ce fur
à Londres , âgé seulement de 54. ans en
1692 , dans le temps même qu'on parloit
delui faire avoir la Direction de la belle
Bibliotheque
MAY. 1732 95%
Bibliotheque de Gottorp , qui est dans le
Palais d'Holstein ; ses Livres et ses Manuscrits passerent entre les mains de son
cousin germain et son heritier M. Ha
melot.
Les deux Pieces de Colòmiés , qui sont
ajoûtées dans cette derniere Edition de sa
Bibliotheque choisie, sont la Vie du P. Sitmond, Jesuite , imprimée à la Rochelle
en 1671. petit in 8. et l'Exhortation aux
Martyrs , traduite de Tertullien , imprimée à la Rochelle en 1673. petit in 8.
Ilya à la fin de cette Edition , des Notes de M. de là Monnoye , sur plusieurs
autres Ouvrages de Colomiés ; et enfin
une Table des Auteurs dont il est parlé
dans cette Bibliothèque choisie.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Domaine