Titre
A LA REINE, SUR LA NAISSANCE DE MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. ODE.
Titre d'après la table
Ode à la Reine,
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
875
Page de début dans la numérisation
32
Page de fin
880
Page de fin dans la numérisation
37
Incipit
Aimable fils de Calliope,
Texte
A LA REINE ,
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
O DE.
Imable fils de Calliope ,
A qui fis admirer autrefois
Aux Chênes émus du Rhodape
Les divins charmes de ta voix ;
Prête-moi ton efprit fublime ;
L'orgueilleux projet qui m'anime
Veut les accords les plus touchans ;
Soutien ma mufe qui s'égare ,
Et dans l'yvreffe de Pindare
Infpire-moi de nobles chants,
鹚
Quel éclat foudain m'environne ?
Tout furprend , tout ravit mes yeux , '
Où fuis-je ? ... l'Univers s'étonne …….
Le Ciel s'ouvre ... je vois les Dieux !
Quelle pompe ! quelle harmonie !
La Cour celefte réunie
B iiij Deſerte
876 MERCURE DE FRANCE
Déferte l'Olympe jaloux ;
Apprenez-moi , chafte Lucine ,
Quelle illuftre & chere origine
Vous fait defcendre parmi nous.
France , fçais - tu ta deſtinée ?
Tes plus doux voeux font accomplis
Le fruit d'un auguſte Hymenée ,
En naiffant , les a tous remplis.
Ton Peuple impatient , avide ,
D'une feconde Adélaïde
Voit fortir l'amour des Humains
La Nature en fes yeux fe mire ,
Et furprife s'aime , s'admire ,
Dans le Chef-d'oeuvre de fes mains,
A
Si deux fois la Couche Royale
paru lente à te charmer ,
Le Ciel dans ce long intervale
Se préparoit à le former ;
Sans que le Peuple le fatigue ,
A chaque instant il lui prodigue
Mille vulgaires rejettons ,
Mais fa main qui nous donne l'être
Eft plus lente à faire renaître
L'Héroïque Sang des Bourbons.
Vous
MAY. 877 1730 .
Vous qui de la Grandeur fuprême
Faites le Trône des Vertus ,
Riche ornement du Diadême ,
Heureufe Epoufe d'un Titus ;
Qui tendre aux pleurs du miferable ;
D'une main promte & favorable ,
Arrêtez les triftes ſanglots ;
Pour prix d'un mérite fi rare ,
Forcez fouvent ce Ciel avare
A produire de tels Héros.
Les Faunes , les Nymphes folâtres
Refpectent cet Aftre nouveau ,
Et les Dieux mêmes idolâtres
L'e careffent dans fon Berceau ;
L'Amour , Venus offre fes graces ;
Minerve veut fuivre fes traces ;
Et dans leurs prophetiques Vers
Les Mufes annoncent fa Gloire ,
Mars lui confacre la Victoire ,
Neptune , l'Empire des mers. -
M
Quel Dieu de fon foufle m'agite
D'où naît cette fubite horreur ?
Je fens dans mon ame interdite
L'accès d'une fainte fureur
Apollon m'éclaire & m'enflame ;
By Elpris
878 MERCURE DE FRANCE
Epris de fa divine flamme,
Je lis dans le fombre Avenir ;
C'eft lui ; je le fens ; il s'avance ;
Loin , vulgaire , de fa préſence ;
Ton oeil ne peut la foûtenir.
Long- tems de la Terre exilées ;
Par l'injuftice des mortels ,
Thémis & fa foeur rappellées
Relevent leurs communs Autels.
L'homme à leur voix n'eft plus rebelle ;
L'innocence.Le renouvelle ;
Siecle admiré , je te revois.
Oui , dans une équité profonde
Janus aux Habitans du monde .
Fait encore adorer ſes Loix.
Eft-ce un vain fonge qui me flatte
Quelle longue Pofterité !
Dans le Sang dé Louis éclatte
Ce qu'eut de Grand l'Antiquité.
Sortez de vos fuperbes cendres.
Achilles , Céfars , Alexandres ,
Ce Roi va vous remettre au jour.`
Dans vos défauts loin de vous fuivre ,
Ses Fils dans eux feront revivre
Ce qui dans vous eut notre amour.
Vos
MAY. 1730. 879
Vos mains n'ont porté que la foudre ;
Vos coups vous rendirent fameux ;
Sans mettre l'Univers en poudre ,
Louis eft plus grand , plus heureux ;
Tout l'aime & le craint ; fans tonnere
Il fçait tranquilifer la Terre ,
Il fait le fort des Potențats ;
Et dans fa faine politique
Toûjours fa fageffe s'applique
Au feul bonheur de fes Etats.
沁
Mais quoi fans force & fans haleine
?
Où vais-je m'élever encor ;
Nouvel Icare , dans ma veine
J'ofe prendre un rapide effor ;
D'une aveugle & vague penſée
Arrête la courſe infenfée
Muſe , tes Vers font impuiffans ;
Réprime une ardeur teméraire ;
Et dans un refpect neceffaire
Laiffe murir ton foible encens
Vous , que la gloire ſeule inſpire
Honneur d'un Regne précieux ,
Cher objet des voeux de l'Empire ,
REINE , digne préfent des Cieux ,
Tendre , facile , bienfaiſantë , -
BL
Souffrez
880 MERCURE DE FRANCE
Souffrez d'une plume naiffante
L'hommage long-tems fufpendu ;
Je fçais quelle eft mon imprudence ;
Mais peut-on garder le filence
Lorſque l'on voit tant de vertu ?
Pyrrho de Varille.
SUR LA NAISSANCE
DE MONSEIGNEUR
LE DAUPHIN.
O DE.
Imable fils de Calliope ,
A qui fis admirer autrefois
Aux Chênes émus du Rhodape
Les divins charmes de ta voix ;
Prête-moi ton efprit fublime ;
L'orgueilleux projet qui m'anime
Veut les accords les plus touchans ;
Soutien ma mufe qui s'égare ,
Et dans l'yvreffe de Pindare
Infpire-moi de nobles chants,
鹚
Quel éclat foudain m'environne ?
Tout furprend , tout ravit mes yeux , '
Où fuis-je ? ... l'Univers s'étonne …….
Le Ciel s'ouvre ... je vois les Dieux !
Quelle pompe ! quelle harmonie !
La Cour celefte réunie
B iiij Deſerte
876 MERCURE DE FRANCE
Déferte l'Olympe jaloux ;
Apprenez-moi , chafte Lucine ,
Quelle illuftre & chere origine
Vous fait defcendre parmi nous.
France , fçais - tu ta deſtinée ?
Tes plus doux voeux font accomplis
Le fruit d'un auguſte Hymenée ,
En naiffant , les a tous remplis.
Ton Peuple impatient , avide ,
D'une feconde Adélaïde
Voit fortir l'amour des Humains
La Nature en fes yeux fe mire ,
Et furprife s'aime , s'admire ,
Dans le Chef-d'oeuvre de fes mains,
A
Si deux fois la Couche Royale
paru lente à te charmer ,
Le Ciel dans ce long intervale
Se préparoit à le former ;
Sans que le Peuple le fatigue ,
A chaque instant il lui prodigue
Mille vulgaires rejettons ,
Mais fa main qui nous donne l'être
Eft plus lente à faire renaître
L'Héroïque Sang des Bourbons.
Vous
MAY. 877 1730 .
Vous qui de la Grandeur fuprême
Faites le Trône des Vertus ,
Riche ornement du Diadême ,
Heureufe Epoufe d'un Titus ;
Qui tendre aux pleurs du miferable ;
D'une main promte & favorable ,
Arrêtez les triftes ſanglots ;
Pour prix d'un mérite fi rare ,
Forcez fouvent ce Ciel avare
A produire de tels Héros.
Les Faunes , les Nymphes folâtres
Refpectent cet Aftre nouveau ,
Et les Dieux mêmes idolâtres
L'e careffent dans fon Berceau ;
L'Amour , Venus offre fes graces ;
Minerve veut fuivre fes traces ;
Et dans leurs prophetiques Vers
Les Mufes annoncent fa Gloire ,
Mars lui confacre la Victoire ,
Neptune , l'Empire des mers. -
M
Quel Dieu de fon foufle m'agite
D'où naît cette fubite horreur ?
Je fens dans mon ame interdite
L'accès d'une fainte fureur
Apollon m'éclaire & m'enflame ;
By Elpris
878 MERCURE DE FRANCE
Epris de fa divine flamme,
Je lis dans le fombre Avenir ;
C'eft lui ; je le fens ; il s'avance ;
Loin , vulgaire , de fa préſence ;
Ton oeil ne peut la foûtenir.
Long- tems de la Terre exilées ;
Par l'injuftice des mortels ,
Thémis & fa foeur rappellées
Relevent leurs communs Autels.
L'homme à leur voix n'eft plus rebelle ;
L'innocence.Le renouvelle ;
Siecle admiré , je te revois.
Oui , dans une équité profonde
Janus aux Habitans du monde .
Fait encore adorer ſes Loix.
Eft-ce un vain fonge qui me flatte
Quelle longue Pofterité !
Dans le Sang dé Louis éclatte
Ce qu'eut de Grand l'Antiquité.
Sortez de vos fuperbes cendres.
Achilles , Céfars , Alexandres ,
Ce Roi va vous remettre au jour.`
Dans vos défauts loin de vous fuivre ,
Ses Fils dans eux feront revivre
Ce qui dans vous eut notre amour.
Vos
MAY. 1730. 879
Vos mains n'ont porté que la foudre ;
Vos coups vous rendirent fameux ;
Sans mettre l'Univers en poudre ,
Louis eft plus grand , plus heureux ;
Tout l'aime & le craint ; fans tonnere
Il fçait tranquilifer la Terre ,
Il fait le fort des Potențats ;
Et dans fa faine politique
Toûjours fa fageffe s'applique
Au feul bonheur de fes Etats.
沁
Mais quoi fans force & fans haleine
?
Où vais-je m'élever encor ;
Nouvel Icare , dans ma veine
J'ofe prendre un rapide effor ;
D'une aveugle & vague penſée
Arrête la courſe infenfée
Muſe , tes Vers font impuiffans ;
Réprime une ardeur teméraire ;
Et dans un refpect neceffaire
Laiffe murir ton foible encens
Vous , que la gloire ſeule inſpire
Honneur d'un Regne précieux ,
Cher objet des voeux de l'Empire ,
REINE , digne préfent des Cieux ,
Tendre , facile , bienfaiſantë , -
BL
Souffrez
880 MERCURE DE FRANCE
Souffrez d'une plume naiffante
L'hommage long-tems fufpendu ;
Je fçais quelle eft mon imprudence ;
Mais peut-on garder le filence
Lorſque l'on voit tant de vertu ?
Pyrrho de Varille.
Signature
Pyrrho de Varille.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Est adressé ou dédié à une personne