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Titre

LA POESIE, ODE A M. de la Faye, de l'Académie Françoise. Par M. Richer.

Titre d'après la table

La Poësie, Ode,

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861
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18
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25
Incipit

Quel Profane sur le Parnasse,

Texte
LA POESIE ,
ODE
A M. de la Faye , de l'Académie Fran
goife. Par M. Richer .
Quel
Jel Profane fur le Parnaffe ,
Ferme l'oreille à tes accens ;
Dieu des Vers , confonds fon audace ,
Fail
862 MERCURE DE FRANCE
Fais briller tes charmes puiffants.
C'eſt envain que dans fon délire ,
Mufes , il ofe contredire ,
Les fuffrages de l'Univers :
Paroiffez , Filles de Memoire ,
Chantez vous- même votre gloire ,
Infpirez -moi vos plus beaux Airs.
Sorti des mains de Promethée ,
L'homme errant , féroce & fans Loi ,
Sur la Terre à peine habitée ,
Répandoit le trouble & l'effroi.
Cette lumiere vive & pure ,
Don précieux de la Nature ,
Ne lui deffilloit point les yeux :
Livrez aux paffions perfides ,
Les coeurs féduits n'avoient pour guides ,
Que ces Tyrans imperieux.
Age malheureux ! où la Terre ,
Etoit un Théatre d'horreurs.
La Difcorde y foufloit la Guerre ;
En tous lieux regnoient fes fureurs.
Hideux alors & fans culture , -
Les Champs n'offroient pour nourriture
Que du Gland & des fruits amers :
Vous ignoriez les Arts utiles ,
Mortels , vous n'aviez
pour
aziles ,
Que les Rochers & les Deſerts.
Mais
MAY . 863
1730.
Mais , quel Dieu ? Quel puiffant génie ,
Vient enfin de changer les coeurs ?
C'eſt toi , raviffante Harmonie !
Qui fur eux répans tes douceurs.
Illuftre fils de Calliope ,
De l'erreur qui les enveloppe ,
Tu peux feul diffiper la nuit ;
De tes Preceptes efficaces ,
Dictez par la bouche des Graces ,
Je les voi recueillir le fruit.
A ta voix féconde en miracles ,
Quittant leurs Antres efcarpez ,
Du fon de tes facrez Oracles ,
Ces coeurs farouches font frappez ;
Ils en admirent la fageffe ,
Les moeurs dépouillent leur rudeffe :
Tu fais triompher l'équité :
Soumis à des Loix refpectables ,
Ils goutent de ces noeuds aimables ,
L'agrément & l'utilité.
Ainfi la Fable nous figure
Les Rochers émus de tes fons ,
Et jufqu'en fa Caverne obfcure ,
L'Ours attendri par tes Chanſons ::
Ainfi d'un Chantre de la Grece ,
" Jadis la Lyre enchantereffe ,
Eleva
864 MERCURE DE FRANCE
Eleva les murs des Thébains :
Vives , mais trop foibles images ,
Pour nous peindre les avantages ,
D'un Art , le Maître des Humains !
Cet Art , aux plus fages maximes ,
Joint des accens mélodieux .
Ses accords font touchants , fublimes :
C'eft ainfi que parlent les Dieux.
Par fa Peinture noble & vive ,
Il frappe , il rend l'ame attentive ,
Plein de force & d'aménité ;
Et fouvent fes doctes Myfteres,
Sous des fictions falutaires ,
Voilent l'auftere verité.
Dans une Scene intereſſante ,
Retraçant d'illuftres malheurs ,
Voi Melpomene gémiffante ,
De nos yeux
Sur l'ame vivement
atteinte ,
La compaffion
& la crainte ,
Font d'utiles impreffions
;
Et l'affreuſe
image du crime ,
Dont le coupable
eft la victime
Du coeur banuit les paffions.
arracher des pleurs.
Des jeux Innocens de Thalie ;
Le
MAY. 865 1730 .
Le riant fpectacle étalé ,
De l'homme montre la folie ,
Aux ris le vice eft immolé.
La fureur du jeu , l'imprudence ,
Le faux fçavoir & l'arrogance ,
Y font percez de mille traits.
De ces Dramatiques merveilles ,
Les fons qui charment nos oreilles ,
Nous y font trouver plus d'attraits.
Mais animé du même zele ,
Par qui le vice eft combattu ,
D'un trait de fon Crayon fidele ,
Ce grand Art nous peint la vertu.
Pindare dans fes fons Lyriques ,
Chante les Vainqueurs Olympiques ;
Homere chante les Guerriers ,
Sans cette vivante peinture ,
Le temps , dont ils bravent l'injure ,
N'eût pas refpecté leurs Lauriers.
Oui , Mufes , votre Art eft utile ,
Aux fameux Guerriers , aux grands Rois,
Sans vous d'Agamemnon , d'Achille ,
L'oubli voileroit les exploits.
Des Héros que l'Hiftoire vante ,
La vertu paroît plus brillante ,
Lorfque vous celebrez leur nom
..lexandre , avide de gloire ,
866 MERCURE DE FRANCE
Se plaignoit après la victoire ,
Qu'Homere eût paffé l'Acheron,
Dans une agréable retraite ,
Ou les Nymphes font leur féjour ,
Le beau Thyrfis , fur ſa Mufette ,
Chante le pouvoir de l'Amour.
Un autre à l'ombre de la Treille ,
Epris de la Liqueur vermeille ,
D'un Dieu vante les dons chéris :
Venus & le fils de Séméle ,
Ornent d'une grace nouvelle ,
Les Chanfons de leurs Favoris.
Mais ce langage du Permeffe ,
'Au gré d'un fubtil Novateur ,
N'eſt qu'une ridicule yvrefſe ,
Dont le caprice eft inventeur.
Séduits par un ufage étrange ,
Pourquoi prodiguer la loüange ,
A de pareils amuſemens ?
Penible abus de la parole ,
A qui notre folie immole ,
La Nature & fes fentimens !
Muſes , l'honneur de ce Rivage ,
Qu'infenfible à vos doux accords ,
Pour décrier votre langage ,
L'Ingrat
ΤΟ
867 .. MAY. 1730.
L'Ingrat faffe de vains efforts :
Pour dégrader les doctes veilles
Du fameux Rival des Corneilles ,
Qu'il décompofe fes écrits :
Racine , un fol efpoir le flatte ;
Et des beaux Vers de Mithridate ,
Tu nous vois encor plus épris.
De la meſure & de la Rime ,
Qu'il brave l'importune loi :
Tu leur conferves notre eftime ;
Ce bel Art triomphe chez toi.
Les mots foumis à la meſure ,
N'y font qu'embellir la Nature ,
Malgré leur étroite priſon ;
Et par l'effort de ton génie ,
La cadence au droit ſens unie
Charme l'oreille & la raiſon,
Non , ce travail n'eſt point ſterile ;
Fruit d'un laborieux loifir ;
Moins le fuccès en eſt facile ,
Plus il nous caufe de plaifir.
De tout temps l'Univers l'admire :
Si les fons qu'enfante la Lyre ,
Charment aujourd'hui les Mortels ,
Le Monde encor dans fon enfance ,
Sans
868 MERCURE DE FRANCE
Sans fçavoir , fans expérience ,
Aux Mufes dreffa des Autels.
En vain par une audace extrême ,
L *** infultant aux neuf Soeurs ,
Sur le fommet du Pinde même ,
Ofe méprifer leurs faveurs.
Pour le confondre Polymnie,
Echauffant ton heureux génie ,
Fait entendre de nouveaux Airs ,
La Faye , & ta Lyre fidelle ,
Nous donne une preuve immortelle ,
De la puiffance des beaux Vers.
Nom
Genre
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Est adressé ou dédié à une personne
Est rédigé par une personne
Fait partie d'un dossier
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