Titre
PLUTON AMOUREUX, CANTATE.
Titre d'après la table
Pluton amoureux. Cantate.
Fait partie d'une livraison
Fait partie d'une section
Page de début
212
Page de début dans la numérisation
247
Page de fin
215
Page de fin dans la numérisation
250
Incipit
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux,
Texte
PLUTON AMOUREUX,
CANTATE.
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux ;
L'Amour voulut tenter des conquêtes nouvelles
Et perçant des Enfers les voutes éternelles ,
Porter au sein des Morts ses Traits victorieux :
Ce Projet n'a rien qui l'étonne ;
Il quitte le séjour de l'aimable Paphos ,
Et volant vers les bords que l'Erebe environne,
De l'éternelle nuit il perce le cahos ;
Là bientôt par ses soins le Dieu des sombres Rives ,
Trouble par ces clameurs plaintives ,
Des Manes effrayés l'immuable repos.
L'Amour a triomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles Humains ¿→
Je ne regne plus sur moi- même.
Je n'ose recouvrer ma liberté ravie ;
L'aimable erreur qui me séduit ,
Fait
FEVRIER. 1732 213
Fait seule ma plus douce envie ;
Loin de fuir l'esclavage où je me vois réduit
J'aime la chaîne qui me lie.
L'Amour, atriomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,-
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles humains
Je ne regne plus sur moi- même.
Idit , et Cupidon fait naître dans son cœur
D'un Hymen fortuné les desirs légitimes ,
Et docile à la voix de ce tendre vainqueur,
De la Terre entr'ouverte il franchit les abîmes ;
Bien- tôt laissant les Bords , où le Pere du jour
Répand ses feux féconds sur tout ce qui respire
Il atteint le sommet du Celeste séjour ,
Où Jupiter exerce un souverain Empire ,
Et ne connoît de Loix que celles de l'Amour.'
Il arrive ; on se tait , on l'écoute , il soupire ;
Et déclare en ces mots ce que son cœur desire.
Lorsque l'Hymen , d'une main liberale ›
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs ?
Maitre
214 MERCURE DE FRANCE
Maître des Dieux , que ta bonté propice ,/
Consente enfin à ma felicité ;
Ou si tu veux prolonger mon supplice ,
Délivre-moi de l'immortalité.
Lorsque l'Hymen d'une main liberale ,
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs ,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs. "
Le Dieu qui lance le Tonnere ,
De son frere amoureux approuve les projets 3
Pluton vole et des Cieux descendu sur la Terre,
Il penetre soudain Pasile de Cerés ;
Proserpine d'abord se présente à sa vûë;
I hésite , il approche ; elle fuit éperduë ;
La peur la précipite à travers les Forêts;
C'est en vain qu'elle espere éviter sa furie , ›
Il la suit , il l'attend , il l'enleve , elle crië ; ·
Mais , ô cris ! ô pleurs superflus !
Elle part, et déja Cerés ne l'entend plus.
L'Amour veut nous attendrir;
Ne tardons pas à nous rendre ;
S'est s'exposer à souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Mais
FEVRIER. 1732. 215
Mais quand on suit la douceur ,
Du penchant qui nous entraîne ,
On sçait tirer son bonheur ,
Du sein même de sa peine.
L'Amour veut nous attendrir ,
Ne tardons pas a nous rendre ;
C'est s'exposer àતે souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Par J. M. GAULTIER , Auteur de Valsain Vangé , Cantate , inserée dans le Mer
cure de May 1731%
CANTATE.
Arbitre souverain de la Terre et des Cieux ;
L'Amour voulut tenter des conquêtes nouvelles
Et perçant des Enfers les voutes éternelles ,
Porter au sein des Morts ses Traits victorieux :
Ce Projet n'a rien qui l'étonne ;
Il quitte le séjour de l'aimable Paphos ,
Et volant vers les bords que l'Erebe environne,
De l'éternelle nuit il perce le cahos ;
Là bientôt par ses soins le Dieu des sombres Rives ,
Trouble par ces clameurs plaintives ,
Des Manes effrayés l'immuable repos.
L'Amour a triomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles Humains ¿→
Je ne regne plus sur moi- même.
Je n'ose recouvrer ma liberté ravie ;
L'aimable erreur qui me séduit ,
Fait
FEVRIER. 1732 213
Fait seule ma plus douce envie ;
Loin de fuir l'esclavage où je me vois réduit
J'aime la chaîne qui me lie.
L'Amour, atriomphé de ma foiblesse extrême
Ombres , en de plus dignes mains ,-
Remettez le pouvoir suprême ;
Je ne puis plus regner sur les pâles humains
Je ne regne plus sur moi- même.
Idit , et Cupidon fait naître dans son cœur
D'un Hymen fortuné les desirs légitimes ,
Et docile à la voix de ce tendre vainqueur,
De la Terre entr'ouverte il franchit les abîmes ;
Bien- tôt laissant les Bords , où le Pere du jour
Répand ses feux féconds sur tout ce qui respire
Il atteint le sommet du Celeste séjour ,
Où Jupiter exerce un souverain Empire ,
Et ne connoît de Loix que celles de l'Amour.'
Il arrive ; on se tait , on l'écoute , il soupire ;
Et déclare en ces mots ce que son cœur desire.
Lorsque l'Hymen , d'une main liberale ›
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs ?
Maitre
214 MERCURE DE FRANCE
Maître des Dieux , que ta bonté propice ,/
Consente enfin à ma felicité ;
Ou si tu veux prolonger mon supplice ,
Délivre-moi de l'immortalité.
Lorsque l'Hymen d'une main liberale ,
Aux autres Dieux prodigue ses faveurs ,
Le seul Pluton , par une loi fatale ,
Ne pourra donc éprouver ses douceurs. "
Le Dieu qui lance le Tonnere ,
De son frere amoureux approuve les projets 3
Pluton vole et des Cieux descendu sur la Terre,
Il penetre soudain Pasile de Cerés ;
Proserpine d'abord se présente à sa vûë;
I hésite , il approche ; elle fuit éperduë ;
La peur la précipite à travers les Forêts;
C'est en vain qu'elle espere éviter sa furie , ›
Il la suit , il l'attend , il l'enleve , elle crië ; ·
Mais , ô cris ! ô pleurs superflus !
Elle part, et déja Cerés ne l'entend plus.
L'Amour veut nous attendrir;
Ne tardons pas à nous rendre ;
S'est s'exposer à souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Mais
FEVRIER. 1732. 215
Mais quand on suit la douceur ,
Du penchant qui nous entraîne ,
On sçait tirer son bonheur ,
Du sein même de sa peine.
L'Amour veut nous attendrir ,
Ne tardons pas a nous rendre ;
C'est s'exposer àતે souffrir,
Que de vouloir s'en deffendre.
Par J. M. GAULTIER , Auteur de Valsain Vangé , Cantate , inserée dans le Mer
cure de May 1731%
Signature
Par J. M. GAULTIER, Auteur de Vulcain Vangé, Cantate, inserée dans le Mercure de May 1731.
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire