→ Vous voyez ici les données brutes du contenu. Basculez vers l'affichage optimisé.
Titre

Fragment d'une Lettre sur l'ancienneté de l'usage de boire à la santé les uns des autres.

Fait partie d'une livraison
Page de début
122
Page de début dans la numérisation
125
Page de fin
128
Page de fin dans la numérisation
131
Incipit

Chez les anciens Hebreux le pere de famille, ou

Texte
Fragmentd'une Lettrefur l'ancienneté de l'ufage de boire à
la fanté les uns des autres.
Chez les anciens Hebreux
le pere de femille , ou une
autre perfonne honorable
de la table , levere à la
main difoit la priere Benedictusfit Dominus , c. puis
beuvoit & donnoit enfuite
le meſme vere à boire à
la ronde.
Les anciens Princes Grecs
faifoient la mefme ceremonie de boire & de preſenter
GALANT. 123
eufuite leur verre à qui il
leur plaifoit , ce qu'ils appelloient Propinien aux jours
folelmnels qu'ils nom,
moient Filolium. Ils invo
quoient d'abord les Dieux ,
puis verfoient un peu de vin
& beuvoient à chaque nom
de Dieu qu'ils proferoient ;
enfuite ils nommoient leurs
amis & beuvoient auffi à
chaque 'nom .
Les Romains imitoient
O
cette coûtume & l'appelloient Greco-more bibere. x .
Ils beuvoient en nombre
impair ou à l'honneur des
Lij
114 MERCURE
neuf Mufes ou à celuy des
rrois Graces. 2º. I's beuvoient autant de verres de
vín qu'ils avoient de doigts
à la main , ou qu'il y avoit
dě lettres au nom de leur
Maitreffe.
3. Voici les paroles &
la formule dont ils s'attaquoient. Bene vos, bené vos ;
bene te heneme , bene noftrum
precor ut benefit , ou bene vos
Vivere precor.mola 61
4Hs beuvoient à la fanté
des, abfents , & d'abort de
PEmpereur asiamed di
abƑ• Le Maire du feſtin 23D.
>
7
GALANT. 129
fait par le fort ordonnoit
cc que chacun devoit boire,
& l'on faifoit mille impre
cations contre ceux qui
refufoient de boire.
16. Ils commençoient par
de petits verres &faniffoient
par de grands.
Selon hom.... on donnoit à chacun fon pannier ,
fa table & fon verre , on
donnoit toûjours le verre
plain , & il devoit toûjours
l'eftre pour eftre dans la
bonne grace ; Cependant
chez la plupart des Anciens
on demandoit à boire
Liij
126 MERCURE
comme chez les François.
On beuvoit à la ronde
& l'on commençoit par la
droite. Le vafe où l'on
beuvoit ainfi à la ronde ,
s'apelloit Patera quod pateret
latius ; on l'appelloit auffi
Filotefiam , comme étant le
fimbole de l'amitié. 10
On appelloit certain autre
vere Ondos , parce qu'il
n'eftoit permis ny de le prefenter ny de le recevoir fans
chanter. Lorfque quelqu'un
beuvoit les autres chan1º.
roient pour l'animer , &
l'on crioit vivas , vivas ;
GALANT 127
quand il avoit bû tout tout
d'un trait & fans refpirer,
ils le congratuloient comme
d'unechofe qu'ils eftimoient
fort & qu'ils croioient
mefine fort faine , parce
que de cette maniere le vin
paffant plus vites enivre
moins.
Celuy qui ne refoudoit
point l'égnime proposée
ou manquoit aux yeux ,
étoit condamné à boire ,
tout cela fe paffoit pendant
le deffert ou mefme aprés.
12°. On terminoit le repas
par un grand coup de vin
oliLiiij
118 MERCURE
pur qu'ils appelloient
Poculum
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Domaine
Résumé
Le texte décrit les anciennes coutumes de boire à la santé des autres chez différents peuples. Chez les anciens Hébreux, le père de famille ou une personne honorable levait son verre, prononçait une prière, buvait, puis passait le verre aux autres autour de la table. Les princes grecs pratiquaient une cérémonie similaire, appelée Propinien ou Filolium, où ils invoquaient les dieux et buvaient à la santé de leurs amis. Ils commençaient par verser un peu de vin et buvaient à chaque nom de dieu ou d'ami mentionné. Les Romains adoptaient cette coutume, qu'ils nommaient Greco-more bibere. Ils buvaient en nombre impair, souvent en l'honneur des neuf Muses ou des trois Grâces, et autant de verres qu'ils avaient de doigts ou de lettres dans le nom de leur maîtresse. Ils utilisaient des formules spécifiques comme 'Bene vos, bene vos' et buvaient à la santé des absents, notamment de l'empereur. Les Romains commençaient par de petits verres et finissaient par de grands. Le maître du festin ordonnait ce que chacun devait boire, et des imprécations étaient lancées contre ceux qui refusaient. Le vase utilisé pour boire à la ronde s'appelait Patera ou Filotefiam, symbole de l'amitié. Un autre type de verre, l'Ondos, nécessitait de chanter pour être présenté ou reçu. Les convives chantaient pour encourager celui qui buvait, criant 'vivas, vivas' s'il buvait d'un trait sans respirer. Celui qui refusait une proposition de boire ou manquait aux yeux était condamné à boire davantage. Le repas se terminait par un grand coup de vin pur appelé Poculum.
Soumis par delpedroa le