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Titre

EXTRAIT DES FAITS LES PLUS IMPORTANS CONCERNANTS FEU Mr LE MARÉCHAL DE CHOISEUL.

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300
Incipit

La Maison de Choiseul est si connuë dans l'Europe 

Texte
EXTRAIT
DES FÀITS
V
LES PLUS IMPORTANS
CONCERNANTS
FEUM'LEMARE'CHAL
DE CHOISEUL. LA Maison de Choi-
,-
seul est si connue
dans l'Europe pour son ancienneté,
& la Noblesse de
son origine estsi amplement
rapportçc dans le Nobilier
de la Province de
Champagne, d'où elle la
tire, qu'il suffira pour établir
la haute naissance de
Monsieur le Maréchal de
Choiseul, de dire que dans
la preuve qu'ilfit de sa Noblesleen1688.
lors qu'il
fut faitChevalier de l'Ordre
par une genealogie qui remonte
jusqu'à
17 ayeuls &
ayeules; il justifiequeJean de
Choiseul quivivoit audouziémesiécle
son ;onziéfQc
ayeulfit l'hômage-lige avec
la Princesse Alix de Dreux
sa mère, dans untitre: de
l'Abbaye dela Chancedatté
de l'an 1239qu'ildevoit
à l'Evêque deLangres à cau
fc de son Château de Choiseul
,
qu'ils'obligeaàdeux
cent marcs d'argent pour
les conventions du Mariage
de Margueritte de Navarre
avec Ferry II.Duc de
Lorraine,&endonna Ces
Lettres l'an 1149, qu'il
confirma au moisd'Avril
de l'an 1252,,toutesles dotations
queReignier Seigneur
d'Aigremont perc
d'Alix d'Aigremontsafemme,
avoitfâitaux Religieux
del'Abbayede Moritnont
dontilsfont Fondateurst
&de-* celle de Molesme
,
& qu'au mois d'Aoust de
l'ànnée suivante, il promit
à Hugues Comte de Bourgogne
de faire la guerre
auCotme de Champagne,
& de l'aider de Ces Châteaux
de Choiseul& d'Aigremont
,
& qu'en l'an
126 5 ,
il termina un différent
qu'il avoit avec Thibault
Comte de Bar son
Coufin, au nom duquel il
avoit répondu de mil marcs
d'argent pour laseureté des
conventions du Mariage
de ses Enfans avec ceux du
Comte deBourgogne, son
pere qui écoit Regnard de
Choiseul 1
2e ayeul du
Nom. Sirede Choiseul
assigna l'an im, la moitié
de sonChâteau deChoiseul
pour le douaire de -la.
Princesse Alix de Dreux sa
femme )men: dudit Jean de
Choiseul
,
qui étoit veuve
de Gautier de Bourgogne
frere d'Estienne II. Comte
de Bourgogne ; Elle étoit
fille de Robert11. Comte
de Dreux 4e fils. du Roy
Loiâis VI dit le Gros &
d'Alix de Savoye
,
l'an
12 jj, il fut l'une des cautions
du Mariage de Blanche
fille de Thibault Comte
de Champagne, & Roy
de Navarre, avec Jean fils
de Pierre Duc deBretagne :
cette Maison a toujours été
reputée grande dans son
enginc , tous les Historiens
qui l'ont curieufcmçnt
recherchée la croyant sortie
des anciens Comtes de
Langres, &du Bassignyqui
étoient Souverains, dont
plusieurs Branches se font
conservées, JLïtejuàprêtent.
LesMarquis de Langres, Barons
dïAmbonnéville, & de
Beaupré; les Barons de Meuse
,
Marquis de Germay ; les
Comtes de Che'Vigny) les Bâtonsd'Aguelly
; lesSeigneurs
:
de Villars & de Bussieres ;
les Marquis de Praslain Comtes
du Plessis &Ducs de Choiseul
Pairs de France
,
d'où
sont issus les Maréchaux de
Praflain & du Plejfis ; les
ComtesdHostel> & les Seigneurs
de Voteau.
Mr leMaréchal de Choiseul
cft né le dernier Decembrc
1632.. & morele1j
Mars 1 7 11. âgé de 78 ans
deuxmois& 15 jours. Il
étoit fils de Loüis. de Choiseul
,
Seigneur Marquis de
Francieres, Lieutenant General
des Armées du Roy,
Grand Bailly & Gouverneur
de Langres. Il s'appelloit
Claudede Choiseul Marquis
deFrancieres, Premier
Maréchal de France
,
Chevalier
des Ordres du Roy,
Gouverneur des Ville &,
Citadelle de Valenciennes,
GrandBailly&Gouverneur
de laVillede Langres,
-
-
En l'année1649. dés Tige
de 16. ans il commença
à donner des preuves de son
courage,en servant de Vo
lontaire jusqu'au temps que
le Marquis de Franciere fart
pere,luy avant cédé la Compagnie
qu'il avoit dans le
Régiment du Grand Prince
de Condé,il se trouva en
cette qualité au combat de
Vurysur Seine, appelléle
combat S. Antoine, oùil
mérita
, par la valeur qu'il y
fit paroistre
,
le Regiment
de Cavalerie, dont Sa Majessé
lhonnora en 16 3.
temps oùil n' y en avoit que
huit au neufen France, ce
que leCardinal Mazarin luy
ditavant d'obtenir cc Régiment
,est digne de rermaque
; on l'appelloit alors le
Comte de Choiseul, nom
qu'il a toujours porté depuis,
jusquace qu'ilaitesté
fait Maréchal de France : il
avoir combattu en cetce fameusejournée
avec tant de
courage à la tête du Régiment
de Coridé, où la
plupart des Officiers furent
tués, & il s'estoit si fort ex- posé qu'il y futblessé ÔC
pris prisonnier,leCardinal
le voulutvoir,& luy parla
en cette forte: Monsieur
evousavezbienfaitniais voûï
ave% malfaitvous avek bien
fait en combattant en -tre^~
brave hommé, maisvousavez
malfaitdeservircontreleRoy
vôtre Maistre ; le Comte de
Choiseul luy répondir.-Â/arë.
siuerjesuisencore trop jeune
pourfaire des refléélions3jfajf
obéi aveuglémentàmon Pere;
le Cardinal luy répliqua:
Hé bien, fyîonficur
,
le Roy
seravostre premier Pere
y
alltz
Chf'{--WNS attendre fis ordres
Eneffet quelque tempsaprès
onluy envoya le Brevet de
Mettre de Camp de Cavalerie,
qu'ilreçût del'agrément
même de Monsieurle
Prince; il se signalaà la tête
de son RegimentauxSièges
deMouzon & de Sainte
Menehoult,en 1654. àceluy
d'Arras, où les Ennemis
qui attaquoient cette Place,
ayant esté forcez dans leurs
retranchemens,ildeffità
la tête de son Régiment cc:
luy d'Obock, dont ilgagna
les Timballes,SaMajesté eu
fut sicontente,qu'Elle IUY
accorda une pensionde mil
écus, qui estoit pour lors
sort considerable. En16
il se trouva aux Sieges de.
Landrecies, Condé & S.
Guillain, & àce dernier
ayant joint la capacitéauf
courage, il opposa si à propos
quelques Escadrons aux
Ennemis, qu'il facilitabeaucouplaréduction
decette
Place.
1 En1656.ausiege deValenciennes
,
les Ennemis
ayant attaqué le Maréchal
de la Ferté qui y comman-; doit,le Comtede Choiseul ;
par sa vigilance & par sa
valeur
,
donna moyen au
Marquis de Renelde retirer.
les Gardes Suisses restées
dansles Tranchées,où ellles.
auroient esté accablées par
le grand nombre des Ennemis.
En 1657.lorsque feu
Monsieur le Maréchal de
Turenne investitCambray
la fermeté que le Comte do)
Choiseul témoigna en attendant
avec 12. Escadrons
seulementles ennemis, qui
enavoient trente&quivenoient
pourtomber surles
bagagesdel'Armée,qu'ils
auroient pillez, cette fermeté
leséconria tellement,
qu'ils seretirèrentsans oser
rienentreprendre.En1658.
sonmenteaugmentant de
jour en jourluyacquit avec
raison la confiance des Ge"
neraux ,le Maréchal de la
Ferté luy donna le, Commandement
d'unCorps.de
deux mil hommes, pour
couvrir Landrecies, le
Quesnoy &les Places voisines,
pendant qu'il aflîegeoitSaineVenant&
Mardick,
&que le Maréchal de
Turenne&ttaquoit DpnKçtque.
En
En 1664. après la Paix
des Pyrenées, le Comte de
Choiseul n'ayant plus d'occasson
en France designaler
sa valeur, il demanda
d'aller à la tête d'un Regiment
en Hongrie avec
les Troupes que Sa Majesté
envoya au secours de l'Empereur
,
qui arresterent par
le gain du fameux Combat
de Saint Godard le cours
des prosperitez des Armées
Ottomanes. Ilse signala
fort en cette occasion.
En 1667 le Comte de
Choiseulfut faitBrigadier
des ArméesduRoy&dans
la guerre qui recommença
alors il donna de nouvelles
marquesde sa capacité& de
son zele, En 1668. aux sieges
de Tournay., Doüay
& Lisle, que Sa Majestésir
en personne, il fut détaché
pour chercher le Comtede
Martin
,
commandant les
Troupes Espagnolles yit
dessità latête du Regiment
d'Hostein ce célébré Général,
&,fit beaucoup d'Officiers
prisonniers, cette doffaite
fut encore remarquable
par laprise de Don*
Antoine de Cordouë
,
qui
commandoit la Cavalerie
Espagnolle.
En1669. leComte de
Choiseul fut fait Maréchal
de Camp, & envoyé en
Candie, où il demanda d'alleér
avec les Troupes que le
Roy y fit passer au secours
des Venitiens : Il répondit
tellement par ses actions à
la bonne opinion qu'on
avoit de sa capacité
, que
les Venitiens ,& le Sieur
Morosini, leur General, en
firent des Eloges, qui ont
cIe rendus publics partoute
l'Europe ; ils reconnurent
authentiquement combien
sa presence leur avoircfté
necessaire, lorsqu'estant
demeuré à ce Siège feulearjenc
avec six cens hommes
après rembarquement du
leste des Troupes
-
de Sa
Majesté il dit au General
Morosini : Les François n'aandonnent
point leurs amis
sans les mettre au moins en
seureté, quand il est impossible
de leur procurer la victoire.:
Ensuite il fit un tel effort
avec Ces six cens hommes,
(jtui epoussa les Turcs, &
lui donnal ieud'obtenirune
Capitulation honorable, dans le moment qu'il devoitpérir
avec toute &
Garnison.
La Republique de Venise
fut si touchée de cet important
service,qu'elle ordonna
à son Ambassadeur à Paris,
d'aller de sa part faire
des complimens &:des remercimens
au Comte de
Choiseul, dontils'acquitta.
En 1671. àla Guerre de
Hollande il se distingua
aux Sieges d'Arnheim, du
Fort de Schinck, de Nime:
gue, de Crevccoeur
, & de
Bomel.
;
En 1673. à la deffese
de Prague près de Wesel, qu'il ne gardoit qu'avec un
Bataillon & une Compagnie
de Cavallerie
,
il arrêrai
tout court le Prince d'o.
range,qui ne pût le forcer
avec toute son Armée.:
En 1674.il se distingue
au Combat de Seneff. '.;
En 1675.ilcommande
un Corps de Troupes pen..
dant l'EstésurlaMeuse,&
l'Hyver en Lorraine fous le
M^t&chal de Rochefort il
pritla Ville de Deuxponts,,
& plusieursChafteaux.
En 1476. le Comte de
Choiseul fut fait Lieutenant
General des Armées;
du Roy:Il deffit cette même
année une Efcortc tresconfiderable
de Fourageurs,
& lorsque le Maréchal Duc
de Luxembourg se retira
fous Saverne, le Comte de
Choiseul conduifir l'Arrieregarde
de l'Armée qu'il
commandoit, & la garantit
par sa bonne conduite du
rilque qu'elle couroit d'être
entamée par l'Aimée^ çanemie.
En 1677. il se trouva à
la Journée de Cochsberg,
où l'Armée des Ennnemis
fut défaire, il avoir déjà
disposé toute l'Armée,
quand le Maréchal de Crequy
arriva juste pour avoir
Thonneur de la victoire,
MonsieurdeChoiseul finie
cette campagne par le
siege de Fribourg.
En 1677. ilattaqua avec
le même succès un Corps
de Troupes des Ennemis,
fit plusieurs Prisonniers,apprit
beaucoup de bagages
cetteactionfut, suivie d'une
autre
autre prés Rhinfeld
,
où il
força & battit les Ennemis
retranchez, prit SeKingen.
aprés s'être rendu Maistre
d'un Poste qui en estoit
proche.
En 16-, p. il se trouva à
laprise des Forts de Stras
bourg,& battit l'arrieregarde
des Ennemis prés de
Minden.
Son merite & sa capacité
s'estant fait remarquer dans
tous les endroits où ila fer-
.J
vi; le feu Electeurde Cologne
le demanda au Roy
en 1684. pour commander
son Arméeenqualité de General
& FeldMaréchal, & il
est dit dans le monde à ce
sujet, qu'une personne puissante
qui ne lui estoit pas
favorable, dit au Roy que leComte de Choiseulestoit
un Officier tres-capable
,
mais qu'il avoitla veuë basse;
à quoi Sa Majesté répliqua
il en verra mes Ennemis de
plus prés.
Il réduisit la Ville de Liege
à l'obeissance de cet Electeur,
par une action qui eue
esté temeraire s'il y eut eu
unmeilleur party à prendre;
maisla témérité devient pruetice
en certaines extremitez
où l'audace est necessaire
pourintimider ceux qui vous
accableroient par le grand
nombre un petit parti qui
tenoit encore pour l'Electeur
dans la Ville contre
cinquantemille revohez
en armes, lui livrant une
des portes, par laquelle il
entra avec sa seule Compagnie
des Gardes, pendant
que toute son Armée étoit
derriere
, un des Mutins le
coucha en jouë avec un fusil
bandé pour le tuer;son Capitainc
desGardes se jetta dcf,
ÍUs, & l'alloit tuer d'uncoup
depistollet ; mais leComte
de Choiseull'empêcha en;
cliant; ah ne luifaitespointde
mal, ilestassezpuni,puisqu'ila
peur; en fuiteil sempara sans.
perdre temps de toutes les
places&des avenues par le
moyen du party
-
qu'il avoic
dans la Ville,destrouppes
qu'il y fit entrer sur le
champ;cette richeVillevoulut
luyfaire present d'une
somme tres-conisiderablea
qu'il refusa
, coûtent du
present de l'Electeru qui
lui donna uneépée garnie de
diamants, & quatre picces
de canons qui sont sur la
principale Tour du Chas.
tcaud'Irouer en Bourgogne,
parBrevet de Sa Majesté.
En 1689. il commanda
un Corps separé sur le haut
Rhin, pour s'opposer à fEJelèeûr:
de Bavierre qui le
trouva posté, de maniéré
qu'il n'osa rien entreprendre
avec toute son armée, quoy
que le Comte de Choiseul
n'rot que trente-deux Efèadrons
fous ses ordres, & un
RegimentdInfanterie. Il
prie à la fin de la Campagne
Bretten dans le Marquisat de
Baden, fit prifonnicrs 600
hommes quiétoient dedans,
& repoussa un Corps de
Troupes qui s'estoit approché
pour la secourir.
-
En 1690. il continua ses
services en Allemagne fous
le Maréchal de Lorges, en
1 6 9 1. il fut envoyé à
S.Omer, à desseind'yassemblerun
corps detroupes
; les Ennemis menaçany
d'attraquer nos Places Maritimes
,
& en 1692. il servit
en ladite qualité de Lieutenant
général
,
fousle Marechal
de Bellefond
,
le long
des Costes de Normandie.
Au mois de Mars 1693.
le Comte de Choiseul fuy
fait Maréchal de France,
lamêmeCampagne de1693.
il commanda en sécond l'Armée
d'Allemagne,que Mr
le Maréchal de Lor ge comme
son ancien commandoiy
en chef; Mr le Maréchal de
Choiseulla commanda fcul
pendant quelque temps ;
Mr le Maréchal de Lorge
estant allé au devant de
Monseigneur&de son Armée,
que conduisoit Monlïeur.
le Maréchal de Bouf
flers.
En 1694. Mr le MaréchaldeChoiseul
fut nommé
,
pour commander surles
Costes Maritimes du Ponent
une Armée pour s'apporer
aux enrreprifes des Ennemis;
il commandoit dans toute
l'etenduë des Provinces de
Normandie & Bretagne ,
comme General d'Armée,&
comme Gouverneur, de maniéré
que Sa Majesté en l'honorant
de cet Employ
,
lui
dit je vous donne le même
Commandement, avec la
même authorité qu'avoit
mon frere la campagne dernière;
en sorte que ses ordres
depuis le Conquest par delà.
Brest se portoient jusqu'au
Treporc au delà de Dieppe;
ce qui fait plus de cent quatrevingt
lieues.
En 1695. Mr le Maréchal
de Choiseul eut le même
Commandement sur les
Costes de Normandie & de
Bretagne, Dieppe;qui se trouvoie
éloigné de plus de 60
lieues de la Hogue, où il campoit
avec son Armée fut
bombardé par les Ennemis
& sort endommagé, le Maréchal
de Choiseul quelque
.diligence qu'il sit nayant pû
s'y rendre assez tost, il prévint
les Ennemis au Havre qu'ils
bombarderent ensuite avec
furie; mais par sa prévoyance&
par les bons ordres qu'il
donna dans la Ville; les Ennemis
après avoirresté devant
trois jours & trois nuits,
furent obligez de se retirer
après y avoir perdu leur plusgrande
Galiotre, qui fauta
d'une deno s bombes;on prit
tout ce qui estoit dessus ;ils
esperoient dans la terreur où
tout ce Pays se trouvoit;s'emparer
de cette Ville que le
Bourgeois avoit entièrement
abandonné en laissant lesportes
de la Ville ouvertes, &
même le Commandant , quoi- que jusqueslà connu
pour un brave homme, se
trouvoit saisi de la même
crainte,&s'étoit enfermé dans
une tour dont il n'osoit fortir
avant que le Maréchal de
Choiseul fut arrivé; lequel
par sa presence & par ses (agesprécautions
sauva l-el Ville
de l'incendie; il n'y eut seulement
que deux ou trois maifons
endommagées ou brulées.
En 1696 ,
Sa Majesté
nomma Mrle Maréchal de
Choiseul pour commander
en chef son Arméed'Allemagne,
avec laquelle il
passa d'abord le Rhin, &
-
subsista longtems dans le
Marquisat de Baden aux
dépens desEnnemis; cfrfuite
ayant repassé éèfleuvê
avec son Armée, il marcha
jusques auprès de Mayence
,jusqu'à ce que la
substance luy manquant,
il fut obligé de remonter
fut le ruisseau duSpirback,
qu'il occupa dans toute son
étenduë,depuis Neustat jusqu'à
Spire
,
qui font5grandeslieuesd'
Allemagne.Mr le
Prince de Baden ayant passé
le Rhin à Mayencc avec
toutes les forces de l'Empire
qui rendoient son Armée
plus nombreuse d'un
tiers que cclle de Sa Majesté,
quoy qu'elle eûtesté
jointe par un corps détaché
de celle de Flandres , commandé par Mr le Marquisd'Harcourt
Lieutenant
General, publioit aussi-bien
que tous les Alliezqu'il aL
loit faire le siege de philisbourg
ou celuy de Landau
,
& ravager l'Alsice.
Il avoit à sa suite toute
l'artillerie, &les munitions
de guerres necessaires
,
&
ses magasinsassurez ; fou
projet paroissoitbon, aucun
General jusques
-

n'avoit pensé de garder un
si grand espace de pays,
avec une Armée fort infe- ;
ricure à celle de son Ennemy
,
n'ayant pour se couvrir
qu'un simple Ruisseau
gayable, & presque deses- ¡,
chépar tout, sans aucuns
retranchemens. Mnsieur
le Maréchal de Choiseul
fit feulement à la haste relever
un peu de terre le long
dece ruisseau,& quelques
abatis d'arbres. Le Prince de
Baden marchoit à luy à
grandes journées, ille trouva
campé en cetétat,ayant
sa droite appuyée à Spire,
c'est à dire, au Rhin, sa
gauche à Neustat
petite
»
Ville au pied de la Montagne,
& son centre fortifié
de quelques redoutes,
&
d'arbres abatus, sa fituation
, & plus encore l'alfu.
rance de son Armée fous
un tel General, arresta tout
court le Prince de Baden ; il s'amusa à cannoner un
Château au-dessus de Neuflac
qu'il ne prit point,
non plus que cette Ville
qui n'auroit pas tenuë contre
un détachement de cent
Dragons, quoy qu'ellefût
de son côté au-delà dudit
ruisseau,& après avoir passé
trois semaines, les deux
Armées en presence à se
cannoner de part & d'autre,
Mrle Prince de Baden fc
retira ,
retira, & finit la campagne,
sonArmée en tres mauvais
état, ayant beaucoup souffert.,
sur tout sa Cavalerie,
celledu Roy ayant auparavant
consommé ce qu'il
y avoit de fourages,au lieu
quecelle deSa Majesté avoit
aborrdahcedetouteschoses;
sanstrop loüer Mr le Maréchalde
Choiseul, on peut
dire que ce parti hardi qu'il
prit de luy-même contré
l'avisde plusieurs Officiers
Généraux, est un trait de
grand Capitaine, & des
plusexpcîrimeiitez.1
En 1627.il continua le
même commandement CD
Allemagne, subsista longtems
avec son Armée aLi
prés de Mayence aux dépens
des Ennemis, pendant que
Mr le Prince de Baden avec
celle de l'Empire assembloit
de l'autre côté du Rhin
plusieurs ponts pour passer.
ce fleuve, & ravagerl'Alsace
; Mr le Marechal de
Choiseul pour l'empêchec
marchaàl'entréedela nuit,
avec tant dediligence qu'cD
moins de trois joursil avoit
passé le Rhinau FortLoüis
avec toute son Armee , armes
, canons & bagages,
& campa au milieu du Mat*
quisatde Baden,ayant fait
plusde trente lieuësd'Allemagne
; Mr le Prince de
l'autre, côté du Rhin, pour
lobserver ,croyant que
nôtre Illustre General, vouloit
feulement couvrir l'Alface
, comme il en faisoit
courir le bruit,fut dans un
étonnement incroyable d'aprendre
que l'Armée du
Roy innondoit son propre
Païs,tous sesprojetsenfurent
deconcertez;ilnepensa
plus qu'à couvrir l'Allemagne
où l'Armée du Roy
subsista la plus grandepartie
de la campagne au desfous
& au-dessus de Strasbourg,
où le Maréchalde
Choiseul auroit emporté de
grands avantages, sans les
pluies qui tomberent pendant
prés d'un mois sans
discontinuation,&qui rendirent
les chemins tellement
impraticables qu'il fut impossible
d'attaquer les Ennemis
dans leurs retranchemens
le long de la Montagne
; cet espece de deluge
embarassa même extrêmement
l'Amée du Roy dans
sa retraite, où les Ennemis
parurent inutilement
pour donner sur l'arrierc..
garde,ils ne purent l'enta.
mer par aucun endroit:
elle subsista le reste de la
campagne toujours aux dépens
des ennemis au Païsde
la Saarre
,
où les ordres
arriverent pour une cessation.
d'Actesd'Hostilitez
de part &d'autres en attendant
la fin du Traité de Paix
qui fut conclu à Rifwick ;
Mrle Mareschal ds Ghoiseul
à son retour à la Cour
aprèsavoir rendu compte
au Roy de sa Campagne, luy representat que sa santé
& sa vûe eftoienr si fort affoiblis
qu'il estoit obligé
de dire à Sa Majesté, avec
regret, qu'il ne se trouvoir.
plus en estat de pouvoir
aller à la guerre à l'avenir,
& qu'il estoit heureux d'en
sortir avec l'honneur de son
<eftimë ; le Roy luy repon?-
dit avec bonté qu'un Homme
commeluy luy seroit
toûjoursnecessaire.
Eusuite SaM. pour mac--
quer qu'Elle étoit contente
de ses services, de son propre
mouvement, ju geant
qu'il n'avoit pas assez de revenupour
subsister convenablement
selon son rang,
changea le Gouvernement
qu'il avoit de Saint Orner
,
qui ne valoir que 12 mil
livres à celuy de Vallenciennes.
quiest de 30 mil
Ivres.,
Au commencement de
Jannéç'1707érpnt.devenu'
leDoyen des. Maréchaux
de France, par la
mort de Mr le, Marefcb^l
d'Estrées, malgré la màtivaisesanté,
il fé donna
tout entier aux affaires de
la Mareschaussée jusqu'au
mois de Fevrier 1711,
que se sentant afforblir
beaucoup
,
il supplia- Sa
lMajcll:é de trouver bon
qu'ilquittât ce tra~ait~~u~c
sa santé neluypouvoit plus
foût-t-ilit-) le Roy k luy
permit avec Eloges,die
qu'ilapi^buvbittôûjours
que-lèsj Ht>mrnSs?dè diftitlaion
,commeluymissent
un intervale entrela vie
& morè ,SaMajestédit
qu'il
qu'il le prioit de conserver
la santéd'un Homme qu'il
avoit toûjours estimé.
A sa mort qui arriva
le quinze Mars, c'est-àdire
, fort peu de tem ps
après,SaMajesté dit publiquement
à son sujet, qu'-
Ellevenoitde perdre un
vertueux Gt--litilï.hon-Ime
:
grandElogo danslabouche
d'un Roy,qui parlant [don
r
son coeurcomprend f-ou'$lc'è-,-
mot devertueuxtout ce
; qui peut faire le Panegirique
d'un grand Homme.
LorsquesaFamilleallaannoncer
cettemort à Sa M;,,,
& témoigner sadouleur sur
cette perte, SaMajestérépondit
je perds aussi un Sujet
qui m'a rendu d'importants
fervices, &qui a sçûrendre
dignementla Justice ;
SaMajestéavoit un si grand,
fonds de confiance en sa
probité &sincerité
, qu'en
plusieurs rencontres Elle a
cité, pour faitsconstants,
cequ'Elle sçavoit par luy,
en disant, Cboifeulmcula
dit. ii On a fort admiré dans
le Monde la maniere
dont il remit la Connétablio
entre les mains du
Mareschal de Villeroy
soïs esprit fain & entier,
sa santé luy promettoit encore
plusieurs annéesde
vie; mais il vouluen'être
plus occupé que des foins
de son salut,& de l'arrangement,
de ses affaires ,-&
lors que quelque tems a près
il vit sa santé diminuer
il preparoit luy-même se,s
Amis à une separation qui
l'attendrissoit sans s*allarmer.
Enfin quand on luy
annnonça qu'il falloitfonger
à ses Sacrements
,
il
dit d'un air ferme & gracieux.
t^ous me faites plaifr
, car je me sens diminuer;
il eut l'aprésmidy
une conversation avec Mr
l'Abbé Fl.., homme
doüé d'un profond sçavoir
& d'une aussi grande pieté,
aveclequel il en avoir déja
eu plusieurs de cette manière
: Le foir il seconter
ôç le sit avec grande présence
d'esprit le lendemainqui
estoit le Vendredy
matin 13 Mars
,
il recût
le saint Viatique & l'Extrême-
Onction; repondant
à toutes les Prières,
avec une humilité, unepiété
& une édification admirable
;le reste dii jour ille
passa tranquillement, , parlantavec
une entiere connoissance
; même le soit
son Domestique luy parlant
d'une querellede deux
Medecins qui estoient prests
à se battre dans son antichambre
,
sur un remède
qu'onvouloitluy donner,
il répondit en riant
,
ilssi
battent pour peu de chose
le peu de , vie qui me reste
ne vaut pas la peine de disputer
; >ynais il faut pourtant
mourrir dans les formes ; la nuit sepassa encore assez
bien; mais sur lesquatre
heuresdumatin, ilfut
fort agité, il fallutle lever
dans son fauteüil
,
où il
resta, du temps ; mais ne
pouvant plus tenir, on le
remit au lit avant midy , auquel temps il ne parla
presqueplus, mais il entendoit
& serroit la main
à son Confesseur en embrassant
le Crucifix; le Samedy
jusqu'à minuit,il
fut à peu prés de Inefrne',
-
en empirant toûjours jut:
qu'au Dimanche à midy
1 5 Mars qu'il expira, sans
aucune violence
, comme
une lumière qui s'éteint
faute d'huile.
, Mr le Maréchal de
Choiseul à la mort de
son pere quil'avoittoûjours
flaté de luy laisser
trente mille livre de rente,
trouva plus de dettes
que debiens; on luy
proposa de prendre des
,
Lettres, d'Etat
3,
pour
.pouvoiravec* le/tenis,
s'aqufetêr petitàpetit
sans s'incommoder;non,
: dit-il ; il vaut mieux
-siftcômàderquedéfaire
attendre ceux a qui l'on
doit ; ensuiteilassembla
tous les Créanciers
de sa Maison, S( leur
distribuà les Terres dont
,
il auroit pû joüir long-
,
tems malgré eux, & seroit
restésans bien si le
Roy parses bien-faits ne
-
l'eût mis en étatdesub-
: sister.fplong -Ilfèroittroplongde
raporter toutes sesactions,
dejufticc,&C de
rgénerofité , ilprenoit
souvent sur fbii necef-
-- saire pour aider ses proches,
ses amis, & ceux
quis'atachoientàluy. Il
n'y a jamais eu un meilleur
parent,un meilleur
Ami, ni un meilleur Maître;
en un mot, le grand
nombre d'actionséclatantes
publiques & particulieres,
Tiinformioé
desoncaracterependant
une longue vie ; le jugement
des plus grands
Hommes du dernier Siecle,
qui l'ont loüéhautement
, prouvent bien
lemérite du coeur &
de l'esprit de ce grand Homme.
En effet, peut-on gagner
tant de suffrages,
réussir dans unsi grand
nombre d'entreprises ,
,
se conduire pendant
soixanteans, à la Cour,
à la Guerre,dans lavie
privée,& dans les conjonctures
les plus delicates,
avecune équité parfaite,
un honneur franc,
une exactebien-seance,
& une fermetéinébranlable
, sans avoir un
grand coeur, un bon
sens, un jugement seur,
& un grand fond de veritableesprit.
Mr le Maréchal de
: Choiseul ne1 se piquoit
<point de cette subtilité
,degenie y&C de cette
-politique rafinée, qui
fait le méritede la plus-
- part des Courtisants;
son grand coeur en ref,
fufoit l'étude, &en mé-
"prifoir l'usage:Iln'avoit
.pas besoin d'Art, lavivacitédu
sentiment luy
rfuffifoic faloit - il agir,
falait-ilparler dans une
occasion importante, il
agissoit, il parloit avec
une promptitude ,. ôc
,. une justesse dont les plus
deliez Courtisants ,au..,
roient fait un grand
honneur à leur esprit. i Ila eu le bonheur de
n'en sçavoir point trop,
&de se laisser conduire
par une nature excellen-
-,
te, quilatoûjoursporté
droit à ce qu'il y avoit
de plus raisonnable, &c
de plus vertueux; aurions-
nous en sa personne
le modelleparfait
d'un Gentil-homme ;1,
s'il eûttantsubtilisé surles
principes de la vertus
-& de l'honneur, & H.
lesentiment chez luy eût?*
été embarassé par les
raisonnements delaPhi-1-
lofofie &delaPolitique,
en plusieurs occasions,
dans des tems dificiles,
son honneur Se la reli—>
giondesonsermentsurent,
tentez par l'interest,
d'une grande fortune;
il né fut point assezrafiné
politiquepour se former
denouveaux devoirs par
des raisonnements fub-
19s
, en ces occasions
,
il répondoit gauloise—
ment; il nJcft pas en
moy de faire cela,j'aimerois
mieux mourIr.
Enfin l'ame du Maréchal
de Choiseul étoit
celled'un véritableChelier
Gaulois, verseuse
> confiance
,
intrepide
:1
comme celle des Guesclins,
& des Bayards
,
Pi pendant soixaute ans
comme le modele denô-î
tre.gncieiiiie ?.&£ verjta-i
hle iClicvaiçe : i:
Je parojtroisufurpec.
les droits de la Chaire,;
&entreprendre. l'Osai-;
son Funebredu Masê-î
chal de Choiseul ,ii je.)
voulois montrer,icy,dans
touc leurjour le$;gfàndsî
sentimens - quil'ani- ,,'
moient 8c qui fori
moient en luy ce çoncert
de vertus qui fait le
parfait honneste hotn.
me & le veritable Chrétien
, cette bonté
, cette
humanité
,
cettecharité1
extrême d
:l ce pardon
courageux des injures,
jointà cette suprême valeur;
cette libéralité exercée
de bonne foy ôtiecrettement
sur desennemis,
sur desingrats; ces
vertus sublimesdansun
homme simple font hon..
neur à l'homme & à la
Religion:oüy, l'on peut
dire que l'homme& la
Religion luy ont obligation
d'avoir fourni une
preuve vivante &inCOfl.
testable, que les conseils
de l'Evangile sont sondez
dans la bonne nature,
&que le véritable
heroïsine du monde ne
peut estre perfectionné
qtuiepaanr
Collectivité
Faux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Soumis par kipfmullerl le