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1712, 03 (Google)
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BIB . DOM.
LAVAL . S. Ja
BIBLIOTHÈQUE
"
Las
Fontaines
"
S
J
60-
CHANTILLY
1
MERCURE
GALAN T.
MARS, 1712.
NC⋅
NIN
A PARIS ,
M. DCCXII
Avec Privilege du Roy.
MERCURE
GALANT .
Par le Sieur Du F ***
J
Mois
de Mars
1712.
Le prix eft 30. fols relié en veau , &
25. fols , brochez
A PARIS ,
Chez . DANIEL JOLLET , au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU , à l'Image S. Louis,
fur le Quay des Auguftins,
GILLES LAMESLE , à l'entrée de la rue
du Foin , du côté de la ruë
Saint Jacques.
AvecApprobation, & Privilege duRoi.
MERCURE
GALANT.
SIPI
MARS,
1712.
REPONSE S
à quelques Plaintes
contre le Mercure."
On feplaint qu'on altené®
dans le Mercure quel
ques ouvrages, &que-"
ques memoires
defamille.
ཉི་མ་པབརྒྱུས དེས་ དེ་ བ Aj
* MERCURE
A l'égard des Autheurs
ceux qui craignent de
bonne foy d'ettre imprimez
ne doivent ny reciter
ny écrire leurs ouvrages
, & ceux qui n'ont
pas le courage de cacher
ce qu'ils ont fait de beau,
peuvent m'en faire tenir
fous main des copies correctes
, & jurer enfuite
hautement
qu'ils ne les
ont données
à perfonne
,
& qu'ils en defavoüent
les fautes ; je prendray
GALANT,
ces fautes fur moy pour
red leur faire plaifir.
A l'égard des noms de
famille des genealogies
autres memoires defectueux
, d'eft purement la
faute de ceux qui ne pren
nent pas le foin de me les
envoyer. On n'a qu'à les
adreßerchez les Libraires
dont le nom eft à la tefte
du Livre.
Ceux dont les actions
& les familles meriteroient
le plus de place
A iij
MERGURE
dans ce Journal , font
quelquesfois ceux dont
les articles font ou negligez
ou tout - à - fait oubliez
, parce que voulant
m'y attacher davantage ,
je me fuis fié fur de beaux
memoires qu'on ma promis
, & ces prometteurs
font laplufpart beaucoup
plus negligens à me tenir
leur parole que je ne le
fuis à donner au Public a
tout ce que je luy ay pro
mis.
GALANT. 7
On fe plaint que je
tin employe pas allez de
temps à man Mercure.
On a raifon , il faudroit
travailler une année pour
chaque mois , & toute
déduction faite du tems
de l'Impreffion , du tems
acceffairement perdu , &
dema pareffe, il ne reſte à
peu prés que cinq ou fix
jours pour l'écrire , c'est
trop peu , & je m'en
plains comme vous pour
toute réponse
à
cet
A iiij
MERGURE
article.
Les Nouvelliftes fe
plaignent que j'abbrege
les
Nouvelles , & queje
"donne trop de Poëfies.
Les Poëtes répondent
les vers font l'orne
ment du Mercure.
que
Les Dames fe plaignent
qu'on s'étend trop
fur les morceaux de Litterature
& de Phyfique..
Les Philofophes répondent
qu'ils
s'occupent
agreablement
, de ce qui
GALANTA
ennuye les Dames & que
ce qui fait plaifir aux
Damessenes convient
point aux gens ſtudieux .
D'autres fe plaignent
que le Mercure n'est pas
aßez remplice
Les Libraires répon
dent qu'on le vend bien
tel qu'il eft , c'eſt ainfi
que dans le commerce
de la vie , celuy qui eft
content répond aux
plaintes de celuy qui ne
l'eft pas. Je prie inflam
10 MERCURE
ment une partie du Public
de répondre pour
moy à l'autre, yà
IDE E
Limitation & file
Rabelaifien.
L'EQUILIBRE.
Certain Mechanicien ,
affectueufement verſé és
Mechaniques , en eftoit
fi raffolé que ne beuvoit,
ne mangeoit , ne parloit,
ny rien , qui ne fut compaffé
, meluré , pelé , jul
GALANT.
qu'à l'air qu'il avalloit
par refpiration , & jufqu'au
vin qu'il refpiroit
par avalement , & il en
avalloit fi continuëment
que boire eftoit devenu
en luy une feconde refpiration
; il refpiroit
regulierement à déjeuner
deuxflacons de piot qu'il
envoyoit tirer en cave
par un fien Apprenti
Mechanicien , auquel il
recommandoit par forme
de leçon d'équilibre,
12 MERCURE
qu'il tint une & chacune
d'icelles bouteilles , en
chacune des mains de
per: chacun de fes bras ,
pendiculairement pendants,
& tête & corps en
ligne droite , comme une
éguille de Balance , de
peur que ne trébuchât le
dit porteur au détriment
de fon vin déjeunatoire .
Or comme eftoit en
marche reguliere & contre
pefée ledit Appren
ti , vinage à dextre , vinas
GALANT 13
ge à fenextre , iceluy par
délicate & fcientifique
ſenſation équilibrique ,
fentit fenfiblement quelque
goute de vin plus en
une bouteille qu'en l'au
tre , ce qui le molefta , &
par amour d'équilibre
huma les gouttes fuperflues
; mais bien- toft fe
tança luy-même d'avoir
rendu trop legere celle
qui trop pefante eftoit
avant , carſe ſentit pencher
& boiter du cofte
14 MERCURE
gauche. Alors amour
d'équilibre le réprit de
rechef , il rehuma la
pefanteur excedente , &
huma trop encore cette
feconde fois. Patience
dit-il , j'y viendray avec
temps & experience,mais
n'ay encore acquis l'habitude
de humer juſte;&
de fait , tant plus il hus
moit & tant plus acque
roit perfection d'équi
libre : car enfin finale al
vuide dans l'une ne pe
GALANT
7
fant pas davantage que
vuide dans l'autre , équilibre
fe trouva és bou
teilles ;mais équilibre n'y
eut plus en la tefte du jeune
Apprenti. Tellement
que ne pouvant cheoir
d'aucun des coftez pour .
l'équilibre
parfait des
bouteilles vuides , pefan
teur de tefte le fit tomber
en face, nez & bouteilles
Le cafferent, ne grouilloit
plus ne pieds ny pattes,
Ce qui fit que le Maiſtre
16 MERCURE
ne fçachant pas qu'il
eftoit yvre, ne le crut que
mort , & s'écria , c'eſt
grand dommage du vin .
P
Or tirer pouvez de ceci
Morale inftruifante , çar
fil'Apprenti n'eut point
voulu
chercher par mechanique
trop de perfection
en l'équilibre des
bouteilles , il ne luy fat
point mefarrivé ; ce qui
dénote , que qui veur
trop raffiner és fciences
humaines , s'enyvre de
GALANT. 17
fon fcavoir , & s'y caffe le
nez.
DIXAIN
Sur le ftile Marotique .
Du temps que la Langue
Françoife
Eftoit dans l'enfancegau
loife,
La France produifoit de
précoces efprits ,
Qui dans leur enfantin
langage ,
Begayoient
des beautez
dot nousfommesfurpris
Mars
1712. B
18 MERCURE
Faime les heureux traite
de cet enfantillages
!
Mais auffi quandje vois
nos Autheurs trioman
-box phantsuch a
Affecter ce jargon dans
leur meilleur ouvrage
Je dis , ob qu'ilfied bienà
des gens de cet age ,
De parler comme les
enfants.
GALANT : 19
MORT
du dernier Dauphin
.
Le 8. de Mars Monfeigneur
le Dauphin fe trouvant
en grand peril de mort,
reçut les Ceremonies du
Baptefme par les mains de
l'Evefque de Mets , premier
Aumônier , il fut nommé
Louis
par
Morte
&
par
Madame
la
Ducheffe
de
Ventadour
le Comte de la
Gouvernante des Enfans de
France , & il mourut le même
jour.
Bij
20 MERCURE
Le 10. fon corps fut porté
à Saint Denis , avec un
cortege de trois Caroffes &
de fix vingt flambeaux
portez par plufieurs Gardes
du Corps & par pluſicurs
Pages ; dans l'un defquels
elfort le corps .
M'I Evefque de Mers qui
portoit le coeur.
Madame la Ducheffe de
Ventadour.
M' le Duc de Morremar ,
premier Gentilhomme de la
Chambre.
M de la Lande Sous gouvernante.
GALANTU+BR
M'I'Abbé du Camboyr,
Aumônier du Royce 623
Mile Curé de Verfailles.
Un autre Caroffe ou
eftoient huit Gentilshommes
ordinaires , qui avoient
'porté le cercueil , qui étoient
:
$
M' de Saint -Olon.
M' de Chasteau du Bois,
M' Roland.
M' Charmois .
M' de la Buffiere.
M ' de la Quiche .
M' Boutdelin.
M' Meffier.
22 MERCURE
Suivoit le Caroffe des
Femmes de Chambre .
Ces trois Carroffes étoient
fuivis de ceux de M. l'Eve
que de Mets ; de MⓇ la Ducheffe
de Ventadour , & de
Mr le Duc de Mortemar.
L'Evêque de Mets prefenta
leCorps au Prieur de l'Abbaye
, & fit un tres - beau
Difcours ; aprés quoy il fir
l'inhumation.
On avoit preparé une
eftrade de trois degrez ,
avec un Pavillon de Latin
blanc , l'efpace feulement
depuis Charles le Chauve,
GALANT 25
juſques aux premiers degrez
du Sanctuaire , garnis
de tapis blancs ; le Corps
placé fur cette Reprefentation
, on chanta Domini eft
terra, Aprés quor MIE,
vefque de Mets ayant chan
té Oraifon convenable, &
mis un peu de terre fur le
Poelle qui envelopoit le
Cercueil , fans Requiem ny
Kyrie eleïfon , on defcendie
le Corps du Dauphin avec
fes entrailles dans le Caveau,
& fut placé auprés du Corps
de Monſeigneur le Duc de
Bretagne fon aîné , mort le
3. Avril 1705.
24 MERCURE
Les Religieux retirent le
Poëfle qui eft de moëre d'argent.
Mr l'Evêque de Mets &
Me la Ducheffe de Ventadour
à peu-prés avec le
mefme cortege, avec lequel
on y a porté ceux de
Monfeigneur le Dauphin
& deMadame la Dauphine,
porterent en partant de S.
Denis à dix heures du foir ,
le coeur du Dauphin au Valde-
Grace.
A
1
GALANT
.
25
SUR LES MESURES
geometriques
des Voutes.
par M. PARENT .
UN fçavant Architecte
de Paris m'ayant repreſenté
que les mefures geometriques
des voutes en dofmes
oblongs ou applatis ,
manquoient dans l'Archi-,
tecture , ou du moins n'avoient
point efté miſes à
la portée de tout le monde
, ce qui oblige à en employer
de fauffes , & mefme
de groffieres au lieu
Mars
1712.
C
26 MERCURE
des veritables , je luy envoiay
celles- cy deux jours
aprés , & j'ai creu faire le
mefme plaifir au public, en
les luy communiquant
d'une maniere pratiquable
, avec les Tables dont
on fe fert ordinairement
pour refoudre les problemes
de geometrie pratique
.
Sur lamefure geometrique des
Voutes furhauffées , ou des
demi fpheroides oblongs.
1. Ayant mefuré la hauGALANT
. 27
teur du doſme qu'on fuppoſe
demi elliptique , &
l'ayant doublée , on luy ajouftera
fa plus grande
largeur , c'eft à dire le diametre
de la baſe, & on l'en
retranchera, on multipliera
la fomme par le refte , & on
tirera la racine quarrée du
produit , pour faire l'analogie
fuivante.
2. Si le double de la hauteur
du dofme , donne la
racine quarrée cy- deffus ;
que donnera le finus total?
Il viendra au quatriéme
terme un finus , qui mar-
Cij
28 MERGURE
quera un nombre de degrez
& de minutes , dont
on fe fervira pour multiplier
le double de la hau
teur , afin d'avoir un produit.
13. Comme le nombre abfolu
( 180000. ) eft à l'abſolu
( 3141. ) ainfi le produit
cy. deffus , eft à un quatriéme
terme.
4. Comme la racine du
premier article eft au double
de la hauteur , ainſi le
quatriéme terme de l'article
précedent
, a un quatriéme
terme nouveau
, auGALANT.
29
quel on adjouftera le diametre
de la baſe pour avoir
une fomme qu'on multipliera
par la largeur .
5. Enfin fil 4000. ) nombre
abfolu , donnent ( 3141. )
que donnera le produit de
l'article précedent
?
viendra un quatriéme
terme
, qui fèra la furface de
la Voute ; fçavoir l'interieure
, fi les mesures ont
efté prifes en dedans , &
l'exterieure fi elles ont efté
priſes en dehors.
II
Et pour avoir la folidité
on prendra la hauteur &
C iij
30 MERCURE
la largeur par le milieu de
l'épaiffeur , pour avoir une
fuperficie moyenne , qu'on
multipliera par fon épaiffeur
, ce qui donnera la folidité
defirée.
Sur la mefure des Voutesfurbaiffées
, ou des demi fpheroides
applatis.
1. Ayant mefuré , comme
cy- deffus , le dofme qu'on
fuppofe encore demi elliptique
, on doublera la hauteur
qu'on adjouſterà avec
la largeur , pour avoir une
fomme ; on oftera auſſi de
GALANT. 31
la mefme largeur la hauteur
doublée , pour avoir
un refte ; on multipliera la
fomme par le refte , & on
tirera la racine quarrée du
produit ( ce qui donnera la
diftance des foyers . )
2. Adjouſtez la largeur à
cette racine ou diſtance
des foyers , prenez le logaritme
de la fomme ,& oftezen
le logaritme du double
de la hauteur , pour avoir
un fecond refte.
3. Multipliez ce fecond
refte par le quarré du double
de la hauteur, & divifez
C iiij
32 MERCURE
tousjours le produit par
3010300 fois la racine quarrée
du premier article
pour avoir un quotient .
4. Adjouſtez la largeur
à ce quotient ; multipliez
la fomme par la mefme
largeur, & faites l'analogie
fuivante .
Si ( 4000. ) nombre abfolu
, donnent ( 3141. abſolu
) que donnera le prodeffus
Il vien- ?
duit
cydra
au quatriéme
terme
la
furface
du
fpheroide
elliptique
applati
, fur laquelle
on fera
les
mefmes
refléGALANT.
xions que pour l'oblong
Si les dofmes font à arreftes
, au lieu de l'analogie
fi 4000. donnent 3141 .
&c. faites cette autre : fi huit
fois le demi diamettre de
la baſe donne fon circuit ,
que donnera le produit
trouvé, &c .
Voicy donc les Regles
que Mr Huygens n'a données
qu'en énigme à ,fa maniere
ordinaire , dans fon
Traité de la Pendule , &
par des voyes beaucoup
plus longues : j'en donneray
les demonſtrations
34 MERCURE
quand l'occafion s'en prefentera
.
Supplement au Memoire inferé
dans le Mercure de Trévoux
de Fanvier 1711. fur
les changements arrivez à
la furface de la Terre.
Par Mr PARENT Autheur
du Memoire,
Pour ne pas groffir trop
ce premier Memoire , je me
fuis exprés abftenu d'expliquer
alors les caufes de
quelques fingularitez qu'-
on trouve dans la Terre ,
à differentes profondeurs ,
GALANT. 35
res ,
comme des reftes de navidifferents
uftancilles ,
fçavoir des ferrements , des
tefts de pots , du charbon ,
&c . differents lits de terre
cultivée , des terres maref
cageufes , des plantes de
toutes efpeces défechées ,
des animaux fecs , ou petrifiez
, ou feulement terrifiez
, differents coquillages
de mer , des poiffons
de mer de toutes efpeces ,
défeichez ou petrifiez , des
grands chemins pavez , &
jufqu'à des Villes entieres ,
des fquelettes d'hommes ,
36 MERCURE
d'élephants , de tigres, & c .
je n'ay pas mefme approfondi
la caufe des embrafements
foulterrains qui
produisent les tremblemens
de terre.Voicy maintenant
ce que j'en penfe en
deux mots . Premierement
quant aux particularitez de
la Terre corticale , elles démonftrent
manifeftement.
que la furface de la Terre
habitée, s'eft trouvée à toutes
ces differentes profondeurs
, où l'on rencontre
les veftiges que nous
venons de citer. Il refte
GALANT. 37
donc d'expliquer de quelle
maniere ces differentes furfaces
ont par fucceffion de
temps efté couvertes de
nouvelles couches de terre
; & cela jufqu'à fix ou
fept repriſes differentes , &
jufqu'à la profondeur de
prés de cent pieds . Or il
fuffit pour expliquer toutes
ces couches de concevoir
que la Terre a efté formée
à differentes fois , par
un concours d'atofmes qui
tendent tous vers fon cen
tre par leur pefanteur , &
cela dans des intervalles
38
MERCURE
de temps fort efloignez
les uns des autres , & je ne
trouve point qu'il foit plus
difficile , ny moins phyfique
, de la concevoir ainfi
formée , que de fuppofer
qu'elle ait efté formée tout
de fuite , fans interruption ,
jufqu'à la groffeur où nous
la trouvons aujourd'huy.
Mais outre cette caufe generale
, & que tout le monde
peut aisément deviner,
il y en a une feconde particuliere
, un peu plus cachée.
Ce font les pluyes
extraordinaires , ou deluGALANT.
39
y
ges d'eaux tombées fur les
montagnes, qui doivent en
avoir détrempé
& emporté
les terres labourables
dans les vallées , & les
avoir déposées pendane
leurs inondations . Ainfi
une de ces premieres inondations
aura couvert la premiere
furface de la Terre
d'une feconde ſurface ; &
celle cy aura enfeveli fous
elle tout ce qui fe trouvoit
fur la premiere
, plantes ,
animaux , coquillages , uftanciles
, Villes , & c. qui
fe feront par fucceffion
ou
40 MERCURE,
>
corrompus , ou défeichez ,
ou mefme pétrifiez , ſelon
la nature de la Terre , où
toutes ces choſes fe feront
trouvées
. Par ce moyen les
vallées fe feront élevées
peu à peu , à mesure que les
fommets des montagnes
fe
feront dépouillées de leurs
terrès ; & les mers auront
efté obligées de s'éloigner.
en mefme temps du pied
des montagnes. Il n'y a
rien au refte en cela qui ne
foit conforme
à l'experience
journaliere , & il ne feroit
pas difficile d'en apporter
GALANT. 41
porter quantité
d'exemples
connus.
A l'égard des embraſements
foufterrains , la caufe
generale n'eft pas differente
de celle qui fait allumer
le Tonnerre , le foin
dans les granges ; la vapeur
qui fort de la fameufe
fontaine de Varſovie , ou
des lacs qui font fur une
des montagnes d'Auvergne
, ou fur une des Pyrenées
, ou de ces puits de feu
fi communs à la Chine ; & c.
fçavoir que quand l'exhaleifon
fulphurée eft affem-
Mars
1712.
D
42 MERCURE
blée en affez grande quantité
pour pouvoir écarter
l'air environnant
, c'eft du
feu. Il eft vray que ces
feux échauffent les eaux
fe
foufterraines , & leur font
jetter quantité de vapeurs,
qui eftant pouffées par la
violence du feu , ont une
force prodigieufe
pour
faire jour , & rompre tous
les obſtacles qui les refferrent
, ainfi qu'on l'éprouve
dans les Eolipiles qui crevent
comme des bombes.
Il y a auffi quelques cau
fes particulieres qui peuGALANT
. 43
vent allumer du feu , comme
des meflanges d'eau ,
de matiere ferrugineufe
& de fouffre ( ainſi que Mr
Emery le rapporte ) & autres
fermentations encore
inconnues ; & mefme lorf
que l'exhalaifon eft fort
feiche comme dans les mines
de charbon , la feule
cheute d'une pierre fur une
autre , fuffit pour faire un
embrafement épouventable.
*..i .
Dij
44 MERCURE
D'une espece d'homme marin ,
pefché au Conquet.
Mr Savary Ecrivain de
Vaiffeau m'a dit qu'en
l'année 1703. il affifta à une
pefche qui fe fit au Conquet
dans laquelle on prit
un Monftre marin , femblable
en toutes chofes à
un enfant de deux ans ,
de la mefme grandeur : fa
peau eftoit brune & fans
poil , comme celle d'un
Chien de mer. Il avoit les
&
doigts des mains & des
pieds auffi fendus que ceux
GALANT. 49
d'un Singe , & armez d'ongles
, mais fans toiles . If
portoit au haut des bras ,
& fur les os des jambes des
nageoires comme un poiffon.
Il ne pouvoit fe tenir
debout , ne crioit point , ne
remuoit point fes yeux qui
eftoient ronds comme ceux
d'un poiffon , fans fourcils,
ny paupieres . Il n'avoit
pour oreilles que deux
trous , fa bouche eftoit plate
, fon nez & fon menton
allongés , fa tefte ronde &
fans poil ; il battoit continuellement
des bras & des
46 MERCURE
jambes comme pour nager.
Il ne vécut qu'une demi
journée hors de l'eau.
Mr Savary m'a affeuré
que les fieurs du Ménay
Lieutenant de Vaiffeau ,
Claron Pilote du Conquer ,
& plufieurs autres , particulierement
les Religieux
de faint Matthieu de ce
lieu , l'ont veu & examiné,
de mefme que quantité
d'anciens Officiers de mer,
qui affeurent n'avoir jamais
rien veu de pareil.
Ce Memoire nous a efté
communiqué par Mr PaGALANT
. 47
rent , à qui Mr Savary a
raconté la choſe de vive
voix , telle que nous la
rapportons.
Sur un Portrait engrand , envoyépar
une Dame à l'Autheur
, pour mettre dans une
Salle.
IL fera veu de tout Paris ,
Voftre immenſe Portrait à
tres-large bordeure ,
J'euffe bien mieux aimé
vous voir en mignature ,
'Au moins il m'euft efté
permis
De garder en fecret cette
MERCURE
aimable
peinture :
Ah qu'un peu de myltere
euft augmenté le prix 7
D'un preſent de cette nature
:
Trop heureux qui reçoit
un don fi précieux
D'une main fi belle & fi
chere ,
Et cependant j'aimerois
mieux
Qu'elle n'euft ofé me le
faire.
EXTRAIT
GALANT. 49
EXTRA I T
de Lettre de Mr le Colonel
de Funck , écrite de
Conftantinople le 14. Janvier
1712. à Mr. de Cronfrom
Envoyé Extraordinaire
de Suede.
ec
сс
LE Grand Vizir a bienvoulu
permettre aux Otages
Mofcovites , fur .
leurs inftances conjoin- «<
tement avec les Ambaf- "
fadeurs d'Angleterre & «
d'Hollande , de conferer <<
avec luy pour taſcher de «
trouver des expedients «
Mars 1712. E
So MERCURE
» capables de détourner la
" guerre ; mais ces confe-
" rences font prefentement
"rompuës . Ali Bacha le
» Premier Grand Vizir dé-
38
و ر
2
و د
pofé , a esté porté icy &
expofé devant le Serail
au peuple. Les nouvelles
venues ces jours icy
de l'arrivée de noftre
Tranfport en Pomeranie
avec le Comte de Stena
bofz ont extremement
» réjoüi , tant nous que les
Turcs , qui cet Eté avoient
agi un peu froidement ,
à caufe que ce Tranſport
53
GALANT. 51
ec
Сс
ne venoit pas. Le premier «
de ce mois le Grand Seigneur
m'a fait dire que je
fiffe fçavoir au Roy qu'il
partira dans fix femaines «
pour aller en campagne , «
afin de pouffer la guerre
contre les Mofcovites
avec la derniere vigueur , «
que fa Majefté eftoit le «
maiftre de partir quand il «
luy plairoit pour la Polo- «
gne , avec une eſcorte ..
confiderable. & fuffifante «
de Turcs qui fe rendrontpour
cet effet à Bender , «
& que j'euffe à fuivre le
ce
Eij
52 MERCURE
99
"
?
Sultan en
campagne , au
moyen de quoy j'efpere
,
Mr. d'avoir l'honneur de
Vous faire fçavoir ce quis'y
paffera. Le Serafquier de
Belgrade Abdi Bacha qui
eft fort porté pour les in-
» terefts du Roy , a efté fait
Commandant en Chef
des troupes de Romelie ,
» & doit fe rendre inceffam-
>> ment .
D'autres Lettres portent
qu'on a publié à Conftantinople
la guerre contre les
Mofcovites , que l'Empire
Otoman fait des préparaGALANT.
53
tifs extraordinaires , que
les Tartares fe préparent à
faire une irruption en Mofcovie
par trois coitez . Le .
quartier du General Ronne
, qui a de beaucoup
augmenté fes troupes , eft
à prefent à Pialacerkieu
,
& les troupes Mofcovites
qu'il commande font avancées
jufqu'à Niemerow , &
à Braclaw en Podolie , pour
obferver les
mouvements
des Turcs , & du Palatin
de Kiovie , & la plus part
desMofcovites qui eſtoient
dans le Palatinat de Cra-
E iij
14
MERCURE
*
1
covie , font entrées dans
celuy de Sandomir.
Le Czar eft arrivé à Petersbourg
le 14. Janvier , &
le même jour il a jugé àpropos
de faire démolir les fortifications
d'Azak , du Fort
de Tangarock & de quelques
autres qui ont donné
ombrage aux Turcs , efperant
encore par là de les
appaifer , & de maintenir
la Paix de Falczin.
Le Vice-Amiral Cruitz ,
eft arrivé d'Azak à Mofcou
, fuivi de tous les Of
ficiers de marine , il doit
GALANT. 55.

eftre à prefent du cofté de
Peterſbourg ; ila laiffé l'Amiral
à Praxin , à Azak ,
pour en faire démolir les
fortifications.
Les Mofcovites ont tué
ou pris quarante mille perfonnes,
& enlevé une grande
quantité de Chevaux ,
de Chameaux , & de Bef
tail , aprésavoir forcé quelques
Troupes des Tartares
Calmuques .
On a fait de grande réjoüiflances
à Mofcou au
mois de Decembre dernier
, fur la nouvelle qu'on
E iiij
56 MERCURE
le Prince de a receuë que
Mofcovie a époufé la Princeffe
de Volfenbutel
, ces
réjoüiffances ont commencé
le 13. & la Princeffe
Natalie à Lexowits , foeur
du Czar , a traité magnifiquement
pendant deux
jours les Grands Seigneurs
& les Principaux Officiers .
--
La Princeffe Mere du
Czar a donné auffi un
grand feftin où la Ducheſſe
de Curlande , a paru pour
la premiere fois depuis la
mort du Duc fon Epoux ,
enfuite ces Princeffes font
GALANT 57
allées trouver le Czar à Peterſbourg.
L'ELOGE DU VIN
de Bourgogne , traduction
de l'Ode Latine de
Mr
GRENAN.
AMI du jus divin dont la
chaleur m'infpire ,
MaisPoëte inconnu dans lefacré
vallon ,
En faveur de POMAR je
vais toucher la lire ;
Mon gouft fera mon Appollon.
GRENAN puis je efperer de te
fuivre au Parnaffe
$8 MERCURE
D'atteindre de tes fons la force
& l'agrément ?
Je fuis affez heureux , traduifant
un HORACE ,
Si je traduis fidellement.
Je confacre ces vers à la
liqueur charmante ,
Qui rend BEAUNE fameux
, qui fait l'honneur
de Nuis ;
Autour d'elle fuivis de la
fanté brillante ,
Voltigent amours , jeux &
ris .
Des prodiges certains fignalent
fa puiffance ;
Elle fçait délier l'efprit le
GALANT. $9
plus épais ;
Mieux qu'un travail conf
tant , mere de l'élo-
*
quence ,
Elle nous prefte d'heureux
traits. ***
A fon riant afpect fuit la
fombre trifteffe ;
Le pauvre qu'elle anime
eft au deffus des loix ;;
Pour luy plus de mifere :
aimable enchantereffe
,
Tu l'éleves au rang des
Rois .
En vain s'offre une table
& propre & délicate
Où le rafinement ait fçû
60 MERCURE
&
tout ordonner ,
Le plus charmant repas at'il
rien qui me fate ,
Si tu ne viens l'affaifonner?
Du mâle SILLERI que
RHEIMS s'enorgueilliffe
1
Et prodigue l'encens à fon
montant flateur ;
Qu'étincelant de feux , il
petille , il jailliffe ; !
Redoutons un vin féducteur.
Craignons de nous livrer.
aux efprits qu'il envoye ,
D'un plaifir apparent
fuyons la trahifon ;
CALAN . 61
Ils flattent l'odorat , ils répandent
la joye,
Mais ils cachent un sûr
poiſon.
Que cependant au fruit
AU VILE foit d'uſage ,
Bacchus modefte alors ,
peut avoir des apas :
Avec luy les bons mots
l'élégant badinage ,
Viendront amufer le repas
NUIs fufpend les regrets
de la morne vieilleffe .
Lait divin , fa chaleur fource
des doux plaifirs ,
Dans le déclin des ans fait
62 MERCURE
naiftre la jeuneſſe ,
Et rappelle au moins les
defirs.
Un Sophocle ſe glace , il .
enfante avec peine ,
Qu'il laiffe l'eau du PINDE,
& goufte de ce jus ,
L'aimable
Dieu du vin fera
couler fa veine ;
Il infpire mieux que Phe-
A
a
bus.
quoy fert dans le camp
la bruyante trompette?
C'est à Nuis d'y répandre
une noble vigueur ;:
Sans fes dons le foldat certain
de ſa déffaite ,
GALANT. 63
"
N'eft
foibleffe & que
que
langueur.
Mars , c'eft affez regner ,
ô liqueur favorable
,
Ramene avec la paix les
danfes & les jeux ;
- Redonne nous enfin fa
préfence adorable.
Qu'elle eft lente au gré de
nos voeux !
Aujourd'huy l'ornement
des tables fortunées
Bientoft de nos bergers tu
fécheras les pleurs.
Je les voy ; quels plaifirs !
agreables journées !
* Jours de réjoüiffance pour la paix .
64 • MERCURE
1
Ils ont oublié leurs malheurs.
Plus de foins inquiets , plus
d'horreur , plus de guerre.
Pour eux des jours fereins
vont couler déformais .
L'un chante fa Philis , l'aytre
vuide fon verre.
Furent - ils à plaindre jamais
!
Sil' AUVERN AT fumeux
s'offre dans une fefte ,
Vin groffier qui d'abord y
porte le chagrin ,
De cruelles vapeurs , il accable
la tefte ,
Breuvage affreux , hofte af
fafin. Du
GALANT. 65

Du BOURGOGNE leger ,
la douceur bienfaifante ,
Eft un remede sûr , aifé
délicieux ;
Nos maux font diffipez ,
quand fa feve innocente ,
Flatte noftre gouft & nos
yeux .
Le doux fommeil s'envo
le & fourd à ma priere ,
S'obſtine à me ravir les
charmes du repos.
A mon fecours POMAR ...
déja fur ma paupiere ,
Morphée a verfé ſes pavots.
Mais tu n'es pas toûjours
Mars
1712. F
66 MERCURE
à nos defirs propice ;
Si nous bleffons les loix de
la
ſobrieté
, an
Ton jus féditieux fera nof
tre fupplice ;
Ton jus veut eftre ref
pecté.
Affure de longs jours au
modele des Princes ;
Le Ciel long- temps encor
le doit aà l'univers ;
Qu'il vive feulement , nos
tranquiles Provinces ,
Seront au deffus des revers.
Au Nectar de Lours difputez
la victoire ,
Vins jaloux , Vins fameux
GALANT . 67
& du NEGRE & du RHIN,
Conferve- nous Louis ,
rien ne manque à ta gloire,
POMAR , ton triomphe eft
certain.
LA CHAMPAGNE
vengée , où loüange du vin
de Reims , qu'un Poëte
Bourguignon á blámé.
CHERE hofteffe d'un
vin qu'on ne peut trop
v prifer , pranon d
D'un vin qui doit à Reims,
comme moi , fa naifoffance
, sup
Bouteille à mon fecours ,
Fij
68) MERCURE
j'entreprens ta deffenſe.
Pour ton propre intereft
vien me favorifer.
Eft- ce un fonge ? ô merveille
! une douce
manic
Chez moy , dans ce moment
, au gré de ta liqueur
Répand de veine en veine
une noble vigueur ,
Et forme de ces vers la
nombreuſe harmonie.
Autant que , fans porter fa
tefte dans les cieux ,
GALANT. 69
La vigne par fon fruit eft
au deffus du chêne ;
Autant , fans affecter une
gloire trop vaine ,
Reims furpaffe les vins les
plus délicieux.
Qu'Horace du Falerne entonne
les louanges ,
Que de fon vieux Maffique
il vante les attraits :
Tous ces vins fi fameux
n'égaleront jamais
Du charmant Silleri les
heureuſes vendanges.
Auffi clair que le verre , où
la main l'a verfé ,
70 MERCURE
Les yeux les plus perçans
l'en diftinguent à peine.
Qu'il eft doux de fentir
l'ambre de fon haleine ,
Et de prévoir le gouft par
l'odeur annoncé !
D'abord à petits bonds
une mouffe argentine
Etincele , petille , & bouft
de toutes parts ;
Un éclat plus tranquile of
fre enfuite aux regars
D'un liquide miroir la gla
ce cryftaline
.
Ce vin dont l'aſpect ſeul
CALANT. 7
$
enchante le buveur ,
N'eft pas d'un bourgeon
foible une humeur
froide & crue ,
Autant que la couleur en
réjouit la vuë ,
Autant en plaift au gouft
l'agréable faveur.
Taifezvous envieux , dont
la langue cruelle
Veut qu'icy fous les fleurs
fe cache le venin ,
Connoiffez la Champagne
, & refpectez un vin
Qui des moeurs du climat
eft l'image fidèle.
72 MERCURE
Non , ce jus , qu'à grand
tort vous ofez outrager ,
De nuages fâcheux ne
trouble point la tefte ,
Jamais dans l'eftomac n'excite
de tempefte ,
Il eft tendre , il eft net , délicat
, & léger.
Il s'ouvre dans les reins une
facile route
Il n'y fait point germer de
fable douloureux ,
Et n'y prépare pas , féduc
teur dangereux93
Par l'attrait du plaifir le
tourment de la goute.
Vers
GALANT 73
Vers la fin du repas , à l'approche
du fruit ,
( Car on doit ménager une
liqueur fi fine )
Auffi - toft que paroift la
Bouteille divine ,
Des graces à l'inſtant l'aimable
Choeur la fuit.
Parmy les conviez s'éleve
un doux murmure ,
Le plus Stoïque alors fe dé-
BR . ride le front .
Beaune alors céde à Reims,
2 & confus de l'affront
Cherche loin du buffet une
retraite obfcure.
Mars
1712.
G
74 MERCURE
Equitable cenfeur , je veux
bien toutefois ,
Bourgogne
t'accorder
l'eftime qui t'eft duë ,
Pourvû qu'à l'avenir une
honte ingénuë
Te force à rendre hommage
au nectar Champenois.
Mére des vins moëleux ,
c'eft toy je le confeffe ,
Qui d'un teint languiffant
corriges la pâleur ,
Qui verfant dans les corps
une douce chaleur ,
Sais égayer ensemble , &
GALANT. 75
ava nourrir la vicilleffe,
Mais ne crois pas te faire
un mérite éclatant
Dofter au Laboureur le
foucy de fa Taille ,
D'animer le Soldat dans le
champ de bataille ; [
Un fimple vin de Brie en
feroit bien autant.
ansilisokoy ft 11
O vous , puifque le Ciel
¿ par un heureux préſage)
De la paix aujourd'huy
noous promet le retour ,
Anglois de vos fterlins haf
tez-vous dés ce jour
Gij
76 MERCURE
De venir dans nos ports
faire un meilleur ufage,
Au lieu d'avoir fi loin conduit
tant de guerriers ,
Difpofé tant d'affauts , &
formé tant de lignes ,
Hélas ! à moindres frais
des tréfors de nos vignes
Vous pouviez fans péril enrichir
vos celliers .
Di suying & abov 0,
Ciel , fais que déformais
puny de fa folie
Quiconque infultera l'honda
neur du Sillery , A
N'abreve fon gofier d'au-
D
GALANT . 77
tre vin que d'Ivry ,
Qu d'un cidre éventé ne
fuce que la lie .
MORT S..
Dame Sufanne de Montgomeryde
Ducé, Epoure
fe de Me Antoine François
Gafpard de Colins ,
Comte de Mortagnej pre- ,
mier Ecuyer de S. A. R.,
Madame , mourut le 18.
Janvier 1712. âgée de 64 .
ans .
Elle eftoit de l'Illuftre
Maifon de
Montgommery
de Normandie , tire fon
Gij
78 MERCURE
origine des Comtes de
Montgommery , qui font
::
les feconds Comtes d'Angleterre
tout le monde
fçait l'avanture d'un Seigneur
de cette Maiſon , qui
rompant une lance dans
un tournois contre le Roy
Henry II . eut le malheur?
de le bleffer à mort par un
éclat qui fortit de fa lance!
CetteMaifon a donné plufieurs
Generaux d'armée
& a toûjours tenu un rang
fort confiderable dans le
Royaume , elle avoit épou
fé en premieres nôces , le
D
GALANT 79
Comte de Quentin en Bretagne
, de l'ancienne Mai▴
fon de Gouyon , de laquelle
M.deMatignon & plufieurs
autresSeigneurs tirent leur
origine. Mr le Comte de
Mortagne a long - remps
fervy le Roy en qualité de
fous Lieutenant des Che
vaux -Legers de la Reine :
le Roy luy donna pour recompenfe
de fes fervices ,
la Compagnie des Gens
d'armes de feu Monfeigneur
le Duc de Bourgo
gne .
Dom Horotio Albani , fre
G iiij
80
MERCURE
re du Pape , mort à Rome
le 23. Janvier 1712 . /
La Maifon d'Albáni a
donné autrefois un Cardinal
Illuftre à l'Eglife , qui
a composé plufieursgrands
Ouvrages , il vivoit fous les
Pontificats de Paul V. & de
Gregoire XIII . on le regar
doit dans fon temps comme
un fujet digne de la
Thiare , il y a eu anciennement
un General des
Troupes du Pape de ce
nom là.
Guillaume Daton , Evef
que d'Offery en Irlande ,
GALANT. Sa
eft mort en l'Abbaye de la
Couture , au Mans , le 26 .
Janvier 1712. âgé de 69.
ans , il y eftoit retiré depuis
fon exil, & y demeuroit de
puis 14. ans,
Mr l'Evefque d'Offery
eftoit forty de noble Maifon
, il avoit efté Docteur
de Sorbonne , & avoit quit,
té la France pour fonger au
falut de fes Compatrio
tes ; on le nomma Evefque
d'Offery qui eft un des
principaux Sieges de l'Irlande
, il remplit ce poſte
avec l'applaudiffement du
82 MERCURE
public , ayant efté chaffé de
fon Siege, feu Mr du Mans
l'appella dans ſon Dioceſe
où il luy a donné durant 14 .
áns , une Penſion de cinq
cent écus , tout le monde
honoroit & refpectoit fa
vertu ces deux Prélats
moururent tous les deux le
même jour da
Dame Marie Magdelai
ne Chapelier , Epoufe de
Mrs Jean Jacques de Surbeek
, Lieutenant General
des Armées du Roy , &
Colonel d'un Regiment
Suiffe , morte le 21. Fevrier
GALANT. 83
1
1712, elle eftoit foeur de Mr.
Chappelier , mort Doyen
de S. Germain - l'Auxerois.
+ Cette Dame a laiffé deux
enfans , dont l'aifné qui eft
Major fert depuis l'âge
de dix - fept ans , avec
beaucoup de diftinction :
fa fille avoit épouſe Monfreur
le Comte de Beranger
Colonel d'Infanterie
qui a esté tué au fervide
du Roy , il eftoit fils de
Mrle Comte Dugas , Chef
de l'Illuftre Maifon de Be
ranger en Dauphiné.
Mre Jules d'Arnolfini- de84
MERCURE
Magnac , Chevalier de
l'Ordre Militaire de Saint
Loüis , Lieutenant General
des Armées du Roy ,
Gouverneur de Montdauphin
, & Infpecteur General
de la Cavalerie & des
Dragons , mourut le 23. Février
, âgé de 73. ans.
Son pere eftoir Mr d'Arnolfini
, qui a eu l'honneur
de montrer à monter à
Cheval au Roy , il avoit un
frere nommé le Marquis
d'Arnolfini
, qui eft mort
Marechal des Camps & Ar
mées du Roy.
GALANT 85
Mre Marie Jean - Baptifte
Colbert , Marquis de Seignelay
, Maiftre de la Garderobbe
du Roy , Brigadier
de fesArmées, & Colo
nel du Regiment
de Champagne
, mort fubitement
le 26. Février 1712 en fa 29.
année. Il eftoit fils aifné de
feu Mr le Marquis de Seignelay
, Miniftre & Secretaire
d'Etat , & petit fils de
feu MrColbert auffi Minif
tre & Secretaire d'Eftat , &
Controlleur
General des
Finances , & de Marie de
Gouyon de Matignon , qui
86 MERGURE
en fecondes nôces époufa
Charles de Loraine Comte
de Marfan dont elle a eu
des enfans , cette Dame
eftoit arriere petite fille du
Marefchal de Matignon, H
avoit épousé en 17.08 . Marie
Loüife Maurice de
Furftemberg , fille d'Antoine
Egon, Prince de Furftemberg
& de l'Empire
Gouverneur de l'Electorar
de Saxe , & de Marie de Li
gny , dont il laiffe deux
filles ,
wolfoth
?
Mre Hugues Betault , Seigneur
de Chemcaux , cy
GALANT. 87
devant Maistre des Re .
queftes , mort le 2. Mars
17129
Il a eu pour four , Ma
dame la Prefidente Molé
, qui eftoit mere du dernier
Prefident à Mortier
de ce nom & Madame
Poncer qui a épousé en
fecondes nôces Mr Ferant,
il avoit épousé une Damoifelle
de Beon du Maffés de
Luxembourg , qui eft foeur
de Mr le Marquis de Beon
cy - devant Colonel d'In
fanterie , leur mere eftoit
de la Maiſon de Cugnac de
88 MERCURE
Dampierre
; la Maiſon de
Beon tire fon origine ades
anciens Princes de Bearn ,
dont elle porte les Armes ,
elle a eſté alliée à pluſieurs
Maiſons
Souveraines
, &
le Bis- ayeul de cette Dame
Bernard
de Beon , Cheval
lier de l'Ordre
, Capitaine
des Gens- d'Armes , & Gou
verneur du Limofin
, avoit
épousé une Princeſſe
de la
Maifon
de Luxembourg
.
Le 3. Mars Charles
de
Saulx Marquis
deTavanne
,
époufa Marie- Anne. Urfule
Amelot , fille de MrAme
lot
GALANT 89
lot de Gournay, Ambaffadeur
en Eſpagne , & Con.
d'Eftat , fa coufine feiller
iffuë de germaine.
Il eft fils du Marquis de
Tavanne , Lieutenant General
de la Province de
Bourgogne , & de Damoifelle
d'Agueffeau fille de
Mr d'Agueffeau , Confeiller
d'Etat Ordinaire , &
foeur de Mr d'Agueffeau
Procureur General du Parlement
de Paris . La Maifon
de Saulx- Tavanne tire
fon origine d'Allemagne
où elle a toujours tenu auf
Mars
171221 H
?
90 MERCURE
1 :|:::
fi- bien qu'en France , un
rang confiderable , elle eft
établie dans la Province de
Bourgogne , elle a eu un
Marefchal deFrance nommé
le Marefchal de Tavanne
, on fçait que ce Seigneur
paroiffant tout fanglant
des bleffures qu'il
avoit reçues dans un Combat
, où il s'eftoit fignalé
devant le Roy Henry II.
ce Prince luy mit font collier
de l'Ordre au col & le
fit Chevalier de l'Ordre
fur le Champ de Bataille .
La Maifon d'Amelot eft
tres - ancienne & une des
GALANT 91
Robbe
plus confiderable de la
tant par les
grands Emplois qui y ont
efté , que par les Alliances
confiderables qu'elle a eu
des premieres Maiſons du
Royaume, comme la Maifon
de Beon , de Luxem
bourg , de Vaubecourt
de Rohan , d'Aumont
, &
de Nicolai , & c.
Heraults d'Armes.
L'employ des Heraults
d'Armes confiftoit à aller
dénoncer la guerre , fommer
les Villes de fe rendre,
& dreffer un fidele Procez
Hij
92 MERCURE
verbal ( comme ils le peuvent
encore à preſent ) de
tout ce qu'ils ont fait &
dit , & de tout ce qui leur
a efté refpondu. Ils publioient
la paix comme ils
dénonçoient la guerre ;
faifoient défenfes à tous
mefme aux Princes , de
l'enfraindre , à peine d'eftre
déclarez traiftres &
perturbateurs du repos pu
blic , anfracteurs de la foy
donnée , & criminels de
leze Majefté , & ceux qui
contrevenoient à la Paix
ils les citoient & mettoient
GALANT. 93
au Ban , comme par un
dernier remede , portant
avec foy le fer & le feu . Anciennement
quand ils publioient
la Paix , ils eftoient
couronnez de guirlandes
d'olivier , & en portoient
des rameaux en leur main ,
& la Ville ou la Cité où elle
eftoit publiée leur devoit
un marc d'or , ce qui s'ob
ferve encore en ce temps .
Quelquefois ils fignifioient
les pardons & les graces
que les Rois & les Princes
accordoient aux Sujets qui
eftoient tombez dans des
94 MERCURE
fautes confiderables.
Ils font employez aux
facre & couronnement de
nos Rois . Ils y font les cris
& proclamations ordinaires
, précedent le Roy allant
à l'Offrande , & y font
employez à faire les lar
geffes. Au facre du Roy
Philippe le Bel , Gauthier
de Troye fon Herault
d'Arme fut habillé des ha
bits que le Roy laiffa pour
prendre ceux de la folem
nité du facre , & tous les
veftements Royaux fourrez
d'hermine qui cou-
C
GALANT. 9
vroient la perfonne du Roy
en fon facre ( excepté la
Couronne d'or , le fceptre
& la main d'yvoire ) ap
partenoient aux Officiers
d'armes , il en eftoit de
meſme aux Couronnements
des Reines .

Aux mariages & cérémonies
nuptiales ils renoient
leurs rangs & eftoient
les Meflagers , & le
plus fouvent en portoient
les premieres paroles , auffi
tous les manteaux Royaux ,
ou ceux des Princes &
Princeffes , ou leur cotte
96 MERCURE
d'armes eftoient déployées
leur appartenoient anciennement
.
Aux baptefines des Enfans
des Rois & Princes
ils déployoient leur cotte
d'armes , les vafes , éguieres
, faliere , baffin à laver,
les manteaux & langes de
parade , la baffinoire , dais ,
& oreillers des enfans baptifez
leur appartenoient
,
& après le baptefme ils
jettoient par les rues des
pieces d'or au peuple , &
crioient par trois fois , largeffe
, largeffe , largelle ,
de
GALANT. 97
de la part du tres- noble
Roy.de France , pour ce
que Dieu luy a donné lignée.

Aux feftins Royaux que
les Roys faifoient aux qua.
tre bonnes Feftes de l'année
, où ils tenoient
Cour
pleniere
& grand tinel ,
ils appelloient
le grand
Maiftre , le grand Pannetier
, le grand Bouteiller
,
& autres anciens Officiers.
de la Maiſon Royale , pour
venir faire leurs offices en
la grande Salle du Palais ,
où le préparoit le banquet,
Mars
1712.
I
98 MERCURE
.
& ce jour ils avoient lar
geffe entiere & nouveaux
habillements
, & la coupe
d'or dans laquelle le Roy
beuvoit , leur appartenoit
,
Ils n'affiftoient
pas feulement
à toutes ces cérémonies
des Princes vivants,
mais encore les accompagnoient
en leurs obfeques
& funcrailles ; d'abord ils
faifoient tendre la Salle de
drap noir , faifoient cou
vrir le lit , & après avoir
tout ordonné ils fe tenoient
comme les Officiers d'armes
le font encore jour &
GALANT. 99
nuit affis auprés du lit de
parade où eft le corps du
défunt , pour preſenter
l'afperfoir aux Princes , aux
Prélats, Cours fouveraines,
& autres grands Seigneurs,
pour jetter de l'eau benite
fur le lit mortuaire . Enfuite
le jour de la pompe fune
bre ils marchoient en longs
habits de duëil , un peu de
vant le chef du convoy.
& eftant arrivez à l'Eglife
ils enfermoient dans le
tombeau toutes les marques
d'honneur, comme la
Couronne , le Sceptre , la
I ij
100 MERCURE
Main de Justice , le Colier
des Ordres , le Caſque, l'Ecu
, l'Epée , les Gantelets ,
les Eperons , la Cotte - d'armes,
les Eftendarts, les Enfeignes,
& les Bannieres , &
après que le grand Maiftre
de France,mettant fon
bafton dans la foffe , avoit
prononcé tout bas le Prince
eft mort , ils crioient à
voix haute par trois fois , le
Prince eft mort, priez Dieų
pour fon ame.
GALANT. ΙΟΥ
AVANTURE
de deux Officiers.
Lettre de Boulogne en
France.
ONSIEUR,
Nous lifons fort regulierement
voftre Mercure en cette
Ville , mais ce que les Dames
Boulonoifes y aiment le mieux
cefont les hiftoriettes ; & comme
vous ne nous en avezpoint
donne les deux derniers mois ,
nous avons creu que peut- eftre
lesfujets vous manquoient, voi-
I lij
102 MERCURE
cy une avanture qui vous pourra
fervir de canevas.
Un riche bourgeois de
Boulogne , bon homme ,
mais un peu foible d'eſprit
& fort timide , avoit une
tres- jolie fille à marier . Un
Capitaine de noftre garnifon
qui eftoit fon hofte ,
prit un tel afcendant fur
le bon homme , qu'il ne
put luy refuſer fa fille en
mariage. Cette fille , qui
d'ailleurs n'avoit point
d'autre affaire en tefte , con .
fentit par obeïffance à l'époufer
, le mariage fut reGALANT.
103
folu.
Cependant le pere
ne voulut le conclure qu'aprés
qu'il auroit fait un petit
voyage à Diepe pour
quelques affaires qu'il falloit
y
terminer avant que
de marier fa fille . Il l'emmena
avec luy , & promit
au Capitaine qu'il feroit de
retour dans quinze jours
au plus tard .
Cette aimable fille eftant
arrivée à Diepe avec
fon pere, trouva dès le mef
me foir , dans l'auberge où
ils deſcendirent
, un jeune
Officier qui devint paffion
I iiij
104 MERCURE
nément amoureux d'elle ,
& s'en fit aimer en peu de
temps . Son pere qui s'en
apperceut , luy deffendit
de voir le Cavalier. Mais
il n'avoit pas affez de fermetépour
deffendre au Cavalier
de la voir il la vit
en fa prefence , & fe fit
mefme fi bien connoiſtre
pour homme de famille
noble & riche , que le bon
homme l'euft préferé au
Capitaines'il cuft osé Pour
achever de le déterminer
noftre Cavalier creut avoir
befoin de luy prouver fa
GALANT. 109
naiffance & fes richeffes,
Il avoit une Terre à dix
lieues de Diepe , où il fit
un petit voyage de deux
jours feulement pour en
rapporter fes titres & autres
preuves convainquantes
de ce qu'il eftoit . Mais
ce voyage luy coufta cher ;
car dès qu'il fut party , le
pere ayant terminé fes affaires
pluftoft qu'il ne croyoit
, & le remettant dans
l'idée un Capitaine fier ,
emporté , & mefme un peu
brutal , à qui il avoit promis
, & qu'il retrouveroit
106 MERCURE
dans fa maiſon , fa timidité
le reprit , & il remmena en
diligence fa fille à Boulogne
, pour conclure avant
que ce nouvel Amant peuft
les rejoindre . Le Capitaine
qui attendoit avec impatience
le retour de fa maiftreffe
, preffa le mariage ,
mais elle faifoit naiftre des
fujets de retardement de
jour en jour. Enfin le pere
n'ayant plus la force de refilter
à l'empreffement du
Capitaine , prépara les nôces
pour le lendemain.
Cependant l'Officier aGALANT
. 107
moureux eftant de retour
à Diepe avoit efté furpris ,
comme vous pouvez croire
, de n'y plus retrouver fa
Maiftreffe Il cherchoit une
voiture pour Boulogne ,
lorfqu'un Pilote luy promit
de l'y mener par mer
en fort
peu de temps
. II
accepta
le party
& s'embarqua
. Les voilà
en mer avec
un vent
fi favorable
qu'ils
croyoient
desja
toucher
la rade
de Boulogne
lorfqu'ils
apperçûrent
un
petit
Vaiffeau
qui
venoit
fur eux
, c'eftoit
un Capre
108 MERCURE
Hollandois. Il y avoit avec
cet Officier plufieurs Soldats
ramaſſez qui alloient
auffi à Boulogne. L'Offi .
cier remarquant que
Capre eftoit fans canon
exhorta les Soldats à fe bien
deffendre mais les Hollandois
, en nombre fort
:
le
fuperieur , vinrent à l'abordage.
Enfin l'Officier fut
fait prifonnier
, & ceux qui
le prirent , le voyant magnifiquement
veftu , fe flaterent
d'une forte rançon
& mirent le Cap vers Flef
fingues . Imaginez- vous le
GALANT. 109
defefpoir de noftre Amant ,
Les Corfaires qui l'avoient
pris n'entendoient point
fa langue mais par bonheur
pour luy un des Equipes
du Capre parloit un
peu François , & luy fervant
d'interprete , il luy
menagea un accommode.
ment . On convint qu'il
leur donneroit en nantiffement
quelques uns des papiers
qu'il avoit fur luy , &
fa parole d'honneur , que
les Corfaires accepterent
fur la bonne mine , moyennant
quoy on le relaſcha à
110 MERCURE
?
Boulogne feulement pour
vingt - quatre heures de
temps qu'il leur demanda.
Dés que l'Officier fut
dans la Ville il courut chez
fa Maiftreffe où le Pere
fut fort furpris de le voir
arriver. Le Pere , la Fille
& l'Amant , curent enfemble
un éclairciffement , aprés
lequel le bon homme,
felon fa foibleffe ordinaire
, témoigna à l'Officier
qu'il cuft voulu de bon
coeur luy accorder fa Fille :
mais qu'il craignoit ce Capitaine
à qui il avoit donné
GALANT. III
fa parole.
L'Officier , fans rien tef
moigner d'un deffein qu'il
avoit fceut adroitement
le nom & la demeure de
ce Capitaine dans Boulogne
, & dit au pere qu'il
alloit chercher quelque
moyen d'accommodement
à cette affaire . H
entra dans l'Auberge où
mangeoit ce Capitaine ,
dans le moment qu'on alloit
fouper. Dès qu'il le
-vit entrer, il le regarda fixement
il fut de fon
cofté , furpris en envifa12
MERCURE
geant ce Capitaine
, & leur
furpriſe mutuelle
venoit de
ce qu'ils fe trouverent
un
certain air de reffemblance
l'un à l'autre qui les
frappa reciproquement
en
mefme
temps
.
Le deffein de l'Officier
en allant chercher fon rival
, eftoit de trouver occafion
de querelle pour fe
battre contre luy . Mais
cette reffemblance , qui
frappa auffi ceux qui ef
toient preſents , fut occafion
pour eux d'obliger les
deux Sofies à boire enfemble.
GALANT . 113
ble. L'Officier ne
ne put fe
diſpenſer
de ſe mettre
à
table avec eux. Il fut trifte
& réveur pendant
tout le
fouper: mais le vin qu'on y
but ayant mis le Capitaine
en gayeté , il luy vint une
imagination
gaillarde
qui
donna lieu à noftre Officier
d'imaginer de fon coſté ce
que vous verrez dans la
fuite.
Il y avoit un Bal d'eſté
pour une noce chez un
Bourgeois conſiderable.
Le Capitaine propofa à
l'Officier pour toute maf
Mars 1712.
K
114 MERCURE
carade de troquer d'habit
avec luy , ce qui fut execu
té , & ils allerent au bal enfemble
. Je n'ay point fceu
ce qui s'y paffa , mais ces
deux hommes , pris apparemment
l'un pour l'autre ,
donneroient fujet à ceux
qui voudroient faire une
Hiftoriette de cette Avanture
de s'eftendre agreablement
fur les méprifes
que cela put caufer .
Sur les quatre heures du
matin le Bal finit , & -l'Officier
changea le deſſein
qu'il avoit de fe battre con
GALANT. 115
tre fon rival, imaginant un
moyen plus doux pour s'en
défaire , il luy propofa de
luy donner un déjeûner
marin , fe difant Capitaine
du Vaiffeau qui l'attendoit
où il luy promit de donner
mefme s'il vouloit une fefte
marine à fa maiftreffe , le
beautemps invita le Capitaine
à voir lever l'aurore
fur la mer,il accepta le déjeûner
, & l'Officier luy demanda
feulement un quart
d'heure pour une petite af
faire , & le livra à lon valet
à qui il avoit donné le mot
Kij
116 MERCURE
pour le mener tousjours
devant au vaiffeau qui attendoit
à la rade fon prifonnier.
Ce Capitainefortant
du bal n'avoit point
encore changé d'habit , &
marchoit vers la rade fuivy
du valet , qui luy dit
comme par une reflexion
foudaine qui luy venoit ; je
prévois une plaifante chofe ,
Monfieur; c'est que tous lesgens
du Vaiffeau de mon Maistre
vous vont prendre pour luy ;
Ce Capitaine prit gouft
la plaifanterie , & dit qu'il
falloit voir s'ils s'y méGALANT
. 117
prendroient . Il faut remar
quer que ce valet avoit prévenu
ces gens la que fon
Maiftre reviendroit , mais
qu'il avoit bu toute la nuit,
& qu'ils ne priffent pas
garde à fes folies , le Capitaine
qui avoit en effet
du vin dans la tefte , abor
da le vaiffeau en criant ,
enfans prenez les Armes ,
voilà votre Capitaine qui
revient , en ce moment le
valet leur fit figne qu'ils
le receuffent , & fe fauva
fans rien dire pendant
qu'ils faifoient les hon118
MERCURE
neurs du vaiffeau , à celuy
qu'ils croyoient leur prifonnier
, trompez par l'habit
& la reffemblance .
Quand cette ceremonie
eut duré un certain temps ,
les Hollandois s'en lafferent,
& ayant pris le large ,
le traiterent comme leur.
prifonnier qu'ils emmenerent
à Fleffingue.
Le Capitaine eſtant étourdy
de vin & de furpris
fe , & les Hollandois n'entendant
pas fa langue , on
juge bien que l'éclairciffe
ment fut impoffible , on
GALANT . 119
l'emmena de force, & il fut
quelques jours à Fleffingue
fans pouvoir retourner à
Boulogne , où le Pere timide
fe mit fous la protection
de fon gendre , fur la
valeur duquel il fe raffura
fa
contre le retour du Capitaine
, trouvant l'autre un
meilleur party pour ſa fille
, le mariage fut conclu
avant que le Capitaine
fuſt revenu de Fleffingue
ils le battirent quelque
temps aprés , le Capitaine
fut bleffé , & on les accommoda
enfuite de façon
120 MERCURE
qu'ils font à prefent les
meilleurs amis du monde .
Lettre de Madame D.T. aprés
Ja petite verole , en luy envoyant
lejour defa feste un
Collierde Perles en las d'amour.
ME promenant hier au
foir plus tard qu'à mon ordinaire
il m'arriva , Madame,
une avanture affez fur.
prenante pour mériter de
yous eftre racontée.
J'admirois en refvant , les
beautés de la nuit ,
Quand
CALANT . 121
Quand tout à coup un
agréable bruit ,
En eft venu troubler le paifible
filence .
On entendoit par tout mille
nouveaux concerts ,
Plufieurs effains d'amours
fe voyoient dans les airs .
Qui fembloient vers Paphos,
voler en diligence ;
Je fis pour leur parler des
us efforts fuperflus ,
Tous ces frippons ne me
connoiffent plus.
Je leur demandois des nouvelles
Du deffein qui les con-
L
Mars
1712.
122 MERCURE
duifoit ;
Mais c'eftoit vainement
pas un ne répondoit ,
Ils s'en fuyoient à tire d'ailes
,
Enfin un vieux amour
qui marchoit lentement ,
Daigna s'arrefter pour
m'entendre
Je le conjuray de m'apprendre
Où fes freres alloient avec
empreffement
Je veux , dit- il , vous en inftruire
Vous m'entendrez avec
plaifir ,
GALANT. 123
Alors pour contenter mon
curieux défir ,
En deux mots il m'apprit
ce que vous allez lire.
Avant que d'aller plus
loin , vous ferez peut eftre
ſurpriſe de l'épithéte
que j'ay donnée à l'amour
qui me parla . Sa vieilleffe
ne paroift pas compatible
avec la Divinité qu'on accorde
au fils de Venus :
Mais Madame.
Ces Dieux , tout Dieux
qu'ils font reconnoiffent
le
temps ,
Lij
124 MERCURE
A fes Loix ils s'aflujettif
fent.
Tous les Poëtes ont beau
nous les dépeindre
enfans
,
Il n'eft que trop certain
que les amours vieil.
liffent ,
Mais helas ! c'eft bien pis ,
ils meurent les amours
Plus malheureux que nous
ne fommes ,
Nous ne voyons pas que
leurs jours
Durent autant que ceux
des hommes.
Reveyons à la converfation
GALANT . 125
quej'eus avec noftre amour
Barbon. Il commença par
me faire des excufes de
l'impoliteffe de ceux qui ne
m'avoient pas écoutée. Il
fautleur pardonner , me ditil,
car quoyque je vous connoiffe
depuis longtemps ,
& qu'un temps plus galant
que le leur m'ait vû naiftre
, je vous avouë que je
ne m'arreſte icy qu'avec
peine.
De noftre empreffement
ne vous eftonez pas ,
Nous fommes attendus par
l'amour & fa mere ,
Liij
126 MERCURE
Pour celebrer le retour des
appas
D'une beauté qui vous cft
chere
#
Sans elle en ces climats
nous ferions inconnus ;
Qu'elle nous a caufé d'allarmes
! spe
Si le fort n'euft rendu fes attraits
à nos larmes ,
N'en déplaife au fils de
Venus
Il pouvoit renoncer au pou
voir de fes armes ;
Ce Dieu perdoit , malgré
fes charmes ,
Le plus clair de fes revenus .
GALANT. 127
A peine eut- il fini ces
mots , qu'il me laiffa remd'eftonnement
& d'un plie
defir extrefme de me trouver
à une fefte que je compris
bien qui me regardoit.
La tendre amitié ma compagne
ordinaire , s'offrit à
m'y conduire , elle me mit
fur fes aifles ( car elle en a
auffi-bien que l'amour ) &
me fit arriver heureuſement
à Paphos , où le plus
beau fpectacle du monde
eftoit encore embelly par
la joye qu'on voyoit briller
dans les yeux de ceux qui
*
Lilij
128 MERCURE
le compofoient. Ma fidelle
conductrice s'alla placer
auprés de fon frere , & je
me rangeay auprés des ris
qui m'amuferent par cent
agréables badineries , lorfqu'ils
furent interrompus
aller achever la cerepour
monie.
Une aimable troupe de
jeux
En partant fe mit à leur
tefte ;
On voyoit marcher aprés
eux
Les graces en habit de feſte ;
Les amours , couronnés
GALANT., 129
もde fleurs ,
Portoient en triomphe les
Coeurs
Dont par tes yeux ils firent
la conquefte , ནི ; - ,,
Avec des airs mélodieux
Ton nom montoit jufques
aux Cieux
Le Dieu charmant qu'on
adore à Cythere
Au pied du Throne de fa
mere
Chantoit avec un coeur
d'amours ,
Banniffons les triftes allar.
mes ,
Iris a repris tous les charmes
430 MERCURE
Nous régnerons toûjours.
Enfuite au lieu de feu de
joye , les Amours donnerent
aux coeurs qu'ils portoient
la liberté de faire
briller leurs flâmmes , &
cela fit pendant quelque
temps un trés - agréable ef
fet, aprés que ces pauvres
coeurs furent confumez ,
Cupidon aſſembla fes plùs
tendres amis , & leur dit
qu'il manqueroit toûjours
quelque chofe à fa gloire ,
tant que vous ne feriez pas
fous fon Empire
; que pour
vous y foumettre il avoit
GALANT . 131
fouvent eu recours à fes
plus puiffantes armes ; mais
que puifqu'il vous trouvoit
toûjours en garde contre
fes traits , il vouloit fe fervir
d'un autre moyen pour
vous attirer. Il commanda
fur l'heure que l'on travaillaft
à un certain nombre de
lacs d'amour , fur lefquels
il prétendoit répandre un
charme , auquel vous ne
pourriez refifter ; mais l'Amitié
attentive à vos inte
refts & aux fiens , s'en faifit
avant qu'il euft eu le temps
d'executer fon deffein , &
132 MERCURE
me les donna tels que je
vous les
envoye .
Iris, reçois ces noeuds , que
rien ne t'épouvante.
Ils furent volez à l'amour ,
Et c'est par mes mains en
ce jour
Que l'amitié te les prefente
;
Elle prétend te fixer dans
fa Cour
,
Daigne refpondre à fon attente
Pour réüffir dans fes projets
C'eft en toy feule qu'elle
efpere ,
GALANT. 133
Elle veut avoir des fujets
Auffi vifs que ceux de fon
frere.
Le deuil de la France.
ODE.
Par Mr de la Motte.
PRINCE que de fes
mains facrées *
A formé la
Religion ,
Loin de toy les douleurs
outrées ,
* Le commence vent de cette Ode
efté fait aprés la mort de Madame la
Dauphine , & adreffe à Monseigneur
le Dauphin avant que la France l'eus
perdu,
$34 MERCURE
Fruits amers de la Paffion.
Tes yeux pleuroient encore
un Pere ,
Et des jours d'une Epouſe
chere
Tu viens de voir trancher
le fil :
Mais de la Foy , ' fublime
Eleve ,
Dans l'inftant qui te les
enlever
Tu vois la fin de leur exil .
L'un & l'autre a fourny
fa courfe
Prefcrite par l'ordre éternel
;
Tous deux rappellez à leur
fource ,
GALANT
135
Dieu leur ouvre un fein
paternel.
Jamais noftre mort n'eſt
trop prompte ,
Quand les jours que le Ciel
nous
compte
A fes yeux font affez remplis
;
Il meſure nos
deftinées ,
Non , par le nombre des
années ,
Mais par les devoirs accomplis.
Ainfi l'Auteur de ta naiffance
,
L'amour de
l'Empire François
,
136 MERCURE
Fut donné par la Providence
Pour modelle aux enfans.
des Rois.
Refpectueux
, fidele & tendre
,
>
Tous les jours ont dû leur
apprendre
Ce qu'eft un Pere cou
ronné :
D'un zele auffi rare que
jufte ,
1leftlong- temps l'exemple
sauguſte ,
Et meurt , quand l'exemple
eft donné .
Ainfi cette Epoule cherie
Que
GALANT. 137
Que tu pris des mains de la
Paix
,
A de fa
nouvelle patrie ,
Comblé les plus ardents
fouhaits.
C'eftoit fa tendreffe feconde
Qui devoit enrichir le
monde
De Princes nez pour t'imi-
Quel c
ter.
l'éloge digne
d'elle ?
Tes pleurs . Sa vie eſt aſſez
belle ,
Puifqu'elle a fçû les meriter
.
Mars
1712.
M
138 MERCURE
Mais , cher Prince , fi tu
nous aimes ,
Commande à con coeur , à
tes yeux ;
Songes que par nos pertes
mefmes
Tu nous deviens plus précieux.
Que pour nous ton amour
redouble ;
A la nature qui fe trouble ,
Que cet amour faffe la loy;
Un plus grand objet t'intereffe
,
Craint en allarmant fa tendreffe
,
D'expoſer ton Pere & ton
Roy.
GALANT. 139
O Ciel ! quelles plaintes
foudaines !
Quels cris ! tous les yeux
font en pleurs !
Le fang s'eft glacé dans
mes veines ;
Je crains d'apprendre nos
malheurs.
L'efperance eft-elle ravie !
Te perdons- nous ; & pour
ta vie
Fais- je icy des voeux fuper-
Aus ?
Aux
larmes que je voy
répandre
,
Prince , je le dois trop entendre
,
Mij
140 MERCURE
Je te confole , & tu n'es plus !
C'en eft fait ; une mort fatale
A l'Epoule a rejoint l'Epoux ;
Je voy la couche nuptiale
Se changer en tombeau pour
vous.
Au féjour des divines flâmes
Tandis que s'envolent vos ames
,*
Vos cendres vont ſe réünir.
O ciel ! eft ce grace ou vengeance.?
r .
Eft - ce hafter leur récompenfe,
Ou te hafter de nou's punir ?
Je le voy trop , ta main ſevere
Punit ' notre indocilité ;
Tu nous reprends dans ta colere
,
Les dons que nous fit ta bonté:
Tu punis un peuple volage ,
Vain des fuccès de fon courage
,
GALANT 141
Ou par les revers abbattu ;
Un peuple , l'efclave du vice ,
Qui pour tout refte de juftice ,
Sçait louer encor la vertu.
Nous élevons prefque des
Temples
Au Prince que tu nous ravis
Contents de loüer fes exemples,
Mieuxloüez s'ils eftoientſuivis.
L'humanité compatiſfante ,
La juftice perfeverante ,
Le zele ardent de tes Autels ;
Et cette active vigilance
D'un Prince qui croit la Puif
fance
Comtable aux befoins des mor
tels.
Digne chef d'oeuvre de la
Grace !
Combien de vertus en luy feul!
C'eſt en luy que pour noftre
race
142 MERCURE
Devoit revivre fon ayeul .
Jaloux d'un Heroifme utile ,
Il eût pleuré le jour ſterile
Que fes dons n'auroient pû
marquer.
Prince ; ainfi la France telouë ,
Ainfi l'Univers l'en avouë ;
Je fais plus, j'ofe t'invoquer.
Ouy , fans qu'un miracle
m'attefte
Ta nouvelle felicité ,
Je te croy de la cour celefte ,
Sur la foy de ta Pieté.
Que là , notre intereft t'infpire
,
Fais que LOUIS de cet empire
,
Soit encore long - temps l'ap
puy ;
Obtiens qu'au gré de noſtre envie
GALANT. 143
Dieu mefme commande à la
Vie f
D'étendre fes bornes pour luy.
Soutiens nos prieres des tiennes
;
De la Paix haſte le lien :
Affez long-temps les mains
chreftiennes
2
Ont refpandu le fang chreftien.
Que la Paternelle tendreſſe
Pour tes fils encor t'intereffe
C'eſt l'eſpoir d'un peuple allar
Tags mé :
Que tes vertus en eux renaiffent
:
Et que pour t'imiter , ils croif-
Sous les
fent
yeux qui t'avoient for
mé.
Pour qui fe r'ouvre encor la
tombe ?
144 MERCURE
Chaque inftant aigrit noſtre
fort
;
Avec les époux le fils tombe !
Arreſte infatiable Mort.
Et toy , qui rends les faits ce-
'lebres ,
Vole , repands ces fons funebres
Dont ma lire a frappé les airs :
Que jufques aux dernierės races
Ce monument de nos difgraces
Attendrifle tout l'univers.
-1°
C
GALANT.
145
M. Nicolas CatinatMarêchal
de France , connų
par fes grandes actions ,
mourut fans alliance le 23 .
Février 1712. en fa terre de
St. Gratian prés Paris , en
fa 74. année .
Il étoit fils puiſné de M ,
Pierre Catinat mort
Doyen des Confeillers du
Parlement , & de Françoiſe
Poille , Dame de St. Gratian
, & avoit pour frere
aifné René Carinat
, Seigneur
de St. Mars Confeiller
d'honneur au Parlement ,
mort en Janvier 1704. qui
Mars 1712,
N
146 MERCURE

de Françoiſe Frezon , a laifpour
enfans Louis Ca
tinat , Abbé de St. Julien
de Tours , & Pierre Catinat
Seigneur de St. Mars , aujourd'huy
Confeiller au
Parlement , qui a épouſé
en Juin 1700. Marie Fraguier
fille de Nicolas Fraguier
, Seigneur de Guyennes
,
Confeiller au Parle
ment , & de Jeanne Charpentier.
La famille de Mr. Catinat
auffi modeſte qu'il
étoit n'a jamais voulu don.
ner des memoires que je
GALANTA 147
1
fuis obligé de chercher
ailleurs, cela m'a fait diffe
rer le refte de cet article.
au mois prochain, en refor .
mant ce qui pourroit être
défectueux dans ce petit
article.
M. N. Barjavel Prêtre ,
qui avoit été nommé Abbé
de la Vernuce en Auft
1711. mourut le 24. Février
1712.
M. François Paul le Févre
Chancelier
, Seigneur
d'Ormeffon , du Cheret, &
Maître des Requêtes &
Intendant de la Generalité
Nij
148 MERCURE
>
de Soiffons , mourut fubitement
à Paris , le 21 .
Février. host
M. Claude Châtelain
Chanoine honoraire de l'Eglife
de Paris , mourut en
la maiſon Clauftrale le 20.
de ce mois , agé de 73. ans .
Il y a quelques années qu'il
s'étoit démis de fon Canonicat
, en faveur de l'Abbé
Châtelain de Tilly fon ne
veu. C'étoit un homme
d'une érudition profonde ,
particulierement en ce qui
concernoit l'Hiftoire des
Saints , qui eft le nom qu'on
GALANT. 149
t
P
peut donner au Martyrologe
univerfel, que fes in
firmités caufées par une
grande aplication & un
grand travail , l'ont empê
ché d'achever enfin fon
éloge eft contenu dans ce
qu'en a dit un celebre au .
theur,Caftellanum fuum non
cognovit fæculum , que le fié,
cle n'a pas connu ce que
valoit un de ceux qu'il doit
compter au nombre de fes
grands hommes . En effet
les plus fçavans Prélats , les
Autheurs les plus illuftres
ne mettoient point la der-
Niij
150
MERCURE
niere main à leurs ouvrages
fans l'avoir confulté , &
trouvoient chez luy des
déciſions fures & fçavantes .
C'est une perte nonfeulement
pour la France , mais
pour l'Italie , pour l'Efpagne
, Hollande , Rome , Milan
, & autres lieux , d'où il
étoit confulté. Le fçavant
Pere Papebroh d'Anvers
avoit avec lui un comerce
d'érudition , Enfin la refor
me des Breviaires de Paris,
de Cluny , de Sens , d'Or.
leans , d'Evreux , de Lion
& une infinité d'autres , ne
GALANT.
ISI
doit la pureté qu'à l'exacte
capacité qu'il avoit fur ces
matieres dans lesquelles il
étoit confommé.
Dame Helene d'Aligre ,
veuve de M. Claude de
Laubefpine , Marquis de
Verderonne, mourut le 16.
Mars 1712.5821me på ¸tai
* M. Gabriel du Maitz ,
Chevalier Seigneurs de
Goimpy , St Leger & c . Intendant
de juftice , Police ,
Finance & Marine aux Ifles
de Terre ferme & de l'Amerique
, mourut le 19.
Mars 1712. dus su va
Niiij
152 MERCURE
193 DamefAnne le Clerc de
Leffeville , époufe de M.
Armand de St. Martin ,
Chevalier Seigneur de Taverny
, Montabois & c.
K
Confeiller du Roy en fa
Cour de Parlement , mourut
le 21. Mars 1712 .
On parlera de cet article
& de quelques autres
de ce mois- ci plus amplement
dans l'autre , & l'on
tâchera d'orner les articles
ainfi differezde quelques éruditionshiftoriques
fur ces
familles ou fur d'autres
faits qui conviendront au
AGALANT
153
fujet, afin de dédommager
l'ancienneté de ces nouvelles
dont il eft difficile d'avoir
fitôt des mémoires.
:
2
NOUVELLE RECENTE
Il vient d'arriver une
nouvelle de Flandre dont
le fond eft déja comfirmé,
mais comme l'Impreffion
preffe , on ne vous donne
icy que le premier détail
qui en eft venu , & dont
quelques
circonftancès
pouroient être fujeres à re154
MERCURE
forme : voici ce qu'on en
dit aujourd'huy.
M. de Vivans avoit fait
un détachement pour fa
ciliter l'arrivée d'un convoy
pour Maubeuge , &
pour achever d'en remplir
les magazins comme on a
fait dans toutes nos places ,
nos gens conduifoient le
convoy lorfqu'ils curent avis
que cinq- cent chevaux
des ennemis venoient pour
l'enlever , les noftres jugerent
que les ennemis
les voyant un nombre à
peu prés égal n'entreprenGALANT.
355
droient pas de les attaquer.
Nôtre commandant mit
en embuscade la plus
grande partie de fon efcorte
, & marcha tres lentement
avec le reſte , qui
étant en tres petit nombre
attira les ennmis & c'eſt ce
qu'il fouhaittoit ; car aprés
une maneuvre dont on ne
fçait pas encore bien le détail
, on fit donner infenfiblement
les ennemis dans
l'embuscade
, & tous ſe rejoignirent
ſur eux , en forte
qu'ils ont été taillez en
piéces , on dit que tous nos
156 MERCURE
gens ainfi réunis ne compofoient
encore qu'environ
quatre-cent hommes.
SERENISSIMI
GALLIARUM DELPHINI
ET DELPHINE
EPITAPHIUM..
Hic quos aterno deflebit
Gallia luctu
Conjugis atque viri pulvis
& umbra jacent .
His idem tumulus , qui-
L
GALANT . 157
bus unum pectus,
amore , t
Ereptis morbo pracipitique
nece.
O crudele nimis fatum !
media cecidere juventâ
Noftraque cum illis , heu!
gaudia fpe/que cadunt.
Hos inimica rapit fors
quos modo regna manebant
Imperio meritis major
uterque fuis .
Hac Delphina fuit vir158
MERCURE
tute
for
&
fanguine
clara
, Hic
Delphinus
amor
gen- tis
, &
omne
decus
.
Abftulit
hunc
nobis
flo- rentibus
Atropos
annis
Lilia
quem
optabant
gloria
noftra
ruit
.
&
Huic numquam fueras
neque par pietate futurus
,
Hunc Mufa ftudiis inf
tituere fuis.
Hunc mors invidit Regem,
invidiffet & orbis ,
Luctibus huic noftris vita
perennis erit .
GALANT . 1591
Dernieres nouvelles.
du 25. Mars.
Tous les
Colonels
ont eu ordre de partir
pour fe rendre à leurs
Regimens
, les Officiers
Generaux n'ont eu ordre
que de fe tenir prêts,
Le gouvernement de
Fort- Louis a été donné
à M. de
Permangle.
On écrit que
Turcs font entrez en
les
Pologne avec le Roy
& que fur de Suede , &
cet avis , on a changé
160 MERCURE .
les difpofitions du voya
gemde l'Archiduc en
Hongrie. On a contremandé
plufieurs regimens
qui avoient ordre
d'aller en Flandres.
Dans le Mercure de
Septembre dernier on
a oublié dans l'article
des mariages celuy d'un
homme de cent deux
ans qui avoit épousé
une femme de foixante
& dix- huit ans, on en fit
les nôces à S. Lo . Et ce
mary
GALANT . 161
"
mary nommé Antoine
de la Rillere . Thibouft
,
eft mort le quatre
ce mois .
de
C'eſt un Colonel Efpagnol
nommé Scevola
qui a défait les cinqcent
chevaux dont on
parle dans un autre endroit
du Mercure.
Mr. le Prince de
Dombes eft hors de
danger.
M. de Vandôme eſt
guéri de fa goutte , qui
Mars
1712.
162 MERCURE
avoit retardé fon voyage
fur la Frontiere de
Valence pour avancer
la Campagne.

C'est la Reyne d'Efpagne
qui aprit la mort
de Monfeigneur le Dauphin
au Roy fon frere ,
on ne fçauroit exprimer
la douleur du Roy &
de la Reyne , ni la part
que les Eſpagnols y ont
pris.
Le Roy a fait la Scene
comme de coûtume
GALANT 163
le Jeudy Saints, en lavant
les pieds à douze
pauvres , fervis par Monfeigneur
le Duc de Berry
, Monfieur le Duc
d'Orleans , & d'autres
Princes & Seigneurs.
M. l'Evêque de Tournay
a fait l'Abfoute , &
l'Abbé de Copis de la
Fare le difcours ordinaire
.
Le S. de ce mois le
Milord Pelham mourut
fubitement à fa maifon
O ij
164 MERCURE
de Campagne , proche
Londres .
Le Chevalier de Soiffons
, neveu du Prince
Eugene , eft mort de la
petite verole.
Le 7. de ce mois le
Duc d'Ormond fut déclaré
General & Commandant
en Chef dés
Troupes qui font aux
Pays- bas , à la folde de
la Reyne ; le Comte
d'Arran , fon frere , a été
fait Grand Maitre de
2.
GALANT . 165
l'Artillerie en Irlande.
Le Duc de Beaufort
à été fait Gouverneur
du Comté de Glocerter
à la place du Comte
Berklei .
Le Procurateur Ruz
zini eft parti de Venife
pour ſe rendre en Hollande
, & affifter aux
Conferences d'Utrech
pour la paix .
Dona Bernardina veuve
de Dom Harazio
Albani s'eft retirée dans
166 MERCURE
le Monaftere de Torre
de Specchi.
ENIGME.
Je fuis fils de celuy de qui je
fus le pere ;
Fay donné la vie à ma mere ;
Sans deßein, fans fçavoir fi
je fais bien ou mal ,
Inanimé je forme un parfait
animal :
Ma fraicheur peu durable
eft pour le goût qui l'aime
D'une délicateße extrême ,
Puifque celuy qui la reßent
le mieux
GALANT 167
Me rebute fi-tôt que je lun
parois vieux.
Je Suis bon pour le maigre
peu propre au Carême ,
Auffi n'est- ce pas luy qui
rend ma face blême :
Mon
corps doux & poli n'eft
pas fort dégagé,
Cependant je figure aẞez bien
la table
Oùfouvent un ragoût qu'on
trouve délectable
Sans moy ne feroit pas mangé.
168 MERCURE
CHANSON
à dormir.
Venez admirer
fçience ;
ma
J'aprens
à dormir ſcavamment
,
Comme l'on dort à l'Audience.
Ronflez , ronflez gravement
,
La tête levée ,
Ouvrez les yeux en
dormant ,
Et bâillez la bouche
fermée .
GALANT. 169
ESTRENNES.
Voyage de l'Amour & de
l'Amitié.
IRis tout
exprés pour
• vous
Ces Dieux ont fait ce voyage
;
Il vous doit être affez doux
Qu'à s'accorder on engage
Les Maîtres de l'Univers ,
Qu'on voit rarement enfemble.
Faffe le Ciel , que les vers
Mars
1712.
P
170 MERCURE
De celui qui les raſſemble
Pour vous feule dans fon
coeur
Iris , ayant l'art de vous
plaire ,
Vous qui feule pouvez faire
Sa fortune & fon bonheur
,
Puiffe fa nouvelle année
Paffer comme une journée,
Les jours comme des momens
,
Que du refte de nos ans
La courfe foit fortunée ,
Et que nôtre deſtinée
Nous faffe avec ces beaux
jours
GALANT. 171
Si doux, fi dignes d'envie ,
Trouver la fin de la vie
Dans la fin de nos amours."
L'amour , partant de Cithere
Pour ſe rendre auprés d'Iris
,
Inquiet de n'ofer faire
Seul ce voyage à Paris ,
Viens , dit-il à l'amitié
Viens, chere foeur, par pitié
Servir de guide à ton frere ;
Car je ne veux en ce jour ,
Quoique le Conteur publie
,
Qu'il foit dit que la folie
Serve de guide à l'amour.
Pij
172
MERCURE
Chacun de nous a fes charmes
:
Je te prêteray mes armes ,
Prete moy , ma chere
foeur ,
Ton air fage , ta douceur ,
Cette tendreffe durable
De qui la folidité
Souvent n'eft pas moins
aimable
Que l'eft ma vivacité.
Cela dit , pour ce voyage
Ils troquerent d'équipage ,
Ils volent , fur leur paffage
On vit d'abord s'enflammer
Tout ce qui dans la nature
GALANT. 173
Jufques à cette avanture
Avoit refufé d'aimer.
Plus de Bergere cruelle ,
Plus de malheureux berger,
Chacun qui voulut chandan
gerd
Trouva maîtreffe nouvel
Qui voulut refter amant
Retrouva dans fa maitreſſe
Pour un refte de tendreffe
Un nouvel empreſſement.
Les amis fe rechaufferent ,
Tous les coeurs ſe renflammerent
,
On s'aima même à la Cour ,
Piij
174
MERCURE
Et la trifte indifference
Sentit dans fon froid féjour
Echauffer fon indolence
Aux approches de l'Amour.
Tandis qu'avec diligence
Ces Dieux traverfent les
airs ,
La nuit déployant fes - volles
D'un crêpe femé d'étoilés
Enveloppa l'univers.
Iris cependant livrée
Aux charmes d'un doux

fommeil ,
L
De ſes pavots enyvrée
GALANT. * 175
Attendoit que fon reveil
Sur fon tein eût fait éclorre
Bien plus de fleurs que
l'aurore
N'en avoit fait naitre encore
Sur le chemin du Soleil.
Quand tout à coup à ſa
porte
Cette belle entend dubruit.
Qui , dit-elle , de la forte
Ofe entrer ici la nuit ?
C'eſt un enfant miferable
Repond d'un air pitoyable
Cet enfant , maitre des
Dieux ,
Qui vient chercher en ces
Piiij
176 MERCURE
lieux
Un azile à fa mifere
Auprés de vos agrémens .
Je fuis chargé par ma mere
Pour vous de cent complimens.
On me banit , on me chafſe
,
Je trouve dans ma difgrace
Peu de coeurs affez bien
faits
Pour me donner encore
place.
On me traitte de cruel ,
On me traitte de parjure .
Et fans être criminel
Non , il n'eſt ſorte d'injure
GALANT
.
177
Dont je ne fois accablé ;
On diroit que j'ai troublé
Tout l'ordre de la nature
Cependant quelle impof
ture !
Sans moi, les hommes n'auroient
Qu'une languiffante vie.
Je fais naître leurs defirs ;
Je fais les ardens plaifirs
Par qui leur ame - eſt ravie
Sans moi qu'ilsignoreroiér.
Et je voy leur injuſtice
Oublier tous mes bienfaits ,
Et fur un leger caprice
Traiter même de fupplice
Les biensque je leur ai faits.
178 MERCURE
Vôtre pitié vous
engage
Au fecours des malheureux
,
Vôtre coeur eft
genereux,
Et par un doux affemblage
J'ay toûjours vû fa bonté
Compagne
de fa beauté.
Pour un enfant maltraitté,
Dit Iris , vôtre langage
Me paroît bien doucereux
,
Avec cet air langoureux ,
Ce ton doux , cet équipage
,
Ne feriez-vous point l'Amour
?
Je le fuis , mais las ! je n'ofe
Vous parler de mon reGALANT.
179
tour ,
Je fçai que je fuis la caufe
D'une infinité de maux
Dont l'affreufe jaloufie
Et fa trifte frenefie
Ont troublé vôtre repos.
Qui fit feul vôtre fouffrance
,
Doit faire vôtre bonheur ;
Auffi viens je en recompenfe
Vous faire preſent d'un
coeur
Digne de vôtre tendreffe ,
Comme il n'eft point aujourdhuy
Horſmis vous , d'autre
180 MERCURE
maitreffe
Au monde digne de luy
Ce coeur eft fait pour le
vôtre
Je les ay faits l'un pour
l'autre ,
De mille & mille agrémens
Vôtre ardeur fera fuivie ,
Et vos doux
engagemens
Feront de tous les momens
D'une fi charmante vie
Autant de jour de Printems.
Le moyen , à ta parole ,
Dit Iris , d'ajoûter foy !
Volage , n'eft- ce pas toy ,
Qui fous cet efpoir frivole
Trompas ma credulité ?
GALANT. 181
*
J'en conviens , la verité
N'eſt pas toûjours mon
partage ,
Répond l'Amour : mais je
gage ,
Que fur ma fincerité
La caution que j'amene
Va raffurer votre coeur ,
Et le convaincra fans peine.
L'amitié , ma chere four
Icy prefente s'engage
A tenir tous mes fermens,
Que dans l'ardeur de vous
plaire
Pour les rompre , j'ai fait
faire
182 MERCURE
Exprés aux autres amans,
Ta prudence eft non commune
,
Amour
, en cette
action
;
Qui
fut , foit dit fans
ran
cune ,
Si fujet à caution :
Fait très bien d'en mener
une
En pareille occafion.
Sans elle accepter je n'o
fe
Le coeur que l'on me propofe
,
'Avec elle je le veux ,
Et fans vous laiffer morfondre
GALANT 1831
Plus long- temps icy tous
deux ,
Si vôtre foeur veut répondre
D'unir la fincerité
A vôtre vivacité ,
Amour , j'accepte avec
joye
Ce coeur que Venus m'envoye
,
Et je figne le traitté.
184 MERCURE
PIECE NOUVELLE
Dialogue entre un Berger & une
Bergere , parM. D. A.
LE BERGER.
PHilis , tous nos Bergers
vous repetent fans
ceffe ,
Qu'ils fentent pour vous
de l'amour ,
Je les voy gémir chaque
jour
D'un nouveau tourment
qui les preffe ,
Je
GALANT 185
Je ne puis
comprendre
leurs
maux ,
Je voy tous les jours leurs
troupeaux
Auffi gras que les miens ,
bondir dans cette
plaine ;
Les biens que le
Printemps
amene
Sont communs à tous les
Bergers ,
Et pour tous , les Zephirs
legers
Rafraîchiffent nos Champs
de leurs douces haleines.
Quelles peuvent être les
peines
Mars
1712. Q
186 MERCURE
Qu'ils vous racontent tous
les jours ,
Belle Philis, daignez m'apprendre
Que peuvent être ces amours
,
Qui font couler les pleurs
que je leur voy répandre.
ALA BERGERE.
3
Vous le fçaurez à vôtre
tour ,
Attendez fans impatience ,
Berger, à connoître l'Amour
,
GALANT. 187
Gardez voftre heureuſe
ignorance
Autant que ce Dieu le voudra
,
Quand le fatal moment
viendra ,
Pour acquerir cette ſcience,
Malgré toute vôtre inno、
cence ,
Vôtre coeur vous avertira.
LE BERGER.
Suis-je le feul de ces Cam .
pagnes ,
Qui ne connoiffe pas l'amour
?
Qij
188 MERCURE
1-
LA BERGERE.
Berger, mes aimables compagnes
Vous le feront connoître
un jour.
LE BERGER.
Non , belle Philis , ce myftere
Dont les Bergers fe plaignent
tous ,
J'ayme mieux l'apprendre
de vous
Cent fois , que d'une autre
Bergere

GALANT. 189
1
LA BERGERE.
Eh bien , fçachez donc
que l'amour So
Se prend dans les yeux
d'une belle ,
Le fenfible Berger , qui la
voit chaque jour ,
Luy trouve chaque jour
une grace nouvelle ,
Ce feu s'augmente inceffamment
Auprés de l'aimable Bergere
,
Il devient enfin un tourment
€190
MERCURE
Si le Berger la trouve fiere.
LE BERGER.
Si vous nommez amour ,
ce feu qui brûle en
nous ,
-Et dont on ne peut fe défendre
,
Ai- je beſoin de vous apprendre
Que je brûle d'amour pour
vous ?
LA BERGERE.
Berger, il n'eft pas temps ,
GALANT. 191
je dois encor vous dire ,
Qu'il eft un amour impofteur
,
Qui ne cherche qu'à fe
zur zou produire ,
Au lieu que la fincere ardeur
Qu'un veritable amour inf
pire ,
Eft un fecret de nôtre
coeur ,
Dont les yeux feuls doivent
inftruire .
LE BERGER.
N'oubliez pas , Philis , fi
192 MERCURE
vous faites un choix ,
Que fans fçavoir le nom
du Dieu quifait qu'on
ayme BO
J'en ai rempli toutes les
loix
,
Jugez de mon amour extrême
,
Sans ceffe je vous regardois
,
Si c'eft ainfi qu'un coeur
foupire ,
'Ah ! quand j'aurois connu
tout ce que je fentois
Aurois-je pû mieux yous
le dire ?
LA
GALANT. 193
LA BERGERE.
Oui , mais vous en dites
autant
A la bergere Florifelle ,
Lors que d'un air vif &
content
On vous voit danfer avec
elle.
Je fçay qu'à louer ſes appas
La fefte d'hier s'eft paffée ,
Vous fuivites long- temps
fes pas ,
Et même fa rigueur en parut
offenfée :
Mars
1712.
R
194
MERCURE
Sans fes refus enfin , vous
ne m'aimeriez pas .
LE BERGER.
Je trouvois du plaifir à voir
cette bergere ,
Je ne puis le défavouër ,
J'aimois à l'entendre louër:
Mais expliquez - moy ce
myſtere ;
Ses appas me paroiffoient
rdoux ,
Floriſelle fçavoit me plaire,
Et parmi ces plaiſirs je ne
penfois qu'à vous ,
Philis , ne fe peut-il point
faire
,
GALANT. 195
Qu'elle ait quelques - uns
de vos traits ?
Les bergers n'aiment – ils
jamais
Ce qui reffemble à leur
bergerens
LA BERGERE.
Laiffons ces difcours dangereux
,
Rejoignons nos troupeaux ,
retournons à la plaine !
Refervons tous nos foins
pour eux ,
Le refte donne
trop de
peine.
Rij
196
MERCURE
LE BERGER .
Helas déja nous nous quittons
?
Craignez - vous que dans
ces prairies
Un loup enleve nos moutons
?!
Voicy les miens errans fur
ces herbes fleuries ,
Ils me furent bien chers :
mais je les donne tous ,
Philis , pour être encore un
moment avec vous .
LA BERGERE
.
Je vous ferois , berger ,
GALANT. 197
le même facrifice ,
Mes troupeaux ne font pas
* ce que j'aime le mieux ;
-Je confens même qu'à mes
yeux
Un loup cruel me les raeviffe
viffere
Si contre un plus doux artificevzot
youy
Je puis garder helas , un
bien plus précieux . 2
LE BERGER.
Helas :fi pour me fuir vous
allez dans ces plaines ,
Que vais -je devenir tout le
refte du jour ? ovs
R iij
198 MERCURE
م ي ح ر ل ا
Je voulois connoître l'aandbano-
mour ,q.ex 0
Je ne connoîtray que fes
gepeines
.
LA BERGERE.
D'aujourd'hui tu vis fous fa
loy ,pomnotes
Et tu te plains de fon empire
main
Sur lui j'aurai tantôt cent
chofes à te dire ,
Tu ne le connois pas en-
Locor fi bien que moy.
LE BERGER.
Belle Philis , mon coeur
1
GALANT. 199
foupire ,
De ne pas le connoître
mieux ,
Demeurez encore en ces
lieux
Pour achever de m'en inf
truire.
Mais vous fuyez , Philis ,
nonne l'efperez pas ,
Sans vous je ne fçaurois
plus vivre ,
"
Tircis à force de la fuivre
La fit revenir fur fes pas ,
Auprés d'elle coucher fur
la fraîche verdure ,
Tircis luy dit en foupirant
Tout ce que la ſimple na-
R. iiij
200 MERCURE
ture
Sçait dicter au plus igno
rant ,
Philis dont le coeur étoit
tendre
Ne put fe laffer de l'entendre
,
Et connut trop tard le danathenger
. Fes
Pour une bergere amoureufe
L'ignorance d'un beau berger
Eft mille fois plus dangereuſe
,
Que l'experience trompeufe
GALANT. 201
D'un berger fujet à chanori
zuiq ger.otib mand
La nuit commença fa carriere
al X
Trop tôt pour de telles
amours, joy a
Il falut fe quitter, & la jeune
bergerea
Finit par ce tendre dif
Cours : OM MEGS
Tu viens d'apprendre en ce
bocage ,
Ce que c'eſt que l'amour
au comble des fouhaits,
Puiffe-tu n'apprendre jamais
c'eft
que
l'amour
Ce
que
volage.
202 MERCURE
• DK - DOD
LETTRE
De Quebec, le zo., Nov. 1711.
MONSIEUR ,
Vous vous attendez fans
doute à un détail exact de
ce qui s'eft paffé dans les
regions froides de l'Amerique
que nous habitons ,
& fur tout d'être informé
à fond de l'entrepriſe des
Anglois fur la Colonie , en
GALANT. £ 203
effet , rien de mieux concerté
rien de plus mefuré
que ce qu'avoient projetté
nos ennemis , principalement
cette année ,
pour fe rendre maîtres de
toute la nouvelle France ,
fi le fuccés avoit répondu
à leur attente .
* Il faut remarquer , Mr,
qu'il y avoit dix ans ou en
viron que les Anglois nos
voifins , aidés de ce qu'ils
appellent ici la vieille Angleterre
, formoient le deſfein
de joindre à leurs Colonies
celle du Canada ,
204 MERCURE
qui feroit fort à leur bienfceance.
Ce que les François
poffedent dans la
grande & vafte Ifle de
Terreneuve & dans ce que
nous appellons le Canada ,
qui eft plus important au
Roy que l'on ne penſe. Le
Perou eft au Roy d'Ef
pagne une mine bien avantageufe
: mais la pêche de
la Moruë fur le grand banc
l'eft peut- être autant , fi
l'on confidere que c'eſt
nonfeulement un fonds ,
auffi- bien que les mines de
l'Amerique meridionale ,
GALANT .
205
dans lequel on ne met
rien , & dont on tire beaucoup
par cette poudre fi
paffionnément aimée des
hommes , au moins des Europeens.
Le Roy au milieu
de la paix , par le moyen
de la pefche des Morues
de Terre neuve , entretient
un nombre confiderable
de gens de Mer & de Matelors
, qui dans les changemens
des affaires , font
tous prefts à le fervir dans
les armemens de Mer ; cequi
eft fouvent trés avanrageux,
or Airplay
plummet
206 MERCURE
Cela fuppofé , pour revenir
aux grands deffeins
des Anglois fur Quebec &
fur l'Ifle de Montreal , c'eſt
à dire felon l'ufage de par
ler de ce pays - ci, fur le Canada
d'en bas & fur celuy
d'en haut , il ne fera point
inutile , Mr , de vous remettre
fous les yeux la
conduite habile & trés prudente
que Mr le Marquis
de Vaudreuil Gouverneur
General de la nouvelle
France a gardée juſqu'àpreſent
pour empêcher les
ennemis d'executer un def . 1
GALANT. 207
fein qu'ils commençoient
à ébaucher.
@
Ce fut pour cela qu'en
1703. ( je me contenterai de
cette époque ) M. de Beau-
Baffin ,fous les ordres deM.
le General , fe mit à la tête
d'un parti compofé de Canadiens
& de Sauvages
Iroquois , Abnaxis , & autres
,fe mit en marche vers
la fin de Juillet de cette
année , & qu'au bout d'un
mois la petite armée fe
trouva au milieu de la
nouvelle Angleterre , où
elle s'empara de plufieurs
208 MERCURE
La même année 1703 , à
la fin du mois de Decembre
, M. de Rouville autre
Officier Canadien emporta
d'affaut la ville de Dier
fields dans la nouvelle Angleterre
.
En 1704, les Anglois
voulurent tenter le fiege
de Port-Royal , capitale
de l'Acadie , qui fait partie
de la nouvelle France. Le
Colonel Chevoy, qui commandoit
à la floteAngloife,
qui avoit mouillé dans la
BayeFrançoiſe dans le def
fein de faire une defcente ,
fut
GALANT 209
fut repouffé à deux attaques
qu'il fit avec vigueur,
fes vaiffeaux brilez & fracaffez
, & contraint de s'en
retourner à Baſton.
Dans le temps que les
Anglois mettoient tout en
euvre pour s'emparer de
la capitale d'Acadie , Peter
Sehuyler Commandant
d'Orange dans la nouvelle
York , vint prefenter fix
Colliers aux
Sauvages nos
Alliez , dans l'intention de
les mettre de fon parti :
mais ils tinrent ferme pour
nous , & demeurerent fur
Mars 1712.
S
210 MERCURE
ܐ܂
leurs nattes. blanche
Le Canada fe trouva én
1705 plein d'Anglois que
nous avions pris en Aca-
* die , dans la nouvelle Angleterre
, & dans Nevv-
York en differens partis
que nous avions formez.
Parmi ces prifonniers étoit
le Miniftre de Dierfields ,
place de la nouvelle Angleterre.
Jofeph Dudley ,
Gouverneur de Baſton, Capitale
de la nouvelle Angleterre,
envoya à Quebec
Jean Livingston Major ,
pour negocier l'échange
1
GALANT. 211
avec nôtre General le
Marquis de Vaudreuil.
Ce fut cette même année
1705 que les Canadiens
, fous la conduite de
Mr Beaucour , Capitaine
d'un merite reconnu , également
habile dans l'art de
fortifier les places , & dans
les entrepriſes de guerre,fe
rendirent maîtres des environs
du fort S. Jean , pofte
des plus importans que
les Anglois poffedent dans
l'Ile de Terre neuve, vers
l'embouchure du Fleuve
S. Laurent.
Sij
212 MERCURE
L'échange des Anglois
prifonniers ne put fe conclure
qu'en 1706 .
Toute la nouvelle Anblo
gleterre fut en 1707.
quée , s'il m'eft permis de
parler ainfi , par nos Sauvages
alliez , les habitans
n'en ofoient fortir pour
faire leur moiffon.
L'entrepriſe
de l'Acadie
ayant été remiſe en deli
beration au Confeil de Bafton,
on refolut le Siége de
Port Royal. Le comman
dement en fut donné au
Colonel Marsh, Cette flo
GALANT 213
te parut dans la Baye Fran
çoiſe au commencement
de Juin .
Une expedition memorable
ce fut celle de Haveril
fous le commande
ment de M. de Rouville
& de Schaillons , aidez .
des fieurs de Contrecour ,
& de la Gauchetiere , elle
jetta la terreur dans Bafton
, Haveril & dans fon
voiſinage , nous enlevâmes
ce pofte aux Anglois ,
malgré leur valeur &
leur habileté.
On changea de batterie
214 MERCURE
en -1709. & au milieu des
neiges & d'un froid tel
qu'il fe fait fentir dans l'Amerique
feptentrionale, les.
Canadiens allerent pren
dre le fort faint Jean , fix
poftes importans par la
pefche des Moruës &
d'autres poiffons que l'on
fait aux atterages de ce
fort & aux bancs voifins :
auffi - tôt aprés le General
Nicolfon Vveteche mit en
mer une flotte nombreuſe ,
& leva une armée fuffifante
pour attaquer Montreal
:mais la flote fut conGALANT.
us
4
tremandée par les Anglois
qui étoient en Portugal
-Nicholſon marcha à la tê-
-te des fiens, prit le chemin
de Lac champlain
Me voici à l'année 1 710.
qui eft le terme de la der
nieres lettres que j'ay cu
l'honneur de vous addref
t
eu
fer,je vous y ay fait voir
comment Mr le Marquis
de Vaudreuil nôtre Genetral
avoit mis les Anglois
de la nouvelle Angleterre ,
ceux de la nouvelle York ,
& les Sauvages leurs alliez ,
en état de ne rien entre216
MERCURE
prendre fur nos habitations
. C'eft à la fin de 1710.
que Monfieur le Chevalier
de Beaucour
, Capitaine
Ingenieur , fort eſti
mé dans la nouvelle France
, & fort habile dans
l'architecture militaire , a
élevé le Fort de Pontchartrain,
vulgairement appellé
de Chambly. On y a mis
cette année , vers la fin de
Septembre , la derniere
main. C'eft un puiffant
rempart contre les entreprifes
du côté du haut Canada.
Les
GALANT. 217
Les chofes étant en cet
état , lorfque les Anglois
nos voisins , fecourus de
ceux de la vieille Angleterre
, ont fait les derniers
efforts pour fe rendre maî
tres de la nouvelle France ,
en l'attaquant par en- bas,
c'eſt à dire en affiégeant
Quebec qui en eft la Capitale.
Le Major Liumgton
Anglois , accompagné du
Baron de Caſtin François ,
partirent de ce pays - là vers
la fin d'Octobre de l'année
1710. pour travailler à un
Mars 1712.
T
218 MERCURE
échange de priſonniers
que gardoient en Acadie
les Sauvages nos aliez : ils
fe fervirent de la voye du
canot pour aller par eau ,
leur petit baſtiment ayant
tourné , & un de leurs do
meſtiques noyé , ils furent
C
obligez de continuer leur
voyage par terre , dans les
neiges & les marais à travers
les bois , ils furent
cinq jours fans trouver
d'autre nourriture que ce
qu'ils trouvoient fous les
neiges en gratant la terre!
Deux de leurs gens s'égal
1
GALANT 219
rerent en cherchant à vi
vre , & j'ay fçû depuis de
l'un d'eux une
remarque
affez curieuſe.
Animaux qui font du
feu , dans des efpeces
de cavernes fous des
roches.
Preffez par la faim
&
cherchant
aux dépens
de
feur
vie de quoi manger
,
c'eft
à dire
fuivant
des
traces d'animaux fauvages
, pour en trouver
Tij
220 MERCURE
quelqu'un qu'ils puffent
tuer pour le manger , ils
trouverent en plufieurs
endroits de ces cavernes
de petits monceaux ou
magafins d'animaux dif
ferens qui leur parurent
comme defechez &
brulés au feu , cela leur
fit croire que quelques
Sauvages habitoient ces
cavernes :l'extrême faim
leur fit manger quelques
morceaux de ces
animaux defechez & fi
GALANT . 221
durs , qu'à peine pouvoient-
ils en dechirer
avec
les dents . Ils remarquerent
dans tous ces
endroits où étoient ces
monceaux , de grandes
places noires & des reftes
de branches brulées , ce
qui leur avoit fait conclure,
come j'ay dit , que
des hommes feuls pouvoient
avoir roti ces aniimaux
: mais ils remarquoient
en même temps
qu'ils étoient deſechez
Tiij
222 MERCURE
avecle cuir , lepoil , les entrailles
, en un mot fans
aucun aprêt : enfuite ils
trouverent au bout de
ces cavernes quelqu'un
de ces animaux qui
fuioient & qui étoient
come des efpeces d'ours,
mais plus alongez & ſi
2
timides , que du plus
loin qu'ils les avoient
entendus ilsavoient toujours
fui. Ils n'oferent
pourtant avancer plus
loin mais en
reprenant
GALANT . 223
leur route ils aperçurent
dans un autre enfonce-
Iment une lueur de feu .
La curiofité les fit avancer
fi doucement qu'ils
virent deux de ces animaux
auprés de ce feu
mourant , & qui fuyant
d'une grande vitelle
donnerent à nos gens la
hardieffe d'avancer jufqu'à
un brafier , où ils
virent plufieurs de ces
animaux brulez & defechez
encor tout bru-
Tiiij
224 MERCURE
lants & d'autres tous
cruds . Enforte qu'aprés
pluſieurs autres remarques
qu'ils firent , ils ne
doutent point que cés
animaux fuyars n'ayent
l'art d'alumer du feu &
la prevoyance
de defecher
& bruler les animaux
dont ils fe nourif
fent , parce qu'aparemment
ils ne les peuvent
atraper qu'en de certaines
faifons .
GALANT. 225
#
Au commencement du
printems de cette année
1711. Vveteh Officier Anglois
prit le parti de s'enga
ger dans la flote que l'on
equipoit à Bafton pour af
fiéger Quebec, ayant quelque
connoiffance de la riviere
S. Laurent : il quitta
pour cette effet l'Acadie
& le Port-Royal que François
Nicholſon avoit pris
cau commencement d'Octobre
de
l'année
1710. &
que l'on auroit repris , fi
le Gouverneur François
qui commandoit dans ce
226 MERCURE
pays & dans cette derniere
place ne l'eût renduë un
peu trop vite , luy qui l'avoit
fi bien deffendue en
11707. Les Anglois ſe font
vûs depuis la prife même de
PortRoyal reduits plus d'une
fois à nous y laiffer rentrer
, fi M. le Marquis de
Vaudreuil , qui avoit déja
envoyé des Officiers de
diſtinction
& du premier
rang , avec un corps de
Canadiens alertes & braves
pour aider les Acadiens
reftes fideles au Roy , pour
reprendre le Port -Royal ,
GALANT . $ 227
1-
n'eût été obligé de furvenir
en les rappellant , à ce
qui étoit de plus preſſé , je
veux dire à la fureté de
Quebec , de l'Ile de Montrreeala.
tlu.uossgtsaa mI ed
Vers la fin de Juin de la
même année les Anglois
firentun détachement fous
la conduite de Rith... qui
fut menacer quelques habitans
de l'Acadie de les
paffer tous au fil de l'épée.
Sur cette menace un
chef des Sauvages appellé
l'Aimable , affembla auffitôt
trente de ceux de fon
228 MERCURE

pour
leur
village des plus braves, &
les exhorta ( les Chefs parmi
les Sauvages de l'Amerique
feptentrionale exhortent
& prient ceux qui
les ont choifis
Chef plûtôt qu'ils ne leur
commandent) de fe ranger
tous & chacun derriere des
arbres le long d'une riviere
voifine du chemin , qu'il
jugeoit que le Capitaine
R. devoit tenir. En effet les
Anglois ayant peu de tems
aprés paru dans leurs canots
, le Chef des Abnakis
les fomma hardiment de
GALANTA 229
*
fe rendre & de mettre bas
les armes , les Anglois aucontraire
fe mirent en devoir
de faire une décharge
fur les Sauvages. Ceux- ci
bien inftruits par leur Chef
avant le premier coup de
fufil fe trouverent tous ventre
contre terre ; la déchardes
Anglois faite , les
Abnakis la firent à leur
tour : mais en choififfant
chacun leur homme qu'ils
ne manquerent point , puis
ayant prit leurs haches en
main , ils tomberent fur le
refte , qu'ils couperent en
ge
1.
230 MERCURE
Ja
morceaux. A peine quel
ques-uns de ces Anglois fe
fauverent jufqu'au fort ; ce
qui eft de remarquable
c'eft qu'aucun des Sauva
ges ne fut bleffé. Ruh... fut
pris avec deux autres Offi
ciers de la garnifon de
Port- Royal , & cinq ou fix
foldats . Ruh... ayant fupplié
le Chef des Anakis de
luy laiffer la liberté d'aller
2
prendre au fort de quoi
fubvenir à fes befoins à
Quebec , où il voyoit bien
qu'onvalloit le mener jele
Sauvage ne lay accorda
GALANT
23f
que
vingt - quatre heures
pour cela , lequel tems expiré
s'il ne fe rendoit auprés
de lui ponctuellement
,
ille menaça de caffer la tête
aux Officiers & aux fol.
dats compagnons
de fa
captivité, & qui plus eft, de
ne faire jamais quartier
à
qui que ce foit de la nation
Angloife s'il manquoit à ſa
parole.note
, moq
Le Capitaine Ruh... rej
vint exactement
, l'Aima
ble , chef des Sauvages
Anakis de l'Acadié sétant
arrivé à Quebec avec fepe
232
MERCURE
prifonniers , aprés une marche
telle que la font les
gens de fa forte , c'eft à
dire à travers d'épaiffes forefts
, des rivieres ou des
Lacs , d'affreux deſerts , alloit
fouvent vifiter le Capitaine
R. fon principal
prifonnier dans une bonne
auberge à Quebec , car on
luy avoit donné cette ville
pour priſon, L'Aimable qui
trouvoit les ragoûts de fon
auberge meilleurs que fes
chaudieres fauvages , buvoit
& mangeoit fi fréquemment
avec luy, que cet Of
ficier
GALANT. 233
ficier ayant voulu s'en
plaindre le Sauvage lui dit :
oh oh tu do all tot me
remercier de ce que je t'en
laiße manger ta part , la
mangerois- tu fi je ne t'avois
pas laißé la vie, & me diroistu
cela que tu me dis fi je t'avois
arraché la langue qui
t'aide à manger ces vivres ?
La garnifon du Port-
Royal d'Acadie ayant
un nouveau détachement ,
qui menaçoit les Anakis ,
l'Aimable
qui s'étoit rendu
chez luy , tomba deffus
brufquement , le défit & le
Mars
1712.
V
fait
134 MERCURE
tailla en pièces , excepté
quatre ou cinq qu'il fit
prifonniers , dont même
deux ou trois fe trouverent
bleffés . Ce Chef des Sauva
" ges s'étant faifi des provifions
& des vivres de fes
- ennemis , il y découvrit de
T'eau de vie , qu'il diftribua
avec beaucoup de fageffe
à ceux de fa nation qui l'avoient
aidé dans le combat
car aprés leur en avoir
donné feulement un coup
à boire il jetta le refte dans
la Riviere , de peur qu'ils
n'en abufaffent & ne fufGALANT
235
fent par là expofés à la furprife
des ennemis . L'Aimable
voyant les bleffés
en danger envoya dire au
fort de Port - Royal , que
l'on pouvoit envoyer un
Chirurgien pour panfer les
bleffés, & que cela lui donneroit
la gloire de les tuer
encore une autre fois.
Au milieu du Printems
le nommé Frenay étant
arrivé de Plaifance en Terre-
neuve à Quebec , apporta
des lettres de M. de
Coftebelle, Gouverneur de
scette place , à M. de Vau-
Vij
236 MERCURE
(
dreüil . M. le Comte de
Pontchartrain luy mar
quant que les Anglois preparant
un gros armement
pour s'emparer de Plaiſance
en l'Ifle de Terre - neuve,
ou même de Quebec , il
falloit fe tenir fur fes
des .
gar-
Nos Ambaffadeurs ou
envoyés chés les differentes
nations Sauvages d'en-
-haut , je veux dire du côté
des grands Lacs , n'ont
point mal réuffi dans leurs
négociations , puiſqu'ils en
ont amené environ quatre
GALANT.
237
cent. On y voyoit des Hurons,
des Miſſiſagues & des
Sauteurs Sauvages de la
nation des Outaouaes , ou
des nés percés , des Sakis ,
des Nipiffings , des Miamis,
des Kikapoux , des Outagamis
ou Renards , des Pontcouatamis,
des Maskoutens
ou de la nation du feu, des
Malommis . Meffieurs de
Longueil , Jondaire & de la
Chauvinerie amenerent
des anciens ou Chefs d'entres
les Iroquois des villages
de Sononthouan ,d'On
nonthagué , d'Onciour , &
$278 MERCURE
del Gologouen. Je crois
que vous ne ferez point fåchéndefçavoir
comment
don, les reçut à Montreal ,
le rendes - vous ordinaire
des Sauvages d'en haut.
Les mots Sauvages de Nequarre
, la Chaudiere eft
cuites & de Gagnenoyoury ,
Le Chien eft cuit , furent repetez
bien des fois durant
le feftin qu'on leur fit.
30 Le jour du feftin de ces
Sauvages affemblés fut le
7. jour d'Aouft. Comme
les Sauvages Chrétiens que
nous avons icy dans nos
GALANT 6239
miffions tant de Mrs de S.
Sulpice que des Reverends
Pere Jefuites & des
Recolets , y furent appellés
; & que les femmes &
leurs enfans fe trouverent
de la partie , quoique feulement
pour voir danfer les
hommes, n'y ayant chez les
Sauvages que les guerriers
qui puiffent de droit danfer
aux feftins de guerre , le
nombre des conviés mona
toit à environ quinze cent.
Lafcene fut devant la maifon
de M. le Marquis de
Vaudreuil nôtre General ,
$240 MERCURE
& proche les bords du
-grand Fleuve S. Laurent.
On comptoit au feftin
fauvage douze grandes
chaudieres, quiauroient pû
ce me ſemble faire quelque
comparaiſon avec
27
quelques-unes de celles des
Gobelins à Paris , elles étoient
pleines de fort longs
quartiers de Boeufs , de
Moutons , de Cochons , &
de l'élite des plus gros
Chiens, dont on voyoit les
têtes fe promener dans ces
vaftes receptacles de vian
des , que l'on faifoit boüillir
GALANT. 241
lir à grand feu en attiſant
des moitiez d'arbres bout
àbout, l'affaifonnement de
ces differens mets étoit de
pois fort gros & de diffe
rentes efpeces , que l'on jettoit
avec des péles à longs
manches dans les Chaudieres.
Mais finiffons ce detail . On
m'a promis pour le mois prochain
des fingularitez ſur le
repas des Sauvages , que je
joindray au refte de cette relation
qui eft trop longue pour
être mife dans un feul Mercure.
33
Mars
1712 . X
242 MERCURE
Il paroît un nouveau Livre
qui a pour titre les Belles
Grecques, ou l'Hiſtoire
des plus fameux Courtifans
de la Grece, &c.
Extrait fimplement hiftorique de
ce nouveau Auteur.
RHODOPE.
R Hodope
née en
Thrace de
parens
fort pauvres , fut venduë à
Xantus , qui l'avoit recher
GALANT. 243
chée
pe
pour la grande beauté.
Ce même Xantus peu
de temps aprés acheta le
fameux Elope. L'Hiftoire
rapporte que fa difformité
n'empefcha point Rhodo
d'être fenfible à fon merite,
& qu'Efope par l'agré
ment de fon efprit & par
fon apologue , fçut en
peu de temps s'en faire aimer.
Il n'eft point dit que
Xantus en devint
reux,je ne fçai s'il étoit plus
Su-
Philofophequ'Elope, ou s'il
étoit feulement plusdifcret.
L'Hiftoire donne à Rho-
X ij
244
MERCURE
dope autant de delicateffe
dans la paffion qu'elle avoit
pour Efope , qu'on en
a donné aux heroines de
Roman. Mais elle n'en eut
pas la conſtance , elle aima
depuis, ou du moins fut aimée
deCharaxus ,de Phaon
& de tant d'autres , qu'elle
devint une des plus illuftres
courtifanes de la Gre-
Te.
Elle époufa enfin Pfammetius
Roy d'Egypte ; dénouement
que les autres
avantures ne fembloit pas
promettre. Les courtiGALANT
245
fannes de ce temps commencent
& finiffent
rarement
comme
la fameufe
Rhodope.
ASPASIE .
A Spafie,fille d'Axiocus
Milefien , fut la
plus belle femme de fon
temps , elle paffa fes premieres
années à Megare, &
fut enfuite à Athénes. Periclés
devint fi amoureux
d'elle , que quoiqu'il en cût
obtenu ce qui fait d'ordinaire
des inconftans , il ne
X iij
246 MERCURE
!
laiffa pas de quitter fa
femme pour l'époufer.
C'est avec une espece d'injuftice
qu'on l'a traittée de
courtilanne : on devoit lui
pardonner quelques amans
qu'elle avoit eu à Megare
, en faveur de fa fidélité
à Périclés. L'Hiftoire
rapporte qu'elle refifta même
à Alcibiades , qui n'avoit
gueres trouvé de refif
tance dans plufieurs Greques
renommées pour leur
vertn. Afpafie ne fut pas
moins celebre par fa fcience
, que par fa beauté , pluGALANT
247
fieurs perfonnes illuftres ,
de l'un & de l'autre fexe
rechercherent ſa converfation
, comme la plus a
gréable & la plus utile
qu'ils puffent trouver dans
Athénes , & l'on pouroit
dire qu'elle fut la Ninon de
fon
temps.
L
LAIS .
Ais nâquit à Hicara
en Sicile , elle fut
priſe dans cette Ville par
Nicias , General des Atheniens
, il la mena en Grece
à l'âge de fept ans , elle s'é-
X iiij
248 MERCURE
tablit enfuite à Chorinte ;
Appellés fut le premier qui
rendit hommage à fa beauté
, qui étoit fi rare , qu'elle
attira les plus grands hommes
de fon temps . Le haut
prix qu'elle mit à fes faveurs
donna lieu au proverbe
, il n'eft pas permis à
tout le monde d'aller à Chorinte.
Demofthene aima
mieux avoir fait un voyage
inutile , que de luy donner
quatre cent piftoles
qu'elle luy demanda . Dion'eut
pas la peine de
gene
les luy refufer , elle le reçut
GALANT. 249
I
leçons
& le
pour quelques
de Philofophie
,
congedia pour Eubates
qu'elle aima , jufques-à le
vouloir époufer : mais cet
amant qui étoit déja marié
, la quitta fous pretexte
qu'il étoit obligé d'aller aux
jeux olimpiques. Lais pour
fe venger de fon infidele lui
fit autant d'infidelitez qu'il
s'en prefenta d'occafions.
Le feul Xenocrate Philofophe
avoit jufques là méprifes
charmes . Lais piquée
de fa froideur luy fit faire
un défi , où elle eſperoit en250
MERCURE
triompher , le Philofophe
l'accepta , & triompha luy
même , comme la pluſpart
de nos Philofophes , moins
par force d'efprit que par
infenfibilité
de coeur , mais
il n'importe comment , ce
triomphe eft toûjours louable.
Aprés s'être fi fort vengée
de l'infidelité d'Arbattes,
qui auroit crû que Lais
pût s'attacher à Paufanias?
Elle aima ce Theffalien
avec tant d'ardeur qu'elle
fe retira feule avec luy à la
campagne , & qu'aprés
GALANT.
251
qu'il l'eut abandonnée elle
le fuivit en Theffalie : mais
n'ayant pû le ramener , elle
pouffa cette feconde vengeance
encor plus loin que
la premiere, & fut enfin af
fommée dans un Temple
de Venus , par des femmes
jaloufes de fa beauté.
LAMIA.
Lamia étoit fille de Cleanor
Athenien , celebre
joüeurde flute, elle en joüoit
elle -même parfaitement
ce talent joint à fon efprit
& fa beauté, la rendit fa252
MERCURE
meufe dans ce métier de
courtilanne , que fa pauvreté
l'obligea
de choifir.
Ptolomée
fut une de fes
premieres
conquêtes
, mais
ce Roy la perdit bien - tôt.
Demetrius
Poliorcetes
la
prit dans la défaite
de la
flotte de Ptolomée
. Il en
devint fi
amoureux , qu'il
luy donna la preference
fur toutes les autres maîtreffes
, en reconnoiſſance
elle lui fut trés fidelle , & fitôt
qu'il fut mort, elle prou ·
va par une retraite
très reguliere
, que la neceffité
GALANT.
253
feule avoit été pour elle ,
comme pour bien d'autres ,
le premier écueil de fa ver
tu .
On a mis dans le Mercure
dernier le mariage
de Monfieur de Gourgue
, dont le memoire
s'eft trouvé fautif , en
ce que ce n'eft point Mr
de Gourgue Maître des
Requêtes
, mais Jacques
Dominique de Gourgue
Confeiller au Parfement,
qui a époufé Ma254
MERCURE
demoiſelle Aubourg.
Voici ce qui eft contenu
dans un memoire
plus jufte qu'on m'a donné
fur la maifon de
Gourgue.
Elle eft originaire de Gu
yenne , elle fut feparée en
deux branches vers l'an 1310.
une s'établit en Eſpagne ,
l'autre qui étoit l'aînée de
meura en Guienne , où elle
a fourni depuis ce temps- là
un premier Prefident &
plufieurs Prefidens à MorGALANT.
255
tier fucceffivement. Le
dernier decedé étoit Jean
de Gourgue , fils de Març
Antoine de Gourgue,Prefident
à Mortier au Parle
ment de Bourdeaux , & de
Marie Seguyer , foeur du
Chancelier de ce nom, &
de Madame la Ducheffe
de Verneuil. Jean de Gourgue
decedé en 1683. a laiffé
quatre garçons : Armand
Jacques de Gourgue Maître
des Requêtes , ci- devant
Intendant de Limoges , &
de Jean François de Gour
gue Jefuite, Jacques Jofeph
A
256 MERCURE
Evêque de Baras , & Jean
Michel Prefident à Mor
tier au Parlement de Gui
enne. Armand Jacques de
Gourgue de fon mariage
avec Marie Ifabelle leClerc
de Cottier , a eu Jean Fran
çois Jofeph de Gourgue ,
marié en premieres nôces
avec Elifabeth de Barillon
de Morangis, petite-fille de
M. Boucherat Chancelier
de France , dont il y a une
fille, MarieLouiſe Gabrielle;
& en fecondes nôces avec
Catherine de Bardouvil
le , fille de Monfieur de. す
BarGALANT
257
Bardouville , Confeiller au
Parlement de Rouen , & de
Marie Marthe de Caradas
du Heron , foeur de M. de
Heron , ci-devant Envoyé
extraordinaire du Roy en
Pologne , mort en Allemagne
, aprés avoir merité
l'eftime du Roy dans plu
fieurs emplois dont il luy a
plû de l'honnorer. Louis
Armand Confeiller Clerc
au Parlement de Paris décedé
en 1508. & Jacques
Dominique de Gourgue
Confeiller au Parlement
qui a époufé Damoiſelle
Ń.
Aubourg.
Y
218 MERCURE
Dominique de Gourgue
dont il eft parlé dans
Mezeray & dans plu-)
fieurs autres auteurs,qui
mourut à la Rochelle
fous le regne de Charles
IX: aprés avoir fait plus
fieurs belles actions qui
luy firent meriter l'honneur
d'être choifi par la
Reine Elifabeth pour Amiral
d'Angleterre , aprés
fon retour de la Floride
, qu'il avoit remis
fous l'obeiffance du Roy
GALANT. 259
avec trois vaiſſeaux qu'il
avoit armez & équipez à
fes dépens , étoit frere
d'Ogier de Gourgue ,
premier Prefident du
Parlement de Bourdeaux
en 1560. Le Srde
Maffeville , qui a fait
l'Hiftoire de Normandie
, en parle en ces termes.
On fut fort étonné
de ce que l'armement
que l'on attendoit du
Roy fur le fujet de
la Floride , & qui ne
f
Yij
260 MERCURE
reuffit point , fut entre-
/ pris par un Gentil - homme
qui y reuffit fort glorieufement
. Ce fut Dominique
de Gourgue ,
brave Gafcon , lequel ne
fa
pouvant fouffrir que
patrie fût infultée impunement,
vendit ce qu'il
avoit de bien , dont il leva
trois cent hommes ,
qu'il mit dans trois vailfeaux
, avec lefquels il
paffa heureuſement dans
la Floride l'an 1567. Dés
GALANT, 261
qu'il y fut arrivé , il attaqua
trois fortereffes
des Eſpagnols , il s'en
rendit le maître , & fit
pendre les Efpagnols
qui étoient dedans en
garnifon ; declarant
pour répondre à l'inf
cription qu'ils avoient
fait mettre aux François
qu'ils avoient traitez de
même peu de tenis auparavant
, qu'il les faifoit
mourir, non comme des
Eſpagnols, mais comme
262 MERCURE
des pirates perfides &
inhumains. La maiſon
de Gourgue eft alliée à
celle de la Roche - foucault,
deDuras , de la Force
, de Sully , de Mortemars,
de Lorraine
& de
Charoft , & à plufieurs
autres trés -diftinguées
tant dans l'épée que dans
la robe.
On apprend aux fçavants ,
qu'il paroît un portrait du
celebre Mr Bayle , gravépar
Mr Duchefne. Ces deux vers
GALANT . 263
font au bas du portrait.
Bælius hic ille eft cujus
dum fcripta vigebunt ,
Lis erit , oblectent , erudiantne
magis.
;IXXXXIX-XX
De Châlons.
IMPROMPTU FORCE
d'un Magiftrat de cette ville ,
pour une Dame qui l'obligeoit .
faire des vers fur fa laideur.
Quand le Seigneur ent
fait éclore
Tout vôtre efprit ,
164 MERCURE
Et ce bon air qu'en vous
j'adore
Sans doute il dit :
Cette mortelle en verité
Se paffera bien de beauté.
Cet Impromptu fe chante
fur le Vaudeville de M. de
Grimaudin.
GALANT. 265
Lettre d'Arras du 3. de
Mars 1712 .
La nuit du premier au 2.
de Mars à la faveur de l'obfcurité
les ennemis
s'approcherent
d'Arras.
que
les
Le fecondfur les fept heures
du matin ayant ouvert les
portes de la Ville à l'ordinaire ,
les Payfans avertirent
ennemis travailloient autour
de la Place , Mr le Marefchal
de Montefquiou fit auffiroft
mettre toute la Garnison fous
les Armes , & fit fortir la
Mars
1712.
.

266 MREGURE
Cavallerie, les Grenadiers &
cinq Bataillons par la porte
Rouville nous apperçûmes
les ennemis qui travailloient à
quatre cens foixante toifes de
la Place, & mefme étoient
déja à moitié couverts dans
leur tranchées , Monfieur le
Marefchal ayant envoyé reconnoiftre
, apprit qu'ils n'avoient
invefty la Ville que
depuis la riviere de Scarpe
jufqu'au Crinchon , il reſolut
de faire attaquer les ennemis
qui s'étoient rendus maiftres du
Fauxbourg de Bapaume. On
leur tua baucoup de monde ;
GALANT. 267
mais le combat eftant trop
opiniâtre , nous jugeames .
propos de mettre le feu an
Fauxbourg en nous retirans.
Nous y avons perdu trois
braves Officiers ; & le Colonel
du Regiment de Belfan , qui
commandoit cette attaque , fut
fait prifonnier. Sur les onze
heures les defertears affurérent
Mrle Marefchal que ce n'eftoit
point pour affieger la Place ;
mais feulement pour brufler
les Magafins que les ennemis
eftoient venus . Auffi- toft on
occupa la moitié de la Garniſon
à défaire les Mules de foin
Zij
168 MERCURE
pour les tranfporter
plus loin ,
& les mettre le long de la riviere
, mais malgré les Canons
de
la Ville & de la Citadelle
,fur
les quatre heures aprés midy it's
commencerent
à jetter des Bombes
& des Pots à feu fur les
Magafins
& fur la Citadelle
;
enfuite fur les dix heures ils tirerent
à Boulets rouges fur nos
a
Magafins. Voyant que l'on éreignoit
toujours le feu de leurs
bombes & de leurs pots à feu
une heure aprés minuit , il ne
fut plus poffible d'éteindre
le
feu qu'ils faifoient avec leurs
boulets rouges quiperçoient enGALANT
269
tierement nos Magafins ;
d'ailleurs fur les dix heures du
foir ils commencerent à bombarder
la Ville ce qui obligea
de relâcher tous les Bourgeois
que l'on retenoit depuis
midy aux Magafins . Sur les
quatre heures de ce matin
voyans quelques uns de nos
Magafins en fen , & quantité
AM
de paille qu'on a ce
exprés d'un autre cofté ,
crurent tout bruflé& craignant
quelque fortie fur des Troupes
qui s'étoient débandées , les
raffemblerent , ils fe font retirez
cette nuit à quatre heures.
Z iij
$170
MERGURE
Ily a environ cinquante mille
rations de fourages brulées
ou gaftées. Il est tombé,
tant dans la Ville que dans la
Citadelle environ deux cens
cinquante bombes & cent pots
feu , ils ont efté contraints
de laiffer dans leurs retranche.
ments environ trois cens bom_
bes . On a rafé les travaux
qu'ils ont fails , ils ont perdu
environ trois cens hommes ,
nous cent.
3
GALANT 275
Nouvelles d'Allemagne.
On a reçu des Nouvelles
de Hollande dont la Cour
ne paroift pas être fatisfaite ,
& on en attend d'Angleterretouchant
lesCommiffions
dont le Prince Eugene eft
chargé , le Comte de Gal-
Flach qui en eft revenu affure
qu'il luy fera tres difficile
d'engager les Anglois à continuer
la guerre
.
Les Lettres de Pologne ,
de Tranfylvanic & des Frontieres
de Turquie , confir
Z iiij
272 MERCURE
ment que la guerre a esté
déclarée à Conftantinople
contre les Mofcovites . On
travaille à la levée des Recruës
& à une augmentation
de dix hommes par
Compagnie , & d'une Compagnie
de Grenadiers par
Regiment.
Les Lettres de Conftantinople
portent que le Grand
Seigneur avoit deffein d'aller
en Campagne avec une Armée
beaucoup plus nombreufe
que celle de l'année
derniere. Il a fait dire à Sa
Majesté Sucdoife qu'il pour
my
GALANT. 273
roit refter à Bender autant
qu'il luy plairoit , & que
quand il en voudroit partic
elle n'auroit qu'à luy faire
fçavoir , qu'il luy envoyeroit
un grand Corps de Troupes
pour l'accompagner par la
Pologne jufques dans fes
Etats.
i
2
Les avis de Belgrade confirment
la refolution prife
par le Grand Seigneur de
faire de nouveau la guerre
paux Mofcovites.
Le Bacha de Belgrade a
ordre de fe preparer pour
aller avec les Troupes join274
MERGURE
dre l'Armée du Grand Seigneur.
Le Hofpodar de Valaquie
a ordre de fournir au
Roy de Suede trois mille
hommes & cent cinquante
mille écus. Le deffein eft de
faire la guerre de trois côtez
à la fois.
Les Tarrares doivent faire
une irruption en Mofcovie
tandis que l'Armée Ottomane
entrera en Ukraine ,
& le Roy de Suede en Polo-
¡gnc.
GALANT 275
Noueulles
d'Espagne.
Le Marquis de Bay eft
parti pour retourner en Eltramadures
avec plufieurs
Officiers de cette Ville . Les
Lettres de Badajoz porrent,
que les Troupes de la Frontiere
eftoient entrées en Portugal
, où elles avoient pe
netré prés de vingt lieuës
fans aucune oppofition &
qu'elles avoient amené des
Otages pour les contributions
& un grand nombre
de beſtes à cornes,
276 MERCURE
On mande de
Catalogne
que le Marquis de Valdecanas
ayant efté informé que
les ennemis affembloient
à
Igualada un Corps de Mi
quelets avec des Troupes
reglées , ramaffa les Troupes
de la Frontiere qu'il commande
; iill détacha
détacha pour aller
reconnoître les ennemis
un Corps de Cavalerie com
mandé par Don Jofeph
Vallejo , qui les chargea &
mit en fuite .
Le Duc d'Argile eft parti
avec plufieurs Officiers pour
Londres , laiffant les TrouGALANT
277
pes Angloiles à Tarragone.
Le Comte de Starremberg
avoit laiffé des Troupes
dans Calaf, qui paroiffoient
refolues de s'y maintenir
; mais fur l'avis qu'on
fe preparoit à les aller attaquer
, elles l'abandonnerent.
Un Parti de la Garniſon de
Balaguer a deffait un Parti
de quarante Allemans .
Un Parti de la Garniſon de
Tortofe ayant fait une courfe
du côté de Tarragone , a
furpris un Quartier des ennemis
, dont plus de trente
ont cfté tuez & un grand
278 MERCURE
nombre fait prifonniers.
Nouvelles d'Angleterre, yet
On a deliberé en grand
Commité fur les Traitez entre
l'Angleterre & la Hola
lande , & fur les contingents
d'hommes & d'argent que
les autres Alliez devoient
fournir ; on a pris les refo
lutions fuivantes ; que les
Etats Generaux ont fourni
doux tiers moins que leur
contingent pour le Service &
de Mer , & en general la
moitié moins de toutes les
GALANT 279
dépenfes ; que le feu Empe- 3
reur & l'Archiduc n'ont ja
mais eu en Efpagne aucunes
forces entretenues à leurs
dépens , à l'exception d'un
Regiment de deux mille
Fantaffins qui a fervi l'année
la
Reine y a
derniere ; que
fourni
& payé depuis
1705 .
jufqu'en
1711.
cinquantecinq
mille
neuf cens foixante
& treize
hommes
, outre
treize
Bataillons
& dix huit
Escadrons
pour lefquels
elle
a payé
des fubfides
à l'Empereur.
280 MERCURE
Autre Traduction de
l'Ode latine fur le Vin
de Bourgogne
.
Ces Odes font affez belles en
latin pour meriter qu'on en
donne plufieurs traductions,
en vers , afin qu'on puiße
trouver dans l'une quelque
beauté , qui aura peut- eftre,
échapé à l'Auteur de l'autre.
Chere Feüillette Bourguithe
gnonne
,
Qui loges dans ton fein la
Vermeille Santé ,
GALANT. 281
Les Plaifits innocens,la douce
Liberté
,
Et que d'Amours badins
une troupe environne.
Je veux te confacrer ces
vers.
C'efftoi qui d'un muet peux
faire un Demofthene .
Qui peux à l'idiot fans étude
& fans peine
Dönnen en un inftant mille
ralens divers.
On voit des Soins la noire
engeance
Mars 1712. Aa
282 MERCURE
Difparoistre à l'aspect de
310 con jus enchanteur , - I
Et le pauvre que preffe un
rude Collecteur ,
Perdre le fouvenir de fa trif
sabte indigence.
ro
En vain la table offic des
ww metster
D'un fuperbe appareil , d'une
faveur exquifer I
Si tu n'es du feltin , le Bon
Goûtles mépriſes A
Et ne compte pour rien leurs
banie fomptueux apprets.
Jufqu'aux cieux la Cham
GALANT. : #83
2. pagné éleve cui
De fon vin perillant lariante
silliqueur
. olej ata
On fait qu'il brille aux yeux
qu'il chatouille le coeur
Qu'il pique l'odorat d'une
agréble féve.
Mais craignons un poiſon
couvert .
L'afpic eft fous les fleurs .
Que feulement par grace ,
Quand Beaune aura primé ,
Reims occupant la place
Vienne legerement amuſer
le deffert.
A a ij
184 MERCURE
A toi , dont je chante la
pagloire , maki
Nourrice des vicillards , pleitene
du lait divin
Qui réchauffer le fang , &
bannit le chagrin ,
Chere Tonne, à toi feule appartient
la victoire.
Lorſque par les ans refroi-
On n'a plus ce beau feu que
mos la jeuneſſe inſpire ,
Que , propice autrefois , Apollon
fe retire ,
Et
que, comme le corps, l'efprit
cft engourdi.
CALANT. 285
GA PUND BAL BUR
De l'âge , mieux que l'Hippocréne
,
Tu guérish vray. nectar ,
l'importune froideur
*
Et foufflant au Poëte une
foudaine ardeur,
Du Sophocle glacé tu ranímes
la veine.
Mieux que trompettes &
tambours
Tu ferois au foldat affronter
les alarmes.
Luy qui languit à jeun fous
Shole poids de ſes armes
286 MERGURE
Ne le fentiroit pas aidé de
odston fecours. YOVI
Mais , loin d'exciter à la
gueric ,
Toi qui cherches plutoft les
danfes & les jeux ,
Sollicite la Paix , lente au gré
-de nos vecux
De ne plus differer le repos
de la terre.
··Déja par des foins empref-
2013 me fez .
Le financier t'appelle à fată-
Pablefuperbe
Ec dans peu nos bergers
GALANT, 287
vont étendus furl'herbe
Noyer au fond des pots
tous leurs ennuis paffez .
Qu'ailleurs Bacchus , hôalte
infidele ,
De nuages fâcheux occupe
spolo cerveau .
Qu'il mine ailleurs les nerfs,
20clent & fecret bourreau ,
Ou , livre à l'eftomac une att
taque cruelle
:
De toi coule un jus pretieux
,
Doux aux nerfs , à la cefte ,
efigami de la poitriney
188 MERCURE
C
Et , merveille fur tout rare
en la Medecine ,
Remede en même temps
fûr , & délicieux .
Le Sommeil fourd à nos
prieres
S'enfuit- il loin de nous , attendu
vainement ?
)
Ce Dieu , fi nous prenons de
ton firop charmant ' ,
Viendra de les pavots humecter
nos paupieres.
Mais tout buveur doit fe
regler.
Du modefte Bacchus c'eft la
Joi
GALANT . 289
loy la plus belle.
Tu veux qu'on la refpecte ,
& malheur au rebelle
Dont l'indigne attentat ofe
la violer.
Veille toûjours , aimable
Tonne ,
Veille à
fortifier la
Royale
fanté
,
Afin que fous Louis la France
en fureté
Puiffe dompter enfin les fureurs
de Bellonne.
Ainfi , d'une
commune
nvoix
Mars
1712. Bb
190 MERGURE
Ton vin qu'en les colleaux
Sala Bourgogne voit naî-

Des vins les plus fameux loir
reconnu le maiftre , ven
Utile aux jours du Prince , &
digne de fon choix.
Nouvelles diverfes.
On adiffipé quinze mille
hommes des Ennemis qui
s'eftoient affemblez aux environs
d'Arras , où il ne s'eft
trouvé au juſte que cent mil
vations de foin pour toure
perte. A l'égard du dommaGALANT.
291
ge qu'ils ont fait fur la Sambre
, un Ingenieur a évalué
la reparation des travaux-ruinez
, à quatre journées de
travail & à mille livres de
dépenſe .Tulvam of 246stal]
Un grand nombre de
Troupes marche de tous cô
tez ; mais fur tout du côté
de la Sarre en Flandre. Les
Officiers Genoraux ont ordre
de s'y rendre inceffam
ment pour prévenir les Ennemis
, & fe mettre en eſtat
d'empefcher qu'ils ne trou
blent les Negociations de la
Bb ij
292 MERCURE
Paix. On dit qu'au cing du
mois prochain on fera réponſe
aux propofitions des
Miniftres de l'Archiduc &
de quelques Allicz . hav
Lettre d'Utrecht
MONSIEUR ....
Mon Amy & moy nous
achetons bien cher le plaifir de
fçavoir les premieres nouvelles
des Negociations qui fe font
icy ; car hors la bonne chere
Les plaisirs d'Utrecht font fort
fecs fort tumultueux,
GALANT 293
Les Affemblées font ordinai–
rement de trente udu quarante
bommes femmes de fept
ou buit Nations differentes ,
dont chacune écorche le Fran
beau- çois à sa façon ,
coup ne le parle point du tout!
C'est une idée de la varieté des
Langues de la Tour de Babel.
Toutes ces cobuës fe reduifent
*Sept on huit tables d'Home
bre dans une chambre , & plu
feurs pelotons de Conteurs de
Nouvelles. Vous fçarez appa
ramment déjà que al un
Le 4. de ce mois les Ple
nipotentiaires des Alliez fr-
Bb jij
294 MERGURE
Font deux Conferences particulieres
Pune le matin , &
Fautre le foir , où ils regle
rent entre- oux les réponſes
qu'ils ferorent aux Plenipo
tentiaires de France , & leurs
Deliberations furent redi
gées en Memoires particu
llers , dont ils firent part aux
Plenipotentiaires de France
à chacun en particulier , &
qui n'ont pas encore efté
rendues publiques ; on croit
qu'on y répondra vers le
4. Ou le 5. d'Avril. On a
fçu pourtant icy que quelques
unes ayant paru d'a
GALANT 221
bord fort exceflives ; on cft
convenu qu'on entreroit en
Negociation fur ce qu'elles
conviennent , & Fon doit
même faire aujourd'huy
pour cela une Conference
extraordinaire ; enfin nous
pouvons efperer que tour
tournera bien.
PENSION S
données par le Roy,
Le Roy touché des pertes
qu'ont fait ceux qui étoienic
attachez à Meffeigneurs les
Dauphins & à Madame la
Bb iiij
196 MERCURE
Dauphine , a déja donné à
plufieurs des penfions , dont
la fomme monte à deux
cens cinquante mille livres ,
jufte.
Sa Majesté a donné à M
la Ducheffe du Lude , Dame
d'honneur de Madame la
Dauphine , 12000. liv.
A M la Marquife de
Mailly , Dame d'honneur
de Madanic la Dauphine ,
9000.
liv.
Aneuf Dames du Palais
de Madame la Dauphine,
chacune 6000. liv.
A Mr le Marefchal de 3
GALANT. 227
Telle , premier Efcuyer de
Madame la Dauphine ,
12000. liv.
A Mr le Marquis de
Dangeau , Chevalier d'hon
neur de Madame la Daur
phine ,
12000
A Mr le Marquis de
Villacerf , premier Maitre
d'Hôtel de Madame le
Dauphine ,
6000 l.
A neuf Menins de
Monfeigneur le Dauphin ,
chacun 6000 1.
A Mr le Marquis de
Mimure , 3000 1.
A Mr de la Chenaye ,
>
A
3000
1
198 MERCURE
SA M Quentin premiere
femme de Chambre de
Madame la Dauphine ,
6000 I.
A douze femmes de
Chambre de Madame la
Dauphine chacune 900 li
AM de la Borde fa
penfion ancienne confervée
à fes enfans. Elle eft de
2000. liv
A M de Montſouris
2000.
liv
A Mr Domingue , Porte-
Manteau de Madame la
Dauphine , 3000. liv.
A Mr Boudin , premier
GALANT. 199
Medecin de Monfeigneur le
Dauphin & de Madame la
Dauphine, 2000. liv.
A Mr Dionis , premier
Chirurgien de Monfeigneur
le Dauphin & de Madame
la Dauphine , n3000
. liv.
A Mr. Dodant , premier
Medecin de
Monfeigneur
le Dauphin dernier mort
9000. live
A Mr Gervais , premier ,
Chirurgien
deMonseigneur
le Dauphin dernier mort
13.000. liv .
A Mr Cauffin , 2500. liv.
A deux Huiffiers de
300 MERCURE

Chambre , chacun 800. liv.
A Mr Desfoffez , Huiffier
du Cabinet , 900.liv,
A fix Valets de Chambre
, chacun 600. liv.
A un Porte Arquebuze ,
600 liv!
A un Porte - Manteau
Goo . liv!
A quatre Valets de Garderobe
, chacun 600. liv.
A douze autres Garçons
de la Chambre , chacun
5oo
. I A plufieurs
Valets
de
pied
&
autres
Officiers
, chacun
T
21 412 44 2400 , liv.
CALANT. 30%
ENIGMES.
Parodie de la derniere
Enigme , dont le mot
eftoit un Pepin.
Par Madame de L ...
Pepin, néprifonnier , pe
tit & méprisable,
En coupant une pomme,
on me delivre à table,
Fengendre des enfanspri-
Jonniers comme moy ,
Pepin , porte le nom d'un
Roy?
802 MERCURE
Enferme dans fon fein
l'image de fon pere ,
N'eft point l'Amour.
Dieu de Cithere.
Des fruits. Il habite les
coeurs ,
Icy mortels verfes des
pleurs,
Pomme qu'il habitoit ,
tué voftre mere,
Et vous caufa bien des
matheurs.
GALANT. 305
NOMS
De ceux qui ont deviné
cette Enigme.
Le Marquis de la
Pepiniere - Owdiuftolf,
Madelon Poiré , la mere
saux pepins , Maritorne ,
-la belle Tifanniere du
coin du feu , l'Oracle de
la rue Thibaut- aux-Dez,
Angelique, le Batelier du
Fleuve Letæ du Stix,
304 MERCURE
ENVOY.
Par Madame Rigodon.
La femme du premier
homme du monde , avoit
à fa collation de beaux
raifins qui renferinoient
beaucoup de pepins : elle
abien delivré des prifonniers
, en mordant à la
grape. buddy Tama

GALANT 305
ENVOY.
Par le petit Baritonillet.
De cette Enigme , j'ay la
clef.
&
Fer la devine de mon
chef.....
Je m'appelle , Pepin , le
Bref
Mais j'ay Refprit plus
long que le mats
cus olddune nefool of L
Mars1712. Gc
306 MERCURE

ENVOY.
De la jolie Rapdiniere.
A.Y
I
On me confeille d'aimer;
mais l'amour fans
chagrins , eft auffi rare
que les raifins fans pepin.
ENVOY.
A quatorze , ans Iris
feffe déja fon vin ,
Elle lorgne à table un
jeune homme,
En mettant pour mouche
GALANT 307
un
Pepin ,
Je croirois bien qu'elle a
déja mangé la pomme.
ENVOY.
Parodie de
l'Enigme
dont le mot eft le
Maſque.
Par M
Hortenfius
Precepteur de
Francion.
Par de juftes liens, ideft,
liens étroits ,
Quand on unit à moy
308 MERCURE
femblable à mon minois,
Sub auditur, viſage àqui
Mafque refemble,
Je vois tout par fes yeux,
id eft , avec les fiens ,
Il voit toutpar,id eft, tout
à travers des miens ,
Tollé , les derniers vers ,
ceft un couple frivole,
Parce mi Mercuré ,
jay dit la parole.
Mes fçavans Ecoliers de
vinent en chorus il
Foicyleurs noms. Arbas:
GALANT. 309
Milo , Dejotarus ,
Alcidon , Sotinet , Hal
brada , Baldius ,
Etcetera ,
• tuus fervus ,
Hortenfius.
ENVOY.
Par Mr Anc
To dod s DCS
Madame de Saint Fard.-
Svold orybl
Dans une nuit du Carnaval,
Marame
de Saint Fard
en Juperbe équipage,
S'eftant mife en fueur an
310 MERCURE
au Bal
,
Y laißa par malheurfor
Maſque &fon vifage
NOMS.
De ceux qui ont deviné
le Mafque
.
Bont
bon jour
Mafque Artaxarxez ,
Ariane à la lévre bleue
la jeune orfeline, les deux
affociez , les trois vifages
, Turlupin , Toinon.
GALANT. 31
おい!
ENVOT.A
Parmi les hommes
comme au Bal , autant
de Mafques que de vìfages.
ENIGME
Non , je n'auray jamais
l'efprit de m'atiffer ,
Ma coeffure eft toujours
pendante & negligée ,
Mes coiffeufes pourtant,
Spaßens maintejournée,
A one coeffer e decoëffors
2 MERCURE
MaiJansfefoutier beau
coup de ma parure
L'une reve à quelque
avanture ,
Celle - cy penfe a bien,
celle - la penfe à mal ,
Quoy qu'un ruffique lien
mon
a
Polie avec de natal
fermefans rudeße
&
Jeparviensdans le sercle,
au rang de la Princeffe,
Souvent tefte levies on
my voirdominees
Mais malgré ma bauteur
GALANT 313
teur, pouriez, vous de
viner ,
Quel manege eft le mien ,
pourparvenir à plaire,
Fayfait centmouvements
autour d'un mercenaire,
Qui tenté duprofit qu'il
efperoit de moy,
A feu me rendre enfin ,
digne de mon employ.
Mars
1712. Dd
314 MERCURE
.
NOUVELLES
Extraites de plufieurs Lettres.
Le Roy donna le 15 , une
Audiance de Congé en Public
au Marquis de Gerbevillar
, Envoyé Extraordinaire
de S. A. R. Monfieur
la Duc de Lorraine. Il eftoit
accompagné de Mr Barrois
, Envoyé Extraordinaire
de ce Prince , & conduit
par le Baron de Breteuil , Introducteur
des Ambaffadeurs
, qui avoit efté le prendre
à Paris dans les Caroffes
GALANT. 315
i
de Sa Majesté . Il eut enfuite
audiance de Monfeignent
le Duc de Berry , de Madame
, de Monfieur le Duc
d'Orleans , & de Madame
la Ducheffe d'Orleans.
Le Prince Charles prêta
ferment entre les mains de
Sa Majesté le 14 de ce mois
pour la Charge de Grand
Ecuyer de France , dont Mr
le Comte d'Armagnac fon
pere , avoit remis entre les
mains de Sa Majefté , la démiffion
volontaire pour la
furvivance ; & Mtle Prince
de Lambele prêta le même

Ddij
16 MERGURE
jour entre les mains du Roy
le ferment pour le Gouver
pement d'Anjou qu'avoit
Mr le Comte Brionne fon
pere , fils aîné du Comte
d'Armagnac , & qu'il a fait
paffer à luy avec l'agrément
de Sa Majefté , comme il a
fait paffer la furvivance de
grand Ecuyer au Prince
Charles.
Un Détachement de la
garnifon de Brifaca envelo
pé &fait prifonniers foixan
te Houffards , & l'on a défait
dans la Foreft de Niderhart ,
le reste du parti ennemy de
GALANT 317
quatre cens hommes qui
avoit cfté défait à Rumersheim
, AD
Le 29. de Fevrier les Seigneurs
après avoir preſenté!
une Adreffe à la Reine Anne,
s'ajournerent juſqu'au 8. de
ce mois . Le même jour les
Communes drefferent un
eftat des refolutions prifes
pour le Traité de la Barriere
de 1709
.
Le 1. de ce mois les Communes
ont examiné le rapport
des Comptes publics
& on declara que le fieur
Adam Cardonnel Secretaire
Ddij
318 MERCURE
de Milord Marlborough
eftoit coupable de malverfation
pecuniaire ; il fut ordonné
à la pluralité des voix
qu'il feroit chaffé de la
Chambre.
Le fieur de Borfelem , Envoyé
des Etats generaux
arriva à Londres le 29. Fevrier
& il eut hier fa
premiere
audiance de la Reine.
Le Chevalier Lorenzo
Thiepolo Ambaffadeur de
Venile , a reçu nouvelle par
un Courier extraordinaire.
qu'il avoit cfté élû Procurateur
de S. Marc , à la place
GALANT. +19
du fieur Marcello , decedé
depuis peu de jours.
On dit que le Czar qui
eftoit encore à Petersbourg
le 9. du mois dernier , a ap
pris par un Courrier arrivé
d'Azaph , que le Gouverneur
a executé fes ordres
en rendant cette Placé aux
Turcs , aprés avoir démoli
les nouvelles Fortifications ; -
on a envoyé les Chreftiens
de cette Ville à Moſcow.
Le Kam des Tartares eft
arrivé de
Conftantinople à
Bender. Il a reçu de grands
honneurs à Conftantinos
Dd iiij
320 MERCURE
ple , à fon arrivée & à fon
départ. Il a eu plufieurs
Conferences icy avec le
Roy de Suede , & aprés
avoir fait declarer la guerre
contre les Moſcovites , il a
ordonné en partant pour la
Crimée , qu'on fuft preft à
marcher avec les Tartares
du Budziac.
• Le fieur Lhoski General
des Huffarts , mourut hier
d'un coup de fabre qu'il a
reçu dans un combat parti
culier contre le Colonel Be
toni , Colonel Hongrois .
Ily a une Ordonnance nouGALANT
it
vellement publiée contre les
combats particuliers.
Extrait d'une autre Lettre,
Le fort en eftjeté, & tous
les Bachas ont eu ordre de fe
preparer à marcher avec leurs
Troupes pourſe rendre au plus
tard à la fin du mois de Mars
prochain vers les embouchures
du Danube , en confequence de
la guerre declarée contre les
Mofcovites ; & le 26. Decembre
leKam des Tartares partit
de Conftantinople pour aller
trouver le Roy de Suede. Le
322 MERCURE
Grand Seigneur a fait au Kam
plufieurs prefens confiderables
on luy a fait de grand honneurs
à fon arrivée
départ.
à fon
On a ordonné de travailler
en diligence à l'Armement de
la Flotte revenuë de la Mer
noire. Abdi Bacha Seraskier de
Belgrade s'eft rendu auprés du
Roy de Suede , avec les Troypes
de Romelie , dont on luy a
donné le Commandement.
Le 2. Decembre Ofman
Aga Kiaïa , Lieutenant du
grand Vifit Mehemet nou
GALANT 328
vellement dépofé , & Mcktubay
Effendi fon Secretaire
, ont eu la teſte tranchée
dans la Place qui eft devant
le Serail , & leurs corps expofez
trois jours au peuple.
On a auffi expofé en public
devant le Serail la tefte du
Vifir avant Mehemet , qui
avoit agi contre le Roy de
Suede . Il avoit efté relegué
à Metelin , ou l'on l'a étran
glé.
On dit à Conftantinople
que le Grand Seigneur a dé
claré qu'il marcheroit en
perfonne à la teſté d'une
324 MERCURE
Puillance Armée pour atta
le Czar du cofté de l'U
quer
kraine.
La Cour d'Efpagne extrê
mement affligée des morts
qui ont affligé la France ,
s'eft reglée pour le deuil fury
celuy qu'on porta à la
mort de la Reine Marie
Therefe , & de la premiere
femme de l'Empereur Leo -1
pold , & de l'Imperatrice
foeur de Marie Therefe..
La Reine a témoigné qu'
elle feroit bien aile de faire
fes couches, au Buen Reti
ro , où le Roy fait faire
GALANT. 325
quelques accommodemens
pour la rendre habitable.
Le Duc de San Juan eft
mort le 12. Fevrier ; il eftoir
Viceroy de Navarre.Le Roy
a donné cette Charge au
Duc de Veraguas
.
Le Roy a donné à Don
Juan de la Ranenda Rubalcava
, la Charge de Fifcal de
l'Audiance Royale de Sarra,
goffe.
Il eft arrivé d'Andaloufic
plus de 3000. chevaux pour
remonter les Gardes du
Corps & le refte de la Cavaleric.
326 MERCURE
On écrit de Galice que le
fieur Ducaffe eft arrivé à la
Corogne , aprés avoir échapé
plufieurs perils , fur rout
one furienfe tempefte depuis
fon départ de la Martinique.
On dit que les Vail
feaux apportent la valeur de
trente cinq à quaranto millions
de livres en or & en argent
, outre les marchandifes
& autres effets .
Les Troupes Françoiles
de la Conca de Trems marchent
vers Valence par l'ordre
de Monfieur le Duc de
Vendôme ; elles ferontremGALANT
327
placées par des Troupes
Françoifes.
Les Troupes du Roy
d'Espagne eftant en quartier
d'hiver en Catalogne
fort tranquillement , Don
Nicolas Teran de Urivé eft
forti avec un détachement
pour efcorter les Fourageurs
,
il a rencontré un
Corps confiderable de Mi
quelets & de Volontaires
illes a chargez & mis en fuite
; il en a tué environ fotxante
& fait trente priſonniers.
La difette de grains &
328 MERCURE
dhuile eft fort grande à
Naples. On a envoyé plu
fieurs Tartannes à Otrante ,
à Cotronne , à Bari , & plufieurs
autres Ports de la Calabre
par de là le Fare, pour
en apporter des grains &
des huiles. Ces Tartanes ont
efté difperfées par une forte
tempefte , ils ont gagné les
premiers Ports qu'ils ont pu
atteindre Il y en a une de
peric , & plufieurs fort en
dommagées.
$2222255 5252255
TABLE.
PE'ponſe à quelques plaintes
contre le Mercure, 3
Idée à l'imitation & Stile Ra-
10
30625
belaizien
Dixainfur leftile Marotique, 17
Mort du dernier Dauphin , 19
Sur les Mefures
Geometriques
des Voutes ,
Sur la Mefure Geometrique
des
Voutes fur Hausées , ou des
demi Spheroides
Oblongs , 26
Sur la Meſure des Voutes fur
baisées, ou des demi Spheroides
applatis , 30
Supplement an Memoire inferé
dans le Mercure de Trévoux
de Janvier 1711. fur les
TABLE.
changemens arrivez à la furface
de la Terre , 34
D'une espece d'homme Marin ,
pêché au Conquet » 44
Sur un Portrait en grand, envoyé
par une Dame à l'Ateur,
pour mettre dans une
Salle 47
Extrait de Lettre de Mr le Co
Lonel de Funch , écrite de
Conftantinople le 14. fanvier
1712 à Mr de Cronstroom
Envoyé Extraordinaire de
Suede,
49
$7
L'éloge du Vin de Bourgogne,
traduction de l'Ode Latine
de Monfieur Grenan, ·
La Champagne vangée, ou
lauange du vin de Reims ,
qu'un Poïse Bourguignon
TABLE.
blafmé,
67
Morts
Heraults d'Armes ,
Avanture de deux Officiers , 101
77
91
Lettre de Madame D. T. aprés
ifa petite verole en lay envoyant
le jour de fa Fefte
un Collier de perles en Lacs
d'Amour, 120
Morts ,
Nouvelle Récente
LeDeuil de la France
Epitaphe de Monfeigneur & de
132
145
193
Madame la Dauphine , 156
Voyage de l'Amour & de
L'Amitiés 169
Dialogue entre un Berger & unt
Bergere,
184
Lettre de Quebec.
Animaux qui font du fon, dans
202
TABLE.
des efpeces de Cavernes fous
des
Roches
Rhodope ,
Afpafie,
Lais ,.
Lamia ,
2.19
242
245
247
·25x
Impromptu forcé d'un Magiftrat
de Châalons pour une Dame
qui l'obligeoit à faire des
Versfurfa laideur , 26 }
Lettre d'Arras ,
265
Nouvelles d'Allemagne , 271
Nouvelles d'Espagne, 275
Nouvelles d'Angleterre 278
Autre Traduction de l'Ode Las
tine furle vin de Bourgogne ,
280
Nouvelles diverses,
290
Lettre d'Utrecht , 292
Penfionsdonnées par le Roy, 295
TABLE.
Enigmes ,
301
Extrait de plufieurs Lettres ,
314
J
APPROBATION.
Ay lû par ordre de Monſeigneur
le Chancelier le Mercure
Galant du prefent mois
de Mars . A Paris ce 26 Mars
1712 .
CAPON.
3
KOTAD

า กาก
CATALOGUE
DES LIVRES NOUVEAUX
Imprimez chez PIERRE RIBOU¸ à
Defcente du Pont Neuf, à l'Image
faint Louis.
Des R R. PP . Benedictins , de la Congregati
de faint Maur .
S
Andi Auguftini Hipponenfis Epifcopi Oper
denuò caftigata & illuftrata , cum Indicibus
Vita ejufdem fancti Auguftini , fol . 8 vol .
Petit pap . veau ,
Moyen papier ,
Grand papier ,
144 li
224 li
320 li
·Eorumdem Operum Indices , cum vita sa:-,
Auguftini , fol . feparément , petit pap . 18
Moyen papier ,
24 li
Grand papier , 40 li
Les Volumes fe vendent feparément ,
petit papier ,
18 li
Moyen papier , 24 li
Grand papier, 40 li
6 Vita S. Auguftini , fol . feparément ,
Sandi Hilarii Epifcopi Pictavienfis Opera , eme
data & illuftrata , fol . petit papier , 18 1
Moyen papier ,
Grand
papier,
24 1
40
Sandi Gregorii Epifcopi Turonenfis Opera , caftigata
editaftudio Domini Theodorici Ruinart ,
Monachi Ordinis fanéti Benedicti , Congregationis
fancti Mauri , folio , Is liv.
Hiftoire de Bretagne , compofée fur les Titres
& les Auteurs originaux , par Dom Guy Alexis
Lobineau , Benedictin de la Congregation
de faint Maur , avec les Preuves : & enrichie
de Portraits, deTombeaux , de Sceaux ,
& autres Monumens gravez en taille - douce ,
fol. 2 vol. 1707 . 60 liv.
Meditations pour tous les jours de l'Année ,
tirées des Evangiles qui fe lifent à la Meſſe ,
& pour les Fêtes principales des Saints, avec
leurs Octaves , par le R. P. Rainſſant , Benedictin
de la Congregation de faint Maur , in
4° , quatrième édition , 1707 .
6 liv .
Domini Edmundi Martene Benedictini Congregationis
fancti Mauri Commentarius in Regulam
fancti Benedicti litteralis , moralis , hiftoricus ,
in 4° , 7 liv. 10 f.
Ouvrages de M. Baluze .
onciliorum nova Collectio , in qua continentur plurima
Concilia , nunc primùm in lucem edita ex
antiquis Codicibus : Sea Supplementum ad collectionem
Conciliorum Labbai , fol . 1707. petit
papier ,
Grand papier ,
cum Notis , in 8°
Is liv.
24 liv.
oncilia Gallia Narbonenfis , nunc primùm edita ,
4 liv. lluftr. Domini P. de Marca Archiepifcopi Parifienfis
Dißertationes de concordia Sacerdotii Imperii :
Seu delibertatibus Ecclefia Gallicana . Noviffima
editio au&tiùs illuſtrata , fol . petit pap. 15 liv.
and
papier ,
24 liv.
fdem de Marca Hiſpanica , five limes
Hifpanicus , hoc eft , Geographica & Hiftoric
Defcriptio Catalonia & Rufcinonis : acceffere ge
fta veterum Comitum Barcinonenfium , Nicolaz
Specialis res Sicula , &c. omnia nunc primùzza
edita, fol. petit papier ,
Grand papier ,
Is liv
24 liv
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- Ejufdem Differtationes tres , cum notis &
Appendice actorum veterum , in 8° 3 liv
Ejufdem Opufcula , nunc primùm in lucern
>
edita , in 8 ,, 3 liv
Vita Paparum Avenionenfium , hoc eft , Hiftoria
Pontificum Romanorum qui in Gallia federunt al
anno 1305. ad annum 1394. fcripta ab auctoribus
coëtaneis , cum Notis , in 4° , 2 vol . 14 liv
Sancti Agobardi Archiepifcopi Lugdunenfis Opera
necnon Leidradi & Amulonis Archiepifcoporum
Lugdunenfium Epiftola & opufcula , cum Notis,
in 8 , 2 vol .
6 liv
Santi Cafarii Epifcopi Arelatenfis Homilia , nunquam
antehac edita , cum Notis , in 8 ° , 11. 10 f
Marii Mercatoris Opera , cum Notis , in 8º , 3 liv
Reginonis Abbatis Prumienfis Libri duo de Ecclefia.
fticis difciplinis & Religione chriftiana , &c. cur
Notis , in 8 °, 4 liv
Salviani Maffilienfis , & Vincentii Lirinenfis Opera
cum Notis uberioribus , in 8º , tertia edit. 3 liv
Vita Petri Caftellani , Magni Francia Eleemofyna
rii , à Petro Gallandio fcripta , cum Notis , ir
I liv.10 f
Mifcellaneorum Libri quinque , hoc eft , Collectie
veterum Monumentorum , in 8 ° , 5 vol . 15 liv
Les volumes fe vendent feparément 3 liv
Ouvrages de feu Mre ARMAND LE BOUTHILLIER
DE RANCE', Abbé de la Trappe .
8

1
De la Sainteté & des devoirs de la vie Monaf
tique , avec les éclairciffemens fur les dif
4
cultez furvenues au fujet de ce Livre , in
4 , 3 vol.
17 liv.
8 liv.
Les Eclairciffemens
,in 4 , feparément
, 6 1 .
Les mêmes
in 12. feparément
, 2 liv. to f.
Cinq Chapitres
tirez
du Livre
de la Vie Monaftique
; fçavoir
, de l'amour
de Dieu
, de la
Priere
, de la Mort
, des Jugemens
de Dieu
,
& de la Componction
, in 12. I liv
Difcours
de la pureté
d'Intention
, & des moyens
pour
y arriver
, in 12 .
I liv. 10 f.
Carte
de la Vifite
de M. l'Abbé
de la Trape
å
' Abbaye
des Clairets
, avec
une Inftruction
fur la mort
de Dom
Muce
, in 12.
ì liv.
nftructions
de faint
Dorothée
, Pere
de l'Eglife
Creque
, traduites
du Grec
en François
,
avec
la Vie de ce faint
Pere
, in 8" , 2 l. 5 f.
nftructions
fur les principaux
fujets
de la Pieté
& de la Morale
Chretienne
, in 12. 1 L 10 f.
lettres
de Piété
choifies
& écrites
à differentes
perfonnes
, in 12 , 2 vol .
4 liv.
Meditations
fur la Regle
de faint
Benoît
, troifiéme
édition
, augmentée
de la veritable
preparation
à la mort
, in 12.
2 liv.
De la veritable
preparation
à la mort
, in 12 .
feparément
,
I liv.
Léponſes
au Traité
des Etudes
Monaftiques
de
Dom
Jean Mabillon
, in 4° ,
Les mêmes in 12. 3 vol.
6 liv. e Texte de la Regle de S. Benoît, trad.in 12.11.
a Regle de faint Benoît , traduite
& expliquée felon fon veritable
efprit , in 4 ° , 2 vol . 121.
La même in 12. 2 vol .
s liv.
eflexions
morales
fur les quatres Evangiles
,
in 12.4 vol.
7 liv. 4f.
eglemens generaux de l'Abbaye de la Trappe,
in 12. a vol .
3 liv. 12 f.
ion de la mort de Dom Abraham Beugnier
, in 12. brochure ,
Relation de quelques circonftances de la mo
de M. l'Abbé de la Trappe , in 12. broch
re ,
8
Traité abregé des Obligations des Chrétien
in 12 .
I liv. 16
Du R. P. Dom LE NAIN, Sous - Prieur de l'Abb
de la Trappe.
7 liv. 12
Homelies fur le Prophete Jeremie , in 8 ° ,
vol.
Hiftoire de l'Ordre de Cîteaux ou Vies
Saints de cet ordre , in 12. 9 vol .
>
16 liv .
De Noffeigneurs du Clergé de France.
4
Procés verbal de l'Affemblée de 1699. fol.
-De l'Affemblée de 1693. & 16 95. fol . 10
De l'Affemblée de 1701. & 1702. fol . 6
Relation des Affemblées de MM. les Prela i
pour la condamnation du Livre de M. l'A
chevêque de Cambray , in 4 ° , 4 11
Recueil concernant l'établiffement de deux
minaires dans le Diocefe de Reims ,in 4 ° ,
Du R. P. DUBOIS , de l'Oratoire.
Hiftoria Ecclefia Parifienfis , fol. 2 vol . 301
Le Tome fecond feparement , IS 1
Du R. P. A MELOTTE , de l'Oratoire.
Le Nouveau Teftament traduit fur la Vulg
te , ave des Notes , & des Cartes de la Terre
Sainte , in 4 , 2 yol.
Le même in 18.
12 liv
I liv
Du R. P. HARDOUIN , de la Compagni
de Fefus.
Antirrheticus de nummis antiqui's Coleniarum
Municipiorum ad Joannem Vaillant , in 4º , 3 I.
ti Joannis Chryfoftomi Epiftola ad Cafarium
Monachum , Gr. & Lat. cum Joannis Harduins
Notis , & Dißertatione de Sacramento Altaris ,
De differens Auteurs .
4 liv.
npendium Inftitutionum Juftiniani , feu compen➡
liofa earum tractatio , in 12 . 1 liv.
tur affectif de faint François de Sales , tiré
e ce qu'il y a de plus touchant dans fes
crits , pour la confolation des ames devoes
, par M. Gambard , in 12. 1 liv. 12 f.
arnale Ciftercienfe , ad ufam Fulienfium , rubroigrum
, in 24. maroquin ,
>
31
.
cours
de
faint
Bernard
, compofez
à la
priere
e fa
foeur
la
Religieufe
, où
font
contenus
ous
les
principaux
points
du
Chriftianifme
ouvelle
traduction
, in
16
.
1 liv
. 10.
f.
ercice
Journalier
, à l'ufage
des
Religieufes
la
Congregation
de
N.
D.
in
16
.
I liv
.
niere
de
bien
entendre
la
Meffe
de
Paroiffe
,
ir
Meffire
François
de
Harlay
, Archevêue
de
Rouen
, imprimée
par
l'ordre
de
feu
1.
l'Archevêque
de
Paris
, in
12
.
1 liv
.
lonnances
du
Roy
pour
le
fait
de
la
Guerre
,
12.
Is
vol
.
45 liv.
Les volumes
fe vendent
feparément
, 3 I.
glement
pour
le Regiment
des Gardes
, in
I liv. eres Chrétiennes recueillies par ordre de
feu M. l'Archevêque de Paris , en Latin & en
François ; avec une Inftruction pour la Confeffion
& Communion , & une Conduite pour
bien gagner le Jubilé , in 12 , troifiéme édi
tion ,
I liv.
on de l'Eglife
fur le Silence
Chrétien
&
@
7
Monaftique , contre l'intemperance de la la
gue , & les paroles inutiles en general , &
particulier contre la trop grande freque
tation des Parloirs des Religieufes , par
Hermant , in 12 . 1 liv. 1
moyens de le guer
liv.10
Traité du Cancer , & des
par M. Alliot , in 12 .
Traité des Ecoles Epifcopales , par feu M. Jo 1
Chantre & Chanoine de l'Eglife de Pari
in 12 . 2 I
Vie de la Mere Eugenie de Fontaine , Religie
de la Vifitation, morte en 1694. in 12.11.IC
De l'ufage de celebrer le Service Divin , en la
gue non vulgaire , par le R. P. Caponn
Chanoine Regulier , in 12 . I liv.
Imitation de Jefus- Chrift en vers , avec fig
res, par M. de Corneille , Bruxelles. in 8 °, 4
Hiftoire du Concile de Trente , par Frapaol
in 4
8 li
Les Loix Civiles dans leur ordre naturel , f
2 vol.
18 li
Les mêmes , in 4” , 6 vol. 36 11
L'art de Tourner ou de faire en perfecti
routes fortes d'ouvrages au Tour : ouvra
tres-curieux & tres-neceffaire à ceux qui s
xercent au Tour , fol. Latin & Fr. 1 1 .
Traduction nouvelle des Odes d'Anacreon, p
M. de la Foffe , feconde édition , augment
de deux Odes , l'une de Pindare , & l'aut
d'Horace , in 12.
Nouvelle Grammaire Efpagnole ,
ger , in 12.
Nouvelle Traduction de Juftin ,
marques , in 12. 2 vol .
2 liv . 10
par M. Pe
2 liv . 5
avec des R
Conquête du Mexique , în 12. 2 vol.
Conquête du Perou , in 12; 2 vol.
„Voyage d'Alep à Jeruſalem , in 12.
3
liv . 10
s li
liv. Io
a lil
fouvelle & parfaite Grammaire Françoife du
Pere Chifflet , in 12. avec un abregé d'Ortographe
,
i liv . 1o f.
in 12.
e la Connoiffance de Dieu , par M. Ferrand ,
2 liv . 10 f
Forum Teftamentum Gracum , in 18. liv. 16 f.
Efprit de l'Ecriture Sainte,in 12. 2 vol.3 1.10 f.
eComte de Cardone , în 12. i liv . 16 f.
es Avantures Galantes du Chevalier de Themicourt
, par Madámé D ... in 12. ì l. 16 f.
Purteriana , ou les bons mots de M. Furetiere ,
in 12.
2. liv.
vantures galantes de France & d'Espagne ,
in 12. 2 liv.
raduction nouvelle de Miguelles Cervantes ,
in 12 . 2 liv.
6 liv. blea facra , in 4
mufemens ferieux & comiques , par M. du
Freny , in 12 .
I liv. 10 f.
rammaire Allemande , de Perger , in 12. 1 1.
ffais de , litterature pour la connoiffance des
bons Livres ; & fupplément des Eſſais , in 12 .
8 liv.
4 Vol.
e Jeu de l'Hombre , augmenté des Decifions,
Nouvelles , in 12. I liv . 10 f.
es Campagnes du Roy de Suede , in 12. 3
vol..
6 liv.
2 liv .
a Vie de M. de Moliere , in 12 .
raité du Recitatif dans la Compofition , dans
la Declamatión , la Lecture & l'Action publique
, in 12 .
I liv. 10 f.
Hiftoire de la Virginie , contenant celle de fon
établiffement & de fon gouvernement jufqu'à
prefent , les productions naturelles du
Païs , la Religion , les Loix & les Coûtumes
des Indiens naturels , par un Auteur natif &
bitant de ce Païs - là , in 12. enrichie de figures
و
2 liv. gures en taille-douce ,
Ecole parfaite des Officiers de Bouche , qui
feigne les devoirs du Maître d'Hôtel &
Sommelier , la maniere de faire les Co 1
tures feches & liquides , les Liqueurs ,
Eaux , les Parfums , la Cuifine , à décou
les viandes , & à faire la pâtifferie ; huitié
édition , corrigée & augmentée des pâtes
Liqueurs nouvelles , & des nouveaux P
goûts qu'on fert aujourd'hui : Avec des n
deles pour dreffer les Services de Table
12 .
>
د
2 liv. s Abregé
de la Sainte Bible , en forme de Qu tions & Réponfes
familieres
, tirées de d ferens Auteurs
; divifé en deux parties
, l'a cien & le nouveau
Teftament
, par le R. Guerard
, de la Congregation
de faint Mau
feconde
édition
, in 12 . 2 I
Les Delices de l'Italie , contenant une defc.
ption exacte du Païs , des principales Vill
de toutes les Antiquitez , & de toutes les
retez qui s'y trouvent ; ouvrage enrichi d
tres-grand nombre de figures en taille douc
in 12. 4 vol. 12 I
Traité des Jardinages , par M. de la Quintin
in 4º , 2 vol .
Le Prince Grec , in 12.
12 1
2 1
S.
vol. 10 1
2 liv . 10
Hiftoire de D. Quixotte , in 12. S vol . 12 l . 10
Les Fables de la Fontaine , in 12 ,
La Princeffe de Cleves , in 12 .
L'Arithmetique de Legendre , in 12. 2 liv. 1
La Vie de Cromvvel , de Gregorio Leti , in
s 1
2 vol.
Les Oeuvres de S. Evremond
, in 12.5 vol . 1C
Juvenal, de la traduction du P. Tarteron
12 .
Zayde , in 12. 2 vol ,
2 liv . Id
4 .
ΤΟ
tyle du Confeil , par M. Gauret , in 4º, ƒ liv:
ode de la Marine , in 4 " ,
3 liv.
raité hiftorique des Monnoyes de France , par
M. le Blanc. in 4 .
2 liv.
9 liv.
ialogues
entre le Diable Boiteux
& le Diable Borgne
, par M. le Noble ,in 12. raité de la Parole
, in 12. brochure
,
8 f.
ucien d'Ablancourt
, nouvelle
édition
, aug- mentée
de Notes , in 12. 3 vol.
6 liv. umifmata
area Imperatorum
Auguftorum
& Ca Jarum
in Coloniis
, Municipiis
& vrbibu
Jure
Latio donatis
, ex omni modulo percußa
, autore Joanne Foy-Vaillant
, in fol . 2 vol . 36 liv. Hiftoire
reduite
à fes principes
, dediée
à
Monfeigneur
le Duc de Bourgogne
, în 12.
2 vol.
3 liv. 10 f.
ontes des Fées , où les Chevaliers
Errans , & le Genie Familier
, par M. D... in 12. 11. 15 f.
Guzman
d'Alfarache
, in 12.3 vol. 7 I. 10 £
raduction
en vers François
des Epigrammes 'd'Ovven
, in 12.
í liv. 10 f.
es Amours de Pfiché , in 12.
Mufe Moufquetaire , in 12 .
irgile , de Martignac , in 12.3 vol.
2 liv.
2 liv .
6 liv.
ucrece , de la nature des chofes , avec des remarques
fur les endroits les plus difficiles ,
traduction nouvelle , in 12. 2 vol . 4 1. 10 f.
Ambiguë d'Auteuil , ou varietez historiques ,
compofées du Joueur , du Nouvelife , du Financier,
du Critique , de l'Inconnu , du Sincere
, dù Subtil , de l'Hypocrite , & de plufieurs
autres perfonnages de differens caracteres
, in 12 .
1. liv . 5. f..
es Avantures d'Appollonius de Tyr ,livre rempli
d'enemens , & écrit dans le même ' ſtyle
que Telemaque , par M. le B ... in 12. a liv
Prince Eraftus , fils de l'Empereur Diocle
II
tian , in 12 .
2 liv . s.
Abregé de Geographie , & de tout ce qu'il
a de plus remarquable dans chacune des qu
tregrandes parties de la Terre , particulier
ment dans l'Europe & dans le Royaume
France : le tout mis en ordre pour pouve
être appris & retenu facilement par cou
avec les routes des Poftes de France & d'E
pagne , dedié à S. A. S. Monfeigneur le Prin
de Dombes , par M. Poncein , in 12. 1 liv.
Hiftoire fecretede Bourgogne , in 12. 2 vol .
Vaſconiana , ou Recueil des bons mots , des pe
fées les plus plaifantes , & des rencontres
plus vives des Gafcons , feconde édition , a
mentée , in 12 .
liv. 5
Les Metamorphofes d'Ovide , ' traduites par
Durier , derniere édition , in 12. 3 vol . 6 I
Les mêmes en Rondeaux , avec figures ,
Bencerade, imprimées à Bruxelles , in 8 , 4
Les Metamorphofes , oul'Afne d'or d'Apulé
Philofophe Platonicien avec le Demon
Socrate , traduction en François , avec d
Remarques , in 12. 2 vol. s1
Les Fables d'Elope Phrygien , avec celles
Philielphe , traduction nouvelle , enrichie
Difcours moraux & hiftoriques , & de Qu
trains à la fin de chaque difcours , avec
gures . On a ajoûté à cette nouvelle trad
tion les Contes d'Efope , les Fables diver
d'Abrias & d'Avienus , in 12. 2 vol . 4 1. 10
Les Memoires de la Vie du Comte D ...
J
avant
retraite , contenant diverſes avantures
peuvent fervir d'inftruction à ceux qui on
vivre dans le grand monde ; redigez par M.
S. Evremont , in 12. 2 vol. 4 liv.I
Les Memoire de Meffire Roger Rabutin , Con
de Buffy, in 12. vol. 7 liv. 10
douce ,
em , Ses Lettres , nouv . édit . in 12. 4 vol . 8 I,
is Oeuvres d'Homere , traduites en François
par M. D.... enrichies de figures en tailledivifées
en 4 vol. in 12 . Io 1.
inte- Curce , de la traduct . de M. de Vaugelas,
Avec le Latin à côté , 2 vol . in 12 . 4 1.10 f.
euvres d'Horace en Latin & en François , avec
des Remarques critiques & hiftoriques , de M.
Dacier , troifiéme édition , revûe , corrigée
& augmentée confiderablement par l'Auteur ,
in 12. 10 vol.
20 liv. iftoire de France , P. Marcelle
, in 12. 4 vol . 8 l.
xicon Buxtorfi
, in 87 , 4 liv. 10 f.
em Lexicon Paforis , Greco- Lat . in 8 °, 4 1. 10 f.
brpus Juris Canonici , à Petro Pithoxo , cum appendice
Furs Canonici , continens Librumfeptimum
Decretalium, & Fo. Pauli Lancelotti inftitutiones
Juris Canonici , in fol . 2 vol . 20 liv.
es Oeuvres de Maître Guy Coquille , Sieur de
Románey , 1703. 2 vol .
dernes , in 12.
ecueil de bons mots des Anciens & des Mo-
13 liv.
2 liv.
brneille , in 12.10 vol. 20 liv.
acine , 2 vol.
6 liv.
THEATRE DE MESSIEURS
ampiftron , nouv. éd. augmentée d'une Tragedie
& d'une Comedie , & ornée de figures , 4 1.
e la Foffe , avec les Poëfies ,
grand ,
2 vol. S liv.
2 liv. 10 f.
ébillon ,
adon ,
3. liv. 10 f.
3 liv.
2 liv . 10 f. e la Grange ,
ollere , & vol . nouvelle édition , augmentée
fa Vie , avec de nouvelles Remarques , 15. l .
court , 7 vol. nouvelle édition , augmentée
He plufieurs Pieces qui n'avoient point été
rimées dans les éditions precedentes,avec
33.
figures & Mufique ,
Regnard , 2 vol.
Poiffon , 2 vol.
De Hauteroche ,
sli
3 li
2 liv. 10
Palaprat , 2. éd. augmentée de plufieurs Come
dies qui n'ont pas encore efté imprimées , &
d'un Recueil de Pieces en Vers, 2 vol. 41. 10
Baron ,
De Riviere ,
De la Thuillerie ,
Boindin ,
De Champ- mêlé ,
De Montfleury , 2 vol .
Bourfault , 2 vol .
De Mademoiſelle Barbier ,
3.li
2 liv. 10
2 li
2. li
2 li
sli
sli
2 liv . 10
Quinaut ,
2 liv. 10
Theatre François > 6 vol.
Is li
Idomenée ,
Aftrée ,
Electre ,
Rhadamifthe & Zenobic ,
Les Tyndarydes ,
Cyrus ,
Saül ,
Herode ,
Polydore ,
La Mort d'Ulyffe ,
Muftapha ,
Agrippa , ou le faux Tiberinus ,
Le Curieux Impertinent ,
Les Agioteurs ,
L'Amour Charlatan ,
Le Naufrage ,
Danać ,
Turcaret ,
Crifpin Rival ,
Le faloux défabuſé ,
1
}
Tragedies
ZComedies,
eš Airs notez des Comedies Françoiſes , par
M. Gillier , in 4º,
Cantates & Arietes de M. le B. fol. 7
7 liv .
liv. 10 f
e quatrième Livre des Motets de M. Campra
,
e Mercure Galant
Et broché ,
?
s liv.
11. 10.f.
I l. sf
ecueil de Pieces en Vers , adreffées à S. A.S
Monfeigneur le Duc de Vendôme , & plufieurs
Effais de Poëfies diverfes , par Monfieur de
Palaprat , 1. vol . in 12. 11. 10 f
!
Et toutes les antyes Pieces de Theatre , tant
anciennes que nouvelles,
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le