Titre
EGLOGUE Par Mr ***
Fait partie d'une livraison
Page de début
49
Page de début dans la numérisation
55
Page de fin
66
Page de fin dans la numérisation
72
Incipit
Deux jours s'estoient passez sans que le beau Thamire
Texte
EGLOGUE
E G L0G U E.
Par Mr ***
Deux jours lejl-oient
pajïezsans quele beau
Thamire
Eutni vûni cherché la
Bergere Delphire
Nonpas qu'anfond du
coeurjustement irrité
Ilpûtlasoupçonnerd'une
infidélité,
On eg dans nos Hamjiedauex
lilnesenysible *ou
Maisunjourqu'ilsembloit
moins empressé
pour elle,
Delphire épouventée à 1.4
moindrefroideur.
Voulut,enl'allarmant ralumerson
ardeur.
Atis , le jeune Atis,
Etranger au Village,
La terreur des Amants,
/ilefioitmoins volage,•
Entre tous nos Bergers
parut leseul objet
1
Qui luy putassurerlesucces
du projet.
Unjour doncqu'en nos
champs une vivejeunesse,
Offroit des jeux galants
à la tendreDéesse,
Nos deux Amants t.
toient l'un près de l'autre
assis,
Delphire prés desoysçut
attirer Atis.
Elle n'eut pas besoin
d'ungrand Artpour
luy plaire;
IIsuffit qu'ellefut moins
distraite&moinsfiere,
Atis, sur ce qu'il voit
croit à peinesesyeux,
Delphire l'entretient d'un
airplusgracieux.
Devenu moins timide il
offre àla Bergere,
Un bouquetqu'il venoit
de cueillirpour Glicere,
Thamire qui levoitn'en
estpoint irrité,
Le plaint &rit toutbas
desa temerité.
Mais quel prodige! o
Dieux! quel caprice bizarre,
Delphine luysourit,prend
lesfleurs& s'enpare
Il en faut moins encor
poursascherun Berger,
Thamire furieux croit
quon veut l'outrager,
Quitte les jeux & suit
l'ame d'horreursaisie,
Source de ses ennuis,
soeur de la jalousie
Délicatesse , enfant du
plus purdesAmours,
Pourquoy de ce Berger
troublois-tu les-beaux
jours.
Il cherche de nos bois les
plus épaisses ombres,
NosForestàson gréne
sontpas assezsombres,
Les oiseaux font de trop:
un Berger, amoureux,
N'estjamais lIlffiZflul
quand ilestmalheureux.
Enfintoujoursguidépar
son inquietude,
Et cherchant plus encor
l'ombre & lasolitude,
Son destin? ou plustost le
Dieude nos Hameaux,
Amour leconduisitle
bord de ces eaux.
Dont le paisible cours anrnfi
alUrmes;,y
Des malheureux qui
vont leur consier leurs
,.
larmes;
Mais quelle efi sa fùr..
prise,il voit d'un air
reveur,
La houlette àses pieds
> sans ruban ny sans
fleur,
Delphtre d'unemains'appuyantsur
la rive,
Contempler du Ruisseau
la coursefugitive:
En vainparcentbaisers
toujours si bien refUS
Son Chien veut l'amuser,
elle ne le voit
plus:
Que pensoit-elle ? helas!
son air estoit trop tendre,
Elle pensoit à luy, pouvoit-
ilsi méprendre?
Ilnescait s'ildoitfuirou
s'il doit l>y parler,
Il croit que U première
elle doit l'appeller:
Il s'avances il s'éloigne;
il la cherche ; il l'évite,
Son coeur au mêmeinstant
s'attendrit &
s'irrite,
Incertain ,
il voudroit
qu'on le vit le preffl,
mier,
Et que Delphire vint
poursejustifier:
Ilfaitcent cent foisU
tour de laprairie,
Ilcraintce qu'il voudroit
acheter desavie.
Delphine qui le voit* de
l'oeilsuittoussespas,
Feint de ne le point voir,
mais ne l'évite pas,
Enfinl'Amourtriomphe,
& le Bergers'appro- che,
Surses lèvresilsentexpirer
le reproche,
Doit-il seindre? doit-il
montrer tout son courroux?
Sa fierté luy deffend de
paroijbrejaloux ,
QuoyDelphine cft icy,
dit-il, je me retire
Je craindrois.où
fuis-tu cruel
,
reprit
Delphire,
Ah! Dieux !pour toy ma
morta-t-elle tant
d'appas3
Queservent ces détours
:l'
mon cherThamire
9 helas !
C'est feindre trop longtemps
pour mon coeur
levostre,
Vousae nem'aimer plus,
moy d'en aimer un
autre,
Pardonner à mon coeur
l'artifice innocent,
Dontj'ai cru ranimer
un Amantlanguissant,
D'uncrimesi leger, qu'-
elle affreuse vengeance,
Helas? ilm'acoustédeux
joursentiers d'abjence.
Vous feigniez, ditTha- mire. en avez**
vous douté,
Cruel, Suis-jefaite 0
l'infidélité?
Jefeignois c'est
là ce qui me desespere ,
De vostrefoibleAmour
cette preuveest trop
claire,
Dit-il,un coeur bienpris
n'estpas maistre de
JOy,
L'objet desonAmoureutilmanquédefoy,
Dût-il apprehenderqu'il
ne devint volage)
Iln'y sçait que d'aimer
une fois davantage,
Il ne ménage rien, il aime.
aveuglement,
Toutesttransport en luy,
tout est emportement.
Vousfeigniez dites-vous,
ingrate, est-ilpossible!
Grands Dieuxpourfein-
,'. dre ainsi,qu'il faut
estrepaisible!
Quoy vous pouviez,penser
qu'infidelle ases
feux,
Mon traistre coeur osoit
former de nouveaux
noeuds,
Et les premiers effets -d'un fifenfible outràgt,
N'ontpas ejié'£horreur9
le difèJPoir, la rage,
Vous v~ousf e~jijes' b~ocrr/n?ée à1,
feindrefeulemçnt,
Delphire estoit-ce là maimer
bien tendrement?
Car ne me dites pas que
cette heureuse adresse,
Asouvent d'un Amant
raniméla tendresse,
Quesouvent un Berger
trop seur de ses A~
mours,
o en lasseroit bien - TCJZ
sans cetheureuxsecours.
Jesçay que ce moyenest
quelquesfois utile,
Je sçay même, je sçay
qu'ons'ensert à la
Ville:
Mais un coeur pastoral,
un coeur bienenflmé,
Fuitjusqu'au moyensur
dese voirplusaimé.
Qand ce moyen n'espas
d'estrefidelle&tendre,
Ousuis-je, ditDelphire,
& que viens-je d'entendre!
Je triomphe,&messoins
ont unsuccés heureux,
Helas!plus que jamais
Thamire est amoureux:
Si des transportssidoux
sont toute la <veng,an+-
ce, MoncherThamirecraint
queje ne recommence.
Ils parloient, & tA:..
mour les entendit des
deux9
Quelssentimens ? dit-il ;
je n'aimerois pas jmieux
E G L0G U E.
Par Mr ***
Deux jours lejl-oient
pajïezsans quele beau
Thamire
Eutni vûni cherché la
Bergere Delphire
Nonpas qu'anfond du
coeurjustement irrité
Ilpûtlasoupçonnerd'une
infidélité,
On eg dans nos Hamjiedauex
lilnesenysible *ou
Maisunjourqu'ilsembloit
moins empressé
pour elle,
Delphire épouventée à 1.4
moindrefroideur.
Voulut,enl'allarmant ralumerson
ardeur.
Atis , le jeune Atis,
Etranger au Village,
La terreur des Amants,
/ilefioitmoins volage,•
Entre tous nos Bergers
parut leseul objet
1
Qui luy putassurerlesucces
du projet.
Unjour doncqu'en nos
champs une vivejeunesse,
Offroit des jeux galants
à la tendreDéesse,
Nos deux Amants t.
toient l'un près de l'autre
assis,
Delphire prés desoysçut
attirer Atis.
Elle n'eut pas besoin
d'ungrand Artpour
luy plaire;
IIsuffit qu'ellefut moins
distraite&moinsfiere,
Atis, sur ce qu'il voit
croit à peinesesyeux,
Delphire l'entretient d'un
airplusgracieux.
Devenu moins timide il
offre àla Bergere,
Un bouquetqu'il venoit
de cueillirpour Glicere,
Thamire qui levoitn'en
estpoint irrité,
Le plaint &rit toutbas
desa temerité.
Mais quel prodige! o
Dieux! quel caprice bizarre,
Delphine luysourit,prend
lesfleurs& s'enpare
Il en faut moins encor
poursascherun Berger,
Thamire furieux croit
quon veut l'outrager,
Quitte les jeux & suit
l'ame d'horreursaisie,
Source de ses ennuis,
soeur de la jalousie
Délicatesse , enfant du
plus purdesAmours,
Pourquoy de ce Berger
troublois-tu les-beaux
jours.
Il cherche de nos bois les
plus épaisses ombres,
NosForestàson gréne
sontpas assezsombres,
Les oiseaux font de trop:
un Berger, amoureux,
N'estjamais lIlffiZflul
quand ilestmalheureux.
Enfintoujoursguidépar
son inquietude,
Et cherchant plus encor
l'ombre & lasolitude,
Son destin? ou plustost le
Dieude nos Hameaux,
Amour leconduisitle
bord de ces eaux.
Dont le paisible cours anrnfi
alUrmes;,y
Des malheureux qui
vont leur consier leurs
,.
larmes;
Mais quelle efi sa fùr..
prise,il voit d'un air
reveur,
La houlette àses pieds
> sans ruban ny sans
fleur,
Delphtre d'unemains'appuyantsur
la rive,
Contempler du Ruisseau
la coursefugitive:
En vainparcentbaisers
toujours si bien refUS
Son Chien veut l'amuser,
elle ne le voit
plus:
Que pensoit-elle ? helas!
son air estoit trop tendre,
Elle pensoit à luy, pouvoit-
ilsi méprendre?
Ilnescait s'ildoitfuirou
s'il doit l>y parler,
Il croit que U première
elle doit l'appeller:
Il s'avances il s'éloigne;
il la cherche ; il l'évite,
Son coeur au mêmeinstant
s'attendrit &
s'irrite,
Incertain ,
il voudroit
qu'on le vit le preffl,
mier,
Et que Delphire vint
poursejustifier:
Ilfaitcent cent foisU
tour de laprairie,
Ilcraintce qu'il voudroit
acheter desavie.
Delphine qui le voit* de
l'oeilsuittoussespas,
Feint de ne le point voir,
mais ne l'évite pas,
Enfinl'Amourtriomphe,
& le Bergers'appro- che,
Surses lèvresilsentexpirer
le reproche,
Doit-il seindre? doit-il
montrer tout son courroux?
Sa fierté luy deffend de
paroijbrejaloux ,
QuoyDelphine cft icy,
dit-il, je me retire
Je craindrois.où
fuis-tu cruel
,
reprit
Delphire,
Ah! Dieux !pour toy ma
morta-t-elle tant
d'appas3
Queservent ces détours
:l'
mon cherThamire
9 helas !
C'est feindre trop longtemps
pour mon coeur
levostre,
Vousae nem'aimer plus,
moy d'en aimer un
autre,
Pardonner à mon coeur
l'artifice innocent,
Dontj'ai cru ranimer
un Amantlanguissant,
D'uncrimesi leger, qu'-
elle affreuse vengeance,
Helas? ilm'acoustédeux
joursentiers d'abjence.
Vous feigniez, ditTha- mire. en avez**
vous douté,
Cruel, Suis-jefaite 0
l'infidélité?
Jefeignois c'est
là ce qui me desespere ,
De vostrefoibleAmour
cette preuveest trop
claire,
Dit-il,un coeur bienpris
n'estpas maistre de
JOy,
L'objet desonAmoureutilmanquédefoy,
Dût-il apprehenderqu'il
ne devint volage)
Iln'y sçait que d'aimer
une fois davantage,
Il ne ménage rien, il aime.
aveuglement,
Toutesttransport en luy,
tout est emportement.
Vousfeigniez dites-vous,
ingrate, est-ilpossible!
Grands Dieuxpourfein-
,'. dre ainsi,qu'il faut
estrepaisible!
Quoy vous pouviez,penser
qu'infidelle ases
feux,
Mon traistre coeur osoit
former de nouveaux
noeuds,
Et les premiers effets -d'un fifenfible outràgt,
N'ontpas ejié'£horreur9
le difèJPoir, la rage,
Vous v~ousf e~jijes' b~ocrr/n?ée à1,
feindrefeulemçnt,
Delphire estoit-ce là maimer
bien tendrement?
Car ne me dites pas que
cette heureuse adresse,
Asouvent d'un Amant
raniméla tendresse,
Quesouvent un Berger
trop seur de ses A~
mours,
o en lasseroit bien - TCJZ
sans cetheureuxsecours.
Jesçay que ce moyenest
quelquesfois utile,
Je sçay même, je sçay
qu'ons'ensert à la
Ville:
Mais un coeur pastoral,
un coeur bienenflmé,
Fuitjusqu'au moyensur
dese voirplusaimé.
Qand ce moyen n'espas
d'estrefidelle&tendre,
Ousuis-je, ditDelphire,
& que viens-je d'entendre!
Je triomphe,&messoins
ont unsuccés heureux,
Helas!plus que jamais
Thamire est amoureux:
Si des transportssidoux
sont toute la <veng,an+-
ce, MoncherThamirecraint
queje ne recommence.
Ils parloient, & tA:..
mour les entendit des
deux9
Quelssentimens ? dit-il ;
je n'aimerois pas jmieux
Langue
Vers et prose
Type d'écrit journalistique
Courrier des lecteurs
Faux
Genre littéraire
Résumé
L'églogue relate l'histoire de Thamire, un berger épris de Delphire. Thamire est troublé par la récente froideur de Delphire et est consumé par la jalousie. Lors de jeux galants dans les champs, Delphire attire l'attention d'Atis, un étranger au village, en lui offrant un bouquet destiné à Glicere. Cet acte irrite Thamire. Pour ranimer l'ardeur de Thamire, Delphire feint de s'intéresser à Atis. Thamire, furieux, se retire et erre dans les bois, tourmenté par la jalousie. Il retrouve finalement Delphire au bord d'une rivière. Après des hésitations, Thamire s'approche d'elle. Delphire avoue avoir simulé son intérêt pour Atis afin de raviver l'amour de Thamire. Thamire, blessé, accuse Delphire d'infidélité. Delphire explique son stratagème, et Thamire, malgré sa douleur, reconnaît finalement la profondeur de son amour pour Delphire. Leur échange est entendu par un témoin anonyme.
Est rédigé par une personne