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MERCURE
GALANT.
FEVRIER 1714.
M. DCCXIV
AvecPrivilege du Roy,
M ERCURE
G AL AN T.
Par le Sieur Du F***
Mois
de Fevrier
1714
etprixest 30. fols reliéen veau, &
aj. fols, broché.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bouc du Pont S. Michel
ducôcédu Palais.
JPIZJUIE RIBOU,à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILIIS LAMESIB, à l'entrée de la rul
du Foin, du côté de la rue
Saint Jacques.
vccAj>robatwni&Privilège duRtu
MERCURE
GALANT.
tA-VANTV RE
nouvelle.
N Gentilhomme
d'un ver itable mérite
, 5c d'une naissance
aflfczdiftinguée pour a:-,,
Voir[pris'lenomde Marquis
sans qu'on pût dire
qu'il l1eueusurpé, étant
un jour allé entendre un
concert, où il fut mené
par un ami, trouva dans
la maison où il se faisoit
une Demoiselle dont la
beauté lui parut piquante.
Elle étoitblonde,
avoit les traits assez reguliers,
le teint d'un
éclat qui surprenoitC 8C
une douceur toute charmante
répandue sur son
vifagc. Il fit fibien qui
se plaça auprès d'elle; &C
tandis que tout le monde
prêtoit l'oreille avec
foin aux belles voixdont
le concert etoit composé
,
il eut lesyeuxtoûjours
attachez sur cette
aimable personne. Les
paroles qu'on chanta lui
donnèrent lieu de l'entretenir.
Il en tira de
quoy la flater sur son merité;&
s'il la mit dans
quelque embarras à forr
ce de lui donner des
loüanges, il ne laissa pas
de s'appercevoir qu'elle
avoit l'esprit aisé, &C
que le silence qu'ellegardoit
quelquefois étoit un
effet de sa mode stie. Il
ne sortit point de l'assemblée
sans avoir appris qui
elle étoit. Il fçut que sa
qualitérépondoit à fou
merite, & qu'ayant perdu
(on pere & sa mere
dans son plus bas âge,
elle demeuroit chez une
tante quis'étoit chargée
ic Ca conduite. jCorrune
4, l'avoittrouvce toute
aimable, l'envie de la
voir avec quelque liberté
Lui fie ch erc her accès
auprès de la tante;Se
vous jugez bien qu'ayant
de l'esprit 8c du fçavoirfaiiç
,il n'eut pas de peine
à y relilTiF, Dans les
premiers foins qu'il s'attacha
à lui rendre, son
unique vûë fut le plaisir
-d'un amufernent honne.
te qui l'occupât pendant
quelques heures. Il dit
force douceurs à la bellesepreparant
au triomphe
d'attendrir un jeune
coeur. Ce ne lui fut
pas une chose aisée. Elle
s3'accoûA tuma a 1l,'entendre
,
sans qu'aucun sentiment
particul ier lui
fîr découvrir qu'elle fut
touchée; &cetteespece
d'indiffcrence blessant le
Marquis, qui étoit fier
naturellement, il ne put
souffiir sans beaucoup
de peine qu'elle lui ôtât
la gloire de lui laisser remarquer
en elle un commencement
de passion.
Ce n'est pas qu'elle n'eût
pour lui des honnêtetez,
dont il eût eu lieud'être
content, s'iln'eût souhaité
que del'estime :
ma is ce n'étoientpoint
des honnêtetez de diftinérion,
& il regardoit
comme une honte, qu'-
elle attendît son entier
hommage pour se declarer,
après que partout
ailleurs on l'avoit
presque toûjours prévenu
par des avances. Cependant
les manières de
la belle, de quelque froideur
qu'elles lui parussent
, ne laisserent pas
d.e1:enflâmer, Si meme
on peut dire que ce fut
ce qui porta son amour
à toute la violence qu'il
commença de sentir. Il
iy abandonna malgré
lui, & à quelque plix
que ce pût étre, il rèlOlut
de.se donner le plaisir
de se fairedirequ'il
étoit aimé. Ses empreffçmeus,
qu'il redoubla.,
le firent voir le plus amoureux
de tous les
hommes. Il dit à la belle
leschofès les plus flateuses,
& ne douta point
qu'en lui déclarant qu'il
la vouloit époufer,il ne
lui çausât toute la joye
que lui devoit inspirer
une alliance si avantageufe.
La belle reçut
cette dec laration avec
beaucou p de reconnoiiTance
> &C après lui
avoir marqué en ternies
fort serieux qu'clle
luiétoit sen siblement
obligée de l'honncur
qu'illui faisoit,elleajouta
que dépendant d'une
tante, dont lesvolontez
regloient les siennes,cetoit
à elle qu'il se devoit
adresser. Une réponse si
peu attenduë déplut au
Marquis. Ilditàlabelle,
avec un peu de chagrin,
qu'ilnesongeoit à se
marier que pour vivre
heureux > qu'il ne pouvoit
l'être s'iln'avoit son
coeur, & que ne voulant
le devoir qu'à dtcmême,
il seroit fort inutile
de lui faire demander,
le consentement de
ses parens, tant qu'illa
verroic dans cette reserve.
Il fie ce qu'il put pour
l'en tirer, & ses plus fortes
prieres n'obtinrent
rien de plus favorable
pour sa paisson
,
qu'une
assurance qu'elle suivrois
son devoir sans aucune
peine, & qu'aussitôt
que sa tante auroit
parlé0 il auroit sujet d'être
content. Le Marquis
tira de làuneconfequence
qui fit fbuHrirfa delicateffc.
Il s'en expliqua
avec la belle
,
& lui dit'
d'un ton de plainte,qu'il
lui devoit estre bien fâi
cheux de, voir que si la
tanre soppofoit à (on
bonheur, clic feroit prelte
à le dégager pour la
fatisfiuie. Labelle luircpliqua
qu'il se faisoit
tore de craindre qu'on
n'eust pas pour lui les
égards qui étoient deus
6càsonmérité & à sa
naissance;S£ n'ayant pu
l'obliger de se declarer
plus precifémerit, illui
fit connoître qu'il alloit
remettre au temps le
succés de sesdesseins,
afin que Imipression que
ses services feroient sur
son coeur lui fît tenir
d'elle feule ce que son
amour ne pouvoit devoir
à d'autres. Il continua
ses soins, qui furent toujours
reçus d'une man
iéré assez engageante.
L'étatoù il se trouvoit avoir
quelque chose d'extraordinaire.
Il aimoit
avec excés ; & quoique
labelle lui fît voir beaucoup
coup d'estime, 6C qu'il
ne remarquât rien qui
lui fît apprehender que
sa recherche ne lui sust
pas agreable, il ne pouvoit
se resoudre à presser
de rien conclure,
| parce qu'il ne voyoit pas
i qu'elle eust pour luy les
< empressemens dont il
croyoit que sa passion le
; rendroit digne. Les cho-
} ses ayant encore demeuré
un peu detempsdans
ces melmes termes,elles
changèrent de face par
un incident qui eut des
fuites qu'on n'attendoit
pas. Le Marquis avoit
un frere qu'on nommoit
Je Chevalier. Il estoit à
Rome depuis trois ou
quatre années, & il en
revint en ce temps-là.
Le Marquis qui avoit
toujours vescu avec luy
dans la plus étroiteliaison
que l'amitié ait jamais
établie entre deux
freres
, ne manqua pas
un peu après son retour,
de l'entretenir de samaistresse.
Ilne luy parla
ni de son esprit ni de sa
beauté, &C voulant qu'il
en jugeast par luy-mesme,
ille mena chez cette
jeune personne. Le Chevalier
qui avoit acquis
dans ses Voyages certaines
maniérés pleines
d'agrément qui perfectionnent
les heureux ta-
Jens que l'on a receus de
la natute,brilla fort avec
la belle dans une assez
longue conversationqui
fut aussivive qu'enjoüée.
Il fut touché de ce qu'il
connut d'aimable en elle,
& son frere luy ayant
demandé son sentiment,
il luy en dit millebiens,
& ne pouvoit fc lasser
de luy applaudir sur le
choix qu'il avoit fait.
Le Marquis ravi d'estre
approuvé, &. ne trouvant
point de plus grand
plaisir que d'entendre
parler d'elle,engagea le
Chevalier à la voir souvent.
C'estoient toujours
de nouveaux applaudiffemens
qu'il recevoir sur
f sa passion; & comme il
i estoitaisé de voir que le
Chevalier luy parloirde
bonne soy, & que rien
n'enflâme tant que les
:; louanges qu'on entend
donner ace qu'on aime,
J le Marquis sans y penser
i prenoit desredoublemés
; d'amour dont il ne pouvoit
démefler toute la
force. Il trouvoit que sa
maistresse avoit plus d'esprit
de jour en jour, &C
il ne comprenoit pas
qu'il lui étoit inspiré par
l'envie de plaire. La belle
ne sçavoit pas ellemesme
d'où lui venoient
de certains je ne sçay
quoy qui la rendoient
pluscharmante, & qui
lui donnoient en tout
une vivacité extraordinaire.
Elle suivoit un
panchant quelle neconnoissoit
pas, & le Chevalier
ne faisantrien qui
ne parlast à sonavantage,
elle abandonnoic son
coeur avec plaisir à des
sentimens qu'ellen'avoit
jamais eus. Elle ne s'a pperceut
mesme qu'ils
étoient nouveaux pour
elle, que lorsque le Chevalier
passa trois ou quatre
jours sans la venir
voir avec son frere. Elle
en montra quelque trouble,&
l'empressement
qu'elle avoit à demander
ce qui l'occupoit ailleurs,
étoit une marque
qu'elle y prenoit intesest.
Elle étoit moins
gaye lereste du jour, &
quand le Chevalier revenoit
, outre la joye
qu'elle laissoit éclater sur
son virage, elle lui faisoit
de si obligeans reproches
de sa négligence
, qu'elle ne pouvoit
lui dire plus ouvertement
ment que rien ne lui
plaisit tant que ses visites.
Elle ne cachoit rien
detoutecela au Marquis,
parce qu'agissant naturellement,
& n'ayant jamais
connu ce que c'étoit
quel'amour elle
étoit bien éloignée de
penser qu'il y eust rien
dans ses sentimens dont
il lui salut faire mystere.
Cependant comme
un amant véritablement
touché a les yeux bien
éclairez sur les moindres
choses, le Marquis
connut bientôt que sa
maîtreflfe sentoit pour le
Chevalier ce qu'il n'avoit
jamais pu lui faire
sentir pour lui. Il en eut
un depit secret qui fut
soutenu par sa fierté;
& au lieu d'y donner
ordre en l'empeschant
de le voir, il s'en fie accompagner
toutes les
fois qu'il alla chez elle.
Il étoit toujours de bonnehumeur;
Se sans laisfer
échaper aucun mouvement
ni de jalousie,
ni de chagrin, il montroit
un esprit libre qui
auroit trom pé les plus
clairvoyans. Le Chevalier
y fut abusé, & ne
crut point que par cette
fausse liberté d'esprit il
se ménageât celled'observer
ce qui se passoit
dans le coeur de samaitresse
: mais comme la
belle avoit pour lui une
honnesteté qui lui découvroit
des sentimens
plus forts que l'estime,
& qu'il se feroit senti de
grandes dispositions à y
répondre sans l'engagement
où il la voyoit, il
resolut, & pour Ton repos
, & pour s'acquicrer
de ce qu'il devoit à l'amitié
du Marquis, de renoncer
à une voue agreable,
mais qui pouvoie
le mettre en peril d'aller
plus loin qu'il ne lui
étoit permis. Ilavoitdéja
celle de parler si fortement
à son frere du
mérite de la belle, de
peur que le plaisir d'en
dire du bien ne découvrist
trop ce qu'il eust
voulu pouvoir se déguiser
à lui-mesme 5 & le
Marquis
,
homme attentif
à tout remarquer,
avoit jugé comme il le
devoit de cette reserve.
Ainsi quand le Chevalier
lui dit qu'il avoit
dessein de faire un voyage,
il entra d'abord dans
le motifqui en étoit eause
;& ce que la belle lui
avoit fait paroîtreavec
ingénuité de ses nouveaux
sentimens, ne lui
permettant point de
douter que leurs coeurs
ne s'entendirent sans
s'être expliquez, il fit
un effort sur lui pour
ne montrer aucune foiblesse.
A pres avoir pris
un visage gai, ildità
son frere qu'il voyoit
son embarras; que non
seulement il aimoit la
belle: mais qu'il avoit
dû s'appercevoir qu'il
avoit touché son coeur;
& que pour n'écouter
pas une passion qui lui
pouvoit attirer le blâme
de s'être fait son rival,
il se resol voit à s'éloigner.
Là dessus il l'embrassa,
comme lui étant
fort obligé des égards
honncces qu'il avoit
pour lui,&luidit enfuite
queleplus grand
plaisir qu'il lui pouvoic
faire étoit de ne point
partir, &, de continuer
à voir sa maitresse. Il
ajoûta qu'il l'aimoit
beaucoup
par les belles
qualitez qui la rendoient
estimable:mais que son
amour n'ayant jamais
été assezfort pour lui
faire vaincre l'aversion
qu'il avoit toûjours sentie
pour le mariage, il
s'étoit tenu dans les seuls
termes d'amant, sans avoir
osé pousser les cho
ses plus loin : qu'a prés
l'ouverture qu'il lui faisoit,
c'étoit à lui à se con- sulter, & que s'il étoit
assez amoureux pour
vou loir bien épouser la
belle, il lui cederoit ses
pretentions avec d'autant
plus de joye, qu'il
empêcheroiten l'épousant
qu'on ne se plaignistdelui.
Ce discours
surprit tellement le Chevalier,
qu'il en demeura
embarassé.Ilrépondit
que n'ayant rien à se reprocher
dans sa conduite,
il ne se défendroit
point des sentimens qu'-
on lui vouloit imputer;
qu'il ne desavoüoit pas
que l'esprit & la beauté
de la personne dont il
s'agissoit ne l'eussent rendu
sensible
: mais que
tout ce qu'il sentoit demeurant
soûmis à sarai;,,'
son, il n'avoit point à I s'expliquer là-dessus ;
qu'il consentoit à ne
point partir, si l'on jugeoit
à propos qu'il sus-
, pendistson voyage: mais
qu'il seroit inutile de
lui demander qu'il 6ft
encore des visites ; qu'-
absolument il n'en rendroit
aucune à la belle
que sa fortune ne fust
! arre stée; que le Marquis
|1 ayant tant de sujet de l'aimer, pouvoiç fatisr
faire son amour, puis
qu'il ne tenoit qu'à lui
de se ren d re heureux;
& que s'il étoit vrai qu'il
fust assez ennemidu mariage
pour estre bien aise
de rompre l'engagement
qu'il avoit pris avec elle,
il pouvoit donner
telle parole qu'il lui plairoit
en son nom, avec assurance
qu'il ne seroit
pointdesavoüé. Le Marquis
n'en voulut point
sçavoir davanta ge. liaila
trouver la belle, & lui
dit qu'il étoit temps
qu'il connusts'il étoit
aimé veritablement. La
belle,qui crut qu'il pretendoit
encore la faire
expliquer, & qui se
sentoit moinsdisposée
que jamais à se réjoüir
des marques qu'il lui
pouvoit donner de sa
passion
,
lui répondit avec
beaucoup de froideur,
que sa tante [eure
pouvoit disposer de ses
volontez
, comme elle
l'en avoitdéjà assuré,
&qu'il n'étoit pas befoin
qu'il la confulrât
sur cequil avoit à faire.
Le dépit qui animoit le
Marquis depuis quelque
temps, le fit passer
par- dessus l'aigreur de
cette réponse. Il repliqua
qu'elle n'étoit pas
entrée dans ce qu'il avoit
voulu lui dire;que
s'étant examiné dans les
sentimens qu'il avoit
pour elle, il s'etoit connu
si mal disposé au mariage,
que dans la crainte
de ne la pas rendre
aussiheureuse qu'elle
meritoit de rcfirej il la
prioit, si elle avoit un
peu de bonté pour lui,
de vouloir bien recevoir
son frere en sa place, &C
de trouver bon qu'il allât
traiter cette affaire
avec sa tante. L'émotion
que fit voir la belle trahit
tout le secret de son
coeur. Elle ne sçut que
répondre, tant la joye
l'avoit saisie; & ce ne
fut qu'aprés que le Marquis,
en continuant a
lui parler,lui eut donné
le temps de vaincre son
trouble,qu'elle lui dit,
quoy qu'un peu deconcertée
,
qu'elle se feroit
toûjoursun fujctde joye
de l'obliger: mais qu'-
elle n'avoit pas lieu de
presumer assez d'elle-même,
pour se flater que
le
le mariagequ'il lui proposoit
fût agreable à son
frere. Le Marquis en répondit,
&cetteassurance
mit la belle dans un
état de plaisir, qui lui fit
connoître tout ce que
l'amour avoit produit
pour le Chevalier. L'en-
, tiere certitude qu'il en
eut par là le fit resoudre
à ne plus songer à elle,
& s'applaudissant de ce
dessein, comme s'il eût
dû la punir & le vanger,
parce qu'en effet le
parti du Chevalier lui
étoit moins avantageux,
il alla trouver latante.
Elle fut surprise de ce
changement : mais il
lui parla d'un air si libre,
& lui peignit avec
,
tant de force le dégoût
presque invincible qu'il
avoit du mariage, ( ce
qui l'avoit obligé d'amener
son frere chez sa
niece, dont il avoit bien
prévû qu'il deviendroit
amoureux ) qu'elle demeura
persuadée qu'il
nedisoitrien qui ne fût
vrai.Elle ne voulut pourtant
lui donner aucune
parole, qu'elle n'eût fçû
les sentimens de sa niece.
Elle les avoit déja pêne-*
trez, & lui reprocha qu'-
elle perdoit le rang de
Marquise pour ne s'être
pas assez possedée : mais
c'étoit un jeune coeur
surpris par l'amour, sans
qu'il se fust fait connoître.
La bellene put s'empêcher
de parler du Chevalier
d'une maniere fort
avantageuse;&satante
la vit tellement satisfaite
de ce choix, qu'elle
y donna son consentement.
Le Chevalier resista
long-temps à ce
que son frere avoit fait
pour lui. Il le pria de
se mieux examiner, Se
de craindre qu'un peu
de chagrin n'eust part à
laresolution qu'il avoit
prise: mais plus il fit
voir pour lui d'honnê-
1 teté là-dessus
,
plus le
; Marquis l'assura querien
'; ne lui pouvoit faire tant
, de plaisir que son mariage,
& il lui reïtera ces
assurances avec des manieres
si ouvertes Se d'un
cfprit si content, qu'il
ne laissa plus de scrupule
au Chevalier. Il continua
de se fcrvir du mê- tme pretexte; Se pour
mieux faire paroître que
son coeur étoitentierement
libre,ilfit dresser
te contrat lui-même,&
voulut faire les frais de
la noce. Rien ne lui fit
peine en tout cela, & il
leprocesta à tous ses amis.
Cependant on ne
futpasplutôt revenu de
l'Egliseoù le mariage
venoitd'estrefait,qu'on
fut surpris de le voir tomber
dans un chagrin extraordinaire.
Ilditqu'il
se trouvoit mal, & en
effet deux heures après
la fievre le prit avec une
extreme violence. Cet
accident troubla fort la
joye des mariez; & leur
déplaisir augméta beaucoup
le lendemain,
quand le transport au
cerveau ne le laissant
plusmaîtrede sa raison,
fit connoître la vraiecause
de son mal. Il dit cent
choses touchantes sur ce
qu'il n'avoit pu se faire
aimer de la bélier sur
la necessité où il setoit
veu de la ceder à son
frcre. On connut par là
qu'il s'étoitfait violence,
& que la contrainte qu'il
avoir tâché de s'imposer
lavoir réduit au tnalheureuxétatoù
il Ce trouvoit.
Ilvécutencoretrois
jours, pendant lesquels
ses agitations redoublerent
,
sans qu'il cessât
de parler du defcfpoir
où lavoit jette son trop
de delicatcfsc.
NouDe
la necessité de la critique,
ou le grand Prevôt
du Parnasse.
ON gronde contre la
satyre,
Et Cotin dit qu'on a raison:
Mais quoy que Cotin puisse
dire,
Dans l'étrange demangeaison
Qu'en nôtre siecle on a d'écrire
Ilnous faut ce cotre poison.
Ecrire en vers, écrire en
prose,
Au temps passé c'était un
art,
Au temps present c'est autre
chose:
Tant bien que mal, à tout
hazard,
Rime qui veut, qui veut
compose,
Se dit habile
, ou le suppose,
Entre au chorus, ou chante
a part,
Est pour un tiers, ou pour
un quart,
Fournie le texte, en fait la
glose,
Et tout le monde en veut
sa part.
Dites- nous, Muses, d'où
peut naître
, Cette heureusefeondité?
f Est-on savant quand on
-1-1 veut l'être?
j; Cela n'a pastoujours été;
Il en coûtoit à nos ancêtres
Ce , ne fut pas pour eux un
;,- jeu:
Ce qui coûtoit à ces grands
Maîtres,
D'où vient nous coûte-t-il
>
si peu?
Vanité sotte! qui presume
Par un aveugle & fol orgüell
De son efpric ôc de sa plume:
Voila d'abord le grand écüeil.
Item, le Temple de Memoire
Est un trés-dangereux appas:
Mais en griffonnant pour
la gloire
L'encre toûjours ne coule
pas,
Et quelquefois avient le
cas
Que l'on caffe son écritoire.
Item, soit à bon titreou
non,
On dit, mes oeuvres, mon
Libraire,
Et l'on voit en gros caractere
Afficher son livre & son
nom.
Item, chacun a sa folie;
Item, aujourd'hui tout est
bon,
Et tout ouvrage se publie.
Ce qu'un homme a rêvé la
nuit,
Ce qu'il a dit à sa servante,
Ce qu'il fait entre sept &
huit,
Qu'on l'imprime & le mette
en vente,
L'ouvrage trouve du débit;
Et quelquefois, sans qu'il
s'en vante,
L'auteur y gagne un bon
habit.
Item, quand on ne fçaic
mieux faire,
On forge, on ment dans
un écrit.
Item, on ne sçauroit se- taire,
Et nous avons tous trop
d'esprit.
Autre grand item, il faut vivre;
Voila comment se fait un
livre.
: De là nous viennent à foisonv
Maigres livrets de toute
forte;
Ils n'ont ni rime, ni raison,
Cela se vend toûjours, qu'-
importe?
Tous les sujets sont presque
usez
5 Et tous les titres épuisez,
Jusques à des Contes de
Fée,
Dont on a fait long-temps
trophée.
Le desordre croît tous les
jours,
Je crie, & j'appelle au secours;
Quand viendra-t-il quelque
critique
Pour reformer un tel abus,
Et purger nôtreRépubli-
,
que
De tant d'Ecrivains de Bibus?
A l'aspect d'un censeur farouche
Qui sçait faire valoir ses
droits,
Un pauvre auteur craindra
latouche,
Et devant que d'ouvrir la
bouche,
Y pensera plus de deux
fois.
Je touche une fâcheuse
corde,
Et crois déjà de tous côtez
Entendre à ce funeste exorde
Nombre d'auteurs épouvantez
Crier tout haut, Misericorde.
Soit fait, Messieurs,j'en
luisd'accord:
Mais quand le public en
furie
Contre vous & vos oeuvres
crie
Misericorde encor plus
fort,
Que lui répondre, je vous
prie?
1 C'est un mal, iél ne dis pas
non,
Qu'un censeurrigide & severe,
Qui le prend sur Le plus
haut ton,
Qu'on hait, & pourtant
qu'on revere:
Mais si c'est un mal
,
c'est
souvent
Un mal pour nous bien necessaire;
Un critique en pays sçavant
Fait le métier de Commisfaire.
Bornonsnous,sans aller
plus loin, *
A la feule gent poëtique;
Plus que tout autre elle a
-
besoin
Pour Commissaire,d'un critique.
1
Les Poëtes sont insolens,
Et souvent les plus miserables
Se trouvent les plus intraitables;
Fiers de leurs pretendus talens,
v
Ils prendront le pas au Parnaisse
Et sur Virgile & sur Horace,
S'il nest des censeurs vigilans
Pour chasser ces passe-volans,
-
Et marquer à chacun sa
place. -
D'abord ces petits avortons
Viennent se couler à tâ..
cons,
Ils sont soûmis, humbles,
dociles,
Souples à prendre les leçons
Des Horaces & desVirgiles,
Et devant ces auteurs habiles
Sont muëts comme des
poissons:
Mais quand enfin cette vermine
Sur leParnasse a pris racine,
Elle s'ameute & forme un
corps
Qui se révolte & se mutine.
,Dés qu'une fois elle domine,
Adieu Virgile & ses consors;
Dans quelque coin on les
consine,
Et si Phebus faisoit la mi
ne,
Lui-même on le mettroit
dehors.
*
Comment Ronsard & sa
pleyade, -
Dont un tem ps le regne a
duré,
Nousl'avoient ilsdéfiguré
Dans leur grotesque mascarade?
Plus bigaré qu'un Arlequin
Affublé d'un vieux cafaquin,
Fait a peu prés à la Françoise,
Mais d'étoffe antique &
Gauloise,
Sans goût, sans air, le tout
enfin
Brodé de Grec Ôc de Latin.
C'étoit dans ce bel équipage
Qu'Apollon noir comme
un lutin
Se faisoit partout rendre
hommage:
Mais après un long esclavage,
tEnfiin Méalhe,rbe en eut pi- tIC
J Et l'ayant pris en amitié,
Lui débarboüilla le visage,
Et le remit sur le bon pié,
Renvoyant à la friperie
Ses haillons & sa broderie.
Alors dans le sacré vallon
On
On décria la vieille mode,
Et Malherbe fous Apollon
Fit publier un nouveau code,
Défendant ces vieux passemens
Qu'avec de grands empressemens
On alloit chercher piece à
piece
Au Latium ôc dans la Grece.
Ronsard en fut triste & mâri
Perdant beaucoup à ce décri:
Il en pleura même, & de
rage
Il se souffleta le visage,
Es s'alla cacher dans un trou
En se souffletant tout son
soû.
Les Muses rn'iernefi,rent que
Et demandoient par quel
hazard
., Ronsard if-vanté pour bien dire
Donnoitdes soufflets à Kon*
fard.
Cependant tour changea
de face
Sur l'Helicon &:. le Parnasse;
C'étoit un air de propreté
Plein de grandeur & de
noblesse
; Rien de fade ni d'affecté
N'en alteroit la dignité ;
Le bon goût & la politesse
Brilloient dans la simplicite,
Laissant la frivole parure
Aux fades heros de Ro-
! mans: On emprunta de la nature
Ses plus superbes ornemens.
Vous eussiez vu les jours de
fêtes
Phebus & les neuf d#d:es
Soeurs.
N'employer pour orner
leurs réces
Que dès lauriers mêlez de
fleurs:- Mais cette mode trop unie
Ennuya bientôt, nos Fran-
-
çois; -
Au mépris, des nouvelles
loix
/Ils revinrent à leur génie,
Et reclamerent tous leurs
droits.
Nous aimons trop la bigarure
Jenepuis le dire assez haut
Voila nôtre premier défauc,
Et c'est depuis long temps
qu'il dure:
Il durera,j'enluis garanr,
Quoique le bon lens en
1 murmure.
Si l'on le quitte, on le reprend
Même en dépit de la cen- tre :
On veut du rare ôc du nouveau
#<i Le tout sans regle & sans
mesure,
On outre, on casse le pinceu:
Mais à charger trop le tableau,
On vient à gâter la peinture,
Et voulant le porrrait trop
beau,
On fait grimacer la figure.
Soit-Poëtes, soit Orateurs , C'estlàqu'en sont bien des
auteurs.
Nous nous mettons à la
torture
Pour alambiquer un écrit,
Nous voulons partout de
l'esprir,
Du brillant, de l'enluminure.
C'est un abus, ne forçons
rien,
Laissons travailler la nature,
Et sans effort nous ferons
bien;
Il en coûre pour l'ordinaire
Par cet entêtement fatal
Plus à certains pour faire
mal,
Qu'il n'en coûteroit pour
bien faire.
Mevoila dans un fort beau
champ:
Mais je prêche,& peut- être
ennuye
Comme bien d'autres en
prêchant.
Je finis donc, & je m'essuye.
Bel exemple sans me flater,
Si l'on vouloir en profiter.
Or durant cette maladie
Dont l'Helicon futinfecte,
On bannit la simplicité
SousMalherbe tant applaudie,
Pointes, équivoques dans
peu,
Et jeux de mots vinrent en
jeu:
On
On vit l'assemblage gro.
tesque
Du serieux ôc du burlefque;
Le Phebus, le Gali-Mathias
Parurent avec assurance,
t Et comme si l'on n'étoit
pas
Assez fou, quand on veut
en France,
On fut avec avidité
j Chercher jusques dansl'I
j taliGl
;
Des secours dont par charite
Elle assista nôtre folie.
Apollon se tuoit envain
De faife mainte remontrance,
Et de prêcher à toute outrance,
Nos gens suivoienttoujours
leur train,
Et tout alloit en decadence.
Mais quand ce Dieu plein
de prudence
Eut pris Boileau pour son
Prévôt,
Combiend'auteurs firent le
faut?
- On voyait décaler en bna-
-, -.
-
de
,
Tous ces Messieurs de contrebande.
Chapelain couvert de lauriers
Sauta lui-même des premiers
Et perdit,dit-o,n, dans la
crotte
Et sa perruque & sa calotte.
Il crioit prêt à trébucher:
Sauvez l'honneur de la pucelle.
Mais Boileau plus dur qu'un
rocher
N'eut pitié ni de lui, ni
d'elle.
Pradon voulant parlementer,,
Fit d'abord de la resistance,
Et parut quelque temps luter,
Même en Poëte d'importance;
Il appella de la sentence:
Mais il salut toûjours [au.
ter,
Et l'on n'a point jugé l'infiance.
Sous le manteau de Regulus
On eût épargné sa personne
Mais le pauvre homme n'a-
-
voit plus
Que le just-au-corps d'An-
-tigone. Quinaut par la foule emporte,
Quinaut même fie la culbute:.
Mais un appel interjetté
, Le vangea bientôt de sa
chute.
On vit les Musses en rumeur
A l'envi prendre en main
sa cause.
Quelques gens de mau
vaise humeur
Vouloient pouffer plus loin
la chose,
Insistant qu'on fîst au plûtôt
Le procès au pauvre Prevot:
Mais helas ! qu'un Prévôt
s'echape,
Le cas estdigne de pardon
;
Il n'est pas infaillible, non:
Plus ne pretendroir, fût-il
Pape.
Cependant les plus emportez
Dans cette. émeute générale
Estoient les rimeurs maltraitez.
Les Cotins chefs de la ca- A
bale
Murmuroient & crioient
tout haut:
Voyez-moy ce Prevôt de bale,
Il n'a pas épargné Quinaut.
Mais Phebusd'uneoeillade
fiere
Les rejettant avec mépris,
Leur dit d'un ton ferme &
severe:
Paix, canailles de beaux
esprits,
Qui n'avez fait ici que braire;
Si sur Quinauton s'est mélpris,
J'y veillerai, c'est mon af-
*
faire;
Quantàvous, perdez toue
espoir,
Et ne me rompez plus la
tête,
Mon Prévôt a fait son devoir.
Ainsi se calma la tempête,
Et Quinaut s'étant presenté,
Dans ses griefs fut écouré.
On déclara, vû la Requête,
Bien appelle comme, d'abus,
Dont le Prévôt resta camus.
Il fut même sur le Parnasse
Reglé sans contestation,
Qu'auprès d'Orphée &
d'Amphion
Il iroit reprendre sa place;
Et puis Phebus, d'un air
humain,
Lui mit sa propre lyre en
main,
Non que la sienne fût usée:
Mais par un noble & fier
dédain
De la voir à tort meprisee,
En tombantillavoit briféc.
On en fit recueillir soudain
Tous les morceaux jusques
au moindre:
Mais on les recueillit en
vain,
Et l'on ne put bien les rejoindre.
Tel fut le destin de Quinaut,
Seul de tous où le Commissaire,
A son égard un peu Corfaire,
- S'était trouvé pris en dé- faut: Pourtant en paya-t-il l'amende
,
Et de mainte Mufe en couroux
Essuya verte reprimande,
On a dit même quelques
coups.
Dans tout le reste irréprochabie,
Faisant sa charge avec hauceur,
A tout mauvais & sot auteur
II fut Prevôt inexorable
Sur les grands chemins
d'Helicon)
Donc il fit presque un Montfaucon.
On voyoit de loin les sque-
-lettes
De cent miserables Poètesy-
Exemple dont le seul afpeér
Tenoit les rimeurs en respect.
Il est bien vrai qu'en sa
vieillesse
Il laissa tour à l'ab andon,
Et fit sa charge avec molette.
Quand on est vieux, on
devient bon.
Un reste de terreur cmpreinte
Retenoit pourtant les efprits,
Et l'on ne pensoit qu'avec
crainte
Au fort de tant d'auteurs
proscrits.
Dans cette vieillesse impuissante
Son ombre encore menaçante
Arrêtoit les plus resolus:;
Mais cette ombre fiere ôc
glaçante,
Cette ombre même, helas!
nest plus.
Cependant danscetinterregne
Tout dégénéré & déperit;
Et faute d'un Prevôt qu'on
craigne,
Chacun sur pied de bel
esprit
Arbore déja son enseigne.
Les Cotins bravant les lardons,
De tous côtez (emblenc renaître,
Et comme en un temps de
pardons,
On voit hardiment reparaître
Les Pelletiers & les Pradons.
Apollon, c'est vous que
j'appelle,
Dece mal arrêtez le cours; Le prix de la gloire immortelle
Est en proye aux joueurs de
viele,
Et la plus brillante des
Cours,
Vôtre Cour, autrefois si
belle,
Devient un Grenier de Ga.,
belle,
Et s'encanaille tous les
jours.
Déja qui veut sur le Parnasse
S'établit comme en son
foyer:
Tel croit tour charmer, qui
croasse;
Tel en chantant semble
aboyer;
Tel rimant sans grâce efficace,
Passe tout le jour à broyer,
Et fait des vers, qui, quoy
qu'il sa sse,
-
Semblent tous faits par contumace.
Tel pour tout titre & tout
loyer
Tire
Tire du fonddesa besace
Des vers qu'il prit à la tirace,.
«
Sçavant dans l'art de g1 iboyer.
Confonduparmi cette cras
se
Corneille, pour garder sa
place,
En est reduit à guerroyer,
Et Racine rencontre en
face
Tantôcle Clerc, tantôt
Boyer.
Quel depit pour le grand
Horace!
D'avoir à soûtenir l'audace
D'un fat qui vient le coudoyer.
Le mal plus loin va se répandre,
Si l'on n'y met ordre au plûtôr5
Muses, songez à vous défendre:
Au fpecifiquc, un bon Prévôt.
Un bon Prévôt ! mais où le
prendre?
Je pourrois, s'il m'étoit
permis,
En nommer un, digne de
l'être:
Par ses soins en honneur
remis,
Et plus grand qu'iln'étoit
peut-être,
Homere assez le fait connOlere.
II a tous les talens qu'il faut
Pour un employ si necessaire;
Je ne lui vois qu'un seul
défaut,
C'est que ce métier salutaire
De blâmer ce qui doit dé.
plaire,
De reprendre & n'épargner
rien,
Ce métier qu'il seroit si
bien,
Il ne voudra jamais le faire.
Attaqué par maint traie
selon,
Jamais cótre le noirfrelon
Il n'employa ses nobles
veilles
Et comme le Roy des abeilles
Il fut toujours sans aiguillon.
A son défaut, cherchez
quelqu'autre,
Qui plus hardi, qui moins
humain,
, Pour vôtregloire & pour
la nôtre
Ose à l'oeuvre mettre la
main.
Du Parnasse arbitre supra
me,
Si
vousprisez
Sivouspriiez mon zzcellce
extrême,
Faites-le voirenm'exau,
çant: Helas peut -
être en vous
pressant
Fais-je des voeux contre
moy-même !
Nouvelles.
Les lettres de Hambourg
du2. 8. Janvier portent quil
étoit entréle 23. dans Tonningen
un convoy pour
quinze jours, en presence
des Commissaires du Roy
de Danemark, pour empêcher
qu'on n'y fist entrer
que la quantité de provisions
qui a été accordée.
Celles de Berlin du 2 5.
Janvier portent que le Roy
de Prusse faisoit toûjours
travailler à de nouvelles
levées,& qu'il pretendoit
avoir sur pied cette année
une arméede cinquante
mille hommes; qu'un regiment
de dragons de Holstein-
Gottorp étoit entré
dans Stetin.
On mande de Stokholm
que les Etats du Royaume
s'y étoient assemblez le 28.
Décembre en presence de
la Princesse Ulrique Eleonor;
que le Comte de Horn,
President de la Chancellerie,
en avoit fait l'ouverture
par un long discours
,
dans
lequel il representa les raisons
qui avoit obligé là
Princesse & leSenat à les
convoquer. Illes exhorta à
conserver l'union, & à
concourir de tout leur
pouvoir à la conservation
du Royaume;que les conferences
des deputez avec laPrincesse&leSénatcommencerent
le 30. Décembre,
& que le General Lieven
étoit parti le 3. Janvier
pour aller trouver le Roy
de Suede avec des dépêches
importantes.
On écrit d'Andrinople,
que les ambassadeurs du
Czar
- Czar ayant fait instance
1 pour être admisà l'audience
du Grand Seigneur, ôc
recevoir la ratification du
ï traité qu'ils avoient conclu, ile Grand Vizir avoit promis
de la leur faire obtenir
: mais qu'il souhaitoit
qu'ils restassent à Andrinople
jusqu'à ce que les
limites de la frontière eussent
été reglées par les
Commissaires qui avoient
été nommez pour y travailler
avec ceux du Czar;
a l'audience du Grand Seigneur
, étant conduits par leChaous Bachi que le
Grand Vizir les ayant reçûs
& regalez à l'ordinaire de
caffé, de parfums & de caftans,
les avoit conduits à
l'audience du Sultan, à qui
le Vice Chancelier fit un
discours au sujet du trairé,
dont la ratification lui fut
remise; que le Grand Vizir
leur avoir dit par ordre du
Grand Seigneur, qu'ils
auroient bientôt la permission
de retourner vers le
Czar; que néanmoins ils
pouvoient renvoyer une
partie de leurs gens; que
le Sultan étoit parti le 13.
d'Andrinople, pour s'en
retourner à Constantinople;&
que le Grand Vizir
avant son départavoit ordonné
de fournir les chevaux
necessaires pour aller
à Constantinople aux ambassadeurs
de Moscovie &
de Pologne, ausquels il
permit aussi de renvoyer
une partie de leur suite.
Celles de Constantinople
du 29.Janvier portent
que le Sultan étoit arrivé
le 4. Janvier à un village
prés de Constantinople, &
que le7.il avoit fait son
entrée avec la pompe ordinaire.
Le 10. les ambasfadeurs
Moscovites & Polonois
y arriverent d'Andrinople
, avec le Sieur
Fleischman Resident de la
Cour de Vienne. Ifïuf Bacha,
ci-devant Grand Vizir
relegué à Rhodes, y a été
étranglé, & ses biens ont
été confisquez. On a depuis
disposé de plusieurs Gouvernemens
en faveur de
divers Bachas. Les Commissaires
nommez pour
regler les limites devoient
entrer en conférence avec
les ambassadeurs du Czar
& de Pologne, aussitôt que
les deputez du Sultan Ôc du
Kan des Tarcares,envoyez
en Pologne, feroient à
Constantinople. Le Roy
de Suede étoit toûjours à
Demir Toca, où le Sieur
Funckfon Envoyé est mort.
On écrit de Vienne que
les Etats de l'Autriche inferieure,
qui durant la maComte
de Kerenviller leur
President, reprirent le 12.
Janvier leurs seances dans
le PalaisImperial: que le
Conseil Aulique, qui avoit
été cassé pour la forme,
afin d'êtrerétabli au nom
de l'Archiduc,serassembla
le 15. au nombre de trente
Conseillers avec deux Secretaires,
outre unPresident
& un Vice- Chancelier de
l'Empire;que le même jour
le President prêta ferment
dans le Conseil d'Etat en
presence de l'Archiduc
pour sa Charge de President.
Le z2. leregiment de
cuirassiers du Prince Charles
de Neubourg passa prés
de Vienne, pour aller en
Hongrie, suivi de quelques
autres regimens de l'armée
du haut Rhin, & de deux
regimens Espagnols venus
d'Italie, qui étoient déja
arrivez en Croatie.
Les lettres de Madrid
portent que le Roy a donné
la Charge de Major de
Sarragosse à Don Guillen
de Gusman, Lieutenant
Colonel
,
qui a perdu le
bras droit à l'attaque de
Campo Mayor ; que le
Marquis de Thoüy, Lieutenantgeneral,
étoit parti
de Madrid le 27. Janvier,
avec le Marquis de Flavacourt
Maréchal de Camp,
pour aller commander un
corps d'armée qui se forme
au voisinage de Lerida des
troupesquisont en Arragon
& à Tortose;que Don
Joseph de Armendariz &
Don Diego de Alarion,
Lieutenans generaux, &
le Marquis de San Vicenre,
Marechal de Camp
,
doivent
pareillement s'y rendre
du camp devant Barcelonnc.
-. Celles de Catalogne coru
firment que Nebot avoit
été tiré de prison, & envoyé
à Mayorque avec le regiment
d'Allemans deferreurs.
Le Marquis de Lede,
Lieutenant general,& Gouverneur
de Tarragonne,
ayant étéinformé qu'il y
avoit une émotion de la
populace de Villafranca de
Panades, fomentée par le
Viguier, le Bailly & le
grand Juré de Villafranca,
il y envoya quatre cent
fantassins
, avec quelque
cavalerie, commandez par
le Chevalier de Lede Maréchal
de Camp, par le
Colonel Don Gabriel Lasso
de la Vega,& par le Lieutenant
Colonel Don Geronimo
Ordonnez. Ce derachement
se saisit de trois
Officiers auteurs de la sedinon,
qui furent envoyez
prisonniers au château de
Tortose, & on établit en
leur place des personnes
d'unefidelité reconnuë. Un
autre village aux environs
de Cardonne ayant pris les
armes pour s'exempter de
payer les contributions a
été brûlé entierement, à la
reserve de l'Eglise. D'autres
lettres de Catalogne portent
que la flote qui étoit à
Alicante étoit arrivée le 19.
Janvier auprès de Tarragonne,
ayant été grossie
par les bâtimens qui se tenoient
prêts en divers endroits
de la côte, jusqu'au
nombre de vingt vaisseaux
& de cinquante barques.
Elleest chargée d'une grande
quantité d'artillerie, de
munitions de guerre & de
provisions
,
dont elle avoir
debarqué une partie à Tarragonne
; ôc le iz. elle fit
voile vers Barcelone, dont
on devoit incessamment
faire le siege. Que quelques
lieux s'étoient de nouveau
soûlevez : mais que
divers detachemens
--
ayant
été envoyez contr' eux, en
avoient brûlé six, & paslé
au fil de l'épée les rebeles
qui 31 t, s y étoient trouvez ; ce
qui avoir mis le calme en
ce pays-là.
On écrit de Londres,
qu'il y avoit eu plusieurs
changemens dans les charges
ôc les emplois; que le
Comte de Bartimore a été
fait Conseiller du Conseil
privé en Irlande, & le Sieur
Molesvvort a été demis
d'un pareilemploy par ordre
de la Reine;que Sa Majesté
a ordonné de dresser
- une nouvelle Commission
pour lesCommissaires de
la Marine
1
qui font le
Comte de Strafford, le Chevalier
Lake, le Chevalier
Drake,le Sieur Aislabie,
le Chevalier Vvishart,& le
Sieur Clarke; que le Cfrevalier
Bing a été exclus du
nombre de ces Commissaires,&
ilaété mis à la demi-
paye comme Amiral de
l'escadre blanche. Le Sieur
Menley a été demis de la
charge de Maître des Postes
de Dublin, qui vaut huit
cent livres sterlin de rente,
& le Sieur Stvvard a été mis
-
en sa place. Le Sieur Lovvther,
Gouverneur des Barbades,
a été privédeceGouvernement.
Le Sr Thomas
Harley,cousin du grand
Tresorier, a été nommé
pour retourner à la Cour
de Hanover en qualité
d'Envoyé extraordinaire.
Le Comte de Lexington,
ambassadeur extraordinaire
vers le Roy d'Espagne,
arriva à Londres par la voye
de Portu gal le 23. Janvier.
Le lendemain il alla à Vvindsor
saluer la Reine, & lui
rendre compte de ses negociations.
Sa Majesté a tait
expedier une commission,
par laquelle elle établit le
Chevalier Guillaume Honivvood
&les SieursVvalter
HungerfordDuncadée,
Guillaume Govvert & EdoüardHungerford
,
Juges
des appellations des
ju gemens rendus par les
Commissaires de l'Excise.
La charge de Surintendant
des Forêts & des
Parcs,vacante par le decés
du Sieur Jean Manley,
a été donnée au Sieur
Alexandre Pendarves, &
le Gouvernement de la Province
de Maryland, dont
Milord Baltimore est sondateur
& proprietaire, a
é,té'1donné1 au Sieur JJean
Hart.
On mande de Bruxelles,
que
J que le differend entre le
Roy de Prusse & les Estats
de Brabantavoit été terminé
pour la somme de
quatre-vingt milleécus,
payables en quatre ans, ôc
que ce qui regarde le Hainaut
fera terminéde la même
maniere. Les Sieurs Buis
& de Goslinga, ambassadeurs
extraordinaires des
Estats Generaux des Provinces
Uniesauprés du Roy
en France, arriverent le 30.
Janvier à Paris. Ils se rendirent
à Versailles le 6. Février,
où ils eurent audience
particuliere du Roy.Ensuite
ils eurent audience de Monseigneur
le Dauphin, de
Madame la Duchesse de
Berry, de Madame, & de
Monsieur le Ducd'Orleans,
étant conduits par le Baron
de Breceur) Introducteur
des Ambassadeurs.
Observations sur une mort
subite.
Un jeune homme de seize
ans, qui depuis l'âge de
quatorze ans maigrissoit,
étoit sujet à une toux & à
une difficulté de respirer
) & tomboit en foiblesse
quand il avoit fait quelque
exercice violent, ou s'étoit
mis dans une grande colere,
s'étant un soir emporté
avec excés contre un
camarade qu'il avoit
, &
ayant aprés cela soupé deux
fois plus qu'à l'ordinaire,
se coucha à dix heures, &
dormit jusqu'à deux, qu'il
fut réveillé par une toux
violente, à laquelle succeda
un grand crachement de
fang & la mort à cinq
heures du matiu.)
On l'ouvrit, & on "îui
trouva beaucoup de fang
fort peu écumeux dans la
trachée & dans ses bronches
;
du fang noirâtre & à
demi caillé dans les deux
troncs de la veine cave,
dans le ventricule droit du
coeur, & dans l'artere pulmonaire
; pas une goutte
de fang dans le ventriculegauohe.-
Le tronc de la veine du
poumon étoit extraordinairement
dilaté, & aussi
gros quetout le coeur, lx;
la cavité étoit assezexactement
occupée par un corps
étranger rond, & épais de
deux pouces.
Le cercle membraneux
qui entoure intérieurement
l'embouchure de l'oreillette
gauche dans le coeur
étoit par son bord inférieur
plus épais qu'à l'ordinaire,
osseux&plus étroit que par
le bord supericur
; ce qui
est contraire à la conformation
commune.
Pour rendre raison de la
mort de ce jeune homme,
& des accidens qui l'ont
precedée, on ne se sert que
d'un seul des faits qu'on a
observez
,
& on en deduic
tous les autres.--.J
Le cercle membraneux
placé à l'embouchure de
loreillette gauche du coeur
est une espece de petit entonnoir,
dont l'ouverture
la plus étroiteesttournée
vers le haut ou vers la bafe
du coeur. Le fang poussé
par la contraction de l'oreillette
gauche est obligéd'augmenter
sa vîtesse,pour
passer d'abord par la partie
la plus étroite de cet entonnoir;
après quoy il coule
sans difficulté par la partie
la plus large dans le ventricule
gauche.
Supposé, comme il est
assez vrai-semblable, que
par la premiere conformation
du corps de ce jeune
homme cct entonnoir fût
renversé, & que le bord le
plus étroit du cercle membranenx
fût en bas, le fang
qui a passé d'abord par la
- partie la plus large sans augmenter
sa vÎcelfe) n'a pû
passer facilement par la
partie la plus étroite; ôc
dans l'effort qu'il a fait contre
l'obstacle, c'est à dire
contre le bord inférieur de
ce cercle
,
ill'a frapé [avçc
plus de force, ôc a poussé
dans les interstices de ces
fibres des particules salines,
qui non feulement l'ont
Tendu à la longe plus épais,
parce qu'elles s'y amassoient
en grande quantité :
mais qui l'ont encore rendu
0sseux
-
parce quelles étoient
salines.
Ce bord devenu osseux a
perdu sa flexibilieé,&quand k fang de la veine du poumon
se presrentoi- t pour entrer
1 rrer dans le ventricule gauche,
& que le cercle membraneux
auroit dû s'élargir
pour faciliter son entrée,
l'ossificationl'en empêchoie,
& une partie du fang
demeuroit dans la veine.
De là l'extrêmedilatation
de ce vaisseau
, & le polype.
,-
Le polype formé, le fang
ne passoit plus qu'avec
beaucoup de peine dans la
veine du poumon, & par consequent sejournoit dans
les arteres de cette partie,
s'y amassoit, les dilatoit,
les rendoit plus minces, &
élargiffoit leurs pores. Les
parties les plus subtiles du
fang, comme ses sels & les
serositez,s'échapoient donc
aisément par ces pores
agrandis, & de là elles ne
pouvoient passer que dans
la cavité des cellules du
poûmon
,
dans les bronches
Se dans la trachée.
Cette cause de la toux &
de la difficulté de respirer
est assez évidente. Il est clair
aussi que la colere ou un
grand exercice subtilisant
encore plus le fang, lui
! donnoient encore plus de
i facilité à passer dans les
1 conduits de la respiration,
f & que comme il abandonnoit
presrque entierement
la route des veines pulmonaires
, & que par confe- Iqucnt le ventricule gauche
! avoir peu de fang à pousser
r dans l'aorte,lesfoiblesses
f devoient s'en ensuivre, Ôc
I
enfin lamort, lors qu'il ne
passa aucun fang de la veine
du poumon dans le ventricule
gauche.
A tout cela il est aisé de
joindre ce que les alimens
pris avec excés dans de pareilles
circonitances, peuvent
avoir contribué à une
mort si prompte.
Article des Enigmes.
Parodie de la premiere
Enigme, dont le mot
cO: legrais ou rocher.
Mainte Pôëte appelle
audacieux
Et dans ses 3 vers éleve
jusqu'aux cieux
Ces rochers doncle grais
a pris son origine.
Quelquefois pour m'avotr
dans la carri«ere
onmine
Pour le bourgeois
3
pour
le manant.
Jesuisgrossier en pierre,
en table fin pourtant.
Grais en pavé les voyageurs
benissent,
Rude pav lesvoyageurs
maudissent.
Telle 1,rvAiuc
Quirit & c h.r-rEnécurant
des doigts pétrit
Avecses deux mains attendrit
Le prais,&faitpleuvoirdansson
écuelle
En l'arrousant, en laspergeant.
L (pave caresséparmainte
Demoiselle.
Demoiselle est du pa.
veur l'instrument,
Etpar elle affermipavé
ferme fJ) constant.
Parodie de la fécondé
Enigme, dont le mot
est le tison.
Personne ne l'a devinée;
car elle est plus indevinable
que belle.
Jamais dans aucunefamille
Nom ne fut si fooevent
changé 5
Or devinez, donc quel
nom fai.
Ce rieft point le nom de
mafille.
La cendre est fille du
rifon,
Puisque tison engendre,
Forme la cendre
Dans le foyer, où le tison
Prendson nom.
Aîa mere perd le sien,
qu'ellepritnon d'un
pere.
La buche du tison est
mere,
Et prit son nom
Du bucheron.
C'efl un quidan bon compagnon,
Quibatise avec sacoi- 1gnée
Bûche
,
qui n'a ce nom
que quand elle est
formée.
Or tison est le petit-fils
D'un ayeul dont le nom fut pris
Nideson pere
Ni de sa mere;
Car l'arbre qui bûche
engendra,
Et la urre que pour
merea,
L'arbre qui terre ne se
nomme,
Prouve mon dire, g/
voila comme
BDChe, cendre, tison,
Terre, arbre, bucheron
Ont chacun leur nom en
partage.
L'as-tu deviné?non 3je
gage. cb <-:,
ENIGME
nouvelle.
Comme on coupe un gâteau
des Rois
Jecoupe lecruelquiy met
l'homme aux abois;
Je mange à belles dents
celui
Quime mange avecmon
1 * étui.
Faisant envie à tous,
eS n'ayant nulle
envie,
Je vais tambourinant
mavie;
Car vie l'on peut appeller,
Dit moins parfaçon de
parler
> Le train dont jevais
par le monde,
En suivant la brune eS
la blonde,
Suivantaussi brun ê5
blondin
./1/ , ~/V Et mainte desoeuvré badin,
Quitrés-souventn'aime
que ma parure
Et qui sarnufe à m3'ôter
ma coifure
A la remettre, à me
lorgner,
Sans les coups qu'avec
lui je risque de gagner.
II. ENIGME.
D'un pere sedentaire
étant fille ambulante,
Desa nature aussijesuis
participante.
Mepromenantfort bien
sanssortirde chez
moy Me , promenant Atiflipar
ville & par campagne,
Des bons rameurs le signalm'accompagne.
Parfois mon fîul afPeél
causera de l'effroy
:.Aux poltrons qui foupent
enville.
A qui dort je suis inutile,
S'il n'a pris par avance
unsagearrangement,
Comme aucun Directeur
le prend communément.
Je dirige qui me dirige,
Avec lesfousj'ai le vertIge;
Je guide quelquefois
dans le spirituel
Pouracheminer vers le
Ciel,
Estant propre à monter,
non pAS a
descendre.
Ce que je ne sçai pas de
moy tu peuxl'apprendre.
Qui nous prend à la
mine a tort;
Car il en est de nous comme
des hypocrites
Desfemmestf)desch-, atemites,
Belle montre ,
(f peu
de rapport.
SiSamedi
17.Février,
jour de la naissance dç
la Reine de la Grande
Bretagne, Monsieur
Prior,Plenipotentiaire
de Sa Majesté
,
traita
magnifiquement le Duc
de Richemont, le Comte
de Karnvvarth, les
Chevaliers Horbarts,
Hatton, Vvebb,& plusieurs
autres Seigneurs
Anglois. Ils parurent
tous magnifiquement
habillez, dans une occasion
où il s'agissoit de
celebrer la naissance d'une
Princesse trés-aimée
de toute la nation. Il y
-
avoit deux tables de
vingt personnes, &une
autre de quinze, toutes
trois à quatre services SC
dessert. Le Duc de Richemont
fit les honneurs
de la première table, Se
MonsieurPrior dela Seconde.
Le repas fut suivi
d'untrés beau concert
j le foir il y eut de
grandes illuminations,
on donna une trés- belle
collation. Tous les gens
de la suite des Seigneurs
furent aussi bien regalez.
Tout le jour se paflfa
dans une joye universelle;
les santez principales
qu'on portoit au
son des trom pettes &
des timbales, furent celles
de la Reine de la
Grande Bretagne, à la
paix gencrale, au bon
Parlement prochain,&
a la bonne correspondance
éternelle entre la
Grande Bretagne &C la
France.
Ceremonie du CouronnementduRoy
eftdela
Reine de Sicile.
Les lettres de Palerme
du mois de Janvier portent
qu'on fit le z*. Decembre à
Palerme la ceremonie du
Couronnement du Roy Ôc
de laReine de Sicile. L'Archevêque
-
de Palerme fit
cette fonction,assisté des
Evêques de Mazzara, de
Syracuse & de Cefalu. LEglise
Metropolitaine étoit
ornée magnifiquemene,
& on prepara un trône pour
le Roy du côté de l'Evangile,
& un pour la Reine
quiavoitundegrédemoins.
Les ornemens royaux avoient
été mis dans une
Chapelle voisine. Sur les
quinze heures d'Italie leurs
Majestezse rendirent àl'Eglise.
Le Roy de Sicile alla
d'abord dans une Chapelle
prendre des habits militaires,&
àl'entrée du Choeur
il fut reçû par deux Evêques
qui le conduisirent à l'autel,
où il file presentéàl'Archevêque,
auquel ils demanderent
qu'il le couronnât. D'abord
on lui presenta la Prosession
de Foy,qu'il fiten
mettant la main sur les Evãgiles.
On recita les prieres
prescrites dans lePontifical,
durant lesquelles le Roy étoit
à genoux prosterné sur
descarreaux.Aprés la benediâimlil
se leva, & se mit à
genoux devant l'Archevêque,
qui lui fit les onctions
sur le bras droit & entre les
épaules LaMesse futcommencée,
&au Graduelle
Roy alla dans la Chapelle se
revêtir du manteau royal.
Aprés le Graduel, l'Archevêque
s'assit,la mitre en tête;
le Roy descendit du trône,
&conduit par les deux
Evêques, il reçut à genoux
l'épée nuë,&la rendit à l'Archevêque,
qui l'aïantfaitremettre
dans le fourreau, la
lui ceignit. Sa Maj. la tira;&
l'ayant élevée, la remit de
même.Puis leRoy à genoux
reçut la couronne,que l'Archevêque
lui mit sur la tête
y & le sceptre en main. Le
grand Ecuyer porta l'épée
devant le Roy,lorsque l'Archevêque,
accompagné des
deux Assistans le cõduisit ôc
le plaça sur le trône, après
quoy le TeDeumfut chanté.
La Reine fut couronnéeensuite,
reçut les onctions,puis
elle fut revêtuë du manteau
royal. A l'Offertoire, leurs
Maj. allerentàl'offrande, la
couronne en tête ôc le sceptre
en main.Ces ceremonies
furentaccompagnéesd'une
triple salve d'artillerie.
LA CRITIQUE
ODE.
Qvelorage est prestà
fondre?
Lanuëobscurcit lescieux,
Desonsein pour me confondre
Sort un esseinfurieux. :
Le Préjugéfanatique,
L'aveugle Amour de
l'Antiquey
L'Orguëigl aaitrdha,rdi reL'Envie
, à nuire si
prompte
3 Lasèditieuse honte
Desedétromper trop taî-d,,
Est-ce peu divin Homere,
Qudux yeux de tout
l'Univers,
Je l'aye avoüé le Pere
De la Fable es desbeaux
Vers?
Jai dit, devois- je plus
dire ?
Qi£en tes mains nâquit
la Lyre
A-vecPart. de l*accorders
Que comme au Roy du
Parnajjey
L'Auteur * mesme qu'1i
t'efface
1 Doit encore te ceder.
Falloit-il9yfa&Jugee >peu
Sansdiscerner tes tra-
,
<vaujc,„ Honorerdumesme ho-mmgz
c
Les beautez, es lesM-
* Vigile*
sauts ?
Falloit-ilfarunmiracle,
Tefairevaincrel'obstacle
Des moeurs, du temps &
'," du lieu?
De quelque nom quon te
.1- nomme, - Tu n'etoisenfin qu'un
v< homme;
Falloit-iltefaireun Dieu?
L'Erreur te croit in- "., faillible.
Sors, rvienl la desavouer
De ce mérite impossible
Dont elle ose te louer,
Vois par quelles réveries
L'Avus des Allégories
Veutsurprendre notrefoi;
Et de tes faux interprètes
Déments les gloses abstraites,
Impénétrables pour toi.
Si tu gardes le silence,
Au défaut de ton jecours.
J'ai du moins pour ma
défense
Lesvrais sçavants de nos
jours.
ymsçats qui malgré les
/1 âges .',
Pésent lesplusgrandssusfrages
\Au poids exact du bon
sens;
La Raison, dèssanais- Jance,
A sur eux plus de puissance
Qu'une erreur de trois
mille ans.
* Du Précepteur d'A..
lexandre
* Aristote.
Lesophistique chaos
Si long-temps a vû s'étendre
Un vainfjflème demots.
Malgréceregne paiftUe,
Del*Obfcur, CIntelligible
Triomphe enfinason tour;
Et maigreleursprivilèges
Au fondsmesme des Colleges
La vérité s'Óestfait jour.
Loin donc respects ¡do-:
1 lastres
Des erreurs des temps
- pafez,,
Tréjugezopimastres,
Taisez-vous, disparoissez.
Sur l'opinionvulgaire,
L'examen le plussevere
l\Jest jamais
hors
de (aison.
C'ejl à la voix de Dieu
1 même
Qu'appartient le droit
fuprejme
Decaptiver la Raison.
Quetout lerestesubisse
Le Tribunalerige.
Venez, entrez dans ia.
lice
Orateurs du Préjugé.
Mais avant que l'Eloquence
Prenne par vous la désense
Des droits de l'Antiquité,
Souffrez encor quen ces
rimes
Je vous trace les maximes
Que me dicte l'Equité.
Bravant, d'un dédain
facile,
Àdes traits les mieuxaig."
i"pz,
Diriez - 1ous que vrai
Zi-ile
J'emprunte , des traits
Qu'àces 1H, oKs imprudentes
.~v ,-..;.- , ¡, 'Ju-^-rjcsfça<vantes
0..7 fzitperdre leurcrédit?
N'importe s iL faut les
confondre
y Dussiez- ruous poury répondre
Dire aussi ce qu'on a dit.
N'allez^pas de phrases
vuides
Enflervos raisonnements,
Par des principes solides
Jettez-en les fondements:
Qu'ilssoientséconds, immuables
;
Dans 'vos conséquences
stables ;
Quils gardent toujours
leurs droits s Etsimples dans la dispute,
Craignezqu'on ne vous
impute
Deux mesures e5 deux
poids.
De l'Ironie insultante
FuyeZlefrej?e soustien:
Malgrefagracepiquante
Un bon mot ne prouve
rien.
Plus d'un meji venusourire
s Je me serois mieux fait
S'ilségayotentmes écrits y
Adais loin que je les régrette
) D'une loüange secrette
Mon coeur m'en donne le
prix.
Du* Héros de l'Iliade
*N*imitez±pas lescouroux;
C'efî Nestorquipersuades
,EmprunteZjonstile doux.
Ceux qmicurfiel empoi-
Jonne
,
,-.r
Le droitsens les abandonne,
re VimprudentParalogijme
* Achille.
Etlejuperbe Sophisme
Sontenfans des Passions.
Oüy
,
malheur àqui
dédaigne o D'inviolables égards;
dentre nous l'amitié
regne
Dûssentperir tous lesArts, Jl est des véritezsaintes
i
Q£iaux mépris des laJches
craintes
Le Zjéle doit soustenir.
JVLais sur des beautez.
mortelles
Nos lumieres valent-elles
La paix qui doit nous
unir ?
Iln'estrien que je ne
Me.
Pour conservercettepaix:
Fallttt-il demander grace
Aux deux partis s je le
fais s Auxadorateursd'Hemere
Je m'avoueraitéméraire,
iyen avQpr troprejette;
Et queceux qu'Homere
blesse,
Me pardonnent la foiblejje
D'en avoir trop adopté
V I N D I E N
ETLE SOLEIL,
FABLE.
GRandRoy
,
qui vois
les Arts d'un regard
favorable,
Et dont avec transport
j'éprouvela honte
Sou,ffre
Souffre qu'ici la Verite
Se cache un moment feus
la Fable.
UNhabitant de i3Inde
adoroit le Soleil.
Vn Zjéle renaissant nuit
é5jour le devore,
Etyplein de l'objet qu'il
adore,
L'ardeur de le loüer interrompt
son sommeil.
Quelquefois célébrant sa
lumiere seconde
D'un regard attentifaille
suitdansson cours,
MAdmire en lui l'Ame du
monde s
Toûjours chantant,&se
plaignant toujours
Qj£acequ'ilJent nul terme
ne réponde.
Il peint tantôt le celeste
lfambeau
Vainement assiegé par les
sombres nuages,
Et bten-tost vainqueur
des orages
Reparoissant encore plus
beau.
Il fait Hymnte sur
Hymne, en remplit
la contrée s
Tout accourt àsa voix, f5
chacun l'écoutant,
Benssoit la puissance en
ses vers célebrée,
Tandis que duplaisir de
la voir adorée
Le chantre se tient trop
content,
Le Soleil touché de ce
zJle,
Surfis cLamps dessechez,
jette un oeilcaî-eslàns.
Soudain,moisson double
plusbelle
, Verger fertile t5 steurissant.
Soleil, dit l'Indien, je
rends à tes largejjes
Tout l'hommage que je
leur doi :
Tes bienfaitscependant
n'acquiérentriensur
mois
Tu peux augmenter mes
richesses
Mais non pas mon ZLele
I pourtoî.
LETTRE.
de Catalogne.
| Ilya long-tem ps, Moru.
sieur, que je n'a y eu l'honneur
de vous escrire, parce
qu'il n'y a rien eu quifust
digne de vous e stre mandé,
mais ce qui se passe icy
presentement merite bien
que vousen soyezinformé;
tous les peuples de la Catalogne
se sont soulevés&
ont pris les armes. Mr. le
Duc de Popoly a fait de
gros détachements,l'un
pour envoyer sur laViguerre
deVillaFranca,& l'autre
dans leValles.
J'a pprends par unCourier
qu'il m'envoye qu'ils
ontfort bien fait l'un ôc
l'autre,queceluy de Valles
commandé par le Comte
de Montemart aprés
avoir chassé les rebelles de
plu sieurs postes qu'ils oc-
CUPOIent ,
bruslé entieremenc
Caldas de Montbouy
& une partie de S.
Manat
,
le calme paroifsoit
restably de ce costé Ii.
Il est depuis entre dans la
plaine de Vich, & comme
l'arrivée des troupes dans
celuy-cy avoit attiré tous
les rebelles de ce costé
pour nous disputer un paC.
fage que l'on appelle le
Col Secabra, il trouva celuy
du Congostlibre &
sans resistance, il chassa les
Miquelets & rebelles qui
en formoient le blocus &
qui tenoient Mr de Bracamonte
très resserré dans
cette Ville. :., Il les suivit avec toute la
Ji'
diligence possible & lesattaqua
cLns un poste
avantageux que l'on appelleN.
Senorade laGleva,
il les y força. aprés en
avoir tué 200. & 104. faits
prisonniers
,
& a prèsayoir
chasséun corps de revoltés.
qui croient dans la montagne
de S. Hypolite,il fie"
piller ce Village& le fit
ddbréuéspleper en&ndtoôdutioccei.-qtu.i»en
J'avois envoyé un déftachemenr
assez considerableàl'Equerol
pour dissiper
les rebellesqui le pourroient
roient trouver de ce costé,
mais ils n'attendirent pas
l'arrivée des troupes & tout
se retira dans le moment,
cela paroist encore finie
pour un temps dans la
plaine de Vich à la reserve
des Villages du Mont
Senis qui ont encore les
armes à la main, le Comte
de Montemart doit aller
- dans le Lluzanes y
joindre le Brigadier Dom
JosephVallejo. Tous les
rebelles se sont retirés de
ce costé - là & de celuy
de Manresa& de Solsonne
J
il me paroist que le
costé de Solfonne est celuyqui
donne le plus d'inquiétude
; Dom Joseph
Vallejoavoit beaucoup, de
troupes à ses ordres & les
avoit fort divisées dans des
quartiersdifferens pour,
resserrer autant qu'il pourroit
la garnison de Cardonne,
mais tout d'un
coup elles se trouverent
inverties sans se pouvoir
donner la main l'un à l'autre
,
mesme Vallejo ayant
assembleun Corps de troupes
assez considerable, ne
pusty aller luy mesme leur
porter du secours, le grand
nombre des rebelles qu'il
y a de ce coftc-sa
,
luy en
ayant fermé le partage.
Dom Diego Gonzales
qui estoit party du Camp
avec un autre destachement
arriva tres à propos
pour secourir le Regiment
de Brabant Cavalerie Walone,
qui estoit assiegé
dans Yqualada où il se
deffendoit, & ayant bruslé
le Village de S. Quintinil
marcha à laPuëbla
oùles rebelles s'étoient
retirés & fortifiez, & les
y ayantforcé &passé au
fil de l'espée toutce qui se
rencontroit, il y avoit mis
le feu, il estoitrevenudepuis
à Mattorell oùil attendoit
du Canon & des
mineurs pour attaquer
trois Chasteaux qui sont
prés de-là, occupés par les rebelles, tres- bons
pour leurs situations ôc
qui incommodent fort la
communication du Camp.
La nouvelle la plus inw
portante, est celle de l'arrivée
de la Flotte de Cadix
à Tarragone avec
toutes les munitions de
guerre & de bouche que
l'on attendoit dont M. le
Duc de Popoly me fait
part par son dernier Courrier
, il compte quelle fera
incessamment devant Barcelonne.
J'ayl'honneur d'estre
avec un respectueux attachement,
Monsieur, vostre
trés- humble & tresobéïssant
Serviteur
FiEN NIis.
MARIAGE:
LE
trente Janvier dernier
Mr. Henault Président
au Parlement, Fils
de Monsieur Henaulc Fermier
General
,
épousa
Mademoiselle de Montargis,
Fille de Mr. de Montargis
Garde du Trésor
Royal.
Voici des Vers qui ont
esté faits à l'occasion de
ce mariage.
l PArunJ beau jour de la
nouvelle année
Rendit visite à messer
Hymenée
Dame raison
;
dessein ju:
f, dicieux
! Guidoit ses pas, elle s'of-
| freà ses yeux.
| Qui fust sur pris n'est be-
1 foin de le dire
bien l'entendez, à son
abord7leSire'P
Fait grisemine,oh
,
dit-il,
par mon chef
Là, donc icyvientJ nous
:' porter mechef
,
Car long-temps qu'en mes
estats pour cause
Detout sans elleà mon
gré je dispose ;
La pour détruire un injuste
soupçon
Raison sourit
,
& parla
surceton.
Dieu des Epoux dont le
trop dur empire
Contre ton joug révolte
maint beau Sire,
Et qui veras si reglement
n'y mettre
Ton regne choir par faute
de sujets)
Escoute moy ; tes avares
l, ministres, .;
L'humble interest, & les
fraudes sinistres
le faux honneur
,
qui souvent
fuit tes pas ,
Font seuls le mal qui regne
en tes Estats ;
1 Bannis,crois-moy
) cette
troupe perfide,
Qu'àtes conseils au lieu
j d'eux je préside
,
f Tu regneras paisible
, &:
1
les mortels
Viendront en foule encenfer
tes Autels;
Que si ne veux croire à
mon témoignage,
Eprouve au moinsque
, mon conseil est sage.
Prés d'un Hostel par Thémis
habité
Azile sur contre l'iniquité,
Chez Mecenas est gentille
Donzelle
Que je cheris par grand
excés de zele,
Car sa jeunesseinstruiseen
mes devis
Oncques ne fust rebelleà
mes avis
,
- Mon amitié ja long-tems
luy reserve
Un favori de Thémis, de
Minerve ,
A mes leçons tres- docile
sujet
Et qui sans moy ne forme
aucun projet,
Que si son nomtu ne connois
encore Damon s'appelle, Apollo,-n
qu'il honore
N'a gueres encor charmé
de ses écrits
Du beau parler luy decerne
le prix; Enfin tousdeuxsemblen-t
faits l'un pour ràutrel
Et ton aveu doit suivre icy
le nostre, Amour fera de la feste
} &
je crois
Qu'il m'obéit pour la premiere
fois,
A ces propos hymen
rompt le silence
Et sans tenir sa répons,e en
balance
C'a repon d-il éprouvons,
j'y consens
Si tant de mauxdouloureux
& cuifans
N'adviendroient point aux
époux en ménage
Faute d'avoir pris de roy
conseil fage»
Allons, je cede à tes empressements
Et vais unir a tes yeux nos
Amans;
Il dit bien-tostl'un & l'au..
tre ils arrivent
Au lieu marqué, les ris les
jeux les suivent,
Ils sont surpris d'y rencontrer
l'amour
Qu'ils n'attendoient que
vers la fin du jour,
Le couple heureux joint
d'un lien durable 1
Dans beau Palais trouve
excellente table <
Dieu desfestinsd'y repan-
, dre ses mers, ,.,.
Cerés
>
Bachus, d'y verser
ses bienfaits,
Amour, Hymen, raison,
d'entrer en danse,
Jeux & plaisirs de fauter
en cadence,
Tant que ce Dieu qui
donne le repos
Sur maints beaux yeux
vientverser ses pavots, Alors amour luy mesme
deshabille,
Dans litbenit met pucelle
: -- gentille
Et qui bien-tost pucelle ne
sera,
Le mesme Dieu bon ordre
y donnera;
Enfin ayant fait Harangue
à sa mode
Promet Poupons comme
q
c'est la méthode,
Ferme rideaux & delo-1
geant sans bruit J
Laisse à l'Amour le foin
de cette nuit.
A MONSIEUR
LE PRESIDENT
HENAULT,
EPITALAME.
L'Autre jour c'étoit feste
aux rives du Permesse,
Venus y présidoit: aux pieds
de laDéesse
En presence des Ris, des
Graces, &des Jeux
Phebus&les neuf Soeurs
renouvel.
renouvelloient leurs
voeux:
Voeux dont, l'Amour jadis
dressa le Formulaire,
Voeux d'aimer pouraimer,
sans autre engagement,
De promettre, mais sans
serment
Ou sans garans du moins,
que le desirde plaire:
Tous voeux écrits au Rite
de Cythere
Ennemy d'un joug plus sévere.
Mutes à ce grand jour
étoient vos favoris.
-
Ceux qui du beau langage
ont obtenu le prix,
Les Catulles nouveaux;
dont l'amoureuse lyre
Attendrit Lesbie, ou Thamire,
Les Théocrites soupirans,
Les Tragiques fameux
qui, par de certains
charmes,
Des plus plus beaux yeux tirent
des larmes,
Ces derniers en grand
deüil : les Quinauts
plus galans
Vêtus d'habits legers, & de
Cothurnes blancs.
Regne Amour, regne seul
! sur les bordsd'Hypo- -
crene
: S'écrioyent les neuf soeurs.
à l'invocation
Tous les Choeurs reponzedolieent.
eTneltqruaelîene
Donne même à l'Hymen
: quelque imprécation.
Hylas prés d'Apollon avoit
alors sa place,
Hylas couvert de lauriers
tous nouveaux,
Hylasqui jeune encor, loin
? dé nos vieux Rivaux
Se traça deux chemins au
chemin du Parnasse,
Du pur & libre Amour il
1
maintenoit les droits.
Euterpe ayant en main le
rustique Hautbois
C'estmoy, ditelle, Amour,
qui fuis bien assurée
D'enseigner tes loix aux
humains
Selon leur texte pur telles
que de tes mains
Je les reçus fous le regne
d'Astrée
,
Distingue aussi mes sujets
entre tous.
Mes leçons ont forméplus
d'Amans que d'Epoux.
Amoureux du loisir que
l'Idylerespire
Oùvivroyent-ils mieux
que fous ton Empire?
Du sexe ils font assez
j cheris.
f Elle regardeHylas avec
un doux souris,
| Mais tout à coup une clarté
; plus pure
Luit au double Vallon,
on reconnoistMercure
Qui descend d'un vol
promt ,
du celeste
lambris,
Amy de tout illustre
,
&
qui donne au merite
> Les mesmes soins qu'il doit
aux affaires des Cieux.
A -t'il tort } les hommes
d'Elite
Ne sons-ils pas les vrais
enfans des Dieux?
Chacun sçait quel respect
le Parnasse luy porte
L'hymen marchoit tout
fier d'une si bonne
escorte
Et Plutus les suivoit tous
deux
Peu de gens dans ce lieu
connoissoient son visage
-
Dieu pesant, quicent fois
a foulé fous ses pas
Les fleurs dont le Permesse
embellit son rivage
Il estoit ce jour-là plus
humain, moins sauvage
Il répend ses trésors aux
pieds du jeune Hylas.
Hylas ne regardoit que
! Mercure,& les Muses,
i Jeveuxtoncoeur,tamain
ne me refuse pas
Dit Mercure, l'Hymen
t'offrira des appas.
Hylas pour refuser meditoit
des excuses
Quandl'Hymen à sesyeux,
pour premier de ses
dons,
Dévoila le portrait d'une
Nymphe charmante,
Il s'arreste, il contemple..
Eh bien nous te perdons
S'écria la troupe sçavante
Cette Nymphe à jamais
te dérobe à ces lieux
Elle va t'occuper de soins
plus serieux,
Elle n'est pas vostre ennemie
Répond l'Interprete des
Dieux
Son Pere est pour nos Arts
un amy précieux
Dont, contre le faux goust
la raison affermie
Assure au vray merite un
accuëil
accuëil glorieux.
Paulestre, cette Nymphe
a nos plaisirs fidelle
Suivrasouvent icy son , pere
1
&son Epoux,
Jevois dans l'avenir, d'une
chaine, si belle,
Les fruits se consacrer à
vous.
Par cet espoir flateur,la
troupe un peu remise,
Reçoit l'Hymen, approuve
le party,
L'Amour suivit Hylaschez
laNymphe promise, :)
Il si trouva si bien, qu'il
n'en est point sorti.
A MADRID
ce 29. Janvier, 1714.
Un des jours dela fe*-
maine derniere, le Roy se
renditau Pardo pourchasfer
; c'est le seul divertissement
que Sa Majesté
prend pour dissiper le chagrin
que lui causelamaladie
de la Reine. On avoit
depuis deux jours enfermé
un Sanglier qui n'estoit pas
des plus grands; mais la
faim & la fois qu'il avoic
enduré avoienc beaucoup
augmenté sa colere
,
& sa férocité. Aussi tost
qu'il eut été lâché, on luy
donna les chiens; mais en
ayant tué un, les autres
s'épouventerent. Le Roy
luy tira un coup de fusil
qui ne le blessa pas assez
pour l'arrester,&il courut
avec une furie extraordinaire
droit à SaMajesté.
Dom Alonso Manrique
J Comte de Montenuevo
premier t Ecuyer & Gentilhomme
dela Chambre de
Sa Majesté qui l'avoit toujours
suivie dans sesvoyages
)
& à la guerre depuis
son avenement à la Couronne
,
se trouvant prés
d'elle, il prit enun moment
le parti le plus prudent
& le plus heureux qu'il
auroit pû prendre, aprés y
avoir pensé long-tems. Il
se jetta à corps perduaudevant
de la beste afin de
donner au Roy le temps
d'estre secouru. Le Sanglier
lui donna plusieurs
coups de ses deffenses,qui
ljjy déchirerent ses bottines,
son haudechaufes &
ses habits, jusqu'à luy découvrir
le haut de la cuisse
; mais sans aucune autre
blessure que quelques
contu sions. Ainsi il se tira
d'un peril qui lui pouvoit
estre funesteavecun applaudissement
general
,
ôc
une gloire à laquelle plufleurs
aptres Seigneurs au*
roientvoulu avoir part.
LETTRE ; deM.leC.D.F.. ?
à S. Feliou de Pallerols le II.
Février.
Depuisma Lettreécrite
du 25. du moispassé, le
Comte de Montemart ne
setrouvant pas affé fort avec
le détachement qu'il
avoit pour entrer dans le
Llusanes, s'en fut à Moya,
& delà ayant marché par
Manrefa du côtédeSolsone,
j'aisçu qu'après avoir
rassembléles quartiers dispersées
de Vallejo
, & s'être
joint à lui,il avoit secouru
Bergue &le Château
de Gironelleque les
Rebelles avoient bloqué,
de maniere qu'il n'y pouvoir
rien entrer, & que
les affaires de Llusanes
l'ayant obligé d'y revenir
diligemment il y estoit en- trésansbeaucoup de resistance,
& y avoit bruslé prés
de Llusanes
,
S. Feliou,
Cassera, Orista, plusieurs
autres Villages & plusieurs
Fermes repandus dans le
Pays, il estoit arrivé le 7.
a Austot où il attendoit
de nouveauxordres de M.
de Popoli.
La plaine de Wic paroist
presentement tranquille
parce que nous y touchons
)
M. de Caraffa est
encore à l'Esquerol qui
est à deux lieuës du Pont de
la Roda qui est à l'entrée
de cette plaine, & tient
par là tout le Pays. Il n'y
a que les Villages du
Montfeny qui font encore
les armcs à la main, furtout
depuis qu'Armengol
qui est venu débarquer à
S. Pol avec 600. hommes
les a joint
y ce petit secours
a donné de l'audace a cette
canaille
) & il s'est joint à
lui beaucoup de volontaires
& de Révoltés, je ne
scay si Montemart prendra
la rcfolution d'aller les
chasser & chastier les ViU
lages coupables
,
où d'allerà
Castelciudadouil n'y
avoit le S. que pour quinze
jours de vivres. D'un
autre costé le Marquis de
i Firmacon que j'ayenvoyé
d'icy avec un gros destaj
chement du costé de Campredon
est à S. Jean de
las Vabades, sa marche a
[ fait un tres bon effet; plusieursVallées
& d'autres
t qui avoient pris les armes
font venus demander misericorde
mais toute la vif
guerie de Ripole continuë
dans sa rebellion, &tout
(si retiré dans les montagnes
, en sorte que l'on sera
obligé de les y forcer,
pour les réduire. Pour ce
qui regarde le costé de la
Marine,ily a eu de différentes
actions dans lesquelles
.les Troupes de Sa Majesté
Catholique ont eu l'avantage
, neanmoins le poste
de S. Pol qui nest qu'à trois
quarts de lieuës de Castella
qui est le plus avancéque
nous a yons a esté pris & repris
plusieurs fois. ilest actuellement
aux rebelles qui
qui s'y font si fortifiez qu'il
faut du canon pour le reprendre.
Dom Gabriel Cano
Maréchal de Camp qui
commande sur cetteCoste,
attend un renfort de l'Armée
du Duc de Popoli, &
de l'artillerie pour les y attaquer
& lesenchasser.On
a envoyé Dom Diégo Gonsales
avecun gros détachement
pour empêcher leur
communication avec ceux
qui font au Montseny
,
&
pour les prendre par derriere
dans le temps que M.
de Cano attaquera ce poste.
Les vents d'ER ontesté si
violens depuis plusieurs
jours que jusqu'à present on
n'a pû faire passer le canon
destiné pour l'attaque de
S. Pol,si -
tost qu'ilscesseront,
c'est une affaire de
quatre ou cinq heures.
Mr. de Valouse que
j'avois laissé du côré de la
Marine
* pour veillerà ce
qui se passoit de ce coftélà,
a rassemblé tout ce qui
l'a pû de troupes, & s'est
venu cantonnerà Tordera
pour soutenirOstalric, nos
postes de Pineda-Calella&
Malgrat, & en même tems
ceux de Sancta-Colomba
& autres qui sont vers la
montagne, & pourvoir ce
qui se passe du costé de la
Marine. Jay fait passer
quelques troupes du Roufsillon
à M. Gandolfe pour
conserver les deux Sardaignes,
mais il n'y en a pas
assez pour envoyer à CaC
telciudad qui doit estre bloqué
par tous les Sommetans
de la Conque de Tremp , du Marquisat de Paillas qui
ont pris les armes &, qui
doivent se joindre à ceux
de Baronie de Baga & Portella.
Je ne puis y en envoïer
d'avantage, mais je fuis
persuadé que leComte de
Montemart y marchera
bien-tost ,il a le temps
de le faire,attendu qu'il y
a pour plusde15jours de vivres
dans Castelciudad,lorsque
le Comte de Montemart
fera prest d'y arriver, M.
de Gandolfprofitera de cette
occasion pour y faire entrer
un convoy que l'on a
assemblé à Puïcerda pour y
envoïer.
On assureque Monsieur
de Thouydoit venir incessamment
à Lerida pour
commander depuis Solfone
jusques dans lesmontagnes
de la Conque de Tremp
ôcde Paillas, il doit amener
avec luy les Troupes Walones,
douze Escadrons Se
douze Bataillons de celles
qui font venu d'Estramadure.
Les Lettres de Perpignan
du 16. Février portent que
les Troupes que commande
le Comte de F ennesa-
VOlentcee attaquéespar un
gros corps de Rebellessi à
l'im pourvû qu'ellesavoient
plié d'abord,mais ques'étãt
ralliées
,
ellesavoient mis
les Rebelles en déroute,
qu'il en étoit resté sur la
place plus de trois cens, &
cent trente faits prisonniers.
Celles de Catalogne
portent que les Barcelonois
au nombre de fîx cens hommes
étoient venus attaquer
une redoute occu pée par les
Espagnols du costé des Capucins,
laquelles'étoit bien
deffenduë, quoiqu'il n'y eut
que quarante hommes dedans
dans, les Rebelles ont perdus
cinquante hommes
dans cette action glorieuse
pour les Troupes Espagnoles,
& un grand nombre
blessez.
On écrit de Landau du
14. Février, que le Marquis
de Vieuxpont détacha le12.
deux cens hommes des Grenadiers
qui y font en quartier
,
& un pareil nombre
de Dragons fous les ordres
d'un Colonel: Ils prirent
la route de Spire, où ils
furent joint par un pareil
détachement. Ils marcherente
ensuite - du costé de
Vorms, où ils trouverent
120. Houssards ennemis qui
prirent la fuite à l'arrivée
du détachement de nostre
Garnison; nos Dragons les
poursuivirent, & en prirent
deux qui dirent qu'il estoit
forti de Maïence un Convoi
considerable de toutes
sortes de munitions pour
Philibourg : nostredétachement
marcha ensuite le
long du Rhin,&nousvenons
d'apprendre que la
plûpart de ces bateaux avoient
coulez à fond,& que
les autres avoient regagné
Maïence; on sçaura le détail
au retour du détachement.
On mande de la Haye
du 19.Fevrier que le Com-
A te de Strafford qui y estoit
arrivéavoit eu une longue
conférence avec les Plenipotentiaires
d'Espagne &
ensuite avec les Estats Generaux.
* On écrit du Port de
Scette en Languedoc que
l'on y charge plusieurs Bastimens
de bleds 6c- de
foins pour l'armée d'Espagne.
Sij
MORT.
Mr. Estienne de Bragelongne
Capitaine au Regiment
des Gardes, Major
general & Brigadier des
Armées du Roy, est mort
le premier Février, il fut
d'abord dés l'âge de cinq
ans reçû Chevalier de Malte,
ilquitta cet Ordre Militaire,
pour épouferfa cou -
fine germaine, commença
à servir en qualité de Cornette
de Cavalerie
, & en
cette qualitéilfut prisprifonnier
ala Bataille de Tréves
à l'âge de quatorze ans,
où il eut trois chevaux tuez
fous luy; ensuite S. M.luy
donna une Enseigne au Régiment
des Gardes, Apres
la bataille de SieinKerque
le Roy lui donna une Compagnie
dans le mesme Régiment,
ensuite le fit Infpecteur
d'Infanterie, Ma- -
jor general, & Brigadier de
ses Armées,ilfut blessé d'un
coup demoufquet à la tête
au Siége de Namur, où il
servoit en qualité de Major
general ; il s'estdiftingué
à plusieurs Siéges &
Batailles
:
Il a esté marié
à Marie
-
Hector de Marle
sa cousine germaine.
Il estoitfils deThomas
de Bagelone Seigneur
d'Enjenville, premier President
au Parlement de
Metz, & de Dame Marie-
Hector de Marle, & frere
de Christophe
- François
de Bragelongne
,
Conseiller
de la grande Chambre
au Parlement de Paris, de
de Geofroy
- Dominique
de Bragelongne ,Vicomte
d'Edeville
,
Maître des Requestes
; de Nicolas de Bragelongne
qui est mort en 1 7 i3,
Doyen & Comte de Sains Julien
de Brionde; dc7, Thomas
de Bragelongne Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris,
Chanoine honnoraire de S.
Julien de Brionde
,
Doyen de
Senlis, puis Chanoine de l'Eglise
de Paris, & de quantité
d'autres freres & foeurs,sa mere
ayant eu 17. ou 18enfans
La famillede Bragelogne est
tres considerable dansl'Epée ôc
dans la Robe, dont on ra porte
son origine à GelogneSeigneur
de Bray, Fondateur de la
Terre de Bragelongne que l'on
croit fils puisné de Landry
Comte de Nevers & d'Auxerre;
& de Mathilde de BourgogneComté,
quoy qu'il en soit elle
est tres considerable à Paris depuis
Thomas de Bragelongne
Ecuyer Seigneur de Jouy de
de Brassy &deOuzé,quiépousa
en premieresNôces T-homase
Regnier
,
Seen secondes Nôces
Marie Favier, il eut desenfans
des deux lits , du premier il eut
Martin de Bragelongne Lieutenant
particulier, civil & criminel
au Chastelet de Paris & Pre-
-
vôc des Marchands en 1558. son
frere du 2. lit Thomas de Bragelongnefut
Lieutenant criminel
au Châtelet de Paris laissa postericé
qui est éteinte.
-
Mais de Martin de Bragelongne
son frere aîné toutes les branches de
cette maisonsontsorties. Il eut six
garçons,sçavoir Jean,Jerôme,Thomas,
Marttin,Nicolas & Jacques qui
ont fait chacune une branche qui sõt
raportées justes dans le Morery.
MEMOIRE
sur la circulationdusang
des Poissons qui ont des
oùies, &sur leur refi.
piration.
I
~-
DAns les divers Memoires
qu'on a lûs à rA.
1 cademie, on a fait voir qu'elle
! étoit la structure du coeur des
Poissons, & celles de leurs
ouïes. Pour suivre >tierc, cette ma- il està propos de parler
: de leurs usages; Mais pour
les rendre intelligibles à tout
le monde; il est necessaire de
faire ici une brieve recapitulation
de ce que j'ay dit touchant
cette mêmestructure.
On remarquera donc qu'elle
cft differente dans les differentes
especes dePoissons où
l'on trouve ces parties. On a
fait voir à l'Academie des
Exemples de ces differences;
mais je m'arreste aujourd'huy
particulierement à la Carpe
que l'on trouve commodément
& sur laquelle on pourra
avec facilité verifier tout ce
que je vais dire.
Chacun sçait que le coeur
de tous les Poissons qui ne
respirent pas l'air n'a qu'une
cavité, & par consequent
qu'une oreillette à l'embouchure
du vaisseau qui y rapporte
le fang. Celle du coeur
de la Carpe est appliquée au
costé gauche.
La chair du coeur est fore
épaisse, par rapport à son volume,
& ses fibres font trescompactes:
Aussia-t'il bcfoin
d'une forte action pour la circulation
comme on le verra
,
dans la fuite.
: Il n'y a personne qui ne
sçache cc que c'est que des
ouïes; mais tout le monde
ne sçait pas que ce font ces
parties qui fervent de poumons
aux Poissons. Leur
charpente est composée de
quatre costes de chaque costé
qui se meuvent tant sur ellesmêmes
en s'ouvranr & se resserrant
qu'àl'égard de leurs
deux appuis superieur & inferieur
en s'écartant de l'une &
de l'autre, & en s'en raprochant.
Le costé convexe de
chaque coste est chargé sur
ses deux bords de deux especes
de feüillets, chacun desquels
est composé d'un rang
de lames, étroites & rangées
& ferrées l'une contre l'autre
qui forment comme autant
de barbes ou frangessemblables
à celles d'une plume à
écrire; & ce font ces franges
qu'on peut appeller proprement
le poumon desPoissons.
Voila une situation de parties
fortextraordnaire & fore
singuliere. La poitrine est
dans la bouche aussi- bien
que le poumon. Les costes
portent le poumon, & l'animal
respire l'eau-
Les extremitez de ces costes
qui regardent la gorge font
jointesensemble par plusieurs
petits os, qui forment une
cfpecc de sternon, en sorte
néanmoins que les costes ont
un jeu beaucoup plus libre
sur ce sternon & peuvent s'écarter
l'une de l'autre beaucoup
plus facilement que celles
de l'homme, & que ce sternon
peut-estre soulevé & a.
baissé. Les autres extremitez
qui regardent la base du
crane font aussi jointes par
quelques osselets qui s'articulent
avec cette même base &
qui peuvents'en éloigner, ou
s'enapprocher.
Chaque coftc est compofée
de deux pieces jointes par
un cartilage fort fouple, qui
est dans chacune de ces parties
ce que font les charnieres
dans les ouvrages des artisans.
La premiere piece cît
courbée en arc, & sa longueur
est environ la sixiéme portion
du cercle dont elle feroit la
partie.
La seconde décrit à peuprés
une fromaine majuscule.
- La partie convexe de chaque
coste est creusée en goutiere,
& c'est le long de ces
goutieres que coulent les vaisaseaupx
donrt iléferaspa.rléci- Chacune des lames dont
les feüillers font composez,
à la figure du fer d'une faux,
& à sa naissance elle a comme
un pied ou talon qui ne
pose que par son extremité sur
sur le bord de la coste.
Chacun de ces feüillets est
composé de cent trente-cinq
lames j-ainifles seize contiennent
huit mil six cens quarante
surfaces, que je compte icy
parce que les deux surfaces de
chaque lame font revêtuës
dans toute leur étenduë d'une
membrane tres fine, sur laquelle
se font les ramifications
presque innombrables des
vaisseaux capillaires de ces
fortes de poumons.
J'ay fait voir à la compagnie
qu'il y a quarante-six
muscles qui sont employez
aux mouvemens de ces costes;
il y en a huit qui en dilate l'intervale,
& seize qui le resserrent,
six qui élargissent le cintre
de chaque coste, douze
qui le retresissent, & qui en
même temps abaissent le sternon,
& quatre qui le soulevent.
Les ouïes ont une large ou.
verture, sur laquelle cftpaCé
un couvercle composé de
plusieurs pieces d'assemblage,
qui a le même usage que le
panneau d'un fouiller)& chaque
couvercle est formé avec
un tel artifice qu'en s'écartant
l'un de l'autre,ils se voutent
en dehors pour augmenter la
capacité de la bouche, tandis
qu'une de leurs pieces qui
jouë sur une espece de genou
tient fermées les ouvertures
des ouïes, & ne les ouvre que
pour donner passage à l'eau
que l'animal a respiré, ce qui
se fait dans le tems que le
couvercle s'abat & se referre.
I Il ya deux muscles qui servent
à soulever le couvercle,
& trois qui fervent à l'abatre
& à le reserrer.
! On vient de dire que l'assemblage
qui compose la
charpente des couvercles les
rend capables de sevouter en
dehors. On ajoûtera deux
autres circonstances. La premiere
est que la partie de ce
couvercle qui aide à former
le dessous de la gorge est
plié en éventail sur de petites
lames d'os pour fcrvir en se
deployant à la dilatation de la
gorge dans l'inspiration de
l'eau. La seconde que chaque
couvercle est revêtu par dehors
& par dedans d'une peau
qui
*
luy est fort adherente.
Cesdeux peaux s'unissent ensemble,
se prolongent audelà
de la circonference du
couvercle d'environ deux à
trois lignes, & vont toûjours
en diminuant d'épaisseur. Ce
prolongement est beaucoup
plus ample fous la gorge que
vers le haut de la teste. Il
estextrêmementsouple, pour
s'appliquer plus exactement à
l'ouverture sur laquelle il porte,
& pour la tenir ferméeau
premier moment de la dilatation
de la bouche pour la
rcfpiration.
Voila pour ce qui regarde
la structure desoüies ; passons
à present à la distribution de
leurs vaisseaux.
L'Artere qui fort du coeur
se dilate de telle maniere qu'elle , en couvre toute la base
: ensuite se retresissant peu
à peu elle forme une espece
de corne. A l'endroitoù elle
est ainsi dilatée
,
elle est garnie
en dedans de plusieurs
colonnes charnuës qu'on peut
considerer comme autant de
muscles qui font decetendroit
de l'aorte comme un
second coeur, ou du moins
comme nn second ventricule
lequel joignant sa compressîon
à celle du coeur, double
la force necessaire à la distribution
dufang pour la circulation.
Cette artere montant par
l'intervalle que les oüies laissententre-
elles, jette vis-à-vis
,
de chaque paire de côtes de
chaque côté une grosse branche
creusée sur la surface exterieure
de chaque côte& qui
s'étend le long de cette goutiere
d'une extremité à l'autre
du feüillet. Voila tout le corps
de l'Aorte dans ce genre d'animaux.
L'Aorte qui dans les
autres animaux porte le fang
du centre à la circonference
de tout le corps, ne parcoure
de chemin dans ceux- ci que
depuis lecoeurjusqu'à l'extremité
des oüies, où elle finir.
Cette branche fournit alitant
de rameaux qu'il y a de lames
surl'un ou furl'autre bord
de lacôte. La grosse branche
se termine à l'extremitéde la
côte
,
ainsi qu'il a esté dit, &
les rameaux finissent à l'extremité
des lames ausquelles
chacun d'eux se distribuë.
Pour peu que l'on soit instruit
de la circulation & des
Vaisseaux qui y servent, on
fera en peine de sçavoir par
quels autres vaisseaux on a
trouvéun expédient pour animer
& mouvoir tout le corps
depuis le bout d'en bas des
oiïies jusques à l'extremité de
la queuë. Cet expedient paroîtra
clairement dés qu'on
aura conduit le fang jusqu'à
l'extremitédesoüies. -
Chaque
Chaque rameau d'artere
monte le long du bord interieur
de chaque lame des
deux feüillets posez sur chaque
côte,c'est-à dire le long
des deux tranchans des lames
qui se regardent:ces deux rameaux
s'abouchentau milieu
de leur longueur; & continuant
leur route parviennent,
comme j'ay dit, à la pointe
de chaque lame. Là chaque
rameau de l'extremité de l'artere
trouve l'embouchure d'une
veine, & deux embouchures
appliquées l'une à l'autre
immediatement ne faisant
qu'un même canal malgré la
differente consistance des
deux vaisseaux
,
la veine s'abbat
sur le tranchant exterieur
de chaque lame, & parvenuë
au bas de la lame elle verse
son fang dans un gros vaisseau
veineux couché prés de
la branche d'artere danstoute
l'étenduë de la goutiere de
de la côte: mais ce n'est pas
feulement par cet abouchement
immediat des deux extrêmitez
de l'artere &de la
veine que l'arrere se décharge
dans la veine, c'est encore par
toute sa route.
Voici comment le rameau
d'artere dresse sur le tranchant
de chaque lame, jette dans
toute sa route sur le plat de
chaque lame de part & d'autre,
une multitude infinie de
vaisseaux, qui partant deux à
deux de ce rameau l'un d'un
côté de la lame, l'autre de
l'autre
-,
chacun de son côté
vadroit à laveine qui descend
sur le tranchant opposé de la
lame, & s'y abbouche par un
contact immédiat. C'est ainsi
que le fang passe dans ce genre
d'animaux,des arteres de
leur poumon dans leurs vrinés
d'un bout a l'aucre. Les
artères y font de vrayes arteres,
& par leurs corps & par
leur fonctions de recevoir le
fang. Les veines y font de
vrayes retines, & par leur
fonction de recevoir le fang
desarteres & par la delicatefseextrême
de leur consistan-
Ilnty ajusques-là rien qui
ne foie de l'oeconomie ordinaire
: mais ce qu'il y a de singulier
est premièrement l'abbboouucchheemmeennttimimmméeddiiaatt
des
arteres avec les veines, qui (c
trouve àlaverité dans les poumons
d'autres animaux, sur
1 tout dans ceux des grenouilles
&des torcuës: mais qui
n'est pas si manifestequedans
viesoiiies des poissons. 2° La
régularité de la distribution
:
qui rend cet abbouchement
plus vifiblc dans ce genre d'animaux
;car toutes les branchesdarteres
montant le
long des lames dressees sur les
côres
,
font aussi droites &
aussi également distances l'une
de
l'autre
que les lames: les
rameaux transversaux capillaires
qui partent de ces branches
à angles droits
,
font également
distansl'un de l'autre;
de forte que la direction & les
intervales de ces vaisseaux tant
montans que transversaux,
estantanssi réguliers que s'ils
avoient esté dressez à la règle
& espacez au compas ; on les
suit à l'oeil & au microscope.
On voit donc que lesarteres
transversales finissent immédiatement
au corps de la veine
descendante, & chacune
de ces veines descendante
ayant reçu le fang des artères
capillaires tranfverfalles
de part & d'autre de la lame,
s'abbouche à plomb avec le
tronc de la veine couchée
dans la gouttiere.
Il faut avouer que cette
, distribution est fort singuliere
: ce qui fuit l'est encore davantage.
On est en peine dela
distribution du fang pour la
nourriture & la vie des autres
parties du corps de ces animaux.
Nous avons conduit le
fang du coeur par les arteres
«
du poumon dans les veines
du poumon. Le coeur ne jette
point d'autres arteres que celles
du poumon. Que deviendront
les autres parties, le
cerveau, les organes des fensf
Ce qui fuit le fera voir.
Ces troncs de veines pleins
de fang arreriel fartant de
chaque côce par leur extrémité
qui regarde la bafe du
crâne, prennent la consistance
&l'épallfeur darteres & viennent
seréunir deux à deux de
chaque côcé. Celle de la première
côte, fournit avant sa
réunion des branches qui distribuënt
le fang aux organes
des sens, au cerveau & aux
parties voisines, & fait par ce
moyen les fonctions qui appartiennent
à l'aorte ascendante
dans les animaux à quatre
pieds :
ensuite elle fc rejoint
joint à celle de la fccondc
côte; & ces deux ensemblene
font plus qu'un tronc, lequel
coulant le long de la base du
crane reçoit encore de chaque
cote une autre branche formée
par la réunion des veines
de la troisième & quatrième
paires de côtes,& routesensemble
ne font plus qu'un
tronc.
Après cela ce tronc dont
toutes les racines estoient
veines dans le poumon,devenant
artere par sa tunique
& par son office, continue
son cours le long des vertebecs.,
& distribuant le fang
artérielà touteslesautres parties
, fait la fonction d'artère
desccendante&lesang arceuiel
estdistribué parce moyenégakment
à toutes les parties
pourles nourrir & des ani.
mer, &il r£neori«ropartout
des racinesquireprennent le
residu & le rapportant par
plusieurs troncsformezdel'unioh
de toutes q<!s¡acincs'au
reservoircommunquiledoit
rendreaucoeur;c'estainsi que
^achevcfk circulation dans
casiani<iaaux.-,;io r>,\~;x:
>V«oil'aScomîtefitylcs)Vcinri5
,
du potlHion de cegenredeviennent
arteres pour animer
& pour nourrir la teste & le
reste du corps.
Mais ce qui augmente la
singularité,c'est que ces mêmesveines
du poumon sortant
de la goutiere des côtes
par leur extremité qui regarde
la gorge, conservent la tu.
nique & la fonction de veines
en rapportant dans le reservoir
de tout le fang veinal
une portion du fang arteriel
qu'elles ont reçudes arteres
du poumon.
Comme le mouvement
des machines contribue aussi
a la respiration des Poissons,
il ne fera pas hors de propos
defaire remarquer que la fuperieurc
est mobile, qu'elle est
composée de pluficurs pieces
qui font naturellement engaggééeeslselessuunneessddaannssleless
aauu--
tres, de telle manière qu'elles
peuvent en se déployant
dilater & allonger la mâchoire
superieure.
Toutes les pieces qui servent
à la respiration de la
Carpe, montent à un nombre
si surprenant, qu'on ne
fera pas fâché d'en voir icy le
dénombrement.
Les pieces osseuses font au
nombre de quatre milletrois
cens quatre-vingt six
:
il y a
soixante-neufmuscles.
- Les arteres des ouics, outre
leurs huit branches principales,
jettent quatre mille trois
Cent vingt rameaux; & chaque
rameau jette de chaque
lame, une infinité d'arteres
capillaires transversales, donc
le nombre ne fera pas difficile,
& passera de beaucoup tous
ces nombres ensemble.
: Il y a autant de nerfs que
d'arteres
3
les ramifications
des premiers suivant exactement
celles des autres.
Les veines ainsi que les artères,
outre leurs huit branches
principales jettent quatre
mille trois cent vingt rameaux
,
qui font de simples
tuyaux,& qui à la différence
des rameaux des arteres na
jettent point de vaisseux capillaires
tranfver faux.
Le fang qui cft rapporté de
toutes les parties du corps des
poissons,entre du reservoir,
ou se dégorgent toutes les
veines
t
dans l'oreillette
, &
de là dans le cceur;qui par-sa
contraction le pouffe dans
l'aotte, & dans toutes les ramifications
quelle jette sur
les lames des oüies : & comme
à sa nainance elle cft garnie
de plusieurs colonnes charnuës,
fore épaisse, ce qui resserrent
immédiatement après, elle féconde
& fortifie par sa compression
l'action du coeur, qui
est de pousser avec beaucoup
de force le fang dans les rameaux
capillaires transversaux,
situez de part & d'autre,
sur toutes les lames des oüies.!
On a fait observer que cette
artere & ses branches, ne
parcouroient de chemin que
depuis le coeur',-- jusqu'à l'ex.
tremité des oüies, où elles finirent.
Ainsi à coup de piston
redoublé doit suffire, pour
pousser le fang avec irppetuosicé
dans ce nombre infini
d'arterioles si droites & si rcguliere,
où le fang ne trouve
d'autre obstacle que Je simple
contaft,&non le choc & les
reflexions, comme dans les
autres animaux où les arteres
se ramifient en mille manières
,
sur tout dans les demieres
subdivisions.
Voila pour ce qui concerne
le pacage du fang dans k
poumon. Voici comment s'en
fait la préparation.
:. Je suppose que les particules
d'air qui font dans l'eau,
comme l'eau est dans une éponge)
peuvent s'endégager
en plusieurs manières.
1 Par la chaleur ainsiqu'on
le voit dans l'eau qui bout
sur le feu. 2.Q. Par laffoiblisfement
duressors de l'air,qui
presse l'eau où ces particules
d'air sont engagées; comme
on le voit dans la machine du
vuide. 3°. Par le froissement
&l'extrême division del'eau,
sur tout quand elle a quelque
degré de chaleur.
On ne peut pas douter qu'-
il n'y ait beaucoup d'air dans
tout le corps des poissons,&
que cet air ne leur foit fort
ncceflaire. La machine du vui.
de fait voir l'un & l'autre..
J'aymis une Tanche fore
vive dans un vaisseau plein
d'eau que l'on a placé fous le
recipicnt;& aprèsavoir donné
cinq ou six coups de piston on
a remarqué que cette Tanche
était toute couverte d'une iiw
finité de petites bulles d'air qui
sortoient d'entre les écailles,
& que tout le corps paroissoit
perlé.
,
Il en sorcoit aussi un tresgrand
nombre par les oüies
beaucoup plus grosses que
celles de la surface du corps:
Enfinilen fortoir par la bou.
che,maisen moindre quantite.
En recommençant a pomper
tout de nouveau deux ou
trois fois de fuite ,ce qui fut
fait à plusieurs reprises, on
remarquoit que lepoisson s'agitoit
& se tourmentoit ex.
traordinairement,&qu'il reÊ
piroit plus fréquemment:
aprés avoir passé un gros quart
d'heure dans cetestat, il tom.
ba en langueur, toutlecorps
Vi
& même les oiïies n'ayant
bplleu.s aucun mouvement fcnfi-
Pour lots ayant tire le
vaisseau de dessous le recipient,
on jetta le poison dans
de l'eauordinaire, où il commença
à respirer & à nager,
mais foiblement, & il fut
longtemps à revenir à son
cfliatnaturel.
J'ayfait la mêmeexperience
sur une Carpe: jel'ay mise
dans la même machine, 3c
ayant pompel'air trois ou
quatre fois comme on l'avoir
fait à la Tanche, le poisson
- commença d'abord à s'agiter:
toute la surface du corps de-
,
vint, perlée; il sortit par la
bouche & par les oüies une
infinité de bulles d'air foïç
grottes,&larégion de la ves-
Sie d'air s'enfla beaucoup,quoique
cette Carpe fut plus gros-.
se que la Tanche,le battement
desoüies cessaplutost. *Lorsqu'onrecommençoità
pomper, les oüies recommençoient
aussi à battre mais
très-peu de temps,& fort foi.
blcment. Enfin elle demeura
sans aucun mouvement, &
la region de la vessie devint si
gonflée & si tenduë,que la
laittc forcoit en s'éfilant par
l'anus. Cela dura environ trois
quarts d'heure, au bout desquels
elle mourut,estant de*
venuë fortplatte.L'ayantouverte,
.on trouvalavessie: crel
1 i Vée.
On aaussi expetimenté
qu'un poisson mfs dansSit
teaupurgée d'air n'ypeut vivre
longtemps. Outre ces experiences
qu'on peut faire
dans la madonedu vuide,en
voici d'autres qui prouvent
aussi que l'air,qui est mê'Jé'
dans l'eau,alaprincipalepart
à la respiration despoissons
•v
Si vous enfermezdespoisfons
dans unvaisseau de verre
plein d'eau, ils y viventquelque
temps, pourvûquel'eau
ioitlenouveîléc :mais si vous
couvrez le vaisseau,&le'bouchez
en forte que l'air stfy
puificpointcnttet/ikîsjroîfsonsserontéroulfez.
".,Gôlg
prouve bien que j'eau aé fctc
àqlueu'erlfreesapirlataiolni,beqruteéu'tÛanct
peignerd'air.*-•]rV
Mettez lusieurs Lp9iffons
dans un vaisseau qui tic
Ion pas entièrement TciBd!i
ir'cauyfrvous,lefermes?
poissons qui auparavant nageoientenpleine
liberté, & segayoient, s'agiteront & se
presseront à qui prendra le
dessus poutrespirer la portion
de l'eau qui est la plus voisine
delair.
Onremarqueaussiquelorfquela
surface des Etangs cft
gelée, les poissons qui font
dedans, meurent plus ou
moins vite ,durant que l'E.,.
rang a plus ou moins d'étenduë
&de profondeur, & on
observe que quand on casse
la glace en quelque endroit)
les poissonss'y prefenrent
avec
avec empressement pour rcfpirer
cette eau imprégnée
d'un nouvel air. Ces experiences
prouvent manifestement
la necessité de l'air pour
la rcfpiration des poissons.
Voyons maintenant ce qui se
passe dans le temps de cette
rcfpiration-
La bouche, s'ouvre
,
les lèvres
s'avancent,parla la concavité
de la bouche est allongée,
la gorge s'enfle, les couvercles
des oüies
,
qui ont le
même mouvement que les
panneaux d'un souffet, s'écarrant
l'un de l'autre,se voûcent
en dehors parleur milieu
seulement, tandis qu'une de
leurs pieces qui joiic sur une
espece de gomme ,
tientfermées
les ouvertures des ouïes,
en se soulevant toutefois un
peu, sans permettrecependant
à l'eau d'entrer ; parce
que la petite peau qui borde
chaque couvercle, ferme exactement
l'ouverture des ouïes.
Tout cela augmente, &
élargit en tout sens la capacité
de la bouche, & détermine
l'eau à entrer dans &
cavité, de même que l'air entre
par la bouche & les nariDes
dans la crachée artere Se
les poumons , par la dilata,
tion de la poitrine. Dans ce
même temps les costes des
QÇÏÇS s'ouvrent en s'écartanr
lç5 unes des autres, leur cintreestélargi,
le sternon efl;
écarté en s'éloignant du palais
; ainsi tout conspire à faire
entrer l'eau en plus grande
quantité dans la bouche. C'es
ainsi que se fait l'ispiratioa
despoissons, Ensuite la bouche
se ferme, les lévres auparavant
allongées se racourcissent
, sur tout la superieure
qui se plic en éventail, la lévre
inférieure se cole: à la superieure
par le moyen d'une petite
peau en forme de croissant qui
s'abbat comme un rideau de
haut en bas & qui empêche
l'eau de sortir. Le couvercle
s'applatit sur la baye de l'ouverture
desoüies. Dans le même
temps les côtes se ferrent
les unes contre les autres, leur
cintre se retressit, & le sternon
s'abbat sur le Palais.
Tout cela contribuë &
comprime l'eau qui est entrée
par la bouche. Elle se presente
alors pour forrir par tous
les intervalles descôtes & par
ceux de leurs lames, & elle y
passe comme par autant desilieres
; & par ce mouvement la
bordure membraneuse des
couvercles cil: relevée,.& l'eau
pressees'échappe parcette ouverture,
C'est ainsi que fc
fait l'expiration dans les poissons.
On voit par là que l'eau
entre par la bouche, & sortant
par les oüies. Tout au contraire
de ce qui arrive dans les animaux
à quatre pieds dans lesquels
l'air entre & fort alternativemenr
par la trachée artere.
Voila tout ce qui concerne
les mouvemensdelarespiration
des poissons.
MAF^IAGE.
MIC Nicolas Digues, Seigneur
de Carlande & d'Inter-
Ville-, Conseiller du Roy,
Commissaire General en sa
Cour des Monnoyes, Directeur,
General des Eratons dç
France, passa contrat de mariage
le onze de ce mois, avec
DamoiselleMarieAngclicjue-
Antoinette Bidault, l'une des
vingt - quatre Femmes de
Chambre de Monseigneur le
Dauphin. LeRoy& Monseigneur
leDauphinhonorèrent
ce contrat de leur signature.
* Plusieurs Seigneurs & Dames
de la Cour se firent un plaisir
de le signer aussi.
1 MORTS. # f l" IA% Henry - François de
Candale
>
Duc de Rendan
Pair de France, Chevalier de
l'Ordre du S. Esprit, Captai
de Buch ; mourut le 22. Fér
vrier. Ce Seigneurdesçend
des anciens Comtes de Foix
du Languedoc par lfabelle.
Çofnteflc deFoix, Vicoinrelfè
de Bearn, soeur & hernicre
de Mathieu Comte de Foix,
qui épousa Archambaud de
Grefly, Captal de Buch
,
qui
estoit descendu de Jean, Seigneur
de Grefly,Vicomte de
Benauge
,
& de Blanche de
Foix, qui estoieElle de Gaston
Comte de Foix, & de Jeanne
d'Artois. Laposterité d'Archambaud
posseda le Comte
de Foix, & en prirent le nom
& les armes, & c'est d'une
branche decerteMaison qu'-
est descendu Mr le Duc de
Foix qui est celle de Candate.
Le Duché de Rendan donc
il estoit en possession fut crigé
gé en Duché Pairie par le Roy
Louis XIV. au mois de Mars
1661.vérifié le15. Décembre
16 6 3. en faveur de Dame
Marie-Catherine de la Rochefaucault,
ComtessedeRendan,
Gouvernance de Sa Majesté,
qui estoitveuve de Henry
de Bauffremont, Marquis de
Senneçay, &aussi en faveur de
Marie-Claire de Beauffremont
fafille unique qui estoiraussi
veuve deJeanBaptiste Gaston
de Flcix. Cette Dame Comtessede
Flcix eut entr'autres z.
enfans mâles, qui furent Jean-
Baptiste de Foix & HenryFrançois
-
Madamela Comtesse
de Randan leur ayeule,
& Madame la Comtesse de
Fleix leur mere, firent la démission
du Duché de Randan
en faveur de Jean
-
Baptiste
Gaston de Foix leurfilsaîné;
ainsi par cette cession. Il fut
Duc de Randan
,
il épou sa
Dame Magdelaine Charlotte
d'Ailly, fille de Henry Louis
d'Ailly, Duc de Chaunes, &
il mourut sans cnfans; & comme
sa mere & son ayeule lors
de la cession du Duché, luy
cederent à charge de reversion
faute d'enfans madcs
~omme par sa mort il n'en
lOEa pas, le Duché revint à
~Madame de Randan & à Maame
sa fille, qui firent une
ouvelle donation en faveur
e Henry François de Foix,
~ere puisné de Jean Baptiste
e Foix Duc de Randan
,
qui
enoit de mourir, ainsi Henry
~François de Foix fut Duc de
landan, & la possedé jusques
sa mort, & comme il nelaisa
point d'enfans deDame
~Marie-Charlotte de Roquéaure
son epouse, ce Duché
~se trouveaujourd 'huy éteint,
& enmême temps tous ceux
du nom de Foix, qui a esté si illustre
pendant plusieurs siecles
Mr le Marquis de Montpeyroux
est mort le ij. Fevricr.
Il se nommoit Eleonor-
François Palatin de Dio, Marquis
de Montpeyroux, Roquefcuil
& Castelnau,Comte
de Saligny, Baron de la Roche
en Berry, Mestre de Camp
de la Cavalerie Legere de
France & Lieutenant General
desArmées du Roy. Il estoit
fils de Noël- Eleonor Palatinde
Dio, Seigneur & Marquis
de Montpeyroux
,
Comte de f
la Roche, de Saligny & de j
i
Roquefeuil;& de Dame Marie
Habeau de Coligny, fille
de Gaspard de Coligny troisiéme
du nom, Marquisd Orne,
Capitaine-Lieutenant des
Gens-d'Armes de la Reine,
quifut tuéà l'attaque de Charenton
le 8 Février 1649. &
de Dame Gilberte de Roquefeuil,
qui après sa mort seremaria
à Mre Charles
- Yves
Marquis d'Alegre
,
dont elle
eut une fille qui fut premiere
femme de Mr le Marquis de
Seignelay. Mr le Marquis de
de Montpeyrouxqui vient de
mourir avoit épousé le io.
Avril1700. DameFrançoise
de Harville
,
fille de Claude-
Antoine de HarvillePaloiseau,
Comtede laSalle, Lieutenant
General du Pays Chartrain
Il en a eu deux fils &
une fille qui sont morts jeU-:
nes ; ainsi il ne laisse pasde
posterité.
Supplement aux Nouvelles.
Les Lettres de Hambourg
du 16. portent que les Habitans
& la Garnison de Tonningenestant
réduits à la dernicre
extremité faute de vivres
, le Colonel Wolf qui y
commandoit, fut obligé d'envoyer
le 7. à Tottembuttel,
au Brigadier Kneil qui commandent
le Blocus de la Place,
pour demander à capituler.
Que la Capitulation fut
regléele 8. en pluficurs Articles.
Sçavoir :
Que la Garnison fortiroit
, avec toutes les marques d'honneur
deux picces de canon de
six livres de bale & des munitions
pour tirer douze coups; Qu'on lui fourniroit quatrevingt
un Chariots à quatre
chevaux, pour porter les
bagages;
Qu'elle seroit conduite à
Eurin, ne faisant que deux
lieuës par jour, & séjournant
le troisiéme.
Qu'aucun soldat ne seroit
forcé à prendre parti.
Qu'on fourniroit en payant
des remedes aux Officiers &
aux solatsmalades jusquàleur
entiere guerison.
Que les personnes qui sont
au fcrvice du Duc de Hostein
pourront librement se retirer
de la Ville, ou y rester.
Que les effets qui ont esté
retirez dans la Ville seront
rendus de bonne foy.
Que la Ville & son diftrict
conservera les priviléges
& seraexemte de contributions,
& les Bourgeois pareillement;
& que ceux qui sont
prisonniers feront relaschez
sans payer rançon, &c.
Le 1o, la Garnison sortit
au nombre de trois cent cinquante
hommes portans armes,
outre plus de quatre
cent malades restez dans la
place, dont le Colonel Arnoldi
a esté fait Commandant.
On y a trouvez cent quarante
pieces de canon, vingt-cinq
mortiers, & cent soixantefcize
milliers de poudre; mais
si peu de vivres qu'il n'y restoit
que seize mesures de farine.
On mande de Stokholm
que les Erats de Suede continuent
leurs séances avec
beaucoup d'union, qu'ils travailloient
à augmenterl'Arméejusqu'à
soixante ou soixante-
dix mille hommes, &à
faire prendre les armes aux
Ministres pour estre en état
de repousser les Danois & les
Moscovites qui se préparent
à attaquer la Suede en même
tems du costé du Pays de la
Finlande.
On écrit de Vienne que le
Ministre du Roy de Sicile a
esté congédié, & qu'il se prépare
à partir incessamment
pour retourner en Italie, &
qu'on a envoyé un Mandement
à Ausbourg au Comte
de Borgole, Ministre du
même Prince, avec ordre de
forcir de la Ville dans deux
jours, & dans quinze jours
des Terres de l'Empire.
MORTS.
Damoiselle Claude Elizabeth
le Ragois de Bretonvilliers,
fille de feu Mre Benigne
le Ragois
)
Sr de BretonvilBretonvillieis,
President en la
Chambre des Comptes, mourut
le2. Février en sa17.année.
Dame Artemire de Resmond
,épousede tvilffirc Jean
Louis de Rafin, Chevalier
Seigneur d'Hauterive, Brigadierr)
des ArméesduRoy,o&
Commandant pour sa Majesté
à Sedan, mourut le j.
Février.
Messire Louis François AchillesdeHarlay,
Abbé de S.
Colombe de Sens, mourut le
14. Février. Il estoit fils puisné
de feu Messire Nicolas Auguste
de Harlay, Seigneur de
Boneüil& de Cély, Conseiller
d'Etat ordinaire, & Plenipotentiaire
à la Paix de Riswick,
& de Dame Anne-Françoise
Loüise-Marie Boucherat. On
a si souvent parlé de laMaifon
du Harlay qu'on renvoye le
Lecteur aux precedens Mercures.
Dame Elizabeth de Pons ,
veuve de François Amanieu
d'Albret,Comte de Miossens,
mourut le 23.Février dans
son appartement au Palaisdu
Luxembourg, âgée de 78.
ans. On a promis pour le
Mercure prochain un Memoire
sur cette Maison.
Les Lettres de Madrid du
18 portent que la Reine étoit
morte le 14. On parlera dans
le Mercure de Mars de la more
de cette Princesse.
Le Roy a nommé le Cardinal
del Giudice. avec le
Marquis de Mejorada., &
Don Joseph Grimaldo, Secretaire
d Etat, pour expedier
durant quelques jours les affaires
ordinaires,& même les
plus importantes auxquelles
le retardement pourroit apporter
préjudice.
Les Lettres de Catalogne
portent que la Flote du Roy
estoitarrivée le premier de ce
mois devant Barcelone; qu'- elleavoitmouillé à l'embouchure
du Llobregat, & du
Besos : que ce même jour on
devoit débarquer les munitions
de guerre & les provisions
destinées pour l'Armée
& pour le Siege de Barcelone
: que depuis quelques jours
il en estoit venus plusieurs deferteurs
qui assuroient que les
Habirans souffroient extrêmement
faute de vivres: &
que les Détachemens envoyez
par le Duc de Popoli contre
les Rebelles, les avoient pour
la pluspart détruits & diffipez.
On écrie de Londres qu'on
travailloità mettre au net le
Traité de Commerce entre
l'Espagne & la Grande Bretagne,
qu'on avoit reçu par un
Exprés arrivé d'Utrecht, pour
estreratissé par la Reine. Sa
Majesté a figné la Commission
du sieurJeanHart, nommeau
Gouvernement de Maryland.
Le sieur Jean Wetham a esté
fait Commissaire de l'Excise.
La Reine a conféré la dignité
gnité de Chevalier Baronet de
la Grande Breragne au ifeur
Guillaume Desbowreries.
Le Comte Marshal
)
Pair
d'Ecosse, a esté fait Capitaine
de laSeconde Compagnie des
Grenadiers cheval Ecossois
dela Garde;à la place du feu
Comte deCrawford. t
-
La Reine a accordéau Duc
de Shrewsbury la permission
de revenir en Angleterre, 84
elle a ordonné de dresser une
Commissîon pour établir Regents
en son absencel'Archevêque
d'ArrnaghJ le ifrur
Phips, Chanceliery& l'Arche.
veque de Tuam.
On mande de Versailles
que le Roy avoit pris le deüil
- pour la mort de la Reine d'Espagne.
Les Lettres Patentes pour
renregiftrement de la Constitution
du Pape, acceptée par
l'Assemblée des Prclats convoquez
extraordinairement
par Sa Majesté, & qui porte
condamnation d'un Livre intitulé
: Le Nouveau Testament
en François, avec des Reflexions
De la necessité de la Critique,
ou le grandPrevcfl du Parna/
te 4*
Nouvelles. 24
Obsfetuvatibon istuer .un1e 1m4ort
Article des Enigmes.124
Ccremonie du Couronnement du
Roy & de la Reine de Sicile,
faite à Palerme. 140
LaCritique,Ode. 145
L'Indien 0* le Soleil,Fable. 160
Lettre de Catalogne. 1Cf
Mariagede MonsieurHenault, Epitaldme.174
Lettre de Madrid. 194
Lettre de M. L. C. de F. a
Saint Falioii de Palletcol, le
11.Février. 197
Morts. ut
Memoire sur la circulation du
fang des PoijSms qui ont des
ouies
y & sur leur respiration.
ily
Mariage. 161,
Morts. a.(13
Suptêmentaux Nouvelles.170
Morts. 7J.
Nouvelles d'Espagne. 278
Nouvelles d'Angleterre.280
GALANT.
FEVRIER 1714.
M. DCCXIV
AvecPrivilege du Roy,
M ERCURE
G AL AN T.
Par le Sieur Du F***
Mois
de Fevrier
1714
etprixest 30. fols reliéen veau, &
aj. fols, broché.
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bouc du Pont S. Michel
ducôcédu Palais.
JPIZJUIE RIBOU,à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILIIS LAMESIB, à l'entrée de la rul
du Foin, du côté de la rue
Saint Jacques.
vccAj>robatwni&Privilège duRtu
MERCURE
GALANT.
tA-VANTV RE
nouvelle.
N Gentilhomme
d'un ver itable mérite
, 5c d'une naissance
aflfczdiftinguée pour a:-,,
Voir[pris'lenomde Marquis
sans qu'on pût dire
qu'il l1eueusurpé, étant
un jour allé entendre un
concert, où il fut mené
par un ami, trouva dans
la maison où il se faisoit
une Demoiselle dont la
beauté lui parut piquante.
Elle étoitblonde,
avoit les traits assez reguliers,
le teint d'un
éclat qui surprenoitC 8C
une douceur toute charmante
répandue sur son
vifagc. Il fit fibien qui
se plaça auprès d'elle; &C
tandis que tout le monde
prêtoit l'oreille avec
foin aux belles voixdont
le concert etoit composé
,
il eut lesyeuxtoûjours
attachez sur cette
aimable personne. Les
paroles qu'on chanta lui
donnèrent lieu de l'entretenir.
Il en tira de
quoy la flater sur son merité;&
s'il la mit dans
quelque embarras à forr
ce de lui donner des
loüanges, il ne laissa pas
de s'appercevoir qu'elle
avoit l'esprit aisé, &C
que le silence qu'ellegardoit
quelquefois étoit un
effet de sa mode stie. Il
ne sortit point de l'assemblée
sans avoir appris qui
elle étoit. Il fçut que sa
qualitérépondoit à fou
merite, & qu'ayant perdu
(on pere & sa mere
dans son plus bas âge,
elle demeuroit chez une
tante quis'étoit chargée
ic Ca conduite. jCorrune
4, l'avoittrouvce toute
aimable, l'envie de la
voir avec quelque liberté
Lui fie ch erc her accès
auprès de la tante;Se
vous jugez bien qu'ayant
de l'esprit 8c du fçavoirfaiiç
,il n'eut pas de peine
à y relilTiF, Dans les
premiers foins qu'il s'attacha
à lui rendre, son
unique vûë fut le plaisir
-d'un amufernent honne.
te qui l'occupât pendant
quelques heures. Il dit
force douceurs à la bellesepreparant
au triomphe
d'attendrir un jeune
coeur. Ce ne lui fut
pas une chose aisée. Elle
s3'accoûA tuma a 1l,'entendre
,
sans qu'aucun sentiment
particul ier lui
fîr découvrir qu'elle fut
touchée; &cetteespece
d'indiffcrence blessant le
Marquis, qui étoit fier
naturellement, il ne put
souffiir sans beaucoup
de peine qu'elle lui ôtât
la gloire de lui laisser remarquer
en elle un commencement
de passion.
Ce n'est pas qu'elle n'eût
pour lui des honnêtetez,
dont il eût eu lieud'être
content, s'iln'eût souhaité
que del'estime :
ma is ce n'étoientpoint
des honnêtetez de diftinérion,
& il regardoit
comme une honte, qu'-
elle attendît son entier
hommage pour se declarer,
après que partout
ailleurs on l'avoit
presque toûjours prévenu
par des avances. Cependant
les manières de
la belle, de quelque froideur
qu'elles lui parussent
, ne laisserent pas
d.e1:enflâmer, Si meme
on peut dire que ce fut
ce qui porta son amour
à toute la violence qu'il
commença de sentir. Il
iy abandonna malgré
lui, & à quelque plix
que ce pût étre, il rèlOlut
de.se donner le plaisir
de se fairedirequ'il
étoit aimé. Ses empreffçmeus,
qu'il redoubla.,
le firent voir le plus amoureux
de tous les
hommes. Il dit à la belle
leschofès les plus flateuses,
& ne douta point
qu'en lui déclarant qu'il
la vouloit époufer,il ne
lui çausât toute la joye
que lui devoit inspirer
une alliance si avantageufe.
La belle reçut
cette dec laration avec
beaucou p de reconnoiiTance
> &C après lui
avoir marqué en ternies
fort serieux qu'clle
luiétoit sen siblement
obligée de l'honncur
qu'illui faisoit,elleajouta
que dépendant d'une
tante, dont lesvolontez
regloient les siennes,cetoit
à elle qu'il se devoit
adresser. Une réponse si
peu attenduë déplut au
Marquis. Ilditàlabelle,
avec un peu de chagrin,
qu'ilnesongeoit à se
marier que pour vivre
heureux > qu'il ne pouvoit
l'être s'iln'avoit son
coeur, & que ne voulant
le devoir qu'à dtcmême,
il seroit fort inutile
de lui faire demander,
le consentement de
ses parens, tant qu'illa
verroic dans cette reserve.
Il fie ce qu'il put pour
l'en tirer, & ses plus fortes
prieres n'obtinrent
rien de plus favorable
pour sa paisson
,
qu'une
assurance qu'elle suivrois
son devoir sans aucune
peine, & qu'aussitôt
que sa tante auroit
parlé0 il auroit sujet d'être
content. Le Marquis
tira de làuneconfequence
qui fit fbuHrirfa delicateffc.
Il s'en expliqua
avec la belle
,
& lui dit'
d'un ton de plainte,qu'il
lui devoit estre bien fâi
cheux de, voir que si la
tanre soppofoit à (on
bonheur, clic feroit prelte
à le dégager pour la
fatisfiuie. Labelle luircpliqua
qu'il se faisoit
tore de craindre qu'on
n'eust pas pour lui les
égards qui étoient deus
6càsonmérité & à sa
naissance;S£ n'ayant pu
l'obliger de se declarer
plus precifémerit, illui
fit connoître qu'il alloit
remettre au temps le
succés de sesdesseins,
afin que Imipression que
ses services feroient sur
son coeur lui fît tenir
d'elle feule ce que son
amour ne pouvoit devoir
à d'autres. Il continua
ses soins, qui furent toujours
reçus d'une man
iéré assez engageante.
L'étatoù il se trouvoit avoir
quelque chose d'extraordinaire.
Il aimoit
avec excés ; & quoique
labelle lui fît voir beaucoup
coup d'estime, 6C qu'il
ne remarquât rien qui
lui fît apprehender que
sa recherche ne lui sust
pas agreable, il ne pouvoit
se resoudre à presser
de rien conclure,
| parce qu'il ne voyoit pas
i qu'elle eust pour luy les
< empressemens dont il
croyoit que sa passion le
; rendroit digne. Les cho-
} ses ayant encore demeuré
un peu detempsdans
ces melmes termes,elles
changèrent de face par
un incident qui eut des
fuites qu'on n'attendoit
pas. Le Marquis avoit
un frere qu'on nommoit
Je Chevalier. Il estoit à
Rome depuis trois ou
quatre années, & il en
revint en ce temps-là.
Le Marquis qui avoit
toujours vescu avec luy
dans la plus étroiteliaison
que l'amitié ait jamais
établie entre deux
freres
, ne manqua pas
un peu après son retour,
de l'entretenir de samaistresse.
Ilne luy parla
ni de son esprit ni de sa
beauté, &C voulant qu'il
en jugeast par luy-mesme,
ille mena chez cette
jeune personne. Le Chevalier
qui avoit acquis
dans ses Voyages certaines
maniérés pleines
d'agrément qui perfectionnent
les heureux ta-
Jens que l'on a receus de
la natute,brilla fort avec
la belle dans une assez
longue conversationqui
fut aussivive qu'enjoüée.
Il fut touché de ce qu'il
connut d'aimable en elle,
& son frere luy ayant
demandé son sentiment,
il luy en dit millebiens,
& ne pouvoit fc lasser
de luy applaudir sur le
choix qu'il avoit fait.
Le Marquis ravi d'estre
approuvé, &. ne trouvant
point de plus grand
plaisir que d'entendre
parler d'elle,engagea le
Chevalier à la voir souvent.
C'estoient toujours
de nouveaux applaudiffemens
qu'il recevoir sur
f sa passion; & comme il
i estoitaisé de voir que le
Chevalier luy parloirde
bonne soy, & que rien
n'enflâme tant que les
:; louanges qu'on entend
donner ace qu'on aime,
J le Marquis sans y penser
i prenoit desredoublemés
; d'amour dont il ne pouvoit
démefler toute la
force. Il trouvoit que sa
maistresse avoit plus d'esprit
de jour en jour, &C
il ne comprenoit pas
qu'il lui étoit inspiré par
l'envie de plaire. La belle
ne sçavoit pas ellemesme
d'où lui venoient
de certains je ne sçay
quoy qui la rendoient
pluscharmante, & qui
lui donnoient en tout
une vivacité extraordinaire.
Elle suivoit un
panchant quelle neconnoissoit
pas, & le Chevalier
ne faisantrien qui
ne parlast à sonavantage,
elle abandonnoic son
coeur avec plaisir à des
sentimens qu'ellen'avoit
jamais eus. Elle ne s'a pperceut
mesme qu'ils
étoient nouveaux pour
elle, que lorsque le Chevalier
passa trois ou quatre
jours sans la venir
voir avec son frere. Elle
en montra quelque trouble,&
l'empressement
qu'elle avoit à demander
ce qui l'occupoit ailleurs,
étoit une marque
qu'elle y prenoit intesest.
Elle étoit moins
gaye lereste du jour, &
quand le Chevalier revenoit
, outre la joye
qu'elle laissoit éclater sur
son virage, elle lui faisoit
de si obligeans reproches
de sa négligence
, qu'elle ne pouvoit
lui dire plus ouvertement
ment que rien ne lui
plaisit tant que ses visites.
Elle ne cachoit rien
detoutecela au Marquis,
parce qu'agissant naturellement,
& n'ayant jamais
connu ce que c'étoit
quel'amour elle
étoit bien éloignée de
penser qu'il y eust rien
dans ses sentimens dont
il lui salut faire mystere.
Cependant comme
un amant véritablement
touché a les yeux bien
éclairez sur les moindres
choses, le Marquis
connut bientôt que sa
maîtreflfe sentoit pour le
Chevalier ce qu'il n'avoit
jamais pu lui faire
sentir pour lui. Il en eut
un depit secret qui fut
soutenu par sa fierté;
& au lieu d'y donner
ordre en l'empeschant
de le voir, il s'en fie accompagner
toutes les
fois qu'il alla chez elle.
Il étoit toujours de bonnehumeur;
Se sans laisfer
échaper aucun mouvement
ni de jalousie,
ni de chagrin, il montroit
un esprit libre qui
auroit trom pé les plus
clairvoyans. Le Chevalier
y fut abusé, & ne
crut point que par cette
fausse liberté d'esprit il
se ménageât celled'observer
ce qui se passoit
dans le coeur de samaitresse
: mais comme la
belle avoit pour lui une
honnesteté qui lui découvroit
des sentimens
plus forts que l'estime,
& qu'il se feroit senti de
grandes dispositions à y
répondre sans l'engagement
où il la voyoit, il
resolut, & pour Ton repos
, & pour s'acquicrer
de ce qu'il devoit à l'amitié
du Marquis, de renoncer
à une voue agreable,
mais qui pouvoie
le mettre en peril d'aller
plus loin qu'il ne lui
étoit permis. Ilavoitdéja
celle de parler si fortement
à son frere du
mérite de la belle, de
peur que le plaisir d'en
dire du bien ne découvrist
trop ce qu'il eust
voulu pouvoir se déguiser
à lui-mesme 5 & le
Marquis
,
homme attentif
à tout remarquer,
avoit jugé comme il le
devoit de cette reserve.
Ainsi quand le Chevalier
lui dit qu'il avoit
dessein de faire un voyage,
il entra d'abord dans
le motifqui en étoit eause
;& ce que la belle lui
avoit fait paroîtreavec
ingénuité de ses nouveaux
sentimens, ne lui
permettant point de
douter que leurs coeurs
ne s'entendirent sans
s'être expliquez, il fit
un effort sur lui pour
ne montrer aucune foiblesse.
A pres avoir pris
un visage gai, ildità
son frere qu'il voyoit
son embarras; que non
seulement il aimoit la
belle: mais qu'il avoit
dû s'appercevoir qu'il
avoit touché son coeur;
& que pour n'écouter
pas une passion qui lui
pouvoit attirer le blâme
de s'être fait son rival,
il se resol voit à s'éloigner.
Là dessus il l'embrassa,
comme lui étant
fort obligé des égards
honncces qu'il avoit
pour lui,&luidit enfuite
queleplus grand
plaisir qu'il lui pouvoic
faire étoit de ne point
partir, &, de continuer
à voir sa maitresse. Il
ajoûta qu'il l'aimoit
beaucoup
par les belles
qualitez qui la rendoient
estimable:mais que son
amour n'ayant jamais
été assezfort pour lui
faire vaincre l'aversion
qu'il avoit toûjours sentie
pour le mariage, il
s'étoit tenu dans les seuls
termes d'amant, sans avoir
osé pousser les cho
ses plus loin : qu'a prés
l'ouverture qu'il lui faisoit,
c'étoit à lui à se con- sulter, & que s'il étoit
assez amoureux pour
vou loir bien épouser la
belle, il lui cederoit ses
pretentions avec d'autant
plus de joye, qu'il
empêcheroiten l'épousant
qu'on ne se plaignistdelui.
Ce discours
surprit tellement le Chevalier,
qu'il en demeura
embarassé.Ilrépondit
que n'ayant rien à se reprocher
dans sa conduite,
il ne se défendroit
point des sentimens qu'-
on lui vouloit imputer;
qu'il ne desavoüoit pas
que l'esprit & la beauté
de la personne dont il
s'agissoit ne l'eussent rendu
sensible
: mais que
tout ce qu'il sentoit demeurant
soûmis à sarai;,,'
son, il n'avoit point à I s'expliquer là-dessus ;
qu'il consentoit à ne
point partir, si l'on jugeoit
à propos qu'il sus-
, pendistson voyage: mais
qu'il seroit inutile de
lui demander qu'il 6ft
encore des visites ; qu'-
absolument il n'en rendroit
aucune à la belle
que sa fortune ne fust
! arre stée; que le Marquis
|1 ayant tant de sujet de l'aimer, pouvoiç fatisr
faire son amour, puis
qu'il ne tenoit qu'à lui
de se ren d re heureux;
& que s'il étoit vrai qu'il
fust assez ennemidu mariage
pour estre bien aise
de rompre l'engagement
qu'il avoit pris avec elle,
il pouvoit donner
telle parole qu'il lui plairoit
en son nom, avec assurance
qu'il ne seroit
pointdesavoüé. Le Marquis
n'en voulut point
sçavoir davanta ge. liaila
trouver la belle, & lui
dit qu'il étoit temps
qu'il connusts'il étoit
aimé veritablement. La
belle,qui crut qu'il pretendoit
encore la faire
expliquer, & qui se
sentoit moinsdisposée
que jamais à se réjoüir
des marques qu'il lui
pouvoit donner de sa
passion
,
lui répondit avec
beaucoup de froideur,
que sa tante [eure
pouvoit disposer de ses
volontez
, comme elle
l'en avoitdéjà assuré,
&qu'il n'étoit pas befoin
qu'il la confulrât
sur cequil avoit à faire.
Le dépit qui animoit le
Marquis depuis quelque
temps, le fit passer
par- dessus l'aigreur de
cette réponse. Il repliqua
qu'elle n'étoit pas
entrée dans ce qu'il avoit
voulu lui dire;que
s'étant examiné dans les
sentimens qu'il avoit
pour elle, il s'etoit connu
si mal disposé au mariage,
que dans la crainte
de ne la pas rendre
aussiheureuse qu'elle
meritoit de rcfirej il la
prioit, si elle avoit un
peu de bonté pour lui,
de vouloir bien recevoir
son frere en sa place, &C
de trouver bon qu'il allât
traiter cette affaire
avec sa tante. L'émotion
que fit voir la belle trahit
tout le secret de son
coeur. Elle ne sçut que
répondre, tant la joye
l'avoit saisie; & ce ne
fut qu'aprés que le Marquis,
en continuant a
lui parler,lui eut donné
le temps de vaincre son
trouble,qu'elle lui dit,
quoy qu'un peu deconcertée
,
qu'elle se feroit
toûjoursun fujctde joye
de l'obliger: mais qu'-
elle n'avoit pas lieu de
presumer assez d'elle-même,
pour se flater que
le
le mariagequ'il lui proposoit
fût agreable à son
frere. Le Marquis en répondit,
&cetteassurance
mit la belle dans un
état de plaisir, qui lui fit
connoître tout ce que
l'amour avoit produit
pour le Chevalier. L'en-
, tiere certitude qu'il en
eut par là le fit resoudre
à ne plus songer à elle,
& s'applaudissant de ce
dessein, comme s'il eût
dû la punir & le vanger,
parce qu'en effet le
parti du Chevalier lui
étoit moins avantageux,
il alla trouver latante.
Elle fut surprise de ce
changement : mais il
lui parla d'un air si libre,
& lui peignit avec
,
tant de force le dégoût
presque invincible qu'il
avoit du mariage, ( ce
qui l'avoit obligé d'amener
son frere chez sa
niece, dont il avoit bien
prévû qu'il deviendroit
amoureux ) qu'elle demeura
persuadée qu'il
nedisoitrien qui ne fût
vrai.Elle ne voulut pourtant
lui donner aucune
parole, qu'elle n'eût fçû
les sentimens de sa niece.
Elle les avoit déja pêne-*
trez, & lui reprocha qu'-
elle perdoit le rang de
Marquise pour ne s'être
pas assez possedée : mais
c'étoit un jeune coeur
surpris par l'amour, sans
qu'il se fust fait connoître.
La bellene put s'empêcher
de parler du Chevalier
d'une maniere fort
avantageuse;&satante
la vit tellement satisfaite
de ce choix, qu'elle
y donna son consentement.
Le Chevalier resista
long-temps à ce
que son frere avoit fait
pour lui. Il le pria de
se mieux examiner, Se
de craindre qu'un peu
de chagrin n'eust part à
laresolution qu'il avoit
prise: mais plus il fit
voir pour lui d'honnê-
1 teté là-dessus
,
plus le
; Marquis l'assura querien
'; ne lui pouvoit faire tant
, de plaisir que son mariage,
& il lui reïtera ces
assurances avec des manieres
si ouvertes Se d'un
cfprit si content, qu'il
ne laissa plus de scrupule
au Chevalier. Il continua
de se fcrvir du mê- tme pretexte; Se pour
mieux faire paroître que
son coeur étoitentierement
libre,ilfit dresser
te contrat lui-même,&
voulut faire les frais de
la noce. Rien ne lui fit
peine en tout cela, & il
leprocesta à tous ses amis.
Cependant on ne
futpasplutôt revenu de
l'Egliseoù le mariage
venoitd'estrefait,qu'on
fut surpris de le voir tomber
dans un chagrin extraordinaire.
Ilditqu'il
se trouvoit mal, & en
effet deux heures après
la fievre le prit avec une
extreme violence. Cet
accident troubla fort la
joye des mariez; & leur
déplaisir augméta beaucoup
le lendemain,
quand le transport au
cerveau ne le laissant
plusmaîtrede sa raison,
fit connoître la vraiecause
de son mal. Il dit cent
choses touchantes sur ce
qu'il n'avoit pu se faire
aimer de la bélier sur
la necessité où il setoit
veu de la ceder à son
frcre. On connut par là
qu'il s'étoitfait violence,
& que la contrainte qu'il
avoir tâché de s'imposer
lavoir réduit au tnalheureuxétatoù
il Ce trouvoit.
Ilvécutencoretrois
jours, pendant lesquels
ses agitations redoublerent
,
sans qu'il cessât
de parler du defcfpoir
où lavoit jette son trop
de delicatcfsc.
NouDe
la necessité de la critique,
ou le grand Prevôt
du Parnasse.
ON gronde contre la
satyre,
Et Cotin dit qu'on a raison:
Mais quoy que Cotin puisse
dire,
Dans l'étrange demangeaison
Qu'en nôtre siecle on a d'écrire
Ilnous faut ce cotre poison.
Ecrire en vers, écrire en
prose,
Au temps passé c'était un
art,
Au temps present c'est autre
chose:
Tant bien que mal, à tout
hazard,
Rime qui veut, qui veut
compose,
Se dit habile
, ou le suppose,
Entre au chorus, ou chante
a part,
Est pour un tiers, ou pour
un quart,
Fournie le texte, en fait la
glose,
Et tout le monde en veut
sa part.
Dites- nous, Muses, d'où
peut naître
, Cette heureusefeondité?
f Est-on savant quand on
-1-1 veut l'être?
j; Cela n'a pastoujours été;
Il en coûtoit à nos ancêtres
Ce , ne fut pas pour eux un
;,- jeu:
Ce qui coûtoit à ces grands
Maîtres,
D'où vient nous coûte-t-il
>
si peu?
Vanité sotte! qui presume
Par un aveugle & fol orgüell
De son efpric ôc de sa plume:
Voila d'abord le grand écüeil.
Item, le Temple de Memoire
Est un trés-dangereux appas:
Mais en griffonnant pour
la gloire
L'encre toûjours ne coule
pas,
Et quelquefois avient le
cas
Que l'on caffe son écritoire.
Item, soit à bon titreou
non,
On dit, mes oeuvres, mon
Libraire,
Et l'on voit en gros caractere
Afficher son livre & son
nom.
Item, chacun a sa folie;
Item, aujourd'hui tout est
bon,
Et tout ouvrage se publie.
Ce qu'un homme a rêvé la
nuit,
Ce qu'il a dit à sa servante,
Ce qu'il fait entre sept &
huit,
Qu'on l'imprime & le mette
en vente,
L'ouvrage trouve du débit;
Et quelquefois, sans qu'il
s'en vante,
L'auteur y gagne un bon
habit.
Item, quand on ne fçaic
mieux faire,
On forge, on ment dans
un écrit.
Item, on ne sçauroit se- taire,
Et nous avons tous trop
d'esprit.
Autre grand item, il faut vivre;
Voila comment se fait un
livre.
: De là nous viennent à foisonv
Maigres livrets de toute
forte;
Ils n'ont ni rime, ni raison,
Cela se vend toûjours, qu'-
importe?
Tous les sujets sont presque
usez
5 Et tous les titres épuisez,
Jusques à des Contes de
Fée,
Dont on a fait long-temps
trophée.
Le desordre croît tous les
jours,
Je crie, & j'appelle au secours;
Quand viendra-t-il quelque
critique
Pour reformer un tel abus,
Et purger nôtreRépubli-
,
que
De tant d'Ecrivains de Bibus?
A l'aspect d'un censeur farouche
Qui sçait faire valoir ses
droits,
Un pauvre auteur craindra
latouche,
Et devant que d'ouvrir la
bouche,
Y pensera plus de deux
fois.
Je touche une fâcheuse
corde,
Et crois déjà de tous côtez
Entendre à ce funeste exorde
Nombre d'auteurs épouvantez
Crier tout haut, Misericorde.
Soit fait, Messieurs,j'en
luisd'accord:
Mais quand le public en
furie
Contre vous & vos oeuvres
crie
Misericorde encor plus
fort,
Que lui répondre, je vous
prie?
1 C'est un mal, iél ne dis pas
non,
Qu'un censeurrigide & severe,
Qui le prend sur Le plus
haut ton,
Qu'on hait, & pourtant
qu'on revere:
Mais si c'est un mal
,
c'est
souvent
Un mal pour nous bien necessaire;
Un critique en pays sçavant
Fait le métier de Commisfaire.
Bornonsnous,sans aller
plus loin, *
A la feule gent poëtique;
Plus que tout autre elle a
-
besoin
Pour Commissaire,d'un critique.
1
Les Poëtes sont insolens,
Et souvent les plus miserables
Se trouvent les plus intraitables;
Fiers de leurs pretendus talens,
v
Ils prendront le pas au Parnaisse
Et sur Virgile & sur Horace,
S'il nest des censeurs vigilans
Pour chasser ces passe-volans,
-
Et marquer à chacun sa
place. -
D'abord ces petits avortons
Viennent se couler à tâ..
cons,
Ils sont soûmis, humbles,
dociles,
Souples à prendre les leçons
Des Horaces & desVirgiles,
Et devant ces auteurs habiles
Sont muëts comme des
poissons:
Mais quand enfin cette vermine
Sur leParnasse a pris racine,
Elle s'ameute & forme un
corps
Qui se révolte & se mutine.
,Dés qu'une fois elle domine,
Adieu Virgile & ses consors;
Dans quelque coin on les
consine,
Et si Phebus faisoit la mi
ne,
Lui-même on le mettroit
dehors.
*
Comment Ronsard & sa
pleyade, -
Dont un tem ps le regne a
duré,
Nousl'avoient ilsdéfiguré
Dans leur grotesque mascarade?
Plus bigaré qu'un Arlequin
Affublé d'un vieux cafaquin,
Fait a peu prés à la Françoise,
Mais d'étoffe antique &
Gauloise,
Sans goût, sans air, le tout
enfin
Brodé de Grec Ôc de Latin.
C'étoit dans ce bel équipage
Qu'Apollon noir comme
un lutin
Se faisoit partout rendre
hommage:
Mais après un long esclavage,
tEnfiin Méalhe,rbe en eut pi- tIC
J Et l'ayant pris en amitié,
Lui débarboüilla le visage,
Et le remit sur le bon pié,
Renvoyant à la friperie
Ses haillons & sa broderie.
Alors dans le sacré vallon
On
On décria la vieille mode,
Et Malherbe fous Apollon
Fit publier un nouveau code,
Défendant ces vieux passemens
Qu'avec de grands empressemens
On alloit chercher piece à
piece
Au Latium ôc dans la Grece.
Ronsard en fut triste & mâri
Perdant beaucoup à ce décri:
Il en pleura même, & de
rage
Il se souffleta le visage,
Es s'alla cacher dans un trou
En se souffletant tout son
soû.
Les Muses rn'iernefi,rent que
Et demandoient par quel
hazard
., Ronsard if-vanté pour bien dire
Donnoitdes soufflets à Kon*
fard.
Cependant tour changea
de face
Sur l'Helicon &:. le Parnasse;
C'étoit un air de propreté
Plein de grandeur & de
noblesse
; Rien de fade ni d'affecté
N'en alteroit la dignité ;
Le bon goût & la politesse
Brilloient dans la simplicite,
Laissant la frivole parure
Aux fades heros de Ro-
! mans: On emprunta de la nature
Ses plus superbes ornemens.
Vous eussiez vu les jours de
fêtes
Phebus & les neuf d#d:es
Soeurs.
N'employer pour orner
leurs réces
Que dès lauriers mêlez de
fleurs:- Mais cette mode trop unie
Ennuya bientôt, nos Fran-
-
çois; -
Au mépris, des nouvelles
loix
/Ils revinrent à leur génie,
Et reclamerent tous leurs
droits.
Nous aimons trop la bigarure
Jenepuis le dire assez haut
Voila nôtre premier défauc,
Et c'est depuis long temps
qu'il dure:
Il durera,j'enluis garanr,
Quoique le bon lens en
1 murmure.
Si l'on le quitte, on le reprend
Même en dépit de la cen- tre :
On veut du rare ôc du nouveau
#<i Le tout sans regle & sans
mesure,
On outre, on casse le pinceu:
Mais à charger trop le tableau,
On vient à gâter la peinture,
Et voulant le porrrait trop
beau,
On fait grimacer la figure.
Soit-Poëtes, soit Orateurs , C'estlàqu'en sont bien des
auteurs.
Nous nous mettons à la
torture
Pour alambiquer un écrit,
Nous voulons partout de
l'esprir,
Du brillant, de l'enluminure.
C'est un abus, ne forçons
rien,
Laissons travailler la nature,
Et sans effort nous ferons
bien;
Il en coûre pour l'ordinaire
Par cet entêtement fatal
Plus à certains pour faire
mal,
Qu'il n'en coûteroit pour
bien faire.
Mevoila dans un fort beau
champ:
Mais je prêche,& peut- être
ennuye
Comme bien d'autres en
prêchant.
Je finis donc, & je m'essuye.
Bel exemple sans me flater,
Si l'on vouloir en profiter.
Or durant cette maladie
Dont l'Helicon futinfecte,
On bannit la simplicité
SousMalherbe tant applaudie,
Pointes, équivoques dans
peu,
Et jeux de mots vinrent en
jeu:
On
On vit l'assemblage gro.
tesque
Du serieux ôc du burlefque;
Le Phebus, le Gali-Mathias
Parurent avec assurance,
t Et comme si l'on n'étoit
pas
Assez fou, quand on veut
en France,
On fut avec avidité
j Chercher jusques dansl'I
j taliGl
;
Des secours dont par charite
Elle assista nôtre folie.
Apollon se tuoit envain
De faife mainte remontrance,
Et de prêcher à toute outrance,
Nos gens suivoienttoujours
leur train,
Et tout alloit en decadence.
Mais quand ce Dieu plein
de prudence
Eut pris Boileau pour son
Prévôt,
Combiend'auteurs firent le
faut?
- On voyait décaler en bna-
-, -.
-
de
,
Tous ces Messieurs de contrebande.
Chapelain couvert de lauriers
Sauta lui-même des premiers
Et perdit,dit-o,n, dans la
crotte
Et sa perruque & sa calotte.
Il crioit prêt à trébucher:
Sauvez l'honneur de la pucelle.
Mais Boileau plus dur qu'un
rocher
N'eut pitié ni de lui, ni
d'elle.
Pradon voulant parlementer,,
Fit d'abord de la resistance,
Et parut quelque temps luter,
Même en Poëte d'importance;
Il appella de la sentence:
Mais il salut toûjours [au.
ter,
Et l'on n'a point jugé l'infiance.
Sous le manteau de Regulus
On eût épargné sa personne
Mais le pauvre homme n'a-
-
voit plus
Que le just-au-corps d'An-
-tigone. Quinaut par la foule emporte,
Quinaut même fie la culbute:.
Mais un appel interjetté
, Le vangea bientôt de sa
chute.
On vit les Musses en rumeur
A l'envi prendre en main
sa cause.
Quelques gens de mau
vaise humeur
Vouloient pouffer plus loin
la chose,
Insistant qu'on fîst au plûtôt
Le procès au pauvre Prevot:
Mais helas ! qu'un Prévôt
s'echape,
Le cas estdigne de pardon
;
Il n'est pas infaillible, non:
Plus ne pretendroir, fût-il
Pape.
Cependant les plus emportez
Dans cette. émeute générale
Estoient les rimeurs maltraitez.
Les Cotins chefs de la ca- A
bale
Murmuroient & crioient
tout haut:
Voyez-moy ce Prevôt de bale,
Il n'a pas épargné Quinaut.
Mais Phebusd'uneoeillade
fiere
Les rejettant avec mépris,
Leur dit d'un ton ferme &
severe:
Paix, canailles de beaux
esprits,
Qui n'avez fait ici que braire;
Si sur Quinauton s'est mélpris,
J'y veillerai, c'est mon af-
*
faire;
Quantàvous, perdez toue
espoir,
Et ne me rompez plus la
tête,
Mon Prévôt a fait son devoir.
Ainsi se calma la tempête,
Et Quinaut s'étant presenté,
Dans ses griefs fut écouré.
On déclara, vû la Requête,
Bien appelle comme, d'abus,
Dont le Prévôt resta camus.
Il fut même sur le Parnasse
Reglé sans contestation,
Qu'auprès d'Orphée &
d'Amphion
Il iroit reprendre sa place;
Et puis Phebus, d'un air
humain,
Lui mit sa propre lyre en
main,
Non que la sienne fût usée:
Mais par un noble & fier
dédain
De la voir à tort meprisee,
En tombantillavoit briféc.
On en fit recueillir soudain
Tous les morceaux jusques
au moindre:
Mais on les recueillit en
vain,
Et l'on ne put bien les rejoindre.
Tel fut le destin de Quinaut,
Seul de tous où le Commissaire,
A son égard un peu Corfaire,
- S'était trouvé pris en dé- faut: Pourtant en paya-t-il l'amende
,
Et de mainte Mufe en couroux
Essuya verte reprimande,
On a dit même quelques
coups.
Dans tout le reste irréprochabie,
Faisant sa charge avec hauceur,
A tout mauvais & sot auteur
II fut Prevôt inexorable
Sur les grands chemins
d'Helicon)
Donc il fit presque un Montfaucon.
On voyoit de loin les sque-
-lettes
De cent miserables Poètesy-
Exemple dont le seul afpeér
Tenoit les rimeurs en respect.
Il est bien vrai qu'en sa
vieillesse
Il laissa tour à l'ab andon,
Et fit sa charge avec molette.
Quand on est vieux, on
devient bon.
Un reste de terreur cmpreinte
Retenoit pourtant les efprits,
Et l'on ne pensoit qu'avec
crainte
Au fort de tant d'auteurs
proscrits.
Dans cette vieillesse impuissante
Son ombre encore menaçante
Arrêtoit les plus resolus:;
Mais cette ombre fiere ôc
glaçante,
Cette ombre même, helas!
nest plus.
Cependant danscetinterregne
Tout dégénéré & déperit;
Et faute d'un Prevôt qu'on
craigne,
Chacun sur pied de bel
esprit
Arbore déja son enseigne.
Les Cotins bravant les lardons,
De tous côtez (emblenc renaître,
Et comme en un temps de
pardons,
On voit hardiment reparaître
Les Pelletiers & les Pradons.
Apollon, c'est vous que
j'appelle,
Dece mal arrêtez le cours; Le prix de la gloire immortelle
Est en proye aux joueurs de
viele,
Et la plus brillante des
Cours,
Vôtre Cour, autrefois si
belle,
Devient un Grenier de Ga.,
belle,
Et s'encanaille tous les
jours.
Déja qui veut sur le Parnasse
S'établit comme en son
foyer:
Tel croit tour charmer, qui
croasse;
Tel en chantant semble
aboyer;
Tel rimant sans grâce efficace,
Passe tout le jour à broyer,
Et fait des vers, qui, quoy
qu'il sa sse,
-
Semblent tous faits par contumace.
Tel pour tout titre & tout
loyer
Tire
Tire du fonddesa besace
Des vers qu'il prit à la tirace,.
«
Sçavant dans l'art de g1 iboyer.
Confonduparmi cette cras
se
Corneille, pour garder sa
place,
En est reduit à guerroyer,
Et Racine rencontre en
face
Tantôcle Clerc, tantôt
Boyer.
Quel depit pour le grand
Horace!
D'avoir à soûtenir l'audace
D'un fat qui vient le coudoyer.
Le mal plus loin va se répandre,
Si l'on n'y met ordre au plûtôr5
Muses, songez à vous défendre:
Au fpecifiquc, un bon Prévôt.
Un bon Prévôt ! mais où le
prendre?
Je pourrois, s'il m'étoit
permis,
En nommer un, digne de
l'être:
Par ses soins en honneur
remis,
Et plus grand qu'iln'étoit
peut-être,
Homere assez le fait connOlere.
II a tous les talens qu'il faut
Pour un employ si necessaire;
Je ne lui vois qu'un seul
défaut,
C'est que ce métier salutaire
De blâmer ce qui doit dé.
plaire,
De reprendre & n'épargner
rien,
Ce métier qu'il seroit si
bien,
Il ne voudra jamais le faire.
Attaqué par maint traie
selon,
Jamais cótre le noirfrelon
Il n'employa ses nobles
veilles
Et comme le Roy des abeilles
Il fut toujours sans aiguillon.
A son défaut, cherchez
quelqu'autre,
Qui plus hardi, qui moins
humain,
, Pour vôtregloire & pour
la nôtre
Ose à l'oeuvre mettre la
main.
Du Parnasse arbitre supra
me,
Si
vousprisez
Sivouspriiez mon zzcellce
extrême,
Faites-le voirenm'exau,
çant: Helas peut -
être en vous
pressant
Fais-je des voeux contre
moy-même !
Nouvelles.
Les lettres de Hambourg
du2. 8. Janvier portent quil
étoit entréle 23. dans Tonningen
un convoy pour
quinze jours, en presence
des Commissaires du Roy
de Danemark, pour empêcher
qu'on n'y fist entrer
que la quantité de provisions
qui a été accordée.
Celles de Berlin du 2 5.
Janvier portent que le Roy
de Prusse faisoit toûjours
travailler à de nouvelles
levées,& qu'il pretendoit
avoir sur pied cette année
une arméede cinquante
mille hommes; qu'un regiment
de dragons de Holstein-
Gottorp étoit entré
dans Stetin.
On mande de Stokholm
que les Etats du Royaume
s'y étoient assemblez le 28.
Décembre en presence de
la Princesse Ulrique Eleonor;
que le Comte de Horn,
President de la Chancellerie,
en avoit fait l'ouverture
par un long discours
,
dans
lequel il representa les raisons
qui avoit obligé là
Princesse & leSenat à les
convoquer. Illes exhorta à
conserver l'union, & à
concourir de tout leur
pouvoir à la conservation
du Royaume;que les conferences
des deputez avec laPrincesse&leSénatcommencerent
le 30. Décembre,
& que le General Lieven
étoit parti le 3. Janvier
pour aller trouver le Roy
de Suede avec des dépêches
importantes.
On écrit d'Andrinople,
que les ambassadeurs du
Czar
- Czar ayant fait instance
1 pour être admisà l'audience
du Grand Seigneur, ôc
recevoir la ratification du
ï traité qu'ils avoient conclu, ile Grand Vizir avoit promis
de la leur faire obtenir
: mais qu'il souhaitoit
qu'ils restassent à Andrinople
jusqu'à ce que les
limites de la frontière eussent
été reglées par les
Commissaires qui avoient
été nommez pour y travailler
avec ceux du Czar;
a l'audience du Grand Seigneur
, étant conduits par leChaous Bachi que le
Grand Vizir les ayant reçûs
& regalez à l'ordinaire de
caffé, de parfums & de caftans,
les avoit conduits à
l'audience du Sultan, à qui
le Vice Chancelier fit un
discours au sujet du trairé,
dont la ratification lui fut
remise; que le Grand Vizir
leur avoir dit par ordre du
Grand Seigneur, qu'ils
auroient bientôt la permission
de retourner vers le
Czar; que néanmoins ils
pouvoient renvoyer une
partie de leurs gens; que
le Sultan étoit parti le 13.
d'Andrinople, pour s'en
retourner à Constantinople;&
que le Grand Vizir
avant son départavoit ordonné
de fournir les chevaux
necessaires pour aller
à Constantinople aux ambassadeurs
de Moscovie &
de Pologne, ausquels il
permit aussi de renvoyer
une partie de leur suite.
Celles de Constantinople
du 29.Janvier portent
que le Sultan étoit arrivé
le 4. Janvier à un village
prés de Constantinople, &
que le7.il avoit fait son
entrée avec la pompe ordinaire.
Le 10. les ambasfadeurs
Moscovites & Polonois
y arriverent d'Andrinople
, avec le Sieur
Fleischman Resident de la
Cour de Vienne. Ifïuf Bacha,
ci-devant Grand Vizir
relegué à Rhodes, y a été
étranglé, & ses biens ont
été confisquez. On a depuis
disposé de plusieurs Gouvernemens
en faveur de
divers Bachas. Les Commissaires
nommez pour
regler les limites devoient
entrer en conférence avec
les ambassadeurs du Czar
& de Pologne, aussitôt que
les deputez du Sultan Ôc du
Kan des Tarcares,envoyez
en Pologne, feroient à
Constantinople. Le Roy
de Suede étoit toûjours à
Demir Toca, où le Sieur
Funckfon Envoyé est mort.
On écrit de Vienne que
les Etats de l'Autriche inferieure,
qui durant la maComte
de Kerenviller leur
President, reprirent le 12.
Janvier leurs seances dans
le PalaisImperial: que le
Conseil Aulique, qui avoit
été cassé pour la forme,
afin d'êtrerétabli au nom
de l'Archiduc,serassembla
le 15. au nombre de trente
Conseillers avec deux Secretaires,
outre unPresident
& un Vice- Chancelier de
l'Empire;que le même jour
le President prêta ferment
dans le Conseil d'Etat en
presence de l'Archiduc
pour sa Charge de President.
Le z2. leregiment de
cuirassiers du Prince Charles
de Neubourg passa prés
de Vienne, pour aller en
Hongrie, suivi de quelques
autres regimens de l'armée
du haut Rhin, & de deux
regimens Espagnols venus
d'Italie, qui étoient déja
arrivez en Croatie.
Les lettres de Madrid
portent que le Roy a donné
la Charge de Major de
Sarragosse à Don Guillen
de Gusman, Lieutenant
Colonel
,
qui a perdu le
bras droit à l'attaque de
Campo Mayor ; que le
Marquis de Thoüy, Lieutenantgeneral,
étoit parti
de Madrid le 27. Janvier,
avec le Marquis de Flavacourt
Maréchal de Camp,
pour aller commander un
corps d'armée qui se forme
au voisinage de Lerida des
troupesquisont en Arragon
& à Tortose;que Don
Joseph de Armendariz &
Don Diego de Alarion,
Lieutenans generaux, &
le Marquis de San Vicenre,
Marechal de Camp
,
doivent
pareillement s'y rendre
du camp devant Barcelonnc.
-. Celles de Catalogne coru
firment que Nebot avoit
été tiré de prison, & envoyé
à Mayorque avec le regiment
d'Allemans deferreurs.
Le Marquis de Lede,
Lieutenant general,& Gouverneur
de Tarragonne,
ayant étéinformé qu'il y
avoit une émotion de la
populace de Villafranca de
Panades, fomentée par le
Viguier, le Bailly & le
grand Juré de Villafranca,
il y envoya quatre cent
fantassins
, avec quelque
cavalerie, commandez par
le Chevalier de Lede Maréchal
de Camp, par le
Colonel Don Gabriel Lasso
de la Vega,& par le Lieutenant
Colonel Don Geronimo
Ordonnez. Ce derachement
se saisit de trois
Officiers auteurs de la sedinon,
qui furent envoyez
prisonniers au château de
Tortose, & on établit en
leur place des personnes
d'unefidelité reconnuë. Un
autre village aux environs
de Cardonne ayant pris les
armes pour s'exempter de
payer les contributions a
été brûlé entierement, à la
reserve de l'Eglise. D'autres
lettres de Catalogne portent
que la flote qui étoit à
Alicante étoit arrivée le 19.
Janvier auprès de Tarragonne,
ayant été grossie
par les bâtimens qui se tenoient
prêts en divers endroits
de la côte, jusqu'au
nombre de vingt vaisseaux
& de cinquante barques.
Elleest chargée d'une grande
quantité d'artillerie, de
munitions de guerre & de
provisions
,
dont elle avoir
debarqué une partie à Tarragonne
; ôc le iz. elle fit
voile vers Barcelone, dont
on devoit incessamment
faire le siege. Que quelques
lieux s'étoient de nouveau
soûlevez : mais que
divers detachemens
--
ayant
été envoyez contr' eux, en
avoient brûlé six, & paslé
au fil de l'épée les rebeles
qui 31 t, s y étoient trouvez ; ce
qui avoir mis le calme en
ce pays-là.
On écrit de Londres,
qu'il y avoit eu plusieurs
changemens dans les charges
ôc les emplois; que le
Comte de Bartimore a été
fait Conseiller du Conseil
privé en Irlande, & le Sieur
Molesvvort a été demis
d'un pareilemploy par ordre
de la Reine;que Sa Majesté
a ordonné de dresser
- une nouvelle Commission
pour lesCommissaires de
la Marine
1
qui font le
Comte de Strafford, le Chevalier
Lake, le Chevalier
Drake,le Sieur Aislabie,
le Chevalier Vvishart,& le
Sieur Clarke; que le Cfrevalier
Bing a été exclus du
nombre de ces Commissaires,&
ilaété mis à la demi-
paye comme Amiral de
l'escadre blanche. Le Sieur
Menley a été demis de la
charge de Maître des Postes
de Dublin, qui vaut huit
cent livres sterlin de rente,
& le Sieur Stvvard a été mis
-
en sa place. Le Sieur Lovvther,
Gouverneur des Barbades,
a été privédeceGouvernement.
Le Sr Thomas
Harley,cousin du grand
Tresorier, a été nommé
pour retourner à la Cour
de Hanover en qualité
d'Envoyé extraordinaire.
Le Comte de Lexington,
ambassadeur extraordinaire
vers le Roy d'Espagne,
arriva à Londres par la voye
de Portu gal le 23. Janvier.
Le lendemain il alla à Vvindsor
saluer la Reine, & lui
rendre compte de ses negociations.
Sa Majesté a tait
expedier une commission,
par laquelle elle établit le
Chevalier Guillaume Honivvood
&les SieursVvalter
HungerfordDuncadée,
Guillaume Govvert & EdoüardHungerford
,
Juges
des appellations des
ju gemens rendus par les
Commissaires de l'Excise.
La charge de Surintendant
des Forêts & des
Parcs,vacante par le decés
du Sieur Jean Manley,
a été donnée au Sieur
Alexandre Pendarves, &
le Gouvernement de la Province
de Maryland, dont
Milord Baltimore est sondateur
& proprietaire, a
é,té'1donné1 au Sieur JJean
Hart.
On mande de Bruxelles,
que
J que le differend entre le
Roy de Prusse & les Estats
de Brabantavoit été terminé
pour la somme de
quatre-vingt milleécus,
payables en quatre ans, ôc
que ce qui regarde le Hainaut
fera terminéde la même
maniere. Les Sieurs Buis
& de Goslinga, ambassadeurs
extraordinaires des
Estats Generaux des Provinces
Uniesauprés du Roy
en France, arriverent le 30.
Janvier à Paris. Ils se rendirent
à Versailles le 6. Février,
où ils eurent audience
particuliere du Roy.Ensuite
ils eurent audience de Monseigneur
le Dauphin, de
Madame la Duchesse de
Berry, de Madame, & de
Monsieur le Ducd'Orleans,
étant conduits par le Baron
de Breceur) Introducteur
des Ambassadeurs.
Observations sur une mort
subite.
Un jeune homme de seize
ans, qui depuis l'âge de
quatorze ans maigrissoit,
étoit sujet à une toux & à
une difficulté de respirer
) & tomboit en foiblesse
quand il avoit fait quelque
exercice violent, ou s'étoit
mis dans une grande colere,
s'étant un soir emporté
avec excés contre un
camarade qu'il avoit
, &
ayant aprés cela soupé deux
fois plus qu'à l'ordinaire,
se coucha à dix heures, &
dormit jusqu'à deux, qu'il
fut réveillé par une toux
violente, à laquelle succeda
un grand crachement de
fang & la mort à cinq
heures du matiu.)
On l'ouvrit, & on "îui
trouva beaucoup de fang
fort peu écumeux dans la
trachée & dans ses bronches
;
du fang noirâtre & à
demi caillé dans les deux
troncs de la veine cave,
dans le ventricule droit du
coeur, & dans l'artere pulmonaire
; pas une goutte
de fang dans le ventriculegauohe.-
Le tronc de la veine du
poumon étoit extraordinairement
dilaté, & aussi
gros quetout le coeur, lx;
la cavité étoit assezexactement
occupée par un corps
étranger rond, & épais de
deux pouces.
Le cercle membraneux
qui entoure intérieurement
l'embouchure de l'oreillette
gauche dans le coeur
étoit par son bord inférieur
plus épais qu'à l'ordinaire,
osseux&plus étroit que par
le bord supericur
; ce qui
est contraire à la conformation
commune.
Pour rendre raison de la
mort de ce jeune homme,
& des accidens qui l'ont
precedée, on ne se sert que
d'un seul des faits qu'on a
observez
,
& on en deduic
tous les autres.--.J
Le cercle membraneux
placé à l'embouchure de
loreillette gauche du coeur
est une espece de petit entonnoir,
dont l'ouverture
la plus étroiteesttournée
vers le haut ou vers la bafe
du coeur. Le fang poussé
par la contraction de l'oreillette
gauche est obligéd'augmenter
sa vîtesse,pour
passer d'abord par la partie
la plus étroite de cet entonnoir;
après quoy il coule
sans difficulté par la partie
la plus large dans le ventricule
gauche.
Supposé, comme il est
assez vrai-semblable, que
par la premiere conformation
du corps de ce jeune
homme cct entonnoir fût
renversé, & que le bord le
plus étroit du cercle membranenx
fût en bas, le fang
qui a passé d'abord par la
- partie la plus large sans augmenter
sa vÎcelfe) n'a pû
passer facilement par la
partie la plus étroite; ôc
dans l'effort qu'il a fait contre
l'obstacle, c'est à dire
contre le bord inférieur de
ce cercle
,
ill'a frapé [avçc
plus de force, ôc a poussé
dans les interstices de ces
fibres des particules salines,
qui non feulement l'ont
Tendu à la longe plus épais,
parce qu'elles s'y amassoient
en grande quantité :
mais qui l'ont encore rendu
0sseux
-
parce quelles étoient
salines.
Ce bord devenu osseux a
perdu sa flexibilieé,&quand k fang de la veine du poumon
se presrentoi- t pour entrer
1 rrer dans le ventricule gauche,
& que le cercle membraneux
auroit dû s'élargir
pour faciliter son entrée,
l'ossificationl'en empêchoie,
& une partie du fang
demeuroit dans la veine.
De là l'extrêmedilatation
de ce vaisseau
, & le polype.
,-
Le polype formé, le fang
ne passoit plus qu'avec
beaucoup de peine dans la
veine du poumon, & par consequent sejournoit dans
les arteres de cette partie,
s'y amassoit, les dilatoit,
les rendoit plus minces, &
élargiffoit leurs pores. Les
parties les plus subtiles du
fang, comme ses sels & les
serositez,s'échapoient donc
aisément par ces pores
agrandis, & de là elles ne
pouvoient passer que dans
la cavité des cellules du
poûmon
,
dans les bronches
Se dans la trachée.
Cette cause de la toux &
de la difficulté de respirer
est assez évidente. Il est clair
aussi que la colere ou un
grand exercice subtilisant
encore plus le fang, lui
! donnoient encore plus de
i facilité à passer dans les
1 conduits de la respiration,
f & que comme il abandonnoit
presrque entierement
la route des veines pulmonaires
, & que par confe- Iqucnt le ventricule gauche
! avoir peu de fang à pousser
r dans l'aorte,lesfoiblesses
f devoient s'en ensuivre, Ôc
I
enfin lamort, lors qu'il ne
passa aucun fang de la veine
du poumon dans le ventricule
gauche.
A tout cela il est aisé de
joindre ce que les alimens
pris avec excés dans de pareilles
circonitances, peuvent
avoir contribué à une
mort si prompte.
Article des Enigmes.
Parodie de la premiere
Enigme, dont le mot
cO: legrais ou rocher.
Mainte Pôëte appelle
audacieux
Et dans ses 3 vers éleve
jusqu'aux cieux
Ces rochers doncle grais
a pris son origine.
Quelquefois pour m'avotr
dans la carri«ere
onmine
Pour le bourgeois
3
pour
le manant.
Jesuisgrossier en pierre,
en table fin pourtant.
Grais en pavé les voyageurs
benissent,
Rude pav lesvoyageurs
maudissent.
Telle 1,rvAiuc
Quirit & c h.r-rEnécurant
des doigts pétrit
Avecses deux mains attendrit
Le prais,&faitpleuvoirdansson
écuelle
En l'arrousant, en laspergeant.
L (pave caresséparmainte
Demoiselle.
Demoiselle est du pa.
veur l'instrument,
Etpar elle affermipavé
ferme fJ) constant.
Parodie de la fécondé
Enigme, dont le mot
est le tison.
Personne ne l'a devinée;
car elle est plus indevinable
que belle.
Jamais dans aucunefamille
Nom ne fut si fooevent
changé 5
Or devinez, donc quel
nom fai.
Ce rieft point le nom de
mafille.
La cendre est fille du
rifon,
Puisque tison engendre,
Forme la cendre
Dans le foyer, où le tison
Prendson nom.
Aîa mere perd le sien,
qu'ellepritnon d'un
pere.
La buche du tison est
mere,
Et prit son nom
Du bucheron.
C'efl un quidan bon compagnon,
Quibatise avec sacoi- 1gnée
Bûche
,
qui n'a ce nom
que quand elle est
formée.
Or tison est le petit-fils
D'un ayeul dont le nom fut pris
Nideson pere
Ni de sa mere;
Car l'arbre qui bûche
engendra,
Et la urre que pour
merea,
L'arbre qui terre ne se
nomme,
Prouve mon dire, g/
voila comme
BDChe, cendre, tison,
Terre, arbre, bucheron
Ont chacun leur nom en
partage.
L'as-tu deviné?non 3je
gage. cb <-:,
ENIGME
nouvelle.
Comme on coupe un gâteau
des Rois
Jecoupe lecruelquiy met
l'homme aux abois;
Je mange à belles dents
celui
Quime mange avecmon
1 * étui.
Faisant envie à tous,
eS n'ayant nulle
envie,
Je vais tambourinant
mavie;
Car vie l'on peut appeller,
Dit moins parfaçon de
parler
> Le train dont jevais
par le monde,
En suivant la brune eS
la blonde,
Suivantaussi brun ê5
blondin
./1/ , ~/V Et mainte desoeuvré badin,
Quitrés-souventn'aime
que ma parure
Et qui sarnufe à m3'ôter
ma coifure
A la remettre, à me
lorgner,
Sans les coups qu'avec
lui je risque de gagner.
II. ENIGME.
D'un pere sedentaire
étant fille ambulante,
Desa nature aussijesuis
participante.
Mepromenantfort bien
sanssortirde chez
moy Me , promenant Atiflipar
ville & par campagne,
Des bons rameurs le signalm'accompagne.
Parfois mon fîul afPeél
causera de l'effroy
:.Aux poltrons qui foupent
enville.
A qui dort je suis inutile,
S'il n'a pris par avance
unsagearrangement,
Comme aucun Directeur
le prend communément.
Je dirige qui me dirige,
Avec lesfousj'ai le vertIge;
Je guide quelquefois
dans le spirituel
Pouracheminer vers le
Ciel,
Estant propre à monter,
non pAS a
descendre.
Ce que je ne sçai pas de
moy tu peuxl'apprendre.
Qui nous prend à la
mine a tort;
Car il en est de nous comme
des hypocrites
Desfemmestf)desch-, atemites,
Belle montre ,
(f peu
de rapport.
SiSamedi
17.Février,
jour de la naissance dç
la Reine de la Grande
Bretagne, Monsieur
Prior,Plenipotentiaire
de Sa Majesté
,
traita
magnifiquement le Duc
de Richemont, le Comte
de Karnvvarth, les
Chevaliers Horbarts,
Hatton, Vvebb,& plusieurs
autres Seigneurs
Anglois. Ils parurent
tous magnifiquement
habillez, dans une occasion
où il s'agissoit de
celebrer la naissance d'une
Princesse trés-aimée
de toute la nation. Il y
-
avoit deux tables de
vingt personnes, &une
autre de quinze, toutes
trois à quatre services SC
dessert. Le Duc de Richemont
fit les honneurs
de la première table, Se
MonsieurPrior dela Seconde.
Le repas fut suivi
d'untrés beau concert
j le foir il y eut de
grandes illuminations,
on donna une trés- belle
collation. Tous les gens
de la suite des Seigneurs
furent aussi bien regalez.
Tout le jour se paflfa
dans une joye universelle;
les santez principales
qu'on portoit au
son des trom pettes &
des timbales, furent celles
de la Reine de la
Grande Bretagne, à la
paix gencrale, au bon
Parlement prochain,&
a la bonne correspondance
éternelle entre la
Grande Bretagne &C la
France.
Ceremonie du CouronnementduRoy
eftdela
Reine de Sicile.
Les lettres de Palerme
du mois de Janvier portent
qu'on fit le z*. Decembre à
Palerme la ceremonie du
Couronnement du Roy Ôc
de laReine de Sicile. L'Archevêque
-
de Palerme fit
cette fonction,assisté des
Evêques de Mazzara, de
Syracuse & de Cefalu. LEglise
Metropolitaine étoit
ornée magnifiquemene,
& on prepara un trône pour
le Roy du côté de l'Evangile,
& un pour la Reine
quiavoitundegrédemoins.
Les ornemens royaux avoient
été mis dans une
Chapelle voisine. Sur les
quinze heures d'Italie leurs
Majestezse rendirent àl'Eglise.
Le Roy de Sicile alla
d'abord dans une Chapelle
prendre des habits militaires,&
àl'entrée du Choeur
il fut reçû par deux Evêques
qui le conduisirent à l'autel,
où il file presentéàl'Archevêque,
auquel ils demanderent
qu'il le couronnât. D'abord
on lui presenta la Prosession
de Foy,qu'il fiten
mettant la main sur les Evãgiles.
On recita les prieres
prescrites dans lePontifical,
durant lesquelles le Roy étoit
à genoux prosterné sur
descarreaux.Aprés la benediâimlil
se leva, & se mit à
genoux devant l'Archevêque,
qui lui fit les onctions
sur le bras droit & entre les
épaules LaMesse futcommencée,
&au Graduelle
Roy alla dans la Chapelle se
revêtir du manteau royal.
Aprés le Graduel, l'Archevêque
s'assit,la mitre en tête;
le Roy descendit du trône,
&conduit par les deux
Evêques, il reçut à genoux
l'épée nuë,&la rendit à l'Archevêque,
qui l'aïantfaitremettre
dans le fourreau, la
lui ceignit. Sa Maj. la tira;&
l'ayant élevée, la remit de
même.Puis leRoy à genoux
reçut la couronne,que l'Archevêque
lui mit sur la tête
y & le sceptre en main. Le
grand Ecuyer porta l'épée
devant le Roy,lorsque l'Archevêque,
accompagné des
deux Assistans le cõduisit ôc
le plaça sur le trône, après
quoy le TeDeumfut chanté.
La Reine fut couronnéeensuite,
reçut les onctions,puis
elle fut revêtuë du manteau
royal. A l'Offertoire, leurs
Maj. allerentàl'offrande, la
couronne en tête ôc le sceptre
en main.Ces ceremonies
furentaccompagnéesd'une
triple salve d'artillerie.
LA CRITIQUE
ODE.
Qvelorage est prestà
fondre?
Lanuëobscurcit lescieux,
Desonsein pour me confondre
Sort un esseinfurieux. :
Le Préjugéfanatique,
L'aveugle Amour de
l'Antiquey
L'Orguëigl aaitrdha,rdi reL'Envie
, à nuire si
prompte
3 Lasèditieuse honte
Desedétromper trop taî-d,,
Est-ce peu divin Homere,
Qudux yeux de tout
l'Univers,
Je l'aye avoüé le Pere
De la Fable es desbeaux
Vers?
Jai dit, devois- je plus
dire ?
Qi£en tes mains nâquit
la Lyre
A-vecPart. de l*accorders
Que comme au Roy du
Parnajjey
L'Auteur * mesme qu'1i
t'efface
1 Doit encore te ceder.
Falloit-il9yfa&Jugee >peu
Sansdiscerner tes tra-
,
<vaujc,„ Honorerdumesme ho-mmgz
c
Les beautez, es lesM-
* Vigile*
sauts ?
Falloit-ilfarunmiracle,
Tefairevaincrel'obstacle
Des moeurs, du temps &
'," du lieu?
De quelque nom quon te
.1- nomme, - Tu n'etoisenfin qu'un
v< homme;
Falloit-iltefaireun Dieu?
L'Erreur te croit in- "., faillible.
Sors, rvienl la desavouer
De ce mérite impossible
Dont elle ose te louer,
Vois par quelles réveries
L'Avus des Allégories
Veutsurprendre notrefoi;
Et de tes faux interprètes
Déments les gloses abstraites,
Impénétrables pour toi.
Si tu gardes le silence,
Au défaut de ton jecours.
J'ai du moins pour ma
défense
Lesvrais sçavants de nos
jours.
ymsçats qui malgré les
/1 âges .',
Pésent lesplusgrandssusfrages
\Au poids exact du bon
sens;
La Raison, dèssanais- Jance,
A sur eux plus de puissance
Qu'une erreur de trois
mille ans.
* Du Précepteur d'A..
lexandre
* Aristote.
Lesophistique chaos
Si long-temps a vû s'étendre
Un vainfjflème demots.
Malgréceregne paiftUe,
Del*Obfcur, CIntelligible
Triomphe enfinason tour;
Et maigreleursprivilèges
Au fondsmesme des Colleges
La vérité s'Óestfait jour.
Loin donc respects ¡do-:
1 lastres
Des erreurs des temps
- pafez,,
Tréjugezopimastres,
Taisez-vous, disparoissez.
Sur l'opinionvulgaire,
L'examen le plussevere
l\Jest jamais
hors
de (aison.
C'ejl à la voix de Dieu
1 même
Qu'appartient le droit
fuprejme
Decaptiver la Raison.
Quetout lerestesubisse
Le Tribunalerige.
Venez, entrez dans ia.
lice
Orateurs du Préjugé.
Mais avant que l'Eloquence
Prenne par vous la désense
Des droits de l'Antiquité,
Souffrez encor quen ces
rimes
Je vous trace les maximes
Que me dicte l'Equité.
Bravant, d'un dédain
facile,
Àdes traits les mieuxaig."
i"pz,
Diriez - 1ous que vrai
Zi-ile
J'emprunte , des traits
Qu'àces 1H, oKs imprudentes
.~v ,-..;.- , ¡, 'Ju-^-rjcsfça<vantes
0..7 fzitperdre leurcrédit?
N'importe s iL faut les
confondre
y Dussiez- ruous poury répondre
Dire aussi ce qu'on a dit.
N'allez^pas de phrases
vuides
Enflervos raisonnements,
Par des principes solides
Jettez-en les fondements:
Qu'ilssoientséconds, immuables
;
Dans 'vos conséquences
stables ;
Quils gardent toujours
leurs droits s Etsimples dans la dispute,
Craignezqu'on ne vous
impute
Deux mesures e5 deux
poids.
De l'Ironie insultante
FuyeZlefrej?e soustien:
Malgrefagracepiquante
Un bon mot ne prouve
rien.
Plus d'un meji venusourire
s Je me serois mieux fait
S'ilségayotentmes écrits y
Adais loin que je les régrette
) D'une loüange secrette
Mon coeur m'en donne le
prix.
Du* Héros de l'Iliade
*N*imitez±pas lescouroux;
C'efî Nestorquipersuades
,EmprunteZjonstile doux.
Ceux qmicurfiel empoi-
Jonne
,
,-.r
Le droitsens les abandonne,
re VimprudentParalogijme
* Achille.
Etlejuperbe Sophisme
Sontenfans des Passions.
Oüy
,
malheur àqui
dédaigne o D'inviolables égards;
dentre nous l'amitié
regne
Dûssentperir tous lesArts, Jl est des véritezsaintes
i
Q£iaux mépris des laJches
craintes
Le Zjéle doit soustenir.
JVLais sur des beautez.
mortelles
Nos lumieres valent-elles
La paix qui doit nous
unir ?
Iln'estrien que je ne
Me.
Pour conservercettepaix:
Fallttt-il demander grace
Aux deux partis s je le
fais s Auxadorateursd'Hemere
Je m'avoueraitéméraire,
iyen avQpr troprejette;
Et queceux qu'Homere
blesse,
Me pardonnent la foiblejje
D'en avoir trop adopté
V I N D I E N
ETLE SOLEIL,
FABLE.
GRandRoy
,
qui vois
les Arts d'un regard
favorable,
Et dont avec transport
j'éprouvela honte
Sou,ffre
Souffre qu'ici la Verite
Se cache un moment feus
la Fable.
UNhabitant de i3Inde
adoroit le Soleil.
Vn Zjéle renaissant nuit
é5jour le devore,
Etyplein de l'objet qu'il
adore,
L'ardeur de le loüer interrompt
son sommeil.
Quelquefois célébrant sa
lumiere seconde
D'un regard attentifaille
suitdansson cours,
MAdmire en lui l'Ame du
monde s
Toûjours chantant,&se
plaignant toujours
Qj£acequ'ilJent nul terme
ne réponde.
Il peint tantôt le celeste
lfambeau
Vainement assiegé par les
sombres nuages,
Et bten-tost vainqueur
des orages
Reparoissant encore plus
beau.
Il fait Hymnte sur
Hymne, en remplit
la contrée s
Tout accourt àsa voix, f5
chacun l'écoutant,
Benssoit la puissance en
ses vers célebrée,
Tandis que duplaisir de
la voir adorée
Le chantre se tient trop
content,
Le Soleil touché de ce
zJle,
Surfis cLamps dessechez,
jette un oeilcaî-eslàns.
Soudain,moisson double
plusbelle
, Verger fertile t5 steurissant.
Soleil, dit l'Indien, je
rends à tes largejjes
Tout l'hommage que je
leur doi :
Tes bienfaitscependant
n'acquiérentriensur
mois
Tu peux augmenter mes
richesses
Mais non pas mon ZLele
I pourtoî.
LETTRE.
de Catalogne.
| Ilya long-tem ps, Moru.
sieur, que je n'a y eu l'honneur
de vous escrire, parce
qu'il n'y a rien eu quifust
digne de vous e stre mandé,
mais ce qui se passe icy
presentement merite bien
que vousen soyezinformé;
tous les peuples de la Catalogne
se sont soulevés&
ont pris les armes. Mr. le
Duc de Popoly a fait de
gros détachements,l'un
pour envoyer sur laViguerre
deVillaFranca,& l'autre
dans leValles.
J'a pprends par unCourier
qu'il m'envoye qu'ils
ontfort bien fait l'un ôc
l'autre,queceluy de Valles
commandé par le Comte
de Montemart aprés
avoir chassé les rebelles de
plu sieurs postes qu'ils oc-
CUPOIent ,
bruslé entieremenc
Caldas de Montbouy
& une partie de S.
Manat
,
le calme paroifsoit
restably de ce costé Ii.
Il est depuis entre dans la
plaine de Vich, & comme
l'arrivée des troupes dans
celuy-cy avoit attiré tous
les rebelles de ce costé
pour nous disputer un paC.
fage que l'on appelle le
Col Secabra, il trouva celuy
du Congostlibre &
sans resistance, il chassa les
Miquelets & rebelles qui
en formoient le blocus &
qui tenoient Mr de Bracamonte
très resserré dans
cette Ville. :., Il les suivit avec toute la
Ji'
diligence possible & lesattaqua
cLns un poste
avantageux que l'on appelleN.
Senorade laGleva,
il les y força. aprés en
avoir tué 200. & 104. faits
prisonniers
,
& a prèsayoir
chasséun corps de revoltés.
qui croient dans la montagne
de S. Hypolite,il fie"
piller ce Village& le fit
ddbréuéspleper en&ndtoôdutioccei.-qtu.i»en
J'avois envoyé un déftachemenr
assez considerableàl'Equerol
pour dissiper
les rebellesqui le pourroient
roient trouver de ce costé,
mais ils n'attendirent pas
l'arrivée des troupes & tout
se retira dans le moment,
cela paroist encore finie
pour un temps dans la
plaine de Vich à la reserve
des Villages du Mont
Senis qui ont encore les
armes à la main, le Comte
de Montemart doit aller
- dans le Lluzanes y
joindre le Brigadier Dom
JosephVallejo. Tous les
rebelles se sont retirés de
ce costé - là & de celuy
de Manresa& de Solsonne
J
il me paroist que le
costé de Solfonne est celuyqui
donne le plus d'inquiétude
; Dom Joseph
Vallejoavoit beaucoup, de
troupes à ses ordres & les
avoit fort divisées dans des
quartiersdifferens pour,
resserrer autant qu'il pourroit
la garnison de Cardonne,
mais tout d'un
coup elles se trouverent
inverties sans se pouvoir
donner la main l'un à l'autre
,
mesme Vallejo ayant
assembleun Corps de troupes
assez considerable, ne
pusty aller luy mesme leur
porter du secours, le grand
nombre des rebelles qu'il
y a de ce coftc-sa
,
luy en
ayant fermé le partage.
Dom Diego Gonzales
qui estoit party du Camp
avec un autre destachement
arriva tres à propos
pour secourir le Regiment
de Brabant Cavalerie Walone,
qui estoit assiegé
dans Yqualada où il se
deffendoit, & ayant bruslé
le Village de S. Quintinil
marcha à laPuëbla
oùles rebelles s'étoient
retirés & fortifiez, & les
y ayantforcé &passé au
fil de l'espée toutce qui se
rencontroit, il y avoit mis
le feu, il estoitrevenudepuis
à Mattorell oùil attendoit
du Canon & des
mineurs pour attaquer
trois Chasteaux qui sont
prés de-là, occupés par les rebelles, tres- bons
pour leurs situations ôc
qui incommodent fort la
communication du Camp.
La nouvelle la plus inw
portante, est celle de l'arrivée
de la Flotte de Cadix
à Tarragone avec
toutes les munitions de
guerre & de bouche que
l'on attendoit dont M. le
Duc de Popoly me fait
part par son dernier Courrier
, il compte quelle fera
incessamment devant Barcelonne.
J'ayl'honneur d'estre
avec un respectueux attachement,
Monsieur, vostre
trés- humble & tresobéïssant
Serviteur
FiEN NIis.
MARIAGE:
LE
trente Janvier dernier
Mr. Henault Président
au Parlement, Fils
de Monsieur Henaulc Fermier
General
,
épousa
Mademoiselle de Montargis,
Fille de Mr. de Montargis
Garde du Trésor
Royal.
Voici des Vers qui ont
esté faits à l'occasion de
ce mariage.
l PArunJ beau jour de la
nouvelle année
Rendit visite à messer
Hymenée
Dame raison
;
dessein ju:
f, dicieux
! Guidoit ses pas, elle s'of-
| freà ses yeux.
| Qui fust sur pris n'est be-
1 foin de le dire
bien l'entendez, à son
abord7leSire'P
Fait grisemine,oh
,
dit-il,
par mon chef
Là, donc icyvientJ nous
:' porter mechef
,
Car long-temps qu'en mes
estats pour cause
Detout sans elleà mon
gré je dispose ;
La pour détruire un injuste
soupçon
Raison sourit
,
& parla
surceton.
Dieu des Epoux dont le
trop dur empire
Contre ton joug révolte
maint beau Sire,
Et qui veras si reglement
n'y mettre
Ton regne choir par faute
de sujets)
Escoute moy ; tes avares
l, ministres, .;
L'humble interest, & les
fraudes sinistres
le faux honneur
,
qui souvent
fuit tes pas ,
Font seuls le mal qui regne
en tes Estats ;
1 Bannis,crois-moy
) cette
troupe perfide,
Qu'àtes conseils au lieu
j d'eux je préside
,
f Tu regneras paisible
, &:
1
les mortels
Viendront en foule encenfer
tes Autels;
Que si ne veux croire à
mon témoignage,
Eprouve au moinsque
, mon conseil est sage.
Prés d'un Hostel par Thémis
habité
Azile sur contre l'iniquité,
Chez Mecenas est gentille
Donzelle
Que je cheris par grand
excés de zele,
Car sa jeunesseinstruiseen
mes devis
Oncques ne fust rebelleà
mes avis
,
- Mon amitié ja long-tems
luy reserve
Un favori de Thémis, de
Minerve ,
A mes leçons tres- docile
sujet
Et qui sans moy ne forme
aucun projet,
Que si son nomtu ne connois
encore Damon s'appelle, Apollo,-n
qu'il honore
N'a gueres encor charmé
de ses écrits
Du beau parler luy decerne
le prix; Enfin tousdeuxsemblen-t
faits l'un pour ràutrel
Et ton aveu doit suivre icy
le nostre, Amour fera de la feste
} &
je crois
Qu'il m'obéit pour la premiere
fois,
A ces propos hymen
rompt le silence
Et sans tenir sa répons,e en
balance
C'a repon d-il éprouvons,
j'y consens
Si tant de mauxdouloureux
& cuifans
N'adviendroient point aux
époux en ménage
Faute d'avoir pris de roy
conseil fage»
Allons, je cede à tes empressements
Et vais unir a tes yeux nos
Amans;
Il dit bien-tostl'un & l'au..
tre ils arrivent
Au lieu marqué, les ris les
jeux les suivent,
Ils sont surpris d'y rencontrer
l'amour
Qu'ils n'attendoient que
vers la fin du jour,
Le couple heureux joint
d'un lien durable 1
Dans beau Palais trouve
excellente table <
Dieu desfestinsd'y repan-
, dre ses mers, ,.,.
Cerés
>
Bachus, d'y verser
ses bienfaits,
Amour, Hymen, raison,
d'entrer en danse,
Jeux & plaisirs de fauter
en cadence,
Tant que ce Dieu qui
donne le repos
Sur maints beaux yeux
vientverser ses pavots, Alors amour luy mesme
deshabille,
Dans litbenit met pucelle
: -- gentille
Et qui bien-tost pucelle ne
sera,
Le mesme Dieu bon ordre
y donnera;
Enfin ayant fait Harangue
à sa mode
Promet Poupons comme
q
c'est la méthode,
Ferme rideaux & delo-1
geant sans bruit J
Laisse à l'Amour le foin
de cette nuit.
A MONSIEUR
LE PRESIDENT
HENAULT,
EPITALAME.
L'Autre jour c'étoit feste
aux rives du Permesse,
Venus y présidoit: aux pieds
de laDéesse
En presence des Ris, des
Graces, &des Jeux
Phebus&les neuf Soeurs
renouvel.
renouvelloient leurs
voeux:
Voeux dont, l'Amour jadis
dressa le Formulaire,
Voeux d'aimer pouraimer,
sans autre engagement,
De promettre, mais sans
serment
Ou sans garans du moins,
que le desirde plaire:
Tous voeux écrits au Rite
de Cythere
Ennemy d'un joug plus sévere.
Mutes à ce grand jour
étoient vos favoris.
-
Ceux qui du beau langage
ont obtenu le prix,
Les Catulles nouveaux;
dont l'amoureuse lyre
Attendrit Lesbie, ou Thamire,
Les Théocrites soupirans,
Les Tragiques fameux
qui, par de certains
charmes,
Des plus plus beaux yeux tirent
des larmes,
Ces derniers en grand
deüil : les Quinauts
plus galans
Vêtus d'habits legers, & de
Cothurnes blancs.
Regne Amour, regne seul
! sur les bordsd'Hypo- -
crene
: S'écrioyent les neuf soeurs.
à l'invocation
Tous les Choeurs reponzedolieent.
eTneltqruaelîene
Donne même à l'Hymen
: quelque imprécation.
Hylas prés d'Apollon avoit
alors sa place,
Hylas couvert de lauriers
tous nouveaux,
Hylasqui jeune encor, loin
? dé nos vieux Rivaux
Se traça deux chemins au
chemin du Parnasse,
Du pur & libre Amour il
1
maintenoit les droits.
Euterpe ayant en main le
rustique Hautbois
C'estmoy, ditelle, Amour,
qui fuis bien assurée
D'enseigner tes loix aux
humains
Selon leur texte pur telles
que de tes mains
Je les reçus fous le regne
d'Astrée
,
Distingue aussi mes sujets
entre tous.
Mes leçons ont forméplus
d'Amans que d'Epoux.
Amoureux du loisir que
l'Idylerespire
Oùvivroyent-ils mieux
que fous ton Empire?
Du sexe ils font assez
j cheris.
f Elle regardeHylas avec
un doux souris,
| Mais tout à coup une clarté
; plus pure
Luit au double Vallon,
on reconnoistMercure
Qui descend d'un vol
promt ,
du celeste
lambris,
Amy de tout illustre
,
&
qui donne au merite
> Les mesmes soins qu'il doit
aux affaires des Cieux.
A -t'il tort } les hommes
d'Elite
Ne sons-ils pas les vrais
enfans des Dieux?
Chacun sçait quel respect
le Parnasse luy porte
L'hymen marchoit tout
fier d'une si bonne
escorte
Et Plutus les suivoit tous
deux
Peu de gens dans ce lieu
connoissoient son visage
-
Dieu pesant, quicent fois
a foulé fous ses pas
Les fleurs dont le Permesse
embellit son rivage
Il estoit ce jour-là plus
humain, moins sauvage
Il répend ses trésors aux
pieds du jeune Hylas.
Hylas ne regardoit que
! Mercure,& les Muses,
i Jeveuxtoncoeur,tamain
ne me refuse pas
Dit Mercure, l'Hymen
t'offrira des appas.
Hylas pour refuser meditoit
des excuses
Quandl'Hymen à sesyeux,
pour premier de ses
dons,
Dévoila le portrait d'une
Nymphe charmante,
Il s'arreste, il contemple..
Eh bien nous te perdons
S'écria la troupe sçavante
Cette Nymphe à jamais
te dérobe à ces lieux
Elle va t'occuper de soins
plus serieux,
Elle n'est pas vostre ennemie
Répond l'Interprete des
Dieux
Son Pere est pour nos Arts
un amy précieux
Dont, contre le faux goust
la raison affermie
Assure au vray merite un
accuëil
accuëil glorieux.
Paulestre, cette Nymphe
a nos plaisirs fidelle
Suivrasouvent icy son , pere
1
&son Epoux,
Jevois dans l'avenir, d'une
chaine, si belle,
Les fruits se consacrer à
vous.
Par cet espoir flateur,la
troupe un peu remise,
Reçoit l'Hymen, approuve
le party,
L'Amour suivit Hylaschez
laNymphe promise, :)
Il si trouva si bien, qu'il
n'en est point sorti.
A MADRID
ce 29. Janvier, 1714.
Un des jours dela fe*-
maine derniere, le Roy se
renditau Pardo pourchasfer
; c'est le seul divertissement
que Sa Majesté
prend pour dissiper le chagrin
que lui causelamaladie
de la Reine. On avoit
depuis deux jours enfermé
un Sanglier qui n'estoit pas
des plus grands; mais la
faim & la fois qu'il avoic
enduré avoienc beaucoup
augmenté sa colere
,
& sa férocité. Aussi tost
qu'il eut été lâché, on luy
donna les chiens; mais en
ayant tué un, les autres
s'épouventerent. Le Roy
luy tira un coup de fusil
qui ne le blessa pas assez
pour l'arrester,&il courut
avec une furie extraordinaire
droit à SaMajesté.
Dom Alonso Manrique
J Comte de Montenuevo
premier t Ecuyer & Gentilhomme
dela Chambre de
Sa Majesté qui l'avoit toujours
suivie dans sesvoyages
)
& à la guerre depuis
son avenement à la Couronne
,
se trouvant prés
d'elle, il prit enun moment
le parti le plus prudent
& le plus heureux qu'il
auroit pû prendre, aprés y
avoir pensé long-tems. Il
se jetta à corps perduaudevant
de la beste afin de
donner au Roy le temps
d'estre secouru. Le Sanglier
lui donna plusieurs
coups de ses deffenses,qui
ljjy déchirerent ses bottines,
son haudechaufes &
ses habits, jusqu'à luy découvrir
le haut de la cuisse
; mais sans aucune autre
blessure que quelques
contu sions. Ainsi il se tira
d'un peril qui lui pouvoit
estre funesteavecun applaudissement
general
,
ôc
une gloire à laquelle plufleurs
aptres Seigneurs au*
roientvoulu avoir part.
LETTRE ; deM.leC.D.F.. ?
à S. Feliou de Pallerols le II.
Février.
Depuisma Lettreécrite
du 25. du moispassé, le
Comte de Montemart ne
setrouvant pas affé fort avec
le détachement qu'il
avoit pour entrer dans le
Llusanes, s'en fut à Moya,
& delà ayant marché par
Manrefa du côtédeSolsone,
j'aisçu qu'après avoir
rassembléles quartiers dispersées
de Vallejo
, & s'être
joint à lui,il avoit secouru
Bergue &le Château
de Gironelleque les
Rebelles avoient bloqué,
de maniere qu'il n'y pouvoir
rien entrer, & que
les affaires de Llusanes
l'ayant obligé d'y revenir
diligemment il y estoit en- trésansbeaucoup de resistance,
& y avoit bruslé prés
de Llusanes
,
S. Feliou,
Cassera, Orista, plusieurs
autres Villages & plusieurs
Fermes repandus dans le
Pays, il estoit arrivé le 7.
a Austot où il attendoit
de nouveauxordres de M.
de Popoli.
La plaine de Wic paroist
presentement tranquille
parce que nous y touchons
)
M. de Caraffa est
encore à l'Esquerol qui
est à deux lieuës du Pont de
la Roda qui est à l'entrée
de cette plaine, & tient
par là tout le Pays. Il n'y
a que les Villages du
Montfeny qui font encore
les armcs à la main, furtout
depuis qu'Armengol
qui est venu débarquer à
S. Pol avec 600. hommes
les a joint
y ce petit secours
a donné de l'audace a cette
canaille
) & il s'est joint à
lui beaucoup de volontaires
& de Révoltés, je ne
scay si Montemart prendra
la rcfolution d'aller les
chasser & chastier les ViU
lages coupables
,
où d'allerà
Castelciudadouil n'y
avoit le S. que pour quinze
jours de vivres. D'un
autre costé le Marquis de
i Firmacon que j'ayenvoyé
d'icy avec un gros destaj
chement du costé de Campredon
est à S. Jean de
las Vabades, sa marche a
[ fait un tres bon effet; plusieursVallées
& d'autres
t qui avoient pris les armes
font venus demander misericorde
mais toute la vif
guerie de Ripole continuë
dans sa rebellion, &tout
(si retiré dans les montagnes
, en sorte que l'on sera
obligé de les y forcer,
pour les réduire. Pour ce
qui regarde le costé de la
Marine,ily a eu de différentes
actions dans lesquelles
.les Troupes de Sa Majesté
Catholique ont eu l'avantage
, neanmoins le poste
de S. Pol qui nest qu'à trois
quarts de lieuës de Castella
qui est le plus avancéque
nous a yons a esté pris & repris
plusieurs fois. ilest actuellement
aux rebelles qui
qui s'y font si fortifiez qu'il
faut du canon pour le reprendre.
Dom Gabriel Cano
Maréchal de Camp qui
commande sur cetteCoste,
attend un renfort de l'Armée
du Duc de Popoli, &
de l'artillerie pour les y attaquer
& lesenchasser.On
a envoyé Dom Diégo Gonsales
avecun gros détachement
pour empêcher leur
communication avec ceux
qui font au Montseny
,
&
pour les prendre par derriere
dans le temps que M.
de Cano attaquera ce poste.
Les vents d'ER ontesté si
violens depuis plusieurs
jours que jusqu'à present on
n'a pû faire passer le canon
destiné pour l'attaque de
S. Pol,si -
tost qu'ilscesseront,
c'est une affaire de
quatre ou cinq heures.
Mr. de Valouse que
j'avois laissé du côré de la
Marine
* pour veillerà ce
qui se passoit de ce coftélà,
a rassemblé tout ce qui
l'a pû de troupes, & s'est
venu cantonnerà Tordera
pour soutenirOstalric, nos
postes de Pineda-Calella&
Malgrat, & en même tems
ceux de Sancta-Colomba
& autres qui sont vers la
montagne, & pourvoir ce
qui se passe du costé de la
Marine. Jay fait passer
quelques troupes du Roufsillon
à M. Gandolfe pour
conserver les deux Sardaignes,
mais il n'y en a pas
assez pour envoyer à CaC
telciudad qui doit estre bloqué
par tous les Sommetans
de la Conque de Tremp , du Marquisat de Paillas qui
ont pris les armes &, qui
doivent se joindre à ceux
de Baronie de Baga & Portella.
Je ne puis y en envoïer
d'avantage, mais je fuis
persuadé que leComte de
Montemart y marchera
bien-tost ,il a le temps
de le faire,attendu qu'il y
a pour plusde15jours de vivres
dans Castelciudad,lorsque
le Comte de Montemart
fera prest d'y arriver, M.
de Gandolfprofitera de cette
occasion pour y faire entrer
un convoy que l'on a
assemblé à Puïcerda pour y
envoïer.
On assureque Monsieur
de Thouydoit venir incessamment
à Lerida pour
commander depuis Solfone
jusques dans lesmontagnes
de la Conque de Tremp
ôcde Paillas, il doit amener
avec luy les Troupes Walones,
douze Escadrons Se
douze Bataillons de celles
qui font venu d'Estramadure.
Les Lettres de Perpignan
du 16. Février portent que
les Troupes que commande
le Comte de F ennesa-
VOlentcee attaquéespar un
gros corps de Rebellessi à
l'im pourvû qu'ellesavoient
plié d'abord,mais ques'étãt
ralliées
,
ellesavoient mis
les Rebelles en déroute,
qu'il en étoit resté sur la
place plus de trois cens, &
cent trente faits prisonniers.
Celles de Catalogne
portent que les Barcelonois
au nombre de fîx cens hommes
étoient venus attaquer
une redoute occu pée par les
Espagnols du costé des Capucins,
laquelles'étoit bien
deffenduë, quoiqu'il n'y eut
que quarante hommes dedans
dans, les Rebelles ont perdus
cinquante hommes
dans cette action glorieuse
pour les Troupes Espagnoles,
& un grand nombre
blessez.
On écrit de Landau du
14. Février, que le Marquis
de Vieuxpont détacha le12.
deux cens hommes des Grenadiers
qui y font en quartier
,
& un pareil nombre
de Dragons fous les ordres
d'un Colonel: Ils prirent
la route de Spire, où ils
furent joint par un pareil
détachement. Ils marcherente
ensuite - du costé de
Vorms, où ils trouverent
120. Houssards ennemis qui
prirent la fuite à l'arrivée
du détachement de nostre
Garnison; nos Dragons les
poursuivirent, & en prirent
deux qui dirent qu'il estoit
forti de Maïence un Convoi
considerable de toutes
sortes de munitions pour
Philibourg : nostredétachement
marcha ensuite le
long du Rhin,&nousvenons
d'apprendre que la
plûpart de ces bateaux avoient
coulez à fond,& que
les autres avoient regagné
Maïence; on sçaura le détail
au retour du détachement.
On mande de la Haye
du 19.Fevrier que le Com-
A te de Strafford qui y estoit
arrivéavoit eu une longue
conférence avec les Plenipotentiaires
d'Espagne &
ensuite avec les Estats Generaux.
* On écrit du Port de
Scette en Languedoc que
l'on y charge plusieurs Bastimens
de bleds 6c- de
foins pour l'armée d'Espagne.
Sij
MORT.
Mr. Estienne de Bragelongne
Capitaine au Regiment
des Gardes, Major
general & Brigadier des
Armées du Roy, est mort
le premier Février, il fut
d'abord dés l'âge de cinq
ans reçû Chevalier de Malte,
ilquitta cet Ordre Militaire,
pour épouferfa cou -
fine germaine, commença
à servir en qualité de Cornette
de Cavalerie
, & en
cette qualitéilfut prisprifonnier
ala Bataille de Tréves
à l'âge de quatorze ans,
où il eut trois chevaux tuez
fous luy; ensuite S. M.luy
donna une Enseigne au Régiment
des Gardes, Apres
la bataille de SieinKerque
le Roy lui donna une Compagnie
dans le mesme Régiment,
ensuite le fit Infpecteur
d'Infanterie, Ma- -
jor general, & Brigadier de
ses Armées,ilfut blessé d'un
coup demoufquet à la tête
au Siége de Namur, où il
servoit en qualité de Major
general ; il s'estdiftingué
à plusieurs Siéges &
Batailles
:
Il a esté marié
à Marie
-
Hector de Marle
sa cousine germaine.
Il estoitfils deThomas
de Bagelone Seigneur
d'Enjenville, premier President
au Parlement de
Metz, & de Dame Marie-
Hector de Marle, & frere
de Christophe
- François
de Bragelongne
,
Conseiller
de la grande Chambre
au Parlement de Paris, de
de Geofroy
- Dominique
de Bragelongne ,Vicomte
d'Edeville
,
Maître des Requestes
; de Nicolas de Bragelongne
qui est mort en 1 7 i3,
Doyen & Comte de Sains Julien
de Brionde; dc7, Thomas
de Bragelongne Docteur en
Théologie de la Faculté de Paris,
Chanoine honnoraire de S.
Julien de Brionde
,
Doyen de
Senlis, puis Chanoine de l'Eglise
de Paris, & de quantité
d'autres freres & foeurs,sa mere
ayant eu 17. ou 18enfans
La famillede Bragelogne est
tres considerable dansl'Epée ôc
dans la Robe, dont on ra porte
son origine à GelogneSeigneur
de Bray, Fondateur de la
Terre de Bragelongne que l'on
croit fils puisné de Landry
Comte de Nevers & d'Auxerre;
& de Mathilde de BourgogneComté,
quoy qu'il en soit elle
est tres considerable à Paris depuis
Thomas de Bragelongne
Ecuyer Seigneur de Jouy de
de Brassy &deOuzé,quiépousa
en premieresNôces T-homase
Regnier
,
Seen secondes Nôces
Marie Favier, il eut desenfans
des deux lits , du premier il eut
Martin de Bragelongne Lieutenant
particulier, civil & criminel
au Chastelet de Paris & Pre-
-
vôc des Marchands en 1558. son
frere du 2. lit Thomas de Bragelongnefut
Lieutenant criminel
au Châtelet de Paris laissa postericé
qui est éteinte.
-
Mais de Martin de Bragelongne
son frere aîné toutes les branches de
cette maisonsontsorties. Il eut six
garçons,sçavoir Jean,Jerôme,Thomas,
Marttin,Nicolas & Jacques qui
ont fait chacune une branche qui sõt
raportées justes dans le Morery.
MEMOIRE
sur la circulationdusang
des Poissons qui ont des
oùies, &sur leur refi.
piration.
I
~-
DAns les divers Memoires
qu'on a lûs à rA.
1 cademie, on a fait voir qu'elle
! étoit la structure du coeur des
Poissons, & celles de leurs
ouïes. Pour suivre >tierc, cette ma- il està propos de parler
: de leurs usages; Mais pour
les rendre intelligibles à tout
le monde; il est necessaire de
faire ici une brieve recapitulation
de ce que j'ay dit touchant
cette mêmestructure.
On remarquera donc qu'elle
cft differente dans les differentes
especes dePoissons où
l'on trouve ces parties. On a
fait voir à l'Academie des
Exemples de ces differences;
mais je m'arreste aujourd'huy
particulierement à la Carpe
que l'on trouve commodément
& sur laquelle on pourra
avec facilité verifier tout ce
que je vais dire.
Chacun sçait que le coeur
de tous les Poissons qui ne
respirent pas l'air n'a qu'une
cavité, & par consequent
qu'une oreillette à l'embouchure
du vaisseau qui y rapporte
le fang. Celle du coeur
de la Carpe est appliquée au
costé gauche.
La chair du coeur est fore
épaisse, par rapport à son volume,
& ses fibres font trescompactes:
Aussia-t'il bcfoin
d'une forte action pour la circulation
comme on le verra
,
dans la fuite.
: Il n'y a personne qui ne
sçache cc que c'est que des
ouïes; mais tout le monde
ne sçait pas que ce font ces
parties qui fervent de poumons
aux Poissons. Leur
charpente est composée de
quatre costes de chaque costé
qui se meuvent tant sur ellesmêmes
en s'ouvranr & se resserrant
qu'àl'égard de leurs
deux appuis superieur & inferieur
en s'écartant de l'une &
de l'autre, & en s'en raprochant.
Le costé convexe de
chaque coste est chargé sur
ses deux bords de deux especes
de feüillets, chacun desquels
est composé d'un rang
de lames, étroites & rangées
& ferrées l'une contre l'autre
qui forment comme autant
de barbes ou frangessemblables
à celles d'une plume à
écrire; & ce font ces franges
qu'on peut appeller proprement
le poumon desPoissons.
Voila une situation de parties
fortextraordnaire & fore
singuliere. La poitrine est
dans la bouche aussi- bien
que le poumon. Les costes
portent le poumon, & l'animal
respire l'eau-
Les extremitez de ces costes
qui regardent la gorge font
jointesensemble par plusieurs
petits os, qui forment une
cfpecc de sternon, en sorte
néanmoins que les costes ont
un jeu beaucoup plus libre
sur ce sternon & peuvent s'écarter
l'une de l'autre beaucoup
plus facilement que celles
de l'homme, & que ce sternon
peut-estre soulevé & a.
baissé. Les autres extremitez
qui regardent la base du
crane font aussi jointes par
quelques osselets qui s'articulent
avec cette même base &
qui peuvents'en éloigner, ou
s'enapprocher.
Chaque coftc est compofée
de deux pieces jointes par
un cartilage fort fouple, qui
est dans chacune de ces parties
ce que font les charnieres
dans les ouvrages des artisans.
La premiere piece cît
courbée en arc, & sa longueur
est environ la sixiéme portion
du cercle dont elle feroit la
partie.
La seconde décrit à peuprés
une fromaine majuscule.
- La partie convexe de chaque
coste est creusée en goutiere,
& c'est le long de ces
goutieres que coulent les vaisaseaupx
donrt iléferaspa.rléci- Chacune des lames dont
les feüillers font composez,
à la figure du fer d'une faux,
& à sa naissance elle a comme
un pied ou talon qui ne
pose que par son extremité sur
sur le bord de la coste.
Chacun de ces feüillets est
composé de cent trente-cinq
lames j-ainifles seize contiennent
huit mil six cens quarante
surfaces, que je compte icy
parce que les deux surfaces de
chaque lame font revêtuës
dans toute leur étenduë d'une
membrane tres fine, sur laquelle
se font les ramifications
presque innombrables des
vaisseaux capillaires de ces
fortes de poumons.
J'ay fait voir à la compagnie
qu'il y a quarante-six
muscles qui sont employez
aux mouvemens de ces costes;
il y en a huit qui en dilate l'intervale,
& seize qui le resserrent,
six qui élargissent le cintre
de chaque coste, douze
qui le retresissent, & qui en
même temps abaissent le sternon,
& quatre qui le soulevent.
Les ouïes ont une large ou.
verture, sur laquelle cftpaCé
un couvercle composé de
plusieurs pieces d'assemblage,
qui a le même usage que le
panneau d'un fouiller)& chaque
couvercle est formé avec
un tel artifice qu'en s'écartant
l'un de l'autre,ils se voutent
en dehors pour augmenter la
capacité de la bouche, tandis
qu'une de leurs pieces qui
jouë sur une espece de genou
tient fermées les ouvertures
des ouïes, & ne les ouvre que
pour donner passage à l'eau
que l'animal a respiré, ce qui
se fait dans le tems que le
couvercle s'abat & se referre.
I Il ya deux muscles qui servent
à soulever le couvercle,
& trois qui fervent à l'abatre
& à le reserrer.
! On vient de dire que l'assemblage
qui compose la
charpente des couvercles les
rend capables de sevouter en
dehors. On ajoûtera deux
autres circonstances. La premiere
est que la partie de ce
couvercle qui aide à former
le dessous de la gorge est
plié en éventail sur de petites
lames d'os pour fcrvir en se
deployant à la dilatation de la
gorge dans l'inspiration de
l'eau. La seconde que chaque
couvercle est revêtu par dehors
& par dedans d'une peau
qui
*
luy est fort adherente.
Cesdeux peaux s'unissent ensemble,
se prolongent audelà
de la circonference du
couvercle d'environ deux à
trois lignes, & vont toûjours
en diminuant d'épaisseur. Ce
prolongement est beaucoup
plus ample fous la gorge que
vers le haut de la teste. Il
estextrêmementsouple, pour
s'appliquer plus exactement à
l'ouverture sur laquelle il porte,
& pour la tenir ferméeau
premier moment de la dilatation
de la bouche pour la
rcfpiration.
Voila pour ce qui regarde
la structure desoüies ; passons
à present à la distribution de
leurs vaisseaux.
L'Artere qui fort du coeur
se dilate de telle maniere qu'elle , en couvre toute la base
: ensuite se retresissant peu
à peu elle forme une espece
de corne. A l'endroitoù elle
est ainsi dilatée
,
elle est garnie
en dedans de plusieurs
colonnes charnuës qu'on peut
considerer comme autant de
muscles qui font decetendroit
de l'aorte comme un
second coeur, ou du moins
comme nn second ventricule
lequel joignant sa compressîon
à celle du coeur, double
la force necessaire à la distribution
dufang pour la circulation.
Cette artere montant par
l'intervalle que les oüies laissententre-
elles, jette vis-à-vis
,
de chaque paire de côtes de
chaque côté une grosse branche
creusée sur la surface exterieure
de chaque côte& qui
s'étend le long de cette goutiere
d'une extremité à l'autre
du feüillet. Voila tout le corps
de l'Aorte dans ce genre d'animaux.
L'Aorte qui dans les
autres animaux porte le fang
du centre à la circonference
de tout le corps, ne parcoure
de chemin dans ceux- ci que
depuis lecoeurjusqu'à l'extremité
des oüies, où elle finir.
Cette branche fournit alitant
de rameaux qu'il y a de lames
surl'un ou furl'autre bord
de lacôte. La grosse branche
se termine à l'extremitéde la
côte
,
ainsi qu'il a esté dit, &
les rameaux finissent à l'extremité
des lames ausquelles
chacun d'eux se distribuë.
Pour peu que l'on soit instruit
de la circulation & des
Vaisseaux qui y servent, on
fera en peine de sçavoir par
quels autres vaisseaux on a
trouvéun expédient pour animer
& mouvoir tout le corps
depuis le bout d'en bas des
oiïies jusques à l'extremité de
la queuë. Cet expedient paroîtra
clairement dés qu'on
aura conduit le fang jusqu'à
l'extremitédesoüies. -
Chaque
Chaque rameau d'artere
monte le long du bord interieur
de chaque lame des
deux feüillets posez sur chaque
côte,c'est-à dire le long
des deux tranchans des lames
qui se regardent:ces deux rameaux
s'abouchentau milieu
de leur longueur; & continuant
leur route parviennent,
comme j'ay dit, à la pointe
de chaque lame. Là chaque
rameau de l'extremité de l'artere
trouve l'embouchure d'une
veine, & deux embouchures
appliquées l'une à l'autre
immediatement ne faisant
qu'un même canal malgré la
differente consistance des
deux vaisseaux
,
la veine s'abbat
sur le tranchant exterieur
de chaque lame, & parvenuë
au bas de la lame elle verse
son fang dans un gros vaisseau
veineux couché prés de
la branche d'artere danstoute
l'étenduë de la goutiere de
de la côte: mais ce n'est pas
feulement par cet abouchement
immediat des deux extrêmitez
de l'artere &de la
veine que l'arrere se décharge
dans la veine, c'est encore par
toute sa route.
Voici comment le rameau
d'artere dresse sur le tranchant
de chaque lame, jette dans
toute sa route sur le plat de
chaque lame de part & d'autre,
une multitude infinie de
vaisseaux, qui partant deux à
deux de ce rameau l'un d'un
côté de la lame, l'autre de
l'autre
-,
chacun de son côté
vadroit à laveine qui descend
sur le tranchant opposé de la
lame, & s'y abbouche par un
contact immédiat. C'est ainsi
que le fang passe dans ce genre
d'animaux,des arteres de
leur poumon dans leurs vrinés
d'un bout a l'aucre. Les
artères y font de vrayes arteres,
& par leurs corps & par
leur fonctions de recevoir le
fang. Les veines y font de
vrayes retines, & par leur
fonction de recevoir le fang
desarteres & par la delicatefseextrême
de leur consistan-
Ilnty ajusques-là rien qui
ne foie de l'oeconomie ordinaire
: mais ce qu'il y a de singulier
est premièrement l'abbboouucchheemmeennttimimmméeddiiaatt
des
arteres avec les veines, qui (c
trouve àlaverité dans les poumons
d'autres animaux, sur
1 tout dans ceux des grenouilles
&des torcuës: mais qui
n'est pas si manifestequedans
viesoiiies des poissons. 2° La
régularité de la distribution
:
qui rend cet abbouchement
plus vifiblc dans ce genre d'animaux
;car toutes les branchesdarteres
montant le
long des lames dressees sur les
côres
,
font aussi droites &
aussi également distances l'une
de
l'autre
que les lames: les
rameaux transversaux capillaires
qui partent de ces branches
à angles droits
,
font également
distansl'un de l'autre;
de forte que la direction & les
intervales de ces vaisseaux tant
montans que transversaux,
estantanssi réguliers que s'ils
avoient esté dressez à la règle
& espacez au compas ; on les
suit à l'oeil & au microscope.
On voit donc que lesarteres
transversales finissent immédiatement
au corps de la veine
descendante, & chacune
de ces veines descendante
ayant reçu le fang des artères
capillaires tranfverfalles
de part & d'autre de la lame,
s'abbouche à plomb avec le
tronc de la veine couchée
dans la gouttiere.
Il faut avouer que cette
, distribution est fort singuliere
: ce qui fuit l'est encore davantage.
On est en peine dela
distribution du fang pour la
nourriture & la vie des autres
parties du corps de ces animaux.
Nous avons conduit le
fang du coeur par les arteres
«
du poumon dans les veines
du poumon. Le coeur ne jette
point d'autres arteres que celles
du poumon. Que deviendront
les autres parties, le
cerveau, les organes des fensf
Ce qui fuit le fera voir.
Ces troncs de veines pleins
de fang arreriel fartant de
chaque côce par leur extrémité
qui regarde la bafe du
crâne, prennent la consistance
&l'épallfeur darteres & viennent
seréunir deux à deux de
chaque côcé. Celle de la première
côte, fournit avant sa
réunion des branches qui distribuënt
le fang aux organes
des sens, au cerveau & aux
parties voisines, & fait par ce
moyen les fonctions qui appartiennent
à l'aorte ascendante
dans les animaux à quatre
pieds :
ensuite elle fc rejoint
joint à celle de la fccondc
côte; & ces deux ensemblene
font plus qu'un tronc, lequel
coulant le long de la base du
crane reçoit encore de chaque
cote une autre branche formée
par la réunion des veines
de la troisième & quatrième
paires de côtes,& routesensemble
ne font plus qu'un
tronc.
Après cela ce tronc dont
toutes les racines estoient
veines dans le poumon,devenant
artere par sa tunique
& par son office, continue
son cours le long des vertebecs.,
& distribuant le fang
artérielà touteslesautres parties
, fait la fonction d'artère
desccendante&lesang arceuiel
estdistribué parce moyenégakment
à toutes les parties
pourles nourrir & des ani.
mer, &il r£neori«ropartout
des racinesquireprennent le
residu & le rapportant par
plusieurs troncsformezdel'unioh
de toutes q<!s¡acincs'au
reservoircommunquiledoit
rendreaucoeur;c'estainsi que
^achevcfk circulation dans
casiani<iaaux.-,;io r>,\~;x:
>V«oil'aScomîtefitylcs)Vcinri5
,
du potlHion de cegenredeviennent
arteres pour animer
& pour nourrir la teste & le
reste du corps.
Mais ce qui augmente la
singularité,c'est que ces mêmesveines
du poumon sortant
de la goutiere des côtes
par leur extremité qui regarde
la gorge, conservent la tu.
nique & la fonction de veines
en rapportant dans le reservoir
de tout le fang veinal
une portion du fang arteriel
qu'elles ont reçudes arteres
du poumon.
Comme le mouvement
des machines contribue aussi
a la respiration des Poissons,
il ne fera pas hors de propos
defaire remarquer que la fuperieurc
est mobile, qu'elle est
composée de pluficurs pieces
qui font naturellement engaggééeeslselessuunneessddaannssleless
aauu--
tres, de telle manière qu'elles
peuvent en se déployant
dilater & allonger la mâchoire
superieure.
Toutes les pieces qui servent
à la respiration de la
Carpe, montent à un nombre
si surprenant, qu'on ne
fera pas fâché d'en voir icy le
dénombrement.
Les pieces osseuses font au
nombre de quatre milletrois
cens quatre-vingt six
:
il y a
soixante-neufmuscles.
- Les arteres des ouics, outre
leurs huit branches principales,
jettent quatre mille trois
Cent vingt rameaux; & chaque
rameau jette de chaque
lame, une infinité d'arteres
capillaires transversales, donc
le nombre ne fera pas difficile,
& passera de beaucoup tous
ces nombres ensemble.
: Il y a autant de nerfs que
d'arteres
3
les ramifications
des premiers suivant exactement
celles des autres.
Les veines ainsi que les artères,
outre leurs huit branches
principales jettent quatre
mille trois cent vingt rameaux
,
qui font de simples
tuyaux,& qui à la différence
des rameaux des arteres na
jettent point de vaisseux capillaires
tranfver faux.
Le fang qui cft rapporté de
toutes les parties du corps des
poissons,entre du reservoir,
ou se dégorgent toutes les
veines
t
dans l'oreillette
, &
de là dans le cceur;qui par-sa
contraction le pouffe dans
l'aotte, & dans toutes les ramifications
quelle jette sur
les lames des oüies : & comme
à sa nainance elle cft garnie
de plusieurs colonnes charnuës,
fore épaisse, ce qui resserrent
immédiatement après, elle féconde
& fortifie par sa compression
l'action du coeur, qui
est de pousser avec beaucoup
de force le fang dans les rameaux
capillaires transversaux,
situez de part & d'autre,
sur toutes les lames des oüies.!
On a fait observer que cette
artere & ses branches, ne
parcouroient de chemin que
depuis le coeur',-- jusqu'à l'ex.
tremité des oüies, où elles finirent.
Ainsi à coup de piston
redoublé doit suffire, pour
pousser le fang avec irppetuosicé
dans ce nombre infini
d'arterioles si droites & si rcguliere,
où le fang ne trouve
d'autre obstacle que Je simple
contaft,&non le choc & les
reflexions, comme dans les
autres animaux où les arteres
se ramifient en mille manières
,
sur tout dans les demieres
subdivisions.
Voila pour ce qui concerne
le pacage du fang dans k
poumon. Voici comment s'en
fait la préparation.
:. Je suppose que les particules
d'air qui font dans l'eau,
comme l'eau est dans une éponge)
peuvent s'endégager
en plusieurs manières.
1 Par la chaleur ainsiqu'on
le voit dans l'eau qui bout
sur le feu. 2.Q. Par laffoiblisfement
duressors de l'air,qui
presse l'eau où ces particules
d'air sont engagées; comme
on le voit dans la machine du
vuide. 3°. Par le froissement
&l'extrême division del'eau,
sur tout quand elle a quelque
degré de chaleur.
On ne peut pas douter qu'-
il n'y ait beaucoup d'air dans
tout le corps des poissons,&
que cet air ne leur foit fort
ncceflaire. La machine du vui.
de fait voir l'un & l'autre..
J'aymis une Tanche fore
vive dans un vaisseau plein
d'eau que l'on a placé fous le
recipicnt;& aprèsavoir donné
cinq ou six coups de piston on
a remarqué que cette Tanche
était toute couverte d'une iiw
finité de petites bulles d'air qui
sortoient d'entre les écailles,
& que tout le corps paroissoit
perlé.
,
Il en sorcoit aussi un tresgrand
nombre par les oüies
beaucoup plus grosses que
celles de la surface du corps:
Enfinilen fortoir par la bou.
che,maisen moindre quantite.
En recommençant a pomper
tout de nouveau deux ou
trois fois de fuite ,ce qui fut
fait à plusieurs reprises, on
remarquoit que lepoisson s'agitoit
& se tourmentoit ex.
traordinairement,&qu'il reÊ
piroit plus fréquemment:
aprés avoir passé un gros quart
d'heure dans cetestat, il tom.
ba en langueur, toutlecorps
Vi
& même les oiïies n'ayant
bplleu.s aucun mouvement fcnfi-
Pour lots ayant tire le
vaisseau de dessous le recipient,
on jetta le poison dans
de l'eauordinaire, où il commença
à respirer & à nager,
mais foiblement, & il fut
longtemps à revenir à son
cfliatnaturel.
J'ayfait la mêmeexperience
sur une Carpe: jel'ay mise
dans la même machine, 3c
ayant pompel'air trois ou
quatre fois comme on l'avoir
fait à la Tanche, le poisson
- commença d'abord à s'agiter:
toute la surface du corps de-
,
vint, perlée; il sortit par la
bouche & par les oüies une
infinité de bulles d'air foïç
grottes,&larégion de la ves-
Sie d'air s'enfla beaucoup,quoique
cette Carpe fut plus gros-.
se que la Tanche,le battement
desoüies cessaplutost. *Lorsqu'onrecommençoità
pomper, les oüies recommençoient
aussi à battre mais
très-peu de temps,& fort foi.
blcment. Enfin elle demeura
sans aucun mouvement, &
la region de la vessie devint si
gonflée & si tenduë,que la
laittc forcoit en s'éfilant par
l'anus. Cela dura environ trois
quarts d'heure, au bout desquels
elle mourut,estant de*
venuë fortplatte.L'ayantouverte,
.on trouvalavessie: crel
1 i Vée.
On aaussi expetimenté
qu'un poisson mfs dansSit
teaupurgée d'air n'ypeut vivre
longtemps. Outre ces experiences
qu'on peut faire
dans la madonedu vuide,en
voici d'autres qui prouvent
aussi que l'air,qui est mê'Jé'
dans l'eau,alaprincipalepart
à la respiration despoissons
•v
Si vous enfermezdespoisfons
dans unvaisseau de verre
plein d'eau, ils y viventquelque
temps, pourvûquel'eau
ioitlenouveîléc :mais si vous
couvrez le vaisseau,&le'bouchez
en forte que l'air stfy
puificpointcnttet/ikîsjroîfsonsserontéroulfez.
".,Gôlg
prouve bien que j'eau aé fctc
àqlueu'erlfreesapirlataiolni,beqruteéu'tÛanct
peignerd'air.*-•]rV
Mettez lusieurs Lp9iffons
dans un vaisseau qui tic
Ion pas entièrement TciBd!i
ir'cauyfrvous,lefermes?
poissons qui auparavant nageoientenpleine
liberté, & segayoient, s'agiteront & se
presseront à qui prendra le
dessus poutrespirer la portion
de l'eau qui est la plus voisine
delair.
Onremarqueaussiquelorfquela
surface des Etangs cft
gelée, les poissons qui font
dedans, meurent plus ou
moins vite ,durant que l'E.,.
rang a plus ou moins d'étenduë
&de profondeur, & on
observe que quand on casse
la glace en quelque endroit)
les poissonss'y prefenrent
avec
avec empressement pour rcfpirer
cette eau imprégnée
d'un nouvel air. Ces experiences
prouvent manifestement
la necessité de l'air pour
la rcfpiration des poissons.
Voyons maintenant ce qui se
passe dans le temps de cette
rcfpiration-
La bouche, s'ouvre
,
les lèvres
s'avancent,parla la concavité
de la bouche est allongée,
la gorge s'enfle, les couvercles
des oüies
,
qui ont le
même mouvement que les
panneaux d'un souffet, s'écarrant
l'un de l'autre,se voûcent
en dehors parleur milieu
seulement, tandis qu'une de
leurs pieces qui joiic sur une
espece de gomme ,
tientfermées
les ouvertures des ouïes,
en se soulevant toutefois un
peu, sans permettrecependant
à l'eau d'entrer ; parce
que la petite peau qui borde
chaque couvercle, ferme exactement
l'ouverture des ouïes.
Tout cela augmente, &
élargit en tout sens la capacité
de la bouche, & détermine
l'eau à entrer dans &
cavité, de même que l'air entre
par la bouche & les nariDes
dans la crachée artere Se
les poumons , par la dilata,
tion de la poitrine. Dans ce
même temps les costes des
QÇÏÇS s'ouvrent en s'écartanr
lç5 unes des autres, leur cintreestélargi,
le sternon efl;
écarté en s'éloignant du palais
; ainsi tout conspire à faire
entrer l'eau en plus grande
quantité dans la bouche. C'es
ainsi que se fait l'ispiratioa
despoissons, Ensuite la bouche
se ferme, les lévres auparavant
allongées se racourcissent
, sur tout la superieure
qui se plic en éventail, la lévre
inférieure se cole: à la superieure
par le moyen d'une petite
peau en forme de croissant qui
s'abbat comme un rideau de
haut en bas & qui empêche
l'eau de sortir. Le couvercle
s'applatit sur la baye de l'ouverture
desoüies. Dans le même
temps les côtes se ferrent
les unes contre les autres, leur
cintre se retressit, & le sternon
s'abbat sur le Palais.
Tout cela contribuë &
comprime l'eau qui est entrée
par la bouche. Elle se presente
alors pour forrir par tous
les intervalles descôtes & par
ceux de leurs lames, & elle y
passe comme par autant desilieres
; & par ce mouvement la
bordure membraneuse des
couvercles cil: relevée,.& l'eau
pressees'échappe parcette ouverture,
C'est ainsi que fc
fait l'expiration dans les poissons.
On voit par là que l'eau
entre par la bouche, & sortant
par les oüies. Tout au contraire
de ce qui arrive dans les animaux
à quatre pieds dans lesquels
l'air entre & fort alternativemenr
par la trachée artere.
Voila tout ce qui concerne
les mouvemensdelarespiration
des poissons.
MAF^IAGE.
MIC Nicolas Digues, Seigneur
de Carlande & d'Inter-
Ville-, Conseiller du Roy,
Commissaire General en sa
Cour des Monnoyes, Directeur,
General des Eratons dç
France, passa contrat de mariage
le onze de ce mois, avec
DamoiselleMarieAngclicjue-
Antoinette Bidault, l'une des
vingt - quatre Femmes de
Chambre de Monseigneur le
Dauphin. LeRoy& Monseigneur
leDauphinhonorèrent
ce contrat de leur signature.
* Plusieurs Seigneurs & Dames
de la Cour se firent un plaisir
de le signer aussi.
1 MORTS. # f l" IA% Henry - François de
Candale
>
Duc de Rendan
Pair de France, Chevalier de
l'Ordre du S. Esprit, Captai
de Buch ; mourut le 22. Fér
vrier. Ce Seigneurdesçend
des anciens Comtes de Foix
du Languedoc par lfabelle.
Çofnteflc deFoix, Vicoinrelfè
de Bearn, soeur & hernicre
de Mathieu Comte de Foix,
qui épousa Archambaud de
Grefly, Captal de Buch
,
qui
estoit descendu de Jean, Seigneur
de Grefly,Vicomte de
Benauge
,
& de Blanche de
Foix, qui estoieElle de Gaston
Comte de Foix, & de Jeanne
d'Artois. Laposterité d'Archambaud
posseda le Comte
de Foix, & en prirent le nom
& les armes, & c'est d'une
branche decerteMaison qu'-
est descendu Mr le Duc de
Foix qui est celle de Candate.
Le Duché de Rendan donc
il estoit en possession fut crigé
gé en Duché Pairie par le Roy
Louis XIV. au mois de Mars
1661.vérifié le15. Décembre
16 6 3. en faveur de Dame
Marie-Catherine de la Rochefaucault,
ComtessedeRendan,
Gouvernance de Sa Majesté,
qui estoitveuve de Henry
de Bauffremont, Marquis de
Senneçay, &aussi en faveur de
Marie-Claire de Beauffremont
fafille unique qui estoiraussi
veuve deJeanBaptiste Gaston
de Flcix. Cette Dame Comtessede
Flcix eut entr'autres z.
enfans mâles, qui furent Jean-
Baptiste de Foix & HenryFrançois
-
Madamela Comtesse
de Randan leur ayeule,
& Madame la Comtesse de
Fleix leur mere, firent la démission
du Duché de Randan
en faveur de Jean
-
Baptiste
Gaston de Foix leurfilsaîné;
ainsi par cette cession. Il fut
Duc de Randan
,
il épou sa
Dame Magdelaine Charlotte
d'Ailly, fille de Henry Louis
d'Ailly, Duc de Chaunes, &
il mourut sans cnfans; & comme
sa mere & son ayeule lors
de la cession du Duché, luy
cederent à charge de reversion
faute d'enfans madcs
~omme par sa mort il n'en
lOEa pas, le Duché revint à
~Madame de Randan & à Maame
sa fille, qui firent une
ouvelle donation en faveur
e Henry François de Foix,
~ere puisné de Jean Baptiste
e Foix Duc de Randan
,
qui
enoit de mourir, ainsi Henry
~François de Foix fut Duc de
landan, & la possedé jusques
sa mort, & comme il nelaisa
point d'enfans deDame
~Marie-Charlotte de Roquéaure
son epouse, ce Duché
~se trouveaujourd 'huy éteint,
& enmême temps tous ceux
du nom de Foix, qui a esté si illustre
pendant plusieurs siecles
Mr le Marquis de Montpeyroux
est mort le ij. Fevricr.
Il se nommoit Eleonor-
François Palatin de Dio, Marquis
de Montpeyroux, Roquefcuil
& Castelnau,Comte
de Saligny, Baron de la Roche
en Berry, Mestre de Camp
de la Cavalerie Legere de
France & Lieutenant General
desArmées du Roy. Il estoit
fils de Noël- Eleonor Palatinde
Dio, Seigneur & Marquis
de Montpeyroux
,
Comte de f
la Roche, de Saligny & de j
i
Roquefeuil;& de Dame Marie
Habeau de Coligny, fille
de Gaspard de Coligny troisiéme
du nom, Marquisd Orne,
Capitaine-Lieutenant des
Gens-d'Armes de la Reine,
quifut tuéà l'attaque de Charenton
le 8 Février 1649. &
de Dame Gilberte de Roquefeuil,
qui après sa mort seremaria
à Mre Charles
- Yves
Marquis d'Alegre
,
dont elle
eut une fille qui fut premiere
femme de Mr le Marquis de
Seignelay. Mr le Marquis de
de Montpeyrouxqui vient de
mourir avoit épousé le io.
Avril1700. DameFrançoise
de Harville
,
fille de Claude-
Antoine de HarvillePaloiseau,
Comtede laSalle, Lieutenant
General du Pays Chartrain
Il en a eu deux fils &
une fille qui sont morts jeU-:
nes ; ainsi il ne laisse pasde
posterité.
Supplement aux Nouvelles.
Les Lettres de Hambourg
du 16. portent que les Habitans
& la Garnison de Tonningenestant
réduits à la dernicre
extremité faute de vivres
, le Colonel Wolf qui y
commandoit, fut obligé d'envoyer
le 7. à Tottembuttel,
au Brigadier Kneil qui commandent
le Blocus de la Place,
pour demander à capituler.
Que la Capitulation fut
regléele 8. en pluficurs Articles.
Sçavoir :
Que la Garnison fortiroit
, avec toutes les marques d'honneur
deux picces de canon de
six livres de bale & des munitions
pour tirer douze coups; Qu'on lui fourniroit quatrevingt
un Chariots à quatre
chevaux, pour porter les
bagages;
Qu'elle seroit conduite à
Eurin, ne faisant que deux
lieuës par jour, & séjournant
le troisiéme.
Qu'aucun soldat ne seroit
forcé à prendre parti.
Qu'on fourniroit en payant
des remedes aux Officiers &
aux solatsmalades jusquàleur
entiere guerison.
Que les personnes qui sont
au fcrvice du Duc de Hostein
pourront librement se retirer
de la Ville, ou y rester.
Que les effets qui ont esté
retirez dans la Ville seront
rendus de bonne foy.
Que la Ville & son diftrict
conservera les priviléges
& seraexemte de contributions,
& les Bourgeois pareillement;
& que ceux qui sont
prisonniers feront relaschez
sans payer rançon, &c.
Le 1o, la Garnison sortit
au nombre de trois cent cinquante
hommes portans armes,
outre plus de quatre
cent malades restez dans la
place, dont le Colonel Arnoldi
a esté fait Commandant.
On y a trouvez cent quarante
pieces de canon, vingt-cinq
mortiers, & cent soixantefcize
milliers de poudre; mais
si peu de vivres qu'il n'y restoit
que seize mesures de farine.
On mande de Stokholm
que les Erats de Suede continuent
leurs séances avec
beaucoup d'union, qu'ils travailloient
à augmenterl'Arméejusqu'à
soixante ou soixante-
dix mille hommes, &à
faire prendre les armes aux
Ministres pour estre en état
de repousser les Danois & les
Moscovites qui se préparent
à attaquer la Suede en même
tems du costé du Pays de la
Finlande.
On écrit de Vienne que le
Ministre du Roy de Sicile a
esté congédié, & qu'il se prépare
à partir incessamment
pour retourner en Italie, &
qu'on a envoyé un Mandement
à Ausbourg au Comte
de Borgole, Ministre du
même Prince, avec ordre de
forcir de la Ville dans deux
jours, & dans quinze jours
des Terres de l'Empire.
MORTS.
Damoiselle Claude Elizabeth
le Ragois de Bretonvilliers,
fille de feu Mre Benigne
le Ragois
)
Sr de BretonvilBretonvillieis,
President en la
Chambre des Comptes, mourut
le2. Février en sa17.année.
Dame Artemire de Resmond
,épousede tvilffirc Jean
Louis de Rafin, Chevalier
Seigneur d'Hauterive, Brigadierr)
des ArméesduRoy,o&
Commandant pour sa Majesté
à Sedan, mourut le j.
Février.
Messire Louis François AchillesdeHarlay,
Abbé de S.
Colombe de Sens, mourut le
14. Février. Il estoit fils puisné
de feu Messire Nicolas Auguste
de Harlay, Seigneur de
Boneüil& de Cély, Conseiller
d'Etat ordinaire, & Plenipotentiaire
à la Paix de Riswick,
& de Dame Anne-Françoise
Loüise-Marie Boucherat. On
a si souvent parlé de laMaifon
du Harlay qu'on renvoye le
Lecteur aux precedens Mercures.
Dame Elizabeth de Pons ,
veuve de François Amanieu
d'Albret,Comte de Miossens,
mourut le 23.Février dans
son appartement au Palaisdu
Luxembourg, âgée de 78.
ans. On a promis pour le
Mercure prochain un Memoire
sur cette Maison.
Les Lettres de Madrid du
18 portent que la Reine étoit
morte le 14. On parlera dans
le Mercure de Mars de la more
de cette Princesse.
Le Roy a nommé le Cardinal
del Giudice. avec le
Marquis de Mejorada., &
Don Joseph Grimaldo, Secretaire
d Etat, pour expedier
durant quelques jours les affaires
ordinaires,& même les
plus importantes auxquelles
le retardement pourroit apporter
préjudice.
Les Lettres de Catalogne
portent que la Flote du Roy
estoitarrivée le premier de ce
mois devant Barcelone; qu'- elleavoitmouillé à l'embouchure
du Llobregat, & du
Besos : que ce même jour on
devoit débarquer les munitions
de guerre & les provisions
destinées pour l'Armée
& pour le Siege de Barcelone
: que depuis quelques jours
il en estoit venus plusieurs deferteurs
qui assuroient que les
Habirans souffroient extrêmement
faute de vivres: &
que les Détachemens envoyez
par le Duc de Popoli contre
les Rebelles, les avoient pour
la pluspart détruits & diffipez.
On écrie de Londres qu'on
travailloità mettre au net le
Traité de Commerce entre
l'Espagne & la Grande Bretagne,
qu'on avoit reçu par un
Exprés arrivé d'Utrecht, pour
estreratissé par la Reine. Sa
Majesté a figné la Commission
du sieurJeanHart, nommeau
Gouvernement de Maryland.
Le sieur Jean Wetham a esté
fait Commissaire de l'Excise.
La Reine a conféré la dignité
gnité de Chevalier Baronet de
la Grande Breragne au ifeur
Guillaume Desbowreries.
Le Comte Marshal
)
Pair
d'Ecosse, a esté fait Capitaine
de laSeconde Compagnie des
Grenadiers cheval Ecossois
dela Garde;à la place du feu
Comte deCrawford. t
-
La Reine a accordéau Duc
de Shrewsbury la permission
de revenir en Angleterre, 84
elle a ordonné de dresser une
Commissîon pour établir Regents
en son absencel'Archevêque
d'ArrnaghJ le ifrur
Phips, Chanceliery& l'Arche.
veque de Tuam.
On mande de Versailles
que le Roy avoit pris le deüil
- pour la mort de la Reine d'Espagne.
Les Lettres Patentes pour
renregiftrement de la Constitution
du Pape, acceptée par
l'Assemblée des Prclats convoquez
extraordinairement
par Sa Majesté, & qui porte
condamnation d'un Livre intitulé
: Le Nouveau Testament
en François, avec des Reflexions
De la necessité de la Critique,
ou le grandPrevcfl du Parna/
te 4*
Nouvelles. 24
Obsfetuvatibon istuer .un1e 1m4ort
Article des Enigmes.124
Ccremonie du Couronnement du
Roy & de la Reine de Sicile,
faite à Palerme. 140
LaCritique,Ode. 145
L'Indien 0* le Soleil,Fable. 160
Lettre de Catalogne. 1Cf
Mariagede MonsieurHenault, Epitaldme.174
Lettre de Madrid. 194
Lettre de M. L. C. de F. a
Saint Falioii de Palletcol, le
11.Février. 197
Morts. ut
Memoire sur la circulation du
fang des PoijSms qui ont des
ouies
y & sur leur respiration.
ily
Mariage. 161,
Morts. a.(13
Suptêmentaux Nouvelles.170
Morts. 7J.
Nouvelles d'Espagne. 278
Nouvelles d'Angleterre.280
Qualité de la reconnaissance optique de caractères