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1711, 12
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MERCURE
A PARIS,
M.DCCXI.
Avec Privilege du
M E R CURE.
GALANT.
Par le Sieur Du F**%
Mois
de Decembre.
- 1711.
Le prix efi: 30 fols reliéen veau, 49 ;
w. 2 5. (oIs, brochez
w&
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU, à l'ImageS. Louis,
sur le Quay des Augustins.
CILLES LAMESLE, à l'entréedela ruë
du Foin, du côté de la rue
Saint Jacques.
ETRENNES
DE MERCURE
AU PUBLIC
LES ETRENNES
de l'Oye.
Un Procureur des moins
fameux,
Pauvre far consequent,
mais pourtantgenereux
,
Avoitfamille tres nom.,
breuse,
Comme luy pauvre f5
genereuse
Il attendoit , pour eétrene
net,
Ce grand jour où Plaideursse
picquent de
donner:
Ce jour vint eS rien plus;
du Perche, ny dtt
Maine
Ilne vintpal la moindre
aubeine ;
Mais une Oye arriva de
la part d'un cousin:
AuJJi tostpour Etrenne il
l'envoyeàsa tante,
Et la tante asa bru, par
qui l'Oyeambulante,
De parents en parents
continuantson tour,
Revint auProcureurvers
lemilieudujour.
Un autre l'eut de luy,foil
ougendre ou beaufrere,
Et par l'Etrenne -circulaire
1'
Chacunfut étrenant
,
chacun
futétrenné,
Donnant ce qui luy fui
donné>
C'efl ainsiquesouvent
libéralitébrille,
Une Oye à peu de frais
etrenna lafamille Et , par le dernier Etrenneur
Revintencore au Procureur
, Qui lesoir à souperpour
Etrenne derniere
La donna de bon , coeur à
safamille entiere.
Jesuis & genereux, f5
pauvre comme lu)"
Au Public de bon coeurje
redonnedujourd'kuy
Tout ce que le Public Jm'envoye
Ce sont les Etre,nnes de
l'Oye.

MERCURE
GALANT.
I. PARTIE.
LITTERATURE. LA nouveauté detoutes
choses a tousjours
plû aux hommes
N'est- ce point pour cela
seul quils ont attaché a14
nouvel An une idée hetî*
rcuïe & agrcable, Seneque
appellenouvel an le
commencement- du regné
de Neron annus no- vus initium UcuhfeliciCl3
fimi. Le pronostic n'estoit
pas juste , mais les
flatteurs prédisent tousjours
merveille. On donnoit
chez les Romains au
premier jour de l'an des
figues, du miel & des I
dattes, fruits doux, fiin- 1
boles de la douce paix,

& de l'agreable union
qu'onsouhaitoit entre
parents & amis. N'eftce
point aussi comme fîtnbole
de pureté., de franchife
& de sincerité
) que
les Gaulois faisoient des
presentsdeguy de chesne
coupé avec une ferpe
d'or; l'or est le fimbole
de la pureté, il ne reste
plus qu'à prouver que le
guï de chesne est le fimbole
de la sincerité; un
autheur la dit, mais ces
fortes d'éruditions ne se
démonstrent pas comme
un probleme de Geome..,
trie, quoyqu'il en [oit,
on dit que les Etrennes
Gauloisesestoient plus;
sinceres que les nostres.
Je connois pourtant un
Amant qui a donné celle
cy : elle est de Mon- *
sieur leB. Comme franc f5 Gaulois
amant,
Je vous donne en étrenne, I
Iris, un coeursincere ; i
Pour voustvous m'aimez,
cejî un riche
present,
C'en est un fort petit si
vous ne rrîaimcZi
guere.
La response de la Gauloise
me paroist plus leurement
sincere.
Quejevousaime ou non,
vojlre coeur vautson
prixy
j'aimeroismieux celuy
d'un autre,
J'auray peu de plaisir k
recevoir le vostre ;
Mais c'est tousjours autantdepris.
Le Roy Tatius Sabinus
receut le premier la
Verveine du bois sacré
de la Déesse Strinia
, ou
Strenia, pour bon augure
de la nouvelle année,
c'estoit l'équivalent du
gui de etejne des Gaulois.
Etrennes vient, diton,
de ce mot Strenia,
ccluy de ftrenuw
,
qui
signifie genereux ) peut:
aussi avoir part à cette
étimologie, parce qu'on
donnoit les étrennes à
ceux quise distinguoient
par leur valeur. On donnoit
dans les premiers
temps des fruits en étrennes
,
mais on donna ensuite
des medailles d'argent.
A ce sujetOvidefait
dire à Janus, que les Anciens
estoient bien simples
de croire,que le miel
fust plus doux que l' argent.
La feste des étrennes
estoit dediée au Dieu j
Janus qu'on representoit 4
à deux virages; quelque
mauvaisplaisant de ce
temps-là, a peut-estre dit
que l'un des visages dejanus
estoit triste, & que
l'autre estoit gay, pour
marquer la tristesse de celuy
qui estobligé de donnerdesétrennes,&
lagaïe*
té de celuy qui les reçoit.
S'il est glorieux de
donner, il cft quelquefois
glorieux aussi de re-
- cevoir 3.
cevoir
,
& les étrennes
qu'on portoit aux Empereurs
Romains, étoient
des marques d'honneur.
Auguste en recevoit une
si grande quantité, que
pour n'en pas profiter, il
en achetoit des Idoles.
Tibere ne voulut point
recevoir d'étrennes; Caligula
les restablit, Claude
les deffendit ensuite,
mais elles resterent tousjours
en usage parmy le
peuple.
Qui croiroit quon pust
trouver une raison physique
des étrennes,je ne
sçay quel Ancien a dit,
que touteschoses estant
contenuës dans leurs commencements,
on doit tirer
des augures bonsou mauvais
de toute l'année par
le premier jour.
L'avis estbonprofitez-en
Sivous voulez, Iris,faire
unamantfidelle,
Deconstance rare modelle:
Faites-vous-en aimerau
premierjour de l'an,
A coup seur il sera constant
toute l'année,
Abien moins à present la
constance est bornée.
Les Gaulois croyoient
que le gui estoit un present
considerable duCiel,
qu'il preservoit du poison,
& que celuy qu'on
cuëilloit le jour de l'an
portoit bonheur toute
l'année à ceux qui en gardoient
sur eux.
-
Il nous est resté de cette
superstition payenne le
mot de la guy l'an neuf.
on appelloit encore ainsi
dans les derniers temps
les presents des étrennes.
le trouverais encore
beaucoup d'érudition sur
les étrennes, mais pour
entrer dans l'espritdela
superstitionancienne, je
veux éviter d'ennuyer au
premier jour de l'an, de
peur d'estre ennuyeux
tout le reste de l'année.
ETRENNE S
deMela C. de
à Mrle Marquis de.
en luy envoyant de
Poitou une Oye pour
Etrennes.
C'est l'Oye qui parle.
uoyque jeune Oye à
testefole
Je ne citeray point mes
ancestres Oysons
Aussinoblesqueles Pisons
Issusdirectement deceux
du Capitole.
Decesangsinoble (£si
pur,
Adafoy je ne crois pas
defcendres
Jesuisjeune
, jeseraj
tendre:
C'estpourvous, cherMarquis,
un meriteplus sûr.
Autre Etrenne par Mr
de L. T.
Sur l'Air de la Baguette.
Del'Anpassé la coutft
terminée
Devroit Iris finir vostre
rigueur ;
Heureux, heureux ,Ji la
nouvelle Annee
Pouvoit aussi commencer
mon bonheur.
On a promis dans le
dernier Mercure cet Extrait
plus ample du Discours
leu par Monsieur de
Reaumur
,
à l'ouverture
des assemblées de l'Académie
Royalle des Sciences
câprés la saint Martin,
sur la découverte dune
nouvelleTeinture de Pourpre.
Malgré divers Traitez
faits par les Modernes sur
la couleur de Pourpre si
précieuse aux Anciens, on
a esté peu instruit de la nature
de la liqueur qui la
fournissoit:aussi tous ces
ouvrages ne sont-ils que
des especes de Commentaires
de quelques passages
d'Aristote & de Pline
C'ell: sur la nature mesme,
Se non sur les Naturalistes
qu'il faut faire des observations
varions lorsqu'on veut dé
couvrir quelques-uns de
ses secrets.Aristote
& Pline nous ont cependant
laissé bien des choses
remarquables sur cette matiere,
mais plus propres à
exciter nostre curiosité
qu'à la satisfaire pleinement.
Monsieur de Reaumur
dit ensuite que quoy que
ces Auteurs ayentparlé en
differentsendroits des poifc
fons à coquilles qui donnoient
la liqueur dont on
se servoit pour teindre en
Pourpre , que quoy qu'ils
ayent traité de leur naissance,
dela durée de leur
vie, dela maniere dontils
se nourrissoient,comment
on les peschoit, comment
on leur enlevoitcette pré- |
cieuse liqueur, &enfinles i
diverses préparations qu'- j
onluydonnoit,onanean- )
moins mis la Teinture de !
Pourpre des Anciens au j
nombre des secrets per- ! dus.
Ce que ces Autheurs ,
poursuit-il ;nousont laissé Hj
sur cettematiere, n'a point j
<' a
empesché le Public de
trouver les agréments de
la nouveauté dans les obfervations
d'un Anglois sur
la Teinture de Pourpre,
que fournit un coquillage
communsur les costes de
son pays.Cecoquillage
n'est qu'une desespeces
comprises fous le genre
appelléBuccinum par les
Anciens, notn qu'ils a"
voient donné à ces especes
de poissons
, parce que la
figure dela coquille dont
ils sont revestus,a quelque
t, ressemblanceà celle d'un
cors de chasse. Pline
livre7. chap. 5*. rangetoutes
lesespeces de coquillages
qui donnent la Teinture
de Pourpre, fous deux
genres, dont le premier
comprend les petites especes
de Buccinum
,
& le second
les coquillages ausquels
on a donné le nom
de Pourpre comme à la
Teinture qu'ils fournis- sent
Nos costes d'Ocean
continuë Mr de Reaumur,
ne nous donnent point de
ces dernieres especes de coquillages
; mais en revanche
on y rencontre trescommunemenc
une petite
espece de Buccinum ,
donc
les plus grandes ont douze
àtreize lignes de long, &
sept à huit de diamettre
dans l'endroit où elles sont
plus grosses.tournées
en spiralescomme ce lles
de nos limaçons de jardin,
mais un peu plus allongées.
C'est en considerant au
bord de la coste les coquillages
de cette espece, que
je trouvay une nouvelle
Teinture de Pourpre, que
je ne cherchois point.
Je remarquay que les Buc.
cinum estoient ordinairement
assemblez autour, de
certaines pierres
, ou fous
certaines arcadesdesable,
pour ainsi dire cimenté,
que la Mer seuleatravail-
] , r'I lées. & qu'ils s'y assembloient
quelquefoisen
si grande quantité
,
qu'on
pouvoitles y amasser à pleines
mains, au lieu qu'ils
estoient dispersez ça & là
par tout ailleurs. Je remarquay
enmesme temps
que ces pierres ou ces lables
estoient couverts de
certains petits grains.
dont la figure avoit quelque
ressemblance à celle
d'un spheroïde elliptique,
ou d'une boule allongée;la
longueur de ces grains eC.
toit d'un peu plus de trois
lignes,& leur grosseur d'un
peu plus d'une ligne. Ils
me parurent contenirune
liqueur d'un blanc tirant
sur le jaune, couleur assez
approchante de celle de la
liqueur que les Buccinum
donnent pour teindre en
Pourpre; cette seule ressemblance,
& la maniere
dont les Buccinum estoient
tousjours aÍfernblez autour
de ces petits grains,suffirent
pour me faire soupçonner
qu'on en pourroit
peut-estre tirer une Teinture
de Pourpre, telle
qu'on la tire de ces coquillages
J'examinay
ces grains de plus prés, j'en
apperceus quelques-uns
qui avoient un oeil rougeastre.
J'endétachay aush-
raft des pierres ausquelles
ils sont fortadhérants,
& me servant du premicl".
linge, & le moins coloré
qui se presenta dans lemoment,
j'exprimay de.]eue,
suc sur les manchettesde
ma chemise
j
elles m'eparurent
un peu plus sales,
mais je n'y vis d'autres
couleurs qu'un petit oeil
jaunaftre que je demeslois
à peine dans certains endroits.
D'autres objets qui
attiroient mon attention,
me firent oublierceque je
venois de faire. Je n'y pensois
plus du tout, lorsque
jettant par hasardles yeux
surces mesmes manches
tesun aprés, demi quart d'heure
je fus frappé d'une
greable surprise
,
je vis
une fort belle couleur
pourpre sur les endroits où
les grains avoient esté
écrasez. J'avois peine à
croire un changement si
prompt& si grand.
Je ramassay de nouveau de
ces grains, mais avec plus
de choix, car j'avois foin
de ne détacher des pierres
que ceux qui me paroissoient
les plus blancs, ou
plustost les moins jaunes.
Je moüillay encore mesV
manchettes de leur suc , mais en des endroits differents
, ce qui ne leur donna
point d'abord de couleur
qui approchast en auXs
cune façon du rouge. Cependant
je les consideray
à peine pendant trois ou
quatre minutes que je leur
vis tout d'un coup prendre
une aussi belle couleur
pourpre que la premiere
que ces grains avoient donnée.
C'en estoitassez pour
ne pouvoir pas douter que
ces grains donnoient une
couleur pourpre aussi belle
ouLe1le des Buccinurn,
Monsieur de Reaumur
ra pporte ensuite plusieurs
experiences qu'il fit pour
connoistre si cette liqueur
avoit autant de tenacité
quecelle desBuccinum,fait
remarquer que le linge
trempé dans la liqueur de
ces grains,ne prend lacouleur
de pourpre que lorsqu'on
l'expose au grand
air; & que quelques experiences
qu'il ait tentées
pour découvrir ce que sont
ces petits grains, il n'en a
point fait d'assez heureuses
pour y parvenir; qu on tireroic
la liqueur de ces
grains de Pourpre d'une
maniere infiniment p!bc
commode que celle dont
les Anciens ostoient la liqueur
des Buccinum
,
& fait
à ce sujet un détail tresample
& très-curieux,
aprés lequelil conclut qu'-
on pourroit tirer de ces
oeufs plus d'utilité que les
Anciens n'en tiroient des
Buccinum, parce qu'il y a
; incomparablement plus de
cesoeufs que decescoquili-
-
lages,& quon auroit leur
liqyeur beaucoup plus aisément
: enfin que la couleur
de cette liqueur paroist
parfaitement belle sur
le linge
, & que dans le
grand goust où l'on est à
present pour les toiles
peintes, on pourroit s'en
servir avec succez pour imprimer
sur du linge toutes
fortes de figures; cette liqueur
aussi bien que celle
des Buccinum, y seroit, ditil,
d'autant plus propre qu'elle , ne s'étend point
par delà l'endroitoùonl'a
posée
,
de sortequ'elle
pourroittousjours tracer
des traits nets.
DeRome.
On sçait que feu Monsieur
Colbert,au commencement
de son ministere,
fonda dans Rome,par l'ordre
du Roy, une Académie
de Peinture, Sculpture&
Archirecture,où l'on
envoya, fous la conduite
de Mr Erard
,
plusieurs
Peintres. Aprés Mr Erard,
Mr Coypel fut Directeur
l de cette Académie. Ensui-
¡
te Mr Houasse, auquel a
fueyedé M. le Chevalier
IVerfon qui y est depuis
lépc ans.
Rome a une autre Académie
tres fameuse & rresancienne.,
appellée de Saint
Luc, dont le Directeur,
qu'on appelle Prince de
l'Académie,estoit le celebre
Chevalier Marat, qui
estant âgé de quatre-vingt
neuf ans, & ne pouvant
plus vaquer aux foins de
cette charge,on a choifiMr
le Chevalier PoersonDireéteur
de la nostre, qui a
elle
elle nomme Vice- Prince
de l'Académie de S. Luc
pendant la vie du Chevalier
Marat, pour prendre
la place de Prince aprés
luy.
Le choix d'un François
pour estre chefde l'Académie
Romaine, fait voir que
les François ne font pas inferieurs
aux Italiens dans
l'art de Peinture. Mrs de
Vernanfal & Beaunier,
Eleves de l'Académie Françoise
, ont rem portéles
prix dans cette mesme Académie
Romaine,quiont
esté délivrez en presence
sdieeutrresize Cardinaux,plu-
Princes, Prélats &
Seigneurs;& les Académiciens
de Larcadie, qui est
une Académie de beaux
Espritsestablie à Rome, y
recirerent plusieurs ouvrages
de Poësie
,
à l'assemblée
qui fut terminée par
un discours que fit un Prélat,
à la louange des Arts.
Le Roy content de la
conduite de Mr Poërson à
Rome, a augmentésa pension
de mille livres, &a
chargé Monsieur le Mar*
quis de Dangeau, de
l'honorer de l'Ordre de
Chevalier de Saint Lazare,
qui luy a esté conferé
au mois d'Octobre
dernier par Monsieur le
Cardinal de laTremoille,
après les preuves de Noblesse
faites dans les formes
ordinaires.
De Lorraine.
Monficm duTertre,doht
le Pere est estably depuis
plusieursannéesàBar-le-
Duc, a soustenu dans le
Çollegc des Jesuites de
Rheims une These dédiée
àS.A.R Monsieur le Duc
de Lorraine. Le Portrait
de ce Prince, gravé par un
habile Maistre
,
faisoit le
fonddecette These.Monteur
le Duc de Lorraine,
pour faire honneur au Soustenant,
y envoya Monsieur
le Marquisde Litta
l'un des principaux de sa
Cour, &cy-devant Grand
Maistre d'Hostel de Madame
la Duchesse de Mantouë,
avec le Pere Hugo,
Prieur des Prémontrez de
Nancy, & Historiographe
de Lorraine. La harangue
que le Soutenant addreffoit
à Monsieur le Duc de
Lorraine,estoit imprimée
au haut de la
These.
Elle
dit qu'il meritoit de porter
des Couronnes avant
qu'il en possedast, & que
sa sagesse estoit le Chefde
son Conseil & le premier
de ses Conseillers. A l'égard
du sujet de la These,
le Soutenant rejette le Systême
des Automates, ôc
¡ s'en tient aux formes substantielles
,
il rejette aussi
le Systeme de Copernic,
pour suivre celuy de Tichobrahé.
On a placé dans l'Article
des Mariages celuy
de Mrle Chevalier de
Luxembourg
)
& l'on
n'y a rien dit de la Maison.
Personne n'en ignore
la grandeur. Tous les
Livres d'histoire en font
pleins; & jévitéégalement
de parler des Genéalogies
trop connuës,
& decellesqui le fogt
trop peu: mais on place
icy
, comme Ouvrage
nouveau d'érudition, le
Discours suivant qui est
nouvellement composé
par MonsieurChevillard.
Il a fait sur cette
Maison des Remarques
tres-curieuses.Quoique
ce Discours soit treslong,
je fuis persuadé
qu'iln'ennuira pas; on
peut hasarder d'estre long
dans les sujets interessans,
&C qui est-ce qui ne s'interesse
pas à toutce qu'on
peut dire à l'occasion de
Mr le Chevalier de Luxembourg.
,
Discours
Discours nouveausur ïoriginey
1-t Genealogie, &la mal4
son de Montmorency. -% Tout le monde est persuadédel'antiquité
de l'illustre
Maison de Montmorency,&
personne ne
doute qu'elle ne soit une
des plus anciennes du
Royaume , la qualité de
premiersBarons Chrétiens
en France, avec lecry de
Guerre (Dieu aide au premier
Chrestien ) en marque la
grande antiquité. Mais la
révolution des siecles passez
a fait perdre les vieux
Titres
,
la negligence des
Historiens en dérobent
la memoire, & il est mal
aisé de sçavoir la verité de
son origine.
Celuy auquel nous avons
obligation de la connoissance
de cette Maison est
le fameux André Duchesne
qui par ses soins nous a
laisse dans un gros volume
toute sa posterité depuis
Bouchard I. qui vivoit en jj -' 954. maisil ne s'est pas embarrassé
de rapporter ceux
qui l'ont precedé
,
n'en
:t
ayant point trouvé de
preuves certaines; il rapporte
feulement ce que
d'anciens Autheurs ont dit
des premiers Seigneursde
Montmorency.
Ildit qu'il se trouve dans lapartiedes Gaules qu'on
appelle France deux insignes
commencemens de
conversion ; la premiere
par saint Denis premier
Evesque de Paris, qui a1 procuré la conversion des Gauloisla seconde saint par Remy, Archevesque
de Paris, qui convertit les
François; ces deux conversions
sont cause de deux
opinions touchant l'Autheur
d'une si nobleextraétion.
La premiere
, que LisbiusChevalierdune
tresgrande
Noblesse & d'autorité
parmy les Parisiens
estoit Seigneur de Mont-,
morency proche de cette
Ville, & fut le premier des
Gaulois qui embrassa la
Religion Chrestienne à la
prédication de saint Denis
vers l'an centième de nostre
Redemption, supposé
que ce fut saint Denis
l'Areopagite qui avoir esté
converty par saint Paul
Apostre : mais si l'on fuie
le sentiment de Gregoire
de Tours qui rapporte l'arrivée
de saint Denis dans
les Gaules sousle Coniulac
de Decius & de Gratus, la
conversion de Lisbius ne
pourroit estre que vers l'an
tJ3*
La seconde opinion qui
est de Robert Cenal, Evesque
d'Avranches, au premier
Livre de ses Remarques
Gau loises, & de Claude
Fauchée, au second Livre
de ses AntiquitézFrançoisesdisent
i que ce luy
qui a donné origine à la
Maison de Montmorency
nefutpas lefameux Gaulois
Lisbius,maisun Grand
Baron François nomme
Lisoie (lequel quand Clovis
premier Roy Chrestien
de France, fut baptisé par
saint Remy à Rheims en
499. ) fut le premier des
Seigneurs de sa suite
,
qui
se jetta dans la Cuve des
Fonds après luy
, en memoire
dequoy ses descendansmasles
ontestéhonorez
du titre de premiers
Barons Chrestiens deFrance
,
& ont tousjours eu depuis
pour cry de Guerre ,
Dieu aide au premier Chressien.
Quoy qu'il en soit, on
ne peut douter que les
deux qualitez qui ont tousjours
esté dans cetts illustre
Maison
,
de premier
Chrestien
, & de premier
Baron Chrestien en France,
n'ayent une origine
tres ancienne, &tr.--s illustre,
qui marque que les
anciens Seigneurs de
Montmorency eftoienc
des plus puissants du Royaume
: mais comme la
succession depuis Lisbius,
ou de Lisoie,n'apû se conserver
jusques à nous ,
il
faut s'en tenir à ce que
nous avons de plus asseuré,
& suivre ce qu'en a efcric
Duchesne auquel je renvoye
le Lecteur, qui commence
l'histoire de cette
Maison à Bouchard premier
, comme j'ay dit cydevant,
& quinous a donné
la suite desa posterité,
qui est rapportée dans la
Carte Chronologique de
cette Maison
, par MonsieurChevillard
qui donne
à ce Bouchard premier
un pere , un ayeul,
& un bisayeul
, que Duchesne
ne rapporte pas
mais les ayant trouvez
dans un autheur
)
il les a
rapportez pour faire connoistre
les alliances illustres
qu'ils avoient contractées,
puisque Jean Seigneur
de Montmorency pere de
Bouchard premier, qui vivoit
en 940. avoit épousé
Jeanne fille de Berenger
Comte de Beauvais, fils
d'AdolpheComte de Vermandois
, Everard Sei- j
gneur de Montmorency,
qui vivoit en 892. pere de
Jean & ayeul de Bouchard
premier, épousa Brunelle
fille deGaultier Comte de
Namur, & Leuto ou Leutard
Seigneur de Montmorency
qui vivoit en 845.
avoir épousé Everarde fille
d'un Comte de Ponchieu,
ce Leuto estoit pere d'Everard
& bisayeul de Bouchard
premier, c'est à luyqu'il
commence cet arbre
genealogique, afin defaire
connoistre les trois divers
changements qu'il y
a eus dans les Armes de la
Maison de Montmorency.
Ceux de cette Maison
avoient pris d'abord pour
leurs Armes, comme premiers
Chrestiens, d'or à la
croix de gueules;Bouchard
premier la cantonna de
quatre aiglettes ou allerions
d'azur, pour conservet
la memoire de quatre
Enseignes Impériales prises
à la victoire qu'il remporta
sur l'armée de tEmpereur
Othon II. Matthieu
II. dit le Grand, augmenta
les quatre allerions
de douze autres, en mémoire
de douze autres Enfeignes
Imperiales qui furent
prises à la bataille de
Bouvines sur l'Empereur
OthonIV. en1214 Ainsi
depuis ce temps- là les Seigneurs
de Montmorency
ont tousjours porté d'or à
la croix de gueules, cantonnée
de seize allerions
d'azur; & comme cette
Maison a formé quantité
de branches, ils ont brifé
leurs Armes differemment,
comme on le voit dans la
Carte genealogique, mais
à present comme labranche
aisnéeest éteinteenla
personne de Philippe de
Moutmorency Seigneur
de Nivelle, ôc Comte de
Horne décapité en 1^8.
auquel la branche de Fosfeux
a succedéàl'aisnesse,
toutes les autres branches
des Seigneurs de certe
Maison ont quitté leurs
brisures, & ont retenu les
Armes pleinesqu'ils portent
presentement.
La Maison de Montmorency
s'est separée en
quantité de branches, il y
en a eu plusieurs anciennes
qui font éteintes, mais
elle a conservé son nom
jusqu'à aujourd'huy, par la
succession de la branche
aisnée,dans plusieurs branches
qui subsistent,& quoy
qu'il paroisse de grandes
branches sorties de Mathieu
II. dit le Grand, Seigneur
de Montmorency
il n'y , a eu que la posterité
de son filsaisné Bouc hard
VI. qui ait retenule nom
de Montmorency, parce
que ion fils cadet Guyde
Montmorency fut Seigneur
de Laval, qui comme
heritier desa mereEme
de Laval, sortie d'une tres
noble & tres illustre Maison,
en atransmis le nom
à ses Descendans qui le retiennent
encore aujourd'huy,
ayant retenu les Armes
de Montmorency
,
la
Croix chargée de cinq coquilles
d'argent pour brisure,
comme cadets de sa
Maison.
Quant aux honneurs de
cette Maison, on ne peut
disconvenir qu'elle est des
plus illustrées
, tant dans
les alliances qu'ils ont contractées,
que dans les charges
qu'ils ont possedées,
les honneursqu'ils onteus
par leurs alliances, les font
toucher de près à tout ce
qu'il y a eu de Testes couronnées
dans l'Europe, &
pour le faire connoistre il
faut distinguer ses alliances
en trois manieres. Premierement
,
dans son ancienneté
: Secondement,
depuis
depuis la separation de ses
deux Branches, les Alliances
que celle de la Branche
de Montmorency a contractées
:
Troisiémement,
celle que la Branche de Laval
aeuës. Premierement, les Alliances
qu'ils ont eues anciennement
sont trcs considerables
puisque la premiere
qui estrapportée par
Duchesneestl'épouse qu'il
donne à Bouchard I.Elle
se nommoit Hildegarde,
& estoit fille de Thibaud I.
Comte de Chartres & de
de Bipis,ôc de Ledegarde
de Vermandois. Elle avoit
pour frere Eudes I. Comte
de Chartres & de Blois,
pere de Eudes II. Comte
de Champagne, duquel
sont forcis tous les Comtes
de Champagne; & pour
soeur Emme,femme de
GuillaumeIII. Duc de
Guyenne
, mere de Guillaume
IV. Ducde Guyenne
,
élu Roy d'Italie
, &
Empereur des Romains
duquel sont desçendus les,
Ducs deGuyenne,&Agnés
femme de l'Empereur
Henry III.
-
Hildegarde avoit pour
alliances du costé de sa
mere Ledgarde de Vermandois,
qui estoit fille de
Herbert II. Comte de Vermandois,&
d'une soeur de
Hugues le Grand, Duc de
France
,
& Comte de Paris
, pere du Roy Hugues
Capet; & aussi soeur d'Emme
,
Reine de France,
femme de Raoul, Duc de
Bourgogne, & Roy de
France, si bien qu'elle estoit
cousine du second au
troisiéme degré du Roy
Hugues Capec
,
chef de la
n'oineme Race des Rois
de France qui subsiste aujourd'huy.
Mathieu I. Seigneur de
Montmorency, Connestable
de France, épousa Aline
,
fille de Henry I. Roy
d'Angleterre, &en fecondes
nôces il épousa Alix de
Savoye
, veuve du Roy
Loüis VI. dit le Gros, mere
duRoy Loüis le Jeune, si
bien qu'il avoit l'honneur
d'estre beaupere du Roy
pour lors regnant.
BouchardV.s'alliaavec
Laurence, fille de Baudoüin,
Comte deHainaut,
descendu par les Comtes
de Flandres, de l'Empereur
Charlemagne; elle
estoit tante de BaudoüinV.
Comte de Flandres
, &
Empereur de Constantinople
,
d'Isabeau de Hainaut
,
Epouse du Roy de
France Philippe-Auguste,
& d'Ioland de Hainaut
Impératrice de Constanti-,
nople, femme de Pierre
de Courtenay, auquel elle
porta la Couronne
@
Imperiale.
Matthieu II. avoit épouse
en premières noces Gertrude
de Néelle
,
fille de Thomas Chastelain de ,
Bruges en Flandres
, &
d'une soeur d'Yves, Comte
de Soissons
,
Seigneur de
Néelle.C'estde cetteDame
quetoute la Maison de
Montmorency d'aujourd'huy
descend, parce que
Matthieu II épousa en secondes
noces Emme de
Laval qui luy donna pour
fils Guy de Montmorency,
Seigneur de Laval, comme
jelediray cy-aprés ; cette
Dame estoit soeur aisnée
d'Isabeau de Laval, femme
de Bouchard VI.Seigneur
de Montmorency, fils aisné
du premier lit de Mathieu
IL ainsi l'on peut dire
que dans la separation des
deux branches de Montmorency,
& de Laval, ils
ont les mesmes alliances,
puisque par les mariages
de ces deux Dames de la
Maison de Laval,ils se
trouvoient alliez des Maisons
de France ,
d'Angleterre,
d'Ecosse, de Castille,
des Comtes deThoulouse,&
de quantité d'autres
Maisons tres- considerables.
Secondement
,
les alliances
que la Maison de
Montmorency a contractéesdepuis
sa separation
d'avec la branche de Laval,
sont celles que Mathieu
III. contracta avec
Jeanne de Brienne fille de
Jean Roy de Jerusalem,
qui estoit fille de Henry
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem. Cette
alliance leur en donna de
nouvelles avec la Maison
de France,puisque Henry
Comte
Comte de Champagne
Roy de Jerusalem
,
avoit
pour mere Marie de France
fille du Roy Loüis le
Jeune, avec les Roys de
Navarre de la Maison de
Champagne
, & avec les
Roys de Jerusalem & de
Chypre, de la Maison de
Lefignen.
Mathieu IV.ditle Grand,
Seigneur de Montmorency
,
fils de Mathieu III.
s'allia avec Marie de
Dreux Princesse du sang
de France, fille de Robert
IV. Comte de Dreux,
qui avoit pour quatriéme
ayeul Robert de France
Comte de Dreux fils du
Roy Loiiis le Gros. D'ailleurs
elle estoit sa parente
par trois endroits,d'abord
au quatriéme degré du
costé maternel par laMaison
de Craon , parce que
Maurice Seigneur de
Craon fut pere de Havoise
de Craon,femme de Guy
VI. Seigneur de Laval, qui
estoit pere d'Isabeau de Laval
mar iée à Bouchard VI.
Seigneur de Montmorency
ayeul de MathieuIV.
Et d'Amaury de Craon,
pere de Jeanne de Craon
femme de Jean Comte de
Montfort ayeulle maternelle
de ladite Dame Marie
de Dreux, par la Maison
de Montfort. Elle estoit
sa parente du quatriéme
au cinquiémedegré,
& par celle de Coucy du
cinquiéme au sixiéme.
Ce ne seroit jamais fait
si on vouloit particularifcr
toutes les alliances les unes
aprés les autres, on se renferme
aux trois recentes; sa
premiereest celle queHenry
Duc de Montmorency
II. du nom,Pair, Marechal
& Amiral de France,
contractaavec Marie Felice
des Ursins en 1612 par
l'entremise du Roy Louis
XIII. & de la Reine Marie
de Medicis sa mere 3,
pour lorsRegente du Royaume
)
qui estoit sa parente
du deuxiéme au troisiéme
degré, puisque la
Reine avoir pour pere
François deMedicisGrand
Duc de Toscane
,
qui estoit
frere d'Elisabeth de
Medicis femme de Paul
des Ursins Duc de Bracciano,
ayeul de Madame la
Duchesse de Montmorency
: ainsil'on peut voir par
cette alliance, l'estime que
le Roy Louis XIII. d'heureuse
memoire,faifoic de
cetteMaison,puisqu'il faisoitépouserà
Monsieur le
Duc de Montmorency sa
parenteau troisiéme degré.
La féconde alliance des
trois ausquelles on s'est retranché
,
est celle de Charlote
Marguerite de Montmorency
,soeur & heritiere
de HenryII. Duc de
Montmorency mort sans
posterité
,
laquelle épousa
en 1609. Henry de Bourbon
II. du nom Prince de
Condé. Cette Princesse
aprés la , mort de son frere
, herita du Duché de
Montmorency, & de plusieurs
autres biens qui sont
entrez parcette alliance
dans laMaison de Condé.
La troisiéme alliance est
celle que fit François Henry
de Montmorency Duc
de Piney -
Luxembourg,
forti de la branche de Bouteville,
quiépousaen 1661.
Magdelaine- Charlotte-
Bonne-Therese de Clermont
Duchesse de Piney-
Luxembourg,fille de Charles-
Henry de C lermont-
Tonnerre, & de Marie de
Luxembourg Duchesse de
Piney
,
qui se défit de sa
Duché en mariant sa fille, àcondition que son époux
porteroit le nom & les Armes
de Luxembourg
,
luy
transmettant le droit de sa
Duché femelle, afin de
conserver le nom de cette
illustre Maison, qui a donné
plusieurs Empereurs
des Romains, des Roys de
Boheme, des Reines de
France, & à d'autres Couronnes
de l'Europe.
Ayant cy-dessus distingué
les alliances de la Maison
de Montmorency en
trois manieres. Premierement
, dans son commencement.
Secondement, depuis la separation de ses
deux grandes branches, &
en troisiéme lieu, en celle
que la branche de Laval a
euë depuis sa separation
d'avec celle de Montmorency.
J'en rapporte quatre
qui sont d'une tresgrande
îllustration. La premiereest
celle que Guy X.
Comte de Laval contracta
en 1347. avec Beatrix
fille d'Artus Duc de Bretagne
, &dont l'arriere petite
filleIsabeau de Laval
épousa Loüis de Bourbon
Comte de Vendôme. C'est
cette seconde alliance qui
doit aujourd'huy faire plus
de plaisir à la Maison de
Montmorency; puisque
c'est de cette Isabeau de
Laval que descend toute la
Maison Royalle de Bourbon,
estant la sixémeayeulle
paternelle de nostre
grand Monarque Loüis
XIV. à present regnant;
qui voit en cette presente
année 1711. son Throfne
affermi dans sa Maison
pour plusieursannées par
la naissance de ses arriere
petits fils Monseigneur le
Duc de Bretagne, &Monseigneur
le Duc d'Anjou,
&par cette alliance toutes
les Testes couronnées de
l'Europe qui regnent aujourd'huy
,
sont alliéesà la
Maison de Montmorency,
La troisiéme alliance
qui fait encore honneur à
cette Maison, c'estdevoir
René d'Anjou Roy de Na",
ples & de Jerusalem
,
qui
épousa Jeanne de Laval en
fecondes noces, mais cette
Reine n'en ayant point eu
d'enfans ,il n'est resté à sa
famille que le plaisir de
s'en souvenir.
La quatriéme & demiere
alliance est celle de
Charlotte d'Arragon fille
de Federic d'Arragon Roy
deNaples, qui fut femme
de Guy XVI. Comte de
Laval; ils eurent plusieurs
enfans, entre autres deux
filles, dont l'aisnée Catherine
de Laval épousa Claude
Sire de Rieux,qui porta
dans la Maison deColigny
le Comté de Laval,
qui a présl'excinction de
cette branche,est tombé
dans celle de sa soeur cadette
Anne de Laval qui
épousa François de la
Tremoille Vicomte de
Thouars,dont est descendu
Monsieur le Duc de la
Tremoille qui possedeaujourd'huy
le Comté de Laval,&
quiàcause de cette
alliance,faitses protcftations
à tous les Traitez de
Paix
,
où il envoye une
personne pour le reprefen"-
ccr , prétendant au Royaume
de Naples comme
heritier d'Anne de Laval
sa quatriéme ayeulle.
-
Sans s'attacher à toutes
les alliances souveraines
de cette illustre Maison,
je diray qu'il y en a quantité
d'autres tres conGderablesquiluy
sont alliées,
& le grand nombre de
Maisons qui y ont pris des
femmes, tient à honneur
d'en estre descendu
,
& se
font un plaisir d'arborer les;
Armes de Montmorency
dansleursalliances.
L'on voit parmy les 1
Grands Officiers du Royaume
de France plus de
Seigneurs de laMaison de
Montmorency que d'aucuneautreMaisons
l'on y
compte deux grands Senéchaux,
six Connestables,&
un Connestable d'Hibcrnie,
neufMaréchaux,quatre
Grands Amiraux, trois
Grands Maistres de la
Maison du Roy, trois
Grands Chambellans,deux
Grands Bouteillers ou Eschansons,
& deux Grands
Pannetiers.
Plusieurs Connestables,
& autres Grands Officiers
de France, sont sortis de
cette Maison tres illustre,
ouenontépousédesfilles,
outre que cette Maison a
aussi produit plusieursDucs
&DuchelTes.
Quoy que la vertu & la
Religion ayent tousjours
esté le partage des Seigneurs
de Montmorency
neanmoins l'on , en voit
tres peu qui ayent estérevestus
de Dignitez Ecclesiastiques;
l'on en voitcependant
un Archevesque
Duc de Reims, des Evesques
d'Orleans, & peu
d'autres.
ilsontencore l'honneur
d'avoir un Saint reconnu
par l'Eglise,donton revere
la memoire aux Vaux
de Cernay enBeauce,c'est
saint Thibaud de Mont-
-
morency Seigneur deMarly,
fils de Mathieu premier,
&
dAline d'Angleterre, lequel
se croisa en 1173. pour
le voyage de la Terre sainte.
A son retour il se fit
Religieux de l'Ordre de
Cisteaux, en l'Abbaye du
Val, puis ilfut Abbé des
Vaux de Cernay à quatre
lieuës de Versailles, entre
Chevreuse &: Ramboüillet,
où il mourut saintementvers
l'an 1189.
Enfin tant de grandeur
dans une Maisonfaitassez
connoistre que la valeur a
esté hereditaire dans l'âme
des Seigneurs de Montmorency,
& leur a tait meriter
tous ces honneurs,
pour avoir tousjours refpandu
leur fang pour la
deffensede leurs Roys, &
de leur patrie, s'estant tousjours
trouvez à la teste des
Armées qu'ils commandoient
en chef, où ils ont
fait paroistre leur courage
avec éclat au milieu des
plus grands perils.
Je n'en veux point un
plus grand exemple que
celuy d'Anne de Montmorency
Duc, Pair, Marechal
,
Connestable
, k,
Fi
Grand Maistre de France,
lequel aprèsavoirblanchi
fous le harnois militaire,
pour la deffenseduRoy,
& de la patrie, remporta
dans le tombeau la gloire
d'estre mort au lit d' honneur
,
puisque commandant
l'Armée Royalle à la
Bataille de saint Denis, il
y receut huit coups mortels
,
dont il mourut deux
jours aprés en son Hostel
de Montmorency à Paris,
estant âgé de prés de quatre
vingt ans, comblant
par ce moyen les derniers
jours de sa vie d'une fin
tres glorieuse, a prés avoir
servy cinq Roys, & après
avoir passé par tous les degrez
d'honneur, & s'estre
trouve à huitBatailles, en
ayant commandé quatre
en chef; aussi le Roy Charles
1X. voulant honorer la
memoire de ce grand Chef
de Guerre
,
ordonna que
sa Pompe funebre fust faite
en l'Eglise de Nostreme
de Paris,avec toute la
magnificencepossible, où
toutes les Cours souveraines
assisterent par ordre du
Roy. De là son corps fut
porté en l'Eglise de saint
Martin de Montmorency,
& son coeur en celle des
Celestins de Paris, où il
futmis dans un Caveau,
proche de celuy du Roy
HenryII. Il estoit bien
juste qu'un coeur quiavoit
esté aimé de son Prince,
& qui avoit eu part à ses
plus im portantes affaires,
fust après son trépas inhumé
proche de celuy qui
luy avoit fait tant d'honneur
durant sa vie,
Mr Chevillard vient de
mettre au jour une Carte
qui a pour Titre: Succession
Chronologique des Empereurs,
&des Impératrices d'Occident,
depuis Charlemagnejusqu'à
present.
On n'entreprend point
de rapporter dans cette
Carte les Empererus Romains,
ni les Empereurs
d'Orient, on s'est borné
à rapporter la Chronologie
des Empereurs, & des
Imperatrices d'Occident,
qui sont ceux qui ont regnéen
Europe depuis l'an
800. On commence par
Charlemagne que l'erreur
commune fait le restaurateur
de l'Empired'Occident
, quoyqu'il soit vray
qu'il estoitEmpereur avant
qu'il cust eHé reconnu tel
par les Romains estantEmpereur
par sa feule qualité
de Roy des François, l'Empire
d'Occident ou du
moins celuy des Gaules
ayant este cedé à Clovis en
508. & confirmé à ses petitsfils
par l'Empereur Justinien.
Il eftvrayque depuis
l'an875. on n'a reconnu
pour Empereurs que
ceux qui ont esté reconnus
tels par les Papes, que mesme
les Rois de Germanie;
& d'autres qui ont esté couronnezEmpereurs,
n'ayant
priscetitre, du moins jusqu'ausiecle
dernier, qu'après
ce couronnement, se
contentant, jusqu'à cette
ceremonie
,
de celuy de
Roy desR omains ou d'Empereurélu.
On met neanmoins
dans cette Carte
ceux que l'erreur publique
reconnoist pour Empereurs
ou qui ont ~estéélus
im Empereurs,
Empereurs
, par des partis,
pour les opposer à ceux
qui avoient esté légitimément
élûs,ilssont distinguez
par des Couronnes
differentes.
Discours sur la Dignité des
Empereurs
y
&surson
origine.
Le titre d'Empereur a
pris son origine des Romains
, elle ne signisïoit
au dessous de celuy de Roy,
&marquoit une puissance
moins absoluë, ce qui porta
Auguste à lu prendre,
lorsque vingt neuf années
avant la naissance de jesus-
Christ, il Ce fut rendu maistre
de Rome, & de tous les
pays sourmis à la Republique
Romaine, fous ce seul
titre d'Em pereur il jouit
d'une authoritésouveraine.
Ses successeurs prirent
ôc porterent lemesme titre
qu'ils eurentdans la
fuite fort superieuràceluy
de Roy, parce que leur
puissance & leur domination,
estoit plus grande que
celle, d'aucun Roy de la
terre.
Les pays soumis à la domination
Romaine s'appellerenc
l'Empire Romain,
cet Empire estoit
d'une estenduë tres vaste
il arrivoit souvent , par des
révoltés qu'on voyoit s'y
élever des Empereurs, que
l'ambition Romaine n'a
traité que de Tyrans. Postume
s'éleva de la force en
260.&forma l'Empire des
Gaules, qui comprenoit les
Gaules, l'Espagne & les
Isles Britanniques.
Cet Empire des Gaules,
decacbe de l'Empire Romain
,
subsista peu ,
&- se
restablis dans la fuite par
des parcages. Il fut le seul
que l'Empereur Contrant
pere de l'Empereur Constantinaitpessedé
; ce dernier
réunit tout l'Empire
en fo personne
)
ses fils le
partagerent, Constantin
, qui estoit l'asné,eut l'Empire
des Gaules & le posseda.
Dans la suite, & partie
culierement depuis la more
du grand Theodose
,
l'Empire
Romain setrouva partagé
en deux; sçavoir l'Empire
d'Occident, dont Rome
estoit la Ville capitale,
& l'Empire d'Orient, qui
avoir Constantinople pour
Ville principale; l'Empire
d'Occident finitenlapersonne
d'Auguste Momille
pris prisonnier & déposé
le31.Octobre476. L'Empire
d'Orient a fini le 20.
May 1453. par la mort de
Constantin Paleologue,qui
deffendant la Ville de Constantinople
contre Mahomet
II. Empereur des
Turcs, qui la tenoit assiegée.
Constantin fut étoufsé
par la foule à une des
portes de laVille,son corps
ayant ellé trouvé on luy
coupa la teste, qui futmise
au bout d'une pique, les
femmes & les enfans qui
restoient de la Maison Imperiale,
furent maflàcrez.,
ainsi finit l'Empire d'Orient
qui a esté depuis aux
Turcs qui le possedent depuis
ce temps.
L'Empire d'Occident,
ou du moins celuy des
Gaules, fut cédé à Clovis
en 508. ôc confirmé à ses
petits fils par rEmpereur
Justinien, ainsi Charlemagne,
que l'erreur commune
fait le restaurateur de
l'Empire d'Occident en
800. estoit Empereur par
sa seulequalité de Roy des
Françoise l'Empire a resté
dans la famille l'espace
de cent onze ans pendant
le regne de
neuf
Empereurs
descendus de luy,
cinq desquels ont este
Rois de France,aprés quoy
l'Empire a passé a desPrinces
dedifférentes Maisons
parélection. Il y en aeu
cinqde la Maison de Franconie
,
cinq de la Maison
de Saxe ,
sept de celle de
Souaube, deux de celle de
Brunswick,un de celle de
Nassau
,
cinq de celle de
Luxembourg
,
deux de Baviere,
seize de celle d'Autriche
, y compris l'election
del'Archiduc, desquels
seize Empereurs il y
en a treize de fuite & sans
interruption depuis l'élection
de l'EmpereurAlbert
*11. en 1438. qui font deux
cens soixante & rreize ans
que l'Empiren'est pas forty
de leur Maison. Il y a
eu quantité d'autres Maisons
quiontesté honorées
de la Pourpre Imperiale
r comme font celles de Spolette,
de Provence , de
Frioul, de Quefort
,
de
Hollande, d'Anglererre
,
& d'Espagne;tous lesquels
Empereurs se voyent dans
i la Carte que Mr Chevil-
[lard Historiographe de
France,&Genealogiste du
Roy vient demettreau
jour, dans laquelle font
compris chronologiquement
tous les Empereurs
d'Occident depuis Charlemagne
jusqu'à present,
avec les Impératrices leurs
Epouses.
- Monsieur Chevillard a
donné au public depuis
vingtans nombre de Cartes
de Chronologie, d'Histoire,
& de Blason, en qua- tre vingt deux feuilles, ôc
travaille à plusieurs autres
sujets, qu'il esperequi seront
plaisir au public. On
trouve encore chez ledit
Chevillard une grande
Carte en huit feuilles, de
l'histoire de l'ancien Testament
en genealogie, depuis
Adam jusqu'àJesus-
Christ
,
dans laquelle, outre
la Genealogie,il se trouve
l'Histoire sainte,& celle
desRoys contemporains
des Patriarches.
Monsieur Chevillarddemeure
tousjous rue neuve
[ Nostre-Dame, au Duc de
Bourgogne.
Vous venez de voir l'origine
des Empereurs; voi-
;, cy les ceremonies de leurs
couronnements.
LEmpereur doit estre
couronne trois fois, & ce
n'est que par le dernier
couronnement qu'il esten
pleinepossession de son
estar.
Le premier couronnement
se doit faire a Aixla
Chapelle, où il est couronné
Roy de Germanie.
Cette ceremonie ie faiten
luy,métrant lur la teste la
Couronne de Charlemagne,
& en le revestantdes
autres ornements Royaux
qu'oncroit avoir servy à ce
Prince. Le Magistrat de
Nuremberg qui les a en
garde les apporte à Aix- laChapelle. On les appelle
ordinairement les
Joyaux ,ou les Clinodes de
l'Empire,en latin Clinodia
Imjxrik II arrive-souvent
que le couronnement ne
sefait pasà Aix, mais dans
une autre Ville d'Allemagne,
soit que la Guerre foit
-
dans les environs de cette
Ville, foit qu'il y ait des
maladies contagieuses, ou
par d'autresraisons que le
College des Electeurs trouve
valables. L'Empereur
Joseph avoit esté couronné
à Augsbourg
,
& son
pere l'Empereur Leopold
avoit esté couronne à
Francfort.
Suivant le quatriéme
Chapitre dela Bulle d'or,
le droit de couronner
l'Empereur à Aix-la-Chapelle
appartient à l'Electeur
de Cologne. Quand
il est arrivé que le couronnement
ne s'est point fait
à Aix, l'Eleveur dans la
Province Ecclesiastique
duquel il s'estfait, luy a
disputé son droit. Il a prétendu
que l'honneur de.
couronner l'Empereur,
n'estoitdéféré par la Bulle
d'or à l'Electeur de Colo- ,
;
gne que parce qu'Aix -la-
Chapelle est dans le ressort
Ecclesiastique de l'Archevesché
de Cologne. Jean
Philippe de Schonborn
Electeur de Mayence prétendit
couronner l'Empe-
: reur Leopold, parce que
; le couronnement de ce
Prince se faisoit à Francfort,
qui est du ressort de
l'Archevesché de Mayence.
Depuis ila esté fait
une transaction entre l'Electeur
de Mayence &celuy
de Cologne, qui dit
que lorsque le couronnement
se fera à Aix-la-Chapelle,
ilfera tousjours fait
par l'Eleveur deCologne.
Quand il se fera hors du
ressort de l'Archevesché de
Cologne
, ces Electeurs
doivent alterner. Le dernier
qui est celuy de l'Empereur
Joseph
,
fut fait à
Augsbourg par les mains
de l'Electeur de Mayence
de la Maisond'Ingelheim.
Ainsi c'est à l'Eledeur de
Cologne j.
Cologne à faire le premier.
",,: Quand on élit un Roy
des Romains, on le couronne
comme Roy de Germanie.
L'Empereur J oseph
fut ainu couronné à Augsbourg
en 1690 Voila pourquoy
il ne fut plus couronné
en Allemagne après la
more de son pere l'Empereur
Leopold.
Le secondcouronnement
de l'Empereur se doit
faire dans TEstas de Milan
avec -
la couronne des
Roys de Lombardie qu'on
appelle vulgairement la
Couronne de fer, quoy
qu'elle soit d'or, parce
qu'elle efl: soustenuë par un
cercle intérieur de fer. Par
ce couronnement l'Empereur
eA Roy de Lombardie.
Le troisiéme couronnement
se doit faire à Rome
par les mains du Pape, &
ce n'est que par ce troisiémecouronnement
que le
Prince est Empereur, & le
premier des Souverains de
la Chrestienté.Jusqu'à ce
couronnement luy-mesme
ne prend pas le titre d'Empereur
des Romains, mais
feulement le titre d'éleu „
Empereur des Romains.
On ne conçoit pas comment
il s'est estably
,
qu'il
ait néanmoins par luy &
par les Representants les
mesmes prérogatives que
s'il estoit veritablement
couronne Empereur quoy
cjue sa dignité ne soit qu'élective.
Charles Quint est
le dernier des Empereurs
qui ait esté couronné en
Italie, les autres n'ont esté
couronnez que comme
Roys de Germanie. CepenJdant
ils ont voulu se
mettre en possession de
tous les droits des Empereurs,
nrefme de ceux qui
paroissent attachez leplus
inseparablement à la couronneImperiale,
& au ferment
que le Prince éleu
doit faire à l'Eglise Romaine
en la recevant par les
mains duPape.Telest le
droit des premirresPrieres,
qui est à peu prés le mesme
que celuy qu'on appelleen
France Droit de joyeux avenement
à la Couronne.
»
Il consiste à nommer au
premier Canonicat vacant
dans les Cathedrales,tant
dans les Chapitres Catholiques,
que dans les Chapitres
Protestants. Quand
l'Empereur Joseph eut esté
éleu Roy des Romains, &
couronné Roy de Germanie
, son pere l'Empereur
Leopold consulta les plus
habiles gens d'Allemagne
pour sçavoirsi son fils, en
vertu de ce couronne- •
ment ,
pourroit se mettre
en possession du droit des
premières Prieres, Leurs responses
n'estant pas favorables,
il n'y eut point de
décisionen forme.
Monsieur Sevin a donné
la premiere. partie de
sesRecherches sur l'Empire
des Assyriens, Dans
le dessein de développer
l'histoire de cette ancienne
Monarchie
3
il commencé
par examiner quelle en a
esté l'origine. Quoy qu'eni
dirent la pluspart des au- j theurs modernes,il fouftient
qu'Assur en doit estre
regardé comme le premier
Fondateur, chassé du pays
de Babylone par Nemrod,
il se retira au delà du
• Tigre dans les Provinces
qu'arrosent le Lyc & le
Caper. Ce futl'an 190. ou
environ après le Deluge
que les fondements de cet
Empirefurentjettez. Ilparoist
par ce qu'en dit l'Ecriture,
que dèsses commencements
il fut assez considerable
; ses Roys néanmoins
pendant plus de six
siecles
) ne firent aucune
figure dans l'Orient. Belus
fut le premier qui entreprit
de faire des con-'
1
questes
,
& ce Prince n'à
vescu que deux cens vingt
deux ans avant la fameuse
guerre de Troye. C'estce
queMr Sevin prouve par
les resmoignages de Thallus,
d'Herodore, de Denys
d'Halicarnasse, d'Appien,
de Porphyre & de Macrobe
: il fait voirenfuite
comment ce Prince s'empara
de la Province de Baby
lone. Voilà en peu de
mots le filjet de tout le
Discours de Mr Sevin.
MERCURE,
11. PARTIE.
AMUSEMENS.
v,ieJnt7iue1rnetMçoiéiimsdoainreslseuyrumnoeavanture,
je vrJudroü
pour l'amour du Lecteur,
quellefût-inotos verita-
,
ble (f'plw jolie ,elle MOIriteroit
mieux le nom
d'Historiette que jeiluy
donné feulefnent parcs
quon en <veu\ une chaque,
mois ,
pardonnez, U
négligence du style,,, les
lm'oissontbien cours pour Autheur du ivercore.
LE BON MEDECIN,
HISTORIETTE. L £ftc dernierunriche
Bourgeois de
Paris alla faire un voyage
à Rouen, & laissa
chez lui sa fille, pour
avoirsoin de son ménage,
elle prit tant de plaisirà
le gouverner, que
cela luy donna envie
d'en avoir un à elle; un
jolivoisin qu'elle voyoit
quelquefois fortisioit
beaucoup cette envie,
elle l'aimoit,elle en étoit
aimée, en un mot ils se
* convenoient, c'étoit un
mariage fait, il n'y manquoitque
le consentement
dupere, &ils ne
doutoient point del'obtenir
àson retour : il$
se repaissoient un jour
ensemblede cette douce
efpprance, lorsque la
fillereçût une lettre de
ce pere absent,; elle ouvre
la lettre,la lit, fait
,
un cri, & la laisse tomber
: l'amant la ramasse,
jette les yeux dessus, Be
.faitun autre cri.CrueLlesurprisepour
ces deux
tendres amans!pendant
qquueecectettetfei4l..1lte se marioic
de san côté, le pere l'avoit
mariée du fien, &c
luy écrivoit quelle se
préparât à recevoir un
mary qu'illuy amenoit
de Roüen.
Quoiqu'il vienne de
t bons maris de ce pays- là, elle aimoit mieux
celui de Paris. La voila
desolée
,
son ainant se
desespere] après les
pleurs & les plaintes on
songe au remede
,
la
fille n'en voit point
d'autre pour prévenir
un si cruel mariage qua
de mourir de douleur
avant que son pere arrive.
Le jeune amant
imagina quelque chofç
de mieux, maisil n'osa
dé-1 couvrir s{'on ddesrs("ein et
sa maîtress.Non,difoitil
en luy-même, elle
n 'approuvera jamais un
projet si hardi, mais
quand j'aurai réiïfli, elle
me pardonnera la hardiesse
de l'entreprise, les
Dames pardonnent fouvent
ce qu'elles n'auroient
jamais permis.
Notreamantlaconjura
de seindre une maladie
subite pour favoriser un
dessein qu'il ayoit, &
sans s'expliquer davantage
il courut à l'expedient
qui nétoit pas
pas trop bien concerté:
Le jeune homme étoit
vif, amoureux & étourdi,
a cela près très raisonnable
:mais les
amans les plus raisonnables
ne sont pas ceux
qui réussissent le mieux.
s: Célui-ci s'étoit souvenu
a propos qu'un
Medecin de Rouen ctoic
arrive chez un ,a~utre Medecin son frere, qui
logeoit chez un de ses
amis; il s'imagina !que
celMédecin de Rôiléh
pourroit bien être Ton.
rival, il prit ses mesures
là-dessus.
'*.Tl. etoit
-
allez beau
garçonpour avoir couru
plusiéurs fois'le bal
en habit de fille.A ce
déguisement,Soutenu
d'une voixunpeu fe^
minine,il ajouta un corset
garni d'ouatre à peu
pré^jufeju^ala grosseur
Convenable à une fille
enceinte de sept àdlUic
mois:ainsidéguisé dans
une chaise à porteur,
sur la brune il va mysserieusement
chez le
Medecin, se. dourantf
bien que le secret qu'it
alloit luiconfier fcroiei
bientôt revelé à Fautro
Medecinson frere ; La
choseluyrétissit mieux!
encore, car le Medecin
de Paris n'étoit point
chez luy
3
n'y devoit
rentrer que fort tard, &
le Médecin de Rouën
étoit arrivé ce jour-là ,
&C se trouvant dans la
salle se crut obligé de
recevoir cette Dame 1
qui avoitl'aird'unepratique
im portance pour
son frère. Ilengageala
conversation avec la
fausse fille, qui ne luy
laissoit voir son visage
qu'à travers une cocfFer
Elle luy tint des discours
propres à exciter
la curiosité, & paroissoit
prend re confiance
aux fiens à mesure qu'il
étaloit son éloquence
provinciale pour luy
paraître le plus habile
ce le plus discret Medecin
du monde. Dés qu'-
elle eut reconnu son
homme pour être celuy
qui la dévoie épouser,;
c'est-à-dire qui dévoie
épouser sa maîtresse dont il vouloit faire , ici
le personnage
)
il tirât
son mouchoir, se migt
à pleurer & sanglotter
fous ses coësses, & après
quelqu'une de ces ceremonies
de pudeur que
l'usage a presquautant
abrégées que les autres
ceremonies du vieux
temps; il parla au Me"
decin en ces termes.
Monsieur ,vous me
paroissez si habile M si
galant homme, que ne
connoissant pas Monsieur
vôtre frere plus
.) que vous,jaime encof
rree mieux me ccoonn-fsieir %àa
vous qu'a luy: esuite
la considence se fit presque
sans parler, la jeune
personneredoubla
¡
les pleurs, Se entr'ouvrant
son écharpe pour
faire voir la tailled'une
femmegrosse,elle dit,
Vous voyez, la plus malheureusefille
dumonde.
LeMedecin des plus
habiles, connut, sans
luy tâter le poulx, de
quelle maladie elle vou- loitguérir,il luy dit,
pour la consoler, qu'il
couroit beaucoup de ces
maladies-là cette année
6C qu'apparemment on
luy avoit promis ma*.
riage,helas !oüi, repliqua-
t-elle, mais le
malheureuxqui m'a séduiten'a
ni parole,ni
honneur.
Aprés plusieurs invectivescontre
le se..
tduâxur .& contre ellemême
,elleconjura Ile
: Medecin de luy donner
quelqu'unde cesremedes
innocens,qui précipitent
le dénouëment
del'avanture,parce
«
qu'elle attendoit dans
vpeuiunn Mcarey d.e Pro-
Quoique leMedecin
nes'imaginapasd'abord
qu'il put être ce Mary
de Province qu'on attendoit,
il ne laissa pas
d'avoir plus de curiosité
qu'il n'enavoit eu
jusques-là, & pour s'attirer
Uconfidence entiere
,
il redoubla ses:
protestations de zele ÔC
dediscretion, Enfin
aprés
aprés toutes les simagréesnecessaires
nôtre
jeune homme déguisé
luy dit : Je fuis la fille
d'un tel, qui m'a écrit
de Rouën, qu'il m'avoit
destinée un honnê-
, te homme, mais tel qu'il
soit, on est trop heureuse
de trouver un Mary
a prés avoir ététrompée
par un amant. Vous
comprenez bien quel
fut l'effet d'une telle
confidence sur le Medecin,
qui crut voir sa
future épouse enceinte
par avance, il demeura
immobile, pendant que
luy embrasant les genoux,
elle le conjuroit
de conduire la chose de
sa çon, queni sonPere,
ni le Mary qu'elle attendoit,
ne pût jamais
soupçonner sa sagesse.
Le Medecin prit ladessus
le parti de la difcretion,
& sans témoigner
qu'il fût l'honnête
homme, que l'on vouloit
charger de l'iniquité
d'autrui, il offrit son
secours, mais on ne l'accepta
qu'à condition
qu-il ne la verroit point
chez son Pere, on fupposoit
quele Medecin
feroit assez delicat pour
rompre un tel mariage,
& assezhonnête homme
pournepoint dire
la cause de la rupture.
Le Medecinallachez
Je Pere dés qu'il le fçut
arrivé, ce Pere luy dit
avec douleur qu'il avoit
trouvé - en arrivant sa
fille tres malade,& ce#*
lui-ci, qui croyoitbien
sçavoir quelle étoit sa
maladie, inventa plusieurs
pretextes de rupture,
mais le Pere esperant
que la beauté de
sa fille pourroitrenouër
cette affaire qu'il souhaittoit
fort, mena nôtre
homme voir la malade
comme Medecin, J
i&C elle le reçût comme
tel, ne se doutant point
qu'ilfût celuiqu'on lui
vouloit donner pour
mary, son Pere n'avoit
encor eu là-dessus aucun
éclaircissemetavec elle,
tla voyant trop mal pour
luiparler si-tôt de mariage
;le Medecin, qu'il
[pria d'examiner la ma- ladie de sa fille, parla
avec toute la circonspey<
5tion d'un homme, qui
ne vouloit rien approfondir;
il demanda du*
temps pour ne point
agir imprudemment,
cette discretion plût
beaucoupà la malade,
elle crût que
connoissant
bien qu'elle fei-1
gnoit cette maladie, &:Il
qu'elle avoit quelque
raison importante pour
feindre, il vouloit lui
rendre service; dans
cette idée elle le gracieusa
fort, il répondit
à ses gracieusetez en
Medecin qui sçavoit le
monde, en forte que cette
consultation devint
insensiblement uneconversation
galante, cc&
assez la methode de nos
Consultans modernes,
&C elle vaut bien,pour
les Dames, celle des anciens
Sectateurs d'Hipocrates.
Letouragreable
que prit cette entrevue
,donna de la gayeté
au Pere, qui dit en badinant,
que comme Perc
discret illaissoit sa fille
consulter en liberté son
Medecin,& les quitta,
croyant s'appercevoir
qu'ils ne se déplaifoient
pas l'un à l'autre.
Voila donc le Medecin
& la malade en liberté
, leur tête-à-tête
commença par le silence,
la fille avoit remarqué
dans ce Medecîn
tous les sentimens d'un
galant homme, mais
elle hesitoit pourtant
encor
encore à lui con fier
son secret. Lui de son
côténecomprenoic pas
bien pourquoy elle hesitost
tant; si l'on fc
souvient icy de l'entrevue
du Medecin & de
l'amant déguisé en fille
enceinte, on comprendra
qu'une si grande
refcrvc dans cette fille
tquil croyoit la racine,
devoit le surprendre;
cependant il y a des
filles si vertueuses,qu'-
un secondaveu leur
coûte presque autant
que le premier. Nôtre
Medecintâchade rIapa
peller en celle-cy cette
confiance dontil croyoit
avoir été déja honoré.
Cela produisit une
conversation équivoque,
qu'on peut aisément
imaginer, la fille
lui parloit d'une maladie
qu'elle vouloit feindre
pour éloigner un '¡
mariage, & le Medecin
d'une autre maladie
plus réelle, dont il croyoit
avoir été déja le
confident. Quoyqu'il
touchât cette corde tres
delicatement, la fille en
fremit de surprise &
d'horreur
,
elle pâlit,
elle rougit,elle se trouble,
tous ces symptomes
étoient encor équivoques
pour le Medecin,
la honte jointe au
repentir fait à peu prés
le même effet, il se fer
pour la rassurer des lieux
communs les plus confolans
) vous n'êtes pas
la feule à Paris, lui dits
il, ce malheur arrive
quelquefois aux plus
honnêtes filles,les meilleurs
coeurs font les
plus credules, il faut esperer
qu'il vous épousera.
On juge bien que Pcclairciffement
suivit de
, prés de pareils discours,
mais on ne sçauroit imaginer,
la
-
surpriseoùils
furent tous deux quand
la chose fut mireau net,
le Pere arriva assez tôt
pour avoir part à eclairciffement
& à la
surprise, ils se regardoient
tous trois sans de-
(Sviner de quelle part venoit
une si horrible calomnie
, la fille même
n'étoit pas encor au fait
lorsque son amant arriva
de la maniere que
vous allez voir.
Pendant que cecy se
passoit, l'amant inquiet
vint s'informer de la
fille de Chambre sur le
mariage qu'il craignoit
tant; elle avoit entendu
quelque chose de la rupture,
elle l'en instruisit,
& il fut d'abord
transporté de joye :
mais ayant appris enfuite
que le Medecin
venoit d'avoir un grand
éclaircissement avec Je
Perc &; la fille,il perdit
la tramontanne & courut
comme unfolà la
chambre de sa Maîtresse,
& la transporté de
desespoir il lui demanda
permission de se percer
le coeur avec son
épée, il n'osa faire sans
permission cette seconde
sottise qu'elle n'auroit
pas plus approuvéeque
la premiere; il entra
donc, & se jetta la face
contre terre entre le
Pere, lafille & leMedecin,
qui le regardoiêïq
toustrois sans dirernOt
lafille parla la pretnÍre,
comme de raison, <
& son amour s'étant
changé en colère,cilen
ne parla que pour fini- j
droyer le pauvre jeune
homme,elle commença
par lui défendre de i
la voir jamais, 1-e Pere j
aussioutré qu'e lle
,
le
fît sortit de sa Maiion,
S£ la fille aussi-tôt
offrir la main au Me*
edecin pour se vengerde
ITofFenfè qu'elle avoit
reçûë du jeune homme, .f
Ile Medecin convint
qu'il meritoit punition,
S8c dit qu'il alloit luymêmelefaire
avertir
b,qu"il1 n'avoit plus rien. à _1 prétendre , , ainsi après
que le pere & la fille eurent
donne leur paroleau
Medecin, il promit - de revenir le lendema in
[pour terminer le maria-
JSeLe
Pere& lafillepaf-j
ferent le reste du jour àj
parler contre Fimprudent
jeune homme ;
laj
fille ne pouvoit s'en laf-j
fer,& son Pere en laj
quittant lui conseilla de
dormir un peu pour appasser
sa colere, lui
faisant comprendre qu'-
un amant capable d'une
telle action ne meritoit
que du mépris. La nuit
calma la violence de ses
transports,maisaulieu
Bu mépris qu'elle atten-
Boit, elle ne sentit sucseder
à sa colere que de
l'amour,^lle fit tant pourcent
reflexions sur
te rifqueou l'avoitmise
zc jeune homme d'être
'c.[ujet d'un Vaudevil-
4e, maiselle ne put trouver
dans cette action
f"que de l'imprudence 8c
tle l'amour, & le plus
blâmable des deux
rnieelseerrttqquu'aà pprorouuvveerr
l'excez de l'autre, en.~
sorte qu'avant le jour
elle se repentitd'avoir
donné sa parole, & fut
bientôt après au desespoir
de ce qu'il n'y avoit
plus moyen de la retirer.
Quand le Medecin revint
il trouva son épou"f1
se fort triste, je me doutois
bien,dit-il au Pere
en presence de sa fille,,
qu'elle n'oublierait pas
b-rôt) ni l'offence
,
ni
l'offenceur
,
elle pour
roit s'en souvenir encor
après son mariage, son
amant n'est pas prest
non plus d'oublier son
amour, je viens de le
rvoir
,
j'ai voulu le puinir,
en lui laissantcroire
[pendant vingt-quatre
heures qu'il feroit malheureux
par son imprudence,
il en est assez puni,
car il a pensé mourir
cette nuit, je m'apperçois
aussique vôtre
fille est fort mal, voila
de ces maladies que fça-j
vent guerir les bons Medecins
: mariez-les tous
deux,voila mon Ordon.
nance. ]
Le jeune amant étoit
riche, la fille eût été
au desespoir; le pere
rut raisonnable, le mariage
se fit. le même
jour par l'entremise du
bon Medecin. |
BOUTS-RIMEZ
du mois pafle*
L'Vn aime le tambour, &
l'autreaime la Huce,
Le Docteur argumente, 1) le
Boulanger blute
Celui-cid'un coup fier aime
à presser le flanc
Celui-là tire un lièvre, un
autretireau blanc:
Amintese repaîtd'une amou.
reuse flame,
jivfp feroit Iris, mais elle
craint le blâme;
Belise se mocquant O* dti
brun&du blond,
Sur ses voisines fait des couplets
deflonflon.
Chacun a ses plaisirs, mais
, Caron danssa Beee
Nous ~rf~ la mortplus
fineque belcrce
Nous surprend, moisonnant
les humains àgrandsflots;
tAinfidu marbre enfin le temps
détruitles blocs.
QUESTION.
QUESTION.
Quelle différencey at-
il entre la tendresse (;J' Famour?
REPONSE. ;
f
Le coeur faitlatendresse,
& l'imagination
fait l'amour. Il y a des
occasîons où les mouvejniens
du coeur, &: les
effets de l'imagination
font confondus. De
rout temps on a difpù-,!
té sur les mouvemens
du coeur & de l'esprit,.
ce font vrais sujets.
Les deux partis peu-,
vent avoir raison,
RElP0NSE;
Les Poëtes font en
possession de les confon- J
, dre,mais sans leur diC.
puter le droit d'expri- j
mer l'amour par le mot
de tendresse, & la ten-j
dresse par le mot d'amour,
je crois qu'il n'y
a personne qui n'en fasse
la difference, & tous
ceux qui d'abord sensibles
au mérite d'une jolie
femme, en deviennent
amoureux par degrez,
sçavent du moins
qu'ils étoient tendres
avant qued'être amoureux,
&que cet objet
avoit réveillé latendresse
dans leur coeur avant
que d'y former la pah
sion de amour.
La tendresse est pour
ainsï dire la trempe du
coeur, les uns aiment
plus, les autres moins
tendrement, & chacun,
aimeselon la convenance
de soncoeur.
L'amour est la tendresse
d'un coeur attaché
à un objet, la tendresse
est la qualité d'un«
coeur quin'atrend quunj
objet pour s'attacher.
Je ne sçai si ces définitions
paroîtront bien
justes dans un temps où
1 amour tient moins de
la tendresse que de la
volupté; aussi n'ai - je
pretendu parler que de
celui que la tendresse
produit. L'amour est la
plus naturelle & la plus
belle de toutes les passions,
parce que latendresseestla
plus naturelle
& la plus belle de
Doutes les qualitez du
soeur humain; parce
que la volupté l'a dégradée,
l'amour est une
passion qu'on cache,&
dont on rougit.
Si la tendresse feule
agissoit dans l'amour,
cette passion seroit la juste
mesure de la bonté,
de la noblesse, & de la
delicatesse des coeurs ;
& la decadence de cet
amour vient sans doute
des esprits les plus bornez
, qui incapables des
grandes idées
, &C dC$',¡
beauxsentimens , ne
trouvent de ressources
ni de plaisirs que dans
la volupté. Comme le
nombre des espritsmédiocres
estleplus grand
& le plus sort, la plûpart
des Dames se sont
tellement rangées de
leur party quelles se
passent maintenant fort
bien de tendresse, &C
1
quelles la regardent
comme imbécillitédans
ceux qui font en âge de
raison, & dans les jeunes
gens comme le &..
faut d'un usage qu'elles
esperent que l'âge & le
monde leur donnera. Ce
ne font point elles qui
confondront l'amour
avec la tendresse; j'en
foupçonnerois bien plûtôt
celles, qui malgré
le torrentde l'usage
soûtiennent encore
l'honneur d'une passions
que tant d'autres exemples
avilissent.
t i
1. Je suisbienéloigné de
penser que la race ensoit
efteinte
,
& quand j'ay
dit - que la pluspart des
femmes se rangeoient du
1 mauvais party, c'est que
leur nombre,fust-il mille
fois plus petit, me paroiftroit
tousjours trop
grand.Qiioyquilen soit,
rien ne fait plus d'honneuraux
femmes que la
tendressedeshommes, Se
pour moy j'yconçois de
grar dsplaisirs, & je suis
persuadéqueleplaisir lccret
que fait la lecture
des belles Tragedies k
des beaux Romans vient
de la tendresse qui y est
peinte. On est charmé de
retrouver en foy les mefmes
sentiments qu'on y
donne aux Héros.
L'âge d'or n'avoitrien
de si doux que l'union des
deux sexes
, par l'amour
que produit feulement la
[cndreffe; & le present le
plus funeste qu'on puft
leur faire estoit la volupté
que Pandore apporta,
& qui finit pour jamais
cet heureux temps. Pour
lors -
Les deux sexesefcoient
unis des plus beaux .,
noeuds ;
Ce qui pouvoit les rendre
1.
*heureux N'estoit jamais illégitime,
hmeuarpxenichmanteestoit leur
sPar la Jîmple nature ils
estoientvertueux;
Le re(pe£l, lam.ur
,
f5 l'estime
Estoientlesseuls lliieennss de
leursociété,
Et chacun possedoit sans
crime
Son plaisirsaliberté.-
Mais, ôfuneste barbarie!
Bientof tinfarne volupté
Vint troublerparsa tirannie
Lacommunefelicité.
La mutuellesympathie
Qui s'expliquoit dans tous
lescoeprs.,
Effrayée ai'ajpeéï de tant
defrenesie
NyfitplusJentirfies douceurs.
Sous les loix de cette trai- tresse
Le coeur ne connutplus les
innocents desirs,
Et tous les sens troublez,
d'une honteujeyvreffe
LLuuychroaivsiirresnetsplleaidsriorist. de
Depuiscetempsfatal3l'amant
(jf la maistresse
Que ce monstre unit en UT*
jour
Goustent lesplaisirs de l'amour
Sansgouster ceux de la
tendresse.
ENIGMES.
, On donnera ordinairement
l'Enigme devinée
dans le Mercure suivant
avec la nouvelle
,
afin
qu'on puisse juger si on l'adevinée juste.Voicy
une Parodie de celle de
la Toilette qui fera à peu
près lemesmeeffet.
A sa Toilette Altxria ny
poudre ny plomb-.
CrojeX^vqm pour cela
q,elieyfocit desoeuvrée.
Desa Boutique bien parée
Centingrédients font le
fond.
Elle fè les applique avec
maintegrimace.
Les Roses (S les Lis dont elleornesaface
Nefsontny Lis ny Rojes
-
de Printemps.
Toilette peut luydire en
jaijanttÜnportante
Avec le nombre de mes
ans
Près de vous mon credit
s'augmente,
Et sans rougirvousn'osez
moy present,
Recevoir vos derniers
Amants.
Noms de ceux qui ont
devine cette Enigme.
Mr de Conflans ; le
beau Licencié, 8c son
gracieux Beaufrere ; la
Bru du Gendre de la Bellemere;
le beau Cassandre.
E N V O Y.
Lafemme à quarante ans
Doitsonner la retraite.
Je renonce aux Amans;
J'ay pliéla Toilette.
Le Deserteur des Toi*-
lettes. Guillemette le
Blanc. Jerosme Carmin,
&C Mathurin Pomadet
assidus , à la Toilette des
Dames. Le Farfadet; le
jeune Doyen; les deux
jeunes soeurs de la ruë
Michelle Cente; la gros
se Marguerite. *'
Parl'aimable& toute
spirituelleveuve Mede
«Coflèffeville.
Vostre Enigmeme couJIi: peu.-
Cen'estpourmoy quuneAmtt*
- sette. -
Je la lisauprès de 1 monfeu;
|Jela devine amaToilette.
Réponse sur les mesmes
LaToilettevous couste peu. Çenesspourvousqu'une
Avecun teintsi vif, desyeux
sipleinsdefeu,
Çojjejjèvilleria pas grand besoindeToilette.
Le Doux rempant 5 la
Grimasse brodée; l'éloquent
Avocat de la ruë
Jean Fleury; la belle Devineusea
dit vostre 1oilette
s'est développée à
mes yeux.
ENVOY
par une Precieuse,
Vne vive&douce lurnie.",
,
re>
Avec peine f5 p'aij:ry
mentfowvre la pauptcre, ji ce charme desyeuxje
veux donner un nom;
Car ce n'est point Diane ,
encor moins Apollon,
C'est une beaute plus parfaite.
Oui donc? est-ce l'aurore?
non ;
C'est le Soleila si Toilette.
ENIGME.
Maformefait mon estrej
&j'existesans corps.
On m'endonne pourtant
defoibles & deforts
Dont hors de moy les uns
en cerclese promenent Et les , autres en moy haut
-
(jf bas Je demenent.
Parmoy Jefit jadis quelque
amoureuxlarcin,
Etparmoy futsauvé jadis
quelque afjdffîn.
En toutpays jesuis d'une
mesmenature; Mais je change de noms
en changeant defigure.
Autre Keponle a la Question
du mois dernier.
ParMr P.
La tendresse est une
impression delicate que
fait sur un coeur la dispositionqu'il
a à devenir
amoureux; elle devient
amour lorsqu'elle se détermine
sur un objet.
Quoyquunenfantn'ait
point de ces desirs
pressans
Qujse rendent maistres
dessens,
EtJOÏÎÎ des jjajjLons lesouverainempires
péja pourtant on connoist
qu'il afj?ire
A ce qui doitle dominer
: un jour:
yîinfi danssatendre jeunesse,
Amour n'estencor que
tendrejje:
Et tendresse eji l'enfance
del'amour.
,
Questionsnouvelles.
QUeft-ce quelecoeura
de commun avec l'esprit?
Un demande s'il y a
de la difference entre ce
qu'on appelle s-aimer, k
ce qu'on appelle Amour
propre.
On s'estdéjà plaint
plufleursfois que je donnois
des Chansons anciennes
: mais on s'est
plaint bien plusencore de
ce que j'avois interrompu
la fuite de mes Chan-
[ans de Caractere que j'avois
promises au Public,
& qu'on y chante tout
autrement
autrementque je ne les
ay composces., parce que
je ne les ay jamais fait
noter.Cette derniere conïïderation
l'emportecar
elle est aidée de 1 envie
que j'ay de les mettre à
,.couvert de l'oubly & de refi'ropiement.
CHANSON
du Tabac.
D'où me vient cette fàmbre
humeur ?
Pourquoy mesfoiblesyeux
craignent-ils la lumiere?
Pourquoy suis-jeacablé
jd'eunetrisse langueur? n'ay point ma,
Tabatiere!
Point de Tabac, helas !
plaisir,santé,
Raison
,
vivacité,
"Tout avec mon Tabac est
reflesurma Table.
.Amyjëcourable,
,Le tien est-il bon»
detestable;,
Ulestparfumé.
.Adejim
,
adesim
, a de
simple Tabacjesuis
accoustume.
Cet autreestplus agreable.
Ah!qu'il est aimable!
Ah ! quelle 'Voluptél
Dieu du Tabac que tes
Autels
Soient encenses par les
- mortels.
Qué du plus noir Petun
mille Pipesfumantes
Tefournirent d'encens.
jQue les Beautez les plus
charmantes
Se barboüillent de tes pre.
sens.
Quetes doyens enchifrenez
Chantentdu neZ
T-esplaisirsforcenez
Et , que pour te rendre propuce,
Ton Temple retentisse
Ueterniiements
Et de reniflements.
Ton Temple retentisse
D'eternuements
Et de reniflements.
Devise des Jettons
de l'Année 1712.
TRESOR ROYAL;
Des Cyclopestravaillant
à un Bouclier.
Arte atque metallo.
PARTIES CASUELLES.
Daphné changée. en
Lauriers, f5 ces mots de
Virgile.
Mortalem eripuit
formam,
ORDINAIRE
des Guerres.
La Massuë d'Hercule.
Eadempost mille labores.
EXTRAORDINAIRE
des Guerres.
Hercule avec sa peau
de Lion f5 sa Àdajjuë ,
rnarctantàgrands pas.
Orbem pacare laborat.
marine.
JSftptunedansfonChar*
Bello pacique.
GALERES.
Meduse couchée dans
son antre au bord de la
mer.
Etiamtranquillevidetur.
BASTIMENTS.
Minerve tenant à la
main une éqúerre&quelques
instruments deJardinage.
Gravibus folatia curis.
1
Le sujetchoisi pourle
Jetton de Madame la
Dauphine est une CouronneferméedeDauphins,
&pour Devijc ces mots.
Magnus splendor maximaque
virtus.
ï Celle -cy n'est pas de udcadémie,
MERCURE,
IIIe. PARTIE.
PIECES FUGITIVES.
PIECE NOUVELLE
parM.R.
E'TRENNES,
en envoyant un Pigeon.
LE PIGEON.
DE vous dire bon jour,
ce n'est grande merveille,
Un Perroquet vous en dîroit
autant,
Et ces bavards parlent à
tout venant;
Je fuis plus reservé, je parle
rarement,
C'est même tout bas
l'oreille,
Que je vous faismoncompliment.
Messager de l'amour,j'arrive
deCythere,
L'Amour du Char de sa
mere
M'a détaché ce matin,
Je me fixe chez vous, tendre,
fïdelle,sage,
et même aussipeu volage)
(Que (I favais encor mon
frein,
Les soupirs sont tout mon
langage,
Ecoutez sans courroux ces
muets entretiens,
De tous autres foupirs ne
souffrez point l'hommage,
Belle ** ** n'écoutez que
les miens,
Voussçaurez quelque jout
, que je suis un grand
Maître
Dans l'art de bequeter,
dattendrir un baiser; 1. Et ma délicatesse est sur
ce pointpeut-être,
, Un vray modelle à proposer.
EEnnpprreessssaannttcceesslelevvrreess[Lsi
vives, !
Que de douceur j'y vais
puiser;
Vos roses & vos lys ont.
des couleurs naïves
Qu'augmentent mes baiV
sers sans les pouvoir 'i user,
Pour vous donner du frais,
mes doudx 'baatteîmlenes s j
feront auprès de vousl'ofsice
des Zephirs,
Et souvent ce feront à vos
tendresplaisirs
Desapplaudissemens fidelles,
Courrier leger, cheminant
par les airs,
En cette qualité comment
vous servirai-je,
Onsçait que mes pareils
en cent climats divers,
De la Poste ont le Privilege,
Ils portentàleur col Lettres
& Billets doux,
Et pour en rapporter les
réponses secrettes
Ils vôlent par-dessus les
têtes des jaloux ;
Mais de pareils emplois,
de l'humeur dont
vous êtes,
M'occuperont fort peu
pour vous:
Voicy les Hymnes, les
Cantiques,
Qu'en l'honneur de l'Amour,
fit un de ses
sujets :
On vante de ce Dieu le
pouvoir & les traits;
Vouslirez sans rougir dans
ses Panegyriques,
tes éloges de vos attraits.
Peut-êrre qu'apresent Venus
sur sa toillette
Trouve un bijou demoins,
L'Amour est le filouy mo
j'ai prêté mes soins, ;
Venus fera fort inquiette,
Si le vol n'est pointfaitpar
quelqu'autre Psiché,
Et
si
cette beauté, qui doit
être parfaite,
Par lauteur du larcin n'a
point le coeur touché;
Vous seule en avez connoissance,
Ne m'en pourriez-vous pas
dire un mot aujourd'hui,
Faites-m'en la confidence,
Je n'en parlerai qu'à luyv
Balzac dit qu'il y a
une figure de la piece
suivante dans une TabledeJaspeà
Naples,
où les femmes lapident
l'Amour avec desRoses.
AUTREPIECE
nouvelle,
L'AMOUR PUNI.
Loin de ces prisons
redoutables,
OùPluton aux ombres
coupables
Fait sentir son juste
courroux; Ilestdans les Enfers des
azyles plus doux.
Là des Myrrhes tousus
forment de verds
om brages,
Qjii n'ont riendes horreurs
de l'éternelle
nuitj
Des ruisseaux y coulent
f"::ns bruit,
Des Pavotslanguissans
couronnent leurs rivages
, On voit parmi les fleurs
qui parent ce séjour,
Hyacinthe & Narcisse,
&C tant d'autres
encore,
Quimortels autrefois
de l'Empire d'amour
Ont paffé fous les Loix
de flore. -
Dans les sombres dé",
tours de ces paisibles
lieux
Plusieurs Amans, dont
la memoire
Doit vivre à jamaisdans
l'Histoire,
S'occupent encor de
leurs feux;
L'ambitieuse imprudente,
Qui voulut voirJupiter
Armé de la foudre tonnallte)
Rappelle ce plaisir qui -
luicoûta si cher,
Et la Maîtresse de Ce-,
phale,
Soupirant pour ce vainqueur,
Cherit la flechefatale
Dont il lui perça le
coeur,
Hero d'une main tremblante,
Tient la lampe étincelante,
Qui lui servit seulement
A voir périr son amant.
Ariane rou le en colere
Ce fil triste instrument
d'un perfideattentat,
Tropmalheureuse, her.
las! d'avoir trahi
r son Pere -
Pour n'obliger qu'un
îngrat.
-,.. Phedre,chancelante §C
confuse,
Baigne, mais trop tard
de ses pleurs,
L'écritoù sa main ac- cuse
Ses criminelles ardeurs.
Moins coupables cent
1 fois,& plus à plaindre
qu'elle,
Et Didon & ThiLbé
vont sefrapper le rein;
D'un perfide ennemi,
l'une a le fer en main,
L'autre celui d'un amat
trop fidelle.
L'Amour, de leurs douleurs,
voulut être
témoin,
Decouvrir son carquois
il avoit pris le soin,
Les Arbres d'unboccage,
L'épaisseur d'unnuage
Adoucirent en vain 1eclat
de son flalubeau,
On reconnut bientôt
cet ennemi nouveau,
Déjà la troupe rebelle
Lui préparoit des Tourmens
inhumains;
L'Amour tout fatigué,
ne bat plus que
d'une aîle,
[1 se soutient à peine, il
tombe entre leurs
mains.
Amour, pour desarmer
les Juges implacables,
C'est vai nement que tu
verses des pleurs1
Onenchaînetes ma-ins,
qui portoient dans
les coeurs
Des coups inévitables;
Attachésurun Myrthe,
en proye à leurs
fureurs,
Tu vas de mille morts
éprouver les horreurs,
Leurs clameurs menaçantes
Ont étouffé tes plaintes
languissantes,
L'une vient t'effrayer
avec le fer sanglant,
Qui
Qui finit de ses jours le
déplorable reste,
L'autre avec le débris
encor étincelant
Du bucher de sa mort,
théâtre trop funeste,
De ses pleurs endurcis,
par le pouvoir des
Dieux,
Myrrha fait contre toy
de redoutables armes,
Leur poids va t'accabler,
ses remords,
lès allarmes
Ne puniront que toy de
son crime odieux.
L'Amour attire sa Mere
Par ses pleurs & par ses
cris,
Vient-elle à son secours?
non Venus en colere
Vient augmenter les
tourmens de son fils.
Je n'ai que trop souffert
de cet audacieux,
Dit-elle, qu'à son tour
il éprouve ma rage,
Des filets de Vulcain,
des ris malins des
Dieux
Jenai pas oubliel'outrage,
C'est Venus en courroux,
qui menace, tremblez
Sa main s'arme aussitôt
d'un long bouquet
de Roses,
De leurs boutons à peine
éclofes,
Le fang couloit dé-ja
fous ses coups redoublez,
Arrêtez Deesse irritée,
S'écrie avec transport
laTroupeépouventée,
Lorsque nous respirions
le jour
Le fort fit nos malheurs
ce ne fut pas l'Amour.
PAR Mr.V.AMr.DE**
Qui lui avoit envoyé un Remede
pour la Fièvre. P Lus ne m'enquiers de
quelle drogue avez
Formé ce bol, par qui feroient
bravez
Bien plus de maux, plus
de pestes encore,
Que parmi nous n'en apporta.
Pandore.
Nul mal ne tient contre
ce bol divin,
J'envoys enmoy la vertu
confirmée
Contre une Fiévre en mon
sang allumée,
Du Kinkina le secours.
étoit vain,
Point n'en étoit la fureur
allentie,
Vous dites:Parts, & lav
voila partie.
Mais à la fin le voïle: efl;
arraché,
Ainsi que vous, je sçai ce
qui compose
Ce bol, en qui tant de
force est enclose,
Pour un Poëte il n'est rien
de caché,
Lors qu'Apollon nôtre esprit
a touché, <
Comme les Dieux nous
voyons toute chose.
Que nous voulions penetrer
aux Enfers,
Tous leurs secrets à nos
- yeux font offerts,
Nous y voyons jufqui
l'ardeur farouche
Que pour sa femme a Pluton
dans sa couche;
s'il faut percer les mysteres
des Cieux,
Là, nous allons manger
avec les Dieux
,- Dans leur Conseil nous.
sommes reçus même,
Nous y voyons Jupin ce
Dieu suprême,
Pour cent Amours furtifs
se travailler,
Et son épouse après luy
criailler.
Dans son Palais, dans ses,
grotes profondes
Neptune en vain préreU-f
droit se cacher,
Tout au travers de l'abyme
des Ondes
Nos yeux perçans iroient
là le chercher.
Nous discernons les essences
premieres,
Rien, en un mot-, n'évite
nos lumieres,
Aviez-vouscrûpouvoir les
éviter
Adonc,afin quen'en puiffiez
douter
N'est-il pas vray que ce
bol salutaire
Par qui tout maux font
gueris ences lieux
N'est feulement qu'un magique
giquemystere
Qui de leur Ciel fait descendre
les Dieux,
Et les contraint de venir
en personne
Suivre la loy que vôtre bol
leur donne?
Carje l'ay veu clairement
de mes yeux,
Et ne suis point trop simple,
trop credule, Lorsque je pris ce philtre
merveilleux
Sur le sommet de ce puis
fant globule
Je vis s'asseoir la Deesse
Santé
Au teint vermeil, à ferme
corpulence,
A la dent
blanche, àl'oeil
plein de gayté, ':
Et telle enfin qu'au siécle
d'innocence
Toûjours les Dieux l'accordoient
aux humains, J
Ou telle encor que leurs
benignes mains
4 La font souvent dans le
siécle où noussommes,
, Briller au front de quel
ques bonnes gens,
Qui malgré l'air corrompu
denostemps
Ont le coeurpur commeles
premiers hommes,
sencens Abbez, Chanoines,
& Prieurs,
Gens indulgens pour leur
propre molesse,
Et contre autrui si severes
crieurs.
Mais revenons à la faine
Deesse,
Bacchus, l'Amour, les ris,
les enjouëmens
Sommeil aisé,confiance
-
en les forces,
Desirspuissants, delicates
amorces,
Tout en un mot ce que de
Dieux charmans
Compte l'Olimpe, étoient
lors à (a suite.
Ce n'estle tout; je vis fous
saconduite,
Et j'en frémis encore de
respect,
Je vis ces Dieux sur moy
fondre avec elle,
Je crus alors qu'une guerre
cruelle
S'alloit sur moy former à
son aspect,
Mais non,rienmoins,la redoutable
Fièvre
Fuit sans combatcomme
un timide Liévre
Fuit à rafpett du vîte Lévrier.
Apres cela la Deesse ravie
Marque à chacun des
Dieux qui l'ont suivie
Le Logement qu'il doit
s'approprier.
Bacchus daborddemon
Palais s'empare,
Pour poste Amour mon
coeur s'en va choisir,
Les enjouëmens mon ame
vont saisir,
Le doux sommeil aussitôt
se prepare
A se loger dans mes yeux
languissans,
Non pour toujours,convention
fut faite
Que du Soleil chaque
courie parfaite
Mise en trois parts, les pavots
ravissans
En auroient une, où serains
Se tranquilles
Mes yeux pour eux feroient
de {ûrs azy les,
Quedececours,pendant
les autres parts,
Mes yeux pourroienc,dans
leur mince irrutture,
Loger des Cieux,de toute
la nature
La vive image, & celle
des beaux arts,
Et pour Iris mille amoureux
regards.
La confiance ou l'abus de
ces forces
Courent remplir l'imagination
Jolis desirs , , delicates amorces
Prennent aussimême habitation
Puis d'autres Die)ux dont
ne fais mention
Selon leur rang à leur devoir
se rendent
Et la fanté de qui tous ils
dépendent
Ne voulut point prendre
un poste arrête,
Mais se logea dans toute
la Cité.
Ains, grace à vous, je me
vois en santé,
Mieux que ne fut oncques
le fort Hercule.
J'ai toutefois là-dessus un
scrupule,
Dont besoin est que vous
rnéclaircissiez.
Je craindrois fort que par
hazard n'eussîez
Fait -un mécompte a l'égard
de mon âge,
Et qu'enfaisant vôtre pa-
,
¿te enchanteur
Vous ne m'eussiez invoqué
par malheur
Quelque santé trop jeune
- & trop peu sage,
J'ai sur le front trente-sept
ans au mOlns-)
Or, si m'aviez, par vos
tragiques foins,
Toutde nouveau fait couler
dans les veines
Le même fang & les me.
mes esprits,
Qui m'arumoient à vingt.
ans, que de peines
J'aurois encor sous le joug,
de Cypris!
ODENOUVELLE
à Monsieurde M. O !Muse, en ces
momens,
où libre en
cette table,
J'y voy mes airs suivis de
ce bruit favorable,,
Qui me rend aujourd'huy
le plus fier des. humains
,
Viens,toi-même, & metsmoi
la Lyre entre les
mains,
Que mes doigts en tirant
le son le plus aimable,
De tes pompeux accords, de tes accens divins
Rende l'usage à nos sestins.
*
Commençons; je connois
à l'ardeur quim'inspire
Que Pollymnie est en ces
lieux:
Oüi, je ce reconnois,&
chacun dans ses yeux
Avec transport me laisse
Ce que peuvent sur nous
* C'ctoiclacourume chezles Anciens
de chanter aprèsles grandsrepas.
- Cytharâ crinitus Iota:
Personat auratâ.
Virg.Hom.dansl'Iliade&l'Odyr.,
tes sons harmonieux,
Mais n'entreprenons point
de dire
Les exploits des Heros, la
naissance des Dieux:
Comment d'un seul regard
ébranlant son Empire
Jupiter fait trembler & la
terre & les Cieux;
Ce qui forme les vents, ce
qui fait le tonnere,
Comment chaque lasson a
partagé la terre,
Ce retour si confiant &
des nuits & desjours
Entre tant. de [ujets sublimes,
Que toy seul aujourdhuy
sois l'objet de nos rimes;
Chantonsla gloire deton.
cours.
Où fuis-je? & dans cette
carriere *
Doù je vois. s'élever fous
les pieds des chevaux
Cette épaisse & noble
poussiere
Dontse viennent couvrir
mille jeunes rivaux,
Quel mortel ** assis les
couronne?
Cette foule qui l'environne
* Jeux Olimpiques.
-** Pindare.
De sa voix leule attend le
prix de sestravaux.
Sur quel ton monte-t-il sa
lyre?
Et comment pourrai
-
je
décrire
Ses ambitieuses chan[onst
L'air s'ouvre devant luy de
l'un à l'autrePôle,
Comme un Cygne écla,
tant loin de nous il
s'envole,
Et la hauteur du Ciel est
celle de Tes fons.
Mufe, avec tant d'efforts
à peine turelpires,
Mais, aimable Sapho, je
t'entends, tu soupires,
~Tucedesàl'amour quiposfede
tes sens.
Bien Ppluisnddouacermee,nt que- ru fais que la raison s'é-
1 gare,
Bacchus nous ranime, &
pour plaire
Il prend cette lyre legere
Qu'Anacreontouche pour
luy,
A sa voix le plaisir se répand
surla
terre,
Et partout il livre la guerre
Aux soins, à la peine, à
l'ennui.
De ses sons le galantHorace
Parant sesaccords avec
grace,
- Aux bords les plus fleuris
va dérober le rhim,
Plus diligentque n'etf une
abeille au matin.
Que loüerai-je le plus,ou
sa cadence juste,
Ou de ses vers aisezle tour
ingenieux?
Par sa main l'immortel
Auguste
Boit le même nectar qu'-
Hebé
Hebé dispense aux
Dieux:
Mais sa lyre avec luy s'enferme
fous sa tombe;
En vain, sans qu'un beau
feu daigne au moins
l'éclairer,
Ronsard chez nos ayeux
cherche à la retirer:
Sous ses vains efforts il
succombe,
Et couvert du mépris plus
cruel que l'oubli,
Sous son obscure audace
il reste enseveli.
Mais l'ordre des arts pour
nouschange,
Lordre des temps enfin
& s'explique ôc s'arrange,
Et commençant l'éclat
du.
Parnasse François,
Nous donne de Malherbe
ôc l'oreille, & la
1.
voix.
Quels accords épurez
quels nombres pleins
de charmes,
Soit que,cos'manimbanat tausX,),
Il suive au milieu des aIJf'
larmes J"
Un Roy qui soumet tout
à l'effort de son bras;
Soit que triomphant de
l'envie,
Dans la paix des plaisirs
suivie
Il peigne ce Héros le front
orné de fleurs,
Et que luy faisantplaindre
uneamoureuse
peine
Il touche la Nymphe de
Seine
De fès incurables douleurs.
*
C'en est fait
,
& le Ciel
acheve;
De-ces Maîtres fameux
* Vers imitez de Malherbe.
je vois un jeune Eleve*
Qui fixe de nos airs &c
l'éclat &le son:
Espritjuste, esprit vrai,
aue sa force admirable
!
Du Pinde & du Lycée a
fait le nourisson,
Et qui nereconnoît pour:,
beauté veritable '?
Que celle qui veut bien
avoüer la raison.
Muse, joüis dans luy du
comble de la gloire;
Ce mortel si content au*
temple de Memoire 11
* M. dela Mothe.
Avec pompe en ce jour
à nos yeux est conduit;
Unimmortel éclat le
suit,
Il obtient à son gré cet
honneur qu'il desire;
Ah ! qu'on ouvre ce tempIe,
& que chacun
admire
Ces Héros que l'esprit y
rassemble à nos yeux:
* * * entr'eux place sa
lyre
Plus brillante en ces lieux
où le mérite aspire,
Que celled'Arion, qui
brille au haut des
Cieux.
M***
?
Estimateur aimable
Du mérite de nos écrits,
Qui prendroit bien des
tiens le tour inimitable,
Seroit sûr d'emporter le
prix.
Par toy déja deux fois admis
dans le mystere
De tes ouvrages si brillans,
J'ai vu pour les beaux arts
ton goût hereditaire,
Un naturel aisé, les plus
rares talens.
J'ai vû que, ta muse facile
Sur le Pinde avec grace
affermissant tes pas,
Tu ferois sans peine Virgile,
Si tu n)étois pas né du rang
de Mecoenas.
plusieurs personnes
sontraviesd'avoir des
Piecesfugitivesanciennes,
qui n'étant point
imprimées échapent à
beaucoup de recuëils;
quelques-uns ne voudraientdans
les Pieces
fugitives que des Pieces
nouvelles: pourcontenter
lesuns& lesautres je
donnerai de l'ancien &
du nouveau, car le nouveau
est trop rare pour
en donner un volume
tous les mois.
MERCURE
NOUVELLES.
Nouvelles d'Allemagne,de
Pologne (7 du Nord.
Quoy qu'on ait parlé le
mois dernier du Mariage du
Prince de Moscovie avec la
Princesse de Wo,st:nbutteI
,
on a cru devoir donner ce
mois-cy plusieurs particularitez
concernant cette Ceremonie,
donc on n'avait
pas elle instruit; ainsi la
lettre suivante qui a esté écriteà
une grande Princesse,
quoy que d'ancienne datte,
peut estre regardée comme
nouvelle: On commencera
toujours à l'avenir, la partie
des nouvelles, par d'anciens
détails qu'on aura reçus depuis
l'impression duVolume
precedent.
A Torgau le 17.Octobre.
Le Czararriva icy samedy
dernier. Sa Majestéalla dpied
à la Cour;leCzarowitzson
fils alla au-devant de luy, &
l'accompagna à l'appartement
qu'on luy avoit préparé. S.A.
le Ducdntoine7JlrlckaUt luy
rendrevisite. Monfèignejir U
Ducse retira ensuite gr le
C-çar alla voir la Duchesse
Louise, parce que la Reine
n'étoit pas encore habillée. Il
trouva auprés de la Duchesse,
la Princessefiancéeau C%arr.
OWtlz. Je dois vous dire, Madame
, que le Czar ejlun
Princegrand, tres bienfait,&
fortgracieux. Ilporteses cheveux
quisontbruns &frisez.
Il a unegrande barbe à la Po-
Jonoifl; ses habitsfont à la
Françoise5 mais plus modestes
qu'éclatans. Il a toûjours une
Canne à la main, eil al'air
d'ungrand Capitaine, comme
il est en effet. Il parlesouvent
à son Grand Chanchelier le
Comte Galouski, & aux
Princes & Generaux Moscosuites
: iln'estpas unmoment
çtj'tf Ilparle Bas Aiemand IJ
mieux qu'il ne croit luy même.
La DuchéeLouise le sçait
fort bien entretenir. Il y a
toujours dans ses Apartemrnts,
des Bouffonsy & desmoindres
ofo~~MM~jW~~ avec les
Princes, Généraux, CM autres
Seigneurs. S. M.>Czarienne
nesoupa point Samedy. A la
sortie de la Comedie, d<tns le
temps qu'on servoitsa Table,
elle entra dansson Abattement,
mit un Manteausursa teste) e alla pajjer la nuit dans une
Mai[inde la Ville
,
où l'on
ne s'attendaitpasd'avoir l'honneur
de recevoir un si grand
Prince. Il fait presqueregu~
lierement quatre repas chaque
jour; il mange deuxfois avec
la Reine, e deux foischez
UY-
Le Mariage se fit hier
Dimanche. Tous les Princes
&toutesles Princepesdinerent
en particulier, &•je rendirent
enfuite auprès de la Reine.
La Cour étoit magnifique.
La nouvelle épouse avoit un
habit de Moire d'argent, brodé
aujji d'argent, & fort ricbe;
Un Manteau Royal de la
mesme coulenr, ses cheveux
lien tressez, co une Couronne
couleur de Cramoisysur 1.
teste, toutegarnie de Diamants,
Le C^aroypit^ avoit un habit
blancfortbeau, broded'or; &
le Czar avoit un habit rouge
dont les boutonnières étoient de
Galon d'argent.
Les Maréchaux vinrent
avertir à trois heures que tout
étoit prest, & toute l'ajfembleç
se rendit dans 14 grande Salle
ou l'on avoitdressé un Autel.
Le vieux Duc mena la Princese.
sa petite fille, & trois
Dames de la Reineportèrent lit
queue de son Manteau.
Le C^ar accompagna l,
Reine, & le Czarowitz 14
Duchcfe Laüise. Dés qu'ils
surentarrivez
,
le Prestre Grec
qui étoit babille à peu prés de
mesmeque les Catholiques,
dcma la Benediction; il changea,
les Bagues, & demanda
en latin aufutur époux & à
lafuture épouse, s'ilsvoulount
se prendre pour Mary &pour
Femme. Il mit ensuite un
Bonnet Ducal
, ou Couronne
de velours Cramoisi, sur la
teste du Prince; mais celle
de laPrincefe s*étanttrouvée
trop étroite, le Czarordonna
àson Grand Chancellier de la
tenirsur la tefie de cette Princesse.
Le Czar se promena
toujours pendant cette Ceremo-
~3~* lors qu'ellefutachevée,
ilselicita les nouveaux époux,
On retourna ensuite chez la
Reine, dans lemesme ordre
qu'on en étoit sorti, & toute
la Cour fit Compliment ati
Prince& àla Princesse. Le
Czar donna pendant tout le
jour de grandes marques de
joye,ilécrivit à la Ptincejjè
sonépouse quiétoitàThorn erf
Pologneypour luy notifier ce
Mariage.
1
Onservit un grandsouper
a huit heures, sur un, Table
eu ilyavoitdouze Couverts.
Le Czarowitzfut placé dans
le milieu ayant a sa droite lé
Czarson Perecm la Princesse
son eooufe à sa gauche. Le
DucAntoineVlrick étoit à
la droite du Czar, & la
Reine à lagauche de la nouvelle
époufiy le Due Louis, à Iai
gauche de la Reine,ainsi que li
Prince Dolorouki, à l'un des
bouts "de la Table
:
le Prince
Turbetti étoit vis-à-vis de 1.
Reine, le Prince Courquin.,
vis-à-vis de la Primcesse, le
General Prusse vis-à-vis le
Duc AmoineUlrich., qui
avoit àsa droite la Duchesse
JLouife;Cm le Comte Galonski,
à l'autre bout de 1. Table.
Apres le souper, onse rendit
dans la Salle où l'on avoit
fait la Ceremonie. Onydansa
d'abord plusieurs danses Polonoiss.
Le Czarowitz dansa
lepremier; le vieux Duc dansa
après luy, puis le C%ary &
ensuite tous les Princes- Adofce*
vîtes. Ces danses durèrent
long-temps; le C^AY sortoit
quelques sois de la Salle, (y*
alors tout étoit dans l'inaflions
quelquesfois les Bouffons dAn.
soient seuls
,
puis se fatjbierib
donner de grands verres pour
boire à la santé de la Compagnie.
Le Czarowitz dansa
quelques Menuets; le Bal
finit par une danseAngloise.
1,1etotton-e heures lorjvjuc
l'on conduisit les nouveaux
époux à leur Apartement. Le
Czarowitz allase desbabiller
dantunautre Apartement, ~&
quand on eut deshabillé la
Princesse ,le C=t.:tr entraavec
toute la Cour. Le Prince son
filsavoituneRobbedeChambre
rougrsemée defleurs d'çr.
LaPrincesse en avaitune blAss.
chesemée defleurs au naturel
,
~& brodées.
Aprés que le C-çar eut
donnésa Benediction au Prince
son fils, illefit entrerdans le
Lit d'un costé, pendant que Io,
Princessey entroit de l'autre,
laReine Cm la DuchesseLoüise
étant auprés d'elle,ensuite
dequoychacunseretira.
P. S.
Le Duc AntoineUlrick
tria dit qu'il seroitdeVendredy
en huit jours à Gorde qu'il ira
ensuite avec le Czarowitzà
Francfort
- njoir le nouvel
Empereur} ~& que le Czar
pnaiert,iorùalJaeudy pour i. Pomera-
pénibClaem.pagne tfi fort
Voicyplusieurs autres
Lettres, qui quoy qu'elles
(oient aussi d'anciennes
dattes,n'en sont pas moins
rurieufes.
Copie d'une Lettre de Mr
Fabien,Envoyé d Hols-
; tein auprés du Roy de
Suede
,
dattée à Bender
le3 Septembre.

,,"
Les Affairessont encore icy
au même état comme je l'ay
mandé parmes dernierees. Le
Capizilar Kiahiasi du grand
Visir estarrivé ces jours safiés
à l'Armée ; commeil efl fort
dans lesinterests du Roy de
Suede
, on s'attend à quelque
changement favorable d'un
moment à l'autre ; le Palatin
de Kiovie & le ComteTarlo,
font allez trouver legrand
Visir, à l'Armée~&c'està leur
retour que nous pourrons favoir
quelque chose de ~positif.
Selon les apparences les Moscovites
ne rendront point Asaff.
jiinji la Guerre pourroit bien -
ejlre continuée. Ils ont demandé
des nouveaux délais; le
grand Vizir a dit à Messieurs
Schafirof & Czeremethof,
qu'il les feroitpendre vis-à-vis
l'un de l'autre,si on ne rendoit
pas la Place dans le temps fixé.
ilya apparence que le Roy
taJfèrA, encore icy cet hiver.
Lettre de l'Ambassadeur
d'Hollande
,
écrite de
Constantinople le 1 ~8;
Septembre.
Les Lettres de l'Armée du
29 Aoustportent queleVisir
étoit encore campéen Moldavie
du costéSeptentrional du Danube
; le Czar s'exeuse toIf
jourssurl'executionduTfaiter
~se qui cause quelque soupçon
somme s'il cherchoit à l'éluder,
le Roy de Suede continuë à
seplaindre dugrand virirËr
de la Paix à son exclusion
,
l'Envoyé desa Majeflé Suedoise
,
MonsieurFunck, s'ejl
rendu à l'Armée auprés du
grand Visir poury négocier à
la place du General Poniatov-
Vsh> à qui la Cour du Visir,
est défenduë:l'on a eu avis icy
queSa Majefléfaisoitréparer
les maisonsrüinées par les
inondations du Niester à Bender,
avec intentiond'ypasser
l'Hiver. Depuisles dernieres
nouvelles
,
les Plenipotentiaires
& les Otages du C^ar9 font
étroittement gardez aux sept
Tours ~& mis hors de tout
Arets.
Copie d'un Lettre de Monsieur
Stirnhoc, Secretaire
de Suede à Vienne du ig,,
Septembre.
Le Roy a refuséd'acepter
le Corps de Cavallerie que le
grand Visir luy avoit ojfirt
pour le conduire àses Provinces
ou à son Arméefous le commandement
du Bacha de Pomelie
, ~& l'on croit que Sa
Majesté ne quittera pas les
Turcs quelle n'aitauparavant
la Paix avec le Czar; lors
que le Roy a dit au grandVisir
qu'il ne tenoit qu'à luj de prendre
le Czar prisonnier
, &
puis stipuler telles conditions
qu'il pourvoit souhaitter ; il a
répondu que s'il prenoit le
Czar prisonnierilnesçauroit à
quis'adresser pour- traiter de la
Paix; (y a demandé qui gouverneroit
la Moscoviependant
saprison ; Monsieur Fabrice,
a ajouté que le Roy diffiroit
encored'écrire oudefaireécrire;
mjftn'ajy.- je point reçû de
Lettre de Bender depuis cet
évenement qu'une de Afonsieurle
Lieutenant General
d'Aldorf
,
du 26.Juilletcon*
cernantsesaffairesparticulières
où il n) a pas un mot de nou':'
velles. Il efi arrivé IEY un
Secretaire du-RésidentDalman;
qui a suivi le grand Visir en
Campagne; je luy ay parlé il
tria confirmé tout ce que nous
sçvons déja:, ajoutantque 14.
miseredel'ArméeMoscovite
étoitsigrandequelleétoit inexprimable
:que plus-de20 millei
hommes & tous les cheveaux
étôientpéris,&que le desespoit
avoitmême
,
après la Paixfaite,
porté prés de dèux-milles
Moscovites qui n'ont paseu 14,
ftrce, de marchera tied,,le long
chemin qu'ils avaient encore
A faire, d'embrasser la Religion
Mahometane;le même Secretaire
dit encore que le grand
Visirfaisoit tout de son mieux
pour attirer dans fort parti le
Kan des Tartares en luyoffrant
une bonne part de l'or & des
pierreries du C%ary maisl'Ambassadeur
d'Angleterre à Constantinople
a écrit icy du 2r.
jïoufl, que le Kan etoit toujours
des amis du Roy
, 0* nonobstant
que le Grand Seigneur a-'
'Voit ratifiéla Paix,SaMajesté
pourroit pourtant en continuant
la Guerre centre le C%ar> disposes
de toutes les forces deS'
Tartares.
Les Lettres de Hambourg
du 20. Novembre portent
que les Suedois ont publié
un Maniseste pour répondre
à ceux du Roy de Dannemarck
& du Roy Auguste.
Il répresentent qu'ilsn'ont
donné aucun sujet de rupture
à ces deux Princes, qui
contre les Traitez, ont al.
lumé la Guerre dans l' Empire
où ils ont introduit les
Moscovires, qui pourront
leur donner ; ainsi qu'aux
autres Princesvoisins, coup
lieu de s'en repentir; qu'ils
ont aussi publié un autre Ecritoù
ils marquent les fervices
que le Roy Guftave-
Adolphe, rendit à l'Empire
dans le temps quel'Empereur
FerdinandII. publia,
le 18Avril 1619. un Editl
dans le desseinde se rendre
maistre absolu de toute
FAlemagne,fous pretexter
de fairebrestituer les biensdes
Eglises Catholiques
dont les Procédants étoient
en possession;quelaliberté;
de l'Empire avoic été réta-
"* blie
blic & affermie par les Traitez
de Westphalic qui avoient
terminé cette Guerre,
que tous les Princes de
l'Empire en devoient témoigner
leur reconnoissan
ces aux Suedois, & que si
ces Princes avoientconsenti
par ces Traitez à leur céder
quelques Provinces,ils ne
l'avoient pas tant fait pour
les dédommager des frais
de la Guerre, que pour leut
conserver une entrée, par
laquelle ils pouroient venir,
en cas de besoin, au secours
de l'Empire; que nonobstant
le Traité de Neutralité
fait pour conserver la tranquilité
de la Basse Allemagne,
le Roy de Dannemarck
& le Roy Auguste yavoient
commencé la Guerre.,quoy
dqoulem,elautRegence de Stokapprouvé
ce Traité;
que si le Roy de Suede,
ne l'avait accepté,ille
falloirattribuer àson
grand éloignement &à
quelques expressions préjudiciables
à sa Souveraineté
,
& à ce qu'il rendoit absolument
inutile l'Arméequ'il
avoit en Pomcianie , pendant
que ses Ennemis aù.
roient pû employer routes
leurs forces contre ses autres
Etats.
Ces mêmesLettresdirent
qu'un Officier envoyé par le
General Ducker,Commandant
de Stralzund
)
avoic
rapporté en passant à Hambourg
pouraller à Stral -
zund
, que la Garnison &
les Fortifications de laVille
étoitent en si bon état quelle
pouroit soutenir un long
siege, ce qui donncroit tout
le temps au secours que l'on
préparoit d'y arriver ; que
celles qu'on avoir reçues diij
Camp devant cette Place
portoient, que du nombre
des Bastiments du Roy de
DannemarcK
,
qui étoient
èhargezd'Artillerie, il n'en
étoit arrivé que deux,le rëftôayant
été dispersé par I&
témpeste; qu'il n'y avoit sur 1
ces deux Bastimens que qua.,,,
torze pieces de gros canon
& onze de dix huit livres de
baie, que l'on travailloir à
débarquer
,
& que le reste
de l'Artillerie & les Munilfl
tions étoient sur les autfififl
Bastimens quiavoient esié.
obligez de relâcher vers l'Ilk
de Femeren ; que la plus
grande partie des Vaisscaux
de Guerre séroient recirez
ducosté de l'isle de Moon,
& que le reste croifoit à la
baureur de l'Isle de Rugen,
eu il n'y avoit pas d'appar
renceque les Ennemis fissent
une defente;qu'il n'y avoic
pas non plus d'apparence
qu'ilspussent attaquer la
Place dans les formes., leur
Armée foutfrant beaucoup
par les maladies, & par les
mauvais temps, & particulièrement
la Cavalerie
)
dont on avoit déjàenvoyé
une grande partie sur les
Frontières de Pologne.
t
Les Lettres de Stoxolm du i s- Octobre disent que le
Roy Stamflus, après avoir
eu plusieursConférences
avec la Régence
, en étoit
party pour Carel scroon., où
il devoit s'embarquer sur
une Florte de trente Vaisfaux
de Guerre ou Fregatcs,
commandée par le General
Wdchrmci ster ,qui dévoie
transporter treize mille
hommes, en Pomeranie. -|
Celles de Varsovie du 14
Novembre marquent, qu'-
un grand nombre de Gentilshommes
& d'autres gens
rüinez par les Taxes & Contributions
exigées par les
Troupes de la Nation, par
les Saxfons, & par les MaC:
covites, avoient formé un
corps considérable dans la
grande Pologne,où ilsfaisoient
de grands désordes,
ainsique danslePalatinat de
de Cracovie, sous le nom
d'Indépendants; que l'Armée
de Lithuanie qui s'était
approchée de la Frontiere,
faisoitaussi de grands defordres
en retournant dans ce
Duché, où elle doit prendre
des quartiers d'hiver: que
les Députez nommez par la
Republique pour traiter avec
les Envoyez du Grand
Seigneur, estoient arrivez
à Leopol
,
ainsi que le
Comte Sienawski, Grand
General de la Couronne;
mais qu'on nesçvoit pas encore
quand ces Envoyez s'y
rendroient.
Par les avis qu'on avoit
eus àHambourg le 27. Novembre
,
du Camp devant
Stralzund
,
l'Artillerie du
Roy Auguste n'y étoit pas
encore arrivé, les chemins étant
tous rompus à cause des
pluyes continuëlles ; on
travailloit à débarquer celle
qui étoit sur les deux Bastiments
de la FlotteDanoise
qui avoient abordé heureusement
; mais comme elle
n'étoitpassuffisante pour
battre la Place vigoureusement
, on croyoit que les
deux Rois feroient contraints
d'abandonuer cette
entreprise, ou dela terminer
parun bombardement, à*
cause de l'impossibilité qu'il
y avoit de faire hiverner
leurs Troupes dans la Pomeranie,
à causede la disette
des fourages.
D'autres Lettres portaient
que les Partis de
Wismar conrinuoient leurs
courses sans que les Troupes
Danoises qui en font le
blocus,pussent les en empêcher;
que le 2 1.ils enleverent
un Courrier qui venoit de
l'Armée; que la nuit du
1
au 16. un Détachement de
la Garnison battit auprés de
Warnemunde, une garde
Danoise & brûsla un Bastimène
chargé d'Artillerie;
que le Capitaine d'unYacht
Suédois, arrivé dans le Porc
decette Place avoit rapporté
que cent quarante Bastimens
detransport partis de Stokholm
étoient arrivez à Carelfcroon
)
escortez par
vingt - huit Vaisseaux de
guerre &qu'ils devoient incessamenttransporter
treize
mille hom. en Pomeranie.
Par lesavisdeBerlin du 14.
on a appris que l'Electeur
de Brandebourg
,
avoit envoyé
ordre à sesTroupes qui
ont fait la Campagne dans
le PJYsBas) de retourner en
diligence dans ses Etats.
Extrait d'une Lettre de
Vienne, du 18. Novembre.
Les Quartiersd'hiver de
l'Armée de l'Empire ont cié
règlez,neufRegiments Autrichiens
,
doivent hiverner en
Ba viere, trois dans la Boheme,
& un dans l'Autriche, e
les Troupes des Electeurs dans
leurs Etats. Les Lettres qu'ona
reçeûës desFrontieres de Turquie
confirment que ïArmée
Othomaneprenoitsesquartiers
d'hiver des deuxcoflt7,du Danube^
du Prut; que le Grand
Seigneurparoissoit toûjours
disposéà observer exactement
le Traité de Carlowitz, ce
que le Roy de Sucde déçoit
hiverner à Bender. L'Imperatrice
Regente a écrit à ce Prince
pour luy offrir un passage libre
par la Hongrie
, & par lei
PaysHereditaires, à condition
qu'il ne seroit accompagé que
de deux mille hommes. L'Archiducayant
envoyé ordre au
Comte de Staremberg, President
de la Chambre des Finances
,de préparer dessommes considerables
pour les dépenses de
son Couronnement, e pour
continuer vigoureusement la
Guerre, onparle de mettre sur
le tapis le projet proposé en
1703. qui (si de mettre une
tres-forte taxe sur tous les
biens meubles & immeubles
sur , tous les Marchands Artisans, , & autres , ce qui
cause une grande consternation.
Le jour du Couronnement n'ejl
point encorefixé:cependant les
principaux Officiers de la
Maison du nouvel Empereur,
partent pourse rendre à Francfort.
Onareçû icy les Préliminaires
de la Paix,signez entre
la France &l'Angleterre ; le
Conseil quis'estAssembléplusieursfois
pour les examiner,
ne les àpas approuvez On commence
à battre laCaisse
}
pour
lever les Recreuës nécessaires
pour lesRegiments Autrichiens
&on a envoyédesordres dans
tous les PaysHereditairespour
les obligeràfournirle nombre de
Soldatsauquel ils ont ététaxez
defournir. Le Primce Charles
de lVe'Wbourg) Gouverneur dtt
TiraI qui avoitportéà Milan le
Decret de tEleaion à l'Archiduc,
est revenu à Inspruch afin
de donner ordre aux préparatifs
pour la réception de ce Prince luhoimdmeavgoiety recevoir le il.
des Etats du Tirol.
NOUVELLES
d'Espagne.
Les Lettres de Madrid du
16. Novembre,portent que la
Cour partit d'Aranjuez le14.
Que leurs Majestez Catholiques
, en passant par Cien-
Poçuelos
,
où les Ennemis avoient
campé longtemps l'année
précédente
, y avoient été
reçues avec de grandes démons- -
trations de joye; que lesHabitans
avoient planté exprèssur
le chemin, une Avenue d'arbres
dm quart de lieuë de
longueur; a chacun des bouts il
y avoit un Arc de Triomphe
orné des portraits du Roy
,
de
la Reine
, e du Prince det
Asturies ; qu'ils avoient tiré
plusieurs feux d'Artifice,fait
couler des Fontaines de vin , & donnéplusieurs autres marques
de leurzele: que le
1 5.
leurs Majestez arrivèrent à
Madrid; qu'Elles allerent descendre
à IVoflre- Dame d'A..
tocha où l'on chanta le Te
Deum;que le Roy monta enfuite
à cheval, & la Reine en
Carosse,avec le Princesonfils:
que toutes les rues où leurs
À4ajefleK passerentétoient tenduesdesplus
belles Tapisseries)
avecungrand nombre de Portraits
du Roy, de la R.eine,&
du Prince; que les Boutiques
de la rui des Orphévresétoient
ornées de vases & de VaijpUe
d'or Qr d'argent, de quantité de
Bijoux &de toutesfortes de
pierreries : que la marche dura
jusqu'a la nuit, avec des acclamarions
& des marques
de zrle inexprimables ; que le
soir on fit jouer la grande Ma*
chine de feux d'Artifice qui, avoit
été dressée dans la Place du
Palais ; que les fenestres des
Maisons furent illuminées de
flambeaux de cire blanche pen-(
dant toute la nuit.
Celles du13.marquent que
les réjouissances ont continué
les deux jourssuivans par des
feux d'Artifice d'une beautésur
prenante, de l'inventiond'uncélébréArtificierd'Alcala
;par
des illuminations,&par toutes
les autres démonstrations d'une
grande joye : que le 19. on ce.
lebra dans l'EZlifè des Carmelites
Dechaussées
, une Mfie
solennelle pour rendregrâces à
Dieu de l'heureux retour de
leurs Majestez Catholiques&
du Prince leur fils; que Don
Lorenfo - Folch de Cardona
, grand Aumosnier, officia, &
que Don Juan de las Evas
Prédicateurdu , Roy,fit un très
beau Sermon ; que le 11. les
Jfùites du Collège Impérialsirent
des obseques folemmelles
pour le repos des Ames des Soldats
qui sont morts pendant lA
derniere Campagne, & que
toute la Noblessey affijla: que
plujieurs Particuliers., recommencerent
le 1 3. à donner des
marque de leurjoye pour l'arrivée
de leurs Majestez,par des
illumina/ions, par des feux
d'Artifice
, cy des Arcs de
Trbe,ornez de Peintures
&de vers à la louange de leurs
Afajejle^ ; que les deux Compagnies
de Comediens-Espagnols
allerent en Mascarade
MI Palais où ils chanterent des
Airs nouveaux, 0* répresenterent
unetrès-belle Piecequi
finit par un Bal magnifique.
Qu'à l'égard des nouvelles
de la guerre, les Lettres qu'on
Avoit reçues d'Arragon portoient
que les Troupes du Roy
quifont dans ce Royaumes'étoient
emparées de Benavarri
oùil y avoit trois cens hommes,
qui avoientétéfaits prisonniers
avec Don Bonfacto
Manrique, qui les commandoit.
Extrait d'une Lettre du
Camp de Calafdu 18
Novembre.
Mr le Comte de Muret,
Lieutenant General ayant esté
détachéavec trois mille hommes.
pour aller attaquer Cardone,
y arriva le 14. Il trouva
qite les Ennemis avoient aDèz
bien fortifié la Ville & le
Chasteau, £r que même ils
avoient aussifortifié une Casfine
où ils avoient missix-vingt
hommu. Ilfut aussi que la
Garnisonetoit composée de
bonnes Troupes; sçavoir du
Régiment de Taf, de deux
Battaillons; d'un Régiment de
Grisons, & de celuy Jef.,
Députation de Catalogne d'un
battaillon chutlnJ (;7 trois cens
hommes d'autres Troupes, qui
toutes étoient bien disposées à
faire une vigoureuse résistance :
Mais les Troupes du Roy
étoient auiYi bien dijpojeeh a les
attaquer. L'Artillerie ayant
ruiné les def,njres de deux
Tours quiflanquoient ungrand
retranchement que les Ennemii
avoientélevé entre la Cassine
& la Ville, Mr le Comte de
Muretfit toutes les dispositions
necessaires pour attaquer ce
retranchement. Il partagea
quatorze cens hommes en trois
Corps; celuy du centre, desix
Compagnies de Grenadiers Ë,,r
de six piquets, étoit commandé
parMr le Marquis d'Arpajon;
celuy de la droite,composé d'un
pareil nombre de Grenadiers gr
de
de piquets étoit commandé par
fyfr le Comte d'Hercel, c:::ï
celuy de la gauche
,
de trois
:ens Dragons &desix Piquets,
étoit commandé par
Mf le Comte de Melun. On
narcha dans cet ordre le i7.a
a pointe dujour, en laissant
derriere la Cassinefortifiée,&
e retranchement fut emporté
.)Epée à la mainJaux trois ataques.
Les Troupes qui les
dessendoientfurentsuiviesdesi
réscjue les nôtres entrerentdans
a Ville avec elles. Le Gou-.
verneur du Chasteau, voulant
profiter de ce désordre, fit sortir
trois cens hommes pour enveloper
nos Troupes, & les mettre
entre deux feux; mais ellesse
rallierentsipromptementqu'elles
obligerent les Ennemis de se
jetter dans un Ravin, & de
se retirerderriere la Riviere de
Cardonner. On ne trouva point
d'Habitansdans laVille,parce
qu'ils en étoient tous sortis à
l'approche de nos Troupes. Mr
le Comte de Muretfit ensuite
sommer le Commandant de la
CaJJine,cjiiise renditavecsept
autres Officiers 0* cent douze
Soldatssans avoiretféattaque;
IJÆI'!Y que cepostefustfraisé&
palissadé. Mr de Courtieres,
Lieutenant Colonel dans les
TroupesWalones,unCapitaine
des Grenadiers & un Aidc-
Major des mesmesTroupes,
furent blessezàl'attaque du
retranchement, qui n'a pas
cousté aux Troupes du Roy
vQleufiae%ra9ntehommes tuez ou
au lieu que les Ennemisen
ont perdu environ sept
cens, tant tue%, déserteurs
ouprisonniers,y compris
lessix-vingtshommesqui
étoient dans la CaJJtne. On
trouva beaucoup de vivre?
dans la Ville, que les Ennemis
yavoientamassez. Lelendemain
de l'action, Mr le Comte
de Muretfit dresserdes Batte
ries contre leChasteau.
,,
NOUVELLES
de divers endroits.
De Venise le 14. Novembre,
On a fait icy pendant
trois jours des Prieres publiques
dans les Eglisesde
S. Marc, & de S. Roch,
avec l'Exposition du Saine
Sacrement, pour demander
à Dieu qu'illuy plaise faire
cesser le lféau dela mortalité
sur les Bestiaux qui continue
avec une grande violence.
-
Tous les Corps & toutes les
Communautez ont ercé en
Procession à ces Eglises,
; pendant ces trois jours,
durant lesquels les assemblées
particulieres ont elle
dessendues
)
& les Theatres
fermez. Cette maladie s'est
communiquée dans le Mantoüan,
dans la Stirie, &dans
la Carinthie,oùelle fait de
grands ravages.
De Milan le 11. Novembre,
Les Ambassadeurs de Venise
eurent le 7. Audiancc
de l'Archiduc. Le Comte
Antonio Rainoldi alla les
prendre au CollegeHelvetique
où ils étoient logez,
avec un Carrosse à quatre
Chevaux. Ils étoient en habit
de deüil, ainsi que toute
leur Livrée; mais les jours
suivants, ils parurent vêrus
magnifiquement,ainsi que
toote leur suite.
Le 8. le Cardinal Impenalc
Legat à Latere , envo yé
par le Pape pour complimenter
ce Prince, fit son
entréepublique. Le Comte
Rainoldi alla le prendreavec
plusieurs Carrosses à six
Chevaux au Monastere de
Castellazzo,&leconduisit
jusqu'au dehors de la Porte
Romaine où s'etant mis
sous un Dais, il donna la
Benediction au Clergé.
L'Archiduc arriva ensuite,
& après des compliments
reciproques,ils monterent àcheval
, & entrerent dans
laVille. LeClergéseculier
& regulier commençoit la
marche; les Gardes à pied
& à cheval marchoient ensuite;
puis vingt- quatre
Mulets du Legat avec de
riches couvertures,ungrand
Carrosse, & une Litiere;
douze Estafiers de l'Archiduc,
avec chacun un cheval
de main; les Valets de
Chambre du Legat avec
deux Masses; les Principaux
de sa fuite à cheval, ses
Estafiers vestus de sa livrée:
ceux de l'Archiduc étoient
en deüil. Ce Prince étoit
fous un Dais de Toiled'or
ayant le Legat à sa gauche.
Pluficurs Seigneursmarchoient
devant eux & ils
étoient suivis de douze
Evesques ouPrelats àcheval.
Le Senat venoit ensuite,
suivi des Tribunaux & des
soixante Decurions de la
Ville. Ils arriverent en cet
ordre devant l'Eglise Metropolitaine;
mais L'Archiduc
n'y entra pas, & il alla
droit au Palais. Le Legat y
entra, & fut reçu par
le
Cardinal Archinto qui en
est Archevesque;il fut ensuite
conduit au Palais dans
un Carrosse à six chevaux, ÔC
de-là au logement qui luy
avoitesté pre paré. Le lendemain
il rendit encore visite
à l'Archiduc qui le reçut à
la seconde Anti -chambre,
& le reconduisitjusqu'à la
troisiéme.
Les Ambassadeurs de la
Republique de Genes, firent
aussi leur Entrée le mesme
jour; & curent Audiance;
& le lendemain matin 10.
ceux de la Republique de
Lucques eurent aussi Audiance
, & l'aprésdînée du
mesme jour l'Archiduc
partit puur aller coucher à
Lodi.
DeLisbone le 9.Novembre.
La nouvelle qui s'étoir
répanduë depuis huit jours
que laPaix se traitoit en AnJgleterre,
a été confirmée par
un Exprés dépeché par nôtre
Ambassadeur en cette:
Cour là, qui a apporté les
Préliminaires. Le Comte do
Portmore , a reçu ordre do
remener en Angleterre les
Troupes de cette Couronne,
excepté deux Bataillons
pour remplacer les Soldats
qui manquent à la Garnison,
de Gibraltar ; sept Vaisseaux
de guerre Ancrloisqui
toient dans nostre Port, en
partirent hier pour retourneren
Angleterre. Le pain
est toujours très -
cher icy,
&on estfort en peine des
Bâtimens qui sont allez charger
des grains en Barbarie.
De Naples le 10 Novembre.
Le 3. de ce moison commença
les réjoüissances publiques
, pour l'Elcction de
Archiduc à l'Empire. Elles
levoient durer trois jours;
nais le foir du troisiémeà
ine demi- heure de nuit,il
omba une si grande pluye
qu'elle éteignit toutes les iluminations,
gasta les Tenures
qui étoient en plusieurs
endroits, & trempa tellenent
les Artifices,qu'ayant
econnu le lendemain qu'ils
le pourroient plus servir
)nIes abandonna , au pillage
tinÍi que toutes les Machines.
Le Vice-Roy qui dévoit
aller ce foir
-
là visiter les
Feux d'Artifice, préparez
sur la Mer avec de grandes
Machines chargées de
fruits
,
donna unBal dans
le Salon duPalais,pour supléer
à l'execution de ces
grands préparatifs, qu'on
renouvellera après le Couronnement.
Le S. il fitchanter
le Te Deurn dans l'Eglise
du grand Convent des,
Dominicains ,& il y tint
Chapelle; pendant laquelle
l'Infanterie Allemande qui
étoit dans la Place fit trois
décharges de Mousqueterie,
& les Canonniers des !
Chasteaux
,
firent trois salves
de toute l'Artillerie. Il
le fie chanter hier dans l'Eg'ife
des Theatins,&doit de
main le faire chanterdans
celle de la MaisonProfesse
des Jesuites,
De Cadiz le 12.Novembre.
Des Armateurs François
amenèrent avant-hier icy
trois Vaisseaux Hollandois.
qui venoient du Levant. Ils
sont chargez de Soye
,
de
Cottonfilé, deCaffé&d'autres
riches Marchandises,
letout estimé prés d'uai
million.
¡Une: FrégateFrançoise
ayant attaqué sur les costes
de Galice, un Vaisseau de
Guerre Portugais,montede
60.pieces de canon, étoit
sur le point de s'en emparer
après quatre heures de combat,
lors que le feu ayant
pris au Vaisseau, il sauta en
l'air avec tout l'Equipage,
dont on ne put sauver que
trois personnes.
Ilest encore venu quarante
sept Deserteurs de Gibraltar
)
presque tous Hollandois
,& qui continuent.
de dire que laGarnison n'est
point payée, & que les vivres
y sont à untrès- haut
prix.
De Rome le 14. Novembre,
Le trois de ce mois, la
Marquise de Prié
, comme
Ambassadrice de la Cour
de Vienne, quitta le deüil
& reçue les compliments sur
l'Election de l'Archiduc à
l'Empire. Il y eut le foir une
grande Assemblée chez elle
où se touverent la Connéta
ble Colonne,Dona Maria
Bernardina
,
les Neveux du
Pape,l'Envoyé de Portugal,
& plusîeurs autres -Perronnes
distinguées
: Le Prince
d'Avellino
,
avoit mandé à
ses principaux Domestiques
de donner part aux Cardinaux
de l'Election de l'Archiduc,
& de faire des illuminations
pendant rTois1
soirs ; mais les Maistres desj
Ceremonies ayant reprefenté
qu'il étoit contre l'ordre i
qu'il se fie fous les yeux dirr
Pape,desréjoüissances pour
une nouvelle dont on n.1avoit
point donné part à Sa|
Sainteté
>
ces
réjouifTanccsjji
ont elle differées.
110 ",
De Venise le zi. Novembre.
L'Archiducayant passéle
14. à Bussolengo
,
sur les
Frontières de l'EtatVenitien
sur sa route de Milan à Inspruch
,
les Procurateurs Pisani
& da-Lezze,Ambassadeurs
Extraordinaires de la
République,le complimencerent.
Ce Prince futconduit
au Palais qui luy avoit
été prepare; & qui étoit
magnifiquement meublé & -
illuminé,&où il trouva une
garde de deuxmille Cava -
liers ou Dragons tous habillez
de neuf Le lendemain les
Ambassadeurs luy presenterent
un Régale de Cire
,
de
Miroirs, de Crstaux, de
Confitures, &de plusieurs
autres choses galantes: On
luy servit un repas magnifi.
que après lequel il alla à Roveredo,
accompagné par les
mêmes Ambassadeurs, &
pardeuxmille Cavaliers
ou Dragons,quine le quitterent
que sur les Frontières
du Trentin. Ce Prince fie
present aux Ambassadeurs
de chacun une Boeste à portrait,
garnies de pierreries , D
& estimées nulle Pisto- les.
DtLjhonne le 13.Novembre
On esticy dans de grandes
inquiétudes, sur l'avis qu'on
a eu , que Mr du Gué-
Troüin,avoit. débarqué des
Troupes aux lsles du Cap
Vert ; & qu'érant entrée
dans la Baye de Tous -
les,.
Saints,il avoi t pillé la Ville
de San Salvador, Capitale
du Brésil
,
ainsiqu'unautre
Port, où il avoitbrûlé tous
les Vaisseaux qui y étoient.
De Londres le 24. Novembre.
Mr l'Evêque de Bristo,
Garde du Sceau Privé se prépare
à partir pour la Hollande
en qualitéd'Ambassadeur-
Pîenipotentaire pour
les Négociations de la Paix,
que tous les Pcules des trois.
Royaumes souhaitoient
avec tant d'empressement ;
qu'il avoit esté resolu en
plusieurs endroits de pre- 1
senter des Adresses à la Reine
pour la supliet de la con- 1 clure aux conditions qu'El- j
le & sonConseil jugeroienc
à propos; mais on s'en est
abstenu de crainte qu'il ne
parust qu'on voudroit donner
atteinte au pouvoirabsolu
qu'a le Souverain defaire
la Paix & la Guerre, quand
illuy plaist.
¡ Trois cens prisonniers
François ont été transportezà
Calais
, pour estre
échangez.
La Foudre étant tombée
la nuit du 16. au 17. sur l'EglisedeSouthwel
,
dansle
Comté de Nottingham.
).'
cette Eglise aété brûlée 3-
vec l'Ecole quien étoit prdche,&
les Cloches fonduës.
DupremierDécembre.
Le 25. Novembre il arriva
un Courrier du Comte
de Strafford, qui apporta le
consentement des Etats Géncraux
pour traiter de la
Paix sur le pied des Prelimi
mires,&les Passeports pour
les Ambassadeurs du Roy ]
Tres -
Chrestien. Outre les
vingt - cinq gros Vaifleatffc-«
de guerre qui ont été desarmez,
on en desarme encore
plusieurs autres.
Le28. jour de la naissance
de la Reine Elisabeth
, auquel
le menupeupleavoit
coutume, avant le regne de
JacquesII. de célebrer la
memoire de cette Princesse
en brulant l'Effigiedu Pape,
&celles de plusieurs Cardinaux
& Religieux,je Conseil
fut averti que quelques mal
intentionnez
,
avoient fait
faire secrettement de grands
préparatifs, dans le dessein
de causer quelque tulmute.
On envoya des Huissiers,
avec un Détachement de
Grenadiers commandé par
un Officier
,
dans l'endroit
qu'un avoit indiqué, & ils y
trouverent une figure du
Pape,avec plusicurs autres
de Cardinaux,& Religieux,
& même du Diable dans un
Chariot, qui fut brisé ainsi
que toutes les Figures. Le
foir du mêmejour,&la nuit
suivante on fit prendre les
armesaux Milices, qui firent
des patroüilles dans les ruës;
mais il ne se passa pas J:
moindre désordre.
De Cents le 26. Novembre.
Monsieur le Marquis de
Monteleon
,
Ambassadeur
d'Espagne ayant reçû ordre
de se rendre à Madrid pour
y recevoir ses instructions
sur les Congrez de la Paix
ausquels il doit assister
, en
qualité de Plenipotentiaire,
prit hier son Audiance de
de congé du Sénat.
Les Gx mille Allemands
qui s'étoient avancez sur
nôtre Frontiere pour y prendredesQuartiers
d'hiver,
marchent dans le Mantoüan
où ils occuperont les Quartiers
qui étoient destinez
aux Troupes. de BranSebourg
qui retournent en
Allemagne,
Il est entré h1uit mille-
Allemands sur lesTerres du
Grand DucOU\ il prennent
des Quartiers, ce Prince ayant
refusé de fournir aux
Commissaires Impériaux
les huit cens mille livres que
l'Archiduc luy avoit fais
demander,
De Grenoble30.Novembre.
Il parut il y a quelques
jours de ce costé. cy un gros
party delaGarnisondeSuze
qui étoit venu par Exiles.
Aussi tost qu'on en eut avis
on fit sortir trente Dragons
avec chacun un fantassin en
croupe: Ils trouverent les
Ennemis qui rafraichifsoient
dans un Village;Les
Fantassins yentrerent criant
qui vive, & au premier feu
que nos gens firent sur eux,
ils se retirerent. Les Dragons
qui les observoient les poursuivirent
& mirent en désordre
; cinq furent tuez &
trente cinq faits prisonnires.
De Huninguele 4. Decembre,
Nôtre garnisona faitune
course dans la Forest Noire
sans aucune oppoficion
,
&
a ramené un gros butin.
Les Lettres de Hombourg
,
portent que soixante Husfars
ennemis étant entrez
dans le Pays, avoient commencé
à piller & brûler;
mais quedesDétachemens
de certe Place & de Saar
sa Loüis, ayant été à leur poucsuite,
les avoient battus;
& repris le butin qu'ils
avoient fait.
De Bayone le 4. Décembre.
Il y a presentement icy
18 Bastimens Anglois qui
ont apporté diverses Marchandées
pour les vendre,
& ensuite chargerdes Vins
& des Eaux
-
de- vie.
Une Fregate du Roy de
34. canons a pris un Flessingois
de 32. canons & de
150. hommes d'équipage ,
dont plus de 60ont été tuez
dans le combat qui a duré
cinq heures.
Des Lettres de Gibraltar
du 20. du passé portent que
la disette y étoit si grande
que le Commandant de la
Place étoit obligé de tenir
les Portes fermées pour
empêcher la desertion:que
quatreBastimens Portugais
étant entrez dans la Baye
pour se mettre à couvert
d'un gros temps qui auroit
pû les jetter sur les costes
de Barbarie, on leur avoir
fait décharger le grains qu'ils
avoient à leur bord
, de
remboursé l'argent qu'il
leur avoit couité.
On a aussiappris que les
Maures qui sont devant
Ceuta ayant voulu emporter
parEscalade le Bastion de
S. Pierre avoient esté vivementrepoussezjusques
dans
leur Camp avec perte de
plusde 1200 hommes; &
qu'il écoit arrivé de Carthagene
à cette Place, un tenfort
de 400. hommes &
beaucoup de munitions de
guerre & de bouche.
," Du Fort-Louis le10.
DéCembrr.P
;
Le Commandant de
Lauterbourg ayant eu avis
que le 6. au foir il devoit
sortir un Bataillon de Philisbourg
pour aller a Landau
,envoya un party de
Dragons & de Grenadiers
xjui se porterent sur le chemin
en des lieux couverts.
Les Ennemisétant tombez
dans l'Embuscade, furent
envelopez; le Commandant
fut tué avec plusieurs Soldats,
& le reste pris. Ce
bataillon étoit des Troupes
de Souabe & de Franconie,
& alloit relever un autre
bataillon des mêmes Trou- pesquiestàLandau.?
De la Haye le 8. Décembre9
Le Courier que le Comte
de Goes, Envoyéde la
Cour de Vienne avoit dé*
pêche à Milan pour porter àl'Archiducles Préliminairesde
la Paix, en revint le
2.1 Novembre. Il apporta
uneLettre par laquelle cc
Prince prie les Etats Gcné-.,
raux de n'avoir point d'égard
à ces Preliminaires,
qu'il les avoir rejettez, &
qu'il protestoit contre
toutes les Assemblées&les
Negotiations qu'on pouroit
faire sur cesujet.
On a appris depuis que ce
Prince persiste dans la résolution
de ne point envoyer
de Plenipotentiaires pour
traiter de la Paix sur le pied
des Preliminaires.
Hier le Comte de Strafr!
ford
,
Ambassadeur Plenipotentiaire
d'Angleterre
communiqua aux Ministres
detous les Alliez dans une
Assemblée que l'on tint exprés,
que la Reine sa Maitrciïc
avoit nommé la Ville
d'Utrecht pour le lieu où se
tiendroient les Conferences
pour laPaix, & que l'ouverture
s'en feroit le 12, Janvier
prochain. Il remit enfuite
à chacun de ces Ministres
une Lettre de la Reine
de la Grande Bretagne
qu'elle écrivoit à leurs Maîtres
pour les inviter à y envoyer
leurs Plénipotentiaires..
D'Arras le ii. Décembre.
Monsieur le Marechal de
Montcfquiau, partit d'icy
avanthier avec la plus grande
partie de notre Garnison
pour se mettre à la teste
d'un Darachemem de trois
cens hommes par bataillon,
& de centhommes parRe- -
giment de Cavalerie & de
Dragons de. toutes lcs.,
Troupes qui sont depuis la
Meuse juiqu'àla Mer. Leur
rendez vous étoit le long de
la Scarpe depuis Douay
jusqu'à Mortagne, & le
long du Canal & de la Deule,
Ces Troupes n'ont point de
bagages, & n'ont porté des
vivres que pour quatre
jours, & des outils à remues
laterre; elles travaillent à
combler le canal en quelques
endroits, à rüiner les
Ponts, les Ecluses & les Digues
de cemême Canal
,
de
la Scarpe, & de la Deule
afin d'ôter , aux Ennemisle
moyen d'établir leurs Magasins
de vivres & de munitions
à Douay pour la Canv»
pagne prochaine,ainsi quils
l'avoient projetté.
Pendant qu'une partie de
ce gros Détachement commençoitces
travaux, Mr de
Goëbriant marchoit à la
petiteVille deLillers, où les
Ennemis avoient cinq cens
hommes qui ont esté faits
prisonniers; &les Fortifications
qu'ils y avoient faites
ont esté démolies.
De Courtray le 18. Decembre.
Un Parti de cènehommes
de la garnisond'Ipres
ayant rencontréplusieurs
Détachements de cinq Rements,
lesadéfaits l'unaprés
l'autre
,
& en a fait la plus
part prisonniers.
Le mêmejoursoixante
Hussards, furent surpris la
nuit dans un Village à deux
lieuës de Cologne
) par un
party de trente Fantassins
François qui leur enleverent
trente chevaux,
A Madrid le 3. Décembre.
Le Conséil envoyaVeridredy
dernier des instructions
aux Plénipotentiaires
qui doivent partir incessamment
pour les Conferences
de la Paix Le Roya donné
la Charge de President du
Conseil de Guerre à Mr
le Marquis de Bedmar : Les
Lettres de Malaga portent
qu'il y étoit arrivé un Bastinient
venant de Gibraltar
où il y avoit quatre - vingt
six Soldats de la Garnison ;
de cettePlace, qui ayant
monté de nuit dans ce Vais-
-
seau obligerent lesMatelots
f de mettre à la voile, aprést
avoir eux mêmes coupé les f
cables *>i
MORTS.
Germain de la Faille , Doyen des Anciens Capif
touls, Syndic de la Ville de
Toulouze, Secretaire - Perpetuel
de l'Académie des
Jeux - Floraux, & Aureur
des Annales delamêmeVille,
y mourut le 12i.Novembre
âgé de 5>6. ans.
Bernardin Kadot,Marquis
de Sebville, Maréchal
des Camps & Armées du
Roy, mourut le 11.Octobre
,
dans l'on Chasteau de
Sebville
,
âgé de 70. ans. Il
avoir été Envoyé deSa Majessé
,
à la Cour de Vienne.
Elisabeth
-
de- Rouxel de
Medavy de Grancey
,
Dame
d'Atour de la feue Reine
d'Espagne
, mourut le 26.
Novembre, âgée de 5 8. ans.
Elle étoit fille du feu Maréchal
de ce nom.
Marie Mignor, qui avoit
epousé en 1633. François
de l'Hôpital, Comte de
Rosnay, Maréchal de France
, Chevalier des Ordres
du Roy &c. mourut le 3o.,,
Novembre - dans un âge
fort avancé.
Pierre Deiria, Laboureur,
de la Paroisse de Brassempoy
dans le Diocese d'Aire, mourut
le 21. Novembre âgé de
cent ans. Iltravailloitencore
à la terrehuit jours avant
son decés.
Jacques Boucher
,
Sieur
dela Tour, deTeissodédans
le Diocese de Lavaur, mourut
le2 5 Novembre âgé dô;
cent onze ans. MARIAGES;
Christian- Loüis de Montmorency
- Luxembourg-.,»
Lieutenant General des Armées
du Roy, & de la Province
de Flandres, épousa
le 7. Décembre, Louise de
Harla y ,
fille unique d'Achilles
de Harlay, Comte de
Beaumont, Conseiller d'Etac
ordinaire;& d'Anne Renée
Loiiife du Louer de
Coetjenval, & petite fille
d'Achilles de Harlay,cydevant
premier Président du
Parlement: Le nouvel Epoux,
qui pot toit le nom de
Chevalier de Luxembourg.
porte présentement cduj$
de Prince de Tmgy.
Un ne peut vous donner
me plus juste idée de la granleur
&des illustrations de la
iiaifon de Montmorency
,
qu'en vous rapportant le
Discours que Mr Chcvilard
,
Historiographe de
trance, & Genealogiste du
î^oy a composé à l'occasion
d'une Carte Genealogique,
}U'tl a faite pour Monsieur
de Montmorency Fosseusc,
mefde cette Maison. Ainsi,
ce Discours qui estinsète
dans la premiere partie de
pe Volume, doitestreregardé
comme un Ouvrage
nouveau.
N. Abuéèc: de Chcvilly,
Capitaine aux Gardes, a épousé
Catherine Turgoc de
Saint Clair,filled'Antoine
TurgorJ& deJeanne Mar ie
du Tiller de la Bussiere. Elle
étoit veuve de Gilles d'Aligre
de Boifhndry,Conseil-
1er au Parlement;& elle est
soeur de MrTurgot Maître
des Requestes
,
& de Mr
Turgot Evêque de Seez.
Il s'cil fait depuis plusieur
autres Mariagesdoncon a
esté informé trop tard pour
les inferer dans ce volume
en en parlera le mois prochain.
Le Roy a nommé MonsïeurAnisson
de Hauteroche,
Prevost des Marchands
de la Ville deLyon.
Il est pere de Monsieur de
Haureroche Conseiller au
Parlement de Paris, &
Conseiller de la Chambre
du Commerce, dont est
aussi Monsieur Menager
& de Mr l'AbbeAnisson.
Il a un frere à Lyon, quia
esté Echevin de la mesme
Ville:
Le Lundy 30. Novembre,
Monsieur l'Archevesque
de Lyon, sacra dans
l'Eglise Collegiale de saint
Nizier
,
Monsieur l'Abbé
Sieault Evesque de Synope
,
anifte de Monsieur
Mador Evesque de Bellay,
& de Monsieur de Montmartin
Evesque de Grenoblel'Evesché
de Synope
est fuffraganc de l'Archevesché
d'Amasie, donc
Monsieur le Nonce Cufani
aresté pourveu.
Lelî Novembre Hen":
ry -
Charles Arnauld de
Pomponne, Abbé de saint
Medard de Soissons
,
Aumofbier
du Roy,cy- devant
Ambassadeur de Sa Majesté
à Venise, fut nommé
Conseillerd'Estatd'Eglise,
àla place de feu Monsieur
le Tellier Archevesque de
Rheims.
Monsieur Trudaine Intendant
de Bourgogne,
ayant esté nomnlé Conseiller
d'Estat,s'est demis
de cette Intendance.
Monsieur de la Brisse;
Intendant de Caen, aesté
nommé Intendant de
Bourgogne; & Monsieur
Guinet Maistre des Requestes,
a esténommé In«
tendant deCaen.
Le premier Décembre,
Louis-Auguste d'Albertd'AillY,
Vidame d'Amiens,
Capitaine
-
Lieutenant des
Chevaux Legers de la
Garde du Roy, ayant esté
nomme par Sa Majesté
Duc de Chaulnes,Pair de
France, presta ferment au
Parlement, & y sut receu
avec les ceremonies ordinaires.
Le 17. Décembre on
fît un Service solemnel
dans l'Eglise des Minimes
près de la Place Royale.
pour le repos de l'Ame de
feu Monsieur le Maréchal
de Boufflers. Monsieur
l'Evesque de Tournay célebra
la Messe
,
& le Pere
de la Ruë Jesuite, prononça
I'Oraison funebre. Un
grand nombre de Seigneurs
& de Dames dela
Cour y assisterent.
L'Académie Françoise a
proposé pour le sujet du
Prix de Poësie qu'elle delivrera
l'année prochaine le
jour de faine Loüis : LApplication
continuelle du R.oy à
affeurer le repos de Ces Sujets ,
& son attention à rendre
Monseigneur le Dauphin de
plus enplus capable de respondreàs7esveuës.
Dernieres Nouvelles.
De Lisbonne le 4. Decembre.
> Le Roy assemble fouvenc
son Conseil pour prendre
des mesures convenables
aux conjondures presentes,&
un Exprés partiehier
pour l'Angleterre t
avec des Dépesches qui
portent, à ce que l'on af-;
feurc
, que Sa Majesté re-
- met à la Reine sesinterests
ausujet de la Paix,& nos
Envoyez à Londres & à la
Haye, sont nommez pour
assisterauCongrezenqua*
litéde Pleni potentiaires.
La nouvelle qu'on a eutt
icy de l'expedition des
François dans le Bresil
,
noms a esté confirmée par
un Bastiment arrive de San
Salvador, & l'on y adjouste
d'autant plus de foy ,que
nous n'avons point de nou":

evnelles de la Flotte que nous attendons.
[
De Gironne le 10. Decembre,
Les dix huit Bataillons,
&les douze Escadrons qu'-
on attendoitdeDauphiné
estant arrivez, Monsieur le
Marquis de Fiennes s'est
mis en marche pour aller
faire le siege d'Ostalric.
Les Ennemis en ayant esté
informez, s'avancerentau
nombre de 400. Chevaux,
• de deux Bataillons, & d'un
gros corps de Miquelets
pour luy disputer le paffage
entre Bazola & Caftelfollit;
mais Monsieur de
Fiennes ayant marché à
eux avec son Avantgarde
seulement,ils seretirèrent
avec beaucoup de précipitation,
abandonnant tous
les postes qu'ils occupoient
dans les montagnes.
De Httmbourglc 11Decembre.
Les dernieres Lettres
qu'on a receuës du Camp
devant Wifmar
, portent
que la nuit du 4. au 5. trois
mille hommes d'Infanterie
,& trois cens Dragons,
eftoienc forcis de la Place
avec neuf petites pieces de
canon pour surprendre les
Troupes du Blocus; que le
General Ranrzaw qui y
commande en ayant esté
informé, avoir envoyé une
Trou pe de Cavallerie devant
chacune des portes,
pour observer les mouvements
de la Garnison
, &
donna en mesme temps les
ordres necessairespourdisposer
toutes ses Troupes de
maniere qu'elles pussent
marcher promptement où
il seroit necessaire:queles
Suédois en sortant de la
Ville, avoient repoussé la
Cavallerie Danoise; qu'ils
pousserent ensuitela Garde
avancée & le Piquet de
deux cens Chevaux , aprés
quoy ils attaquerent le Regiment
de Dragons de Bulau
, qui ayant esté soustenu
par trois autresRegiments
)
le combat dura
deux heures, ce qui donna
le temps au General Rantzaw
defaire avancer des
Troupes qui prirent les
Suedois en flanc des deux
Costez, & marcha en-ntef;
me temps avec un autre
Corps pour leur cou per la
retraite, ensorte que l'infanterie
fut obligée de former
un Bataillon quarré
pour se retirer
9.
mais que
ce Bataillon ayant esté
rompu, il n'estoit rentre
dans la Ville qu'environ
seize cens hommes, le reste
avoit esté tué ou pris
avec les neufpieces de Canon.
Extrait de Lettres de Bender
du 16. Octobre.
Mr Funck nostre Envoyé,
mande parunExpres
qui vient d'arriver
quele Grand Visir fait à,
brcfent des merveilles, 8c
promet au Roy de Suede
cout ce qu'illuy demande-
'a en Troupes & en argent.
Les Moscovitesontem-
)loyé plusieursartifices
tour éluder & retarder l'éxecution
de la Paix faite
avec la Porte. Le dernier
erme fixé pour la reddi-
~iond'Asas, & la démoli-
~ion de TaganroK expirera
dansquelques jours, & :-
ls cherchent encore à gagner
une prolongation,
mais nous avons de tresgrandes
raisons pour croire
que la Porte ne se laissera
plusamuser
, & qu'elle
reprendra les armes incessamment.
Cependant de
quelque manière que la
chose tourne, le Roy de
Suede demeure ferme dans
la resolution qu'il a prise
de partir cet hiver, & de
se porter en Pologne.
UArrtts le 20. Decembre.
,
Les Troupes qui ont
jjfte employées à combler
e canal de la Deule, & ce-
~uyde Douay;à ~ompre les
:clu(es, les Ponts & les
Digues
,
sont rerournées
dans leurs quartiers dans
~voir perdu un seul homneon
a aussi ruiné le Pont-
Vendin
,
& enfoncé des
~acteaux &abbatu des ar-
~res dans la haute Scarpe
~u dessus de Doüay., de
orte que les munitions qui
~ontàGand & destinées
)our lesmagasinsdecette
place
,
n'y pourronr tstre
transportées que par charrois,
ce qui sera tres difficile
à executer,tant à cause
des grossès sommes qu'il
en coustera aux Ennemis.
qu'à cause des forces escortes
pour chaque convoy.
Les cinq hommes qui
ont esté faits prisonniersa
Lillers,&qui sont de Troupes
Hollandoises ont esté
amenez icy. k
D'autres Lettres portent
que dès que les Ennemis
furent informez de
ce qui sepassoit, ils assemblerent
toutes les Garnisons
de la frontiere;mais
que
que n'ayant pu le raire
assez promptement, les
nostres se retiroient lorsque
les Gouverneurs de
Lille & deDoüai parurent à
une lieuë& demie d'Arras,
à la teste de trente Escadrons,
qui après quelques
escarmouches avec l'arriere
garde de nosTroupes,
commandée par Mr le
Comte de Broglio,se retirerent,
crainte d'estre coupez.
De Strasbourg le 17Decembre.
Les Ennemis ont tenté
de nouveau de conduire de
Philisbourg à Landau, un
gros Convoy de bled & de
Farine; mais ur l'avis qu'ils
ont eu que nos Troupes
estoient en mouvement
pour l'enlever,ils l'ont fait
rentrer dans cette Place.
Il deserte beaucoup de
leurs soldats, il en est venu
en unjour vingt- sixà Lauterbourg
,
qui disent qu'ils
ne sont point payez.
Un party de la Garnison
de BrifacK estant en
course le 14. rencontra
quarante cinq Hussards ennemis,
en tua treize & en
prit dix-neuf qui ont esté
amenez tous montez à Bru
sack.
DeMadrid le 14. Decembre
Les dernieres Lettres
qu'onareceuës de Catalogne,
portent que le Comte
de Staremberg ayant fait
un détachement de TroupesAllemandes
pourchanger
la Garnison de Tarragone
,
les Officiers des
Troupes Angloises qui y
sont, avoient refusé d'éva•
cuer cette Place,&avoient
fait dire au Comte de Staremberg,
qu'ils en respondoient.
Le 10 Décembre, le Pere
Athanase de Megrigny,
Capucin, fut sacré Evesque
de Graffe, dans l'Eglise des
Capucins de la rue saint
Honoré, par Monsieur
l'Evesque de Strasbourg assistédeMessieurs les E-,
vesques de Toul ôc d'Evreux.
Le 21.Mrl'AbbélePilleur
fut sacre Evesque de
Saintes., dans la Chapelle
de l'Archevesché
.,
parMon-
Geur le Cardinal de Noailes,
assisté de Messieurs les
Evesques de Tournay
)
&
le Seez.
TABLE
ETrennes de Mercure au Pffblic
3
I. PARTIE.
éruditionsur le mot Etrennes, 9
trennes de Me laC. de à
Mr le Marquis de. 21
autre Etrenne par Mrde L. T.
Mxtfait du Discours de Mr de
Reaumur, Hù à l'ouverture de
l'Académie Royale des Sciences
, 13
AcademieFrançoise de Rome, 39
These soustenuë à Reims, 43
Discours nouveau sur L'Origine,
la Généalogie
,
& la Maison
de Mo tmorency ) 49
Discours sur h dignité des Empereurs
) &surion origine, 97
Ceremonie du Couronnement des
Empereurs, 107
Recherches surl'Empire des Assyriens
, 118 II.PARTIE,
Amusements.
Lebon Medecin, Historiette;
Bouts rimezj Queftionsi Ref*.
^ponfes: Enigmes, e!i-c. I &
suivantes.
III. PARTIE,
f
Pieces fugitives.
tiece nouvelle parMrR. Etrennes
en envoyant un Pigeon, I
utre piece nouvelle, 8 arMrV.àMrde*** 2o
de nouvelle à Mrde M. 34
ouvelles de divers endrozlS, S1
F orts, 9l
ariages, 93
TnieTes nouvelles;
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le