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1711, 07 (Gallica)
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Texte
MERCURE
A aS,
M. DCCXI.
Avec PnnjiUge dit Roy,
M ERC U RE
GALANT.
Par le SieurDu F***
Mois
de Juillet
1 7 11.
Le prix est 3 0. sols relié en veau,&
2 5.sols, brochez
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLeT, au Livre
Royal, au bout du Pont S.Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU
,
à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
CILLES LAMESLE, à l'entréede la ruë
du Foin, du côté de la rue
Saine Jacques,
MERCURE
GALANT.
I. PARTIE.
LlTTERATVRE.
ACADEMIES.
LeJeuy2.5. Juin
1711. M.
l'jûbbe d'ESTRE'ES, ayant
esté élûparMessieurs de
l'Academie Françoise, à
la place de feu Monsieur
Boileau Sieur des Preaux,
y 'VÍnt prendre seance. L E Discours que
prononça Monsieur L.
d'Estrées,&c laRéponse
qu'yfît M.deValincour,
sont de ces pieces
d'éloquence dont il
est dangereux de faire
des extraits; comment
abbreger avec succésun
précis déja réduit
aux plus justes bornes
que l'excellence de l'art
lui puisse donner? comment
retrancher d'une
compoficion sibien ordonnée,
sans la décomposer,
pour ainsidire?
& quel choix peut-on
faire entre des pen fées
également solides
, ou
brillances, sansestreblâme
par ceux qui regretteront,
avec raison
,
les
beaucez qu'on auraobmises
Ces difficultezm'ont
décerminé à une nouvelle
maniere de faire
des extraits: c'est de
composer
, par exemple,
des propres maceriaux
d'un discours, un
petit extraitsuiviqui
contienne à peu prés en
racourci l'idée de l'original.
Par ce moyen je ne
ferai pas moins de tort
à l'ouvrage:mais l'Auteur
pourra le disculper
en jettant la faute
sur le Compilateur, &
je me disculperai moimêmed'avoir
ob mis,
peut-être, les plus
beaux endroirs
, par
la necessité de préferer
les plus convenables,
& les plus propres à
la liaison d'un extrait
suivi.
Pour conserver le
plus que je pourrai l'ef
prit de l'ouvrage & les
droits de l'Auteur, je
ne mettrai du mien que
quelques mots pour
cette liaison que je me
propose;& jedistinguerai
même par la difference
des caracteres de
l'impression,les morceaux
dont je n'aurai
rien retranché, d'avec
ceux dont j'aurai retranché
ou changé le
moindre mot. ie
Mon but principal
en essayant de cette nouvelle
methode, a esté
d'épargner au Public.
les tran sitions ennuyeuses,
qui sont inséparables
des meilleurs extraits;
on est contraint
d'y repeter sans cesse :
Icy Monsieur un tel découvre
avec une vive
penetration les causes de
tels & telseffets. Là
l'Auteur prouvepar des
reifonriemens solides,&
par une erudition profonde
que. En cet endroit
Alonfieier-*** dépeintazec
les traits les
plus vifs de l'Eloquence
la plus parfaite, &c.
Par ces explications,
on ne fait, pour alici
dire, que raconter un
ouvrage, & mettre en
récit, ce qui doit estre
en action 3 car, comme
on - sçait
, toute piece
d'Eloquence a son ac-
Don, & l'on ralentit
cette action en y mêlant
des digressions,
où l'on nevoit souvent
que les louanges de
l'ouvrage, & les décisïonsde
celui qui en fait
l'extrait ; le public est
un juge jaloux,on l'irrite
en prévenant les
jugemens; il ne veut
pas qu'on luidésigne,
qu'on lui montre au
doigt les end roi ts qu'il
doit adrriirer; faites lui
sentir les beautez de
l'ouvrage par l'ouvrage
même,il fera content:
Et voila l'Eloge de
l'Auteur fait.
Tcutes ces reflexions
me font-conclure, qu'il
vaut peut-estre encore
mieux alterer, & même
défigurer un ouvrageen
l'abbregeant,que
d'en ôter la force par
des digressions.
Quoiqu'il en soit essayons
de cette sorte de
compilation abbregée,
simple & suivie,sielle
ne réussit pas,nousen reviend
rons bien aux extraits
ordinaires, où je
me ferai toûjours honneurd'im
i ter ceux qui
sont excellens en ce
genre.
EXTRAIT
Du Discours de M. l'Abbé
d'Estrées.
MESSIEURS,
Rien ne m'ajamaisflatte davantage,
que l' honneur d'avoirétéadmis
dansvôtreillustreCorp,
je connoisle prix
de ce bienfait,sen ay lap1x4
vive reconnoissance
, & je
me trouve,heureux de ce
qu'un de mes premiers devoirs
, en qualité d'Académicien,
estde U rendre publique.
mais trouvez
bon que sans rien diminuer
de l'obligation'que
je vous ai je croyeaussi
devoir vos suffrages à l'estime
dont vous honnorez
celui de qui je porte le
nom:ce nomse trouve à la
teste de tous les vôtres par le
droit d'ancienneté dans les
Registres de l'Academie
-
ily est avec des qUAlitC qui
rendent à celle d'Académicien
le lustre qu'elles en re
çoivent elles-mêmes.
Je succede à un homme qui
ne pouvoit estre rmpL-acé,
c'est un de ceux qui
a donné le plus de droit à
nôtre siecle de 's'égaler à ce
beau siecle si fameux par lA
politesse, par le goût
Il a fait sur cela des leçons,
& les a faites en les
réduisant en pratique ,
c'est
par lui qu'on a vû renaître
dans la composition ce goût
exquisy qui s'étoit presque
perdu, il faloit instruire,
détromper, détruire les prejugez.
,
rectifier les idées sur
le sylè,sur l'Eloquence,
sur la Poésie, donner des
précautions contre la contagio
dutaux bel esprit.;
C~ faire goûter les beautez
du caractere naturel.
C'est le principal but que
Monsieur Despreauxseproposa
ilyreussit: ilôta
le voile de dessus lesyeux du
Public, qui commença a se
sçavoirmauvais gré àavoir
si souvent prodigué mal à
propos ses applaudissemens,
des'estre laijjé ébloüir par
defausses lueurs, d'avoir
Admiré l'esprit destitue de
bon feus.
C'est ainsi, Messieurs,
cjuc cet homme rare contribuoin
tribuoit à l'execution de -
vos desseins
,
dont le iuccez
fait vôtre eloge.
- Ecrirepoliment solidement
,avecnetteté, Cavec precis ce n'est presque
plus une Loüangeen France
ce tdUnt émané de w-us ,
est
devenu commun, c'est, 1
Jldtjfieursy une distinction
que vous a,vel^ pelduë) à
force d'en faire connaître le
prix , CT.
Je ne sçai si le grand
Cardinal, qui parmi tant
dadmirables projets, forma
celui de vôtre Academie
; eût jamais osé s'en
promettre de si grands
succés
: mais.
Il ne pr)lJ,'VOi"t gueres imaginer
un moyen plus propre
pourl'mmortatiser,sa memoire
: les merveilles du regne
sous lequel nous vivons ont
presque éface le souvenir ou
du moins l'éclat des grandes
choses qu'il fit pendant Ion
ministere : mais l'Academie
est un monument fUffiftant,
qui s'embelitpar la suite des
années, (ST dont le lustre a
toûjours cru depuis qu'il l'a
érigée.
Le vaste genie de ce
grand Ministre
, & la profonde
capacité du Magistrat
illustre qui luysucceda,
seront également celebrez
dans les siecles suivans.
Le nom du ChancelierSeguier
s'éternisera avec celuy
du Cardinal de Richelieu;
ils vous en feront redevables
parlafidélité quevous aurez
à payer le tribut qui leur ejl
dû,commeauxrestaurateurs
& aux protecteurs des Lettres,
ul---
Je suis aujourd'huy, Mejl
sieurs
,
l'organt de votre reconnoissance
: mais comment
exprimer celle que nous devons
a un Prince qui a bien
voulu joindre au titre de
Roy, cY au titrede Grand,
que toute l'Europeluy donne,
celuy de Protecteur de
l'Academie Françoise?
Quellegloirepourvous:mais
quel embaras pour moy !
Ses vertus Royales sont
un fond inépuisable d'éloges :
mais mon ZeÙ! l'si resserre par
des bornes qui me defendent
de les deve Loper. Laissons
donc tous ces prodiges de
valeur,demagnantnité,de /<', Contentons-
nousd'envisager pour
un moment dans l'évenement
funeste pour lequel
nous pleurons encore: Ifunepartsa
tendrtjjepaternelle
qui l'atache a un fils, dont il
ne peut estre arraché par le
plus extrëmedanger de Sa
Personne de l autre, cette
fermetéavec laquelle il joûtient
un siterrible coup. Mesurons
celle cy par tautre,
reconnoissons-en théroïs- me.
.AnÙons-nous icy, AleJZ
sieurs. La douleur (t) l'admiration
doivent nous tenir
dans le silence. Souhaitons
seulement au grandMonarque
une longue fuite d'an.
nées. Attendons qu'une
heureuse paix vienne nous
fournir une nouvelle matiere
pour son éloge.J'apprendrai
parmy vous à exprimer dignement
sur un si noble sujet
les sentimens de mon
coeur, C'sr ceux des personnes
de ma famille, qu'il a comblezdebienfaits
Cm d'honneurs.
EXTRAIT
De la Réponseque fit à
ce Discours Monsieur
de Valincour
,
Secretaire
General de la Marine,
alors Chancelier
de l'Academie.
MONSIEUR,
Le consentement unanime
de njos fufJra(es vous afait
ajJeZ voir combien nous estJeZ,
desiré, & avec quel
plaisir l' AcademieFrançoise
IVa pourlaseconde fois écrire
dans Ilof fastes
, un nom dont
elles'honore depuis tant d'années.
Quelles terres, quelles
mers quelles guerres, quelles
negociation s & pour
parler de ce qui nous convientparticulièrement,
quelles
académies peut-on citer
aujourd'huyoù l'on nftrvUve
des traces delagloire de
ce nom illustre? Qujl amour
pour lesLettres dans tous ceux
qui le portent, &qu'ils ont
Sçu joindre à tant àaéhons
éclatantes &a tant deservices
tanins à l'Etat?
§l*el
Quel exemple plus propre
à confondreégalement & la
grojjieretè barbare qui mé..
prise l'amour des Lettres,
comme indigne des Grands
Hommes, fY lA delicatesse
oisive,qui n'y cherche qu'un
amusement, frivole, ou une
vaine reputation.
N'a-t on pas vû vôtre
illustre pere donner encore
à la lecture des bons livres,
les plus doux momens
de son loisir,dansunevieillejîe
echapée à tant de combats
qu'aavoit rendusfunestesà
nos ennemis. J'ay vû ce
Frere, qui vous est sicher
adoucir les ennuisd'une lono-
ue navigation, tantôt avec
ce Poëte qui fut l'amy de Sri*
pion, tantôt avec celuy qui
fit lesdelices SAugujle *•
& à la veille d'un grand
combat étudiertranquillement
dans les Heros des terris
pastr des actions deconduite
& de valeur dont il alloit
lui-même donner de nou-
'VeAUX exemples.
Et quel honneur n'apoint
fait*uk Lettres, ce grand
Cardinaly Doyen del'Academie,
lorflue joignantà la
force d'un genie superieur,
toutes les graces & toutes
les lumieres qu'on trouve
dans le commerce des Muses,
il regnoit par la parole dans
toutes les Cours de l'Europe,
Maître dans l'art de persuader,
dont il pouvoit donner
des preceptes comme Aristote,
(IF des exemples comme
Demostenes, il rassuroit nos
A¡lteZ' incertains, dissipoit
les Irgues de nos ennemis,
(§£> jjLtjoit ceder aux seuLs
forces de la raison, ceux qui
étoient en état de rellff,r
aux plus puissantes armées.
Quidenousen levoyant
aujourd'hui dans ce noble repos
aquis partant de travaux
celebres, ne croit voir ce
Nestor d'Homere, qui par
les charmes desonéloquence,
&par lasagesse deses conseils
, avoit modéré si longtemps
les passions des Princes
& des Republiques,& qui
avoit esté l'amy & le compagnon
fidele des Heros de
trois âges? & dans quels
Agesy & dans quels siecles
cet illustreCardinal ne paroist-
ilpointavoirvécu?&..
Puisquenous sommes pri'
VeZ duplaisir de le oir à
nos exercices, c'est à VOUS,
Monsieur, d'en remplir la
place,tl,ujJi bien que celle de
l'excellent hommeà quivous
JucceàeXj, faites-nous part
de ces richesses qui 'VOU$ font
naturelles, & de celles que
'UOIU aveZ acquises par vos
grandsemplois dans les Païs
étrangers; montrez-nous en
quoy la Langue Franfoife
peut estre comparable
, ou
même préferée à tant d'autres
Langues qui vous sont sifamilieres.
Que l'Academie, en
vous voyant, croye voir
son illustre Doyen, & l'illustre
confrere qu'elle a
perdu. .4
Je ne crains point,Messieurs
, que l'amitié me
rende suspect sur le sujet
de MonsieurDESPREAUX..
quel éloge en puis je faire
que vous n'ayiez déja prévenu?
J'ose attester, Messieurs
,
le jugement que
tant de fois vous en avez
porté vous-mêmes ,
j'atteste
celui de tous les Peuples
de l'Europe. L'approbation
universelle
, ,
cft le plusgrand éloge
que les homimes puissent
donner à un écrivain, &
en même temps la marque
la plus certaine de la
perfection des ouvrages;
par quel heureuxsecret
peut-on acquérir cette
approbation. Monsieur
Despreaux nous l'aappris
lui-même, c'est par l'amour
du vray.
En t/Jet, ce rirft que dans
levrayfeulement que tous les
hommes je jéumjjtnt, différens
d'ailleurs dans leurs
moeurs, dans leurs prejugeT9
dans leurmaniere depenser,
d'ecrire, cV- dejuger de ceux
quiecrivent; des que le vray
paroît clairementàleursyeux,
il enleve toujours leurconsentement&
leuradmiration.
Monsieur Despreaux
avoit puisé dans la nature
même, ce Vrayqu'on ne
peut voir qu'enelle, mais
qu'elle ne laiiIè voir qu'à
les favoris.
Mais c'eiten vain qu'un
auteur choisitle vraypour
modele
,
il est toûjours sujetas'égarer,
s'il ne prend
.auLIJ laraifon pour guide:
elle apprit a Monsieur
Despréaux à éviter les excez
de Juven.al,& d'Hora- - cemême,qui avoient atta--
que les vices de leur temps
avec des armes qui faisoient
rougir la vertu. Il
osa le premier faire voir
aux hommes une satyre
fage & modeste , & renédit
sacvierausisi pturse qu.e ses .;}
Incapablededéguisement
,
dansses moeurs, comme d'affectation
dans ses ouvrages, il S'elf toûjours montré tel
qu'ilestoit, aimant mieux,
dzjoit-it> laisser voir de veritables
deffautsque de les
couvrir par de fausses vertus.
Tout ce qui choquoit la
raison oulaverité
,
excitoit
en luy-même un chagrin,
dont il n'etoit pas lemaistre,
& auquel peut estre sommes
nous redevables de ses p us
ingenieusescompositions:mais
en attaquant ce déffaut des
Ecrivains,ila toujours épargné
l urs personnes.
il croyoit permu à tout
homme qui sçait parler ou
écrire de censurer publiquementde
mauvais livres:mais
il ne regardoit qu'avec horreur
ces dangereux ennemis
du genre humain, qui sans
respectpour l'amitié,pour la
véritémême, déchirent indifféremment
tout ce qui s'offre
à leur imagination
,
(9i
qluesi du fonds des tenebrts qui
dérobent à la rigueur des
JLoix^sefont un jeu cruel de
publier les fautes les plus cac/;
éts,& de noircir les actions
lesplus innocentes.
M. Despreaux s'animoit
sur tout contre ces genres
de poësies
,
où la Religion
luy paroissoitoffensée &.
Heureux d'avoir pûd'une
même main imprimer un
oprobre éternel à des ouvrages
si contraires aux bonnes
moeurs,& donner à ],:r.vertu,
enlapersonnede notre Auguste
Monarque, des louan
ges qui nepérirontjamais.
Souvenons- nous que
nôtre siecle fera regardé
un jour du même point
d'éloignement d'où nous
regardons maintenant celuy
d'Auguste.
On ne voit que foiblement
sa gloire dans les
arcs de triomphes, médailles
& autres monumens
que ce temps a détruits
ou alterez : mais quand
on le contemple dans les
vers de Virgile & d'Horace
soûtenant luy seul tout
le poids des affaires du
monde,vainqueur de ses
1\ * ennemis, & toujours pere
de ses sujets,banissant le
vice par ses Loix, enseignant
la vertu par ses
exemples,&.
Alors les coeurs & les
esprits sereünissent pourformer
un noHveau çenctrt de
louanges. On bénit le Ciel
d'avoir donne aux hommes
un si bon Maijlre, & l'on
souhaite que tous ceux qui
viendront Aprés luy puijjtnt
luy ressembler.
N'en d,),,,tonspoint,Monsieur,
tel & plus grand encore
la posterité verra tÀuguste
Loüis dans les ouvrages
de M. Despreaux, é..
& dans ceux decette illustre
Compagnie.
PurjJt t-il encore durant
nn grand nombre d'années
préparer aux siecles à venir
-
de nouveauxsujets d'admiration;&
puisse une longue (ST
heureuse paix le mettre bientost
en estat de procureràses
peuples un bonheur qui fait
le plus cher objet deses desirs
&qui fera la consommation
desa gloire.
Il paroistdepuis peu un Livre
qui a pour titre, les
-
'J\egles de la Prononciation
pour la Langue FrançoifèyparAd.
B. CE Livre est tres
bon dans son genre
& tres utile;on Içait
bien, dit l'Aureur, que
ce n'est pas un grand
honneur ni un grand
merite de sçavoir bien
sa langue,& d'en prononnoncer
regulierement
tous les mots: mais
c'est un grand blâme
Se une honte à un
honnéte homme de ne
le sçavoirpas. Un mot
mal prononcé luy fait
quelquefois plus de tort
quun faux raisonnement,
parce que tout
le monde est choqué
d'une mauvaise prononciation
, & que peu de
gens ont l'esprit assez
juste pour s'appercevoir
de la fitufferé decertains
raisonnemens,&.
Ceux qui aiment à
voir un livrecommencer
simplement feront
conrens du début deceluy-
cy: voicy comme il
commence.Ily a vingtquatre
lettres à l'Alphabet.
Abcdefg, Sec.
Le début des Elemens
d'Euclidesestaussi simple
queceluy-là, un &
un font deux, le tout
estplus grand que là
partie: C'est pourtant
sur ces fondemens si
simples qu'on éleve
des systemes jusqu'aux
cieux pour mesurer le
cours des astres, prédire
les éclipses, & rendre
raison des phenomenes
les plus étonnans.
EXTRAIT
des protestations des Llechuri
-
de Baviere & de Cologne. L'Electeur de Cologne
expose que son intennon
estoit de demeurer
neutre durant la guerre
qu'il voyoitpreste às'allumer
entre les Maisons de
France & d'Autriche pour
la successiond'Espagne. Il
devoit cette neutralité à
son peuple,attendu la situation
de sesétats,qui les
exposoit aux premiers desordres
de la guerre si le
Prince avoit pris un parti.
S. A. E. fit donc toutes les
démarches necessaires durant
l'automne de 1701. à
Vienne &à la Haye,pour
obtenir cette neutralité, &
il les fit avec d'autant plus
d'instance, que la guerre
estoit desormais certaine.
Dés le 7. du mois de Septembre
1701. l'Empereur
Leopold, le Roy Guillaume
,
& lesEtats Généraux
avoient signé le traité si
connu fous le nom de la
grandeAlliance.Le traitéestoit
une ligue offensive
contre les couronnes de
France & d'Espagne, par
laquelle les Puissancescontractantes
s'engagerent à
leur faire conjointementla
guerre,si dans six mois elles
ne donnoient à ces Alliez
des satisfactions & des
sûretez telles que des Princes
qui ont les armes à la
main ne les donnent qu'aprés
plusieurscampagnes
malheureuses. Suivant toutes
les constitutions de
l'Empire l'Electeur de Cologne
estoit loüable de
prendre le parti de la neutralité.
Jusques au 27. Septembre
1702.la guerre que
l'Empereur a faire aux couronnes
n'a point eité une
guerre de l'Empire. Ce ne
fut que le 27. Septembre
1701. datte itmirquable,
quel'Empire declara par
un resultat des trois Colleges
qui composentla
Diette,qu'il épousoit la
querelle de la Maison
d'Autriche, Se qu'il entroit
en sonnomdansla guerre
qu'elle faisoit aux couron
nes. Neanmoinslaneutralité
fut refusée à l'Electeur
deCologne à Vienne dés
le mois d'Octobre 1701. & laréponsequ'onluy tIt à la
Haye valoit un refus. Les
Hollandois dés le mois
d'Octobre 1701. commencerent
même a agir holli.
lement sur le territoire de
Liege, dont il est Evêque
&Prince, en y élevant des
fortifications sans son consentement.
Cet Electeur
qui n'avoit pas assez de
troupes pour maintenir sa
neutralité contre de si puissans
voisins, & contre l'Electeur
Palatin, & d'autres
Princes leurs Alliez,appella
& reçut dans ses places
au mois de Novembre
1701. les troupes du cercle
de Bourgogne,aprés leur
voir fait prêter serment
de
ae ne rien attenter contre
l'Empire, & de sortir de ses
placesdés qu'illerequereroit.
Suivant les constitutions
de l'Empire, il est
permis aux érars de l'Empire
dappeller à leur secours
les troupes des autres
états de l'Empire. Depuis
Charles-Quint le cercle
de Bourgogne est un
des états de l'Empire, &
les Empereurs de la Maison
d'Auftriche ont appellé
à leur secours, &
introduit souvent dans
: rf-a-npire les troupes de ce
cercle. L'Empereur publia
plusieurs mandemenscontre
l'Electeur de Cologne
qui écrivit le 19. Mars 1702.
à l'Empereur une lettre
aussi forte que respectueuse
pour défendre sa con
duite,dans laquelleon voit
que S. A. E. étoit prête d'écouter
la Diette, qui seule
étoit son juge competant,
avec toute sorte de déference.
Néanmoins dés le
mois de May 1702.les Hollandois
& d'autres Princes
alliez de l'Empereur attaquerent
Kaiservvert
, &
l'Electeur de Cologne estoit
presque dépoüillé de
tous ses états pour n a»-
voir pas voulu faire la
guerreconjointement avec
l'Empereur, quand
l'Empire declara le 27.
Septembre 1702. que ses
Membres devoient prendre
part à cette guerre.
Les choses en resterent
là durant la vie de l'Empereur
Leopold. L'Empereur
Joseph, dans la- premiere
année de son regne
,
publia une proclamation
dattée du25. Avril
1706. parlaquelle il mit
SonAltesse Electorale au
ban de l'Empire, autant
qu'un Ecclesiastique y
peut estre mis. La protestation
fait voir pleinement
l'iniquité ôç la nullité
de cette Sentence,
renduë contre un Prince
qui n'estoit pas coupable,
par un Tribunal incompetant;
puisque, suivant
les constitutions de l'Empire
,
la Diete seule peut
connoistre des causes capitales
des Electeurs, Princes,&
autres états del'Empîre.
Son Altesse Electoralefinit,
en protestant
de nullité contre l'élection
future d'un Empereur,
à laquelleon ne l'auroit
pas invitée, pour la
conservation de ses droits
& pour celle des droits de
son Eglise.
,-
La protestation de l'Electeur
de Baviere dattée
de Namur le 7. Juillet est
beaucoup plus courte. Cet
Electeur expose que son
honneur & ses interêts ne
lui permettoient pas d'entrer
en- guerre contre les
couronnes, lorsque l'Empereur
commença de sors
autorité privée en 1701. la
guerre qui dure encore
quil prit des mesures pour
demeurer neutre, & que
plusieurs estatsdel'Empire
se trouverent dans lesmêmes
sentimens que lui. Il
concerta avec eux pour
empêcher que la Cour de
Vienne n'arrachât d'eux
une déclaration forcée:
Mais cette Courgagna la
plûpart des états qui s'étoient
joints, ou qui devoient
sejoindre avec S. A.
E. pour empêcher que
l'Empirene fût obligé à
rentreren guerre,&à rom-r
pre la paix de Risvvik làns
sujet: en effet dés le mois
d'Avril 1702. il se fit plusieursviolences
dans l'Empire
par les Alliez de l'Empereur,
quiforçoient ceux
qui témoignoient vouloir
demeurer neutres, à se défaire
de leurs troupes. Dés,'
le mois de Juillet l'Empereur,
àquilesconstitutions
de l'Empiredéfendent é..:-,
troitement d'attaquerjamais
directement ni indirectement
la couronne de
France sans leconsentement
des trois Colleges ,
commençalefiegedeLandau,
de sa feule autorité.
L'Electeur de Bavieré ne
pouvoitplus douter aprés
ce qui s'étoit passé,qu'il ne
dût être attaqué incessamment,&
le 8Septemb. 1701.
il jetta des troupes dans
Ulm& dans Meminguen,
quiouvrent l'entrée de ses
états, pour se couvrir de
ces places durant le danger
, avec promesse de les
évacuer dés qu'il feroit
paffé. La Diette ne declara
qu'il falloit faire la guerre
à la France quele27.Septembre
1702. L'Electeur
de Baviere voulut demeurerneutre:
maisau mois de
Mars 1703.le Comte Schlik
entra hostilement dans ses
états, & le mit en droit de
pourvoir par toutes fortes
devoyes àsa juftedéfenfe;,,
Le 26.d'Avril 1706.l'Empereur
Joseph le mit au
ban de l'Empireparune
Sentenceémanée sur des
procedures du ConseilAulique,
qui n'est pas Juge
competanten pareil cas.
Le pretexte de cette Sentence
est l'infractiondela
constitutionde la paix publique
commise par l'Electeur
quand il occupaUlm.
On appelle enAllemagne
constitution de la paix publique
l'Ordonnance qui
fut publiée dans laDiete tenuëà
Vorms en 1495. sous
l'Empereur Maximilien I.
par laquelle il est défendu
aux états de l'Empire d'user
d'hostilitez les uns envers
les autres dans leurs querelles
particulieres :
L'Electeurn'occupa
Ulm que
pour fegarantir des insultes
qui avoient été faites à
d'autresPrincesdepuis peu.
de mois, parce qu'ils étoient
dans le même cas
que lui, avec promesse de
l'évacuerdésque labourasque
seroit passée.Toute occupation
de place n'est pas
une infraction de la paix
publique,& depuis quatre
mois il s'en est fait dans l'interieur
de l'Empire, qui
sont plus odieuses que celle
d'Ulm, & qui n'ont pas attiré
le moindre mandemenant
fait écrire aucunes
lettres avocatoires à l'EmpereurJoseph.
La plûpart
..¿es autres griefs rapportez
dans la Sentence de Ban ne
regardent pas l'Empire
mais l'Empereur comme
Archiduc d"Autricl-ic.»
L'Electeur proteste contre
ce Ban injuste dans le
fonds & dans les formes,
& contre ce qui s'estpassé
depuis; ainsi que contre
l'election d'un Empereur,
à laquelle il n'auroit point
étéappellé ,déclarant que
d'autres que lui seront coupables
pables des malheurs qu'une
pareille élection, faire
contre les Loix,pourroit
attirer sur l'Allemagne.
L'histoire qui fuit,
tirée d'anciens memoires
Espagnols, est écrite
dans le gout deZaïde,
& de la Princesse de
Cleves, genre d'écrire
excellent; mais qui paroist
allongé & languissant
à ceux qui ne veulent
dans une avanture
amoureuseniconversations,
ni sentimens, défaut
de gout, fondé sur
le défaut des moeurs.
Nos jeunes gens feroient
ravisqu'on traitât
l'amour dans un livre
come ils letraitent
dans le monde;ils voudroient
voir le dénouement
dés la seconde page;
ils ne veulent plus
que l'extrait d'une histoire
, parce qu'ils n'aiment
plus que l'extrait
d'une intrigue: tout ce
qui doit interesser les
ennuye , ils appellent
romanesques
, tous les
sentimens élevez & delicats
que produir la
belle nature ; extrémité
opoféeà celle du temps
de Voiture, où l'on appelloit
beau naturel les
spiritual itez quintessenciées
d'Alcidalis & de
Zelide. L'histoire suivante
eftécrite aussi noblement,
mais plus naturellement
qu'on ne
l'eût écrite en ce tems- là, &j'aycrû faire
honneur au nostre en
luy donnant une histoire
où l'amour est traité
avec delicatesse. Puis
qu'on donnoit en ce
temps-là, pourra dire
quelqu'un dans cent
ans,un tel ouvrage dans
un Journal public, il
falloitdoncqu'ilyeût
encore un certain nombre
de gens à qui cette
maniere d'aimer fist
plaisir.
IIPARTIE
DU MERCURE.
AMUSEMENTS.
Historiette Espagnole.
Dans le temps que.
l'Espagne estoit divisée
en plusieurs pays dont
chacun avoit fonSouverain,
le Duc d'Andaloufie
estoit le plus confiderable
d'entr'eux, foit par
l'estenduë de ses Estats,
soit par la sagesse avec
laquelle il les gouvernoit.
Il estoit l'arbitre
des autres Ducs sesvoisins,
dans les differens
qui les defunissoient, &
ces raisonsluyattiroient
la veneration
,
& le respectde
toute l'Espagne :
le detir qu'avaient les
jeunes Princes de voir
un Souverain dont la réputation
faisoit tant de
bruit,& qu'on leurproposoitsans
cesse comme
le plus excellent modelle
,
les attiroit dans sa
Cour, mais les charmes
de Leonore sa fille les y
retenoient: c'estoit la
beautéla plus reguliere,
&la plus touchante,
qui eustjamais paru en
Espagne
,
la beauté de
son esprit, &l'excellence
de son coeur formoient
de concert avec
ses appas tout ce qu'on
peut imaginer de plus
parfait.
Les Princes qui ornoient
une Cour déjasi
brillanteparl'esclat de
la Princesse Leonore,
joüissoient d'un je ne
scay quel charme secret,
que sa presence faisoit
sentir, ëc que la renomméen'avoit
paspûassez
publier: Ils l'aimoient,
ilsl'admiroient, mais le
respect ne leur en permettoit
que les marques
qui efchapentnecesairement
à l'admiration
,
6c à l'amour. Le
seul D0111 Juan fil^ du
Duc de Grenade osabien
tost reveler le secret
que tous les autres
cachoient avec tant de
foin. C'estoit un Prince
très - puissant
,
bc de
grands interestsd'Estat
queleperedeLeonore,&
le sien, avoient à demefler,
pouvoientfaciliter
un mariage auquel son
amour ,
& sa vanité le
faisoient aspirer, ensorte
queDom Juan sûr de
l'approbation du Duc
d'Andalousie,&constant
aussi sur son mérité declara
son amour à Leonore,
avec une hardiesse
qui dominoit dans
son caractere.
La Princesse ne luy
respondit point avec ces
vaines ostentations de
fierté ridicules sur tout
dans celles que l'amour
n'a pas touchées; mais
son discours portoit un
caractère de modération
qui luy annonçoit une
longue indifference
,
il
ne receut d'elle que
quelques marques de la
plus simple estime, sentiment
froid qui ne fait
qu'irriter les feux de l'amour,
DomJuan eust
mieuxaimé queLeonore
eust esclaté contre luy
, l'indifference est en effet
ce qui tourmente le
plus un amant, elle luy
oste le plaisir de l'esperance
aussi
-
bien que la
haine, & n'éteint pas
comme elle sa passion.
DomJuan parla souvent
deson amour à Leonore
,
& il en receut toujours
les mesmes respon
ses, rien ne put attendrir
pour luy
, ce coeur
dont l'amour reservoit
la conqueste à un autre,
mais en perdant
l'esperancede toucher
son coeur, il ne renonça
pas à celle de la posseder,
il agit auprès du
Duc plus vivement que
jamais
,
il esperoit que
Leonore aimeroit son
époux par la mesme raison
qu'il l'empeschoit
d'aimer son amant, il
pressa si fort son mariage
qu'en peu de temps
il fut conclu: quelle
fut la desolation décette
Princesse,ellen'estoit
pas insensibleàl'amour.
lePrince deMurcie avoit
sceu lui plaire, mille
qualitez héroïques le
rendoientdigne de son
amour, elle l'aimoit
quel malheur d'estre,
destinée à un autre. Cet
aimable Prince qui l'adoroit
n'avoit jamais ofé
luy parler de sonamour,
& n'avoit aussi
jamais reçu aucune mar
quedeceluy que Leonore
sentoit pour luy :
Il arrive à Seville où
estoit la Cour du Duc
d'Andalousie. Le mariage
de Dom Juan fut la
premiere nouvelle qu'-
apprit l'amoureux Prince
de Murcie, il fut frappé
comme d'un coup de
foudre. Il crut avoir
tout perdu, ainsi il ne
menagea plus rien, &
sansrendre ses premiers
devoirs au Duc, il
court chezLeonore dans
l'estat le plus violent quun
amant puisseeprouver
: Il eji doncvray,
Madame, luy dit-il, que
vous épousezDomJuan,
l'heureux Domfuan va
vous posseder.Toute la
Courqui retentit de sa
gloire deson honheur,
m'annonce le seul malleur
quiputm'accabler:
car enfin,Madame, il
n'est plus temps de vous
cacher messentiments
,
il
faut maintenant qu'ils c-
L'latent, je vous aimay
dezque vousparusses à
mes yeux, l'amour ne
peut plus se tairequand
il est reduit au desespoir;
Dom Juan seral'époux
de Leonore , Ah Prince[
Je ! quelle ressource
pour moy dans un pareil
malheur, Eh! quel
autrepartypuis-jeprendre
que celuy de mourir
: ce discours du Prince
surprit Leonore : il
luy donna encore plus
de joye
,
le respect du
Prince avoit juques-là si
bien caché son amour
qu'ellen'avoit pas mesme
peu le soupçonner,
quel charme pour elle
de se voir si tendrement
aimée d'un Prince qu'-
elle aimoit.
Leonore dont le coeur
estoit grand & incapable
des petitesses de la
feinte&dudéguisement
se livra toute entiere au
premiermouvement de
la gcnerosité, Prince,
dit elle, loin que vostre
amour m'offense, je ne
fais point difficulté de
vourdirequej'y responds
par tout celuy dont je
suiscapable; ouy,Prince,
je vous aime, &fij'epou.
sois Dom Juan je serois
encore plus à plaindre
que vous, maintenant
que jeconnoisvostre amour,
&que voussçat¡}
eZ le mien, nos malheurs
ne seront pas si
grands, la pofejjion de
vostre coeur va mefaire
surmonter les plusrudes
disgraces, &l'aveu que
je vous fais de mon amour
vous responds que
je ne seray point à un
autre que vous.
Cet aveu paroîtra sans
doute bien promt à ceux
qui croyent que l'amour
est toujours une foiblesse,
il feroit condamnable
en effet dans une
amante ordinaire, mais
l'amour heroïque plus
independant se prescrit
à
à luy mesme ses regles ,
sans violer jamais celles
dela vertu.
On peut juger combien
le Prince fut sensible
à un aveu dont il
n'auroit jamais osé se
flater
,
sa joye plus vive,&
plus forte que celle
que l'amour content
inspire d'ordinaire,ne se
monstra que par des
transports, illuy prouvoit
par le silence le plus
passionné que son bonheur
épuifoit toute sa
sensibilité, tandis que la
Princesse
,
oubliant le
danger d'estresurprise,
s'abandonnoitauplaisir
de le voir si tendre. Il
reprit l'usage dela parole
que sa joye extrémeluy
avoit osté: Est-il
possible, ma Princesse !
que vous flye{fènfihle
à mon amour, n'estoitce
pas ajJeZ que la pitié
vous interessast dans mes
malheurs ; Je comptois
sur la gloire de vous admirer,
f5 de vous aimer
plus que tout le monde
ensemble,maispouvoisje
me flater du bonheur
de vousplaire:SoyeZ,ûr,
dit Leonore, de la sincerité
de mes sentiments :
la vertu ria pas moins
de part à l'aveu que je
vous en fais que mon amour
:oüy
,
Prince, c' est
cette vertu si sensible à
la vostre qui vous afait
iJ.:I1)U que monamour,
tout violent qu'il est, ne
m'auroitjamais contraint
à vous faire f5 cejl
cette vertu qui mefait
souhaitterd'estreplus digne
devous: mais helas!
que leplaisir d'un entretien
si tendre va nous
cou,#ercl,er,noe,r,e amour
est trop violent pour ne
pas éclater, on le remarquera,
Prince, & l'on
va nousseparerpour tousjours.
Aprés une conversation
telle que se l'a peuvent
imaginer ceux qui
ont ressenti en mesme
temps l'amour, la joye
&la crainte. Le Prince
deMurcie se separa de
sa chere Leonore
,
de
peur de trahir par un
trop longentretienlemistere
si necessaire à leur
amour:il alla rendre ses
devoirs au Duc d'Andalousie,
qui luy confirma
le mariage de Leonore
avec DomJuan;savisite
futcourte,il n'aimoit
pas assez DomJuan pour
s'entretenir si long-tems
de son bonheur:la resolution
du Duc l'allarmoit
extremement ,
il
prévoyoit des éclats que
son amour pour Leonore
luy faisoit craindre
plus que la mort. Agité
de foins & d'inquietudes
il va chercher la solitude
pour y réver aux
moyens de détourner le
malheur qui le menaçoitj
il y trouva justement
Dom Juan qui se
promenoit seul dans les
jardins du Palais: quelle
rencontre que celle
d'un Rival qui rendoit
malheureux l'objet de
son amour. Si le Prince
eust suivi les mouvements
de sacolere,il auroit
sans doute terminé
sur le champ leur querelle:
mais il importoit
au Prince de dissimuler
plus quejamais; il aborda
Dom Juan avec cet
air d'enjouëment, & de
politesse qui luy estoit
particulier, & luy parla
en ces termes: Je ne
m'attendotspas, Prince,
de vous trouver enseveli
dans une profonde rêverie
lorsque toute cette
Cour ne s'occupe, & ne
s'entretient que de vostre
bonheur, le Duc d'Andalousie
vient de vous
rendre le Princed'Espagne
le plus heureux, &
nous
vousfuyeztout le monde
qui applaudità son
choîx. Est-ce ainsi que*
vous r(ce'Ve{, la plus
grandefaveurquepuisse
vous faire la fortune ?
Prince, responditDom
Juan, loin d'estre inJér;-'
sible au bonheur que le
choix du Duc me procure
,
c'est peut- estre afin
de le mieux gouster que
je cherche la solitude:
poury estreaussisensible
que je le dois, je riay beJ'oin
que de mon propre
coeury , je le possede
mieux icy qu'au milieu
d'uneseule de ccurtifans,
dont quelques-unspeutestre
donneroient des applaudissementsfcrce\
y a
un Princedontils envient
le bonheur.
Quoj qu'ilensoit, re->
prit lePrince, voflre
froideur mestonne:vous
estes trop heureux pour
veus renfermer dans les
bornes dune joye si moderee.
Eh!qui eutjamais
tant desujets de joye?
Vous allez,posseder Leonore
, &vous pofedez
apparemment son coeur,
car DomJ-uJan,delicat
&genereux comme je le
connois, nevoudraitpoint
faireson bonheurauxdépens
de celle -qu'ilaime,
il n'auroit point accepté
les offresduperesans eflrc
seur du coeur de lafille.
Leonore,-refpoilditDom
Juan, n'a point flatté
mon amour, &si setois
d'humeur a mmquieter>
je trouerois peut -
estre , quelle est sans inclination
pour moy:maisenfin
je rapporte la froideur
dontelle apayemesfeux,
à son indifférence naturelled'amour
mutuel n'est
pas necessaire dans de
pareils mariages, les raisons
d'Estat, & les interests
de famille en décident
ordinairement; &
lorsque j'accepte ïhonne"
f?' que le Dm-veut me
foeire? (avertu
pond quelle n'a point
d'tantipathiepour l'époux
que son pere luy destine ,
ni d'inclinationpourceux
que le choix du Duc riauthorisè
pas à luy lnarquer.
de l'amour. Permettezmoy
y
Seigneuryrepliqua
le Prince
,
de douter de
la sincerité de vos discours
pour estimer encore
vos sentimens, ouiy puisque
vous 'vo!/;/ez estre
l'Espoux de Leonore,
vous estes purdeJon
coeur: mais sans doute
vous vouleT^oùtrJeul de
vosplaisirs.Jevous laise
en liberté.
Si le Prince quitta
brusquementDomJuan,
c'estoit moins pour luy
plaire
, que parce qu'il
craignoit de ne pouvoir
pas assez retenir sa colere.
Il estoiteneffetbien
dangereux qu'elle n'éclatast
à la veuë d'un
Rival qui oiïLnibit également
sa delicatesse &
sa passion.
Le Prince courut rendre
compte à sa chere
Princesse de ce quis'estoit
passé entreDomJuan
& luy: mais bientost
les inquiétudes le reprirent
quand Leonore luy
dit que le Duc son pere
vouloit absolument acheverce
fatal mariage,
qu'elle en auroit esperé
plus de condescendance
,
maisqu'il paroissoit
inflexible
,
& qu'elle
craignait bien que rien
ne peut changer a resolution.
Ce fut ppur lors que
le Prince se trouva
cruellement agité: Que
de malheurs, luy dit-il,
je vais vous susctier!
quelles violences ne va
point vousfaire le Duc?
quellespersecutions de la
part de DomJuan? mais
en vain cet indigneRi- ,Zne
: valvêtitjorcervojïre inclînattoïijappujzduchoix
de vostre Pere, mon amour
& mon courage,
plus forts que leurs intercjisy
& leurs resolutions
vaincraient des obstacles
mille fois encore plys
grands: mous^wiau
meZ, je ne seray jamais
malheureux Dom
Juan nefera jamaisvostre,
Epoux ; je cours le
punir & vousvenger.
jihPrincel dit Leonore
,
auallû^vcus faire?
je ne crains point que le
bruit d'un combat suissè
ternir ma gloire, mais
que deviendrons-je lit
vous estoit funefe ? la
fortune riejïpas tousjours
du party de l'amour.
Prince, au nom de cet
Amour,n'éxposez,point
une vie à laquelle s'attache
la mienne: contenteZ:.,
vous du ferment que je
fais de rieflre jamais
qu'a vous,
Quel coeur ne feroit
pas sensible à tant de tendresse
? mais qui pourroit
l'estreautant que le
fut ce Prince le plus delicat
,
& le plus tendre
de tous les amans : on
peut croire queses transports
éclatoientsur son
visage, & ce fut en effet
ce qui trahit le mistere
de ces amans. DomJuan
venoit visiter Leonore,
il entroit dans son appartement,
dans les mamens
les plus vifs
y
&
les plus heureux où le
Prince se fust encore
trouvé; il sbupçonna
d'abord sonmalheur, &
la Princessequieraignoit
de sè trahir elle-mesme,
aprés quelques discours
de civilité feignit une
affaire, & se retira dans
son cabinet. Pour lors
Dom Juan qui n'avait
d'abord osé produire les
soupçons, ne menagea
plus rim, ces deux Rivaux
quitterent l'appartement
de la Princessè,
& sanssedonnerrendezvous
que par des regards,
ïls se trouvèrent
enfin {èu!s dans une alléeextrêmement
éloignée
du Palais, &Dom
Juan parla ainsi le premier
; Si j'avais Jeeu ,
Prince, que vous estieZ
seul avec Leonore - n'aurais eu garde de troubler
c-uoftre entretien, il
vous saisoit plasir à l'un
é5 à l'autre, ou toutes les
marquessurlesquelles on
en peut jugersont équivoques
: je mesuis pour lors
souvenu desmaximesgenereusèsquevous'VoulieZ
tantoslm'inspirer, iffen
ay reconneu la sagesse
aussî-tost que leprincipe.
Seigneur, respondit le
Prince, quand on estné
genereuxon n'ignorepoint
ces maximes, un amant
delicat se croit indigne
d'époufsr sa maijlrejje
quand il ne s'enfait pas
armer, l'epouser sans luy
plairec'est luy ojier la
liberté de concert avec
ceux qui ontdroitde disposer
d'elle, ~(jfpour
moy Pour vous,
répliquaDom Juan
,
vous accepteriez^le choix
de son Peres'il estoit
en vostre saveur ; sans
craindre dopprimer sa
liberté, ~f5 vous ferieZ
un usage plus agreable
de la delicatessè de
vos sèntiments: je rien
produirois pas du moins,
reprit le Prince avecémotion,
d'indignes f5
~â*elle&demoy.Jeferay
bientost voir, repritfierement
Dom Juan, que
cen'estpas estreindigne
du bienauquel on
que defaire desenvieux.
A ces mots le Prince sèntit
redoubler sa colere:
Un amant, luy dit-il
quinetrouveque de Findifférence
dans l'objet
qu'il
qu'ilaimerait d'ordinairepeud'envieux.
Jesuis
surpris,reprit DomJuan,
de l'audace avec laquelle
vous osèZm'insulter.
Hé! que pretendeZ:vous
sur Leonore pour en soutenirles
droits:je prétends
les luy consèrver , dit le
Prince, ~& scavoir si
Dom Juan aura le courage
de les detruire. Aces
mots, il tire son épée, &
Dom Juan se met en devoir
de se deffendre.
A voir leur mutuelle
fureur on auroit devin
sans peine l'importance
du sujet qui lesanimoitt
ces siers Rivaux, qu'un
grand courage & de
puissants. motifs rendoient
prefqumvinciblés,
combattirent lone- otemps à égal avantage:
mais enfin la force 8c
l'adresse du Prince prévalurent
; il desarma
Dom Juan
,
qui sans xvoir
receu aucune biefseure,
se trouva a la merci
de son vainqueur.
Alors le Princeloind'abuser
de sa victoire, sentit
mourir toute sa haine,
il ne put s'empescher de
plaindrele.tristeestat
dun malheureux. Dom
Juan estoit- en effet digne
de sa pitié :: il se
monstroit à la véritépeu
genereux. en poi^rfiijvant
des prétentions que
l'inclination de Leonore
n'authorisoit pas, mais
il dementoit sa générosité
pour la prèmieresois,
& jusque là le Prince
l'avoit trouvé digne de
son estime. Il ne voulut
point aussi luy donner la
mort : DomJuan, luy
dit ce genereux Rival
renoncera la possessïon de
Leonore ~f5 rvi'VeZ: Non,
non, respondit Dom
JuantermineZ ma vie
oulaissezmoy l'esperance,
depossedèrleseulbien qui
me la fait aimer. Vous
ouLeZdonc mourir, reprit
le Prince? Oüy, dit
Dom Juan, Eh! queserois-
je d'une vie qui ne.
seroit pas consacréea Leonore,
ah ! je feray trop
heureuxde luy donner
ceûtepreuve de ma constanceouijeveux
mourir..
Non, dit le Prince, que
ce discours avoit attendri
,non vous ne mourrez
point , deussai-je vivre
tousjours malheureux, je
respectedanscoeur ïa*-
mour queLeonoreyafait
naistre : Vivez Dom
Juan,vivez,&qu'on
ne puissejamais dire que
vous mourez pour avoir
aimécette divinePrincesse.
En mefine temps illuy renditsonépée,
prest à recommencer le
combat.Mais DomJuan
charmé de la generosité
du Prince, sentit tout à
coupchanger soiscoeur,
il fut quelque temps incapable
de prendre une
resolution, & mesme de
prononcer une parole:
enfin plus vaincu par la
generositédu Prince que
par ses armes, comme
s'il fust tout à coup der»
venu un autre homme,
il parlaainsi à son Rival.
Aumoment que vous me
rendez la vie , je comprends
que jemeritois la
mort, & je vaisvous
donner la plus grande
marque de mareconnoissance
:vousaime^Jans
WMte Leohore5, (3vom
estestropaimablepour
n'en
)
fjhe.pasaimé )1J
vous ceje>Prince
, tou?
tesmesprétentions, puissiez-
vousvivretousjours
heureux amantde Leànore:
pourmoyjevais lok
fuirpourjamais,&mettretoute
marlohe à eteindreunepassion
qui ojpen
selesplusillustres ama'ldu
monde"s conservez,
Prince,vostre amitiéque
vousvenezdemerendre
I!/
sipretieuse, & accomplir
tous nos souhaits. On ne
peut exprimer la joye,
&lasurprise du Prince,
il n'auroit pas cru que la
generosité eust tant de
pouvoir sur le coeur de
DomJuan,& fàrefblution
luy paroissoit si
grande, qu'àpeinepouvoit-
il suffire à l'admirer>
il le tint longtemps
entre ses bras, arrosant
son visagede ses larmes.
C'estoit un spectacle
bientouchant que ces
fiers rivauxdevenus tout,
d'uncoup sitendres. Ce
Prince déploroitlafatalité
des conjonctures qui
fQrçoieJld. Dom Juanà
luy faire un si violent sacrifice,
pendant que
DoraJuan croyoit faire
encore trop peu pour son
illustre amy. Leur genereuse
amitié fit entre eux
un fecond combat, aussi
charmant que lepremier
avoitestéterrible,
Ils se jurèrent une éternelle
amitié,&sedirent
enfinAdieu. Dom
Juan ne voulutpointretourner
sitost dans ses Etats;
craignant les esclaircissemens
que le Duc de
Grenade son pere auroit
exigé sur son retour imprevû.
Il resolutd'aller
voyager dans toute l'Êspagne.
Il ne crut pouvoirmieux
accomplir sa
:
promesse
, que par des
courses continuelles JOÙ
la multiplicité desdiffectls-
úbjets qui s'offrent
âùx Voyageurs,pouvoir
lé distraire
,
& chasser
ses premières impressions.
CependantlePrincequiavoit
tant de fîrjets
d'estre content de
l'amour,& delafortune,
prévoyant de terribles
esclats qu'il croyoit
devoirespargner à la
vertu de Leonore, estoit
accablé dedouleur. Ilse
reprochait d'avoir plus
écouté les interdis de
son amourque ceuxde
sa Princesse. Il craignoit
de s'estre rendu tout-afait
indigne d'elle. Aprés
avoir hesitéquelque
temps entre cette crainte
etledesir deluyapprendre
sa destinée
, ce dernier
sentiment l'emporta
,
&là il confia à fbn
Ecuyer une Lettrequi
apprit bientost à la Princesse
comment le Prince
l'avoitdélivrée des ira- -
portunes poursuites de
DomJuan. Si elle reçut
avec plaisir la nouvelle
delavictoire du Prince
: elle fut encore plus
charméedeladelicatesse
de ses sentimens, Quoy,
disoitelle, le Prince est
entUoneux dans un combat
qui decide definbon*
heur; & cependant craignant
de leftte rendu m-*
digne de mon amour par texceZ du sien. Il ne
peutgouster en liberté la
foyelaiplm grandeqm(
fdït capable de!rej!tlJ'ir.Ãj
nàiyEnnctiropgemr^m^
ne crainspointla iïèlcra
de Leono'm;jen'vhfvifab
ge dans .'erf:orhb:J'.qt«.:lu
fmlm ttt ')'expàfà,j,ipn
empefchrqueje,nefnjje
àun oewrequ'à:toyl
C'estainsi que cette
genereuse Princesse in-r
sensible à des revers que
le Prince craignoitpour
elle,donnoitau fort do
£>11Amant, une joyeà
laquelle il s'eftoit=lùy¿.
mmesemferrï'ï,~e.-•tru~:~-ma~ contoefi<fUerfeuftpô
gouster foiv; bonheur
sans l'y rendre sensible,
felle voulutparunelettre
Qu'elleluy écxivit]
Rendre toute sa tranquilité.
L'assuranced'estre
iimé de Leonore eïîoit
bien necessaireau Prince
pour luy faire supporter
fort absence : Il alloit
estre éloigné d'elle sans
ftjavoirquand il la re1\
erxoit,l éJpii9};i1i
Q¥elifalLfWlleJWtsJ)i\
|ettrpj4çL^nftr^&j/ç
retiraàdeu?ilicu(;'s<]e.§evine,
dityis,unJiçqu;JJl
9it.rfgiJitPjÇé.,gy
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du plaisir qLJre1F.lhf
JfUe,,^4e Ifcdgolgiif
d'enpeal('rsi6'.J.lÆp. noredesonCoftcin'avçuj:
gueresd'autre occupation
j'ics mesmesfcntimensleur
donnoientles
mesm peines 3îô^rJLes
mesmes plaisirs.
• Untemps considerable
se passa,sansqueces
deuxAmans pussent ny se11tretenlf) ny s'écrire
&Leonore qui n'avoit
de plaisir qu'enpensant
au Prince, en estoit pour
comhh de malheurs distraite
par les soupçons
defon> pere qui croyait
que les froideurs de sa
filleavaient éloigné
Dom Juan. Enfin le tumulte
d'une Cour, où
l'on nes'entretenoit que
deDomJuanluy devint
tout-à-fait insuportable?
elle pria leDucfbh perô
de luy permettre de quitter
Seville pour quelqoç
temps,sousprétexte de
rétablir sa santé
, que
l'absence de son cher
Amant avoit extrêmement
alterée:elle choisi
Saratra Maison de plaisance
à deux lieues de
Seville où elle avoit passé
une partiede sonenlance,
ellealloit tous les
soirs se promenerdans
un boisépais, ouellç
cftoitièurede trouver le
iilençe3 &la liberté:Un
jour sans s'estre apperçuë
de la longueur du
chemin ellele trouva
plus loin ql.",àl'ordi'qÇ
duChasteaudeSaratra,
elles'assit&fitassessoir
auprès d'elle Iiàbejle,
l'unede ses Filles qu'elle,
aimoit plus que les autrès,
&qui ne la quittoit
prcfqUc janlâis;elI tomba
dits UOéjft profonde
résveriè quilabelle* ne
put s'empescher deluy
en demanderle sujet,&
pourlors,foitque son
amour fortifié par un
trop long silence nepust
plus se contenir, , soit
qulfabelle méritastcettemarqué
de sa confiant
ce, Leonore luy ouvrit
fsoornt ccoeoeuurr,>&paparlrele rreécciitt,
le plustouchant luy ap- prit tout lemystere qui
estoit entre elle, & le Prince.! Ilàbelle estoit, sans
doute attendrie à la
peinture d'un si parfait
amour; mais elle se crut
obligée d'exhorter Leonore
à bannir le Prince
de son coeur: elle luy
representa respectueusement
tous les égards
.qu'exige des perssonnes
de son rang, le public à
quielles doivent, pour
ainsi dire,rendre compte
deleurssentiments 6c
de leurvertu.
chere Isabelle, reprit Leonore,
des quejeconnus le
.¡?rince, jeperdis laliberté
de-faire toutes ces reste- jfions,ma raison qui- en fit beaucoup en safaveur
rienfitaucunes contre lui.
Je l'aime enjirJ, & je
crois
, par mon amour,
estreau-dessusde celles
quin'ontpas lecoeurassez
vertueuxpour L'aimer,ce
riesipoint parcequ'il est
mïeuxfàit quelesautres
phltimïÈfneetèsf-pnriipta.Crc'eeafil*,ila
ma
iherèIJabelle,le caracte-
Yedejon coeurquefeftimc
eifHui9cèjifinamour
g'tïïereuxydélicat3dèfifr
terëjfé'', refPelJueux_'Ja.
cm que cet amour lriflreçoit
magenerositéa&
payerpar toutceluidont
jefhiscapable : plusatùntif
à ma, glomqtfà
fftôhmefmesfS indffjfc
fetitfursa félicitéparticulitre,
culiere, /<?#*çequi 12
pointderapport au* hoifc
&e$trde monarrww^ oud
facial de m'a :i.lé'li' nè
peut IjntereJJer,pouvois^
je connoistre taitr
Wtey.&wfasïefîtmer*
fomjQtSrjesèntir lepriX.
*a4hmsripmar'fait*arm.ou.r^0,> sionque ]aipoHr lui nest
fdefimnitmdee.re;ptlaire,*fqau'bosni<nyçoei.ï
AkhfmrqMifaunlqM
jefois condamme a ne le
plust¡}oir,peut-estre d()ut
t'ilde ma confiance,peut*
estre il craint que mon
amour ne saffomiJJ-es Apeine eut-elle achevécesderniers
mots,que lePrince sortit du bois
tout transporté, & se
jettant à ses pieds , s'éria:
Ah! ma Prtncejfeî
y a-t'tl un homme aujjfi
heureuxquemoi, dfpar*
ce que je vous rends un
hommage tjtIC tout l'tmivers
seroitforce de rvou;'
gendre,faut-ilque
plus heureux quç.Jont^
''Vr)ivers enseble. vv^. quellefurprifequel-,
lejoye, quels tranlports ):cçlatçf,
ces Ecnjdrcs Amaps:cçtt^
réunion impréveuë piÇrr
duifitentre eupi,ualong
silence qui ;peignoir
ntieüx leur fènfibiUtq
quetous les difçoups%<
';'"Cette {îtuatioa y;oiç
i doutçd,;cs grap!<&$
douceurs, mais l'amour rsen
trounedansles discours
passionnez quand ila
épuiséceux dusilence;
£6 futalorsque nepouvantadeziè
regarderais
ne purentle lassèr de
c:nteJldrc.-'
'i'Y0 Que fat deplaijira
n)om retrouver,cherPrince5
dit tendrement Leoîiore,
mais que ceplaisir
seracourt,peut-etrenous
ne^nousverrons\plus<:
nous ne nousverronsp'fofo,
ma Princesse,réponditil
,
ah crote^qm:tmtts
lesfois que lagloire,owfo
félicitéde Lemoreexige*
ront que je paroisse-â'fès
vousverrai-, je
vous verrai,charmante
Princessemalgrétousces
périls, maisquetousces
périlsyque.tous cesmah
heurs ne soientquepour
moi[ml9 jArai Uforcç
de lessùpporter>pmfqm
tpous. rriaimel
aJen'entreprendspoint
de pein: ici la douceurdeleurentretien
,
chacun en peut juger
- par sapropreexperience
aproportion des ,[ent..::..
nients dont il est capable.
Ilsuffrira de dire que
ces ,
plaisirs : n'ont point
debornes dans les coeurs
deceux qui n'enmettent
point à leur amour-
Chaque jourLeonore
revit for* Amant! & ce
- - A -
surentchaque jourde
nouveauxplaisirs:ils
estoient. trop heureux,
pour que leur bonheur
futde longuedurée,la
fortùrie leurdonna bien-
! tost d'antresfoins,*Lea-*
norèvrèceutiardre
; de
quitter, Saratra,&£Tdè
retourner promptement
à Seville:D'abord; elle
soupçonna quelquetrahison
de la partde [ci
domestiquer, & fit fça*
-
voirau Princel'ordre
cruel qui les SEparoit, en :de s'éloigner
inceflamineiic d'un lieu
où il avoit sans doute,
cf{tLé'ddé' couvert.
r. :,
Lessoupçons de Léo-»
nom ne se trouverent
quetrop bien sondez,
le Ducavoit appris par
un domestique de Leonore
3
qui estoit depuis
long-temps dans les
intereftsde Dom Juance
qui se passoit entre
dIe ,& le Prince:
Il
Ilrappella la Princesse
qui croyant sapassion
trop belle pourlaciefa^
yoüer;ne luyen sitplus
un mystere , non plus
que du combat entrer les
deux Princes. LàfîncePrité
de Leonore nefit
qu'exciter lacolere du
Bue,illuy ordonné de
se préparer à un pii&
grand voyage, &: afïii'
qu'ellepust oublier le
Princecepere}inflxi
ble resolut demettrela
mer entre ces deux amants,
& emmena Leonore
dansl'ille de Gades,
Cedépart fut si secret
& si precipité, que Leonore
ne put en informer
le Prince;ilapprit bien
tost quelle n'estoit plus
à Seville,mais avant
qu'il pust apprendre où
son perel'avoitreleguée,
il fut long-temps livré à
la plus cruelle douleur
qu'une pareille separatfionraiit
jram.ais fait sousCette
Réparation qui
doit commencerainteresser
le Lesseur, va prtl
duireunesuited'évenemenssinguliers&
interessants
,
dont on vous dOR
neraune partie dans le
moisprochain,&lereste
dans lemoissuivant
L*tmpojjîbiltté de mettre
dans un seul Mercure
une longue histoirefait icy
parnecessitéune interruption
f5 unesuspension de
curiositépareille à celles
gque'onoirnte-na-geeoxit-perxperéss
avec art dans nos plus
beaux Rorpans, & après
tout il n'y a pas si loin
d'un Mercure à l'autre,
qu'ily d/voitdul premier
Tome au douzièmedans,
les Romans de la Calprenelle
,dont on n'a.
voitquelquefois la fuite
quau bout de plusieurs
années. Il est, vray que
nos Lecteurssontplus impatiens
que ceux de ce
temps-la, & moinscurieux
d'avanturesserieuses
, maispourles dedommagerd'avoirattendu
la
suite de cette Histoire, on
y joindra, chaque mois
quelque petiteHistoriette
comique, quisera sélon
l'usage du Theatre, la
farce après la pieceserieuse.
ARTICLE
des Anonymes.
L'Anonyme plagiaire
- de Thoulouse.
Je vouspille rvous-mef
me., SeigneurAdercure,
poursatisfaire aux petites
tasches que vous hn-
PoftZ au public, je veux
dire que jf respondsavostre
in vino veritas par
quatre Vers que jecrois
de VOUJ.
In vino sinceritas
Le plus fourbe en beuvant
devenu plus sincere,
Dit tout ce qu'il a fait &
tout ce qu'il veut faire,
Son coeur nage dans le
verre.
In vino sinceritas.
Soyezsincereaussisans
mwir m>jay pris cecy
dans un petit Livre intitulé
Le Puits de la Veritéce
Livre n'est-ilpas de
vous.
Responsè.
Non,Seigneur anoni.
me, non. Le Puits de la
Véritén'est point de
moy, j'aimerois mieux
qu'on me derobast tous
mes ouvrages, que d'en
avoir un sur la conscience
qui ne m'appartint,
pas: Le Puits de la Verité
est de Mr de Frontignieres
autheur de la
pluspartdes paroles dont
feu Mr le Camus avoit
composé les airs; la verité
est qu'onmedemanda
quelques petites ébauches
que J'aVoisHails,1
mon porte-feuille, avec
un petit conte & quel-,
ques autres bàdineries
pourfaciliterlaventedu
Puits de la Verité;ainsi
je puis revendiquerde
ce Livre une tirade de
couplets estropiez sur ifi
vwo verïtas,êc puisqu'il
en est icy questionen
faire denouveaux qui
tiendront lieu des chansons
de ce mois-ci.Voicy
les canevas: Fasse les
airs qui voudra, je n'ay
pas eu le loisir de penfcr
à la musique.
CHANSONS.
Dans le vin lacontrariété,
Comme des Médecins,
incerta facultas,
Selon (es dogmes arbitraires,
Donne aux mesmes jj-r
rops, des qualite'{ton..
lrarres
In vinocontrarietas.
Dans le vin fertilité &
sterilité,
Dansle silence a jeun
Belise est en extase,
Lesoir entre deux vins,
o Dieux comme elle
jrej
In vino fertilitas.
Depeur-aallerrejoindre
un Epouxhaissable,
EllepaDe la nuità table
In vinosterilitas.
Dans le vin diligence
& paresse,
Arrivet-t-ilcheZDarboulin
Quelque excellent qudrtaut
dervÍn
Depeur qu un autre ne
l'enleve >
Avant le Soleil je me
leve,
In vino diligentia,
A le boire appliquérien
nepeut m'en distraire:
Paresseuxpourtoute a
tre affaire,
De jour en jourjela différé>
Invino pigritia.
Dans le vin simplicité
& duplicité,
On J'a dit millefois,
La pensée estcommune,
Un homme yvre <verra
deuxpistolespourune,
- In vino duplicitas.
Vains desirs d'interest,
deplaisir,~(jTdegloire,
L'yvrognevous reduit du
sèul desir de boire,
Invino simplicitas.
Dans le vin yvresse &
sobrieté,
Vousn'aurezpas depeine
a, croire
Qu'on s'enyvre à force
de boire,
In vino fit ebietas.
Pourbien enluminerleurs
trognes,
Une crouste depainsussit
à deuxyvrognes,
«
Lll vino fit sobrietas.
On donnera au mois
prochain la suite de ces
Couplets.
ARTICLE
burlesque
Suite du Parallele d'Homere
& de Rablais.
De Mesmequ'un coursier
agile, drioit Homere
,
s'échappe quelquefois
de la jtiam fçanjante du
chartier tirannique, qui
Iattçwnt a[on Char,
l'ajjujeiuffott aux réglés
penïbles de L'art qu'inruentay
pour dompter les
chevaux le Centaure Peletroine.
De mesme un Autheur
peut s'échapper des regles
tiranniques qui donnent
tousjours des entraves
au genie, & quelquefois
des entorses au
bon fèqs.
De mesme encore que ce
Coursier échappé
,
foulant
lant d'un pied libertin
l'herbe tendredes prez
verdoyants,tantostpren-,
drasa courjè rapide ~es
legere
, comme lafleche,
qui part d'un arc,pour
volerdroit au but où l'oeil.
d'Apollon la guide., Ee
quetantost ce Coursier
bandissant,voltigeenl'airs
à.droite àgauche comme
la flamme. errante
d'une exhalaison -vagabonde
,échappéedufoudrede
fupiter.
De mesme en continuant
ce parallele j'iray
droit au but,oùje
m'en écarterayvolontairement.
De mesme encore que
ce Coursierparcourant a..
vec me[ine legerete
les plaines unies, les
montsescarpez, s'egaye
en bonds en ruades, Cf
atteint du pied lebaudet
attentif à fin chardon
sauvage.
De mesmej'attaque
ray en stile rablaisjien
quelque asnerie Homevienne
, pour delasserle
public d'une admiration
continuelle & gesnante
où l'on veut l'assujettir
en faveur des Anciens.
De mesme enfin que ce
Coursier tantost élevera
sa teste Juperbe jusqu'au
chesneJacré,pour en détacher.
de sa dent temeraire
quelque rameau
,verd
,
destinéacouronner
le Hérosy quetantost
ilbaisserahumblementsa
teste aux crinséparspour
brouter l'herbe rampante.
-
De mesme tantost sublime,
& tantostburlesque
,tantost Homere &
tantost Rablais., je parleray
leur langue en leur
donnant loüangeou blas
me sans fiel,& presque
sans prévention, je dis
presque cartous les
hommes sont nez prévenus,
oudumoinsils succent
la préventionavec
le lait.
, La préventionest litx
venin subtil,:ou,plutQ^
un animal venimeux
quiempoisonnetoutce
qu'il:mord,&' quimord,
sur tout ce qu'ilne voit,
pas:donnons-luy encore
àelle-mesmequelque;
coup de dentavant que
de commencer nostre pa-\
rallele
,
Rablais diroit
que la prévention est ui\
animal augmentatifdiminucif,
palliatif, deciissy
& rébarbatif: „or si
de cet animal
,
l'extrait
„ genealogique, sçavoir
»voulez. Sçachez-le>•
ne tient qu'à vous, il
3,
est déduit en ces Vers
„ cy-dessousinscrits :
ChezLuciserjadis eut
accointance
Messer orguëil avec dame
ignorance.
En lignegauche, jijït de
;, cette engence
Tille perverse en-fil foJ/ei
arrogance ,>
PrcventionfurjOn om
.., quejepensè,
Qr Dieuvousgarddesa,
p-rédominance.
Mais continueroit«
Rablais
, ventre beuf, «
voilà bien parler sans «
boire, je n'entends icy«
i
vocilonner à mes oreil- «
les que ce motpréven-«
tkon,,parcyprevention, «
par la prévention pour"-
les Grecs, prévention«
pour les Latins. Hola,
9y
hola) prévention,est
,
»Heresie, & ne veut
„ croirepersonneheretique
en belles Lettres
„ que ne m'ayez démon-
»tré par ou) comment,
„ & pourquoy:car quel
>y-motif mouvant peut
» démouvoir ces aucuns
'}' Letrez àpreconiser Se
35 proner à érripegosier
3i
les Ecrivains antiques,
3i qu'en revient-il à ces
,; preneurs? ',. -',
1 Le
A cela vais vous ré-cc
partir en bref, mais a-"
vant parler,veux ob-cc
ferver la premièrere- «
glè des éloquents par- «
leurs& harangueurs,«
toussir, cracher,& se «
silentier un moment,«
fmnfium cum virgula, «
pour reprendre haleine.
«
Je vais narrer veri-«
diquement ce qu'en«
c'est tout un , en fait
,,de Relations lointainyy
nes.
Au fond des Indes
„orientales ou occiden-
51
tales, ou imaginaires ;
,,car bonnement avoue-
,, ray que ne sçais autre

Geografie que des païs
à bons vignobles, où
,
yy
je voyage volontiers:
aux Indes donc, deux
yy
peuples y a, dont l'un
,,
desire sans cesse dominer
& ravillir l'autre;
parce que l'autre don- c?
ne jalousie à l'un, com-«
me Jun en donne à«
l'autre, sique ce Tau-ff
tre & ce 1 un, sont en «
guerre l'un contre l'au-«
tre. «
Or devinez ce qui cc
excite noise entre ces«
deux peuples, ce font"
des riens, petits riens, «
motifs de rien, comme«
qui diroit d'interest«
de gloire, &C devolup-«
té; ceux-cy se faschent«
,, que le terroir des au-
„ tres fertilise abondam-
", ment par son propre
„ fond, & sans engrais,
,, siqu'il produit soudai-
„ncmcr.r ,
& au rao-
"lllent que besoin est,
,,fruits fàvourtux, &
„ fleurs gentilles, que ne produit mie le ter-
„ roir des autres; mais
„ ceux dont le terroir est
„sterile, sont en recom-
,, pense, bons pourvo-
„ yeurs & grands provisionneurs;
si que ne re- c:
cuëillant rien de leur«
cru,sçavent tirer des
contrées estrangeres
, «
fruits & grains dont«.
ils emplissent granges, «
& fruitiers, & par ain-«
si sont plus, quoyque«.
non mieux, approvi-«
sionnez que ceux dont
leterroir produit. cc
Notez illec, ô Lecteur.
attentif, qu'en u- cc:
sant icy des mots deCf.
fruits, grains, & ter,,
mes pareils, c'est élo- ,,cution allegorique & „symbolique, qui signi-
;, fic belles productions
d'esprit, &solides oeu-
"vres de gens lettrez. ,,Disons donc que le ter- roir ,
id efi, les cer-
"vaúx & caboches de
;, l'un de ces peuples sont
;)--plus fertiles en produc-
„ tions, & que l'autre

peuple est opulent en

collections & maga-
„zins scientifiques.
iCe dernier peupleest
plus puissant que Tau-cc
tre ;' pource qu'il estcr
plus nombreux, & il
estplus nombreux t:
pource que plus de
gens ont faculté collec-(cc
tive, & moins de gens
ont facultéproductive,
selon la regle que plus
de gens ont ce qu'est
plus faciled'avoir,sont
toutefois grandelTICfitc
louables ces collecteurs
quant doctement& là-'
„gementsçavent user
",de leur talent collectif,
w-mais mieux louange-
„ ray certes, tel qui join-
„dra production à col- „leâion comme aucuns
»y a.
„ Les deux peuples dont
est questionsont nom- ,,mez par maint hifto-
„ riens les Produisants,
„ & les Eruditionnez.
„ Voyons maintenant ce
3,
qui rend si commune
"parnlY les Erudition.
nez,la maladie qu'on(C
appellepréventiongrec-«
que, c'est la mon tex-«
te.,Jay long tempstour «
noyé pour y venir :ab tc.
regeons matierede«.
peur que l'ennuy rie"
vousgagne. S'ilvous"
a desja atteint, beuvez«
un coup,bon vin de^r^
ennuye le Leéteur&j'«
l'Ecrivain;&devrait-«
on, pour écrire joyeu-«
sement,boire par apo* à
stille à chaque page, 1c
93 mais comme boire tant
& ne PUIS, au moins en ”parleray souvent, car
» le refrain & l'énergie
33
du langage Rablaifien,
c'est à boire à boire,
33 du vin du vin.
» Où en estions - nous,
«jay perdu la tramon-
» tane, vite vite ma bouf
” fole, prévention, pré-
” vention,voilà le mot:
33 pourquoy en sont
-
ils
» si embrelicoquez en-
” vers les Anciens? oh
c'est pour troismille «
quatre cents vingt-«
deux raisons & demie,«
ne vous en diray pour « lepresentque les deux «
& demie, car l' horlo-«
ge tonner c'est l'heu-"
re de boire.«
Primo les Erudition«
nez sont semblables «
aux taverniers
,
les«
quels les ans passez,«
s'estant munis de vins «
maintenant antiques,«
crient aux biberons
, «
„ plorez & deplorez la
»perte de ces vieux
33
septs de vigne,qui ja-
33
dis produisoient les
,,mirifiques vins, dont
„avons en cave les ori-
33 ginaux : helas n'en
„viendra plus de tels,
„car en l'an du grand
„hiver - font peris par
»gelée ces vieux sou-
„chons & sarments,
,,& avec iceux a peri
33 tout espoir de bonne „vendange.
Ainsi les Erudition-«
nneezzts'5éc'ércierinetnecnenddé-écce
criant toutes produc- ce
tions modernes pour cc
mieux s'acrediter, bc«
avoirdebit des vieilles
cc provisions& denrées
ce
antiques desquelles
cc leurs magazins fontcc
surchargez. «
Secundo Posons le casc,
que puisse y avoir, un ce
Eruditionné de petite ce
stature, il toutefois sece
ra ambitieusement dece
9j
fireux de paraître plus
» grand qu'un produis
33
sant de riche taille,
» que feral'Eruditionné
»ballet, Il grinpera sur
lesépaules d'un an-
33
cien, commesinge sur
»Eléfant, or ainsi grin-
»pé sur sur un ancien,.
33
Plus cet anciensera.
» grand, plus le grinpé-
» sus fera elevé, & plus
» dominera de haut en
» bas le produisant mo-
33
derne.
Voyez par la qu'Interest
eurent de proner «
antiques oeuvres, ence
tous les temps Pays & et
moeurs, les Erudition- »
nez. ce
ilsfont d'Homère
UnDràmadere, S'imaginant que sur son dos
montez
Haut élevez ,grimpez, juchez
%Zut'H^cK>
Ils prendront haute place
Au coupeau du Parnasse
S'associant à , cet Autheur fameux
,
Disantde luy toutce qu'ils
pensentd'eux;
ils l'éternisent,
Le divinisent
Puis par droit de societe
Partagentsadivinité.
Cesupposant tous bons Ecrits
modernes
Sont prés des leurshumaines
balivernes.
»
Parlons naturelle-
» ment, on a poussé
33
troploinl'entestement
»pour Homere ,on
93 ne peut nierque puis-
»
qu'on lalôiié dans tous
les
les temps.iln'aitme- «
rited'estreloüé
,
aussi «
le louerai je, l'admire- ICC
rai-je & l'aimerai
- je
jusquà l'adoration,ex«
clusivement.«
Homere est le Gargantua
des Erudition-«
rJe, ils le fontsi grand cc
qu'enrendant son me-«
rite gigantesque ; ils ccenostentla
vrai ressem «
blance.
; Rabelais a eu ses Eruditionmés
aussi bien.«.
, „ qu'Homere & si Ale-
,,
xandre avoit toujours
33 un Homere sous son
;, chevet, le Chancelier
»duPratportoittoûjours
un Rabelais dans sa
„ poche.
„ Alcibiades questio-
, nant un jour un Pro-
"fesseur sur quelques
Vers d'Homere.Le
yy
Professeurrespondit
;, qu'il ne le lisoit point,
»Alcibiades luy donna
»unsoufletpourlepunir
d'oser professer les ici-cf
ences ,
sans avoir chez«
luy le livre des Sça-«
vants le livreunique «
le livre par excellence. «
J, Le Cardinal du Belay
qu'on prioitd'admetre «
a sa Table certain«
Homme de Lettres,«
demanda en parlant«
de Rabelais qu'onap-!cc
peloit aussi le livre unique,
lelivre par Ex- «
silence, cet Homme«
que vousvoulezadmet«
33
tre àmaTabte a-t-illû;
33
le Livre. non-luy res
pondit on, qu'on le fas
33 se donc dineravec mes
33 gens, reprit le Cardin
33
liai ne croyant pa£
3,
qu'on putestreScavant
»sans avoir lû Rabelais
,,. Ces traits de préven-
»tions me paroissent en
»core plus forts pour »Rabelais qui vivoit alors
que pour Homere
33 qui du tempsd'Ale-
» xandre avoit deja plurieurs
siecles d'antiquité,
antiquité qui,com-«
me nous avons déjà dit
jete sur les ouvragesun«
voile obscur& favorable
aux Allegories.
Grande ressource à «
ceux qui veulent trou.cc,
ver du merveilleux &C «
du grand dans les pe-«
titesses mesme qui é- «
chapent aux plus ex""ci
celents Autheur. «
Rabelais a cela, de
communavec Homi,it
JI':}.
»re,quonacruvoir Al;.¡
» legoriojuement dans son
5> Livre des Sistemes en-
„ tiersd'Atfronomie, de
»Fi/îque
,
de la pièrre
MFilofofale même, que
» quelques Alchimistes
J) ont trouvédans notre
w Auteurcomique,com-
» me d'autres l'ont trou-
«vé dans le Prince de
»Poètes. w c-
J'ayconuun Rabelais
Pi lien outré, qui dans
» une tirade de deux cent
noms de jeux qu'on«
apprend à Pentagruel, «
croyoitvoirsurchaque «
mot une explication «
Historique, Allegori- «
que & Morale, il est,
pourtant visible que
Rabelais n'a eudessein «
en nommant tousces «
jeux que de faire voir «
qu'il les scavoit touss «
car dans ces temps où et lesScavans estoient «
rares, ils se faisoient«
bonneurde détaillerdeit
»dénombrer
,
de citer
» à tous propos, & d'é-
» tendre,pourainsidire,
»leurs Erudition, jus-
» que dans les moindres
»Arts.Il faut croire pour
la Juftificaticn d'Hor
»mere, qu'il vivoit dans
„ un temps a peu pres
» pareil, car il est grand
„ Enumerateur,&grand
»detailliste
,
diroit Ra-
» belais
,
Homere &moy
»pouvonsestreabon droit
»Paralellt(èz>,en ceque
Jommcs
sommes par ?iaiure tant
joit peu beaucoup digresfionneurs
&babillards.
Nous parlerons en
temps &lieu,c'est àdire,
quand l'occasion s'en
presentera
,
des digressîons,
& des énumerations
dont nos deux Autheurs
sont pleins;il yen aquelques-unes dansRabelais
dont chaque mot
porte son application
bonne ou mauvaise. , Ces titres de Livres par
exemple dont il compose
une Biblioteque critique.
LesfaribolesduDroit
L'Almanac desgouteux,
Le boutevent des Alchimisses
Le limassondes rimasseurs
Les pois au lard comme
comento
Le tirepet des Apotiquaires,
Lamusèliere de noblesse
De montardapost pran00
diumset-vienda>
Malagranatum viîiorum,
.,up11
Les Houseaux,alias les botes de patience
Decrotatoriu Scolarium.
Barbouilla-mentaScoti.
l'HistoiredesFarfadets.
Oncomprend bien qu'-
il peut y avoir parraport
au temps de Rabelais,
plus de selque nous n'en
sentons dans ces critiques
badines, mais la fadeur
, ÔC la platitude
d'uneinfinité d'autres
nous doivent faire conclure
que si Rabelais
estoitun excellent comiquéx:
n quelques endroits
ilestoit en quelques autres
tres mauvais plaisant.
Ces prévenus conclueront
au contraire
, que
le sublime incontestable
d'Homere
, nous est garant
de 1 excellenceoculte
de ce qui nous paroist
mediocre, ils ajousteront
que les endroits les plus
obscurs pour nous brillent
pour eux desplus
vives lumieres : ne soutiendront-
ils point audi
diroit Rabelais,qul^c^
mere ne laissoit pas de
voir clairquoyqu'ilfust
aveugle ?
Je viens de commencer
mon Parallele, par
la premiere idée qui s'est
presentée, je l'avois bien
promis, on ne meverra
point prendre d'un air
grave la balance en main
pour peser scrupuleusement
jusqu'aux moindres
parties qui doivent
entrer dans la composition
d'un poëme
,
je devois
examiner d'abord le
choix du sujet, l'ordonnance
,
les situations, les
caracteres, les pensées,le
stile,& tant d'autres
choses dont jene fais pas
mesme icy une énumeration
par ordre de peur
de paroistre troparrangé
dans un Parallele que
j'ay entrepris par amusement,
& qui nemeriteroit.
pas d'estre placé
dans mon article burlesque,
s'il estoitserieux &C
régulier.
Voicy donc la methode
que je vais suivre
dans cette composition.
J'ay sur ma table mon
Rabelais,& mon Homere
5
portons au hasard la
main surl'un ou sur l'autre
,
je tiens un Volume
qu'y trouvay je à l'uverture
du Livre, voyons
,c'est unpere qui
parle à son fils, devinez
si. cette éloquence est
d'Homere ou de Rabelais.
Je te rappelle auprès de
moy ,
j'interromps laferveur
de tes etudes,je l'
racheaureposFilosofique,
mais j'aibesoin de toy, Ç$9
je fuis ton pere,j'avois
esperé de voir couler doucement
en Paix mes dernveres
annees me confiant
en mes amisCfanciens
confederez , mais fèiïr
perfidie a jruflrelafetife- tidemavkiilejfejelleeif
lafatàledefïrneèdâVtibm*
me >
queplus ilsoit irt±
quiete, par ceux en qui
plus ilsereposoit : rvierts
donc, quitte tes Livres
pourvenirme defendre ,
car ainsi comme débité
font les armes au dehors,
otfrie conseiln'est dans la
mmfmyainsi vaine est
l'estude, & leconseil inutile
,
qui en temps oportunarvertu
ricji mil.
execution.
deMproavodqéuliebrémraatiisodn'raipeasi-t
ser, non a"assa,¡¡ir mais
de defendre, non de conquerir
maisdegardermes
feaux sujets
,
(jf terres
hereditaires contre mes
ennemis.
J'ay envoié vers eux
amiablement pour leurs
offrir tous ce que jej?uîs,
f5Plus quejene dois, &
n'ayanteu d'eux autre re- *ponse que de volontaire
& jalouse défiance, par
làjevois que tout droit
desgens est en eux deve.,
nu droit de force & de
bienseancesurmes terres,
donc je connois que les
Dieux les ont abandonné
à leurpropresens qui ne
peutproduirequedejJeini
iniques, si par inspiration
divine
,
nestconti-
&ueUernent guide.
Ne croyez vous pas entendre
parler icy le sage
Nestor dans le sublime
Homere
, ce n'est pourtant
que le pere de Gargantua
qui parle dans le
comique Rabelais.
Je n'y ay changé que
quelques mots du vieux
stile
, on peut juger parlàque
Rabelaiseustesté
un bon Autheurserieux.
Homere eust-il esté un
bon Autheur burlcA
que? Pourquoy non s'il
l'eust voulu, il la bien
elle quelquefois sans le
vouloir. Je pourray danslasuite
citeren badinant
quelqu'un deces endroits
burlesques
,
mais commençons
par admirer serieusementcet
excellent
homme qui a sçu concilier
dailSfan vaste genie,
lesfaillies les plus vives
de l'entousiasme poëtique
, avecle bon sens
& la sagesse de l'orateur,
le plus consommé.
Voicy comme il fait
parlerNestor pour appaifer
Achile en colere, &,
Agamemnon poussé à
bout, au moment qu'ils
alloient se porter l'un
contre l'autre à des extremitez
funesstes.
O quelle douleurpour
la Greces s'écrie touta coup
Nestor
,
if quelle joye
pour les Troyens, ils
viennentà apprendre lesl
dissènsionsdesdeux hom-1
mes quifont au dessus deI
tous les autres Grecs par
la prudence ifparle courage,
mais croyeZ moy
tous deux, car vouselles
plus jeunes, Çffmfrequente
autrefois des hommes
qui valoient mieux
que vous, fic.qui ne meprisoient
pas mesconfedsy
nonjenayjamaisveu&
ne verray jamais de si
grands personnages que
PirritousyPolifeme, égal
aux Dieux, Thess fils
d'Egéefemliableaux immorlelstjfc.
Voilalesplus
vaillans hommes que la
terre ait jamais port£{,
mais s'ils estoientvaillants,
ilscombatoientauJJi
contre des Ennemis trèsvaillants,
contre les Centaures
des montagnes
dont la defaite leursaacquis
un nom immortel,
tess avec cesgens là que fay vécu. Je tafchois de
lesegalerselon mesforces,
f5 parmy tous les tommesquifontaujoura'huy
il î,j en a pas un qpii
tufr op leur rien députer
terycependant quoyque jesulfefortjeune, ces
grands hommesecoutoient
mes conseils ,fui'vez.., leur
exemple, car cestle meilleur
parti, vous, Agamemnon,
quoique leplus
puissant, n'enle('1JeZpoint
a Achile la fille que les
Grecs lui ont donnee, f$
tV9usfils de Pelee, ne vous
attaquez, point au Roi,
car, de tous les Rois qui
ont portele Sceptre, eS
jue Jupiter a elevez, à
cette gloire, il riy en a
jamaiseu desigrandque
luysivous avezplus de
valeur, fj)Jî vous estes
fis d'une Deesse, il est
plus puissantparce qml
commande aplusdepevoples
;fils )Atne-¿¡ppair
fiZrvoftre cotere, es je
vaisprier Achile defur*
monter la sienne, caril
est le plusfermerampart.
des Grecs dans les fanglants
Combats.
Le début de ce discours
deNestor peut servir
de modelepour, Je
simple vrayment sublime,
avec quel art enfuite
Nçiflor impose t-ilà
ces deux Rois, en leur
insinuant que de plus
grands hommes qu'eux
ont cru sesconseils,
lors mesme qu'il estoit
encore tres jeune? La
Critique ordinaire qui a
si fort blâmé les invectives,
& les injuresqu'-
Homèremetsi souvent
dans la bouche de ses
Heros, trouvera Nestor
imprudentd'offenserluy
mesme ceux quil veut
reconcilier
, en leur disant
en face qu'il y a eu
de plus grandshommes
qu'eux, & a qui ils riauroient
ose rien disputer,
mais supposons qu'en ce
temps-là les hommesaccoutumez
adirer à s'entendre
dire des veritez
, eussent allez de bOl111eJ
foy & degrandeurdame
pour ne se point faf
cher qu'on reduifift leuc
heroisme à sa juste va
leur.
-
Cela supposé, quelle
force d'éloquence a Ne
stor, & quelle hauteur
de sèntiment ,d'humilier
ainsi Agamemnoii
ôcAchile, pour les foumettre
à' Ces conseils
Mais il nest pas vrayfeilblable,
dira-t-on que
des; Héros soussrissent
p^tiÊimnejftt une offense,
mais répondrai-je,
la vérité ne les offensoit
jamais,c'estoit les
moeurs de ce temps-là
ou du moins il estoit
beau a Homere de les
feindre telles, lesnostres
font bien plus polies; j'en
conviens, mais qu'est-ce
que la politesse ? la poli
tessen'est que l'art d'in.
sinuer la flaterie & le
mensonge,c'est l'art d'avilir
les âmes, & dénerver
l'heroifineGaulois,
dont: la grandeur consiste
à ne vouloir jamais
paroistre plus grand qu'
on n'est, & à ne point:
induire les autres à vouloir
paroistre plus grands
quilsnefont.
Voicy l'occasion d'examiner
si Homere a
bien conneu en quoy
doit consister la grandeur
d'un Héros. Mais
cela me meneroit plus
loin que je ne veux, j'iraipeut-
estre dans la suite
aussi loin que ce parallèlepouKiro'fne
mener:
mais te me fuisreftraint
alien cfqhijer dans-chaque
Mercurequ'à, peu
présautantqu'il adans el1 celui
- cy,. ma
tascheest remplie.
THESE
THESENOUVELLE
Je soutiens qu'il •t' vatU
mieux aimer une laide femme
qu'une belle.
Response par Turlupin.
J'aimerois mieux aimer
une l'aide
,
mais je me
mortifie, j'en aime une
belle.
RseponseparM. Rig.
Qui pour laide a tantfait que
d'avoir de l'amour,
Est plus sur d'un tendre retour.
Response par le Chevalier
de
Ma foy je la quitte du
retour, car je ne sçaurois
tant faire.
Reponse par la plus spirituelle
cm laplus laidefille du
Faux-bourg S. Germain,
Est-onl'unique amant
D'unefemme si belle
Elle en merite tant
Qjf'uncefttrop peu pour elle.
La laide craint toujours de
perdre son amant - Et qui craint inconstance diJ
me plus constamment.
Femme trop belle est arrogante
La laide est douce & complaifante;
-', :
Enfin l'amour propre me dit
Qu'une laide est plus amusante
A meilleur , coeur, & plus
d'esprit.
Response par la belle Marquije.
:'
Il me paroistque la gloire
feule d'aimer une
belle
personne, vaut mieux que
le foible plaisir d'estre aimé
d'une laide.
RifPonftpAr laserieuse
Clelie.
On est d'abord charmé
d'une belle femme
ensuite on s'y accoustume,
enfin quelquefois on la
méprise.
On est d'abord rebuté
par la laideur d'une femme,
ensuite on s'y accoutume
quelquefois, enfin
on l'aime constament
Parlons plus juste
, ce
n'est nyla beauté ny la
laidcur,,cest l'humeur, le
coeur ,
& l'esprit qui decide.
:',. ",
Response parll' ',Indolent.
J'aime mieux une laide
comme j'aime mieux le
vin de Brie,parce quona
moins de peine à l'avoir ,
&àse le conserver.
CONSEIL.
, ,:
Que conseilleriez vous 4
un avare qui aimeroitgrande
compagnie,grande chere> &
à qui on tmoït donne,Jg
'inaïfon pourprison. ,r\}{
CONSEIL
par le Gascon.
Cadedis que desa maifort ilfasseune Auverge , ily
auragrande chere
,
&son
Echofranc.
SuzaneRidondon. ,:
Le grand corps ins
ame,
CarolusSicaut la prétan
taine, & l'Animal ont de- yiimotde rEnigme
du mois deMay.
eJJJQt de la premiere
Enigme de ce mois c'est le
Jene scay quoy,&lemot
de laseconde pestThjah.
Noms de ceux quiont
devinéleJe ne sçayquoy.
: '":' -- Jene sçay qui, Greffier
deje ne sçay où a je ne
sçayepmmenc deviné Je
#çj£*yqury.
EN VO Y.
parM.
M-cepre'vention,bon
goust, ou fantaisie
laplus rare
beàúté\ le
mérité & l'esprit
f.
Ont sur mon coeurpeu
.., decrédit -
Quand le Je nefçajqti&y
n'cft pas de la partie.
.,
Ce n'est pas par esprit
c'ttf par conduite de
plcmb que a devine
Tuyau de grais.
La petite Tigressede
laruëdu petit Lyon.
Ceux-cy ont deviné les
deux Enigmes.
Pierre Jean Jacques ont
deviné, Je nejçay quoy, &
Nicolas, Tuyau. Coulez,
murmurez ut re misa. La
Clopinante par inégalité
de jambe. Le Moulard
pensif. Manon Chicorée.
L'Ostrogot. Les trois filles
de l'Organiste,haute basse,
& plus baffe, ce sont
trois tuyaux d'orguesdifsiciles
à accorder.
ENIGME
par M. D. L. P.
Logez auprès du toit d'il*.
ne hautemaison,
Nous craignons le grand
venr, leSoleil, la fume'e,;
Par nous on vit jadis
mainte guerre allum'ée..-
Nous faisons des Captifs
sans sortir de prison.
Nous sçavonsdistiller le
plus subtil poison,
Instument de terreur, de
courroux,defoiblesse,
Nous employons pour
vaincre &la force Ôc
Tadresse,
Et certaine liqueur qui
trouble la raison.
Nous fçavons menager
menacesa&caresse ,
Bien servir,ou trahir nos
maistres,&maistresses,
Plus d'un homme en courroux
, nous appella
menteurs.
Nous mentions moins helas
au vieux temps de nos
peres,
La nature nous fit ingenus
-
& sinceres.
Et ce n'est que par art,
qu'on nous rend impofteurs.
MERCURE,
III. PARTIE.
PIECES FUGITIVES.,
SONNET,
Sur des Vers que fyîademoifellc
M.avoit envoyczil. l'Auteur. L'AUTRE jour la
Courdu Parnasse,
Pour juger au rapport
d'Horace,
Du prix de certains
vers nouveaux,
Apres maint Arrêttoû
jours juste,
Contre mille Ouvrages
divers;
Enfin le Courtisan
d'Auguste,
Fit rapport de vos derniers
vers.
Aussi-tost le Dieu d
Permesse
Dit:je reconnois cette
piece,
Je la fis en ce même
endroit.
L'Amour avoit monté
sa Lyre,
Sa mere écoutoit sans
mot dire,
Je chantois, Iris écrivoit.
SONNET,
1.
SUT la mort de M. Duché.
: "',l'!, « CELUI que nous
plaignons, &
qu un sort glorieux
Place au rang des Elûs,
dans la Citéceleste,
Brilla par ses talens ,
fut doux, simple,
1% modeste,
Fidele à ses amis, discret,
officieux.
Des charmes dont la
monde avoit flatté
ses yeux;
Dieu dissipabien-tost
l'illusion funeste,
Et de ses jeunes ans il
consacra le reste
A chater les grandeurs
du Monarque des
Cieux.
Il n'est plus, & j'ai vu
: passer la derniere
heure,
Mais en pleurant sa
mort, c'est moi seul
que je pleure,
Mon aveugle fureur
n'accuse point son fort.
IL jouit des seuls biens,
qui faisoient son envie,
Et ne pouvoit trouver
qmu'enoparssta,ntparla
Le port tranquille &
fur- de l'éternelle vie.
SONNET,
4 M. le Chevalier de S. Gilles. APollon au Parnasse
hier s'estant
rendu,
tuteurs vieux &nouveaux
vinrent de
compagnie,
Etdisputoient entr'eux
avec telle manie,
Que le Dieumême à
peine était-il entendu.
Entre autres Sarrazin
crioit comme un
perdu.,
Se plaignant queSaint
Gillesavoit pris son
genie.
-
Non, Meilleurs, disoitil,
ce n'est point
ironie,
Et s'il ne me le rend,
je veux estrependu.
Un genieeft là-baschole
si familiere; j
Que ne prend-il celuy
de Pie, de Frontinierel
Lors Apollon luy dit:
ah! tu fais le fâché,
Eh bien, pour te montrer
a quel point je
l'honnore,
Il gardera le tien, & je
luy donne encore
Celuy d'Anacreon pardessus
le marché.
RONDEAU.
E l'ay trouve ce petit
fier-à-bras,
Ce traître Dieu, parain
de Ménelas,
Qui mieux armé que
Diane à laChasse,
Dans certains yeux avoit
trouvé sa place,
Pour me jouer quelque
tour de Judas,
J'ai d'abord dit:fuyons,
doublons le pas,
Allons chercher ou
Phoebus ou Pallas,
C'est contre amour un
remede efficace,
Je l'ai trouvé.
Depuis ce temps je
cherche:mais helas
Je cours toûjours sans
sçavoir où je vas,
J'ai beau marcher, j'ai
beau suivre leur trace,
Pour les trouver j'ay
fait tout le Parnasse,
Et le seul Dieu que je
ne cherchois pas
Je l'ai trouvé.
E'TRENNES
A M.de Pointis aprèsson expédition
de Cartagene. L'An passé, qu'un
dessein un peu
trop hazardeux,
Vousavoit fait sortir
de France,
A tel jour qu'aujourd'huy
je fis pour vous
des voeux,
Et mes voeux vous ont
porté chance,
Vousestes revenu gaillard
tk- bien payé
Des dépens de vostre
voyage;
En vous voyant passer
chacun s'est écrié:
Voila le vainqueur de
Cartage,
C'est Scipion,non pas
Scipion l'Afriquain,
Mais Scipion l'Ameriquain,
Or bien que dans ce
temps une paix necessaire,
Semble avoir des Guerriers
suspendu les
projets
Il reste encor pour vous
des conquêtes à faire,
Et j'ai pour vous encor
à faire des souhaits,
Voici comment, il est
certains sujets rebelles,
Que l'on nomme jeunes
cruelles,
Que ces peuples par
vous soient vaincus
à leur tour,
Tâchez d'en dépeupler
la terre,
Allez & revenez, s'il
se peut, en amour
Aussi formidable qu'en
guerre.
EPITAPHE
DPu Chien de Madame D. ASSANS pleurez
montristefort,
Il fut toûjours digne
d'envie,
Tant que je fus prés
de Silvie,
Mais sa rigueur causa
ma mort,
Amour voyant que la
cruelle
Bravoit ses coups, suyoitsesloix,
Voulut punir ce coeur
rebelle,
Il prend son arc &son
carquois,
Et dans son courroux
il fit choix
De sa fleche la plus
mortelle;
J'estois alors prés de la :
belle,
Je joiiois sans songer à
mal Amour
Amour tira, le trait
fatal,
Pàrt,vole, & m'atteint
au lieu d'elle,
Un feu prompt & séditicux
S'alluma dés-lors dans
mes veines,
Apres mille secrettes
peines,
La mort vint me fermer
les yeux,
Ainsi je garantis Sylvie
Du plus cruel de tous
les maux;
Elle joüit d'un plein repos,
Mais il m'en a cousté
la vie.
PROLOGUE,
Quifutchantéche%Mad.
avant la representation
de l'Ecole des
Maris.
MELPO ME'NE,
Muse de la Tragedie. QUittez
,
quittez
ma soeurune
arrogance vaine,
Osez -vous comparer
vos frivoles chansons
Aux nobles, aux sublimes
sons
De l'Heroïque Melpo-
1
méne? -
1 'q.
THALIE,
Muse de la Comedie.
Hé de grâce, ma soeur
tréve de vanité,
Vivez en paix avec Thalie,
Vous [avez que vingt
fois elle a déconcerté
Par une agrcable folie,
Uneennuyeuse gravité-
:
MELPOME'NE.
Ma voix resuscite la
gloire
De mes antiques demi
Dieux,
Et je consacre la mémoire
De ceux qui brillent à
vos yeux.
THALIE.
Voschants par leur lu-
,. gubre accord,
Fatiguent souvent leur
oreille,
Ma flute souvent les
réveille,
Et vôtreLyre les endort.
MELPOME'NE.
Croyez-vous que ce
foit un talent fort
utile
De badiner à tous propos?
THALIE.
Vous imaginez-vous
qu'il soir si difficile
De faire bailler les
Heros ?
ME.LPQ,ME"ÍNE.
De Lauriers immortels
je couronne leurs
têtes.
THALIE.
Je sçailes délasser par
dagreables fêtes.
MELPOME'NE.
Je vante leurs exploits.
THALIE,
J'amuse leurs desirs.
MELPOME'NE.
Jeprends foin de leur
gloire.
THALIE.
Et moy de leurs plaisirs.
MELPOME'NE.
Je m'étonne qu'une
Deesse
Qu'une Muse se laisse
à l'orgueil entraîner.
L'amour propre est une
foiblesse
Qu'aux mal-heureux
morte ls il faut abandonner.
THALIE.
Nevousytrompez pas,
le seul
le seul orgueil vous touche, J'ai reçû '},. comme vous
ce dangereux present,
Mais le mien est vif&
plaisant,
Et le vôtre est sombre
& farouche.
MELPOME'NE.
Vous estes ma cadette
au jugement derous,
Et l'on est modeste à
vôtreâge.
THALIE.
Si je fuis plus jeune
que vous,
Ne vous étonnez pas si
je plais davantage.
MELPOME'NE.
Ne profanons plus nôtre
voix
Par une odieuse querelle,
Un Prince des Heros
le plusnoble modele,
Nous fournit de plus
doux emplois,
Il a mille vertus dignes
desanaissance,
Les-Muses dont il est
l'appuy
Doivent se corlfacrcr
à luy
Par zele & par recon- noissance.
THALIE.
A servir ce Heros bornons
nôtre desir.
MELPOMENE,
C'est le plus digne cmploy
des filles de memoire.
THALIE.
Que Melpoméne veille
à celebrer sa gloire.
MELPOME)NE.
QueThalie ait le foin
d'occuper son loisir.
TOUTES DEUX.
Que Melpoméneveille1
à celebrer sa gloire.
Que Thalie ait le foin
d'occuper son loisir.
POLLICHON.
Poëme par M. de N it -il: * Directeur
de l'Hôtel-Dita
de Vienne en Dauphiné.
Lesujetest tiré d'une Echop,
f) souslaporte d'entrée
de tHôtcLDteu, demandéeàl'Auteur
par une infinitédepersonnesstes
unes
pour Pollichon, & les
autres pour Henriette.
LES Dieux sontpour
César, & Caton pour
Pompée.
Bon jadis, mais les
Dieux, les Catons
1 de ce temps
Ont de plus grands
soucis la cervelle
occupée,
Et se partagent bien
pour d'autres combattans,
-0 Pollichon d'une part,
& de loutre Henriette.
Quelle verve vous préd
Poëte,
Et quel debut? qu'ont
de commun entr'eux
Deux inconnus & ces
Romains fameux? -
Je le dirai: c'est que
l'un & l'autre homme
Veut estre seul maître
absolu dans Rome,
En leur faveur il se fait
des partis,
Adolescens, hommes
faits, cheveux gris,
Sages & fols
,
chacun
pour euxs'engage;
Les dieux contre les
dieux l'Olimpe se
partage
Tout comme à Troye,
Apollon d'un côté,
Et d'autre part quelque
autre Deïté.
Rome voit une guerre
en cruauté feconde;
Ilse verse du fang sur
la terre& surl'onde,
Ettoutcela pourquoi ?
seulemet pour sçavoir
Qui sur la République
, aura le plein pouir
Du fier Beau- pere ou
de l'obstiné Gendre;
Ces deux Maîtres d'escrime
en pouffant
tout à bout A
Firent tantqu'ils gâterent
tout.
Catule en fut témoin
, il pourra vous rapprend
re;
Or, ce fait entendu,le
mien se peutcom-
1
prendre,
Ilne fauttout au plus
que changer quelque
nom:
Par exemple au mot
Republique,
Substituez le mot boutique:
A PompéeHenriette,à
CesarPollichon,
Au fonds voustrouverez
que lachoseest
égale;
Au fang prés répandu
c'est un autre Pharsale,
Dans les esprits même
chaleur,
Même espoirdu succés,
même amour dela
gloire,
Même attente de la
Vctoire,
Même bruit, & même
fureur,
Mêmes détours,&mêmes
ruses.
OLucain!ôBreboeuf!
j'invoque ici vos
Mu[es,
Venez entousiasme, hyperbole,
grands
mots;
Je ne sçaurois sans vous
celebrer mes Héros,
Dire de leurs desirs l'ardeur
impatiente,
Et dans cous leurs projets
l'audace triomphante;
Prêtez-moy vôtreemphase
&: vos plus
vifs crayons.
Encor pourrai je à peine
entreprendre;
essayons.
Sous un portiqueétroit
dont l'antiq ue ftruétUfC
Nlo"qfe-aux yeux des
passans qu'une caverne
obscure,
HabitePollichon l'honneur
de son quartlert
Demi porteur de chaise
& demi savetier:
Non, loin de là se montre
une jeune Amphibie,
Et Fille & femme.ô£
veuve , engageante
& hardie
Henriette, en un mot
qui de dessein
formé
Veut ravir au vieillard
fou Palais enfumé.
Muse , raconte-moy
quelles furent ses
brigues,
Que! art ou quel demon
a noüé cette
intrigue:
Mais je le prens trop
haut; parlons plus
simplement :
La verité s'explique
avec moins d'ornement.
Mes gens en veulent
donc à la même demeure,
On m'en romptlatête
à toute heure ;
Dés que pour l'un des
deux je vais me déclarer,
A quoy dois-je me preparer?
Les Pollichons vont
direrage,
Est- ce là ce Juge si
sage?
Etles Henrietsd'autre
part
Me le revaudront tôt
ou tard
Cruel relfeét humain,
quelles loixtum'imposes!
1
Mais non, c'est par le
fond qu'il fautregler
les choses;
Quiconque aura raisonchez
moy l'em-
- portera,
Aprés grondera qui
voudra:
GronGronder
est chose juridique;
Ca, parlez donc
, on
vous écoutera.
Commencez, Pollichon,
vous aurez la
replique,
Henriette elle durera
Autant de temps qu'il
luy plaira;
LairtezàPollichon ensser
sa Rhetorique,
Aprés luy la vôtre viendra,
Qui ne. fera pas laconique;
Car tout vieux Avocat
se pique
De ne pas s'expliquer
par un & cætera.
Quoy tous deux àla
fois? O bruit diabolique!
Un Huissier pour crier,
paix là.
Je m'enfuis, je n'ai pas
laeste assez stoïque
Pour supporter cette
musique:
Finissons ; à tous deux
j'adjuge la boutique;
A tous deux! Mais
voyons si cela se
pourra:
Tous deux insolidum!
nenny, la chose
implique;
Faisons donc mieux,
hé bien!on la partagera.
Salomon, Prince Pacifique,
D'un semblable procès
de même se tira.
Voila mon Jugement,
on l'executera.
L'executer
,
répond la
Nymphecolérique,
Quoy l'on m'enpollichonnera!
Moy Dres de Pollichon!
oh la belle repliquéi
Surelle le vieillard jette
un regard oblique,
Et qui te dit, qu'on le
voudra?
Les passans me feroient
la nique,
Moy vivre auprés de
toy? plûtôt dans
l'Amérique,
Pollichon plein d'honneurira,
VIvra,
mourra.
Quefaire donc?en vain
mon e sprit s a llambique.
T hemis, sage Themis,
toy ma ressource
unique,
Inspire-moy ce qu'on
se1a;
Quel nouveau jugement
faut-il que je
fabrique?
Le voici, nuls des deux
la boutiquen'aura :
Donner tout, partager,
ôter tout: la sottise
N'est pas où l'on la
croit; maint Juge
comme moy
Donne, ôteou fait partage
en dépit de
la loy ;
Nul par ce Jugement,
donné vaille que
vaille
N'aura ni l'huïtre ni
l'écaille.
Belle Leçon, pour tous
grands, petitsMagistrats,
Ne tombez jamais dans
1.. mon cas.
Mais j'entens des cenfeurs,
qui d'un ton
pedantesque,
S'acharnent sur mes
vers, & disent, quel
grotesque?
Cest justement celuy
dont Horace a parlé:
Sur une tére humaine
uncheval est colé;
Plumes, membres divers,
assemblage
bizare,
Au dessus belle femme
-
au dessous monstre
affreux;
Messieurs qui ne riroit
duncontraste sirare?
Qui ne riroir? riez, c'est
tout ce que je veux.
MERCURE
IV PARTIE.
Nouvelles de Flandres.
Ordre de BatailledeILArmée:
duRoy en Flandres.
GENERAUX.
Mr le Mareschal
,
Duc de
Villars.
Mr le Mareschal de Mon-
-
tesquiou.
Lieutenans Généraux de la
premiere ligne.
Mrs Gassion, Prince de
Rohan, Mezieres, la Valliere
,
Destain, Albergothy,
Croisy, Duc de Guiche
, Maulevrier
,
Hautefpre.
Maréchaux de Camp.
Mrs de Silly
,
le Vidame
,
Chasteau
-
Morand,
Choiseul, Rooth
,
Duc de
Mortemart, Nangis, Ravignan.
Brigadiers.
MrsBerville,Suzy, Castel-
Moron,laTremoille,
Krakemberg
,
Courtage
Choiseul, Saumery, Montbazon
,
Gassion,Dargelos,
Daubigné
,
Colandre,
Obrien
,
S. Simon, Bernholes,
Desrouville,Beaupuys,
Perissan,Seignelay,
PREMIERE LIGNE.
DRAGONS,
Colonelle Générale 3 crc.
Beautremont 3
G
CAVALERIE.
MaiConduRoy 13
13
Gendarmerie 8
8
Royal Picdmont 3
SrAgnan 2..
la Tremoille i
7
Royal Allemand 3 Rottembourg 2.
Dfûivpc i
7 Dauphin,
Prince Marfillae,.
2.
Montcil
, 1
7
Choiseul, 1
Courcillon, 2. Dalzeau, z
( 6-
Chcrizy, z*
Royal Roussillon, 3
Commilfairc Générale 3
z
8
62. efc.
IN FANTERIE.
Picardie)
3 bat.
Bourbon, :, i
Nice, 16
Navarre, 3
Bourgogne, 2.
Monroux, 1
6
Bourbonnois, z
Languedoc) 1
Aunis, 2,
-. 6
Royal, 3
Royal Comtois, 2,
Daunay, 1
6
Les Vaisséaux, 3
La Marck, 1
Royal Italien, 1 6Lee,1 Obricn, 1
Dorington, 1
Galmoy, 1
OdondelJ 1
5
Gardes Françoises, 4
Gardes Suisses, 2.
*
Alfacc,a 4
Vczin, 2.
6
La Reine, 3
Haynault) z
Vaugc, I
6
Le Roy, 4
Foix, 1
6
pont, Dreux, Brendle, Lée,
Geoffreville.
Maréchaux de Camp.
Mrs Beauveau, Comte
de Nille
,
Lessars
,
Isenghien,
Mouchy, Miromesnil,
la Mark
,
Chevalier de
Roye.
Brigadiers.
mrs S. Poange, Gaydon,
Daulcane
,
Sandru ky
, Rios
,
Capy, Montal, S.
Morel, Depinay, la Chaux,
May, Grenets, Mercy
,
Sury
,
Lionne, de Lisle,
Remirecourt
,
Gondrin
Beringhen, Meleun,Saa. ,
SECONDE LIGNE.
CAVALERIE.
Colonelle Generale, 3 efc.
S.Poanges, 2.
Ligondez, 2
7 Chartres, 3
Maifontiers, 2-
Clermont, 1
7
Daultannc9
Villiers, z
Grandmonc
2. Aubeterrc"
2.
8
Brabant, 1 S.Phal, 2
Caycux, 1
6
Efclainvilliers,
Rios,zz, S. BHmonrJ
6
Montauban., z
Capy, z :
Cravattes, 3
7
41cfc.
INFANTERIE.
Poitou) z bar.
Lorraine, t
Miromelnil
, 2,
6
Tourraine, z
Charollais) A
Bugey, 2.
6
Limofia,
LaChauxI2.
Boufflcrs,
2.
1 yiliiers Suiflc
, 3
May, 3
6
Brcnqle, 3
SLJrbeçk) 3
6
Gardes de Bavière, 4
4
HefTy, 3
Phiffcr, 3
6
RoyalRoussillon, 2. Lionne,.2.
Laonnois,2.
ÀC
La Fere, 1
Tourncfis., 1
Beauce, 1
6
Tourville, 2.
Barrois, z*
Agenois, i
6
Greder Allemand 2.
Solrc, i
Gondrin, t
6
G3 bac.
CAVALERIE
a Reine) 3 efc.
Seringhen 3
iftaniol
, 1
S
AUTRE RESERVE.
**
Lieutenant General.
Mr de Broglie. Brigadiers,
Mrs Tarneau, Combout,
Pasteur.
CAVALLERIE.
Le Roy, 3efc.
La Tour, z
Beauveau, z
Tarneau, z
9
Combous, z
DuBcflcy, i
Biron, x
6
Houssards de Nerville, I
Pasteur, Dragons, 2.
3
- 18efc.
CAMP SEPARE'.
Lieutenans Generaux.
Mrs Sailly
,
Conflans
Reichberg, duRoZwl,S.,
Fremont.
Maréchaux de Camp.
Mrs S. Morrany
,
Santigny
,Prince Charles.
Brigadiers.
Mrs Nugent, Gassé, Danumis,
Jouy, Girault, S.
Micault,Locatelly, Cloys,
Prince de Bergets, Midefars
,
Flavacourt.
CAVALLERIE.
Royal Etranger, 3 etc.
Villeroy, 3
Nugent fi
,\ S
Dauphin Etranger, y
Vauldray
, '1 2.
Mitignon, 2.
,L , Ir
Bourgogne, 3 Gesvres,t , Viilcquicr, i
7
Orléans, 3
Villeprcux, 1
,
S
Dumalnc, 5
Frczin, z
S Condé, 3
Bourbon, 3
6
Arcobau, 3
Loccelly, 2.
S
Carabiniers, 10
10
Gardes d'Espagne 1,
Gardes de Bavierc z
4
DRAGONS.
Royal, z
Flavacourc, z
5
Gzcfc.
RESERVE.
Brigadiers
Mrs Livry, Se brcr.
INFANTERIE.
Bcüil i bac.
MIrabeau, 1
Nivcrnois, x
1
6
Perche, i
Cambrcfis 1
Spaar, i
6
il
AUTRE CORPS.
Lieutenans Generaux.
Mrs laFiezclicre, Bouzols,
Davaray.
Maréchaux de Camp.
Mrs Costa.Mîmur.
Brigadiers.
MrsThourotte, Montjoye,
Livry.
CAVALLERIE.
Tbourotte, 2.
efc;
Pardeilhan, x Raigecourt, i
6
Cossa)Bav. 3
Posh,Bav. 2.
S
Prince Lambesc,
3
Livry, 2.
Mettre de Camp Gencrale.,
3
8
41efc.
Royal Artillerie, 2. bar.
Bombardiers,
1
3
HoussardsdeRasky 3 etc.
camperont au Quartier
General.
Total des Escadrons,1jl.
TOfl des Bataillons,161.
On a fait depuis plusieurs
détachemens pour l'Allemia9nc.--
Ordrede Bataille de tArmée
des Alliez en Flandres,
commandée par le Duc de
Marlborough.
GENERAUX.
Le Duc deMarlborough,
le Comte de Tilly, le Prince
hereditaire de Hesse, Dopsf,
Prince d'Orange,Bulleau,
Lumelly.
Lieutenans Generaux.
Hompesch , P. H.Hembery
,
P. G. de Hesse
,
Esbach,
Heyden, Murray,
Palland, Holstein
-
Beck
, Rantzau, Withers,Norsh,
Orknay
,
Scoulembourg
, Cadogan, Mans, Temple,
Rosse, Word.
Autres Officiers Généraux.
Kellun, Bothmar Peutz,
S. Laurent, Prifoofe
,
Euvars,
Sibourg, Subin,Vegelin
,
Ranch
,
Ivoy, Hamilton
,
Exk, Pritzelvaitz,
Wittemberg
,
Strakembourg,
Chanclos,Salxemkeylbourg
, Brelembach ,
Hagn, Duvel, Sillion, Russel,
Morisson
,
Hamilton ,
Du Breüil, Stutter,Rublereu
,
Berchoffer, Douglas,
Leinkesfeld,Vorst, Loohaux
,Glinsha
,
Lalech , Sairs,Maesbag.
ESCADRONS.
Royal Ecossois, 3 d.
Royal Irlandois) 3
Lauly, 3
Cadogan, 1
Harwich
) 2
Palmes,
2.
Woord, I
Betmard
, 4
Elle, 3
Wight, t
S.Laurent, 2.
Frecha pcllc, 1
Grosk
, 2.
Pcurz) 1
Sculembourg, 2.
L':"ib, 2.92 Hagn, 4d.
BJlow, 4
BATAILLONS.
Gardes Britanniques, 2.
Royal, 1
Subin, 1
Newton, i
Hasford
, 1
Royal, 1
Privrofc, 1
Erram, 1
Duvcl
, 1
Selvin, 1 Prcftion,i Suron
, 1
Ingolsby, 1
Vecbb, l
SPibnoukrga, abh,I1 Ecclc,I Noorth
, 1 Hamilton,i Wym, 1
Orrcry) i
Gauvin, i
Greck. 1 Milevillc,i Dixprcmbouck, 1
Belling, i
Du Brciiil
, i
Rantzau, i
OrangeJ i
Fagel, i
Holfteinbeck, 1
May, 1
Wigers, 1
Prince Maximilicn, I
Marquel, 1 Lircdal,l Croonsprios, t
Croonsfront,i Chambricr, 1
Wondebourg, 1
CDouoglals)lioc,i1 Muray, 1
Gardes Hollandoifes, 3;
ESCADRONS.
Vandcrnach^ 6-
Tl-J 2,
Oyeu, 1- viiiingosf, 1
Grouvtfiin, 2.
Wirtcmberg
) z
Cralingc, 2.
Chanclosy x
Lalech
, 2.
Er bach
, 2.
Prince bereditaire) 2.
Gardes bleues, 2.
Gardes du Corps, 1
Carabiniers, 4
Srnittcrm, 4
Gardes, j
Generaux de la secondeLigne.
Albemarle. Fagel. Prince
d'Anhalt. ZD
Lieutenans Generaux.
Oyeu,Vittentorf, Lalech,
Athlone, Dohna,Colliers,
Landerfrankenfleiiinatimer.
Autres Officiers Generaux.
Doisting, Hackemborn,
DuPortail, De Veyne Trossel, Berg, Croon,,
GaLJvin, Hasuvoudent
,
Vixou se,Westimiler,Koppel
, Grovenstein, Du Portail
,
Comre Moornay ,
Shemesan,Bechleren,Wauters,
Vandersbeck
,
Wichfurst
, Rador
,
Recdert
Cofcritz, Chambricr, , May,
Smettingh
,
Cronstroon
Wallesf, Benthen, Hum-,
neilicn
,
Bechleren, Wictemhorf.
ESCADRONS.
Leib, 4d.
Etlbreigc, 4
Souvelzi, 4
Anspach, 4
Dorsflinguc, 4
Panevilz, 3
Lcib, 3 9*
Croonrprins, 3
Prince Philippe, 3
Heyden 1
Portai, 3
Cac, 1
Bataillons.
Gardes, 1 :
Leib, zJjt
Croonfprins, 3
Albregl, 2.
Lollern, x
Erpprins, 1 Alsdhna, 1 ;
Varenne, i
Jouy Dhona) i
Hcydcn, 1
Anhn & Zclbz, i
DTenrheol,ler,t1 Gromhonn> t
Cofcritz, i Scamaifter,I
Lerkoors, • 1
Buldeuvin, i
Deticur, 1
Telkelembcrg, 1
Rantzau, 1
Albcrmarle, 1
Scrccshcn, 1
Elft, 1
NSig.clMin, arais, i i Chareause, 1
Inncns, i
Pariot, 1
Maurice, 1
Bugwillz, 1
- Mjçcrail
, r
Dobrobiky, 1 Hauler 1
Bernard, 1
Groy
, 1
Pallannc, 34
Heyden,
,. 2.
llangercberg
, - 2,:
ESCADRONS.
Walleff, i
Hoflcmhomb
, 2.
Saxcmhcylberg
) z
ECK, 1
Humnclben, 1
Guichel, 1
Sgrabemvoir
, z
Voorlt, i
Rechtcren, z
Briftzeelw, 1
Athlonc, 2
Prince dOranse t Gardes du Co0rps,i Dopff, 4
Ordre de Bataille de ïArmie
des Alliez en Flandre, commandée
par le Prince Eugene.
GENERAUX.
Le Prince Eugene
Le Duc de Wirtemberg
,
Le Comte de Velen.
Lieutenans Generaux.
Averoche, Gor dorf
Schwcuzel,Wilcke, Mer-,
y.
GenerauxMajors.
Cheuse, Wessenfelz
Milhan, boisset, , Prince de
Heirc Philipidal
,
Sachen
) d'Albert, Sechembach
, Bonneval
,
Statzfelt, Souchon,
Prince Lobkowirz,
ESCADRONS.
CFolodnitzz,Ho,u[6[ardsd, j Palafi, 6d
Wefterlo, 3
Mercy, 6
LVccylcbn,,33Vd
BATAILLONS.
Holftcin, t
Baadcn, z
Grenadiers, i
Taftring, 1
Dalbcrt, t
Fechembag
, 1
WandcrbCCK, 1
CaGel, 1
Erf Prince Woffcn) 1 Bren Wolffen
, 1
Gardes de Heffc
) 1
Eftcrdc, t
SErçf PhrinwceederHizdlce,l.,111
Romeleny, 1
Sugnen, * T i
Bonnard, [
Preccrnis,
4
Boitfcc.,L11
VanftoKer, 1
Gardes Danoises,i
ESCADRONS.
Leib, Saxon. 4 yt.
Rcmcchcc, 4
Lcib, f1 Alfy-
Weilfenfeiczt , Erf.Prince Hcflc, 4
Chcux, Danois. 2.
Kneyl, 2.
LClb, 2, yt.
Wirtemberg, s
General de lasecondeLigne.
Le Comte de Felz.
Lieutenans Generaux.
Lagnace
,
Caunstz, Vander
bCIK, Schellarr.
Generaux Majors.
Schemetteau,Heynflein,
Sechendorf, La Roche Sterrifelz, , Vtien.
ESCADRONS.
Spleny) HoulTards,J
S. Amour,6d.
Dandignercs, i d.
Wirtembcrg) 4dé
FalKcftcin,6d.
Halzfclr) 3
Shcllart) 3
BATAILLONS.
Grenadiers Pafloc, 1
Sulzbach
, 1
Saxemrneymcing, 1
Iffelbach, 1
Grenad. Wirieïnberg, t
Harinans, 1
SternfeltzJ 2.
Schwartz, t
Etrcrfelz, 1
Caves, 1
Radtnge, 1 Dcucheft, 1
Prince George de He(îe,t
Koomugmac, i
Wcifll-nfelz, 1
WaKerbart, 1
Schendorf, 1
Getz) 1
Furrtemberg, t
Charprins, I
Gardes Saxe, 2.
ESCADRONS.
MilKan,
Spicgçl,1 4z Boinebourg, z
Avcrchcs, 4
Brochcdorf, +
Schemettcau,
Wlrtemberg, 1
Grabo, 1
Rantzau, 2,
Total des deux Armées,
Bataillons, 148
EfèadronsJ2,56
Les Alliez ont aussi fait
des détachemens pour rAl.
lemagne.
Le 2.7. Juin une partie
de la Garnison de Doüay
sortit dans le dessein d'aller
rompre une digue qui
retenoit les eaux de la
Scarpe & de la Sensee, &
qui estoit couverte parun
petit Chasteau & par une
Redoute prés d'Arleux.
Ces Troupes ne pouvant
rompre la Digue sans
s'élire auparavant emparées
de ces postes, elles les
attaquerent; mais quoy
qu'ils ne sussent gardez
que parsoixante & dix
hommes ils se deffendirent
si bien que les Ennemis
furent obligez de se
recirer avec perte, ainsi
qu'ils avoientdéjafaitplusieurs
autres fois auparavant.
Cependant ayant resolu
de s'en rendre maistres à
quelque prix que ce fust,
parce que cette Digue empeschoit
la navigation de
la Scarpe & du Canal de
la Deule
,
& qu'elle retenoit
les eaux de maniere
que les Moulins deDoüay
ne pouvoient tourner, ils
firent marcherla nuit du
cinq au six Juillet huitmille
hommes tant Cavalerie
qu'Infanrerie,avec quatre
pieces de canon pour les
attaquer de nouveau. Les
soixante & dix hommes
qui les gardoient, se deffendirent
si vigoureusement
qu'ils tuerent beaucoup
de monde aux ennemis
; mais enfin la breche
ayant esté faite ils furent
emportez d'assaut & faits
prisonniersau nombre de
soixante & six
, quatre
ayant esté tuez.
Les Ennemis s'en estant
rendus maistres
,
resolurent
de les bien fortifier,
afin de les mieux conferver.
Pour couvrir leurs
Travailleurs ils pofterenc
douze Escadrons & dix
Bataillons à une demi
lieuë de Doüay, la droite
à Goeulzin, & la gaucheà
Sains-leNoble, ayant derriere
eux les inondations
&leruisseaudu Moulinet.
Mr le Marechal de Villarsalla
le 9. reconoistre
ce Camp
,
& trouvaque
la droite estoit si peuappuye'e,
que sil'on pouvoit
cacher la marche de nos
Troupes ,il seroitfacile
de le forcer. La difficulté
estoit de faire arriver les
Troupes fous Bouchain
partant des Portes d'Arras
& du Camp qui estoit
entierement découvert
par les grandes Gardes des
Ennemis.
La nuit du 9.au 10. ce
Maréchal fit marcher plusieurs
Pontons, avec ordre
de les cacher le jour fous
des arbres présde l'Escaur,
& aprèsavoir fait reconnoistre
le terrain entre
Bouchain & les Ennemis
par Mr le Baron de Raski
Colonel des Houssards, il
détacha trente Escadrons
des Gardes du Corps, des
Grenadiers à cheval
,
de
Dragons, de Cavalerie &
de Houssards, fous les ordres
deMr le Comte de
Gassionavec Mrle Marquis
de Coignie,le Prince
Charles de Lorraine &
Mr le Marquis deHautefort,
des Mousquetaires ,
Marchaux de Camp ; Mr
le Duc de la Tremoille ,
Mr Gaydon, Mrle Comte
deSaumery
,
Mrde St.
Servin
,
& Mr de Bellefond
,
Brigadiers
;
Mr le
Prince de Marsillac
,
Mr
le Duc de Ç-t.Agnan., Mr
le Prince de Lanlbe[ç)Mr
de Manicamp,
,
Mr de
Chabannes, Mr d'Aremberg,
Mr de Rottembourg,
Mr de Leémour , MrduTil, Mrle Marquis
de saint ChaumontMr
des Granges
, & Mr de
Beaufremont, Colonels.
Mr le Marquis de Coignies
marcha le premier
sous Bouchain avec les
Dragons, & il se tint sur
leshauteurs, pour empesccherquedes
Villages voisins
il ne pust aller personne
au Camp des Enne-
'mis" & que leurs partis ne
pussent découvrir nos
Troupes quand elles y arriveroient.
Lorsqu'elles
Sortirent du Camp les
Houssards & les Cavaliers
disilerent laplusgrande
partie à pied, les autres
tenant leurs chevaux en
main comme s'ils estoient
allez en pasture.
Pendant une partiede
la journée on fit faire l'éxercice
aux Troupes du
Camp sur les lieux les plus
élevez, & à dix heures on
ordonna à tous les postes
de la Scarpe, de l'Éscaut
& de la Sensée, d'arrester
tous les paysans sous prétexte
de quelques Espions"'
qu'on avoit eu avis qui
avoient examiné le Camp.
Toutes ces précautions
ayant esté prises ,Mr de
Gassion arriva fous Bouchain
sans avoir esté découvert,
& marcha ensuite
avec Mr de Coignies
peur aller attaquer les Ennemis.
Il arriva àla pointe
du jour prés de leur
Camp oùil separa ses
Troupes en quatre corps,
dont il formaquatre lignes
qui Ce soutenoient
Pun-e l'autre. La premiere
estoit composée de trois
cens Dragons, & d'un pareil
nombre de Houssards
commandez par Mr le Baron
de Raski leur Colo-d
nel
,
qui avoir encore este,
la nuit
,
luy sixiéme , reconnoistre
-
s'il n'y avoit
point quelque ravin eu
emincreux qui couvrist
front des Ennemis ; la
conde estoit de Dragons
de Cavalerie, & les deux
tres entièrement de Calerie;
la quatrièmequi
voit de Reserve estoit
mmandce par Mr de la
remoille.-
Onarriva en cet ordre
sans estre découvert,
nsle Camp ennemi jusn'a
la garde del'Etendart
ui futtaillée en pieces ,
és qu'elle eut crié : Qui
ive. En mesme remps les
oussards & les Dagon.
de la premiere ligne
debanderent & donne
rent l'alarme par tout l
Camp en tuant tout c
qui se rencontra fous leui
main à coups de fusil, de
pistolet,&de sabre. Quel
ques pelotons d'lnfante
rie firent feu sur no
Troupes, mais ils furen
bientostdissipez:on en tu
une partie, & le restese
sauva dans le chemin couvert
deDoüay. Le carnage
fut beaucoup plus
grand dans la Cavalerie
ennemie qui n'eut pas le
mps de se former en
orps un grand nombre
Officiers& de Cavaliers
vant esté tuez dans leurs
entes. Il y a eu des Régilents
donc il n'est pas reé
cent hommes
,
& un
nttr'autres dont il n'en resté que cinq, ce que
on a appris par des Let
es venuës de Douay le
ndemain de l'action.
out le Camp fut pillé, &
on mit le feu à ce que l'on
e putemporter apres que
on eut ramassé prés de
eize cens chevaux qui
ont elle emmenez a
Camp avec les prison
niers. On a pris aussï plu
sieurs Etendarts & quel
quespaires de Timbales
Nous avons perdu en cet
re action Mr deCoëtmer
Colonel de Dragons; Mr
le Baron de Raski a est
blessé ainsi que quelques
Officiersde Dragons.
Apres avoir resté plus
d'une heure sur le Champ
de Bataille, Mr de Gassion
fit sa retraire sans estro
poursuivi. Ils'est
conduit
dans cette action avec
beaucoup de prudence&
d'habilleté
,
ainsi que Mr
deCoignies 3eMus les autres
Officiers Généraux&
Subalternes,& particulierement
Mr le Baron de
Rata.
1
Mr le Maréchal de Villars
, pour favoriser leur
rerraite, avoir fait avancer
Mr d'Albergoti &Mr le
Prince d'Isenghienauvillaged'Aubigny
avec deux
mille Grenadiers, & fit attaquer
par Mr le Comte
de Broglio les gardes avancées
de l'aile droite de
l'arméeennemie,afind'attirer
leur attention de ce
costéla, les Houssards les
pousserent du costé de
Lievin ; ils tuerent plusieurs
Cavaliers
, en prirentaussi
plusieurs,& ramenerent
soixante chevaux.
:
Nouvelles du Nord,
de Pologne
,
f5
d'Allemagne.
Les Lettres de Cracovie
, de Varsovie, & de
Dresden, venuës de Jaroslawp
! law
, portent que le Czar
avoit fait marcher25000.
hommes fous lecommandement
du Comte de
Wisback pour s'approcherdu
Danube,&enlpeC.
cher les Turcs de passer ce
Fleuve;que pour cet effet
ce General avoit fait con- struire deux Ponts, sur le
Boristhene pour faire pasfer
l'Infanterie
; que l'un
de ces Ponts devoir estre
construitau dessous de
Rasow& l'autredans lieuplus un prés de Bender,
pour allerinvetrircette
Place avant l'arrivée du
Grand Visir.
D'autres Lettres portent
que les Moscovites aprés
s'estre assemblez à Braclaw,
s'estoient avancez du
costé de Jampol ,mais que
si le Roy de Suede estoit
obligé d'agir avant la jonction
du Grand Visir
,
il
pourroit assemblerunearmée
de quarre vingt mille
hommes de ses propres
Troupes, de celles du Palatin
de Kiovie, de Turcs,
deCosaques,& de Tarrares
-
qui faisoient de frequentes
courtes dans les
Palatinats de Kiovie
,
de
Servie
,
& de CzerviKowie,
d'où ils remportoient
beaucoup de butin. Ces
mesmesLettres adjoustent
que lesHofpodars de Moldavie
& de Walaquie avoient
receu ordre d'assembler
& de faire conduire
du costé de Bender,
deuxà trois cens mille
boeufs pour la subsistance
de l'armée du Grand Visir
quiestoit en marche.
On apprend par celles
de DantziK que le General
Smigielski avec un
corps de deux mille homirïes"
faisoit des courses
dans lagrande & dans la
petite Pologne, ainsi que
dans la Prusse Polonoise
où ilavoir enlevéplusieur,s
convois aux Moscovites
aprés avoir battu les escortes;
qu'il n'exerçoit aucune
hostilité contre le!]
Polonoisdu parti du Roy
Stanislas
,
ou qui paroissoientneutres,
mais seulement
contre ceux qui s'estoient
declarez pourle
RoyAuguste que cesPalatinats
de Cracovie ,de
Sandomir & de Lublin avoientresolu dene poin,t
consentiràfairela guerre
aux Turcs. ., licq'Jn
(
Celles de
-
Hambourg
du 3 dece mois, portent
que les Troupes Danoises
qui estoient dans les Isles
deFuhnen& de Zeeland , &dans le pays de Jutland
marchoient du costéduJ.
Holstein
,
où le Roy de
Dannemarc vouloir aÇsembler
une Armée de
vingt cinqmille hommes
pour entrer dans laPomeranie
ou dansle Duché de
Bremen
,
si l'Armée Suedosse
maréhoit vers la Pologne.
Quedans les Conferences
tenuës entre le
Czar & le Roy Auguste à
Jaroslaw, il avoir efité resolu
quelesArmées de la
Couronne & de Lichuanie
se tiendront sur la défensive,&
n'exerceroient aucune
hostilité contre les
Turcs qu'en cas qu'elles
en fussent attaquées.
Extraitd'une Lettrede
Lauterbourg du 6.
Juillet.
: NON! avonsfait trois
grands fourages en quatre
jours de tempssans que lesEnnemis
ayentparu, quoyque la
plaine de Camdel où nous avons
fourragé soit éloignée de
quatre lieuës dïry, ce-*flet
prés de Landau. Nousattendons
le premier Détachement
de Flandres qui doit arriver le13.àVVeissembourg. où
Mr le Marechal d'Harcourt
va establir son Quartier pour
quelques jours. Mr le Marechalde
Bezons a le sien à
Felt^ , c-,Mr le Comte du
Bourg est à Moutre , petit
village prés du Rhin, & à
une lieuë d'icy.Ily a apparence
que nous nous mettrons
bientost en mouvement.
Les Lettres de Vienrïë
portent que l'Archiduc a
nommé les Comtes de
Liec htenstein, &de Kinf.
Ki, Mr de de Çonfpruck , pour estre ses Ambassadeurs
Plenipotentiaires à
Francfort en qualice de
,
Roy
Roy de Boheme, mais que
le premier s'estant excusé
d'accepter cet employ
l'Imperatrice Regente avoit
nommé en sa place le
Comte de Vindiscgratz,
& qu'on croyoit que cette
Commission seroit donnée
au Prince LobKowitz,
parce que le Comte de
Vindiscgratz estoit indiC.
posé.
Celles de Berlin mar.
quent que le Comte de
Donhaqui aesténommé
par l'Electeur de Brandebourg
pour assister aussià
cette Election en qualité
d'Ambassadeur Plenipotentiaire
se disposoit à
partir;qu'il seroit accompagné
par M s Mardefelt
&Hennings ;
qu'il auroit
un équipage & une fuite
magnifique;que M. VierecK
seroit Mareschal de
l'Ambassade; qu'il auroit
plusieurs Gentilshommes,
un Secretaire, douze Pages,
vingt- huit Valets de
pied; quatre Gardes Suisses,
& deuxTrompettes.
Nouvellesd'Espagne.
Lettre de Corella
du 28. Juin.
Depuis que la Reine rft
icy
,
elle a reprissonestat ordinaire
&se porte parfaitement
bien.
MonsieurdeVendosme doit
partir le 8. du prochain de
Sarragossepourl'Armée de
Catalogne. La jonction des
Troupes de Franceavec celles
d'Espagnesefit le 19. mais le
manque de vivres &de munitions
en assez grande quantité
a empesché jusqu'a pre*
sent les Troupes d'avancer
dans un Pays que les Ennemis
ont entierement ruinepour
nous empefeber d'y pouvoir
subsister, sans avoir de trèsgrands
Magasins.
Madame la Duchesse de
Popoli est morte.
Ilest arrivé à PeniJloU
vingt-cinq mille fanegas de
grains.
D'autres Lettres portent
que l'on continuoit
de travailler aux fortifications
deCervera, que les
Trou pes augmentent tous
les jours en ces quartierslà
; que lesAlliez estoient
tousjours dans leursmesmes
Quartiers;qu'ils faisoient
approcher lesTroupes
Allemandes pour estre
toutes sous le même Commandant
qui dévoitestrè
le General Vezel qui estoit
leseul de leurs Généraux
qui fust encore forti de
Barcelone ;que le bruic
couroic qu'ils se devoienc
mettre incessamment en
Campagne, & que leur
premierCamp sera prés
de Tarragone; mais que
les provisions leur manquent
,& que leur Artillerie
n'est pas preste.
Celles d'Estremadure
portentque les Portugais,
aprèss'estre tenus long-
temps dans un Camp avantageux
,
avoient envoyé
quelques détachemens
du costé de Zafra
pour lever les contributions,
& s'estoient ensuite
retirez;que M.le Marquis
de Bay pour les obliger à
sortir de leur Camp, avoit
fait bombarder Elvas;
qu'il s'estoit avancé ensuite
vers la ville deBorvaqui
avoit esté pillée, & qui
avoit donné seize mille
Ecus pour empescher
qu'on n'ymist le feu,8$
qu'un de sesPartis avoit
dessait trois cens Grena,
diers ; que les Portugais
avoient fait courir le bruit
qu'ils attendoient des
Mortiers potiv- bombarderBadajozpar
represailles,
& que si M. le Marquis
de Bay s'y opposoit,
ils luy donneroient bataille
;quece General en
ayant estéinformé s'étoit
approché d'eux; que les
innemis le voyant en leur
presence,s'estoient avancez
en bataille; maiS1
qu'ayant reconnu queM.
le Marquis de Bay se dispofoit
à les bien recevoir,
ils avoient défilésur leur
gauche, & estoient allez
camper plus loin entre l,,
Caya & la Catola vers la
Tour de Segovie ; que
quelques jours aprésils
publierent encore qu'ils
retourneroient pour attaquer
M.le Marquis de Bay
qu'ils battroientparce
qu'ils estoientplusforts
que luy en lnfclnrerie;flu
cependant il s'estoit eh4
core avancé,&avoit cam.'
pé en leur presence,sans
qu'ils eussent osé venir à
luy.
D'autres Lettres confirment
que M. de Monte-
Negro avoit repris Caravalajez
; qu'il eftoic£nfuite
entré enPortugal
par la Province de Tralos-
Montes
, ou il avoit
détaché Dom Nicolas de
San Severino avec un
Corps de Cavalerie
,
qui
avoir pris la ville de Vimiofo,
située quatre lieuës
au-dessus de Miranda, &
que M. de Monte-Negro
l'ayant suivi avoit pris le
Chasteau où il y avoic
deux Compagnies d'infanrerie,
& où il avoit
trouvé beaucoup de munitions
de guerre & de
bouche.
PRISES.
Six Vaisseaux Hollandois
venant de CuraiTo)
ont esté pris par trois
Vaisseaux François, la Fidelle
& la Mutine, armez
à Dunkerque, & le Ju piter
armé à Bayonne. Ces six
Vaisseaux ont esté amenez
à Paimbeuf; ils estoient
chargez de Cacao,d'In
digo, de Tabac, de Sucre,
de Bois de teinture, de
plu sieurs autres Marchandises,
& de trente mille
piastres,le tout estimé plus
de douze cens mille livres.
Une Barque Françoise
a pris un Bastiment de
douze canons, sur lequel
les Ambassadeurs du Royaume
de Naples qui alloient
à Barcelone étoient
embarquez. Ils porroient
trente-deux mille pistoles àl'Archiduc.
M. l'Aigle a pris &
conduit à Alicante un
Vaisseau Majorquin chargé
de cinq mille cent
Quintaux de Froment. Ce
Vaisseau alloit à Barcelone.
Service pour feu Mon-
Seigneur ledaepl-lyn.
Le 18. Juin on fit dans
l'Eglise de l'Abbaye Royale
deS. Denis le Service
solemnel pour le repos de
l'Ame de feu Monfeigcur
le Dauphin.
Toutes les Portes de la
Ville estoienttenduës de
noir sans Ecussons ; celle
de l'entrée du Parvis estoit
ornée deCartouches & de
petitsEcussons, entre lesquelsil
y en avoit de
grands aux Armes de
Monseigneur. Les trois
grandes Portes de l'Eglise
estoient renduës,ainsi que
toute la largeur du Portail
jusques aux petites Tourelles.
La Nefestoit couverte
jusqu'à dix ou douze
pieds de la voute, ainsi
que les bas costez,&ornée
de plusieurs rangs de Car
touches & d'Ecussons.
Audessus delaGrille
ou des Jubez, pendoit depuis
la voute un grand
Tapis noir qui garnissoit
tout l'espace d'entre les
piliers. Au dessous de ce
Tapis on avoit appliqué à
la grille un Jubé de menuiserie
qui avançoit d'environvingt
pieds dans la
Nef, & dans lequel la Musique
fut placée. De chaque
cofté du Choeur au..
dessus des hautes Chaises,
regnoient jusqu'à l'Autel,
six grandes pieces quarrées
de drap noir bordées
d'Hermine, & ornées
dans le haut & dans le bas
d'une Bande de trois
rangs enQuinconge semée
de Larmes d'argent
de Dauphins,& de Fleursde-
Lys d'or. Entre chacun
de ces grands quarrez
estoient des bandes en forme
de pilastres aussisemer
de Larmes, de Dauphins,
& deFleurs de-lys. Dans
le milieu de ces pilastres
estoient de grands Ecussons
aux Armes & aux
, Chiffres de Monseigneur
alternativement,ainsi que
sur les Corniches qui estoient
surmonrées d'un
grand Luminaire qui regnoit
tout autour du
Choeur. Vis- à-vis des
Ecussons
Ecussons qui eftoienc au
dessous de la Cornic he
d'enhaut,onavoir attaché
des Girandoles garnies
de Cierges.
La Representationestoit
élevée de huit degrez
sur un Champ quarré de
deux, pieds & demi de
haut, sousun Dais soufie.
nu de quatre Colomnes.
Au dessus deceDaisestoit
uneCouronne fermée de
dix Dauphins herissez de
pointes où l'on avoit mis
desCierges qui formoient
unGroupe de Luminaire
dont l'effet estoit fort
beau. Du milieu de ce
Groupe sortoit unCierge
qui estoit beaucoup plus
élevé que les autres, &les
degrez de la Representation
estoient tout couverts
deChandeliers.
Il n'yen avoir que six
sur le Grand Autel ,&six
au dessus du Contre-Table,
à la hauteur duquel
partoic des deux costez,
desCourtines de velours
garnies de franges d'argent
& d'Ecussons,& il y
avoit des Rideauxde satin
qui estoient attachez aux
Colonnes de l'Autel.
Au dessous du Contre,
Table estoit une grande
Croix de Moire avec quatre
grands Ecussonssur du
velours,surmontée d'un
Dais avec ses Rideaux ar
restez,qui cachoit entierement
l'espacedepuisle
ContreTable jusques à1$
hauteur du Luminaire
d'enhaut, lyavoità costé
de ce Dais deuxespecesde
Pilastres semez deLarmé$
d'argent,de Dauphins ôc
de Fleurs-de-lys d'or
,
ôç
accotez de deux Consoles
sur lesquelles il y avoit des
Cierges.
On commença à allumer
le Luminaire à dix
heures & un quart.
Monseigneur le Dauphin
estant arrivé avec
Monseigneur le Duc de
Berry & S. AR. Monsieur
le Duc d'Orleansces Princes
furent conduits dans
l'Appartement qui leur
aVoic£&e préparé au bouc
de la premiere partie de
l'ancien Cloistre. L'Escalier
estoit tout tendu de
Drap noir, ainsi que le
passage jusqu'à l'Appartement
où il y avoit un Dais.
Aprés que ces Princes y
eurent esté habillez,ils
allerent prendre leurs places
dans les trois Chaises
hautes du Choeur les plus
proches de celle qui est
destinée pourl'Abbé,&c
qui est tousjours vacante
lorsqu'il n'y en a point.
Le Requiem fut entonné
par les cinq Chantres,&
continué parla Musique
du Roy, & ensuiteKyrie
eleison; & les Prélats en
entrant dans le Choeur,
saluerent la Representation
,
les Princes, la
Representation de Loüis
XIII.&l'Autel. LeCelebrant
estoit M. l'Archevesque
de Reims; ôc les
Assistans, M.l'Evesque de
Quebec ; M. l'Evesque
d'Auxerre; M. l'Evesque
de Séez
,
& M.l'Evesque
d'Autun.
Dans le Sanctuaire à
droite ,du costé de l'Evangile,
estoitunAmphithéâtre
garni de Bancs
pour les Religieux de
1
la
Maison, qui avoient psalmodié
Prime,Tierce, &
None dés six heures & demie,
dans la Chapelle du
Chevet derrière le Grand
Autel,du costé de l'Epistre
il y avoit des Bancs
pour le Clergé, vis-à-vis
desquels estoient cinq sauteüils
de velours, pour
l'Archevesque& pour les
quatre Evesques assistans.
L'Epistre fut chantée par
Dom Taveroles
,
Religieux,
Sous-Diacre,&l'Evangile
parDomQuenet,
Religieux, Diacre, deux
des Evesques alIifianseL:
dantDiacre,&SousDiacre
d'honneur. Le Graduel
fut chanté pirie's
cinq ChantresReligieux.
& la Prose par la Musique.
L'Offertoire estant finie,
Monseigneur leDauphin
allaà l'Offrande précede
du Maistre desCeremonies,
qui fit les Reverences
àl'Autel du bas des degrez
du Sanctuaire, aux Princes,
aux Cours Supérieures
,& au Clergé,&il alla
baiser l'Anneau du Celebrant
aprèsavoirpresenté
le
le Cierge. Il y avoit dix
pieces d'or à celuy de
Monseigneur le Dauphin,
huit à celuy deMonseigneur
le Duc de Berry,
& six à celuy deMonsieur
le Duc d'Orleans.
L'Oraison Funebre fut
prononcée par Mr l'Evesque
d'Angers. Ilprit pour
Texteles 13 & 17. Versets
du 3. Chapitre des Proverbes
dont il ne fit qu'un,
pour l'apliquer à Monseigneur.
Beatus homo qui inrectæ
, omnes semitæ ejus
pacificæ. Heureux l'homme
rempli de sagesse & de
prudence,ses voyes sont
toujours droires &ne tendent
qu'à Ja paix,
On ne donnera, point les
Extraits des Oraisons Fune-
Ines, parce qu'elles sontimpri
mées Cm aujji parce qu'ilyen
aura troppourentreprendre de
les donner toutes , que de
donnerseulement les plus belles
ce feroit marquer qu'on
llime moins les autres.
Monseigneur le Dauphin,
Monseigneur leDuc
deBerry,& Monsieur le
Duc d'Orleans sortirent;
del'Eglileun peu avant
quatre heures pour aller
se deshabiller, & ils sortirent
de leurs Apartements
à quatre heures trois
quarts par la grande porte
de l'Eglise,suivis du
Prieur,de plusieursReligieux
& de leurs Officiers
; & ces Princesmonterent
tous trois dans le
mesine Carosse pour retourner
à Marly,.Il y avoit
plusieurs Compagnies
des Gardes rangées obli-.
quement en haye depuis
1,2 premiere porte du parvis
jusques danslarue qui
conduir hors de Saint Denis
par le chemin dePa*.
ris.
Il y eut de si vives contestations
entre les Cent-
Suisses & les Gardes du
Corps au sujet de la barriere,
qu'il fallut, envoyer
un exprés à Marly pour
sçavoit à qui elle devoit
appartenir. La question
futdecidée en faveur des
Gardes du Corps qui la
îirent enlever.
Le 3. Juillet on fit aufll un
Service solemnel pour le reposdeL'Ame
de feu Monseigneur
leDauphin, dans l'Eglise
de Notre Dame. Mon.
sieur le Cardinal de Noailles
y officia pontificalement; &
lePeredelaRue Jesuite y prononça
l'Oraison Funebre.
Monseigneur le Dauphin, accompagné de Monseigneur
le Duc de Berry & de Monsieur
le Ducd'Orleans )efioit'
à la relte du Deuil ainsiqu'à
celuy de S. Denis; & le Clergé,
le Parlement, la Chambre
des Comptes, la Cour des Aides,
l'U niverfité & le Corps
de Villeyaissisterent. Ils y avoient
esté invitez de la tirt
du Roy par Mr. des Granges
Maistre des Ceremonies. Monsieurle
Cardinal de Noailles
donna à disneraux trois Princes
après le Service.
On ne parlera point de laCeremonie de Notre-
Dame
,
ni de la Sainte
Chapelle
,
ni par consequent
desautresquisesont
faites par route la France.
!i Ces Ceremonies n'tfl
tant presque que des repetitions
les unes des autres
, & de plus il faudroit
des Volumes entiers pour
bien marquer jusqu'où
les François ont porté
leur zele pour honorer
la memoire du grand
Prince qu'ils ont perdu..,)
CEREMONIES
Funebm.
L'origine des Ceremonies
est auffi ancienne que celle
des Loix. rlJes en font au
moins l'ornement si elles n'en
font pas le soutien. Ellesfont
aussivariables que les temps,
&. aussivariées que les moeurs
& les usages des peuples, &
ce qui est regardé comme un
honneur dans un temps ou
dans un Pays, est quelquefois
envisagé comme un opprobre
dans un autre;
L'ancienne Chevalerie à
introduit beaucoup de Ceremonies
extraordinaires,dans
lesPompes funebres. Lors
que les Rois ne nommoient
personne pour conduire la
Ceremonie
,
le foin en estoit
donné en partieaux Herauts
d'Armes qui estoient de Vice-
Chevaliers instruits de toutes
les Loix de la Chevalerie, &
qui par leurs belles actions
meritoientl'estime du Publics
& à qui leur valeur avoit acquis
une authorité qu'ils conservoient
avec l'âge.
Depuis le regne de Charles
VI. la qualité de Heraut s'est
fortavilie. Les Rois ont toujours
nommé à chaque Ceremonie
quelque Seigneur de
distinctionpour la regler suivant
l'ancien usage. i ,'of'
Lors que Henry III. passa
par l'Italie il prit dugoust
aux manieres de ces Peuples
qui aimoient beaucoup les
Ceremonies, il crea plusieurs
Charges. Et entr'autres en
l'année1585. il fit un Maistre
des Ceremonies, & un Mai
stre pour servir en son absence.
Le Titre de Grand Maistren'a
esté donné an premier
que long-temps depuis. IlsembleroitparlesCharges
que toutes les Ceremonies
devroient estre reglées
, ÔC
qu'il n'y auroit rien àinnover.
Cependant elle sontrarement
lesmesmes ,ilarrivesouvent
quelqueincident,
chacun voul ant s'elever &
empieter sur les droits des autres.
Les Rois se sont trouvez
quelquefois fort embarrassez
pour decideravec juihee sur
ces affaires de point d'hon.
neur , ne sçachant précisement
à qui il doit appartenir,
-
Aux Funerailles dePhilippe
Auguste le Cardinal Legat
& l'Archevêque de
Reims vouloient officier pori..
tificalement. La dispute fut
grande, & pour les accorder
on dressa deux Autels sur lesquels
chacun celebra en mesme
temps & de mesme voix
afin qu'un seul Choeur respondistaux
deux Officians. 1
Aux Obseques de S. Louis,
le Roy Philippe III. fortfils
porta sur ses épaules le Corps
ou plutost les os de son Pere
depuis Notre-Dame jusqu'à
S. Denis. Les Croix que l'on
trouve sur le chemin furent
élevées dans les endroits OU il
se reposa. On assure qu'il se
fit plusieurs Miracles en ces
melmesendroits ,plusieurs
Malades. y ayant reçu du
soulagement à leurs maux. La
foule du Peuple qui suivoit le
Convoy estoit grande. Tous
les Seigneurs les plus distinguez
s'y trouverent ; tous les
Prelats qui estoient alors à la
Cour, s'y trouverent en habits
Pontificaux. LesReligieux
crurent que les Archevesques
& Evesques avec
leurs habits Ponti ficaux entreprenoient
sur leurs droits.
JIs; sermerent les portes de
leur Eglise& ne voulurent
point souffrir qu'on yentrast
jusqu'à ce qu'il eustestéresolu
que les Prelats quitteroient
leurs ornemens pour y entrer
sans pompe & sans marque
d'authorité ni de Jurisdiction
sur eux. -
j¡ Aux Convois où les Rois
se trouvoient
,
ils suivoient
le Corps à Cheval dans les
Champs: dans les Villes &
les Villages de leur passage
, ils metroient pied à terre. Cette
coutume s'estabolie entierement
depuis Charles V.
Tous les Enterremens des
Princesne se sont pas toujours
faits avec pompe en France.
Aux Fenerailles d'isabeau
de Bavieree veuve du Roy
Charles VI. son Corps fut
porcé du Chasteau des Tournelles
où elle mourut, jusqu'à
l'Eglise de S. Denis sans au.
cune Pompe. Les Registresdu
Parlement portent qu'il s'y
fit quelques Ceremonies ;
mais aucun Autheur contemporain
n'en parle Au contraire
ils, disent tous qu'on le mit
sans, pompe dansun Batteau
avec lui Prestre, deux Cierges,
& trois Officiers de sa Mai.
son qui le conduisirent par
eau à S. Denis où les Religieuxqu'elle
avoit comblez
de bienfaits luv firent à leurs
frais un Servicele plus hono*
rable qu'ils purent. Ils attribuent
la faute de ce manque
d'honneur qu'on luy devoit
aux Anglois qui estoient maistres
du Pays, & qui lahaïfsoient.
Aux Obseques de Charles
VIII. vingt Gentils hommes
de sa Maison porterent son. Corps. 4 1
- A celles de Loüis XII.
les hanouars ou porteurs de
sel pretendirent que cet honneur
leurappartenoit,les Rois
le leur ayant concédé dans
leurs Privilcges. Les Gentilshommes
le leur cederent, &
depuis ce temps là ils se font
conservez dans ce Droit.
AuberyMarquis de Vatan
presta ferment dde f:idérlité entre lesmains deSaMajesté
pour la Charge de
Lieutenant de Roy au
Gouvernement d'arlea
nois, és Pays Blaisois, Dunois
,
Amboise & Vendomois
,
sur la demission
du sieur Comte de Saumery
,
qui presta aussi le
ferment de fidelité entre
les mains de Sa Majesté
pour la Lieutenance Generale
du mesme département
le 30. Juin dernier.
Il est filsdeClaude Aui
bery Marquis de Varan
Baron de Moncy,&c.&de
Catherine le Coq de Corbevillefille
de Jean le Coq
Doyen du Parlement descendu
du celebreAvocat.
General qui vivoit
fous le Roy Jean, & que
la Cour nomme encore
aujourd'huy Joannes Gal
li. ï;Le Marquis de Vatan
a épousé en l'année 1689.
Madelaine Louise de Bailleul
,
soeur, fille & petire
fille de President à Mortier,
de l'ancienne Noblèsle
blesse de Bailleul en Nou
mandie : il a deux frères
au service du Roy
,
l'un
ancien Chevalier de Mal
-j
te , & Capitaine de Vai&
seau
,
l'aurre Capitaine
au Regiment des Dragons
de la Reine.
Claude Aubery perq
de celuy -cy avoit quatre
soeurs
; l'ainée mariée au
Marquis de Vieux-Pont,
la seconde au Comtede
Nonant
,
la troisiémeau
Comte
-
de Vauvineux desquelsMadame la Pria-,
cesse de Guemené est ntle
, laquatriéme au Marquis
deRaray.
,L Entre plusieurs hommes
déconsidérationcette
Famille a donné un JacquesAubery
,
fameux par
son éloquence
,
qui fut
Ambassadeur de Henry
fecond enAnleterre:ilfît
.,tin Traité de Paix entre
son Maistre
, & E douard.
VI. Monsieur le Chancelier
de l'Hopital a traduit
enVers latins
, un fameux
Plaidoyerde ce J lcques
Aubery
,
dont le plerÏf
neveu Benjamin Aubery
fut Ambassadeur en Hollande
fous Henry IV. Ils
sont tous descendus de
Pierre Aubery Conseiller
au Parlement fous le re-
- gne de Philippe de Valois.
-
Il y a eu dans cette famille
cinq Chevaliers de
Malte,&elle est alliée à
laMaisondelaTremoüille
deNoirmoutierparRenée
Jjlie Aubery, qui épousa
Louis de la Tremouille
d'où sont sortis Monsieur
le Duc deNoirmutier,
Monsieurle Cardinal de
la Tremouille
,
Madame
laPrincesse des Ursins&
Madame laDuchesse de
ChatillonMontmorency;
elleest aussialliée par des
femmes des maisons de
Lillebonne, de Rohan, de
Montmorency
,
Luxembourg,
de Fiesque
,
& de
plusieurs autres Maisons
illustres.
On peut faire une remarque
assez curieuse sur
le Marquisat de Vatan ,
que depuis douze cens
ans,cette Seigneurie n'ait
jamaisesté venduë,ayant
pasT. par droit de succeson
soitenligne droite
foie en ligne collatérale ,
jufqua DameClaudede
de Presteval de ~Pa.-illeu"
se
,
restée derniereheritierc
de la MaisondeVatan
, laquelle épousa en
mil six cent vingt neuf
RobertAubery5Baron de
Moncy, qui prit alors le
nom de Vatan,&en favveeuurrdduuqquueellccèettctec
TTeerrrreé
sur, érigée en Marquisar.
r Varan estune petite Vil- ledenviron quatrecent
efux/diftante de dix lieuës
de Bourges & de quatre
^'Iffoudufl
, distraite de
l'ancien ressort du Berry
ôc soumise à celuy de
Blois;
, Ce qui prouve ÍÕn'aut)l'
quité;c'estun ancien temple
desfaux Dieux qui fertf
depuis plu sieurs sieclesde
magazin pour des Bleds.
*
LeMartyrologe de TAî>-
baye de S. Sulpice de
Bourges fait mention que
S. Sulpice Archevespe
de Bourges en l'an cinq
cent quatrevingt sept,du
temps de Gontran oncle
du Roy Cloraire, estoit
fils d'un Seigneur de Vacart
,
& il ya dans cette
Ville un cres-ancienChapitredepuis
plus de huit
cens arcs, fous le titre de
S. LaurumqLn y sur martyriséen
l'an 5+. par.rordre
de Toula B.oy' des
Goths.
-; On mettra, dans le mois
prochain les Morts &':lei
Mariages de celuy cy , parce
lqeue le temps me marque, &
temps me manque , pane
qu'onattend troptard bwcn*
'cryer les Mémoire*, je prie
ceuxquimefontl'honneur de
m'en envoyerde lesecrire plus
correctement, leje- prie ceux
qui negligent de me lesenvoyer
de pardonnersi l'on fait des
fautesgroflieres- J'évite autant
que je puis ces inconvénients
enne parlantpointdu toutou
fort peude certaines Familles
estrangeres dont je n'ay pas eu
rleloeisirsdeechexrchear leés Miemso.iARTLCLEXXII.
De l'ordre de la Marche des
FrincesELetteurs,dr parqui
sont portées les Marques honoraires.
pOur déclarer le rangquel
les Princes Electeurs doivent
tenir en marchant avec
l'Empereur ou avec le Roi
desRomains en public & erL
cérémonie, & dont nous
avons ci- dessus fait mention,
Nous ordonnons que toutes
les fois que pendant la tenuë
d'une Diete Imperiale, il
faudra que les Princes Electeurs
marchent processionnellement
avec l'Empereur au le
Roi des Romains, en quelques
actionsou solemnitez
que cesoit, & qu'ils y portent
les Ornemens Impériaux ou
Royalix; le Duc de Saxe portant
FEpee Imperiale ou
Royale, marchera immédiatement
devant l'Empereur,
étant au milieu entre luy &
l'Electeur de Trêves ; ledit
Electeur de Saxe aura à sa
droite le Comte Palatin du
Rhin, qui portera le Globe
ou la Pomme Imperiale, &à
sa gauche le Marquis de
Brandebourg
, portant le
Sceptre, tous trois marchant
de front: le. Roi de Boheme
suivra immédiatementl'EmpereurouleRoides
Romains;
sans que personne marche entre
l'Empereur ou ledit Roi
&lui.
ARTIClE XXIII.
DesBénédictions des Archevesques
en lapresence de1•'*-
,,.lT'Empereur. Outes les fois qu'on
celébrera en solemnité
la Méfie devant l'Empeteur
ou le Roy des Romains,
,U que les Archevesques de
Mayence, de Tréves & de
Cologne; ou deux d'entre eux s'y trouveront presens, on
observeraàla confession qui
se dità l'entrée de la Messe,
au baisen de l'Evangile & de
la Paix qu'on presente après
(Ag":/tsDei,& même aux Bénédictions
qui se donnent à la fin
de la Méfie
,
&: à celles qui
se font à l'entrée de table &
aux graces quife rendent après
le repas, cet ordre que Nous
avons estimé à propos d'y étatablir,
de leur avis & consentement;
qui est que le premier
aura cet honneur le premier
jour; le second, le second
jour; & le troisiéme, le
t,roin2e.m.e jour. Nousdéclarons en ce
cas, que l'ordre de la primauté
ou posteriorité entre
les Archevesques, doit estre
dreeglé sur l'ordre & le temps leur consecration. Et afin
qu'ils se préviennent les uns
les autres par des témoignages
d'honneur &de déference,
& que leur exemple oblige
les autres à s'honorer mutuellement,
Nous desirons que celui
que cet ordre, touchant
les choses susdites, regardera
le premier
,
fasse à ses Collegues
une civilité & une honnêteté
charitable pour les inviteràprendre
cet honneur, &
qu'après cela il procèdeaux
choses susdites, ou à quelqu'une
d'elles.
ARTICLE XXIV.
Les Loix suisantes ont ejlè
publiées en la Diete de Metz
lejour de Noël, l'an 13r6.
Par Charles IV.Empereur des
Romains toujours Auguste,
.RoydiBobeme,affiflédetous
les PÍinces Electeurs du Saint
Empire en presence du Vénérable
Pere en Dieu le Seigneur
Théodorique Evêque d'Albe,
Cardinal de la sainte Eglise
Romaine>& de CharlesFils
aîné du Roy de France, Illustre
Duc de Normandie, &
Dauphin de Viennois.
S.J. SI quelqu'un estoit
entrédans quelque
complotcriminel, ou auroit
fait ferment ou promesse de
s'y engager avec les Princes
& Gentilshommes, ou avec des Particuliers &: autres
Personnnes quelconques
mêmes roturieres, pour attenter
à la vie des Reverends
& Illustres Princes Electeurs
du saint Empire Romain,
tant Ecclesiastiques que Seculiers,
ou de quelqu'un d'eux,
qu'il périsse par le glaive, &:
que tous ses biens soient
confisquez comme criminel de
leze.Majesté ; car ils sont
partie de nostre Corps: Et en
ces rencontres les Loix punissent
lavolontéaveclamême
severité que le crime mesme.
Et bien qu'il fût juste que les
fils d'un tel parricide moururentd'une
pareille more)
parce que l'on en peut appréhender
les mêmes exemples;
néanmoins par une bonté
particuliére
,
Nous leur donnons
la vie: Mais Nous voulons
qu'ils soient fruftrez de
la succession maternelle ou
ayeule, comme aussi de tout
les biens qu'ils pouroient esperer
par droit d'heredité &
de succession, ou par testament
de leurs autres parens &.
amis; afin qu'étant toujours
pauvres & necessiteux, l'infamie
de leur pere les accompagne
toûjours;qu'ils ne puissent
jamais parvenir à aucun
honneur & Dignité, même à
celles qui sont conferées par
l'Eglise; & qu'ilssoient re-@
duits à telle extremité, qu'ils
languissent dans une necessité
continuelle
,
& trouvent par
ce moyen leur soulagement
dans la mort &: leur supplice
dans la vie. Nous voulons aussi
que ceux qui oseront intercéder
pour telles sortes de gens,
soient notez d'une infamie
perpetuelle.
§. 2. Pour ce qui est des
filles de ces criminels ,en
quelque nombre qu'elles
puissent estre
,
Nous ordonnons
qu'elles prennentla falcidie
ou la quatriéme partie
en la successionde leur mere,
foit qu'elle ait fait testament
ou non; afin qu'elles ayent plûcôc:
une médiocre nourriture
de fille, qu'un entier avantage
ou nom d'heritieres.Car
en effet la Sentence doit être
d'autant plus moderée à leur
égard, que nous sommes perfuadez
que la foiblesse de leur
sexe les empêchera de commettre
des crimes de cette
nature.
§. Déclarons aussi les
émancipations que telles gens
pourroient avoir faites de leur
fils ou de leurs filles, depuis
la publication de la presente
Loi
,
nulles &: de nul effet ;
pareillement Nous déclarons
nulles & de nulle valeur toutes
les constitutionsde dot, donations
& toutes les autres
aliénations qui auront été faites
par fraude
, &. même de
droit,depuis le temps qu'ils
auront commencé à faire le
premier projet de ces conspirations
&: complot. Si les
femmes ayant retiré leur dot
se trouvent en cet état, que
ce qu'elles auront reçu de
leurs maris à titre de donations,
elles le doiventreserver
à leurs fils, lorsquel'usufruit
n'aura plus lieu;qu'ellesçachent
que toutes ces choses,
qui selon la Loi devroient
retourner aux fils, seront appliquées
à nostre Fisc, à la
reserve de la falcidie ou quatriéme
qui en fera prise pour
les filles, & n n pour les fils.
§. 4. Ce que nous venons
de dire de ces criminels & de
leurs fils,doitaussi estre entendu
de leurs satelites, complices
& ministres, & de
leursfils. Toutefois si aucun
des complices, touché du
desir d'une veritable gloire
découvre la conspiration, en
son commencement, il en recevra
de Nous récompense
& honneur: Mais pour cel ui
qui aura eu part à ces conspirations
&: ne les aura revelées
que bien tard, avant
néanmoinsqu'elles ayent été
découvertes, il fera estimé
digne feulement d'absolution
&: du pardon de son crime.
§. 5. Nous ordonnons aussi,
que s'il est revelé quelque
attentat commis contre lesdits
Princes Electeurs Ecclesiastiques
ou Seculiers, l'on
puissemême après la mort
du coupable poursuivre de
nouveau la punition de ce
crime. ,-
§. 6.De même,l'on pourra
pour ce crime de leze-Majesté,
à l'égard deidics Princes
Electeurs, donner la question
aux serviteurs du Maître
qui aura été accusé.
- §.7. Ordonnons deplus
par ce presentEdit Imperial,
& voulons que même après
la mort du coupable l'on
puisse commencer à informer
contre lui,afin quele
crime, étant * averé, sa mémoire
puisse estre condamnée
&: ses biens confisquez.
Car dés là que quelqu'un a
formé le dessein d'uncrime
détestable,il en est en quelque
façon coupable & bourrelé
en son ame.
$. 8. C'estpourquoy, dés
que quelqu'un se trouvera
coupable d'untel attentat
Nous voulons qu'il ne puisse
plus ni vendre, ni aliener, ni
donner la liberté à ses esclaves,
& mêmequ'on ne lui
puissepluspayer ce qui lui
estdû.
§.9.Pareillement ordonnons
qu'à ce sujet on applique
à laquestion les serviteurs
du criminels c'est-à-dire,
pour le crime ducomplot détestable
fait contre les Princes
Electeurs Ecclesiastiques
'&. Seculiers.
§. 10. Et si quelqu'unde
ces criminels meurt pendant
l'instruction du Procez, Nous
voulons que ses biens, à cause
qu'on est encore incertain
qui en fera leSuccesseur,
soient mis entre les mains de
la Justice.
ARTICLE XXV.
De la conservation des Princi»
pautez, des Electeurs en
leurentier. sS'Il est expedient que toutes
Principautez soient
conservées en leur entier, afin
que la Justice s'affermisse, &
que les bons & fideles Sujets
jouissentd'un parfait repos
d'une paix profonde ;il est
encore ,
sans comparaison beaucoup plus juste queles,
grandes Principautez, Domaines
,
Honneurs & Droits
des Princes Electeurs
,
demeurent
aussi en leur entier;
car là où lepéril est leplus à
craindre
,
c'est là ou il faut
user de plus grandes précaurions
de peur que les colomnesVenant
à manquer 3 toute le bâtiment ne tombe
en ruine.
§. I. Nous voulons donc &
or donnons parcet Edit Imperial
perpetuel, qu'à l'avenir
&à perpétuité les grandes
& magnifiques Principatitez
,
tellesque sont le Royau-
me de Bohême , la Comtç,
Palatine du Rhin,la Duché
de Saxe & le Marquisat de
Brandebourg,leurs Terres
Jurisdictions , , Hommages &
Vasselages, avec leurs appartenances
& dépendances, ne
puissent estre partagées
,
diviséesoudémembrées
en
quelque façon que ce soit ;
mais qu'elles demeurent à
perpétuité unies &: conservées
en leur entier. ,:.
§. 2. Que le Fils aîné y
succéde,& que tout le Domaine&
tout le Droit appartienne
à luy seul ; si cen'est
qu'il soit insensé,ou qu'il ait
tel autre grand &: notable
défaut qui l'empêche absolument
de gouverner; auquel
cas la successionluy estanc
défenduë
,
Nous voulons que
le fécond Fils, s'il y en a un
en la même ligne, y foit appellé
; sinon l'aîné des Frères
ou Parens paternelslaïque
qui se trouvera estre le plus
proche en ligne directe &:
masculine: lequel toutefois
fera tenu de donner des preuves
continuelles de sa bonté
& liberalité envers ses autres
Frères ôc Soeurs, contribuant
à leur subsistance selon la
grace qu'il aura reçue de
Dieu, & selon la bonne vo- lonté& facultez de son
patrimoine; lui défendant
expressément tout partage, division&démembrement
des Principautez,&: de leurs
appartenances ôc dépendances,
en quelque façon que
ce puisse être.
ARTICLE XXV-I.,,-
De la Cour Impériale desa
séance. , I.LE jour que l'EmpereurouleRoides
Romains voudra tenir folemnellement
sa Cour, les Princes
Electeurs tant Ecclesiastiques
que Seculiers, se renfdront
à une heure ou environ,
au logis de la demeure
Impériale ou Royale,ou
l'Empereur ou le Roi, étant
revêtu de tous lesOrneniens
Impériaux monteraachevai,
avectous les Princes Electeurs
qui l'accompagneront
jusqu'au lieu préparé pour
la Séance chacun en l'ordre
& en la maniéré qui a été cidessusprescrite
, &: inserée
dans l'Ordonnance qui regle
les marches des mêmes Princes
Eleaeurs.
2. L'Archichancelier dansl'Archichancellariat
duquel
la Cour Impériale se tiendra,
portera aussi au bout d'un Bâton
d'argent tous les Sceaux'
Impériaux ou Royaux.
§. 3. Mais les Princes Electeurs
Seculiers porteront le
Septre
,
la Pomme & l'Epée
,
en la nlanie-re qui a été dite
ci
-
dessus.
§. 4.Quelques autres Prill
ces inférieurs qui feront dé
putez par l'Empereur &: à
son choix, porteront immédiatement
devant l'Archevesque
de Trevesmarchant eJt.,
son rang, premièrement la
Couronne d'Aix-la-Chapelle:,
& en secondlieu, celle de
Milan: Ce qui ne se pratiquera
feulement que devant
l'Empereur, orné de la Couronne
Impériale.
§. L'Imperatrice aussi, ou,
la Reine des Romains, étant
revêtue des Habits & Orne.
mens de Ceremonie, marchera
après le Roi ou l'Empereur
des Romains, &: auiïi
après le Roi de Boheme , qui
fuit immédiatement l'Emper
reur ,mais çloignécd'unçù.
pace compétant, & accom
pagnée de ses principaux Officiers
&: de ses Filles d'Honneur
¡& ce jusques au lieu de
la Séance.
ARTICLE XXVII.
Des Fondions des Princes Electeurs
dans les rencontres oh
lesEmpereurs oit. Rois des Romains
tiennent folemnellement
leur Cour. NOus ordonnons que
toutes les fois que l'Elnpereur
ou le Roi des Romains
voudra tenir solemnellement
sa Cour, &: où Ice
PrincesEle&enrs ferontobjigèt
de faireles Ponctions de,
leurs Charges,on observe eiv
cela l'ordre suivant.-
§. i.Premièrement,TEm-,
pereurou le Roides Roi-riainsf,-
étant assis en sa Chaire Roya-r
le, ou sur le TrôneImpérialv
le Duc de Saxe fera sa ChaiM
ge en la maniéré que nous;
allons dire. On mettra d-,
vàntle Logis de la Séance
Imperiale ou Royale, un tas
d'Avoine, de telle hauceuf)
qu'il aille jusqu'au poitrai"
ou juf ues à la Telle du cheval
sur lequel le Duc fera.,
monté;: & le Duc ayant en'
ses mai ns un Bâton d'argent
& une Mesure aussi d'argent,>
qui peseront ensemble douze,
Marcs d'argnt.'& étant ï;
cheval- remplira la' mesure
d'avoine & la donnerar' au
premier Palfrenier qu'il ren-'
contrera. Apres quoi, fichant
le Bâton dans l'avoine, il se
retirera; & son Vice-Maréchal
, sçavoir de Pappenheim,
s'approchant, ou lui
absent, le Mareschal de la
1Cour,Jpaermvettroa leipinllagee d.e
§.i Dés que l'Empereur
ou le Roi des Romains se fera
mis à table, les Princes Electeurs
Ecclesiastiques, c'est-à-,
dire les Archevêques, étant'
debout devant la table avec
les autres Prelats, la beniront
suivant l'ordre qui a été
ci- dessus par Nous prescrit.
La Bénédiction étant faite,
les
les mêmes Archevêques, s'ilt
font tous presens, ou bien
deux, ou un d'entr'eux, pren*
,dront les Sceaux Impériaux
ou Roïaux des mains du Chancelier
de la Cour;& l'Archevesque
dans lArchichancellariat
duquel la Cour se tiendra,
marchant au milieu des
deux autres Archevesques qui
feront à ses cotez,tenant avec
lui le Bâton d'argent où les
Sceaux feront suspendus
; tous
trois les porteront ainli, &
les mettront avec rcfpctt lui?
la Table devant l'Empereur
ou le Roy. Mais l'Empereur
cru le Roiles leur rendra auflktost
: Et celui dans l'Archichancellariat
duquell%Cerémonies
se feront, comml a
vçté dit, pendra à Ton col le
plus grand Sceau, & le portera
ainsi durant tout le Difner
& apiés, jusquesà ce qu'il
foit retourné à cheval du Pa-
Jais à son Logis. Or le Bâton
dont nous venons de parler,
doit estre d'argent, du poids
-de douze marcs; & les trois
Archevesques doivent payer
chacun le tiers, tant du poids
de l'argent que du prix de
la façon. Le Baston & les
Sceaux demeureront au Chancellier
de la Cour, qui en fera
ce qu'il lui plaira; & c'est
pourquoi aussi-tofi: que celui
des Archevesques auquel il
aura appartenu de porter le
plus grand Sceau au col, depuis
le-Palais jusqu'à son Logis
( comme il a été dit )y
sera arrivé) il renvoyera par
quelqu'un deses Domestiques
audit Chancelier de la. Cour
Imperiale,ledit Sceau sur le
même cheval; & l'Archevefque,
selon la décence desa
propre Dignité & l'amitié
qu'il portera audit Chancelier
de la Cour, fera tenu
de lui donner aussi le cheval.
§. 3. Ensuite le Marquis
de Brandebourg viendra à
cheval, ayant en ses mains un
Bassin &: une Aiguière d'Argent
, du poids de douze
marcs, avec de l'eau & une
belle Serviette. En mettant
pied à terre, il donnera à laver
au Seigneur Empereur
ou au Roi des Romains.
<§.A. Le Comte Palatin du
Rhin entrera de mesme à
Cheval, portant quatre Plats
d'argent remplis deViande,
chaque Plat du poids de trois
marcs; & ayant mis pied à
terre, mettra les Plats sur la
Table devant l'Empereur ou
Roi des Romains.
§,f. Aprés eux viendra
le Roi de Boheme, Archi-
Echanson, étant aussi à Cheval,
& tenant à la main une
Coupe ou Gobelet d'argent
du poids de douze marcs.
couvert tic plein de Vin &
d'eau;& ayant mis pied à
terre, presentera à boire à
l'Empereurou au -
Roi des
Romains.
§. 6. Nousordonnonsaussi,
quesuivant ce quia éç
ptac'iquéjufql'ici),lesPrin
ces Electeurs Seculiersayantfait
leuts Charges, le Vice-
Chambellan de Falkenstein
ait le Cheval , le Bassin &
l'Aiguiére du Marquis de
Brandebourg: le Maistre de
Cuisine de Norteniberg, le
Cheval &: les plats du Comte
Palatin du Rhin; le Vice-
Echanson de Limbourg, le
Cheval &le Gobelet du Roy
de Bohême ; & le Vice-
Marêchal de Pappenheim, le Cheval,le Bâton& la Mesure
du Duc de Saxe. Bien
entendu que c'est en cas que
ces Officiers se trouventen
Personne à la Cour Imperiale
ou Royale, &: y fassent les
Fonctions de leurs Charges:
Autrement
,
& siis sont tous
absens ou quelques-uns d'eux,
alors les Officiers ordinaires
de l'Empereur ou du Roy des
Romains serviront au lieu
des Absens, chacun en sa
Charge; & comme ils en
feront les fonctions
,
aussi
joyiront-ils des émolunens;
ARTICLE XXVIIL
Des Tables Impériales &
Electorales. ;I'LA Table Imperiale
ou Royale doitestre
disposée en forte qu'elle soit
plus haute de six pieds que
lesautres Tables de la Salle ;
& aux jours des Affciiiblée%
solemnelles personne ne s'y
mettra que l'Empereur ou le
Roy des Romains seul.
§. 2. Et même la Place ôâ
la Table de l'Impératrice ou
Reineseradressée à côté,&
plusbaffe de trois pieds que
celle de l'Empereur ou Roy
des Romains;mais plus haute
quecelle des Electeurs aussi
de trois pieds. Pour les Tables
& places des Princes
Electeurs
, on les dressera
toutes d'une même hauteur.
§. 3. On dressera sept Tables
pour les sept Elecceun
Ecclesiastiques & Seculiers,
au bas de la Table Impériale,
sçavoir trois du côté droit ,
&trois autres du côté gauche
& la septiéme vis-à-vis de
l'Empereur ou Roy des Romains
,
dans le même ordre
que nous avons dit icy à l'Article
des Séances & du Rang
des Princes Elctlcurs ; en
forte que Personne, de quelque
qualité & condition qu'elle
foit
, ne se puisse mettre
entre deux ou à leurs Tables.
§. 4. Il ne sera permis à
aucun des susdits Princes Electeurs
Seculiers qui aura raie
sa Charge, de s'aller mettre
à la Table qui luy aura esté
preparée
, que tous les autres
Electeurs les Collegues
n'ayent fait aussi leurs Charges
mais que dés que quelqu'un
d'eux ou quelqu'uns auroit
fait la leur, ils se retireront
auprès de leur Table, &: se
tiendront làdebout, jusqu'à
ce que tous les autres ayent
achevé les Fondions susdites
de leurs Charges; &: alors ils
s'assoiront tous en même
temps,chacun à sa Table. §. 5. Dautant que nous
prouvons par les Relations
tres-certaines& par des Tradirions
si anciennes qu'il n'y a
point de memoirede contraire,
qu'il a été de tout temps
heureusement observé, que
l'éledion du Roy des Romains
futur Empereur se doit faire
en la Ville de Francfort, & le
Couronnement à Aix-la-C ha
- pelle, &que l'Elû Empereur
doit tenir sa premiere Cour
Royale à Nuremberg
-,
c'est
pourquoy Nous voulons, par
plusieurs raisons, qu'il en soit
usé de même à l'avenir;si co
n'est qu'il y ait empêchement
legitimé.
§. 6. Toutes les fois que
quelque Electeur Ecclesiastique
ou Seculier qui aura esté
appelle à la Cour Imperiale,
ne pourra pour quelque raison
legitime s'y trouver en Personlie
,
&: qu'il yenvoyera un Ambassadeur
ou Deputé; cet Ambaffadeur
,
de quelque condition
ou qualité qu'il soit ;,
quoi qu'en vertu de son pouvoir
il doiveestre admis en la
place de celuyqu'ilreprefente,
ne se mettra pas à la Table
quel'on aura destinée pour celuy
qui l'aura envoyé.
b-,~ Enfin toutes les Ceremonies
de cette Cour Imperiale
estant achevées
, tout l'échaffaut
ou Bâtiment de bois qui
aura esté fait pour la Seance &
pour les Tables de l'Empereur
ou Roy des Romains,& des
Princes Electeursassemblez
pour ces Ceremonies solemnelles,
oupour donner l'Investiture
des Fiefs, appartiendraauMaistred'Hôtel.
ARTICLEXXIX,
Des Droits des officiers, lorsque
les Princes font Hommage
de leurs Fiefs à l'Empereurou
au Roydes Romains,
§.1.ORdonnons par le
present Edit Imperial,
que lorsque les Princes
Electeurs, tant Ecclesiastiques
que Seculiers,recevrontlenrs
Fiefs 011 Droits Souverains
des mains de l'Empereur ouJ
du Roy des Romains
,
ils ne
soient point obligez de payer
ou de donner aucune choseà
qui que se foit: Car comme
l'argent que l'on paye sousce
pretexte en:du aux Officiers,
& que les Princes Electeurs
ont la Superiorité sur tous les
Officiers de la Cour Impériale
, ayant même en ces fortes
d'Offices leurs Substituts étaablis
& gagezà cet eiFet par
les Empereurs, il feroit absurde
que des Officiers substituez
demandaient de l'argent
ou des«Presens à leurs
Supcrieurs; si ce n'est que
lesdits Princes Electeurs leus
veuillent donner quelque
chosede leur propre volonré
& libéralité.•
§. 2. Mais les autres Prin-
"#s de l'Empire, tant EccleSadiquesqueSéculiers,
en
recevant leurs Fiefs,comme
nous venons de dire, de l'Empereur
ou du Roy des Romains,
donneront aux Officiers
de la Cour Imperiale ou
Royale , ,chacun soixante-trois
marcs 5cun quart d'argent;
si ce n'est que quelqu'un d'eux
pûtverifier sonexemption,&
faire voir que par privilege
Impérial ou Royal il foit dispensé
de payer laditesomme
, & tous les autrès droits que
l'on a accoutumé de payer
quand on prend l'Invefiiture;
&. ce fera le Maistre d'Hostel
de l'Empereurou du Roydes
Romains qui fera le partage
de ladite somme de soixantetrois
marcs & un quart d'ar.
gent, enla manière quisuit.
Premièrement, il en prendra
dixmarcs pour lui; Il en
donnera autant au Chancelier
de l'Empereurou du Roi
des Romains ; aux Secrétaires
, Nottaires & Dicteurs
trois marcs ;& à celui qui
scelle
, pour la cire & le parchemin
,unquart; sans quele
C hancelier&les Secretaires
soient tenus de donner pour
cela autre chose, sinon un
Certificat du Fief reçû ou de
sîmples Lettres d'Investiture.
Semblablement, le Maistred'Hostel
donnera de ladite
somme dix marcs à l'Echanson
de Limbourg ; dix aux
Vice - Marêchal de Pappenheim
,
&dix auVice-Chambellan
de Falkenstein ; pourvu
qu'ils se trouvent en personne
à ces Investitures, ôc
qu'ils y fartent les Fondions
de leurs Charges; autrement
&: en leur absence
,
les Officiers
de la Cour de l' Empereur
ou du Roi des Romains
qui feront la Charge des Absens
, & qui enauront eu la
peine, en recevront aussi le
profit.& les émolumens
§. 3. Mais lorsquele Prince
monté sur un Cheval ou toute
autre Bête, recevra l'Investiture
deses Fiefsde l'Empereur
ou du Roi des Romains
, quelque foit cette Bête,
elleappartiendra au grand
Maréchal ,c'est-à-dirfcauDue
de Saxe, s'il estpresent; sinon
à son Vice-Marêchal de
Pappenheim, &- en son absence
au Marêchal dela Cour de
l'Empereur.
ARTicle XXX.
De ÏInftruftion des Princels
Electeurs aux Langues.
§. I.DAutant que la
Majestédusaint
EmpireRomain doit prc{cri..
re les Loix, & commander
plusieursPeuples de diverses
Nations, moeurs, façons
de faire &: de différentes Langues
; il est Julie, & les plus
Gige le jugent ainsi,.que tes
Princes Electeursquisont les
côlomnes & les arcs-boutans
de l'Empire, soient instruits
& ayent la connoissance de
plusieurs Langues;parce qu'étant
obligez de soulager lEm-'
pereur en ses plus importantes
affaires; il est necessaire
qu'ils entendent plusieurspersonnes
, & que reciproquement
ils se puissent faire entendre
à plusieurs.
2. C'est pourquoy Nous
ordonnons que les Fils ou Heritiers
& Successeurs des Illustres
Princes Electeurs; ravoir
du Roy de Bohême, du
Comte Palatin du Rhin, du
Duc de Saxe, & duMarquis
de Brandebourg, qui sçavent
apparemment la Langue Allemande,
parcequ'ils ta. doivent
avoir apprise.dés leur ensance
; estant parvenus à l'à..
ge de sept ans,se fassentinstruire
aux Langues Latines,
Italienne & Esclavonne : en
telle sorte qu'ayant atteint la
quatorzième annéede leurâge,
ils y soient sçavans, selon
le talent que Dieu leur en au.
ra-donné : ce que Nous ne
jugeons pas feulement utile;,
mais aussi necessaire, à eause
que l'usage de ces Langues
est fort ordinaire dans l'Empire
pour le maniement de ses
plus importantes affaires.
; §. 3. Nous laissons toutefois
à l'option des Peres le particulier
de cette Instruction;en
forte qu'ildépendra d'eux
d'envoyer leur fils ou les Tarens
qu'ils jugeront leur devoir
apparemment succéder
en l'Eledorat, aux lieux où
ils pourront apprendre commodément
ces Langues, ou
de leur donner dans leurs
Maison des Précepteurs &: de
jeunes Camarades, par l'inftruétion
8c la conversation
table.
Protestations des Électeurs de
Baviere & de Cologne. 43
Histoire Espagnole 61 II.PARTIE.
Article des Anonimes.78
Suite de la Paralelle d'Homere,
dr de Rabelais. 87
Theses, Conseils, ReJ,nfls)
Egnimes. 14j
III. PARTIE.
Pieces Fugitives.
-
1
IV,PARTIE
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le