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1711, 01
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MERCURE
GALANT.
A PARIS,
M. DCCXI.
Avec Privilège du Roy
GALANT.
Par le Sieur Du f * **
Mois
de Janvier
-
1 711.
Le prix est 30. fols relié en veau) &
25.fols, brochez
A PARIS,
Chez DANIEL JOLLET, au Livre
Royal, au bout du Pont S. Michel
du côté du Palais.
PIERRE RIBOU,à l'Image S. Louis,
sur le Quay des Augustins.
GILLES LAMISLE, à l'entrée de la RUE
du Foin, du côté de la ruë
Saint Jacques.
MERCURE
GALANT.
JANVIER 1711. LE Mercure est la
bafe de toute perfection
Philosophique,
& j'ay accompli en luy
l'oeuvre parfait j'ay
donné au Mercure cette
vertu ignorée par nos
plus grands Autheurs
cette vertu brillante&
solide
,
qui charme éga
lement les Philosophes
& le vulgaire.
Enfin parun heureux
travail je fuis devenu
maistre & possesseur de
l'esprit universel. J
Ce n'est pas moy qui
parle au moins,c'est Ile-J
mon-Lulle&ilne s'agit
pas icy du Mercure Galant;
il s'agit du Mercu
re des Alchymistes,&
<
je cite ce passage à propos
d'un petit Livre nouveau
que je vous annonce.
Ce Livre qui a pour ti
tre Examen des principesdes
Alchimistes sur
la Pierre Philosophale,
prouve par de bonnes
raisons que la Pierre Philosophale
est impossible
d'autres Livres prouveront
lecontraire par des
raisons qui seront peutestre
aussi bonnes; mais
tous ces Livres ensemble
ne prouveront jamaisparfaitement
que l'ignorance
de l'homme sur les
secrets de la nature,C'est
cette ignorance dont j'ay
ma bonne parc, quisuspend
mon jugement sur
la Pierre Philosophale. :
Je vous ex poserai seulement
quelques endroits
d'un manuscrit qui la dcfsend
: ce manuscritqu'on,
m'a envoyé n'estpasd'un
Scavant, mais cette ma-j
tiere est devenuë àla mode
par les nouvelles experiences
que nousen
! voyons, & il est permis
aux femmes mêmes de
parler du Magistere,
d'Hermes, de la Quintessence
harmonique du
MisteredesSages & du
grand Oeuvre. Voicy ce
que dit mon manuscrit.
On cherche depuis longtemps
le Mouvement perpétuel&
la PierrePhilosophale
,& on traite ég;¡-
lement de vifionnaircs ceux <
qui se vantent d'en avoir
fait ladécouverte; à l'égard
du mouvement perpetuel,
l'impossibilité en est démontrée
; il n'y a plus que les
ignorans qui le cherchent,
mais la demonstration n'a
pû mordre encore sur la
Pierre Philosophale
, nous
n'avons rien de clair ny pour
ny contre;ainsi ceux qui en
font entestezn'ont pas plus
de tort que ceux qui s'en
moquent.
Ecoutons à present l'Auteur
du Livre nouveau.
La perfection d'unechosese
connoistpar la cessation du mouvement
qui enfaisoit la nutrition
ou l'augmentation. Cela
paroist dans les végétaux ;
quand legrain de bledestmur,
le mouvement cesse de luyporter
la nourriture.
Tantquunechose estenmouvement
ellen'est que dans la
voye de sa perfection ; car le
mouvemeut est un moyen qui
conduit à une fin qui est te repos.
L'animal memearrivéaun
certaintemps ne passe pas outre,
sa grandeur saforce., é7
enfinsa vie sont bornées.
Quant il est parvenu à cet
estat de consistance
,
il l'si comme
en repos ;je veux dire que
la nature ne fairplusquerepa.
rer autant qu'elle peut les Pertes
qu'ilfait tousles jours.D'où
vient que l'Animal qui dans
l'état de consistance a tout ce
qu'il faut pourfaire une parfaite
digestion,c'està dire qui
estcapable de recevoirplus de
nourriture & d'accroissement
n'en reçoitqu'autant qu'il en
faut pour l'entretenir dans cet
estat,sans augm station ?C'est
le termeprescrit par l'Auteur
de la Nature, qui a voulu
borner nos jours; C'est, pour
parler avec les Alchimistes, la
fin du Cercle de la Nature.
Nous voyons donc que dans
les animaux &dans les végétaux
, la Nature borne C
fixe leur mouvement a un certain
estat deperf ctionau de-là
duquel ils ne vont point.
D'ou vient, donc que cette
nature, qu'on dit unique
en tour, ne garde pas la même
renO-Je dans les Métaux ? Voici un endroit du manuscrit
qui répond à peu
présàcettequestion.
Nous ne conoissons que
très-imparfaitement les regles
de la nature, s'il y en a
quelqu'une dont on puisse
estre sûr
,
c'est que la nature
est variée à l'infini,même
dans les Ouvrages qui
nous paroissent les plus semblablcs.
Toutesces propositions
,. la nature n'a qu'un bu. Elle
agittoûjours par les mêmes
voies. La nature est une ; ce
sont autant de Sophismes
que les Alchimistes & ceux
qui les combatcnt peuvent
expliquer chacun selon ion
sistême.
Les Animaux Grr' les Végétaux
(dit l'Auteur du Livre)
neproduisent que leursemblable
&c. Les graincs&les oeufs
contiennent en petit les plantes
& les Animaux qui doivent
estreengendrez&c.leur
productionn'est réellement que
l'extention de toutes les parties
de l'individu imperceptible par
l'action de l'esprit qui le penetre
,
le dilate &le dispose a
recevoirl'aliment proprequi si
change en la substance, & en
augmente toutes les parties
dans toutes lours dimensions.
Tout cela est vrai,l'Auteurconclut
de là qu'on
ne pourroit produire un
métal,queparlessemences
dece métal. Il a peutestre
raison
, .& que l'or
estantun tout homogene,
ne peut contenir desemences
propres àestre developées.
C'est ce que je ne
sçai point, mais mon manuscrit
dit que toute la
nature n'est composée
que de petites semences
propres à estre animées , quesçait-on si les Parties
qui composent le Mercurene
sont point autant
de petits Animaux,&si
cet esprit universel que
cherchent lesAlchimistes
n'est point composéd'autres
Animaux infiniment
petits, qui font propres
à accrocher ensemble,&
à fixer ceux dont le Mercure
est composé ; les
plus grands Philosophes
ont eu des opinions aussi
visionnaires que celles-là;
ils ont découvert aussi
de grandes veritez. Concluons
delà que toute la
Philosophie n'est qu'un
composé deveritez &de
visions;ainsije conseille à
ceux qui n'ont point d'argent
à risquer de croire la
PierrePhilosophaleimpossible,&
je conseille à ceux
qui peuvent mettre quelque
argent à leur plaisir,
de préférercelui-là à d'autrès,
puisqu'il peut estre
; utile en découvrant une
infinité de secrets
, que
ê: les Alchimistes trouvent
chemin faisant, &s'ils ne
l trouvent pas cette Quintessence
qui a fait vivre
Artesiusmilleannées. Ils
ont trouvé des essences
qui peuvent guerir des
Rhumatismes.
C'est en cherchant la
PierrePhilosophale qu'on
a trouvé les belles teintures,
& nous avons obligationauxAlchimistes
des mesl anges qui font les
plus belles couleurs pour
les. étoffes Se pour les
Dames.
J'ai eu plusieurs conversations
avce Mr le President
de S. Maurice,sur
cette matiere : il estoit
dans cette incertitude
censée,où l'on doitestreà
l'égard d'une science
obscure, quand on l'a
chargé de faire faire une
experience dans la Vallée
de Barcelonnette; il a eu
toutes les attentions possibles
pour n'estre point
surpris,&il a vû réellement
changer deux onces
de plomb en or,avecune
petite pincée de poudre;
on ne peut pas s'em pêcher
de faire attention à
cela, c'est toujours unsecret
curieux,il reste à sçavoir
s'ilserautile, &si les
frais de l'opérationn'excederont
pas le profit.
Puisque l'occasion s'en
presente, disons un mot
de Nicolas Flamel& de
son Livre Hieroglifïque,
dont on voit encore quelques
figures aux Charniers
S. Innocent ; tout le
monde sçait cela, mais il
faut bien grossirmon Livre
pour ceux qui veulent
de répaisseur.
Nicolas Flamel Ecrivain
& Habitant de Paris,
en 1599. demeurant
ruë des Ecrivains, prés
la ChapelleS. Jacques de
la Boucherie,acheta pour
deux florins à un Inventaire
un Livre doré fort
vieux,dont les feuillets é.
toient d'écorces d'arbres.
Il contenoit, dit Flamel,
•_
lui-même
, trois foissept
feuillets,leseptiéme desquels
estoit toujours sans
écriture, au lieu de laquelle
estoit peint au premierseptiéme
une Vierge
& des Serpents s'engloutißans,
au deuxième septiéme
une croix où estoit
ataché un Serpent, cr.
aux autres septieme JVtoientpeints
des deserts,
au milieu desquels couloient
desfontaines d'où
sortoient plusieursSerpents.
Au premier des feuillets
écrits efloit Abraham
Juif, Prince
,
Prestre
Levite, Astrologue &
Philofopbeala, Nation
des Juifs
, par l'ire de
Dieu dispersezaux Gaules
,
salut,D. apréscela
ilestoit plein de maledictions
aveccemotiiiaranatha
, contre tous ceux
qui le liroit, silrieflûiç
Sacrificateur; ou Scribe,
jecrois qu'il venoit des
Juifs quon avoitchassez,
deParis&c.
1 Au quatrièmefeuillet
estoit peint unjeunehomme
avec des aisles aux talons
, avec un Caducée
dont ilfrappoitun casque
qui lui couvroit la teste,
cestoit Mercure ; contre
lui venoit courant&volant
à asles ouvertes un
grand Vieillardqui avoit
sur sa teste une Horloge
attachée, & enses mains
unefaulx,dontilvouloit
trancher les pieds à Mer.
cure. A un autre feuilletétoit
sur lesommet d'une
Montagne,unePlanteà
tige bleue fleurs blanches
&rougesfeuilles luisantes
comme orfin,&des Dragons
& Griffons autour.
A un autrefeuillet un
Roy
Rozierfleuri appuyécontre
un Chênecreux &
une Fontaine d'eau blancheseprécipitant
dans des
abimes.
A cet autrefeuillet un
Royavecungrand coutelas,
quifaisoit tuerpar
ses Soldats, force petits
enfans
, & leurs meres
pleurant, & lesangdes
enfans estoit ramassêpar
d'autres Soldats, & mis
dans un grand Vaisseau
dans lequel le Soleil&lay
Lunesevenoient baigner.
Flamel,ditunautreHistorien
,
avoit une jeune
femme nomméePrenelle,
avec qui il s'afligeoitfort
de ne pouvoir trouver le
vrai sens des Figures du
Livre, qu'un Medecin
nomméMr Anseaume,
commença à lui débrouiller.
Flamelentrepritensuite
un pelerinage
,
Prunelle
fut tres-affligée de le voir
partir, mais illuipromit
de revenir avec le trésor
des trésors
, ce qui lui fit
suporterson absence patiament.
Sur laroutede
sonpelerinage , un Marcrand
de Boulogneluisit
connoistre un Medecin
Juif, nommê Canches,qui
acheva de l'instruire
, il
revint à Paris,oùsachere
Prenellefut tres-joyeuse
de lerevoir, &pourtant
sachée, ne le croyant pas
plus riche que quand il
il estoit parti; mais enfin
aprés quelques années de
travail il accomplit le
grand oeuvre le 17. Janvier
; l'an mil trois, cent
quatre-vingtdeux,enprésence
de Prenelle sa femme>
qui enpensa mourir
dejoye. -'
: Ce Livre se vend à Paris,
chez DANI EL JOLLET,
au bout du Pont S. Michel,
du costé du Marché Neuf,
au
Livre Royal.
*AZ>.EV1sESÏ Desjettons qu'onadonnezà
la Courauprémieurjourdel'An
,.. oCr.es Devisesont esté,
composées par Meilleurs
de l'Académie Royale
des Médailles& Inscriprions;
& l'onya ajouté
des Explications en
Vers François, sans s'attacher
tropscrupuleusement
au sens littéral.
TRESOR ROYAL.
Un ancre de Navire.
Mediis spes. certa,
procellis.
Mgarlgé)ré l,es v.ents, mal- ordge,
L'espoir nous conduit an
-
;
rivage.
., e
MADAME
La Dachesse de Bourgogne.
Un Bouquet de Lis &
deRoses.
Novus ex nexu décor.
Superbe lis! Rose brillante,
C'est par votre union que
votre éclats'augmente.
L'ORDINAIRE
des Guerres.
Vne Troupe de jeunes
Lions.
Bello. lecta cohors.
NOSTRADAMUS.
DefiersLions,
Troupe d'élite;
Quoyquepetite,
Tiendra tête àcentlegions.
L'EXTRAORDINAIRE
des Guerres. -
Herculesmenafçant2$eif sus qui enleveDéjà*
nire.
Et robur &c arma
supersunt.
Partessuccéstu crois tes
projets infaillibles,
Crains mes derniers efforts,
cesontlesplusterribles.
LES PARTIES
Casuelles.
Par rapport à la Polette
,
dont
le payement assure la possession
des Charges.
Un Arcenciel.
Jubet essequietos,
Fe dissipe l'inquiétude,
Moins de richesses, &'
plus de certitude.
a
LAMARINE.
Hercules appuyésur fit
Massuë.
Virtus non fracta quiete.
Commej'agisavecprudence
,
Je repose avec vigilance;
Le courage d'un vrai
Héros,
JEJt à l'épreuve du repos.
a,
LES GALERES.
Des Fleches dans un
Carquois.
Ad juxta paratæ.
Peudeforce, beaucoup
d'adresse,
Commandez,nous irons
au bout de l'Univers ; Etnousfendrons leseaux
avecplus de vitesse,
Que la Fleche nefend les
airs.
LES BATIMENS.
Par rapport à la nouvelle Chapelle
de Versailles.
Un Autel chargéd'encens
& d'offrandesprécieuses.
Non opibus parcit
pietas.
Quandon a toutreceudes
Dieux,
Peut - on rien épargner
poureux,
Les deux Devisessuivantes ne
sontpoint de l'Académie.
LA CHAMBRE
aux. Deniers.
Un Soleil au dessus d'un
Parterre defleurs.
Alit viresque ministrat.
J'entretiens,je fortifie,
Par moy l'on tient à la
,'VIe.
a
L'ARTILLERIE.
Le Mont Etna jettant
peu deflâmes.
Condit quos nonvomit
ignes.
Peude mesfeuxontéclaté
Redoutez, ceux queje renferme
,
Des Titans&de leur
fierté
Par lepouvoir desDieux
je sus jadis le terme.
m
MARINE.

AvisdePrises.
DeMalte.
Le Capitaine Gazagnery
a mené à Malte, une
priseHollandoise, estimée
150000.livres.
Du Havre ,le II. Decembre.
1710.
Le sieur de Villers sainte
Croix
Croix,a pris & mené au
Havre, une Fregatte
Hollandoise , estimée
cent mil écus.
,
'-
De Calais; le 12. Decembre
171(0. . 1
Le Capitaine Louvet,
a pris un Dogre Hollandois,
nomméle Marsoüin
de Zenuxée, de JO
Tonneaux,qu'il a conduit
à Calais.
Le Capitaine y a mené
le même jour une prise
de Tonneaux, nommée
lePostitiondeTonningue.
Le 17. dumêmemois,
le Capitaine Cardon, y a
conduitunDogre Hollandois,
chargé d'Oranges
ôt de Citrons. 9
E GL OG U E
par Mr H***.
Dans le temps où nous
sommes une Eglogue amoureuse,
quelque parfaite
qu'elle soit, n'est
goûtéeque de peu de
gens, parce que l'amour
d'Eglogue n'est plus en
usage. Ilfaut avoir aimé
commeon aimoit du
tempsd'Astrée ,pour
bien goûter la délicatesse
dessentimens dont l'Eglogue
de Mr H**est
remplie,comme jela place
icy malgré l'Auteur,il
m'est permis de la louer
aussi malgré lui. -
On la lut l'autre jour
dans une maisond'où elle
me vient, &de quatre
que nous estions,trois en
furent charmez; mais un
quatrièmedemeurafroid
immobile, il ne sourcilla
pas, je ne suis touché
que du parfait dit-il
y
dun air grave & dédaigneux,
& je trouve
dans cette Eglogue un
deffaut insportable,c'est
qu'il y a trop d'esprit;une
femme qui avoir aussi
trop d'esprit selon nostre
Censeur , lui répondit
d'un air simple,il faut
que ce :soit. un défaut
bien choquant, Monsieur,
queledéfaut;d'avoir
trop d'esprit; car
ceux qui n'ontpoint-ce
défautlasontau desespoir
de le voir aux autres.
1 A proprement parler
il ne peut y avoir rrop
d'esprit dans les Ouvrages
même les plus amples
, pourveu qu'il y
soit si bien mis en oeuvre
, qu'il nen oste ni -
la simplicité,ni le naturel.
; J Le simple devient
puerile, dés que l'esprit
y paroist affecté oster
entierement l'esprit du
simple , c'est faire du
sublime à trop bon marché
; cacher beaucoup
d'esprit dans le simple
>
c'est la difficulté du vrai
Sublime.
Après cela
, on peut
faire cent chicannes sur
la signification
,
Se sur
l'étendue du mot d'esprit,
chacunl'explique
selon le sien;mais je crois,
à propos d'Eglogue
qu'on peut faire entrer
beaucoup d'esprit dans
les sentimens du coeur'-
& quoi que le coeur seul
doive parler dans un
Dialogue amoureux, il
est certain que le coeur
d'un Berger de l'Astrée
doit s'exprimer plus finement,
que celui d'un
Berger de Village.
-" -- -
': r; ;•;r;
EGLOGUE
E G L0G U E.
Par Mr ***
Deux jours lejl-oient
pajïezsans quele beau
Thamire
Eutni vûni cherché la
Bergere Delphire
Nonpas qu'anfond du
coeurjustement irrité
Ilpûtlasoupçonnerd'une
infidélité,
On eg dans nos Hamjiedauex
lilnesenysible *ou
Maisunjourqu'ilsembloit
moins empressé
pour elle,
Delphire épouventée à 1.4
moindrefroideur.
Voulut,enl'allarmant ralumerson
ardeur.
Atis , le jeune Atis,
Etranger au Village,
La terreur des Amants,
/ilefioitmoins volage,•
Entre tous nos Bergers
parut leseul objet
1
Qui luy putassurerlesucces
du projet.
Unjour doncqu'en nos
champs une vivejeunesse,
Offroit des jeux galants
à la tendreDéesse,
Nos deux Amants t.
toient l'un près de l'autre
assis,
Delphire prés desoysçut
attirer Atis.
Elle n'eut pas besoin
d'ungrand Artpour
luy plaire;
IIsuffit qu'ellefut moins
distraite&moinsfiere,
Atis, sur ce qu'il voit
croit à peinesesyeux,
Delphire l'entretient d'un
airplusgracieux.
Devenu moins timide il
offre àla Bergere,
Un bouquetqu'il venoit
de cueillirpour Glicere,
Thamire qui levoitn'en
estpoint irrité,
Le plaint &rit toutbas
desa temerité.
Mais quel prodige! o
Dieux! quel caprice bizarre,
Delphine luysourit,prend
lesfleurs& s'enpare
Il en faut moins encor
poursascherun Berger,
Thamire furieux croit
quon veut l'outrager,
Quitte les jeux & suit
l'ame d'horreursaisie,
Source de ses ennuis,
soeur de la jalousie
Délicatesse , enfant du
plus purdesAmours,
Pourquoy de ce Berger
troublois-tu les-beaux
jours.
Il cherche de nos bois les
plus épaisses ombres,
NosForestàson gréne
sontpas assezsombres,
Les oiseaux font de trop:
un Berger, amoureux,
N'estjamais lIlffiZflul
quand ilestmalheureux.
Enfintoujoursguidépar
son inquietude,
Et cherchant plus encor
l'ombre & lasolitude,
Son destin? ou plustost le
Dieude nos Hameaux,
Amour leconduisitle
bord de ces eaux.
Dont le paisible cours anrnfi
alUrmes;,y
Des malheureux qui
vont leur consier leurs
,.
larmes;
Mais quelle efi sa fùr..
prise,il voit d'un air
reveur,
La houlette àses pieds
> sans ruban ny sans
fleur,
Delphtre d'unemains'appuyantsur
la rive,
Contempler du Ruisseau
la coursefugitive:
En vainparcentbaisers
toujours si bien refUS
Son Chien veut l'amuser,
elle ne le voit
plus:
Que pensoit-elle ? helas!
son air estoit trop tendre,
Elle pensoit à luy, pouvoit-
ilsi méprendre?
Ilnescait s'ildoitfuirou
s'il doit l>y parler,
Il croit que U première
elle doit l'appeller:
Il s'avances il s'éloigne;
il la cherche ; il l'évite,
Son coeur au mêmeinstant
s'attendrit &
s'irrite,
Incertain ,
il voudroit
qu'on le vit le preffl,
mier,
Et que Delphire vint
poursejustifier:
Ilfaitcent cent foisU
tour de laprairie,
Ilcraintce qu'il voudroit
acheter desavie.
Delphine qui le voit* de
l'oeilsuittoussespas,
Feint de ne le point voir,
mais ne l'évite pas,
Enfinl'Amourtriomphe,
& le Bergers'appro- che,
Surses lèvresilsentexpirer
le reproche,
Doit-il seindre? doit-il
montrer tout son courroux?
Sa fierté luy deffend de
paroijbrejaloux ,
QuoyDelphine cft icy,
dit-il, je me retire
Je craindrois.où
fuis-tu cruel
,
reprit
Delphire,
Ah! Dieux !pour toy ma
morta-t-elle tant
d'appas3
Queservent ces détours
:l'
mon cherThamire
9 helas !
C'est feindre trop longtemps
pour mon coeur
levostre,
Vousae nem'aimer plus,
moy d'en aimer un
autre,
Pardonner à mon coeur
l'artifice innocent,
Dontj'ai cru ranimer
un Amantlanguissant,
D'uncrimesi leger, qu'-
elle affreuse vengeance,
Helas? ilm'acoustédeux
joursentiers d'abjence.
Vous feigniez, ditTha- mire. en avez**
vous douté,
Cruel, Suis-jefaite 0
l'infidélité?
Jefeignois c'est
là ce qui me desespere ,
De vostrefoibleAmour
cette preuveest trop
claire,
Dit-il,un coeur bienpris
n'estpas maistre de
JOy,
L'objet desonAmoureutilmanquédefoy,
Dût-il apprehenderqu'il
ne devint volage)
Iln'y sçait que d'aimer
une fois davantage,
Il ne ménage rien, il aime.
aveuglement,
Toutesttransport en luy,
tout est emportement.
Vousfeigniez dites-vous,
ingrate, est-ilpossible!
Grands Dieuxpourfein-
,'. dre ainsi,qu'il faut
estrepaisible!
Quoy vous pouviez,penser
qu'infidelle ases
feux,
Mon traistre coeur osoit
former de nouveaux
noeuds,
Et les premiers effets -d'un fifenfible outràgt,
N'ontpas ejié'£horreur9
le difèJPoir, la rage,
Vous v~ousf e~jijes' b~ocrr/n?ée à1,
feindrefeulemçnt,
Delphire estoit-ce là maimer
bien tendrement?
Car ne me dites pas que
cette heureuse adresse,
Asouvent d'un Amant
raniméla tendresse,
Quesouvent un Berger
trop seur de ses A~
mours,
o en lasseroit bien - TCJZ
sans cetheureuxsecours.
Jesçay que ce moyenest
quelquesfois utile,
Je sçay même, je sçay
qu'ons'ensert à la
Ville:
Mais un coeur pastoral,
un coeur bienenflmé,
Fuitjusqu'au moyensur
dese voirplusaimé.
Qand ce moyen n'espas
d'estrefidelle&tendre,
Ousuis-je, ditDelphire,
& que viens-je d'entendre!
Je triomphe,&messoins
ont unsuccés heureux,
Helas!plus que jamais
Thamire est amoureux:
Si des transportssidoux
sont toute la <veng,an+-
ce, MoncherThamirecraint
queje ne recommence.
Ils parloient, & tA:..
mour les entendit des
deux9
Quelssentimens ? dit-il ;
je n'aimerois pas jmieux
NO,UVELLES d'EJpagne.
On a marqué dans les
Relations de la Bataille de
Villaviciosa
, que Mr le
Marquis de Thoy
,
quoy
qu'il eustesté blessé à lac-A
taque de Brihuega, ne laissa
»
pas de combatre à la telle;
d'un Escad ron; maison n'a
pu rien dire de l'avanture
qui luy arriva ;n'en ayant
esté informé que depuis
peu.
Il avoir percéjusqu'â la
Batterie des ennemis, lorsque
quatre de leursBatail-
Ions & un de leurs Escadrons
, ayant esté jusques
entre nos deux Lignes, se
retiroient en bon ordre.
Il reconnut bien leurInfanterie
; mais ayant crû que
f l'Escadron ennemi estoit un
des nostres, il alla se mettte
à la teste, en disant qu'il
falloitaller charger. Ilfut
Ï
reçu a coups de sabre, ôc
ensuite menéà la teste des
quatre Bataillons qui se formoient
en un Bataillon
quarré pour se retirer,
voyant que la Bataille estoit
perduë- Le Colonel d'un
Regiment Palatin qui avoit
esté entierement deffait répondit
de Mr deThoy aux
Officiers qui estoient presens.
On le relâcha,&il
vint ensuite rejoindre le
Royd'Espagne.
Sa Majesté Catholique
aprés avoir envoyé des détachemens
pour suivre le
General Staremberg
- ,
alla
camper le 12. à Fuentes, &-
arriva le ià Siguença. Les
habitans de cette Ville ont
donné des marques de fidelité
pourleur Roy légitime,
en se délivrant eux-mêmes
des Ennemis Le General
Staremberg y avoit envoyé
un Bataillon qu'ils contraignirent
de mettre bas les
armes.
Mr de Bracamonte avoit
fait prisonniers deux cens
hommes qui estoient dans
Hita ;& Mr de Valejoen
avoit encore pris deux cens
cinquante qui estoient sortis
de Médina- celipourailes1
jboindreele Grenergal Star.em-
A Daroca le 31. Decembre.
L'Armée du Roy a estéobligée
desejourner à Siguençajusqu'au
24.àcause de la difficulté
des subsistances.Lesmêmes
raisons avaient retenu les Ennemis
icy oùils avoient marchéjour
& nuit , ce quifait
quenous leuravonsencorepris
plus de quinzecens hommes.
Mr de Villarealqui suivoit
Mf de Staremberg avec cinq
cens Fantassins des Regimens
ds Staremberg& de Revent-
Itfw
, (.fJ' trente Maistres, a
rfié coupé par Mr de Valejo fl
£7*s'efl jetté dans le Chasteau
dïllli*c*a à trois lieuës de Calatajudoù
il s'estrendu prisonnier
deguerre. Nous avons trouvé
dans ce Chasteau d'Illuega a
trois lieuës de Calatajud où il
s'estrenduprisonnier de guerre,
Nous avons trouvé dans ce
Chasseau cinq mille sacs de
graindeux pieces de canon.
Nous prîmes encore hier le
Ghasteau d'Afil!d.J où ilyavoit
deux cens hommes des vieilles
Troupes de l'Empereur qui J'y
tf/oient" trouvées envelopées
par les détachemens que nous
avonsà lasuite des Ennemis.
Le 2. 3. MI de Staremberg
Arriva à Saragosse avec les débris
de fin Armée. M* de
Valejoquile sui voit toujours
attaqua son Atriere-garde, &
le culbuta dans cette Ville.
Monsieur de Vendosme a envoyéordre
àMr de Valejo&
à Mr de Bracamonté de paffit
l'Ebre, l'un audessus&l'au-
Ire au dessous de Sarragosse ,
pour couperentierementla communication
des Ennemis avec
Barcelone.
Barcelone. Mr de Valdecanas
ostà quatre lieuës de Sarragossse
avec la teste de nostre Cavalerie,&
nostre Infanteriey arrivera
le 2. du moisprochain.
D'autres Lettres portent
que tous les habitans des
lieux situez dans les Pyrenées
& le long de l Ebre font
soumis à SaMajesté Catholique;
que Mr le Chevalier
de Croix,Lieutenant gencral
ayant assemblé les Troupes
Efpagnolcs de la Navarre
à Tudela avoit marché
de l'autre costé de l'Ebre
à la droite de soncoursvers,
Sarragosse ; que leColonel
Nebor, sellant joint à,
un Corps de Miquelets.
avoit entrepris de faire des
courses dans le Royaume de
Valence,où il avoit esté battu
& obligé de seretirer en
desordre, & que les Troupes
de ce Royaume-là
, avoient
reçu ordre de marcher
vers Tortose pour en-
- trer dans la Catalogne; que
l'Archiduc estoitarrivé à
Barcelone avec une escorte
de cinquante Cavaliers seulement,&
environcinquante
de ses Officiers&Domestiques;
que le lendemain
18. à minuit, on entendit
une décharge de canon &
de mousqueterie
,
suivie de
grandes illuminations;que
ce qui avoit donné lieu de
faire ces réjoüissances,estoit
l'arrivée d'un Courrier de
Mr de Staremberg qui avoic
apporté la nouvelle que ce
General avoit entierement
défait l'Armée du Roy Philippe
; qu'en même temps
l'Archiduc sortit de son Palais
, &alla à l'Eglise pour y
faire chanter le Te Deum;
que pendant toutla jour on
parladecette V ctoire,mais
que le lendemain on n'en
parla prefquc plus; que trois
jours s'estant passez sans
qu'on en reçust la confirmation
, les plus sensez commencerent
-
d'en douter;
qu'il arriva ensuite quelques
fuyards qui dirent qu'il n'y
avoir point de Victoire gagnée
,mais qu'après le Combat
on s'estoit retiré de part
& d'autre accablé de fatigues,
& que Mr de Staremberg
s'en revenait, & que
Mr de Vendosme le suivoit;
que le General Staremberg
qui estoit arrivé le 23. à Sarragosse,
en estoit sorti le
2. 7.
qu'il avoir abandonné dix
pieces Pde canon, quantité
munitions, & un magasin
d'habits pour ses Troupes;
qu'il n'avoit pas dix
-
huit
cens hommes
, y compris
quelque Cavalerie
, avec
quatre pieces de campagne ;
que la Reine y devoir arriver
incessamment de Navacarra,
& que le Roy devoit
l'y attendre.,
Du Camp de Gironne, le
27Decembre 1711.
Nous avons ejlé quinze
jours en marche& en mouvement,
tant pourl'embarquementquepour
le débarquement.
Nous sommes venusensuite
droit à Gironne ,où dés le lendemain
nous avons travaillé
à nos Batteries. Ce n'a pas
estésansrisque. Nous estions
fort exposez au feu des Ennemis
; mais nous sommes en
état de leurfaire tête. La tranchéefut
ouverte la nuit du23.
au 24. Nous n'avons encore
perdu quedeux Officiers, dont
l'un estoit Officier de l'Artillerie.
On commence d'aujourd'hui
à monter la tranchée avec les
drapeaux, & ce n'ej}propre*,
ment aussi que d'aujourd'hui
que Mr le Duc de Noailles
compte la tranchée ouverte;
mais dés qu'on a remué la
terre devant une place
, on dit
la tranchée ouverte. Nous
sommes à present en état de
presser la place. On ne s'y épargnera
pas.
Du Camp devant Gironne,
le 29 Décembre 1710.
La tranchée fut ouvertele
2.7 ausoir,Mr le Comte de
Fienney commandoit ; hier ce fut Monsieur de Guerchy
Adr le Duc , de Noailles envoya
s'emparer d'un Poste au
dessus du Calvaire ; aujourd'hui
laBréche paroissoit déja
considérable & notre tranchée
vajusqu'à dix toises prés du
chemin couvert. Mr le Duc
de Noailles afait monterà ta
Bréche en sa presence , un
Lieutenant des Grenadiers
d'Auvergne,suivi desept ou
huit Grenadiers pour reconnaître.
Ils ont faitleurdécharge,
& ensuiteMonsteur le Duc
de Noailles leur afaitsigne de
se retirer. Ce Lieutenanta tfle
ble,Selégerement à la joue. Mr
le Duc de Noailles estoit résolu
de faire monter cefoir à l'as
faut; mais on apprend dans le
moment que les Ennemis ont
faitjouertrois Fourneaux à ce
Fort dans le dessein de l'abandonner.
Un moment après que
les Mines ont eu fait leur esset
on y a fait entrer les Grenadiers.
On n'y a trouvé que
trois pieces de Canon deFer&
un de Bronze ; ils ontapparemment
enlevé le reste cette nuit;
ce font les deux Bastions enface
de notre Tranchée qu'ils ont
faitsauter, leflanc decelui du
cosséde leur droite, & la face
de celui du cossé de leur gauche.
Il n'est pas aisé de comprendrequel
a estéle dessein des
Ennemis en cela. On travailla
dés ce soir à faire une Batterie
au dessous du Fort pour battre
une Redoute qui est entre le
Fort& la Ville, & je crois
qu'on l'attaquera cette nuit.
Pendantl'après
-
dîné quelques
Grenadierssesont rendusmaitres
d'une des dernieresmaisons
duFAuxbourg; elle estoit retranchée
en forte qu'ayant occupé
ce posse
,
cela nous facilite
les aproches de la Ville. On
croit qu'on s'enrendra maître
dans peu.
Du Camp devant Gironnc , le 2 Janvier 1711.
Depuis la prise du Fort
rouge, Mr le Duc deNoailles
a fait dressersur la même
hauteur,par où on l'avoit attaqué
,une Batterie de quatre
pieces de Canonqui tire sur le
Fort du Calvaire,cer a même
déjà ruinéses~d;nfisJdesorte
qu'il ne peut plus nom incommoder.
Il a fait dresseruneautre
Batterie de l'autre cossé du
Ter, pour battre en breche /4
Ville. Cette Batterie a commencé
a tirer ce matin
,
elle est
de onze pièces de canon; on
l'augmentera encore. Les Ennemis
font un grand feu sur
cette batterie.Du Fort Connestable
on a tiré une espece de
Boyau au dessous duFortrouge
, pour approcher d'une redoute
que les Ennemis occupent
à une demieportée du Mousquet
de la Place. Ilya aussi
une batterie de trots pieces de
Canon dans ce boyauqui tire
sur aire redoute, dont on n'a
pû encore s'emparer. Onvo:
w luten faire latentative lanuit
dernieretmais ayanttrouvéquelle
estoittropbien diffenduë,&
même soutenuë par quatre ou
cinq cens Miquelets, on se retira.
La Batterie des Mortiers
a mis lefeu à quelques endroits;
il a esté éteintpar les habitans.
.Alr le Duc de Noailles doit
encore faire faire une batterie
de Canon cette nuit, dans le
Fauxbourg, sur le chemin ,du
Pont-Major pour battre de ce
costé-la la Ville en brechs.
Un Courrier que Mr le
Duc deNoaillessir partir de
Gironnc le17,3esté54 heures
à venir à Perpignan. Ce
General mande au Roy que
les grandes pluyes&les torrcns
continuels ont retardé
ses ouvrages,mus que les
bréches sonten bon état,&
quemalgré les d fficultcz de
faire venir exactement les
provisions au Camp,il cfpereestremaistre
de la Ville le
20 dece mois, après quoi le
reste desForts ne l'em baraffcra
pas.
HISTORIETTE.
Pour satisfaire au goût
N" que le public a pour les
Historiettes, je tâcherai
d'en donner au moins
une, peut-estre deux dans
chaque Mercure,mais
pour varier il en faut de
toutes les especes. En
voici une dans le stile figuré
des Orientaux, qui
ne s'expriment que par
comparaisons,&croyent
briller dans la conrersation
à force de citerJe
Soleil, la Lune & les
Etoiles.
CONTE
Oriental.
Il y avoit en Orient
une fillesage,&sisage,
qu'elleresistoit aux desirs
d'un riche & puissant
Kalife,&ceKalifeestoit
si bon qu'il souffroit patiemment
qu'une fille lui
résistât
résistàt. Cette fille s'appelloit
Zaroïne, & comme
elle estoit au service
de la femme du Kalife
illavoyoit souvent; leurs,
conversations estoient
mêlées de maximes en
vers Arabes, car c'est
l'excellence des conversations
Orientales.
Un jour dans une dispute
sur l'amour, le Kalife
soutenoitàZoroïne
quelle devoit répondre
à sa passion & s'obstinoit
un peu trop à vouloir
qu'elle fût de son sentiment.
Voici comment
cette fille vertueuse reprima
l'ardeur du Kalife
dansla dispute.
Il faut sçavoir que le
« Kalife avoir pour le Soleil-
une veneration superstitieuse,
en forte qu'il
suffisoit de lui nommer
seulementcetAstre pour
lui inspirer du refpeéh
Zoroïne le prenant par
son foible,s'écria 1
Par ce Soileiljete jure,
Que ma vertu toujours
pure
Jamais ne s'éclipsera,
Tantqu'il nous éelaïrèrà.
Le Kalife crut entrevoir
dans ceferment que
Zoroïne seroitmoins vertueuse
lanuit que le jour;
ton ferment,luidit-il,
i: -
J C'est un sermentdesemme,
ilsied biendans
ta bouche,
Contre moi ta vertu tiendra,
Tant que le Soleilparoîtra>
,. - Maislesoir le Soleilsi
couche.
Sans doute, répondit
Zoroïne en quittant
brusquement le Kalife
qui l'avoiç fait asseoir
prés de lui sur un Sofa;
mais eu vois que je sçai
me lever avant que le
Soleil se couche. :
Le Kalife se flata encorequeZoroïne
ne l'avoit
quitté que parce
qu'elle avoit vu de loin
sa Maîtresse qui venoic
de cecôté-là: il chercha
l'occasion delaréjoindre
&l'ayantsurprise sur le
soir dans un jardin retilié
pli de plantes curieuses
il l'aborde, & pendant
qu'elle rêve à la maniéré
dont elle se pourra tirer
d'affaire, voici ce que
lui dit le Kalife..
» v.
Le Soleil ne luit plus,
belle Zoroïne
, & nos
Poëtes Arabes comparent
les femmesàcertaines
Plante,dont la vertu
n'estforte quependant
l'ardeur du Soleil; ainsi
les femmes estantmoins
fortes la nuitque le jour1,
illeur est pardonable d'être
moins vertueuses.
Leur force soutient leur
sagesse,
• Ainsi telsentiment d'amour,
Qui seroit un crime en
pleinjour,
- La nuit n'est quesimple
foiblesse.
Il te seroit honteux,
reprit Zoroïne,dedevoir
mon amour à la nuit SC
à ma foiblesse: crois que
je ferois gloiredet'aimer
si je n'avois pas juré le
contraire en presence du
Soleil. Puisque tu le
crains, répliqua le Kalise:
¥
Profite
-
donc de son a6:.,
sence,
Il ne verrapoint ton amour:
Dans ton fixe la nuit
dispense,
Dessermens qu'on afait
le jour.
S'il faut enfin t'aimer
reprit Zoroïne en fuyant,
- je neveux t'aimer qu'en
plein jour. Arrête-donc,
lui cria le Kalife, faut-il
me
me renvoyer ainsi de la
nuit au jour & du jour
à la nuit.Zoroïne fuyoit
toûjours & le Kalife ne
la pût rejoindre que le
lendemain,mais il la pressa
tant que pour s'en debarasser
elle lui promit
qu'elle iroit le trouver
dans son appartement,
& pour le prendre toujours
par sa superstition,
lui dit: Ouy je te jurepar
Le Kalife ne fit point
d'attention auvrai sens
de ces paroles, tant il
estoit transporté de joye,
& la voilà encore débarrassée
de lui; mais le
soir craignant qu'ellene
lui manquât de parole,
il fut l'attendre secretement
dans la chambre
où ellecouchoit; elle fut
fort surprise en y ren-
- trant à minuit d'y trouvercelui
qu'elle suyoit; v
elle demeura immobile: ;
Tesouviens-tu de tes dernières
paroles, lui dit le
Kalife : Je me souviens
destiennes, lui répondelle
en tremblant.
Dans mon sexe la nuit
dipense
Des sermens qu'onafait
le jour:
- Moi, j'ai juré que le
Soleil seroit témoin de
l'execution de ma promesse.
Ensuite elle ouvrit
sa fenêtre & regardant
le Ciel obscur, elle
s'écria: ParoisSoleil, Pa.
rois,vientéclairerun crime
queveutcommettrece
Kalifesi vertueux&si
bon ,situ approuvesson
crime, viens en estre témoin.
Ces paroles prononcées
dans l'horreur de la nuit,
firent impression sur le
Kalife,il demeura muée.,
&Zoroinecontinua dapeller
leSoleil : Viens
donc,s'écria-t-elle-, viens
donc;mais,continua-telle;
en regardant le
Kalife intimidé: le Soleil
ne paroitpoint, au
contraireleciels'obscurcit
de plusen plus.
Le Soleil ne viens point
cen'est qu'ensaprésence,
Queje t'avoispromisd'ecouter
ton amour,
C'estainsique lanuitdis- pense
Dessermensqu'onafait
le jour.
DeBayonne le 17. Decembre
1 7 10.
Le sieur Févre, Commandant
la Fregate le S.
François de S. Malo,a
pris ujn Vaisseau Port*ugais,
venantdu Bresil
d'environ600. Ton-,
neaux ,
qu'il a conduit à
Castres.
Du Havre leDécembre1710.
Deux prises Angloises,
l'unede120 Tonneaux,
& l'autre de 80. conduite
ce Port par la Frégate
laCouronne de S. Malo,
estimées 200000. livrçs.
r- 'y
f
DeCalais le 11. Décembre1710.
.-
Le Capitaine Marc-
Teste, Commandant le
Dogre le Comte de
Toulouse,amené en ce
Port, une prise de 60.
l
Tonneaux , chargée de
t Beurre.
De Dunkerque le 7.y.
Decembre 1710.
Le Capitaine Sauss, a
conduit en ce Port,uné
priie Angloise,& a tire
d'une prise Portugaise,
faisant partie de la flotte
du Bresîl, 600. Caisses
de Sucre blanc & 25. livres
de poudre d'or.
M. le Chevalier de
Rochepiere, a pris un
Pinck vuide, qu'il a conduit
en ce Port.
DE CALAIS
ce 20 Janvier 1711.
Je vous envoyé Monsieur
une letre que Mr de Beauharnois
m'a adressée pour
vous; je profite de cette occasion,
pour vous faire part
d'une belle & bonne capture
que Mr Saufs, Capitaine
de Fregatte du Roy a
faite; il commande le Vad:"
seau l'Auguste, Mr Battement
le Blakoal,& Mr Pomet
le Prothée, &il s'estoit
joint à eux trois Corsaires
deCalais; ils ont rencontré
11.Navires Anglois venant
de la Virginie,escortez par
deux Vaisseaux de Guerre
de 36 , &40 Canons Mr
Saufs ayant fait signal d'abordage
, les convois ont
pris la'- suite avec 4 Navires
Marchands
,
dont deux fo
sont échouez & bruslez ;
quatorze ont ésté pris. Il
est aussi arrivé à Calaisquatreautres
prises faites par
des Corsaires de ce Port
chargées , de différentes Marchandises
,
dans lesquelles
Mr Sauffa part.
Mrsde la Jaillecommandant
la Fregatte du Roy
l'Amazonne&du Bois dela
Mothe commandant l'Argonaute,
ont pris trois Navires
Anglois. venant de la
nouvefter>York,chargez de
bled, farine & biscuirs;un
Navire de la même Nation
allant de Bristol à Venise
chargé de saumon & floc-J
fich,& un autre venant de
Ligourne, chargé debled ôc
de rit.
On a appris de Malthe
que le Commandeur de S
Aulaire, dela Maison de
Beaupoil,Capitaine de Vaisseau
du Roy, Secretaire des
Commandemens & Grand
Maistre pour les affaires de
France, son Grand Ecuyer,
& Gouverneur de cette Ville,
aesté fait Grand Croix
& Maréchal de l'Ordre.
MORTS.
Milord Griffin, quiavoit
este fait prisonnier à bord
du Salsburi, lorsque le Roy
d'Angleterre tenta de faire
une descente en Ecosse en
1708.estmort le 21. Novembre
dans la Tour de
Londres,où il avoit esté mis
comme coupable de haute
trahison ,
son execurion
ayant esté dissetéepour raison.
Le Baron Ezechiel Spanhein
, Ambassadeuren Angleterre
pour l'Electeur de
Brandebourg, & sort connu
par ses emplois & par
quantité d'ouvrages d'erudition,
mourut à Londres
le 2 5. Novembre .1,{lq. ao .ans, ':.o.
MessirePierre Code,Archevêque
de Sebaste & Vicaire
Apostolique dans les
Pays bas, mourut à Utrecht
le12. Décembre 1710. âgé
de 60 ans.
Jean Christian
,
Prince
d'Eggenberg, Duc de Crumau
,
Comte de Gradisch
&d'Adslperg,& Conseiller
d'Etatde l'Empereur, monrut
sans posterité à Prague
en Boheme le 14. Decembre
1710. en sa 70. année
estant né le 7 Septembre
1641. Il avoir épousécn
1666.MarieErne stine, fille
de Jean Adosse, Prince de
Sclwarrzenberg,& de Marie
Justine, Comcene de-
Stahremberg.
Ce Prince estoit fils de
Jean Antoine, Prince d'Aggenberg
,
Duc de Crumau,
&c.Chevalier de la Torson
d'or, mort le 24 Mars
1647. & d'Anne Marie
filledeChristian ,
,
Marquis
de Brandebourg Bareith
,
mort le 8 Mai 1680. Il avoir
pour soeur Marie Elisabeth
,
néele26. Seprembre1656.
à Ferdinand
, Prince de Diecrichstein.
Comme le Prince d'Eggenberg
est mort sans ensans
son frere puisné Jean
Liffroidd'EggenbergConseiller
d'Etat del'Empereur,
& Gouverneur de la Carniole
,
lui a succedé dans
tous ses biens,qui sont tresconsiderables.
::.
Ce Prince qui est né le
12 Aoust 1642aépouséen
1666. Eleonore Rosalie
filledeCharles Eusebe,Prin-y
cc de Licteinstein
,
dont il
a pour fils unique Jean- Antoine
Joses, Prince d'Eg.
genberg
,
né le 6 Janvier
1669. Gouverneur de la
Carniole en survivance de
son pere & Conseillerd'E-
-
tac de l'Empereur. Il a époufé
au mois deMars 1692.
Marie Charlote, fille d AdolseUratislas
,
Comte de
Sternberg, dont il a des
enfans.
Albert Antoine, Comte
de Scwartzbourg & d'Hohustein,
estmort îe 15. Décembre
1710. à Roudolstat
en Thuringe dans sa 70.
année, estant né le 2 Aoust
1641. Il avoit épousé le 7.
Juin 1665.EmilieJulienne,
filled'Albert Frederic,Com.
te deBarby& deSosieUrsule
d'Oldembourg
,
dont
il a un fils unique qu'on
nomme Louis Frederic
,
Comte Schwanzbourg &
d'Hohnstein,né le15.Octobre1667.
& quiaépousé
le 15 Octobre 1691. Anne
Sosie fille de Frédéric Duc
de Saxe Got ha
,
& de Madeleine
Sibile,Duchesse de
Saxe Hall, dontil a 1 3 ensans.
Marie Claude,née Comtesse
de Kunige
,
est morte
à Vienne le même mois
1710. âgée de 41 ans elle
avoit épousé Mathias Leopold
Prince de Lamberg &
du S. Empire, Landegrave
de Leichtemberg
,
Chevalier
de la Toison d'or,Conseiller
d'Etat, Grand Ecuyer
de l'Empereur & GrandVeneur
hereditaire d'A utric he.
Jean HuguesdOffbeck,
qui avoir estééleu Coadjuteur
de l'ArchevêchédeTreves
en 1671. & qui y fucccdaen
1676.àCharles Gaspar
Vander Leyen son oncle
,
est mort à Coblens le
6 de ce mois. Ce Prélat qui
avoit esté auparavant Evêque
de Spire, estoit fils
de Guillaume d'Orstbeck
Seigneur de Vernich.,& de,
Marie-Catherine Van-der-
Loyen. Le Prince Charles
de Lorraine
,
Evêque d'Ofnabruch
,
& d'Olmurs &
Coadjuteur de Treves, est
parti deLuneville le11 pour
aller prendre possession de
cet Archevêché.
ANONIMES:
r M La Muse naissante. *
J'étois trop jeune le
mois passé je ne pûs remplir
que la moitié de vos
bouts - rimez, mais un
mois de plus forme bien
l'esprit d'une fille. J'ay
rempli ceux-cy d'un bout à l'autre, à la verité ma
mere ma un peu aidé,
fans- cela je me ferois perdue
en tric trac, fric frac,
cric crac.
SUR UN TOUSSEUR.
Je ne connoissois pas le
Toueur d'Albicrac,
Quand ma mere me dit
en jouantau trictrac,
Voudrois - tu d'un mari
charmédesa seringue.
Purgon3 Fleurant sans
cesse occupantfa brelin-
"- gue.
Danssoncorps bien pur- -
- gfénr'onat lacissé.fric ni
A ma mere je dis, le
voudriez-vous, crac,
Non,non,car vous avez
plus desens que Pibrac.
Jamais à tel mari ne direz
tope & tingue.
Ni moi non plus vraiement,
carj'ai lû dans
Balzac.
Qu'en ménage un tousseur
fait toujours du micmac
,
Contre vos loix jamais
ma volonténe frin-
0gue,
Mais donnez - moiplûtostparjour
cent coups
de tringue,
Oùjettez-moi dans l'eau
la tête dans un sac.
L'ANO NIME
amoureux.
LaDamepourquij'ayfait
ces premiers Vers a la passion
de les voir imprimez&j'ay
cellede la satisfaire, j'en fuis
passionement amoureux,&c.
REPONSE
REPONSE.
Vos Vers intitulez:
l'Amantinstruit par la
raison
,
sont les seuls qus
j'ayereceu de vous. Jene
les donnerai que le mois
prochain pour la raison
quiestdans votre lettre,
si la Dame dont vous
estes passionementamoureux,
ne voit pas icy vos
vers au moins elle y verra
votre amour;qu'elleest
heureule d'avoir un amant
qui ne craigne
point d'enregistrer son
amour dans un Livre qui
pourroit quelque jour en
cas d'inconstanceestre
une preuve contre lui,
car j'ay la vanité de croire
que mes ouvrages dureront
autant que votre
amour.
I. F. G. B.
Je vais faireme tournée
en Espagne pouryramasser
bonne provision
d'Historietes dans legoût
deMiguel de Cervantes,
voussçavez, pour qui, tenez-
moi compte, &c.
REPONSE.
Je ne puis vous faire
ici de longscomplimens,
ils ennuyroient le public;
qu'il vous remercie luimême
de ce que vous
travaillez pour lui. Votre
Don Quixote trouvera
sa place dans le mois prochain;
il faut un peu l'ha,
biller à laFrançoise.
LE TONTONIC.
Si uncoupd'essaypeut
meriterplace, &c.
REPONSE.
Ce coup d'essay me
fait souhaiter que tous
ceux qui ne sont pas Poëtes,
s'essayent à faire des
Vers., car ceux qui en
font naturellement de
bons, font plus Poëtes
que les autres. Vousm'avez
permis par votre lettre
de changer quelques
mots, vous trouverez icy
deux Vers de moije
conviens qu'ils sont
moins vifs que les deux
votres, mais vous conviendrez
qu'ils sont
moins libres. Il est vrai
que nous sommes en
Carnaval
.,
mais quelqu'un
pourroit lire mon
Livre en Carême.
RONDEAU.
En stile demi Marotique..
Philis tientpeu de conte,
d'Albicrac
,
Duvifamouriln'entend
pas le trac,
Longs complimens sans
cesse illui seringue
Gants blancs en main la
mene àsa brelingue,
fEatisruer son coeur pretent faire fric frac.
jiudouxmomentquand
il croittoucher, crac,
Elleseleve en lui chantant
Pibrac.
Présdece Fat ne pou*
vant dire tinque.
Philis tient peu.
Zlinesuffit
aussi d'estreun
Balzac,
Pour réussir en l'amoureux
micmac,
Ilfaut de l'or, ou bien un
air qui fringue,
Par ces moyens on fait
crier la tringue,
Contre grand air, contre
l'or à plein sac.
Philis tient peu.
m
L'A NON I M E
que je voudrois bien
connoîAtre.
, Monsieur,jevousfais
fart d'une avanture qui
ness pas fort plaisante
y mais c'est ce qu'il y a de
plus nouveau,&c.
REPONSE.
J'avoue que ceux qui
ne font curieux que d'avantures
plaisances ne -
trouveront pas icy leur
conte; mais ceux qui
font simplement curieux
se contentent du nouveau
pourvu qu'il foit
vrai; ilyena même qui
se contentent encore à
moins &qui veulent du
nouveau quand il ne seroit
nivrainiplaisant.
Je mets ici vostre Lettre
,
pardonnez si j'enay
retranché ce qui estoit le
plus agréablement écrit.
C'estoit des Porrraits &
je ne veux designer personne
, c'estoit des préjugez
censez; mais je ne
veux que rapporter des
faits, je ne dois rien deviner
, ni en histoires,
ni en politique.
Le jeune Dorilas plussage
& plus arangé à vingt-cinq
ans,qu'un autre ne l'est à cinquante
,
perdit ily a un anson
pere &sa mere ,
dont lasuccession
,
jointe à celle d'uneparente
,
l'a rendu riche à peu
prés de douze mille livres de
rente;iln'apas pourcela hausséson
train, au contraire il a
vêcu encore plus modestement,
cm cet oeconomie publiée dans
Paris, lui a bientôt procuré
unmariageconsiderable;la veuve
d'unriche Gentilhomme
,
mort depuis quelques années.
avoit deuxfort aimablesfilles,
élevées dans une pieté exemplaire.
La modestie, la pieté&
l'oeconomie du jeune Dorilas
parvinrentjusqu'àsesoreilles,
elle crut ne pouvoir faire un
meilleur choixpoursa fille aînée
; elle conduit les choses
avec tant de prudence que le
jeune Dorilas fut bientôt accordé
avec la Damoiselle
, au
gran d contentement de la mere
qui ne consulta safamille&
les amis que pour leur dire
qu'elle vouloit absolument ce
mariage; la Damoiselle en fille
obeissante
,
modeste
9 & qui
n'ajamais regardé un homme
en face, trouve Dorilas fort
aimable ,parce quesamere l'assure
qu'ils'est,ellel'épouse &
passe dix jours avec lui dans
une union admirable;mais ce
qui est encore plus étonnant, u"au bout de ce temps,&
sans qu'onenpuissepenetrer les
raisons, il a tout d'uncoup disparu;
safemme en sur fortin.
quiette dés le premierjour, le
lendemainson inquietude redoubla
, & le troisiéme jour
elle estoit dans la demiere affliction
, lorsqu'un inconnu lui
rendit un pacquet ,
dont le
dessus estoit de la main de son
mary ; elle en futsi troublée
qu'elle nes'aperceut pas que le
Porteur de cette Lettre disparutdanslemomentsans
qu'elle
put luifaire aucune quetion
, elle ouvre précipitament l'enveloppe
; mais au lieu d'une
lettre qu'elley croit trouver, il
ne s'y rencontre qu'une Procuration
generalefousseing privé
, pour recevoir tous leurs
biens,les transporter, cedder,échanget,
vendre,en un motpour
en faire toutce qu'ellejugera
à propos, &ce ,
pendant l'espace
de 10ansseulement. Voilà
une femme bien étourdie
elle envoye au plus visse chercher
sa mere, à qui jusqu'alors
elle avoit caché son malheur
,
£7* qui en veritable devote ne
s'effraya point de cette nouvelle.
Mafille,lui dit-elle,avec dOU4
ceur ,
c'est une afflictionque
le Ciel vous envoye, & que
vous devez recevoit avecsoumission
; ce qui doit vous consoler,
c'est que vous estesjustifiée
dans le Public
,
&qu'il
paroist que vostre mary nes'est
point éloigné par aucun mécontentement
qu'il ait receu de
vous, puisqu'ilvous addresse
cette procuration comme une
marque de confiance qu'il a en
vostre sagesse ;il est honneste
homme , il faut sans doute
qu'ilait eû des raisons qui vous
funt inconnues, &lorsqu'elles
serontetcessées ,vous trouverez
en lui un mary tendre & fidele;
cesraisons tant bonnesque
mauvaises raffermirent un peu
l'esprit de la jeune mariée; ily
a déja unmois qu'ellevit dans
cette cruelle esperance,fort retirée
du monde, que comme une
autre Penelope
,
elle attend que
ces longuesannéessoient expirees.,
SUITE DES MORTS.
Cosme Roger, Prédicateur
ordinaire du Roy, Evêque
& Seigneur de Lombcz,
& cy devant Abbé iu
Superieur GeneraldelaCongregation
deNostre Dame
des Feüillans,Ordre de Cisteaux,
mour ut en son Diocése
le 20. Decembre dernier,
âgé de 95 ans. Les
PP. Feuillans de la ruë S.
Honoré lui ont rendu les
derniers devoirs par un Service
solemnel qu'ils ont fait
dans leur Eglise.
Gilles le Sourd, Docteur
en Theologie, ancien Recteur
de l'Université de Paris
Curé de Saint Paul & PrincipalduCollege
de la Marche,
est mort le deuxiéme
jour de Janvier. MrBouret,
Docteur de la Maison
de Sorbonne & Professeur
en Theologie, a obtenu les
provisions dela Cure de S.
Paul, comme plus ancien
Gradué;on sçaitqueles Beneficesquivaquentpendant
les mois de Janvier & de
Juillet, qu'on nomme mois
derigueurappartiennent aux
plus anciens graduez; 011
appellemois defaveur,Avril
& Octobre
, parce que les
Benefices qui vaquent pen-
,
dant ces deux moispeuvent
estre donnez par le Collateur,
à des Graduez, sans
distinction d'ancienneté.
Cette Cure est disputée à
Mr Bouret par un autte Gradue
,
qui est véritablement
le plus ancien; mais Mr
Bouret prétend qu'il a perdu
son droit d'ancienneté
par un Canonicat de S. Germain
TAuxerois ; voilàle
sujet d'un Procès.
La Paroisse S. Paulestoit
Royale, du temps que les
Rois occupoient le Palais
des Tournelles;cetteEglise
sur construite du temps de
CharlesVI.
Marie Catherine de Bragelonne,
fille de Pierre de
Bragelonne
,
President des
Enquestes du Parlement de
Bretagne, mourut en couches
le 7 Janvier, âgée de
vingt ans. Elle avoit épouséMichel.
Chauvin, Consellier
au Parlement.
Marie Nicolle le Gorlier
de Dreuilly,épouse de Jean-
BaptisteMolé de Champlatreux
,
President à Mortier,
est morte le il de ce mois,
âgée de 33 ans.
René Bonncau
,
Abbé de
S. Martin d'Autun, & cidevant
Aumônier du Rojr
est mort le 23 de ce mois
en sa81 année.
Maximilien Titon
,
E- J
cuyer Seigneur d'Oignons,
Secretaire du Roy & Directeur
General des Ma gasins
d'Armes de Sa Majesté,est
mort le 24 de ce mois, âgé
de 80 ans.
MARIAGES.
Le Prince Frederic Guillaume
Duc de Curlande,
épousa le 13. Novembre
1710. la Princesse Anne,
fille de feu Jean, Grand Duc
de Moscovie
,
& niécede
celuiqui regne aujourd hui.
Ce Prince est fils de Casimit
,
Duc de Curlande,
mort le22. Janvier 1698.
& de Sosie de Brandebourg
sa deuxiémefemme
,
fille
de Frederic Guillaume, Electeur
de Brandebourg.
Le22 dece mois1711. Mr
le Comte de Chatillon, fils
de Claude Eleazar Duc de
Chatillon, Premier Gentilhomme
de la Chambre de
Monsieur le Duc d'Orleans
,
épousa MademoiselleVoisin,
fille de Mr
Voisin
,
Secretaire d'Etat,
Mr le Comte de Chatillon
est frereaîné du Marquisde
Chatillon ; ces deux freres
font les seuls mâles restans
de cette grande &tres-illustre
Maison, par ce que Mr
le Marquis de Chatillon n'a
que deux filles de son Mariage
avec Marie Rosalie
deBrouilly dePiennes, soeur
cadette d'Olimpe de Piennes,
Duchesse d'Aumont.
EXTRAIT
EXTRAIT
d'un memoire touchant
les vegetations
artificielles, lu par
MrHombert dans la
derniereassemblée de
l'Académie Royale
des Sciences.
- Nous
avons dans les
operations deChimie beaucoup
de productions qui
ressemblent en quelque façonàlavegetationdes
plantes
l' ce qui a donné lieu de
lesappeller Vegetations méttaalllliiqquueess,
a,arrbbrreessddeeD[JiÍaannnnee, y &.
J'ay rangé ces sortes de
Vegetations en trois classes
I. Celles quiconsistent
en un métal pur & massif
sans aucun mélange.
2.Celles dont la composition
consiste en un metal
dissous, le dissolvant restant
meslé avec le metal, &
sassant partie de l'arbrisseau
qui en est produit.
3. Celles qui ne contiennent
rien de metalique,
maissimplement des
matieres salines,terreuses
& huileuses ses& huileu[es,
f&.;
Je donneray pourexem.
ples de la première classe
les; productions des trois
opérations suivantes. Faites une amalgame
d'une once ou deux
d'or fin ou d'argent fin, &
dedix foisautant de Mercure
,ressuscité du Cinabre
broyé; lavez cet amalgame
plusieurs fois dans de
l'eau nette de riviere, jusqu'àce
que l'amalgamene
laisse plus de falleté dans
l'eau. Pour lors sechez vôtre
amalgame, mêlez-le
dans une corne de verre,
distillé au bain de sableà
très petit feu que vous entretiendrez
pendant un
jour ou deux, plus vous
pourrez continuer le feu
sans chasser tout à fait le
Mercure,plus la végétation
fera parfaite. Vous pousserez
le feu à lafin jusques à
faire forcirtout le Mercure,
laissezéteindre le feu,
vous trouverez vostre Mercure
dans le recepient, &
l'orou l'argent qui reliera
dans la cornue,fera doux
& pliant,&de la plusbelle
couleur que ces métaux
peuvent avoir,dont la masse
aura pousse des branches
en forme de petits arbrisfaux
de différentesfigures
& de différentes hauteurs,
que l'on peut tirer de la
cornue
,
les séparer de la
masse du métal qui leur à
servi devase, les faire rougir
au feu, & les garder
tant que l'on veut sans
qu'ils le gâtent.
f»> t. ,b
",.,. Mr Hombert explifque
par ordre chaque
operation, & en devielope
la mécanique avec
tant de netteté & de précision
qu'on ne pourroit
abreger ses explications
sans lesalterer, c'est ce
qui m'adéterminé à ne
prendre de son discours
que l'instruction necessaire
à ceux qui voudront
pratiquer les experiences
qu'il explique.
Le second exemple de
cette premiere classe des vegétations
articicielesfetire
de l'opération suivante.
Prenez une once ou deux
d'argent finfondez-le dans
un creuset,& pendant qu'il
esten fonte, jettez dessus
par diversesreprises autant
pesant de soufre commun;
remuez & mêlez les bien
avez une baguette de fer,
& le retirez promptement
du feu,laissezrefondre la
matiere, puis pilez la bien
menue
, remettez la dans
un autre creuset que vous
placerez dans un feu doux
de charbons ou dans. une
soitedigestionou bain de
sable sans fondre la mariere,
le soufre s'évaporera
peu à peu de la masse qui
est dans le creuset, & entraînera
avec luy une partie
de l'argentenforme de
filets fort blancs, brillants
& fort doux, qui tiennent
à la masse du métal d'où ils
sont fortis. J'en ay vu de la
hauteur de trois pouces, &
des lames de deux lignes
de large, &: de l'epaisseur
d'une carte à joüer.
L'opération suivante
donnera nostre troisieme
exemp le. Fondez enssemble
deux onces d'argent de
vaisselle
,
& six onces de
plomb, mêlez ce mélange
dans une counelle de
cendre dessous une mourfle,
donnezle feu qui convient
pour purifier cet argent
à la cou pelle, & dés
que vous verrezla marque
que l'argent est devenu fin,
vous retirerez la cou pelle
promptement du feu,&la
laisserez refroidir. Deux
ou trois minuttesaprésque
vous l'aurez retiré du feu,
il sortira brusquement de
dessus la superficie de cet
argent, un ou plusieurs jets
d'argenr fondu de la grosseur
d'un brinde paille,&
de la hauteur de 7. ou 8.
lignes qui durciront à l'air
à mesure qu'ils sortiront
de la masse d'argent qui est
dans la coupelle. Ces jets
sont ordinairement creux,
& prennent souvent la figure
de branches de coral.
Ils restent solidement attachez
à la massed'où ils
sont sortis.
Il faut que j'éclaircisse en
quoi consi ste la marque
que l'argent est devenu fin
dans lacou pelle,puis que
c'est lepointquifaitréüssir
l'operation, ou qui la
fait manquer. Cette marque
est lors que dans le
mesme degré de feu où l'argent
a esté en parfaite fusion
pendant tout le tems
du rafinage, sa surface se
fige dans la cou pelle tout
d'un coup en une croûte
dure & brillante,qui tient
fortement attachée par ses
bor ds au corps de la coupelle,
pendant que l'interieure
de cettemasse d'argent
est encore en fusion t
c'est dans ce moment qu'on
doit tirer la coupelle du
feu, & la placer dans un
lieu froid.
Cesopérations suffisent
pour établir le caradtere des.
végétations artificielles de
la premiere classe,c'est-àdire,
de celle dont la matière
consiste en un métal
pur,massif& sans aucun
mélange. Pour ce qui est
de celles de la fécondé classe
dont la composition
consiste en un métal difsous,
& où le dissolvant
reste mélé avec le métal.
J'ay lû autrefois dans une
de nos assemblées un mémoire
qui aété imprimé
en 1692.. Ce memoirecontient
plusieurs operations
qui enfeigent différentes
manières de faire des vegétations
artificielles; elles
peuvent toutes servir
d'exemple pour établir le
caractere de celles dont
nous avons fait la seconde
classe; ainsi nous n'en parlerons
pas icy.
Nous avons rangé dans
la troisiémeclasse toutes les
autres végétations artificielles
qui netiennentrien
de metalique
, nous en
donnerons icy de mesme
trois exemples.Prenez huit
onces de salpestre fixé par
Je charbon à la manière
ordinaire, faites les résoudreà
la cave, ou huile par
défaillance, filtrez la, &
versez dedans peu à peu de
l'huiledevitriol jusques à
parfaite saturation, ou jusques
à ce que l'ébullition
cesse; faites évaporer l'humidité
,il restera une massesaline,
compacte, pure,
tres-blanche, & fort
acre ;pillez la grossierement,
& versez dessus un
demi-septir d'eau froide
de rivière dans une écuelle.
degrais, laissez la pendant
quelques jours surune table
découverte à l'air, l'eau
s'évaporera en partie, & le
sel encore humide commencera
de vegeter en plusieurs
endroits,en pouffant
destouffesen aigrettes qui
partent chacune d'un mesme
centre,&qui se divisent
en diverses branches
pointuës,roides & cassantes
, longues de i-z- à 15.
lignes. Ces aigrettes se forment
ord inairement sur
tout le bord de l'écuelle,&
y composent une espece de
couronnement. Elles cessent
de croi stre quand toute
l'eau a esté évaporée de
l'écuelle
; mais en remettant
de l'eau sur ce scieil
vegete de nouveau.
Je rapporteray pour second
exemple de cette classe
certaines cristaliations
ou arbrisseaux quej'aitrouvées
produites naturellement
sur le rivage de la
mer d'Espagne
, que l'on
peut
peut imiter facilement par
art , n'étantautre chose
qu'une tige branchuë
quelque plante desseichée
&sans feüilles,qui aété arroséeplusieur
par l'eau
de lamerdont l'humeur
aquesement esté évapofée.)
r-estresté, & s'est
cristallisédessus,encouvrant
toute la plante d'abord
fort legerement; maisayant
esté moüillée plusieursfois
en diversrems,le
sels'yaugmente peuàpeu,
& represente une plantede
sel.J'en ay vû une fort belle
de cette nature dans lecabinet
de feu Mr. de Tournefort,
qui estoit d'environun.
pied, blanchecomme de
la neige. J'en ai fait de semblables
en employant de
l'eau salée. Il faut avoir la
précaution d'osterl'écorce
de la branche quisert de
charpente ou de soutien à
cette cristallisation, parce
que l'écorce étant ordinairement
brune elle obscuciroit
la blancheur tranfparante
du sel qui l'envelope
& qui s'attache à l'entour.
Je donneray pour troisiéme
exemple l'observation
suivante. Dans un temps
dorage accompagné de
beaucoup de pluie&de tonnerre
,je remplisune bouteille
de verre d'environ
trois pintes de l'eau de cette
pluie qui avoit coulé de
dessus un vieux toit dethuiles
, & qui avoir reposé environ
une demi heure dans
un baquet de bois fous la
goutiere. Je mis cette bouteille
négligemment fermée
d'un bouchon de papier
sur unefenestreexpofée
aumidi, où l'ayantoubliée
ellerestasansestreremuée
environ trois mois,
l'eau ne paroissoit pastrouble
quand je la puisay. Cependant
il s'amassa peu à
peu au fond de la bouteille
un sediment de couleur
verte de l'épaisseur de trois
ou quatre lignes. Il se fit
apparemment une se mentation
dans cette matiere
car elle me parut fort spongieuse
& pleine de petites
bubes d'air,qui selon toutes
les apparences s'étoient
separées du limon qui fai-
:
lOlt le sediment, comme
il arrive toûjours de pareilles
réparations aériennes
dans toutes les matieres qui
fermentent.
'¡ Un jou qu'il saifoitfort
chaud dans le mois de Juillet,
vers les deux heures
aprèsmidi, je passay dan$J
l'endroit ou estoit cette'
bouteille,je 1aregdrday par
hazard,jen' trouvay paine
de limon au fond; mais je
la vis remplie d'une efpcce.
de vegetation d'une trèsbelle
couleur verte, dont
une partie paroissoit tenir
au fond de la bouteilk) ôc
le reste estoit simplement
suspendu comme des fillets
dans l'eau parmi lesquels
il y en avoir qui étoient
élevez jusques à yx
superficie de l'eau, & d'autres
qui estoient restez à
différentes distances de la
superficie,nageant entre
deux eaux, les ramifications
&filetsestoient garnieschacune
d'un grain ou
d'une petite boule qui paroisoit
blanche dans l'eau,
& brillantecomme de l'argent,
&quirepresentoit
commeunfruit sur le sommet
de la planre, en remuant
un peu la bouteille,
, 1\ je m'aperçûs que cette vegétation
n'avoir point de
consistance
; mais qu'elle
estoit soûtenuë par l'cau de
la boureille, & qu'elle flottoit
dans toute la masse de
cette eau qui d'ailleurs étoit
fort claire & fort limpide.
Le lendemain environvers
les 7. heures du matin,
voulant faire voir cette vegetation
à quelqu'un à qui
j'en avoisparlé je n'y trouvay
que de l'eau bien claire,
& du limon verdrappliqué
au fond de la bouteille
comme je l'avois vu autrefois,
ce qui me donna la
curiosité de regarder £ou-
C> vent pendant la journée
cette bouteille, pour m'éclaircir
d'un fait qui m'avoit
d'abord surpris. Versles
dix heures du matin,
quiestoit le temps que le
soleil touchoit la fenestre
où estoit posée la bouteille
,
le limon du fond COIn.,
mença de s'enfler, & à mesurequeleau
s'échauffoit
ils'éleva de dessus lasuperficie
ficie de ce limon
, une infinité
de bosses, qui peu à
peu en s'élevant davantage
diminuerent de grosf
ur ,
& produisirent des
filets de la substance du limon
même;de forte qu'en
deux heures de temps tout
ce limon qui tapissoit le
fond de la bouteille estoit
converty en filets dont
quelques-uns tenoient ensemble
ôc paroissoient sortir
les uns des autres representant
des branchages, &
les autres flottoient comme
de simples filets droits
& tournez selon qu'ilsavoient
été obligez de se détournerpar
les autres qu'ils
avoient rencontrez en
chemin, chacun ayant attaché
a son bout superieur
une perleblanche qui estoient
de differentes grosseurs
comme je les avois
vûs le jour précedent. Ils
resterent dans cette situationpendant
toutletemps
que le Soleil les éclaira;
c'est a' direjusqu'à quatre
heures aprèsmidy. Immediatement
aprés ce tems ,
jevis les filets & les ramifications
retomber peu à peu
au fond de la bouteille, &
en mesme temps les petites
boules blanches que j'avois
remarquées au bout des
ramifications, diminuer
peu à peu de grosseur
, &
estantenfin entraisnez avec
les filets au fond de la bouteille
, ilsrecomposerent la
mesme quantité de sediment
ou de limonverd
que j'avoisobservé en premier
lieu. Le lendemain il
arriva la mesme chose &
aux mesmesheures, ce qui
a continué pendant tout le
reste del'Esté;c'est à dire
les jours qu'il a fait chaud ,
,
& que le Soleil apû atteindre
la bouteille. Le reste
de l'année, non seulement
les branchages n'ont pas
paru dans l'eau; maisle
limon du fond ou le sediment
de la bouteille, qui
pendant les nuits de l'Esté
estoi épais de trois ouquatre
lignes, s'est si fort applati
pendant l'hyver qu'il
n'avoit pas une ligne d'épaisseur,&
les petites bulles
d'air dont ce limon
estoitfort sensiblement.
parsemé en Estéont disparu
entierement pendant
'hyver; de forte qu'on ne
lesvoyoit plus dutout.
J'ay de loin approché
cette phioledu feu pendant
l'hyver, les bulles d'air ont
repara dans le sediment
y &àmesure que l'eau de la
bouteille s'est échauffée,
le sediment s'est gonflé,
les branchages se sont refaits
dans toute la masse
de l'eau comme il estoit
arrivé en Esté par la chaleur
du Soleil, & en éloignant
la bouteille du feu
le sediment s'estremis au
fond de l'eau à t-iieftirz
qu'elles'estrefroidie J'ay
fait cetteexperience trois
ou quatre fois pendant
l'hyver, qui ont bien réüssy
mais la derniere fois
ayant trop échauffé la bouteille,
il s'est fait une écumesur
l'eau,ce quin'estoit
jamais arrivé
, & tous les
filaments & les branchages
qui occupoient toutel'eau,
se sont précipitez subitement
au fond de la bouteilleenforme
de limon J
qui ne s'est jamais relevé
depuis en branchages com-
Jlle il faisoit auparavanr.
L'on voit aisémenticy
que les bulles d'air enveloppées
dans le sediment
verd ont esté la cause de
l'élévation de ce sediment
en forme de filets & de
branchages qui ont occupé
toute la capacité de la bouteille
,
& que les petites
boules blanches & brillan
tes qui tenoient au haut de
chaque branche en forme
de fruits, n'estoient autre
chose que ces mesmes
bulles d'air engagées &
enveloppées en partie dans
le tissu de ce limon ; ces
bulles d'airayant esté dilatées
considerablement
par la chaleur du Soleil ou
du feu
,
sont devenuës si
legeres en comparaison
d'un pareil volume d'eau,
que l'eau de la bouteille les
a pû enlever nonobstant le
poidsdulimonà quoy
elles estoient attachées
-
de
forte qu'elles l'ont entraîné
aprés elles en forme de
branchages quiont formé
cette vegetation.Et comme
la derniere fois que j'ay
presenté la bouteille au
feu, je l'ay trop échauffée,
les bulles d'air ont esté
trop dilatées & ont entraisné
les enveloppes qui les
retenoient & elles ont
formé l'écume qui pour
lors a paru sur l'eau de la
bouteille. Aussi depuis ce
t temps le limon ne s'est
plus élevé dans son eau &
il n'y a plus paru de vege- tation.
Quand on observera
bien toutes ces circonstances
que j'ay marquées. En
amassant de l'eau de pluye
oonnrreélïtteerreerraacceetttteeeexxppeernieenn:-.
ce de la même maniere
quand on le voudra. mon
Si la fameuse Palingenisie
estoit verifiée, elle
pourroit servir encore d'exemple
de làtroifiémeelaC.
<
se des végétations artificielles.
:,"0_. i
MOR TS. 1
On a oublié dans le
mois passé l'Article de Suzanne-
Henriette de Lorraine,
Duchesse de Mantouë,
morte sans posterité
le6. Decembre 1710.en sa
25eannée,estantnée le I.
Février 1686. Elle estoie
fille de Charles de Lorrainetroisiéme
du nom, Duc
d'Elbeuf, & de Françoise
de Montaut de Navailles,
sa troisiéme femme. Elle
fut mariée le 8. Novembre
1704. à FerdinandCharles
de Gonzague quatriéme
du nom, Duc de Mantoue,
mort à Padouë le 5.
Juillet 1708. Cette Princesse
a esté inhumée dans
l'Eglise des Jacobins du
Fauxbourg S. Germain dans le Tombeau du Ma-,
réchal Duc de Navailles
3
Ion grand-pere. La premierefemmedu
Duc de Mantouë
estoit Gonzague, heritiere
de la branche de
Gouastal
, & luy apporta
en mariage la Principauté
deGouastal. Eleonor de
Gonzague grande-mere de
l'Empereur
,
estoit soeur
du pereduDuc deMantouë
qui avoit épousé Claire-
Isabelle d'Autriche.
La Maison de Gonzague
a regné1 environ 400.
ans dans Mantouë, d'abord
fous le nom de Capitaines,
ensuite de Marquis,
& enfin fous le nom de
Ducs.
Les Gonzagues tuerent
dans une sedition certain
tyran nomméPasserinqui
avoit usurpéMantouë,&
l'on m'a assuré qu'on avoit
lû dans un Manuscrit ancien
les circonstances qui
suivent. Passerin avoit enlevé
une soeur des Gonzagues
, ôcta tenoit enfermée
dans son Chasteau ; les
Gonzagues ne pouvant
forcer ce chasteau qui estoittres-
fortcomme il l'est
l'est encore à present
,
se
joignirent secretement à
quelques Chevaliers qui,
feignant de prendre querelle
contre d'autres aussi
de leur complot, firent un
défi à jour nommé pour
vuider leur querelle dans
la grande place de Mantouë,
ils s'y rendirent armez
de pied en cap, & la
lance au poing. L'on en
avertit Passerin qui estant
fort curieux de ces sortes
de spectacles, sortit de son
Chasteau avec ses gens armez
feulement en simples
spectateurs.NosChevaliers
commencerent entr'eux le
combat concerté, & tout
d'un coup les deux quadrilles
seréünissant tournerent
leur furie contre Passerin
& ses gens ,
& après
l'avoir blessé à mort ils
furent s'emparer du Chasteau.
On voit dans le Cabinet
du feu Duc de Mantouë
une grande Médaille de
marbre du tempsd'Auguste
c'est le Portrait du
Poëte Virgile, qui, comme
en sçait
,
estoit natif de
., Mantouë. Mantuamegenuit,
&. Cette Epitaphe
de Virgile est trop connuë
pour la mettreicy. La
Ville de Mantouë a tant
de vénération pour ce Poëte
, que sa Médaille gravée
sert encore de Cachet ou de
Sceau à certains Passeports
qu'on appelle, Billets de
Santé, & que la Ville donne
dans les temps de peste.
La Maison de plaisance
de Claire-Isabelle estoit autrefois
celle du Poëte Virgile.
Mr Antoine de la Porte
Chanoine de l'Eglise de
NostreNostre-
Dame de Paris,
mourut le 14. Décembre
1710.en sa 83e année. Il
a fait de sonvivant des
presens considerables à
l'Eglise de Nostre-Dame;
entrautres un Soleil magnifique,
& de tres-beaux
Ornements.
MrleCardinaldeNoaillesa
donnéà Mr l'Abbé
Tambouneau le Canonicat
deMr de laPorte.
Ferdinand Obizzi
Marquis du , S. Empire,
Chambellan & Conseiller
dtEfiat & de Guerre de
l'Empereur, Maréchal
General de Camp
,
'C;y.:.
devant Colonel & Com- ymandant à Vienne,& Sur- t
Intendant General des Ordonnances
de Sa M. I.
mourut à Vienne le n.
Décembre17 10.âgé de
71. ans aprés en avoir
paffé cinquante au service
de la Maison d'Autriche,
tant dans la guerre que
dans les negociations &
commissions imporcanres.
Son corps a esté transporté
dans le Tombeau de [es.
ancestres. Il avoit épouse
en premières nôces Marie
TheresePalsi,veuved'Auguste,
Comte de Sinzemdosse
; & en secondes
, Anne-Marie-Elisabeth
Comtesse de Rathmans-,
dorf. Il avoit pris une troisiéme
alliance avec Marie
Claire Apolline,Comtesse
deStaremberg, veuve de
François Leopold Guillaume
, Comte de Slavata,
desquelles il n'a point eu
d'enfants.
N. Mansart
, fille de
feu Mr. Mansart, Sur-Intendant
des Bastiments,
est morte dans un âge peu
avancé. Elle avoit épousé
Mr de Montargis, Garde
du Tresor Royal. VERS
en stile Marotique.
ParMrde laF.
Sur la Comedie d'Amphitrion
representée au
Chasteau de Sceaux.
Lorsque Baron ce Protheus
charmant
Vient meditant sa conquestefuretive
Qui ne croit vray que
JupiterAmant
Chezalemenasousfaux
semblant arrive.
Quand il paroistavoir
de crainte vive
Le coeur saisy par ce
prompt changement,
Mesemble voir danssa
douleur naïve
Amphitriotrompécruellement.
Pareil au sien est mon
estonnement
Quand la beauté quison
ame captive
Le triste aveu luy fait
ingenuëment
Ducas à qui tantsied la
negative.
Soziamesme, infortuné
convive,
Ou Serfbattu, me touche
également i
Contre raison faut-il que
foysouscrive
Atout cCC) quoyquefeint
seulement?
Oüy, belle Alemene, ay
cru le toutvrayment,
- Devostrejeu,force persuasive,
Esprits&coeursentraisne
seurement
Etbien qu'Ovide en cecy
fable ecrive
Fable rreennddeeTz-vous à nos
yeuxeffective
Car Jner-ite[le Dieu du
firmament.
De Cleantis àson droit
attentive,
Et de la nuit si bonnementtardive,
Eusse voulu dire aussi
l'agrements;
Le coeur m'en dit; mais
Rimefugitive
Malàproposenordonne
autrement.
Monsieur d'Hofier a
fait recevoir son neveu en
survivance des Charges de
Juge general des Armes &
des Blasons de France,&
de Genealogiste de France,
& des Ecuries de Sa Majesté.
Monsieur d'Hosier
qui a exercé dignement
ces Charges depuis cinquante
quante ans,avoit succedé
au celebre d'Hosier
,
son
pere, homme excellent qui
s'étoit rend u recomandable
en ce genre d'estude. Il
avoit une vasteconnoissance
de toutes les Races de
l'Europe,& unememoire.
qui tenoit du-prodige. Le
fameux d'A blancourt disoit
de ce rare homme
qu'il avoitassisté à , tous les
Contrats de Mariage & à
tous les Baptesmesdel'Univers,
parce qu'il connoissoit
toutes lesfamilles en détail
par Noms
)
Surnoms, Titres,
& Armoiries. Mrs
d'Hosier
, pere & fils,
ayant également travaillé
depuis cent ans à former le
fond d'un precieux Cabinet
qui contient tout ce qu'il
y a de plus sûr & de plus
curieux dans la discussion s
des Genealogies. La No- j
blesse de France doit jerter
# les yeux avecplaisir sur un
Neveu élevé en si bonne
école, & que son Oncle J,
acheve de former en luy •
inspirant l'honneur, l'exactitude,
& laprobité qui
luy ont attiré la confiance i
detoutle monde.
,
Faràpluies & jJaraJÓls
nouvellement inventeZ,
f5 qui se portent
dans lapoche. JGette nouvelle invention
me faitsouvenir
d'un loldat qui pendant
un orage affreux suivoit
tranquillement son che-
I min malgré la pluye qui
j le perçoit. Je luy criay
1
d'une maison où j'étois
qu'ilentraftpour se met,
trc à couvert. Vous ne
sçavez donc pasrécriat'il,
qu'un bon Soldat a
toûjours dans sa poche
dequoy se garentirdes
injures du temps
,
ëC
disant cela, il tira une
longue bouteille defer
blanc quil acheva de
vuider en me deman-
-'
dant dequoy la remplir.
Onpourra donc dire
à present très - [erieuiè'"j'
ment, j'ay dans ma
po-d
chedequoy me garantir I
des injures du temps ,
car ces nouveaux Parapluies
dont on peut faire
usage, ne tiennent
pas plus deplace que la
bouteille du Soldat. J'en
ferois bien icy la description
exacte
,
mais
elle seroit longue; on
n'a qu'à les acheter : c'est le plus court. Ils se
vendent proche la barriere
S. Honoré. Celuy
qui les a inventez cest
Mr Marius à qui on a
l'obligation de ces Claveflins
brisez qu'on
pourroit presque appel-
1eraussi des Clavessins
de poche. Je ne desespere
pas que son industrie
ne parvienne jusqu'à
nous donner pour nos
Armées des Tentes, ou
du moins des Baraques
de poche.
Ausone à qui les Muses
ouvrirent la roure à
la plus haute Magistrature;
Ausone, Poëte &:
Consul,fitautrefois une
Piece intitulée, Cupido
cruciaassixus. Il dit que
c'est d'aprés un Tableau
placé à Treves, dans la
Galerie d'Eole, qu'il a
tiré son Poëme. Mr R..
a imité cette Pièce,&
l'a renduë en Vers françois.
L' A MO U R
puni &justifié.
Verslibres.
Loin de ces prisons redoutables,
OùPluton aux Ombres
coupables
Faitsentirsonjustecourroux,
Il est dans les Enfers des
aZilesplus doux.
Des Myrthes tousjours
verdsyforment des
ombrages
Quin'ont rien de l'horreur
de l'eternelle nuit.
Des Fleuvesy coulent
sans bruits;
DesPavots languissants
couronnent leur rivages.
On voitparmi les fleurs
quiparent cesejour,
Hyacinthe
,
Narcijje,
&tant d'autres encore
Qui,mortels autrejois-3
de L'empire d'Amour
Ont paffe dans celuy de
Flore.
CesBeautezdontlesnoms
fameux
Remplissentla FableeS
CHistoire,
Malgrél'eau du Lethé
conservent la memoïre
De leurs malheurs f5 deleursfeux.
-
L'ambitieuseimprudente
Qui voulut ruoirJupiter
Armé de la foudre tonnante,
Rappelle ce plaisri qui
< luy coustasi cher.
La maistressedeCephale,
Plaignanttoûjours son
vainqueur,
Chérit laflechefatale,
Dont il luy perça le coeur.
Hero d'une main tremblante
Tient la lampe étincelante,
Qui luyservitseulement
Avoirperirson Amant.
Ariane roule en colere
Ce fil, triste instrument
d'unperfide attentat.
Infortunée
,
helas
,
d'avoirtrahisonpere
Pour ne rendre heureux
qu'uningrat.
Phedre interdite, es confitfe,
Baigne trop tard deses
pleurs
L'écrit,oùsamainaccuse
Sescriminelles ardeurs.
Moinscoupables centfois,
e5plus à plaindre
qu'elle,
EtDidon fîfThijbévont
se frapper lefem.
D'unperfideennemi l'une
a lefer en main
L'autre celujd'un Amant
tropfidelle.
De leurs douleurs L'Amourvoulut
estre
témoin.
Car dans nos maux le
traistre admireson
ouvrage.
o
Il cachoit Jon carquois
finflambeau dun
nuage.
Vaine adreJJè ! inutile
foin! oln.
Le voila découvert.La
cohorte rebelle
Le menace. Il veutfuir.

linebatque dune aile.
- Iltombe. Onlesaisît. Il
versè en vain des fleurs.
AttachéJur un Myrthe,
unefureur nouvelle
Luj va de mille morts
frefenter les horreurs.
TendreAmour de ton
sein l'une approche
l'epee
Parquisa tramesutcoupee;
L'autre offreates regards
les débris enJlla¡rJÍneZ
Du Bûcher
3
ouses jours
ont ete confume\^
Mjrrha de quilesDieux
ont endurcy les larmes,
EnfaitpouJrt'accabler de
redoutables armes.
Tes cris ont attire ta mere
dans ces lieux.
Vient-elle a tonsecours ?
INion. Quel'audacieux
DitVenus5éprouvé ma rage.rote-ve ma,
Desflets deVulcain, des
ris malins des Dieuxy
J-e riay pas oublié Coutrage.
Vn Buisson epineux offre
auxjeux de Cypris ','
DeIon?sbouquetsde ro-
- j'es
De leur boutons apeine écloses.
Elle en arme samain;
elle approche[onfils.
ArrestezDesseirritée
S'ecrte avec transport la
troupe epouvantée :
Lorsque nous respirions le
jour
Lefort fit nos malheursi
ce nefloîtpas l'Amour.
Il paroist depuis peu un
Livre qui a pour titre:
Explicationbiflorique des
Fables
y
où l'on découvre leur
origine & leur conformité
avec l'histoire ancienne, &' où
l'on rapporte les époques des
Héros,
Hérosj edes principaux événements
dont il estfait men- tion.- Si les Anciens revenoient
nous parler de
bonne foy
,
ils roien,tq,u-'iflsn'on*t pas
cru mettre dans leurs
Fables obscures toutes
les beautez que nous y
voyons. ( - - On y a trouvé tout ce
qu'on a voulu, dit l'Auteur;
le Physiçien y a ap- ;
perçu les mystere-s de la
Nature; k Politique
,
les
rafinements de la SageUey
le Philosophe
,
la Morale
laplus pure;& le Chymi- ;
fte y trouve les Secrets les :
plus importants de son;
Art,&c.; Quoyqu'on ne puissè i
;
douter que les Fables ne
renferment une partie de j
l'Histoire , il ne faut pas
1
croire cependant que tou-;
tes les circonstances yfassentallusion,
&c.i Les Poètes quiont esté.
les premiers Historiens, y
ont mêle la vérité avec les
vains oirnements de la. Fsh
ble.C'est lepremier estat,
Se pour ainsi direl'enfance
des Fables, &c.
Ccux qui dans la fuite
traitèrent des mesmes fujets
, y mêlerenc aussi plurieurs
- i circonstances par
rapport à leur Philosophie,
;'& à leur Religion; ainsi,
les mêmesFablesquin'estoient
d'abord qu'historiques
devinrent dans la
fuite, morales
,
theologiques,
& physiques
) &c.
r Les événements de ces
Fables n'ayantpas paruaux
Poètes assèz glorieux pour
les Héros qu'ils vouloient
chanter, ils y ont mêlé
millefictions pompeuses
qui ont passez pour des événementsréels.
C'est à les
développer, àles démêler,
& a voir ce qui peut y avoir
donné lieu
y que l'Auteur
de ce Livre stefi: uniquement
attaché,&c.
On peut distinguer dans
les Poëtes cinq fortes de
Fables. Les Fables historiques
font d'anciennes HLstoiresmêlées
avec plufielirs.
fiâions- telles font
celles qui nous parlent
d'Hercules, de Jason,&c.
Les Fables philosophiques
font cellesque les Anciens
ont inventées comme
des paraboles propresà envelopper
les my steres de
leur Philosophie ; comme
quand ils nousdépeignent
l'Ocean par des Fleoves &c. ,
Les allegoriques- font
aufil des paraboles où ils
cachent quelques sens myfterieux;
commecelle que
Platon racontede Porus$c
dePenie,ôcc..
Les morales font celles
qu'on a inventées pour debiter
quelques precepres
propres à regler les moeurs;
telles sonn les Fables defope,
& autres semblables
Apologues,&C..
Les Fables inventees a • plaisir font celles qui n'ont
daufre but que le divertit
sement ; comme celles de PlÎché. Generalemenc
parlant, il y atres- peu de
-Fables dans lesAnciensqui
ne renferment quelque
traitd'hiftoire^&c.
SourCe8 des Fables.
La vanité des hommes
est sans doute la premiere
source des Fables;lavérité
ne leur ayant pas tousjours
paru assez belle ni assez
amusante
,
ils ont cru que
pour paroistre elle avoit
besoin du merveilleux ôc
du sublime,&c.
Avant que l'usage des
lettres fut introduit dans la
Grece, les grands évenements
& les belles actions
n'avoient d'autres monumentsque
lamemoire des-,
hommes, ou tout au plus
quelques hiéroglyphes obscurs,
& dont le sens toûjours
ambigu pouvoit si- * gnifier tout ce qu'on vouloit
; de sorte que pour perpetuer
lesouvenirde leurs
faits éclatants, les peres les
racontoient aux enfants
lX. suivant la louable coutume
de ne dire jamais les
choses simplement aux jeunes
gens,ilsmêloient dans
le récit des avantures quel-
-
ques circonstances propres
à les y rendre attentifs, & aenfairesouvenir.Ainsise
remplissoit d'idées sublimes
la memoire & l'imagination
foible des enfants - :
,
qui 1
qui venant dans la fuite à
raconter les mesmes choses
à leur tour ,
yajoustoient
encore quelques autres circonstances,
ensorte que
quand on avoulu faire des
Annales deces Histoires,
on n'atrouvé d'autres monuments
que cette tradition
confuse & défigurée,
&c
Anciennementonavoit
coutume de loüer les Heros
après leur mort, & les
jours de leursfestes par
des Panegyriques estudiez,
r
où de jeunes Rheteuts
,
dont on vou loir éprouver
le genie par ces coups d'essay,
se donnoient une enticre
libertéde feindre ôc
d'inventer tout ce qui pouvoit
contribuer à la gloire
desHeros qu'ils representoient
non tels qu'ilsavoient
esté, mais tels qu'ils
auroient dû estre Ainsi
lorsque dans la suite on a
voulu faire l'histoirede ces
grandsHommes
, on n'a
pû travailler que sur des
memoires plus fabuleux
que verita bles, &c.
Les Voyageurs & les
Marchandsontaussi beaucoupgastél'histoire
par
leurs relations fabuleuses:
carcessortesdegensestant *
cy ordinairement ignorants
ou menteurssetrompent
eux-mêmes en voulant
tromper les autres, 'tcc.TX
'H! Ce qui a donné lieu à
la multiplication des Héros
,
c'est qu'on a partagé
entre plusieurs les actions
d'un seul sous differents
noms. Mercurepar exem-
,
ple qui s'appellpit Teutas
chez nos anciens Gaulois,
se nommoit Faune en Italie
, &: Hermés chez les
Grecs, &c.Aucontraire
on a multiplié les actions
d'un seul Heros en luy
attribuant celles de plusieurs
sous un même nom
comme dans l'histoire
d'Hercules de Thebes ou j
l'on a mêlé les voyages & 1
les actions d'HerculesPhenicien,
& de plusieurs autres
Heros de même nom,
&c.
1 Tous les hommes sestant
trouvées submergez
par les eaux du Deluge,
excepté Noé & sa famille
,
le monde ne pust estre repeuplé
que tres-longtemps
après. Mais quoyq e la
Syrie,la Palestine
,
l' Arabie,
l'Egypte, & lesautres
Pays les plus proches du
lieu où 1 Arches'arresta
furent repeuplez les premiers,&
long-tempsavant
les Provinces d'Occident,
cependant il ne laissoit pas
de s'échapper de temps en
temps quelques-uns des
plus hardis pouraller chercher
fortune ailleurs.Ceux
qui arriverent les premiers
dans la Grece, y vécurent
dans une ignorance & une
grossieretéestonnante, sans
Arts, sans Coutumes ; sans
Loix; se couvrant de seüilles
, & broutant l'herbe
commedes bestes. Quand
dans la fuite les estrangers
Egyptiens & Pheniciens
gens plus polis & plus sçavants,
y arrivèrent, ils tâchèrent
d'adoucir , l'humeur
feroce & barbare de
ces premiers habirancs
leur firent part de leurs
Couru mes &: de leurs Loix,
&leurapprirent la manierede
s'habiller, de se nourrir
& de cultiver la terre.
Cette nouvelle maniere de
vivre leur parut si belle,
que ne sçachant comment
leur,témoigner la reconnoissance
qu'ils en avoient,
ilsles prirentpour des
hommes envoyez du ciel ,
& les regarderentcomme
des Dieux à qui ils sacrifierent.
C'est ce qui a donné
lieu àla Fable qui dit que
Promethée avoir dérobe le
feu du ciel
,
c'est à
-
dire,
l'esprit divin,&c.., Ilya beaucou p d'apparence,
& la pluspart des
Sçavants en sont persuadez
, que presquetoutle
sublime & lesurnaturel
qui setrouve dans les ouvrages
fabuleux desPoëtes,
est tirédequelquescirconstances
de la vie de Noé,
: de Moyse, de Josué ,'&
de quelques autres Heros
de l'Ecriture Sainte l,AleC
quels
-1 ayant répandu le
bruit de leurs bellesactions
jusqu'en Egypte
, en Phenicie,
&: jJns plusieurs au- tres Pays, ces Peuplesidolatres,
& sur tout les Grecs
grands amateursdu sublime
& du surnaturel, ne
manquerent pas d'en emrbellir
dans la suite l'histoire
de leurs è-Iclos. Celles
d'Hercules &de Bacchus,
ont beaucoup de ressemblance
avec Josué & Moyse.
Celles de Deucalion U
deSaturne, avec Noëlle
Deluge,&c.
r'.
Pour ce quiregarde les
Arts & les Sciences,ils
substituent a tout propos
leurs Divinitez fabuleuses
a la place des anciens Patriarches
,quel'Ecriture
nous apprend en avoir esté
les premiers inventeurs. J
Jubal
,
par exemple
,
fut
l'inventeurde la Musique; : delà vicnt leur Apollon
qu'ilsfont encore inventeur
des Sciences au lieu de
Moyse. D'A bel qui le premier
a mené lavie piflorale,
ilsont fait Pan. Vulcain
pour Tubalcaïn a le
premier appris à forger le Fer. Cemesme Vulcain
qu'ils disent estre tombé
du Ciel n'est autre chose
que Moyse descendu de la
Montagne Au reste
l'histoi,r..,e des Grecs ne
commença à devenir un
peu raisonnable que du
tempsdesOlympiades, 6c
du temps d'Esdras
,
c'està-
dire,long-temps aprés
la guerre de Troye. Tout
ce qui se passa auparavant
n'estque confusion & que
chimère.
Les temps inconnus
font depuis la Creation
jusqu'au Deluge d'Ogigis.
arrive vers l'an 2240. Les
temps fabuleux renferment
ce qui s'est palle depuis
ce Deluge jusqu'à la
premiere Olympiade qui
tombe sur la 3203. Enfin
les temps historiques regardentcequis'est
écoulé
depuis l'establissement des
Olympiades, &c.
Le peu d'habileté qu'on
avoitdans l'Art de la Navigation
& dans la Geographie,
a donnélieu à
beaucoup de Fables aussibien
que le soin charitable
qu'onavoit de sauver
l'honneur des Dames galantes.
Lorsque quelques
Princesses avoit eu de la
foiblesse pourson Amant,
les flatteurs appelloient au
secours de sa reputation
quelque Divinité favorable,
qu 'on fuppofoit avoir
triomphé de son insensibilité.
Ces fortes de galanteriesestoient
mesme si honorables
,
qu'il n'y avoit
pas jusqu'aux Epoux qui
ne les favorisassent. L'histoire
deMundus & de Pauline
n'en est pas le seul
exemple,&c..
Apres avoir découvert
l'origine des Fables,
l'Autheur commence
l'histoire des Dieux.
Ilestbien difficile de
fixerl'époque del'idolatrie,&
de dire précisément
parquielle acommencé;
car qnoyque iTcrKure
nous apprenne que lesen-
:
fanes de Caïn tombèrent
dans l'idolatrie ellene.
nous dit riend'explicite
deces Idolatres.Ansi
iln'est pas moins difficile
dedéciderquel enaesté le j
premierobjet. l es uns pré-;
tendentqu'onacommencé !
paradorer lesAstres.D'autres
veulent que la plus ancienne
idolatriea esté celle
des deux Principes
,
c'està
dire de reconnoistre un
bon & un mauvais Genie
à qui on
sacrifia,àl'un
par
reconnoissance du bien
qu'on encroyoitrecevoir,
& à l'autre par la crainte
des maux qu'il pouvoit
causer,&c.. ~-t
D'autresontcruqueles
bonsAnges mediateursentre
Dieu & les hommes
avoient cft-c le premier
objet de l'idolatrie. Quoyqu'il
en soit, il est certain
quel'idolatrie ne fut pas
d'abord si grossiere qu'elle
le devint par degrez. On
n'adora au commencement
que lesAstres, &sur
tout le Soleil & la Lune
> delà on passa à l'adoration
des Elements,& ensuite à
celle des choses animées,
comme des Princes & des
autres hommes illustres
,
& enfin les choies inanimées
& mesmes les plus
viles devinrent l'objet du
culte des hommes.
Comme le nombre de
ces faux Dieux devint presque
infini, ils les diviserenten
plusieursclasses. La
premiere
premiere estoit de ceux
qu'ils appelloient majorum
gentium Dii. C'estoient des
Dieux estrangers ; comme
le Soleil & les autres Astres.
La seconde classe estoit
deceuxqu'ilsnommoient
minorumgentium & c'estoient
des Dieux dedifferents
Peuples.
On les * divisa ensuite
en grands Dieux ou Dieux
du Conseil. Les Grecs en
connoissoient douze de
cette forte; Junon, Vesta,
Minerve, Cerés
,
Diane,
Venus, Mars
,
Mercure,
Jupiter , Neptune
,
Vulcain,&
Apollon.
Les Romains y en joignirent
huit autres qu'ils
nommoienr Dieux choisis.
Sçavoir, Janus
,
Saturne, leGenie,leSoleil, la Lune,
Pluton, Bacchus, &
l'ancienneVesta
, ou la
Terre.
Ensuite venaient les
Dieux Senones, qu'on ne
croyoit pas assez grands
pour habiter dans le Ciel.
; IlYavoitaussi desDieux
communs quifavorisoient
les Partis, comme Mars,
Bellone&
Il y en avoir outre cela
dans chaque Pays qu'on
nommoit Indigetcs
, parce
qu'ils estoient rousjours
prestsàécouter.les besoins
de çeux qui avoient recoursàeux.
Il y avoir encore les
Dieux Cabbires
, comme
qui dirotc Associez. Les
Historiens en varient le
nombre.Quelques-uns n'en
admettent que deux :
sçovoir
; Jupiter & Bacc hus;
d'autresveulent qu'il y en
aie quatre qui fontCerés,
Proserpine, Pluton & Mercure.
OnenadoroitenSicile
d'une especeparticulière
qu'on nommoitPalices,&c
Enfinonconnoissoitdes
Dieux particulier, comme
les Dieux Penates,les Dieux
Lares
-%
que chacun adoroit
dans sa maison,&lesDieux
Compitales
,
qu'on adoroit
dans les Carrefours; sans
parler de la populace des
Dieux,comme les Nymphes
,les Syrenes, les. Satyres,&
c. On y peut joindre
encore des Dieux Animez
&desDieuxNaturels
Les premiers estoient ou
les Démons,ou les Ames
des grands Hommes
, ou
des Esprits bienfaisants.
Les autres n'estoient. que
les symboles fous lesquels
on adoroit ou la nature
entiere commePan ou
quelques-une de ses parties,
comme Apis,Dagon
,
&c.
Au reste pour donner
une idée generale de tous
ces Dieux, il n'ya qu'à
dire qu'ils estoientCelestes
ou Terrestres,Aquariques
-
ouInsernaux
La plupart des Dieux
n'ontcité que des hommes
illustres,&souvent plus
recommandables par leurs
vices que par leurs adions
heroïques. Coelus par
exemple
, ou Ouranos
qui estoit fils d'Agamemnon
& petit filsde Gomer,
se rendit maistre d'une
grande parrie de la Grece
par la bravoure. Il épousa
Tirée la soeur dont il eut
Titan, Hisperion Japher,
&Saturne.Celuy -cv quoyque
le plus jeune eut assez
d'esprit & d'intrigue pour
monter sur le tronc,au
préjudice deles aînez à
conditiontoutefois que
,Tiran
Titanvyr~e"Cm:1ioarn~t{rrooiittap;1 prèréssssaa
mort.Saturneayantépousé
sRahceraif(iaersàoeCuroe,lursessoolnuptedree.
toussesenfants mallies
, mais sa femme trouva le
moyen de sauver Jupiter
en substituant un autre en
sa placé, cequrobligea
Tiran à Ce revolcer contre
Saturne qui fut mis en prison.
-"
*î -t Mais Jupiter estant devenu
grand se fit des brigues,
&fit la guerre a son
oncle & aux Titans, 5z
restablis son pcrc sur le
trône; mais Saturne s'éslantbrouilléavec
Jupiter,
fut ensuite deposé par luy,
& obligé de s'enfuir en
Italie
,
ou quelque temps
aprèss'estant ligué avec les
Titans contre Jupiter, ce.
luy-cy les défit tous prés le
Tartesse & les chassa des
Gaules & des Espagnes, &
& enfin après soixante 5c
deux ans de regneil mourut
dans l'Ille de Crete, où
l'on voyoit anciennement
cette
cette Epitaphe sur son
Tombeau. Cy gist Zan que
l'on nommoitJupiter. Com-
! me il demeuroit ordinai-
I rement sur leMont Olymf
pe , on le regarda depuis
comme Dieu du Ciel. Ce
! qui a donné lieu auxPoëtes
l
de dire que Jupiter avoit
lperécipitez les Titans dans
Tartare) où Neptune les
tenoit enfermez
,
etfparcequ'il
les avoir defait prés
de Cadix qu'on regardoit
alors comme le bout du
monde. Neptune est dit
Dieu de la Mer parce qu'il
estoit Amiral de la flotte
de Jupiter.. Pluton n'a parte
pour
le
Roy des Enfers
,
que parce qu'il eut ce Pays
en partage,&qu'il faisoit
faisoit travail ler aux m
falfoit travailler -•* im<
ncs. •
Cette mesme guerre a j
donné lieu à lavable qui
.tiit que les Geans voulurent
détrôner JupiterJ
&c. 'J
La raison pourquoy on
les a fait passer pourles enfants
du Ciel & de la Terre,
c'est qu'ils estoient des- *
cendu d'Ouranus qui en
longue Grecque signifie
Ciel,& deTirée ou Titeia
qui en langue Celtique
veut dire Terre. Le
mot de Geant veut dire
pareillemment forti de
Terre, du Grec yti, terra ôc
Îd61
,
nascor.
Voilàledénouement
de toutes les Fables que
quelques-uns expliquent
autrementy disant que Saturne
est le mesme que
Noé,&queJupiter, Neptune
& Pluton n'ont esté
autres que Sem
,
Cham
Japhet, ôc que lacruauté
de Jupiter envers son pere, i
n'est qu'une imitation de 1
la curiositédeCham ou
Chanaan, mal interprétée.
Comme Mercure estoit
le plus braveSe le plus adroit
de tous les enfants de
Jupiter, ce Prince s'en fervoit
ordinairement pour
les négociations qu'il avoit
avec les Princes voisins.& 1
c'est sans doute ce qui l'a j
fait nommer Messager des
Dieux. Les Gaulois mesme
le regardaient comme l'inc?
venteur des beaux Arts.
&c.
Diodore nous apprend
que prés laVillede Memphis
est un Lac nommé
Acherusie,au delà duquel
on enterroit anciennement
les morts: de forte qu'aprés
lesavoir embaumez y
on les portoit sur le rivage
d'où l'on indiquoit aux
Juges le jour de leur passage.
Ils s'y rendoient pour
faire le Procez aux Morts
qui devoient passer
; on
examinoit la vie qu'ils
avoient mené, & s'ils es.
toient jugez dignes de fopulture
on faisoit. passer
leurs cadavres dans une
barque par un Batelier qui
en langue du Pays s'appelloit
Caron. Ceux qui estoient
jugez indignes de la <
pulture, ne passoient point
le Lac,&estoient jettez à
la voirie ou enterrez fecrettement.
Cettecoutumeestoit
aussi pratiquée a l'égard
des Princes mesmes,
ce qui ne contribuoit pas
peu à retenir les vivants
dans leur devoir. Comme
le Batelier prenoit quelque
droit pour le passage
, on
avoit coutume de mettre
une piece d'argent fous la
langue dumort. -'
Au-delà du Lac Acherusse
estoient des bois u
des bocages charmants
,
un Temple consacré à He-
CcttCyte deux autres fameux
Marais le Cocite & le Le-'
thé. Il y avoit encore prés
de là une autre Ville nommée
Achante, où un Pre..
stre versoit tous les jours
mysterieusement. de l'eau
du Nil dans un vaisseau
percé. Il y a grande apparence
que ces sepultures estoient
gardées par quelques
chiens de peur qu'on
ne vint déterrer ces Mo.
mies. Toutcelaa donné
cccasion à la Fabie des Poëtes
touchant le sejour des
Ames heureuses dans les
Champs Elisées, leur paffage
par la Barque à Caron,&
c. -:
Mais ce qui a fait appeller
Cerbere
,
le Chien
qui gardoit l'entrée de cet
Enfer, est un affreux Serpentou
Dragon qui habitoit
autrefois la Caverne
de Tenare. Parce qu'on regardoit
l'entrée de cette
1 Caverne comme la bouche
de l'Enfer, on a pris de là •
occasion de dire que ce
Dragon estoit le Portier de
ces tristes demeures. Voilà
le Chien des Enfers.
*ï& Pour ce qui est des Furies&
desParques
,
l'Autheur
en attribue l'origine
à l'imagination des Poëtes,
& dans tout le reste de son
Livre ,
il démêlesçavamment
la verité des évene.
ments historiques d'avec
les imaginations fabuleuses
qui les ont défigurez.
At. Ce Livre qui se vend à
Paris chez le Breton, au j
bout duPont- neuf, entre la
ruëDauphine & lar ruë 1
GGuenegaudd,a',étécomposé, ?
par M. L. B.
Festes deMr le Ducd'Albe.
Mr le Duc d'Albe donne
tous lesansunebelleFeste,
selon l'usage de son Pays , le jour de la Naissance du
Roy d'Espagne. Les Efpagnols
appellent ce jour,
Dia de Anos, jour d'Années.
Son Excellence a du
grand & du magnifique
dans tout ce qu'Elle faicj
mais la nouvelledusuccez
de Brihuega,quElle reçût
lematin
, augmenta bien
la joye & l'éclat de cette
Feste, ce qui lafait differer
de quelques jours. Les
personnes dedistinction
qui y furent invitées en
grand nombre, & le Public
qui en peut juger par le dehors
, furent dans une égale
surprise, qu'à l'occasion
d'une nouvelle qui estoit
arrivée le mesme jour, Ôc
qui ne pouvoit pas estre
prévûë
, on put donner
deux repas decette magnificence,
des divertissements
publics & particuliers. &
le soir une grande illumination,
& un beau de joye, ,
qui fut suivi d'un bal qui 1
ddurua jumsqu'àacitnqinlie.uâ,es *
,- » Son Excellence eut un
peu plus detempsà donnerses
ordres & a.&preparer à";
la rejoiüssance que meritoit
la victoire complete de
Villaviciofa qui assure le
- thrône au Roy son Maistre
,
dont il a si fort à
coeur laPersonne, la gloire.,
& les interests, a ewncoçre
donné à cette occasion
une Feste qui n'a pû estre
c*omparéequ'à celles , qu a ce lCS qU.1
Elle a déjàdonné à Paris
*
sur tout à la Naissance du
Prince des Asturies. Cellecy
s'est donnée Dimanche
28. Decembre.Ellecommença
dés le midy. Il y eut
un grand dîner,&un grand
jeu l'aprés-midy. Sur le
soir trois ou quatre cens
personnes des plus qualifiées
&duplus haut rang,
qui y avoientesté invitées,
s'y rendirent. Le jeu continua
; il y eut des concerts
de musque au dehors &
au dedans de l'Hostel. A
l'entrée de la nuit. Il y eut
une illumination qui dura
toute le reste de la nuit, en
gros flambeaux de cire
blanche. Madame la Duchesse
de Vendosme s'y
renditsur les 9. heures.Entre
neuf & dix on servit un
des plus somptueux souper
qui se soit encore donné.
La premiere table où estoit
Madame de Vendosme avec
des Princesses & des
Duchessesinvitées, &des
Seigneurs du premier rang.
estoit de quarante couverts.
Cette Table estoit en
feràCheval, Il y fut servi
plus de trois cens pLus,
portez & rapportez par des
Suissesavecdes habits uniformes.
Trois ou quatre
autresTables furentservies
en mesme temps. Les plus
excellents mets y furent
servis avec autant d'ordre
que de profusion. Les Liqueurs
les
plus rares y furent
prodiguées.Dés qu'on
sortit de table entre onze
heures &minuit, ilpartit
un grand nombre de fufées
que le feu d'artifice
suivit de prés. Le Bal mencaimmédiatemecntoma-- ainimediatement a_.
prés. Il fut ouvert par Mr
le Prince d'Espinoy & par
Me la Marquise deTorcy.
J A minuit les Masques en-
, trerent,& le concours du
plus beau monde,masque
la pluspart magniifquement,
y fut si prodigieux
que l'on compte qu'il est
entré cette nuit-là chez
Son Excellence environ
douze mille personnes
masquées, & qu'ellea donnéàsouperce
soir-lààplus
de
de cinq cens personnes. Les
Appartements estoient ornez
& éclairez magnifiquement.
Le Jeu continua
toute la nuit dans une Galerie.
Le Bal dura jusqu'a
neuf heures dumatin. Les
rafraichissements y furent
prodiguez sans inierruption.
On dança en six endroits
differents. Il ne s'est
gueres vû ensemble un plus
grand nombre de belles
personnes & d'hommes de
meilleur air, ni masquez
d'un plus grand goust. Les
concerts au dehors & au
dedans de l'Hostel, ne finirene
qu'à l'ouverture du
Bal. Les ordres y furent
donnez si à propos qu'il
BY eut ni contretemps ni
accident fâcheux. Quelqu'un
vint dire à Mr le
Duc d'Albequel'affluence
des Masques quise pressoient
contre lesTremeaux
avoienc cassé plusieurs glacesde
grand prix, a quoy
Son Excellence répondit
en riant, les verres cassez
font des marqués de joye.
Le 4. de ce mois, Son
Excellence fit de nouvelles,
rejouissances pour la victoire
de Villaviciofa. Il
donna un magnifique repas
sur trois Tables differences.
La premiere estoit
de quarante-six couverts,&
les deux autres de douze ôc
de treize seulement. Ce regal
fut suivi d'un Bal, &
d'une collation abondante,
d'illuminations & de feux
d'artifice. Ces réjoüissances
durerentjusqu'au matin.
Dons faits par le Roy.
d'Espagne.
Le20. Decembre le Roy
d'Espagne donna à Mr le
Marquis de Jamaïca,à
prefencque de Veraguas,
la Commanderie d'Aravaca
vacante par le decez de
1.. MrleDucdeVillada.oi 1
Celled'Alinge,vacante
par le decez de Me la
Comtesse de Monterey;à
MrleMarquis de Castil- 1
lar, Intendant General. 2
Celle de la Sarçat, vacante
par le decez de Mr le
Duc de Veraguas,à Mr le 1
Comte deGermiencourt,
Maréchal général des Lo- !
gisde la Cavalerie.
Celle de Liveravacante
par le decez de Mr le
Marquis de Lançaroté, à
Mrle Marquis de Muya,
fils de Mr le Duc d'Escalona.
D'autres qui estoient
aussi vacantes ont esté données
à Mr le Marquis de
Valdecanas, Capitaine general
,
à Dom Antonio
d'Amezaga, à Don Joseph
de Armendaris & à Mr le
Comte Mahoni, Lieutenants
Generaux, 8<. àMrs
Graston, Pimentel & Toalba.
Mr de Bonnetot fils du
feu Premier President de la
Chambre des Comptes de
Roüen, & beau-frere du
Premier President du Parlement
de cette Ville, a
acheté le Regiment donc
feu Mr de Louvignies,
Gouverneur de Lerida estoit
Colonel. Il l'a payé
70000. liv:argent comptant.
Suite des l\oi/,ruelles
d'Espagne..
De Saragosse le II..
Janvier 1711.
La Reine devoitpartir
avant-hierdeNajera où Elle
avoitsejourné plusieurs jours
en attendantlesordres du Roy
peurvenir à Saragosse
,
d'où
Sa Majesté partiraMercredy
prochain 14. de ce mois pour
aller au devant de la Reine
jusqu'à Mallen
,
Village
neuflieuës de cette Ville. Le
lendemain
15. Leurs Majestez
en partiront, ter irontcoucher
àAlagon, & le 16. Ellesarriveront
icy où ily a apparence
qu'Ellespasseront le reste de
thyver. Le Roy ayantenvoyé
toutes ses Troupes dans des
quartierspourse delassre des
fatigues qu'elles
O rteuës depuis
plusieursmois.
Le debris de l'Armée du
Comte Staremberg
,
suivant
les derniers avis , a Iht/lé L
Se<gre-à)B<ala"gu)err pourentrer en Catalogne
, où le Roy a
actuellement deux detachements
de Cavalerie, commandez
par Dom Feliciano Bracamonte,
Maréchalde Camp,
&DomJoseph Vallejo, Brigadier
qui font tousjours à la
poursuite des Ennemis. On attendincessamment
la nouvelle
de la prise de Gironne, dont la
conquestefacilitera beaucoup
a
celle du reste de la Catalogue.
, Des Deserteurs rapportent
que les habitants deBarcelone
sont partagez en deux partis
cantonnez l'un contre l'autre ;'
que celuy du RoyPhilippe
grossit tous les jours,& qu'il
n'attend que l'approche de nos
Troupes pour se declarer ouvertement
; de sorte qu'on a
estéobligéde mettre une forte
Garde au Palais ou loge t,lr-.
chiduc.
Le retour des Officiers.
Par MrD. O.L.V.
Pour le Myrthe amoureux
Mars quitte les. Lauriers,
Et ntJUJ ramene enfin nos
aimables Guerriers.
Chacun deuxflolastrant
auson de la Musette
S'enyure du plaisir de
revoirsa.. Lisette.
Les Bergers au retour de
cesjeunes Cesars,
Devanteux,de l'amour
baissent les Etendars.
De Rubans neufs ornant
sa teste&sa Houlette,
LaBergere bondit,chan-
, te, f5fait lafolette
Pdouor anttetndrir ces coeurs l'intrepidité
Semblenerespirerque
i l'immortarelriqtuée
PatienceBergers
,
les
,
printanters , ramages
Danspeu vontles chasser
de vos charmants
bocages.
"t Articleburlef^ue.
JA>e>'TvéoviÓisúJdsdeemria1natdldeècèxx^J
cuse de n'estre-pas,en
humeur de rire. Je 11ç
vousdonnerayque la
Chansonsuivante pour
tout burlesque. Ce titre
est necessaire pour autoriser
un jeu de mots sur
quoy roulent les refrains.
Encore un mot de digression;
j'ay tout privi-,
lege dans cet Article, -æ
pour vous dédommager
de ce que vous ne nez
point, je ve'u:x au-moins vousennuyer. J'ayfaitdepuisdixou
douze ansplus decent
Chansons, &depuisdix
ou douze ans j'ay la patienced'en
entendre es-
, ,- tropier les airs & lesparoles.
Ce n'esepas manqued'affectionpour
mes
Ouvrages , mais j'ay
toujours esteaussi paresseux
de les écrire que de
les chanter. Je me punis
assez de ma paresse
,
ç&r ilm'en couste à chaque
Mercure plusieurs Cou-
:plets nouveaux pour en
faire passer un vieux.
C HANS ON.
Bon vin, bon vin, - 1
Quoyque tonpouvoirsoit
divin,
Malgrétoy nos jours prendrontfin.
Mais pendantque le
i*:*vpss'écoule, -
Coule ;roule, bon <vm*y
ÇfiUte
1


AIRA
BOIRE.

Sans cesse coule, •,
Puïfiquon ne peut fixer
1 nos jours,
-
Jours
Gardons-nous defixerton
cours.
II. COUPLET.
Sur la Science.
Bonsèns,bonsèns,
Te chercher parmy les
Sçavants, L'el perdreson tuile fS,
son temps.
0 toy ,
qui pastis sur ta
: lampe,
lLaampme,lamppe,eDoc:te,ur,
Dottementlampe, V
Jurisconsulte m Medea
PmfèstQnfèa<voir dansle
vin.
111. COUPLET.
-
Sur la Jalousie. * Qientends-je kelasi , l
yaj laisse ma femme la
bas,
,. Quelquun'vient, njfuispÇaj?sje.\
Pour mecacherce quis'y
passe,
:Passe,passe,bonvin,- Me>':'rv
Dans mesyeux f^jfe,
sQQuuuaannd,dijeJsesfuùiissyyvv;rree ,jè, bien
, - Mesyeuxouvertsnever-
-
rontrien.
> -
IV. COUPLET.
,
Le vieux Yvrogne.
QQuueevlfoainst-ojesm, ôeDieux
l -fantofrne-tvliicennt tà
mesyeux
Mouillerles doigts dans
mon rvln vieux.
C'est la Parque qui mes
joursfile>
File file, bon vin,file,
Doucement file, ,',
Tant que mon bon vin
- ',' durera,
Pour moy la Parquesi-
4
lera*
i'
A propos de bonVin,
on a demandé dans le
dernier Mercure: Si le
Vinestune bonnechose.
REPON SË.
';, ParMrL.Magni. ,Lasotechose quele'Vim
jelegaftesije*lemejle ;
-ToutPurtl'gasse ma cer- velle>..j
que le vin.
Mais non,J).aime ce jus l- di'VÎTly
Pur,il égaye ma cervet-
-
le, , -, J[de rafraîchit si je le
w- - rnejlp.)3 -
Lva ibonnne .chose quele ~~P~~
-ni ^rf^n inoî Plusieurspersonne~sn
ont répondu differemment
chacun selon son caractere. -,
\",-,',.
">VWW &0L
R E' P ONS E
d'un homme sincere.
-
k Le vin est une bonne
chose,parcequ'ilfaitdire
-'
<
-' , ~~CjL ~i laverité.
<
f*-r» Je conclus delà,dit
l'hommepprruuddeennt t;,que c le Vin est une mauvaise
i:»»». J
chose, car toutes veritez
ne sont pas bonnesàdi-
_: ,'¡-C'
.: L'A V ARE.
La bronne chose quet le-' /-evin,- QuvanodonilseboiitncIJ.éZfonh
Le Vin est le lien de
la societé, dit un Yvrognequi
a le Vin sociable,
mais Alexandre en
avoit bu, quand il tua
Clitus.
LE PHILOSOPHÉ;
OC le MEDECIN.
Nousdefendons le Vin s jleflpernicieuxs
Nous le LïÚvonspourtant;
il est delicieux. "-
UN TURC,
Nous trouvons leVin
bon, parce qu'il nous
est deffendu.
UN GOURMET.
,
Le Vin est bon y
quand ilest bon.
UN YVROGNE.
Tout Vin est bon,
pourvu que ce soit du
Vin.
UNE FEMME COQUETTE.
LeVin est unebonne
chose, il endort mon
Mary.
LE MARY PAISIBLE.
Peste soit du Vin, il
reveille le caquet de ma
Femme.
UNHOMMESAGE.
Le Vin est mauvais,
car ilenyvre.
UNSOT.
,
Le Vinestbôn,'car
il enyvre. [
DEMOCRITE. k J'aime le Vin, car il
faitrire.
HERACLITE.
J'aime le Vin, car il
fait pleurer.
Ou
Ou d'une autre façon.
T. HERACLITE.
Je deffends le Vin,
car ilfaitrire.
DEMOCRITE.
Jedeffends le Vin,
car il fait pleurer.
Réponse par l'un des
troisProcureursquifaute
de sçavoir le prixdu Vin
deChampagne, en ont
bu innocemmentpourcent
francs, en attendant
l'heure du Palais.
CHANS ON. l. On prie Mr du Bousset
d'y faire un air.
La bonne chose que le
,
Vin.
J'en connois un que pour
Jupin
FitexpresleDieu de la
treille..
Il chatouille,ilgrate
3
il
reveille.

Maisun retoursmaudît
faitsecouer l'oreille,
Quand, le Cabaretier
mutin
Nous force à le payer
: deux ecus la bouteille.
, :' Je garde pour le mois
prochain plusieurs aû-
,
tresN réponsesqu'on m'a
cnvoyees, tant sur cette
question : Si le Vin est
une bonne chose? que sur
la question galante: Que
peut-on dire pour blasmer
ou pourjustiferuntom.r
me amoureux d'unefemmequi
n'auroit nybeauté
ny esprit?
Laissons aussi la même
question galante pource
mois-cy. La matiere est
ample, & il est bon de
fonder à perpetuité dans
les Mercures un Article
Galant,aussi-bien qu'un
Article Bachique. Il y a
longtemps que l'Amour
& le Vin font des sujets
amusants. On ne s'en est
pointennuyédepuis tant
de siecles Si l'on s'en ennuyv-
e, ce sera ma faute
oucelle des Anonymes
quiselasseront de traiter
agréablementdes sujets
Aheureux*^.J*v.v>?torn
oh Le R. P. Porée;Profelïèur
d'Eloquence, au
Collège a de Louis
?
le
Grand
, a fait un Ditcours
Latin sur la Satyre.
Un de mes amis qui
çftoItdei'Afïèrnbiée, &
qui a une mémoire prqdigieuse
m'en a promis
un Extrait en François
que j'espere vous donner
le mois prochain.
RECEPTIONS
au Parlement.
Le 7. de ce mois,Mr
le Prince de Conty prie
seance au Parlement avec
les ceremonies ordinaires.
Le mesme jour
,
Mr le
Duc de la Tremoille y fut
reçu Duc& Pair de Fran-
, ce.
Le 1.t. de ce mois, Mr
leDuc de S. Agnan fut
reçu Duc & Pair au Parle-
> ment,.&y prit seance sur
la démission deMr le Duc
de Beauvilliers son frere
-ainé.
: DonsfaitsparleRoy.
On a oublié de dire
dans le dernier mois que
Mr le Marquis de Miromeni
aestéfait Maréchal
deCamp,en consideration
de ses services. Il estoit
auparavant Brigadier d'Infanterie,
commandant celle
de la Garnison de Bethune
pendant le siege de
cette Ville, on il fit cette
grande sortie dont on a
tant parlé, danslaquelle il
pousse les Ennemissort
loin,tuaungrand nombre
de ceuxde la Tranchée,&
rasa tous leurstravaux. ,: Mr Boucher d'Orsay,
.-
Maistredes Requestes,&
fils duConseiller d'Estat,
de mesmenom
, a esté fait
Intendant de Limoges.
.y ,..
.# Chevaliers
CHEVALIERS
del'Ordre.
Le 31 Decembre1710,
le Roy fit Chevaliers de
S. Michel.
M. le Prince de Conry.
M.le ComtedeMédavi.
M. le Comte du Bourg.
M.d'Albergoty. 7
M.lbe MrairqauisndedGoe.f-
Et le premier Janv.1711.
illes fit Chevaliers du saint
Esprit.
Voicy leurs noms & ceux de
leurs peres &meres.
Louis-Armand de Bourbon
,Prince de Conty, fils
de François Louis de Bourbon,
Prince de Conry&de
Marie-Theresede Bburbon
deCondé.
Jacques. Léonor Rouxel
Comtede Médavi & de
Grancey, Lieutenant Generaldes
Armées du Roy,
Gouverneur dfeDu'nkl'sque,
fils de Pierre Rouxcl Comte
de Grancey,& d'Henriette
de la Pallu de Bouligneux,
& petit-fils de Jacques
Rouxel Comte de Grancey
Maréchalde.France, Chevalier
des Ordres.,
Léonor-Marie du Maine
Comte du Bourg, Marquis
de S.Ciran, Lieutenant
General des Armées du Roy
fils de Philippe du Maine,
Comte du Bourg & deLéonor
de Damas de Thianges.
François Zénobe. Philippe
Albergoti, Lieutenant
General desArmées du
Roy Gouverneur deSancLouis,
fils de Rerovio Albergoti
Sénateur de Florencc
,
& de Madeleine
Bardi. Les Albergoti sont
originaires d'Arerzo établis
depuis long-temps à Florencc.
Ilsont possedé plusieurs
Charges dans ces Villes
lorsqu'elles estoient en
République.
Louis-François Marquis
de Goësbriand
,
Lieutenant
General desArmées du Roy,
fils d'Yves Marquis de Coëfbriand.
& de Francoife-
Gabrielle de Kerquesay.
CetteMaison est originaire
de Bretagne & possede la
- Terre de Goësbriand dans
l'Evêché de Treguier,de
temps immémorial.
NOUVELLES
de Turquie.
A Vienne en Autriche, le
9 Janvier 1711.
Il n'est plus question de
douter de la déclaration de
la guerre quele Grand Seigneur
a faite au Czar,
au Roy Auguste & à leurs
adherans; elle a elle publiée
à Belgrade & dans toutes
les Villes de Livonie & de
Pologne, d'où on mande
que le Czarenavoit lanouvelle.
Il y a des avis à Vienne
que l'Ambassadeur de
Moscovie a estéarrêté à
Consraminople; & il est certain
que le sieur d'Alman
Envoyé de l'Empereur en
cette Ville a écrit que l'on
se tint sur ses gardes, qu'il
y avoit un corps, de Troupesde
quarante mille hommesqui
ne tarderoit pas à
faire des incursions; & cela
s'accorde assez avec ce que
l'on m'écrit deDuntzic,dont
je parlerai tout à l'heure.
Voicy comment les Turcs ont
disposé leurs forces.
Le Kam des Tarrates
commanderaune armée qui
agira en Moscovie au delà
du Boristhéne.
Le Roy de Suéde en
commandera une autre,
composée de ce qu'il a pu
conserver desesTroupes,
de lapetite armée- du P^lia«.
tCinosdaeKqiuoveies&.ddecqquliecllqouuecss
Eciatroilieme de cent
mille hommes, sera commandée
par le Grand Seigneur
en personne, assisté
de Cuproly dernier Visir
déposé, que sa Hautesse a
rappelle auprés d Elle.Cette
armée, doit estre le15 Mars
à Andrinople;& si cela est
vrai, il n'y a presque point
à douter que le Turc n'ait
formé un dessein sur la
Tranfilvanieou la Hongrie;
car si le seulobjet estoit d'aller
contre les Moscovites;
il ne faudroit pas prendre
une route si détournée.
Quoiqu'il en soit, jamais
la Cour de Vienne na
esté plus intriguée qu'elle
l'est aujourd'hui. Elle a donné
ses ordres à ses Generaux
qui font en Hongrie,
malgré la saison si avancée;
le besoin que souffrent les
Troupes, & le dégât que
fait dans ce pays la contagion,
de pour suivre les avantages
qu'ils y ont eu depuis
quelques mois.
Sa Majesté Imperiale
risque beaucoup pour son
armée à cause de la contagion
qui cil: parmi lesHongrois,
mais le peril presse y
& l'on regarde comme un,
grand bien la conqueste do
quelques Places qui peuvent
servir à barrer le Turc.
Aprés ia prisc d'Esperies les
Allemands venoient de se
rendre Maistre deScharkat
petitePlace, mais tres-forte,
qui en le passage entre
Arath & le grand Wacadin.
Les conseils quel'on tient
tous les jours à la Cour de
Vienne sont assez connoître
à l'Empereur de quelle
importance il est pour lui
d''aaVvoOiIrr une ggrroossec aarrnmlCéCe cn;i
Hongrie, qui le rende respectabte
au Turc, & pour
cela on netrouve point de
plus prompt moyen que celui
d'y faire repasser ses
Troupes d'Italie, mais l'on
craint en même temps que
les Princes Italiens se voyant
délivrezdeces Hôtes quileur
ontesté si onereux,
ne fassent entr'euxune ligue
pourleur liberté;& l'on
m' écrit que cetteconsiderationadéterminél'Empereur
à les y laisser,afin de s'y
maintenir en credit, cependant
comme il estimpossible
que dansces embarras
pressans l'on se détermine
tout d'un coup à un parti.
Sa Majesté Imperiale a fait
demander au Nonce du Pape
si Sa Sainteté ne voudra
pas contribuer, à l'imitation
d'Innocent XI. à une
guerre quiinteresse toute la
Chrétienté ,puisqu'elle se
fait contre les Moscovites,
avec qui le Roy Auguste a
de tres - étroites liaisons.
Il a recommandé au Nonce
d'avoir incessamment réponse
du Pape sur cela
,
pour prendre ses mesures;
j tous les Couriers, qu'il Ireçoit de Catalogne ne
sont que pour avoir de
prompts secours, &tous
ceux que le Comte deZinzendorf
envoye de la Haye,
tendent à la même chose.
L'on dit donc que l'Empereur
fera passer en Catalogne
quelques Regimens qui
sont en Italie,& qu'on les
remplacera le mieux que
l'on pourra par des recruës
que l'on y fera filer; en ce
cas il restera peu de Troupes
en Hongrie & en Italie.
L'on me mande de Dantzick
que l'on y avoit des
nouvelles que quarante milleTarcares,
lesquels devoient
estrejoints par douze mille
Janissaires,estoinet entrez en
Valachie; qu'on craignoit
pour Caminiek, où le Roy
Augusteavoit donné ordre
d'envoyer incessamment
quelque argent pour payer
la Garnison&relever les
Fortificationsde cette Place
;quece Prince seroitobligéde
retirer les Troupes
du service des Hollandois,
& que l'onest d'autant plus
Jemba-
rrae sasé' pourl'a1,rmé1e
d'Allemagne qui doit maintenir
laneutralitéduNord,
qu'on avoit appris que l'on
préparoit en Suéde douze
mille hommes pour les faire
passer en Pomeranie & se
joindre au General Craffaw,
Le Moscovice jusqu'à..prosent
fait bonne mine;ilprétend
qu'après avoitassuré
ses conquestes en Livonie;
il opposera quatre-vingt-dix
mille hommes au Royde
Suéde.
PROMOTION
de Benefices.
EVESCHEZ.
- Le 4 Dccembre 1710.DominiqueBarnabe
Turgot
de S. Clair,Aumônier ordinaire
du Roy &Agent
General du Clergé de France
,
fut sacréEvêque de
Séez, dans l'Eglise des Jefuites
de la ruë S. Antoine
par Mr Le Cardinal de
Noailles, assisté des Evêques
d'Aire& de Tournay,
Le 11. Décembre 1710.
Jean le Normand Docteur
de la Maison deSor bonc,
Officier & Sindic du Clergé
du Diocefc de Paris, fut
Sacré Evêque d'Evreux dans
l'Eglisede Sorbonne, par
Mr le Cardinal de Noailles
assisté des Evêques de Tournay
,
& de saintMalo.
Le 4. de Janvier 1711.
Alexandre le Filleul de la
Chapelle, fut Sacré Evêquc
de Vabres
,
dans la Chapelledel'Archevêché
de Paris,
par MrleCardinaldeNoaillles,
ayant pour assistans les
Evêques deCahors,& de
Séez.
«.Lemêmejour,Cesar
Gaspar de Montmorin de
Saint Herem
,
fut Sacré
Evêque d'Aire en Gascogne
dansl'Eglise Métropolitain-
?
ne de Saint Maurice de |
Vienne, par l'Archevêque 1
de cette Ville
,
assisté des
EvêquesdeValence,&de 1
Grenoble. Ce Prelat avoic i
estemarié le 10.
Fevrier
1684.à Louise Françoise j
de ~Bnid'Aynai fille de j
Louis Armand de Bigni
Corme d'Aynai;ellemou-.j
rut le 28. Novembre 1700.j
luy laissant huit enfans, fça- i
Voir Ónq garçons, J&: trois
filles; s'eitant fait Prestre
après sa mort ,
Armand de
Montmorin son cou£ntAçf
chevêque: deVienne,le &;
ion Grand
-
Vicaire.
v AB
Le Roy a
donnél'Abbaye;
de Lendeveau Pere du Vau,
Chanoine de Sainte Geneviéve&
Chancelier de rU:h
niversité de Paris;cette Abbaeeest
del Ordre des Chanoines
Rqgufeer:s,>& fcnyéq"
dans |ç-Piipcféft;d.e
&non de l'Ordre de S. Benoin
dans le Diocéle de
Kimper
, commo- le porte
le mémoire qu'on m'avoit
donné pour le mois de Novembre.
S. M. a donné l'Abbaye
des Trois Roys, dire aussi
Licu-Croiuanr à Mr l'Abbé
de SaulxTavanes, Comte
de S. Jean de Lyon;elle
est de 1Ordre de Cisteaux,
dans le Diocése de Besançon.
Celle de Sainte Marguerite,
Ordre de S. Auguflin:,
Diocése d'Autun) à
Mr l'Abbé Machecos de
Premeau, qui est Abbé de
S. Paul de Nar bonne;il est
neveu de Mr dela Bcrchere
,
Archevêque de Narbonne.
Celle de Chastillon de
l'Ordre de S. AuguHin, au
Diocése de Langres à Mr
l'AbbéGuier.
CelledeRelo, Ordre des
Prémontrez, Diocése de
Sens,àMr l'Abbéde Ville- fort.
L'Abbaye de Cendras
Ordre , de S. Bcnoift
,
DiocésedeNîmes
à Mr l'Abbé
de Broissa.
CelledeS. Pierredu Vigeois,
Ordre deS. Benoist,
& Diocése de Limoges
,
à
Mr de Boiste de 14 Forge,
Grand Vicaire de Limoges,.
Celle de Rosebercq, de
l'Ordre de S. Angustin
dans le Diocése d'Ipres, à
Dame N. de Marquant. *
-* Et le Prieuré de Peyrat à
Mr l'Abbé de Prye.
Mr le CardinaldeNoailles
a donné à Mr l'Abbé
Tambonneau le Canonicat
de feu Mr l'Abbé de la-
Porrr.,qui estoitresté seul de
laclasse dans la Tpntine,pt1,-.
il avoit tous les ans 14QOOQ
livres de revenu.Mir l'Abbé
Tambonneauest fils deMr.
le PresidentTambonneau,
dont laméreestoitsoeur dé
Madame laDuchesse de
Noailles,&de Madame de
Bigni.
SUPLEMEN T
des Anonimes.
• - Uranied'Hanover&
les Philosophes deBruxelestrouverontici-
des excuses,
leurs réponsessont
venues trop tard; je
mettray d'ors en avant
pendant trois mois de sui--
te lesréponses anciennes
avec les nouvelles3
en faveur des Lettres cardives
des Pays Etrangers
& des Provinces, à qui
l'espace d'un mois ne
suffit pas pour recevoir
les Mercures, composer
leurs pièces & les envoyer,
cela fera commode
aussi pour les Anonimesde
Paris & de la
Cour
Cour, quile multiplient
de plus en plus
, & nie
fournissent en un mois
trop de vers pour un
seul Mercure. Je place
ici les premieres receuës*
& j'en obmets de trèsbonnes
,
dont les Auteurs
ont peut-être raison
de se plaindre,je leur
en fais excuse; les assujettissemens
de l'impression&
de l'arrengemet
m'empêchent de rendre
justice àplusieurs Anonimes
que j'estime, &C
que j'honore infiniment,
BOUTS RIMEZ.
Par le genie Champêtre
deL.R.D.JP,
Philis tient peu compte
d'un Albicrac,
Dont l'esprit lent ne va
que trie& trac.,
Fade minois à Rubarbe,
à seringue,
Corps enchasse tout droit
danssa brelingue,
Jà dans son coeurnefera
fric m fricni frac.
Jeune étourdi vient - il
chez elle, crac.
Elle en estfolleen dépit
de Pibrac.
Contreunbabil où lesien
tope&tingue.
Philis tientpeu.
Elle lit plus Rabelaisque
L '1.', Balzac,
Toutsérieux est pour elle
un micmac;
L'ennui laprendsilepied
ne lui fringue,
Allant, venant comme
rideausur tringue,
En même lien la mit-on
dansun sac.
Philis tientpeu.
-
AUTRE
Sur les mêmes Bouts
rimez.
Par Monsieur d'Albicrac,
Philis tient peusa place
aux côtez d'Albicrac.
Ce mariparle-t-il, elle
jouëau trictrac.
Veut-il aller en ville elle
prendla seringue,
L'arrose&le conduitjus-
: ques àsa brelingue.
Puisforçantsestiroirsni
laisse fric ni frac.
Veut-illui remontrer, elleluirépond
crac.
J'en sçais autant que
vous,n'ai-je pas là
Pibrac.
Desafamillesage ou bon
sensse dif tingue.
Philis tient peu.
JVlaaame, lui dit - on,
ausiecle deBalzac,
Nulmarin'eutsouffertcet
-
étrange micmac.
Elle écoute un moment,
:'. puis rit, gambade,
fringue.
Puisvêveufe, roulant un
rideau sur-sat,rin.- gue.
Elle promet, on croit l'asfaire
dans le lac.
Philistient peu.
article desEnigmes. :.
1 Lemotde lagrande
Enigme du moispassé
estla Fin;
Madame * ** a parodié
ainsil'Enigme en la
devinant, sansy rien
changer que trois ou
quatre mots.
Toutfinitpar la fin ,soit
calmesoit-orage,
Soit liberté,soit esclava- J*'ajye bnieenmp'yetsréocmespempoatss--,)
Et c'estsur la fin d'un
repasj Quon senyvreen disant
merveilles,
L'ardente soifprent fin
envuidantles bouteilles,
OnJçait qu'onfinira,c'est
l'arrest du destin,
Les Chiens prennent le
Lièvre,&le Lièvre
prend fin.
La fin dansles plaisirs
affireuje,
Est charmante dans U
douleur,
Dans le malheur tresparesseusè9
Diligente dans le bonheur.
Lafin pour les mortels;
trop prompte ou trop
tardive,
Avec la mort toujours
Arrive.
LeCritiqueGaulois.
Un commencement de
bibus '- ..,
Dans tonEnigme tient
unpeutropdu rébus,
En approuvant la suite
à ta santé je bus,
Mais FINIS coronat
opus.
Je fouhaiterois que
les Autheurs à qui j'ay
demandé des Critiques,
a
fissentcelles de leur piece
comme on fait celle de
mon Enigme;s'ils vouloient
commencer comme
je commence, je finirois
commeleCritique
gauloisafini.,
ENVO Y
de la > jeuneCloris.
A quinzeansjeune
belle auseul plaisirje
.p",,e' fnP.IsIne?!;e" ..,'
Pourquoi m'inspirer deï,
chagrin r
A pNNe mon printems
commence,
Tu mefaispenser à la
fin.
DEROTERDAM
Sur le mot FIN,qui est
celui de l'Enigme
du mois. ".f
L'Air& le feu, la terre
&l'onde
Toumt ce oquinPadroiest ,en ce -
Ainsi que nous doitprendre
fin,
D'un destin sifatal nul
nepeut sedeffendre,
C'edstuniavrretidenl'Or,acle
Chaque instant,il peut
noussurprendre,
Et chacun de nous doit
l'attendre.
Cependant insensible à
cette vérité,
Et de mille autres soins
jour& nuit agité,
Sans cesse l'homme met
son efpntà la gene,
Pour achever quelqu'en
treprije vaine,
0 ciel! quelle temerité!
Mortel prêtasortïr deta
captivité , y:
C'eftta fin qui détruitou
courrùinetes oeuvres: Renoncesdoncatesfolles
maIloeuvreç,.w
Ne pense qu'àl'éternité.
L.C.D.T.
Le mot de la périrai
Enigme ,
est l'ombre.
L'ombre est au Ciel
9 ee
l'air,surla Terre &.ffi.r'
l'Onde;
L'ombre n'est pourtant rien ellesuittoutle
monde.
ENVOY *
pa Monsieur Anfeau.
De l'hommeteleji1$
destin
,
-
toujours son esprit va*
gue &fombrc,
Entassedesseinsurdessein,
Et pourquoi, pour un
rien,tout au pluspour
un ombre.
AUTRE ENVOY.
Dans un Jardin Belise
à l'Enigmerêvoit
1 Voyant au grandSoleil
son mary qu'elleaimoit,
Elle cria soudain d'un
réduitfrais&sombre.,
Venez,
Venez,mon cher Epoux,
venez, j'ay trouvê
l'ombre.
NOMS,
Dictums., rebus, ~&c, de
ceux qui ont deviné
l'Enigme de l'ombre.
Le gros boeuf ruë S.
Pierreaux Boeufs, l'a deviné
en ruminant; Tamiriste;
l'Oiseau de proye
l'a atrapée en volant; le
Devin obscur; Ganoj'ai
deviné l'ombre; brin-d'a,
voine; un Peintre a deviné
l'Enigme
,
le coloris
n'en vaut rien,l'ombre
y estplus clair quelejour;
la belle ombrageuses l'extraordinairement
réflechissante
;Duvivié,bon
vers trop louangeurs, le
Pirhonien s'en est douté,
la Rocheloise, leTaciturne
trouve l'ombre
par toutCristine
Perinne ; le Lanterniste
; je me rafraîchis,
j'ay trouvél'ombre, FOracle
de Nancy.
: N OMS,&c. ;,' deceuxqui ontdeviné
l'Enigme de lafin.
Pourdeviner l'Énigme* ilfautestreun Lutin,
Ah : j'y suis,mon esPrit
s'ébranle,
Le commencement d'un
bran le,
Mesait deviner la fini
La Lucresse de la ruë
Galande; Finette a trouvé
fin; fin, l'oedipe
clair-voyant; voici mon
rébus enfin j'ai trouvé le
mot, du Vivic
,
leSçavant
Grivois;pour avoir
lû le Mercure en Classe,
j'ai eu une ferule,mais
je l'ai devinée, je ne sçai
rien, mais je devine tout,
rubi sur l'ongle, placez
moi sur lafin,leQuietiste
de Londres. 1
ENIGME. :
Chez., moipour mes voifins)
jefais boüilir
,- lepot,
': Aceinètierieme ruine;
Quelqu'un d'eux cependantmepayejonEcot,
E;n travaillant pour la cuisine, Entreux estcertaine voi-
* fine,
Chut,tropparler luinuit,
avec cettte coquine >
L'on me confond "UeZ
souvent,
Je l'entretiens déssa jeuhep
, Desonsexe ellea la foiblep,
Et quand ellefait mal,
c.est à moi qu'on s'en
prend.
BOUTSRIMEZ.
-
Par le Chevalier
d'Argentac.
Philis tient peu de son:
pere Albicrac,
Il lui laissapourtout meu- -
ble un tric trac,.
Maisson tein fraisqu'-
entretientsa seringue,
Etses beaux yeux font
rouler sa brelingue^
Pourson espritcen'est ni
fric ni frac.
VAmant à pied chez
elle est casse, crac,
Eut-tltejpritduConfeil•
ler Pibrac.
Maiscontre unsot heureux
au tope~& tin.
gue.
philis tient peu.
Elle
Elle ne lit Voiture ni
Balzac,
Elle aime mieux un turbulant
mic mac,
Chez,elle on rit, on boit,
on saute,l'on fringue,
On brisetout, table
,
miroir~&
tringue,
Dans un quartiersans
dérangerson sac.
Philis tientpeu.
Chute qu'on donne
pour un autre Rondeau.
Peut-estre bien.
Cette chute peut avoir
plusieurs sens différents
comme l'autre.
Bouts rïmezj pour un
Sixain.
bondi.
bonde.
ronde.
arondi.
profonde.
approfondi.
SUITE
des novellesd'Espagne.
Les dernieres nouvelles
de Gironnedu17. portent
que le tempss'estant remis au
beau,Mr le Duc de Noailles
avoit fait rétablir les Batteries
quiavoientestéendommagéespar
les pluyes & les
débordemens du Ter&que
les brèches qui estoient déja
fort considerables, commençoient
d'estre en bon
estat, de sorte qu'ils cfperoicnt
donner l'assautle 22.
au plustard.
D'autres Lettres portent
que le G. Sratemberg ayant
fait démolir les fortifications
de Balaguer, se reriroit vers
Barcelone,avec environ
3000. hommes,& que Mr
de Vendôme estoit à Cervera
avec l'Armée pour lui
couper le passage.
D'autres enfin disent que
les Portugais avoient assemblezun
corps de 6000 hommes
pour surprendre Miranda
,
où ils avoient des
intelligences secrettes; mais
que le Gouverneur en ayant
esté averti, fit charger l'artillerie,
& posta une partie
de la garnisonenembuscade;
de sorte que tes ayant laissé
approcher fort prés de la
place,on en tua 7. à 800.
& plus de mille furent faits
prisonniers.
AParis ce 31. Janvier 1711.
Livres nouveaux3 & 208
Devisès, 29
Nouvelles de Marine, 40 c~' 102
Eglogue, 43
Nouvellesd'Espagne, 66.259
262. & 339.
Hifloriette, 88
Morts, 108.-i37'& 178 Mariages,142
Anommes
,
117&129
Reponsès auxAnoniwes, 121
& 129.
Article burlefqite) 16S
Chansons, 170 & 18o
^uefiions Óf Reponses
, 175
Pièce d'Eloquence, 28y
Réceptions au Parlement, 206
Dons faits parle'Roy
,
287
Nouvelles de Turquie,293
Promotions, de Benefices,•304
Supplémentd'Anonimes,315
Enigmes, 31^
- 1
APPROBATIONN:
J A'Y lû par ordre Monseigneur
le Chancellier,le
Mercure Galant des mois de
Decembre& deJanvier derniers.
A Paris ce 30. Janvier
17l1.., .:
CAPON.
PRIVILEGE DV ROY.
LOUIS par la grace de Dieu, Roy de
France & de Navarre: A nos amez
& feaux Conseillers les gens tenants nos
Cours de Parlements,Maîtres des Requêtes
ordinaires de nôtre Hôtel, Grand Conseil,
Prevôt deParis, Baillifs,Sénéchaux, leurs
Lieutenants Civils, & autres nos Justiciers
& Officiers qu'il appartiendraSALUT.
Ayant choisi Nôtre tres-cher
,
& bien amé
CHARLESDUFRESNY, Sieur de
Riviere, Nôtre Valet de Chambre ordinaire
; pour continuer de faire le Recueil
de plusieurs nouvelles, Relations, & Histoires
; & le faire imprimer fous le titre
de Mercure Galant; il Nous a trés-humblement
fait supplier de lui vouloir accorder
nosLettres de Privilège sur ce nécessaires.
ACESCAUSESNous lui avonspermis & permettons,
par ces Presetes,de faire Imprimer
le Livre intitulé LEMERCURE
GALANT, Contenant plusieurs Nouvelles
, Relations,Histoires,generalement
tout ce qui dépend dudit Livre, & qu'on
a coutûme d'y mettre depuis trente ans..
en telle forme,marge,caractere
,
& autant
de fois que bon lui semblera
, par tel lm"
meur & Libraire qu'il voudra choisir ,
& de le faite vendre & débiter par tout
nôtre Royaume,pendant le temps de trois
années consecutives à compter du jour de
Ja ~datte des Présentes
;
Faisonsdéfenses à
toutes sortes de personnes de quelque
qualité
& condition qu'elles soient d'en introduired'Impressions
Etrangères en aucun lieu
de nôtre obéissance, & àtous Imprimeurs,
libraires, & Colporteurs & tous autres
de faire Imprimer, vendre
,. Se débiter,Se
contrefaire ledit Livre, ni Graver aucunes
Planches servant à l'ornement d'icelui,
ni même de le donner à lire pendanr Itfdit
temps sous quelque pretexte que ce soit,
sans la permission expresse
,
& par écrit
dudit Exposant
, ou de ceux qui auront
droit de lui ,
à peine de confiscation des
Exemplaires contrefaits; de six millivres
d'amende contre chacun descontrevenants,
dont un tiers à l'Hôtel Dieu de Paris, un
tiers au Dénonciateur
,
& l'autre tiers audit
Exposant
,
& de tous dépens dommages&
interests à la charge que ces Presentes seront
enregistrées tout au long sur le Registre
de la Communauté des Imprimeurs
& Libraires de Paris,& ce dans trois mois
du jour & datte d'icelles; que l'impression
dudit Livre sera faite dans nôtre Royaume,
& non ailleurs, & ce conformément aux
Reglemens de la Librairie; & qu'avantde
l'exposer en vente, il en fera mis deux Exemplaires
dans nôtre Bibliothèque publique
un dans celle de nôtre Château du Louvre,
&un dans celle de nôtre trés-cher & féal
Chevalier Chancelier de France
,
le Sieur
PHELIPPEAUX, Comte dePontchartrain,
Commandeur de nos Ordres,le tout
à peine de nullité desdites Presentes
,
du
contenu desquelles
,
Vous MANDONS, &
enjoignons de faire jouir & user ledit sieur
Exposant
, ou Ces ayant cause
,
pleinement
& paisiblement sans souffrir qu'il leur foit
causé aucun trouble, ou empêchement.
Voulons qu'à la copiedesPresentes qui sera
Imprimée au commencement , ou à la
fin dudit Livre, foit tenue pour bien
, ÔC
duement signifiée, & qu'aux Copies collationnées
par l'un de nos amez & seaux
Conseillers & Secrétaires foy foit ajoûtée
comme à l'original. Commandons au Premier
nôtre Huissier ou Sergent de faire pour
l'execution des Presentes tous Actes requis,
& necessaires sans autres permissîons, nonobstant
Clameur de Haro, Chartre Normande
, & Lettres à ce contraires:CAR
tel est nôtre plaisir. DONNE' à Versailles
le trente-unième jour d'Août, l'an de grace
mil sept cent dix, &de nôtre Règne le soixante
huit. Par le Royen son Conseil. Si- gné,DEVANOLLES.
Registré sur le Regitre num. 3. de l.
Communauté des Imprimeurs & Libraires
lu.M-Paris, page 63. num. 36.conformlmm,
aux Reglements
, & notamment à l'Ar.
vestdu H. Août 1703 AParis. ce 1. Sot
Qualité de la reconnaissance optique de caractères
Soumis par lechott le